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ANNEE ACADEMIQUE : 2019-2020

LE
DROIT DES
CONTRATS
- Règlementation
-Contrats types

GECOS –FORMATION

Yopougon quartier millionnaire

Georges Essis, chargé de cours 1


INTROUCTION GENERALE

Le Droit des Contrats s’intègre dans le droit civil considéré comme le droit
commun, le droit civil ayant longtemps régi de façon globale la vie privée des
hommes et leurs relations particulières. Le premier objet du droit civil est de
définir la Personnalité Juridique. Le second objet est de régir l’activité juridique
à laquelle les personnes physiques ou morales sont appelées à participer. Le
droit civil envisage donc deux domaines distincts : La Personne et l’Activité
économique dans laquelle s’inscrit le droit des obligations.

Le droit des obligations a pour objet l’étude des règles juridiques qui gouvernent
les rapports d’obligations naissant entre les hommes dans la société. En effet, la
vie sociale engendre entre les personnes, des multitudes de liens qui font peser
sur chaque individu, des exigences de toutes sortes : exigences morales ou
religieuses, sociales ou politiques… Et ces exigences se présentent sous forme
de devoirs : devoir à l’égard d’une divinité (Prière, rite), devoir à l’égard des
autres (Payer ses impôts, courtoisie…), devoir à l’égard de soi-même (Se
nourrir, s’instruire). Les seules obligations qui soient juridiques, sont celles qui
sont assorties de la sanction étatique, parce que reconnues comme telles par le
droit positif.

L’obligation est donc un lien de droit entre deux ou plusieurs personnes en vertu
duquel l’une (le créancier) peut exiger de l’autre (le débiteur) une prestation.
Exemple : L’emprunteur doit rembourser (Convention) , l’auteur fautif d’un
dommage doit le réparer (Légale).

Mais d’après les dispositions conjuguées des articles 1101 et 1370 du Code
Civil, l’obligation civile nait soit de la seule autorité de la loi, soit d’un délit,
d’un quasi-délit, d’un quasi-contrat ou d’un contrat.

Justement qu’est ce qu’un Contrat ?

Dans notre activité professionnelle, ou pour des besoins d’ordre privé, nous
passons quotidiennement des contrats les plus divers. Afin de leur donner une
sécurité juridique, le législateur est venu préciser la manière dont se concluent et
s’exécutent les plus importants d’entre eux. Ainsi une connaissance parfaite des

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règles applicables à ceux-ci en général mais à ceux dits d’affaires en particulier
s’impose afin de mieux les négocier pour en tirer le maximum de profit.

L’objectif du présent cours est donc d’une part de familiariser les apprenants à
l’environnement des contrats d’affaires les plus usuels pour leur permettre de les
identifier facilement et d’autre part, leur donner un schéma de réflexion et de
rédaction pour éviter les erreurs et autres pièges consistant notamment à
mentionner dans leurs conventions des stipulations illicites ou des clauses ayant
une efficacité illusoire ou les insérer sans en mesurer la portée.

L’intérêt de cet enseignement réside dans le fait qu’au-delà des considérations


d’ordre financières et des cas de gestions calamiteuses, la grande majorité des
entreprises mettent la clé sous le paillasson parce que leurs gérants n’ont pas su
négocier leurs contrats faute de connaissances en la matière.

Au regard du nombre pléthorique de contrats d’affaires, il est prétentieux de notre


part de vouloir les étudier dans leur totalité, ce pourquoi une délimitation s’est
avérée judicieuse ; ainsi tout au long de l’enseignement nous verrons les règles
applicables aux contrats spéciaux d’usage fréquent (le bail à caractère
commercial, le crédit-bail, la vente et le contrat d’entreprise) ; mais avant nous
ferons un résumé des règles contractuelles générales.

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Chapitre I : LA THEORIE GENERALE DES CONTRATS

Le contrat par définition est l’accord de volonté de deux ou plusieurs


personnes ayant pour effet la création entre elles d’obligations soit de donner,
soit de faire, soit de ne pas faire. Art.1101 Cc.

Ainsi défini, le contrat est dominé par le principe de l’autonomie de la volonté


qui se traduit par la liberté contractuelle, l’égalité entre les parties et la force
obligatoire du contrat.

Section 1 : LA CLASSIFICATION DES CONTRATS

La classification des contrats se fait en fonction du contenu des obligations ou des


conditions de formation.

A. La classification fondée sur le contenu des obligations

Ici la classification se fait selon ce à quoi s’engagent les parties et comment


s’engagent-elles ?

A cet effet il faut distinguer :

A-1.Contrat synallagmatique et contrat unilatéral

Dans le contrat synallagmatique, les obligations sont réciproques entre les parties
(la vente ; le contrat d’assurance…) alors que le contrat unilatéral, ne fait naitre
les obligations qu’à la charge d’une seule des parties (le mandat…)

A-2.Contrat à titre gratuit et contrat à titre onéreux

Dans le contrat à titre gratuit, un seul des cocontractants est engagé et l’autre
enrichira son patrimoine sans contrepartie (la donation…) ; à contrario le
contrat à titre onéreux fait naitre un profit pour chacune des parties (la vente, le
louage..).

A-3.Contrat commutatif et contrat aléatoire

Les obligations sont certaines et connues dès leur conclusion pour ce qui est
du contrat commutatif (le contrat de transport, la vente…) le contrat aléatoire

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quant à lui fait naitre des obligations qui sont incertaines et dépendent
d’évènements aléatoires (le pari…)

B. La classification selon l’exécution des obligations

Ce sont :

- Le contrat à exécution instantanée : c’est le contrat dont l’exécution est


mise en œuvre par une seule prestation sur simple échange des
consentements (la vente…)
- Le contrat à exécution successive : l’exécution des obligations dans ce
type de contrat est échelonnée dans le temps (le contrat de travail…)

C. La classification selon les conditions de formation

Selon cette classification on a :

- Le contrat consensuel : il se forme par la seule volonté des parties, sans


qu’aucune formalité ne soit nécessaire (la vente)
- Le contrat solennel : il doit prendre nécessairement la forme d’un écrit
c'est-à-dire la forme d’un acte écrit ou sous seing privé pour être valable (la
donation entre vif)
- Le contrat réel : dans ce type de contrat, l’accord de volonté ne suffit pas
pour que le contrat soit valable, il faut qu’il y ait nécessairement remise
d’une chose au cocontractant (gage, prêt, dépôt…), tant qu’il n’y a pas
remise de la chose, il n’y a contrat mais plutôt promesse de contrat.

Section 2 : LA NAISSANCE DU CONTRAT

Le contrat comme tout acte juridique nait c'est-à-dire se forme. Une fois formé, il
doit être valide sans quoi il est frappé de nullité.

A. La formation du contrat

La formation du contrat suppose la rencontre d’au moins deux volontés à savoir


celle de l’offrant (pollicitation) et une acceptation. Aussi convient-il de voir
successivement l’offre et l’acceptation ainsi que les conditions de validité du
contrat.

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A-1 L’offre

L’offre par définition est la manifestation unilatérale de volonté par laquelle


l’offrant propose à une autre la conclusion d’un contrat. Quelles sont les
conditions à remplir pour qu’elle produise des effets ?

- Les formes : l’offre peut revêtir diverses formes (orales, écrites, affiches,
marchandises exposées avec affichage du prix, taxi en station,) et être faite
à personne dénommée ou à personne indéterminée.
- Les conditions : elle doit être précise et complète, c'est-à-dire comporter
tous les éléments nécessaires à la formation du contrat (objet bien
déterminé, prix bien défini…)
- Les effets : en principe tant qu’elle n’est pas encore acceptée, l’offre ne peut
être retirée. En fait si l’offre ne crée pas le contrat, elle crée néanmoins des
effets à l’égard du pollicitant.
Ainsi s’il n’a pas fixé de délai d’acceptation, l’offre doit être maintenue dans
un délai raisonnable, par contre s’il a fixé un délai d’acceptation, il ne peut
retirer son offre avant l’expiration du délai sauf refus express de celui à qui
elle est destinée. Le retrait précipité engage la responsabilité délictuelle du
pollicitant.

A-2 L’acceptation

C’est la manifestation de volonté par laquelle une personne donne son


accord à une offre qui lui est faite.
Elle peut être expresse c'est-à-dire orale, écrite, ou par geste.
Peut elle être tacite c’est à dire résulté d’un comportement ?
En principe le silence ne vaut pas acceptation sauf dans certains cas
particuliers tels que l’existence de relations d’affaires entre les parties (tacite
reconduction…) ou en cas d’accord sur les clauses essentielles du contrat.

B. Les conditions de validité du contrat

Les quatre conditions de validité du contrat énoncées par le code civil sont : le
consentement non entaché de vices, la capacité des parties, un objet certain
matière de l’obligation et une cause licite. La défaillance de l’une de ces quatre
conditions emporte nullité du contrat.

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B-1 Le consentement

Le consentement c’est l’accord de volonté par lequel se forme le contrat. Aussi la


première condition de validité d’un contrat est un consentement non vicié.

Les vices sont : l’erreur, le dol et la violence.

- L’erreur : elle est une cause de nullité de la convention si elle tombe sur
la substance même de la chose qui en est l’objet.
EX : vous achetez un tableau comme considéré comme une œuvre d’art,
vous apprenez plus tar à l’aide d’une expertise que le tableau ne l’est pas.
Elle est aussi la cause de nullité quand elle tombe sur la personne du
cocontractant dans le cas où la considération de la personne avec laquelle
on contracte joue un rôle déterminant.
- Le dol : on appelle dol, les manœuvres frauduleuses, tromperies,
mensonges, réticences dont une personne use pour en tromper une autre à
l’occasion d’un contrat.
EX : un commerçant simule des bénéfices exagérés pour vendre plus cher
son fonds de commerce.
- La violence : c’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour
la forcer à contracter en la menaçant d’un mal considérable. La violence doit
présenter une certaine gravité.
EX : Vous ne pouvez pas payer à l’échéance l’un de vos créanciers ; celui-
ci menaçant de poursuite, vous oblige à passer un contrat désavantageux
pour vous.

B-2 : La capacité

Pour contracter valablement, il est nécessaire d’avoir la capacité exigée pour


accomplir l’acte envisagé. Il s’agit de vérifier la capacité de jouissance et
d’exercice des parties. Par ailleurs pour les personnes morales, la question de la
capacité d’exercice ne se pose pas, elles agissent par l’intermédiaire de
représentants qui tirent en général leurs pouvoirs d’un mandat.

B-3 : L’objet

L’objet du contrat désigne l’opération juridique que les parties ont voulu
effectuer. Il doit être déterminé ou déterminable, possible et dans le commerce,
conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs (prêt, assurance, donation…)
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B-4 : La cause

C’est la raison pour laquelle une personne a contracté, le motif, le mobile. Elle
doit être licite et morale.

Remarques : les nullités des contrats

L’absence d’une condition de validité est sanctionnée par la nullité du contrat.

Elles se repartissent en nullité relative (édictée afin de protéger l’une des parties ;
cas d’incapacité, de vices de consentement) et en nullité absolue (sanctionnant
les atteintes à l’intérêt général : cas de l’illicéité de la cause et de l’objet).

Lorsque la nullité est prononcée par le juge, elle a un effet rétroactif c'est-à-dire
que le contrat est anéanti dés l’instant où il a été conclu.

Il faut en outre, distinguer la nullité des autres expressions telles que


l’inopposabilité qui sanctionne l’inobservation des conditions de publicité du
contrat, la résolution qui sanctionne l’inexécution ou la mauvaise exécution du
contrat, la résiliation qui supprime pour l’avenir un contrat successif en raison
de l’inexécution par l’une des parties de ses obligations et l’inexistence qui
qualifie l’absence d’un élément essentiel de l’acte pour qu’il soit efficace.

L’action en nullité relative se prescrit 05 ans après le jour où le vice a été


découvert ou disparu, l’action en nullité absolue se prescrit quant à elle 30 ans
après.

Section 3 : LES EFFETS DU CONTRAT

Les contrats n’ont d’effet qu’à l’égard des parties contractantes ; ils ne nuisent
point au tiers et en principe ne lui profitent pas non plus.

A. Le contrat : Loi des parties

Le contrat constitue la loi des parties, en d’autres termes les clauses


contractuelles librement consenties par les parties cocontractantes tiennent lieu de
loi et s’imposent à elles mais également à l’égard du juge.

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A-1. Force du contrat entre les parties

Le principe est que le contrat ne peut être révoqué par une volonté unilatérale. Si
l’une des parties se refusait à exécuter ses obligations, elle engagerait sa
responsabilité contractuelle et pourrait même y être contrainte par les voies
d’exécution forcée.

Toutefois cette règle comporte des exceptions notamment pour les contrats
reposant sur la confiance mutuelle et ceux à durée indéterminée car l’idée est que
les parties ne peuvent pas s’engager éternellement d’où la possibilité pour l’une
de rompre le contrat à condition qu’elle ne nuise pas à l’autre cocontractant.

A-2 : Force du contrat à l’égard du juge

Le juge doit assurer l’exécution du contrat ; il ne peut modifier la portée des


obligations des parties quand bien même elles développeraient des conséquences
imprévisibles et ruineuses pour l’une d’elle. C’est aux parties qu’il revient de
stipuler des clauses de variation automatique ou de révision du contrat en cas de
changement des circonstances économiques.

B. L’effet relatif des contrats

Le code civil, prévoit qu’un contrat ne peut en principe rendre un tiers ni créancier
ni débiteur. Cependant il faut distinguer entre les tiers ayants causes et les tiers
étrangers

- Les tiers ayants cause des parties ou héritiers légataires, continuent la


personne de leur auteur, ils prennent ses lieux et place, à eux échoit tout ou
partie de l’actif et du passif de la personne dont ils tiennent leurs droits. Sous
réserve des contrats conclus intuiti personae, ils sont débiteurs et créanciers
aux mêmes termes que leur auteur.
- Les tiers étrangers : le principe est que le contrat leur est inopposable c'est-
à-dire qu’il ne peut les rendre ni créancier ni débiteur. Ainsi toute personne
qui porte atteinte à l’exécution d’un contrat engage sa responsabilité
délictuelle (débauchage par un employeur du personnel lié par un contrat de
travail à un concurrent) ; inversement la responsabilité délictuelle d’un
cocontractant est engagée si l’exécution du contrat cause un préjudice à
autrui.
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Section 4 : LES SANCTIONS DE L’INEXECUTION OU DE L’EXECUTION
IRREGULIERE DES CONTRATS.

Selon les cas plusieurs sanctions peuvent être envisagées.


A. L’exécution forcée

L’exécution forcée est la procédure par laquelle le créancier d’une obligation


contractuelle inexécutée tente d’obtenir par voie de justice que le débiteur
défaillant exécute l’obligation effectivement prévue à sa charge.

B. L’exception d’inexécution

C’est une sorte de pression légale exercée par le créancier d’une obligation
contractuelle qui si cela est possible encore, refuse d’exécuter sa propre obligation
tant que le débiteur défaillant n’exécute pas la sienne.

C. La résolution et la résiliation

Ces sanctions visent à anéantir les contrats mal exécutés.

La résolution a un effet rétroactif et s’applique aux contrats dont l’exécution n’est


pas successive ; la résiliation quant à elle s’applique aux contrats à exécution
successive car elle n’agit que pour le futur.

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Chapitre 2 : L’Etude des règles applicables à certains contrats

Nous envisagerons successivement l’Etude des règles applicables aux contrats


de :

- BAIL A USAGE COMMERCIAL


- BAIL A USAGE D’HABITATION
- LEASING
- VENTE
- PRESTATIONS DE SERVICES.

Section 1 : LE BAIL A USAGE PROFESSIONNEL.

GENERALITES SUR LE CONTRAT DE BAIL

Aux termes de l’article 1709 du code civil, le bail est « un contrat par lequel une
personne (le bailleur) s’oblige à faire jouir l’autre (le locataire) d’une chose
pendant un certain temps et moyennant un certain prix »

Cette définition présente les éléments caractéristiques du contrat de bail qui sont
le transfert de la jouissance d’une chose pendant un certain temps, et le paiement
d’un loyer en contrepartie.

A/-LA JOUISSANCE DES LIEUX

Le bail est un contrat par lequel on met à la disposition d’autrui une chose pour
en faire usage. Il est de l’essence de l’opération que le locataire soit en droit de se
servir de cette chose. Par ailleurs on s’accorde à penser que le bien faisant l’objet
du bail doit être une chose individualisée, et non consomptible.

B. LE VERSEMENT D’UN PRIX EN CONTREPARTIE

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L’art. 1709 du code civil précise que le bail implique le versement d’un prix par
le preneur. En effet le bail est par essence un contrat à titre onéreux ; ce prix peut
revêtir des formes diverses et même consisté en une obligation en nature. Mais en
général il est constitué d’un loyer payable en argent.

C. UN CONTRAT TEMPORAIRE

La jouissance de la chose est conférée au locataire pour une durée nécessairement


limitée, les baux perpétuels étant prohibés.

Enfin le bail est un contrat à exécution successive en ce sens que l’exécution des
prestations est échelonnée dans le temps. L’art. 1713 du code civil déclare que
qu’on peut louer toutes sortes de choses, il y a donc une diversité de baux et notre
analyse portera sur le bail à usages commercial.

DEFINITION

Le bail à usage professionnel est régi par le titre I du livre 3 de l’acte uniforme
de l’OHADA portant Droit Commercial Général ; conformément à l’article 103 :
« Est réputé bail à usage professionnel, toute convention écrite ou non, existant
entre une personne investie par la loi ou une convention du droit de donner en
location tout ou partie d’un immeuble compris dans le champ d’application du
présent Titre, et toute personne physique ou morale permettant à cette dernière
d’exploiter dans les lieux avec l’accord du propriétaire toute activité commerciale,
industrielle, artisanale ou professionnelle ».

Les parties fixent librement la durée des baux, à défaut de stipulations


contractuelles, ils sont réputés conclus pour une durée indéterminée.

Les obligations des parties et les conditions de renouvellement du contrat arrivé


à expiration constitueront l’essentiel de notre étude.

Paragraphe1 : LES OBLIGATIONS DES PARTIES

I/- LES OBLIGATIONS DU BAILLEUR

- Le bailleur est tenu de délivrer les locaux en bon état ; il est présumé avoir
rempli cette obligation lorsque le bail est verbal ou lorsque le preneur a
signé le bail sans formuler de réserves quant à l’état des locaux.

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- Il est aussi tenu de procéder à ses frais dans les locaux, les grosses
réparations devenues nécessaires et urgentes notamment celles qui portent
sur les gros murs, les toitures, les murs de clôture, les fosses sceptiques…Si
ces réparations privent le preneur de l’usage des locaux, le montant du
loyer sera diminué en proportion du temps mis par celles-ci.

En cas de réparations urgentes de nature à rendre impossible la jouissance du bail,


le preneur pourra en demander la résiliation judicaire ou sa suspension pendant la
durée des travaux.

- En outre il est tenu pour responsable envers le preneur des troubles


jouissances survenues de son fait ou du fait de ses ayants-droits ou de ses
préposés.
- S’il vend l’immeuble dans lequel se trouvent les locaux donnés à bail,
l’acquéreur est de plein droit substitué dans les obligations du bailleur et
doit poursuivre l’exécution du bail (Art. 110). De même le bail ne prend
pas fin avec et le décès de l’une ou l’autre des parties n’entraine pas la fin
du bail, en cas de décès du preneur personne physique, le bail se poursuit
avec ses conjoints, ascendants ou descendants en ligne directe, qui doivent
en faire la demande au bailleur dans un délai de trois mois à compter du
décès.

II/- LES OBLIGATIONS DU PRENEUR

L’obligation essentielle du preneur est de payer le loyer aux termes convenus


entre les mains du bailleur ou de son représentant désigné au bail.

- Il est tenu aussi d’exploiter les locaux donnés à bail en bon père de famille
et conformément à la destination prévue au contrat ou suivant celle
présumée d’après les usages de sa profession. Si le preneur donne aux
locaux un autre usage que celui auquel ils sont destinés et qu’il en résulte
un préjudice pour le bailleur, celui-ci pourra demander à la juridiction
compétente la résiliation du bail ; il en sera de même lorsque le preneur
voudra adjoindre à l’activité prévue au bail une activité connexe ou
complémentaire.

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- De même il est tenu des réparations d’entretien, il répond des dégradations
ou des pertes dues à un défaut d’entretien au cours du bail. Si à l’expiration
du bail le preneur se maintient dans les lieux contre la volonté du bailleur,
le preneur devra verser une indemnité d’occupation égale au montant du
loyer fixé pendant la durée du bail sans préjudice d’éventuels dommages et
intérêts.

Paragraphe 2 : LES CONDITIONS DE RENOUVELLEMENT DU BAIL

Le droit au renouvellement du bail à durée déterminée ou indéterminée est acquis


au preneur que s’il se trouve dans une ville de plus de 5000 habitants et qu’il
justifie avoir exploité conformément aux stipulations du bail, l’activité prévue à
celui-ci, pendant une durée minimale de deux ans.

Dans le cas du bail à durée déterminée, le preneur qui a droit au renouvellement


de son bail doit le demander au plus tard trois mois avant la date d’expiration du
contrat. S’il n’a pas formulé sa demande de renouvellement dans le délai il sera
déchu de son droit.

Si le bail est à durée indéterminée, toute partie qui entend le résilier doit donner
congé au moins six mois à l’avance à l’autre. Le preneur peut s’y opposer en
notifiant au bailleur son opposition au plus tard à la date prévue pour celui-ci à
défaut le congé prendra effet à la date fixée.

Le bailleur peut s’opposer au droit de renouvellement du bail en versant au


preneur une indemnité d’éviction (Art.126) dont le taux est égale à la valeur
marchande du fonds déterminée suivant les usages de la profession et fixé d’un
commun accord entre parties en cas de désaccord elle sera fixée par le juge en
tenant compte notamment du montant du chiffre d’affaires, des investissements
réalisés par le preneur et de la situation géographique du local.

Le bailleur n’aura pas à verser ladite indemnité dans les cas suivants :

- S’il justifie d’un motif grave et légitime à l’encontre du preneur notamment


l’inexécution par le locataire d’une obligation substantielle du bail (non
versement des loyers, exploitation d’une activité autre que celle stipulée
dans le contrat ou cessation d’exploitation de l’activité)
Ce motif pourra être invoqué que si les faits se sont poursuivis ou
renouvelés plus de deux mois après la mise en demeure du bailleur d’avoir
à les faire cesser.

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- S’il envisage de démolir l’immeuble comprenant les lieux loués et de le
reconstruire.
Le preneur aura le droit de rester dans les locaux jusqu’au commencement
des travaux de démolition et il bénéficiera d’un droit de priorité pour se voir
attribuer un nouveau bail dans l’immeuble reconstruit. Si les locaux
reconstruits ont une destination différente de celle du local objet du bail
ou s’il n’a pas offert au preneur un bail dans les nouveaux locaux, le bailleur
devra verser au preneur une indemnité d’éviction.

En cas de renouvellement tacite ou exprès sauf accord différent, des parties, la


durée du nouveau bail est fixée à 3 ans

Le locataire sans droit au renouvellement pour quelque motif que ce soit, pourra
néanmoins être remboursé des constructions et aménagements qu’il a réalisés
dans les locaux avec l’autorisation du bailleur.

Celle-ci est égale au préjudice causé par le défaut de renouvellement, et son taux
à la valeur marchande du fonds déterminée suivant les usages de la profession.

A défaut d’accord sur le montant de cette indemnité, le juge sera celui qui la fixera
en tenant compte notamment du chiffre d’affaires, des investissements réalisés
par le preneur et de la situation géographique du local.

Section 2 : LE BAIL A USAGE D’HABITATION

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Le bail à usage d’habitation est la convention par laquelle une personne appelée
le bailleur (c’est le plus souvent le propriétaire) s’engage à fournir à une autre
personne le locataire ou le preneur (l’occupant parfois) la jouissance ou l’usage
d’une chose en contrepartie d’un loyer, pendant une certaine durée.

Par l’expression bail à usage d’habitation, il faut entendre aussi les locaux pris en
location par l’administration publique pour y installer ses services ou ceux
occupés par les associations reconnues d’utilité publique.

Le domaine des baux à usage d’habitation est désormais régit par la loi n°2018-
575 du 13 Juin 2018 relative au Bail à usage d’habitation et les dispositions du
code civil.

Paragraphe 1 : LA CONCLUSION DU BAIL

Désormais le Bail doit être conclu par écrit (Art.8) et non plus verbalement. Il est
possible soit alors de s’adresser à un notaire, soit de choisir l’un des modèles de
bail couramment utilisés. Il doit faire obligatoirement l’objet d’enregistrement
auprès de l’administration fiscale. Le bailleur est tenu de remettre dans le délai de
30 Jours calendaires, un exemplaire de l’acte d’enregistrement du contrat délivré
par l’administration fiscale, au locataire.

Les parties déterminent librement la durée de la location. Mais on ne peut louer


une maison à perpétuité, la durée reste nécessairement limitée ; on a le choix entre
deux modalités :

- Soit une location à durée indéterminée


- Soit une location à durée déterminée

Dans le premier cas le bail peut cesser à la suite d’une résiliation unilatérale par
le bailleur ou le locataire, c’est un congé

Dans le second cas, les parties déterminent d’avance la durée de leur convention
qui est souvent un multiple de trois (3, 6,9 ou 12 ans). Le bail prend alors fin au
terme du temps fixé.

Le prix constitue bien entendu un élément constitutif essentiel du contrat laissé à


la liberté des parties.

Paragraphe 2 : LES OBLIGATIONS DU BAILLEUR

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Le bailleur doit en premier lieu délivrer la chose louée en bon état. Elle s’effectue
par la remise des clés.il doit avant effectuer tous les travaux de réparations tant
les grosses réparations que les réparations locatives.

Au cours du bail, le bailleur doit entretenir la chose en bon état, de servir à l’usage
pour lequel elle a été louée, notamment faire toutes les réparations nécessaires
sauf les réparations dites locatives.

Il n’est pas toujours facile de distinguer entre les grosses et les réparations dites
locatives, cependant l’article 25 de la dite loi et l’article 606 du code civil indique
que les grosses réparations sont celles concernant les gros murs, les canalisations,
les voutes, le rétablissement des poutres et des couvertures entières, les mûrs
porteurs, les fosses d’aisance et les canalisations etc.

Mais à cela il faut ajouter toute une série de réparations importantes comme les
réparations des escaliers, l’entretien des barres d’appui des fenêtres et des balcons,
les réparations devenues nécessaires par la vétusté ou la force majeure… si le
propriétaire refuse d’effectuer les réparations qui sont à sa charge, on peut l’y
contraindre par une action en justice ou même effectuer les dits travaux soi même.

Le bailleur doit assurer la jouissance paisible des lieux pendant la durée du bail ;
c’est son obligation de garantie qui veut dire qu’il est responsable des troubles de
jouissance émanant de lui-même, des autres locataires ou du concierge. Ainsi, le
bailleur ne peut changer la destination des lieux, en supprimant par exemple des
installations existantes au moment de la conclusion du bail.

Le propriétaire est-il responsable si on est victime d’un cambriolage ?

En principe non car il n’est pas tenu de garantir les locataires contres les voies
de fait commises par les tiers, cependant si l’immeuble est pourvu d’un concierge,
le propriétaire doit être considéré comme responsable des vols s’ils ont été rendus
possibles ou favorisés par un défaut de surveillance du concierge. Il faudra alors
prouver la faute ou la négligence du concierge.

Le bailleur est enfin tenu de garantir le locataire contre les vices de la chose louée,
tant ceux qui sont existants au moment de la conclusion du contrat que ceux qui
se sont produits par la suite, même si lors de la conclusion il ignorait les vices. Il
pourra être par exemple considéré comme responsable des infiltrations d’eau dues
au mauvais état du sol.

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Quels sont les droits du locataire en cas de trouble de jouissance ? En premier lieu
exiger la cessation du trouble, éventuellement l’exécution des travaux nécessaires
à cet effet. En second lieu, mais à condition que ce soit un trouble grave,
demander la résiliation du bail. En troisième lieu, si le trouble est dû à une faute
du bailleur, demander des dommages et intérêts.

Paragraphe 3 : LES OBLIGATIONS DU PRENEUR

Le preneur est tenu de deux obligations essentielles :

- User de la chose en bon père de famille, et suivant la destination qui lui a


été donnée par le bail ou suivant celle présumée d’après les circonstances,
à défaut de convention.
- Payer le prix du bail aux termes convenus.

A ces obligations se rattachent d’autres dispositions. Le preneur est en principe


responsable des dégradations et pertes survenues pendant sa jouissance, à moins
qu’il ne puisse prouver qu’il n’a pas commis de faute et que les dégradations sont
dues à un cas fortuit ou de force majeure ; il est tenu même des dégradations
survenues par le fait des personnes de la maison ou des sous-locataires éventuels.
Il peut avoir à répondre d’un incendie survenu à moins de prouver que celui-ci
est arrivé par un cas fortuit ou de force majeure, ou par vice de construction ou
que le feu a été communiqué par une maison voisine.

Il doit en outre effectuer les réparations locatives ou de menu entretien sauf si


les réparations sont rendues nécessaires par vétusté ou force majeure.

Il doit rendre la chose louée en bon état à la fin de la location. User de la chose
en bon père de famille, cela veut notamment dire être tenu de ne pas troubler la
jouissance des autres locataires ; le tapage nocturne constant peut donner lieu à la
résiliation du bail.

En principe on peut élever des animaux domestiques dans son appartement sauf
convention contraire, mais il convient de veiller à ce que ces animaux ne troublent
pas les voisins ou ne salissent pas de façon anormale les locaux.

Le preneur n’a pas le droit de procéder à des modifications d’ordre matériel


comme par exemple percer les murs. Mais sauf clause contraire il pourra sous-
louer ou céder son bail.

Les loyers se règlent en principe à l’échéance de chaque mois, mais les parties
peuvent convenir que le paiement sera effectué d’avance. De plus le propriétaire
Georges Essis, chargé de cours 18
peut lors de l’entrée dans les lieux exiger le paiement de plusieurs mois de loyers
d’avance qui seront imputés aux loyers devant être versés à la fin du bail ou le
versement d’un cautionnement à titre de garantie. Le locataire qui ne paye pas son
loyer risque de voir son bail être résilié et être expulsé.

Notons enfin que la preuve du paiement des loyers se fait par les quittances en
général, et que les loyers des maisons se prescrivent par cinq ans, passé ce délai
le propriétaire ne peut plus réclamer leur paiement.

Paragraphe 4 : DE LA FIN DE LA LOCATION

Le bail à durée déterminé prend fin de plein droit à l’arrivée du terme. Par contre,
s’il s’agit d’un bail à durée indéterminé, un congé est nécessaire.

Le congé peut être donné par le propriétaire ou le locataire. Sauf conventions


contraires insérées dans le contrat, le congé ne peut être donné que dans les délais
fixé par l’usage des lieux c'est-à-dire 3 mois (Art.35) avant la date choisie par la
partie donnant congé. Le congé ne nécessite pas de formalités particulières, mais
la forme prend toute son importance en matière de preuve. L’exploit d’huissier
offre le maximum de sûreté, mais la lettre recommandée avec accusé de réception
est également une modalité pratique.

Le congé a pour effet de mettre fin au bail, le preneur sera autorisé ou obligé de
quitter les lieux loués ; le propriétaire pourra demander l’expulsion du locataire
récalcitrant.

Lorsque le bail est à durée déterminée, le locataire a un droit au maintien dans les
locaux. Aux termes dudit article, le locataire à l’expiration de son bail a le droit
d’être maintenu dans le local loué aux termes et conditions du contrat primitif.
Mais cette obligation ne joue que si certaines conditions sont réunies notamment
justifier d’un titre locatif à l’origine de la location (bail ou sous location) ; et être
de bonne foi c'est-à-dire respecter ses obligations (payer son loyer, user du local
en bon père de famille, ne pas modifier la nature du local..). A défaut, il sera
reconnu au propriétaire le droit de reprendre son local à l’expiration du bail. En
outre le droit au maintien dans les locaux du preneur n’est pas opposable au
propriétaire qui désire reprendre son local pour des motifs légitimes notamment
pour l’occuper lui-même ou le faire occuper par son conjoint ses ascendants ou
descendants directs ou ceux de son conjoint ; ou le démolir en vue de sa
reconstruction ou sa transformation nécessitant l’évacuation des lieux ;( en ce cas
il devra adresser au locataire un préavis de trois mois par acte extrajudiciaire ou

Georges Essis, chargé de cours 19


par lettre recommandée avec avis de réception). Le bailleur qui par des
manœuvres ou allégations mensongères aura obtenu l’évacuation d’un locataire
de bonne foi en vue d’une relocation sera tenu de le réintégrer par a juridiction
compétente, sauf pour le bailleur à justifier d’un motif légitime.

En cas de destruction totale de la chose louée par cas fortuit, le bail est résilié de
plein droit. Par destruction totale il faut entendre non seulement la destruction
matérielle de la chose par exemple à la suite d’un incendie mais également
l’impossibilité absolue d’utiliser les lieux loués, notamment à la suite d’une
interdiction administrative ou d’une expropriation pour cause d’utilité publique.

En cas de perte partielle, le locataire peut soit demander la résiliation du bail, soit
une réduction des loyers en fonction de l’étendue de la perte. Des dommages et
intérêts ne seront dus que si le propriétaire s’est rendu coupable d’une faute.

Normalement le décès de l’une des parties ne met pas fin au bail qui continuera
sans modification entre la partie survivante et les héritiers de la partie décédée.
Mais il est possible d’insérer une clause contraire dans le bail.

Rappelons que l’inexécution par l’une des deux parties de ses obligations est une
cause fréquente de résiliation ; mais même si le bail contient une clause de
résolution expresse ou encore une clause résiliation de plein droit, une
intervention du juge est nécessaire pour prononcer la résiliation du bail.

Section 3 : LE CREDIT-BAIL OU LEASING

Le crédit-bail ou leasing se définit comme la convention par laquelle une


entreprise de crédit-bail acquiert sur la demande d’un client la propriété de biens

Georges Essis, chargé de cours 20


d’équipements mobiliers ou immobiliers à usage professionnel en vue de les
donner en location à ce client pour une durée déterminée en contrepartie du
paiement de loyers.

A l’issue de la période fixée, le client appelé crédit-locataire jouit d’une option, il


peut soit restituer le matériel à la société de crédit-bail, soit demander le
renouvellement du contrat, soit acquérir le matériel pour un prix qui tient compte
des versements effectués à titre de loyers. Ces loyers sont calculés en fonction de
l’amortissement du bien et fixés selon des formules plus souples que dans les
crédits classiques.

C’est donc une formule qui permet à un industriel ou un professionnel qui éprouve
des difficultés financières de satisfaire ses besoins en matériels (machines,
ordinateurs) ou en outillages (tracteurs, grues).

Paragraphe 1. LE MECANISME DU LEASING

Mis au point aux USA dans les années 30, le leasing fit son apparition en France
en 1960 et introduit en Côte d’Ivoire en 1970. Il est réglementé par le décret n°
70-06 du 07 janvier 1970.

L’article 3 dudit décret interdit d’assimiler le crédit-bail à la vente à crédit, d’où


l’intérêt de s’interroger sur la nature juridique du crédit-bail.

I/- ELEMENTS CONSTITUTIFS DU CONTRAT DE CREDIT-BAIL

De sa définition, il en résulte que pour reconnaitre le leasing, deux opérations


essentielles doivent être vérifiées :

- L’achat d’un bien en vue de sa location


- La faculté pour le locataire d’acquérir le bien loué

I-1/- l’achat d’un bien meuble en vue de sa mise en location


- La nature du bien

Il doit s’agir de biens d’équipement, de matériel, d’outillage ou de biens


immobiliers.

Il faut entendre par matériel et outillage, non seulement tout ce qui touche à
l’industrie et le commerce mais aussi tout ce qui touche à l’artisanat et mêmes
aux professions libérales.

Georges Essis, chargé de cours 21


Il n’est pas nécessaire que le bien soit neuf, quand bien même cette vision ne
semble pas correspondre à l’esprit du leasing

- L’affectation du bien

Le bien d’équipement et d’outillage doit être acheté en vue de sa location ce


qui signifie que le propriétaire bailleur doit avoir pour profession l’achat de
certains biens en vue de leur location ; si le bailleur fabrique lui-même le
matériel et le donne en location, on ne serait plus en présence d’un contrat de
crédit-bail. Le bien doit être destiné à une utilisation professionnelle et non
personnelle.

- La propriété du bien

Le bien est donné en location par l’établissement de crédit-bail qui en reste


propriétaire, l’utilisateur du bien est un simple locataire ; en cas de faillite ou
de procédure de liquidation judicaire à l’encontre de ce dernier, la société de
crédit-bail peut revendiquer le bien.

Cette clause de réserve de propriété permet de distinguer le crédit-bail à la


vente à crédit dans laquelle le transfert de propriété se produit dès la conclusion
de l’opération faisant de l’acquéreur le seul et unique propriétaire du bien.

L’autre caractéristique est aussi la faculté laissée au locataire d’acheter le bien.

II /- LA FACULTE D’ACQUISITION DU BIEN

A l’expiration du bail, l’utilisateur a un droit d’option, lequel droit est soumis


à certaines modalités.

- Le droit d’option du locataire

C’est un critère fondamental du crédit-bail, la faculté pour le locataire


d’acquérir tout ou partie des biens loués doit être contractuellement stipulée
avec un prix déterminé à l’avance.

Par ailleurs il est interdit de stipuler dans un contrat de crédit-bail que le


locataire deviendra obligatoirement acquéreur, l’acquisition étant facultative.

- Les modalités

A la fin de la période irrévocable, le locataire dispose d’une triple option :

Georges Essis, chargé de cours 22


. il peut décider d’acheter le bien pour sa valeur résiduelle fixée dans le contrat,
dans ce cas le locataire a un délai contractuel ( 1 et 03 mois) avant l’expiration
de la période irrévocable pour faire connaitre son intention à la société de
crédit-bail .Le montant du prix tient compte au moins en partie des sommes
payées sous forme de loyer.

. Le locataire dispose également de la faculté de souscrire un nouveau contrat


de location dont les conditions sont à nouveau déterminé d’un commun accord,
mais le loyer sera inferieur au premier.

. Enfin si le locataire n’opte pas pour un achat ou un renouvellement à


l’expiration de la location, il doit restituer le bien en bon état d’entretien et de
fonctionnement en tout lieu indiqué par le bailleur.

I-3/- la nature juridique du leasing

Il y a lieu de ne pas assimiler le crédit-bail à certaines notions voisines car il a


sa propre nature juridique.
III/- DISTINCTION ENTRE CREDIT- BAIL ET LES CONVENTIONS

VOISINES

III-1/Crédit-bail et location-vente.

La location-vente est un contrat par lequel le locataire acquéreur verse pendant


un certain temps des mensualités représentant à la fois un loyer et une partie
du prix. Il n’acquiert la propriété du bien qu’à la dernière échéance.

Dans les deux cas le locataire à la jouissance immédiate des biens mais n’en
devient propriétaire qu’à la fin de la location ; il n’ya donc pas transfert
immédiat de la propriété. Les deux se distinguent dans la mesure où le crédit
locataire dispose d’une option alors que dans la location-vente, elle n’existe
pas.

- Crédit-bail et prêt d’argent


Le crédit-bail est une opération de location, l’utilisateur ne rembourse pas
un prêt mais paie plutôt des loyers calculés en fonction de la rentabilité du
bien.

Georges Essis, chargé de cours 23


III-2/- le crédit-bail, contrat de location assortie d’une promesse
unilatérale de Vente

- Un contrat de location : la base de l’opération du leasing est la conclusion


d’un contrat de louage de chose entre une entreprise spécialisée et un
utilisateur. Ce dernier n’a qu’un droit de jouissance et la société de crédit-
bail conserve le droit de propriété ; cependant il ne s’agit pas d’une location
simple elle est plutôt assortie d’une promesse unilatérale de vente.
- Une location assortie d’une promesse unilatérale de vente : cette
promesse stipulée dans le contrat est un critère fondamental du contrat ; elle
est unilatérale car émanant d’une seule des parties à savoir la société de
leasing et le locataire ne s’engage en aucune manière à acquérir le bien loué.
Le promettant unilatéral doit exécuter sa promesse et conclure le contrat
lorsque l’autre consentira à l’achat.

Paragraphe II/- LES EFFETS DU LEASING

Le contrat de leasing est un contrat synallagmatique qui crée à la charge de la


société de crédit-bail et de l’utilisateur des obligations qui sont celles du
bailleur et du locataire avec toutefois des spécificités.

I/-LES OBLIGATIONS DU CREDIT-BAILLEUR

Le crédit-bailleur a comme le bailleur une obligation de délivrance et une


obligation de garantie.

I-1/- l’obligation de délivrance

Dans le droit commun du bail, l’obligation essentielle du bailleur est la


délivrance de la chose louée or dans le contrat de crédit-bail, le crédit-bailleur
donne mandat au locataire de retirer le matériel loué au moment et au lieu que
le locataire indiquera au fournisseur.

Le P.V. de livraison ou de prise en charge établi entre le vendeur du bien et le


locataire mandataire du crédit-bailleur constate que ce dernier a exécuté son
obligation de délivrer un matériel en parfait état de fonctionnement.

Dès lors que le P.V. est approuvé par le locataire, ce dernier ne peut introduire
une demande en résolution du contrat de crédit- bail pour défaut de délivrance.
De même le locataire qui a signé son P.V. par erreur sans examen partiel ne
Georges Essis, chargé de cours 24
peut pas ensuite se prévaloir en l’encontre de la société de crédit-bail du défaut
de livraison du matériel.

I-2/- l’obligation de garantie

En matière de crédit-bail, il est presque toujours stipulé que le bailleur sera


déchargé de son obligation d’entretien. Il est de même courant dans le leasing
d’écarter conventionnellement l’obligation de garantie des vices cachés mise
à la charge du bailleur, cette exonération découle de la liberté dont le locataire
jouit dans le choix et les examens techniques du matériel.

Lorsque le crédit locataire se heurte à des difficultés dus à la mauvaise qualité


du bien (vices cachés, défaut de conformité) il dispose des actions en justice
de la société de crédit-bail contre le fournisseur.

Ainsi il pourra exercer directement contre le fournisseur une procédure en vue


de faire annuler la vente. La résolution du contrat de vente initial, entraine
nécessairement la résiliation du crédit- bail sous réserves des clauses ayant
pour objet de régler les conséquences de cette résiliation.

Le contrat de crédit-bail s’éteint pour l’avenir sans effets rétroactifs.

II/- LES OBLIGATIONS DU CREDIT-LOCATAIRE

Le crédit locataire a des obligations afférentes à la jouissance du bien loué.


Ainsi il doit utiliser le bien avec prudence, ce qui lui interdit, les abus de
jouissance.

Les réparation et entretiens sont à la charge de crédit locataire qui doit en outre
user du matériel conformément à la destination qui lui a été donnée dans le
contrat. En outre il est généralement spécifié le caractère intuitu personae du
crédit- bail, d’où l’impossibilité de sous loué le bien.

Le preneur doit aussi, payer les loyers avec la régularité convenue ou à défaut
s’exposer à la résiliation du crédit ; de plus il doit restituer le matériel loué s’il
ne lève pas l’option d’achat à l’expiration du crédit-bail sous peine de
poursuites judiciaires. La restitution peut lui être imposée en cas de résolution
du contrat pour faute en cours d’exécution.

Ainsi en cas de non paiement du loyer, la société de crédit- bail se réserve le


droit de résilier unilatéralement le contrat, le locataire doit en plus de restituer
le bien loué, payer à ce dernier, outre les sommes dues qui ont motivé la

Georges Essis, chargé de cours 25


résolution, la totalité des loyers à venir jusqu’à la fin de la location toutes taxes
comprises majorées de la valeur résiduelle.

Section 4 : LE CONTRAT D’ENTREPRISE

Il en est question aux articles 1787 et suivants du code civil. C’est le contrat par
lequel un entrepreneur s’engage moyennant rémunération à exécuter pour une
personne un ouvrage de façon indépendante. Contrat de services par excellence,
Georges Essis, chargé de cours 26
le contrat d’entreprise a progressivement pris une importance pratique
presqu’équivalente à celle de la vente, précisément à cause du développement
considérable du secteur des services. Cela va de la construction, à la réparation
d’appareils électroménagers, en passant par le développement de pellicules
photographiques, les prestations des teinturiers, la gestion des titres, les conseils
en gestion, le transport des personnes et des biens, la location de biens meubles et
immeubles…

Ainsi présenté, il convient d’aborder la notion de contrat d’entreprise avant d’en


ressortir le régime.

Paragraphe 1 : LA NOTION DE CONTRAT D’ENTREPRISE

Il s’agit assurément d’un contrat synallagmatique, conclu à titre onéreux et à


exécution successive. Mais l’obligation caractéristique, celle qui va justement
distinguer ce contrat des autres, c’est l’obligation de l’entrepreneur.

I/- LA QUALIFICATION DU CONTRAT D’ENTREPRISE

La difficulté de qualifier le contrat d’entreprise est d’autant plus grande que les
parties n’usent que très rarement du terme « entreprise » et baptisent plutôt leurs
conventions du nom qui désigne l’objet de la prestation de l’entrepreneur
(transport, assistance juridique, construction…).

Mais à partir de la définition du contrat, il est possible de dégager des critères de


l’entreprise, indispensable pour procéder à la qualification qui est parfois délicate
en raison de la proximité des conventions telles que la vente, le bail ou la location.

I-1/- contrat d’entreprise et contrats voisins

I-1-1/- contrat d’entreprise et contrat de vente

Bien partageant des points communs, ces deux types de contrat sont distincts à
bien d’égard.

Au niveau de la finalité : celle de la vente est de transférer la propriété d’un


bien alors celle du contrat d’entreprise est l’accomplissement d’une prestation à
titre indépendant.

Au niveau du transfert de la propriété : dans le contrat d’entreprise elle ne s’opère


qu’à la réception de l’ouvrage et non au moment dès l’échange des consentements
comme dans la vente.

Georges Essis, chargé de cours 27


I-1-2/- contrat d’entreprise et contrat de bail

Le bail est une convention par laquelle, une personne (le bailleur) s’engage à
procurer la jouissance d’un bien à une autre personne (le locataire) moyennant le
paiement d’un loyer.

Il est donc à priori distinct du contrat d’entreprise dans lequel il s’agit de faire une
chose.

Cependant, une zone de recoupement peut apparaître lorsque le bailleur fournit


une chose accompagnée de la prestation d’un unique service indispensable à
l’usage de la chose (contrat d’abonnement à l’eau avec pose du compteur, contrat
d’abonnement au téléphone avec fourniture du combiné, location de voiture).
Lorsque le contrat de mise à disposition se réduit à la fourniture d’une chose, le
client en acquiert la maitrise : il y a location. Lorsque la location de la chose
déclenche des prestations de services indissociables, le prestataire de service
effectue une surveillance du client en ce sens qu’il ne met la chose à la disposition
qu’en vue de l’accomplissement d’un service : il y a contrat d’entreprise.

I-2/- l’originalité du contrat d’entreprise

L’originalité du contrat d’entreprise réside dans l’obligation du locataire de


l’ouvrage dont le principal est de le réaliser. Ces divers ouvrages ou prestations
sont regroupées sous le terme générique de marché.

L’entrepreneur est une personne nantie d’un savoir-faire et d’un savoir à faire
valoir.

II/- LA CONCLUSION DU CONTRAT D’ENTREPRISE.

La conclusion du contrat d’entreprise est subordonnée au consensualisme qui


connait cependant des exceptions.

II-1/- la règle du consensualisme

Le contrat d’entreprise se forme par la rencontre des volontés exprimées par les
parties sur les éléments essentiels de la prestation.

Aucune formalité particulière n’est en principe prescrite. En pratique il est


précédé de l’établissement d’un devis (étude descriptive des travaux à exécuter
et l’estimation du prix auquel ils doivent être réalisés), dont la demande par le

Georges Essis, chargé de cours 28


maitre-ouvrage est juridiquement analysé comme l’invitation à entrer en
pourparlers et son envoi par l’entrepreneur quant à lui est saisi comme une offre.

La preuve du contrat d’entreprise relève du droit commun et est à la charge de


celui qui s’en prévaut soit pour obtenir le paiement des factures soit pour
réparation des malfaçons qui ont été constatées.

Les modes de preuves dépendent du caractère commercial ou civil du contrat :


dans le 1er cas, la preuve peut être rapportée par tous les moyens, dans le second
par l’écrit.

II-2/- les exceptions à la règle du consensualisme

Elles concernent essentiellement les marchés publics.

Pour ceux-ci il faut tenir compte des dispositions du code des marchés publics ;
cependant une distinction est faite entre les petits contrats de travaux et de
fourniture et de service dont le montant maximum est de 30 millions et les
contrats plus importants appelés marchés publics.

Pour les 1er, la conclusion n’est soumise à aucune procédure particulière, leur
règlement se fait sur facture ; pour les 2nd, ils doivent nécessairement être passés
par écrit et soumis à la procédure des marchés publics. En outre leur conclusion
n’est pas libre à cause des deniers publics qui sont en jeu, ce qui requiert pour
l’administration la prise de toutes les garanties dans le choix de l’entrepreneur
par le biais de certaines techniques de passation de marchés telles que l’appel
d’offres.

III- LE CONTENU DU CONTRAT

Il s’agit de déterminer successivement les obligations des parties et cet examen


permettra de déterminer les sanctions applicables en cas d’inexécution.

III-1/0- les obligations de l’entrepreneur

Georges Essis, chargé de cours 29


L’obligation primordiale de l’entrepreneur consiste à accomplir la tâche promise,
assurer une correcte exécution de la prestation et préserver non seulement la
chose, mais aussi le client (obligation principale)

Par ailleurs la jurisprudence a chargé l’entrepreneur d’une obligation de sécurité


et d’information (obligations accessoires)

III-1-1/- l’obligation principale

Elle consiste à accomplir une certaine tâche, faute de quoi l’entrepreneur est
exposé à certaines sanctions : l’exécution forcée sous astreinte ou la
condamnation à des dommages et intérêts.

L’entrepreneur s’engage t-il à réaliser l’ouvrage ou s’oblige t-il seulement à faire


les efforts nécessaires pour que l’ouvrage soit réalisé ? La réponse à la question
va donner la mesure de la responsabilité de l’entrepreneur. Celle-ci sera plus ou
moins rigoureuse selon que ce dernier sera tenu d’une obligation de résultat ou de
moyens.

La solution dépendra des deux types de prestations que peuvent fournir un


entrepreneur : une prestation intellectuelle ou une prestation matérielle.

- Lorsque l’entrepreneur doit fournir une prestation intellectuelle, il n’est


tenu que d’une obligation de moyens (cas des activités de conseil
d’assistance, ou de soins, d’enseignement…) de sorte qu’en cas de litige, le
client devra rapporter la preuve de la faute de l’entrepreneur.
- Lorsque l’entrepreneur doit fournir une prestation matérielle, il est le plus
souvent tenu d’une obligation de résultat, spécialement si cette prestation
porte sur une chose corporelle. C’est le cas pour le mécanicien ou même
le coiffeur…

En somme, l’entrepreneur s’engage à exécuter un travail et à l’accomplir


conformément aux prévisions du contrat, aux usages, ainsi qu’à la qualité
habituellement attendue d’un tel ouvrage et ce dans le délai requis.

Il faut par ailleurs observer que si l’entrepreneur s’engage à accomplir un travail


quelconque, il ne s’engage pas toujours à le faire personnellement. Il peut se
substituer un tiers dans l’exécution de l’obligation ; à moins que l’habilité
personnelle de celui-ci n’ait été érigée en condition de l’accord. On admet aussi
que l’entrepreneur peut céder le contrat, mais avec l’accord du maitre d’ouvrage.

III-1-2/- les obligations accessoires


Georges Essis, chargé de cours 30
Elles découlent de l’article 1135 du code civil qui dispose que « les
conventions obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à
toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donne à l’obligation d’après sa
nature. »

En application de ce texte, il est acquis que lorsqu’une chose a été confiée à


l’entrepreneur en vue d’exécuter un travail déterminé il doit la conserver en
bon état.

Il pèse sur lui également une obligation de conseil car il doit en tant que
spécialiste conseiller son client sur les conditions d’installation et d’emploi
des appareils qu’il fournit ainsi que sur l’efficacité du service. En outre il est
astreint à une obligation de sécurité ainsi il est admis que l’entrepreneur est
tenu de réparer les dommages-intérêts causés par les malfaçons.

III-2/-les obligations du maitre d’ouvrage

Le maître d’ouvrage est débiteur de trois obligations : celles de payer le prix,


d’accuser réception et de prendre livraison.

III-2-1/-l’obligation de payer le prix

Le prix est normalement fixé par les parties au moment de la conclusion du


contrat et cela de deux manières.

- Elles peuvent convenir d’un forfait ; l’entrepreneur peut par exemple


s’engager à fournir une prestation donnée à un prix déterminé à l’avance
si par la suite, le prix forfaitaire fixé se révèle insuffisant, la différence est
à la charge de l’entrepreneur.

L’intérêt de cette première méthode est qu’elle assure le maitre d’ouvrage


contre toute réclamation ultérieure de l’entrepreneur. Mais l’inconvénient est
qu’il faut craindre que ce dernier utilise des matériaux de moins bonne qualité
ou même qu’il abandonne les travaux.

- Elles peuvent établir un devis descriptif et estimatif des travaux à exécuter.


Cette méthode présente l’avantage d’être plus souple que la première dans
la mesure où elle permet à l’entrepreneur de répercuter les augmentations
éventuelles des prix des matériaux ou de la main d’œuvre.
Quant au maitre d’œuvre, cette technique lui permet de traiter en toute
connaissance de cause en ce qu’à travers les devis, il a tous les éléments
d’appréciation.
Georges Essis, chargé de cours 31
Il peut arriver que le prix de la prestation des services ne soit pas fixé au moment
de la conclusion des contrats. Dans ce cas il pourrait être déterminé par
l’entrepreneur à l’issue des travaux. Le maitre d’œuvre peut le contester et saisir
le juge pour sa détermination.

Qu’il soit déterminé par les parties ou par le juge, le maitre d’ouvrage doit payer
le prix convenu selon les modalités prévues.

En principe le prix est payable à l’achèvement des travaux ; mais on peut admettre
des paiements échelonnés. En cas de retard dans l’exécution de cette obligation,
le maitre d’ouvrage s’expose à des dommages et intérêts et tant qu’il n‘est pas
payé, l’entrepreneur peut exercer sur la chose objet du contrat son droit de
rétention.

Le maitre d’ouvrage peut avoir des raisons de ne pas payer le prix. Il peut par
exemple se prévaloir du caractère défectueux des travaux ou du retard apporté
dans leur exécution.

III-2-2/- la réception de l’ouvrage

La réception est l’acte juridique par lequel le maitre d’ouvrage approuve le travail
fait ; elle ne se confond pas nécessairement avec la prise en charge matérielle de
la chose. Elle ne se justifie que dans les contrats d’entreprise portant sur des
choses.

Par cet acte, le maitre d’ouvrage devient gardien de la chose et donc désormais il
assure les risques et ne pourra plus se plaindre des vices apparents ou des défauts
de conformité.

Cette réception peut être partielle ou intégrale, il peut donc refuser les travaux ou
les accepter avec réserve.

III-2-3/- la prise de livraison

Il ne faut pas confondre la livraison et la réception des travaux ; la livraison est un


acte matériel et la réception est acte juridique.

La réception peut avoir lieu avant la livraison et vice versa. Le maitre d’ouvrage
peut donner son accord avant toute livraison ou il peut tout aussi bien entrer en
possession du bien avant réception si au moment de la livraison il n’a pas eu le
temps de faire les vérifications nécessaires.

Georges Essis, chargé de cours 32


Section 5 : LA VENTE

On souligne souvent que la vente est le plus usité des contrats car c’est un acte
juridique que l’on accomplit sans cesse, sans même se rendre compte qu’il s’agit
d’un contrat. Elle permet de réaliser d’une part des choses aussi faciles que
banales telles que se procurer des produits utilisés dans la vie courante (se
procurer du pain, du sucre, des chaussures, des fruits) et d’autre part des
opérations lourdes de conséquences comme acquérir un logement ou du matériel
industriel. Elle est également la mieux encadrée juridiquement et c’est
Georges Essis, chargé de cours 33
certainement aussi le contrat dont l’étude est la plus enrichissante parce qu’il est
toujours cité à titre d’exemples dans l’étude de la théorie générale des obligations.

Aux termes de l’article 1582 du code civil, la vente se définit comme la


convention par laquelle l’un s’oblige à livrer une chose et l’autre à la payer.

C’est donc le contrat par lequel la propriété d’un bien est transférée moyennant
une contrepartie monétaire.

La définition ainsi donnée classe la vente dans la famille des contrats nommés,
synallagmatique, commutatif en principe consensuel et à titre onéreux.

Elle se distingue à bien d’égard des conventions voisines telles que l’échange, la
location-vente et la donation.

- Pour ce qui est de l’échange, la vente s’en distingue au niveau de la


contrepartie car dans l’opération de vente la contrepartie de la remise de la
chose est le paiement d’une somme d’argent ; alors que l’échange ne donne
lieu qu’à la remise d’une chose en contrepartie d’une autre.
- En ce qui concerne la location-vente, la différence se situe au niveau de
l’opération exécutée : dans la vente il ne s’agit que d’une opération de
remise de biens contre paiement d’un prix alors que dans la location-vente,
il s’agit de deux opérations combinées : le louage suivi de la vente.
- Enfin la différence entre la donation et la vente se situe au niveau de la
contrepartie : la donation est gratuite, le bien est transmis sans contrepartie
alors que la vente exige le paiement d’un prix

Paragraphe 1 : LA FORMATION DE LA VENTE

Comme tous les contrats, la vente pour sa validité doit satisfaire aux conditions
générales de consentement, de capacité, d’objet et de cause.

La cause et la capacité ne nécessitent pas de grands développements car étant


la transposition des exigences communes même si pour la capacité, il est établit
qu’en principe le mineur et le majeur incapable ne peuvent ni vendre ni
acheter, le tuteur non plus ne peut acheter les biens qu’il gère au nom de
l’enfant mineur ou du majeur incapable de même que le mandataire ne peut se
porter acquéreur des biens qu’il est chargé de vendre, encore moins le gens de
justice qui ne peuvent acquérir les droits litigieux dans le ressort de leur
juridiction.

Georges Essis, chargé de cours 34


Ils ne restent donc que le consentement et la chose qui nécessitent une étude
détaillée ; et l’article 1583 du code civil dispose à cet effet que la vente n’est
parfaite que si les parties sont convenues de la chose et du prix.

La formation de la vente n’est donc subordonnée qu’au consentement (I) des


parties sur la chose (II) et le prix (III)

I/- LE CONSENTEMENT DES PARTIES

La vente ne se forme que si un accord de volonté intervient entre les parties ;


l’existence du consentement est donc un élément essentiel à la formation du
contrat. Cependant ce consentement ne doit pas être vicié ; en outre il n’est pas
nécessaire qu’il soit consigné dans un acte.

I-1/- l’existence du consentement

Comme pour tous les contrats, la formation du contrat de vente suppose la


rencontre d’une offre et d’une acceptation.

Le vendeur doit faire une offre qui apparait comme la volonté exprimée par ce
dernier d’aliéner son bien. Il peut le faire à personne déterminée ou au public.
En outre elle doit être complète et précise.

En principe l’offre lie le vendeur, toutefois il peut la retirer tant qu’elle n’est
pas acceptée sauf si elle est assortie d’un délai.

Face à l’offre il faut une acceptation pour conclure le contrat ; elle est donc la
manifestation de volonté de celui qui est satisfait par la proposition du vendeur.
Cette acceptation doit porter sur les éléments essentiels du contrat à savoir la
chose et le prix pour produire ses effets sauf si les parties ont subordonné la
formation de la vente à leur accord sur tous les éléments essentiels et
accessoires.

En outre il faut indiquer que dans certaines ventes l’échange des


consentements est précédé d’une période préliminaire qui est celle des
négociations. Pendant celle-ci, les parties conservent leurs libertés de conclure
ou non le contrat car les pourparlers n’ont pas de caractère obligatoire.
Cependant leur rupture, brutale, intempestive, abusive ou injustifiée pourra
être considérée comme fautive et donner lieu à des dommages et intérêts pour
la partie qui est victime.

I-2/- l’intégrité du consentement

Georges Essis, chargé de cours 35


La vente ne sera valable que si le consentement des parties est intègre c'est-à-
dire pas donner par erreur ou surpris par dol ou extorqué par la violence.

Affecté par l’un des vices le consentement est nul et la vente est annulable.

I-3/- la forme de la vente

La vente se conclut sans aucune solennité, cela veut dire en effet que la
rédaction d’un acte notarié ou sous seing privé n’est pas une condition
nécessaire à sa validité.

La remise de la chose et le paiement du prix ne sont pas non plus des conditions
de validité ; il s’ensuit que le contrat de vente n’est ni solennel ni réel mais
seulement consensuel.

La règle du consensualisme présente un intérêt certain en matière de vente


puisqu’elle assure la sécurité et la rapidité des transactions ; la vente étant le
contrat de tous les instants, les achats seraient pratiquement impossibles s’il
fallait pour chacun d’eux exiger un écrit. Cependant dans les contrats de vente
d’une certaine importance, l’écrit apparait nécessaire comme un moyen de
preuve, néanmoins pour ce qui est de la vente d’un immeuble ou d’un fonds
de commerce, il est véritablement une condition à remplir pour que celle-ci
soit valable.

I-4/- les modalités pouvant affecter le consentement

Ces modalités affectent pour les unes le contenu, et les autres son échange.

I-4-1/- les modalités affectant le contenu du consentement

Le contrat de vente comme tout contrat se forme dès la rencontre des


consentements du vendeur et de l’acheteur. Cependant dans deux cas, des
difficultés apparaissent ; elles concernent les promesses de vente et les ventes
avec dédit.

- Les promesses de vente : au lieu de procéder à la vente pure et simple du


bien, les parties peuvent se promettre seulement la réalisation de la vente.

Lorsque celle-ci provient des deux parties on parle de promesse synallagmatique


de vente (PSV), quand elle provient de la seule personne du vendeur ou de
l’acheteur on parle de promesse unilatérale de vente (PUV) ou d’achat (PUA)

Georges Essis, chargé de cours 36


La P.S.V. vaut vente lorsque l’acheteur et le vendeur sont d’accord sur la chose et
le prix de vente sauf si la vente porte sur un immeuble ou sur un fond de commerce
pour laquelle est nécessaire l’accomplissement de certaines formalités (rédaction
d’un acte authentique ou sous seing privé).

La P.U.V. se définit comme un contrat par lequel le promettant consent au


bénéficiaire s’il accepte la faculté d’acheter un bien à un prix fixé. Autrement dit
c’est l’engagement pris par le propriétaire du bien de le vendre à un prix déterminé
lorsque le bénéficiaire manifestera le désir de l’acquérir.

La promesse étant unilatéral il n’ya pas de vente car le bénéficiaire n’a ni consenti
ni promis de donner son consentement. La vente ne sera effective que si ce dernier
lève l’option dans le délai stipulé ou dans un délai raisonnable. Mais avant la levée
de l’option, le promettant demeure propriétaire de son bien, cependant il ne pourra
le vendre à un tiers durant toute la durée du délai d’option ; s’il le fait la vente est
néanmoins valable mais le bénéficiaire ne pourra obtenir des dommages et intérêts
de la part de ce dernier et éventuellement du tiers acquéreur s’il est convaincu de
mauvaise foi.

Quant au bénéficiaire il n’est tenu d’aucune obligation avant la levée de l’option.


Il n’est même pas tenu de la lever.

- La vente avec dédit et arrhes et la vente à réméré

Dans la vente avec dédit, les parties introduisent dans le contrat une clause
permettant à l’une des parties ou même les deux de se dédire ; c'est-à-dire de
se délier de leurs obligations en payant une certaine somme d’argent appelée
dédit. Cette faculté qui est admise au nom de la liberté contractuelle, n’est
concevable qu’à l’intérieur d’un délai déterminé et dans la mesure où la partie
qui en use supporte le paiement d’une contrepartie. L’exercice de la faculté de
dédit entraine la résolution de la vente.

Quand elle est stipulée au profit des deux parties on parle d’arrhes qui se
présente comme une somme d’argent versée par l’acheteur à l’occasion d’une
promesse synallagmatique de vente, dans laquelle chacune des parties a le droit
de se défaire de la vente ; l’acheteur en abandonnant la somme versée et le
vendeur le cas échéant en versant le double.

Il faut noter qu’elles se différencient de l’acompte qui est une fraction du prix
que paie l’acheteur en exécutant son obligation avant celle du vendeur. Elle ne
Georges Essis, chargé de cours 37
permet aux parties de se dédire car le contrat est déjà conclu et une partie du
prix payée.

Quant au réméré, elle est une clause contractuelle qui permet au vendeur de
reprendre la chose vendue à certaines conditions. L’article 1660 du code civil,
dispose que la faculté de réméré ne peut être stipulée pour une durée excédant
5 ans. A l’expiration du dit délai, le vendeur en perd le bénéfice. En l’exerçant
il est tenu de rembourser à l’acheteur le prix de vente et les frais de contrat.
Tant que celui-ci n’est pas remboursé il peut conserver le bien en sa possession
car il en demeure propriétaire.

I-4-2/- les modalités pouvant affecter l’échange du consentement

L’échange des consentements peut être affecté par certaines modalités.

- Cas dans les ventes à l’essai : selon l’article 1588 du code civil, il s’agit de
la vente dans laquelle la chose vendue est essayée d’abord et sa conclusion
subordonnée à l’accord de l’acheteur à la suite de l’essai.

Au cours de cette épreuve, le vendeur demeure propriétaire de la chose et en


supporte les risques ; cependant les dommages causés par celle-ci sont à la charge
de l’acheteur étant donné qu’elle lui a été livrée en vue de son essai, il en est donc
le gardien. Après l’essai, les risques passent à l’acheteur s’il donne son accord
puisqu’il devient propriétaire de la chose.

Pour qu’il y ait essai, il faut que les parties l’ait prévu dans leurs stipulations
contractuelles, cependant il peut résulter des usages notamment dans le cas de la
vente des vêtements prêt à porter.

Une fois l’essai effectué, l’acheteur a-t-il le pouvoir discrétionnaire de refuser la


vente

Si l’essai vise à apprécier les qualités objectives de la chose, le vendeur pourra


recourir à un expert pour établir en cas de refus de l’acheteur que la chose est apte
à servir. En revanche lorsque l’objet vendu doit faire l’objet d’une appréciation
personnelle (œuvre d’art, vêtement…) la vente ne pourra être en conclu en dépit
du refus de l’acheteur.

- Les cas des ventes à la dégustation : lorsqu’une clause de dégustation est


insérée dans un contrat, elle affecte le consentement de l’acheteur dans la
mesure où son accord est conditionné par la dégustation.

Georges Essis, chargé de cours 38


Ce contrat n’est possible que si la vente porte sur une chose qui en vertu
des usages est goutée par l’acheteur avant la conclusion du contrat. En
pareil cas, il est admis que l’acheteur peut y renoncer.

Quant aux effets de la clause, avant la dégustation il n’y a pas de vente, l’objet
reste par conséquent la propriété du vendeur ; il a l’obligation de mettre à la
disposition de l’acheteur les moyens d’opérer la dégustation au lieu fixé par la
convention. Après la dégustation l’acheteur garde la liberté de conclure ou non.

- La vente sur échantillon : sa formation est liée à la livraison à l’acheteur


d’une chose conforme à ce qui a été convenu. Lorsque la chose livrée est
conforme à l’échantillon, l’acheteur à l’obligation de l’accepter, dans le cas
contraire il est libre de l’accepter ou de refuser la vente.

II/- LA CHOSE

L’existence de la chose est essentielle pour la qualification de vente et c’est ce qui


la différencie du contrat d’entreprise qui porte sur l’exécution d’un service

La chose peut être corporelle (vente) ou incorporelle (cession) ; dans tous les cas
pour être valable la vente doit porter sur une chose susceptible d’être aliénée,
déterminée ou déterminable.

II-1/- l’existence de la chose aliénable

Il convient que le vendeur et l’acheteur s’accordent sur la chose et ses


caractères, sur son état physique et sa situation juridique.

II-1-1/- l’existence effective de la chose

On ne peut concevoir une vente portant sur une chose inexistante car le cas
échéant, l’obligation du vendeur sera sans objet et celle de l’acheteur sans cause.

Ainsi la chose vendue doit exister, mais il n’est pas nécessaire qu’elle existe au
moment de la conclusion de la vente car la vente d’une chose future est bien
valable (vente d’un immeuble en construction). Si la chose ne se réalise pas, la
vente est considérée comme nulle.

II-1-2/- la nécessité d’une chose aliénable

Toutes les choses ne sont pas susceptibles d’être vendues, pour diverses raisons
dont l’ordre public.

Georges Essis, chargé de cours 39


Ainsi sont considérées comme inaliénables parce que contraire à l’ordre public
les choses hors de commerce tel que le corps humain.

II-1-3/- la possession de la chose vendue

La chose vendue doit appartenir au vendeur, car la vente est translative de


propriété par l’échange des consentements, ensuite l’acheteur doit être garanti de
l’éviction et enfin lorsqu’il acquiert le bien d’autrui il commet une erreur sur le
motif déterminant qui est le transfert de propriété.

II-2/- l’existence d’une chose déterminée ou déterminable

Pour que le contrat se forme, il ne suffit pas seulement que la chose existe, il
faut encore qu’elle soit déterminée ou déterminable.

Le degré de précision requis est fonction de la nature de la chose ; ainsi s’agissant


des corps certains, la chose doit être désignée (c’est-à-dire décrite dans ses
composantes) dans la chose de genre, la détermination se fait en désignant
l’espèce et la quotité.

III/- LE PRIX

C’est une somme d’argent que l’acheteur doit payer au vendeur en contrepartie de
l’aliénation de la chose.

Pour qu’il y ait vente, un prix est nécessaire, déterminé ou déterminable.

III-1/- la nécessité du prix

Le prix doit consister en une somme d’argent et doit être réel et sérieux.

III-1-1/- le prix : une somme d’argent.

Le prix doit consister obligatoirement en une somme d’argent ; c’est un élément


essentiel de la vente.

Si un contrat translatif de propriété est sans prix ce ne peut être une vente, mais
plutôt une donation, ou un échange.

III-1-2/- le prix doit être réel et sérieux

Pour que la vente soit valable, le prix doit être réel et sérieux.

Le prix n’est pas réel lorsqu’il est fictif c’est à dire simulé (le prix exprimé dans
l’acte de vente n’a pas vocation à être payé).

Georges Essis, chargé de cours 40


EX : les parties dans un acte apparent de vente conviennent un certain prix par
ailleurs elles décident dans une contre-lettre que le prix stipulé ne sera pas payé,
une telle vente est faite sans prix donc invalide.

Quant au prix sérieux, c’est celui qui n’est pas dérisoire c’est à dire qui ne présente
pas mis en rapport avec la chose une disproportion telle qu’on ne peut le
considérer comme une contrepartie de cette chose. Une telle vente est nulle car on
assimile le prix dérisoire à un prix inexistant.

III-2/- la détermination du prix

Aux termes de l’article 1591 du code civil, le prix de la vente doit être déterminé
et désigné par les parties.

Le prix déterminé est celui dont le montant est fixé de façon précise.

Il peut être fixé par le vendeur (vente en magasin) ou par l’acheteur (vente aux
enchères publiques) ou dépendre des cours au jour de la livraison.

Paragraphe 2 : LES EFFETS DE LA VENTE

La vente a pour effet d’une part le transfert de la propriété de la chose vendue,


ainsi que celui des risques. Contrat synallagmatique, la vente a par ailleurs pour
effet d’imposer des obligations au vendeur et à l’acheteur.

I/- LE TRANSFERT DE PROPRIETE ET DES RISQUES

En côte d’ivoire le transfert de propriété dans la vente se fait dès l’échange des
consentements (transfert solo consensus).Celui des risques en est subordonné.

I-1/- le transfert solo consensus

La vente est parfaite entre les parties et la propriété est acquise de droit à
l’acheteur à l’égard du vendeur dès qu’on est convenu de la chose et du prix,
quoique la chose n’ait pas encore été livrée et ni le prix pas encore payé.

Il en résulte que le transfert de propriété intervient de droit lors de l’échange des


consentements, ainsi dès ce moment le vendeur perd les prérogatives du
propriétaire ; ainsi même si la chose demeure encore entre les mains de ce dernier
pendant un temps, il ne la détient en tant que dépositaire.

Ce transfert solo consensus ne vaut que pour les ventes des corps certains.

Georges Essis, chargé de cours 41


Pour les choses de genre ; le transfert est réputé accompli qu’à l’individualisation
de la chose, il en est de même pour la vente d’une chose future pour laquelle le
transfert est retardée jusqu’à la réalisation de celle-ci. Cependant ce principe est
une règle supplétive et donc pouvant être écartée par les parties.

I-2/- le transfert des risques

Il est lié au transfert de la propriété.

Il en résulte que les risques de la chose incombent au propriétaire.

Ainsi les risques sont à la charge de l’acheteur dès le transfert de la propriété selon
le principe du transfert solo consensus.

De ce fait même si la chose vendue périt entre le moment de la conclusion du


contrat et celui de la livraison, l’acheteur est tout de même tenue de payer le prix.

Dans les ventes avec transfert de propriété retardée, les risques restent à la charge
du vendeur. De même lorsque la livraison de la chose vendue nécessite un
transport, le code civil faisant application de la règle solo consensus, met les
risques à la charge de l’acheteur.

Cette règle selon laquelle le transfert des risques est lié à celui de la propriété,
connait des limites.

Ainsi la mise en demeure de livrer que l’acheteur fait au vendeur met les risques
à la charge de ce dernier. En outre la principale limite est la liberté contractuelle
qui permet aux parties dans leur convention de dissocier le transfert des risques et
de la propriété et d’associer celui des risques à la livraison de la chose.

II/- LES OBLIGATIONS DU VENDEUR

Le vendeur a deux obligations principales :

- Celle de délivrer la chose vendue


- Celle de la garantir

II-1/-l’obligation de délivrance

La délivrance est l’acte matériel par lequel le vendeur à ses frais met, le bien à la
disposition de l’acheteur dans l’état dans lequel il se trouve au moment de la vente.

Ainsi si une différence d’ordre qualitatif, quantitatif, esthétique se révèle entre la


chose livrée et les indications du contrat, l’acheteur est en droit d’invoquer

Georges Essis, chargé de cours 42


l’exception d’inexécution de l’obligation de délivrance. Cette exigence porte aussi
sur les accessoires de la chose (compléments nécessaires à son utilisation)

Quant à la forme de la délivrance, il faut noter qu’elle dépend de la nature du bien.


Ainsi pour les ventes d’immeuble ou de meubles enfermés dans un bâtiment, la
délivrance s’opère par la remise des clés ou par la remise du titre de propriété ;
pour les choses mobilières elle s’opère par la remise matérielle de la chose.

Pour ce qui est du délai dans lequel la délivrance doit intervenir, il relève de la
convention des parties. En l’absence de stipulations contractuelles ; la
jurisprudence prescrit un délai dit raisonnable apprécié selon les usages et objectif
du contrat. Pour ce qui est du lieu, il relève encore de la volonté des parties. Si
rien n’a été stipulé par les parties au contrat, la délivrance doit se faire au lieu ou
était le bien au moment de la vente.

II-2/- l’obligation de garantie du vendeur

Le vendeur doit garantir l’acheteur contre les vices cachés et l’éviction.

II-2-1/- la garantie contre les vices cachés

Elle a pour objet de garantir à l’acheteur une chose apte à l’usage auquel elle est
destinée.

Pour que l’action en vices cachés aboutisse il faut que premièrement le vice soit
caché c’est à dire l’acheteur est dans l’impossibilité de déceler le défaut compte
tenu de la nature de la chose vendue au moment ou l’acheteur n’a pas les
compétences techniques pouvant lui permettre de connaitre la chose.

Si ce dernier est au contraire un professionnel, la garantie ne jouera que s’il y a


dol du vendeur ou si le vice est indécelable.

La garantie ne joue pas en cas d’achat à ses risques et périls d’une chose
d’occasion.

Il convient de noter que le vice perd son caractère caché lorsque l’acheteur d’une
manière ou d’une autre en a eu connaissance au moment de la vente.

Ensuite le vice doit être rédhibitoire, c est à dire empêchant l’usage normal de la
chose, ce n’est pas le cas lorsqu’il est mineur (affectant uniquement les qualités
secondaires de la chose et facilement repérable)

Georges Essis, chargé de cours 43


Enfin le vice doit être inhérent à la chose : autrement dit il doit être imputable à la
vente ; c'est-à-dire se rattachant concomitamment ou antérieurement à la vente.

Ce n’est pas le cas lorsqu’il y a une utilisation défectueuse de la chose ou lorsque


la chose est utilisée d’une manière non conforme à son usage habituel.

NB : ses conditions sont cumulatives et l’action en garantie des vices cachés doit
être intentée dans un bref délai. La preuve incombe à l’acheteur qui doit démontrer
l’existence du vice avant la livraison de la chose.

L’action est soit rédhibitoire, soit estimatoire.

- L’action rédhibitoire permet à l’acheteur de demander que le prix lui soit


restitué contre remise de la chose
- L’action estimatoire : permet de demander la diminution du prix afin de
maintenir la vente et à coté demander des dommages et intérêts si le
vendeur est de mauvaise foi.

II-2-2/- la garantie d’éviction


Cette garantie revêt deux aspects.
Nous avons d’une part celle du fait personnel selon laquelle le vendeur doit
garantir à l’acheteur une paisible possession de la chose vendue en
s’abstenant de poser des actes susceptibles de troubler de fait ou de droit la
possession et la jouissance
Exemple : le fait pour le vendeur d’un fonds de commerce de détourner la
clientèle de ce fonds
D’autre part celle du fait des tiers dans laquelle le vendeur doit garantir à
l’acheteur contre les troubles émanant des tiers
Elle ne couvre que les troubles de droit c’est à dire ceux fondés sur un droit
Ces troubles doivent être né et actuel, émaner d’un fait du vendeur.
L’acquéreur doit être de bonne foi et le trouble ne doit pas avoir été prévu
dans une clause de non garantie.
Ainsi en cas d’éviction, l’acquéreur a droit à la restitution du prix, car
l’éviction entraine l’anéantissement de la vente sauf si ce dernier a accepté
ce risque en acquérant le bien.
Il aura également droit à des indemnisations complémentaires notamment,
les fruits de la chose qu’il pourra conserver ainsi que le remboursement des
frais et coûts engendrés par la conclusion du contrat. Il pourra aussi

Georges Essis, chargé de cours 44


prétendre à des dommages et intérêts complémentaires s’il fait état d’un
préjudice subi.
Dans l’hypothèse d’une éviction partielle, l’acquéreur peut résilier le
contrat si l’objet de l’éviction a déterminé son consentement ou il aura droit
seulement au remboursement de la valeur de la partie de bien dont il a été
évincé.

III- LES OBLIGATIONS DE L’ACHETEUR

Sur l’acheteur il pèse l’obligation de payer le prix et de prendre livraison de la


chose acquise.

II-1/- l’obligation de payer le prix

L'acheteur doit payer au vendeur ou à son représentant le prix de la vente et ses


accessoires.

Il est de principe que le paiement se fasse au jour de l’exécution du contrat. Mais


les parties peuvent convenir d’un jour autre que celui de la délivrance. Elles
peuvent aussi convenir d’un paiement total ou partiel antérieur à la délivrance ; ce
qui correspond au paiement à la commande et aux acomptes. Elles peuvent
également décider que le paiement se fasse postérieurement à la délivrance de
façon échelonné.

Dans tous les cas l’acheteur doit respecter la date contractuelle et s’exécuter sans
qu’il ne soit nécessaire de le mettre en demeure. Tout retard est constitutif d’une
faute à moins qu’il n’obtienne un délai de grâce ou un nouveau délai consenti par
le vendeur.

Quant au lieu de paiement, c’est le lieu de délivrance lorsqu’il est à terme ; quand
il est échelonné le paiement doit se faire au domicile du vendeur.

La preuve incombe à l’acheteur le débiteur qui prétend être libéré.

En matière immobilière, la preuve résulte de la quittance remise par le vendeur et


en matière mobilière la remise matérielle de la chose vaut présomption de
paiement.

Pour ce qui est des sanctions, il faut relever que quand l’acheteur ne paie pas le
prix, le vendeur dispose , de toutes les actions de droit commun.

Georges Essis, chargé de cours 45


Ainsi il peut refuser d’exécuter son obligation de délivrance en opposant
l’exception d’inexécution, il peut rechercher la responsabilité contractuelle de
l’acheteur, demander l’exécution forcée par une action en paiement ou encore la
résolution judiciaire du contrat et des D-I.

Le vendeur impayé dispose aussi de certains moyens spécifiques.

En matière mobilière, il a le droit de reprendre le bien vendu s’il est encore entre
les mains de l’acheteur ; outre ce droit de revendication, le vendeur impayé est
habilité à saisir la chose en quelques mains dans lesquelles elle se trouve.

II-2/-l’obligation de prendre livraison de la chose vendue

L’acheteur a l’obligation de prendre livraison de la chose vendue, il ne peut s’y


refuser si la chose est conforme aux prescriptions du contrat.

En matière immobilière, la remise du titre de propriété à l’acquéreur par le notaire


vaut de prise de livraison ; par contre en matière mobilière, l’acheteur doit
procéder au retirement de la chose à ses frais au lieu prévu pour la délivrance dans
le délai prévue dans le contrat ou à défaut dans un délai raisonnable.

Tant que l’acheteur n’a pas encore pris livraison de la chose sauf s’il a mis en
demeure, le vendeur doit conserver la chose et le tenir à sa disposition.

Cependant il pourra demander l’exécution forcée de cette obligation soit par


l’acheteur lui-même ou soit en se faisant autoriser par le juge à mette la
marchandise en dépôt au frais de l’acheteur. L’article 1657 du code civil permet
au vendeur de déclarer unilatéralement sans mise en demeure de l’acheteur que le
contrat est résolu du seul fait de défaut de retirement à la date convenue.

Georges Essis, chargé de cours 46


Georges Essis, chargé de cours 47

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