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ANNEE UNIVERSITAIRE : 2020-2021

SUPPORT DE COURS
DROIT DES AFFAIRES

Chargé de Cours:
Dr COULIBALY Mamadou Kounvolo
Enseignant-Chercheur, Maître-Assistant en Droit Privé
Conseil Juridique Agréé
Enseignant chargé du cours : DR. COULIBALY MAMADOU KOUNVOLO

AVERTISSEMENT : CE SUPPORT DE COURS EST UN OUTIL PERSONNEL, IL NE CONSTITUE


PAS UN GUIDE DE REFERENCE. C’EST UN OUTIL PEDAGOGIQUE ELABORE DANS UN SOUCI
DE CONCISION ET DE PRECISION. IL ABORDE LES CHAPITRES ESSENTIELS ET LES NOTIONS A
CONNAITRE POUR APPREHENDER LES COURS DE DROIT DANS LE CADRE DE VOTRE
FORMATION.
TABLE DES MATIERES
Introduction générale
Chapitre I : Le commerçant et l’entreprenant
Section I : Les actes de commerce
Paragraphe 1 : Définition des actes de commerce
Paragraphe 2 : Classification des actes de commerce
Section II : Le régime juridique des actes de commerce
Paragraphe 1 : Le principe de la preuve
Paragraphe 2 : L’exception au principe
Chapitre II : Les conditions d’accès à la profession commerciale
Section I : Les conditions tenant à la personne
Paragraphe 1 : L’accomplissement d’acte de commerce à titre de profession et indépendant
Paragraphe 2 : Les conditions de capacité et de pouvoir
Section II : Les conditions tenant à la protection de l’intérêt général
Paragraphe 1 : les conditions de moralité
Paragraphe 2 : les conditions liées à l’activité
Section III : Les obligations du commerçant
Paragraphe 1 : l’obligation d’immatriculation
Paragraphe 2 : La tenue des livres
Paragraphe 3 : L’obligation de loyale concurrence
Chapitre III : Le fonds de commerce
Section I : La composition et nature du fonds de commerce
Paragraphe 1 : Les éléments principaux du fonds
Paragraphe 2 : Les éléments secondaires
Section II : la nature juridique du fonds
Paragraphe 1 : Le fonds, un meuble incorporel
Paragraphe 2 : le fonds, une universalité juridique
Section III : Les contrats relatifs au fonds de commerce
Paragraphe 1 : la location-gérance
Paragraphe 2 : Le nantissement du fonds de commerce
Paragraphe 3 : la cession du fonds de commerce
Section IV : Le contrat de vente commerciale
Paragraphe 1 : Définition et condition de la vente commerciale
Paragraphe 2 : les effets du contrat

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PREMIERE PARTIE :
LE DROIT COMMERCIAL GENERAL :
LE COMMERçANT ET LES ACTES DE
COMMERCE

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Il s’agit ici de montrer ce qui fait la particularité du droit commercial en définissant d’abord ce
droit.
I- Définition du droit commercial

Il se définit comme l’ensemble des règles concernant les activités commerciales (production,
échanges) effectuées par les individus et les entreprises. C’est en fait la partie du droit privé
relative aux opérations juridiques faites soit par les commerçants entre eux soit par les
commerçants et les tiers dans le cadre de leur activité professionnelle1.
Il se définit aussi comme étant l’ensemble des règles juridiques régissant les actes de commerce,
les commerçants (personnes physiques et morales) ainsi que les opérations juridiques qu’ils
effectuent.
Il faut préciser que le droit commercial est un droit d’exception.
A – L’exclusion du droit commun
Le droit civil (droit commun) ne s’appliquera, dans le domaine des activités commerciales, que
si le droit commercial n’a pas prévu de règles particulières.
Par ailleurs, le droit des affaires est plus vaste que le droit commercial car il s’étend au droit
commercial, au droit du travail, au droit pénal des affaires, au droit public, au droit de la
propriété intellectuelle, au droit de la consommation…
B - Particularisme du droit commercial
L’objectif du droit commercial est de répondre aux nécessités du commerce. Pour cela, il
recherche des solutions et emploie des techniques différentes du droit civil. Ce sont :
1- Recherche de la rapidité et de la simplicité
Cela se manifeste dans le moindre formalisme. En droit commercial, les actes juridiques peuvent
être prouvés par tous moyens. De plus, le rôle donné à l’apparence est plus grand qu’en droit
civil, car l’on veut dispenser de longues vérifications les commerçants pressés par le temps.
Enfin, le délai de prescription est plus court qu’en droit civil.
2- Promotion du crédit
Tous les commerçants utilisent le crédit. Le droit des effets de commerce, et spécialement de la
lettre de change, vise à faciliter le crédit en mobilisant des créances dans un titre que l’on fait
circuler facilement. On note aussi les adaptations apportées aux sûretés mobilières notamment le
nantissement qui est un gage sans dépossession.

NB : Les risques du commerce rendent la sécurité des transactions d’autant plus nécessaire
qu’elles fondent l’exclusion du droit commercial de certaines personnes réputées faibles (les
mineurs et les incapables majeurs).
B – Les critères généraux de la commercialité
Les critères généraux de la commercialité sont au nombre de quatre :
 La spéculation : l’activité commerciale repose principalement sur la spéculation, parce
qu’une activité de recherche de profit. Elle est accomplit dans le but de réaliser des
profits en spéculant, par exemple, sur l’échange des produits ou sur leur transformation.
Bien que ce critère soit parfois remis en cause par certains auteurs, parce que trop
capitaliste, aucun commerçant ne peut s’intéresser à un produit s’il ne peut en tirer un
profit. On y ajoute tout de même un second critère.

1
Edith Blary-Clément, Droit commercial : Théorie générale, Unjf, 2014.

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 Recours à la publicité : Les besoins d’information des associés, des tiers (créanciers…)
rendent nécessaire la publicité des situations et des actes commerciaux (Registre du
commerce et du crédit mobilier, journal d’annonces légales…).
 La circulation des richesses : selon Thaller, l’activité commerciale implique la
circulation, la transmission des richesses. Etant donné que l’acte de commerce s’intercale
entre la production et la consommation, cela suppose que le bien devra circuler du
producteur au consommateur grâce aux services du commerçant qui est l’intermédiaire
entre les parties. Mais le commerçant ne pourra y parvenir que s’il organise son activité,
d’où la nécessité qu’il y ait une entreprise.
 L’entreprise critère de commercialité : l’exercice de l’activité commerciale nécessité,
selon Escarra, une certaine organisation, la mise en œuvre de moyens matériels et
humains en vue de remplir un objectif économique. C’est cela l’entreprise. Bien que la
notion d’entreprise n’ait pas une définition univoque, il est évident que l’activité
commerciale ne peut être menée de façon crédible par le commerçant s’il ne se dote
d’une entreprise.
En somme, l’activité commerciale repose sur quatre (4) critères cumulatifs qui sont : la
spéculation, la publicité, la circulation des richesses et l’organisation en entreprise. La mise
en œuvre de cette activité repose sur des règles, d’où la question des sources du droit
commercial.
C- Les sources du droit commercial
On y trouve des sources légales dites sources principales et des sources non légales dites sources
secondaires.
1. Les sources légales ou principales du droit commercial :
a- Les Actes uniformes OHADA : il s’agit principalement de l’Acte Uniforme OHADA portant
droit commercial général de 1997, abrogé et remplacé par celui du 15 décembre 2010 entré en
vigueur le 15 février 2011 et de l’Acte uniforme portant droit des Sociétés commerciales et GIE.
b- Les règles nationales non contraires aux Actes uniformes OHADA : il s’agit de l’ensemble
des lois nationales applicables en matière commerciale et dont le contenu est conforme à l’Acte
uniforme portant droit commercial général. Ces règles interviennent non seulement pour combler
les limites de l’Acte uniforme qui n’a pas prévu, mais aussi pour prendre en compte certaines
particularités propres à chaque Etat. On peut citer les lois nationales portant sur la concurrence,
sur la publicité commerciale, sur la fixation des prix, sur le contrôle de la qualité des
marchandises, sur l’accès à l’agrément, etc.

c- Le droit civil et certaines dispositions du droit pénal : Le droit civil constitue le droit
commun qui régit les relations de droit privé. Aussi, pour bien comprendre les règles du droit
commercial, il faut se référer aux principes généraux du droit civil et notamment aux règles
relatives aux obligations en général. Par exemple, la formation du contrat commercial se fait en
tenant compte des règles de droit civil relatives au consentement, à l’objet et la cause du contrat.
La question de la responsabilité des parties résultant du contrat sera réglée conformément à la
responsabilité civile contractuelle.
Quant au droit pénal, il permet de sanctionner certains comportements du commerçant qui
constituent des infractions. Exemple : l’abus de confiance entre commerçants, le faux en écriture
comptable, le délit de falsification de documents comptables, etc.
2. Les sources non légales ou sources secondaires :
Il s’agit des usages, de la jurisprudence et de la doctrine qui viennent en appoint au droit
commercial, source principale de la réglementation du commerce.

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a- Les usages : Il s’agit des pratiques professionnelles qui ont un caractère habituel. Ils ont
encore un rôle très important en droit commercial. On a :
- les usages légaux ou usages de droits auxquels la loi elle-même renvoie (Ex : la solidarité
des commerçants débiteurs est présumée, l’anatocisme ou la pratique de la capitalisation des
intérêts, la réfaction du contrat par les parties et rarement par le biais du juge) ;
- les usages conventionnels qui ne s’appliquent qu’à défaut de volonté contraire exprimée par
les parties. Ils ont un caractère supplétif (Ex : dans les contrats de vente, il est fréquent de renvoyer
aux usages de la profession en ce qui concerne les modalités de livraison, l’unité de vente, les délais
de paiement).
b- La jurisprudence
Elle est déterminée par l’ensemble des décisions de justice. Avec l’institution de la loi portant
arbitrage et l’institution d’une procédure d’arbitrage par l’OHADA, il faut dire que la jurisprudence
reste une source essentielle du droit commercial. En Côte d’Ivoire, elle est largement constituée des
décisions de la CCJA et de certaines décisions nationales ayant acquis valeur de jurisprudence en la
matière.
c- La doctrine
Elle exprime la pensée des juristes qui participent à l’interprétation des lois et formulent des
suggestions. Avec les actes uniformes, le rôle de la doctrine est renforcé car elle contribue
constamment à asseoir un droit commercial cohérent dans son application.
D- Le fondement exact du cours de droit commercial :
L’étude du droit commercial général vise à doter l’étudiant d’une connaissance exacte des règles
applicables à ce secteur d’activités et aussi à lui faire découvrir l’importance des activités libérales
que renferme un tel secteur prometteur et pourvoyeur d’emplois.
Son étude repose principalement sur les documents suivants :
- Le code annoté des Actes uniformes OHADA ;
- L’Acte uniforme OHADA de 2011 portant droit commercial général et celui portant sur les
SC§GIE;
- BEIRA EHI MARC, Droit commercial général, Droit des sociétés commerciales, Editions ABC ;
- Henri-Désiré B.M. KOKO, Droit commercial général et Droit de la concurrence, Tome 1, 2008 ;
etc.

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CHAPITRE I : LE COMMERCANT
Aux termes de l’article 2 de l’acte uniforme portant droit commercial général, « est commerçant
celui qui fait de l'accomplissement d'actes de commerce par nature sa profession ». Cette
définition du commerçant est très confuse. Ainsi, pour la comprendre, il faut arriver à se faire
une réponse précise des questions suivantes :
- Quels sont les actes qui déterminent la qualité de commerçant ?
- Quelles sont les conditions d’accès à la profession commerciale ?
- Quelles sont les obligations qui incombent au commerçant ?
- En quoi le commerçant mérite-t-il d’être distingué de l’entreprenant, de l’agriculteur et de
l’artisan ?
Toutes ces questions trouveront leurs réponses dans les lignes suivantes.
Section I : Les actes de commerce
Il s’agira de découvrir les actes qu’accomplissent le commerçant et qui lui accordent sa qualité
de commerçant. On les appelle ‘’actes de commerce par nature dont la définition mérite
préalablement d’être précisée.
Paragraphe 1 : Définition de l’acte de commerce par nature
L’article 3 de l’Acte uniforme OHADA portant droit commercial général précise que «l'acte de
commerce par nature est celui par lequel une personne s'entremet dans la circulation des
biens qu'elle produit ou achète ou par lequel elle fournit des prestations de service avec
l'intention d'en tirer un profit pécuniaire ».
Selon ledit Acte uniforme, « ont, notamment, le caractère d'actes de commerce par nature :
- l'achat de biens, meubles ou immeubles, en vue de leur revente ;
- les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d'assurance et de transit ;
- les contrats entre commerçants pour les besoins de leur commerce ;
- l'exploitation industrielle des mines, carrières et de tout gisement de ressources
naturelles ;
- les opérations de location de meubles ;
- les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication ;
- les opérations des intermédiaires de commerce, telles que la commission, le courtage,
l'agence, ainsi que les opérations d'intermédiaire pour l'achat, la souscription, la vente ou
la location d'immeubles, de fonds de commerce, d'actions ou de parts de société
commerciale ou immobilière ;
- les actes effectués par les sociétés commerciales».
La doctrine définit l’acte de commerce par nature comme étant un acte qui réalise une entremise
dans la circulation des richesses, effectué avec l’intention de réaliser un profit pécuniaire. Elle
procède également à une classification desdits actes, mais classification qui varie d’un auteur à
un autre.

Paragraphe 2 : La classification des actes de commerce par nature


Selon BEIRA MARC, on peut classer les actes de commerce par nature en deux catégories
distinguant :
- les actes d’entremise dans la circulation des biens comprenant : les actes d’entremise
dans la circulation des biens achetés (l’achat en vue de la revente) et les actes d’entremise
dans la circulation des biens produits) ;
- et les actes de fourniture de services.

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Certains auteurs procèdent à une classification permettant de distinguer les actes de commerce
isolés et les actes de commerce accomplis en raison d’une entreprise.
1- Les actes de commerce isolés
Il y a plusieurs types d’acte de commerce isolés cités par l’acte uniforme.
 L’achat de biens meubles ou immeubles en vue de la revente : Pour que cette opération
d’achat et de revente ait un caractère commercial, certaines conditions doivent être
remplies :
- Il faut qu’il y ait achat préalable du bien à vendre, sinon il n’y a pas d’acte de
commerce.
- Il faut une intention de revente de la part de l’acheteur. Cette intention doit exister au
moment de l’achat. Le fait de ne pas parvenir à revendre n’enlève pas à l’achat son caractère
commercial.
- Il faut la recherche de profit peu importe qu’il y ait eu perte à la suite de la revente.
Ainsi, acheter pour donner n’est pas un acte de commerce.
 Les opérations de banque, de bourse, de change, de courtage, d’assurance et de
transit :
- Les opérations de banque et de change qui sont relatives à l’argent et au crédit sont
toujours commerciales à condition qu’elles soient faites professionnellement.
- Les opérations de courtage qui consistent à mettre des personnes en contact en vue de la
conclusion d’un contrat sont commerciales dès lors qu’elles sont faites habituellement.
- Les opérations de bourse qui sont des transactions effectuées sur un marché public
spécialisé dans les opérations d’achat et de vente de valeurs mobilières sont
commerciales car réalisées professionnellement par des professionnels du commerce de
l’argent.
- Les opérations d’assurance qui consistent à prémunir contre les risques sont des actes de
commerce car l’assureur exploite une société conçue et organisée pour lui procurer des
bénéfices (à l’exclusion des assurances mutuelles).
- Les opérations de transit qui sont des formalités d’entrée et de sortie des marchandises
effectuées par les transitaires pour le compte de leurs clients sont commerciales car faites
professionnellement.
 Les opérations de location de meubles : La location de meubles comme les bâches, les
chaises, les voitures, les vaisselles…constituent des actes de commerce quand elles sont
faites à titre habituel.
 Les opérations de manufacture, de transport et de télécommunication : Les opérations
de manufacture sont relatives à la transformation de produits réalisés à partir de matières
premières dans les usines, les ateliers, les fabriques…et destinés à la vente.
NB : Ces actes sont commerciaux même s’ils ne sont pas effectués dans le cadre d’une
entreprise.
Les opérations de transport sont les actes liés au transport des personnes et des marchandises que
soit par terre, par mer ou par air.
Ces actes sont des actes de commerce même s’ils ne sont pas effectués dans le cadre d’une
entreprise.
Les opérations de télécommunication sont les actes liés aux moyens modernes de
communication que sont le téléphone, le fax, la téléphonie cellulaire, Internet…
Ces opérations sont commerciales même si elles sont privées ou publiques.
 Les opérations des intermédiaires : Ce sont les intermédiaires de commerce et les autres
intermédiaires. Sont intermédiaires de commerce, le commissionnaire (celui qui agit en
son propre nom ou sous un nom social pour le compte d’autrui.), le courtier (individu qui
met en relation des personnes souhaitant conclure un contrat entre elles, sans conclure

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lui-même le contrat.) et l’agent commercial (mandataire qui, à titre de profession


indépendante, est chargé, de façon permanente, de négocier et, éventuellement de
conclure des contrats de vente, d’achat, de location ou de prestation de services, au nom
et pour le compte d’autres personnes, sans être lié envers eux par un contrat de louage de
services.)
Toutes ces personnes étant commerçantes, la loi considère que les actes qu’elles accomplissent
sont présumés commerciaux.
Quant aux autres intermédiaires, la loi vise les agences immobilières, les agences de
renseignements commerciaux et les cabinets d’affaires qui se chargent professionnellement de
gérer les affaires d’autrui ou d’administrer ses biens.
La loi indique que leurs actes ayant un caractère commercial quoique eux-mêmes ne soient pas
nécessairement commerçants, leurs opérations sont dites actes de commerce.
 Les actes effectués par les sociétés commerciales : Ces sociétés étant commerciales tous
les actes qu’elles effectuent sont réputés commerciaux. Ce sont les actes des sociétés à
responsabilité limitée, des sociétés en nom collectif, des sociétés anonymes et des
sociétés en commandite simple.
2- Les actes de commerce en raison d’une entreprise
On a les industries extractives et les entreprises culturelles.
- Les industries extractives (exploitation des mines, carrières et de tout gisement de
ressources naturelles) ont un caractère commercial dès lors que l’exploitation est faite
industriellement. Aussi, les exploitations artisanales ou villageoises ont un caractère civil.
- Les entreprises culturelles sont entreprises de spectacles publics et les entreprises
d’édition. Les entreprises de spectacles publics (cinéma, théâtre, prestations musicales…)
sont commerciales si les spectacles sont donnés habituellement, de façon publique et
dans un but de spéculation. Les entreprises d’édition sont commerciales car elles sont des
intermédiaires intéressés dans la circulation des œuvres intellectuelles.
NB : seuls ces actes de commerce par nature confère à leur auteur la qualité de commerçant. Tel
n’est pas le cas des autres actes de commerce.

Paragraphe 2 : Les autres actes de commerce


Il s’agit des actes de commerce par la forme, par accessoire ou mixtes.
A- Les actes de commerce par la forme
Ces actes ont toujours le caractère commercial quels que soient l’objet et le but de l’acte, qu’il
soit fait professionnellement par un commerçant ou à titre isolé par un non commerçant. Il
s’agit :
- de la lettre de change, du billet à ordre, du warrant :
 La Lettre de Change : C’est un titre par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre
à une autre appelée tiré de payer une somme d’argent déterminée à une personne appelée
bénéficiaire à une échéance déterminée à son créancier.
 Le Billet à Ordre : C’est un titre par lequel une personne appelée souscripteur s’engage à
payer une somme d’argent à une échéance déterminée à l’ordre d’une autre personne
qu’on appelle bénéficiaire.
 Le Warrant : C’est un titre dérivé du billet à ordre qui permet de constituer et de
transmettre un gage qui porte sur des marchandises. Il n’existe pas dans la pratique.
- des sociétés commerciales par la forme (SA, SARL, SNC, SCS)

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B- Les actes de commerce par accessoire


Ce sont des actes de nature civile qui deviennent actes de commerce parce qu’accomplis par un
commerçant pour les besoins de son commerce.
Ex : l’achat d’un micro-ordinateur par un commerçant pour son usage personnel est un acte civil.
Par contre, si l’achat est fait pour les besoins du commerce tel que la gestion de ses ventes, il
devient un acte de commerce par accessoire.
De même, des actes normalement commerciaux deviennent civils dès lors qu’ils sont l’accessoire
d’une activité principale de nature civile.
Ex : Le professeur de comptabilité qui, tout en dispensant ses cours, achète pour les revendre à
ses étudiants, des plans comptables, accomplit des actes civils par accessoire.
NB : La commercialité par accessoire s’applique aussi aux actions nées des délits, quasi-délits et
des quasi-contrats.
C- Les actes mixtes
L’acte mixte est celui qui est commercial pour l’une des parties et civil pour l’autre.
Ex : L’achat dans un magasin est commercial pour le vendeur et civil pour l’acheteur non
commerçant.
Paragraphe 3 : Le régime juridique des actes de commerce
L’intérêt que présentent les actes mixtes réside dans la détermination de leur régime juridique.
Ainsi, en matière de :
- Preuve : Ce régime est fonction de la personne contre qui la preuve est faite.
Si la preuve est faite par le non commerçant contre le commerçant, le principe de la liberté de la
preuve en matière commerciale est admis.
Par contre, si c’est le commerçant qui fait preuve contre le non commerçant, la preuve est faite
par écrit.
- Compétence matérielle du tribunal : Il faut tenir compte de la qualité du défendeur.
Ainsi :
Si le défendeur est civil, seul le tribunal civil est compétent.
Si le défendeur est commerçant, le civil peut soit le tribunal civil soit le tribunal de commerce.
- Mise en demeure : elle se fait selon les modes du droit civil quand c’est un commerçant
qui met un non commerçant en demeure. Par contre, si c’est un non commerçant qui met
en demeure, cela se fait par tous moyens.
- Solidarité : elle ne se présume pas entre codébiteurs civils d’un commerçant ; tandis
qu’elle se présume entre codébiteurs commerçants d’un créancier civil.
- Prescription : elle est de 30 ans pour les créances civiles alors qu’elle est de 5 ans pour
les créances commerciales.
Section 2 : Les activités voisines à l’activité commerciale
On étudiera successivement : l’entreprenant, l’artisan, l’agriculteur et les professions libérales.
Paragraphe 1 : L’entreprenant
Conformément à l’article 30 de l’Acte uniforme OHADA, «l’entreprenant est un entrepreneur
individuel, personne physique qui, sur simple déclaration (…), exerce une activité
professionnelle civile, commerciale, artisanale ou agricole ».
1. Les conditions à remplir :
Il ya deux conditions à remplir pour avoir la qualité d’entreprenant : une condition personnelle et
une condition financière.
- Une condition personnelle : l’entreprenant est un professionnel, entrepreneur individuel,
personne physique. Le statut de professionnel implique l’exercice d’une activité d’où il
tire les ressources nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille.
Une déclaration permettant de constater légalement son existence est indispensable.
Ainsi, l’entreprenant doit procéder à une déclaration au greffe du tribunal de son lieu de

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résidence. Cette déclaration porte sur son identité, son adresse, sa situation matrimoniale,
la nature de son activité et l’absence d’interdiction d’exercer une telle activité.
Tout changement, modification d’activité ou lieu d’exercice de l’activité doit être déclaré
au greffe du tribunal. Cette déclaration a pour effet l’obtention d’un numéro de
déclaration lui permettant d’avoir une existence légale.
L’enregistrement ne peut être fait à plusieurs reprises et l’entreprenant ne peut se faire
immatriculer au RCCM pour être à la fois commerçant et entreprenant, bien que
bénéficiant de certaines règles applicables aux commerçants. Il s’agit de :
 La liberté de preuve,
 La prescription de cinq (5) ans applicable en matière commerciale,
 Le bénéfice des mesures incitatives, notamment en matière fiscale et des charges
sociales.
- La condition financière et comptable : conformément à l’article 30 alinéa 2 de l’AUDCG,
« l’entreprenant conserve son statut si le chiffre d’affaires annuel généré par son activité
pendant deux exercices successifs n’excède pas les seuils fixés par l’Acte uniforme relatif
à la comptabilité des entreprises.
En somme, l’entreprenant est un petit opérateur économique. Après quelques années d’exercice
de son activité, si son chiffre d’affaires atteint le seuil fixé, il doit changer de statut et devenir
commerçant, s’il accomplit des actes de commerce.

2. Les obligations de l’entreprenant :


Il doit tenir un livre comptable qui retrace les opérations quotidiennement réalisées.
Il doit conserver ce livre pour une durée de cinq (5) ans. Dans certains cas, il sera tenu de se
doter d’un livre annuel.
Lorsque son activité excède le seuil permis, il perd sa qualité d’entreprenant et doit se conformer
aux obligations du commerçant en matière de tenue des livres comptables et d’immatriculation.
Paragraphe 2 : L’artisan
Voir : Décret n°2001-426 du 18 juillet 2001 portant attribution, organisation, fonctionnement
et régime électoral de la chambre des métiers de Côte d’Ivoire.
Selon la doctrine ci-dessous exposée, ‘’les artisans sont des professionnels indépendants exerçant
leurs activités à leurs comptes. Il s’agit d’une activité qui consiste à acheter pour revendre après
transformation.
Sous l’ancien régime français, les artisans étaient soumis aux mêmes statuts que les
commerçants. Lors du développement industriel au 19ème siècle, les artisans ont demandé à
échapper aux statuts de commerçants, statuts qu’ils jugent inadaptés à la taille de leurs activités.
Ils vont bénéficier d’un statut spécifique qui fait l’objet d’une réglementation distincte du code
de commerce. Paradoxalement, au cours de 20ème siècle, les artisans vont revendiquer le bénéfice
de certaines règles commerciales qu’ils jugent protectrices de leurs intérêts.
Selon la loi française du 05 juillet1985, « sont des artisans des personnes physiques et morales
qui n’emploient pas plus de 10 salariés et qui exercent une activité professionnelle indépendante
de production, de transformation, de réparation, de prestation de service relevant de l’artisanat
et figurant sur une liste établi par décret ».
Cette définition est retenue par la doctrine ivoirienne et aussi par la récente législation applicable
aux artisans installés en Côte d’Ivoire. On retient dès lors que :
- L’artisan mène une activité libérale de réparation, production, transformation, de
prestation de service ;
- L’artisan effectue un travail manuel avec l’appui d’apprentis ;
- L’artisan ne devrait pas emploi plus de 10 salariés.

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En somme, L’artisan est traditionnellement considéré comme non commerçant. Trois


critères permettent de le définir :
 L’indépendance ou encore l’autonomie : l’artisan est un travailleur autonome, ce qui
permet de le distinguer du salarié qui est tenu par un lien de subordination.
 L’absence de spéculation sur le travail d’autrui et les machines : l’artisan ne doit pas
spéculer sur le travail des machines, ni employer le plus grand nombre de collaborateurs.
Il vit de son travail manuel et familial. S’il spécule ou emploi plus de cinq personnes, il
devient commerçant.
 L’absence de spéculation sur les produits et les biens. Certes il peut acheter des biens
qu’il revend en l’état, il reste civil si l’activité est accessoire à son travail d’artisan. Il
devient commerçant dès l’instant que son activité d’achat pour revendre devient
prépondérante au travail d’artisan.
L’artisan vit donc de son travail manuel ou éventuellement de ses apprentis salariés d’une petite
structure. Il appartient au secteur des métiers. Il est soumis à une réglementation spécifique.
Les litiges le concernant sont en principe de compétence de juridiction civile et non
commerciale. L’artisan peut parfois bénéficier de certaines règles de droit commercial. Il est
titulaire d’un fonds artisanal. Il bénéficie de la règle relative à la vente et au nantissement du
fonds de commerce.
Son fonds artisanal peut être mi en location-gérance comme peut l’être un fonds commercial.
Les artisans bénéficient également du droit au bail professionnel. Le statut de conjoint d’artisans
est identique à celui du conjoint de commerçant’’.
Paragraphe 3 : L’agriculteur
Il ressort de la doctrine française admise par la pratique ivoirienne que l’activité agricole a
toujours été considérée comme non commerciale. L’agriculture est liée à la terre et tout ce qui est
lié à la terre est civil. L’agriculteur n’accomplit pas d’actes de commerce ; ce qu’il vend ne
provient pas d’un achat mais d’une production.
Cependant on assiste à un phénomène nouveau qui est la tendance à la transformation par
l’agriculteur de ses produits pour faciliter l’écoulement. Doit-on considérer qu’il reste dans ce
cas un civil ? La jurisprudence invite à comparer les revenus issus des deux activités : si
l’activité agricole domine, il reste civil ; par contre si c’est l’activité de transformation qui est
prépondérante, il doit être considéré comme un commerçant. Cela est applicable à l’agriculteur
éleveur qui achète des animaux pour les revendre après un très bref séjour en les nourrissant avec
des produits de l’extérieur2.
Paragraphe 4 : Les Professions Libérales
« Elles sont traditionnellement considérées comme civiles. L’explication nous est donnée par les
trois idées ci-après :
 Les membres de ces professions ne réalisent pas de bénéfices mais recueillent des
honoraires.
 Les activités des membres de ces professions sont essentiellement intellectuelles tandis
que celles du commerçant sont purement manuelles.
 Il y a un lien de confiance personnel entre le membre des professions libérales et son
client. C’est pourquoi la clientèle y est considérée comme civile et non cessible
contrairement à ce qui se passe en commerce avec le fonds commercial. Il y a cependant
évolution et les membres desdites professions ne sont plus de nos jours insensibles à
l’argent. Le lien de confiance personnel est même en train de disparaître avec l’exercice
en groupe de la profession. Par ailleurs, les membres trouvent le moyen détourné de
vendre leur clientèle et font recours à la publicité 3».
2
Cours de droit des affaires, In : cours en ligne/France 2011.
3
Idem.

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CHA PITRE II :
LES CONDITIONS D’ACCES A LA PROFESSION COMMERCIALE
Section 1 : Les conditions tenant à la personne
Certaines conditions tiennent à la qualité de celui qui exerce l’activité, d’autres à sa capacité et
ses pouvoirs, d’autres enfin, à sa moralité.
Paragraphe 1 : La qualité de commerçant
Elle s’acquiert par l’accomplissement d’actes de commerce, à titre de profession et à titre
indépendant.
A- L’accomplissement d’actes de commerce à titre de profession
Pour être commerçant, il faut accomplir des actes de commerce par nature. C’est la répétition
professionnelle d’actes de commerce qui donne la qualité de commerçant.
Cette règle vaut surtout pour les personnes physiques car les sociétés à l’exception de quelques
unes sont toutes commerciales par la forme.
De façon implicite, le caractère professionnel de l’activité nécessite une habitude de la part du
professionnel. La profession habituelle implique ainsi la répétition habituelle d’actes de
commerce et la volonté de tirer de cette activité suivie tout ou partie de ses ressources
nécessaires à l’existence.
B- L’accomplissement d’actes de commerce à titre indépendant
Il faut en plus exercer son activité en son nom et pour son compte, à ses risques et périls et toute
indépendance.
Ainsi, ceux qui, bien que participant à une activité commerciale, ne jouissent pas d’une
indépendance suffisante ne sont pas des commerçants. C’est le cas des salariés du commerçant,
des mandataires, des gérants des SARL et des administrateurs des SA.
NB : pour avoir donc la qualité commerçant, trois conditions cumulatives sont requises :
- Accomplir des actes de commerce par nature,
- Les accomplir à titre de profession,
- Et les accomplir à titre indépendant.
Mais certaines conditions subjectives sont rattachées au caractère indépendant de la personne qui
agit. Cela permet d’exclure de l’activité commerciale toute personne dont la faculté d’être
indépendant n’est pas un acquis.
Paragraphe 2 : Les conditions de capacité et de pouvoir
Il convient de voir successivement les incapacités et la femme mariée commerçante.
A- Les incapacités
La loi indique que « nul ne peut accomplir des actes de commerce à titre de profession habituelle
s’il n’est juridiquement capable d’exercer le commerce ».
Cette disposition concerne les mineurs et les majeurs incapables.
- Les mineurs
Le mineur non émancipé ne peut être commerçant. Ses représentants légaux ne peuvent exercer
le commerce en son nom. C’est pourquoi s’il hérite d’un fonds de commerce, il ne peut
l’exploiter lui-même ; le fonds sera mis en location-gérance ou vendu. S’agissant du mineur
émancipé, il ne peut être commerçant que s’il a 18 ans révolus, s’il a une autorisation spéciale de
faire le commerce et si cette autorisation est inscrite au registre du commerce et du crédit
mobilier.
- Les majeurs incapables
Ce sont ceux qui sont dans un état habituel d’imbécillité, de démence ou de fureur pour lesquels
l’interdiction a été prononcée par le tribunal. Ils n’ont pas la capacité de faire le commerce.
Leurs représentants légaux ne peuvent le faire en leur nom.

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B- La femme mariée commerçante


La femme mariée est libre de faire le commerce. Cependant, elle sera qualifiée de commerçante
que si elle accomplit des actes de commerce à titre de profession habituelle et séparément de
ceux de son mari.
Toutefois si l’exercice de l’activité commerciale de la femme mariée s’avère contraire à l’intérêt
de la famille, sur demande de son époux, le tribunal peut prononcer la cessation de l’activité.
Une telle règle a perdu une grande partie de sa valeur avec la nouvelle loi n°2013-33 du 25
janvier 2013 sur le mariage qui permet d’exercer librement une activité sans qu’il ait été
nécessaire de vérifier si elle est contraire ou non à l’intérêt de la famille. Il en résultant
également que la théorie selon laquelle si une femme mariée et époux exercent du commerce,
l’époux aurait la qualité de commerçant et celle de la femme serait conditionnée au fait qu’elle
exerce une activité totalement séparée. Désormais, que les deux exercent l’activité séparément
ou non, chacun aura la qualité de commerçant s’il exerce l’activité en toute indépendance.
Dans l’exercice de son activité séparée ou indépendante, la femme a la libre administration,
jouissance et disposition sur tous ses gains et biens.
Elle engage dans l’exercice de cette activité des biens qui sont variables en fonction de son
régime matrimonial.
- S’il s’agit du régime de la séparation des biens, elle n’engage que ses biens.
- S’il s’agit du régime de la communauté des biens, il faut distinguer entre les biens
propres de chacun des époux, les biens communs et les biens réservés.
 La femme engage toujours les biens réservés quand elle exerce le commerce ;
 Pour les autres biens, il faut distinguer si le mari a fait opposition fondée ou non.
1) En cas d’opposition, si la femme continue son activité, elle
engage ses biens propres (plus les biens réservés).
2) S’il n’y a pas eu opposition ou si celle n’est pas fondée, elle
engage les biens communs + les biens propres de chacun des
époux (plus les biens réservés).
Section 2 : Les conditions tenant à la protection de l’intérêt général
Ce sont les incompatibilités, les interdictions et les déchéances.
Paragraphe 1 : Les conditions de moralité
Voir : article 9 de l’Acte uniforme OHADA portant droit commercial général.
Ce sont les incompatibilités, les interdictions et les déchéances.
A- Les interdictions
Dans un but d’assainissement des professions commerciales, la loi prévoit qu’un commerçant
puisse être interdit de façon générale et définitive ou temporaire de l’exercice d’une activité
commerciale.
Cette mesure peut être prononcée soit par un tribunal comme peine principale ou comme peine
complémentaire soit par une juridiction professionnelle.
L’interdiction peut être levée à la demande de l’interdit après au moins 5 ans par la juridiction
qui l’a prononcée.
L’interdit ne peut faire le commerce dans l’intervalle, ni être gérant, ni être administrateur d’une
société commerciale.
S’il passe outre, il devra assumer toutes les conséquences y compris les sanctions pénales.
B- Les déchéances
Sont frappées de déchéance, les personnes ayant été condamnées à une peine de prison de plus
de 3 mois, sans sursis, pour vol, escroquerie, infraction aux lois des sociétés.
La déchéance est liée automatiquement au jugement de condamnation ; c’est-à-dire que le
tribunal n’a pas besoin de le prononcer expressément.

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Le déchu ne peut faire le commerce, ni être gérant, ni être administrateur d’une société
commerciale.
S’il passe outre, il devra assumer toutes les conséquences y compris les sanctions pénales.
Paragraphe 2 : Les conditions liées à l’activité : Les incompatibilités
Le cumul d’activités commerciales et non commerciales est parfois interdit, car le commerce
apparaît comme une activité risquée sur les plans financier et déontologique. Ainsi, il est interdit
aux fonctionnaires, aux officiers ministériels et aux auxiliaires de justice (avocats, huissiers,
notaires, commissaires-priseurs…), aux membres de certains ordres (architectes, experts
comptables, médecins,…) d’exercer le commerce.
NB : Les actes de commerce accomplis par un « cumulard » restent valables et peuvent faire
considérer leur auteur comme un commerçant de fait. Par conséquent, il pourra être mis en
faillite et pourra aussi encourir des sanctions disciplinaires telles la révocation, la destitution ou
la radiation.
Section 3 : Les obligations du commerçant
Certaines sont d’ordre fiscal, d’autres d’ordre social. Toutefois les obligations qui sont relatives à
l’activité particulière des commerçants sont au nombre de trois. Ce sont l’immatriculation, la
tenue des livres de commerce et la loyale concurrence.
Paragraphe 1 : L’obligation d’immatriculation
Voir : Articles 34 et suivants de l’Acte uniforme OHADA portant DCG.
Elle se fait au registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM). Il faut donc voir
respectivement l’organisation du registre et les effets et la sanction de l’immatriculation.
A- L’organisation du registre du commerce et du crédit mobilier
Il y a les registres locaux, le fichier national et le fichier régional.
1- Le registre local
Il est tenu dans le ressort de chaque tribunal ou section de tribunal un registre du commerce et du
crédit mobilier tenu par le greffier sous la surveillance du président du tribunal. Tout
commerçant personne physique doit requérir son immatriculation dans le 1 er mois d’exploitation
de son commerce dans le ressort du lieu d’exploitation de son activité. Les sociétés
commerciales doivent le faire dans le mois de leur constitution dans le ressort du lieu de leur
siège social. La demande d’immatriculation consiste à fournir au greffier des renseignements
relatifs à l’identité et à l’activité du commerçant. En pratique, l’immatriculation consiste à
attribuer un numéro au demandeur.
2- Le fichier national
Il a pour objet de centraliser les informations contenues dans chaque registre du commerce et du
crédit mobilier local.
Tenu auprès de la cour d’appel d’Abidjan, ce fichier permet d’éviter qu’un commerçant ne se
fasse immatriculer dans une ville alors qu’il est sous le coup d’une déchéance ou d’une
interdiction ayant entraîné sa radiation d’un précédent registre.
3- Le fichier régional
C’est une innovation du traité OHADA. Il tenu auprès de la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage (CCJA) et a pour objet de centraliser les renseignements consignés dans chaque
fichier national.
Ce fichier permet d’éviter qu’un commerçant ne se fasse immatriculer dans un Etat partie au
traité alors qu’il est sous le coup d’une déchéance ou d’une interdiction dans un autre Etat.

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B- Les mentions du registre


Conformément à l’article 44 de l’AUDCG, ces mentions concernent le commerçant lui-même
ainsi que son activité commerciale et doivent renseignées sur la base d’informations régulières.
C- Les effets de l’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier
Toute personne immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier est présumée, sauf
preuve contraire, avoir la qualité de commerçant.
Du fait de l’immatriculation, le commerçant bénéficie de tous les avantages liés à la profession
de commerçant. De même, il en assume toutes les obligations.
Toutefois, le défaut d’immatriculation n’exonère pas le commerçant des obligations inhérentes à
la qualité de commerçant.
Pour éviter les ambiguïtés et faciliter la présomption la loi fait obligation au commerçant
d’inscrire sur ses documents commerciaux son numéro d’immatriculation.
D- Les sanctions de l’immatriculation
Tout commerçant qui n’est pas immatriculé au registre est sanctionné par une amende de 6 000 à
72 000 FCFA par le tribunal avec ordre d’avoir à le faire dans les 15 jours qui suivent le
prononcé de la condamnation.
Si par contre, des mentions inexactes ont été fournies lors de l’immatriculation, le commerçant
s’expose à une amende de 36 000 à 72 000 FCFA et /ou d’un emprisonnement d’1 à 6 mois.
NB : l’immatriculation permet au commerçant d’avoir une existence légale, conforme à la loi.
Elle lui permet par conséquent de bénéficier de la protection de toute loi applicable aux
commerçants. Par exemple :
- En cas d’événement malheureux, l’immatriculation permet d’identifier aisément les
commerçants victimes et le registre de commerce permet de faire la preuve de leurs
déclarations en termes de perte subie.
- Les banquiers accordent facilement des crédits au commerçant ayant une existence légale
qu’à un commerçant un commerçant informel.
- Il en va de même des assureurs.

Paragraphe 2 : L’obligation de tenue des livres


Voir : Articles 13 à 15 de l’AUDCG.
La tenue des livres et la preuve par les livres de commerce seront étudiées.
A- La tenue des livres de commerce
Les livres à tenir sont deux ordres. Il y a des livres obligatoires et des livres facultatifs.
- Les livres obligatoires sont :
 le livre journal (enregistre jour par jour les opérations de l’entreprise),
 le livre d’inventaire (consiste en un recensement des éléments actif et passif en vue de
l’établissement d’un tableau descriptif et estimatif)
 et le grand livre (il est tenu par compte de clients et de fournisseurs).
Ces livres doivent être tenus conformément aux dispositions de l’acte uniforme relatif à
l’organisation et à l’harmonisation des comptabilités des entreprises.
- Les livres facultatifs sont : le livre de caisse, le livre des effets, le livres brouillard ou
main courante, et de façon générale tous les livres qui paraissent utiles au commerçant.
Les livres obligatoires doivent être côté et signés par le président de la juridiction compétente. Ils
doivent être tenus sans blanc ni altérations d’aucune sorte.
De plus, les livres comptables doivent être classés et conservés pendant 10 ans.
En outre, les livres irrégulièrement tenus ne peuvent être produits en justice ni faire foi au profit
de ceux qui les tiennent.
Enfin en termes de sanctions, les commerçants qui tiennent des livres incomplets ou irréguliers
sont passibles de 1 à 6 mois et d’une amende de 50 000 à 1 000 000 FCFA. Ceux qui falsifient

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leurs livres s’exposent à une sanction de 1 à 5 ans d’emprisonnement et à une amende de


100 000 à 1 000 000 FCFA. Il en va de même en cas de constat de faux en écriture de commerce.
B- La preuve par les livres de commerce
Il faut distinguer selon que la preuve est faite contre le commerçant ou à son profit.
 Preuve contre le commerçant : Les livres de commerce font toujours preuve contre ceux
qui les tiennent.
 Preuve au profit du commerçant : Le commerçant peut se servir de ses livres comme
moyen de preuve si et seulement s’il est opposé à un commerçant.
Paragraphe 3 : L’obligation de loyale concurrence
Le principe de la liberté du commerce suppose que la concurrence est admise en matière de
commerce. Toutefois, elle doit être loyale sinon l’auteur s’expose à des sanctions.
A- Les manifestations de la concurrence déloyale
Il ressort de l’article 1er de l’Accord de Bangui du 2 mars 1977 (révisé le 24 février 1999)
instituant l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle que « constitue un acte de
concurrence déloyale tout acte ou pratique qui, dans l’exercice de l’activité industrielle ou
commerciale, est contraire aux usages honnêtes ». En d’autres termes, la concurrence peut
être définie comme la compétition que les entreprises se livrent pour capter la clientèle d'un
marché déterminé. La liberté de la concurrence signifie tout simplement que les entreprises sont
libres de se concurrencer. Ainsi, le fait d'attirer la clientèle d'autrui n'est pas en soi fautif; le
commerçant victime d'une disparition de sa clientèle ne saurait obtenir des dommages et intérêts
de son concurrent.
 La liberté de la concurrence, expression de la liberté du commerce et de l'industrie: car la
liberté de la concurrence est une liberté qui dérive de la liberté, plus large, du commerce et de
l'industrie. En France, le décret d'Allarde des 2 et 17 mars 1791 la définit par le fait qu' " il sera
libre à toute personne d'exercer tels profession, art ou métier qu'elle trouvera bon ". Elle
implique ainsi la liberté d'entreprendre, la liberté de gestion et la liberté de la concurrence.
 La liberté de gestion permet à tout commerçant de gérer son entreprise comme il l'entend : il
est libre de choisir la forme juridique sous laquelle il exerce son activité, libre de recourir à des
emprunts, libre d'embaucher du personnel...La liberté de la concurrence, c'est-à-dire, la liberté
de mener compétition sur un marché pour en capter la clientèle suppose que soient réunies :
liberté d'établissement, préalable à la concurrence ; liberté de gestion, instrument de la libre
concurrence. Ainsi, ces libertés, tout en étant différentes, se complètent et sont indissociables
les unes des autres.
 La liberté de la concurrence et la prospérité économique et sociale: le choix politique de la
liberté de la concurrence n'est pas anodin. Dans l'histoire de la France, l'idée que la libre
concurrence puisse assurer prospérité économique et sociale est relativement récente. Plus la
concurrence est large, plus la stimulation est intense, plus les richesses circulent et créent à leur
tour des plus-values. Les entreprises efficaces voient leur pérennité assurée. La libre
concurrence joue alors en faveur d'impératifs sociaux : les entreprises peuvent embaucher et
assurer à leurs salariés des revenus décents ; ainsi nantis, ils deviennent des consommateurs,
qui sélectionnent au quotidien les meilleures entreprises du marché. Certes, la libre concurrence
n'est pas exempte de dangers (notamment en matière d'emploi). Enfin, la concurrence évite les
situations de monopole, ce qui conduirait inévitablement à une détérioration du marché (perte
de créativité, augmentation des prix, diminution de la consommation).

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 La liberté de la concurrence participe à la satisfaction des consommateurs : elle est considérée


comme un moyen pour parvenir à satisfaire au mieux les attentes des consommateurs. Grâce à
la concurrence, l'offre est diversifiée ; le consommateur a la liberté de choisir l'opérateur
économique qui lui fournit le meilleur rapport qualité-prix. La diversité des offrants crée une
stimulation qui favorise la créativité et assure au consommateur une qualité optimale des
produits; l'existence d'une situation de concurrence évite une hausse artificielle des prix,
protège le consommateur contre l'inflation4. Les actes de concurrence déloyale sont nombreux
et peuvent s’induire, selon la jurisprudence :
 D’une atteinte au nom commercial ou à la raison sociale ;
 D’un dénigrement ;
 D’un débauchage de personnel ;
 Des menaces adressées à la clientèle ou au concurrent ;
 De la désorganisation du marché …
L’Accord de Bangui précité énumère les pratiques déloyales suivantes qui doivent être interdites
dans l’activité commerciale et industrielle :
- La pratique de la confusion avec l’entreprise d’autrui ou avec ses activités ;
- L’atteinte à l’image ou à la réputation d’autrui ;
- Le dénigrement de l’entreprise d’autrui ou de ses activités ;
- La tromperie à l’égard du public (pratiques dolosives);
- La désorganisation interne de l’entreprise concurrente et du marché (provocation de
grèves dans l’entreprise concurrente ou le débauche de ses meilleurs salariés) ;
- La divulgation d’informations confidentielles.
B- La protection contre la concurrence
Elle est assurée par l’action en concurrence déloyale et par les conventions entre commerçants.
1- L’action en concurrence déloyale
Elle est fondée sur la responsabilité civile pour faute. Ce qui suppose une faute constituée par
les faits et ou les actes déloyaux, un préjudice causé par cette faute qui consiste dans le
détournement de la clientèle et un lien de causalité entre la faute et le préjudice.
Cela se résout en paiement de dommages et intérêts et ou par l’édiction de mesures préventives
telle que faire cesser la confusion de nom en y adjoignant un prénom.
2- La protection conventionnelle contre la concurrence
Les procédés utilisés sont les suivants:
 Les clauses de non concurrence qui consistent à ne pas se faire concurrence. Elles
doivent être limitées dans le temps, dans l’espace et dans la nature de l’activité pour être
valables. Elles sont insérées dans le contrat de travail et s’appliquent pendant et après la
relation de travail.
 Les clauses de non rétablissement qui sont la matérialisation de la garantie du fait
personnel. Elles doivent être limitées dans le temps et dans l’espace pour être valables.
Elles sont conclues entre le vendeur d’un fonds de commerce et son acheteur ou encore
entre le bailleur d’un fonds de commerce et son locataire.
 Les conventions d’exclusivité consistent à réserver l’exclusivité de l’activité ou de la
fourniture d’un produit à l’un des commerçants. Ces contrats d’exclusivité sont valables à
condition qu’ils soient limités dans le temps ou dans l’espace.

4
Cf. Laure Merland, l’exploitation du fonds de commerce, Cours de droit commercial, Champollion- France 2011.

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3. La protection pénale contre la concurrence illicite


Il faut noter aussi que certains comportements jugés très graves dans le domaine commercial
sont généralement érigés par les lois nationales comme étant des infractions. Ainsi, en ce qui
concerne la Côte d’Ivoire5, certains comportements illicites ont été incriminés et sont sanctionnés
pour des raisons bien précises.
 Les incriminations :
- Les ententes illicites et abus de position dominante : Constituent des infractions
pénales, les ententes illicites et abus de position dominante. Cette incrimination posée par
la loi du 27 décembre 1991 est commandée par le fondement libéral de l’économie
ivoirienne et se retrouve dans les mêmes termes dans la législation UEMOA (Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine. Mais si l’idée d’une interdiction des ententes
et abus de position dominante jouit aujourd’hui d’un grand intérêt dans presque tous les
pays qui pratiquent un ordre économique de marché, toutes les législations contre les
ententes, même celles des Etats-Unis, à travers le Shermann Act et le Clayton Act,
prévoient des exceptions à l’interdiction.
Le principe de l’interdiction des ententes et positions dominantes supporte des exceptions
que prévoit le législateur lui-même. Ainsi, l’article 10 de la loi du 27 décembre 1991
relative à la liberté de la concurrence met à l’abri de l’interdiction, certaines ententes qui
répondent à certaines conditions. Les ententes ou positions dominantes qui résultent de
l’application d’un texte législatif ou réglementaire pris pour son application ne sont pas
interdites. Il en est de même de celles dont les auteurs justifient qu’elles ont pour effet
d’assurer le progrès économique.
La même dérogation est prévue par l’article 7 du Règlement n°3/2002 de l’UEMOA
susvisé, lorsqu’il est prouvé que la décision d'associations d'entreprises ou la pratique
concertée ou catégorie de pratiques concertées, contribuent à améliorer la production ou
la distribution des produits ou à promouvoir le progrès technique ou économique, tout en
réservant aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en résulte. Il revient, en droit
interne comme en droit communautaire, à une Commission, d’apprécier si l’entente ou la
position dominante en cause, répond aux conditions requises pour échapper à
l’interdiction. A défaut sur la base du principe de l’interdiction, ces pratiques sont
incriminées et exposent leurs auteurs à des sanctions pénales.
- La vente à perte, les prix minima imposés, la vente avec primes, la vente dite « à la
boule de neige », le refus de vente aux consommateurs et les ventes jumelées :
Constituent des infractions pénales, la vente à perte, les prix minima imposés, la vente
avec primes, la vente dite « à la boule de neige », le refus de vente aux consommateurs et
les ventes jumelées à ceux-ci. Par contre, les pratiques discriminatoires de vente, les
ventes jumelées entre professionnels et le refus de vente entre professionnels n’engagent
que la responsabilité civile de leurs auteurs. En ce qui concerne les pratiques
discriminatoires, le législateur ivoirien aurait du les incriminer comme le pendant du
refus de vente. En effet, l’incrimination du seul refus de vente peut amener les
producteurs à multiplier les discriminations sur les prix et les conditions de livraison et de
paiement. Il est en effet, possible aux commerçants obligés de vendre, pour échapper à la
répression pénale pour refus de vente, de passer par d’autres moyens pour ne réserver
leurs produits qu’à des clients privilégiés. Ils le pourront en consentant des réductions de
prix, les meilleures conditions de livraison, des facilités de paiement, etc., c'est-à-dire en
se livrant à des pratiques discriminatoires.

5
NB : Notre développement concernant cette partie repose sur le cours du professeur AYIE AYIE Alexandre,
Cours de droit pénal des affaires, année 2012-2013, Université Félix Houphouët-Boigny.

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C’est pourquoi le législateur aurait du ériger en délits pénaux, les pratiques


discriminatoires de vente qui, comme le refus de vente, peuvent aboutir à l’élimination de
concurrents. L’incrimination des pratiques discriminatoires aurait donc également eu
pour fonction de favoriser la concurrence dans le secteur de la distribution.
 Le fondement de la répression
L’incrimination de la vente à pertes, les prix minima imposés, la vente avec primes, la vente dite
« à la boule de neige, le refus de vente aux consommateurs et les ventes jumelées à ceux-ci,
s’inscrit également dans « l’économie politique » libérale actuelle qui, dans la nouvelle
conception de la concurrence, entend lutter (par la concurrence elle-même) contre ces actes qui
sont de nature à bloquer le jeu de la concurrence. Dans la pratique, on constate que les
incriminations des articles 24 et suivants de la loi de 1991, ont un pouvoir sur les structures
économiques, en ce sens qu’elles peuvent accélérer le mouvement de concentration dans le
secteur de la distribution. Ce pouvoir concentrationniste de ces dispositions répressives amène à
se poser encore une fois la question de savoir quels sont les objectifs du droit pénal de la
concurrence ivoirien à travers les textes visés.
En effet, en France, au cours des années « cinquante », ces pratiques restrictives de la
concurrence, le refus de vente en particulier, s’étaient développées et visaient surtout les grandes
surfaces qui apparaissaient à l’époque comme des nouvelles formes de distribution très
compétitives.
Les producteurs refusaient de vendre à ces grandes unités de distribution ou ils pratiquaient à
leur égard, des discriminations, notamment dans les conditions de livraison, de paiement du prix,
etc. parce qu’elles consentaient d’importants rabais sur les prix au détail. Elles étaient ainsi
boycottées par les producteurs favorables aux prix uniformes et ainsi au petit commerce qui les
pratique. C’est pour empêcher le boycott de ces nouvelles structures de distribution, qui avaient
la faveur des pouvoirs publics, qu’étaient interdits et réprimées à l’époque sans ambages, en
France les refus de vente, les pratiques discriminatoires de vente et des prix minima imposés ou
conseillés.
L’incrimination et la répression de ces pratiques s’imposent donc dès lors qu’on veut faire jouer
la concurrence au niveau du détail. Elles apparaissent comme les corollaires indispensables de
l’incrimination des ententes illicites et abus de position dominante. En effet, le refus de vente
conduit à la rétention des marchandises par le producteur. Cela créé la rareté des produits et
relève de façon artificielle leurs prix. Elle bloque ainsi le jeu normal de la loi de l’offre et de la
demande.
Le refus de vente rappelle l’accaparement que réprimait depuis la fin du XVIIIè siècle, l’article
419 du Code Pénal français. Ce sont là, deux pratiques aux conséquences identiques et qui
condamneraient le libéralisme s’il n’y était remédié. Exerçant une influence « ascensionnelle »
sur les prix, le refus de vente est réprimé dans une optique de libéralisme orthodoxe,
« désincarné », pour permettre le jeu naturel de la loi de l’offre et de la demande. Ainsi,
quoiqu’elle ait une « résonance anti-libérale »6, l’incrimination du refus de vente est fondée sur
la protection de la concurrence.
Toujours dans une perspective de libre concurrence mais surtout, d’égalité économique,
l’incrimination du refus de vente tend aujourd’hui à mettre tous les acteurs économiques7 dans la
6
Voir Delvolvé ; le refus de vente D. 1960 chr. P. 206,
7
Consommateurs, commerçants de gros ou de détail, etc...

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même situation face aux fournisseurs. Elle est conforme à la philosophie néo-libérale qui est
favorable à la concurrence oligopolistique, c’est-à-dire par « grands réseaux économiques ».
L’objectif est le même en ce qui concerne l’incrimination toues les autres pratiques restrictives
de la concurrence.
Les comportements ainsi interdits et réprimés par la loi ivoirienne en matière de concurrence
sont légions. L’on ne peut en faire ici une énumération exhaustive. Ceux visés ci-dessus l’ont
été à titre illustratif. Ce que l’on recherche, c’est la crédibilité et la sécurité des affaires en
Côte d’Ivoire.
Section 4 : Le bail à usage professionnel
Voir Articles 101 et suivants de l’AUDCG.
Autrement appelé bail commercial, il prend désormais le nom de bail professionnel parce
qu’également profitable à d’autres professionnels (l’artisan) en plus du commerçant.
Il se définit comme étant la convention par laquelle le propriétaire d’un immeuble (bailleur) et le
met en tout ou partie à la disposition d’un commerçant (preneur, locataire) moyennant
rémunération.
1. Sa conclusion : elle obéit aux règles de droit commun. Ainsi, le consentement des parties
requis faute de nullité pour vice de consentement (erreur, dol, violence). L’objet et la cause dudit
contrat doivent être licites.
Il peut être écrit ou verbal.
2. L’exécution du contrat : elle fait apparaitre des obligations réciproques à la charge des
parties.
- le bailleur doit livrer les lieux loués, supporter les grosses réparations et garantir au locataire
une jouissance paisible des lieux loués.
- le locataire commerçant doit payer le loyer et occuper les lieux bon père de famille tout en se
chargeant des petites réparations et entretiens de l’immeuble.
Le lieu et les modalités de paiement du loyer sont déterminés par les parties.
La rupture du contrat se fait d’accord parties ainsi que toute modification du loyer ou des
modalités de paiement de celui-ci.
3. Tout litige né de l’exécution du contrat de bail à usage commercial ou professionnel est
porté à la connaissance du juge des référés pour une solution urgente.

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CHAPITRE III : LE FONDS DE COMMERCE


Les éléments du fonds seront étudiés après avoir défini le fonds de commerce non sans avoir
précisé que le fonds de commerce peut faire l’objet de conventions diverses. Après quoi nous
étudierons la vente commerciale
Selon l’acte uniforme le fonds de commerce est constitué par un ensemble de moyens qui
permettent au commerçant d’attirer et de conserver une clientèle.
On le définit aussi comme l’ensemble des biens mobiliers qu’un commerçant ou un industriel
groupe et organise en vue de la recherche d’une clientèle.
De cette définition, découlent plusieurs conséquences :
 Il ne faut pas confondre le fonds de commerce avec l’immeuble dans lequel il est
exploité : les «murs». En effet, le commerçant propriétaire du fonds peut être propriétaire
des locaux ou locataire, dans ce cas, il bénéficie de la protection du droit au bail.
 Le fonds de commerce ne comprend que des éléments mobiliers : c’est un bien meuble
incorporel. (C’est la nature juridique du fonds de commerce)
 C’est une universalité, constituée de l’ensemble des droits et des obligations (actif et
passif) relatifs à l’exploitation commerciale.
 Le fonds de commerce n’a pas de personnalité morale : le commerçant (personne
physique ou morale) répond de ses dettes sur l’ensemble de ses biens (civils et
commerciaux).
Section 1 : Composition et nature juridique du fonds de commerce
Il faut tout d’abord donner la composition avant de préciser sa nature. A cet effet l’acte uniforme
prévoit des éléments principaux et des éléments secondaires.
Paragraphe 1 : Composition du fonds de commerce
A- Les éléments principaux du fonds de commerce
Ces éléments sont désignés sous le nom de fonds commercial. Ce sont la clientèle et l’enseigne
ou le nom commercial.
1 – La clientèle et l’achalandage
C’est l’ensemble des personnes qui se fournissent chez un commerçant. Lorsqu’elles sont liées
à celui-ci par un contrat d’approvisionnement, on parle de clientèle captive. Quand ces
personnes s’adressent au commerçant de façon habituelle, on parle de clientèle attitrée.
Quant aux clients de passage, on les désigne sous le terme d’achalandage.
NB : - La clientèle est l’élément indispensable à l’existence du fonds ; sans clientèle, il n’y a pas
de fonds de commerce.
- Le droit de clientèle est protégé contre la concurrence déloyale (Il s’agit de protéger le
commerçant contre les détournements de clientèle par un concurrent).
2- Le nom commercial ou l’enseigne
Le nom commercial est l’appellation sous laquelle le commerçant exerce son activité (raison
sociale, nom patronymique ou nom de fantaisie). L’enseigne est une désignation de fantaisie ou
emblème qui sert à individualiser la boutique où le fonds est exploité.
NB : Ces éléments sont protégés contre la concurrence déloyale. En effet, leur usurpation met en
jeu la responsabilité délictuelle de l’auteur qui devra payer des dommages et intérêts au
commerçant victime.

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B- Les éléments secondaires du fonds de commerce


On dénombre les éléments corporels et les éléments incorporels.
1- Les éléments corporels
Il s’agit :
 Des meubles servant à l’exploitation du fonds (matériel, mobilier, installations,
aménagements, outillages…)
 Des marchandises (matières premières, produits finis ou semi-finis stockés)
2- Les éléments incorporels
Ce sont le droit au bail, les licences d’exploitation et les droits de propriété intellectuelle et
industrielle.
a- Le droit au bail
C’est le droit pour le commerçant ou professionnel locataire de se voir renouveler son bail arrivé
à expiration.
 Le droit au renouvellement
Il est acquis si le commerçant se trouve dans une ville de plus de 5 000 habitants et s’il justifie
avoir exploité le fonds conformément à l’objet du bail depuis deux ans au moins.
Les parties fixent librement la durée du bail. La durée peut être déterminée ou indéterminée.
La demande de renouvellement du bail se fait par acte extrajudiciaire trois mois avant
l’expiration.
 Les conséquences du refus de renouvellement du bail
Dans le cas d’un bail à durée indéterminée, le bailleur qui ne désire pas renouveler le bail
de son locataire devra donner congé par exploit d’huissier de justice six mois à l’avance.
Le bailleur peut s’opposer au droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou
indéterminée, en réglant au locataire une indemnité d’éviction (somme d’argent correspondant
au préjudice causé par le défaut de renouvellement).
 Les cas de reprise
Le bailleur pourra reprendre son local sans versement d’indemnité d’éviction dans les cas
suivants :
- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du preneur sortant ;
Ex : Non paiement de loyer, modification de l’objet du bail…
- S’il envisage démolir l’immeuble comprenant les lieux loués et de le reconstruire ;
Dans ce cas, le preneur a une priorité à la relocation après reconstruction. A défaut, le
bailleur lui versera l’indemnité d’éviction.
- S’il reprend l’immeuble pour l’habiter lui-même ou le fait habiter par son conjoint, ses
ascendants, ses descendants ou ceux de son conjoint.
b- Les licences d’exploitation
Il s’agit des licences exigées pour l’exercice de nombreuses activités commerciales : les débits
de boisson, le transport, la pharmacie…
Lorsqu’elles ont un caractère personnel, elles ne font pas partie du fonds car ne pouvant être
cédées avec le fonds.
c- Les droits de propriété industrielle et commerciale
Il s’agit des brevets d’invention, des marques de fabrique et de commerce, des dessins et des
modèles et de tout autre droit de propriété intellectuelle nécessaire à l’exploitation.

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Paragraphe 2 : La nature juridique du fonds de commerce


A- Le fonds, un meuble incorporel
Le fonds de commerce est un bien meuble parce qu’il ne comprend que des éléments mobiliers.
Il est en même temps un meuble incorporel en ce sens que tous les éléments qui le composent
sont pour la plupart incorporels (clientèle, le nom, l’enseigne..)
B- Le fonds, une universalité juridique
Il st une universalité juridique parce que tous les éléments qui le composent forment un bloc. Le
fonds est donc différent de chacun des éléments qui le composent, pris isolement. C’est la raison
pour laquelle le fonds en lui même peut faire l’objet d’une convention distincte de celle qui
porterait sur chacun des éléments. Aussi quelque soit les modifications apportées, le fonds existe
toujours.
NB : Le fonds de commerce n’est pas un patrimoine autonome, mais un élément du
patrimoine du commerçant.

Section 2 : Les contrats relatifs au fonds de commerce


Les différents contrats relatifs au fonds seront étudiés respectivement. Ce sont la location-
gérance, le nantissement et la cession du fonds de commerce.
Paragraphe 1 : La location-gérance du fonds de commerce
C’est la convention par laquelle le propriétaire du fonds (bailleur), en concède la location à un
gérant (locataire), qui l’exploite à ses risques et périls en payant au bailleur un loyer ou d’une
redevance. Il suit que la situation du locataire-gérant ne doit pas être confondue avec celle du
gérant salarié qui est lié par un contrat de travail et qui n’est pas commerçant.

A- Conditions de la location-gérance

Le propriétaire Le contrat Le locataire-gérant


- Doit avoir été commerçant Il doit être publié sous - Doit avoir la capacité
pendant 2 ans. forme d’extrait ou de faire le commerce.
- Doit avoir exploité le fonds d’avis dans un journal - Ne doit pas être
pendant 1 an. d’annonces légales frappé d’une
- Ne doit pas avoir été interdit dans les 15 jours incompatibilité, d’une
ou déchu de faire le suivant sa conclusion. déchéance, d’une
commerce. Les mêmes mesures interdiction.
- Doit modifier son de publicité doivent - Doit être inscrit au
inscription au RCCM être accomplies en fin registre du commerce
(Ces délais peuvent être réduits de location-gérance. et du crédit mobilier.
par le tribunal et ils ne
s’appliquent pas à l’Etat, au
commerçant devenu incapable,
à un héritier du fonds)

B-Effets de la location-gérance
1 -Les effets en cours de contrat
- Le propriétaire : Il doit mettre le fonds à la disposition du locataire-gérant ; il lui doit la
garantie contre l’éviction et les vices cachés ; il ne doit pas exploiter un commerce
concurrent.
- Le locataire-gérant : Il doit payer le loyer ; il doit exploiter le fonds avec diligence ; il
ne doit pas en modifier la destination, en étendre l’objet.

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- Les créanciers du propriétaire : Ils peuvent faire déclarer leurs créances exigibles
immédiatement par le tribunal s’ils craignent que le contrat de gérance les mette en péril.
L’action doit être intentée dans les 3 mois de l’avis.
- Les créanciers du fonds de commerce : Jusqu’ à la publication du contrat de
location-gérance, le bailleur est solidairement responsable avec le locataire-gérant des dettes
contractées par celui-ci pour le fonds. Ainsi :
Pour les dettes nées avant le contrat, le bailleur en est seul responsable ;
Pour celles nées après le contrat et avant sa publication, le bailleur et le locataire sont
responsables solidairement ;
Pour les dettes nées après la publication du contrat, le locataire en est seul responsable.
2- les effets à la fin du contrat
Elle rend immédiatement exigibles les dettes afférentes au fonds contractées par le locataire.
Celui-ci n’a droit à aucune indemnité même s’il a contribué à augmenter la clientèle. Enfin, sauf
clause contraire expresse, il semble que celui-ci puisse s’installer à proximité du fonds du
bailleur et faire concurrence à ce dernier.
Paragraphe 2 : Le nantissement du fonds de commerce
C’est gage sans dépossession offert par le propriétaire d’un fonds, qui permet à un créancier de
ce propriétaire de se faire payer sur le prix du fonds au cas où la créance ainsi garantie n’est pas
exécutée.
Il y a nantissement conventionnel et le nantissement judiciaire.
A- Le nantissement conventionnel
Il est stipulé par un contrat passé entre le propriétaire du fonds et un créancier.
C’est un acte mixte si le créancier est un non commerçant.
1- L’objet du nantissement
Le nantissement ne porte jamais sur les marchandises. Si l’acte écrit ne comportait pas
d’indication sur les éléments, il serait présumé porter sur la clientèle, le nom commercial,
l’enseigne, le droit au bail et les licences d’exploitation.
Il peut aussi porter par l’effet d’une clause expresse sur les brevets d’invention, les marques de
fabrique et de commerce, les dessins et modèles et autres droits de la propriété intellectuelle ainsi
que sur le matériel.
2- Formes
C’est un acte écrit qui peut être authentique ou sous seing privé dûment enregistré. En outre, il
doit faire l’objet d’une inscription au registre du commerce et du crédit mobilier.
3- Effets
Le créancier nanti peut demander la vente forcée du fonds qui constitue son gage 8 jours après
sommation faite de payer demeurée infructueuse, il bénéficie d’un :
- Droit de préférence sur le prix de vente c’est-à-dire qu’il est payé par préférence
aux créanciers chirographaires ;
- Droit de suite c’est-à-dire qu’il peut faire saisir et faire vendre le bien en quelque
main qu’il se trouve.
- Droit de surenchère du sixième.
B- Le nantissement judiciaire
C’est une mesure qui peut être ordonnée par le juge au profit d’un créancier pour sûreté de sa
créance dont le recouvrement est en péril.
Il porte sur les mêmes éléments que le nantissement conventionnel. Il ne produit d’effet que s’il
est inscrit au registre du commerce et du crédit mobilier.

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En outre, l’inscription a pour effet de placer le créancier d’un nantissement judiciaire dans la
même situation que celui nanti à titre conventionnel.
Paragraphe 3 : La cession du fonds de commerce
La cession est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de commerce cède celui-ci
à un preneur moyennant le paiement d’un prix convenu.
A- Conditions de cession
Il y a des conditions tenant aux parties, au fonds vendu et à son prix et à la forme et à la publicité
de la vente.
1- Conditions tenant aux parties
- La capacité : il faut avoir la capacité de faire le commerce. Toutefois si le vendeur est
mineur la vente sera faite par son représentant légal avec l’autorisation du juge des
tutelles.
- Le consentement : Il ne doit pas être vicié par l’erreur, le dol (en effet, il est possible de
se tromper ou d’être trompé sur la clientèle ou le chiffre d’affaires) ou la violence
(lorsque la vente a été consentie suite à des actes de chantage).
- L’objet et la cause : Ils doivent être licites et non contraire aux bonnes mœurs.
2- Conditions tenant au fonds vendu et à son prix
La cession du fonds comprend obligatoirement le fonds commercial. Pour les autres éléments, il
faut une stipulation expresse dans l’acte de vente.
Quant au prix du fonds, il est fixé librement par les parties sous réserve de la surenchère qui peut
être faite par les créanciers du fonds s’ils estiment que le fonds a été vendu à un prix trop bas.
3- Conditions tenant à la forme et à la publicité de la vente
La cession du fonds se fait par acte écrit authentique ou sous seing privé enregistré (pour la
protection du vendeur).
L’acte de vente doit comprendre un certain nombre de mentions de nature à renseigner sur la
valeur réelle du fonds vendu sous peine de nullité (pour la protection de l’acheteur).
Des formalités de publicité doivent aussi être faites au registre du commerce et du crédit mobilier
(pour la protection des créanciers du vendeur).
Un avis d’insertion est enfin fait dans les 15 jours francs de l’acte de vente.
B- Effets de la cession
Elle fait naître des obligations à la charge de chacune des parties.
1- Obligations du vendeur : Il doit mettre le fonds à la disposition de l’acheteur à la date prévue
dans l’acte de cession. Il devra lui présenter la clientèle.
Il lui doit aussi la garantie contre l’éviction (c'est-à-dire le garantir contre les troubles de droit
provenant d’un tiers) ; la garantie contre les vices cachés (c’est-à-dire le garantir contre la
diminution de jouissance qu’il pourrait subir et ayant une importance telle qu’il n’aurait pas
acheté s’il en avait eu connaissance) et la garantie de son fait personnel (c’est-à-dire ne rien faire
qui puisse troubler l’acquéreur dans l’exercice des droits qui lui ont été transmis). Il ne doit pas
détourner la clientèle.
2 - Obligations de l’acheteur : Il doit payer le prix au jour et au lieu fixé dans l’acte de vente. Ce
paiement a lieu entre les mains du notaire ou d’un établissement bancaire désigné d’accord
parties.
3- Garanties du vendeur du fonds : La loi a organisé deux garanties qui sont le privilège sur le
fonds et l’action en résolution.
Le privilège protège le vendeur contre les nantissements qui pourraient être consentis par
l’acquéreur et contre les aliénations. Mais, pour jouir de ce privilège, la vente devra être publiée
au RCCM.

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L’action résolutoire consiste pour le vendeur impayé à demander au président de la juridiction


du lieu où la vente a été inscrite la résolution du contrat de vente.
Mais, l’action n’aboutira que si et seulement si la vente a été publiée au RCCM.
Section 4 : Le contrat de vente commerciale
Les conditions de validité, les caractères et les effets de ce contrat seront étudiés après avoir
défini ce type de contrat.
Paragraphe 1 : Définition et condition de la vente commerciale
A- Définition
La vente est un contrat par lequel une personne, appelée vendeur, transfère à une autre personne,
appelée acheteur, la propriété d’une chose contre le paiement d’un prix.
B- Conditions de validité
- Le consentement : Il doit exister et doit être exempt de vices.
- La capacité : Les parties doivent avoir la capacité juridique.
- L’objet : Il doit exister, être dans le commerce et licite.
- La cause : Le motif déterminant la personne à contracter doit être licite.
C- Caractères
Le contrat de vente est un contrat :
 A titre onéreux : C’est ce qui le différencie de la donation.
 Consensuel : Le consentement est formé par la réunion de l’offre et de l’acceptation.
 Synallagmatique : Il comporte des obligations réciproques pour les parties,
essentiellement payer le prix pour l’acheteur et livrer la chose pour le vendeur.
Paragraphe 2 : Les effets du contrat
Le contrat de vente a pour effets principaux :
A- Le transfert de la propriété et des risques : La loi indique que la propriété est acquise de
droit à l’acheteur à l’égard du vendeur, dès qu’on est convenu de la chose et du prix,
quoique la chose n’ait pas été livrée ni le prix payé.
Les risques sont transférés en même temps que la propriété. Toutefois, par l’intervention
d’une clause dite clause de réserve de propriété les parties peuvent différer le transfert
de propriété au moment du paiement.
B- Les obligations du vendeur : Il y a des obligations générales qui sont la livraison (livrer
une chose conforme à ce qui a été prévu au contrat, tant en ce qui concerne la quantité et
la qualité.) et la garantie contre l’éviction, contre les vices cachés et les défauts de
conformité.
Il y aussi des obligations particulières au vendeur professionnel. Ce sont l’obligation de
sécurité (Il est responsable du dommage que la chose peut causer à son acquéreur ou des
tiers) et l’obligation d’information et de conseil (Il doit donner tous les renseignements
sur l’utilisation et conseiller utilement le client par rapport à ses besoins).
C- Les obligations de l’acheteur : C’est l’obligation de retirement qui équivaut à prendre
livraison de la marchandise.
L’obligation de payer le prix qui doit être déterminé ou déterminable. Le prix
peut être payé soit au comptant, soit à crédit. Enfin, les clauses de révision ou
d’indexation du prix sont admis pour réexaminer le contrat en cas de
bouleversement de l’économie du contrat. Toutefois, l’indice de révision doit avoir un
lien avec l’objet du contrat.
D- Les garanties du vendeur non payé : Il possède des droits qui sont le droit de rétention,
droit de résolution, droit de revendication si la chose a été livrée. En outre, le vendeur
pourra obtenir des dommages et intérêts.

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Remarques : Les modalités de paiement


Le prix peut être payé, soit au comptant, soit au crédit ; il peut aussi avoir donné lieu au
versement d’arrhes ou d’acomptes.
Lorsqu’il y a versement d’arrhes l’acheteur qui a versé des arrhes peut se dédire en les
abandonnant et le vendeur peut se dédire en versant le double de la somme.
Quant au versement d’acompte, il constate une vente ferme et définitive ; les parties ne peuvent
se dédire.

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DEUXIEME PARTIE :
LES SOCIETES COMMERCIALES

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TABLE DES MATIERES


Chapitre 1 : Les règles communes à toutes les sociétés
Section 1 : Les règles de constitution
Paragraphe 1 : Les conditions de fond
Paragraphe 2 : Les conditions de forme
Section 2 : Les règles de fonctionnement
Paragraphe 1 : L’organisation de la vie sociale
Paragraphe 2 : L’exercice du mandat social
Paragraphe 3 : La dissolution de la société
Chapitre 2 : Les règles spécifiques à chaque type de société
Section 1 : la Société en Nom Collectif
Paragraphe 1 : Définition et règle de constitution de la SNC
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SNC
Paragraphe 3 : La dissolution de la SNC
Section 2 : La Société en Commandite Simple
Paragraphe 1 : Définition et règles de constitution
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SCS
Paragraphe 3 : la dissolution de la SCS
Section 3 : La Société à Responsabilité Limitée
Paragraphe 1 : Définition et règles de constitution
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SARL
Paragraphe 3 : La dissolution de la SARL
Section 4 : La Société Anonyme
Paragraphe 1 : définition et règles de constitution
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SA
Paragraphe 3 : La dissolution de la SA
Section 5 : La société par action simplifiée (SAS)
Section 6 : La société coopérative
Chapitre III : Les infractions comptables

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CHAPITRE I : LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES


Les conditions de fond et les formalités constitutives seront étudiées.
Section 1 : Les règles de constitution
Il s’agit des conditions de fond et de forme.
Paragraphe 1 : Les conditions de fond
Aux termes de l’acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique, la société naît soit par le fait d’une seule personne soit par la volonté de deux ou
plusieurs personnes. Dans ce dernier cas la condition de fond est celle posée par l’article 1108
du code civil en plus de celles spécifiques aux sociétés.
A- L’acte unilatéral de volonté
Désormais, une seule personne physique ou morale appelée « associé unique » peut créer la
société commerciale. Cependant, cela ne peut se faire que par un acte écrit.
B- Le contrat de société
Le contrat de société unit au moins deux personnes qui conviennent d’affecter à une activité des
biens ou leur industrie, en vue de partager le profit qui pourra en résulter.
Pour qu’il y ait société, il faut nécessairement réunir des éléments. Ce sont les apports, la
vocation aux bénéfices et aux pertes, l’affectio societatis.
1- Les apports
L’apport est le bien qu’un associé s’engage à mettre à la disposition de la société en vue de
l’exploitation commune. En contrepartie, l’associé reçoit des parts sociales.
On distingue trois catégories d’apports :
 L’apport en numéraire : C’est-à-dire en argent. Il donne lieu à une souscription
(promesse de réalisation de l’apport) et une libération (versement effectif des fonds).
Selon le type de société, la libération peut être immédiate ou échelonnée dans le temps.
Pour les SA, les apports peuvent être versés au ¼ à la souscription et le reste sera versé
dans les 3 années suivant l’immatriculation.
 L’apport en nature : ce sont des biens corporels ou incorporels, mobiliers ou
immobiliers. Leur évaluation est faite par les associés et cette évaluation est contrôlée par
un commissaire aux apports.
L’apport peut être fait en propriété (le droit portant sur le bien est transféré à la société
dans sa totalité) ou en jouissance (l’apporteur reste propriétaire du bien et la société
possède l’usufruit du bien).
 L’apport en industrie : consiste dans l’engagement pour un associé d’accomplir une
prestation dans un domaine précis (faire profiter la société de sa compétence technique,
de son travail, de ses relations).
Cette prestation est accomplie en qualité d’associé et non de salarié.
Ce type d’apport n’est possible que dans les sociétés de personnes.

Enfin, il faut noter que le capital social qui comprend les apports en industrie et en nature
constitue l’expression du pouvoir des associés et le gage des créanciers.

2-La vocation aux bénéfices et aux pertes


Elle consiste dans le partage des bénéfices et la participation aux pertes.
Pour cela, tous les associés doivent être sur un pied d’égalité. Aussi, la loi interdit-elle les clauses
léonines (du latin « léo » pour dire « la part du lion ») qui attribuent à un associé le profit ou
l’ensemble des pertes ou qui excluent totalement un associé du profit ou de pertes.
Toutefois, la répartition inégale des profits ou des pertes peut être modulée par les statuts.

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3-L’affectio societatis
C’est la volonté de collaborer à l’objet social d’une manière égalitaire. Cet élément permet de
distinguer la société de contrats qui peuvent paraître voisins : contrat de prêt, de bail, de mandat,
travail avec participation aux bénéfices.
Paragraphe 2 : Les formalités constitutives
Elles ont pour but de renseigner les tiers qui seront en relations avec la société sur son existence,
sa forme, sa structure, et sa surface financière.
A- Les statuts
C’est un ensemble d’écrit comportant les règles d’organisation et de fonctionnement d’une
société commerciale. Les statuts énoncent la forme de la société, sa dénomination, son objet
social, son siège, sa durée, l’identité des apporteurs, le montant du capital social, le nombre et la
valeur des titres émis, les stipulations relatives à la répartition du résultat, les modalités de son
fonctionnement.
B- L’immatriculation
L’acte juridique créateur donne naissance à une personne juridique, c’est-à-dire qui a l’aptitude à
être sujet de droits et d’obligations.
Pour cela, la société doit être d’abord immatriculée au registre du commerce et crédit mobilier.
C’est cette formalité qui lui attribut la personnalité morale qui ne disparaîtra qu’à la clôture de la
liquidation.
Les attributs de la personnalité morale pour les sociétés commerciales sont un nom, un domicile
qui est son siège, une nationalité, un patrimoine et une vie juridique (gérée par le mécanisme de
la représentation).
Remarques : Les sociétés sans personnalité morale
 La société en participation : Elle a un caractère occulte. Elle n’existe qu’entre les
associés et n’est pas révélée aux tiers.
Ex : Société créée par plusieurs personnes en vue de la prise de contrôle d’une autre
société.
 La société de fait : Société voulue par les associés mais imparfaitement constituée et
ayant fonctionné un certain temps en dépit du vice qui est cause de sa nullité.
 La société « créée de fait » : Société résultant du comportement de personnes qui ont
participé ensemble à une œuvre économique commune et se sont comportés comme des
associés, mais sans avoir rédigé de statuts.
C- La publicité
La société doit faire l’objet d’une publicité à la diligence et sous la responsabilité des dirigeants
sociaux. La publicité de la société nécessite l’accomplissement des formalités suivantes :
 L’enregistrement des statuts à la direction de l’enregistrement.
 Le dépôt des statuts enregistrés au greffe du tribunal du lieu du siège social.
 La publicité sous forme d’extrait dans un journal d’annonces légales.
 L’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier.
 La déclaration fiscale d’existence pour l’obtention d’un numéro de compte contribuable.
 Les déclarations sociales à la Caisse Nationale de Prévoyance sociale.
NB : La sanction des conditions de validité des sociétés : Lorsqu’elles ne sont pas respectées,
la société peut être annulée. Mais cette nullité ne rétroagit pas. Par ailleurs il est ouvert aux
parties, la possibilité de régulariser la société.
Section 2 : les règles de fonctionnement de la société
Le fonctionnement de la société se traduit par l’organisation de la vie sociale, l’exercice social et
la dissolution.

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Paragraphe 1 : L’organisation de la vie sociale


Elle se saisit à travers la gestion quotidienne de la société qui est le fait de certaines personnes
limitativement désignées mais aussi par les droits reconnus aux associés.
A- La gestion de la société
C’est le fait des organes de gestion. Il s’agit des dirigeants sociaux qui portent des noms
différents selon le type de société.
Ainsi, on parle de gérant dans les sociétés de personnes et dans les SARL.
Quant aux sociétés de capitaux, on parle de conseil d’administration dirigé par son président ou
d’administrateur général.
Ces personnes engagent la personne morale créée par leurs actes juridiques mais aussi par leurs
actes illicites.
B- Les droits propres des associés
Ce sont le droit de nommer les organes dirigeants de la société, de les révoquer ; le droit de
contrôler la gestion de la société ; le droit de participer à la vie de la société à travers les
assemblées générales.
Paragraphe 2 : L’exercice social
C’est une période d’une année au cours de laquelle la société doit être gérée au quotidien. Elle
part du 1er janvier au 31 décembre de l’année en cours.
Au cours de cette période, divers événements ont lieu ou peuvent avoir lieu.
A- La modification des statuts
Elle n’est permise que si elle n’accroît pas les engagements des associés. Elle intervient
conformément aux règles statutaires.
B- La transmission des droits sociaux
Il s’agit des changements dans les personnes des associés. Cette transmission est libre dans les
sociétés de capitaux. Dans les autres sociétés, elle est soumise à des conditions plus strictes,
selon chaque type de société.
C- Les charges fiscales
Il s’agit du paiement de la TVA, l’impôt BIC, de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières en
cas de distribution de bénéfices…etc.
D- L’affectation des résultats
Elle intervient après approbation par les associés des états financiers de synthèse annuelle. Ainsi,
on a la distribution de bénéfices ou mise en réserves.
Paragraphe 3 : La dissolution des sociétés
Plusieurs raisons peuvent justifier la dissolution d’une société. Ici, il convient de voir les causes
communes de dissolution et les effets de celle-ci.
A- Les causes de dissolution
Ce sont :
 La dissolution légale : Elle intervient en cas de réduction du nombre d’associés
en deçà du minimum légal ; en cas de décès, d’incapacité, de faillite ou
d’interdiction d’un associé ; en cas d’annulation de la société.
 La dissolution volontaire : Les associés décident eux-mêmes de mettre fin de
façon anticipée à la société.
 La dissolution statutaire : C’est le cas lorsque le terme est arrivé ou encore
quand l’objet ou l’activité pour laquelle la société a été créée est réalisé.
 La dissolution judiciaire : Elle intervient en cas de demande d’un associé pour
justes motifs ; en cas d’inexécution par un salarié de ses obligations ; de

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mésintelligence entre les associés empêchant le fonctionnement normal de la


société ; par l’effet d’un jugement ordonnant la liquidation des biens de la société.
B- Les effets de dissolution
Elle fait l’objet d’un avis de publication dans un journal d’annonces légales. La dissolution n’a
d’effet envers les tiers qu’à compter de sa publication au registre du commerce et du crédit
mobilier.
La dissolution de la société pluripersonnelle entraîne de plein droit sa mise en liquidation
(réaliser l’actif en vue d’apurer le passif) pour effectuer le partage du patrimoine social.
La dissolution de la société unipersonnelle entraîne la transmission universelle du patrimoine de
la société à l’associé unique sans qu’il y ait lieu à liquidation et cela une fois que toutes les
oppositions ont été purgées.

La classification des sociétés

Les sociétés de personnes Les sociétés de capitaux


- La société en nom collectif - La société anonyme
- La société en commandite simple La personne de l’associé est indifférente ; les
Les associés s’unissent considération de la actionnaires ne se connaissent généralement
personne ; il ne peut y avoir de cession des pas ; les droits des actionnaires sont
parts sauf consentement de tous les associés ; représentés par actions librement
les associés des S.N.C et les commandités de négociables ; les actionnaires n’ont pas la
la S.C.S ont la qualité de commerçant ; leur qualité de commerçant ; leur responsabilité
responsabilité est solidaire et indéfinie. est limitée au montant de leur apport.

Un type mixte : La société à responsabilité limitée


Les associés ne supportent les pertes que jusqu’à concurrence de leur apport. La société est
commerciale mais les associés ne sont pas commerçants. Les parts sociales ne sont pas
librement négociables.

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CHAPITRE II : LES REGLES SPECIFIQUES A CHAQUE TYPE DE SOCIETES


Ces règles permettent de classer les sociétés commerciales deux grandes catégories : les sociétés
de personnes et les sociétés de capitaux, bien qu’il puisse exister des sociétés mixtes.
Section 1 : Les sociétés de personnes
Il s’agit ici de la société en nom collectif (SNC) et de la société en commandite simple (SCS).
I- La société en nom collectif

Voir : Articles 270 à 292 de l’Acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales
et GIE
Il sera analysé successivement la constitution de la société, son fonctionnement et sa dissolution.
Paragraphe 1 : Définition et règles de constitution de la SNC
La société en nom collectif est celle dans laquelle tous les associés sont commerçants et
répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales. Il y des conditions générales de
constitution et des conditions tenant au contrat de société.
A- Conditions générales
Ce sont celles exigées pour la formation de tout contrat ; à savoir le consentement des associés (il
doit être exempt de vices), la capacité (il est exigé la capacité civile et la capacité commerciale),
l’objet (il doit être licite) et la cause (elle être licite et morale).
En outre, le contrat de société doit être constaté par écrit et, l’existence de la société doit être
portée à la connaissance des tiers par la publication et l’immatriculation au registre du commerce
et du crédit mobilier.
Enfin, il est interdit aux époux (quel que soit leur régime matrimonial) d’être associés dans la
même société en nom collectif car cela risquerait de compromettre les intérêts du ménage. En
effet, les associés sont tenus indéfiniment et solidairement des dettes sociales.
B- Conditions tenant au contrat de société
Elles sont relatives à la dénomination sociale. Elle doit être immédiatement précédée des mots :
société en nom collectif ou du sigle S.N.C.
Elles concernent aussi les apports qui peuvent être en numéraires, en nature ou en industrie.
Quant à l’affectio societatis, cela est très important car il s’agit d’une société de personne fondée
sur l’intuitu personae. C’est pourquoi, les parts sociales sont intransmissibles sauf à l’unanimité
des associés et que la société prend fin en principe par le décès, l’interdiction ou l’incapacité de
l’un des associés.
S’agissant de la vocation aux bénéfices et aux pertes, elle est très réelle dans ce type de société
vu la responsabilité indéfinie et solidaire des associés. Pour la mise en œuvre de la solidarité, la
loi précise que les poursuites ne peuvent avoir lieu que 60 jours au moins après mis en demeure.
Enfin, il faut préciser que le nombre minimum d’associés est de deux personnes et il n’y a pas de
capital minimum.

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Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la S.N.C


Il est relatif à la gérance de la société et aux droits des associés.
A- La gestion de la S.N.C : La gérance
- En principe tous les associés sont gérants.
- En pratique un ou plusieurs gérants sont désignés soit parmi les
Désignation qui ? associés soit une personne étrangère est choisie.
- Le gérant peut être une personne physique ou
une personne morale.
Il est désigné par les statuts ou par un acte séparé.
Par qui ? La désignation doit se faire à l’unanimité en principe.

- Le gérant statutaire ne peut être révoqué que par un vote à


l’unanimité. Cela entraîne la dissolution de la société sauf
clauses statutaires contraires.
- Le gérant non statutaire associé est révoqué par décision de la
Révocation majorité.
- Le gérant non statutaire non associé est révoqué par décision de
la majorité.
NB : Possibilité de révocation judiciaire pour justes motifs
Rémunération Elle est fixée par les associés sauf clause contraire des statuts.
- C’est un organe de gestion. A ce titre, il prend les décisions
nécessaires à la réalisation de l’objet social et agit dans l’intérêt
de la société ; les statuts peuvent limiter ses pouvoirs. Les
clauses limitatives ne sont pas opposables aux tiers.
Pouvoirs - C’est un organe de représentation : Il agit au nom et pour le
compte de la société dans les limites de l’objet social. Il ne doit
pas empiéter sur les pouvoirs des associés.
Le gérant est responsable envers la société, les associés et les tiers des
Responsabilités fautes qu’il commet dans l’exercice de ses fonctions.
B- Les droits des associés
Les associés ont un droit de contrôle de la gestion de la société.
Ainsi, ils ont le droit de statuer au moins une fois par an sur les comptes de l’exercice social ; ils
ont le droit d’intervenir en cas de décisions graves excédant les pouvoirs du gérant ; ils ont le
droit de se prononcer sur les modifications statutaires ; ils ont le droit d’avoir copie de tous les
documents commerciaux et comptables à leurs frais deux fois par an ; ils ont droit aux bénéfices
en fonction des conditions déterminées par les statuts.
Les parts étant en principe incessibles et intransmissibles, elles ne peuvent être cédées qu’avec le
consentement unanime des associés.
Enfin, les clauses statutaires prévoient la possibilité de cession des parts à titre onéreux ou
gratuit pour permettre le retrait de l’associé cédant.
Paragraphe 3 : La dissolution de la S.N.C
Elle intervient :
- Si un associé est touché par la faillite personnelle, une interdiction, une incapacité ;
La continuation de la société peut être prévue par les statuts ou décidée à l’unanimité des
associés
- En cas de décès d’un associé ; mais les statuts peuvent prévoir la continuation de la
société avec les associés survivants ou avec ceux-ci et les héritiers. Dans la dernière

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hypothèse, si l’héritier est mineur la société sera transformée, dans un délai de un an, en
société en commandite simple dont le mineur devient commanditaire.
- En cas de révocation d’un gérant statutaire sauf clause contraire des statuts.
II- La société en commandite simple

Voir : Articles 293 à 308 de l’Acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales
et GIE
La constitution de la société, son fonctionnement et sa dissolution seront étudiés.
Paragraphe 1 : Définition et règles de constitution
A- Définition
La société en commandite simple est celle dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés
indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales dénommés « associés
commandités », avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans la limite de
leurs apports dénommés « associés commanditaires »
Il faut ajouter que les commandités sont commerçants tandis que les commanditaires ne le sont
pas.
B- La constitution de la S.C.S
La situation propre du commandité et celle du commanditaire vont avoir des conséquences quant
à la capacité, la dénomination sociale, aux apports et aux règles de publicité.
S’agissant des parties au contrat pour les commandités, la capacité commerciale est exigée tandis
que pour les commanditaires, ils n’ont pas besoin d’avoir la capacité de faire le commerce.
Ainsi, une personne frappée d’incapacité ou d’interdiction de faire le commerce peut être
associée dans une S.C.S en qualité de commanditaire.
De même, deux époux peuvent être associés dans une S.C.S mais en des qualités différentes.
Quant à la dénomination sociale, elle ne peut comprendre que le ou les noms de tous les associés
commandités. Le nom des commanditaires ne peut jamais figurer dans la dénomination sociale.
En ce qui concerne les apports, seuls les commandités peuvent faire toutes sortes d’apports, les
commanditaires sont interdits de faire des apports en industrie.
De plus, le montant et la valeur des apports de chaque catégorie d’associés doivent figurer
nécessairement dans les statuts.
Relativement aux règles de publicité, ce sont les mêmes que celles indiquées dans les généralités.
Enfin, il faut préciser que le nombre minimum d’associés est de deux personnes et il n’y a pas de
capital minimum.
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la S.C.S
La gestion de la société incombe aux seuls commandités ; les commanditaires en sont exclus. Il
peut y avoir un ou plusieurs gérants statutaires ou non. Comme dans la S.N.C, la révocation du
gérant risque d’entraîner la dissolution de la société sauf clauses statutaires contraires.
En ce qui concerne la cession des parts, elle tient compte de la dualité des associés. En principe,
il faut le consentement unanime des associés. Toutefois les statuts peuvent stipuler que :
- Les parts des associés commanditaires sont librement cessibles entre associés ;
- Les parts des associés commanditaires peuvent être cédées à des tiers étrangers à la société
avec le consentement de tous les associés commandités et la majorité en nombre et en
capital des associés commanditaires.
- Un associé commandité peut céder une partie de ses parts à un associé commanditaire ou à
un tiers étranger à la société avec le consentement de tous les associés commandités et la
majorité en nombre et en capital des associés commanditaires.

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Paragraphe 3 : La dissolution de la S.C.S


Elle intervient si un associé commandité décède ou est touché par la faillite personnelle, une
interdiction, une incapacité sauf clause de continuation prévue par les statuts.
Par contre, l’intervention de ces mêmes événements en la personne d’un commanditaire
n’entraîne pas la dissolution de la société.

Section 2 : Les sociétés de capitaux


Il s’agit ici principalement de la SARL et de la société anonyme.
I- La société a responsabilité limitée

Voir: Articles 809 à 884 de l’Acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales
et GIE
La constitution de la société, son fonctionnement et sa dissolution seront étudiés.
Paragraphe 1 : Définition et règles de fonctionnement
A- Définition
La société à responsabilité limitée est une société dans laquelle les associés ne sont responsables
des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des
parts sociales.
Elle peut être constituée par une personne physique ou morale, ou entre deux ou plusieurs
personnes physiques ou morales.
B- La constitution de la SARL
Elle doit remplir les conditions de fond et de forme de constitution de toute société commerciale
à savoir l’expression du consentement des associés, l’écrit et la publicité.
Elle peut être constituée par une seule personne ou par plusieurs personnes.
Les associés n’ayant pas la qualité de commerçants, la capacité commerciale n’est pas exigée.
Ainsi, un mineur et un majeur incapable peuvent faire partie d’une SARL. De même, la SARL
entre époux est admis car la responsabilité limitée empêche une atteinte aux règles du régime
matrimonial.
La SARL est désignée par une dénomination sociale précédée du sigle SARL.
La SARL est valablement constituée avec un capital social au moins égal à 1.000.000 FCFA,
sauf dispositions nationales contraires prévoyant un montant inférieur. Les fonds provenant de
la libération des parts sociales doivent être déposés en banque contre récépissé ou en l’étude d’un
notaire. Le capital social est divisé en parts sociales d’une valeur nominale au moins égale à
5.000 FCFA.
Enfin, en cas d’apport en nature, l’évaluation de ceux-ci est faite par les associés ou par un
commissaire aux apports (lorsque l’apport fait est supérieur à 5. 000.000 FCFA) pour garantir
les droits des tiers.
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SARL
Elle est gérée par une ou plusieurs personnes physiques associés ou non. Les fonctions de gérant
peuvent être gratuites ou rémunérées ; la rémunération est fixée statutairement ou en assemblée
générale.
La durée des fonctions de gérant est fixée par les statuts. A défaut de précision, le ou les gérants
demeurent en fonction pour 4 ans, ils sont rééligibles.
Le ou les gérants sont révocables aux conditions de majorité requise pour la révocation des
gérants.
Dans leurs rapports entre associés et en l’absence de la détermination de ses pouvoirs par les
statuts, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt de la société.

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Dans les rapports avec les tiers, le gérant est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en
toute circonstance au nom de la société, sous réserve des pouvoirs expressément attribués aux
associés par l’acte uniforme.
Les gérants sont responsables individuellement ou solidairement, selon les cas, envers la société
et les tiers, soit des infractions aux dispositions législatives ou réglementaires applicables aux
sociétés à responsabilité limitée, soit des violations des statuts, soit des fautes commises dans
leur gestion.
A- Les droits des associés
Les associés ont d’abord le droit d’être informé de la vie de la société et de participer à la
répartition des bénéfices ; ensuite ils interviennent dans la prise de décisions, en principe, en
assemblée générale.
 Le droit à l’information des associés : Les associés ont un droit d’information permanent
sur les affaires sociales. De plus, préalablement à la tenue des assemblées générales, ils
ont un droit de communication sur tous les documents en rapport avec l’assemblée
générale envisagée.
 La répartition des bénéfices : Chaque année, les comptes de la société doivent être établis
afin que les associés puissent déterminer s’il y a des bénéfices ou des pertes et procéder à
la répartition en cas de bénéfices.
 Les pouvoirs de décision :
- Les AGO statuent sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé, sur la nomination et
le remplacement des gérants, sur les opérations soumises à l’accord préalable des associés et sur
toutes les questions n’entraînant pas de modifications des statuts.
Lors des AGO, les décisions sont prises par les associés représentant plus de la moitié du capital.
- Les AGE ont pour objet de statuer sur les modifications des statuts ; en la matière, les
décisions sont prises par les associés représentant au moins les 3/4 du capital social.
Cependant, pour les décisions ci-dessous l’unanimité est requise. Ce sont : l’augmentation des
engagements des associés, la transformation de la société en société en nom collectif et le
transfert du siège social dans un Etat autre qu’un Etat partie du traité OHADA.
B- Le contrôle de la société
Le contrôle est assuré par les associés ou par les commissaires aux comptes.
La nomination d’un ou plusieurs commissaires aux comptes est obligatoire dans les SARL où le
capital social est supérieur à 10.000.000 FCFA ou dans celles qui remplissent les conditions
suivantes :
 Chiffre d’affaires annuel supérieur à 250.000.000 FCFA
 Effectif permanent supérieur à 50 personnes.
La cession des parts sociales
La cession des parts varie selon qu’elle est faite à un associé ou à un tiers. La cession à un
associé est librement fixée par les statuts de la société. A défaut, elle est libre.
La cession à un tiers étranger à la société est librement fixée par les statuts de la société. A
défaut, elle n’est pas libre afin de préserver l’intuitu personae. La cession entre vifs doit se faire
par écrit. Elle n’est opposable aux tiers et à la société qu’après l’accomplissement de formalités
(signification à la société par acte d’huissier ou acceptation par la société dans un acte
authentique, et en plus l’acte de cession doit faire l’objet du dépôt d’un original au siège de la
société, d’une modification des statuts et d’une publicité au RCCM).
Paragraphe 3 : La dissolution de la SARL
La SARL est dissoute pour les causes communes applicables à toutes les sociétés commerciales.
Elle n’est pas dissoute en cas d’interdiction, de faillite ou d’incapacité d’un associé. Sauf
stipulation contraire des statuts, elle n’est pas non plus dissoute par le décès d’un associé.

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Enfin, en cas de pertes à la fin de la dissolution, la responsabilité des associés sera limitée au
montant de leurs apports.
II- La société anonyme (SA)

Voir : Articles 385 à 852 de l’Acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales
et GIE
La constitution de la société, son fonctionnement et sa dissolution seront étudiés.
Paragraphe 1 : Définition et règles de constitution
A- Définition
La société anonyme est une société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes
sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits des actionnaires sont représentés par
des actions.
La société anonyme peut ne comprendre qu’un seul actionnaire.
B- La constitution de la SA
Il faut un capital minimum de 10.000.000 FCFA ou de 100.000.000 FCFA (en cas d’appel public
à l’épargne) divisé en actions dont le nominal ne peut être inférieur à 10.000 FCFA.
Le capital social doit faire l’objet d’une souscription intégrale avant l’assemblée générale
constitutive. Toutefois, la libération des actions en numéraires doit être faite au moins au 1/4 des
actions souscrites. Le dépôt des fonds en numéraires doit se faire soit dans une banque ou chez
un notaire et matérialisé par un certificat de dépôt.
En outre, la constitution avec apport en nature entraîne la nomination d’un commissaire aux
apports qui a pour rôle de procéder à l’évaluation de l’apport. Les statuts sont établis par acte
notarié et doivent être signés par les actionnaires. Enfin, la société doit faire l’objet de publicité
tant dans un journal d’annonces légales sous forme d’avis qu’au registre du commerce et du
crédit mobilier.
Paragraphe 2 : Le fonctionnement de la SA
A- L’administration de la SA
Il y a deux modes de gestion. On a la SA avec conseil d’administration et la SA avec
administrateur général.
 La SA avec conseil d’administration : Il est composé de 3 membres au moins et de 12
membres au plus dont le mandat est de 6 ans renouvelables.
La direction générale de la SA est assurée soit par un Président directeur général soit
par un Président du conseil d’administration et un Directeur général.
Les administrateurs sont révocables à tout moment par l’AGO. De même, un administrateur peut
démissionner à tout moment.
Les fonctions d’administrateur sont rémunérées par une indemnité de fonction fixe et annuelle,
par des rémunérations exceptionnelles pour les missions et les mandats qui leur sont confiés.
Le PDG est un cumul de fonctions de président du CA et de DG. La durée de son mandat ne peut
excéder celle de son mandat d’administrateur.
Le PCA est élu parmi les administrateurs pour un mandat renouvelable. Il doit être une personne
physique.
Le directeur général est nommé par le CA soit parmi ses membres soit en dehors d’eux (dans ce
cas il relève du droit du travail).
 La SA avec administrateur général : C’est le cas quand la SA a été constituée par, au
plus, 3 personnes. Dans une telle hypothèse, il nommé un administrateur général qui a
un mandat de 2 ans au début. En cours de vie social il sera nommé pour un mandat ne
pouvant excéder 6 ans.
Il bénéficie des mêmes avantages (en terme de rémunération) que les administrateurs.

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Il peut être révoqué à tout moment comme il peut démissionner à tout moment.
 Les responsabilités encourues dans la gestion de la société : Une mauvaise
administration de la société peut occasionner des préjudices considérables aussi bien
pour les tiers, les associés que pour la société en tant que personne morale. Ce faisant, la
loi a prévu des sanctions pour les fautes que pourraient commettre les dirigeants de la
société, aussi bien au plan civil qu’au plan pénal.
B- Les droits des actionnaires
Ils s’exercent soit directement par eux, soit à travers un contrôle externe.
 L’exercice direct des droits : Cela se fait à travers les décisions prises au cours des
assemblées générales et par les droits à l’information et à la communication des pièces
(documents financiers et comptables, les rapports des commissaires aux comptes…).
 L’exercice indirect des droits : Le contrôle externe de la société est le fait des
commissaires aux comptes qui sont élus par l’AGO la première fois pour 2 ans et
ensuite pour 6 ans. Ils sont révoqués par le tribunal pour faute ou cas d’empêchement
temporaire ou définitif à la demande des dirigeants sociaux. Ils perçoivent des
honoraires fixés globalement par l’AGO qu’ils se répartissent entre eux.
Le contrôle peut aussi s’exercer à travers le recours à une expertise de gestion demandée
au tribunal par les actionnaires représentant au moins le 1/5 du capital social. Les
honoraires des experts sont à la charge de la société.
Paragraphe 3 : La Dissolution de la SA
A côté des causes communes de dissolution, la SA est dissoute par décision des associés prise au
cours de l’AGE. De même, si du fait des pertes, les capitaux propres de la société deviennent
inférieurs à la moitié du capital social, la société peut être dissoute si la régularisation
n’intervient pas au plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant le constat des pertes.
Les effets d’un tel événement en ce qui concerne l’associé unique, c’est qu’il n’y aura pas
liquidation de la société mais transmission universelle de son patrimoine à l’actionnaire unique
après purge des oppositions des créanciers de la société.
Section 3 : Les sociétés de formes particulière
Il s’agit ici de la société par actions simplifiées, de la société en participation, du GIE, de la
société coopérative, etc.
I- La société par actions simplifiées (SAS)

 La société par actions simplifiée dans l'acte uniforme révisé, par Julien David, avocat
associé, et Simon Auquier, avocat

 Voir également les articles 855-1 à 853-23 de l’Acte uniforme OHADA portant droit
des sociétés commerciales et GIE

A côté de la société anonyme, une nouvelle forme de société par actions a été créée par l'Acte
Uniforme Révisé, il s'agit de la société par actions simplifiée ("SAS"). Un Livre 4-2 portant
exclusivement sur cette nouvelle forme sociale a ainsi été rajouté - juste après le Livre 4 relatif
à la société anonyme - dans la Partie II de l’Acte Uniforme qui traite des différentes formes de
sociétés commerciales.

Très proche de la société par actions simplifiée française, qui avait été introduite en droit
français par une loi de 1994 et dont le dispositif avait été complété en 1999, la SAS de droit
OHADA reprend en grande partie les caractéristiques et les spécificités qui ont fait le succès

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Enseignant chargé du cours : DR. COULIBALY MAMADOU KOUNVOLO

de son homologue français : simplicité, souplesse, gouvernance allégée, fort intuitu personae
des associés.

Si elle reste soumise à certaines dispositions de l’Acte Uniforme Révisé relatives à la société
anonyme (constitution, dissolution, modifications du capital, etc.), la SAS se distingue de la
société anonyme à plusieurs titres, notamment en matière de montant et de composition de
son capital social, d’organisation et de fonctionnement de sa gouvernance et de représentation
légale. Les points suivants doivent être notés.

1. Constitution

Une SAS peut être constituée par un ou plusieurs associés (tout comme la société anonyme, qui
peut ne comprendre qu’un seul actionnaire), personnes physiques ou morales. Le montant de
son capital social (ainsi que la valeur nominale de ses actions) est librement fixé par les statuts
et n’est pas soumis au minimum de 10.000.000 FCFA exigé pour les sociétés anonymes.

Par ailleurs, toute décision de transformation d’une société (quelle que soit sa forme, société
anonyme ou autre) en SAS devra être prise à l’unanimité des associés de cette société.

Précision d’importance : les SAS - contrairement aux sociétés anonymes - ne peuvent faire
d’appel public à l’épargne.

2. Gouvernance - Fonctionnement

La plupart des règles d’organisation, de gouvernance et fonctionnement de la SAS sont


librement déterminées par les associés dans les statuts. Ainsi, contrairement aux sociétés
anonymes comprenant plus de trois actionnaires, la SAS ne comprend pas de conseil
d’administration et est représentée à l’égard des tiers par un président, personne physique ou
morale, qui dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société. A ce dernier
pourront s’ajouter un ou plusieurs directeur(s) général (aux) et/ou directeur(s) général(aux)
adjoint(s), qui disposeront des mêmes pouvoirs que le président.

Les associés peuvent prévoir tout organe collégial de gouvernance ou de surveillance, dont les
pouvoirs et les modalités de fonctionnement seront déterminés dans les statuts : comité de
pilotage, comité exécutif, conseil, etc. Il conviendra néanmoins d’être vigilant sur ce point et de
veiller à ne pas donner à cet organe le nom de "conseil d’administration" afin de ne pas
entretenir une confusion inutile avec la société anonyme.

3. Cessions d’actions - Clauses statutaires

La SAS bénéficie également des nouvelles possibilités offertes par l’Acte Uniforme Révisé en
matière de cession d’actions et de nouveaux types d'actions et de valeurs mobilières (voir ci-
après). L’Acte Uniforme Révisé consacre en outre la validité des clauses d’exclusion, en vertu
desquelles un associé peut être contraint de céder ses actions en cas de survenance de telle ou
telle situation prévue spécifiquement dans les statuts (comme par exemple un changement de
contrôle d’un associé, personne morale, de la SAS). Il conviendra d’être très vigilant dans la

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rédaction de ce type de clause, et de définir - et circonscrire - aussi précisément que possible les
cas pouvant donner lieu au rachat forcé des actions d’un associé, afin d’éviter tout abus.

II- Les Groupements d’intérêt économiques (GIE)

Voir : Articles 869 à 885 de l’Acte uniforme OHADA portant droit des sociétés commerciales
et GIE

Forme juridique intermédiaire entre la société et l'association, le groupement d'intérêt


économique (GIE) est doté d'une personnalité morale. Créé pour une durée déterminée, le GIE
doit être constitué d'au moins deux membres qui travaillent dans un secteur d'activité
compatible avec son objet. En choisissant d'appartenir au même groupement, les membres
deviennent coresponsables des dettes et créances du GIE. Ils engagent donc leur patrimoine,
sauf si cette responsabilité a été définie autrement dans la convention qui a constitué le
groupement.

Du point de vue de sa création d'un GIE : Géré par un ou plusieurs administrateurs, le GIE est
créé par une convention constitutive résultant d'un accord entre les différentes personnes
concernées. C'est cette dernière qui définit les critères de participation et d'intervention des
différents membres. Un tel groupement peut être créé avec ou sans capital et doit être
immatriculé au registre du commerce et des sociétés. L'avis d'immatriculation doit alors être
publié dans le bulletin officiel des annonces civiles et commerciales. La participation d'un
établissement public à un GIE doit être préalablement validée par les autorités compétentes. A
noter qu'en cas de dissolution du GIE, les excédents d'actifs seront redistribués selon les termes
prévus par la convention constitutive.

Du point de vue fiscal, le GIE n'est pas soumis à l'impôt sur les sociétés. Ses membres restent
néanmoins assujettis à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés équivalent aux
bénéfices qui correspondent à leurs droits. Cependant, le GIE doit s'acquitter solidairement de
la taxe sur le chiffre d'affaires.
A – Caractéristiques générales du G.I.E.
Les groupements d'intérêt économique sont communément désignés par les initiales G.I.E.
Leurs modalités de constitution et leurs règles de fonctionnement sont fixées par l'Acte uniforme
OHADA relatif aux sociétés commerciales.
Le G.I.E. est établi par contrat écrit entre deux ou plusieurs personnes physiques ou morales qui
constituent entre elles, pour une durée déterminée, un cadre juridique en vue de mettre en œuvre
tous les moyens propres à faciliter ou à développer l'activité économique des membres, à
améliorer ou à accroître les résultats de cette activité.
Le G.I.E. a la personnalité juridique et ses règles de fonctionnement sont celles qui régissent les
sociétés de personnes. L'organe souverain est l'Assemblée de ses membres qui est habilitée à
prendre toute décision à l'unanimité, sauf dispositions contractuelles contraires.
Les membres du groupement sont tenus des dettes de celui-ci sur leur patrimoine propre, car le
G.I.E. peut être constitué sans capital minimal légal, son financement étant assuré par les
cotisations des membres.

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Enseignant chargé du cours : DR. COULIBALY MAMADOU KOUNVOLO

Le G.I.E. ne donne pas lieu pour lui-même à réalisation et partage des bénéfices. De ce point de
vue, trois situations peuvent se présenter : l'absence de réalisation de bénéfice (tel peut être le cas
de la gestion en commun d'un bureau d'études ou de recherches pour le compte des membres du
G.I.E.) ; la réalisation et le partage de bénéfices à titre occasionnel (tel peut être le cas de la
gestion en temps partagé d'un ordinateur dont l'accès est ouvert à des tiers moyennant
rémunérations) ; la réalisation de bénéfices à titre unique ou principal. En principe, le G.I.E. ne
peut avoir pour but exclusif la recherche de bénéfices pour lui-même, mais seulement pour ses
membres. Les bénéfices devront donc être répartis entre eux et non conservés dans le G.I.E.
Du point de vue fiscal, chaque membre est personnellement passible de l'impôt pour la part des
bénéfices correspondant à ses droits dans le groupement.
B – CONSEQUENCES COMPTABLES
La création et l'activité d'un G.I.E. entraînent des conséquences comptables vis-à-vis : du G.I.E.
lui-même ; de ses membres.
1. Comptabilité du G.I.E.
Doté de la personnalité morale, le G.I.E. est tenu aux obligations de forme et de fond fixées par
le présent Acte uniforme. Les comptes annuels sont arrêtés par l'organe de gestion et soumis à
l'approbation de l'Assemblée, après le contrôle éventuel du commissaire aux comptes.
Le compte de résultat est établi en fonction des activités qui lui sont confiées par l'acte
constitutif, étant entendu que le but du G.I.E. n'est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même.
S'il s'agit d'un G.I.E. de services, les cotisations dues par les membres, conformément aux
dispositions du contrat, sont inscrites dans les produits, avec régularisation en fin d'exercice
lorsque les cotisations sont versées sous forme d'abonnements.
S'il s'agit d'un G.I.E. d'achats ou d'un G.I.E. de ventes, les différentes situations suivantes
peuvent exister ; le G.I.E. peut : acheter à des tiers pour revendre à ses membres ou acheter à ses
membres pour revendre à des tiers, en son propre nom ; procéder aux mêmes opérations aux
termes d'un mandat qui lui est confié par ses membres ; dans ce cas, la comptabilité à tenir est
celle qui s'attache aux opérations faites pour le compte de tiers ; agir à titre de commissionnaire,
ainsi qu'à titre de mandataire.
2. Comptabilité des membres du G.I.E.
Les membres du G.I.E. interviennent dans la gestion du groupement sous deux formes : des
participations financières ; une participation aux résultats.
a) Participations financières au G.I.E.
Selon leur destination, les participations financières au G.I.E. sont comptabilisées dans les
conditions suivantes : la souscription et l'acquisition des parts de G.I.E. sont enregistrées au débit
du compte, éventuellement pour mémoire si le G.I.E. n'a pas de capital ; les avances au G.I.E.
qui ne sont pas réalisables à court terme sont inscrites au débit du compte.
b) Participation aux résultats d'un G.I.E.
Les cotisations versées à un G.I.E. en fonction des services rendus à l'entreprise constituent des
charges d'exploitation. Les résultats d'un G.I.E. ne sont appréhendés, par les membres
participants, que pour autant qu'une décision de distribution de résultat est intervenue : lorsque
les résultats du G.I.E. sont bénéficiaires, ses membres comptabilisent, au cours de l'exercice de
distribution, la créance acquise de ce fait au crédit du compte.

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III- La société coopérative

Voir : Résumé de l’acte Uniforme OHADA relatif au Droit des sociétés coopératives, par
Martial Gervais ODEN BELLA et Laetitia ABANDA avec la collaboration de Joël
NLEPPE8
1. Qu’est ce que la société coopérative ?

La société coopérative est un groupement autonome de personnes volontairement réunies pour


satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux , et culturels communs , au moyen
d’une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et ou le pouvoir est exerce
démocratiquement et selon les principes coopératifs conformément à l’article 6 de l’Acte
Uniforme relatif au Droit des Sociétés Coopératives. (Article 4)

Elle exerce son action dans toutes les branches de l’activité humaine.

1. Procédure de création

Voici les différentes étapes de création d’une société coopérative :

 Tenir un registre des membres au siège sociale de la dite société (article 9)


 Elaboration des statuts qui constituent le contrat de société, établis sous seing privé.
(article 18)
 Elle requiert son immatriculation le mois de sa constitution au registre des sociétés
coopératives.

Le capital social initial divisé en parts sociales, représente le montant des apports en capital
faits par les coopérateurs à la société coopérative lors de la constitution. Les apports en industrie
concourent également à la formation du capital social initial et donnent lieu à l’attribution de
parts sociales conférant la qualité de coopérateur.

2. Fonctionnement de la société coopérative (Titre 2)

La société coopérative est constitue de coopérateurs, de dirigeants sociaux, d’un comite de


gestion, d’un conseil d’administration et d’une assemblée générale.

Tout coopérateur a le droit de participer aux décisions de l’assemblée générale prises dans des
conditions de forme et de fond prévues pour chaque forme de société coopérative. Toute clause
statutaire contraire est réputée non écrite. Chaque coopérateur dispose d’une voix quelle que soit
l’importance de sa participation au capital social, et toute délibération ceux-ci est constatée par
un procès verbal.

 Formes et catégories de Sociétés Coopératives


 Formes de sociétés coopératives

Il existe 4 formes de sociétés coopératives, notamment :

8
http://agriculture.afrikblog.com/archives/2013/08/06/27794054.html/20-04-2015.

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1. Les unions de sociétés coopératives : c’est l’union entre 2 sociétés coopératives ayant les
mêmes objets, qui décident de constituer entre elles pour la gestion de leurs intérêts
communs. (art133)
2. Les fédérations de sociétés coopératives : au moins 2 unions même sil elles ont des objets
différents, peuvent constituer entre elles une fédération pour la gestion de leurs intérêts.
(art 141)
3. Les confédérations de sociétés coopératives : au moins 2 fédérations, même ayant des
objets différents, peuvent entres elles constituer une confédération pour la gestion de
leurs intérêts. (art 152)
4. Réseaux coopératifs de moyens ou d’objectifs : les sociétés coopératives, leurs unions,
fédérations et confédérations, ’ayant pas le même lien commun, peuvent se regrouper en
réseaux coopératifs. (art 160)

3. Les catégories de Sociétés coopératives

a) La Société coopérative simplifiée : Elle est constituée entre 5 personnes physiques ou


morales minimum. Sa dénomination sociale est immédiatement précédée ou suivie de
l’expression « Société Coopérative Simplifiée » ou du sigle « SCOOPS ». (Art 204)

b) La Société Coopérative avec Conseil D’administration : Elle est constituée entre 15


personnes physiques ou morales au moins. Sa dénomination sociale est immédiatement précédée
ou suivie de l’expression « Société Coopérative avec Conseil d’Administration » ou du sigle
« COOP-CA ». (Art 267

4. Obligations des coopérateurs attaches aux parts sociales :

Chaque coopérateur a l’obligation de participer aux pertes sociales, et de faire des transactions
avec la société coopérative conformément a l’objet social de celle-ci. Leurs obligations sont
égales quelque soit le montant de leur apport.

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CHAPITRE III : LES INFRACTIONS COMPTABLES EN MATIERE DE GESTION DES


SOCIETES COMMERCIALES

L’une des personnes jugées importantes dans la gestion des sociétés commerciales est celui que
l’on nomme « le comptable ». Il est chargé de la comptabilité de l’entreprise. Il permet de
retracer quotidiennement les opérations financières réalisées par une entreprise. Il permet donc à
l’entreprise d’avoir une visibilité sur sa gestion financière. Mais compte tenu de son importance,
il s’expose à d’énormes risques tant internes qu’externes. Le comptable devra prendre des
mesures pour les éviter (Section I). Sinon, il s’expose à une série de sanctions intervenant en cas
d’infractions comptables (Section II).

Section I : Les risques comptables à éviter


Un comptable est un professionnel chargé de tracer en tout loyauté et probité les opérations
financières d’une entreprise. Comme tout salarié, il protégé par les lois du travail. Qu’il s’agisse
d’un comptable de la fonction publique ou du secteur privé, il ne peut pas être :
- Licencié pour refus de faire du faux en écriture comptable,
- Licencié pour refus d’accorder des avantages illicites à un supérieur hiérarchique en violant
les principes comptables ;
- Licencié pour refus de collaborer dans une opération financière de blanchiment de
capitaux ou de financement du terrorisme;
- Licencié pour refus de complicité dans un détournement de deniers publics ou privés, etc.
En d’autres termes, un comptable doit agir avec honneur et probité. Il doit rester loyal à
l’entreprise tout en évitant de porter atteinte à sa propre crédibilité.
Ainsi, le comptable doit respecter les principes qui gouvernent la tenue de la comptabilité sans se
laisser influencer. Il a donc le droit de refuser de s’associer à toute pratique contraire à l’éthique
comptable. Mais compte tenu qu’il travaille sur une matière très sensible (l’argent), il exposé à
des risques qu’il devra à prendre à éviter.
Au plan interne, il est exposé aux menaces de ses supérieurs hiérarchiques qui voudraient le
convaincre à ne faire que ce qu’ils veulent, même si cela viole la déontologie du comptable. La
séduction et les astuces d’escroquerie, d’abus de confiance sont légions à son égard.
Au plan externe, il est exposé également à l’escroquerie, l’abus de confiance et les cas de
complicité de vol ou détournement de fonds.
Cela veut dire qu’à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise, l’une des personnes exposées
à la tentation est le comptable. Il lui faut reste honnête et loyal pour échapper au pièges de la vie
professionnelle. Dans le cas contraire, il risque de perdre son emploi et sa liberté en se retrouvant
en prison ou renvoyer de sa fonction. De ce fait, pour une bonne tenue de la comptabilité des
entreprises, les comportements ci-dessous appelés infractions comptables sont interdits.
Section II : Les infractions comptables
On fait à ce niveau la distinction entre les atteintes aux principes comptables et les fautes
comptables proprement dites.
Paragraphe 1 – Les atteintes aux principes comptables
Nous distinguerons successivement les infractions liées à la gérance des sociétés (A) et les
défaillances dans l’établissement des documents comptables (B).

A- Les défaillances dans la gestion et l’administration des sociétés


Elles se caractérisent d’une part par des comportements fautifs des dirigeants sociaux et d’autre
part par des atteintes aux principes comptables.

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1- Comportements fautifs des dirigeants


Pour s’en tenir aux plus récurrents, nous retiendrons l’abus de biens sociaux et la
distribution de dividendes fictifs.
a - L’abus de biens sociaux
L’abus des biens sociaux visé par l’article 891 de l’AUSCGIE et souvent poursuivie devant les
tribunaux.
Aux termes de l’article 891 de l’AUSCGIE encourent une sanction pénale les dirigeants sociaux
« qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de la société, un usage qu’ils savaient
contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles, matérielles ou morales, ou pour
favoriser une autre personne morale dans laquelle ils étaient intéressés, directement ou
indirectement ».
L’infraction est consommée si l’on relève un acte d’usage des biens de la société
contraire aux intérêts de celle-ci et commis de mauvaise foi à des fins personnelles. Le dirigeant
peut avoir agi dans l’intérêt et pour favoriser une autre société dans laquelle il était directement
ou indirectement intéressé.
Au titre des comportements répréhensibles et pouvant être constitutifs d’abus de biens sociaux, la
jurisprudence relève entre autres :
- le fait pour un directeur général de société de s’octroyer un prêt en violation de l’art
450 al 1 de l’AUSCGIE, peu importe que le prêt ait été consenti au cours d’un conseil
d’administration et que tout le personnel ait été informé et qu’il soit entrain de le
rembourser.
- le fait pour un directeur de Société d’avoir indûment réglé sur les deniers de la dite
société des sommes d’argent à des avocats qui ont soigné les intérêts (personnels) de certains
actionnaires.
En revanche, il a été jugé qu’une simple erreur de gestion d’un marché, même initiée en
violation de la procédure requise à cet effet, ne peut constituer le délit d’abus de biens sociaux. Il
ressortait des faits de l’espèce que le dirigeant incriminé n’a ni la maîtrise du marché, ni agi à des
fins personnelles ou pour favoriser une autre entreprise.

b – Distribution de dividendes fictifs


L'article 889 de l’AUSCGIE dispose : «Encourent une sanction pénale, les dirigeants
sociaux qui, en l'absence d'inventaire ou au moyen d'inventaire frauduleux, auront sciemment
opéré entre les actionnaires ou les associés la répartition des dividendes fictifs ».
L’interdiction se justifie aisément. Une telle distribution serait préjudiciable non seulement aux
associés, mais aussi à la société en ce sens que c’est le capital social lui- même qui sera entamé,
puisqu’en réalité il n’y a pas de bénéfice à partager. Ainsi l’infraction sera-t-elle consommée
lorsque ses éléments constitutifs seront réunis à savoir l’élément matériel et l’élément moral.
Pour que l’infraction existe, il faut une condition préalable : le caractère fictif ou
l’inexactitude de l’inventaire. Il faut en plus une répartition des dividendes et la
mauvaise foi des auteurs.
• Le caractère fictif ou l’inexactitude de l’inventaire
L’inventaire apparait comme un relevé descriptif et estimatif des créances, des dettes et des
biens de la société. Il s’agit du bilan ou de tout compte rendu permettant d’apprécier
l’état du patrimoine social. Pour que l’infraction existe, il faut que l’inventaire soit absent

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ou frauduleux, à défaut, l’infraction disparait même s’il y a distribution de dividendes fictifs.


• La distribution des dividendes
Il s’agit de l’élément matériel de l’infraction. Il se dédouble en deux actes :
• l’acte de distribution : pour que l’on retienne l’existence d’un acte de
distribution, il n’est pas nécessaire que les dividendes mis à la disposition des actionnaires
aient effectivement été perçus. L’essentiel, c’est « qu’un droit privatif soit créé au profit
des actionnaires ». Le délit peut même se réaliser par compensation ;
• le caractère fictif des dividendes : le caractère fictif des dividendes résulte des
irrégularités liées au bénéfice. Est donc fictif tout dividende distribué lorsque le bénéfice lui-
même est fictif ou n’est pas encore réalisé. C’est la distribution d’un bénéfice inexistant, irréel.
• La mauvaise foi des auteurs
La nécessité d’une intention délictueuse résulte, à l’évidence, de l’emploi dans le texte de
l’article 899 AUSCGIE des termes « fictifs, frauduleux et sciemment ». Cette image du texte
rime avec mauvaise foi des auteurs. Cette mauvaise foi consiste dans la
connaissance, par l’auteur aussi bien du caractère fictif des dividendes que de l’inexactitude de
l’inventaire ou du bilan ou des conditions dans lesquelles la distribution des
dividendes a été décidée.

B - Les défaillances dans l’établissement de documents comptables : atteintes aux principes


comptables
Bien que qualifié de professionnel comptable indépendant, l’expert-comptable n’est pas libre
dans le choix du traitement des écritures comptables ; il n’est pas libre dans le choix de la
méthodologie de travail. La comptabilité ne peut servir d’instrument efficace de contrôle et
d’évaluation que lorsqu’elle respecte les principes légaux de régularité, de sincérité et de
transparence. La règle est confirmée par l’article 3 de l’Acte uniforme portant organisation et
harmonisation des comptabilités des entreprises.
La régularité suppose le respect, non seulement, des règles de tenue de comptabilité mais
aussi un contrôle efficace et une organisation pratique permettant de retrouver les pièces et
documents comptables justificatifs. C’est à ce prix que la comptabilité peut servir d’instrument
de mesure des droits tant de l’entreprise elle-même que de ses partenaires. Elle exclut
la fraude et recommande une présentation claire des informations traitées sans intention
de dissimuler la réalité derrière l’apparence.
Nous évoquerons les délits de présentation de comptabilité incomplète ou irrégulière
(1), la fausse comptabilité (2).

1. L’interdiction de la présentation ou de la publication de comptes infidèles


L’article 890 AUSCGIE interdit la publication ou la présentation des comptes infidèles sous
peine de sanction pénale. Ce texte dispose :« Encourent une sanction pénale, les dirigeants
sociaux qui auront, scie m ment, même en l'absence de toute distribution de dividendes,
publié ou présenté aux actionnaires ou associés, en vue de dissimuler la véritable situation de la
société, des états financiers de synthèse ne donnant pas, pour chaque pour chaque exercice, une
image fidèle des opérations de l’exercice, de la situation financière et de celle du patrimoine de la

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société, à l'expiration de cette période».


L'analyse de ce délit laisse apparaître un élément matériel doublé d'un élément moral.
a - L'élément matériel
Le délit de communication d'états financiers de synthèse suppose un acte de communication,
c'est-à-dire le fait de publication ou de présentation et une infidélité de l'objet de cette
communication.
• L'acte de communication : la publication ou la présentation
Il ressort de la lecture de l'article 890 de l'AUSC GIE que les états financiers de synthèse
doivent faire l'objet d'une présentation ou d'une publication.
La présentation : Elle correspond à la communication des documents comptables à
l'assemblée générale des actionnaires 84 ou leur mise à disposition, au siège social ou encore
leur envoi aux actionnaires dans les quinze jours avant l'assemblée d'approbation des
comptes. L'infraction ne serait pas réalisée si la communication est adressée à d'autres
personnes ou à un autre moment. La jurisprudence avait retenu que « par présentation, il faut
entendre, non la connaissance donnée du bilan à l'assemblée générale, mais la mise à la
disposition des actionnaires qui en est faite dans les quinze jours précédant l'assemblée
générale annuelle.
La publication : Elle s'entend par tout procédé portant le fait à la connaissance du public,
que ce soit par voie écrite ou orale. En plus, la communication doit être collective, bien que la
multiplication de communications individuelles ne soit pas nécessairement une communication
collective. Seulement, la publication n'est pas limitée dans le temps par l'assemblée
générale, comme c'est le cas avec la présentation. Elle peut intervenir longtemps après
l'établissement des états financiers infidèles.
• L'objet : les états financiers de synthèse infidèles
L'article 890 de l'AUSCGIE vise « les états financiers de synthèse ne donnant pas, pour
chaque exercice, une image fidèle des opérations de l'exercice, de la situation financière et
de celle du patrimoine ». Les états financiers de synthèse annuelle doivent donc être
réguliers, sincères et donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du
résultat de l'exercice, conformément à l'article 168 de l'AUSCGIE. L'infidélité de l'article 890
recouvre les manquements à l'obligation principale de régularité et de sincérité, dès lors
que le but est de dissimuler la véritable situation de la société. Cette infidélité
résulte donc de toute erreur ou plus exactement de toute irrégularité relative à l'un
des postes, d'ordre matériel, formel ou d'évaluation.
Les inexactitudes matérielles : Il s'agit des omissions ou des erreurs dans les écritures ou alors
de surcharges. Ce genre d'inexactitudes est rare puisque le contrôle de la comptabilité
permet de les déceler facilement. C'est le cas par exemple lorsque le bilan d'une société ne
mentionne pas une dette officiellement contractée et laisse figurer un portefeuille d'actions en
réalité vendues au cours de l'exercice.
Les inexactitudes formelles : Appelées encore erreurs de classement, ces irrégularités
consistent à présenter des chiffres exacts de sorte qu'ils donnent une fausse idée de la véritable
situation de la société. Cela suppose le plus souvent une désignation incorrecte des
différents postes ou encore un déplacement de ceux-ci dans le temps. Il en est ainsi
notamment lorsqu'on inscrit une créance de recouvrement douteux à la rubrique « effet de

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commerce », ou lorsqu'on fait figurer, sous la rubrique « frais de premier établissement », «


d'importantes dépenses de publicité qui ne constituaient en réalité que des charges
d'exploitation propres à cet exercice ».
Les inexactitudes d'évaluation : Ce sont les erreurs les plus fréquentes car se
commettant le plus facilement. Elles peuvent même être le fait de spécialistes de bonne foi en
raison des difficultés liées aux évaluations. C'est ainsi que ces inexactitudes peuvent être
relevées en cas de minoration du passif, de majoration de l'actif, de sous-évaluation ou
d'erreurs d'estimation. Et puisqu'il existe plusieurs méthodes d'évaluations, le choix de la
méthode à adopter doit varier selon la nature du bien à évaluer : fonds de commerce,
brevets et marques de fabrique, matériel mobilier, stocks de marchandises, valeurs
mobilières, etc.

b - L'élément moral
Il est double, car la faute suppose un dol général résultant de l'intention coupable et un dol
spécial caractérisé par un but déterminé.
• Le dol général : l'intention
La loi n'incrimine que la présentation ou la publication commise «sciemment».
L'intention consiste donc dans l'action en connaissance de cause : il s'agit de la mauvaise foi.
La loi n'exige aucune fraude particulière. L'intention coupable existe dès lors que les
prévenus avaient su «de par leurs fonctions, que l'apparence recherchée et donnée aux
comptes et au bilan était contraire à la réalité.
En outre, l'infraction ne disparaît pas du seul fait que les associés avaient connaissance de la
véritable situation de la société car la loi cherche également à protéger les tiers. La relaxe
des prévenus ne peut être justifiée que par la seule absence de preuve de la mauvaise foi. Celle-
ci se déduit le plus souvent de l'imprudence des professionnels.
• Le dol spécial : le but poursuivi
Contrairement à certains auteurs qui l'envisagent comme un mobile, la loi vise un but
déterminé. En effet alors que le mobile peut varier en fonction des individus, le but
poursuivi demeure le même pour l'infraction considérée. Il s'agit de la volonté de
dissimuler la véritable situation de la société, peu importera alors le mobile: une fraude
fiscale ou une recherche des intérêts de la société.
Le dol spécial semble même résulter le plus souvent «de la réunion de l'acte matériel
(présentation ou publication de bilan inexact) et du dol général (connaissance de
l'inexactitude)». Toutefois, il peut arriver que des dirigeants connaissant la fausseté du bilan
présenté aux actionnaires, ne cherchent pas à dissimuler la véritable situation de la
société à ces derniers mais plutôt aux autorités locales.

2 - Délits de présentation de fausse comptabilité


En comptabilité, le faux est constitué soit par contrefaçon, altération d’écritures, de signatures,
de décharges, ou par leur insertion après coup dans les états financiers ; soit par addition ou
altération de clauses, de déclarations.
De même qu'il peut être tentant pour un chef d'entreprise en difficulté de chercher à
occulter ses défaillances par une présentation habile et fallacieuse de ses comptes, de même il

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pourra chercher à parvenir à ce résultat en les modifiant matériellement par grattage, collage ou
gommage. Dans ce contexte, les professionnels comptables doivent être particulièrement
vigilants au risque d’être inculpé et condamné pour complicité. La prudence doit surtout être du
côté du commissaire aux comptes lorsqu’il est appelé à vérifier la régularité et la sincérité de la
comptabilité au regard des conditions fixées par la loi. Certes, la mission du commissaire aux
comptes n’est pas de refaire la comptabilité. Mais on peut lui reprocher un défaut de vérification,
un manque de diligence professionnel, une certification erronée, ou tout simplement la
complaisance.
La fausse présentation : Toute comptabilité doit être tenue, conformément aux articles 228 et
231 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif,
selon les usages et méthodes reconnus de la profession. A défaut de se conformer à cette règle,
tout débiteur de tenue de comptabilité peut être reconnu coupable de tenue de comptabilité
irrégulière ou incomplète.
La comptabilité est également fausse et son auteur est pénalement poursuivi aux termes des
dispositions de l’article 233 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif, lorsqu’il « présente ou fait présenter un compte de résultat ou un
bilan ou un état des créances et des dettes ou un état actif et passif des privilèges et sûretés,
inexacts ou incomplet… ».
Le même risque pénal guette aussi tout commissaire aux comptes qui, soit en son nom
personnel, soit à titre d’associé d’une société de commissaires aux comptes, aura
sciemment donné ou confirmé des informations mensongères sur la situation de la société ou
qui n’aura pas révélé au ministère public les faits délictueux dont il aura eu connaissance.
On parle en d’autres termes de comptabilité fictive reconnue par la jurisprudence comme une
comptabilité altérée à un point tel qu’elle dénature l’image financière de l’entreprise. Dans
l’esprit de la loi, l’imperfection de la comptabilité fictive porte sur les informations sensibles,
susceptibles de fausser l’image que donne le document.
L’inexactitude porte généralement sur les postes dont la valeur ne peut être déterminée de façon
totalement objective. Il s’agit en particulier des provisions et des amortissements pour lesquels
l’évaluation des valeurs d’exploitation est fondée non sur le passé mais sur des événements à
venir, et la valorisation des valeurs d’exploitation, pour lesquelles un certain élément
d’appréciation intervient dans la détermination des coûts d’achat ou de production.
En tout état de cause, les auteurs d’une comptabilité inexacte sont pénalement responsables du
simple fait que les documents sont établis en contradiction avec la loi. Ils ne peuvent échapper
à la présomption de faute qui pèse sur eux que s’ils démontrent qu’ils sont se trouvés dans
l’impossibilité d’accomplir leur mission, ou encore s’ils établissent qu’ils se sont vainement
opposés à la confection de documents sous la forme incriminés.
Paragraphe 2: Les infractions relatives a l’exercice de la profession
Le contrôle de la gestion dans les sociétés commerciales est assuré par un organe
externe à la société composé de commissaires aux comptes, lesquels doivent être
obligatoirement des experts comptables. L'article 694, al. 1 de l'AUSCGIE dispose à cet effet :
« le contrôle est exercé dans chaque société anonyme par un ou plusieurs commissaires
aux comptes ». Seules les incriminations relatives à l’exercice des fonctions de

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commissaires aux comptes nous occuperont dans le cadre de cet exposé, l’obstacle au contrôle
dont peuvent se rendre coupables les dirigeants sociaux ne relevant pas de la catégorie des
infractions comptables.
Par rapport à cette logique, deux incriminations seront examinées ici : l’interdiction des
incompatibilités (1) et l’interdiction de la certification des comptes infidèles (2). Enfin, la non
révélation de fait délictueux sera également évoquée (3).
1 - L’atteinte au monopole d’exercice, exercice illégal de la profession
Cette interdiction est édictée par l’article 898A USCGIE qui dispose : « Encourt une
sanction pénale, toute personne qui, soit en son nom personnel, soit à titre d’associé d’une
société de commissaires aux comptes, aura sciemment exercé ou conservé les fonctions de
commissaire aux comptes, nonobstant les incompatibilités ».
Cette disposition est conforme aux interdictions édictées par l’article 9 de l’Acte uniforme
relatif au droit commercial général (AUDCG), lequel énumère toute une liste, non exhaustive,
des professions dont l’exercice est incompatible avec la profession commerciale, et parmi
lesquels figurent les experts comptables et les commissaires aux comptes. L’infraction suppose
que l’acceptation, l’exercice ou la conservation des fonctions ait eu lieu en connaissance de
cause.
2 - L’interdiction de la certification des comptes infidèles
On aborde ici les infractions que peuvent commettre les commissaires aux comptes eux- mêmes
dans l'exercice de leur fonction.
En effet, l'article 710 de l'AUSCGIE dispose : « le commissaire aux comptes certifie que les
états financiers de synthèse sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du
résultat des opérations de l'exercice écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine
de la société à la fin de cet exercice ».
Aux termes de l'article 716 de l'AUSCGIE, «le commissaire aux comptes signale les
irrégularités et les inexactitudes relevées par lui au cours de l'accomplissement de sa mission, à
la plus proche assemblée générale.
En outre, il révèle au ministère public les faits délictueux dont il a eu connaissance, sans que
sa responsabilité puisse être engagée par cette révélation ».
Telles sont les obligations principales du commissaire aux comptes. Par rapport à ces
obligations, le commissaire aux comptes est investi d'une mission permanente de contrôle de la
situation comptable de la société dans l’intérêt aussi bien des associés que des tiers. C’est donc
une mission d’intérêt général.
Pour garantir la fiabilité du contrôle effectué, l'article 899 AUSCGIE incrimine les
comportements anormaux dans l’exercice de cette fonction. Aussi « encourt une sanction
pénale, tout commissaire aux comptes qui, soit en son nom personnel, soit à titre d'associé dans
une société de commissaires aux comptes, aura sciemment donné ou confirmé des informations
mensongères sur la situation de la société ou qui n’aura pas révélé au ministère public
les faits délictueux dont il aura eu connaissance».
D’après les dispositions de l’article 899 AUSCGIE, deux faits délictueux peuvent être reprochés
au commissaire aux comptes dans l’exercice de ses fonctions : la communication
ou confirmation des informations mensongères et la non révélation des faits délictueux dont il a

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eu connaissance. La commission de ces faits expose le commissaire aux comptes aux


poursuites pénales sur deux fondements : fait personnel en cas de communication ou de
confirmation des informations mensongères et sur le terrain de la complicité en cas de non
révélation des faits délictueux au ministère public.
En définitive, le commissaire aux comptes peut violer ses obligations professionnelles et tomber
ainsi sous le coup des incriminations prévues à l'article 899 AUSCGIE, par action en donnant ou
confirmant «des informations mensongères sur la situation de la société » ou par omission, en ne
révélant pas « au ministère public les faits délictueux dont il aura eu connaissance ».
3 - L’infraction de non-révélation de faits délictueux
L’obligation de révéler les faits délictueux est contenue dans l’article 899 de l’Acte uniforme
relatif au droit des sociétés commercial qui énonce : « encourt une sanction pénale,
tout commissaire aux comptes qui, soit en son nom personnel, soit à titre d’associé d’une
société de commissaires aux comptes, …n’aura pas révélé au ministère public les faits
délictueux dont il aura eu connaissance ». Cette obligation a été diversement appréciée.
Certains y voient une étatisation de la mission du commissaire aux comptes devenu un
auxiliaire de l’autorité publique pour assurer la surveillance du fonctionnement juridique
des entités qu’il est chargé de contrôler. D’autres auteurs par contre, estiment que le
commissaire aux comptes se retrouve bien dans son rôle d’organe extérieur de contrôle avec
une autorité autonome à l’égard des dirigeants sociaux et pour assumer une mission de
sauvegarde des intérêts réunis dans l’entité contrôlée. En effet, le commissaire aux
comptes a pour mission d’identifier les situations et les risques de nature à affecter les intérêts
de l’entreprise. Il doit prendre les mesures de sauvegarde appropriées en vue de supprimer ou
de réduire les effets de ces risques. Le cas échéant, il doit les dénoncer.
Trois éléments constitutifs sont nécessaires pour la constitution de délit de non- révélation de
faits délictueux. Il faut d’abord l’existence des faits délictueux et connus du commissaire
aux comptes. Ces faits délictueux doivent être nécessairement en relation étroite avec
la situation patrimoniale de l’entreprise contrôlée. En outre, comme le souligne la doctrine, il
doit s’agir des faits significatifs et délibérés. Telles sont, de façon globale, les principales
incriminations du législateur OHADA en matière comptable.

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