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Chargé du Cours :
M. Oumar BAH
Introduction
La mise en œuvre du droit ne peut être considérée comme une fin en soi car, le
droit peut être perçu de nos jours comme un instrument au service du
développement économique. De ce fait, le développement économique et des
affaires dévient un objectif du droit qui ne peut être atteint qu’en ménageant
certains outils indispensables à l’économie dont le crédit. Or, ce crédit est
difficilement obtenable si le demandeur ne se fait pas prémunir de garanties à
travers les sûretés, pour assurer le créancier du remboursement de sa créance.
C’est ainsi que la sûreté apparait comme une garantie rendant plus probable, la
satisfaction à terme du créancier.
Le droit des sûretés est régi par la règlementation communautaire de l’OHADA
à travers l’Acte Uniforme portant Organisation des sûretés du 10 décembre 2010
qui a remplacé celui du 17 avril 1997. L’article 1er du nouvel Acte Uniforme
définie la sûreté comme « l’affectation, au bénéfice d’un créancier, d’un bien,
d’un ensemble de biens ou d’un patrimoine afin de garantir l’exécution d’une
obligation ou d’un ensemble d’obligations quel que soit la nature de celles-ci et
notamment qu’elle soit présente ou future, déterminée ou déterminante,
conditionnelle ou inconditionnelle et que leur montant soit fixe ou fluctuant ».
Les sûretés apparaissent nécessaires pour qu’un créancier puisse asseoir
davantage sa confiance au débiteur. Le droit du créancier chirographaire
s’exerce sur tous les biens qui composent le patrimoine du débiteur, c’est le gage
général. Donc, lorsque la dette sera exigible, le créancier pourra faire saisir et
vendre l’un quelconque des biens du débiteur, à l’exception des biens
insaisissables, et se payer sur le prix de la vente. Pourtant, ce gage n’est pas sans
faille car, entre la naissance de la dette et son exigibilité, le patrimoine du
débiteur peut subir des modifications or, le créancier ne peut saisir que les biens
existant lors de la saisie. Donc, si le débiteur donne ou vend les biens que le
créancier a pris en considération pour s’asseoir sa confiance, celui-ci ne peut
plus en principe les saisir (Exceptionnellement l’action paulienne, qui suppose
l’existence d’une fraude peut être exercée).
On comprend donc qu’un créancier qui bénéficie d’une sûreté est mieux protégé
contre l’insolvabilité du débiteur car il est plus sûr d’être payé.
La règlementation des sûretés par l’Acte uniforme laisse voir une répartition de
celles-ci en deux catégories. D’abord les sûretés personnelles qui consistent en
l’engagement d’une personne à répondre de l’obligation d’un débiteur en cas de
défaillance de celui-ci ou à première demande du bénéficiaire de la garantie. Il s’agit à ce
niveau du cautionnement et de la garantie autonome.
Ensuite les sûretés réelles qui portent sur un bien ou un ensemble de biens du débiteur.
Elles se déclinent en sûretés réelles mobilières et sûretés réelles immobilières.
Ainsi, l’étude du droit des sûretés dans le cadre de ce module se fera en deux parties. La
première partie sera consacrée aux sûretés personnelles, tandis que la seconde partie
abordera les sûretés réelles.
B : Le paiement
Le garant doit payer la somme prévue au contrat de garantie et non la somme non
éventuellement payée par le donneur d’ordre puisque la garantie est autonome. Bien que le
paiement doive être fait à première demande, il ne doit pas pour autant être fait
immédiatement, « les yeux fermés ». Certaines mesures sont prévues. D’abord, le garant doit
disposer d’un délai de 5 jours ouvrés (article 46) pour examiner la conformité des documents
produits par rapport à ce qui a été prévu dans le contrat. Il ne peut rejeter la demande qu’à
condition de notifier au bénéficiaire, au plus tard à l’expiration ce délai, les irrégularités
justifiant le rejet. Ensuite, le garant doit transmettre copie de la demande ainsi que les
documents au donneur d’ordre pour information. Enfin, le garant doit aviser le donneur
d’ordre de toute réduction du montant de la garantie ainsi que de tout acte ou évènement y
mettant fin à l’exception de la date de fin de validité.
C : Le refus de paiement
Condition de fond : une demande de paiement manifestement abusive ou frauduleuse. Après
avoir décidé, a contrario, que « le donneur d'ordre […] peut faire défense de payer au garant
ou au contregarant […] si la demande de paiement du bénéficiaire est manifestement abusive
ou frauduleuse », l’article 36 de l’AUS ajoute immédiatement que « le garant et le
contregarant disposent de la même faculté dans les mêmes conditions ».
Formalités : Comme il a déjà été analysé plus haut, l’article 35, al. 3, de l’AUS dispose que :
« si le garant décide de rejeter une demande de paiement, il doit en aviser le donneur d'ordre
et le bénéficiaire dans les meilleurs délais et tenir à la disposition de celui-ci tous documents
présentés ».
D : Les moyens de défense
L’article 47 est clair et précis : « Le donneur d’ordre ne peut faire défense de payer au garant
que si la demande de paiement du bénéficiaire est manifestement abusive ou frauduleuse. Le
contregarant dispose de la même faculté dans les mêmes conditions ». Les notions d’abus et
de fraude manifestes, ici comme dans d’autres domaines du droit sont toujours difficiles à
définir. L’appréciation sera laissée aux parties et surtout au juge lorsque le bénéficiaire estime
que dans un cas précis, il n’y avait pas lieu à défense de payer. On estime qu’il y a abus en
règle générale lorsqu’on constate que le bénéficiaire de la garantie a usé de son droit d’une
manière fautive et contraire à la finalité de celui-ci. Il doit résulter de l’abus un préjudice pour
le donneur d’ordre. Il y a fraude, par contre, en cas de détournement du droit par diverses
manœuvres du bénéficiaire dans l’intention de nuire au donneur d’ordre.
E : Les recours
a- Les recours du garant (ou du contregarant) contre le donneur d'ordre
Recours en remboursement après paiement du créancier bénéficiaire. Le garant (ou le
contregarant) n’est pas un débiteur « en dernier ressort » puisqu’il dispose, après avoir
désintéressé le créancier bénéficiaire, d’un recours en remboursement contre le donneur
d’ordre. C’est ce que rappelle l’article 37 de l’AUS : « le garant ou le contregarant qui a fait
un paiement utile au bénéficiaire dispose des mêmes recours que la caution contre le donneur
d'ordre ».
« Un paiement utile au bénéficiaire ». Le recours du garant (ou du contregarant) contre le
donneur d’ordre implique que le premier ait payé le bénéficiaire dans les conditions prévues
dans son engagement, ce qui n’est pas le cas s’il a négligé d’invoquer le caractère
manifestement abusif ou frauduleux de l’appel (dans ce dernier cas, le paiement est étranger
aux relations entre le garant et le donneur d’ordre, ce qui le rend fautif). C’est, peut-être, ainsi
qu’il convient d’interpréter l’exigence d’un « paiement utile au bénéficiaire ».
B- Les recours éventuels du donneur d’ordre :
Recours contre le bénéficiaire. Malgré le silence de l’AUS, le donneur d’ordre dispose
éventuellement d’un recours contre le bénéficiaire lorsqu’aucune dette n’était due au titre du
contrat de base (le paiement du garant étant consécutif à un appel en garantie manifestement
abusif ou frauduleux). D’aucuns considèrent que ce recours pourrait être fondé sur la
répétition de l’indu ou sur l’enrichissement sans cause. D’autres auteurs estiment qu’il ne
s’agirait ni d’une répétition de l’indu (car le paiement était bien dû par le garant au
bénéficiaire), ni d’une action de in rem verso (puisque le paiement a bien une cause juridique,
en l’occurrence la garantie autonome) ; la restitution serait plutôt analogue à celle que doit le
« dépositaire » d’un gage-espèces, en cas de paiement ou de nullité de l’obligation principale
et repose sur un mécanisme contractuel : dans la convention entre le bénéficiaire et le donneur
d’ordre, qui préexiste à l’engagement du garant, le premier accepte de fournir une garantie
dans la mesure où il existe une obligation à garantir.
Deuxième partie : les sûretés réelles
Les sûretés réelles sont variées. Cette variété pose le problème de leur classement. Il existe
plusieurs classifications.
• D’abord il y a la classification d’après les sources. On distingue alors les sûretés légales
et les sûretés conventionnelles.
• Il y a ensuite la classification d’après les effets. Toutes les sûretés assurent à leur
bénéficiaire le droit de préférence. L’opposition se fait sur le droit de suite que
certaines sûretés offrent à leur bénéficiaire. Le problème principal à ce niveau est la
répartition des pouvoirs entre le créancier et le débiteur. Quels pouvoirs conserver au
débiteur pour ne pas compromettre totalement son crédit ?
• Il y a enfin la classification d’après l’assiette. On distingue dans ce cadre les sûretés
réelles générales et les sûretés réelles spéciales. Une sûreté est dite spéciale lorsqu’elle
porte sur un élément du patrimoine du débiteur. Elle se traduit par l’affectation
élective d’un bien déterminé. Par contre, la sûreté générale porte soit sur l’ensemble
des immeubles soit sur l’ensemble des meubles. Toujours d’après l’assiette, on
distingue les sûretés mobilières et les sûretés immobilières. C’est cette classification
qu’a soutenue l’Acte uniforme.
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