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COURS DE DROIT DES AFFAIRES DESCAF 2014-2015 – PROFESSEUR M.

SAMBA

PROGRAMME :
PREMIERE PARTIE : DROIT COMMERCIAL GENERAL
TITRE 1 : L’ARBITRAGE EN MATIERE COMMERCIALE
*Avantages de l’arbitrage pour le Commerçant
*Types d’arbitrage
Para I : La Convention Commerciale
A- La Formation de la convention arbitrale
a) La Validité de la Convention d’arbitre
1) Conditions de fond
2) Conditions de forme
b) L’autonomie de la convention d’arbitrage
B- Les effets de la convention d’arbitrage
a) L’obligation de soumettre les litiges à ou aux arbitres
b) L’incompétence des juridictions étatiques
Para II : La Sentence
Para III : Les voies de recours contre les sentences arbitrales
A- Les trois voies de Recours Fermées
1) L’appel
2) L’Opposition
3) Le Pouvoir en Cassation
B- Les trois voies de Recours Ouvertes
1) Le Recours en annulation
2) La Tierce Opposition
3) Le Recours en Révision

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TITRE 2 : L’ACCES A LA PROFESSION COMMERCIALE

CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS SUBJECTIVES

SECTION I : Conditions destinées à protéger ceux qui veulent devenir commerçants.


Para I : Les mineurs
Para II : Les Majeurs Incapables
A : Le Régime de la Tutelle
B : Le Régime de la Curatelle
C : Le Régime de la Sauvegarde de Justice

SECTION II : CONDITIONS DESTINEES A PROTEGER L’INTERET GENERAL.


Para I : L’absence d’incompatibilité.
Para II : L’absence d’interdiction.

CHAPITRE 2 : CONDITIONS LIEES A L’ACTIVITE.


SECTION I : La nécessité d’accomplissement d’actes de commerce.
Para I : La détermination des actes de Commerce.
I: Les actes de commerce par nature
A : L’achat pour revendre
B : Les Services
C : Les Activités Industrielles
D : Les actes civils accomplis par les commerçants et les sociétés
commerciales
II : Les Actes de Commerce par la Forme
A : Les actes de commerce visés par l’AU/DCG
B : Les Actes de Commerce visés par l’AU/SC et GIE

Para II : Le recours à la notion d’acte de commerce pour la distinction des


professions commerciales et des professions non commerciales.
I : L’Agriculture
II : Les Professions Libérales
III : Les Artisans

SECTION II : LE MODE D’ACCOMPLISSEMENT DES ACTES.


Para I : L’accomplissement des Actes à titre de Profession

Para II : L’accomplissement d’actes de commerce de manière indépendante et personnelle


I : Les Auxiliaires non Commerçants
II : Les Intermédiaires Commerçants.
A : Le droit commun de l’intermédiation commerciale
1) Le statut
2) La Constitution et l’étendue des pouvoirs

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3) Les Effets des actes accomplis.


a) Les effets des actes dans les rapports avec les tiers :
a – 1 : La situation de l’intermédiaire qui a agi dans la limite de ses pouvoirs :
a – 2 : La situation de l’intermédiaire qui a agi sans pouvoirs ou en dépassement de ses
pouvoirs :
b) Effets des Actes dans les rapports entre les parties :
b – 1 : Les obligations du Représenté.
b – 2 : Les obligations de l’intermédiaire.
4) La fin du mandat
a) Les évènements prévus par l’article 188 :
b) Les événements prévus par l’article 189 :
B : Les Règles Propres
1) Les Commissionnaires
a)Les Obligations du commissionnaire
b) Les obligations du commettant
2) Le Courtier
a) Les Obligations du courtier
b) Les Obligations du donneur d’ordres
3) L’Agent Commercial
a) Les obligations de l’agent commercial
b) Les Droits de l’agent commercial

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TITRE 3 : L’EXERCICE DE LA PROFESSION DE COMMERÇANT.

CHAPITRE I : LE STATUT DU COMMERÇANT

SECTION I : LES DROITS DU COMMERÇANT.


Para I : Le droit d’invoquer la liberté de la preuve.
Para II : Les droits destinés à protéger le commerçant
I : Le Droit au Renouvellement du Bail.
A : Conditions de Renouvellement du Bail.
1 – Les Conditions liées aux locaux.
2 – Conditions liées à la Durée du Bail
B : La mise en œuvre du droit au renouvellement du bail.
1 – Les Diligences (initiatives) que doit effectuer le commerçant.
2 – L’attitude du bailleur
a) L’acceptation du renouvellement
b) Le refus du bailleur
II : Le Droit d’exercer l’action en concurrence déloyale
A : Les Conditions d’exercice de l’action
1-La Faute
2 – Le Préjudice
3 – Le Lien de Causalité.
4– Les Résultats de l’action en concurrence déloyale.

SECTION II : LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT.


Para I : Les Obligations Comptables.
I : Les Obligations qui résultent de la loi de 1994
II : Les Obligations qui résultent des actes uniformes.
A : Règles de tenue des livres
1 – Les livres obligatoires
2 – Les livres facultatifs
B : L’utilisation des livres en justice.
1– La valeur des livres en tant que mode de preuve.
2– Les techniques d’utilisation des livres
Para II : L’obligation de se faire immatriculer au RCCM.
I : L’organisation du registre du commerce
A : Le Registre tenu au greffe du Tribunal Régional
B : Le fichier national tenu au greffe de la Cour d’Appel.
C : Le fichier régional tenu au greffe de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.
II : Le Fonctionnement du Registre.
A : L’immatriculation.
1– Les personnes assujetties.
2– Les Modalités
B : Les inscriptions modificatives ou complémentaires.
C : La radiation

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III : Informatisation du RCCM


A : La reconnaissance des documents électroniques.
B : Publicité et diffusion des informations
IV : Les Effets attachés à l’accomplissement ou au défaut d’accomplissement des
formalités.
A : Les Effets de l’immatriculation ou du défaut d’immatriculation.
1– Les Effets de l’Immatriculation
2– Les Effets du défaut d’Immatriculation
B : Le défaut de Mentions Modificatives ou Complémentaires
C : Les Effets du défaut de Radiation

CHAPITRE 2 : L’ACTIVITE COMMERCIALE

SOUS-CHAPITRE 1 : LE FONDS DE COMMERCE

SECTION I : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU FONDS


Para II : Les éléments obligatoires.
I : La Clientèle
II : Le Nom Commercial
III : L’Enseigne

Para II : Les Eléments Facultatifs.


I : Les éléments incorporels
A : Les Monopoles d’exploitation
B : Les licences d’exploitation
C : Le droit au bail
II : Les Biens Meubles Corporels

SECTION II : LES OPERATIONS QUI PORTENT SUR LE FONDS DE COM..


Para I : La Location-Gérance.
I : Les Conditions de la Location-Gérance.
II : Les Mesures de Publicité
III : Les Effets du Contrat.

Para II : La Cession du Fonds de Commerce.


I : Les Conditions de la Cession
A : Les Conditions de fond
B : Les Conditions de Forme.
II : La Publicité
A : Effets à l’égard des parties
1°) Les obligations du vendeur
2°) Les Obligations de l’acquéreur
B : Effets à l’égard des tiers créanciers du vendeur
1° Le droit de faire opposition
2° Le droit de faire une surenchère

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Para III : Le Nantissement du Fonds de Commerce


I : Les Conditions
A : Les Conditions de Fonds
B : Les Conditions de Forme
II : Les Mesures de Publicité
III : Les Effets du Nantissement

SOUS-CHAPITRE 2 : LA VENTE COMMERCIALE.

LE CHAMP D’APPLICATION

.SECTION I : LA SITUATION DES PARTIES


I : Les obligations des parties
A : Les Obligations du Vendeur
1 – L’obligation de Livraison.
a) Le Lieu de Livraison
b) Le Moment de la Livraison
2 – L’Obligation de Conformité
L’Obligation de Vérification :
L’Obligation de Dénonciation :
3 – L’Obligation de Garantie

B : Les Obligations de l’Acquéreur


1 – L’obligation de payer le prix de vente des marchandises
2 – L’obligation de prendre livraison des marchandises

II : L’Inexécution des Obligations


A : Règles générales
a) Les Sanctions prévues
1) L’Exception d’Inexécution
2) La Résolution
3) Les Sanctions Pécuniaires
b – L’Exercice des actions

B : Les Règles Spéciales


1 – Les Règles Propres au manquement commis par le vendeur
2 – Les Règles Propres à l’inexécution des obligations de l’acquéreur

SECTION II : LE SORT DES MARCHANDISES


I : Le Transfert de Propriété
II : Le Transfert des Risques

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DEUXIEME PARTIE : DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

TITRE I : LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES.

CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES SOCIETES COMMERCIALES

SECTION I : Les Conditions de Constitution

Para I : Les Conditions de fond


I : La Volonté de s’associer
II : L’Affectation d’une Masse des Biens

Para II : Les conditions de forme : L’Immatriculation au RCCM


I : L’Acquisition de la Personnalité Morale avec l’Immatriculation
II : Le Statut des Sociétés ne faisant pas l’objet d’immatriculation.
A : La Société en Participation
B : Les Sociétés créées de Fait et les Sociétés de Fait

SECTION II : Sanctions de l’inobservation des conditions de formation

Para I : La nullité de l’acte de société


I : Les causes de nullité de l’acte de société
II : L’action en nullité.
III : Les Effets de la Nullité

Para II : La Responsabilité indépendante de la nullité

CHAPITRE II : LES REGLES COMMUNES DE FONCTIONNEMENT

SECTION I : Les associés

SOUS SECTION I : Les droits des associés

Para I : Le droit de prendre part aux décisions collectives


I : Les modalités de prise des décisions collectives
II : Les problèmes posés par l’attribution du droit de vote

Para II : Le droit de participer aux bénéfices

SOUS SECTION II : Les obligations des associés

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SECTION II : Les dirigeants

Para I : Les pouvoirs des dirigeants


I : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les associés
II : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les tiers

Para II : Les responsabilités des dirigeants


I : Le domaine de la responsabilité
II : La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants

CHAPITRE 3 : LES REGLES COMMUNES DE DISSOLUTION

SECTION I : Les cas de dissolution

Para I : Les cas de dissolution de plein droit


I / L’arrivée du terme
II / La réalisation ou l’extinction de l’objet
III / L’annulation de l’acte de société
IV / La liquidation des biens
V / La Survenance d’un Evènement Considéré dans les statuts comme Cause de
Dissolution

Para II : Les cas de dissolution décidés


I / Dissolution décidée par le tribunal
II / Dissolution décidée par les associés

SECTION II : Les effets de la dissolution

Para I : Les effets de la dissolution d’une société dans laquelle les droits sociaux sont
détenus par un seul associé
Para II : Les effets de la dissolution d’une société pluripersonnelle

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TITRE 2 : LES REGLES PROPRES A CHAQUE TYPE DE SOCIETE

CHAPITRE I : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF

SECTION I : Les caractères généraux de la SNC

SECTION II : La constitution de la SNC

SECTION III : Le fonctionnement de la SNC

Para I : La situation des gérants (La Gérance)


I : Le statut des gérants
A : La désignation des gérants
B : La fin des fonctions du gérant
II : Les pouvoirs du gérant

Para II : La situation des associés


I : Les décisions collectives
II : La responsabilité solidaire et indéfinie des associés
III : La prépondérance des qualités personnelles
A : L’influence des qualités personnelles sur la cession des parts
B : L’influence des qualités personnelles sur la vie de la société

Para III : le contrôle de la société

SECTION IV : La dissolution

CHAPITRE 2 : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE

SECTION I : Les caractères généraux de la SCS

SECTION II : La constitution de la SCS

SECTION III : Le fonctionnement de la SCS

Para I : La gérance

Para II : Les associés


I : Les parts sociales
II : Les décisions collectives

SECTION IV : La dissolution de la SCS

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CHAPITRE III : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE

SECTION I : La constitution de la SARL

Para I : Les conditions de fond

Para II : Les conditions de forme

SECTION II : Le fonctionnement de la SARL

Para I : Les organes


I : Les gérants
A : Le statut des gérants
B : Les pouvoirs des gérants
II : Les associés de la SARL
A : Les parts sociales
B : Les pouvoirs des associés
1 – Les modalités d’exercice des pouvoirs
2 – La prise de décisions
a) Les décisions collectives ordinaires
b) Les décisions collectives extraordinaires.
III : Les organes de contrôle ou commissaires aux comptes
A : La nomination des commissaires aux comptes
B : La mission des commissaires aux comptes

Para II : La vie financière


I : L’affectation des résultats
II : Les modifications du capital
A : L’augmentation du capital
B : La réduction du capital
SECTION III : La disparition de la SARL
Para I : La dissolution de la SARL
Para II : La transformation

CHAPITRE 4 : LA SOCIETE ANONYME

SECTION I : La constitution

Para I : Les conditions de fond


I : Les actionnaires
II : Le capital
Para II : La procédure : l’assemblée générale constitutive
A : Les délibérations
B : Les règles de majorité
SECTION II : Les valeurs mobilières

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Para I : Les actions


I : Classification des actions
II : Les droits et obligations attachés à l’action.
A : Les droits attachés à l’action
B : Les obligations qui pèsent sur les actionnaires
Para II : Les obligations

SECTION III : Le fonctionnement


Para I : Les organes
I : Les organes d’administration et de direction
A : Les SA avec conseil d’administration
1-Conseil d’Administration
a-Composition
b- Les attributions du conseil d’administration
2 – La Direction de la SA
a- Le Président Directeur Général
b- Le président du conseil d’administration et le DG
B : La société anonyme avec administrateur général
II : Les assemblées d’actionnaires
A : L’Assemblée Générale Ordinaire
B : L’Assemblée Générale Extraordinaire
C : Les Assemblées Spéciales
III : Les commissaires aux comptes
A : Le choix des commissaires aux comptes
B : La nomination des commissaires aux comptes.
C : L’exercice des fonctions de commissaire aux comptes
1 – Les missions du commissaire aux comptes
2 – La Responsabilité du Commissaire aux Comptes
a – La responsabilité civile
b – La responsabilité pénale
c – Les sanctions disciplinaires
Para II : La vie financière de la société anonyme
I / L’amortissement du capital
II / Les modifications du capital
A / L’augmentation du capital
B / La Réduction du Capital
1 – La Réduction motivée par des Pertes
2 - La Réduction non motivée par des Pertes
RETRAIT D’ASSOCIE
SECTION 4 : La Disparition
Para I : La Transformation
Para II : La Dissolution

CHAPITRE 5 : LA SOCIETE PAR ACTIONS SIMPLIFIEES

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TITRE 3 : LES LIENS ENTRE SOCIETES

CHAPITRE 1 : LES LIENS DE DROIT

SECTION I : Les Groupes de Sociétés

Para I : Les Liens Unissant les diverses Sociétés

Para II : Le Contrôle

SECTION II : La Participation dans le Capital d’une autre société

SECTION III : Les Rapports Sociétés Mères – Filiales

CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE FUSION, DE SCISSION OU D’APPORT PARTIEL

SECTION I : Présentation des Différentes Opérations

SECTION II : Les Conditions de Réalisation

SECTION III : Les Effets

LE STATUT DE L’ENTREPRENANT

I : DEFINITION

II : LES OBLIGATIONS DE L’ENTREPRENANT

A : OBLIGATION DE DECLARATION

B : OBLIGATIONS COMPTABLES

TROISIEME PARTIE : QUELQUES CAS SANS CORRECTIONS

 CAS DROIT COMMERCIAL GENERAL


 CAS DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

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PREMIERE PARTIE :
DROIT COMMERCIAL GENERAL

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TITRE 2 : L’ACCES A LA PROFESSION COMMERCIALE


Pour accéder à la profession commerciale, deux séries de conditions doivent être remplies
par : les unes sont liées à la personne même qui veut devenir commerçant (conditions
subjectives, chapitre I), les autres sont liées aux actes qu’il faut accomplir pour être un
commerçant (conditions objectives, chapitre II)

CHAPITRE 1 : LES CONDITIONS SUBJECTIVES


Là aussi, deux séries de conditions sont exigées par le législateur. Les unes sont destinées à
protéger ceux qui veulent être Commerçants : « être capable » SECTION I, les autres sont
destinées à protéger l’intérêt général : « Ne pas être empêché et ne pas être frappé d’une
interdiction » SECTION II.

SECTION I : Conditions destinées à protéger ceux qui veulent devenir commerçants.

Il s’agit essentiellement la condition liée à la capacité d’exercer. Ainsi d’Art. 6 de l’Acte


Uniforme « Nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de profession, s'il n'est
juridiquement capable d'exercer le commerce ».

Les incapables sont les personnes auxquelles la loi a enlevé le droit de participer au
commerce juridique, et cela en vue de les protéger soit contre leur inexpérience, soit contre la
défaillance de leurs facultés mentales ou physiques. Ainsi nous avons deux types
d’incapables : les mineurs et les majeurs incapables.

Para I : Les mineurs

L’article 7 de l’Acte Uniforme précise que : « le mineur, sauf s’il est émancipé, ne peut
devenir commerçant. »
Et d’après l’art 276 du code de la famille « le mineur est la personne de l’un ou l’autre
sexe qui n’a pas encore 18 ans accomplis ». L’âge de la majorité est donc le même pour le
garçon et pour la fille. L’âge du mariage par contre n’est pas le même pour les deux : il est de
16 ans pour la fille et 18 ans pour le garçon. Et étant donné que l’émancipation ne se réalise
de nos jours que par le mariage (l’émancipation par décision des parents qui n’était valable
qu’à 18 ans n’existe plus).

Les mineurs ne peuvent pas agir par eux-mêmes, ils sont représentés par leurs parents ou
leur tuteur. S’ils agissent par eux-mêmes, l’acte qu’ils ont accomplis peut être déclaré nul.
L’action en nullité se prescrit par deux ans à compter du jour où le mineur est devenu majeur.

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Para II : Les Majeurs Incapables


Si chez les mineurs c’est l’incapacité qui est la règle et la capacité l’exception, chez les
majeurs c’est bien le contraire : la capacité est la règle et l’incapacité l’exception.
Les majeurs incapables sont les personnes dont la défaillance des capacités mentales et/ou
corporelles est telle qu’elle empêche l’expression de la volonté.
La défaillance, pour empêcher la capacité, doit être médicalement constatée. Il faut également
que l’adulte soit placé sous un régime de protection. Il existe trois régimes de protection : la
tutelle, la curatelle et enfin la sauvegarde de justice.

A : Le Régime de la Tutelle :
Il s’ouvre pour les majeurs dont les facultés mentales et/ou corporelles sont durablement
altérées par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement lié à l’âge. Cette altération doit
atteindre un niveau tel que le majeur soit hors d’état d’agir. Il est représenté par son tuteur.
S’il agit lui-même, l’acte est frappé de nullité relative. Le majeur en question ou son tuteur
peut attaquer en justice cet acte. Le délai de prescription est de 2ans à compter du jour où
l’incapacité a cessé.

B : Le Régime de la Curatelle :
Il s’ouvre dans 2 cas :
1er Cas : Le majeur, sans être hors d’état d’agir, a besoin d’être contrôlé, conseillé dans les
actes de la vie civile.
2ème Cas : Le majeur, en raison de son intempérance, de son oisiveté ou de sa prodigalité
s’expose au risque de tomber dans le besoin ou compromet l’exécution de ses obligations
familiales.
Le majeur est, dans ces cas, assisté par un Curateur. Il ne peut pas devenir un commerçant.

C : Le Régime de la Sauvegarde de Justice :


Il s’ouvre pour le majeur malade interné à domicile. C’est une semi incapacité. Ce majeur
n’est ni assisté ni représenté. Le seul effet de ce régime est de faire présumer l’absence de
consentement, il peut donc accéder à la profession commerciale.

NB : De nos jours (ce qui ne fût pas toujours le cas), la femme n’est plus considérée comme
un incapable, elle peut, comme son mari, accéder à la profession. Il faut cependant qu’elle
accomplisse des actes de commerce séparément de ceux accomplit par son mari. Elle n’est pas
commerçante si elle se contente de détailler le commerce de son mari.

SECTION II : CONDITIONS DESTINEES A PROTEGER L’INTERET GENERAL.

Pour protéger les clients et les populations de manière générale, deux conditions sont posées
aux personnes qui désirent accéder à la profession commerciale. D’une part ne pas exercer
une profession incompatible avec la profession commerciale et d’autre part ne pas faire l’objet
d’une interdiction.

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Para I : L’absence d’incompatibilité.


Certaines professions sont incompatibles avec la profession commerciale. Pour devenir
commerçant, il ne faut donc pas les exercer. Il s’agit :
- des fonctionnaires et du personnel des collectivités publiques et des entreprises à
participation publique.
- des auxiliaires de justices : avocats, notaires, huissiers, commissaires priseurs, greffiers,
agent de change, administrateurs et liquidateurs judiciaires.
- des experts comptables agréés, des comptables agréés, des courtiers maritimes et des
conseillers juridiques.
- enfin et plus généralement, de toute profession dont l'exercice fait l'objet d'une
réglementation interdisant le cumul de cette activité avec l'exercice d'une profession
commerciale.

Para II : L’absence d’interdiction.


Les personnes qui ont fait l’objet d’une mesure d’interdiction ne peuvent être commerçantes.
On distingue dans ce cas trois catégories :
1°) les personnes qui ont fait l’objet d’une mesure d’interdiction prononcée par une juridiction
d’un Etat signataire du Traité ;
2°) les personnes qui ont fait l’objet d’une mesure d’interdiction prononcée par une juridiction
professionnelle ;
3°) les personnes qui ont fait l’objet d’une condamnation définitive à une peine privative de
liberté (prison, travaux forcés) pour crime de droit commun ou à une peine d’emprisonnement
d’au moins trois (3) mois non assortie de sursis pour un délit contre les biens (escroquerie,
vol, abus de confiance ou recel) ou pour un délit en matière économique ou financière (abus
de biens sociaux, fraude fiscale, distribution fictive de dividendes…).

Lorsqu’une personne dans l’une ou l’autre de ces situations exerce une activité commerciale
au mépris de ces règles, l’acte uniforme dispose que : Les actes accomplis par une personne
en situation d'incompatibilité ou d’interdiction n'en restent pas moins valables à l'égard des
tiers de bonne foi. Ceux-ci peuvent, si bon leur semble, se prévaloir des actes accomplis par
une personne en situation d'incompatibilité ou d’interdiction, mais celle-ci ne peut s'en
prévaloir.
Donc la sanction c’est donc l’inopposabilité de l’acte aux tiers de bonne foi.

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CHAPITRE 2 : CONDITIONS LIEES A L’ACTIVITE.


D’après l’article 2 de l’Acte Uniforme « est commerçant celui qui fait de l’accomplissement
d’actes de commerce par nature sa profession ». Donc pour être commerçant, il faut accomplir
des actes de commerce par nature (SECTION I) et en faire sa profession (SECTION II).

SECTION I : La nécessité d’accomplissement d’actes de commerce.

Para I : La détermination des actes de Commerce.


L’acte uniforme ne définit pas l’acte de commerce. Il se contente d’énumérer des actes
considérés comme des actes de commerce. Il existe deux types d’acte de commerce : d’une
part les actes de commerce par nature et d’autre part les actes de commerce par la forme.

I: Les actes de commerce par nature

L’article 3 de l’A.U définit l’acte de commerce par nature comme étant celui par lequel une
personne s’entremet dans la circulation des biens qu’elle produit ou achète ou par lequel elle
fournit des prestations de service avec l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. L’article 3
cite un certain nombre d’actes qui sont considérés comme des actes de commerce par nature
et ces actes peuvent être classés en quatre catégories : d’abord l’achat pour revendre, ensuite
les services, il y a aussi les activités industrielles et enfin les actes accomplis par les
commerçants pour les besoins de leur commerce et les actes accomplis par les sociétés
commerciales.

A : L’achat pour revendre


La loi vise aussi bien les biens meubles que les biens immeubles. Pour l’application du
caractère commercial, il faut une vente précédée d’un achat motivé lui-même par l’intention
de réaliser des bénéfices. L’achat, la revente et l’intention de revendre en réalisant des
bénéfices constituent donc les trois éléments qui fondent le caractère commercial de l’acte.

B : Les Services
On identifie deux types de services :
- d’une part ceux qui ont pour objet de mettre à la disposition de la clientèle l’usage
temporaire d’un bien meuble moyennant une rémunération (ex : location de meubles comme
chaises et bâches) ;
- d’autre part ceux qui ont pour objet l’exécution d’une prestation au profit de la clientèle
moyennant une rémunération (ex : opérations financières, opérations de banque, de bourse, de
change, opérations d’intermédiation – courtage, commission-, agence commerciale,
opérations de transit, de télécommunication « Sonatel, Sentel, Sudatel », opérations de
transport …)
NB : la location d’immeubles est considérée comme un acte civil.

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C : Les Activités Industrielles


Il s’agit principalement des activités de manufacture. Même si elles ont pour objet
l’exploitation d’une mine, d’une carrière…, l’activité industrielle est commerciale. La
précision est de taille du fait qu’avant, tout ce qui touchait à la terre était considéré comme
civil.

D : Les actes civils accomplis par les commerçants et les sociétés commerciales
Avant la réforme de 2010, les actes civils accomplis par les commerçants pour les besoins
de leur commerce étaient considérés comme des actes de commerce par accessoires,
aujourd’hui ils sont considérés comme des actes de commerce par nature.
De même, les actes civils accomplis par les sociétés commerciales étaient des actes de
commerce par la forme. On disait que la forme l’emporte sur le fond. Aujourd’hui ces actes
ne sont plus considérés comme des actes de commerce par la forme mais des actes de
commerce par nature.

II : Les Actes de Commerce par la Forme


Les actes de commerce par la forme sont cités dans l’article 4 de l’A.U/DCG, mais on en
retrouve aussi dans l’Acte Uniforme sur les sociétés commerciales et le groupement d’intérêt
économique.

A : Les actes de commerce visés par l’AU/DCG


L’article 4 dudit Acte Uniforme vise d’abord la lettre de change parce qu’utilisée
exclusivement par les commerçants, ensuite le billet à ordre et enfin le warrant.

 La Lettre de Change : C’est un titre par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre
à une autre appelée tiré de payer une somme d’argent déterminée à une personne appelée
bénéficiaire à une échéance déterminée à son créancier.
 Le Billet à Ordre : C’est un titre par lequel une personne appelée souscripteur s’engage a
payer une somme d’argent à une échéance déterminée à l’ordre d’une autre personne
qu’on appelle bénéficiaire.
 Le Warrant : C’est un titre dérivé du billet à ordre qui permet de constituer et de
transmettre un gage qui porte sur des marchandises. Il n’existe pas dans la pratique.
 Le Chèque : C’est un titre par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre à une
autre appelée tiré (toujours une banque) de payer à vue une somme déterminée à une
personne appelée bénéficiaire (qui peut être le tireur lui-même).
Remarque : Le chèque ne fait pas partie des actes de commerce par la forme.

B : Les Actes de Commerce visés par l’AU/SC et GIE


Il s’agit des sociétés commerciales par leur forme : la Société en Nom Collectif (SNC), la
Société en Commandite Simple (SCS), la Société à Responsabilité Limitée (SARL), la
Société Anonyme (SA) et la société par action simplifiée (SAS).
Est commerciale toute société constituée sous cette forme quel que soit son objet par ailleurs
civil ou non.

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Para II : Le recours à la notion d’acte de commerce pour la distinction des professions


commerciales et des professions non commerciales.

Si la profession exercée n’implique pas l’accomplissement d’actes de commerce, elle n’est


pas commerciale. Les Activités Agricole, Artisanale et Libérale ne sont pas commerciales.

I : L’Agriculture
Elle a toujours été considérée comme non commerciale. L’agriculture est liée à la terre et tout
ce qui est lié à la terre est civil. L’agriculteur n’accomplit pas d’actes de commerce ; ce qu’il
vend ne provient pas d’un achat mais d’une production. L’acte de commerce implique une
idée de circulation : L’acte de commerce est celui qui se trouve entre la production et la
consommation.
Cependant lorsque l’agriculteur transforme sa récolte avant de la vendre en vue de faciliter
son écoulement et d’en tirer un plus grand profit, doit-on considérer que dans ce cas il reste
toujours un civil ? La jurisprudence invite à comparer les revenus issus des deux activités : si
l’activité agricole domine, il reste civil ; par contre si c’est l’activité de transformation qui est
prépondérante, c'est-à-dire s’il tire l’essentiel de ses revenus de l’activité de transformation, il
doit être considéré comme un commerçant. Cela est applicable à l’agriculteur éleveur qui
achète des animaux pour les revendre après un très bref séjour et en les nourrissant avec des
produits de l’extérieur. Il devient un commerçant.

Il faut noter enfin que peu importe le degré d’industrialisation de l’exploitation agricole,
l’activité reste toujours civile. Les grandes entreprises agricoles fonctionnent avec des
équipements comparables à ceux des usines de transformation, elles ont néanmoins une
activité civile.

II : Les Professions Libérales


Elles sont traditionnellement considérées comme civiles. L’explication nous est donnée par
les trois idées ci-après :
- Les membres de ces professions ne réalisent pas de bénéfices mais recueillent des
honoraires.
- Les activités des membres sont essentiellement intellectuelles tandis que celles du
commerçant sont purement manuelles.
- Il y a un lien de confiance personnel entre le membre des professions libérales et son client.
C’est pourquoi la clientèle y est considérée comme civile et non cessible contrairement à ce
qui se passe en commerce avec le fonds commercial.

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III : Les Artisans


L’artisan est traditionnellement considéré comme non commerçant. Trois critères permettent
de le définir :
- L’indépendance ou encore l’autonomie : l’artisan est un travailleur autonome, ce qui permet
de le distinguer du salarié qui est tenu par un lien de subordination.
- L’absence de spéculation sur le travail d’autrui et les machines : l’artisan ne doit pas
spéculer sur le travail des machines, ni employer le plus grand nombre de collaborateurs. Il vit
de son travail manuel et familial. S’il spécule ou emploi plus de cinq personnes, il devient
commerçant.
- L’absence de spéculation sur les produits et les biens. Certes il peut acheter des biens qu’il
revend en l’état, il reste civil si l’activité est accessoire à son travail d’artisan. Il devient
commerçant dès l’instant que son activité d’achat pour revendre devient prépondérante au
travail d’artisan.
Aujourd’hui il existe un texte sur l’artisanat le définissant. C’est le décret n° 87-1275 du
10 septembre 1987. Ses règles peuvent être utiles pour la distinction entre artisan et
commerçant. Mais pourquoi donc ce texte ?
Certaines personnes nanties ont souvent le désir d’investir dans le secteur sans avoir la
qualité d’artisan et parallèlement, les professionnels du secteur ont de la difficulté à créer des
entreprises du fait de leur peu de moyens. Le décret intervient à ce niveau pour distinguer le
statut d’entreprise artisanale et le titre de qualification professionnelle.

Le Statut de l’entreprise artisanale.


Deux critères :
- La nature de l’activité de l’unité de production :
Est considérée comme entreprise artisanale, l’entreprise qui a une activité de production, de
réparation, de transformation ou de services à l’exception des entreprises agricoles, de pêche,
des entreprises de transport et des activités exclusivement commerciales ou spécifiquement
intellectuelles.
- Le nombre d’employés : il ne doit pas dépasser cinq. En application de ce critère, est
considérée comme entreprise commerciale toute entreprise ayant plus de cinq employés.
Cependant, on ne tient pas compte des apprentis, du conjoint du chef d’entreprise, des
descendants, ascendants et alliés jusqu’au troisième degré. On ne tient pas compte non plus
des travailleurs journaliers ou saisonniers.

SECTION II : LE MODE D’ACCOMPLISSEMENT DES ACTES.

Para I : L’accomplissement des Actes à titre de Profession

Une personne peut accomplir des actes sans avoir le titre de commerçant parce qu’elle n’en
fait pas sa profession. Le terme « profession » indique que la personne doit en tirer l’essentiel
de ses revenus. Il en résulte deux conséquences :
- Lorsque l’accomplissement des actes se fait de manière isolée, la personne n’a pas la qualité
de commerçant même si elle en tire l’essentiel des ses revenus. C’est l’exemple du vendeur
occasionnel (elle ne fait du commerce qu’à l’occasion des grands évènements)
- Lorsque la personne accomplit des actes de manière répétée sans en tirer l’essentiel de ses
revenus, elle n’a pas la qualité de commerçant.

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Il faut que la profession commerciale soit exercée à titre principal surtout dans le cas où elle
cohabite avec une autre profession principale de nature civile. Il n’est en fait pas nécessaire
qu’elle soit exclusive.

L’exercice simultané de deux professions dont l’une est commerçante et l’autre civile ne doit
cependant pas être confondu avec l’accomplissement de manière accessoire à une profession
civile d’actes de commerce. C’est l’exemple de la coiffeuse qui vend en même temps des
produits de beauté ou de la couturière qui vend des tissus et des tenus.

L’accomplissement à titre accessoire d’actes civils par un commerçant fait de ces actes civils
des actes de commerce par nature. Par exemple un commerçant qui achète une voiture de
livraison ou une machine à café pour ses clients. Rappelons que avant c’étaient des actes de
commerce par accessoire : c’était la théorie de l’accessoire – Accessori sequitur principale
(c’est-à-dire l’accessoire suit le principal).

Para II : L’accomplissement d’actes de commerce de manière indépendante et


personnelle

Les personnes qui accomplissent des actes d’entremises pour en tirer un profit ne sont pas
toutes des commerçants. On distingue d’un coté les intermédiaires non commerçants et d’un
autre les intermédiaires commerçants.

I : Les Auxiliaires non Commerçants


Ceux qui accomplissent des actes de commerce pour le compte d’autrui et qui ne sont pas
indépendant n’ont pas la qualité de commerçants : c’est le cas des salariés des commerçants
tels que les gérants salariés de fond de commerce.
Le Gérant salarié opère pour le compte du propriétaire du fond de commerce et reçoit en
contrepartie un salaire. Il est un civil. La notion d’indépendance est capitale pour la
détermination de la qualité de commerçant. Mais il est important de savoir qu’il s’agit
d’indépendance juridique et non pas d’une indépendance économique. L’indépendance
juridique veut dire qu’il n’y a pas de relation de subordination, c'est-à-dire qu’on d’ordre à
recevoir de personne ni de compte à rendre à quelqu’un.
Le Locataire gérant par exemple est un commerçant. Il opère pour son compte personnel et
paie une redevance au propriétaire du fond. Il est indépendant.

II : Les Intermédiaires Commerçants.


Ils sont commerçants parce qu’ils exercent en toute indépendance pour leur compte et en leur
propre nom. Il s’agit essentiellement de ceux que l’on appelle dans l’AU/DCG intermédiaires
de commerce. L’article 169 définit l’intermédiaire de commerce comme une personne
physique ou morale qui a le pouvoir d’agir, ou entend agir, habituellement et
professionnellement pour le compte d’une autre personne, commerçante ou non, afin de
conclure avec un tiers un acte juridique à caractère commerciale.
On identifie trois types d’intermédiaires : les commissionnaires, les courtiers et les agents
commerciaux.
Deux types de règles s’appliquent à ces intermédiaires : les règles communes aux
intermédiaires et les règles propres à chaque type d’intermédiaires.

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A : Le droit commun de l’intermédiation commerciale


Les règles communes traitent de quatre problèmes : le statut des intermédiaires, la constitution
et l’étendue des pouvoirs, les effets des actes accomplis et la fin du mandat.

1) Le statut
Ce sont des mandataires commerçants. Ils doivent remplir toutes les conditions
requises pour accéder à la profession : capacité, absence d’interdiction, absence
d’incompatibilité.

2) La Constitution et l’étendue des pouvoirs


Les intermédiaires tirent leurs pouvoirs d’un mandat. On applique les règles du
mandat dans leurs rapports avec les tiers. Le mandat peut être écrit ou verbal. En l’absence
d’écrit, il peut être prouvé par tout moyen, y compris le témoignage.
C’est le contrat de mandat qui fixe les pouvoirs de l’intermédiaire. Mais il se peut qu’il
y ait silence du mandat sur l’étendue des pouvoirs de l’intermédiaire. Dans ce cas, il
accomplit tous les actes nécessaires à l’exécution du mandat. Mais il y a des actes qu’il ne
peut accomplir qu’en vertu d’un mandat spécial. Il s’agit de l’introduction d’une procédure
judiciaire, de la transaction, de la signature d’une convention d’arbitrage, de la souscription
d’engagement de change, de la constitution d’hypothèque, de l’aliénation d’immeuble, de
donation.

3) Les Effets des actes accomplis.


Il convient de les examiner à travers deux types de rapports : rapports avec les tiers
d’une part et rapports entre les parties au contrat de mandat d’autre part.

b) Les effets des actes dans les rapports avec les tiers :
Il s’agit de voir quel va être le sort des actes accomplis par l’intermédiaire devant les tiers.
Deux cas de figure sont envisageables :

a – 1 : La situation de l’intermédiaire qui a agi dans la limite de ses pouvoirs : il faut là


aussi distinguer deux cas possibles :
1er Cas : Le tiers avec lequel il a traité devait connaître ou connaissait le statut de
l’intermédiaire. L’acte dans ce cas lie directement le tiers et le représenté. L’intermédiaire
s’efface à moins qu’il ne résulte des circonstances de l'espèce, notamment par la référence à
un contrat de commission ou de courtage, que l'intermédiaire n'a entendu engager que lui-
même.
Les obligations naissent directement à la charge du mandant et les droits lui profitent dans le
même ordre.
2ème Cas : Le tiers ne connaît pas ou n’était pas sensé connaître le statut de
l’intermédiaire. Exemple : cas du commissionnaire qui opère en son nom.
C’est l’intermédiaire qui est engagé et non le représenté.

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a – 2 : La situation de l’intermédiaire qui a agi sans pouvoirs ou en dépassement de ses


pouvoirs :
L’acte ne lie pas le représenté ni le tiers. L’intermédiaire est tenu d’indemniser le tiers pour le
mettre dans la même situation que si lui intermédiaire avait agi avec les pouvoirs nécessaires.
L’intermédiaire supporte à la limite les obligations. Cette règle selon laquelle si
l’intermédiaire agit sans pouvoirs ou avec dépassement de se pouvoirs l’acte ne lie ni le
mandant ni le tiers est écartée dans deux cas :
1er Cas : lorsque le comportement du représenté laisse croire au tiers raisonnablement
et de bonne foi qu’il entendait s’engager : le représenté ne peut se prévaloir de l’absence de
pouvoirs. Il va être engagé. C’est la théorie de l’apparence en droit commercial.
2ème Cas : lorsque le représenté ratifie l’acte : on fait comme si l’intermédiaire avait
agi avec les pouvoirs nécessaires dès l’origine ; donc, la ratification va avoir un effet
rétroactif. L’acte produit les mêmes effets que s’il avait été accompli par un intermédiaire
ayant les pouvoirs nécessaires dès l’origine.

b) Effets des Actes dans les rapports entre les parties :


Les parties sont le représenté et l’intermédiaire. Le contrat est par ailleurs un contrat
synallagmatique, c’est-à-dire qui crée des obligations à la charge de chacune des parties.

b – 1 : Les obligations du Représenté.


- Le représenté doit rembourser à l’intermédiaire en principal et intérêts, les avances et frais
opérés pour l’exécution régulière du mandat. Si l’acte n’est pas régulier, les frais qui
l’accompagnent ne donneront pas lieu à remboursement.
- Le représenté doit libérer l’intermédiaire des obligations qui ont été contractées.

b – 2 : Les obligations de l’intermédiaire.


- L’intermédiaire doit rendre compte de sa gestion en tout à la demande du représenté.
- L’intermédiaire doit verser les sommes perçues à temps. En cas de retard dans le versement,
des intérêts de retard doivent être payés au titre de dédommagement. Il peut même être
poursuivi pour abus de confiance dans le cas où il ne rend ni ne fait un usage déterminé de ces
sommes après mise en demeure.
- L’intermédiaire doit exécuter correctement le contrat. En cas d’inexécution ou d’exécution
défectueuse, il doit indemniser le représenté.

4) La fin du mandat
Certains évènements mettent fin au mandat. Ils sont prévus par les articles 188 et 189 de
l’AU/DCG.
a) Les évènements prévus par l’article 188 sont :
- L’accord des parties ;
- L’exécution complète de l’opération ;
- La révocation de l’intermédiaire : L’intermédiaire est un mandataire commercial, il est donc
révoqué ad nutum c’est à dire sans explication. Mais cette révocation ne doit cependant pas
être abusive, elle donnerait lieu le cas échéant au paiement de dommages et intérêts
- La renonciation au mandat. Le mandataire peut aussi renoncer à son mandat, c'est-à-dire
peut décider de mettre un terme à son mandat. Elle ne doit pas non plus être abusive, ce qui
donnerait lieu le cas contraire au paiement de dommages et intérêts.

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b) Les événements prévus par l’article 189 :


Ces évènements ne découlent pas de la volonté des parties. On peut noter :
- Le décès de l’une des parties ;
- La survenance d’une incapacité, d’une mesure d’interdiction ou d’une incompatibilité : si au
cours de l’exécution du mandat une des parties est placée sous tutelle ou sous curatelle, le
mandat prend fin.
- L’ouverture d’une procédure collective : lorsque l’une des parties fait l’objet d’une
liquidation ou d’un règlement judiciaire, le mandat prend fin.

Notons qu’il résulte des dispositions de l’article 191 que, nonobstant la cessation du mandat,
l'intermédiaire demeure habilité à accomplir pour le compte du représenté ou de ses ayants-
droits les actes nécessaires et urgents de nature à éviter tous dommages.

B : Les Règles Propres


Le texte vise trois types d’intermédiaires : les commissionnaires, les courtiers et les agents
commerciaux.

1) Les Commissionnaires
Ils sont régis par les articles 192 à 207 de l’AU. D’après l’article 192- Le commissionnaire
est un professionnel qui, moyennant le versement d’une commission, se charge de
conclure tout acte juridique en son propre nom mais pour le compte du commettant qui
lui en donne mandat.
Ce contrat fait naître des obligations spécifiques à la charge du commettant et du
commissionnaire.

a)Les Obligations du commissionnaire


- Le commissionnaire a l’obligation d’exécuter les opérations conformément aux
directives du commettant. Ces directives portent sur une opération ponctuelle qu’il est
chargé d’exécuter et non sur la manière d’exécuter le mandat.
- Le commissionnaire a l’obligation de loyauté vis à vis du commettant : il ne doit pas vendre
ses propres marchandises au commettant s’il est chargé d’acheter, ni acheter les marchandises
du commettant s’il est commis pour les vendre. Il signerait dans ces deux cas aussi bien en
qualité de vendeur qu’en qualité d’acquéreur, ce qui amènerait un conflit d’intérêt.
- Le commissionnaire a l’obligation de renseignement parce qu’il doit communiquer au
commettant toutes les informations relatives à l’opération.
- Le commissionnaire a l’obligation de sauvegarder les intérêts du commettant : lorsque
les marchandises expédiées pour vente sont dans un état manifestement défectueux du fait du
transport, il doit sauvegarder les recours du commettant en désignant un huissier de justice
pour constater le préjudice. Il doit aussi vendre les marchandises le plus vite possible lorsque
pèse sur elles le risque de détérioration.
- Le commissionnaire doit vendre les marchandises au prix fixé : s’il vend à un prix
inférieur, c’est lui qui est tenu de la différence sauf s’il prouve qu’en vendant, il a préservé le
commettant d’un dommage, et que les circonstances ne lui ont pas permis de prendre ses
ordres. S’il achète à plus bas prix, ou qui vend plus cher que ne le portaient les ordres du
commettant, il sera déloyal et ne pourra pas bénéficier de la différence.

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b) Les obligations du commettant


- Le commettant a l’obligation de payer une rémunération appelée commission dès que le
mandat est exécuté même si l’opération est déficitaire.
- Le commettant doit rembourser les frais et débours normaux qui se révèlent nécessaires à
l’exécution du mandat. Pour l’obliger à payer, le commissionnaire a un droit de rétention sur
les biens du commettant.

2) Le Courtier
Il est visé par les articles 208 à 215 de l’AU. L’article 208 définit le courtier comme étant
un professionnel qui met en rapport des personnes en vue de faciliter ou faire aboutir la
conclusion de conventions entre ces personnes.

Le coutier n’intervient pas dans la signature du contrat, il n’est donc pas engagé.
Le courtier est lié à un représentant appelé donneur d’ordres.

a) Les Obligations du courtier


- Le courtier a l’obligation de rester indépendant à l’égard des parties et de se garder
d’intervenir dans le contrat.
- Le courtier doit faire tout ce qui est utile pour la conclusion du contrat. Il doit donner tous
les renseignements vrais et utiles. Il est responsable du préjudice résultant de ses fausses
déclarations si, en vue d'amener une partie à contracter, il lui présente sciemment l'autre partie
comme ayant des capacités et des qualités qu'elle n'a pas.
- Le courtier doit s’abstenir d’accomplir des actes de commerce pour son propre compte, cela
pour éviter le conflit d’intérêt.

b) Les Obligations du donneur d’ordres


Elles correspondent aux droits du courtier.
- Le courtier a droit à une rémunération constituée en pourcentage du montant de l’opération.
Cette rémunération est supportée par le donneur d’ordres. Si le vendeur est le donneur
d’ordres, c’est lui qui supporte la rémunération qui vient dans ce cas en déduction du prix de
vente ; l’acquéreur ne paie pas même en partie. Si l’acquéreur est le donneur d’ordres, il
supporte la rémunération qui vient en sus du prix d’achat. Cette rémunération est due dès lors
que les indications données aboutissent à la conclusion du contrat. Il existe cependant deux
cas où le courtier peut être privé de sa rémunération. Ces cas traduisent une certaine déloyauté
à l’égard du donneur d’ordres.
1er Cas : Lorsque le courtier agit dans l’intérêt du co-contractant au détriment du
donneur d’ordres ;
2ème Cas : Lorsque le courtier se fait remettre une rémunération par l’autre partie à
l’insu du donneur d’ordres.
- Le courtier a droit au remboursement de frais si cela avait été convenu, même si l’opération
n’est pas conclue. En revanche, le remboursement n’est pas dû lorsque cela n’avait pas été
prévu.

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3) L’Agent Commercial
Il est régi par les articles 216 à 233 de l’AU. L’article 216 définit l’agent commercial comme
un mandataire professionnel chargé de façon permanente, de négocier et éventuellement
de conclure des contrats de vente, d’achat, de location ou de prestation de services au
nom et pour le compte de producteurs, d’industriels, de commerçants ou d’autres agents
commerciaux sans être lié envers eux par un contrat de travail.

On peut noter à partir de cette définition les différences entre agent commercial et
commissionnaire.
- L’agent commercial agit de manière permanente alors que le commissionnaire
intervient de manière ponctuelle ;
- L’agent commercial a un champ d’action moins large que celui du commissionnaire.
En effet les contrats que l’agent commercial peut conclure sont énumérés par la loi, alors
que pour le commissionnaire, la loi dit tout acte juridique, cela veut dire n’importe qu’elle
opération.

a) Les obligations de l’agent commercial


- L’agent commercial a l’obligation de s’abstenir d’accepter la représentation d’une
entreprise concurrente sauf s’il y a accord de son mandant ;
- L’agent commercial doit s’abstenir d’utiliser ou de révéler des informations ayant un
caractère confidentiel même après la fin de son mandat ;
- L’agent commercial doit restituer ce qui lui a été remis pour la durée de son mandat par
le mandant lui-même ou par un tiers pour le compte du mandant. Cette obligation ne fait
cependant pas obstacle au droit de rétention qui lui appartient.

b) Les Droits de l’agent commercial


- L’agent commercial a droit à une commission. Le montant de la commission est en
principe fixé par contrat. En cas de silence du contrat, la commission est calculée selon les
usages conventionnels en vigueur dans le secteur d’activité couvert par le mandat.

- L’agent commercial a droit au remboursement des frais et débours exposés en vertu


d’instructions spéciales. Il n’a pas droit au remboursement de frais engagés dans l’exercice
normal du contrat, ceux-ci étant pris en compte dans le calcul de la commission.

- L’agent commercial a droit en cas de rupture du contrat ou de cessation d’activité, au


paiement d’une Indemnité Compensatrice Pour Perte de Clientèle en vertu de la
permanence des liens avec le mandant. L’acte uniforme fixe un minimum pour le calcul de
l’indemnité. Elle est égale au moins à un mois de commission à compter de la première année
entièrement exécutée, deux mois de commission à compter de la deuxième année entièrement
exécutée, et trois mois de commission à compter de la troisième année entièrement exécutée.
Au delà de la troisième année, le montant de la commission est librement négocié pour la
fraction qui excède les trois ans. La commission est par ailleurs variable sur l’année, mais le
montant retenu est obtenu en faisant la moyenne pondérée des douze derniers mois d’activité.
Il y a des règles d’ordre public relatives à cette indemnité. Ce sont des règles publiques de
protection, on peut y déroger pourvu que cela soit dans l’intérêt de l’agent.

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Il existe trois cas dans lesquels l’agent commercial n’a pas droit à l’indemnité compensatrice
pour perte de clientèle :
1er Cas : Lorsque la cessation des relations est provoquée par sa faute grave ;
2ème Cas : Lorsque la cessation des relations résulte de l’initiative de l’agent ;
3ème Cas : Lorsqu’il y a cession à des tiers, avec accord du mandant, des droits et obligations
qui résultent du contrat (l’agent se fait remplacer par un ou d’autres agents).

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TITRE 2 : L’EXERCICE DE LA PROFESSION DE COMMERÇANT.

L’étude de l’exercice de la profession de commerçant tournera autour de deux chapitres. Le


premier sera consacré au statut du commerçant c'est-à-dire aux droits et obligations du
commerçant et le second chapitre sera consacré à l’activité commerciale c'est-à-dire au fonds
de commerce et à la vente commerciale.

CHAPITRE I : LE STATUT DU COMMERÇANT

Le commerçant a des droits qui, en principe ne profitent pas au civil. Il a aussi des obligations
qui ne pèsent pas sur les civils.

SECTION I : LES DROITS DU COMMERÇANT.


Les droits du commerçant sont classés en deux catégories. Les uns ont pour but de faciliter
l’exercice de la profession. C’est le cas par exemple de la liberté de preuve. Les autres ont
pour vocation de le protéger contre les concurrents et les bailleurs.

Para I : Le droit d’invoquer la liberté de la preuve.

Contrairement au droit civil ou c’est le Système de preuve légale ou Système de la légalité,


cela veut dire que c’est la loi qui réglemente de manière minutieuse les règles de la preuve.
- D’abord c’est la loi qui énumère de manière limitative les moyens avec lesquels on peut
prouver. Il s’agit de l’écrit, du témoignage ou preuve testimoniale, du serment décisoire, du
serment supplétoire, de l’aveu judiciaire, de l’aveu extra judiciaire et de la présomption
judiciaire.
- Ensuite c’est la loi qui détermine la recevabilité ou l’admissibilité des modes de preuve en
distinguant la preuve des actes juridiques et la preuve des faits juridique
- Enfin c’est la qui loi fixe la force probante (la valeur) des différents modes de preuve en
distinguant les preuves parfaites (l’écrit, l’aveu judiciaire et le serment décisoire) et des
preuves imparfaites (le témoignage, l’aveu extra judiciaire, la présomption judiciaire et le
serment supplétoire).

En matière commerciale toutes ces règles sont écartées : il n’y a pas d’énumération limitative
des modes de preuve, et donc absence également de conditions de recevabilité des modes de
preuve. Et quel que soit en matière commerciale le montant de l’opération, tous les modes
imaginables sont admis. Il y a absence enfin de hiérarchisation des modes de preuve. Tous les
modes de preuve se valent.
Cependant il faut préciser que la liberté de la preuve ne concerne que les actes de commerce
et non les actes civils. Elle ne concerne aussi que les commerçants.
Concernant les actes mixtes, c'est-à-dire les actes entre un commerçant et un non
commerçant un acte qui est commercial pour l’un et civil pour l’autre. Si le demandeur est un
commerçant et le défendeur un civil, le commerçant ne peut utiliser que les règles du droit
civil. Mais si en revanche c’est le civil qui est demandeur et le commerçant le défendeur, le
civil peut bénéficier de la liberté de preuve. En d’autres termes, si la charge de la preuve
incombe au commerçant, la preuve est civile. Mais si la charge de la preuve pèse sur le civil,
il bénéficie de la liberté de la preuve.

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Para II : Les droits destinés à protéger le commerçant


Le commerçant doit être protégé contre les concurrents d’une part, et contre le bailleur
du fond de l’autre. Il a le droit au renouvellement du bail et le droit d’exercer l’action en
concurrence déloyale.

I : Le Droit au Renouvellement du Bail.


Pour comprendre ce droit, il faut partir du fait que très souvent, le commerçant est
locataire du local qu’il exploite, et si le propriétaire ou encore le bailleur lui donne congé,
c’est-à-dire demande la résiliation du contrat, il perd sa clientèle.

A : Conditions de Renouvellement du Bail.


Deux types de conditions existent : des conditions liées aux locaux et des conditions liées
à la durée du bail.

1 – Les Conditions liées aux locaux.


ère
1 Condition : La nature du local : le droit au renouvellement du bail trouve son siège dans
les dispositions qui régissent le bail commercial et qui s’appliquent à la seule condition que le
local rentre dans l’une des catégories visées par l’article 101 de l’acte uniforme.
Trois types de locaux sont ainsi visés :
- Premièrement, les locaux à usage industriel, artisanal, commercial ou professionnel ;
- Deuxièmement, les locaux accessoires qui dépendent d’un local à usage industriel,
commercial, artisanal ou professionnel. Mais si le local principal et les locaux accessoires
n’appartiennent pas au même propriétaire, il se pose le problème de la situation de ces locaux
accessoires vis à vis du droit au renouvellement du bail. Dans ce cas, pour que l’on puisse
bénéficier du droit au renouvellement du bail, il faut qu’on ait fait la location des locaux
accessoires pour une utilisation jointe à celle du local principal. Il faut aussi que cette
utilisation ait été connue du bailleur au moment de la conclusion du contrat.
- Troisièmement, les terrains nus sur lesquels ont été édifiés avant ou après le bail des locaux
à usage industriel, commercial, artisanal ou professionnel, mais cela, avec le consentement du
bailleur ou à sa connaissance.

2 – Conditions liées à la Durée du Bail


Pour qu’un commerçant puisse bénéficier du droit au bail, il faut qu’il ait exploité son
activité depuis au moins deux ans dans le local et sans distinction entre le bail à durée
déterminée et le bail à durée indéterminée.

B : La mise en œuvre du droit au renouvellement du bail.


Si les conditions sont remplies par le commerçant, le droit au renouvellement existe à son
profit mais il doit prendre certaines initiatives.

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1 – Les Diligences (initiatives) que doit effectuer le commerçant.


Tout dépend du type de bail :
- S’il s’agit d’un bail à durée déterminée, le locataire commerçant doit demander le
renouvellement au plus tard trois mois avant la date d’expiration du bail. La demande doit être
faite par signification d'huissier de justice (exploit d’huissier) ou notification par tout moyen
permettant d'établir la réception effective par le destinataire (lettre recommandée avec accusé
de réception par exemple).
Hors de ce délai et de cette forme, le locataire perd son droit au renouvellement.
- S’il s’agit de bail à durée indéterminée, la date d’échéance n’étant pas connue à l’avance,
le locataire doit attendre que le bailleur lui notifie le congé. Chaque partie peut prendre
l’initiative du congé en le signifiant à l’autre par exploit de huissier au plus tard six mois
avant la date d’effet.
Si le bailleur prend l’initiative, le locataire qui ne veut pas partir lui notifie la contestation du
congé par signification d'huissier de justice ou notification par tout moyen permettant d'établir
la réception effective par le destinataire,. On parle alors de « Signification » qui doit se faire
au plus tard à la date d’effet du congé. La suite dépendra alors de l’attitude du bailleur.

2 – L’attitude du bailleur
Il y a deux possibilités : soit le bailleur accepte le renouvellement, soit il le refuse.

a) L’acceptation du renouvellement
Elle peut prendre deux formes : elle peut être expresse ou tacite.
L’acceptation est expresse lorsque le bailleur fait connaître sa volonté de manière formelle.
Elle est tacite si à la suite d’une demande de renouvellement, le bailleur ne fait pas connaître
sa réponse dans le délai d’un mois avant la date d’effet dans le BDD).
Quelle que soit sa forme, l’acceptation produit toujours les mêmes effets : s’il y a
renouvellement, il se fera pour trois ans sauf stipulation contraire.

b) Le refus du bailleur
Si le bailleur refuse le renouvellement, il paie une indemnité d’éviction. Aujourd’hui, ce sont
les parties qui fixent le montant de cette indemnité. Cependant, en cas de désaccord, elles
doivent saisir le tribunal qui fixe le montant de l’indemnité en considération des
investissements réalisés par le preneur, de son chiffre d’affaires et de l’emplacement du local.
La loi ne fixe cependant pas les règles d’évaluation.
Il y a des cas où le bailleur peut refuser le renouvellement du bail sans payer d’indemnité
d’éviction.
1er Cas : Lorsqu’il justifie d’un motif légitime à l’encontre du preneur. C’est l’inexécution
d’une obligation essentielle par le preneur, par exemple un locataire qui ne paie pas les loyers.
C’est aussi le cas de cessation de l'exploitation de l’activité
2ème Cas : La reprise par le bailleur du local en vue de le démolir et de le reconstruire.
Dans ce cas, il est dispensé de l’indemnité à la double condition qu’il ne change pas la
destination du local et qu’il offre au locataire un bail dans les nouveaux locaux une fois les
travaux terminés.

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3ème Cas : Lorsque le bailleur reprend les locaux d’habitation accessoires des locaux
principaux parce qu’il veut y habiter lui-même ou parce qu’il veut y loger ses proches
(conjoints, descendants, ascendants et ceux de son conjoint). Le bailleur devra cependant
rembourser au locataire déchu les investissements qu’il y a faits.

II : Le Droit d’exercer l’action en concurrence déloyale


Il est prévu par l’annexe 8 de l’accord portant révision de l’accord de Bangui du 2
Mars 1977 dont l’objet était d’instituer une Organisation Africaine de la Propriété
Intellectuelle (OAPI). Il faut voir quelles sont les conditions puis les résultats.

A : Les Conditions d’exercice de l’action


Elles sont au nombre de trois : la Faute, le Préjudice et le Lien de Causalité.
1-La Faute

C’est d’une part les actes ou pratiques qui sont contraires aux usages honnêtes du commerce ;
C’est d’autre part et de manière spécifique les actes ou pratiques énumérés par les articles 2 à
6 de l’annexe 8 :
- Les actes ou pratiques qui sont de nature à créer la confusion avec l’entreprise d’autrui
ou avec ses produits et services (confusion pouvant porter sur une marque, sur le nom
commercial, sur un signe distinctif, sur l’aspect extérieur des produits)
- Les actes ou pratiques qui portent atteinte ou qui sont de nature à porter atteinte à
l’image ou à la réputation d’une entreprise appartenant à autrui (publicité comparative)
- Les actes ou pratiques qui induisent en erreur ou qui sont de nature à induire le public en
erreur au sujet d’une entreprise ou au sujet des activités d’une entreprise (tromperie). On vise
ici la publicité sur la fabrication d’un produit, sur sa qualité, sur son aptitude à un emploi
particulier, sur son origine géographique etc. (publicité mensongère)
- Le dénigrement : C’est l’allégation fausse ou abusive qui discrédite ou qui est de nature
à discréditer l’entreprise d’autrui et en particulier ses produits et ses services. Il peut résulter
d’une publicité ou d’une promotion et peut porter sur des procédés de fabrication, sur
l’aptitude du produit à un usage déterminé, sur son origine etc.
- L’acte ou la pratique qui entraîne la divulgation, l’acquisition ou l’utilisation par des
tiers d’une information confidentielle sans le consentement de la personne habilitée à disposer
de cette information (espionnage industriel, divulgation de secrets de fabrication …)
- La désorganisation de l’entreprise concurrente ou du marché. Ex : la suppression de la
publicité, le détournement des commandes, la pratique de prix anormalement bas, la
désorganisation du réseau de vente, le débauchage du personnel, l’incitation du personnel à la
grève, le non respect des règles d’exercice de l’activité concernée.

2 – Le Préjudice
Le préjudice peut prendre deux formes :
- Il peut s’agir d’une perte pure et simple de clientèle : cela suppose que l’entreprise qui a
commis l’acte et celle qui a été victime ne sont pas dans le même secteur d’activité. La
clientèle perdue n’est pas récupérée par le coupable. On parle de « Concurrence
Parasitaire ».
- Il peut aussi s’agir de transfert de clientèle : cela se produit souvent lorsque coupable et
victime sont dans le même secteur d’activité. La clientèle passe du fonds de commerce de la
victime au fonds de commerce de l’auteur.

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3 – Le Lien de Causalité.
Il faut que celui qui exerce l’action en justice apporte la preuve que le préjudice subi est
provoqué directement par un acte de concurrence déloyale. On part souvent d’indice pour
établir la preuve. On compare le chiffre d’affaires d’avant l’acte et celui d’après l’acte et on
pondère avec l’évolution du marché.

4– Les Résultats de l’action en concurrence déloyale.


Lorsque le commerçant qui s’estime victime d’une action en concurrence déloyale saisit le
tribunal, il peut obtenir le paiement de dommages et intérêts, il peut également obtenir du juge
injonction au coupable de cesser l’action déloyale. Il peut même obtenir du Juge une
publication dans la presse de la condamnation aux frais du coupable. Toutes autres sanctions
prévues par le droit civil.

SECTION II : LES OBLIGATIONS DU COMMERÇANT.


Elles se composent des obligations comptables et de l’obligation de se faire immatriculer au
RCCM.

Para I : Les Obligations Comptables.


Il y en a qui résultent de la loi de 1994 mais aussi celles qui résultent de l’AU/DCG.

I : Les Obligations qui résultent de la loi de 1994


La loi 94 – 63 du 22 Août 1994 sur les prix, la concurrence et les contentieux fait peser sur
les commerçants l’obligation de réunir en liasse les originaux et les copies des factures
revêtus des mentions obligatoires. Ces originaux et copies doivent être tenus par ordre de date
et conservés pendant trois ans à compter de la transaction. D’où il faut obligatoirement les
avoir. C’est pourquoi la loi fait peser, à la charge de certaines personnes, l’obligation de
délivrer et de réclamer des factures : les vendeurs en cas d’achat de produits destinés à la
revente en l’état ou après transformation, en cas d’achat pour le compte ou au profit d’un
industriel ou d’un commerçant pour les besoins de son commerce, et les prestataires en cas de
prestations de services effectuées par un professionnel pour les besoins d’un commerce ou
d’une industrie. Les acheteurs professionnels également doivent réclamer une facture.

II : Les Obligations qui résultent des actes uniformes.

L’AU/DCG dit que le commerçant doit tenir des livres de commerce. Il y a d’abord un intérêt
fiscal mais aussi un intérêt privé.
L’AU/DCG prévoit également que le commerçant doit se conformer aux dispositions de l’acte
uniforme portant organisation et harmonisation de la comptabilité des entreprises qui dit à son
tour que le commerçant doit faire des états financiers.
Nous allons insister sur les livres de commerce : Règles de tenue des livres puis utilisations
des livres comme mode de preuve.

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A : Règles de tenue des livres


Ces règles ne s’imposent que pour les livres obligatoires.

1 – Les livres obligatoires


Il s’agit :
- Du Journal qui enregistre au jour le jour les opérations courantes effectuées ;
- Du Grand Livre avec balance générale récapitulative ;
- Du Livre d’inventaire.
Ces Livres doivent être cotés et paraphés par le Président du Tribunal Régional ou par le Juge
Délégué.
Ils doivent être tenus sans blanc ni altération. Ils doivent comporter le numéro
d’immatriculation au RCCM. Et si on s’en tient aux dispositions de l’AU, sont visés, le
Journal et le Livre d’inventaire.

2 – Les livres facultatifs


Ils sont facultatifs parce que le commerçant n’est pas obligé de les tenir et lorsqu’il les
tient, il n’est pas tenu de respecter des règles de tenue. Exemple : le livre des effets à payer ou
à recevoir, le livre de caisse.

B : L’utilisation des livres en justice.

1– La valeur des livres en tant que mode de preuve.


L’article 5 de l’AU dit que les livres visés peuvent être acceptés par le Juge comme mode de
preuve.
Mais pour que ces livres puissent servir de preuve, les quatre conditions suivantes doivent être
remplies.
- Les livres doivent être tenus régulièrement ;
- Le litige doit opposer des commerçants
- L’immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier doit être faite.
- L’acte objet du litige doit être un acte de commerce et opposer deux commerçants.

2– Les techniques d’utilisation des livres


Deux techniques sont concevables :

- La technique de la communication qui consiste à communiquer tous les livres à l’adversaire


qui peut les consulter dans toutes leurs parties. Cette technique porte atteinte au secret des
affaires.

- La technique de la représentation : on extrait du livre ce qui se rapporte au litige et c’est cela


qui est communiqué à l’adversaire.
L’acte uniforme ne retient que cette dernière technique dans son article 5 qui dit : « La
représentation des livres peut être ordonnée par le Juge même d’office à l’effet d’en extraire
ce qui concerne le litige ».

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Para II : L’obligation de se faire immatriculer au RCCM.

I : L’organisation du registre du commerce


Il se compose de trois éléments à savoir le RCCM proprement dit tenu au greffe du Tribunal
Régional, le Fichier Central qui est tenu au greffe de la Cour d’Appel et enfin le Fichier
Régional tenu au greffe de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.

A : Le Registre tenu au greffe du Tribunal Régional


Il comporte :
- Un Registre d’arrivée qui mentionne dans l’ordre chronologique la date et le numéro de
chaque déclaration acceptée ainsi que les nom, prénoms, raison sociale ou dénomination
sociale du déclarant et l’objet de la déclaration.
- La Collection des dossiers individuels : ils sont tenus par ordre alphabétique.

B : Le fichier national tenu au greffe de la Cour d’Appel.


Il contient les extraits de chaque dossier individuel et est tenu par ordre alphabétique. Il s’agit
de la Cour d’Appel de Dakar et non de celle de Kaolack.
C : Le fichier régional tenu au greffe de la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage.
Il centralise toutes les informations contenues dans les fichiers nationaux.

II : Le Fonctionnement du Registre.
Deux types d’opérations existent en gros. Il s’agit de l’immatriculation au début de son
activité, et des modifications ou compléments dans la situation juridique du commerçant
jusqu’à la radiation.

A : L’immatriculation.

1– Les personnes assujetties.


- Les commerçants personnes physiques doivent demander l’immatriculation dans le mois
qui suit le début de l’exploitation ;
- Les sociétés et autres groupements visés par l’AU/DCG et GIE doivent se faire
immatriculés dans le mois de leur constitution.

2– Les Modalités
Il faut déposer une demande d’immatriculation au greffe. S’il s’agit d’une personne
physique, c’est le greffe de la juridiction (tribunal régional) dans le ressort de laquelle elle se
trouve. S’il s’agit d’une personne morale, c’est le greffe de la juridiction dans le ressort de
laquelle se trouve le siège social.
L’immatriculation a un caractère personnel et une personne ne peut pas être immatriculée à
titre principal dans plusieurs registres ; elle ne peut pas non plus être immatriculée dans le
même registre sous plusieurs numéros.
Le greffier attribue un numéro mentionné sur le formulaire remis au déclarant. Une évolution
dans le rôle du greffier est à noter. Avant l’AU, il recevait sans contrôle les déclarations.
Aujourd’hui, il vérifie, s’assure sous sa responsabilité que les déclarations sont conformes
avec les pièces produites. En cas d’inexactitude ou de non conformité, il saisit le Président du
Tribunal.

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B : Les inscriptions modificatives ou complémentaires.


Il faut que le Registre soit constamment tenu à jour. Il faut alors déclarer toutes les
modifications juridiques de l’immatriculé.
Lorsqu’il y a des modifications dans l’état civil, dans le régime matrimonial ou dans la
capacité du commerçant, ces modifications doivent être mentionnées au RCCM.

C : La radiation
Il y a radiation quand le commerçant cesse son activité. Il doit demander la radiation un mois
après la cessation. Quand il y a décès, ses héritiers ont trois mois à compter du décès pour
demander la radiation. Il peut arriver que ces derniers veuillent continuer l’exploitation, ils
doivent dans ce cas demander l’inscription modificative.
En cas de dissolution d’une personne morale, le liquidateur demande la radiation dans
le délai d’un mois à compter de la clôture des opérations. Si la radiation n’est pas demandée
dans le délai, le greffier peut y procéder sur la base d’une décision qui émane de la juridiction
compétente à la demande de tout intéressé.

III : Informatisation du RCCM


L’informatisation du registre de commerce et du crédit mobilier et ses annexes constitue une
des innovations de taille de la réforme de l’acte uniforme relatif au droit commercial général.
Cette informatisation permet d’assurer une information juridique efficace par la rapidité,
accessibilité des informations que l’on a aussi bien sur les commerçants, les sociétés
commerciales, les sûretés que sur le crédit mobilier.
Ainsi les procédures électroniques ont été légalisées par la consécration de deux règles
capitales.

A : La reconnaissance des documents électroniques.


Ainsi d’après l’art 82 al 1 les formalités accomplies auprès du registre de commerce et du
crédit mobilier au moyen de documents électroniques et de transmissions électroniques ont les
mêmes effets juridiques que celles accomplies avec des documents sur support papier,
notamment en ce qui concerne leur validité juridique et leur force probante.
Il faut cependant que ces documents soient établis et maintenus selon un procédé technique
fiable, qui garantit, à tout moment, l’origine du document sous forme électronique et son
intégrité au cours des traitements et des transmissions électroniques.
Ces procédés techniques sont reconnus soit par l’AU/DCG soit par un comité technique de
normalisation des procédures électroniques.

L’usage de la signature électronique est aussi reconnu par l’acte uniforme. Elle doit permettre
d’identifier le signataire et de manifester son consentement aux obligations qui découle de
l’acte.
Notons que la demande ou la déclaration ainsi que les papiers justificatifs peuvent se
présenter, totalement ou partiellement, sous forme électronique.
En cas d’option pour la voie électronique, les personnes en charge des registres du commerce
et du crédit mobilier délivrent, dans le respect de l’acte uniforme, les mêmes actes que ceux
délivrés en cas d’accomplissement des formalités sur support papier.

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Les actes remis par les autorités en charge des registres de commerce prennent la
dénomination d’accusé d’enregistrement. Par exemple accusé d’enregistre de
l’immatriculation mentionnant la date et le numéro d’immatriculation pour les formalités
d’immatriculation ou accusé d’enregistre de déclaration mentionnant la date et le numéro de
la déclaration d’activité pour les formalités de déclaration.

B : Publicité et diffusion des informations


Les registres de commerce, les fichiers nationaux et le fichier régional peuvent fournir un
service informatique accessible par internet sécurisé pour tout demandeur ou déclarant en vue
d’accomplir les formalités en ligne.

De même le greffier en charge du registre de commerce peut répondre par voie électronique à
toute demande d’information qui lui est adressée par la même voie.

Il peut aussi utiliser la voie électronique pour assurer la transmission des dossiers individuels,
les copies ou extraits prévus par l’AU/DCG. Il faudrait dans ce cas que le document soit
numérisé de sorte a en garantir la reproduction à l’identique.

IV : Les Effets attachés à l’accomplissement ou au défaut d’accomplissement des


formalités.

A : Les Effets de l’immatriculation ou du défaut d’immatriculation.

1– Les Effets de l’Immatriculation


L’immatriculation fait présumer la qualité de commerçant, mais ne la confère pas. Elle
constitue donc une présomption légale simple qui tombe à ce titre devant la preuve contraire.
La présomption légale est de manière générale une dispense de preuve. Mais celle liée à
l’immatriculation est écartée lorsqu’il s’agit d’un GIE.

2– Les Effets du défaut d’Immatriculation


Lorsqu’une personne est assujettie à l’immatriculation, tant qu’elle n’est pas immatriculée,
elle est privée des droits du commerçant. Elle ne peut dans ce cas invoquer le défaut
d’immatriculation pour se soustraire aux obligations du commerçant. En revanche, aucun des
droits du commerçant ne lui est reconnu. C’est un commerçant de fait.

B : Le défaut de Mentions Modificatives ou Complémentaires


Pour les mentions postérieures, le législateur s’intéresse seulement au défaut d’inscription.
Lorsqu’un acte ou un fait devant être mentionné ne l’a pas été, l’intéressé ne peut pas s’en
prévaloir devant l’administration ou les tiers. L’acte ou le fait leur est inopposable. Le
commerçant ne peut non plus invoquer le défaut de mention pour se soustraire à ses
obligations. La règle est cependant écartée si le commerçant apporte la preuve que
l’Administration ou les tiers en ont eu connaissance par d’autres moyens.

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C : Les Effets du défaut de Radiation


On ne s’intéresse qu’aux effets du défaut d’accomplissement. C’est la Jurisprudence qui
dégage les règles. « Il y a une présomption irréfragable d’inopposabilité de la perte de la
qualité de commerçant ». Cette règle est tirée des dispositions des procédures collectives
selon lesquelles le commerçant dispose d’un mois pour demander la radiation à compter de la
cessation de paiement.

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CHAPITRE 2 : L’ACTIVITE COMMERCIALE

SOUS-CHAPITRE 1 : LE FONDS DE COMMERCE

C’est l’article 135 de l’AU/DCG qui donne la définition du fonds de commerce. « Le fonds de
commerce est constitué par un ensemble de moyens qui permettent au commerçant d’attirer et
de conserver une clientèle ».

SECTION I : LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU FONDS


Ils se répartissent en deux catégories : les éléments obligatoires et les éléments facultatifs.

Para II : Les éléments obligatoires.


Il s’agit, selon l’article 136, de la Clientèle et de l’Enseigne ou du Nom Commercial. Donc, il
faut nécessairement deux éléments dans le fonds commercial, mais si les trois existent, rien
n’interdit qu’on puisse les prendre tous.

I : La Clientèle
L’Acte Uniforme évoque des notions sans en donner des définitions. Mais traditionnellement,
on distingue Clientèle et Achalandage. La clientèle est constituée des personnes attirées par la
personnalité du commerçant alors que les personnes attirées par les installations forment
l’achalandage.
L’AU ne parle pas d’achalandage, il regroupe ces deux catégories sous le nom de Clientèle.

II : Le Nom Commercial
La définition se trouve dans l’accord de Bangui. « Le Nom Commercial est l’appellation sous
laquelle est connu et exploité un établissement industriel, commercial, artisanal ou
professionnel ».
Le Nom Commercial peut être transmis en même temps que l’établissement qu’il sert à
désigner.

III : L’Enseigne
Cela peut être une inscription, un Nom, une Dénomination de fantaisie ou un emblème. Elle
sert à attirer et à retenir la clientèle.

Para II : Les Eléments Facultatifs.


Une liste d’éléments qui font partie du fonds de commerce, mais à condition d’être
nommément désignés.

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I : Les éléments incorporels


Ce sont les éléments dont la matérialité ne peut pas s’appréhender par les sens. Il s’agit des
licences, droits au bail et monopoles d’exploitation.

A : Les Monopoles d’exploitation


Ils confèrent à leur titulaire un droit exclusif d’exploitation. Il y a les brevets d’invention qui
confèrent le droit exclusif d’exploitation d’une invention nouvelle, c’est-à-dire d’une création
résultant d’une activité inventive susceptible d’une application industrielle. Il y a aussi les
marques de fabrique qui sont des signes qu’on utilise pour individualiser ses produits ou ses
services. Il y a également les dessins et modèles qui confèrent à leur titulaire un monopole
d’exploitation sur les créations à caractère esthétique ou ornemental. Il y a enfin les droits de
propriété littéraire et artistique : droit moral – Nom Propre et Signature - et droit
d’exploitation qui est cessible. L’AU ne vise pas les secrets de fabrique

B : Les licences d’exploitation


Ce sont des autorisations à caractère réel attachés au fonds de commerce.il s’agit d’une
autorisation donnée par le titulaire du droit de propriété intellectuelle à une autre personne
pour exploiter son œuvre moyennant une redevance.

C : Le droit au bail
Il résulte d’un contrat de bail et donne le droit d’occuper les locaux. Le droit au bail a un
caractère mobilier, incorporel, et cessible. In fait partie du fonds de commerce que s’il est
nommément désigné. Mais encore faut-il qu’il ait un caractère mobilier. Le bail
emphytéotique est donc exclu.

II : Les Biens Meubles Corporels


Ce sont les éléments dont la matérialité peut s’appréhender par les sens. On peut les classer en
trois catégories :
- Le Matériel : C’est l’ensemble des biens meubles corporels utilisés par le commerçant pour
les besoins de son exploitation ;
- Les marchandises : Ce sont les biens meubles corporels destinés à être revendus soit en
l’état, soit après transformation ;
- Les Installations, Agencements et Aménagements : S’ils sont destinés à l’exploitation de
l’immeuble et si le Fonds de commerce appartient au propriétaire de l’immeuble, ils sont des
immeubles par destination. Or, dans le fonds de commerce, il ne peut y avoir d’immeuble. Ils
ne font donc pas partie du fonds de commerce, ils sont des immeubles par destination.

SECTION II : LES OPERATIONS QUI PORTENT SUR LE FONDS DE


COMMERCE.

Il s’agit de la Location-Gérance, de la Vente ou encore Cession et du Nantissement.

Para I : La Location-Gérance.
C’est la convention par laquelle le propriétaire du fonds de commerce qui peut être une
personne physique ou morale, en concède la location à une autre personne physique ou morale
qui l’exploite à ses risques et périls. Art 138 al 3

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I : Les Conditions de la Location-Gérance.


Elle concerne les parties au contrat de location-gérance. Le locataire-gérant est commerçant et
à ce titre, doit remplir toutes les conditions requises pour l’exercice de la profession.
Le bailleur doit être commerçant depuis au moins deux ans ou Directeur Commercial ou
Technique d’une société. Il faut en plus qu’il ait exploité le fonds en qualité de commerçant
depuis au moins un an.
Ces délais peuvent être réduits ou supprimés par le Tribunal à la demande du propriétaire s’il
apporte la preuve qu’il était dans l’incapacité d’exploiter le fonds lui-même ou par
l’intermédiaire de ses préposés.
Le propriétaire ne doit pas être frappé d’interdiction ou de déchéance.
Toutes ces conditions exigées pour la location-gérance sont écartées lorsque le propriétaire
entre dans la catégorie des personnes visées ci-dessous :
- Il y a d’abord l’Etat ;
- Il y a ensuite les Collectivités locales ;
- Il y a aussi les Etablissements publics ;
- Il y a également les incapables, mais uniquement pour les fonds qu’ils exploitaient avant la
survenance de l’incapacité ;
- Il y a enfin les héritiers, mais pour les seuls fonds qu’ils ont trouvés dans la succession.

Ces conditions ne sont pas exigées lorsqu’il s’agit d’un mandataire de justice par exemple
l’administrateur dans le cadre d’un redressement judiciaire.

II : Les Mesures de Publicité


Le locataire gérant doit se conformer aux dispositions réglementant l’immatriculation au
RCCM. Le propriétaire doit lui aussi requérir une mention modificative s’il était commerçant.
Il doit en outre commettre une insertion des extraits du contrat dans un journal d’annonces
légal. Et il a tout intérêt à le faire le plus tôt possible parce que jusqu’à ce que cela soit fait, il
est tenu solidaire, avec le preneur, des dettes qui sont nées de l’exploitation.

III : Les Effets du Contrat.


- Le bailleur assure au locataire la jouissance paisible du local ;
- Le locataire lui paie en contrepartie une redevance.
- Le gérant est tenu de faire figurer sur tous les documents qui émanent de lui pour les tiers, sa
qualité de locataire-gérant ;
- La location-gérance peut entraîner une déchéance du terme (toutes les dettes deviennent
immédiatement exigibles), mais cela doit être demandé par tout intéressé dans un délai de
trois mois à compter de la publicité en apportant la preuve que la location-gérance compromet
le recouvrement de sa créance.

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Para II : La Cession du Fonds de Commerce.

I : Les Conditions de la Cession

A : Les Conditions de fond


Il faut partir de l’idée que la cession du fonds de commerce est un contrat et un contrat de
vente. Donc, elle doit remplir à ce titre, toutes les conditions liées à ces deux caractères. Il y a
en plus des conditions spécifiques à cette vente. Elles portent sur l’objet.
Le contrat de vente porte sur la clientèle et l’enseigne ou le nom commercial. Si l’opération
doit comporter d’autres éléments, il faut que cela soit expressément dit.
Le Prix doit être sincère ; la loi condamne la convention qui a pour objet de dissimuler tout ou
partie du prix. C’est le cas de la simulation qui consiste à établir un acte pour les tiers et un
autre appelé Contre-lettre pour les parties.
Nota : En Droit Commun, la simulation est admise à l’égard des parties mais elles ne peuvent
s’en prévaloir devant les tiers. En matière de Cession de Fonds de Commerce, elle n’est pas
admise même entre les parties. Les Contre-lettres sur ventes simulées de Fonds de Commerce
sont donc nulles.

B : Les Conditions de Forme.


L’article 149 pose le problème de l’exigence de l’écrit. La vente du fonds de commerce peut
être réalisée par acte authentique ou par acte sous seing privé. Des mentions obligatoires font
que l’écrit est obligatoire.
Les mentions prévues par l’article 150 :
 Les éléments d’identification des parties : L’état civil pour les Personnes Physiques et la
forme juridique, la dénomination, le siège et l’objet pour les Personnes Morales ;
 Le numéro d’immatriculation au RCCM ;
 L’état des privilèges, des nantissements et inscriptions qui grèvent le fonds ;
 L’origine de la propriété du chef du précédent vendeur s’il y a lieu ;
 Le chiffre d’affaires réalisé au cours de chacune des trois dernières années, ou depuis la
création si la cession est intervenue avant la fin des trois premières années ;
 Les résultats commerciaux pour chacune des trois dernières années ;
 Le bail, sa date, sa durée, le nom et l’adresse du bailleur et du cédant (cela vise la sous-
location)
 Le prix convenu : c’est celui qui est payé par l’acquéreur. S’il existe un autre stipulé dans
un autre acte, on pourra demander son annulation ;
 La situation et les éléments du fonds ;
 Une mention qui n’est exigée que si la cession a été constatée par acte sous seing privé.
C’est le Nom et l’Adresse de l’établissement bancaire désigné en qualité de Séquestre. Les
fonds y sont bloqués pendant un mois pour permettre aux éventuels créanciers du vendeur
de pouvoir faire opposition. Le créancier qui fait opposition saisit le tribunal qui va
reconnaître sa créance pour lui permettre de se faire payer.
Si la cession est constatée par acte authentique, le notaire fait office de Séquestre.
Il y a donc une exigence qui est un écrit comportant un certain nombre de mentions. Il y a
aussi une sanction au manquement de l’exigence. C’est la nullité du contrat.

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II : La Publicité
L’article 152 dispose que l’acte de Cession doit être déposé en deux copies certifiées
conformes par le vendeur ou l’acquéreur au RCCM.
L’acte doit faire l’objet d’une publication sous forme d’avis dans un journal d’annonces légal
qui paraît dans le lieu où le vendeur est immatriculé, et cela dans un délai de quinze (15) jours
à compter de la vente. Art 153
Les parties doivent en outre requérir une mention modificative au RCCM, mais si l’acquéreur
n’était pas commerçant, il doit s’inscrire.

A : Effets à l’égard des parties


La vente du Fonds de Commerce est un contrat synallagmatique donc il produit des effets
aussi bien à l’égard du vendeur qu’à l’égard de l’acquéreur.

1°) Les obligations du vendeur


L’acte Uniforme a mis à sa charge deux obligations : d’une part mettre le fonds à la
disposition de l’acquéreur et d’autre part assurer une garantie.

a) La mise du fonds à la disposition de l’acquéreur


Le vendeur doit mettre l’acquéreur en possession de tous les éléments du fonds à la date
indiquée dans l’acte. Il peut arriver que l’obligation ne soit pas exécutée à ladite. C’est le cas
s’il s’agit d’une vente au comptant et s’il n’y a pas paiement complet du prix. Cette règle n’est
pas d’ordre public, elle peut être écartée par une stipulation contraire.

b) La Garantie
Elle se présente sous diverses formes :
- La Garantie contre l’éviction totale. Le vendeur doit assurer à l’acquéreur une possession
paisible et la protection contre les droits que tiers pourrait prétendre avoir sur le fonds.
- La Garantie contre l’éviction partielle. Il y a éviction partielle lorsqu’un tiers prétend
avoir droit sur certains éléments du fonds. Le vendeur doit garantir l’acquéreur contre ces dits
droits.
- La Garantie contre les vices cachés. Le vendeur doit garantir l’acquéreur à raison des vices
cachés et l’acquéreur peut demander la résolution s’il découvre après la vente, des vices
cachés ou des charges non déclarées à la vente. Mais pour qu’il puisse avoir gain de cause, il
faut qu’il apporte la preuve que la perte de jouissance qu’il subit est telle que s’il avait eu
connaissance du vice, il n’aurait pas contracté.
- La Garantie du fait personnel. Il y a obligation de ne pas faire, c’est une sorte d’obligation
de Non-concurrence. Le vendeur doit éviter tout acte pouvant lui permettre de conserver tout
ou partie de sa clientèle. Cette obligation légale est parfois précisée par les parties dans le
contrat, notamment dans les termes de la clause de non-établissement. Cette clause doit avoir
une limite dans le temps ou dans l’espace pour être valable au vu de l’acte.

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2°) Les Obligations de l’acquéreur


L’acquéreur doit payer le prix à la date convenue dans l’acte de vente et cela, soit chez le
notaire qui a établi l’acte authentique, soit dans l’établissement bancaire qui a été désigné en
qualité de Séquestre en cas d’acte sous seing privé, les sommes étant indisponibles pour le
délai d’un mois à compter de la date de publication de l’acte. L’opposition d’un tiers créancier
du vendeur prolonge le délai d’indisponibilité des fonds jusqu’à la main-levée de l’opposition
qui peut être prononcée par le créancier lui-même.
Si l’acquéreur ne paie pas, le vendeur a la possibilité de demander la résolution. Mais
l’exercice de l’acte résolutoire est subordonné à :
 La Notification aux créanciers inscrits sur le fonds ;
 La Pré-Notation conformément à l’acte uniforme portant organisation des sûretés pour
informer les tiers de l’action résolutoire en cours. La pré-notation est une inscription au
RCCM avertissant de l’anéantissement en cours du contrat de vente. Son autorisation est
donnée par le Président du Tribunal du lieu où la vente a été faite, a été inscrite.
Lorsque la Pré-Notation a été régulièrement faite, la validité des inscriptions postérieures
va être subordonnée à la décision que le Juge va rendre à propos de l’action résolutoire
entreprise. Le Tribunal du lieu où le vendeur est inscrit est compétent pour rendre la
décision relative à l’action résolutoire.
S’il s’agit de vente à crédit, le vendeur a un privilège appelé « Privilège du Vendeur » qui
est spécial et assis sur le fonds de commerce. Il doit être inscrit au RCCM.

B : Effets à l’égard des tiers créanciers du vendeur.


La vente du Fonds Commercial présente pour eux un risque lié au fait que le vendeur peut
dilapider les fonds et organiser son insolvabilité. Pour préserver leurs droits, on leur a donné
deux prérogatives :

1° Le droit de faire opposition :pour rendre les fonds indisponibles et cela dans un délai
d’un mois à compter de la date de publicité en notifiant l’opposition au Séquestre, à
l’acquéreur et au greffe du tribunal dans lequel est tenu le registre où le vendeur est inscrit.
Cette opposition est simplement une mesure conservatoire destinée à rendre les fonds
indisponibles. Le créancier doit alors, dans le délai d’un mois à compter de l’opposition, saisir
le Tribunal pour faire reconnaître sa créance et se faire payer. Si le créancier qui a fait
opposition ne saisit pas le tribunal dans le délai, le vendeur peut demander en justice la
mainlevée de l’opposition. La mainlevée de l’opposition n’est pas toujours judiciaire, elle
peut être amiable. Le vendeur et le créancier s’entendent dans ce cas et le créancier procède à
la mainlevée.

2° Le droit de faire une surenchère : La surenchère est un acte qui consiste à demander la
remise en vente du fonds de commerce en proposant un prix supérieur à celui stipulé dans
l’acte. Peuvent faire surenchère, les créanciers qui ont une sûreté réelle spéciale, les créanciers
qui ont fait opposition. Le créancier qui entend faire opposition devra, pour ce faire :
- Intervenir dans un délai d’un mois à compter de la publicité de l’acte ;
- Consigner la somme au greffe de la juridiction compétente dans le délai d’un mois à
compter de la publicité ;
- Respecter le taux de la surenchère qui est du sixième du prix stipulé.
La vente du fonds de commerce à la barre du Tribunal se fait à la forme des criées.

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Para III : Le Nantissement du Fonds de Commerce


Le Nantissement est l’opération par laquelle le débiteur du fonds de commerce consent à son
créancier une sûreté qui a pour assiette le fonds de commerce.
Le nantissement du fonds de commerce n’est pas régi par l’AU/DCG, mais dans l’AU portant
organisation des sûretés.

I : Les Conditions

A : Les Conditions de Fonds


Elles concernent essentiellement l’objet. Le nantissement porte sur la clientèle, l’enseigne, le
nom commercial, le droit au bail et les licences d’exploitation. Il peut porter aussi sur d’autres
éléments tels que les éléments incorporels et le matériel mais à deux conditions :
 D’abord il faut une stipulation désignant spécialement ces éléments ;
 Ensuite il faut aussi une mention spéciale au RCCM.

B : Les Conditions de Forme


Il faut un écrit contenant un certain nombre de mentions obligatoires visées par l’article 163
de l’AU portant organisation des sûretés. Cet écrit peut être un acte authentique ou un acte
sous seing privé.

II : Les Mesures de Publicité


Il faut une inscription au RCCM. Si le nantissement porte sur les autres éléments incorporels
et le matériel, il faut en plus de l’inscription au RCCM, des mesures de publicité prévues par
l’Accord portant révision de l’accord de Bangui sur l’OAPI et des mesures de publicité sur le
matériel.
- Le créancier doit notifier le bordereau d’inscription au bailleur du fonds sur lequel porte le
nantissement ;
- L’inscription conserve les droits du créancier pendant cinq ans ; elle doit être renouvelée
avant l’expiration du délai par le créancier s’il n’est pas payé.

III : Les Effets du Nantissement


Le nantissement confère au créancier nanti plusieurs droits dont :
o Le droit de suite : C’est le droit de saisir le fonds en quelques mains qu’il se trouve ;
o Le droit de préférence : C’est le droit d’être payé avant les autres créanciers sur l’argent
provenant de la vente du fonds de commerce ;
o Le droit de faire surenchère ;
o Le droit à l’information :
Le créancier doit être informé par le propriétaire du fonds 15 jours à l’avance en cas de
déplacement du fonds avec indication du nouvel emplacement. Faute de quoi, il y a déchéance
du terme. En cas de notification dans le délai, le créancier a deux possibilités :
- Soit il refuse de consentir au déplacement et dans ce cas il demande dans le délai de 15
jours la déchéance du terme en établissant qu’il y a diminution de sa sûreté ;
- Soit il accepte le déplacement et il conserve dans ce cas sa sûreté, mais il faut qu’il
mentionne son accord en marge de l’inscription initiale dans un délai de 15 jours à
compter de la notification.

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Le créancier doit être informé par le bailleur en cas de résiliation du bail. Le bailleur sera tenu
de lui notifier sa demande de résiliation, laquelle résiliation ne pourra intervenir que dans le
délai de deux mois à compter de la notification.

Le nantissement produit des effets à l’égard des créanciers chirographaires :

- Les créanciers chirographaires peuvent demander en justice la déchéance du terme s’il est
inscrit un nantissement postérieurement à leur créance qui est née de l’exploitation du fonds ;

- Lesdits créanciers peuvent également demander la déchéance du terme lorsque les éléments
affectés à la garantie du créancier nanti sont vendus.

SOUS-CHAPITRE 2 : LA VENTE COMMERCIALE.

LE CHAMP D’APPLICATION

L’article 234 de l’AU dit que les dispositions relatives à la vente commerciales ne
s’appliquent qu’au contrat de vente de marchandises entre commerçants y compris les contrat
de fournitures de marchandises destinées à des activités de fabrication ou de production .
On entend par « vente de marchandises », la vente de meubles corporels à l’exclusion
des immeubles et des biens incorporels.

Sont expressément exclus des règles de la vente commerciale :

- Les ventes de marchandises achetées pour un usage personnel, familial ou domestique, à


moins que le vendeur, à un moment quelconque avant la conclusion ou lors de la conclusion
du contrat, n’ait pas su et n’ait pas été censé savoir que ces marchandises n’étaient pas
achetées pour un tel usage ;

- Les contrats de fourniture de marchandises dans lesquels la part prépondérante de


l’obligation de la partie qui fournit la marchandise consiste dans la fourniture de main
d’œuvre ou d’autres services.
- Les ventes sur saisie et les ventes aux enchères ;
- Les ventes de valeurs mobilières, d’effets de commerce, de monnaies ou devises et les
cessions de créances ;
-Les ventes de navires, bateaux, aéroglisseurs et aéronefs ;
-Les ventes d’électricité.

SECTION I : LA SITUATION DES PARTIES


Le contrat de vente de marchandises est un contrat synallagmatique.

I : Les obligations des parties

A : Les Obligations du Vendeur


Il y a trois types d’obligations à la charge du vendeur : l’obligation de livraison, l’obligation
de conformité et l’obligation de garantie.

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1 – L’obligation de Livraison.

a) Le Lieu de Livraison
Normalement, les parties indiquent un lieu où doit s’effectuer la livraison. Dans ce cas, la
livraison s’effectuera en ce lieu. Mais que se passe-t-il en cas de silence du contrat sur le lieu
de livraison ?
Dans ce cas, le vendeur doit tenir les marchandises à la disposition de l’acquéreur au
lieu de fabrication, au lieu de stockage ou au lieu du siège de l’activité du vendeur, sauf s’il
est prévu un transport des marchandises par le vendeur. Celui-ci devra, dans ce dernier cas,
conclure les contrats nécessaires pour que les marchandises soient transportées jusqu’au lieu
prévu par le contrat de transport, et le transport devra être effectué selon les moyens
appropriés et selon les conditions d’usage. Le vendeur devra par ailleurs donner à l’acquéreur
les renseignements nécessaires pour que celui-ci puisse souscrire une assurance de transport.

b) Le Moment de la Livraison
La livraison doit être faite à la date indiquée. Elle peut se faire aussi à la date qui est
déterminante par référence au contrat.
Si une période est fixée ou déterminée par référence au contrat, la livraison peut se faire à
n’importe quel moment au cours de cette dite période.
S’il n’y a aucune indication dans le délai, la livraison devra se faire dans un délai raisonnable.

2 – L’Obligation de Conformité
D’après l’art 255 « Le vendeur doit livrer des marchandises en quantité, qualité,
spécification et conditionnement conforme aux stipulations du contrat».

En partant de cette énumération, on peut considérer qu’il y a manquement à


l’obligation de conformité si le vendeur livre une quantité de marchandises différente de celle
prévue dans le contrat, lorsque la qualité des marchandises livrées est différente de celle qui
est prévue dans le contrat. Il en de même si la marchandise livrée est différente de la
marchandise prévue dans le contrat par sa nature, son espèce, son type, sa spécification ou si
l’emballage et le conditionnement étaient différents.

En cas de silence du contrat, il résulte des dispositions de l’alinéa 2 de l’art 255 que le
vendeur doit livrer des marchandises propres aux usages auxquels sont habituellement
destinées les marchandises de même type ou qui possèdent les qualités d’une marchandise
dont le vendeur à remis l’échantillon ou le modèle.

Le vendeur doit aussi livrer des marchandises emballées ou conditionnées selon le mode
habituel pour les marchandises de même type, ou à défaut du mode habituel, elles doivent être
emballées de manière à les conserver et à les protéger.

Si les marchandises ne sont pas conformes, l’acquéreur a deux obligations : une


obligation de vérification et une obligation de dénonciation.

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L’Obligation de Vérification :

La vérification doit être faite dans le délai prévu par l’article 270 : « L’acquéreur est
tenu de vérifier ou de faire vérifier les marchandises dans un délai aussi bref que possible ».
Pour apprécier le délai, on prend en compte la nature du vice. Il y a des vices que l’on
peut déceler sans examen approfondi. C’est le cas d’un vice apparent ; sa détection doit être
immédiate, concomitante à la prise de livraison. Lorsqu’en revanche le défaut ne peut être
décelé qu’après un usage prolongé ou après des investigations, le délai est plus long.
On apprécie aussi les circonstances de la livraison. Dans l’alinéa 2 l’article 270, le
législateur a prévu la possibilité de différer le délai lorsque le contrat implique un transport
des marchandises. Ce texte prévoit également la possibilité de différer le délai lorsque les
marchandises ont été déroutées ou réexpédiées par l’acquéreur sans qu’il ait eu
raisonnablement le temps de les vérifier, et si au moment de la conclusion du contrat le
vendeur connaissait ou aurait du connaitre la possibilité de ce déroutage ou cette réexpédition.
Dans ce cas la vérification peut être différée jusqu'à l’arrivée des marchandises à leur nouvelle
destination.

L’Obligation de Dénonciation :

Lorsqu’il s’agit d’un défaut de conformité apparent le jour de la prise de livraison,


l’article 258 dit que l’acquéreur est déchu du droit de se prévaloir du défaut de conformité s’il
ne dénonce pas ce défaut dans un délai d’un mois à compter du jour de la prise de livraison

Lorsqu’il s’agit d’un défaut de conformité caché le jour de la prise de livraison,


L’article 259 dit que l’acquéreur est déchu du droit d’agir en réparation s’il n’agit pas au plus
tard dans un délai d’un an à compter du jour où ce défaut a été constaté ou aurait du l’être.
Cependant, il se peut que le vendeur ait accordé, en vertu du contrat de vente, une
garantie plus favorable. Dans ce cas, on prend en compte le délai accordé par le vendeur. S’il
n’y a pas de garantie contractuelle plus favorable, l’acquéreur doit agir dans le délai d’un an.

3 – L’Obligation de Garantie
Cette obligation se présente sous deux formes :
- D’une part, le vendeur doit livrer des marchandises libres de tout droit ou prétention d’un
tiers. Cette règle n’est pas d’ordre publique ; le texte ajoute : « A moins que l’acquéreur
n’accepte de prendre les marchandises dans ces conditions ».
-D’autre part le vendeur doit garantir l’acquéreur de toute éviction de son fait personnel.

B : Les Obligations de l’Acquéreur


Deux obligations pèsent sur sa tête : l’obligation de payer le prix et l’obligation de prendre
livraison des marchandises.

1 – L’obligation de payer le prix de vente des marchandises


L’acquéreur doit non seulement payer le prix, mais aussi prendre toutes les mesures,
accomplir toutes les formalités nécessaires pour permettre le paiement du prix. Ce paiement
n’est subordonné à aucune demande, à aucune formalité de la part du vendeur.

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Où se fait le paiement ? En principe dans l’établissement du vendeur. Mais la règle


n’est pas d’ordre public parce qu’une stipulation peut indiquer un autre lieu, par exemple celui
de livraison ou de remise des marchandises.
A quel moment se fait le paiement ? C’est au moment où le vendeur met à la
disposition de l’acquéreur les marchandises ou les documents représentant les marchandises.
Mais rien ne s’oppose à ce que l’on indique un autre moment.
Pour s’assurer du paiement des marchandises, le vendeur peut prendre un certain
nombre de mesure : par exemple ne livrer les marchandises ou ne remettre les documents
qu’après paiement du prix, subordonner la remise des marchandises ou des documents au
paiement desdites marchandises.
Mais l’acquéreur peut exiger l’examen par lui des marchandises avant paiement.

2 – L’obligation de prendre livraison des marchandises


Pour prendre livraison des marchandises, l’acquéreur doit prendre deux initiatives :
a) Accomplir tous les actes nécessaires pour permettre au vendeur d’exécuter son
obligation de livraison : par exemple faciliter l’accès au local où la livraison doit être
effectuée, ou mettre à la disposition du vendeur le personnel nécessaire ;
b) Retirer les marchandises : Si l’acquéreur tarde à prendre livraison, le vendeur peut
prendre des mesures conservatoires : par exemple déposer les marchandises dans le
magasin d’un tiers aux frais de l’acquéreur, ou encore vendre les marchandises par tous
moyens appropriés.

II : L’Inexécution des Obligations

A : Règles générales
b) Les Sanctions prévues
Elles sont au nombre de trois : l’Exception d’inexécution qui n’est pas tout à fait identique à
celle qui existe en droit commun, la Résolution et les Sanctions Pécuniaires.

1) L’Exception d’Inexécution
Ici, on donne à toute partie la possibilité de demander au Juge l’autorisation de différer
l’exécution de ses propres obligations s’il apparaît après la conclusion du contrat que l’autre
partie n’exécutera pas une partie essentielle de ses obligations. L’exception d’inexécution
ayant un caractère préventif, il faut nécessairement l’autorisation du Juge.
Pour apprécier l’agissement futur de l’autre partie, on peut se fonder sur son
insolvabilité, sur une grave insuffisance dans ses capacités de fabrication ou une inadaptation
de ses moyens de production voir même la manière dont le cocontractant s’apprête à exécuter
son obligation.

2) La Résolution
Elle permet de sortir du cadre contractuel, d’être libéré de ses obligations.
Toute partie à un contrat de vente commerciale est fondée à en demander au juge compétent
la rupture pour inexécution totale ou partielle des obligations de l’autre partie.

L’alinéa 2 de l’art 281 apporte une innovation de taille en prévoyant pour l’une des parties la
possibilité de rompre unilatéralement le contrat.

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Ainsi la gravité du comportement de l’autre partie au contrat de vente commerciale peut


justifier que l’autre partie y mette fin de façon unilatérale à ses risques et périls. La gravité de
la cause de la rupture pouvant être ultérieurement appréciée par le juge à la demande de la
partie la plus diligente.

Les Effets de la Résolution


Il y a annulation rétroactive et libération des parties de leurs obligations. La résolution est en
revanche sans effets sur les stipulations relatives au règlement des différends telles que la
Convention d’arbitrage.
Avec la résolution, il va y avoir répétition des prestations : le vendeur restitue le prix et
l’acquéreur rend les marchandises. Le vendeur restitue aussi les intérêts du prix à compter du
jour du paiement. L’acquéreur doit payer au vendeur l’équivalent de tout profit qu’il en a tiré.
3) Les Sanctions Pécuniaires
Il en existe deux types : le paiement des intérêts et celui de dommages et intérêts.

– Le Paiement d’Intérêts
Lorsqu’une partie ne paie pas le prix ou toute autre somme due, l’autre partie a le droit de
réclamer les intérêts calculés au taux légal applicable en matière commerciale.

– Le Paiement de dommages et intérêts


C’est la réparation d’un préjudice subi lorsqu’il y a une faute. Si une partie n’exécute pas son
obligation, l’autre partie a le droit de réclamer des dommages et intérêts égaux au gain
manqué ou à la perte subie. Pour ce faire, l’Acte Uniforme donne un certain nombre
d’indications. Deux cas de figures se présentent selon que c’est l’acheteur ou le vendeur qui
est responsable :
- Si la Résolution du contrat est un fait du vendeur et oblige l’acheteur à effectuer un achat de
remplacement qui lui fait subir un préjudice (prix d’achat supérieur au prix stipulé dans le
défunt contrat), les dommages et intérêts sont égaux à la différence entre le prix de l’achat de
remplacement et le prix d’achat initialement fixé.
- Si c’est l’acheteur qui n’a pas honoré ses obligations et oblige ainsi le vendeur à effectuer
une revente qui lui fait subir un préjudice (prix de revente inférieur prix stipulé dans le défunt
contrat), les dommages et intérêts sont égaux à la différence entre le prix de vente initialement
prévu et le prix de la revente.
Les dommages et intérêts peuvent être dans tous les cas réduits lorsque la partie qui les
réclame n’a pas pris les mesures nécessaires pour limiter la perte ou le manque à gagner. Ils
seront réduits d’un montant égal au montant de la perte qui aurait pu être évitée.
Il peut arriver que le manquement aux obligations ne donne pas lieu au paiement de
dommages et intérêts. C’est le cas par exemple lorsque la partie recherchée en paiement de
ces dommages et intérêts prouve que l’inexécution est due au fait d’un tiers ou à un cas de
force majeure. C’est l’Exonération de Responsabilité.

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b – L’Exercice des actions


En matière de vente commerciale, c’est la courte prescription : le délai est de deux (2) ans
sauf disposition contraire. C’est ce qui résulte de l’art 301 de l’acte uniforme.
A la différence du délai de forclusion, qui court pour la durée fixée par la loi, à compter d’un
événement que celle-ci détermine, le délai de prescription court à compter du jour ou le
titulaire du droit d’agir a connu ou aurait du connaitre les faits qui lui permettent d’exercer
son action.
Cependant aux termes de l’art 302 si le vendeur a donné une garantie contractuelle, le délai de
prescription visé à l’art 259 ci-dessus commence à courir à partir de l’expiration de la garantie
contractuelle.
Il faut noter que le délai de prescription peut être suspendu ou interrompu.
La suspension a pour effets d’arrêter temporairement le cours sans effacer le délai déjà
couru.
C’est le cas lorsque celui qui doit agir est dans impossibilité d’agir à la suite d’un
empêchement résultant de la loi, de la convention des parties ou de la force majeure.
L’interruption de la prescription a pour effet d’effacer le délai de prescription déjà couru. Elle
fait courir un nouveau délai de la même durée que l’ancien
Exemple d’acte interruptif de la prescription : La demande en justice c'est-à-dire lorsque l’une
des parties saisit un juge.
De même lorsqu’il y a une convention d’arbitrage, le délai cesse de courir à partir du jour où
l’une des parties engage la procédure d’arbitrage.

B : Les Règles Spéciales


Elles dépendent de la qualité de l’auteur du manquement.

1 – Les Règles Propres au manquement commis par le vendeur


Elles sont prévues par les articles 283 et 284. Ces textes visent pour l’essentiel le manquement
à l’obligation de conformité et les défauts de livraison.
Lorsque le manquement est relatif à l’obligation de conformité, l’acquéreur a la possibilité de
demander la livraison de marchandises de remplacement ou d’une quantité complémentaire.
De même lorsque l’acheteur a dénoncé dans le délai le défaut de conformité, le vendeur a la
faculté d’imposer, à ses frais et sans délai, à l’acheteur le remplacement des marchandises
défectueuses par des marchandises conformes.
En outre l’acheteur et le vendeur peuvent convenir d’un délai supplémentaire pour le
remplacement des marchandises non conformes. Même passé ce délai, le vendeur peut
toujours, à ses frais exclusifs, réparer tout manquement à ses obligations, à la condition que
l’acheteur, qui conserve toujours le droit de demander des dommages et intérêts, ne s’y
oppose.

2 – Les Règles Propres à l’inexécution des obligations de l’acquéreur


Elles sont prévues par les articles 285 et suivants. D’après l’article 286 si l’acquéreur ne prend
pas livraison, le vendeur a le loisir de lui accorder un délai supplémentaire. Il en est de même
s’il ne paie pas le prix.
L’acquéreur a la possibilité de réparer même après la date de livraison, à ses frais, tout
manquement à ses obligations, à condition que cela n’entraîne pas un retard déraisonnable et
ne cause pas un inconvénient au vendeur.

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SECTION II : LE SORT DES MARCHANDISES

Il faut ici, envisager deux points : le Transfert de Propriété et le Transfert des Risques.

I : Le Transfert de Propriété

Il s’agit ici de voir à partir de quelle date les marchandises deviennent la propriété de
l’acquéreur.
D’après l’article 275 la prise de livraison opère le transfert à l’acheteur de la propriété des
marchandises vendues. Ainsi donc, contrairement à ce qui se passe en Droit Français, en droit
OHADA l’accord sur la chose et le prix n’emporte pas transfert de propriété.

L’Acte Uniforme a prévu la possibilité de différer le transfert de propriété. Les parties


peuvent convenir de transférer la propriété au jour du paiement entier du prix. C’est la Clause
de Réserve de Propriété. Donc la règle qui veut que le transfert de propriété se produise à la
livraison n’est pas d’ordre public. C’est ce qui résulte de l’art 276

Mais pour que la clause de réserve de propriété puisse produire des effets à l’égard des
parties, il faut que l’acheteur en soit informé par mention au bon de commande, de livraison
ou dans la facture au plus tard le jour de la livraison. Cette clause n’est opposable aux tiers
qu’après publication au RCCM.

II : Le Transfert des Risques

L’article 277 dit : « Le transfert de propriété entraîne le transfert des risques ». Donc c’est à la
livraison, sauf stipulation contraire, qu’il y a transfert des risques. En conséquence, à partir du
transfert de propriété, la perte ou la détérioration des marchandises ne dispense pas
l’acquéreur de payer le prix sauf si ces évènements sont dus à un fait du vendeur.

Ces règles contenues dans l’article 277 sont complétées par d’autres dispositions destinées à
régler des problèmes particuliers liés au transport des marchandises au moment de la vente. Il
y a un premier problème qui peut résulter du fait que les marchandises doivent être
transportées. Dans ce cas, les risques sont transférés à l’acquéreur à partir de la remise des
marchandises au premier transporteur (article 278).

Un autre problème résulte du fait que parfois, la vente est conclue pendant le transport
des marchandises. Dans ce cas, les risques sont transférés à l’acquéreur au moment de la
conclusion du contrat. Cette règle est défavorable à l’acquéreur, mais elle ne s’applique pas si
le vendeur qui a eu connaissance de la détérioration ou qui aurait dû en avoir connaissance
n’en a pas informé l’acquéreur.

Enfin un dernier problème est lié au fait que la vente porte sur des marchandises qui ne
sont pas encore individualisées. Dans ce cas, le transfert des risques n’intervient qu’après leur
identification parce qu’on considère qu’elles sont réputées identifiées aux fins du contrat.

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DEUXIEME PARTIE :
DROIT
DES SOCIETES COMMERCIALES

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L’article 4 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement


d’intérêt économique dispose que la société commerciale est créée par deux (2) ou plusieurs
personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou
en nature, ou de l’industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
qui peut en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les conditions
prévues par le présent Acte uniforme.
L’acte uniforme prévoit et réglemente cinq (5) types de sociétés qui sont considérées comme
des sociétés commerciales par la forme et quel que soit leur objet. Il s’agit de la société en
noms collectifs (SNC), la société en commandite simple (SCS), la société à responsabilité
limitée (SARL), la société anonyme (SA) et enfin la société par actions simplifiées (SAS)
créée depuis la réforme de l’acte uniforme intervenue le 30 janvier 2014.

Deux types de règles s’appliquent à ces sociétés, les unes sont communes à toutes les sociétés
(titre I) et les autres sont propres à chaque type de société (titre II).

TITRE I : LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES.

Elles concernent la constitution, le fonctionnement, la dissolution et les liens entre sociétés.

CHAPITRE I : LA CONSTITUTION DES SOCIETES COMMERCIALES

La société commerciale obéit pour sa constitution à des conditions (SECTION I) et la


violation de ces conditions entraine des sanctions (SECTION II)

SECTION I : Les Conditions de Constitution


Il y a des conditions de fond et des conditions de forme.

Para I : Les Conditions de fond


Il faut partir de l’idée que la création de la société résulte d’un contrat. Donc pour créer une
société, il faut remplir toutes les conditions de formation d’un contrat (le consentement, la
capacité, la cause et l’objet). Mais ce n’est pas un contrat comme les autres. C’est pourquoi il
y a des conditions particulières à réunir.

I : La Volonté de s’associer
Elle doit être exprimée. Il faut aussi que cette expression soit constatée par écrit : ce sont les
statuts.

A : L’expression de la volonté
Il faut un concours de volontés, mais aussi des volontés intéressées

1 – La Nécessité d’un concours de volontés


En principe pour créer une société, il faut au moins deux (2) personnes. L’article 4 dit que, la
société est créée par deux ou plusieurs personnes. On y utilise aussi le verbe convenir. La
convention implique une pluralité de personnes.

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Ces volontés se présentent sous une forme particulière. C’est ce que l’on appelle l’Affectio
Societatis. C’est la volonté de collaboration effective à l’exploitation sociale dans un intérêt
commun et sur un pied d’égalité.

Cependant l’Acte Uniforme a prévu une exception au principe de la pluralité des associés. En
effet, Il est dit dans article 5 que la société peut être créée par une seule personne, mais
seulement dans les cas prévus par la loi. Et la loi a prévu la création d’une société composée
d’un seul associé et qu’on appelle société unipersonnelle dans trois cas (3) cas :
- S’il s’agit de la SARL (article 309, alinéa 2), de la SA (article 385, alinéa 2) et de la SAS
(article 853-1)

2 – Des Volontés Intéressées


La société est un groupement qui a une finalité propre parce que les associés se réunissent
dans le but de tirer des avantages matériels de l’exploitation sociale.
Au départ, on considérait que le groupement n’était une société que si le but poursuivi était la
recherche de bénéfices. Et le bénéfice était entendu au sens de gain pécuniaire qui venait
s’ajouter à la fortune des associés.
Aujourd’hui, l’approche est différente. On ne vise plus seulement les bénéfices, mais aussi
l’économie.
Il ne suffit pas qu’il y ait recherche de gain matériel, il faut aussi que ce gain soit partagé. Il
faut donc la recherche et le partage de gains matériels.

B : La Formalisation de la Volonté
Il faut un écrit pour constater l’expression des volontés. Il s’agit en l’espèce des Statuts.

1 – Le Mode d’établissement des Statuts


Sauf dispositions nationales contraires, les statuts sont établis par acte notarié ou par tout acte
offrant des garanties d’authenticité dans un Etat Partie.
S’il s’agit d’un acte présentant des garanties d’authenticité, il faut qu’il soit déposé avec
reconnaissance d’écritures et de signatures au rang des minutes d’un notaire. Ainsi
contrairement à ce qui se passait avant la réforme la forme des statuts est laissée à la libre
appréciation de chaque Etat. Le choix entre l’acte notarié et l’acte présentant des garanties
d’une authenticité n’est plus exigé.

Lorsque les statuts sont établis par acte sous seing privé, il est dressé autant d’exemplaires
qu’il est nécessaire pour le dépôt d’un exemplaire au siège social et l’accomplissement des
diverses formalités requises par les textes en vigueur dans l’Etat (l’immatriculation par
exemple).

En outre, lorsqu’il s’agit de sociétés en nom collectif, de sociétés en commandite simple et de


sociétés à responsabilité limitée, il est remis à chaque associé un exemplaire original.
Pour les sociétés anonymes et les sociétés par actions simplifiées un exemplaire original est
remis aux associés qui en ont fait la demande à la signature des statuts ou le cas échéant, lors
de l’assemblée générale constitutive.
Une copie des statuts est tenue à la disposition des associés par la société.

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2 – Les Mentions

L’article 13 de l’Acte Uniforme donne liste des mentions obligatoires. Il vise :


- La Forme de la société (SNC, SCS, SARL, SA, SAS) ; en général on donne la liste des
associés ;
- La Dénomination suivie le cas échéant du Sigle ;
- La Nature et le Domaine de son activité (c’est cela qui constitue l’objet) ;
- Le Siège social ;
- La Durée (elle ne peut dépasser 99 ans)
- L’Identité des apporteurs en numéraires avec, pour chacun d’eux, le montant des
apports et le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par
chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’identité des apporteurs en industrie, la description de l’apport et les modalités de sa
libération, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- L’Identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- Le Montant du Capital ;
- Le Nombre et la valeur des titres sociaux émis en distinguant le cas échéant, les
différentes catégories des titres créés ;
- Les Stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et à la
répartition du boni de liquidation ;
- Les modalités de fonctionnement.

Si une mention obligatoire fait défaut, tout intéressé peut demander au Tribunal dans le
ressort duquel se trouve le Siège Social, d’ordonner la régularisation. Ce droit appartient
également au Ministère Public. L’action en Régularisation se prescrit par trois (3) ans et le
point de départ est le jour de l’immatriculation. Donc l’omission d’une mention obligatoire
dans les statuts n’est pas une cause de nullité de l’acte de société.

II : L’Affectation d’une Masse des Biens


L’article 37 prévoit expressément la mise en commun des apports. Chaque associé doit faire
un apport à la société.
Il y a les apports capitalisés et l’apport non capitalisé.

A– Les Apports Capitalisés


Deux types d’apports entrent dans la composition du capital. Il s’agit des apports en nature
et des apports en numéraires.

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1) Les Apports en Nature

Il s’agit de tous les apports en biens meubles ou immeubles, corporels ou incorporels, à


l’exception des espèces monétaires. Ils peuvent prendre deux formes :
- Il peut s’agir d’un Apport en Pleine Propriété. Il y aura un transfert de la propriété du
bien. L’associé perd définitivement le bien au profit de la société et ne pourra pas le
récupérer en cas de dissolution.
- Il peut s’agir d’un Apport en Jouissance. Dans ce cas, l’associé n’apporte pas la propriété
du bien, mais seulement la jouissance du bien. En cas de dissolution, le bien qui n’avait
pas quitté le patrimoine de l’associé ne lui échappera pas.

L’apport en nature pose un problème d’évaluation quelle que soit sa nature. En cas de
Surévaluation, l’apporteur sera privilégié par rapport aux autres associés et le capital social
sera artificiellement gonflé. En revanche, si l’apport est sous évalué, l’apporteur sera lésé.
Compte tenu de ces risques de sous évaluation et de surévaluation, on fait intervenir un
commissaire aux apports. Le commissaire aux apports est prévu aux articles 312 pour les
SARL. D’après ce texte, l’évaluation est faite par les commissaires aux apports dès lors que la
valeur d’un apport ou de l’ensemble des apports en nature excède cinq millions.

2) Les Apports en Numéraire

Ce sont les apports de sommes d’argent dont la propriété est définitivement transférée à la
société. Ils posent deux (2) problèmes : la souscription et la libération que nous étudierons
dans les règles propres à chaque type de société.

3) L’Apport non Capitalisé : l’apport en industrie

C’est à la faveur de la réforme de janvier 2014 que le législateur OHADA a intégrer un


régime complet de l’apport. Avant il s’était contenter, à la dernière minute, de l’insérer dans
l’acte uniforme sans aucune réglementation.
Ainsi l’article dit que chaque associé peut apporter à la société : des connaissances techniques
ou professionnelles ou des services, par apport en industrie ;

Les apports en industrie sont réalisés donc par la mise à disposition effective de la société de
connaissances techniques ou professionnelles ou de services.
Les apports en industrie sont interdits dans les sociétés anonymes.

L’apporteur en industrie doit rendre à la société la contribution promise et lui doit compte de
tous les gains qu’il a réalisés par l’activité faisant l’objet de son apport.
Les statuts décrivent l’apport en industrie et déterminent les modalités de sa libération y
compris la durée des prestations qui sont fournies par l’apporteur, le nombre de titres sociaux
attribués en rémunération de ces prestations et les droits attachés à ces titres dans le partage
des bénéfices et de l’actif net. Les statuts déterminent également les modalités de liquidation
de ces titres en cas de cessation par l’apporteur de l’activité faisant l’objet de son apport.

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Les apports en industrie ne concourent pas à la formation du capital social mais donnent lieu à
l’attribution de titres sociaux ouvrant droit au vote et au partage des bénéfices et de l’actif net,
à charge de contribuer aux pertes.
Toutefois, les droits de vote attachés aux titres sociaux résultant les apports en industrie ne
peuvent être supérieurs à vingt-cinq pour cent (25%) de l’ensemble des droits de vote.
De même la part totale attachée à ces titres sociaux ne peut excéder vingt-cinq pour cent
(25%) des bénéfices, de l’actif net et des pertes de la société.

Les titres sociaux résultant d’apports en industrie ne sont ni cessibles ni transmissibles. Ils
n’ont pas de valeur nominale.

Para II : Les conditions de forme : L’Immatriculation au RCCM


L’article 97 de l’Acte Uniforme dispose que toutes les sociétés commerciales doivent faire
l’objet d’immatriculation au RCCM. Seules les Sociétés en Participation échappent à cette
obligation. C’est l’immatriculation qui confère à la société la personnalité morale.

I : L’Acquisition de la Personnalité Morale avec l’Immatriculation


C’est avec l’immatriculation que la société acquière la personnalité morale. Ce sont les
articles 73 et 74 de l’acte uniforme qui sont consacrés à l’immatriculation.

La demande de l’immatriculation est rejetée s’il n’y a pas de déclaration de régularité et de


conformité. Cette déclaration est faite par les fondateurs et le premier dirigeant qui y relatent
les opérations effectuées.

Cependant la demande peut être reçue malgré l’absence d’une déclaration de conformité, si
une déclaration notariée de souscription et de versement des fonds a été établie et déposée.
Sous le bénéfice de cette observation, on peut retenir qu’avec l’immatriculation, la société va
avoir tous les attributs.

A : Les Attributs de la Personnalité Morale


Il s’agit du Siège Social, de la Dénomination Sociale, du Patrimoine et de la Nationalité.

1 – Le Siège Social
La société a un siège qui est mentionné dans ses statuts. Il appartient aux associés de fixer
le siège, et l’article 25 de l’Acte Uniforme dit que le siège ne peut être constitué uniquement
par une domiciliation à une boîte postale, mais doit être localisable par une adresse ou une
identification géographique localisable. Le choix du siège par les associés ne peut être
arbitraire. D’après l’article 24 de l’Acte Uniforme, le siège doit être fixé soit au lieu du
principal établissement, soit au centre de direction administrative et financière.
D’après l’article 26, les tiers peuvent se prévaloir du siège statutaire, mais ce siège ne leur
est pas opposable si le siège réel se trouve ailleurs.

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2 – La Dénomination Sociale
D’après l’article 14, toute société est désignée par une dénomination sociale mentionnée
dans les statuts. Elle peut comporter le Nom d’un ou plusieurs associés. Cette dénomination
sociale doit figurer sur tous les documents émanant de la société et destinés aux tiers. Elle doit
être suivie ou précédée immédiatement, en caractères lisibles, de la forme de la société, du
montant du capital, de l’adresse du siège et du numéro d’immatriculation au RCCM.

3 – Le Patrimoine
La société a, avec l’immatriculation, un patrimoine qui comprend l’ensemble de ses droits
et obligations, et ce patrimoine est distinct de celui des associés. Cette autonomie apparaît
d’abord dans les rapports avec les associés dans la mesure où ils ne sont pas copropriétaires
des biens avec la société, mais ont seulement des droits sociaux qui peuvent être patrimoniaux
ou extrapatrimoniaux (ex : le droit aux bénéfices et le droit de vote). Ils ne répondent pas non
plus des dettes de la société sauf dans le cas où ils sont solidairement et indéfiniment
responsables. Ensuite, dans les rapports avec les tiers. Les créanciers personnels des associés
ne peuvent pas saisir les biens appartenant à la société parce que ces biens n’appartiennent pas
aux associés et sont le gage des créanciers sociaux.

4 – La Nationalité
Il faut constater que l’Acte Uniforme ne définit pas la nationalité des sociétés. Elle ne
donne pas les critères de détermination de la nationalité. Le COCC retenait le critère du Siège
Social et du Contrôle (nationalité des détenteurs du plus grand nombre de parts) pour les SA
et SARL.
Dans l’Acte Uniforme, on n’a pas du tout parlé de la nationalité. Cela peut se justifier par
le fait que l’attribution de la nationalité est une question de souveraineté, et donc propre à
chaque Etat. Ce silence peut avoir une autre justification : la question de la nationalité des
sociétés ne s’est jamais posée à l’état pur, et donc elle va dépendre de la loi dont l’application
ou la non application est en cause. Cela fait que l’on a appliqué au Sénégal cumulativement,
les deux critères du siège et du contrôle.
NB : Il ne faut pas confondre "Société Sénégalaise" et "Société de Droit Sénégalais".

B : Le Statut des Sociétés non encore Immatriculées.


La société qui n’est pas immatriculée n’a pas la personnalité morale. Mais l’absence de
personnalité morale n’empêche pas la société d’avoir une existence de fait. Au demeurant,
étant donné que la société n’a pas de personnalité morale, les obligations nées des actes
accomplis pour son compte ne peuvent pas peser sur elle, pas plus les droits nés desdits actes
lui profiter. L’Acte Uniforme distingue deux cas de figures :
 1er Cas : Les actes accomplis pour le compte d’une société en formation, avant sa
constitution
 2ème Cas : Les actes accomplis pour le compte d’une société constituée, mais non encore
immatriculée.

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1 – Les Actes accomplis pour le compte d’une société en formation, avant sa


constitution.
D’après l’article 101, la constitution résulte de la signature des statuts. Mais il ne faut pas
perdre de vue que des actes peuvent être accomplis par les fondateurs, pour le compte de
société en voie de constitution.
Le principe, c’est que les fondateurs sont indéfiniment et solidairement tenus des
obligations qui naissent de ces actes. Mais l’engagement des fondateurs est écarté s’il y a une
reprise par la société. La reprise a un effet rétroactif parce qu’elle fait comme si les actes
avaient été accomplis par la société depuis le départ. Cette reprise prend cependant effet à
partir de l’immatriculation. La reprise est donc importante dans la vie de la société.

Mais comment doit s’opère la reprise ?


Il faut d’abord une information des associés conformément à l’article 106.
Les actes et engagements doivent être décrits dans un document intitulé Etat des Actes et
Engagements Accomplis pour le Compte de la Société en Formation. Et cet état indique pour
chaque acte ou engagement, la nature et la portée des obligations pour la société lorsque celle-
ci les reprend.
Pour la reprise proprement dite, il faut distinguer selon qu’il s’agit alors d’une société
constituée avec Assemblée Générale Constitutive ou sans Assemblée Générale Constitutive.
- S’il s’agit d’une société constituée avec Assemblée Constitutive, la reprise résulte d’une
décision, d’une délibération spéciale de cette Assemblée. Il s’agit en l’espèce de la SA
constituée avec apports en nature et de la SA constituée avec stipulation d’avantages
spéciaux.
- Si c’est une société constituée sans Assemblée Constitutive, l’état est annexé aux statuts et la
reprise résulte de la signature des statuts et de l’état. S’il n’y a pas reprise au moment de la
constitution, on peut la faire intervenir ultérieurement au cours d’une délibération d’une
Assemblée Générale Ordinaire, sauf stipulation contraire. Si l’on doit faire reprendre les actes
et engagements au cours d’une assemblée, cette assemblée devra être informée sur la nature et
la porté desdits. Pour protéger la société, l’Acte Uniforme a prévu que les personnes qui ont
accompli ces actes ne prennent pas part au vote et leurs actions ou parts sont déduites du
calcul du quorum et de la majorité.

2 – Les actes accomplis pour le compte d’une société constituée, non encore
immatriculée
Ceux qui agissent ici sont les dirigeants. La mission des fondateurs est en effet terminée à
la constitution. Pour ces actes, l’immatriculation entraîne automatiquement la reprise si ces
trois (3) conditions sont réunies :
 Il faut d’abord que les dirigeants aient reçu un mandat qui peut être donné soit dans les
statuts, soit par acte séparé ;
 Les actes doivent être déterminés, c’est pourquoi il n’y a pas de mandat général ;
 Les modalités doivent être précisées.
Il peut arriver que les dirigeants accomplissent un acte étranger au mandat, ou un acte en
dépassement de leurs pouvoirs. Dans ce cas, la société ne peut reprendre l’acte que s’il y a une
délibération de l’Assemblée Générale Ordinaire, sauf clause contraire. Là aussi, à l’occasion
de cette délibération, ceux qui ont accompli l’acte ne prennent pas part vote et il n’est pas tenu
compte de leurs parts ou actions pour le calcul du quorum et de la majorité.

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II : Le Statut des Sociétés ne faisant pas l’objet d’immatriculation.

Ici, l’absence d’immatriculation est une donnée permanente soit parce que c’est la volonté des
associés – c’est le cas de la Société en Participation, soit parce que l’immatriculation est
impossible du fait qu’on n’a pas établi d’acte écrit – c’est le cas de la Société de Fait.

A : La Société en Participation

C’est l’article 854 de l’Acte Uniforme qui en est le siège : La société en participation est celle
dans laquelle les associes conviennent qu'elle ne sera pas immatriculée au registre du
commerce et du crédit mobilier. L’Acte Uniforme a pris le soin de préciser qu’une telle
société n’a pas la personnalité morale et n'est pas soumise la publicité. L’existence de la
société en participation peut être prouvée par tout moyen.
C’est, cependant, une société comme toutes les autres. Mais étant donné qu’elle n’a pas la
personnalité morale, elle n’a pas, en conséquence, les attributs de la personnalité morale.
Cette absence de personnalité morale produit des effets à l’égard des associés et des tiers.

1 – Effets à l’égard des associés


La société n’ayant pas la Personnalité Morale, elle n’a pas de Patrimoine. Les associés
restent alors propriétaires de leurs apports, même s’ils décident de mettre les biens apportés à
la disposition du gérant de la société.
Sont, cependant, réputés indivis entre les associes, les biens acquis par emploi ou par remploi
de deniers indivis pendant la durée de la société, ainsi que ceux qui se trouvaient indivis avant
d'être mis à la disposition de la société.
Les rapports entre associés sont régis par les règles établies pour les Sociétés en Nom Collectif
à moins qu'une organisation différente n'ait été prévue par les statuts.

2 – Effets à l’égard des tiers


La société ne peut pas supporter des obligations ; elle n’a pas la Capacité de Jouissance.
L’Acte Uniforme a prévu que chaque associé est seul engagé par les actes qu’il accomplit.

Mais il y a des dérogations à cette règle.


- 1ère Dérogation : Lorsque les associés agissent au vu et su de tous en cette qualité, ils sont
solidairement et indéfiniment tenus ;
- 2ème Dérogation : Si un associé s’immisce dans un acte accompli par un autre, il sera engagé
en même temps que cet autre, mais il faut que par son immixtion, il laisse comprendre au
cocontractant qu’il voulait s’engager. Il faut aussi que la preuve que l’engagement a tourné à
son profit, soit apportée.

Les causes de dissolution communes à toutes les sociétés sont causes de dissolution
pour la société en participation. Mais la règle n’étant pas d’ordre public, les associés peuvent
décider que, malgré la survenance de tous ces évènements, il n’y aura pas de dissolution pour
la société en participation.
Lorsque la durée de la société n’est pas fixée, la dissolution pourra résulter à tout
moment d’une notification adressée par un des associés à tous les autres associés.

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B : Les Sociétés créées de Fait et les Sociétés de Fait

1 – Les Sociétés Créées de Fait


Pour définir la Société Créée de Fait, on dira que c’est la situation de deux ou plusieurs
personnes qui se comportent comme des associés sans exprimer leur volonté par écrit, c’est-à-
dire qu’il n’existe pas de statut. Une telle société ne peut être immatriculée ; elle n’a pas, en
conséquence, la personnalité morale.

2– Les Sociétés de Fait


-Il y a Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes se comportent comme des associés
sans avoir créé une société reconnue.
-Il y a également Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes créent une société qui
n’est pas reconnue par l’Acte Uniforme.
-Il y a enfin Société de Fait lorsque deux ou plusieurs personnes créent une société reconnue
par l’Acte Uniforme sans accomplir les formalités légales constitutives ou qui comporte un
vice de formation non régularisé.

Tout intéressé peut demander la reconnaissance d’une société de fait. Dans ce cas, il faut
apporter la reconnaissance de l’Identité de la société et la Dénomination Sociale. La Preuve
de l’Identité d’une société de fait peut être apportée par tout moyen. Lorsque la
reconnaissance d’une société de fait est établie, on lui applique les règles prévues pour les
Sociétés en Nom Collectif dans les rapports entre les associés. Dans les rapports avec les tiers,
aucun régime n’est prévu du fait de l’absence de personnalité morale qui entraîne incapacité
de supporter des obligations.

SECTION II : Sanctions de l’inobservation des conditions de formation


En droit commun, lorsque les conditions de formation d’un acte juridique ne sont pas
remplies, il y a nullité. En droit des sociétés aussi le non respect des conditions de formation
entraine la nullité, mais il y a la responsabilité des fondateurs et premiers dirigeants.

Para I : La nullité de l’acte de société


La nullité de la société est une catastrophe aussi bien pour les associés que pour les tiers.
C’est pourquoi le législateur fait tout pour limiter les causes de nullité.
Pour la réduction des causes de nullité, il a aménagé les causes de nullité pour que le juge ne
puisse pas toujours prononcer la nullité.

I : Les causes de nullité de l’acte de société


Contrairement à ce qui se passe en droit commun, en droit des sociétés l’inobservation des
conditions de formation de l’acte n’entraîne pas forcément, la nullité. On dit même : « Pas de
nullité sans texte ». Il faut donc que la loi précise expressément que l’absence de telle ou de
telle autre condition entraîne la nullité. C’est ce qui résulte de l’article 241, alinéa 1er qui
dispose : « La nullité de l’acte de société ne peut résulter que d’une disposition expresse de
l’Acte Uniforme, ou des dispositions régissant la nullité des contrats en général et la nullité du
contrat de société en particulier ».

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A : Les causes de nullité prévues par l’Acte Uniforme


De manière générale l’Acte Uniforme a prévu comme causes de nullité propres aux sociétés
commerciales : les interdictions, les incapacités ou les incompatibilités, la constitution de
société sans apport (absence d’apport) ou avec des apports fictifs ou des apports interdits.

Pour les sociétés de personnes (SNC et SCS), l’article 245 exige l’accomplissement des
formalités de publicité sous peine de nullité de la société. De même de l’appartenance de deux
époux à une de ces sociétés est une cause de nullité (deux époux ne peuvent pas être associés
dans une société de personne).

En ce qui concerne les SARL l’article 315 dit que : «L’associé ou les associés doivent tous, à
peine de nullité, intervenir dans l’acte constitutif de la société en personne, ou par mandataire
justifiant d’un mandat spécial ».
.
B : Les causes prévus par le droit commun et le Droit spécial des sociétés
Se sont les articles 765 et suivants du COCC qui prévoient ces causes de nullité. En droit
commun, l’absence de consentement et l’illicéité de l’objet sont des causes de nullité ; en
droit des sociétés aussi sont des causes de nullité.
Cependant si le vice du consentement est une cause de nullité en droit commun, en droit des
sociétés, il ne l’est que dans les sociétés de personnes (SNC, SCS) alors que dans les sociétés
à risque limité (SA, SAS et SARL), il n’est jamais cause de nullité.
IL en est de même de l’Incapacité qui est une cause de nullité en droit commun et dans les
sociétés de personnes (SNC, SCS) alors que dans les Sociétés à Risque Limité, elle n’est cause
de nullité que dans le cas où tous les associés fondateurs sont frappés d’incapacité.
En droit spécial des sociétés, l’absence d’Affectio Societatis est aussi cause de nullité.

II : L’action en nullité.
Il existe deux sortes de nullité : la nullité absolue qui peut être exercée par tout intéressé et la
nullité relative se prescrit par deux (ans) et seul l’intéressé peut la soulever.

A : Le délai d’exercice de l’action en nullité.


En matière de nullité du contrat de société, quelle que soit la cause de la nullité, le délai est de
trois ans. Alors qu’en droit commun, il est de 10 ans pour les nullités absolues et ce délai
commence à courir le jour de l’immatriculation.
Cependant ce délai peut être réduit. En effet, l’Acte Uniforme a prévu que si la nullité est
fondée sur l’incapacité ou sur un vice du consentement, tout intéressé peut mettre en demeure
l’incapable ou son représentant légal, ou l’associé dont le consentement est vicié, de
régulariser ou à défaut, d’agir en nullité dans un délai de six (6) mois à peine de Forclusion.
Régulariser signifie par exemple céder ses droits sociaux et quitter la société.
Mais lorsque la nullité est fondée sur l’Illicéité de l’objet, il n’y a pas de prescription.

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B : La régularisation
Toujours, dans le souci d’éviter la nullité de la société, le législateur a également mis en place
un système permettant de limiter les possibilités du juge.

-D’abord, lorsque la cause de nullité disparaît au jour où le tribunal siège en première


instance, le juge ne pourra plus prononcer la nullité. Mais il faut que la cause disparaisse au
plus tard le jour où le tribunal siège en première instance et non en appel par exemple.

-Ensuite, un certain nombre de règles sont prévues par le législateur pour favoriser la
disparition des causes de nullité ainsi :
- Le tribunal ne peut prononcer la nullité moins de deux mois après l’acte introductif de
l’action en nullité en première instance ;
- Le tribunal peut même d’office fixer un délai pour régulariser ;
- Si pour la régularisation la tenue d’une assemblée est nécessaire, et s’il est justifié que
l’assemblée a été convoquée, le tribunal peut accorder le délai nécessaire pour permettre à
l’assemblée de délibérer.

-Enfin, le législateur a mis en place un système (dispositif) qui permet d’éviter la nullité
malgré l’existence d’une cause de nullité. En effet, si la nullité est fondée sur l’incapacité ou
un vice du consentement, tout intéressé peut soumettre au tribunal toute mesure de nature à
supprimer l’intérêt du demandeur, notamment le rachat de ses droits sociaux. Le tribunal peut,
lorsqu’il est saisi d’une telle demande, soit rendre obligatoire la mesure proposée, soit
prononcer la nullité.

III : Les Effets de la Nullité


La Nullité entraîne à proprement parler deux (2) effets : d’une part la disparition sans
rétroactivité de l’acte de société et d’autre la responsabilité de ceux à qui la nullité est
imputable.

A : La disparition de l’acte de société pour l’avenir


En droit commun, quand il y a nullité, il y a rétroaction. En matière de société, la nullité opère
seulement pour l’avenir. Pour le passé, tout est maintenu. La société va disparaître pour
l’avenir. Elle va être liquidée comme si elle avait fonctionné normalement avant d’être
irrégulière. S’il s’agit d’une société unipersonnelle, il n’y a pas de liquidation ; il y a
Transmission Universelle du Patrimoine à l’associé Unique. Mais si l’associé unique est une
personne physique, la dissolution de la société entraîne de plein droit sa mise en liquidation.

La société est donc liquidée comme si elle avait fonctionné régulièrement. C’est pourquoi ni
la société, ni les associés ne peuvent se prévaloir de la nullité pour se soustraire aux
engagements qui avaient été pris à l’égard des tiers.
Cette règle ne s’applique pas lorsque la nullité est fondée sur un vice du consentement ou sur
l’incapacité.
En effet si la nullité est fondée sur le vice du consentement ou sur l’incapacité, l’associé dont
le consentement a été vicié ou l’associé incapable peuvent se prévaloir de la nullité pour se
soustraire aux obligations à l’égard des tiers, mais pas les autres.
Si la nullité est fondée sur un autre vice, aucun associé ne peut se soustraire.

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B : La Responsabilité Consécutive à la nullité


Ici, la Responsabilité est une conséquence directe de la nullité.
Si une irrégularité est une cause de nullité, la responsabilité de ceux à qui la nullité est
imputable peut être engagée même si la nullité n’a pas été prononcée. Il n’est donc pas
nécessaire que la nullité soit prononcée pour engager la responsabilité. Ils peuvent être
déclarés responsables solidairement à l’égard des tiers qui ont subi un préjudice.
L’action en responsabilité se prescrit par trois (3) ans à compter du jour où la décision
d’annulation est passée en force des choses jugées. Dans le cas où il y a régularisation ou
disparition de la cause de nullité, le délai commence à courir à partir du jour où la nullité a été
couverte, c’est-à-dire à partir du jour où elle a disparu.

Para II : La Responsabilité indépendante de la nullité


Il y a des irrégularités qui n’entraînent pas la nullité ; elles entraînent la Responsabilité.
L’article 78 prévoit que certaines personnes peuvent être déclarées responsables du préjudice
subi par un tiers résultant soit d’un défaut de mention dans les statuts, soit de l’omission ou de
l’accomplissement irrégulier d’une formalité. Les personnes qui peuvent être déclarées
responsables sont les fondateurs et les premiers dirigeants.
Donc les deux responsabilités ne doivent pas être confondues.
L’action en responsabilité se prescrit ici par cinq (5) ans et le point de départ, c’est le jour de
l’immatriculation au RCCM.

CHAPITRE II : LES REGLES COMMUNES DE FONCTIONNEMENT

Dans la société, le pouvoir souverain appartient aux associés. Mais ils ne peuvent pas
accomplir les actes quotidiens d’administration de la société. C’est pourquoi, ils nomment des
dirigeants.

SECTION I : Les associés

Les associés ont des droits et des obligations.

SOUS SECTION I : Les droits des associés

Ils ont deux types de droits : le droit de participer, de prendre part aux décisions collectives
d’une part, et de l’autre, le droit de participer aux bénéfices

Para I : Le droit de prendre part aux décisions collectives


L’article 125 de l’acte uniforme dispose que : « Tout associé a droit de participer aux
décisions collectives ». Ce droit correspond principalement au droit de vote.
Le texte prévoit que toute clause contraire est réputée non écrite et c’est une règle d’ordre
public. C’est pourquoi il n’est pas possible de créer des actions prioritaires sans droit de vote
comme cela existe en France.

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I : Les modalités de prise des décisions collectives

A : Les formes de décisions collectives


Il y a deux sortes de décisions collectives: les décisions ordinaires et les décisions
extraordinaires. Elles sont prises selon les conditions de forme et de fond prévues pour chaque
forme de société.
Sous réserve des dispositions applicables à chaque forme de société, les décisions collectives
peuvent être prises en assemblée générale ou par consultation écrite des associés.
B : Le vote par correspondance
Si les statuts le prévoient, sont réputes présents pour le calcul du quorum et de la majorité les
associés qui ont voté par correspondance.
Dans ce cas, sont autorisés à voter par lettre au porteur contre récépissé, par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception ou par courrier électronique, les associés qui
ont informé le dirigeant social désigné à cet effet par les statuts de leur absence au moins
trois(3)jours avant la tenue de I' assemblée. Les votes par correspondance sont réceptionnés
par la société au moins vingt quatre (24) heures avant la tenue de l'assemblée.

Si les statuts le prévoient, sont également réputes présents pour le calcul du quorum et de la
majorité les associés qui participent a l'assemblée a distance, par visioconférence ou d'autres
moyens de télécommunication permettant leur identification.

Afin de garantir l'identification et la participation effective a l'assemblée des associés y


participant à distance, ces moyens transmettent au moins la voix des participants et satisfont a
des caractéristiques techniques permettant la retransmission continue et simultanée des
délibérations. Les statuts organisent les modalités d'utilisation des moyens de
télécommunication au sein de la société.

Toute délibération des associés est constatée par un procès-verbal qui indique la date et le lieu
de la réunion, les noms et prénoms des associés présents, l’ordre du jour, les documents et
rapports soumis a discussion, un résumé des débats, le texte des résolutions mises aux voix et
le résultat des votes. En cas de vote par correspondance, il en est fait mention dans le procès
verbal.

En cas de vote a distance, il en est également fait mention dans le procès-verbal ainsi que de
tout incident technique éventuellement survenu au cours de l'assemblée et ayant perturbe son
déroulement.

En cas de consultation écrite, il en est fait mention dans le procès-verbal, auquel est annexée
la réponse de chaque associe et qui est signe dans les conditions prévues par le présent Acte
uniforme pour chaque forme de société.

II : Les problèmes posés par l’attribution du droit de vote

L’attribution du droit de vote ne pose pas problème sauf dans trois (3) cas : c’est d’abord
lorsque l’action ou la part fait l’objet d’une propriété collective, c’est ensuite lorsque l’action
ou la part fait l’objet d’un démembrement et enfin lorsqu’il y a abus dans l’exercice du droit
de vote.

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A : L’action où la part fait l’objet d’une propriété collective


C’est l’exemple d’un associé qui décède, laissant derrière lui plusieurs héritiers qui héritent de
ses parts qui, elles-mêmes sont encore dans l’indivision au moment de la tenue de
l’assemblée. La question est de savoir qui va voter à la place du défunt associé.
Dans ce cas, les indivisaires sont représentés par un mandataire unique qui est désigné
parmi eux. En cas de désaccord, ce mandataire unique est désigné par le Président du tribunal,
à la demande de l’indivisaire le plus diligent.
B : L’action ou la part fait l’objet d’un démembrement
Il y a démembrement de l’action ou de la part lorsque l’usufruitier est différent du nu-
propriétaire. C’est le cas par exemple quand un associé décède, laissant derrière lui ses
enfants et son conjoint. Le conjoint détient l’usus et le fructus qui constituent l’usufruit, les
enfants sont les nus-propriétaires. Dans ce cas, à qui profite le droit de vote ?
Le droit de vote appartient au nu-propriétaire sauf s’il s’agit de décisions relatives à
l’affectation des bénéfices qui concernent l’usufruitier.

C : Les abus dans l’exercice du droit de vote


L’associé peut exercer son droit de vote comme il l’entend, mais l’exercice du droit de vote ne
doit pas déboucher sur un abus. L’Acte Uniforme a prévu trois cas d’abus de droit dans ce
domaine : l’abus de majorité et l’abus de minorité et l’abus d’égalité.

a : L’abus de majorité
Il y a Abus de Majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur seul
intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires et que cette décision ne puisse pas
être justifiée par l’intérêt de la Société. Cette définition prend en compte les divers intérêts.
Exemple : Le vote de la mise en réserve systématique des bénéfices par des dirigeants
associés majoritaires qui s’attribuent au même moment des salaires faramineux.
Les Sanctions encourues en cas d’abus de majorité sont deux (2) : la Nullité de la Décision
et la Responsabilité à l’égard des Minoritaires.

b : L’abus de minorité et d’égalité


Les associés minoritaires ou égalitaires peuvent engager leur responsabilité en cas d’abus de
minorité ou d’égalité.
Il y a abus de minorité ou d’égalité lorsque, en exerçant leur vote, les associés minoritaires ou
égalitaires s’opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu’elles sont nécessitées par
l’intérêt de la société et qu’ils ne peuvent justifier d’un intérêt légitime à s’opposer.
La juridiction compétente peut désigner un mandataire ad hoc aux fins de représenter à une
prochaine assemblée les associés minoritaires ou égalitaires dont le comportement est jugé
abusif et de voter en leur nom dans le sens des décisions conformes à l’intérêt social y
compris celui des différents associés.

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Para II : Le droit de participer aux bénéfices


Tous les associés ont droit à une part des bénéfices de la société.

En principe les bénéfices sont répartis proportionnellement aux apports. Mais la règle n’est
pas d’ordre public, Les associés ont la possibilité de l’écarter.
Cependant, il y a une limite qu’il ne faut pas dépasser : il ne faut pas attribuer la totalité
des bénéfices à un seul associé ; il ne faut pas non plus exclure totalement un associé du
partage. De pareilles clauses sont appelées Clauses Léonines et elles sont réputées non
écrites.

Mais tous les bénéfices réalisés par la société ne sont pas partagés. Le partage porte sur les
bénéfices distribuables. L’article 143 définit le bénéfice distribuable en ces termes : « Le
bénéfice distribuable est le bénéfice de l’exercice augmenté du report bénéficiaire, diminué
des pertes antérieurs ainsi que des sommes prélevées pour constituer la réserve légale et la
réserve statutaire ». A l’exception de la réserve légale, les prélèvements ne posent aucun
problème.
Pour la dotation à la réserve légale, elle est prélevée sur le bénéfice de l’exercice diminué des
pertes antérieures le cas échéant, un montant égal au dixième (1/10) au moins. Et le
prélèvement cesse d’être obligatoire si les sommes mises en réserve atteignent le cinquième
(1/5) du capital.

Si l’on distribue des dividendes en violation de ces règles, on commet un délit appelé
Distribution de dividendes fictifs. C’est l’AGO des associés qui détermine la part de bénéfice
à distribuer aux associés. Elle le fait après approbation des Etats Financiers de Synthèse et
constatation d’un bénéfice distribuable. C’est elle qui est compétente pour déterminer les
règles de paiement du dividende, mais elle peut déléguer les dirigeants. La mise en paiement
du dividende doit se faire dans le délai de neuf (9) mois à compter de la clôture de l’exercice.
Ce délai peut être prorogé par le Président du tribunal.

SOUS SECTION II : Les obligations des associés

-d’abord, les associés ont l’obligation de réaliser les apports qui ont été promis.
- Ensuite, ils doivent contribuer aux pertes. Cette contribution aux pertes apparaît seulement
au moment de la dissolution et jamais en cours d’exploitation. Elle doit se faire
proportionnellement aux apports, mais la règle n’est pas d’ordre public. En effet, elle peut
être écartée, mais il y a une limite à ne pas dépasser : il ne faut pas faire supporter la totalité
des pertes à un associé ; il ne faut pas non plus exonérer totalement un associé de la
contribution aux pertes.
- Enfin, les associés ont enfin l’obligation à la dette. Dans les sociétés à risque limité, les
associés répondent des dettes jusqu’à concurrence de leurs apports. Dans les sociétés de
personnes, les associés répondent des dettes indéfiniment et solidairement. Ils peuvent donc
être poursuivis sur l’ensemble de leurs biens saisissables.

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SECTION II : Les dirigeants


Ils ont des pouvoirs très étendus pour engager la société, mais ils ont également des
responsabilités ;

Para I : Les pouvoirs des dirigeants


Il y a les pouvoirs dans les rapports avec les associés et les pouvoirs dans les rapports avec les
tiers.

I : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les associés
Dans ce type de rapports, les dirigeants peuvent accomplir tous les actes de gestion dans
l’intérêt de la société. Mais les associés ont la possibilité de limiter leurs pouvoirs dans les
statuts en interdisant par exemple l’accomplissement de certains actes ou en subordonnant
l’accomplissement de certains actes à l’autorisation d’un autre organe.
Mais ces limitations de pouvoirs ne sont pas opposables aux tiers de bonne foi. La société ne
peut les invoquer pour se soustraire aux obligations envers les tiers nées d’un acte en
dépassement de ces limites.

L’acte de gestion n’est pas défini dans l’Acte Uniforme, mais on peut considérer que c’est
tout acte dont l’accomplissement ne relève pas du Conseil d’Administration.
Si l’acte n’est pas accompli dans l’intérêt de la société, les dirigeants engagent leur
responsabilité.

II : Les pouvoirs des dirigeants dans les rapports avec les tiers
Il existe deux types de règles :
 D’abord une Règle Générale qui concerne tous les dirigeants de sociétés : Les dirigeants
d’une société commerciale ont tout pouvoir pour engager la société dans les rapports avec
les tiers sans avoir besoin de justifier d’un mandat spécial. Ils tirent leurs pouvoirs de la
loi, et les tiers n’ont pas à s’enquérir des pouvoirs des dirigeants.
 Ensuite des règles propres à chaque catégorie de société : règles propres aux sociétés de
personnes et des règles propres aux sociétés à risque limité.
S’il s’agit d’une société de personnes, elle n’est engagée que par les actes des
dirigeants qui rentrent dans le cadre de l’objet social (article 277-1, alinéa 2 pour les SNC et
300 implicitement pour les SCS).
En cas de pluralité de gérants, chacun détient les mêmes pouvoirs que s'il était seul gérant de
la société, sauf le droit pour chacun de s'opposer à toute opération avant qu'elle ne soit
conclue. Mais l'opposition formée par un gérant aux actes d'un autre gérant est sans effet a I'
égard des tiers, a moins qu'il soit établi qu'ils en ont eu connaissance.
S’il s’agit d’une société à risque limité, elle est engagée par les actes des dirigeants
même si ces derniers dépassent l’objet social, à moins d’apporter la preuve que le tiers avec
lequel le dirigeant a traité savait ou était sensé savoir, compte tenu des circonstances, qu’il y
avait un dépassement de l’objet. Et cette preuve ne peut pas résulter de la seule publication
des statuts.
Il faut éviter de confondre "Actes Accomplis en Violation d’une Stipulation Prévue
dans les statuts en limitation des pouvoirs des dirigeants" et "Actes Accomplis en
Dépassement de l’Objet social".

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Para II : Les responsabilités des dirigeants

I : Le domaine de la responsabilité

A : La responsabilité dans le droit commun


Il y a la responsabilité à l’égard des associés et des tiers, mais également envers la société.

1 – La responsabilité à l’égard des tiers et des associés.


Ce sont les articles 161 et 162 qui prévoient que les dirigeants sont responsables envers les
tiers et les associés pour les préjudices causés à ceux-ci du fait des fautes commises dans
l’exercice de leurs fonctions.
.
Dans tous les deux cas, on va exercer une action individuelle pour la réparation d’un préjudice
personnellement subi. Il peut arriver que plusieurs dirigeants commettent en même temps la
faute ayant conduit au préjudice. Dans ce cas, le tribunal les déclare solidairement
responsables et détermine la part de chacun dans la réparation dudit préjudice. On peut
poursuivre l’un quelconque d’entre eux pour le tout sans qu’il puisse opposer ni le bénéfice de
discussion, ni le bénéfice de division.

2 – La responsabilité envers la société


Il peut arriver qu’un dirigeant commette, dans l’exercice de ses fonctions, une faute qui porte
préjudice à la société. Exemple : abus de biens sociaux. La société peut exercer une action
appelée action sociale pour obtenir réparation du préjudice subi.

B : Les régimes spéciaux


A rappeler qu’ils sont au nombre de deux (2).
On y traite de responsabilité pour les fautes suivantes : infraction aux dispositions législatives
et réglementaires applicables à ces types de sociétés, violation des statuts, et enfin les fautes
de gestion. Tous ces actes entrent dans la notion de faute commise dans l’exercice des
fonctions.
La responsabilité est engagée à l’égard de la société et à l’égard des tiers, mais dans la mise en
œuvre, on parle d’associés et de société. Cela rend le texte dangereux.

II : La mise en œuvre de la responsabilité des dirigeants


On distingue selon qu’il s’agit d’un régime de droit commun ou d’un régime spécial.

A : mise en œuvre dans le régime de droit commun

1 – La mise en œuvre de l’action individuelle


C’est l’action qui est destinée à obtenir réparation du préjudice subi par un tiers ou un associé.
Cette action se prescrit par trois (3) ans, mais le délai est porté à dix (10) ans si le fait est
qualifié Crime. Le point de départ du délai, c’est le jour où le fait dommageable s’est produit.
Mais si le fait a été dissimulé, le point de départ du délai sera le jour de sa découverte.

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2 – La mise en œuvre de l’action sociale


L’action sociale est celle exercée au nom de la société pour la réparation du préjudice subi par
la société. Normalement, cette action est exercée par le dirigeant, mais comme il s’agit d’une
action en justice dirigée contre lui-même, cette action n’a de chance d’être exercée que s’il est
remplacé. C’est pourquoi la loi donne à chaque associé la possibilité, le pouvoir d’exercer
l’action sociale au nom de la société. Et cette action exercée au nom de la société par un
associé s’appelle Action Ut Singuli (article 167).

Cependant l’associé ne peut exercer l’action qu’après avoir mis en demeure les organes
pendant un délai de trente (30) jours.

Toutefois, à peine d’irrecevabilité de la demande, la société doit être régulièrement appelée en


cause par l’intermédiaire de ses représentants légaux.

De même, la société ou tout associé peut également demander à la juridiction compétente de


désigner un mandataire ad hoc pour la représenter dans l’instance, lorsqu’il existe un conflit
d’intérêts entre la société et ses représentants légaux.
Pour éviter les obstacles qui peuvent être dressés devant les associés, l’Acte Uniforme a pris
un certain nombre de règles.
1er type de règles : Il a prévu que toute clause insérée dans les statuts destinée à
subordonner l’exercice de l’action Ut Singuli à l’autorisation préalable ou à l’avis favorable
de l’assemblée ou d’un autre organe, est réputée non écrite. Toute stipulation qui comporte
une renonciation à l’avance à l’exercice de l’action Ut Singuli est également réputée non
écrite.
Mais ces règles ne s’opposent pas à ce que l’associé, après avoir exercé l’action Ut
Singuli, transige avec le dirigeant. La transaction est une renonciation à la poursuite de
l’action en contrepartie du paiement.
2ème type de règles : Aucune décision ou délibération d’une assemblée ne peut avoir
pour effet d’éteindre l’action. En conséquence, si le tribunal est saisi, il lui appartient de dire
si le dirigeant est ou non coupable, indépendamment de ce que l’assemblée pourrait avoir dit.

B : mise en œuvre dans les régimes spéciaux

1 – Régime applicable aux dirigeants de SARL


On a prévu le droit pour les associés d’exercer l’action contre les dirigeants pour obtenir soit
réparation du préjudice subi par les associés, soit réparation du préjudice subi par la société.
C’est l’article 331 qui pose la responsabilité.
Pour exercer l’action sociale, les associés doivent représenter le quart (1/4) du nombre total
d’associés et également le quart (1/4) des parts sociales. On retrouve par ailleurs les mêmes
dispositions prévues par le Droit Commun.

2 – Régime prévu pour les dirigeants de SA


Ici, il faut préciser qu’on a prévu la Responsabilité des Administrateurs et la Responsabilité de
l’Administrateur Général. L’article 740 dit : « Les Administrateurs ou l’Administrateur
Général selon le cas, sont responsables envers la société et envers les tiers ».

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L’acte uniforme ne vise pas le Directeur Général ou son Adjoint si ceux-ci ne font pas partie
du Conseil d’Administration. Il vise le Conseil d’Administration et l’Administrateur Général.
Les actionnaires, lorsqu’ils représentent un vingtième (1/20) du capital, peuvent charger à
leurs frais, un ou plusieurs d’entre eux, pour soutenir l’action tant à la demande qu’à la
défense.
Lorsque l’action sociale est engagée, le retrait en cours d’instance de l’actionnaire (ex : perte
de la qualité d’actionnaire, désistement …) va être sans effet sur la poursuite de l’action.

CHAPITRE 3 : LES REGLES COMMUNES DE DISSOLUTION

SECTION I : Les cas de dissolution

Ces cas sont divers, très nombreux. C’est pourquoi il y a nécessité de les classer. On les classe
en deux (2) catégories : les cas de dissolution de plein droit et les cas de dissolution décidés.

Para I : Les cas de dissolution de plein droit

Il y a : l’arrivée du terme, la réalisation de l’objet, l’annulation de l’acte de société, la


liquidation des biens et la survenance d’un événement prévu comme cause de dissolution.

I / L’arrivée du terme
Lorsqu’une société est constituée, la durée est nécessairement fixée dans les statuts. A
l’arrivée du terme, il y a automatiquement dissolution. Mais pour éviter de mettre fin à la vie
d’une société qui marche bien, on donne aux associés la possibilité de proroger la durée. Il
faut pour cela que les dirigeants consultent les associés un an à l’avance pour se prononcer sur
l’opportunité de la prorogation.

II / La réalisation ou l’extinction de l’objet


Il y a réalisation de l’objet lorsque l’opération pour laquelle la société a été créée a été
entièrement réalisée.
Il y a extinction de l’objet lorsqu’en raison d’un obstacle, la société ne peut plus exercer son
activité. Cet obstacle peut être de fait ou de droit.

III / L’annulation de l’acte de société


Lorsque l’acte de société est annulé parce que les conditions de formation n’ont pas été
respectées, il y a dissolution.

IV / La liquidation des biens


Lorsqu’une société est en état de cessation de paiement, on peut demander au Tribunal
l’ouverture d’une procédure collective. Si la société est viable, il va y avoir Redressement
Judiciaire. Mais si la société est économiquement condamnée, il va y avoir liquidation des
biens qui entraîne Dissolution.

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V / La Survenance d’un Evènement Considéré dans les statuts comme Cause de


Dissolution
Les statuts peuvent prévoir que si tel ou tel autre événement survient, ce sera la dissolution. Si
tel est le cas, avec la survenance de l’événement, il y aura dissolution. Ex : Pertes successives
pendant trois (3) exercices.

Para II : Les cas de dissolution décidés


La dissolution peut être décidée dans deux cas : par le Tribunal ou par les associés.

I / Dissolution décidée par le tribunal


S’il y a Juste Motif ou s’il y a Réunion des Parts entre les mains d’un seul associé dans
certaines formes de sociétés.

A / Dissolution pour un juste motif


L’article 200 dit : « Le Tribunal peut, à la demande d’un associé, prononcer la dissolution
pour motif juste de la société ». L’acte uniforme donne deux exemples de juste motif :
l’inexécution par un associé de ses obligations et la mésentente entre associés rendant
impossible le fonctionnement de la société.

B / Réunion des droits sociaux entre les mains d’un seul associé
Il y a des sociétés dans lesquelles on n’admet pas la forme unipersonnelle. C’est la SNC et la
SCS. Si dans ces sociétés les droits sociaux se retrouvent entre les mains d’un seul associé,
tout intéressé peut demander au Président du Tribunal la dissolution s’il n’y a pas
régularisation dans un (1) an.

Si avant la date où le Tribunal siège en première instance la régularisation intervient, il n’y


aura pas de dissolution.

II / Dissolution décidée par les associés


Les associés ont la possibilité de mettre un terme par anticipation à la vie de la société. Pour
cela, il faut respecter les règles requises pour la modification des statuts.

SECTION II : Les effets de la dissolution


Il convient ici de faire une petite observation : La dissolution de la société n’a d’effet à l’égard
des tiers qu’à compter de sa publication par avis inséré dans un journal habilité à recevoir les
annonces légales dans l’État partie du siège social.

Para I : Les effets de la dissolution d’une société dans laquelle les droits sociaux sont
détenus par un seul associé
Si la dissolution concerne une société unipersonnelle, il n’y a pas de liquidation. Il y aura
Transmission Universelle du patrimoine de la société à l’associé unique. Cet associé unique
devient l’Ayant droit Universel de la société. Il recueille tout l’actif et tout le passif, tous les
biens et toutes les dettes de la société, toutes les actions, toutes les voies de recours. Il va y
avoir une véritable cession de dettes et une véritable substitution de débiteur. Cette
transmission peut poser problème car l’associé unique avait ses créanciers personnels et la
société avait les siens. Les deux groupes entrent donc en concurrence.

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L’Acte Uniforme a prévu le droit pour les créanciers de faire opposition à la dissolution, mais
ne dit pas qui parmi eux peut faire opposition.

Il faut cependant noter que cette règle ne s’applique que si l’associé unique est personne
morale. Mais si l’associé unique est une personne physique, il n’y aura pas de transmission
universelle du patrimoine, la dissolution de la société entraine de plein droit sa mise en
liquidation comme pour les sociétés pluripersonnelles.

Para II : Les effets de la dissolution d’une société pluripersonnelle


L’effet principal est la liquidation qui est la réalisation de l’actif suivie du paiement du passif.
Malgré la dissolution, la personnalité morale subsiste pendant toute la durée de la liquidation
et pour les besoins de celle-ci.
La liquidation de la société peut être organisée à l’amiable ou par voie judiciaire. Mais dans
tous les cas un ou plusieurs liquidateurs doivent être désignés en principe pour une durée de
trois ans.

Si la dissolution est organisée à l’amiable, les liquidateurs sont désignés par les associés
conformément aux règles de majorité propre à chaque type de société. S’ils ne parviennent
pas à s’entendre, tout t’intéressé peut saisir le juge pour qu’il procède à la nomination.

Si la dissolution est organisée par voie judiciaire, il reviendra au juge de désigner un à trois
liquidateurs

Les pouvoirs du liquidateur sont aussi précisés par la loi. Par exemple le liquidateur ou ses
proches (employés, conjoint, ascendants et descendants) ne peuvent acquérir ni tout l’actif ni
une partie de l’actif de la société à liquider

Certains actes sont subordonnés à une autorisation préalable. Ces actes sont :
- Les cessions de tout ou partie de l’actif à une personne ayant dans la société la qualité
d’associé, de commandité, de commissaire aux comptes ou de dirigeant. L’autorisation est
donnée par les associés à l’unanimité. A défaut d’unanimité, il faut l’autorisation du
Tribunal, le liquidateur et le commissaire aux comptes entendus.

- La Cession globale de l’actif ou l’apport à une autre société. L’autorisation est donnée par
les associés dans les conditions prévues par l’article 215. Ces règles dépendent du type de
société.

A la fin des opérations, les associés sont convoqués pour délibérer sur les comptes définitifs
de la gestion du liquidateur, sur la décharge du mandat du liquidateur.

Après l’accomplissement de ces formalités, le liquidateur demande la radiation. Il a un mois


à compter de la clôture des opérations pour ce faire.

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Pour la liquidation proprement dite, le liquidateur procède à la réalisation de l’actif (cession


des biens et recouvrement des créances) ; il paie ensuite les créanciers. Après cela, il procède
à la répartition du solde disponible entre les associés. Pour cela, il rembourse d’abord le
nominal des actions ou parts. Si les sommes ne permettent pas le remboursement intégral, les
associés perdent proportionnellement à leurs apports. Mais s’il y a un reliquat, il correspond
au Boni de liquidation et sera réparti dans les mêmes proportions que la participation au
capital. A noter que rien ne s’oppose à ce qu’il y ait une répartition en cours de liquidation.

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TITRE 2 : LES REGLES PROPRES A CHAQUE TYPE DE SOCIETE

On a cinq (5) types de sociétés : la Société en Nom Collectif, la Société en Commandite


Simple, la Société à Responsabilité Limitée, la Société Anonyme et la société par actions
simplifiées.

CHAPITRE I : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE EN NOM COLLECTIF

D’après l’article 270 la SNC est la société dans laquelle tous les associés sont commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales.

SECTION I : Les caractères généraux de la SNC

La SNC est le type de société où tous les associés sont commerçants. La qualité de
commerçant n’est pas une condition, mais une conséquence de l’entrée dans une telle société.

Les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales. C’est
pourquoi l’intuitu personae est marqué dans ce type de société. Et la plupart des évènements
qui marquent la vie d’un associé frappent la société.

La SNC est désignée par une Dénomination Sociale, à laquelle peut être incorporé le nom
d’un ou plusieurs associés, et qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères
lisibles des mots "Société en Nom Collectif" ou du Sigle "SNC".

SECTION II : La constitution de la SNC

Toutes les conditions générales relatives à la constitution d’une société commerciale se


trouvent ici. En plus, il y a les conditions spécifiques à ce type de société. Elles concernent :

D’abord les Associés : Ils sont au moins deux, parce que la Loi interdit la forme
unipersonnelle dans une telle société. Les associés doivent être capables et c’est pourquoi un
mineur ne peut pas prendre part en tant qu’associé à la constitution d’une SNC. En plus, le
consentement ne doit pas être vicié. Les vices du consentement sont causes de nullité.

Ensuite le Capital : Dans la SCN, on n’exige pas de capital minimum.

Enfin l’Objet : Il doit être précis parce que c’est cela qui fixe l’étendue des pouvoirs des
dirigeants.

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SECTION III : Le fonctionnement de la SNC

Nous examinerons successivement la Situation du ou des Gérants puis celle des Associés.

Para I : La situation des gérants (La Gérance)

I : Le statut des gérants


Nous verrons d’une part les modalités de désignation du ou des gérants et d’autre part nous
étudierons fin leurs fonctions.

A : La désignation des gérants


L’Acte Uniforme laisse une certaine liberté aux associés pour la désignation du ou des
gérants. Ainsi il leur appartient de désigner le gérant dans les statuts ou de déterminer les
modalités de sa désignation dans un acte postérieur. Mais si rien de cela n’est fait, l’acte
uniforme considère que tous les associés sont gérants.

Si les associés veulent désigner le ou les gérants, ils ont la possibilité de désigner l’un d’entre
eux ; ils peuvent également désigner un tiers. Dans ce cas, leur choix peut porter sur une
personne physique ou sur une personne morale. Si leur choix porte sur une personne morale,
ce sont les dirigeants de cette personne morale qui deviendront les gérants de la SNC. Ils
seront ainsi soumis aux mêmes conditions et encourront les mêmes responsabilités que s’ils
étaient eux-mêmes gérants, sans préjudice de la responsabilité solidaire de la personne
morale.

Il faut signaler enfin que la rémunération des gérants est fixée par les associés à la majorité en
nombre et en capital. Mais la règle n’est pas d’ordre public parce que les associés ont la
possibilité de prévoir une stipulation contraire.
Si le gérant est lui-même associé, la rémunération est fixée à la majorité en capital des autres
associés.

B : La fin des fonctions du gérant


Les fonctions du gérant prennent fin par l’arrivée du terme de son mandat. La fin des
fonctions peut résulter d’un décès, de la survenance d’une incapacité, d’une démission ou
d’une révocation. Pour déterminer les conditions de la révocation, on distingue selon que le
gérant est statutaire ou non.

Si tous les associés sont gérants, la révocation de l’un d’entre eux est décidée à l’unanimité
des autres. De même, si un associé est nommé gérant dans les statuts, sa révocation est
décidée à l’unanimité des autres. Dans ces deux cas, la révocation entraîne la dissolution.
Mais les autres peuvent décider à l’unanimité de continuer la société. S’il y a continuation, le
gérant révoqué peut décider de se retirer et dans ce cas, il peut demander le remboursement de
ses droits sociaux. Il y a souvent des contestations sur la valeur nominale des parts sociales.
Dans ce cas, un expert est désigné d’accord partie ou par la Juridiction compétente statuant à
bref délai (Juge des référés).

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Il peut arriver que le gérant ne soit pas désigné dans les statuts. Il faut distinguer dans ce cas
selon qu’il s’agit d’un associé ou d’un tiers.
Si c’est un associé, la révocation est décidée à la majorité en nombre et en capital des autres.
Si c’est un tiers, la révocation est décidée par les associés à la majorité en nombre et en
capital.

II : Les pouvoirs du gérant


Dans les rapports avec les tiers, le gérant engage la société par les actes qui entrent dans
l’objet social. Les actes accomplis en dépassement de l’objet social n’engagent que la
responsabilité du ou des gérants et jamais celle de la société.

Lorsque la société est dirigée par plusieurs gérants, l’opposition formée par un gérant aux
actes d’un autre gérant est sans effet à l’égard des tiers, à moins qu’il soit établi qu’ils en ont
eu connaissance.

Les clauses statutaires limitant les pouvoirs des gérants sont inopposables aux tiers de bonne
foi.

Para II : La situation des associés

I : Les décisions collectives


En principe, toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des dirigeants relèvent de la
compétence des associés.

Dans la SNC, les décisions sont prises à l’unanimité. Mais rien ne s’oppose à ce que les
statuts prévoient que certaines décisions soient prises à la majorité. Et dans ce cas, les associés
doivent dans les statuts définir les modalités de consultation ainsi que les règles de quorums et
de majorités. Les délibérations prises en violation de ces règles sont nulles

Les décisions collectives sont prises en assemblée ou par consultation écrite si la réunion
d'une assemblée n'est pas demandée par l'un des associes.

Cependant la tenue d’une Assemblée Générale Ordinaire annuelle est obligatoire pour statuer
sur le rapport de gestion, l'inventaire et les états financiers de synthèse en vue de leur
approbation.
Elle doit se tenir dans les six (6) mois qui suivent la clôture de l’exercice et ne peut
valablement délibérer que si elle réunit une majorité d’associés représentant au moins la
moitié du capital social. Toute délibération prise en violation ces conditions est nulle.
Lorsque les décisions sont prises en assemblée générale, I' assemblée générale est convoquée
par le ou l'un des gérants au moins quinze (15) jours avant sa tenue, par lettre au porteur
contre récépissé, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie ou
courrier électronique.
Les convocations par télécopie et courrier électronique ne sont valables que si l'associé a
préalablement donné son accord écrit et communiqué son numéro de télécopie ou son adresse
électronique, selon le cas.

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II peut a tout moment demander expressément a la société par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception que le moyen de communication susmentionné soit remplace à
l’avenir par un envoi postal.

La convocation indique la date, le lieu de réunion et l'ordre du jour de l'assemblée.


Toute assemblée irrégulièrement convoquée peut être annulée. Toutefois, l'action en nullité
n'est pas recevable lorsque tous les associés étaient présents ou représentes.

II : La responsabilité solidaire et indéfinie des associés


Les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales. C’est
pourquoi, pour sécuriser les biens du foyer, l’article 9 dispose que deux (2) époux ne peuvent
pas, à peine de nullité de l’acte de société, être associés dans la SNC.

A : Le domaine de la responsabilité solidaire et indéfinie

Le domaine de la responsabilité renvoie à la question de savoir de quelles dettes les associés


sont solidairement et indéfiniment responsables.

- D’une part, les associés ne répondent solidairement et indéfiniment que des dettes sociales,
c'est-à-dire uniquement les dettes de la société. Les dettes propres au gérant n’engagent que la
responsabilité du gérant et non celle des associés. Il en est ainsi par exemple en cas de
dépassement de l’objet social par exemple.

- D’autre part, il peut arriver qu’une personne acquiert la qualité d’associé en cours de vie
sociale ou qu’un associé perdre cette qualité en cédant ses parts sociales.
Ainsi lorsqu’un associé entre dans la société en cours de vie sociale, il répond non seulement
des dettes postérieures à son entrée, mais aussi de celles antérieures à son entrée.
De même Il peut arriver aussi qu’un associé quitte la société. Dans ce cas, Il répond des dettes
nées jusqu’à la publication de son départ.

B : La mise en œuvre de la responsabilité solidaire et indéfinie

Pour la responsabilité solidaire, il faut noter qu’il y a une double solidarité :

-D’une part, il y a une solidarité des associés avec la société parce que, si la société ne paie
pas ses dettes, on peut poursuivre les associés. Mais il faut toujours avoir à l’esprit que c’est à
la société de payer ces dettes. Et donc il faut d’abord constater que la société ne peut pas
payer ses dettes avant d’engager la responsabilité des associés. C’est pourquoi l’AU dispose
qu’il faut d’abord adresser une mise en demeure à la société puis observer un délai d’attente
de soixante (60) jours qui peut être prorogé d’au plus trente (30) jours par le Président du
Tribunal. C’est seulement au terme de ce délai et après avoir constaté que cette mise en
demeure est infructueuse que l’on peut engager la responsabilité des associés

-D’autre part, il y a une solidarité entre associés. Cela signifie que le créancier peut
poursuivre l’un quelconque des associés pour obtenir le paiement de la totalité la dette. Et

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celui qui est poursuivi ne peut opposer ni le bénéfice de discussion, ni le bénéfice de division.
Et s’il paie, Il pourra poursuivre les autres, chacun pour sa part.

La responsabilité indéfinie par contre signifie que l’associé qui est poursuivi est tenu sur
l’ensemble de ses biens saisissables. Cela veut dire que tant que le créancier n’a pas obtenu
totalement satisfaction il pour continuer à poursuivre l’associé jusqu’à entier paiement.

III : La prépondérance des qualités personnelles


L’Intuitu Personae est très marquée dans ce type de société. On ne rentre pas dans une telle
société avec n’importe qui et un associé ne peut quitter la société sans le consentement
unanime des autres.

A : L’influence des qualités personnelles sur la cession des parts


La cession des parts n’est pas libre. Pour céder les parts, il faut nécessairement le
consentement de tous les associés. Et la règle est d’ordre public ; elle ne peut souffre d’aucune
modification. Les associés ne peuvent pas écarter le consentement des associés. Ils ne peuvent
même pas écarter le caractère unanime du consentement. C’est ainsi qu’on peut facilement
être prisonnier de ce type de société.
C’est pourquoi le Législateur a prévu pour les associés une procédure de rachat des parts : les
parts peuvent être rachetées par les autres associés, en cas d’absence d’unanimité. Mais il faut
que les statuts le prévoient.

Le consentement unanime ne suffit cependant pas. Il faut que la cession soit constatée par
écrit (acte sous seing privé ou acte notarié).

Mais, pour que la cession soit opposable aux tiers, il faut accomplir un certain nombre de
formalités.
- Pour l’opposabilité à la société, il faut accomplir l’une des formalités suivantes : soit la
signification (notification par voie d’huissier) de la cession, soit l’acceptation de la cession
par la société dans un acte authentique, soit le dépôt contre récépissé de l’original de l’acte de
cession.
- Pour l’opposabilité aux tiers, il faut en plus de l’accomplissement de l’une de ces formalités,
la Publication par un dépôt de l’acte au RCCM.

B : L’influence des qualités personnelles sur la vie de la société


Certains évènements qui jalonnent la vie des associés ont nécessairement des effets sur la vie
de la société. Il s’agit du décès d’un associé, de l’ouverture d’une procédure collective, de la
survenance d’une interdiction ou d’une incapacité.

1 – Le décès d’un associé


Le décès d’un associé entraîne la dissolution de plein droit. Cette dissolution est une cause de
fragilité des SNC. C’est pourquoi l’Acte Uniforme a envisagé depuis longtemps des clauses
statutaires pour éviter la dissolution.

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Ces clauses peuvent prendre deux (2) formes :

- D’une part, il peut s’agir de clauses de continuation entre associés survivants : Avec ces
clauses, les héritiers de l’associé décédé n’entrent pas dans la société. Ils auront droit au
remboursement de la valeur des droits sociaux de leur auteur. Ici, la valeur est déterminée
d’accords partis (héritiers et associés survivants). S’il n’y a pas d’accord, on désigne
d’accords partis un expert, et en cas de désaccord sur la désignation de l’expert, c’est le
Tribunal qui nomme l’expert.

- D’autre part, il peut s’agir de clauses de continuation avec les héritiers ou avec certains
d’entre eux, avec ou sans clauses d’agrément : Si des héritiers sont évincés, ils auront droit à
la valeur nominale des parts de leur auteur. Il peut arriver qu’il y ait un mineur parmi les
héritiers. Dans ce cas, il peut entrer dans la société, mais ne répond des dettes sociales que
jusqu’à concurrence des parts de son auteur et la société devra être transformée en SCS
(Société en Commandite Simple) dans laquelle il sera commanditaire dans le délai d’un an à
compter du décès. Faute de transformation dans ce délai, il y a Dissolution de plein droit.

2 – L’ouverture d’une procédure collective, la survenance d’une interdiction ou d’une


incapacité
S’il y a Liquidation des biens ou la faillite personnelle d’un associé entraîne automatiquement
la dissolution.
De même la survenance d’une interdiction pour un associé ou d’une incapacité entraîne
automatiquement la dissolution.
Mais dans chacun de ces cas, on peut éviter la Dissolution de deux (2) manières :

- On peut agir en amont en insérant une clause de continuation dans les statuts ;
- On peut aussi agir en aval en décidant à l’unanimité des autres associés la continuation.

Para III : le contrôle de la société


En principe, la nomination des Commissaires aux Comptes est facultative dans les sociétés en
nom collectif.

Cependant la désignation d’un commissaire aux comptes devient obligatoire pour toute
société en nom collectif qui remplit, à la clôture de l'exercice social, deux (2) des conditions
suivantes :
1°) un total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ;
2°) un chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (500.000.000) de francs CFA;
3°) un effectif permanent supérieur a 50 personnes ;

Mais la société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes des lors qu'elle n'a
pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant
l‘expiration du mandat du commissaire aux comptes.

Toutefois, il faut noter que même si ces conditions ne sont pas réunies, la désignation d’un
commissaire aux comptes peut être demandée en justice par un ou plusieurs associes détenant,
au moins, Ie dixième du capital social.

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SECTION IV : La dissolution
On retrouve toutes les causes communes de Dissolution. Il y a en plus les Causes Spécifiques
(le décès d’un associé, la réunion de toutes les parts sociales entre les mains d’un seul associé,
la survenance d’une incapacité, d’une interdiction ou d’un empêchement ; la liquidation des
biens d’un associé et le fait que deux époux soient associés)

CHAPITRE 2 : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE EN COMMANDITE SIMPLE

La SCS est la société dans laquelle il y a deux (2) catégories d’associés : les Commandités et
les Commanditaires.
Il faut noter que sauf dispositions contraires les règles applicables à la SNC sont applicables à
la SCS.

SECTION I : Les caractères généraux de la SCS

La Spécificité de la SCS se trouve dans la coexistence entre deux (2) catégories d’associés :
les Commandités qui sont solidairement et indéfiniment responsables des dettes sociales et les
Commanditaires qui ne sont responsables des mêmes dettes qu’à concurrence de leurs
apports.

Ce qui préside à la création d’une telle société, c’est l’existence conjointe de personnes.
Seuls les Commandités peuvent être gérants, et ce ne sont pas les parts dans leur nature qui
déterminent la qualité de Commandité ou de Commanditaire. Ce sont les statuts qui disent qui
est commandité et qui est commanditaire.

La Dénomination Sociale est nécessairement précédée ou suivie, en caractères lisibles, des


mots "Société en Commandite Simple" ou du sigle "SCS".

Il est interdit de faire figurer dans ce type de sociétés, le nom d’un Commanditaire. En cas de
violation de cette règle, le Commanditaire sera tenu indéfiniment et solidairement responsable
des dettes sociales.

SECTION II : La constitution de la SCS

On retrouve ici toutes les conditions de constitution des sociétés. Comme pour la SNC, il faut
au moins deux (2) associés. Les associés doivent être capables et leur consentement, exempt
de vice.
Pour le capital social, il n’y a pas de minimum fixé par la loi.

SECTION III : Le fonctionnement de la SCS

Para I : La gérance
En cas de silence des statuts, tous les commandités sont gérants. La règle n’est pas d’ordre
public. Il est donc possible de désigner dans les statuts, un ou plusieurs gérants parmi les
commandités.

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Il est possible de définir dans les mêmes statuts, les modalités de désignation du ou des
gérants dans un acte postérieur. Mais il faut remarquer que seuls les commandités peuvent
être gérants. Ni un commanditaire, ni un tiers ne peut pas être gérant.

On interdit au commanditaire même l’accomplissement d’un acte de gestion externe, fut-il


isolé. Si le commanditaire accomplit un acte de gestion externe, même isolé, il est soumis à la
Règle de la Responsabilité solidaire et indéfinie.
Pour ce qui est des pouvoirs des gérants, voir les textes applicables aux gérants de la SNC.

Para II : Les associés

I : Les parts sociales


Elles ne sont pas librement cessibles. Pour qu’il y ait cession, il faut le consentement de tous
les Associés. La règle n’est pas d’ordre public, en effet trois types de modifications sont
possibles :

-D’abord, prévoir dans les Statuts que les parts des commanditaires sont librement cessibles
entre associés ;
-Ensuite, prévoir dans les Statuts que les parts des commanditaires pourraient être cédées à
des tiers avec le consentement unanime des commandités et celui de la majorité en nombre et
en capital des commanditaires ;
-Enfin ; stipuler dans les Statuts qu’un commandité peut céder une partie de ses parts à un
commanditaire ou à un tiers avec le consentement unanime des commandités et avec celui de
la majorité en nombre et en capital des commanditaires. Le texte n’a pas prévu la cession
totale des parts d’un commandité à un autre commandité.

Pour être valable, la cession doit être constatée par écrit. Il y a aussi l’opposabilité à la société
et aux tiers. Les formalités à accomplir sont celles prévues pour la SNC.

II : Les décisions collectives


Voir la SNC, ce sont les mêmes règles qui s’appliquent.

SECTION IV : La dissolution de la SCS

On a les causes communes de dissolution des sociétés. En plus de celles-ci, il y a les causes
propres à la SCS qui sont les mêmes que celles de la SNC en ce qui concerne les
commandités.

S’agissant du décès d’un commandité (article 308, alinéa 1er). Et si les statuts prévoient que
malgré la survenance de cet événement la société va continuer avec les héritiers mineurs du
défunt associé, ceux-ci seront commanditaires. Il peut arriver que l’associé décédé ait été le
seul commandité et que tous ses héritiers soient des mineurs. On risque d’avoir une SCS dans
laquelle il n’y a que des commanditaires. L’Acte Uniforme prévoit le remplacement de ce seul
associé décédé par un autre choisi parmi les commanditaires ou les tiers.
Il faut signaler que s’il n’est pas procédé au remplacement dans le délai d’un an, il y aura
dissolution de plein droit.

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CHAPITRE III : LES REGLES PROPRES A LA SOCIETE A RESPONSABILITE LIMITEE

La SARL est une société dans laquelle les associés qui ne répondent des dettes sociales que
jusqu’à concurrence de leurs apports ont des droits sociaux représentés par des parts. C’est
pourquoi on dit que c’est une société hybride. Elle est à mi-chemin entre la SNC et la SA.

Pour la ressemblance avec la SA, la responsabilité des associés est limité aux apports. Pour la
ressemblance avec la SNC, les droits sociaux sont représentés par des parts sociales dont la
cession n’est pas libre.

Cette société est désignée par une dénomination sociale qui est immédiatement précédée ou
suivie, en caractère lisibles, des mots "Société à Responsabilité Limitée" ou du sigle "SA".

SECTION I : La constitution de la SARL

On a toutes les conditions communes de constitution. En plus, il y a des conditions propres.

Para I : Les conditions de fond


Elles concernent le Capital et les Associés.

Le Capital Social : Sauf disposition contraire des Etats parties le capital social d’une SARL
doit être d’un Million au moins (1 000 000). Il est divisé en parts de valeur nominale
minimale de Cinq Mille (5 000).
Mais le Sénégal, après avoir fait passer le capital minimum de un million de francs
(1 000 000) à cent mille francs (100 000) par la loi 2014-20 du 14 avril 2014, est revenu par la
loi 2015-01 du 27 mars 2015 pour supprimer le minimum légal qui était exigé pour les SARL.
Désormais, il n’y a plus, pour le capital social, de minimum légal pour constituer une SARL.

Les parts sociales doivent être souscrites en totalité par les associés. Elles doivent être
intégralement libérées lorsqu'elles représentent des apports en nature.

Mais lorsqu’il s’agit d’apports en numéraire, les parts sociales doivent être libérées lors de la
souscription du capital de la moitie au moins de leur valeur nominale.
La libération du surplus doit intervenir en une ou plusieurs fois dans un daïai de deux (2) ans
à compter de l'immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit mobilier,
selon les modalités définies par les statuts.

Les apports en nature doivent faire l’objet d’une évaluation conformément à l’article 312
(lorsque la valeur d’un ou de plusieurs apports en nature dépasse 5 000 000 francs, il faut
nécessairement désigner un commissaire aux apports pour l’évaluation).
Pour les apports en numéraire, les fonds provenant de la libération doivent être déposés par
les fondateurs, soit à l’Etude d’un Notaire, soit en banque ou dans tout autre établissement de
crédit ou de microfinance dûment agrée, dans un compte ouvert au nom de la société en
formation. Ces fonds doivent rester indisponibles jusqu’à l’immatriculation. A partir de
l’immatriculation, ils sont mis à la disposition des gérants.

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S’il n’y a pas d’immatriculation dans le délai de six (6) mois à compter du premier dépôt de
fonds, les associés peuvent demander au Président du Tribunal, l’autorisation de retirer leurs
fonds.
Quand les fonds sont déposés chez le notaire, ce dernier établit un acte appelé déclaration
notariée de souscription et de versement.

Les associés : La forme unipersonnelle est ici admise. Dans la législation ancienne, ils étaient
limités à cinquante, aujourd’hui, cette limitation a disparu.

Para II : Les conditions de forme


L’associé unique ou les associés doivent intervenir dans l’acte constitutif soit
personnellement, soit par mandataire.

SECTION II : Le fonctionnement de la SARL

Nous verrons d’une part les organes et d’autre part la vie financière.

Para I : Les organes


Il y a trois (3) types d’organes : les gérants, les associés et parfois les Commissaires aux
Comptes ou organes de contrôle.

I : Les gérants

A : Le statut des gérants


Ils sont nécessairement des personnes physiques. Ils peuvent être choisis parmi les associés
ou parmi les tiers. Ils peuvent être désignés dans les statuts ; ils peuvent être désignés dans un
acte postérieur.

Les Gérants sont choisis par une majorité des associés représentant plus de la moitié du
capital. Il y a là une double majorité : une majorité en nombre et une majorité en capital. La
majorité en capital ne concerne ni les voix exprimées, ni le nombre de présents ou représentés,
mais le capital social. Les statuts ont la possibilité de modifier cette règle, mais uniquement
dans le sens de son renforcement mais jamais dans le sens de son affaiblissement.
Les fonctions du ou des gérants peuvent être rémunérées ou gratuites.

La fin des fonctions peut résulter de l’arrivée du terme. Le mandat est de quatre ans sauf
stipulation contraire. La fin des fonctions peut résulter de la démission. Mais en l’absence de
juste motif, il peut y avoir lieu de paiement de dommages et intérêts.

De même la fin des fonctions peut résulter de la révocation. Cette révocation ne peut être
décidée que par un ou plusieurs associés détenant plus de la moitié du capital social. Toute
stipulation contraire est réputée non écrite. La révocation sans juste motif peut donner lieu au
paiement de dommages et intérêts.
Enfin le gérant peut être révoqué par décision du Tribunal à la demande de tout associé.

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B : Les pouvoirs des gérants


Pour ce qui est des pouvoirs, il faut distinguer deux (2) types de rapports : les rapports avec
les associés et les rapports avec les tiers. Voir pour cela les dispositions communes.

II : Les associés de la SARL


Ils ont des droits sociaux représentés par des Parts Sociales. Ils ont également des pouvoirs.

A : Les parts sociales


La transmission des parts n’est pas libre. On va distinguer la transmission entre vifs et la
transmission pour cause de mort.

1 – La cession entre vifs


a) Les conditions de validité
On identifie des conditions de fond et des conditions de forme

- Les conditions de fonds : Il faut distinguer selon qu’il s’agit de cession entre associés ou à
des proches et de cession à des tiers.

Pour la cession entre associés ou à des proches, il appartient aux statuts de déterminer les
modalités. En cas de silence des statuts, la cession est libre. Par proches, il faut entendre le ou
les conjoints, les ascendants et les descendants.

Pour la cession à des tiers, il appartient également aux associés de définir les modalités dans
les statuts. En cas de silence desdits statuts, il faut le consentement de la majorité des associés
non cédant représentant au moins les Trois Quart (3/4) des parts, déduction faite de celles de
l’associé cédant. Donc double majorité.

Exemple : A détient 35 ; B, 25 ; C, 20 ; D, 15 ; E, 5. Si A veut céder, il faut que 3 sur les 4


non cédant votent pour et que les 3 qui votent pour aient au moins les ¾ des 65.

Le cédant établit un projet de cession qu’il notifie à la société et à chaque associé. La société a
Trois (3) mois à compter de la notification pour répondre. Le silence observé pendant plus de
trois mois équivaut à une acceptation. La solution est tout à fait différente de l’habituel : le
silence vaut acceptation. C’est pour éviter que le cédant soit prisonnier de la cession.

L’article 319, alinéa 4 prévoit que si le consentement n’est pas donné, les associés doivent
racheter les parts du cédant. Dans ce cas précis. Les associés ont trois (3) mois à compter de
la notification du refus pour procéder au rachat. Ce délai peut être prorogé de cent vingt (120)
jours au plus par le tribunal.
A défaut de rachat par les associés, la société peut, avec le consentement du cédant, racheter
les parts et réduire son capital du montant des parts car elle ne peut détenir une partie de son
capital. En l’absence de rachat dans le délai, le cédant retrouve sa liberté (céder ou conserver).

- Les conditions de forme : Il faut que la cession soit constatée par écrit.

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b) Les conditions d’opposabilité


Elles sont les mêmes que pour la SNC. Il faut donc distinguer opposabilité à la société
et opposabilité aux tiers.

2 – La transmission à cause de mort


Contrairement à ce qui se passe dans les sociétés de personnes, le décès d’un associé n’est pas
cause de dissolution. Il y a possibilité d‘une transmission aux héritiers et librement. Mais les
statuts peuvent prévoir une clause d’agrément. Si une clause de cette nature est prévue, on
détermine les modalités d’agrément et les conditions. En cas de refus d’agrément, les parts
devront être rachetées dans les mêmes conditions que pour la cession entre vifs.

B : Les pouvoirs des associés


1 – Les modalités d’exercice des pouvoirs
Les Associés ont le choix entre la prise de décisions en Assemblée et la prise de décisions par
Consultations écrites. C’est pourquoi dans la SARL, on ne fait pas la distinction entre
Assemblée Générale Ordinaire et Assemblée Générale Extra ordinaire. On distingue en
revanche les Décisions Collectives Ordinaires et les Décisions Collectives Extra ordinaires.

Cependant la tenue d’une Assemblée Générale Ordinaire annuelle est obligatoire pour statuer
sur les comptes de l’exercice.
Elle doit se tenir dans les six (6) mois qui suivent la clôture de l’exercice et ne peut
valablement délibérer que si elle réunit une majorité d’associés représentant au moins la
moitié du capital social. Toute délibération prise en violation ces conditions est nulle.

Lorsque les décisions sont prises en assemblée générale, I' assemblée générale est convoquée
par les ou l'un des gérants au moins quinze (15) jours avant sa tenue, par lettre au porteur
contre récépissé, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie ou
courrier électronique.
Les convocations par télécopie et courrier électronique ne sont valables que si I' associé a
préalablement donné son accord écrit et communiqué son numéro de télécopie ou son adresse
électronique, selon le cas. II peut a tout moment demander expressément a la société par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception que le moyen de communication
susmentionné soit remplace à l’avenir par un envoi postal.

La convocation indique la date, le lieu de réunion et l'ordre du jour de l'assemblée.


L’assemblée ne peut délibérer que sur les questions inscrites à son ordre du jour.
Néanmoins, elle peut, même si cette question n’est pas inscrite à l’ordre du jour, révoquer le
gérant et procéder à son remplacement.

Toute assemblée irrégulièrement convoquée peut être annulée. Toutefois, l'action en nullité
n'est pas recevable lorsque tous les associés étaient présents ou représentes.

L'assemblée des associés est présidée par le gérant ou par l'un des gérants. Si aucun des
gérants n'est associe, elle est présidée par l'associé présent et acceptant qui possède le plus
grand nombre de parts sociales et, en cas d’égalité, par le plus âgé.

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Chaque associé peut participer à la prise de décision soit en personne, soit par mandataire.
L’article 334 prévoit qu’un associé peut se faire représenté par son conjoint sauf si la société
ne compte comme associé que les deux (2) conjoints. Chaque associé peut se faire représenté
par son coassocié, sauf si la société ne comporte que deux (2) associés. Un associé peut se
faire représenté par un tiers si les statuts le prévoient.
Il faut signaler que chaque associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre de parts qu’il
possède dans la société.

Si la SARL est unipersonnelle, l’associé unique prend toutes les décisions.

2 – La prise de décisions
Ici on raisonne en termes de Décisions Collectives Ordinaires et de Décisions Collectives
Extraordinaires, et les deux (2) types de décisions sont pris à des majorités différentes.

a) Les décisions collectives ordinaires


- Le domaine des décisions collectives ordinaires
Relèvent de l’assemblée générale ordinaire ou des décisions collectives ordinaires, toutes les
décisions qui n’ont pas pour objet la modification des statuts. Il s’agit :

- des décisions par lesquelles les associés statuent sur les Etats Financiers de Synthèse

- des décisions par lesquelles les associés accordent les autorisations nécessaires pour que les
gérants puissent accomplir les opérations subordonnées dans les statuts à I' accord préalable
des associés,

- des décisions par lesquelles les associés procèdent à la nomination et à la révocation des
gérants ou des commissaires aux comptes ;

- des décisions par lesquelles les associés statuent sur les conventions passées entre la société
et un de ses associés ou dirigeants (ici la tenue d’une AGO est obligatoire. Il y a aussi les
conventions passées entre la SARL et une entreprise individuelle dont le propriétaire est
gérant ou associé de la SARL. Il y a également les conventions passées entre la SARL et une
société dans laquelle un associé indéfiniment responsable, un gérant, un administrateur, un
directeur général, ou un secrétaire général est simultanément gérant ou associé de ladite
SARL.
Mais il faut noter que même si ces conventions n’ont pas fait l’objet d’une approbation par
l’assemblée, elles restent valables. La convention n’est pas nulle et elle produit ses effets,
mais le gérant ou l’associé qui a passé la convention va supporter les conséquences
préjudiciables.

Cependant, il y a des cas où le législateur n’exige pas l’approbation.

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Il s’agit des conventions conclues à des conditions normales et qui portent sur des opérations
courantes. L’article 352 définit les opérations courantes comme étant des opérations
effectuées par une société de manière habituelle dans le cadre de l’exercice de ses activités.
Ce même article dit en son alinéa 2 que les conditions normales sont celles qui sont
appliquées pour des conventions semblables dans la société en cause ou dans les sociétés du
même secteur ;

Il y a une dernière catégorie de conventions interdites par le législateur. Il s’agit :


- des Conventions par lesquelles un associé ou un gérant contracte un emprunt avec la
société ;
- des Conventions par lesquelles un associé ou un gérant se fait consentir un découvert par la
société ;
- des Conventions par lesquelles un associé ou un gérant fait avaliser par la société ses
engagements vis-à-vis des tiers.

Notons que cette interdiction s'applique également aux conjoints, ascendants et descendants
des associés et des gérants, ainsi qu'a toute personne interposée.

- Les règles de majorité dans les décisions collectives ordinaires


Ces décisions sont prises par un ou plusieurs associés détenant plus de la moitié du capital.
Donc pas de majorité en nombre, et la base de calcul est le capital social : l’absent et
l’abstentionniste jouent un rôle actif. Si la majorité n’est pas obtenue, les associés sont
convoqués ou consultés une seconde fois. Dans ce cas, la décision est prise à la majorité des
votes émis (c’est-à-dire des votes positifs et négatifs) : les absents et les abstentionnistes sont
neutralisés. On ne tient pas compte du capital. La Révocation par exemple ne peut intervenir
qu’à la majorité absolue (moitié des voix + une voix).

b) Les décisions collectives extraordinaires.


Ce sont les décisions qui ont pour objet la modification des statuts. Ces décisions sont prises
par les associés représentant au moins les trois quart (3/4) du capital. Il s’agit là d’une seule
majorité et c’est nécessairement les trois quart (3/4) du capital.

Cependant, il y a des cas dans lesquels il faut l’unanimité des associés. Ils sont trois (3).
 1er Cas : Lorsqu’il s’agit d’augmenter les engagements des associés ;
 2ème Cas : Lorsqu’il s’agit de transformer la SARL en SNC ou en SAS;
 3ème Cas : Lorsqu’il s’agit de transférer le Siège Social en dehors de l’espace OHADA.

De même, la décision d'augmenter le capital par incorporation de bénéfices, de réserves ou de


primes d'apports, d'émission ou de fusion est prise par les associes représentant au moins la
moitie des parts sociales.

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III : Les organes de contrôle ou commissaires aux comptes

A : La nomination des commissaires aux comptes


En principe, la nomination des Commissaires aux Comptes est facultative dans les SARL.

Cependant la désignation d’un commissaire aux comptes devient obligatoire pour toute
société à responsabilité limitée qui remplit, à la clôture de l'exercice social, deux (2) des
conditions suivantes :

1°) un total du bilan supérieur à deux cent cinquante millions (250.000.000) de francs CFA ;
2°) un chiffre d'affaires annuel supérieur à cinq cents millions (500.000.000) de francs CFA;
3°) un effectif permanent supérieur a 50 personnes ;

Mais la société n'est plus tenue de designer un commissaire aux comptes des lors qu'elle n'a
pas rempli deux (2) des conditions fixées ci-dessus pendant les deux (2) exercices précédant I
‘expiration du mandat du commissaire aux comptes.

Toutefois, il faut noter que même si ces conditions ne sont pas réunies, la désignation d’un
commissaire aux comptes peut être demandée en justice par un ou plusieurs associes détenant,
au moins, Ie dixième du capital social.

Pour le choix du ou des Commissaires aux Comptes, l’article 377 renvoie aux dispositions
applicables aux SA.
Il y a des personnes qui ne peuvent pas être désignées Commissaires aux Comptes. Il s’agit du
ou des gérants, de leurs conjoints, des apporteurs en nature, des bénéficiaires d’avantages
particuliers et des personnes qui reçoivent de la société ou des dirigeants une rémunération
périodique.

Les Commissaires aux Comptes sont désignés pour Trois (3) exercices. Ils sont désignés par
un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital. Si cette majorité n’est pas
obtenue, il y a une deuxième convocation dans laquelle ils sont choisis à la majorité des votes
émis quelle que soit la portion du capital.

Les délibérations prises à défaut de désignation régulière du commissaire aux comptes ou sur
la base d’un rapport d'un commissaire aux comptes nomme ou demeure en resté
irrégulièrement en fonction, sont frappées de nullité.

Mais l’action en nullité est éteinte si cette délibération est confirmée par une assemblée ayant
statué sur la base d’un rapport d’un Commissaire aux Comptes régulièrement désigné.

B : La mission des commissaires aux comptes


Pour ce qui concerne les pouvoirs, les fonctions, les obligations, la responsabilité, la
révocation et la rémunération du commissaire aux comptes, nous s’y reviendrons dans l’étude
de la société anonyme.

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Para II : La vie financière


Il y a deux (2) problèmes : l’affectation des résultats et les modifications du capital.

I : L’affectation des résultats


Les associés de la SARL ont droit à une part du bénéfice distribuable.

II : Les modifications du capital

A : L’augmentation du capital
Compte tenu du développement de l’activité, il peut arriver que le capital social ne soit pas
suffisant, d’où la nécessité de son augmentation. Il existe plusieurs techniquement procédés
d’augmentation du capital.

 L’augmentation peut se réaliser par apport en nature ;


 L’augmentation peut se réaliser par souscription de parts en numéraire ;
 L’augmentation peut prendre la forme d’une incorporation dans le capital, des bénéfices et
des réserves.

Dans ce dernier cas, la décision est prise par les associés représentant au moins la moitié du
capital. C’est une dérogation aux règles normales parce que l’augmentation entraîne une
modification des statuts et à ce titre, elle devrait relever des Décisions Collectives
Extraordinaires.

Lorsqu’il y a augmentation du capital, cela se traduit, soit par l’augmentation de la valeur


nominale des parts, soit par l’augmentation du nombre des parts.

B : La réduction du capital
On a deux (2) cas de réduction du Capital : la Réduction motivée par des pertes et la
Réduction non motivée par des pertes.

1 – La réduction motivée par des pertes


Lorsque la société fait des pertes, son salut peut se trouver dans la réduction de son capital.
C’est pourquoi l’article 371 de l’Acte Uniforme dispose que : « Si en raison des pertes
constatées dans les documents comptables, les capitaux propres deviennent inférieurs à la
moitié du capital, il faut convoquer les associés pour qu’ils se prononcent sur l’opportunité
d’une dissolution anticipée ».
C’est le gérant ou le commissaire aux comptes qui doivent convoquer les associés, et ils
doivent le faire dans les quatre (4) mois qui suivent l’assemblée ayant constaté le fait.
Deux problèmes peuvent se poser : soit il n’y a pas de convocation dans le délai, ou les
associés sont convoqués dans le délai, mais l’assemblée ne peut pas valablement délibérer.
Dans ces deux cas, tout intéressé peut demander en justice la Dissolution. Mais l’action en
dissolution est éteinte si la régularisation est faite avant que le Tribunal ne siège en première
instance.

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Si les associés sont régulièrement convoqués et ils délibèrent, ils ont deux (2) possibilités :
- soit, ils optent pour la dissolution – elle est alors suivie d’une Liquidation ;
- soit ils écartent la décision de dissolution ; ils doivent alors reconstituer les capitaux propres
de la société pour qu’ils atteignent un montant au moins égal à la moitié du capital dans les
deux années qui suivent. A défaut, ils doivent réduire le capital d’un montant égal à celui des
pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves. La dissolution est également encourue si
aucune de ces solutions n’est prise dans les deux (2) années qui suivent la clôture de
l’exercice qui a constaté ce fait.

2 – La réduction non motivée par des pertes


Si l’on décide de réduire le capital, cela se traduit, soit par une réduction du nombre de parts,
soit par une diminution de la valeur nominale des parts.
Cependant réduction du capital ne doit pas de porter atteinte à l’égalité des associés, c’est-à-
dire qu’elle ne doit pas être supportée seulement par une partie de ces derniers.

Ici, les créanciers peuvent faire opposition, contrairement à ce qui se passe quand la
Réduction est motivée par des pertes. C’est parce que le capital constitue leur garantie et, en
conséquence, les associés ne peuvent le réduire à leur guise. S’ils veulent faire opposition, ils
doivent saisir le Tribunal dans le délai d’un mois à compter de la date de la publication de la
décision de réduire. Cette décision doit faire l’objet d’un dépôt au Greffe.

Pendant le délai pour faire opposition, les opérations ne peuvent commencer, et si les
créanciers font opposition dans le délai, les opérations ne peuvent démarrer avant une
décision du Tribunal. Il y a une suspension du délai. Le Président du Tribunal qui est saisi a
deux (2) possibilités : Soit il rejette l’opposition s’il estime que celle-ci n’est pas fondée, soit
il ordonne le remboursement des créances ou la constitution de sûretés si la société en offre et
si elles sont jugées suffisantes.

SECTION III : La disparition de la SARL

On parle de ‘’disparition’’ parce que la société peut disparaître en tant que personne morale et
il ne subsistera rien, mais aussi elle peut disparaître en tant que SARL et subsister sous une
autre forme.

Para I : La dissolution de la SARL


La société disparaît et rien ne va subsister. Les causes en sont les causes communes de
Dissolution à l’exception de la réunion des parts entre les mains d’un seul associé ;

Para II : La transformation
La SARL peut être transformée en société d’un autre type. Un certain nombre de conditions
sont alors à remplir :

 D’abord, il faut que les capitaux propres soient d’un montant égal au capital social ;
 Ensuite, il faut avoir fait établir et approuver les bilans des deux (2) premiers exercices ;
ce qui signifie aussi que la transformation ne peut intervenir moins de deux ans après la
constitution de la société.

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La transformation résulte d’une modification des statuts et doit à ce titre découler des
Décisions Collectives Extraordinaires. Mais si la transformation doit aboutir à une SNC, il
faut l’unanimité.

Il faut, pour les besoins de la transformation, que le Commissaire aux Comptes, s’il y en a,
établisse un rapport pour certifier la réunion des conditions requises.

Toute transformation intervenue en violation des règles légales est sanctionnée par la Nullité
de l’opération.

CHAPITRE 4 : LA SOCIETE ANONYME

La SA est la société dans laquelle les droits sociaux sont représentés par des titres négociables
détenus par des actionnaires qui sont responsables des dettes jusqu’à concurrence de leurs
apports.
Il existe deux types de SA : Les SA qui font Appel Public à l’Epargne ; Les SA qui ne font
pas Appel Public à l’Epargne.

Sont considérées comme faisant appel public à l’épargne les SA qui remplissent un
quelconque de ces cinq (5) critères :

 1er Critère : La Cotation des Titres : Toute société dont les titres sont cotés à la Bourse des
Valeur Mobilières est réputée faire Appel Public à l’Epargne ;
 2ème Critère : Le Placement des Titres en ayant recours à des
intermédiaires (Etablissements de crédit et agents de change)
 3ème Critère : Le Recours à la Publicité pour le placement des Titres.
 4ème Critère : Le Recours au Démarchage pour le placement des Titres
 5ème Critère : La Diffusion des Titres dans le Public (Placement au-delà de 100 personnes).

SECTION I : La constitution

Para I : Les conditions de fond

I : Les actionnaires
Ici, la forme unipersonnelle est admise.
Les vices du consentement et l’incapacité ne sont pas causes de nullité, sauf si tous les
associés sont atteints.

II : Le capital
 S’il s’agit d’une SA ne faisant pas Appel Public à l’Epargne, le minimum est Dix
Millions ;
 S’il s’agit d’une SA faisant Appel Public à l’Epargne, le minimum est Cent Millions.

II est divise en actions dont le montant nominal est librement fixe par les statuts. Le montant
nominal est exprime en nombre entier.

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De même, les actions de numéraire peuvent n’être libérées que du quart au moment de la
souscription, et le reste dans les trois (3) années à compter de l’immatriculation au RCCM.

Les fonds provenant de la souscription des actions de numéraire sont déposés par les
personnes qui les ont reçus, pour le compte de la société en formation, soit chez un notaire,
soit dans un établissement de crédit ou de microfinance dûment agréé domicilié dans l’État
partie du siège de la société en formation, sur un compte spécial ouvert au nom de cette
société.
Il faut signaler, toujours à propos des actions de numéraire, que tant qu’elles ne sont pas
entièrement libérées, elles restent sous la forme nominatif, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent
être au porteur, parce que la société doit pouvoir procéder à la saisie et à la cession forcée au
besoin.

Para II : La procédure : l’assemblée générale constitutive


Elle est convoquée par les fondateurs après la déclaration notariée de souscription et de
versement.

A : Les délibérations
Il y a des règles de quorum et de majorité que la Loi prévoit uniquement dans ce type de
sociétés.
Le quorum est le nombre minimal d’actions détenues par les membres présents ou
représentés. L’assemblée ne délibère valablement que si les souscripteurs présents ou
représentés détiennent au moins la moitié des actions.
Si le quorum n’est pas atteint, il y a une deuxième convocation pour laquelle le quorum
est fixé au quart du nombre des actions. L’assemblée se réunira une troisième fois dans le
délai de deux mois à compter de la date fixée pour la deuxième convocation si celle-ci ne
réunit pas le quorum. Sur cette troisième convocation, le quorum reste au quart.

B : Les règles de majorité


Le principe, c’est que les décisions sont prises à la majorité des deux tiers (2/3) des voix
dont disposent les souscripteurs présents ou représentés. Et le texte prend le soin de préciser
que les bulletins blancs ne sont pas pris en compte, c’est-à-dire que les associés qui
s’abstiennent ne sont pas pris en compte.
Par dérogation à cette règle, il existe deux types de décisions adoptées selon une règle de
majorité différente de celle énoncé précédemment :

 1ère Dérogation : Elle concerne la réduction des apports pour laquelle l’article 406 dit que
l’assemblée ne peut réduire la valeur des apports ou des avantages particuliers qu’à
l’unanimité et avec l’accord exprès de l’apporteur ;
 2ème Dérogation : Elle concerne la modification des statuts. Là aussi, il faut l’unanimité
des souscripteurs.

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SECTION II : Les valeurs mobilières

L’article 754, alinéa 2 donne la définition des valeurs mobilières. "Les valeurs mobilières
confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès directement ou indirectement à
une quotité du capital de la société émettrice ou à un droit de créance général sur son
patrimoine". Il s’agit d’actions ou d’obligations. Les Valeurs Mobilières sont des titres
négociables. Cela veut dire que ces titres sont transmissibles selon des procédés simplifiés,
c’est-à-dire qu’il n’y a pas besoin d’informer les autres associés par signification.

Les trois procédés simplifiés de transmission sont : la Tradition (pour les titres au porteur,
transmission se fait de main en main), l’Endossement (pour les titres à ordre) et le Transfert
(pour les titres nominatifs, la transmission se fait par une inscription sur un registre détenu par
l’émetteur).

Para I : Les actions

I : Classification des actions


Trois classifications sont possibles :
 Il y a une première classification fondée sur la forme du titre ; elle permet de distinguer les
actions nominatives et les actions au porteur. On dit que l’action est nominative lorsque
les droits résultent d’une simple inscription sur les registres détenus par la société.
Lorsque les droits résultent d’une simple détention du titre, on dit que l’action est une
action au porteur. L’intérêt de cette distinction réside dans le procédé simplifié de
transmission. Lorsque l’action est au porteur, elle se transmet par la Tradition. S’il s’agit
d’une action nominative, elle se transmet par le procédé du transfert.
 La deuxième classification est fondée sur la nature de l’apport. Elle permet de distinguer
les actions de numéraire et les actions d’apport. L’action de numéraire, c’est l’action dont
le montant est libéré en espèce, ou l’action dont le montant est libéré par une
compensation avec des créances certaines, liquides et exigibles. L’action de numéraire,
c’est aussi l’action émise à la suite d’une incorporation dans le capital des bénéfices,
réserves ou prime d’émission. C’est également l’action dont le montant résulte pour partie
de l’incorporation des bénéfices, réserves ou prime d’émission et pour l’autre partie, d’une
libération en espèces. Toutes les autres actions sont considérées comme des actions
d’apport. La distinction se trouve dans le mode de libération et dans le statut de l’action
depuis la souscription : l’action de numéraire doit rester à la forme nominative jusqu’à la
libération totale ; l’action d’apport n’est convertible en titre au porteur qu’après deux (2)
ans.
 La troisième classification est celle fondée sur l’étendue des droits au moment de la
dissolution. Cette classification permet de distinguer les actions de jouissance et les
actions de capital. Lorsque l’action est amortie, elle est considérée comme action de
jouissance. L’intérêt de la distinction se trouve dans le droit au dividende et le droit au
remboursement dont bénéficie l’action de capital et dont est privée l’action de jouissance.

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II : Les droits et obligations attachés à l’action.

A : Les droits attachés à l’action

1 – Les droits ayant une valeur pécuniaire


Il y a d’abord le droit au dividende. Ce droit est proportionnel à la quotité du capital que
l’action représente.
Il y a ensuite le droit au remboursement du nominal en cas de dissolution.
Il y a enfin le droit à une part du boni de liquidation.

2 – Les droits n’ayant pas de valeur pécuniaire


a- Le droit de vote
Il est proportionnel à la quotité du capital que représente l’action, étant entendu que
chaque action représente au moins une voix, et qu’il y a possibilité de créer des actions à droit
de vote double. Cette décision de créer des actions à droit de vote double est prise par les
statuts, ou par une AGE. Mais on ne peut pas attacher le droit de vote double à n’importe
quelle action. Il ne peut en effet être attaché qu’aux actions nominatives justifiant de
l’inscription au nom du même actionnaire depuis au moins deux (2) ans.

b- Le droit de quitter
Les actions sont des valeurs mobilières, et les valeurs mobilières sont des titres
négociables selon des procédés simplifiés. Donc l’action peut être transmise selon des
procédés simplifiés. On n’a pas besoin du consentement des autres actionnaires, ni de l’écrit.
Mais il y a des limites à la transmission libre. Deux (2) types de limites :

 1ère limite : Elle est d’ordre légal et concerne les actions de numéraire qui ne sont
négociables qu’après avoir été intégralement libérées. Cela ne signifie pas qu’elles ne
soient pas cessibles, mais que dans ce cas, on devra recourir aux formalités de la cession
de créance.
 2ème limite : Elle est d’ordre légale aussi et concerne toutes les actions parce qu’il n’y a
pas de négociabilité avant l’immatriculation s’il s’agit de la constitution ou avant
l’inscription modificative s’il s’agit d’une augmentation de capital.
 3ème limite : Elle est d’origine conventionnelle et ici, la limite de la négociabilité résulte de
la volonté des associés qui la manifeste par une clause d’agrément. Mais pour qu’une
clause de cette nature soit valable, il faut qu’elle remplisse les deux conditions suivantes :
les actions doivent être nominatives ; il ne doit pas s’agir de transmission par succession
ou de liquidation d’une communauté entre époux ou de cession à un proche.
Pour la mise en œuvre de l’agrément, lorsqu’il doit être donné par l’assemblée générale,
l’associé intéressé ne prend pas part au vote. Si l’agrément doit être donné par le Conseil
d’Administration et que l’actionnaire est membre dudit Conseil, il ne prend pas part au vote.

Si l’agrément est refusé, le Conseil d’Administration ou l’Administrateur Général, selon le


cas, doit faire acquérir les actions, soit par les actionnaires, soit par un tiers, soit par la société.

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B : Les obligations qui pèsent sur les actionnaires


Il y a l’obligation de libérer les actions du quart (1/4) au moins, au moment de la souscription.
Le reste doit être libéré dans le délai de trois (3) ans. Si aux époques fixées pour la libération
du reste l’actionnaire ne paie pas, la société lui adresse une mise en demeure, et lorsque celle-
ci reste infructueuse pendant un mois, il y a sanction.
Pour les sanctions, il y a d’abord la privation du droit de vote parce que les actions
cessent de donner droit au vote dans les assemblées. On les déduit pour le calcul du quorum et
de la majorité. Il y a ensuite la suspension du droit au dividende et du droit préférentiel de
souscription. Il y a la vente forcée des actions par la société.

S’il y a vente des actions, deux cas de figure peuvent se présenter :


 Le Produit de la vente est supérieur au montant non libéré des actions. Dans ce cas,
l’actionnaire défaillant profite de la différence ;

 Le Produit de la vente est inférieur au montant non libéré des actions. Dans ce cas,
l’actionnaire défaillant reste débiteur de la différence et c’est lui qui supporte les frais de
la procédure.

Si l’action est cédée, l’actionnaire défaillant et les cessionnaires successifs sont


solidairement tenus du montant non libéré des actions. Donc la société peut agir contre l’un
quelconque d’entre eux pour obtenir le paiement du montant non libéré mais aussi le
remboursement des frais. Et celui qui est poursuivi ne peut opposer ni le bénéfice de
discussion, ni le bénéfice de division.

Celui qui paie peut ensuite exercer un recours pour le tout (recours intégral) contre
les cessionnaires successifs de telle sorte que la charge définitive du paiement revienne au
dernier.

Para II : Les obligations


Ce sont des titres négociables qui, au cours d’une même émission, confèrent les mêmes droits
de créance pour une même valeur nominale. Il faut signaler que seules les SA et les GIE
constitués exclusivement de SA peuvent émettre des obligations. La société qui veut émettre
des obligations doit respecter :

 Avoir au moins deux (2) ans d’existence ;


 voir fait établir au moins deux (2) bilans régulièrement approuvés par les
actionnaires.
 Avoir son capital entièrement libéré.

C’est l’assemblée générale ordinaire des actionnaires qui peut décider de l’émission
des obligations.
Les obligataires ne peuvent pas exercer un contrôle individuel sur les opérations de la
société. Ils n’ont pas droit à la communication des documents. Ils ont droit à un intérêt et au
remboursement du nominal des obligations à la date indiquée. En l’absence de clause
contraire, on ne peut leur imposer un remboursement anticipé.

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SECTION III : Le fonctionnement

Para I : Les organes


On a trois types d’organes : les organes d’Administration et de Direction, les organes de
Délibération et les organes de Contrôle.

I : Les organes d’administration et de direction


On a deux (2) types de SA : les SA avec Conseil d’Administration et les SA avec
Administrateur Général. Le choix entre les deux appartient aux associés, dans les statuts.
Cependant on ne peut opter pour la SA avec Administrateur Général que si les deux
conditions suivantes sont cumulativement remplies :

 Le nombre d’actionnaires est égal ou inférieur à trois (3) ;


 La SA ne fait pas appel public à l’épargne.

S’il s’agit de SA faisant appel public à l’épargne, le Conseil d’Administration est


obligatoire.

A : Les SA avec conseil d’administration


S’il s’agit de SA avec Conseil d’Administration, on a en fait un Exécutif Bicéphale : il y a
l’Organe d’Administration (le Conseil d’Administration), et l’Organe de Direction (soit le
Président Directeur Général, soit le Directeur Général et le Président du Conseil
d’Administration).
1- Conseil d’Administration
a- Composition
Le Conseil est composé d’administrateurs dont le nombre peut être compris entre trois (3) et
douze (12). Mas s’il s’agit d’une SA qui fait appel public à l’épargne, le nombre peut aller
jusqu’à quinze (15). Le choix peut porter sur des personnes physiques, il peut aussi porter sur
des personnes morales. Dans le dernier cas, la Personne Morale désigne un représentant
permanent pour la durée de son mandat. Le choix des administrateurs peut porter sur des
actionnaires, mais aussi sur des tiers.

Ce sont les statuts qui précisent les modalités de désignation des administrateurs ainsi que la
durée de leur mandat
Les statuts peuvent imposer que chaque administrateur soit propriétaire d'un nombre d'actions
de la société qu'ils déterminent. Cette disposition ne s'applique pas dans le cas des salariés
nommés administrateurs.

Tout administrateur qui, au jour de sa nomination, n'est pas titulaire du nombre d'actions
requis par les statuts ou, en cours de mandat, cesse d'en être propriétaire, se trouve en
infraction avec les dispositions de l'alinéa qui précède. Dans ce cas, il doit, dans les trois (3)
mois de sa nomination ou si l'infraction survient en cours de mandat, dans les trois (3) mois
de la date de la cession d'actions à l'origine de l'infraction, se démettre de son mandat. A
l'expiration de ce délai, il est répute s'être demis de son mandat et doit restituer les
rémunérations perçues, sous quelque forme que ce soit, sans que puisse être remise en cause
la validité des délibérations auxquelles il a pris part.

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La durée du mandat ne peut excéder six (6) ans pour les administrateurs qui sont désignés en
cours de vie sociale, et deux (2) ans pour ceux qui sont désignés par les statuts ou par
l’Assemblée Constitutive.

Il est interdit pour un administrateur d’appartenir simultanément à plus de cinq (5) Conseils
d’Administration de sociétés ayant leur siège sur le territoire d’un même Etat partie.
Cependant ne sont pas pris en compte les mandats d'administrateur exercés par cette personne
dans les sociétés contrôlées par la société dont elle est administrateur.

Pour la rémunération, elle est fixée selon les modalités prévues par l’article 431 de l’Acte
Uniforme. Cet article dit que l’Assemblée peut allouer aux administrateurs à titre
d’indemnités, une somme fixe annuelle qu’elle détermine souverainement. Et cette somme est
librement répartie par le Conseil d’Administration entre ses membres.
Cet article 431 est complété par celui 432 qui prévoit la possibilité d’allouer une
rémunération exceptionnelle lorsque des missions ou des mandats sont confiés aux
administrateurs.
Le mandat d’administrateur prend fin par l’arrivée du terme, par la démission, par le
décès ou par la révocation qui doit être prononcée le cas échéant par l’assemblée générale
ordinaire. Il faut noter pour finir, que l’administrateur est révoqué Ad Nutum.

b- Les attributions du conseil d’administration


Le Conseil est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société. Le
Conseil précise les objectifs de la société ainsi que l’orientation qui doit être donnée à
l’administration. Il contrôle la gestion qui est assurée par le Président Directeur Général ou le
Directeur Général selon le cas. Il arrête les comptes de chaque exercice. Il intervient pour
autoriser les conventions passées entre la société et un Administrateur, le Directeur Général
ou un Directeur Adjoint. De même, s’il doit y avoir une convention dans laquelle ces
personnes sont directement intéressées, il faut l’autorisation du Conseil d’Administration.

Cette autorisation n’est pas nécessaire lorsqu’il s’agit de convention portant sur des opérations
courantes et conclues à des conditions normales. Les opérations courantes sont celles qui sont
effectuées par une société, d'une manière habituelle, dans le cadre de ses activités. Les
conditions normales sont celles qui sont appliquées, pour des conventions semblables, non
seulement par la société en cause, mais également par les autres sociétés du même secteur
d'activité.

Dans les cas où l’autorisation est nécessaire, son absence entraîne la nullité de la convention,
si celle-ci a eu des conséquences préjudiciables pour la société. La nullité, dans les hypothèses
où elle est encourue, peut être demandée par les organes de la société, mais aussi par tout
actionnaire individuellement. L'action en nullité se prescrit par trois (3) ans à compter de la
date de la convention. Toutefois, si la convention a été dissimulée, le point de départ du délai
de la prescription est réputé fixe au jour où elle a été révélée.
Cependant la nullité peut être couverte par un vote spécial de l’assemblée générale ordinaire.

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2 – La Direction de la SA
On a deux (2) possibilités s’il s’agit d’une SA avec Conseil d’Administration : soit c’est une
SA avec Président Directeur Général, soit c’est une SA avec Président du Conseil
d’Administration et Directeur Général.

a- Le Président Directeur Général


Il est nommé par le Conseil d’Administration parmi ses membres. La durée de son mandat ne
peut excéder celle de son mandat d’administrateur. Le mandat qui est renouvelable prend fin
soit par l’arrivée du terme, soit par le décès, soit par la démission, soit par la révocation.
Le Président Directeur Général préside le Conseil d’Administration et assure la
direction générale de la société. Il représente la société dans ses rapports avec les tiers. Rien
ne s’oppose à ce que le Président Directeur Général soit lié à la société par un contrat de
travail. Il y a donc possibilité pour lui de cumul si cela correspond à un emploi effectif.
La rémunération du Président Directeur Général est fixée par le Conseil d’Administration
dans les conditions prévues par l’article 430. L’article 430 dit que les administrateurs ne
peuvent percevoir d’autres rémunérations que celles prévues par les articles 431 et 432.
Le Conseil d’Administration peut, sur proposition du PDG, désigner une ou plusieurs
personnes physiques dans les fonctions de directeur général adjoint. La durée de leurs
fonctions est fixée par le Conseil. L’étendue des pouvoirs de ces DG adjoints est fixée par le
Conseil en accord avec le PDG. Dans les rapports avec les tiers, le DGA a les mêmes
pouvoirs que le PDG.

b- Le président du conseil d’administration et le directeur général


Ce sont des personnes physiques.
Le PCA est désigné par le Conseil parmi ses membres. Le PCA dirige les réunions du
Conseil et les Assemblées Générales. Il doit veiller à ce que le Conseil assure le contrôle de la
gestion du DG. A toute époque de l’année, il opère les vérifications qu’il juge utiles. Il ne peut
pas engager la société dans ses rapports avec les tiers. Sa rémunération est fixée par le Conseil
dans les conditions prévues à l’article 430.
Le DG est nommé par le Conseil d’Administration parmi ses membres ou en dehors
des membres. Il n’est pas forcément un administrateur. Le DG peut être révoqué à tout
moment par le Conseil d’Administration. Le DG assure la direction générale de la société. Il
la représente dans les rapports avec les tiers. Le DG peut, lui aussi, être lié à la société par un
contrat de travail, en plus du contrat de mandat qui le lie en tant que Directeur Général. Le
DG peut être assisté de directeurs généraux adjoints qui doivent être des personnes physiques
nommées par le Conseil d’Administration. Ces derniers sont dans la même situation que ceux
du PDG.

B : La société anonyme avec administrateur général


Il faut signaler que la possibilité d’opter pour cette forme n’est ouverte que s’il s’agit
d’une SA qui comporte un nombre d’actionnaires égal ou inférieur à Trois (3).
L’administrateur général assume sous sa responsabilité, les fonctions d’administrateur et de
directeur. Le premier administrateur est nommé dans les statuts ou par l’assemblée générale
constitutive.
En cours de vie sociale, l’administrateur général est nommé par l’assemblée générale
ordinaire. Cet administrateur général peut être choisi parmi les actionnaires ou parmi les tiers.

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C’est dans les statuts qu’on fixe la durée du mandat, mais cette durée ne peut dépasser deux
(2) ans pour le premier administrateur et six (6) ans pour les Administrateurs qui sont
nommés en cours de vie sociale. Dans cette limite, les associés fixent librement la durée. Les
fonctions prennent fin par l’arrivée du terme, mais le mandat est renouvelable. Elles prennent
fin par le décès, la démission ou la révocation qui peut être prononcée à tout moment par
l’assemblée générale ordinaire. Il y a des conventions qui sont interdites à l’administrateur
général et à ses proches. Ce sont celles qui sont prévues pour les SA avec Conseil
d’Administration.
Sur la proposition de l’administrateur général, l’assemblée peut désigner une ou
plusieurs personnes physiques comme d’administrateurs généraux adjoints. L’administrateur
général, comme le DG, le PDG et le Gérant, a la possibilité de signer un contrat de travail
avec la société. Mais il faut que ce contrat de travail corresponde à un emploi effectif.
L’administrateur général a droit à une rémunération qui est fixée dans les conditions prévues
par l’article 501 : "L’assemblée lui alloue une somme fixe annuelle à titre d’indemnités de
fonctions".

II : Les assemblées d’actionnaires


Il y a trois types d’assemblées : l’Assemblée Générale Ordinaire, l’Assemblée Générale
Extraordinaire et les Assemblées Spéciales.

A : L’Assemblée Générale Ordinaire


Elle est compétente pour prendre toutes les décisions qui ne relèvent pas de la compétence de
l’assemblée générale extraordinaire ni des assemblées spéciales. Elle a une compétence
résiduelle, de droit commun. C’est elle qui statue sur les Etats Financiers de Synthèse ; c’est
elle qui décide de l’affectation des résultats, nomme les administrateurs du conseil
d’administration, l’administrateur général, les organes de contrôle. Elle est compétente pour
statuer sur les conventions passées entre les dirigeants et la société.
Cette assemblée émet les obligations et approuve le rapport du commissaire aux
comptes établi obligatoirement chaque fois que la société achète à un actionnaire un bien dont
la valeur est égale au moins à cinq millions (5 000 000).
L’Assemblée se réunit au moins une fois par an dans les six (6) mois qui suivent la
clôture de l’exercice, sauf s’il y a une prorogation décidée par le président du Tribunal.
Les statuts prévoient un nombre minimal d’actions à détenir pour pouvoir assister aux
délibérations de l’assemblée. Ce nombre ne peut dépasser dix (10) actions. Si cette stipulation
existe, plusieurs actionnaires peuvent se regrouper pour atteindre le minimum et se faire
représenter par l’un d’eux.
Des règles de quorum et de majorité sont prévues. Sur première convocation,
l’assemblée ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou représentés possèdent
au moins le quart (1/4) des actions ayant le droit de vote.
Sur deuxième convocation, aucun quorum n’est exigé. Il est prévu que les décisions
sont prises à la majorité des voix exprimées, et que si l’on procède à un scrutin, il n’est pas
tenu compte des bulletins blancs.

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B : L’Assemblée Générale Extraordinaire


L’Assemblée Générale Extraordinaire est seule compétente à modifier les statuts. La règle est
une règle d’ordre public. L’AGE est seule compétente pour autoriser les fusions, scissions,
transformations et apports partiels d’actif, pour transférer le siège, pour dissoudre par
anticipation la société ou pour proroger la durée.

Contrairement à ce qui est prévu pour les assemblées générales ordinaires, ici les
statuts ne peuvent pas subordonner la participation aux assemblées à la détention d’un certain
nombre d’actions. Tous les associés peuvent participer librement aux dites assemblées.

Il y a des règles de quorum et de majorité.


Pour le quorum : L’AGE ne délibère valablement sur première convocation que si les
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Si le quorum
n’est pas atteint, l’Assemblée est convoquée une deuxième fois, et dans ce cas, il faut, pour
atteindre le quorum, que les actionnaires présents ou représentés possèdent le quart (1/4) des
actions. Si le quorum n’est pas atteint sur cette deuxième convocation, l’assemblée est
convoquée une troisième fois dans un délai qui ne peut excéder deux mois à compter de la
date de la deuxième convocation, et le quorum reste fixé au quart (1/4) des actions.
Pour la majorité, les décisions sont prises à la majorité des deux tiers (2/3) des voix
exprimées.

C : Les Assemblées Spéciales


Les assemblées spéciales regroupent les actionnaires d’une catégorie déterminée. Ces
actionnaires interviennent pour approuver les décisions des assemblées générales qui
modifient les droits de cette catégorie. Ces délibérations qui modifient les droits ne
deviennent définitives qu’après cette approbation.

Il y a des règles de quorum et de majorité.


Pour le quorum, sur première convocation, l’assemblée ne délibère valablement que si les
actionnaires présents ou représentés possèdent au moins la moitié des actions. Sur deuxième
convocation, le quorum est fixé au quart des actions. A défaut, l’Assemblée peut être
convoquée une troisième fois, le quorum reste fixé au quart des actionnaires.
Pour la majorité, les règles sont fixées aux deux tiers des voix exprimées. Et s’il est procédé
à un scrutin, il n’est pas tenu compte des bulletins blancs.

III : Les commissaires aux comptes

A : Le choix des commissaires aux comptes


Le choix ne peut porter que sur des personnes physiques ou des sociétés constituées de
personnes physiques. Et si la société a son siège dans un Etat où il y a un ordre des experts
comptables, seuls peuvent être désignés les experts comptables agréés. Les fonctions du
commissaire aux comptes sont incompatibles avec certaines activités notamment celles visées
par l’article 597. Il s’agit d’abord des activités de nature à porter atteinte à l’indépendance des
commissaires aux comptes.

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Il y a ensuite les emplois salariés, mais rien ne s’oppose à ce l’expert comptable exerce une
activité d’enseignement se rattachant à l’exercice de sa fonction. Il y a aussi les activités
commerciales, qu’elles soient exercées de manière directe ou indirecte.
Il faut noter que certaines personnes ne peuvent pas être nommées commissaires aux comptes.

Les Personnes qui ne peuvent pas être nommées :


La liste est dressée par l’article 698 qui dit que les personnes suivantes ne peuvent être
nommées commissaires aux comptes. Il s’agit :
 Des fondateurs, apporteurs, bénéficiaires d’avantages particuliers, dirigeants de la société
ou d’une de ses filiales ainsi que leurs conjoints ;
 Des parents et alliés jusqu’au quatrième degré ;
 Des dirigeants de sociétés qui possèdent le dixième du capital de la société contrôlée, ou
dont la société contrôlée détient 10% du capital ainsi que leurs conjoints ;
 Des personnes qui, directement ou indirectement, reçoivent de ceux qui sont visés en
premièrement ou en troisièmement un salaire ou une rémunération quelconque en raison
d’une activité permanente autre que celle de commissaire aux comptes. Cette interdiction
vise aussi leurs conjoints ;
 Des sociétés de commissaires aux comptes dont l’un des dirigeants, associés ou
actionnaires se trouve dans l’un des cas précédents ;
 Enfin des sociétés de commissaires aux comptes dont l’un des dirigeants, associés ou
actionnaires a son conjoint qui se trouve dans l’un des cas prévus au cinquièmement.

B : La nomination des commissaires aux comptes.


Lorsque la société ne fait pas appel public à l’épargne, elle désigne un commissaire aux
comptes titulaire et un suppléant. Pour celles qui font appel public à l’épargne, il faut deux
titulaires et deux suppléants.
Les premiers commissaires aux comptes sont nommés soit dans les statuts, soit par
l’assemblée constitutive pour deux (2) exercices. Les autres, ceux qui sont nommés en cours
de vie sociale, sont désignés par l’AGO pour six (6) exercices.

Il faut noter que le commissaire aux comptes peut être récusé lorsqu’on a des raisons
de douter de son impartialité. L’article 730 ne donne pas les cas de récusation. La récusation
est demandée par un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital.
Elle peut aussi être demandée par le Ministère public (Procureur). La demande de récusation
est présentée dans le délai de trente (30) jours à compter de la date de l’AGO qui a nommé le
commissaire aux comptes. La demande est formulée contre le commissaire aux comptes et
contre la société.
Le commissaire aux comptes peut aussi être révoqué. La révocation peut être
demandée par les actionnaires représentant au moins le dixième (1/10) du capital, ou le
conseil d’administration, ou l’administrateur général selon le cas, ou l’AGO ou encore le
Ministère Public (Procureur). La demande est présentée et traitée de la même manière que la
demande de récusation.

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C : L’exercice des fonctions de commissaire aux comptes

1 – Les missions du commissaire aux comptes

Le commissaire aux comptes certifie que les Etats Financiers sont réguliers et donnent
une image fidèle des résultats des opérations, de la situation financière et du patrimoine au
cours de l’exercice.

Le commissaire aux comptes vérifie les valeurs et documents comptables, il contrôle


la conformité de la comptabilité à la législation en vigueur.

Cette mission de contrôle et de vérification s’exerce de manière permanente mais


exclut le commissaire aux comptes de toute immixtion dans la gestion de la société. Il vérifie
la sincérité des informations données dans les rapports des dirigeants et des documents
adressés aux actionnaires. Il vérifie aussi leur concordance avec les Etats Financiers. Il
s’assure du respect de l’égalité entre actionnaires et il veille notamment à ce que toutes les
actions d’une même catégorie bénéficient des mêmes droits.

Après les contrôles qu’il effectue conformément aux méthodes et directives du droit
comptable, il rédige un rapport. Selon l’organe destinataire, il existe deux types de rapports
dressés par le commissaire aux comptes :

 Il y a un premier rapport destiné à l’AGO. Dans ce rapport, il a trois (3) possibilités : soit
certifier la régularité et la sincérité des Etats Financiers, soit refuser la certification en
précisant les motifs, soit assortir la certification de réserves ;

 Il y a un deuxième rapport destiné aux dirigeants. Dans ce dernier, il porte à la


connaissance de l’organe les contrôles, les vérifications et sondages ainsi que les résultats,
les postes de bilan et autres documents comptables auxquels il faut apporter des
modifications, les irrégularités et inexactitudes découvertes, et enfin les conclusions
auxquelles conduisent les observations et rectifications sur les résultats de l’exercice
comparés à ceux du dernier exercice.

Le commissaire aux comptes a également des obligations de dénonciation et sa


responsabilité peut être engagée s’il ne s’acquitte pas de cette tâche. Dans ce cadre, il doit
signaler à la prochaine assemblée, les irrégularités et les inexactitudes qu’il a relevées dans
l’exercice de ses fonctions. Il doit révéler au Ministère public (Procureur) les faits délictuels
dont il a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions.

Enfin le commissaire aux comptes doit déclencher la Procédure d’Alerte. S’il


découvre dans l’exercice de ses fonctions des faits capables de compromettre la continuité de
l’exercice, il demande des explications aux dirigeants, puis au conseil d’administration, puis
enfin à l’AGO le cas échéant.

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2 – La Responsabilité du Commissaire aux Comptes


Il y a la responsabilité civile, la responsabilité pénale et les sanctions disciplinaires.

a – La responsabilité civile
Elle peut être engagée à l’égard des tiers et de la société, lorsque le préjudice subi par
ces derniers trouve sa source dans une faute ou une négligence commise par le commissaire
aux comptes, dans l’exercice de ses fonctions. L’action en responsabilité se prescrit par trois
(3) ans à compter du jour du fait dommageable ou de sa révélation si le fait a été dissimulé.
Le délai est porté à dix (10) ans si le fait est qualifié crime. Il faut signaler ici que le
Législateur OHADA a prévu des cas d’exonération de la responsabilité du commissaire aux
comptes.
 La responsabilité du commissaire aux comptes ne peut être engagée pour les informations
et divulgations de faits auxquelles il procède dans le cadre de l’exercice de ses fonctions,
conformément aux dispositions de l’article 716 ;
 La responsabilité du commissaire aux comptes ne peut plus être engagée pour des
dommages résultant des fautes commises par les dirigeants sauf si, ayant eu connaissance
de ces fautes, il ne les a pas faits connaître à l’assemblée dans son rapport.

b – La responsabilité pénale
Il y a deux (2) dispositions de l’Acte Uniforme qui prévoient la Responsabilité Pénale
du commissaire aux comptes. Ce sont les articles 898 et 899. L’article 898 dit que le
commissaire aux comptes commet une infraction s’il accepte, exerce ou conserve ses
fonctions nonobstant les interdictions légales. Et la loi sénégalaise prévoit pour cette
infraction une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et une peine d’amende de cent
milles à un million ou l’une de ces peines.
L’article 899 lui, prévoit que le commissaire aux comptes encourt une sanction pénale
s’il donne ou confirme sciemment des informations mensongères sur la situation de la société
ou s’il s’abstient de révéler au Ministère Public les faits dont il a eu connaissance dans
l’exercice de ses fonctions. Et la loi prévoit une peine d’emprisonnement d’un an à cinq ans
et une peine d’amende de 500 000 à 5 000 000 ou l’une de ces peines.

c – Les sanctions disciplinaires


Les sanctions disciplinaires prévues sont les suivantes :
 Il y a d’abord l’avertissement ;
 Il y a ensuite la réprimande devant le Conseil de l’Ordre ;
 Il y a aussi le blâme avec une inscription au dossier ;
 Il y a également la suspension d’une durée minimale de trois (3) mois et maximale de
trois (3) ans ;
 Il y enfin la radiation.

L’organe compétent pour prononcer la sanction est la chambre de discipline de l’Ordre.

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Para II : La vie financière de la société anonyme


La répartition des bénéfices ayant déjà été traitée, nous insisterons ici sur
l’amortissement et les modifications du capital.

I / L’amortissement du capital
L’amortissement du capital, c’est l’opération par laquelle la société rembourse aux
actionnaires tout ou partie du nominal des actions et ceci, à titre d’avance sur le produit de la
liquidation future de la société.
La décision d’amortir le capital est prise par l’Assemblée Générale Ordinaire des
associés lorsque les statuts l’ont prévu. Dans le cas contraire, elle relève de l’Assemblée
Générale Extraordinaire.
L’amortissement du capital se réalise par voie de remboursement égal pour chaque
action d’une même catégorie et on ne peut pas toucher au capital social pour la réalisation de
l’opération. L’opération se fait sur la base des bénéfices ou réserves non statutaires.
L’amortissement peut être intégral ou partiel.
Pour ce qui est des effets de l’amortissement, il faut signaler que les actions amorties
conservent tous les droits à l’exception du droit au premier dividende et du droit au
remboursement du nominal qu’elles perdent à due concurrence.

II / Les modifications du capital

A / L’augmentation du capital
Il faut signaler en observation préliminaire que tant que le capital n’est pas entièrement
libéré, il ne peut y avoir augmentation de capital, sauf par apport en nature (article 389, alinéa
dernier).
L’organe compétent pour décider de l’augmentation est l’Assemblée Générale
Extraordinaire. Elle prend la décision sur le rapport du conseil d’administration ou de
l’administrateur général et du commissaire aux comptes. Cette augmentation se traduit soit
par l’augmentation du nombre d’actions, soit par la majoration du nominal des actions déjà
existantes.
S’il s’agit d’augmentation de capital par émission d’actions nouvelles, celles-ci sont
libérées soit en espèce, soit par compensation avec des créances certaines, liquides et
exigibles sur la société, soit par incorporation des réserves, bénéfices ou primes d’émission,
soit par apport en nature.
Lorsqu’il y a émission d’actions nouvelles, les actionnaires ont un droit préférentiel de
souscription, et ce droit est négociable s’il est détaché d’actions négociables. Ce droit de
souscription s’exerce d’abord de manière irréductible, c’est-à-dire chaque actionnaire a le
droit de souscrire un nombre d’actions nouvelles proportionnel au nombre d’actions anciennes
qu’il détenait avant l’augmentation.
Si l’Assemblée Générale Extraordinaire le prévoit, les actionnaires auront un droit
préférentiel à titre réductible pour les actions nouvelles qui n’ont pas été souscrites à titre
irréductible.
Les actions nouvelles sont émises soit à leur valeur nominale, soit à leur valeur
nominale majorée d’une prime d’émission. C’est l’Assemblée Générale Extraordinaire qui va
déterminer le prix des actions sur le rapport du Commissaire aux Comptes.

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Lorsqu’il y a augmentation par apport en nature ou stipulation d’avantages


particuliers, il faut faire intervenir le Commissaire aux apports.

La consécration de l’attribution gratuite d’actions.

L’assemblée générale extraordinaire, sur le rapport du conseil d’administration ou de


l’administrateur général, selon le cas, et sur le rapport spécial du commissaire aux comptes,
peut autoriser le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon le cas, à procéder,
au profit des membres du personnel salarié de la société ou de certaines catégories d’entre
eux, à une attribution gratuite d’actions existantes ou à émettre.

L’assemblée générale extraordinaire fixe le pourcentage maximal du capital social pouvant


être attribué dans les conditions définies au premier alinéa. Le nombre total des actions
attribuées gratuitement ne peut excéder dix pour cent (10 %) du capital social à la date de la
décision de leur attribution par le conseil d’administration ou l’administrateur général, selon
le cas.
Elle fixe également le délai pendant lequel cette autorisation peut être utilisée par le conseil
d’administration ou l’administrateur général, selon le cas. Ce délai ne peut excéder trente-six
(36) mois.

Le président du conseil d’administration, l’administrateur général, les administrateurs


généraux adjoints, le directeur général, les directeurs généraux adjoints d’une société
anonyme peuvent se voir attribuer des actions de la société dans les mêmes conditions que les
membres du personnel salarié.

Lorsque l’attribution porte sur des actions à émettre, l’autorisation donnée par l’assemblée
générale extraordinaire emporte de plein droit, au profit des bénéficiaires des actions
attribuées gratuitement, renonciation des actionnaires à leur droit préférentiel de souscription.
L’augmentation de capital correspondante est définitivement réalisée du seul fait de
l’attribution définitive des actions aux bénéficiaires.

Les sociétés qui attribuent gratuitement leurs actions peuvent, à cette fin, souscrire ou
acquérir leurs propres actions. Les actions ainsi acquises doivent être attribuées dans le délai
d’un an à compter de l’acquisition.
La libération des actions souscrites ou le paiement des actions acquises en vue d’une
attribution gratuite est réalisée par un prélèvement obligatoire, à concurrence du montant des
actions à attribuer, sur la part des bénéfices d’un ou de plusieurs exercices ainsi que des
réserves, à l’exception de la réserve légale.

B / La Réduction du Capital

1 – La Réduction motivée par des Pertes

Il est prévu pour les SA que, si du fait des pertes constatées dans les documents comptables,
les Capitaux Propres deviennent inférieurs à la moitié du capital, le Conseil d’Administration
ou l’Administrateur Général convoque les Associés, pour se prononcer sur l’opportunité
d’une dissolution anticipée.

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Deux possibilités peuvent se présenter alors :


 L’Assemblée ne peut pas se réunir faute de convocation ou l’Assemblée ne peut
pas valablement délibérer faute de quorum : Dans ce cas, tout intéressé peut
demander à la Juridiction compétente la dissolution. Et la Juridiction peut accorder
un délai de quatre (4) mois pour la Régularisation. Et si la Régularisation
intervient avant le jour où la Juridiction statue sur le fond, elle ne peut prononcer la
dissolution.
 L’Assemblée est convoquée et peut valablement délibérer. Dans ce cas, elle a une
option : soit elle prononce la dissolution anticipée, soit elle écarte la dissolution.
Dans le cas où elle écarte la dissolution, elle doit, au plus tard à la clôture du
deuxième (2ème) exercice qui suit la clôture de celui auquel les pertes ont été
constatées, réduire son capital d’un montant égal à celui des pertes qui n’ont pu
être imputées dans le délai, sauf si dans ledit délai, les capitaux propres ont pu être
reconstitués pour être au moins égaux à la moitié du capital social.

2 - La Réduction non motivée par des Pertes


Cette réduction est décidée ou autorisée par l’Assemblée Générale Extraordinaire. Mais
l’Assemblée peut déléguer ses pouvoirs à l’Administrateur Général ou au Conseil
d’Administration pour réaliser cette opération. Comme pour la SARL, il y a deux (2) règles à
observer :

 D’abord le respect de l’égalité entre actionnaires ;


 Ensuite il faut éviter de faire descendre le capital en dessous du minimum légal.

Contrairement à ce qui se passe pour la réduction motivée par des pertes, ici les
créanciers ont la possibilité de faire opposition. Si les créanciers font opposition, et si
l’opposition est accueillie, la possibilité de la réduction est interrompue. Il y a donc
différence d’avec ce qui est prévu pour la SARL, parce qu’il y a interruption jusqu’à la
constitution de garanties si la société en offre et si elles sont jugées suffisantes ou jusqu’au
remboursement des créances.

C : La consécration du capital variable


C’est une nouveauté consacrée par le nouvel acte uniforme. C’est l’art 269 qui est siège de
cette nouveauté.
Il peut être stipulé dans les statuts des sociétés anonymes ne faisant pas appel public à
l’épargne que le capital social est susceptible soit d’augmentation par des versements
successifs des associés ou l’admission d’associés nouveaux, soit de diminution par la reprise
totale ou partielle des apports effectués.

Si la société use de la faculté accordée, cette circonstance doit être mentionnée dans tous les
actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers, par l’addition à la forme sociale
des mots " à capital variable ".

Par dérogation aux dispositions du présent Acte uniforme, les statuts des sociétés à capital
variable organisent les modalités de souscription, de libération et de reprise des apports.

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Ne sont pas assujettis aux formalités de dépôt et de publication les actes constatant les
augmentations ou les diminutions du capital social opérées dans les termes de l’article 269, ou
les retraits d’associés qui auraient lieu conformément au même article 269.

Les dispositions relatives au droit d’opposition des créanciers en cas de réduction de capital
non motivée par des pertes sont inapplicables.

Les statuts déterminent une somme au-dessous de laquelle le capital ne peut être réduit par les
reprises des apports autorisées. Cette somme ne peut être inférieure ni au dixième du capital
social stipulé dans les statuts ni au montant minimal du capital exigé pour la forme de la
société considérée par les dispositions la régissant.

RETRAIT D’ASSOCIE
Sauf clause contraire, la loi prévoit pour chaque associé le droit de se retirer de la société à
tout moment.
Les statuts peuvent aussi stipuler que l’assemblée générale ou la collectivité des associés a le
droit de décider, à la majorité fixée par les statuts, que l’un ou plusieurs des associés cessent
de faire partie de la société.
L’associé qui cesse de faire partie de la société, soit par l’effet de sa volonté, soit par suite de
la décision de l’assemblée générale ou de la collectivité des associés, reste tenu, pendant cinq
(5) ans, envers les associés et envers les tiers, de toutes les obligations existant au moment de
son retrait. L’associé, n’est tenu que dans la limite des sommes qui lui ont été restituées avant
son départ.

SECTION 4 : La Disparition

Para 1 : La Transformation
Il faut que la SA ait été constituée depuis au moins deux (2) ans. Il faut aussi qu’elle
ait établi et fait approuver le bilan de ses deux premiers exercices.
La décision de transformation est nécessairement précédée d’un rapport du
Commissaire aux Comptes. Dans son rapport, le Commissaire aux Comptes atteste que l’actif
net est au moins égal au capital social.
Si la société a émis des obligations, la décision est soumise à l’approbation de
l’Assemblée des Obligataires.
Si la transformation doit déboucher sur une SNC, il faut l’unanimité. Mais dans ce cas,
les conditions qui avaient été posées ne sont plus exigibles.
Si la SA doit être transformée en SARL, la décision est prise conformément aux règles
prévues pour les modifications des statuts.

Para II : La Dissolution
On retrouve ici toutes les causes de dissolution déjà vues, sauf la Réunion des droits
sociaux entre les mains d’un seul associé.
Il y a des causes propres notamment la Perte non suivie de régularisation dans le délai
de plus de la moitié du capital.

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TITRE 3 : LES LIENS ENTRE SOCIETES

Nous verrons d’une part les Liens de Droit, et d’autre part les Opérations de Fusion, de
Scission et d’Apport Partiel d’actif.

CHAPITRE 1 : LES LIENS DE DROIT

Dans le livre 4 de la première partie de l’acte uniforme, le Législateur consacre une rubrique
aux liens de droit entre sociétés. Dans cette rubrique, il traite des groupes de sociétés, des
participations et des sociétés mères et filiales.

SECTION 1 : Les Groupes de Sociétés

C’est l’article 173 qui définit le Groupe de Sociétés comme l’ensemble formé par les sociétés
unies entre elles par des liens divers qui permettent à l’une de contrôler les autres. Dans le
Groupe, deux (2) éléments sont extrêmement importants : les Liens et le Contrôle.

Para 1 : Les Liens Unissant les diverses Sociétés.

De quels types de liens s’agit-il ?


Si on s’en tient à l’intitulé du livre 4, il s’agit de liens de droit. Mais il (M. DIOUF) ne pense
pas qu’il s’agisse véritablement de ce type de liens. C’est plutôt des liens financiers et ces
liens peuvent résulter d’opérations diverses. Il peut arriver par exemple qu’une société fasse
apport d’une partie de ses actifs à une autre société. Elle reçoit en contrepartie, des parts ou
des actions dans la société bénéficiaire qui lui permettent de détenir un pourcentage du capital
qui débouche sur un contrôle. Cela peut également provenir d’une souscription lors d’une
augmentation de capital. Cela peut résulter enfin d’un rachat des parts ou actions d’une
société par elles émises.

Mais il ne suffit pas qu’il y ait des liens. Il faut que ces liens créent le contrôle.

Para 2 : Le Contrôle
Il est défini par l’article 174 comme la détention effective du pouvoir de décision au sein
d’une société. Cet article 174 est complété par l’article 175 qui évoque deux (2) cas dans
lesquels le contrôle est présumé.

 1er Cas : Lorsqu’une Personne Physique ou une Personne Morale détient


directement ou indirectement par personne interposée plus de la moitié des droits
de vote ;
 2ème Cas : Lorsqu’une Personne Physique ou une Personne Morale dispose de plus
de la moitié des droits de vote dans une société en vertu d’accords conclus avec
d’autres associés.

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NB :
On fait référence au droit de vote et non à la part de capital détenue.
Exemple : A détient 30% du capital, ses actions ont un droit de vote double.
B détient 45% du capital, et C, 25%. C’est A qui contrôle la société.

 Le contrôle peut être direct ou indirect. On tient compte des voix détenues
directement et des voix détenues indirectement par l’intermédiaire d’autres
sociétés qu’elle contrôle déjà.
Exemple : A détient 60% du capital de B et 30% de celui de C, B détient 55% du capital de C.

L’Acte Uniforme parle de contrôle de groupe mais ne fixe pas le régime juridique du groupe.
Tout ce que l’on sait, c’est que le groupe n’a pas la personnalité morale. Chaque société
conserve sa propre personnalité morale. Mais le groupe constitue une communauté qu’on ne
peut ignorer. C’est pourquoi en France, la Jurisprudence a élaboré un certain nombre de règles
visant à protéger les créanciers, les salariés et les associés. Ex : Condamnation de la société
dominatrice à supporter le passif de la société dominée ; Conservation de l’ancienneté pour un
salarié qui transhume d’une société à une autre du groupe…

SECTION 2 : La Participation dans le Capital d’une autre société

L’article 176 de l’Acte Uniforme définit la participation à partir d’un critère financier
quantitatif : "Lorsqu’une société détient dans le capital d’une autre société une fraction égale
ou supérieure à 10%, il y a Participation". Ces participations peuvent être réciproques. Les
participations réciproques sont dangereuses pour deux (2) raisons :

 1ère Raison : Il y a Fictivité de l’Actif du fait que chaque société détient indirectement
une part de son capital ;
 2ème Raison : C’est le phénomène de Verrouillage : les dirigeants sont inamovibles, on
ne peut pas les changer.

Compte tenu de ces dangers, le Législateur est intervenu dans les articles 177 et 178 pour
réglementer les participations réciproques.
L’article 177 vise l’hypothèse où une société détient dans le capital d’une société à
risque limité une part supérieure à 10%. Quand on dit société, peu importe la nature (le texte
est mal fait). Et dans une telle hypothèse, la société à risque limité ne peut pas détenir
d’actions ou de parts dans l’autre société. Si la situation se présente, il faut régulariser soit par
la cession des actions détenues par l’autre société jusqu’à 10% ou moins, soit par la cession
totale des actions ou parts de l’autre société détenues par la société à risque limité. Mais pour
cela, il faut un accord. A défaut d’accord, celle qui détient la fraction la plus faible doit céder
ses actions ou parts. [Mais logiquement c’est la société à risque limité qui devrait céder ses
parts puisque c’est elle qui est visée par l’interdiction]. Si l’investissement est de même
niveau, chaque société doit céder ses parts ou actions afin que sa participation ne dépasse pas
10%. En attendant la cession, les parts ou actions qui doivent faire l’objet de la cession
cessent de donner droit au vote et au droit aux bénéfices. Et s’il s’agit d’actions, elles sont
privées de droit préférentiel de souscription en cas d’augmentation de capital.

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L’article 178 vise le cas où une société autre qu’une société à risque limité compte parmi ses
associés une société à risque limité. Cet article fait une distinction : si la fraction détenue par
la société à risque limité est supérieure à 10%, l’autre ne peut pas détenir d’action ou de parts
de la première. Si maintenant la fraction détenue par la société à risque limité est égale ou
inférieure à 10%, l’autre ne peut détenir plus de 10%.
Dans l’un ou l’autre cas, par application de l’article 178, c’est l’autre société qui doit
céder en tout ou partie ses actions dans la société à risque limité. Là aussi, jusqu’à la cession
effective, les actions ou parts qui doivent être cédées sont privées du droit de vote et du droit
aux dividendes.

Exemple 1 : SNC détient 15% du capital de SA et SA détient 11% du capital de SNC. La


SNC doit céder la totalité de ses actions.

Exemple 2 : SCS détient 11% du capital de SARL, et SARL détient 8% du capital de SCS. La
SCS doit céder la part de sa participation excédant 10% (ici 1%).

SECTION 3 : Les Rapports Sociétés Mères – Filiales

Le Législateur définit les Sociétés Mères – Filiales en partant d’un critère financier
quantitatif. Si une société détient dans le capital d’une autre société des participations
supérieures à 50%, elle est considérée comme Mère, et l’autre est une Filiale.
La Filiale a sa propre personnalité morale ; elle a un patrimoine distinct du patrimoine
de la Société Mère. La Filiale se distingue ainsi de la Succursale qui elle, n’a pas de
personnalité morale. Il faut souligner qu’une société peut être Filiale commune de deux (2)
Sociétés Mères (art. 180). Pour qu’il en soit ainsi, il faut deux (2) conditions :

 1ère Condition : Les sociétés mères doivent détenir dans le capital de la Filiale
séparément, de manière directe ou indirecte, une participation suffisante pour
qu’aucune décision extraordinaire ne puisse être prise sans leur accord ;
 2ème Condition : Il faut qu’elles participent à la gestion de la Filiale commune.

CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE FUSION, DE SCISSION OU D’APPORT PARTIEL

SECTION 1 : Présentation des Différentes Opérations

La Fusion : C’est l’opération par laquelle deux (2) ou plusieurs sociétés se réunissent pour
n’en former qu’une seule. La Fusion peut prendre deux (2) formes. Il peut s’agir de Fusion
par création d’une société nouvelle. Il peut s’agir aussi d’une Absorption d’une société par
une autre.

La Scission : C’est l’opération par laquelle une société apporte son patrimoine à plusieurs
sociétés qui existent déjà ou qui doivent être créées.

L’Apport Partiel d’Actif : C’est l’opération par laquelle une société apporte une branche
autonome d’activité à une société qui existe déjà ou qui doit être créée. Il n’y a pas de
transmission universelle du patrimoine.

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SECTION 2 : Les Conditions de Réalisation

Il faut signaler que ces différentes opérations peuvent intervenir entre des sociétés de
forme différente. Il faut aussi signaler qu’une société, même en liquidation peut participer à
ces opérations.
Ces opérations sont décidées dans chaque société à la majorité requise pour la
modification des statuts. Mais, si l’opération doit déboucher sur une augmentation des
engagements des associés, il faut l’unanimité.
Il faut également suivre les procédures prévues en matière d’augmentation de capital.
Il faut enfin respecter les procédures prévues en matière de dissolution des sociétés.

Pour la procédure proprement dite, il faut d’abord un projet de fusion ou de scission


arrêté par les organes dirigeants. Dans le projet, on doit indiquer les mentions qui sont prévues
par l’article 193. Il est déposé au greffe du Tribunal Régional dans le ressort duquel se trouve
le siège des sociétés concernées. Ce projet qui doit contenir les indications prévues par
l’article 194 fait l’objet d’une publication sous forme d’avis dans un journal d’annonces
légales.

Les sociétés qui participent à l’opération doivent faire une déclaration de régularité et de
conformité exigée à peine de nullité de l’opération.

SECTION 3 : Les Effets

La Fusion et la Scission entraînent la dissolution des sociétés qui disparaissent. Mais la


dissolution n’entraîne pas de liquidation. Il y a Transmission Universelle du patrimoine. Les
associés des sociétés qui disparaissent vont acquérir des actions ou parts dans la société
bénéficiaire. Et cette acquisition se fait selon les conditions prévues par le contrat. On établit
un rapport d’échange pour le fait, sur la base duquel l’attribution est faite.
Il faut signaler que l’on ne procède pas à l’échange des parts ou actions de la société
bénéficiaire contre des parts ou actions de la société qui disparaît dans deux (2) cas :

1er Cas : Lorsque les parts ou actions sont détenues par la société bénéficiaire ou par une
personne agissant en son propre nom, mais pour le compte de la société bénéficiaire ;

2ème Cas : Lorsque les parts ou actions sont détenues par la société qui disparaît ou par une
personne agissant en son propre nom, mais pour le compte de cette société qui disparaît.
Lorsqu’il s’agit d’apport partiel d’actif, il n’y a pas de dissolution de la société qui
réalise l’opération d’apport.

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LE STATUT DE L’ENTREPRENANT

L’introduction du statut de l’entreprenant dans l’acte uniforme relatif au droit commercial


général a été une des reformes majeures intervenue en 2011.

L’entrepreneur est un professionnel indépendant dont la qualité la plus marquante est celle
d’un acteur dynamique de la vie économique.

Le développement de la para-commercialité et le besoin de sortir d’avantage de l’informel


une catégorie d’acteurs de la vie économique explique l’introduction d’un statut
d’intermédiaire entre le statut de civil et celui de commerçant.

I : DEFINITION

L’article 30 de l’A.U définit l’entreprenant comme étant un entrepreneur individuel, personne


physique qui exerce une activité professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole.

Il faut ainsi remarquer au vue de la définition que les personnes morales sont exclues du
champ de l’entreprenant, seules les personnes physiques peuvent devenir entreprenant.

De même, on remarque que le statut d’entreprenant s’étend à tous les domaines de la vie
économique. L’entreprenant a un champ d’activité beaucoup plus large que le commerçant.

L’entreprenant ne doit pas faire un certain chiffre d’affaires. L’acte uniforme fixe un seuil au
dessus duquel l’entreprenant perd le bénéfice de la législation spéciale qui lui était applicable.

Le statut d’entreprenant étant une transition et non une fin en soi , il ressort de l’art 30 al 1,
que l’entreprenant ne conserver son statut que si le chiffre d’affaires annuel généré par son
activité pendant deux exercice successifs n’excède pas les seuils fixés par l’acte uniforme
portant organisation et harmonisation des comptabilité des entreprises au titre du système
minimal de trésorerie.

Ces seuils sont fixés par l’art 13 al 2 comme suit :

En tenant compte de la nature de l’activité, il est de 30 millions pour les entreprises de


négoce, de 20 millions pour les entreprises artisanales et entreprises assimilées et de 10
millions pour les entreprises de services ;

II : LES OBLIGATIONS DE L’ENTREPRENANT

A : OBLIGATION DE DECLARATION

L’entrepreneur n’est pas assujetti à l’immatriculation, mais à une procédure plus simple et
plus aisée, la déclaration d’activité.

L’entrepreneur doit faire une déclaration d activité au registre de commerce et du crédit


mobilier. Cette déclaration faite au niveau du greffe du tribunal régional est sans frais.

Dés la réception de la déclaration d’activité dûment remplie et des pièces exigées, il est remis
au déclarant un accusé d’enregistrement qui mentionne la date de la formalité accomplie et le
numéro de déclaration d’activité.

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Il faut noter que l’entreprenant ne peut commencer son activité qu’après réception de ce
numéro qu’il doit mentionner sur ses factures, bons de commandes, Alors que le commerçant
doit s’immatriculation dans le mois qui suit le début de son activité.

Le numéro de déclaration d’activité est personnel et nul ne peut être déclaré comme
entreprenant à plusieurs registres ou sous plusieurs numéros dans un même registre.

Contrairement aux effets de l’immatriculation, l’entreprenant ne peut exercer son activité que
dans l’Etat où il s’est fait déclaré et non dans un Etat voisin ou dans un autre Etat qui soit ou
non partie à l’OHADA.

B : OBLIGATIONS COMPTABLES

Les obligations comptables de l’entreprenant sont réduites. En effet l’art 31 lui fait obligation
d’établir, dans le cadre de son activité, au jour le jour, un livre mentionnant par ordre
chronologique l’origine et le montant de ses ressources, en distinguant les règlements par
espèces et les autres modes de règlement d’une part, la destination et le montant des emplois
de l’autre.

Le dit livre doit être conservé pendant cinq ans au moins.

L’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises, d’objets, de fourniture de


logement ou de fourniture de denrées doit tenir un registre, récapitulatif par année, présentant
le détail des achats et précisant leur mode de règlement et les références des pièces
justificatifs.

Ces pièces doivent être conservées.

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TROISIEME PARTIE :
QUELQUES CAS SANS
CORRECTIONS

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 CAS DROIT COMMERCIAL GENERAL

CAS N°1

Abdou, un fonctionnaire en retraite, a acheté, avec ses économies un immeuble comportant


dix appartements qu’il a décidé de mettre en location. Pour équiper les locaux, il a signé un
contrat avec Doudou qui doit lui livrer le mobilier et les appareils électroménagers. Doudou a
signé le contrat de vente en son nom, mais il agit pour le compte de Demba qui ne lui a pas
donné de mandat pour passer une convention d’arbitrage. Dans le contrat était insérée la
stipulation suivante : « tous les litiges pouvant résulter de l’exécution de la présente
convention seront soumis à l’arbitrage du Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation
de Dakar ». C’est sur la base de cette convention qu’Abdou a saisi le centre d’arbitrage d’une
demande tendant à la résolution du contrat pour défaut de conformité des produits livrés.
L’arbitre désigné par le centre a fait droit à sa demande.
Il vous est demandé de donner votre avis sur la sentence rendue par l’arbitre et que
Demba entend remettre en cause.

Abdou a aussi signé un contrat avec Issa qui s’est engagé à effectuer les travaux de décoration
pour un montant de deux millions. A la fin des travaux, Issa, qui estime qu’Abdou n’a pas
payé le montant prévu, a saisi le tribunal régional de Dakar. Pour sa défense, Abdou soulève
deux moyens :
-le premier est tiré de ce qu’il y a incompétence des juridictions étatiques en raison de la
convention d’arbitrage signée avec Issa ; en effet, selon lui, dans le contrat qu’ils ont signé, il
existe une clause ainsi libellée : « tous les litiges pouvant résulter de l’exécution du présent
contrat feront l’objet d’une tentative de conciliation ; à défaut de conciliation, le tribunal
départemental sera de Dakar sera saisi » ;
- le second est tiré de ce que les sommes dues ont été payées.

Il était aussi en conflit avec un autre commerçant avec qui il était en relation d’affaires. il a
assigné ce dernier devant le tribunal régional de Dakar malgré l’existence d’une clause
compromissoire dans le contrat de vente qui les liait. il justifie cette saisine du tribunal par le
fait que les arbitres qui devaient être saisis étaient devenus incompétents du fait de la nullité
de la convention d’arbitrage.
Le tribunal saisi est-il compétent ?

CAS N°2

La profession de Moussa consistait à mettre en relation des personnes voulant contracter.


Dans le cadre de l’exercice de cette activité, il avait demandé son immatriculation au RCCM.
Depuis quelques années, il abandonné cette activité, mais n’a pas jugé utile de demander sa
radiation. Désormais il a une entreprise de menuiserie.

Il est en contentieux avec Ismaïla, un de ses clients, qui lui avait commandé des meubles pour
équiper son fonds de commerce. Le litige qui les oppose vient de ce que Ismaïla à qui Moussa
réclame le paiement de la commande déjà livrée prétend avoir déjà payé ; il offre d’ailleurs de
prouver son paiement par la production de ses livres. Ce que conteste Moussa qui prétend
qu’il n’est plus un commerçant mais un artisan. Que pensez – vous de ce litige ?

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CAS N°3

La profession de Moussa consistait à mettre en relation des personnes voulant contracter.


Dans le cadre de l’exercice de cette activité, il avait demandé son immatriculation au RCCM.
Depuis quelques années, il abandonné cette activité, mais n’a pas jugé utile de demander sa
radiation. Désormais il a une entreprise de menuiserie.

Il est en contentieux avec Ismaïla, un de ses clients, qui lui avait commandé des meubles pour
équiper son fonds de commerce. Le litige qui les oppose vient de ce que Ismaïla à qui Moussa
réclame le paiement de la commande déjà livrée prétend avoir déjà payé ; il offre d’ailleurs de
prouver son paiement par la production de ses livres. Ce que conteste Moussa qui prétend
qu’il n’est plus un commerçant mais un artisan.
Que pensez – vous de ce litige ?

CAS N°4

Seynabou l’épouse de Macodou exerce son activité commerciale dans un local loué par
Abdou depuis 3 ans. En consultant les documents, elle a découvert que le bail arrive à
expiration le 25 novembre 2006.

Que doit-elle faire si elle souhaite le renouvellement du bail ? Dans quel délai ?
Ismaïla a un contentieux avec son bailleur qui lui a notifié un congé pour les locaux situés à
Pikine. Il est très inquiet car le contrat n’a pas été constaté par écrit, même s’il a exploité son
activité dans ces locaux depuis 3 ans.
Peut-il s’opposer à ce congé ? Si oui, dans quelles conditions ?

CAS N°5

Pour se prémunir contre les difficultés liées à la sécheresse qui sévit dans le pays depuis
quelques années, Abdoulaye a acheté et stocké depuis 2 ans des produits en vue d’assurer le
complément de l’alimentation du bétail de sa ferme. Il vient de découvrir que ces produits,
qui ne servent que pour l’alimentation des poussins, ne peuvent pas être utilisés dans
l’élevage des ovins et qu’ils ne peuvent pas, de ce fait, servir à l’usage qu’il envisageait au
moment de l’acquisition. Ainsi, il veut intenter une action en résolution.

Quelles sont les chances de réussite de cette action ?

Abdoulaye avait aussi acheté, il y a neuf (9) mois, un fonds de commerce qui appartenait à un
de ses anciens amis, Joseph. Il vient de découvrir qu’Emmanuel qui lui avait vendu ce fonds
avait intenté une action en résolution de la vente pour défaut de paiement du prix et que le
juge venait de prononcer la résolution.
Abdoulaye voudrait savoir quelles sont désormais ses droits sur ce fonds de commerce.

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 CAS DROIT DES SOCIETES COMMERCIALES

CAS N°1

Une société en nom collectif était constituée entre Marie, Marie Josée, Marie Noël et Marie
Madeleine. Elle a pour activité la transformation de produits céréaliers. Elle a un capital de
2.000.000 francs CFA divisés en 200 parts de 10.000 francs CFA.

Marie Josée, la gérante a contracté pour le compte de la société un emprunt de 5 000 000 de
francs auprès de la Banque Dakaroise de Crédit. Après avoir vainement mis en demeure la
société de payer, la banque poursuit Marie Madeleine. Celle-ci refuse de payer en soutenant
qu’elle n’est pas tenue, car le prêt a été contracté en violation d’une clause des statuts qui
exige, pour l’accomplissement d’un tel acte, l’autorisation de l’assemblée des associés; or une
telle autorisation n’a jamais été accordée à la gérante.
Marie madeleine est-elle tenue de payer ?

CAS N°2

Une Société en nom collectif est constituée entre Abdoulaye, ses deux frères Boubacar et
Cheikh et sa nièce Fatou âgée de 17 ans.

Après la constitution de la société, le tuteur de Fatou agissant pour le compte de celle-ci a


saisi le tribunal pour en demander l’annulation. Trois mois après sa saisine, le tribunal a
prononcé la nullité de la société pour incapacité d’un associé. Ibrahima, un fournisseur de la
société poursuit Boubacar 60 jours après avoir mis en demeure la société de payer. Pour
s’opposer au paiement, Boubacar conteste le caractère social de la dette. Selon lui, la société
est nulle et, de ce fait, les engagements pris envers les tiers sont rétroactivement anéantis.
Que pensez-vous de cet argument de Boubacar ?

CAS N°3

Une société en nom collectif avait été constituée entre Abdou, ses deux frères Boubacar
et Cheikh et sa nièce Fatou âgée de 17 ans.

Après la constitution de la société, le tuteur de Fatou agissant pour le compte de celle-ci a


saisi le tribunal pour en demander l’annulation. La demande a été introduite quatre mois après
la mise en demeure, faite à Fatou, de régulariser ou de demander la nullité dans un délai de 6
mois. Trois mois après sa saisine le tribunal prononce la nullité de l’acte de société.
Ibrahima, un fournisseur de la société, poursuit Demba un des associés de la société pour lui
réclamer le paiement d’une somme de 5 000 000 de francs CFA représentant le prix de la
marchandise qui a été livrée à la société. Pour s’opposer au paiement, Demba conteste le
caractère social de la dette. Selon lui, la société est nulle et, de ce fait, les engagements pris
envers les tiers sont rétroactivement anéantis.
L’argument de Demba peut-il prospérer ?

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CAS N°4

Nogaye avait constitué avec quatre de ses amis, une société anonyme avec un capital social de
10 000 000 de francs CFA dont l’objet social est transformation des fruits et légumes en jus .

Avant la signature des statuts, Nogaye a contracté un certain nombre d'engagements pour faire
face aux besoins de la société.

Dans les statuts qui ont été signés lors de l’assemblée générale constitutive, les actionnaires
ont donné mandat à Seynabou d'accomplir les formalités légales requises pour parvenir à
l'immatriculation de la société.

Se fondant sur ce mandat, Seynabou a passé un contrat d'assistance comptable, financière et


administrative avec un expert.

Qui doit supporter ces différents engagements ?

CAS N°5

1°) Une société en nom collectif était constituée entre Marie, Marie José et Marie Noël et
Marie Madeleine. Elle a pour activité la transformation de produits céréaliers. Elle a un
capital de 2.000.000 francs CFA divisés en 200 parts de 10.000 francs CFA.

Lors du 5ème exercice, elle a réalisé un bénéfice net 20 000 000 de francs CFA. Après avoir
approuvé les états financiers de synthèse, l’Assemblée a décidé de distribuer sous forme de
dividende, 15.000.000 francs CFA. Elle a ensuite demandé à la gérante d’émettre un chèque
au profit de chacune des associées sauf pour Marie Madeleine qui conformément aux statuts
ne doit pas pendant 5 ans revoir une part des bénéfices car elle ne détient que 5% des parts
sociales et n’occupe aucune fonction dans la société. Qu’en pensez-vous ?

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