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Master spécialisé : Juriste d’affaire (M2)

Droit des sûretés

L’antichrèse

Réalisé par : Encadré par :


ABOULKHEIR Kenza Pr. RBII Jamal
AZEMOUR Khalid

Année universitaire : 2022/2023

1
SOMMAIRE :

Chapitre 1 : Le processus du gage immobilier en droit


marocain
Section 1 : Les conditions de constitution du gage immobilier

Section 2 : Les effets du gage immobilier et son extinction

Chapitre 2 : Rapprochement entre le gage immobilier


et l’hypothèque en droit marocain et comparé.
Section 1 : Divergences entre gage immobilier et l’hypothèque.

Section 2 : Particularisme du gage immobilier en droit comparé.

2
Introduction

« Qui prête son aiguille sans gage, en perds l’usage ».

Cet adage, peut sembler bien sévère à l’égard des débiteurs sous entendant que si le
créancier ne prend pas la précaution d’assortir sa créance d’une sûreté, le débiteur
ne remboursera pas. La sagesse populaire russe, plus optimiste affirme d’ailleurs «
que la plus grande vertu d’un débiteur, est de payer sa dette ». Si tous les débiteurs
adhéraient à cette maxime, le droit des sûretés n’aurait aucune raison d’être.
Hélas, le risque d’impayés existe et génère au détriment des créanciers une
incertitude quant au fait de savoir si leurs débiteurs paieront au moment convenu.
Hors l’incertitude ne peut valablement s’inscrire dans le droit du crédit.
Si le droit du crédit est celui de la confiance, il est évident qu’il ne peut se satisfaire
de l’incertitude. Aussi, l’une des dimensions les plus importantes est celle qui va
restreindre cette incertitude en améliorant les chances du créancier d’être payé, en
réduisant précisément le risque d’impayé : c’est l’objet même du droit des sûretés.1
De ce point de vue, les sûretés apparaissent comme un moyen de crédit : il y a
confiance, donc crédit parce qu’il y a sécurité, donc sûreté. C’est donc dire
l’importance de la matière sur le plan juridique, il tend à garantir au contrat sa force
obligatoire et sur le plan économique, il facilite l’obtention du crédit par les
entreprises et particuliers et permet donc l’investissement.
De ce qui précède, on peut affirmer que les sûretés permettent d’introduire dans la
créance, une certaine sécurité : la sûreté est un mécanisme établi en faveur du
créancier et destiné à garantir le paiement de la dette à l’échéance malgré
l’insolvabilité éventuelle du débiteur. En effet, l’intérêt d’une sûreté est de permettre
à un créancier de se prémunir contre toute perte pécuniaire.2
La classification la plus simple des sûretés est celle basée sur la nature de la sûreté.
Elle oppose alors les sûretés personnelles aux sûretés réelles. Rappelons que la
garantie donnée au créancier Peut résulter soit de l’adjonction d’un ou de plusieurs
débiteurs, soit de l’affectation d’un ou plusieurs biens au paiement de la dette.
Dans la première hypothèse, le changement de position du débiteur est quantitatif
puisque le risque est divisé entre plusieurs patrimoines ; dans la Seconde, il est

1
Professeur benis, droit des sûretés personnelles et réelles, 2020, p2.
2
Aissam Zine Eddine, droit foncier et droits réels, 2019,p8

3
qualitatif, dans la mesure où une priorité, sur un bien particulier ou un ensemble de
bien, est octroyée au créancier.3

A cet égard, la sûreté réelle présente une certaine supériorité : elle permet au
créancier de se payer par préférence sur les biens qui ont été affectés à la garantie de
sa créance et dont il a pu apprécier la valeur au moment de l’échange des
consentements et même de les suivre entre quelques mains où ils se trouvent.
L’antichrèse est régie en plus des dispositions du DOC par le code des droits réels19
dans des Dispositions qui lui sont spécifiques. Il est à noter que le code des droits
réels précise que quand Le nantissement concerne un immeuble immatriculé, il est
appliqué alors les règles prévues pour L’hypothèque dans le cadre du code
notamment les articles 165 et suivants.
L’antichrèse est un gage né de la convention des parties et permettant au créancier
de prendre Possession de l’immeuble donné en sûreté par le débiteur ou sa caution
réelle, et de le retenir Jusqu’au paiement par ce dernier de sa dette.
En droit français, L’antichrèse était considérée comme une variété de nantissement
(article 2071,2072 du code civil français), et se voyait appliquer les règles du gage
compatibles avec sa nature immobilière.
Cette analogie était d’ailleurs autorisée par l’ancien article 2090 du code civil français,
qui déclarait applicable à L’antichrèse les articles 2077 et 2083, portant
respectivement sur le gage constitué par un tiers et sur le caractère indivisible du
gage. 4
L’antichrèse ne doit plus recevoir cette qualification et son régime doit être détaché
de celui du gage, au sujet notamment du droit de préférence sur le prix de la vente
de l’immeuble, ou du droit de suite en cas de dépossession involontaire. En revanche,
depuis la réforme de 2006, L’antichrèse est classée parmi les sûretés sur les
immeubles et une partie de son régime doit être emprunté à celui d’hypothèque,
c’est le cas même en droit marocain, où le gage immobilier et l’hypothèque partagent
certaines similitudes.
L’antichrèse est réglementée au Maroc par les articles 145 à 164 du Code des Droits
réels. C’est un contrat par lequel un débiteur propriétaire d’un bien immeuble
immatriculé ou d’un droit réel de jouissance sur cet immeuble (usufruit, emphytéose)
ou un tiers agissant pour son compte, confère à son créancier la possession de cet

3
Article collectif, droit des sûretés, faculté Ibn toufail kenitra, 2020 p3
4
Manuela BOURASSIN, Vincent BREMOND, Marie Noeille JOBARD BACHELLIER, DROIT DES SÛRETÉS, 2008,P192

4
immeuble, de manière à lui permettre d’en percevoir les fruits ou revenus, qu’il
imputera annuellement sur le capital, jusqu’à paiement intégral de la créance.
L’antichrèse ne s’établit que par écrit. Elle n’est valable que pour une durée
déterminée. Le contrat doit – sous peine de nullité- constater la possession du bien
en gage s’il n’est pas immatriculé.
La position doctrinale semble joindre la définition donnée par le législateur et définit
l’antichrèse aussi comme une sureté réelle avec un Droit de suite sur un immeuble
dont le propriétaire confère la propriété en la délivrant entre les mains du créancier
ou d’un tiers sur lesquels les deux parties se sont mises d’accord, sous la condition
suspensive qui est le paiement de la créance, à défaut, le créancier a la possibilité de
vendre le bien en bénéficiant du privilège d’un créancier principal.
Pour pouvoir discuter le présent sujet, il s’avère nécessaire de poser la problématique
suivante :
Après avoir avancer les traits spécifiques du gage immobilier à la lumière de la loi
marocaine, jusqu’à quel point peut-on admettre une certaine différence entre le
gage immobilier et l’hypothèque ?

5
Chapitre 1 : Le processus du gage
immobilier en droit marocain :
Section 1 : Les conditions de constitution du gage immobilier :
Pour que le contrat de gage immobilier soit valable, il est impératif de remplir
certaines conditions de fonds et de formes.
L’antichrèse peut être constituée par le débiteur ou par une caution réelle en
garantie d’une dette au profit du débiteur. Il est exigé pour pouvoir constituer
l’antichrèse d’être propriétaire du bien et pouvoir en disposer. A cet égard, les biens
appartenant aux incapables ne peuvent faire l’objet d’antichrèse que sur autorisation
du juge5.
Par ailleurs, les biens pouvant faire l’objet de l’antichrèse doivent exister puisque le
législateur écarte les biens futurs conformément à l’article 154 du code des droits
réels. L’antichrèse comporte le bien donné en garantie, ses accessoires, ses
accessions ou améliorations6.
Contrat réel, l’antichrèse exige en plus de l’échange du consentement la remise
effective de la chose qui en est l’objet. Le contrat n’est valable qu’en respectant des
conditions de forme.
Quant au conditions de formes, le code marocain des droits réels dispose dans son
article 149 que : « Pour être valablement formé, le contrat de gage doit contenir ce
qui suit :
 L’identité des parties au contrat ;
 La désignation du bien en gage, par l’indication de sa situation, sa
superficie, ses composantes et, le cas échéant, ses limites ou le numéro
de son titre foncier
 L’indication du montant de la créance garantie et la durée fixée pour
son paiement »7.
Par ailleurs, lorsque le bien objet de l’antichrèse est non immatriculé, il faudrait que
l’acte constate la remise effective du bien nanti sous peine de nullité.

5
Article 152 du code marocain de droits réels
6
189 ‫ ص‬،2019 ،‫ القانون العقاري والحقوق العينية‬،‫عبد العالي الدقوقي‬
7
Article 149 du code marocain des droits réels

6
Section 2 : Les effets du gage immobilier et son extinction :
Les effets de l’antichrèse seront abordés d’une part du point de vue des droits du
créancier gagiste et ses obligations, et d’autre part du point de vue des droits et
obligations du constituant du gage.
A-1) - Les droits du créancier gagiste :
 Le droit de rétention :
Le créancier gagiste a le droit de conserver le bien mis en gage jusqu’au paiement
complet de sa créance après du constituant, c’est ce qu’on appelle le droit de
rétention.
C’est à dire, que le débiteur qui a payé une partie de la dette n'a pas le droit de
revendiquer la possession d'une partie du bien. (Principe d’indivisibilité)8
Le législateur des droits réels a expressément disposé au niveau de l'article 155 que le
droit de rétention sur l’antichrèse est un droit conféré au créancier gagiste. Il a
également le droit de le faire vendre aux enchères publiques et de se faire payer sur
le prix, par préférence aux autres créanciers, conformément aux procédures prévues
par la loi. Il jouit ainsi du droit de la suite sur le bien nanti et de le récupérer en
quelque main qu’il passe.
 Le droit de percevoir les fruits du bien nanti
Selon les dispositions de l’article 101 du Dahir du 02/06/1915 (2 juin 1915) fixant la
législation applicable aux immeubles immatriculés, on peut constater que le créancier
n'acquiert, par le contrat de l’antichrèse, que la faculté de percevoir les fruits du bien
nanti. Toutefois, le créancier impute annuellement les fruits perçus pour son débiteur
sur le capital de sa créance.
Suite à une comparaison entre l’article 156 du Code des droits réels9 avec l’article
susmentionné, on déduit que le législateur a tendu à placer le créancier antichrésiste
avec la possibilité soit de céder les fruits qu'il a perçu au débiteur, soit de les
conserver afin de les imputer sur le capital de sa créance. Cela veut dire que le

8
Article 146 du CMDR : « Le gage immobilier est indivisible, nonobstant la divisibilité de la dette entre les
héritiers du débiteur ou ceux du créancier… »
9
Article 156 du CMDR : « Les fruits du bien en gage appartiennent au propriétaire, le propriétaire gagiste a la
faculté de les percevoir. Il peut les verser au constituant ou les conserver afin de les imputer sur le capital de sa
créance ».

7
législateur a conféré cette possibilité au créancier même si cela n'était pas prévu par
les dispositions de l’article 101 précité.

 Le droit de se payer sur la chose nantie


Le créancier peut exiger la vente de l’immeuble afin de recouvrer sa créance. C’est le
droit le plus important que le créancier entend obtenir du contrat d’antichrèse. Ce
droit était disposé à l’article 1170 du DOC dans sa définition du gage et de
nantissement dans lequel prévoit que « le gage ou le nantissement porte une chose
qu’elle soit une chose mobilière, immobilière ou un droit incorporel. Il confère au
créancier le droit de se payer sur cette chose, par préférence à tous autres créanciers,
au cas où le débiteur manquerait à le satisfaire10.
 Droit de poursuivre la vente judiciaire de l’immeuble
Selon l’article 158 de la loi 39-08, qui semble garder les mêmes dispositions du Dahir
du 2 juin 1915, si le créancier n’est pas payé à l’échéance, il peut faire vendre
l’immeuble par voie judiciaire dans le sens où il doit obtenir une décision judiciaire
avant de procéder à la vente puisqu’il n’a pas la propriété de l’immeuble.
Le Dahir du 2 juin 1915 abordait, donc, le sujet à l’article 104, celui-ci, à son tour,
donnait au créancier le droit d'exiger l'expropriation de son débiteur par voie légale.
 Le droit de préférence
Le créancier gagiste bénéficie d'un droit de priorité qui lui permet de régler sa
créance par préférence au reste des créanciers. Le législateur a fait référence à ce
droit conformément à l’article 1170 du DOC ainsi qu'aux dispositions de l'article 155
du code des droits réels.
A-2) - Les obligations du créancier gagiste :
 Le paiement des contributions et des charges annuelles de l’immeuble
Le paiement des frais annuels et des contributions de l’immeuble nanti fait partie des
obligations du constituant en règle générale, mais il est possible d'en convenir
autrement, en ce sens que ces frais et obligations restent à la charge du constituant.
C'est ce qui était visé en vertu de l’article 102 du dahir du 2 juin 1915, et c'est le cas
également du premier alinéa de l'article 157 du CMDR11.

10
Marocdroit,‫ باحثة بماستر الدراسات العقارية و التعمير‬،‫الزيتوني حنان الرهن الحيازي في التشريع المغربي‬
11
Idem.

8
 L’entretien de l’immeuble nanti
Ce qu’on peut retenir du deuxième alinéa de l’article 157 du code marocain des droits
réels est que le créancier gagiste doit, sous peine de dommage et intérêts, pourvoir à
l’entretien et aux réparations utiles et nécessaires de l’immeuble, sauf à prélever sur
les fruits toutes les dépenses relatives à ces divers objets12.

 Préservation du bien
Les dispositions de l'article 159 prévoient que le créancier répond de la perte ou de la
détérioration qui pourraient survenir au bien par suite de sa négligence.
Sur cette base, l’on déduit du fait que le législateur a obligé le créancier gagiste à
préserver et à maintenir les biens nantis contre les dommages et les pertes, que ça
engagera sa responsabilité du fait de sa négligence d’avoir violer cette obligation ;
dans le cadre de la responsabilité contractuelle.

B-1) - Les droit du constituant :


 La propriété des fruits perçus de l’immeuble
Comme il a été déjà mentionné, les fruits de l’immeuble peuvent être perçus au
créancier s’il est stipulé ainsi, mais en principe, les fruits du bien nanti appartiennent
au débiteur conformément au premier alinéa de l’article 156 de la loi 39-08.

 Droit de récupérer son immeuble avant l’échéance


L’antichrèse n’est valable que s’il est pour une durée déterminée et un terme
déterminé. De ce fait, le débiteur est dans l’obligation de payer sa créance dans le
délai précisé, toutefois le débiteur peut remplir sa créance avant l’échéance, et dans
ce cas il a droit de restituer son immeuble13.
A coté des droits conférés audit constituant, il lui est dû également des obligations.
Ainsi l’obligation qu’a le débiteur est celle relative au remboursement. A cet égard, le
débiteur doit rembourser au créancier antichrésiste les dépenses nécessaires que
celui-ci a faites pour la conservation du bien nanti.

12
Article 157 Alinéa 2 du code marocain des droits réels
13
Marocdroit, ‫ باحثة بماستر الدراسات العقارية و التعمير‬،‫الزيتوني حنان الرهن الحيازي في التشريع المغربي‬

9
B-2) - Les obligations du constituant :
En contrepartie des droits du constituant, un ensemble d'obligations lui incombe, qui
se traduit par le paiement des dépenses nécessaires engagées par le créancier gagiste
sur le bien mis en gage, en plus du paiement des frais et dépenses annuels encourus
par le créancier gagiste pour son compte.
Il est également obligatoire de rembourser la dette à l'échéance, et il lui est interdit
d'exiger la restitution du bien mis en gage tant que la dette n'aura pas été
entièrement payée14.
Quant à l’extinction du gage immobilier, le législateur marocain a encadré cette
opération dans ses articles 161 jusqu’au 164 du code marocain des droits réels.
L’antichrèse peut s’éteindre à titre accessoire en cas d’extinction de la créance
garantie. Peu importe la cause de disparition de la créance principale. Par ailleurs, en
raison de la règle de l’indivisibilité, un paiement partiel de la créance ne peut avoir un
effet extinctif.
L’antichrèse peut également s’éteindre à titre principal. La disparition de la sûreté
n’entraîne pas celle de la créance principale. Une telle extinction survient dans
plusieurs cas :
 En cas de renonciation du créancier ;
 En cas de perte de la chose donnée en nantissement ;
 En cas de confusion.
Ainsi, l’antichrèse prend fin par la vente judiciaire suivant les conditions prévues par
la loi15.
Enfin, Le constituant peut payer la créance garantie et ses accessoires avec
l’échéance. Si le créancier gagiste refuse le paiement par anticipation, le constituant
peut faire une offre réelle effective, à consigner à la caisse du tribunal. La juridiction
saisie ordonnera la restitution du bien au propriétaire et l’extinction du gage après
s’être assurée du paiement de l’intégralité de la créance16.

14
Marocdroit, ‫ باحثة بماستر الدراسات العقارية و التعمير‬،‫الزيتوني حنان الرهن الحيازي في التشريع المغربي‬
15
Cours « Droits des sûretés », droit privé, université Ibn Tofail, 2019/1020, P37
16
Article 164 du code marocain des droits réels

10
CHAPITRE 2 : Le rapprochement entre le gage
immobilier et l’hypothèque en droit marocain
et comparé.

À la lumière du code du droit réels, l’antichrèse et l’hypothèque soulignent une


certaine similitude avec toutes des points de divergences qui permettent de les
distinguer de sorte qu’ils sont souvent confondus.

Section 1 : Divergences entre le gage immobilier et l’hypothèque.


Au prime abord, l’hypothèque ne peut porter que sur les immeubles immatriculés ou
en cours d’immatriculation, car L’hypothèque ne peut valablement être établie sur un
immeuble non immatriculé –dit Melk- à cause de l’absence de tout système de
publicité qui concerne cette catégorie d’immeuble, tandis que l’antichrèse peut
concerner l’immeuble qu’il soit immatriculé ou encours d’immatriculation ou non
immatriculé.
L’hypothèque peut être soit conventionnelle (résultante d’une convention entre les
parties), soit forcée (d’un texte de loi) conformément aux dispositions de l’article
170 du code des droits réels, par contre l’antichrèse est purement conventionnelle en
vertu de de l’article 145 du code des droits réels.
Au niveau du formalisme, le gage immobilier doit être établi par acte authentique et
convenu pour durée déterminée, tandis que l’hypothèque, s’il est constitué sur un
immeuble dont la valeur dépasse 250 000 dirhams, elle doit être établie par acte
authentique ou acte ayant date certaine, rédigé par un avocat agréé auprès de la
cour de cassation. En revanche si la valeur de l’immeuble est inférieure à 250 000
dhs, il est établi acte sous seing privé.
Au niveau de la possession, dans l’hypothèque le débiteur n’est pas dessaisi de
l’immeuble dont il conserve l’usage, la jouissance et la disposition conformément à
l'article 187 du code des droits réels, par contre le débiteur dans un gage immobilier
se dessaisi de l’immeuble au profit du créancier qui bénéficie de la possession et du
droit de rétention du bien en vertu de l’article 145 code des droits réels.17

17
https://www.facebook.com/HajerAalaila/videos/397091788629423/?idorvanity=721320128260310 / vidéo
conférence, distinction entre le gage immobilier et l’hypothèque ( Consulté le 1 novembre 2022).

11
L’antichrèse confère au créancier la possession de l’immeuble, ce qui emporte sa
jouissance lui permettant soit d’occuper ou d’exploiter le bien contre une redevance
convenue, soit de le donner en bail.
Le débiteur peut faire tous les actes d’administration à l’égard de l’immeuble
hypothéqué et en percevoir les fruits jusqu’au moment de la réalisation de
l’hypothèque, en cas de non-paiement de la dette. (Article 188 ; code des droits
réels), l’antichrèse inclut l’immeuble et ses dépendances, ainsi que toutes les
créations et améliorations intervenues après l’acte ou acquises par concession.
(Article 148 ; code des droits réels)
En principe, Les fruits du bien reviennent au propriétaire. Le créancier a la faculté de
les percevoir pour les imputés sur le capital de la créance. (Article 156 ; code des
droits réels)
Le créancier hypothécaire bénéficie d’un : droit de préférence ; droit de suite. Le
créancier bénéficiant de l’antichrèse bénéficie d’un droit de suite ; droit de
préférence ; Et, droit de rétention qui permet au créancier de garder la possession
d’un bien appartenant à son débiteur tant que celui-ci ne lui a pas payé. La
dépossession devient alors juridique.
L’hypothèque prend effet dès son inscription sur le titre foncier, conformément aux
dispositions de l’article 174 du code des droits réels. Quant à l’antichrèse, elle prend
effet dès son inscription sur le titre foncier lorsqu’il s’agit d’immeuble immatriculé.
(Article 145 ; Al 2), ainsi que l’antichrèse prend effet dès la mise en possession de
l’immeuble au profit du créancier lorsqu’il s’agit d’immeuble non-immatriculé.
(Article 147 ; al 2).
Rajoutons ainsi que, l’hypothèque peut être conventionnel ou forcée, l’antichrèse est
toujours conventionnelle.
Il convient de signaler également que, l’antichrèse et l’hypothèque partagent certains
points communs qui s'envisagent, premièrement, dans le fait que l’antichrèse et
l’hypothèque sont considérés comme des droit réels accessoires qui découlent d’une
obligation principale et ils ont également pour objectif la garantie d’une créance.
En second lieu, le gage immobilier et l’hypothèque reconnaissent au créancier un
droit de suite, même si l’immeuble objet du contrat, a été transféré entre les mains
d’une autre personne, jusqu’à ce que le créancier soit payé.
On ajoute ainsi, que dans les 2 contrats, le constituant, peut être le débiteur ou un
tiers qui souscrit le contrat au profit du débiteur, sous forme d’une caution réelle.

12
Section 2 : Particularisme de l’antichrèse en droit comparé.
D’abord, le gage immobilier portant sur un bien situé en France ne peut être conclu
en pays étranger (article 2417 du code civil français). Ensuite et comme en droit
marocain, le constituant doit être propriétaire du bien grevé et avoir la capacité
d’aliéner.
Si ses droits sur l’immeuble sont suspendus par une condition, ou indivis, ou encore
sujets à résolution ou rescision, il convient d’appliquer les solutions énoncées par
l’article 2414 du code civil.18
S’agissant par ailleurs de l’assiette du gage immobilier, elle comprend « les
améliorations qui surviennent à l’immeuble ». Enfin, les créances garanties peuvent
être présentes ou futures à condition, dans ce dernier cas, d’être déterminables et
leur cause doit être déterminée dans l’acte constitutif.
D'un point de vue historique et notionnel, ce n’est pas un mouvement de
contestation, mais l’ancien nom du gage immobilier, sûreté méconnue, en vertu de
laquelle un débiteur transfère à son créancier à titre de garantie, l’usufruit d’un
immeuble lui appartenant.
L’évolution terminologique n’a pas modifié sa nature contractuelle, mais a accru son
efficacité, car attachée à un gage. De ce fait, le droit de rétention corrélatif est
opposable à toute procédure collective, y compris à la liquidation judiciaire où il est
reporté sur le prix du bien vendu.
À la différence substantielle de l’hypothèque, Ce nantissement immobilier emporte
dépossession du débiteur ; c’est pourquoi, aux fins d’opposabilité aux tiers, elle
requiert un acte notarié, soumis à publication auprès du service de publicité
foncière.19
Jusqu’à son parfait paiement, le créancier dispose ainsi de la jouissance directe du
bien, ou indirecte via la perception des fruits et revenus, qui s’imputent alors sur les
intérêts puis le capital dus.
En contrepartie, le créancier-gagiste a l’obligation légale à peine de déchéance, de
veiller à la conservation et l’entretien de l’immeuble ; en pratique, cette obligation
demeure d’ailleurs financièrement à la charge du débiteur, puisque le créancier peut,
à cet effet, employer les fruits perçus, avant même de les imputer sur la dette de son
débiteur.

18
Manuela BOURASSIN, Vincent BREMOND, Marie Noeille JOBARD BACHELLIER, DROIT DES SÛRETÉS,
2008,P193
19
https://www.varoclier-avocats.com/articles-juridiques/antichrese/ ( Consulté le 1 novembre 2022

13
Au demeurant, certains aménagements contractuels sont possibles. Ainsi, le
créancier gagiste peut autoriser son débiteur dépossédé à conserver une partie des
fruits pour assurer l’entretien de l’immeuble, voire la jouissance totale et réelle du
bien, sans en perdre juridiquement possession. (Article 2390 du Code Civil.)
En cas de vente, le créancier gagiste dispose d’un droit de préférence, mais surtout
d’un droit de rétention et d’opposition à purge. En outre, il peut se faire attribuer le
bien judiciairement, ou en exécution d’un pacte commissoire conventionnel, sauf si
l’immeuble constitue la résidence principale du débiteur.20
Finalement, les sûretés Réelles se sont réduites à l’octroi au créancier d’un droit réel
de préférence de nature A permettre à celui-ci d’être payé par priorité sur le produit
de la vente de la chose grevée ; désormais, les techniques de sûreté réelle se sont
enrichies et diversifiées.
Défendue de longue date par la doctrine sur le fondement de la liberté contractuelle,
Le recours à la propriété-sûreté s’est généralisé. Dans le même temps, les modalités
de constitution de ces sûretés préférentielles ou exclusives se sont fortement
Simplifiées.

En droit français la question de formalisme est censée d’être discutée, puisque le


législateur subordonne toutefois ces divers bénéfices à l’observation d’un certain
formalisme. Les contrats réels qui ne se formaient que par la remise de la chose ont
fait place à des contrats solennels : un écrit à peine de nullité est exigé, et ce parfois
jusqu’en matière commerciale où la liberté de la preuve est pourtant de règle. Mais
ce formalisme n’en reste pas moins d’une grande simplicité ; surtout, il tend à assurer
la sécurité juridique du dispositif en prévenant les contestations.21

20
Idem
21
Philippe DUPICHOT, professeur à l’Université Paris-Est Créteil ( UPEC) l’efficience économique du droit des
sûretés.

14
Conclusion

En conclusion, nous concluons que le gage immobilier, s’il joue encore un certain rôle
dans le renforcement des garanties du créancier gagiste d'un bien immobilier non
immatriculé, il n'a plus la même importance si le gage est centré sur un bien
immatriculé, et ce, puisqu’il existe une alternative à ce type de gage, qui est
l'hypothèque dans lequel la possession du bien hypothéqué n’est pas transféré au
créancier.
En outre, si l’antichrèse porte sur un bien immobilier immatriculé qui détient un
apport dans une société qui connait des difficultés, les dispositions des entreprises en
difficultés s'appliqueront en priorité aux dispositions relatives aux restrictions
d'hypothèques à la conservation foncière. Par conséquent, ceci affecte de manière
négative la position du créancier gagiste d'un immeuble immatriculé et ses garanties
qu'il cherchait à obtenir dans le cadre du contrat du gage immobilier.

15
BIBLIOGRAPHIE.
OUVRAGES GÉNÉRAUX ET SPÉCIAUX :
 Professeur benis, droit des sûretés personnelles et réelles, 2020.

 Aissam Zine Eddine, droit foncier et droits réels, 2019.

 Manuela BOURASSIN, Vincent BREMOND, Marie Noeille JOBARD


BACHELLIER, DROIT DES SÛRETÉS, 2008.

 .2019، ‫ القانون العقاري و الحقوق العينية‬،‫عبد العالي الدقوقي‬

ARTICLES ET MÉMOIRES :
 Philippe DUPICHOT, professeur à l’Université Paris-Est Créteil (UPEC)
l’efficience économique du droit des sûretés.
 Marocdroit, ‫ باحثة بماستر الدراسات‬،‫الزيتوني حنان الرهن الحيازي في التشريع المغربي‬
‫العقارية و التعمير‬
 Cours « Droits des sûretés », droit privé, université Ibn Tofail, 2019/102.
LES LOIS :
 La loi 39-08 portant promulgation du code des droits réels marocain.
 Dahir du 02/06/1915 (2 juin 1915) fixant la législation applicable aux
immeubles immatriculés.
 Code civil français.
Webographie :
https://www.varoclier-avocats.com/articles-juridiques/antichrese/

16
Table des matières :

Introduction
Chapitre 1 : Le processus du gage immobilier en droit marocain ................................ 6
Section 1 : Les conditions de constitution du gage immobilier .................................. 6
Section 2 : Les effets du gage immobilier et son extinction .................................... 7
Chapitre 2 : Rapprochement entre le gage immobilier et l’hypothèque en droit
marocain et comparé ................................................................................................... 11
Section 1 : Divergences entre le gage immobilier et
l’hypothèque………………………………………….…….11
Section 2 : Les traits spécifiques de l’antichrèse en droit comparé ...................... 13

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