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DROIT DES AFFAIRES

PREMIÈRE LICENCE GESTION 2018-2019


PROFESSEUR DENIS KASHOBA KABONSHI
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INTRODUCTION
La vie des affaires est entre les mains des commerçants personnes physiques ou personnes
morales et peut se constituer sous forme d’entreprises individuelles ou sociétaires. Ce cours
enseigné aux étudiants de première licence gestion implique la transmission la connaissance sur
la structure principale autour de laquelle tourne la gestion, c’est-à-dire l’entreprise individuelle
ou l’entreprise sociétaire. Les notions de l’entreprise individuelle – commerçant personne
physique-étant déjà étudiées dans le cours de droit commercial général. Ici, il sera question de
présenter l’entreprise sociétaire, appelée aussi société commerciale avant d’étudier les règles
ayant vocation à régir les échanges économiques.
Gérer une affaire passe dans une certaine mesure par la conclusion des contrats. C’est
d’autant plus vrai que l’on peut affirmer notamment que la société elle-même est un contrat, les
travailleurs sont liés à la société par un contrat, les relations entre clients et la société ou entre
fournisseur et la société sont tissées par des contrats, le développement des sociétés se font par
des contrats.
Le droit des affaires est traditionnellement assimilé au droit commercial. Ce qui est une
vision réductrice de ce droit. La doctrine est d’avis que les deux notions, bien que très proches,
ont des domaines différents. Si le droit commercial peut se définir comme l’ensemble des règles
applicables aux commerçants dans l’exercice de leur activité professionnelle, le droit des affaires
a une visée plus large, qui s’incarne dans l’ensemble des règles de droit applicables aux entreprises
privées et ayant vocation à régir les échanges économiques. Le droit commercial plus restreint,
constitue un sous-ensemble parfaitement intégré. Le droit des affaires englobe et prolonge ainsi
le droit commercial.
Le cours est étudié en 4 thèmes : le droit des sociétés commerciales, le droit comptable, la
dynamique commerciale de l’entreprise (droit de la distribution et le droit de la concurrence), les
procédures collectives d’apurement du passif et enfin les contrats.
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Thème 1. Les sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt


économique (GIE)

Titre I. Le droit commun des sociétés


Chapitre I. La notion de société
L’acte Uniforme relatif au Droit des sociétés commerciales et de groupement d’intérêt
économique (AUSCGIE) reprend la définition classique de la société commerciale en son article
4 : « La société commerciale est créée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par un
contrat, d’affecter à une activité des biens en numéraire ou en nature, dans le but de partager le
bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Les associées s’engagent à contribuer
aux pertes dans les conditions prévues par cet Acte uniforme. La société doit être créée dans
l’intérêt commun des associés ».
Le législateur de l’OHADA a donc retenu une conception large de la société qui met en
exergue l’affectio societatis. L’Acte uniforme consacre, par ailleurs, la théorie de la commercialité
par la forme en créant sept types de sociétés dotées de la personnalité juridique et en instituant
la société unipersonnelle.
Il faut noter que la lecture de l’article 1er de l’Acte uniforme, il apparait que toutes les
sociétés commerciales sont régies par les règles OHADA même s’il s’agit de sociétés d’Etat, de
sociétés d’économie mixte ou encore de sociétés à capital public. Dans ce cas, certaines
dispositions du droit OHADA peuvent être complétées par des règles spécifiques du droit national
des Etats membres (916). Il en est ainsi notamment des sociétés d’assurance ou des
établissements bancaires et des entreprises publiques qui sont régis par les dispositions
légales nationales et/ou régionales issues des réglementations UEMOA, CIMA1 ou CEMAC et par
l’acte uniforme dans la mesure où ils sont constitués sous forme de sociétés anonymes (Sociétés
à statut particulier).
Une société peut être qualifiée de petite (PME) ou de grande entreprise ; elle peut être
commerciale, industrielle, agricole ou artisanale2 ; elle peut être de production, de distribution ou
de service ; elle peut être privée ou publique.

1
Code CIMA, article 300.
2 Notre droit soumet à un régime particulier certaines catégories d’entreprises qu’il considère comme exerçant un petit
commerce et auxquelles il assimile l’entreprise artisanale. L’ordonnance-loi n° 79-021 du 2 aout 1979 entend par petit
commerce « le commerce de toutes denrées, marchandises ou objets de consommation courante effectué par la vente ou l’offre
de vente à l’acheteur, soit au domicile même du vendeur, soit de ports en ports ou de place en place, soit encore sur la voie
publique ou sur les marchés publics, sauf si l’échoppe ou l’étal placé sur la voie publique constitue le prolongement d’un
magasin ». Ce texte assimile au petit commerce et soumet à son empire « le petit transport de personnes ou de marchandises
ainsi que toute entreprise artisanale se situant dans les limites fixées par arrêté conjoint du ministre des finances et du ministre
de l’économie nationale, industrie et commerce.
Remarquons que, en vertu de l’arrêté départemental n° 0029/80 du 7 avril 1980 portant mesures d’exécution de l’ordonnance-
loi n° 79-021 du 2 août 1979 sur le petit commerce, l’entreprise artisanale est toute entreprise de production et de
commercialisation, n’employant pas plus de dix ouvriers et ne disposant pas de machines de production automatique ou semi-
automatique (article 2).
Comme le petit commerce auquel elle est assimilée, l’entreprise artisanale relève de la législation sur la patente et n’est donc
pas soumise aux règles du droit commercial. Le droit OHADA organise l’entreprenant.
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Section 1. La société est un contrat


§.1. Soumission au droit commun des conventions
A. Consentement
Les parties au contrat de société sont les futurs associés ou actionnaires. Elles doivent
exprimer clairement et librement leur volonté de s’associer, c’est*à-dire celle de créer une société.
Cette volonté doit être consciente, c’est-à-dire que celui qui l’exprime doit être capable de
comprendre et de vouloir les engagements qu’il prend. Le consentement ne doit pas être entaché
d’un vice. Le consentement permet d’éviter des sociétés fictives. Les vices de consentements sont :
l’erreur, le dol et la violence. La sanction reste la nullité du contrat pour vice de consentement.

B. Capacité
La question de la capacité conduit au problème des incapacités. Ainsi, toute interdiction faite
à une personne de passer un acte juridique est une incapacité. Ainsi le mineur d’âge, l’aliéné
mental ou le faible d’esprit ne peut être associé dans une société.
Pour le mineur il lui est interdit d’être associé dans une société où les associés ont la qualité
de commerçant, il s’agit des sociétés dans lesquelles les associés sont tenus solidairement et
indéfiniment de dettes de la société. Dans les sociétés ou l’associé n’est pas commerçant, le mineur
peut bien être partie, par représentation. Pour le faible d’esprit, le curateur de failli peut y
procéder après autorisation du conseil de famille.
Le cas des époux est aussi à signaler, en effet, « deux époux ne peuvent être associés d’une
société dans laquelle ils seraient tenus des dettes sociales indéfiniment et solidairement. (Art 9).
A côté des incapacités existent des cas d’interdiction (les condamnés), d’incompatibilités
(agents publics) et des déchéances (cas de la faillite personnelle).
C. Objet
Toute société doit avoir un objet licite. Le terme objet renvoie ici à l’objet social, c’est-à-dire le
but en vue duquel la société est constituée. L’objet social se définit alors comme l’objet de
l’exploitation sociale tel qu’il est défini dans les statuts. Les personnes morales ne peuvent
participer à la vie juridique que dans la mesure de l’objet qui leur a été assigné.
D. Forme des sociétés
La société nécessite pour sa constitution un écrit. Les associés ou actionnaires doivent donc
rédiger des statuts. Cette obligation se comprend facilement car la société doit être immatriculée
au registre de commerce et crédit mobilier.
Les statuts doivent mentionner (contenir) : la forme de la société, sa dénomination suivie,
le cas échéant, de son sigle, la nature et le domaine de son activité, qui forment son objet social,
son siège social, sa durée, l’identité des apporteurs avec chacun d’eux le montant des apports, le
nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque apport, le montant du
capital social…
§.2.Caractères propres au contrat de société
A. Réunion des apports
Par le contrat de société, les associés doivent convenir d’affecter à une entreprise commune
des biens ou leur industrie. Il existe plusieurs types d’apports. Certains sont représentés par les
parts ou les actions Il s’agit des apports en numéraire et en nature. D’autre, les apports en
industrie, ne sont pas intégré dans le capital social, ils sont représentés par des parts ou actions
spécifiques.
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En rémunération de leurs apports, les associés ou actionnaires reçoivent des titres sociaux qui
leur confèrent un droit sur les bénéfices réalisés par la société et, lorsque la société est dissoute,
un droit sur les actifs nets (article 53). L’attribution des titres sociaux à chaque associé ou
actionnaire emporte, par ailleurs, l’obligation de contribuer le cas échéant aux pertes sociales de
la société (article 54). En principe, les titres sociaux confèrent aussi aux associés ou aux
actionnaires, un droit de vote aux assemblées générales.
Les droits et obligations des associés ou actionnaire sont proportionnels aux montants de
leurs apports, sauf stipulation contraire des statuts.
Toutes les actions émises par une société doivent avoir la même valeur nominale (article 56).
La valeur nominale des actions peut être librement déterminée pour les sociétés dans lesquelles
les actionnaires ont une responsabilité illimitée.
B. Capital social
La réunion des apports, à l’exception des apports en industrie) constitue le capital social, c’est-
à-dire le patrimoine de départ de la société.
Le capital social assume trois fonctions : il est un mode de financement de la société ; il est un
instrument d’analyse de la solvabilité de la société et donc de garantie ; il assume un rôle
répartiteur, car il constitue la clef de répartition des pouvoirs dans la société. Le capital social est
composé des divers apports, auxquelles il faut ajouter les incorporations de réserves, de bénéfices
ou de primes d’émissions (article 62).
Le montant du capital social est librement déterminé par les associés ou actionnaires dans
les sociétés à responsabilité illimitée (article 65). L’Acte uniforme requiert un capital social
minimum de dix millions de francs CFA (17.600usd).pour la SA, et de un million de francs CFA
(1.800usd) pour la SARL (articles 311 et 387).
L’Acte Uniforme retient un principe de fixité du capital social (article 64). Par conséquent, le
capital social ne peut être diminué ou augmenté que selon les procédures applicables aux
modifications de statuts, variables en fonction du type de société en question (article 67).
Toutefois, cette règle ne s’applique pas aux sociétés à capital variable.
Une augmentation de capital peut être opérée par de nouveaux apports faits à la société ou
par l’incorporation de réserves, de bénéfices ou de primes d’émission (article 68). Une diminution
du capital peut se réaliser par remboursement aux associés ou actionnaires d’une partie de leurs
apports ou par imputation des pertes de la société (article 69). Lorsque la diminution est effectuée
par remboursement, ce dernier peut se réaliser en numéraire ou par l’attribution d’actifs (article
70).
Le capital a plusieurs fonctions :
1° A l’égard des tiers, il constitue le gage des créanciers ;
2° A l’égard des associés, il fixe en principe les droits pécuniaires de chacun.

C. Participation des associés ou actionnaires aux bénéfices ou aux économies et contribution aux
pertes
D. Existence de l’affectio societatis
L’affectio societatis est cette volonté de tous les associés de travailler ensemble, sur un
même pied d’égalité au succès de l’entreprise commune.
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Section 2. La société est un contrat ayant vocation à donner naissance à une personne morale
§.1. Acquisition de la personnalité morale ou naissance de la personne morale
Toutes les sociétés, exceptée la société en participation, doivent être immatriculées au
RCCM c'est-à-dire au greffe de la juridiction compétente en matière commerciale ou au guichet
unique (bureau central) dans le ressort de laquelle est situé son siège social (article 97) et dans
le mois qui suit la constitution de la société (article 27 AUDCG).
Un certificat d’immatriculation donnant des indications sur la société est disponible au
RCCM pour tous les tiers souhaitant être informés.
La personnalité morale (naissance de la société) est attribuée à la société avec son
inscription au RCCM (article 98).Toute société est réputée constituée à compter de l’adoption de
son acte de constitution, c'est-à-dire dès la signature de ses statuts. Avant son immatriculation,
l’existence de la société n’est pas opposable aux tiers. La société en constitution n’accède à la vie
juridique qu’après son immatriculation.
L’obtention de la personnalité morale a pour effet de donner naissance à la société. Comme
toute personne morale, la société dispose à la fois d’un état et d’une capacité. (L’état des sociétés :
dénomination, siège social, nationalité...), la capacité des sociétés.
§.2. Conséquence de la personnalité morale
Attribuer à une société la personnalité morale, c’est lui conférer des attributs juridiques
sinon identiques, du moins comparables à ceux qui caractérisent la personne humaine. La
personnalité morale confère ainsi à la société la possibilité d’agir en justice. La personne a des
droits de la personnalité mais n’a pas le droit au respect de la vie privée.
L’individualisation de la société est faite avec l’acquisition la personnalité juridique. Ainsi.
La société réunit certains éléments pour l’identifier, l’état et la capacité. Ces éléments sont :
-un nom (dénomination sociale ou raison sociale) librement choisi ;
-une domiciliation ou adresse (siège social) ;
- la nationalité ;
-la capacité de jouissance, la société n’a pas de capacité d’exercice car elle doit être
représentée ;
-le patrimoine social ;
-la responsabilité des sociétés.
§.3. Fin de la personnalité morale
A. Causes de la dissolution
L’Acte Uniforme prévoit plusieurs causes de dissolution des sociétés (articles 200). D’une part,
il répertorie des causes objectives telles que l’extinction de l’objet social, l’expiration du temps
pour lequel la société a été constituée (99 ans maximum, à moins que son terme n’ait été
renouvelle ou l’annulation du contrat de société). D’autre part, il mentionne aussi des causes
subjectives telles que la décision des actionnaires ou des associés, ou de la justice peut décréter la
dissolution anticipée de la société ou ordonnant la liquidation de ses biens. Enfin, des stipulations
statutaires peuvent également justifier la dissolution de la société.
B. Liquidation de la société
Une société dissoute survie pour le besoin de sa liquidation. La survie de la personnalité
morale dure jusqu’à la clôture de la liquidation. Ainsi, à la dissolution de la société un liquidateur
doit être désigné. La liquidation est une opération qui porte sur le recouvrement des créances et
la réalisation des éléments d’actif en vue d’apurer le passif. Elle comporte le paiement des dettes
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aux créanciers, en tenant compte des créances privilégiées ou des créances garanties ou encore
des créances chirographaires.
La liquidation se clôture par l’établissement des comptes entre les associés. Il s’agit d’établir
pour chacun des associés un compte global qui présentera un solde créditeur ou débiteur. Au cas
où le solde est créditeur, le remboursement des apports aux associés et partagera boni de
liquidation sera effectué.
Bref, le liquidateur effectue les opérations suivantes :
- Assurer le recouvrement et la réalisation des éléments d’actif ;
- Régler le passif ;
- Procéder à l’établissement des comptes entre associés.

Chapitre II. Vie de la société


Section 1. Organisation interne de la société
§.1. Fonctionnement normal de la société
A. Dirigeants
Quelle que soit la forme de la société, les dirigeants sont choisis par les associés. C’est avec lui
qu’il faut traiter. La qualité de dirigeant confère un certain nombre de prérogatives. L’AU utilise le
terme d’ « organes de gestion, de direction et d’administration ». Le terme peut, selon le contexte,
couvrir les fonctions suivantes : administrateur général, président du conseil d’administration,
président directeur général, administrateur, directeur général et directeur général adjoint et
gérants.
Les dirigeants ont différents pouvoirs à l’égard de la société elle-même et à l’égard des tiers. A
l’égard de la société, les dirigeants ont en principe tous pouvoirs pour engager la société.
Toutefois, les statuts ou l’assemblée générale des actionnaires peuvent y apporter des restrictions
(articles 123). Exemple, il peut être prévu que certains types de contrats ou d’opérations bancaires
pour des montants définis requièrent l’autorisation préalable des actionnaires ou du conseil
d’administration.
Vis-à-vis des tiers, c’est le dirigeant qui a le pouvoir d’engager la société. La société étant une
personne morale elle agit par la personne physique qui la représente. Les actes posés par les
dirigeants sociaux dans le cadre de l’objet social engagent la responsabilité de la société (article
122).
Vis-à-vis des associés, les pouvoir des dirigeants sont limités. Les dirigeants doivent respecter
les pouvoirs reconnus par la loi à d’autres organes tels l’assemblée des associés ou d’actionnaires
ou le conseil d’administration. Les dirigeants doivent aussi respecter les limites statutaires. Ils ont
aussi un devoir de loyauté envers la société et les associés. Ce devoir comporte une obligation
d’information loyale du dirigeant vis-à-vis des associés.
Les dirigeants peuvent engager leur responsabilité civile ou pénale. L’Acte uniforme prévoit
deux types de responsabilités des dirigeants vis-à-vis des tiers ou de la société: une
responsabilité civile et une responsabilité pénale.3 Le terme de tiers induit ici les actionnaires
et les associés de la société, lorsque ces derniers subissent un dommage distinct du dommage que

3
Les règles applicables sont contenues principalement aux articles 161 à 172, 330 à 332, 740 à 743 et 886 à 905
anis qu’aux articles 180 à 215 de l’Acte Uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement
du passif.
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pourrait subir la société (article 162). L’action individuelle se prescrit par trois ans à compter du
fait dommageable ou, lorsque ce fait a été dissimulé, à compter de sa découverte (article 164).
Les articles 889 et suivants de l’Acte uniforme définissent les infractions donnant lieu à une
responsabilité pénale des dirigeants. Mais le problème se pose pour les peines qui doivent être
prévues dans chaque pays. Exemple : les infractions pénalement sanctionnées sont la répartition
de dividendes fictifs; la publication ou présentation aux actionnaires d’une image non fidèle des
opérations de l’exercice, de la situation financière et de celle du patrimoine de la société (article
890) ; l’utilisation de mauvaise foi des biens sous du crédit de la société, tout en sachant que cette
utilisation est contraire à l’intérêt social, pour des fins personnelles ou pour favoriser une autre
personne morale dans laquelle un dirigeant est intéressé directement ou indirectement (article
891) ; le fait d’empêcher sciemment un actionnaire ou un associé de participer à une assemblée
générale (article 892).
B. Associés ou actionnaire
En règle générale, toute personne physique ou morale peut être actionnaire ou associée
d’une société commerciale (article 7). Certaines formes de sociétés peuvent être constituées par
une seule personne physique ou morale. Il s’agit des sociétés unipersonnelles (article 5).
C’est le cas de la société à responsabilité limitée (SARL), de la société par actions simplifiée (SAS)
et de la société anonyme (SA).
Les mineurs et les incapables ne peuvent être actionnaire de sociétés commerciales à
risque illimité, solution qui se justifie par le souci de les protéger contre une obligation au passif
social qui dépasserait leur mise initiale et pourrait mettre en péril leur patrimoine (article 8). C’est
le cas de tous les associés dans une société en nom collectif (SNC) et des associés commandités
dans une société en commandite simple (SCS).
Bref, l’associé ou l’actionnaire a des droits politiques (participer aux assemblées et de
voter), des droits financiers (perception des dividendes qui correspondent à la distribution des
bénéfices) et des droits patrimoniaux (les parts ou actions ont une valeur vénale et font partie du
patrimoine, elles peuvent alors être cédées ou faire l’objet de nantissement, càd être des
instruments de garantie).
C. Salariés
Les salariés en RDC, comme France, ont été longtemps ignorés par le droit des sociétés.
Aujourd’hui, ils sont des acteurs essentiels de la société. Ils ont le droit d’avoir un regard sur la
vie de la société dans le cadre des syndicats. La législation récente favorise l’actionnariat des
salariés.
D. Assemblées des associés
Tout actionnaire ou associé dispose d’un droit de participation aux décisions collectives à
moins que l’Acte Uniforme n’en dispose autrement. Toutes stipulations statutaires contraires sont
réputées non écrites (article 125). Toutefois, des actions spécifiques avec un droit de vote double
ou limitant le nombre de voix dont l’actionnaire dispose dans les assemblées peuvent être émises
dans une SA (articles 543, 544 et 548). Il convient de noter que lorsqu’une SA rachète ses propres
actions, ces dernières sont dépourvues de droit de vote et ne sont pas prises en compte dans le
calcul du quorum (article 542).
L’assistance aux assemblées des associés constitue un droit politique que l’on ne peut pas
limiter. Ce droit résulté du fait que l’associé ou l’actionnaire est détenteur des titres sociaux qui
lui confèrent le droit de participer et de voter aux décisions collectives des associés. Elles sont
convoquées par l’organe dirigeant.
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Il a deux sortes de décisions collectives : décisions ordinaires et décisions extraordinaires.


Elles sont prises en assemblée générale ordinaire ou extraordinaire.
L’assemblée générale ordinaire statue sur les états financiers de synthèse de l’exercice écoulé,
autorise les dirigeants à effectuer les opération soumises dans les statuts à l’accord préalable des
associés, procède à leur désignation ou remplacement, approuve les conventions intervenues
entre la société et l’un de ses dirigeants, décide de l’affectation du résultat etc. En bref, l’assemblée
générale ordinaire a le pouvoir de statuer sur toutes les questions qui n’entraînent pas de
modification des statuts.
L’assemblée générale extraordinaire a compétence de statuer sur la modification des statuts,
elle décide du transfert du siège social d’une ville à une autre, des transformations, des scissions
ou fusions, du changement d’objet social, de la dissolution ou de la prorogation de la durée de la
société, etc.
Les décisions adoptées lors des assemblée générale doivent être constatées dans un procès-
verbal indiquant la date et le lieu de la délibération, le nom des actions aires ou associés présents
ou représentés, l’ordre du jour, le texte des résolutions mises aux voix et le résultat des votes
(articles 134). Le procès-verbal doit être inséré dans un registre conservé au siège social de la
société dont toutes les pages sont numérotées et paragraphes par le greffier du tribunal
compétent en matière commerciale (article 135).
E. Organisation du contrôle
Une société n’est pas la propriété absolue de ses dirigeants. Trop d’intérêts sont en jeu pour
qu’il puisse en être ainsi. Pour cette raison, dans toute société il existe des mécanismes de contrôle.
Le contrôle est effectué par les associés ou le commissaire aux comptes, s’il en existe un. Dans les
sociétés de taille importante, la présence d’un commissaire aux comptes est obligatoire. Pour être
désigné commissaire aux comptes il faut être expert-comptable inscrit au tableau de l’ordre.
Tout actionnaire ou associé, lorsqu’il n’est pas membre de la direction, dispose du droit, deux
fois par exercice, de poser par écrit des questions aux dirigeants sur tout fait de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation (157 et 158).
Lors de l’exercice de sa mission, le commissaire aux comptes doit être tenu informé de tout
fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation. Il dispose en ce sens de la faculté de
demander des explications aux dirigeants (articles 150 et 153).
Il s’agit de la procédure d’alerte (initiée par l’associé ou actionnaire ou le commissaire
aux comptes) qui a comme objectif de faire réagir la direction d’une société lorsque la continuité
de l’exploitation est compromise. Les dirigeants doivent alors répondre dans un délai d’un mois
suivant la réception de la demande d’explication, en donnant une analyse de la situation et en
précisant, le cas échéant, les mesures envisagées (articles 151 et 154). En cas de non réponse dans
un délai d’un mois, ou en cas explication insuffisante, un rapport est établi pour les associés ou
actionnaires ou au conseil d’administration ou encore à l’assemblée générale qu’il peut lui-même
convoquer lorsque le commissaire aux comptes constate que la continuité de l’exploitation
demeure compromise et si les dirigeants manquent de le faire.
F. Obligations comptables et financières
La société à l’obligation de clôturer chaque exercice social. L’exercice social doit correspondre
à l’année civile, à l’exception du premier exercice, qui peut avoir une durée plus longue et se
terminer au 31 décembre de l’année suivante.
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A la fin de chaque exercice, les organes de direction doivent préparer les états financiers de
synthèse de la société ainsi qu’un rapport de gestion (article 137) élaborés selon les dispositions
de l’acte uniforme relatif au droit Comptable.
Pour les sociétés ayant un commissaire aux comptes, ces documents doivent être envoyés à
ce dernier au moins quarante-cinq jours avant la date de l’assemblée générale qui doit être tenue
pour approuver les comptes est obligatoire dans une SA et optionnelle dans une SARL à moins que
certains montants relatifs au capital, au chiffre d’(affaires ou au nombre de personnels ne soient
dépassés. Dans ce cas, la nomination des commissaires aux comptes devient obligatoire.
Section 2. Les situations des crises
Différentes crises peuvent surgir lors de la vie de la société. Ces crises peuvent être
provoquées soit par les dirigeants, soit par les associés.
§.1. Crises occasionnées par les dirigeants
La crise peut résulter de :
L’abus de gestion est constaté lorsque les dirigeants, de mauvaise foi, font des ou du crédit
de la société, un usage qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fin personnelles, ou pour
favoriser une autre personne morale dans laquelle ils sont intéressés, directement ou
indirectement.
La concurrence déloyale, il s’agit du cas où un dirigeant démissionne de ses fonctions crée
une société concurrente de celle qu’il dirigeait auparavant et engage plusieurs salariés de
l’ancienne société.
§.2. Crises occasionnées par les associés
La crise peut résulter de l’abus de majorité ou de l’abus de minorité :
Il y a abus de majorité lorsque les associés majoritaires ont voté une décision dans leur
seul intérêt, contrairement aux intérêts des associés minoritaires, sans que cette décision ne
puisse être justifiée par l’intérêt de la société.
Il y a abus de minorité ou d’égalité lorsque, en exerçant leur vote, les associés minoritaires
ou égalitaires s’opposent à ce que des décisions soient prises, alors qu’elles sont nécessitées par
l’intérêt de la société et qu’ils ne peuvent justifier d’un intérêt légitime.
Dans tous ces cas l’intervention du juge est nécessaire. La société étant en proie de blocage,
une administration provisoire peut être mis en place par le juge à la demande soit des
actionnaires, minoritaires ou majorités selon le cas ou encore un actionnaire isolé.
Section 3. Développement ou mutation des sociétés
Une fois créée la société a vocation à se développer. Un tel développement peut résulter
d’une augmentation de capital. Il peut aussi être la conséquence d’une transformation ou de la
restructuration de la société.
§1. Les succursales
A. Définition
Une succursale est définie par la loi comme un établissement commercial, industriel ou de
service appartenant à une société ou un particulier et ayant un certain degré d’autonomie de
gestion, sans avoir une personnalité juridique indépendante de celle de son détenteur. Les droits
et obligations découlant de l’activité ou de l’existence d’une succursale appartiennent au
détenteur de la succursale (articles 116 et 117). Une distinction doit, par conséquent, être faite
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entre les succursales et les filiales. (Réseaux d’entreprises sur l’étendue d’un territoire, une
présence permanente de l’entreprise dans différentes localités).
La loi distingue deux types de succursales : les succursales de sociétés enregistrées dans
un Etat membre et les succursales de sociétés étrangères, c'est-à-dire de sociétés qui ne sont pas
immatriculées dans un des Etats membres. (Typologie des succursales).
B. Immatriculation
Les succursales de sociétés déjà immatriculées dans un des Etats membres doivent être
immatriculées auprès du RCCM de l’Etat membre dans lequel elles sont établies, dans le mois qui
suit leur établissement (article 119).
Les succursales créées par des sociétés non immatriculées dans un Etat membre sont
assujetties au droit de l’Etat membre dans lequel elles sont établies. Sous réserve de conventions
internationales ou de dispositions législatives contraires (article 118). Toute succursale d’une
société étrangère doit être immatriculée auprès du RCCM dans le mois qui suit son établissement.

§2. Les filiales


La filiale est considérée comme une entité autonome et séparée, dotée de la personnalité
morale, disposant de son propre capital social, ayant ses propres droits et obligations et qui, bien
que sous contrôle ou influence significative d’une société mère (la société holding) doit être
enregistrée au RCCM en son propre nom.
§3. Les groupes de sociétés
La loi donne une définition utile par référence à la notion de contrôle, en précisant qu’un
groupe de sociétés est «l’ensemble formé par des sociétés unies entre elles par des liens
divers qui permettent à l’une d’elles de contrôler les autres » (article 173). Cette définition
ne confère pas la personnalité juridique à un groupe de sociétés. La notion de contrôle est quant
à elle définie comme la détention effective du pouvoir de décision au sein d’une société. Le pouvoir
de contrôle se présume lorsqu’une personne physique ou morale dispose de plus de la moitié des
droits de vote directement dans une société ou indirectement en vertu d’accords conclus avec
d’autres associés (articles 174 et 175). Il y a donc domination d’une société par une autre.
A la tête d’un groupe se trouve la société mère ou la société holding qui détient un certain
nombre de participations. Celle-ci a des filiales et des sous-filiales. La société holding est une
variété de société de portefeuille. La holding, à la différence de cette dernière, intervient dans la
gestion des sociétés dont elle détient des actions.
Un certain nombre d’opérations permettent la constitution de groupes, il s’agit de
restructurations suivantes : de fusions, scissions ou d’apports partiels d’actifs.
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§.4. Les concentrations d’entreprises


Les concentrations visent souvent à accroitre la compétitivité des entreprises tout en supprimant
cependant l’exercice d’un cadre effectif de concurrence. C’est en vue de sauvegarder la libre
concurrence que le droit s’évertue à réglementer ces techniques auxquelles ont recours les entreprises.
Nous y reviendrons dans le cadre de l’étude du droit de la concurrence. La loi organique n° 18/020
du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence en son article 48 donne la source des
concentrations économiques en ces termes : la concentration économique résulte de tout acte ou autre
moyen, quelle qu’en soit la forme, qui confère seul ou conjointement et compte tenu des circonstances
de fait ou de droit, la possibilité d’exercer un contrôle ou une influence déterminante sur une ou
plusieurs autres entreprises notamment par :
- Le transfert de propriété ou de jouissance sur tout ou partie de biens, droits et obligations d’une
entreprise ;
- La création d’une entreprise commune ;
- Les droits ou contrats qui assurent une influence sur la composition, les délibérations ou les
décisions des organes d’une entreprise ou d’un groupe d’entreprises.
Il ressort de cette disposition que les concentrations se résument en fusions, scissions et apports
partiels d’actifs qui sont des opérations de restructuration des sociétés et peuvent avoir pour finalité
la croissance ou l’expansion de la société, le renforcement de sa capacité concurrentielle ou son
adaptation à une conjoncture difficile au plan économique ou financier.
A. Définitions
La fusion est définie par l’acte Uniforme comme l’opération par laquelle deux sociétés se
réunissent pour n’en former qu’une seule, soit par la création d’une société nouvelle, soit par
l’absorption de l’une par l’autre (article 189).
Une scission est définie comme une « opération par laquelle le patrimoine d’une société
est partagé entre plusieurs sociétés existantes ou nouvelles » (article 190).
L’apport partiel d’actif est défini comme une « opération par laquelle une société fait
apport d’une branche autonome d’activité à une société préexistante ou à créer » (article 195).
Ces opérations d’apport sont soumises au même régime que les scissions.
Les régimes juridiques applicables à toutes ces formes de restructurations sont
pratiquement identiques sauf quelles que exceptions.
B. Principales caractéristiques des opérations de restructuration
Les fusions et les scissions se traduisent par une transmission universelle du patrimoine
de la société absorbée et une dissolution sans liquidation de cette dernière (articles 189 et 190).
En revanche, lorsqu’il y a apport partiel d’actifs, seuls l’actif et le passif identifiés relatifs à
l’opération envisagée sont transférés, sans que la société soit dissoute (article 195).
1° Transmission universelle du patrimoine
Tous les éléments d’actif et de passif de la société absorbée sont transmis à la ou les
société(s) qui les recueille(nt) en totalité ou en partie (articles 189 et 190). Cette transmission
constitue une transmission de plein droit.
a) Transmission de plein droit
Le contrat de transmission de plein droit signifie que tous les biens et responsabilités de
la société absorbée, même s’ils ne figuraient pas dans le traité de restructuration du fait d’une
erreur ou d’une d’omission, sont automatiquement transmis à la société absorbante (article 191).
12

En conséquence, la société absorbante peut être contrainte de payer une dette de la société
absorbée qui ne figurait pas au passif du traité de restructuration.
b) Transfert des actions et de la qualité d’actionnaire
L’Acte uniforme dispose qu’à la suite d’une fusion ou d’une scission, les actionnaires de la
société absorbée deviennent actionnaires de la société absorbante (article 191). Les fusions et
scissions ont ainsi pour conséquence un échange de titres, dans lequel les actionnaires de la
société absorbée reçoivent les actions de la société absorbante. Cette opération nécessite de
déterminer une partie d’échange entre les actions de la société absorbée et celles de la société
absorbante. Dans les restructurations impliquant une SARL ou une SA, un « commissaire à la
fusion » ou « un commissaire à la scission » doit être nommé par la juridiction compétente afin
de préparer un rapport détaillant l’opération, certifier l’opération et son caractère équitable
(articles 382, 672 et 684).
Une exception au principe énoncé ci-dessus réside dans le fait qu’aucun échange de titres
ne peut avoir lieu lorsque les titres de la société absorbée sont détenus, soit par la société
absorbante, soit par la société absorbée elle-même.
c) Aspects sociaux
Toutes les dispositions du droit du travail et notamment celles relatives à la promotion
des intérêts et à la consultation des salariés devront être respectées lors d’une restructuration.
Les dispositions nationales de droit du travail garantissent la plupart du temps une protection des
salariés par la continuité automatique des contrats de travail. Dans un tel cas, la société
absorbante est considérée comme étant le nouvel employeur.
2° Dissolution de la société absorbée
Les fusions ou la scission entrainent la dissolution automatique de la société absorbée
dont le patrimoine est directement transmis à la société absorbante. Il n’y a donc pas lieu de suivre
la procédure relative à une liquidation et de nommer un liquidateur (article 191), car on est en
présence d’une dissolution exceptionnellement sans liquidation.
C. Conditions générales des opérations de restructuration
Les sociétés participant à l’opération de restructuration peuvent être de formes sociales
différentes, ce qui ne pose pas de problème particulier.
1° Restructurations impliquant des sociétés de différentes formes
Une restructuration peut donc avoir lieu entre toutes les formes sociales, c'est-à-dire les
SA, SARL, SNC et SCS ainsi qu’entre ces dernières et des sociétés étrangères sous réserve de
dispositions impératives dans les Etats non membres de l’OHADA et dont les sociétés seraient
parties à l’opération de restructuration.
2° Restructurations impliquant des sociétés dissoutes ou en cours de liquidation
Une société dissoute ou en cours de liquidation peut participer à une opération de fusion
(article 189). Cependant, cette société ne pourra être qu’absorbée et en aucun cas ne peut être une
société absorbante. Il n’existe aucune règle similaire pour les scissions ou les apports partiels
d’actifs impliquant des sociétés dans cette situation.
D. Procédure applicable aux opérations de restructuration
Lorsque plusieurs SA font partie d’une opération de restructuration, la décision appartient
de manière exclusive à l’assemblée générale extraordinaire de chacune des sociétés. (Article 971).
13

Une majorité des deux tiers des voix à l’assemblée générale est requise pour l’adoption de la
décision de restructuration.
Pour chaque société impliquée, la restructuration requiert l’élaboration d’un projet de
restructuration (traité de fusion, de scission ou d’apport partiel d’actifs, selon le cas), ainsi que
la nomination d’un commissaire aux comptes si une SA ou une SARL est impliquée dans
l’opération. Ce projet doit être obligatoirement transmis à la commission de la concurrence pour
étude. Ce dernier le transmet au ministre ayant l’Economie dans ces attributions pour autorisation
(article 50 loi organique sur la concurrence).
E. Droits des créanciers
Dans le processus de restructuration, les droits des créanciers doivent être protégés.
§.5. Transformation
A. Définition
1° Caractéristiques
La transformation d’une société s’opère lorsque la société change de forme juridique par
le moyen d’une décision de ses actionnaires ou associés (article 181). La décision de
transformation n’implique pas la création d’une nouvelle personne morale et constitue
simplement un changement des statuts4. En conséquence, tous droits et obligations contractés par
la société avant sa transformation restent valides et continuent à lier à l’égard des tiers (article
186).
2° Procédure
La transformation est assujettie aux formalités légales prévues par pour toute
modification des statuts. Toutefois, la transformation de la société dans laquelle les actionnaires
ou associés ont une responsabilité limitée en une société dans laquelle leur responsabilité illimitée
doit être soumise à un vote à l’unanimité des actionnaires ou associés (articles 181), en raison de
l’augmentation des engagements en résultant.
B. Effets
La décision de transformation d’une société ne peut être rétroactive et ne prend effet qu’à
compter du jour où la décision la constatant est prise (article 182). Néanmoins, la décision de
transformation ne sera valide à l’égard des tiers qu’après l’accomplissement des formalités
suivantes : publication de l’opération dans un journal d’annonces légales ; dépôt des procès-
verbaux auprès du greffe de la juridiction compétente en matière commerciale ; enfin, inscription
modificative au RCCM.
C. Dispositions particulières relatives aux SA et SARL
Une SA ou une SARL peut être transformée en une autre forme de société à la condition,
au moment de la décision de transformation, que la société ait une existence d’au moins deux ans
et ait établi et fait approuver par les associés ou les actionnaires les bilans de ses premiers
exercices et que ses capitaux propres soient d’un montant au moins égal à son capital (articles 374
et 690-691).
Les actionnaires statuent sur la transformation après présentation du rapport préparé par
le commissaire aux comptes ou, lorsqu’il n’y a pas de commissaire aux comptes, par commissaire

4
Néanmoins, la société perd sa personnalité juridique lorsqu’elle a été transformée en une forme égale non
prévue par l’Acte uniforme.
14

aux comptes spécialement choisi pour l’opération (articles 375 et 691). Le rapport doit certifier
que les capitaux propres sont d’un montant au moins égal au capital de la société.

Titre II. Les règles propres à chaque forme sociale


Chapitre I. Les sociétés de capitaux
Section 1. La société anonyme (SA)
La société anonyme (SA) constitue le véhicule le plus couramment utilisé pour des
investissements substantiels. La SA peut avoir tout nombre d’actionnaires et même un seul
actionnaire (article 385). Elle doit avoir un capital social d’un montant minimum est porté à cent
millions de francs CFA lorsqu’elle fait appel public à l’épargne (articles 387 et 824).
§1. Constitution de la SA
Plusieurs étapes sont nécessaires pour la constitution d’une société anonyme. La
préparation des bulletins de souscription, dépôt des fonds et déclaration notariée de souscription
et de versement, préparation des statuts, convocation de l’assemblée générale constitutive,
l’immatriculation de la société au RCCM, l’enregistrement auprès de l’administration fiscale et la
publication dans un journal d’annonces légales.
Les bulletins de souscription ont pour fonction de valider les souscriptions d’apports en
numéraire. Ils doivent contenir certaines informations relatives à la société, aux actions et aux
souscripteurs, être émis par les fondateurs de la société et signés par chaque souscripteur (articles
390-392).
Alors que le capital social doit être entièrement souscrit avant que les statuts soient
signés, il n’est pas nécessaire qu’il soit entièrement libéré dès le départ. Les souscripteurs ne
sont, en effet, tenus de payer que le quart de la valeur minimale de leurs actions lors de la
souscription du capital et disposent d’un délai, qui ne peut excéder trois ans à compter de
l’immatriculation au RCCM, pour la libération du surplus (articles 388 et 389).
Les fonds sont déposés soit auprès d’un notaire, soit dans un compte spécial ouvert au
nom de la société dans une banque de l’Etat membre dans lequel la société a son siège social
(article 393). Dans un tel cas, la banque doit fournir au dépositaire un certificat de dépôt
confirmant que les fonds ont bien été déposés.
Après présentation des bulletins de souscription et, si tel est le cas, du certificat du
dépositaire des fonds, le notaire établit un acte appelé déclaration notariée de souscription et de
versement témoignant que le montant des souscriptions déclarées corresponde au montant
apparaissant sur les bulletins de souscription et que celui du versement est conforme, selon le cas,
au montant des sommes déposées en son étude ou au montant figurant sur le certificat fourni par
la banque.
Dans le cas d’un apport en nature, l’évaluation de l’apport doit être effectuée par un
commissaire aux comptes établi dans le pays où la société est constituée. L’assemblée générale
constituante doit ensuite être tenue pour approuver cette évaluation.
Les apports en nature sont libérés intégralement lors de la constitution de la société
(articles 45 et 408).
Les statuts sont établis par acte notarié ou par acte sous seing privé. Néanmoins, lorsqu’ils
sont établis par acte sous seing privé, il doit être déposé au rang des minutes d’un notaire (article
10). Les statuts sont signés par le souscripteur ou son mandataire après que la déclaration
notariées de souscriptions et de versement a été établie (article 396). Les statuts doivent indiquer
le nom des premiers administrateurs et commissaires aux comptes (article 367). Toutefois ces
15

organes sociaux, peuvent aussi être nommés par l’assemblée générale constitutive, lorsqu’une
telle assemblée est tenue (article 410).
L’assemblée constitutive doit être obligatoirement tenue si la société fait appel public à
l’épargne5ou, comme il vient d’être vu, lorsque les apports à la société sont effectués en nature et
font l’objet d’une évaluation devant être approuvée. Toutefois, la tenue d’une assemblée générale
ne semble pas nécessaire lorsque tous les apports sont en numéraire et qu’il n’est pas fait appel
public à l’épargne. L’assemblée générale constitutive est facultative, car la société effectivement
est constituée dès la signature des statuts.
Lorsqu’une assemblée générale constitutive est tenue en vue d’approuver ou de rejeter le
rapport du commissaire aux apports sur l’évaluation des apports sur l’évaluation des apports en
nature, elle doit constater que le capital social est entièrement souscrit et que les actions sont
libérées. L’assemblée constitutive adopte alors les statuts, nomme les premiers administrateurs
ou administrateur général, nomme le premier commissaire aux comptes, et statue sur les
engagements pris pour le compte de la société en formation, c'est-à-dire préalablement à son
immatriculation (article 410).
Des formulaires types d’immatriculation des sociétés commerciales sont disponibles
auprès de certains RCCM.
L’enregistrement auprès de l’administration fiscale vous permet d’obtenir en RDC le
Numéro impôt
Dans un délai de quinze jours suivant l’immatriculation de la société, une annonce doit
être insérée dans un journal habilité à publier des annonces légales dans le pays où la société est
immatriculée (article 261).
§2. Administration et direction de la SA
Il existe deux modes d’administration et de direction d’une société anonyme, auxquels il
ne peut être dérogé (article 414). Les fondateurs pourront opter pour l’une ou l’autre de ces deux
options : la direction avec un conseil d’administration et la direction confiée à un administrateur
général.
A. Modes d’administration et de direction de la SA
La SA peut être administrée par un administrateur général, actionnaire ou non (article
495), assisté le cas échéant par un ou plusieurs adjoints (article 510) lorsqu’elle comprend
d’actionnaires égal ou inférieur à trois (article 494). La SA a« la faculté de ne pas constituer un
conseil d’administration ».
Le conseil d’’administration est obligatoire pour les sociétés ayant plus de trois
actionnaires. Les SA unipersonnelles devraient ainsi nécessairement être administrées par un
administrateur général, ce qui constitue un frein à la création de filiales sous forme de SA dirigée
par un conseil d’administration par exemple.
Lorsque la société est administrée par un conseil d’administration, celui-ci est présidé soit
(i) par un président du conseil d’administration assisté d’un directeur général, soit (ii) par un
président directeur général.
L’Acte uniforme énumère de manière limitative les différents mandataires sociaux de la
SA de telle sorte qu’il ne semble pas possible de créer d’autres types de mandataires habilités à
représenter la société.

5
Acte Uniforme relatif au droit commercial général, articles 27 et 28.
16

Schéma

Un a trois actionnaires Deux actionnaires ou plus

Administration et Administration de la société


direction de la société par par un conseil administration
un administrateur général
Président du conseil
Administrateur général Président directeur d’administration et
général Directeur général
Éventuellement
Éventuellement

Administrateur(s) général (aux) Directeur (s) Directeur (s)


adjoint(s) général (aux) général (aux)
adjoint (s) adjoint (s)

B. Nomination et mandat des organes de gestion


Le premier gestionnaire peut être soit désigné dans les statuts soit nommé par l’assemblée
générale constitutive. En cours de vie sociale, sa nomination intervient sur décision de l’assemblée
générale ordinaire. Ce gestionnaire peut être nommé parmi les actionnaires ou les non
actionnaires de la société.
La durée du mandat des gestionnaires est déterminée librement dans les statuts.
Toutefois, elle ne peut excéder six ans lorsqu’ils ont été nommés en cours de vie sociale, et deux
ans lorsqu’ils ont été désignés dans les Statuts ou nommés par l’assemblée générale constitutive
de la société.
C. Pouvoirs et rémunération
L’administrateur général dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir dans le cadre de
l’objet social de la société, excepté pour les pouvoirs expressément réservés aux assemblées
générales par l’acte uniforme ou par les statuts. (Article 498). Dans le cas du conseil
d’administration, ce conseil dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. Il doit cependant exercer ces pouvoirs dans la limite de l’objet
social et sans préjudice de ceux conférés par la loi aux actionnaires (article 435). Le conseil
d’administration peut en particulier déterminer les objectifs de la société et l’orientation donnée
à son administrateur ; superviser la gestion assurée par le président directeur général ou le
directeur général, selon le mode de direction retenu dans les statuts ; et arrêter les comptes pour
chaque exercice (article 435).
La rémunération se fait soit sous forme d’indemnité de fonction annuelle ou des
rémunérations exceptionnelles liées aux missions et mandats qui lui sont confiés, celles-ci étant
décidées par l’assemblée générale ordinaire soit, sous forme d’un salaire perçu sur base d’un
contrat de travail.
D. Nomination, mandat et révocation
Les premiers administrateurs doivent être désignés dans les statuts ou nommés par
l’assemblée générale constitutive. En cours de vie sociale, les administrateurs sont nommés par
l’assemblée générale ordinaire. Il convient de noter que les personnes morales peuvent être
nommées administrateurs. Le président du conseil d’administration est nommé par le conseil
d’administration.
17

Toute nomination d’un administrateur doit être publiée auprès du RCCM.


Les administrateurs peuvent être révoqués à tout moment par décision de l’assemblée
générale ordinaire des actionnaires.
§3. Financement de la SA
Le financement de la SA est assuré par des investisseurs qui deviennent titulaires de
valeurs mobilières constituant des titres négociables représentatifs de créances sur la société. Il
s’agit principalement de deux catégories de valeurs mobilières dites composées (obligations
pouvant donner accès au capital) peuvent également assurer le financement des sociétés
anonymes.
A. Les valeurs mobilières, sources de financement de la SA
Les sociétés anonymes émettent des valeurs mobilières sous plusieurs formes. Elles
confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès directement ou indirectement à
une quotité du capital de la société émettrice, ou à un droit de créance général sur son patrimoine.
Elles sont indivisibles à l’égard de la société émettrice.
B. Emission d’actions
Aux actions sont attachés des droits et obligations. Ces droits et obligations sont
généralement proportionnels au montant de l’apport de chaque actionnaire. Il s’agit du droit sur
les bénéfices après décision de distribution, du droit sur les actifs nets lors de leur répartition
, à la dissolution ou lors d’une réduction du capital social de la société, du droit de participer et
de voter aux assemblées générales, de l’obligation de contribuer aux pertes sociales.
L’actionnaire dispose d’un droit préférentiel de souscrire à l’émission d’actions nouvelles
dans le cadre d’une augmentation de capital.
Les actions sont librement cessibles et librement négociables. Toutefois, lorsque toutes les
actions émises sont nominatives, certaines dispositions peuvent être insérées dans les statuts ou
dans un pacte d’actionnaire afin d’assujettir ces cessions à des restrictions telles que la nécessité
d’obtenir l’agrément soit du conseil d’administration soit de l’assemblée générale quant à la
personne du cessionnaire. De même, la cession peut être soumise à un droit de préemption
bénéficiant à un ou plusieurs actionnaires (articles 765).
C. Financement par émission d’obligations
Une obligation constitue un titre négociable émis en représentation d’un emprunt de la
société (article 779). Elle confère les mêmes droits de créance pour une même valeur nominale à
l’égard de ses titulaires créanciers de la société appelés « obligataires ».
L’obligataire perçoit généralement un intérêt fixe (sauf indexation), alors que le droit aux
dividendes d’un actionnaire varie selon la performance et reste fonction de la décision souveraine
des actionnaires. Ce droit aux dividendes disparait par ailleurs en période déficitaire.
§4. Les mouvements du capital social de la SA
Le principe de fixité ou d’intangibilité du capital social n’est que relative, le capital social
peut toujours varier sous certaines conditions prévues par la loi.
A. Augmentation de capital social
L’augmentation du capital social a un impact non négligeable sur la société. Elle offre aux
sociétés anonymes de renforcer leur fond propres, notamment si la société a besoin d’argent frais
pour financer des opérations de grande envergure (fusion-acquisition, développement de
marchés etc.). L’augmentation du capital social se justifie encore alors que le groupement est
18

prospère ; elle permet aux actionnaires de faire jouer leur droit préférentiel de souscription et de
renforcer ainsi leur position dans la société.
On penser qu’aujourd’hui le capital social ne joue ses rôles d’outil de protection du gage des
créanciers sociaux et d’instrument répartiteur des droits entre associés. Seule semble compter
aujourd’hui, sa fonction purement financière, qui permet aux actionnaires d’obtenir rapidement
de l’argent frais grâce aux mécanismes des augmentations de capital.
1) Conditions générales
Le capital social d’une SA peut être augmenté soit par émission d’actions nouvelles soit
par la majoration du montant nominal des actions existantes (article 562). Les actions nouvelles
peuvent être libérées soit par des apports en capital, soit par des apports en nature, soit encore
par compensation avec des créances certaines, liquides ou exigibles sur la société, soit enfin par
incorporation de réserves, bénéfices ou primes d’émission. Les actions nouvelles sont émises soit
à leur montant nominal, soit à ce montant majoré d’une prime d’émission lorsque la valeur de la
société nécessite de valoriser la différence entre la valeur des droits conférés aux actionnaires par
les actions à différentes périodes de son existence (article 563). Le capital social peut encore
augmenter par l’exercice de droits attachés à des valeurs mobilières donnant accès au capital.
2) Décision d’augmentation de capital
L’assemblée générale extraordinaire est le seul organe habilité à décider l’augmentation
du capital social, après présentation, d’une part, des rapports du conseil d’administration ou de
l’administrateur général et d’autre part, du commissaire aux comptes (article 564). Le rapport du
conseil d’administration ou de l’administrateur général doit préciser les motifs de l’augmentation
de capital ainsi que son impact sur la marche des affaires sociales depuis le début de l’exercice en
cours (article 570).
3) Droit préférentiel de souscription conféré aux actionnaires existants
En principe, les actionnaires existants disposent d’un droit préférentiel de souscription
pour toute augmentation de capital (article 573). Ce droit est proportionnel au montant des
actions détenues et présente un caractère irréductible.
Les actionnaires peuvent décider eux-mêmes de supprimer le droit préférentiel de
souscription par le biais d’une assemblée générale extraordinaire (article 586). L’assemblée
générale extraordinaire peut, en effet, décider de supprimer ce droit soit pour la totalité de
l’augmentation de capital soit pour une ou plusieurs tranches de cette augmentation, en faveur
d’un ou plusieurs bénéficiaires nommément désignés. Lorsque ces bénéficiaires sont déjà
actionnaires de la société, ils ne peuvent prendre part au vote, ni pour eux-mêmes, ni comme
mandataires.
Leurs actions ne seront pas prises en compte pour calculer le quorum et la majorité (article
587).
Les actionnaires peuvent aussi renoncer individuellement à leur droit préférentiel au
profit de personnes dénommées, ou sans indication du bénéficiaire (article 593). La renonciation
doit être adressée par écrit à la société avant la fin de la période de souscription, soit par lettre au
porteur contre récépissé, soit par lettre recommandée avec accusé de réception (article 594). La
renonciation faite au profit de bénéficiaires désignés doit être accompagnée de l’acceptation de
ces derniers (article 595).
19

B. Réduction de capital
Le capital social peut être réduit soit par la diminution de la valeur nominale des actions, sous
réserve de ne pas porter celles-ci en dessous du montant minimal requis, soit par la diminution
du nombre des actions (articles 627), soit par le remboursement d’une partie du capital social.
Le capital social minimum autorisé pour une SA est de dix millions de francs CFA (article 387).
En conséquence, le capital ne peut être réduit au-dessous de ce montant.
§5. Appel public à l’épargne
L’appel public à l’épargne ouvre de larges possibilités aux sociétés afin de lever des capitaux
et de financer leurs projets notamment grâce à l’émission d’actions, d’obligations ou de valeurs
mobilières composées en atteignant de manière large des investisseurs locaux ou étrangers.
A. Champ d’application
1) Définition
Une société faisant appel public à l’épargne peut être définie comme une société qui, pour son
fonctionnement, a recours à l’épargne publique par divers moyens tels que l’inscription de titres
à la cote officielle des valeurs mobilières et/ou, plus largement, le placement de ses titres par
l’intermédiaire de banques, d’établissements financiers ou grâce à des procédés de publicité.
2) Sociétés autorisées à faire appel public à l’épargne
Seules les SA peuvent émettre des actions et les négocier auprès d’une bourse des valeurs ou
d’un établissement financier (article 58). L’Acte uniforme précise qu’une SA faisant appel public à
l’épargne doit avoir un capital social d’au moins cent millions de francs CFA (article 824) et
doit être administrée par un conseil d’administration (article 828).
B.Garanties de procédure et formalités de publicité
Dans un souci de protection de l’épargnant, l’acte uniforme organise la procédure d’appel
public à l’épargne et pose certaines exigences en matière d’information et de publicité des offres
destinées au public.
Section 2. La société à responsabilité limitée (SARL)
La SARL est la deuxième forme de société de capitaux, dite à responsabilité limitée, dont
les associés ne sont tenus des dettes de la société qu’à concurrence de leurs apports.
§1. Les associés
Une SARL peut être constituée par une ou plusieurs personnes physiques ou morales
(articles 309). Il est permis d’avoir un seul associé et, en cas de pluralité d’associés, aucune limite
n’est posée à leur nombre.
Les associés disposent de droits politiques et financiers. Ils disposent du droit d’être
informés à tout moment des affaires de la société ; en particulier, avant toute assemblée, ils
peuvent recevoir certaines informations et poser des questions relatives à la gérance de la société
(articles 344 et 345). Ils ont le droit de participer aux décisions collectives (article 334). Enfin, ils
ont le droit de recevoir des dividendes (article 346).
§2. Le capital social
Le capital social d’une SARL doit être de 1.000.000 de francs CFA (1.800 usd) minimum.
Il est divisé en parts sociales d’un montant égal dont la valeur nominale ne peut être inférieure à
5.000 francs CFA (8,77usd) (Article 311).
20

§3. La gérance
Une SARL doit être dirigée par un ou plusieurs gérants. Un gérant doit être une personne
physique et peut être associé ou non de la société. Il est nommé dans les statuts ou en cours de vie
sociale, par la majorité des associés détenant plus de la moitié du capital social (article 323).
Le gérant peut être rémunéré pour l’exercice de ses fonctions, dans les conditions fixées
par les statuts ou par une décision de l’assemblée générale des associés (article 325).
A. Nomination, mandat et révocation
Le gérant est nommé pour quatre ans à moins qu’il n’en soit prévu autrement par les
statuts. Son mandat est renouvelable (article 324).
Le gérant peut être révoqué par une décision des associés détenant plus de la moitié des
parts de la société. Lorsque la révocation est décidée sans justes motifs, elle peut donner lieu au
paiement de dommages-intérêts (article 326). En d’autres termes, contrairement aux
administrateurs d’une SA, les gérants ne peuvent être révoqués ad nutum. A la demande de tout
associé, le gérant peut aussi être révoqué par la juridiction compétente en matière commerciale,
pour cause légitime. Cette disposition permet aux associés minoritaires de se prémunir contre un
abus de majorité des associés à l’égard d’un gérant.
B. Pouvoirs
Dans les rapports entre associés, le gérant peut faire tous les actes de gestion dans l’intérêt
de la société à moins que les statuts ne restreignent ses pouvoirs.
§4. Commissaires aux comptes
Un commissaire aux comptes doit être nommé dans les SARL, dont le capital social est
supérieur à dix millions de francs CFA, ou lorsque l’une des deux conditions suivantes est
remplie :
 le chiffre d’affaires annuel est supérieur à deux cent cinquante millions de francs CFA ;
 le nombre d’employés de la société est supérieur à cinquante (article 376).
Section 3. La société par actions simplifiées (SAS)
La société par actions simplifiées est une société dont le fonctionnement interne relève, en
grande partie, de la seule volonté de ses membres. Ainsi, de nombreuses clauses peuvent être
introduites dans les statuts afin de maintenir cette caractéristique : les clauses d’inaliénabilité des
actions, clauses d’agrément, clauses d’exclusion d’un associé par rachat de ses titres.
Bien que la SAS ait ses racines dans la SA, elle s’en sépare sur deux points essentiels : d’une
part, son organisation et son fonctionnement sont fixés par les statuts, c’est-à-dire de la seule
volonté commune des associés ; d’autre part, ces derniers peuvent, dans une large mesure,
aménager comme ils l’entendent les conditions de leur entrée et de leur sortie de la société.
La SAS est une société constituée par un ou plusieurs associés personnes physiques ou
personnes morales, qui est ou sont responsables des dettes sociales à la concurrence de leurs
apports et leurs droits sont représentés par des actions. La SAS se distingue de la SA par le fait
qu’aucun capital minimum n’est exigé. Elle est administrée par un Président avec possibilité
d’avoir un directeur général adjoint. Dans la SAS l’intuitu personae entre associés est très marqué.
Le terme associé a été préféré au terme actionnaire.
La SAS ne peut faire l’appel public à l’épargne c’est-à-dire que pour son financement, elle
ne peut recourir à l’épargne public par divers moyens tels que l’inscription de titres à la cote
officielle des valeurs mobilières et/ou, plus largement, le placement de ses titres par
21

l’intermédiaire de banques, d’établissements financiers ou grâce à des procédés de publicité. Son


cercle d’investisseurs est très restreint car il ne peut pas dépasser plus de cents personnes.

Chapitre II. Les sociétés de personnes


Les sociétés de personnes sont celles dans lesquelles la responsabilité des associés est
illimitée.
Section 1. La société en nom collectif (SNC)
Une société en nom collectif (SNC) est définie par loi comme une société dans laquelle tous
les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales
(article 270). Le degré d’intuitu personae entre les associés est ici plus élevé que dans les autres
formes sociales prévues par la loi. (Caractéristiques)
Le capital social d’une SNC doit être composé de parts sociales d’une valeur nominale
identique qui ne peuvent être cédées qu’avec le consentement unanime des associés (article 273).
Un gérant peut être désigné parmi ou en dehors des associés. Contrairement au gérant
d’une SARL, le gérant d’une SNC peut être une personne morale. Lorsque les statuts ne
contiennent aucune disposition quant à la forme de gérance de la société, tous les actionnaires
sont présumés être gérants de la SNC (article 276).
Lorsque le gérant est désigné par les statuts, il ne peut être révoqué qu’à l’unanimité des
autres associés. A moins que les statuts ou un vote à l’unanimité des associés restants n’en décide
autrement, la révocation d’un gérant désigné par les statuts entraine la dissolution de la société.
Lorsque le gérant n’est pas désigné par les statuts, il ne peut être révoqué que par un vote des
associés représentant la majorité tant en nombre qu’en capital, sans qu’il soit tenu compte de sa
participation, s’il en existe une, pour le calcul de cette majorité (article 280). La révocation d’un
gérant ne s’opère pas ad nutum, et peut donner lieu, en conséquence, au paiement de dommages
et intérêts si elle a été mise en œuvre sans justes motifs (article 281).
Toutes les décisions qui excèdent les pouvoirs des gérants doivent être prises à
l’unanimité des s’associés à moins que les statuts ne prévoient une majorité différente (article
283).
Section 2. La société en commandite simple (SCS)
Une société en commandite simple (SCS) est une société dans laquelle coexistent deux
catégories d’associés. Les associés de la première catégorie, dénommés « associés
commandités » assimilables aux entrepreneurs, sont indéfiniment et solidairement responsables
des dettes, alors que les associés de la deuxième catégorie, dénommés « associés
commanditaires » assimilables aux investisseurs, ne sont responsables pour les dettes sociales
qu’à hauteur du montant de leurs apports (article 293). (Caractéristiques)
Le nom d’un associé commanditaire ne doit pas servir à la dénomination sociale de la
société. Dans le cas contraire, l’associé commanditaire devra répondre indéfiniment et
solidairement des dettes sociales comme un associé commandité (article 284).
Les statuts d’une SCS doivent comporter obligatoirement les mentions suivantes : le
montant total des apports, la valeur respective de l’apport de chaque associé commandité ou
commanditaire. La part globale des associés commandités et la part de chaque associé
commanditaire dans la répartition des bénéfices et dans le boni de liquidation (article 295).
En principe, les parts sociales ne peuvent être cédées sans le consentement de tous les
associés, c’est à dire à l’unanimité.
22

Un ou plusieurs gérants peuvent être choisis exclusivement parmi les associés


commandités, dans les statuts ou par tout acte ultérieur.
A défaut, les associés commandités gèrent ensemble la société (article 298). Les associés
commanditaires ne peuvent en aucun cas effectuer un acte de gestion interne, même s’ils
disposent d’une procuration pour le faire (article 299). Si un associé commanditaire contrevient
à cette interdiction, il devient indéfiniment et solidairement responsable, à l’instar d’un associé
commandité, de toutes les dettes et engagements de la société dérivant des actes de gestion qu’il
a faits (article 300).
Toute décision qui excéderait les pouvoirs des gérants de la SCS doit être prise par la
collectivité des associés (article 302).
La société doit comprendre à tout moment au moins un associé commandité. En cas de
décès du seul associé commandité et si son héritier est un mineur, la société doit alors être
dissoute si aucun autre associé commandité n’est trouvé, ou si la société n’est pas transformée en
une autre forme légale dans un délai d’un an (article 308).
Section 3. La société en participation
§1. Définition
Une société en participation n’est pas à proprement parler une société. C’est un concept
emprunté à celui de la joint-venture issue de la common law, dans lequel les associés acceptent
de ne pas enregistrer l’entité qu’ils ont créée au RCCM. En conséquence, la société en participation
ne dispose pas de la personnalité morale et n’est pas soumise à publicité (article 854). Cette forme
sociale présente les avantages de la discrétion et de la souplesse pour des opérations ponctuelles.
(Caractéristiques).
Cette définition comporte plusieurs conséquences. Une société en participation ne peut en
effet avoir un siège social, une dénomination sociale ou un patrimoine propre, elle ne peut
disposer de la capacité de contracter, ester en justice, ou faire l’objet d’une procédure collective.
Les associés sont libres de déterminer l’objet de la société en participation, les droits des
associés, ses règles de fonctionnement et sa définition (article 855). Néanmoins, les relations entre
associés sont régies par les dispositions applicables à la SNC, à moins que les associés n’en aient
disposé autrement (article 856). En outre, les associés doivent se conformer aux dispositions
impératives générales de la loi applicables à toutes les sociétés, à l’exception de celles relatives à
la personnalité morale (article 855).
§.2. Direction
Pour les relations à l’égard des tiers, chaque associé contracte en son nom personnel et se
trouve, de ce fait, seul engagé pour toutes les obligations contractées.
La société en participation constitue un instrument très flexible qui peut s’avérer très utile
lorsque les associés désirent former un consortium secret ou une joint-venture.
§3. Disparition
Les modalités de dissolution n’étant pas encadrées par la loi, il convient de veiller à
organiser celles-ci dans les statuts.
Section 4. La société de fait
Une société de fait est une société dans laquelle deux ou plusieurs personnes, physiques
ou morales, agissant comme si elles étaient associées sans avoir constitué entre elles l’une des
formes de sociétés reconnues par la loi (article 864). (Caractéristiques)
23

Il s’agit notamment des cas suivant : lorsqu’une société reconnue par la loi a été constituée
mais que les formalités légales de constitution n’ont pas été effectuées ou lorsqu’une société
reconnue par la loi a été constituée mais n’a pas été enregistrée auprès du RCCM, ou encore,
lorsqu’une société a été constituée sans respecter l’une des formes prescrites par l’acte uniforme
(article 865). (Pluralité de cas)
La notion de société de fait retenue par le législateur de l’OHADA semble ainsi rechercher
à élargir l’applicabilité du droit des affaires au secteur informel en vue de son officialisation.
Toute personne intéressée peut demander à la juridiction compétente la reconnaissance
d’une société de fait (article 866). Lorsqu’un tribunal reconnait son existence, qui peut être
prouvée par tous moyens, les règles applicables aux associés seront applicables à la SNC (article
868).

Chapitre III. Autres structures créées par l’acte uniforme


Section 1. Le groupement d’intérêt économique (GIE)
§1. Définition
Le GIE n’est en aucun cas une société commerciale et se définit comme une personne
morale dont l’objet exclusif est de faciliter ou de développer les activités économiques de ses
membres ainsi que d’accroitre les résultats de ces activités (article 869). (Caractéristiques).
Il permet, en effet, à des sociétés africaines de mieux coopérer et de partager les
installations et le savoir-faire afin de faire face à la concurrence tant sur le marché africain que sur
le marché international. Un GIE est une structure auxiliaire constituée afin de faciliter l’activité
personnelle de ses membres. Par conséquent, les membres conservent leur propre personnalité
juridique en son sein. Ils sont par ailleurs solidaires du paiement des dettes du groupement à
moins qu’un des membres, du fait de la naissance d’une dette antérieurement à son entrée, n’en
soit exonéré (article 873). Toutefois, le contrat établissant un GIE peut déterminer la contribution
de chaque membre aux dettes. Lorsqu’aucune stipulation n’est prévue à cet égard, chaque
membre doit en supporter une part égale (article 976). (Cas d’inégalité lorsque les sociétés n’ont
pas la même surface financière que les autres). (Utilisations)
§2. Constitution
Un GIE peut être constitué à l’initiative de deux ou plusieurs personnes, physiques ou
morales. En cours de vie sociale, un GIE peut accepter de nouveaux membres selon les conditions
déterminées par le contrat. Il peut avoir un objet commercial ou civil (article 871).
Un GIE peut être constitué sans capital social et ne donne pas lieu par lui-même à la
réalisation et au partage de bénéfices (article 870). Les droits des membres du GIE ne peuvent en
aucun cas être représentés par des titres négociables. Toute stipulation contraire sera réputée
non écrite (article 871).
Un GIE est constitué par un contrat écrit faisant office de statuts indiquant notamment sa
dénomination ; sa durée ; son objet ainsi que l’identité et les coordonnées de chacun de ses
membres (article 876). Le GIE doit être immatriculé auprès du RCCM afin d’acquérir sa pleine
personnalité morale (article 872). Toute modification du contrat doit être établie et publiée dans
les mêmes conditions que celles qui ont été imposées au contrat (article 876).
§3. Activité
L’activité d’un GIE doit se rattacher à l’activité économique de ses membres. De surcroit,
cette activité ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire face à leur activité principale (article 869).
Par exemple, un GIE pourrait être établi entre différents producteurs de café afin de partager des
24

unités de production ou de transformation, ou par différentes sociétés pétrolières afin de partager


leurs équipements d’exploration ou leurs capacités de stockage.
§4. Direction
Un GIE est géré par un ou plusieurs administrateurs. Lorsque l’administrateur est une
personne morale, cette dernière doit nommer un représentant permanent personne physique
(article 879).
Le contrat ou l’assemblée générale selon le cas, organisent librement le mode
d’administration du GIE : détermination des modalités de nomination et de révocation des
administrateurs, fixation de l’étendue de leurs pouvoirs et définition de leurs mandats.
§5. Dissolution
Un GIE peut être dissout à son terme contractuel, par la réalisation ou l’extinction de son
objet social ; par décision de ses membres ; par décision judiciaire prononcée pour juste motif, par
le décès d’une personne physique ou par la dissolution d’une personne morale membre du GIE, à
moins que le contrat constitutif ne stipule le contraire dans ce dernier (article 883).
§6. Transformation
Un GIE peut être transformé en SNC, sans qu’il soit nécessaire de dissoudre le groupement
et de créer une nouvelle société. Un GIE qui se transformerait en une société autre qu’une SNC
donnerait lieu à la dissolution du GIE et la création d’une personne morale nouvelle.
25

Thème II. Le droit comptable


Le droit est la branche du droit qui régit les comptables et la comptabilité. L’Acte Uniforme
prévoit que des états financiers doivent être préparés selon ses règles par les entreprises
suivantes : entreprises soumises aux dispositions du droit commercial (c'est-à-dire, notamment,
les sociétés commerciales et les commerçants personnes physiques) ; sociétés publiques,
parapubliques et semi-publiques ; sociétés coopératives et plus généralement toute entité
fabriquant ou produisant des biens ou de services marchands ou non marchands, si cette entité
exerce habituellement une activité économique dans un but lucratif ou pas, à titre principal ou
accessoire (articles 1 et 2).

Chapitre I. Principes comptables issus de l’OHADA


Section 1. Objectif
La vocation des principes comptable posés par l’Acte uniforme est principalement
d’assurer la fiabilité, la clarté et la comptabilité des informations financières tant à l’intérieur de
chaque entreprise que dans le cadre des informations délivrées au public.
Section 2. Régularité, sincérité et transparence
Pour parvenir à ce résultat de régularité, de sincérité et de transparence, les entreprises
doivent préparer des comptes en respectant la terminologie et les principes déterminés par l’Acte
uniforme (article 3). En particulier, elles doivent se conformer aux obligations de régularités,
sincérité et transparence (article 3). L’article 6 de l’Acte Uniforme requiert aussi que les sociétés
observent plusieurs principes de base dans l’utilisation du système OHADA.
Section 3. Principe de prudence
Comme dans le cadre d’autres systèmes comptables, les entreprises africaines des Etats
membres doivent observer le principe de prudence dans tous les cas, en donnant une appréciation
raisonnable des événements et des opérations à enregistrer au titre de chaque exercice
comptable.
Section 4. Règles et procédures comptables
Les entreprises doivent se conformer aux règles et procédures en vigueur en les
appliquant de bonne foi. Elles doivent également mettre en œuvre des procédures de contrôle
interne considérées comme indispensables à la connaissance que doivent avoir leurs
responsables des comptes pour leur permettre d’appréhender la réalité et l’importance des
événements, opérations et situations liés à l’activité de l’entreprise. Les informations financières
et comptables doivent par ailleurs être présentées et communiquées clairement sans intention de
dissimuler la réalité derrière l’apparence.
Des états financiers détailles doivent être préparés pour chaque exercice comptable, qui
coïncide avec l’année civile sauf pour le premier exercice comptable ou si la société est en
liquidation (article 7). Cette obligation de retenir une date unique de clôture pourra s »avérer
problématique pour les groupes internationaux de sociétés ayant une clôture d’exercice
comptable ne correspondant pas à l’année civile.
C’est le cas notamment de nombreux groupes américains ou britanniques.
Section 5. Composition des états financiers
Les états financiers doivent comprendre un bilan comptables, un compte de résultat et un
tableau financier des ressources et des emplois ainsi qu’un état annexé portant mention des faits
non apparents dans les autres états financiers et pouvant avoir un impact significatif sur le
jugement que les destinataires des documents financiers peuvent porter sur les actifs,, la situation
financière ou les résultats financiers de la société (articles 8 et 33). En particulier, des
26

informations complémentaires ou des explications doivent figurer dans l’état annexé lorsque
l’application d’une disposition des normes comptables OHADA n’est pas suffisante ou est
inadaptée pour donner une image fidèle de la situation ou des opérations de la société (article 10).
Section 6. Image fidèle
Les états financiers annuels sont considérés comme indissociables. Ils doivent donner une
image fidèle du patrimoine, de la situation financière et des résultats de l’entreprise sur la base
d’une description adéquate, loyale, claire, précise et complète des événements, opérations et
situations relatifs à l’exercice comptable concerné (articles 8et 9).
Pour permettre la comparaison des états financiers d’une année sur l’autre, la même
terminologie et les mêmes méthodes décrivant les événements, opérations et situations devront
toujours être utilisées (article 9).
Des dispositions très détaillées mettent à la charge des opérateurs économiques des
obligations précises relatives à l’organisation comptable et à l’établissement des états financiers
ainsi que des règles d’évaluation et de détermination du résultat et des modalités de contrôle des
comptes. Ces obligations sont décrites aux Chapitres II et V du Titre Premier de l’Acte Uniforme.
Il s’agit pour la plus grande partie d’obligations classiques comme la typologie des livres
comptables (articles 15 à 17).
Toutefois, l’Acte Uniforme instaure d’autres obligations plus innovantes comme par
exemple celle d’établir pour chaque entreprise un manuel de procédures pour permettre la
compréhension et le contrôle du système comptable (article 16), ou celles indiquant les mentions
devant figurer dans chaque élément composant les états financiers (article 29).

Chapitre II. Obligations nouvelles créées par l’Acte Uniforme


Deux séries d’obligations nouvelles ont été créées par l’Acte Uniforme et méritent d’être
décrites. Tout d’abord, l’Acte Uniforme introduit trois niveaux d’obligations comptables en
fonction de la taille de la société. Par ailleurs, il oblige à préparer des comptes consolidés ou des
comptes combinés dans les groupes de sociétés.
27

Thème III. La dynamique commerciale de l’entreprise


Dans la dynamique de l’entreprise nous avons : les structures de distribution, le droit de
la concurrence et la protection du consommateur

Chapitre I. Activités des entreprises de distribution


Les entreprises de distribution ont pour activité la circulation des biens qu’elles
produisent ou qu’elles achètent ou par lequel elles fournissent des prestations de service avec
l’intention d’en tirer un profit pécuniaire. Article 3 AUCG.
Il n’existe pas en République démocratique du Congo de réglementation en matière de
distribution, mais plusieurs méthodes de distribution sont pourtant utilisées sous forme
contractuelles : la distribution sélective et la distribution intégrée. Il est surprenant qu’en dépit
de leur usage dans la pratique des affaires en République démocratique du Congo, le législateur
de 2018 ait assimilé les pratiques de distribution à des pratiques discriminatoires de vente (article
39 loi organique n° 18/020).

Chapitre II. Formes de distribution


Section 1. La distribution sélective
§1. Principe
La distribution sélective consiste en un système de distribution dans lequel le fournisseur
s’engage à vendre les biens ou services contractuels, directement ou indirectement, uniquement
à des distributeurs sélectionnés sur la base de critères définis, et dans lequel ces distributeurs
s’engagent à ne pas vendre ces biens ou ces services à des distributeurs non agréés.
Cet outil de commercialisation s’adresse principalement aux fournisseurs de produits de
luxe ou de haute technologie. Le fabricant, en fonction du segment de marché qu’il occupe, choisira
des revendeurs sur base de critères objectifs qualitatif, tels que leur compétence, leur expérience
professionnelle sur un marché donné, leur personnel, leurs équipements, et non et non
discriminatoire à l’égard de tout autre revendeur de son réseau, présent ou avenir.
Un contrat écrit détermine les obligations des parties et les conditions de fin du contrat.
§2. Les obligations des parties
Le fournisseur en sa qualité de fondateur d’un réseau de distribution devra respecter
certaines obligations :
- L’obligation de fourniture, de biens et de services ;
- L’obligation d’assistance : sa configuration est variable allant du prêt d’équipement, de
matériel divers, de locaux, au prêt d’une somme d’argent et à la formation du personnel ;
- L’obligation de contrôle : le fournisseur soucieux de préserver l’image de marque de son
réseau, s’assurera du bon respect des normes de distribution par les membres du réseau.
Le distributeur, quant à lui assurera : - l’obligation naturelle de payer le prix des produits
ou services ;
- L’obligation de revendre des produits ;
- Eventuellement, l’obligation de respecter les normes de commercialisation fixées par le
fournisseur ( objectif de vente, ou des quotas ou des minima) ou l’obligation de non
concurrence lui interdisant pendant toute la durée contractuelle de revendre directement
ou indirectement des biens ou des services identiques à ceux du fournisseur.
28

La fin du contrat doit être prévue dans l’acte signé par les parties.
Section 2. La distribution intégrée
Dans la distribution intégrée se retrouvent la concession commerciale et la franchise.
§1. La concession commerciale
Elle repose sur une convention par laquelle un commerçant ou un industriel appelé
« concédant » permet à un commerçant indépendant dénommé « concessionnaire » de distribuer,
en exclusivité et sur un territoire et sur une période déterminée, ses produits lui conférant par là
même un véritable monopole de revente.
§2. La franchise
La franchise est définie comme l’opération par laquelle un commerçant ou industriel,
dénommée « franchiseur », justifiant d’une réussite commerciale, permet à des commerçants
indépendant dénommés « franchisés », de réitérer sa réussite commerciale moyennant une
contrepartie financière. La convention confère donc aux élus, le droit d’exploiter les signes de
ralliement de la clientèle qui constituent les droits de propriété intellectuelle ou industrielle
matérialisant cette réussite commerciale.
La franchise repose non seulement sur la mise à disposition de signes de ralliement de la
clientèle (enseigne, marque…), mais également un savoir-faire résultant d’une expérience
commerciale et industrielle. Elle se conclut intuitu personae aves clause de confidentialité et
nécessite une assistance technique et commerciale continue.
Cette technique de distribution exclusive peut se décliner sous trois modèles :
A. La franchise industrielle ou de production par laquelle le franchiseur autorise le franchisé à
fabriquer des biens selon les savoir-faire industriels du franchiseur, et à les distribuer sous
la marque de ce dernier.
B. La franchise de distribution de produits autorisant le franchisé à distribuer les produits sous
marque du franchiseur, en adoptant scrupuleusement ses méthodes commerciales.
C. La franchise de distribution de services par laquelle le franchiseur permet au franchisé la
commercialisation de ses services, sous sa marque et conformément à sa politique
commerciale.

La franchise suppose un contrat qui fixe le prix d’adhésion au réseau, les obligations des
parties respect des méthodes commerciales- homogénéité de l’image de marque dans tout le
réseau ou le respect du prix plafonné afin d’homogénéiser la politique tarifaire, les modalités
d’exécution du contrat ainsi que les modes de son extinction.
Le contrat peut être à durée déterminée ou indéterminée. Toutefois, quelle que soit la
durée convenue, il pourra faire l’objet d’une résiliation, dès lors qu’un élément substantiel du
contrat fait défaut. A l’issue du contrat, l’ancien franchisé veillera à ne pas entretenir de confusion
dans l’esprit de la clientèle entre son exploitation et celle de son ex franchiseur. S’il est tenu par
une clause de non-concurrence, il s’interdira alors d’entreprendre une activité similaire à celle de
son franchiseur.
29

Chapitre II. Droit de la concurrence et des consommateurs

Il existe une nécessité d’assainir la compétition concurrentielle. Le principe de la liberté


de la concurrence a pour corollaire d’obéir à certaines règles inspirées par le souci de promouvoir
l’assainissement de la vie des affaires. Certes, le droit congolais pose le principe de la liberté de
commerce et de l’industrie, mais ce principe aussi puissant soit-il ne peut être exercé sans limites.
Chacun est libre d’attirer vers son établissement le plus grand nombre possible de clients.
Il suffit pour ce faire de présenter de meilleurs articles dans des conditions plus avantageuses
(rapport qualité-prix) que ceux de ses concurrents. La clientèle est en effet composée d’hommes
libres et, par conséquent, n’appartient à personne.
L’expérience montre que dès lors qu’il n’existe pas de contraintes légales, les entreprises
adoptent des comportements qui ne sont pas satisfaisants. Il existe des ententes entre entreprises,
des concentrations, des abus de position dominante. Très vite, il apparaît que la concurrence est
faussée et que la liberté profite en réalité à quelques groupes puissants. Les entreprises ne sont
pas les seules victimes de tels comportements6. Les consommateurs eux-mêmes sont affectés par
ces pratiques qui limitent la concurrence et qui sont donc un facteur de hausse des prix.
Section 1. Protection des entreprises
§1. Protection par l’action en concurrence déloyale
Aujourd’hui en Rdc, avec l’introduction de la notion de parasitisme, la concurrence
déloyale n’a plus seulement pour but la protection de concurrents. L’action en concurrence
déloyale permet également le maintien d’une concurrence saine et efficace. L’on ne saurait
cependant tolérer le recours à des procédés incorrects et malhonnête qui fausseraient le jeu de la
concurrence. Le recours à des procédés incorrects fausse le jeu de la concurrence et cause au
concurrent visé un préjudice qui mérite réparation. Ces règles imposent de la sorte une certaine
éthique dans la vie des affaires et plus précisément une moralisation de la lutte pour la clientèle.
A cet égard, la loi organique n° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à
la concurrence7 prohibe les actes de concurrence déloyale et organise un système destiné à faire
cesser les comportements déloyaux, système qui du reste peut se combiner avec une action en
responsabilité civile ayant pour finalité la réparation du préjudice causé par la concurrence
déloyale8.
A. Comportements déloyaux sanctionnables
Le législateur énumère les actes considérés comme contraires aux actes honnêtes, il s’agit:
du dénigrement ; de la désorganisation de l’entreprise rivale par des procédés commerciaux
illégitimes ; de l’utilisation illégitime de la réputation d’autrui ; de la vente avec prime ; et de la
vente avec boule de neige. Cette énumération va donc, des actes de confusion aux actes de
dénigrement, des actes de sabotage aux actes d’espionnage industriel, aux tromperies sur l’origine
des produits, aux emplois non autorisés du matériel d’un concurrent ou de ses modèles et dessins
(article 41 loi organique n° 18/020).

6 Le droit de la concurrence a pour première finalité de protéger les entreprises contre leurs concurrents ou leurs
partenaires. Il s’agit de sanctionner des comportements déloyaux ou des pratiques contractuelles par lesquelles
certaines entreprises peuvent profiter de leur position pour imposer leurs conditions.
7 La loi organique n° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence, in JORDC, numéro spécial,

56ème année, 23 juillet 2018.


8 Article 74 de la loi organique n° 18/020 du 09 juillet 2018 relative à la liberté des prix et à la concurrence.
30

1) Le dénigrement du concurrent ou de ses produits (article 42 loi organique n° 18/020)

Celui qui jette le discrédit sur la personne ou sur les produits ou sur le service du
concurrent tombe sous le coup de l’agissement du dénigrement. Le dénigrement selon la loi porte
donc sur la personne du concurrent, les produits, les services ou sur l’entreprise elle-même.
La loi exige que la personne, le produit ou le service visé par le dénigrement soit
nommément désigné ou à tout le moins aisément identifiable. Ainsi, le dénigrement peut se
réaliser par la comparaison, la publicité ou la divulgation d’une information de nature à jeter du
discrédit sur le concurrent, peu importe qu’elle soit exacte.
2) La désorganisation de l’entreprise rivale par des procédés commerciaux illégitimes
(article 43 loi organique n° 18/020)

L’impératif de loyauté dans la concurrence interdit d’utiliser des pratiques ayant pour
conséquence une désorganisation de l’entreprise rivale. La désorganisation de l’entreprise rivale
consiste à affaiblir en portant atteinte à ses moyens de production ou de commercialisation par
des procédés commerciaux illégitimes. La loi organique n° 18/020 énumère, à titre indicatif, les
actes considérés comme portant désorganisation de l’entreprise, il s’agit de : la divulgation de
secret de fabrication ; l’atteinte au savoir-faire ; le débauchage du personnel ; le détournement des
commandes ; l’entrave à la publicité ; la pratique des prix d’appel lorsque celui-ci s’accompagne
de tromperie ou du dumping ; le couponnage électrique ; l’utilisation de la marque d’autrui à titre
de promotion ; la méconnaissance d’une convention d’exclusivité etc.
3) L’utilisation illégitime de la réputation d’autrui (article 44, 45,46 et 47)

La loi organique n° 18/020 énumère les actes pour lesquels l’utilisation de la réputation
d’autrui pour conquérir et conserver une clientèle est qualifiée d’illégitime et donc constitutifs
d’une concurrence déloyale. Il s’agit des actes suivants :
a) L’imitation servile

C’est-à-dire des actes qui tendent à créer la confusion sur les produits, la présentation des
produits, les signes distinctifs, les emballages, le nom commercial et la publicité, que cette
imitation soit intentionnelle ou pas. Il suffit seulement que les signes distinctifs ou la marque
imitée fassent l’objet d’un droit privatif ouvrant droit à une protection par l’action en contrefaçon ;
b) La concurrence parasitaire

C’est-à-dire le fait pour quiconque de se placer dans le sillage d’un concurrent pour
exploiter le même type de clientèle en créant la confusion qui lui permet de détourner à son profit
une clientèle ou le fait pour une entreprise, en absence d’une concurrence entre deux entreprises,
de créer la confusion sur l’origine des produits, par dérogation au principe de la spécialité des
marques, en vue d’acquérir une clientèle sans effort particulier. Le parasitisme se définit comme
l’ensemble des comportements par lesquels un agent économique s’immisce dans le sillage
d’autrui afin de tirer profit, sans rien dépenser, de ses efforts et de son savoir-faire. Le parasite
cherche, en réalité, en se plaçant dans le sillage d’autrui à détourner l’investissement ou la
recherche de ce dernier

4) La vente avec prime


5) La vente avec boule de neige
31

B. Mise en œuvre de l’action en concurrence déloyale (article 74 loi organique)


La victime d’un acte de concurrence déloyale peut obtenir réparation du préjudice subi en
exerçant l’action en responsabilité civile fondée sur les articles 258 et 259 du code civil, livre III.
Mais elle aura également intérêt et à réclamer la cessation des comportements déloyaux qui lui
causent un dommage (article 74 loi organique n° 18/020).

1) Sortes d’actions
a) Action en responsabilité civile

L’action en responsabilité civile a pour but de réparer le dommage subi par la victime d’une
faute. Pour son exercice il faut la réunion de trois conditions d’admission de la responsabilité
civile soient réunies, c’est-à-dire la faute, le préjudice, le lien de causalité entre la faute et le
préjudice. Il s’agit d’une action subsidiaire. Elle doit constituer le seul moyen de sanctionner des
comportements déloyaux.
b) Action en cessation

La victime d’un comportement contraire aux usages honnêtes du commerce peut obtenir le
respect de ses droits et le maintien (ou le rétablissement) d’une concurrence loyale. Le cumul de
cette action avec l’action en responsabilité civile reste possible.
2) Procédure et sanctions

L’action en concurrence déloyale est de la compétence du tribunal de commerce par le fait


qu’elle sanctionne les fautes commises par les commerçants et résultant de la violation d’usages
commerciaux. La loi reconnaît la possibilité pour la victime d’une concurrence déloyale d’agir en
urgence pour faire cesser le trouble. Dans ce cas, elle peut assigner à bref délai l’entreprise fautive
pour obtenir la cessation des pratiques litigieuses et/ou la nullité des clauses litigieuses. Le
tribunal a la possibilité de contraindre l’entreprise fautive à s’exécuter sous astreinte.
Lorsque la concurrence déloyale est établie, le juge peut ordonner :
- La cessation du trouble, ce qui peut se traduire par une interdiction de poursuivre une
campagne publicitaire une telle décision est assortie d’une astreinte ;
- La condamnation à des dommages et intérêts qui peuvent être alloués au demandeur ;
- L’entreprise fautive est aussi condamnée à une peine d’amende allant de dix million à cinq
million de francs congolais (article 75 de la loi organique n° 18/020).

§2. Protection par l’interdiction des pratiques anticoncurrentielles


A. Ententes anticoncurrentielles
Il faut le rappeler, tout opérateur économique est tenu de respecter les règles du libre jeu
de la concurrence afin qu’elle soit saine et loyale. La loi érige en infraction toute pratique tendant
à faire obstacle, sous diverses formes, à l’évolution positive des lois du marché (article 28 loi
organique n° 18/020).
L’entente entre entreprises consiste en des accords entre deux ou plusieurs entreprises
en vue de renforcer leur compétitivité. Ces accords peuvent porter sur le prix, la répartition
géographique, la soumission des offres, la restriction de la possibilité d’utiliser une machine ou
une méthode de fabrication donnée, la détermination de quotas de production. Mais, ces accords
ont souvent comme risque d’entraver le jeu normal de la concurrence.
Ces accords peuvent être horizontalement conclus, c’est-à-dire associer des entreprises
situées à un même stade de l’activité économique. Ils peuvent également être conclus
32

verticalement (conglomérat) c’est –à-dire les entreprises situées à un même stade de l’activité
économique.
Les ententes entre entreprises peuvent être autorisées lorsque leurs auteurs justifient
qu’elles ont pour effet de garantir le progrès économique, la création et le maintien de l’emploi.
Seule la commission de la concurrence peut autoriser ces genres d’accords. Mais, toutefois, la loi
déclare nul tout accord, convention ou clause contractuelle se rapportant aux pratiques
anticoncurrentielles.
La loi énumère de manière non limitative les ententes prohibées et donc
anticoncurrentielles qui peuvent se constituer lorsqu’elles tendent à :
- limiter l’accès au marché à d’autres acteurs économiques et le libre jeu de la concurrence ;
- se répartir les marchés et les sources d’approvisionnements ;
- empêcher la fixation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement la
hausse ou la baisse des prix ;
- entraver la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique ;
- fausser le résultat d’un appel d’offres en faisant concourir des filiales d’un même groupe,
avec ou sans la société mère, en dissimulant leur appartenance au groupe.

B. Abus de position dominante


L’abus de position dominante sur le marché intérieur se manifeste, par les actes que la loi
donne de manière indicative. Il peut s’agir des pratiques suivantes :
- Le refus de vente ;- la vente subordonnée ; - les conditions discriminatoires de vente ; - la
rupture abusive des relations commerciales établies.

C. Exploitation abusive de l’état de dépendance


La loi organique n° 18/020 interdit aussi l’exploitation abusive de l’état de dépendance
économique. Deux situations peuvent couvrir cette réalité. D’abord, une entreprise est en état de
dépendance économique lorsqu’elle ne peut s’approvisionner, en raison des caractéristiques des
liens commerciaux, en produits substituables dans les conditions normales d’acquisition auprès
d’un autre fournisseur. Ensuite, est en état de dépendance économique, un fournisseur qui ne peut
trouver un distributeur, en raison des caractéristiques des liens commerciaux, dans les conditions
équivalentes.
§3. Protection par l’interdiction des pratiques restrictives de la concurrence
De manière indicative, la loi organique n° 18/020 prévoit les pratiques restrictives de la
concurrence. Elles sont constituées des actes suivants :
- l’imposition d’un prix minimal de revente, sauf en ce qui concerne les éléments visés à
l’article 11 alinéa 2 ;
- le refus de vente entre professionnels, (ce refus peut se manifester par le refus explicite
ou implicite de vente entre professionnels ; - le silence ; - le refus d’agrément en qualité de
distributeur des produits d’une marque ; - la subordination de la satisfaction d’une demande aux
conditions inhabituelles).
Mais toutefois, peuvent justifier le refus de vente : l’interdiction légale de vente ; - la
mauvaise foi du demandeur. (Cette mauvaise foi est établie notamment lorsqu’une précédente
commande n’a pas été payée conformément aux engagements ou lorsque les marchandises auront
été écoulées dans les conditions nuisant au renom de la marque ou lorsqu’il y a dénigrement
33

systématique de la marque, sous réserve des comparaisons naturelles effectuées dans le cadre du
conseil à la clientèle) ; - le caractère inhabituel de la demande ; l’indisponibilité du produit ou du
service.
Des pratiques discriminatoires de vente comme le fait :- d’obtenir de lui des prix abusifs ; -
abuser d’une relation de dépendance ; - obtenir des conditions dérogatoires de manière illicite ; -
rompre abusivement des relations commerciales établies ; - établir un réseau de distribution
sélective ou de distribution exclusive.
Section 2. Protection des consommateurs
§1. Mesures prévues par la loi organique n° 18/020 du 09 juillet 2018
La prohibition de la concurrence déloyale contribue également à promouvoir, au-delà des
intérêts des concurrents et de la profession commerciale dans son ensemble, les intérêts des
consommateurs.
Cibles de la compétition concurrentielle, ces derniers risquent en effet de souffrir d’un
préjudice causé par les procédés incorrects d’un commerçant. Ainsi en serait-t-il lorsque, après
avoir créé une confusion dans l’esprit des consommateurs, le commerçant déloyal en profite pour
attirer la clientèle d’un concurrent dont pourtant l’activité ou les produits se révèlent en réalité
plus avantageux pour le public. De même en sera-t-il lorsque la confusion (par suite d’une
imitation, par exemple) aura pour but ou pour effet de tromper les consommateurs sur les qualités
d’un produit ou sur une marque de fabrique.
Dans le même sens, le dénigrement sur les établissements, sur la personne ou sur les
produits d’un concurrent constitue un acte déloyal et fautif de nature à fausser le jugement des
consommateurs. Cependant, en période de pénurie, ces derniers sont souvent contraints de
« fermer les yeux » sur les défauts que présentent certains produits.
Lorsque la concurrence déloyale a pour conséquence la désorganisation d’une entreprise
rivale (espionnage industriel, détournement du personnel), elle nuit également à l’intérêt des
consommateurs en créant dans leur esprit une fausse image des établissements auxquels ils
s’adressent.
§2. Mesures prévues par le décret du 1er avril 1959
Il existe un arsenal juridique pour la protection des consommateurs bien qu’inefficace,
inadapté, inobservé et inappliqué. Ainsi on peut citer le décret du 1er avril 1959 relatif à la
sauvegarde du pouvoir d’achat des consommateurs tombe peu à peu en désuétude.
Ce décret prévoit pourtant que le chef de l’exécutif peut, en vue de protéger les
consommateurs :
1) déterminer les conditions de composition, de qualité et de dénomination auxquelles doit
satisfaire toute marchandise pour pouvoir être vendue, offerte ou exposée en vente ;
2) prescrire l’apposition de certaines indications ou mentions concernant notamment
l’origine, la composition, le poids, le volume, la quantité ou le métrage des marchandises.
Il détermine, suivant le cas, si ces indications doivent être apposées sur les marchandises
ou sur leur contenance ou sur tout document s’y rapportant.
Par ailleurs, ce texte proscrit toute publicité fallacieuse ou trompeuse en matière de
boissons alcooliques (article 1er, 3).
34

La réglementation des prix est notamment prescrite la loi organique n° 18/020 du


09juillet 2018. Ce texte réglemente la fixation et l’affichage des prix ou des dispositions relatives
au calcul des marges bénéficiaires.
35

Thème IV. Les procédures collectives d’apurement du passif


La loi prévoit trois types de procédures collectives pour l’apurement du passif : le
règlement préventif ; le redressement judiciaire et la liquidation des biens.
Nous étudierons dans un premier temps les dispositions du règlement préventif (section
1) puis celles du redressement judiciaire (section 2) et de la liquidation judiciaire (section 3),
avant de décrire les sanctions à l’encontre des dirigeants (section 4) et, dans un dernier temps, le
cas particulier des procédures collectives internationales (section 5).

Chapitre I Le règlement préventif


Section 1. Le champ d’application et procédure du règlement préventif
La loi définit le règlement préventif comme une procédure destinée à éviter la cessation
des paiements ou la cessation d’activités d’une entreprise, et à permettre l’apurement de son
passif au moyen d’un concordat préventif (article 2).
Nous verrons tout d’abord le champ d’application du règlement préventif (§1) avant
d’appréhender la procédure applicable (§2), ses effets (§3.) et les voies de recours offertes (§4.).
§.1. Le champ d’application du règlement préventif
Le règlement préventif est applicable à toute personne physique commerçante, et à toute
personne morale ou entreprise publique commerçante ou non commerçante. La procédure ne
semble pas s’appliquer à des personnes physiques exerçant une profession libérale dans le champ
d’applicable du droit des procédures collectives. (Expert-comptable, avocat, médecin libéral…)
Les requêtes en règlement préventif ne peuvent être formulées plus d’une fois par période
de cinq ans.
Seul le débiteur peut initier une procédure de règlement préventif, étant entendu que ce
débiteur ne doit pas être en cessation des paiements au moment de l’ouverture de la procédure.
Par cessation de paiement, il faut entendre une situation dans laquelle le débiteur est dans
l’incapacité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible (article 25).
§.2. Procédure du règlement préventif
A. Requête du débiteur
Pour se placer sous le régime du règlement préventif, le débiteur doit adresser une
requête au président de la juridiction compétente, en précisant les créances pour lesquelles il
demande la suspension des poursuites individuelles (article 5). La requête doit être accompagnée
d’un certain nombre de documents, parmi lesquels les états financiers du débiteur, l’état détaillé
des créances et des dettes, un état de la trésorerie, le nombre de travailleurs et le montant des
salaires et charges salariales (article 6).
La juridiction auprès de laquelle la requête en règlement préventif doit être formulée, est
le tribunal de commerce du ressort de laquelle le débiteur a son principal établissement ou son
siège social, qu’il soit ou non commerçant.
Le débiteur doit, dans les trente jours suivant la date de dépôt de sa requête, déposer
une offre de concordat préventif (article 7). A défaut de dépôt de ce document dans le délai
prévu, sa requête en règlement préventif sera déclarée irrecevable. L’offre doit notamment
préciser les mesures envisagées pour permettre le redressement de la situation financière de
l’entreprise. Ces mesures peuvent prendre la forme de délais de paiement ou de remises de dettes,
ou d’une cession de certains actifs ou d’une branche d’activité de la société. L’offre devra
également préciser le nom des personnes chargées d’exécuter le concordat et l’ensemble des
engagements souscrits par elles qui s’avèrent nécessaires au redressement de l’entreprise, y
36

compris les moyens suggérés pour le paiement du passif exigible, et les licenciements pour motif
économique ou les remplacements de dirigeants envisagés dans le cadre de ce projet.
B. Suspension des poursuites individuelles
Dès le dépôt de la proposition de concordat préventif auprès du tribunal compétent, celle-
ci est transmise à son président pour que ce dernier puisse rendre une décision de suspension des
poursuites individuelles qui pourraient être intentées par les créanciers afin d’obtenir paiement
des sommes qui leur sont dues (article 8).
La décision du président a pour effet non seulement de suspendre les poursuites
individuelles, y compris les voies d’exécution et mesures conservatoires qui ont pu être
entreprises par les créanciers à l’encontre du débiteur, mais également d’interdire toutes
nouvelles poursuites. Les dettes concernées par cette suspension et cette interdiction sont celles
nées antérieurement à la décision, à condition qu’elles figurent sur la liste déposée par le débiteur
avec sa requête de concordat préventif (article 9).
La seule exception à ce principe de suspension des poursuites, concerne les salariés du
débiteur, qui peuvent continuer à réclamer le paiement de leurs salaires. A cette exception près,
toutes les autres actions, y compris celles des créanciers privilégiés ou titulaires d’un droit de
préférences, sont suspendues (article 9).
La suspension des poursuites ne concerne que les dettes nées avant la date du jugement
de suspension. Toute dette valable née après cette date reste donc exigible normalement.
Lesquelles (dettes) sont présumées souscrites dans l’intérêt de l’entreprise.
En outre, et sauf en cas de remise accordée par les créanciers dans le cadre du concordat
préventif, les intérêts de tous types sur les créances continuent à courir, mais ne sont pas
exigibles par les créanciers pendant la période de suspension (article 10).
C. Désignation d’un expert
Dans sa décision de suspension des poursuites, le président de la juridiction compétente
désigne un expert chargé de rédiger un rapport sur la situation économique et financière de la
société, sur ses perspectives de redressement, ainsi que sur toutes autres mesures contenues dans
les propositions du concordat préventif. (Article 8).
L’expert bénéficie de l’accès à l’information. A cet égard, il peut obtenir communication
d’informations qu’il juge nécessaire de la part des commissaires aux comptes et comptables de la
société, des représentants du personnel, des administrations publiques, des organismes de
sécurité sociale, des établissements bancaires et des services de centraliser les risques bancaires
et les incidents de paiement (article 12-1).
L’expert a la charge de signaler à la juridiction compétente tout manquement du
débiteur aux interdictions définies ci-dessus et notamment en cas de cession d’actifs, de
traitement préférentiel de certains créanciers, etc. (article 12-2).
L’expert désigné doit déposer au greffe un rapport contenant le concordat préventif
proposé par le débiteur ou conclu entre ce dernier et ses créanciers, dans un délai de deux
mois à compter de sa nomination, sauf cas de prorogation de ce délai d’un mois sur autorisation
du président de la juridiction compétente, portant alors le délai maximum à trois mois à compter
de la date de nomination. L’expert qui ne déposerait pas ce rapport dans le délai prévu, pourrait
voir sa responsabilité engagée par le débiteur ou les créanciers (article 13) de ce dernier.
37

D. Homologation du concordat et Effets


Une fois le rapport de l’expert déposé, le débiteur, l’expert et tout créancier que le
président de la juridiction juge utile d’entendre sont individuellement invités à comparaitre
devant la juridiction compétente (article 14). Les audiences ne sont pas publiques. La juridiction
saisie dispose d’un délai d’un mois pour rendre sa décision. Trois issues sont possibles à la
suite de ces audiences : la mise en redressement ou liquidation judiciaire (que nous allons
après), le rejet de la proposition de concordat préventif (dans cette hypothèse les parties sont
placées en l’état antérieur à la décision de suspension des poursuites. Seuls éléments dissuasifs :
les intérêts qui courent et la règle selon laquelle un délai minimum de cinq ans doit s’écouler entre
deux procédures de règlement préventif) ou l’homologation du concordat préventif. (constat
les délais et remises consentis par les créanciers ainsi que les mesures proposées par le débiteur
pour le redressement de l’entreprise)
En cas de nomination d’un syndic, celui-ci est chargé de contrôler l’exécution du concordat
amiable et de signaler aussitôt tout manquement au juge-commissaire. Le syndic devra en outre
soumettre tous les trois mois un rapport au juge-commissaire. Le débiteur pourra cependant
toujours formuler des observations et contestations sur ce rapport périodique (article 20).
Le concordat préventif peut soit être modifier dans le sens de sa bonne exécution et dans
l’intérêt des créanciers sur demande du débiteur. Il peut aussi être annulé en cas de manquement
graves (cas dol reconnu dans le chef du débiteur mais aussi lorsqu’il y a dissimulation de certains
actifs ou exagération du passif)
Les décisions d’homologation du concordat préventif et d’ouverture de la phase suivante
de la procédure de règlement préventif doivent être publiées au RCCM ainsi que dans un journal
d’annonces légales (articles 19 et 36-37).
En cas de résolution ou d’annulation du concordat préventif, la juridiction doit, si elle
constate la cessation des paiements, prononcer le redressement judiciaire ou la liquidation des
biens (article 141). Si la cessation des paiements n’est pas constatée, la décision de suspension
des poursuites individuelles est alors annulée. En outre, en cas d’annulation pour dol, la juridiction
prononcera la faillite personnelle des dirigeants du débiteur (article 196).
Section 2. Voies de recours
La décision de suspension des poursuites individuelles n’est susceptible d’aucune
voie de recours (article 22). En revanche, les décisions d’homologation du concordat préventif
et d’ouverture de l’étape suivante de la procédure de règlement préventif sont susceptibles
d’appel. L’appel doit être interjeté dans le délai de quinze jours à compter du prononcé de ces
décisions, et la juridiction d’appel doit statuer dans le mois de sa saisine.
L’appel n’est pas suspensif (article 23). La juridiction d’appel pourra alors soit confirmer
la décision de première instance soit, si elle constate la cessation des paiements, prononcer le
redressement judiciaire ou la liquidation des biens et renvoyer la procédure devant la juridiction
compétente (article 23).
38

Schéma résumant la procédure de règlement préventif

Requête du débiteur et offre de concordat


préventif

Décision de suspension des poursuites


et désignation d’un expert

Rapport de l’expert

Décision du
tribunal

Redressement ou Homologation du Rejet du concordat


liquidation concordat préventif et annulation de
judiciaire préventif la décision de suspension
des poursuites
individuelles
39

Chapitre II. Le redressement judiciaire


La loi définit le redressement judiciaire comme une procédure destinée à la sauvegarde de
l’entreprise et à l’apurement de son passif au moyen d’un concordat de redressement (article 2-
2).
Nous verrons tout d’abord le champ d’application du redressement judiciaire (§1), la
procédure applicable (§2), ses effets (§3) puis les solutions et issues de cette procédure (§4).
Section 1. Champ d’application et procédure du redressement judiciaire
§.1. Champ d’application du redressement judiciaire
Le redressement judiciaire, comme le règlement préventif, est applicable à tout
commerçant personne physique, été à toute personne morale commerçante ou non commerçante
y compris les entreprises publiques (articles 2-4). Comme pour le règlement préventif, la
procédure ne semble pas s’appliquer aux personnes physiques exerçant une profession libérale
sans l’appui d’une personne morale.
L’application de la procédure de règlement préventif ou de la procédure de redressement
judicaire sera liée à l’état éventuel de cessation des paiements de la société. Si la société est en
cessation des paiements, la juridiction saisie n’aura d’autre choix que de la placer sous le régime
applicable au redressement judiciaire ou à la liquidation des biens. Dans le cas contraire, le
règlement préventif pourra lui être appliqué.
§2. Procédure du redressement judiciaire
A l’instar du règlement préventif, la juridiction compétente en matière de redressement
judiciaire est la juridiction compétente en matière commerciale dans le ressort de laquelle le
débiteur a son principal établissement ou en son siège social (article 3-4).
Le débiteur en état de cessation des paiements doit faire une déclaration de cessation
des paiements dans un délai de trente jours à compter de la date de cette cessation des paiements
(article 25).
La déclaration doit être accompagnée des documents, dont les états financiers de la
société, un état de trésorerie, un inventaire des actifs et du passif du débiteur, une liste des
créanciers et débiteurs de la société, et des informations relatives à la main d’œuvre employée
(article 26). Ce qui est recommandé au débiteur, c’est de fournir le plus de documents possible et
expliquer les raisons pour lesquelles il a été difficile des documents requis dans le délai prescrit
(article26) par l’Acte uniforme.
Le dirigeant qui ne déclare pas l’état de cessation des paiements de son entreprise dans
les délais peut voir sa responsabilité civile engagée (article 198) pour faillite personnelle. Au
plan pénal, le dirigeant peut également engager sa responsabilité pour banqueroute en cas de
mauvaise foi (article 231).
Le débiteur doit également, en même temps que la déclaration ou dans les quinze jours à
compter de celle-ci, déposer une offre de concordat rédigée de la même manière que l’offre
déposée dans le cadre d’une procédure de règlement préventif (article 27).
Aucun argument ne parait justifier le fait que le délai ne soit ici que de quinze jours, alors
qu’il est de trente jours en cas de règlement préventif. Une autre différence entre le règlement
préventif et redressement judiciaire tient au fait que, dans le second cas, la procédure peut être
ouverte par un créancier, à condition que sa créance soit certaine, liquide et exigible. Dans un tel
cas, le créancier devra envoyer une assignation au débiteur, en précisant la nature et le montant
de sa créance ainsi que le titre sur lequel cette créance seconde.
40

Le débiteur dispose alors de la possibilité de faire lui-même la déclaration de cessation des


paiements et la proposition de concordat dans le délai d’un mois suivant l’assignation (article 28).
La juridiction compétente peut également se saisir d’office, sur la base d’informations
fournies par les commissaires aux comptes ou les actionnaires d’un débiteur, ou par les
institutions représentatives du personnel de ce dernier. Le débiteur est alors invité à comparaitre
devant la juridiction compétente. Si, dans ce cas, le débiteur reconnait être en cessation des
paiements ou en difficultés ou si le président de la juridiction acquiert l’intime conviction qu’il est
dans une telle situation, le président lui accordera un délai de trente jours pour faire la déclaration
ainsi qu’une proposition de concordat de redressement (article 29).
La procédure de redressement judiciaire en elle-même s’ouvre par un jugement.
Avant la décision d’ouverture, le président de la juridiction compétente peut désigner un juge ou
toute personne qu’il estime qualifiée, à charge pour ce juge ou cette personne de dresser un
rapport sur la situation de l’entreprise et de formuler la proposition de concordat de
redressement (article 32). La juridiction qui constate la cessation des paiements doit prononcer
soit le redressement judiciaire, soit la liquidation du débiteur, selon qu’elle considère le concordat
proposé comme sérieux ou non (article 33).
La décision d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire est mentionnée, sans
délai, au RCCM (article 36) (Publicité). Des extraits de la décision devront également être publiés
dans un journal d’annonces légales et dans le journal officiel de l’OHADA.
Section2. Effets et solution du redressement judiciaire
§.1 Effets de la décision d’ouverture de la procédure du redressement judiciaire
A. Nominations
La décision d’ouverture de la procédure nomme un juge-commissaire chargé du suivi de
la procédure, ainsi qu’un maximum de trois syndics (article 35).
Le juge-commissaire veille au déroulement rapide de la procédure et aux intérêts en
présence (article 39). Il recueille tous les éléments d’information qu’il juge utiles, et peut entendre
tout intéressé (article 40).
Le rôle du syndic consiste à représenter les créanciers et assister le débiteur dans son
activité (articles 43 et 52). Le syndic a l’obligation de rendre régulièrement compte de sa mission
et du déroulement de la procédure au juge-commissaire. Au moins une fois tous les 3 mois. (Article
43).
B. Conséquences pour le débiteur
La décision d’ouverture emporte pour le débiteur certaines conséquences pratiques pour
la continuation de son activité, la direction de son entreprise comme la déclaration et le contrôle
des éléments concernant sa situation financière.
1° Continuation de l’activité
L’activité du débiteur est continuée avec l’assistance du syndic pour une durée
indéterminée sauf décision contraire du juge-commissaire (article 112).
41

2° Direction de l’entreprise
Si le juge-commissaire décide d’exclure les dirigeants du débiteur de la continuation de
l’exploitation, la juridiction compétente pourra autoriser la signature d’un contrat de location-
gérance (article 115)9 avec un tiers.
La décision prononçant le redressement judiciaire emporte, de plein droit, assistance
obligatoire du débiteur pour tous les actes concernant l’administration et la disposition de ses
biens. Cependant, le débiteur peut continuer à accomplir seul et valablement les actes qui entrent
dans l’activité habituelle de l’entreprise, à charge pour lui d’en rendre compte au syndic (article
52).
3° obligations déclaratives
Le débiteur doit, dans les trois jours de la décision d’ouverture, présenter au syndic ses
livres comptables en vue de leur examen et de leur clôture, afin de définir l’étendue des captifs du
débiteur (article 55). Le syndic doit également procéder à l’inventaire des biens du débiteur
(article 63).
Le débiteur doit souscrire diverses déclarations en matière fiscale, douanière et de
sécurité sociale. Le syndic s’assure de la production rapide de ces déclarations, et en cas de
défaillance du débiteur, en informe le juge-commissaire et transmet lui-même aux autorités
compétentes les informations qu’il a en sa possession (article 65).
C. Contrôle de la situation du débiteur par le syndic
Le jugement d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire doit définir au moins
provisoirement la date de cessation des paiements, qui ne peut être antérieure de plus de dix-huit
mois à la date du jugement (article 34). La période comprise entre la date de cessation des
paiements et la date du jugement d’ouverture est qualifiée de « période suspecte ». Selon leur
nature, les actes effectués par le débiteur durant la période suspecte pourront ou non être déclarés
inopposables aux créanciers (article 67).
A partir du jugement d’ouverture de la procédure de redressement judiciaire le syndic
coordonne toutes les activités de l’entreprise.
D. Effets du jugement d’ouverture sur les créanciers
A l’égard des créanciers, le jugement d’ouverture a pour effet de constituer une masse
permettant de les représenter. Le syndic agit en son nom et dans l’intérêt collectif. Ce jugement
constitue aussi le point de départ des mesures garantissant la protection de leurs droits et
organise les modalités de poursuites des contrats en cours.
La décision d’ouverture suspend les poursuites individuelles des créanciers.
§.2. Solution du redressement judiciaire
A. Acceptation du concordat de redressement
Le débiteur est tenu de proposer un concordat de redressement dans les trente jours
suivant la date de déclaration de cessation des paiements, le syndic devant mettre à profit les
délais de production et de vérification des créances pour rapprocher les positions du débiteur et
des créanciers sur l’élaboration du concordat (article119).
Après vérification des créances et élaboration de l’état définitif des créances acceptées,
une assemblée des créanciers dont les créances ont été admises définitivement ou par provision

9
Voir infra n° 830 nos développements relatifs aux privilèges des salariés.
42

est alors convoquée (article 122). L’assemblée se réunit en présence du juge-commissaire et du


débiteur ou de ses dirigeants (article 123). Le syndic fait à l’assemblée un rapport sur l’état du
redressement judiciaire et les résultats obtenus pendant la durée de la continuation de l’activité,
présente un état de la situation actuelle, en mentionnant l’actif disponible ou réalisable, le passif
chirographaire et celui garanti par une sûreté ou un privilège, ainsi que son avis sur les
propositions concordataires (article 124). Le rapport du syndic est remis à la juridiction
compétente qui le reçoit après avoir entendu les observations du juge-commissaire sur les
caractères du redressement judiciaire et sur l’admissibilité du concordat (article 124).
Le tribunal de commerce fait alors procéder au vote sur la proposition de concordat. Le
concordat est considéré comme ratifié s’il est voté par la majorité en nombre des créanciers.
Dans ce cas le tribunal dresse procès-verbal de constat et le concordat de redressement
est alors homologué.

B. Exécution du concordat de redressement

La juridiction compétente peut décider que l’exécution du concordat de redressement sera


assurée par les contrôleurs ou par le syndic (article 128).
C. Effets du concordat de redressement
Une fois homologué par la juridiction compétente, le concordat devient en principe
obligatoire pour tous les créanciers antérieurs au jugement d’ouverture (article 134).
D. Annulation ou résolution du concordat
La résolution du concordat peut être prononcée par le tribunal de commerce en cas de
manquement grave par le débiteur à ses obligations au titre du concordat ou si la direction de la
société est assurée par des personnes contre lesquelles a été prononcée la faillite personnelle ou
l’interdiction de diriger, gérer ou administrer une entreprise commerciale (article 139).
Le concordat est annulé en cas de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une
exagération du passif du débiteur (article 140).
En cas de résolution ou d’annulation du concordat de redressement judiciaire ou de liquidation
des biens le tribunal procède à la nomination d’un liquidateur. Dans ce cas, les créanciers liés par
les termes du concordat de redressement et les créanciers ultérieurs à celui-ci sont regroupés en
une masse pour les besoins de la liquidation (article 141).
43

Synthèse de la procédure de redressement judiciaire

Déclaration de
cessation des
paiements
Offre de concordat

Jugement
ou
Liquidation Redressement

Continuation d’activité du Déclaration et vérification


débiteur, assisté par un des créances
syndic
Rapport du syndic Homologation du
concordat de redressement

Paiement des créanciers Continuation de l’activité du


débiteur, avec ou sans cession
partielle d’actifs
44

Chapitre III. La liquidation des biens et responsabilité des dirigeants


L’article 2 de la loi définit la liquidation des biens comme une procédure ayant pour objet
la réalisation de l’actif du débiteur pour apurer son passif.
Section 1. Champ d’application, procédure et effets de la liquidation des biens
§.1. Champ d’application de la liquidation des biens
La liquidation des biens, comme le redressement judiciaire, est applicable à toute
personne physique commerçante et à toute personne morale commerçante ou non commerçante,
y compris toute entreprise publique, en état de cessation des paiements (article 2). Ici encore,
le texte ne semble pas s’appliquer aux professions libérales si elles n’exercent pas leur activité
dans le cadre d’une personne morale.
§.2. Procédure de la liquidation des biens
La procédure de liquidation des biens relève du tribunal de commerce dans le ressort de
laquelle le débiteur a son principal établissement ou son siège social (articles 3 et 4).
La procédure de liquidation des biens débute de la même manière que la procédure de
redressement judiciaire. La juridiction qui constate la cessation des paiements doit, selon le cas,
prononcer le redressement judiciaire ou liquidation des biens. Elle prononcera la liquidation
des biens s’il lui apparait que le débiteur n’a pas proposé de concordat sérieux permettant son
redressement et l’apurement de son passif (article 33). Elle peut également prononcer la
liquidation des biens à tout moment au cours de la procédure de redressement judiciaire s’il
s’avère que le débiteur n’est pas ou n’est plus à même de proposer un concordat sérieux (article
33). Comme en cas de redressement judiciaire, le jugement de liquidation détermine la date de
cessation des paiements, qui permet de définir la durée de la période suspecte (article 34).
Les premières étapes de la procédure de liquidation sont semblables à celles de la
procédure de redressement judiciaire. Ainsi, un juge-commissaire ainsi qu’un maximum de trois
syndics sont nommés10.
Des contrôleurs peuvent également être nommés (articles 35 et 48).
§.3. Effets de la liquidation des biens
A. Effets sur le débiteur
La décision qui prononce la liquidation des biens d’une personne morale emporte, de plein
droit, dissolution de celle-ci et dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la
disposition de ses biens (article 53). Pour de tels actes, le débiteur est représenté par le syndic.
Les lettres adressées au débiteur, autres que les lettres à caractères personnel, sont
remises au syndic. Le débiteur peut cependant être présent lors de leur ouverture (article 56).
B. Effets sur les créanciers
Comme en cas de redressement judiciaire, les créanciers antérieurs au jugement
d’ouverture sont regroupés dans une masse ou une union représentée par le syndic, qui agit
dans l’intérêt collectif des créanciers doivent produire leurs créances auprès du syndic pour
vérification (article 78).
Toutefois, et contrairement à ce qui se passe en cas de redressement judiciaire, les dettes
non échues du débiteur deviennent immédiatement exigibles dès le prononcé de la décision

10
L’article 157 de l’Acte Uniforme relatif au Droit commercial général fournit un exemple de cas dans lequel la
législation est possible. Cet article prévoit en effet la résiliation automatique du mandat d’un intermédiaire
commercial en cas d’ouverture d’une procédure collective à son encontre ou à l’encontre de son mandat.
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d’ouverture de la liquidation (article 76), par application d’un mécanisme de déchéance du terme
lié à l’insolvabilité avérée du débiteur.
C. Continuation d’activité
Le liquidateur conserve la faculté d’exiger l’exécution des contrats en cours, dans l’intérêt
du débiteur (article 108).
Tandis que la continuation de l’activité du débiteur est un élément essentiel de la
procédure de redressement, en cas de liquidation des biens, la continuation de l’activité doit être
autorisée par la juridiction compétente et seulement pour les besoins de la liquidation, à condition
que cette continuation ne mette pas en péril l’intérêt public ou celui des créanciers (article 113).
L’activité pourra alors continuer pendant une période transitoire de trois mois, qui peut être
renouvelée, sans pouvoir excéder une durée d’un an calculé à compter de la date du jugement de
liquidation des biens, sauf si des circonstances graves exceptionnelles justifient une durée plus
longue (article 113).
D. Liquidation des biens
Le syndic doit, dans le mois de son entrée en fonction, remettre au juge-commissaire un
état mentionnant l’actif disponible ou réalisable, le passif chirographaire et le passif garanti par
des sûretés, ainsi que l’éventuelle responsabilité pécuniaire du ou des dirigeants du débiteur pour
ce passif (article 146). Le syndic se charge de le réaliser.
Une fois l’actif réalisé, le juge-commissaire peut ordonner la répartition du produit
de la réalisation entre les créanciers dont les créances ont été acceptées (articles 164 et 164).
Le paiement intervient une fois les frais et dépens de la procédure de liquidation déduits de la
somme collectée (article 165). Un ordre de priorité est défini entre les créanciers pour la
distribution du produit de la réalisation des actifs. Il n’est pas passé au rang inférieur tant que
tous les créanciers d’un rang identique ne sont pas désintéressées, et ce jusqu’à ce que le produit
des ventes soit insuffisant pour désintéresser tous les créanciers d’un même rang. Dans ce cas, et
lorsque les créanciers concernés ne sont pas garantis par l’affectation au paiement de leur créance
d’un bien particulier, le produit de la vente est réparti entre les créanciers de la catégorie en
question dans la proportion de leurs créances totales, et les créanciers des catégories inférieures
ne percevront rien (articles 166 et 167).
E. Clôture de la liquidation
Lorsque les opérations de liquidation des biens sont terminées, le syndic rend ses comptes
au juge-commissaire qui, par procès-verbal, constate la fin des opérations de liquidation. Le
procès-verbal est alors communiqué au tribunal compétent, qui prononce la clôture de la
liquidation et tranche les contestations éventuelles soulevées par le débiteur ou les créanciers sur
les comptes du syndic. (article 170).
46

Synthèse de la procédure de liquidation des biens

Déclaration de
cessation des
paiements
Offre de concordat

Décision
ou

Redressement Liquidation et
judiciaire réalisation de l’actif

Production et Liquidation et
vérification des réalisation de l’actif
créances
Cession totale ou
Désintéressement partielle de
des créanciers l’activité ou d’une
branche d’activité

Section 2. Responsabilité des dirigeants des personnes morales


La loi prévoit que la responsabilité des dirigeants des personnes morales en état de
cessation des paiements, en redressement judiciaire ou en liquidation des biens peut être engagée
dans certaines circonstances.
Dans ce cadre, le terme « dirigeant » doit s’entendre comme incluant non seulement les
dirigeants de droit de la société, rémunérés ou non, mais également les dirigeants de fait de la
personne morale, ainsi que les représentants permanents des personnes morales dirigeantes
(article 180).
La responsabilité civile ou pénale des dirigeants peut être engagée sur plusieurs terrains.
Il convient ainsi de distinguer les cas de comblement de passif, d’extension des procédures
collectives aux dirigeants, de faillite personnelle et de banqueroute.
§1. Comblement du passif
Lorsque l’actif est insuffisant pour combler le passif de la société, et que cette insuffisance
d’actif est liée à une mauvaise gestion de la société, le tribunal compétent peut, à la requête du
syndic ou même d’office, décider que les dettes de la société seront supportées en tout en en partie
par tous les dirigeants ou certains d’entre eux (article 183). Il faut que cette insuffisance résulte
d’une faute de gestion.
Dans un tel cas, le tribunal qui prononce le redressement ou la liquidation peut alors tenir
tous les dirigeants ou seulement certains d’entre eux responsables solidairement ou
individuellement de l’insuffisance d’actif et émettre à leur charge une partie des dettes. Elle peut
aussi enjoindre aux dirigeants de cédée leurs actions ou parts sociales ou ordonner la cession
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forcée de ces titres, le produit de la vente étant alors affecté au paiement de la part des dettes mise
à la charge des dirigeants (article 185).
Les condamnations de dirigeants sont mentionnées au RCCM et donnent lieu à des
publications dans un journal d’annonces légales et au journal officiel (article 188).
§.2. Extension des procédures collectives de redressement judiciaire ou de liquidation des biens
En cas de redressement judiciaire ou liquidation des biens d’une personne morale, les
dirigeants peuvent être déclarés personnellement en redressement judiciaire ou en liquidation de
biens dans plusieurs hypothèses : s’ils ont exercé une activité commerciale personnelle sous le
couvert de la personne morale ; s’ils ont disposé du crédit ou des biens de la société comme si ce
crédit ou ces biens avaient été les leurs ; ou encore s’ils ont poursuivi abusivement et dans leur
intérêt personnel une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des
paiements de la personne morale (article 189).
Le tribunal compétent peut alors prononcer le redressement judiciaire ou la liquidation
des biens de ces dirigeants s’ils n’acquittent pas les dettes de la personne morale qui ont été mises
à leur charge en cas de condamnation au comblement du passif (article 189).
§.3. Faillite personnelle
Nous examinerons successivement le champ d’application, et la procédure applicable en
cas de faillite personnelle.
A. Champ d’application
Les commerçants personnes physiques, les personnes physiques dirigeantes de personnes
morales assujetties à une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation, et les personnes
physiques représentants permanents de personnes morales assujetties à une procédure
collective, peuvent être déclarés en faillite personnelle par le tribunal (articles 194 et s).
La faillite personnelle peut être prononcée à l’encontre de telles personnes dans certains
cas limitativement énumérés, savoir lorsque ces personnes ont :
 soustrait la comptabilité de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de leur actif
ou reconnu frauduleusement des dettes qui n’existaient pas ;
 exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel ;
 usé du crédit ou des biens d’une personne morale des leurs propres ;
 par leur dol, obtenu eux-mêmes ou pour leur entreprise, un concordat annulé par la suite ;
ou
 commis des actes de mauvaise foi, des imprudences inexcusables ou qu’ont enfreint
gravement les règles et usages du commerce (article 196).
Cette dernière catégorie d’actes de mauvaise foi, ces imprudences inexcusables ou actes
ayant enfreint gravement les règles et usages du commerce incluent les cas d’exercice d’une
activité commerciale ou d’un mandat de gérant, d’administrateur, de président, de directeur
général ou de liquidateur malgré une interdiction d’exercer en l’une de ces fonctions, l’absence de
tenue d’une comptabilité conforme aux règles comptables et usages de la profession, la poursuite
abusive d’une exploitation déficitaire qui ne pouvait conduire l’entreprise qu’à la cessation des
paiements, etc (article 197).
La juridiction compétente peut en outre prononcer la faillite personnelle des dirigeants
qui ont commis d’autres fautes graves ou qui ont fait preuve d’une incompétence manifeste, n’ont
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pas déclaré dans les trente jours la cessation des paiements de la personne morale, ou encore
n’ont pas acquitté la partie du passif social mise à leur charge (article 198).
B. Procédure
Lorsque la faillite personnelle est prononcée, le code de procédure pénale du pays
concerné peut exiger une mention de cette décision au casier judiciaire de l’intéressé. En outre, la
décision devra être publiée au RCCM, au journal officiel de l’OHADA et dans un journal local
d’annonces légales (article 202).
La décision qui prononce la faillite personnelle emporte de plein droit :
 l’interdiction générale de faire le commerce et notamment de diriger, gérer, administrer
ou contrôler une société ;
 l’interdiction d’exercer une fonction publique élective et d’être électeur pour ladite
fonction publique ;
 l’interdiction d’exercer toute fonction administrative, judiciaire ou de représentation
professionnelle (article 203).
Il appartient à la juridiction compétente de fixer la durée de l’interdiction, qui ne peut être
inférieure à trois ans ou supérieure à dix ans (article 203). Le failli peut toutefois être réhabilité
avant l’extinction de l’interdiction, à certaines conditions, notamment lorsque le passif de la
société a été totalement acquitté, ou en cas d’accord unanime des créanciers (articles 204-205).
§.4. Banqueroute
Il existe deux types de banqueroutes, simple et frauduleuse, qui peuvent s’appliquer en
cas d’actes particulièrement graves de commerçants personnes physiques ou d’associés
indéfiniment et solidairement tenus au passif de la société (article 227).
La banqueroute simple et banqueroute frauduleuse constituent les seules infractions
pénales en matière de procédures collectives et les peines applicables sont celles définies par
le droit pénal de chacun des Etats membres. Le tribunal compétent en matière de banqueroute est
du fait de la nature de l’infraction, la juridiction pénale et non la juridiction commerciale. La
procédure pourra alors être déclenchée par le Ministère public, par constitution de partie civile,
par le syndic, ou par tout créancier agissant en son nom propre ou au nom de la masse (article
234).
A. Banqueroute simple
La banqueroute simple est encourue en cas de cessation des paiements lorsque la
personne visée :
 a contracté des engagements trop onéreux eu égard à sa situation et n’a pas reçu de
contrepartie suffisante ;
 a, dans l’intention de retarder la constations de la cessation de se paiements, fait des achats
en vue d’une revente en dessous du cours ou a employé des moyens ruineux pour se
procurer des fonds ;
 n’a pas, sans excuse légitime, déclaré sa cessation des paiements dans le délai de trente
jours ;
 a tenu une comptabilité incomplète ou irrégulière ; ou
 ayant été déclaré deux fois en état de cessation des paiements dans un délai de cinq ans, a
vu les deux procédures clôturées pour insuffisance d’actif (article 228).
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Infractions assimilées. D’autres dirigeants peuvent être déclarés coupables d’infractions


assimilées aux banqueroutes simples et donnant lieu aux mêmes peines, s’ils ont :
 consommé des sommes appartenant à la personne morale en faisant des opérations de
pur hasard ou des opérations fictives ;
 après cessation des paiements de la personne morale, payé ou fait payer un créancier au
préjudice de la masse ;
 détourné ou dissimulé leurs propres actifs, ou se sont frauduleusement reconnus
débiteurs de sommes qu’ils ne devaient pas afin de soustraire tout ou partie de leur
patrimoine aux poursuites intentées par la personne morale en état de cessation des
paiements ou contre celles des associés ou créanciers de la personne morale ; ou
 se sont rendus coupables des autres actions décrites au paragraphe précédent s’agissant
des personnes condamnées pour banqueroute simple (articles 230 et 231).

B. Banqueroute frauduleuse
La banqueroute frauduleuse, qui entraine des sanctions plus sévères, vise à punir les
commerçants personnes physiques et les actionnaires indéfiniment et solidairement
responsables des dettes de la personne morale, lorsque l’entité est en état de cessation des
paiements et que la personne concernée a :
 soustrait les livres de comptes de la personne morale ;
 détourné ou dissimulé une partie de son actif ;
 reconnu la personne morale débitrice de sommes qu’elle ne devait pas ;
 exercé une activité de commerçant malgré une interdiction d’agir en cette qualité ;
 libéré un créancier après la cessation des paiements, au détriment de la masse ; ou
 stipulé avec un créancier des avantages particuliers en échange de son vote dans les
délibérations de la masse (article 229).
Est également coupable de banqueroute frauduleuse toute personne physique qui, alors
que la personne morale n’est pas en état de cessation des paiements mais est soumise à une
procédure de règlement préventif a, de mauvaise foi, présenté des comptes inexactes ou
incomplets, ou a accompli sans autorisation du président de la juridiction compétente certains
actes interdits (article 229-2).
D’autres dirigeants peuvent être condamnés pour des infractions assimilées à la
banqueroute frauduleuse pour des motifs semblables, mutatis mutandis, à ceux applicables aux
commerçant personnes physiques et aux actionnaires indéfiniment responsables (article 230).
50

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
1. AKAM AKAM, A., Droit des sociétés commerciales OHADA, L’Harmattan, Paris, 2017.
2. LEGEAIS, D., Droit commercial et des affaires, 24ème éd, Sirey, Paris, 2018.
3. LEHMANN, P-J., Economie des marchés financiers, De Boeck, Bruxelles, 2011.
4. LUKOMBE NGHENDA, Déontologie des affaires, PFDUC, Kinshasa, 2018.
5. LUKOMBE NGHENDA, Droit OHADA des sociétés en application en RDC, PFDUC, Kinshasa,
(En IV Tomes) 2018.
6. SCHÖNBERG, E., et GUERY, G., Droit des affaires pour managers, 2ème éd., Ellipses, Paris,
2013.
7. De LAUZAINGHEIN, C., NAVARRO, J-L.et NECHELIS, D., Droit comptable, 3èmme éd.,
Dalloz, Paris, 2004.
51

Table des matières


DROIT DES AFFAIRES ............................................................................................................................... 0
INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 1
Thème 1. Les sociétés commerciales et du Groupement d’intérêt économique (GIE) .......................... 2
Titre I. Le droit commun des sociétés ................................................................................................. 2
Chapitre I. La notion de société ....................................................................................................... 2
Chapitre II. Vie de la société ............................................................................................................ 6
Titre II. Les règles propres à chaque forme sociale ........................................................................... 14
Chapitre I. Les sociétés de capitaux .............................................................................................. 14
Chapitre II. Les sociétés de personnes .......................................................................................... 21
Chapitre III. Autres structures créées par l’acte uniforme ............................................................ 23
Thème II. Le droit comptable ................................................................................................................ 25
Chapitre I. Principes comptables issus de l’OHADA ...................................................................... 25
Chapitre II. Obligations nouvelles créées par l’Acte Uniforme ..................................................... 26
Thème III. La dynamique commerciale de l’entreprise ......................................................................... 27
Chapitre I. Activités des entreprises de distribution ..................................................................... 27
Chapitre II. Formes de distribution ............................................................................................... 27
Chapitre II. Droit de la concurrence et des consommateurs ........................................................ 29
Thème IV. Les procédures collectives d’apurement du passif .............................................................. 35
Chapitre I Le règlement préventif ................................................................................................. 35
Chapitre II. Le redressement judiciaire ......................................................................................... 39
Chapitre III. La liquidation des biens et responsabilité des dirigeants .......................................... 44
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE .................................................................................................................. 50

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