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LES GARANTIES DU CREDIT ou SURETES

Introduction :

Les sûretés sont des mécanismes qui permettent aux créanciers de se prévenir contre l’insolvabilité
de leurs débiteurs. L’importance des suretés tient au fait qu’en dehors du paiement au comptant, le crédit
est devenu aujourd’hui un moyen de règlement des dépenses d’investissement.
Aussi est-il de l’intérêt du créancier de prendre des mesures supplémentaires pour se mettre à
l’abris de toutes mauvaises surprises de la part du débiteur.
On distingue deux types de sûretés : les sûretés personnelles et les sûretés réelles.

Section I : Les Sûretés Personnelles

La sureté personnelle est l’engagement pris par une ou plusieurs personnes au profit du créancier,
d’exécuter l’obligation du débiteur principal en cas de défaillance de celui-ci.
Les principales sûretés personnelles sont le cautionnement, la solidarité et la lettre de garantie.

I. Le Cautionnement
A. Définition
Le cautionnement est un contrat par lequel une personne appelée caution s’engage, envers le
créancier qui accepte, à exécuter une obligation présente ou future contractée par le débiteur, si celui-ci
n’y satisfait pas lui-même. Cet engagement doit être contracté sans ordre du débiteur et même à son insu.
Le cautionnement est un contrat accessoire car son existence et même son étendu dépendent de
l’obligation d’un autre, celle du débiteur principal.

B. La formation du cautionnement
Comme tout contrat, le cautionnement doit respecter les conditions générales de validité des
contrats : le consentement réel et exempt de vices, la capacité à s’engager de la caution, l’objet qui est la
somme que la caution s’est engagée à payer et la cause qui est la dette principale du débiteur.
En plus de ces conditions de fond, le cautionnement doit être constaté par un ECRIT.
Par ailleurs il faut retenir des conditions particulières relatives à la caution :
- La caution doit avoir son domicile ou élire domicile dans le ressort de la juridiction où le
cautionnement doit être donné,
- Elle doit présenter des garanties de solvabilité,
- Lorsque la caution devient insolvable, le débiteur principal doit fournir une autre caution ou fournir
une sûreté réelle donnant les mêmes garanties au créancier.

C. Les caractères du cautionnement


On retient du cautionnement trois (3) caractères principaux : accessoire, unilatéral et consensuel

1. Le caractère accessoire du cautionnement


Ce caractère résulte de la définition du cautionnement puisque la caution n’est tenue de payer qu’en cas
de défaillance du débiteur principal. L’engagement de la caution ne peut excéder celui du débiteur
principal mais il peut être moindre.

2. Le caractère unilatéral du cautionnement


C’est seule caution qui s’engage envers le créancier. Ce contrat est unilatéral, même s’il s’agit d’un
cautionnement onéreux.
3. Le caractère consensuel du cautionnement
Le cautionnement est un contrat qui se forme par le seul accord des parties (la caution et le créancier), il
doit être express et clair.
D. Les effets du cautionnement
Le cautionnement ne produit ses effets que si le débiteur principal n’est pas en mesure d’exécuter
son obligation, c.-à-d. s’il est défaillant. Le cautionnement fait naître à la charge de la caution l’obligation
de payer à la place du débiteur en cas de défaillance de ce dernier. Cette obligation confère au créancier

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le droit d’agir en justice contre la caution mais la caution doit aviser le débiteur principal ou le mettre en
cause avant de payer la dette au créancier poursuivant.

E. La fin du cautionnement
Le cautionnement peut prendre fin dépendamment de l’obligation principale ou indépendamment
de cette obligation principale.
1. Dépendamment de l’obligation principale
- L’exécution partielle ou totale de l’obligation principale (paiement de la dette par le débiteur),
- La dation en paiement libère définitivement la caution,
- La novation de l’obligation principale par un changement d’objet ou de cause,
- Les engagements de la caution passent à ses héritiers uniquement pour les dettes nées avant le décès
de la caution.
2. Indépendamment de l’obligation principale
- Lorsque le créancier fait une remise de dette à la caution (et donc au débiteur principal),
- Quand le créancier a laissé s’éteindre des droits à garantie réelle qu’il avait à l’égard du débiteur
principal,
- Lorsque la confusion s’opère entre la personne du créancier et la caution (ex. Confusion de patrimoine
notamment lorsqu’il y’a alliance ou mariage entre le créancier et la caution).

II. La Lettre de Garantie


1. Définition
La lettre de garantie est un contrat passé entre le donneur d’ordre (débiteur) et le garant
(établissement financier) par lequel ce dernier s’engage à payer une somme déterminée au bénéficiaire sur
1ère demande de ce dernier.
2. Formation
Les lettres de garantie ne peuvent pas être souscrites par des personnes physiques, sous peine de
nullité. Elles doivent être constatées par un ÉCRIT comportant des mentions obligatoires (notamment les
noms du donneur d’ordre, du bénéficiaire, du garant, le montant maximum de la somme garantie, la date
d’expiration ou fait expiratoire….)

III. La Solidarité
1. Définition
La solidarité est la modalité d’une obligation à pluralité de créanciers ou de débiteurs ayant entre
eux un lien de dépendance mutuelle.

2. Les différents types de solidarité


On distingue la solidarité active et la solidarité passive selon qu’il ya pluralité de créanciers ou
pluralité de débiteurs.
a. La solidarité active
Il y’a solidarité active lorsqu’un quelconque des créanciers d’un même débiteur peut exiger de ce
dernier le paiement de la totalité de la dette, sans avoir reçu de mandat.
b. La solidarité passive
Il y a solidarité passive lorsque le créancier peut exiger de l’un quelconque de ses débiteurs le
paiement de la totalité de sa créance, sauf recours entre ces débiteurs.

Section II : Les Sûretés Réelles


La garantie ou sureté réelle consiste à affecter un bien meuble ou immeuble afin de garantir le
paiement d’une créance. Au titre des garanties réelles, nous étudierons le droit de rétention, le gage et
l’hypothèque conventionnel.

I. Le droit de rétention
A. Définition
Le droit de rétention est le droit reconnu dans certains cas à un créancier de retenir une chose
appartenant à son débiteur jusqu’au paiement complet de ce qui lui est dû.

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B. Les conditions d’exercice du droit de rétention
Il faut distinguer d’une part les conditions relatives à la rétention et d’autre part les conditions
relatives à la créance.

1. Les conditions de la rétention


- La rétention doit être légitime : c’est-à-dire qu’elle doit être de bonne foi et ne doit pas résulter de
manœuvres frauduleuses ;
- La rétention doit être matérielle : le créancier doit avoir en sa possession le bien du débiteur. En
conséquence, tout dessaisissement volontaire met fin au droit de rétention ;
- La rétention doit s’exercer sur des choses corporelles ou des titres appartenant au débiteur et possibles
dans le commerce.

2. Les conditions relatives à la créance


En principe la créance doit remplir les conditions d’une exécution forcée, c’est-à-dire que la
créance :
- doit être certaine, liquide et exigible ;
- il doit exister un lien de connexité entre la naissance de la créance et la détention de la chose retenue.

C. Les effets de la rétention à l’égard du créancier


Le créancier a l’obligation de conserver le bien retenu en bon état, sans en faire usage ou en disposer.
Toutefois, sur autorisation de la juridiction compétente, il peut faire vendre la chose (ou le bien) si elle est
de nature périssable

II.Le Gage
A. Définition
Le gage est un contrat par lequel un ou des biens meubles corporels, présents ou futurs sont remis à
un créancier ou à un tiers convenu entre les parties pour garantir le paiement d’une dette. Le mot gage
désigne à la fois le contrat et le bien remis au créancier. On distingue le gage avec dépossession du
débiteur et le gage sans dépossession du débiteur (ex. gage sur les véhicules automobiles ou sur le
matériel professionnel).

B. La formation du gage
Le gage se forme comme un contrat conclu entre le créancier et le débiteur. Il obéit d’une part aux
conditions générales de fond des contrats à savoir le consentement, la capacité, l’objet et la cause. D’autre
part le gage doit être constaté par ECRIT.
Tout bien meuble, qu’il soit corporel ou incorporel est susceptible d’être donné en gage. Le gage peut
également porter sur des sommes ou des valeurs.
Le constituant du gage doit être propriétaire de la chose gagée, sinon le créancier gagiste de bonne foi
peut s’opposer à la revendication du vrai propriétaire de la chose.

C. Les effets du gage


Le contrat de gage ne produit effet que si la chose gagée est effectivement remise au créancier ou à
un tiers convenu entre les parties. Les effets de ce gage avec dépossession diffèrent selon la date à
laquelle ils sont examinés.

1. Avant l’échéance de la dette


Tant que la créance n’est pas venue à échéance, le créancier est dans une situation d’un dépositaire :
il est tenu de conserver la chose, de veiller à ce qu’elle soit en bon état ; il ne peut ni s’en servir (usus), ni
percevoir les revenus ou fruits (fructus), encore moins en disposer (abusus).
2. Après l’échéance de la dette
Si le débiteur a payé sa dette au créancier, ce dernier est tenu de lui restituer le bien meuble gagé.
Si à l’échéance le débiteur ne s’exécute pas, le créancier gagiste muni d’un titre exécutoire peut, 8
jours après sommation faite au débiteur, vendre la chose gagée et se faire payer sur le prix par préférence
aux autres créanciers : c’est son droit de Préférence. Le créancier peut également conserver le bien tant

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que le débiteur n’a pas remboursé le prêt : c’est son droit de Rétention. Enfin, le créancier dépossédé
involontairement de la chose gagée peut en reprendre la possession : c’est son droit de Revendication.

D. L’extinction du gage
Le gage prend fin dans les cas suivants :
- lorsque l’obligation qu’il garantit est entièrement éteinte (paiement totale de la dette),
- si la chose est volontairement restituée au débiteur,
- lorsque la juridiction compétente en ordonne la restitution pour faute du créancier gagiste (par
exemple il utilise la chose gagée ou ne l’entretien pas comme il se doit).

III.L’Hypothèque
1. Définition
L’hypothèque est une sûreté réelle qui porte sur un bien immeuble et qui consiste en l’affectation de
cet immeuble en garantie d’une créance, sans dépossession du débiteur.
Toute hypothèque doit être inscrite au livre foncier conformément aux règles de la publicité foncière,
sinon elle ne peut être opposable aux tiers.

2. Les différents types d’hypothèques


On distingue les hypothèques conventionnelles qui résultent d’un contrat conclu entre le créancier et
le débiteur et les hypothèques forcées qui sont celles conférées sans le consentement du débiteur, soit par
la loi soit par une décision de justice.

3. Les effets des hypothèques


Comme toutes les garanties, l’hypothèque ne produit que des effets limités avant l’échéance de la
créance qu’elle garantit. Ainsi, si à l’échéance le débiteur paye, l’hypothèque s’éteint. S’il ne paye pas,
l’immeuble hypothéqué pourra être saisi par voie de justice et vendu. C’est alors que l’hypothèque
produira ses effets :

- Elle donne au créancier la possibilité de se payer par préférence à tous les autres créanciers : c’est son
droit de préférence.
- Même si l’immeuble est devenu la propriété d’un autre que le débiteur : c’est son droit de suite.

4. L’extinction des hypothèques


L’extinction de l’hypothèque conventionnelle ou forcée résulte :
- de l’extinction de l’obligation principale (paiement total de la dette),
- de la renonciation du créancier à l’hypothèque,
- de la péremption de l’inscription,
- de la purge des hypothèques résultant d’une expropriation forcée de l’immeuble pour utilité publique.

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