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Cours de techniques sociétaires Master II - FAD Dr Thomas DIATTA, FSJP

2019-2021

Introduction Générale
La société, societas, provient du terme latin socius qui désigne le compagnon.
En droit, elle est conçue comme une manifestation de volonté d’une ou de plusieurs
personnes appelées associés ou actionnaires par laquelle il est affecté des biens ou une
industrie à l’exploitation d’une activité économique à leurs profits et risques. La nature
juridique cette manifestation de volonté qu’est la société a pendant longtemps suscitée
débat.

Classiquement, elle a été considérée comme un contrat : c’est la thèse


contractuelle. Cette conception qui s’inscrivait dans la tradition du droit romain perdura
tout au long du XIXe siècle. Elle avait permis la promotion d’une liberté contractuelle
nécessaire au développement du libéralisme économique. Elle rendit possible les
nombreux aménagements statutaires imaginés par la pratique commerciale pour
répondre aux besoins du capitalisme naissant.

Dans les années 1950, cette conception contractuelle a été ouvertement


critiquée. En raison du caractère très réglementé des sociétés et en prenant appui sur la
Société Anonyme, certains ont pu considérer la société comme une institution 1 : c’est la
théorie institutionnelle.

Cette théorie se fondait sur le fait que la personnalité juridique de la personne


morale résulte de l’accomplissement d'une formalité et sur le fait les dirigeants sociaux
ne sont pas des mandataires mais des organes tirant leurs pouvoirs et leurs
responsabilités de la loi. Elle sera également renforcée depuis l’admission de la société
unipersonnelle. Dans la conception institutionnelle, la société a un intérêt propre qui est
distinct de celui de ces associés contrairement à la conception contractuelle où l’intérêt
de la société est l’intérêt commun des associés.

Cependant, la conception contractuelle de la société connaît un renouveau


depuis les années 90. En droit OHADA, depuis la réforme de 2014, il est évoqué un
retour en force d’une certaine contractualisation de la société, à côté de
l’internationalisation, la dématérialisation et l’instrumentalisation.

1
- L’institution « est un groupement humain, organisé de façon durable, pour la réalisation d’une idée
».

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En outre, ce débat sur la nature contractuelle ou institutionnelle de la société


semble s’estomper d’autant plus que la société demeure largement considérée comme
étant acte unilatéral ou un contrat générateur d’une personne morale.

En tout état de cause, cette personne morale peut être une société civile régie par
le Code des obligations civiles et commerciales ou une société commerciale régie par
l’Acte uniforme portant droit des sociétés commerciales et du GIE.

Selon l’article 766 COCC, la société civile est le contrat par lequel deux ou
plusieurs personnes mettent en commun des apports pour constituer une personne
morale pour les exploiter et se partager les profits ou les pertes qui résulteront de cette
activité. Elle se caractérise par la non-exigence d'un écrit comme condition de sa
validité.

Selon l’article 4 de l’AUSCG, la société commerciale est créée par 2 ou


plusieurs personnes qui conviennent, par un contrat, d’affecter à une activité des biens
en numéraire ou en nature, ou de l’industrie, dans le but de partager le bénéfice ou de
profiter de l’économie qui peut en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux
pertes dans les conditions prévues par le présent acte uniforme. Elle est créée dans
l’intérêt commun des associés. L’article 5 ajoute qu’elle peut être également créée, dans
les cas prévus par le présent acte uniforme, par une seule personne, dénommée «
associé unique », par un acte écrit.

Que la société soit civile ou commerciale, elle constitue un moyen ou une


technique permettant l’exploitation d’une activité économique commerciale ou civile.
La technique sociétaire est utilisée comme outil de résolution des problématiques
économiques, financières ou juridiques rencontrées lors de l’exploitation de toute
activité économique ou de la gestion d’un patrimoine privé. La technique sociétaire
permet de réaliser diverses opérations : donation avant cession, apport-cession, rachat
avec effet de levier, animation des sociétés holding, démembrement de propriété des
titres sociaux…

Dans tous les cas, la technique sociétaire fait de la société un instrument


privilégié d’exploitation d’activités économiques (Chapitre I) et un instrument
privilégié de gestion patrimoniale (Chapitre II).

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Chapitre I- La société, un instrument privilégié d’exploitation d’activités


économiques
Pour les besoins de l’exploitation d’une activité économique, il est toujours
possible de recourir à la technique sociétaire. La société sera utilisée comme un cadre
d’exploitation de l’activité économique (Section I) mais aussi comme instrument
d’accueil d’activités économiques préexistantes (Section II).

Section I- La société, un cadre d’organisation de l’exploitation des activités


économiques
La société organise le partenariat de plusieurs personnes désireuses de participer
ensemble à l’exploitation d’une activité économique (Paragraphe I). Elle organise aussi
l’entreprise (Paragraphe II) et le patrimoine (Paragraphe III).
Paragraphe I- L’organisation d’un partenariat
La société fournit un cadre d’organisation à des personnes qui veulent travailler
ensemble. Elle leur offre un cadre de partenariat. Dans l’instauration de ce partenariat,
la personne de l’associé peut compter : ici, le partenariat s’organise autour d’une
société de personnes (A). Parfois, la personne de l’associé n’est pas un élément
déterminant dans l’organisation du partenariat : ici, le partenariat sera bâti sur des
sociétés ne prenant pas trop en compte la personne des associés (B).

A- L’organisation du partenariat par la création d’une société de personnes


A travers la création d’une société de personnes, les futurs associés vont mettre
l’accent sur des considérations personnelles. Ces considérations seront déterminantes
dans l’instauration de leur partenariat.

Dans les sociétés de personnes, la fortune et la personnalité des associés valent


autant ou plus que les apports mis en commun lors de la constitution de la société. Elles
sont basées sur l'intuitu personae. Les associés se regroupent, car ils se connaissent, se
font confiance et s'apprécient mutuellement. Les parts sociales ne peuvent être cédées

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qu'avec l'agrément de tous associés et les droits de vote sont répartis selon le système
de la part virile.

Les sociétés de personnes, sociétés à risque illimité, se rapportent aux Sociétés


en Nom Collectif (SNC), aux Sociétés en Commandite Simple (SCS), aux sociétés
civiles et aux sociétés sans personnalité morale et les titres sociaux sont représentés en
parts sociales, les membres sont appelés « associés ». Aucun capital social minimum
n’est requis en ce qu’il y a la responsabilité solidaire et indéfinie des associés. Ainsi, le
capital n’est pas le gage des créanciers sociaux, mais la mesure du pouvoir politique des
associés.

Dans ces sociétés à risque illimité, les associés sont solidairement et


indéfiniment responsables du passif social à l'égard des créanciers. Ainsi, les créanciers
sociaux pourront demander à un associé de payer l'intégralité de la dette, sans devoir
d’abord poursuivre la société. En outre, chaque associé doit pouvoir faire confiance aux
autres : il faut l'accord de tous pour une cession des parts. En cas de décès d'un associé
ou dans une hypothèse d'incapacité d'un associé, la société est en principe dissoute
(déséquilibre dans les engagements).

La SNC est, selon l'article 270 de l'AUR, la société dans laquelle tous les
associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes
sociales. Dans la SNC, les associés doivent avoir la qualité de commerçant. Cela
s’explique par l’intuitu personae qui joue un rôle considérable dans la constitution de la
société. En effet, tous les associés doivent avoir la qualité de commerçants et sont
assujettis à toutes les obligations de ceux-ci. D’où leur responsabilité indéfinie et
solidaire du passif de la société.

L’exigence de la qualité de commerçant des associés emporte des effets. Les


associés doivent forcément être deux au minimum, consentir au contrat de société et
jouir de la capacité de commercer (sinon nullité relative). S’agissant du consentement,
comme dans les SCS, les vices du consentement constituent des causes de nullité 2.
Concernant la capacité, la SNC étant une société de commerçants, tous les associés
doivent avoir la capacité commerciale et ne pas être interdits d’activité ou atteints d’une
incompatibilité. Seulement, ne constitue pas une cause de nullité de la SNC, la présence
en son sein d’une personne frappée d’interdiction ou exerçant une profession
incompatible avec une activité commerciale. L’associé ne subit que des sanctions

2
- Art. 242 in fine AUR interprété a contrario.

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civiles et pénales, conformément aux articles 196, 197 et 229 de l’A.U portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif.

La SCS est la société dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés


indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales, dénommés « associés
commandités », avec un ou plusieurs associés responsables des dettes sociales dans la
limite de leurs apports dénommés « associés commanditaires » ou « associés en
commandite », et dont le capital est divisé en parts sociales (art. 293 AUSCG). De
même, elle est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement
précédée ou suivie en caractères lisibles des mots: « société en commandite simple » ou
du sigle: « S.C.S. »3. Le nom d'un commanditaire ne peut être incorporé à la
dénomination sociale, à défaut de quoi ce dernier répond indéfiniment et solidairement
des dettes sociales.

Dans cette société l’intuitu personae règne aussi et les dispositions de la SNC
lui sont applicables, sous réserve des règles qui lui sont propres4. Cependant, la SCS a
sa particularité, notamment en ce qui concerne le contenu de ses statuts. Selon l’article
295 de l’AUSCG, ses statuts doivent contenir indications : le montant ou la valeur des
apports de tous les associés ; la part dans ce montant ou cette valeur de chaque associé
commandité ou commanditaire ; la part globale des associés commandités et la part de
chaque associé commanditaire dans la répartition des bénéfices et dans le boni de
liquidation ».

La société civile, La société est civile lorsqu’elle a une activité civile. Elle est
régie par le COCC en ses articles 765 à 810-15. Une société civile est société constituée
par des associés ayant une forte relation entre eux, soit parce que leurs intérêts sont
intimement liés, soit parce qu’ils collaborent effectivement et personnellement à la
poursuite du but social (fort intuitu personae). Il existe deux catégories de sociétés
civiles : les sociétés civiles simples et les sociétés civiles professionnelles.

Les sociétés civiles simples se rapportent à un ensemble d’opérations civiles, on


distingue ainsi : La SCI (société civile immobilière), la SEL (société d’exercice libéral),
la SEP (société en participation), la SCEA (société civile d’exploitation agricole), la
SCM (société civile de moyens).

3
- C’est une société qui permet par exemple à un commerçant dépourvu de moyen pour la création d’une
société de bénéficier des apports de personnes disposant des fonds, mais ne pouvant pas accomplir des
actes de commerce du fait de leur statut.
4
- Article 293-1 AUSCG.

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Les sociétés civiles professionnelles (SCP), selon l’article 810-1 du COCC, il


peut être constitué entre des personnes physiques, exerçant une même profession
libérale ou exploitant un office public ou ministériel, une société civile professionnelle
qui jouit de la personnalité morale. La société civile professionnelle a pour objet
l'exercice en commun de la profession de ses membres, nonobstant toute disposition
législative ou réglementaire réservant aux personnes physiques l'exercice de cette
profession.

La société créée de fait. C’est un groupement de personnes présentant tous les


caractères d’une société sans que ces personnes aient eu l’intention ou la conscience de
constituer une société reconnue par la loi (art. 864 AUSCG). Sa reconnaissance peut
être demandée au juge par tout intéressé qui devra apporter l'identité ou la
dénomination sociale (art. 866 AUSCG). La société de fait. Elle est une société voulue
par les associés, mais dont la constitution a été entachée d’une irrégularité ou n’est pas
reconnue par l’AU (art. 865). Elle est alors différence de la société créée de fait. Leur
distinction réside surtout dans leur processus de création respectif.

Les éléments constitutifs sont identiques à ceux de toutes les sociétés : les
apports (en numéraire, en nature ou en industrie) effectués. C’est surtout la
démonstration de la réalisation d’apports qui confère à une personne la qualité
d’associé de ces sociétés. La recherche des bénéfices et la contribution aux pertes
dont la preuve est établie sont également retenues comme un critère de reconnaissance
de ces sociétés.

L'existence d'une société créée de fait ou d'une société de fait est prouvée par tout moyen
: déclaration des parties ou des témoins démontrant l’existence d’investissements et de
dépenses communes dans l’exploitation d’une activité.

Si l'existence d'une société créée de fait ou d'une société de fait est reconnue par
le juge, les règles de la SNC sont applicables aux associés. Ainsi, tous les associés sont
responsables indéfiniment et solidairement des dettes de la société. Cette solidarité est
de mise envers les tiers des dettes sociales antérieures même après le retrait d’un
associé. Enfin, s’agissant de la dissolution et de la liquidation de la société créée de
fait ou de la société de fait, il y a lieu de se référer aux règles de la société en nom
collectif (articles 290 à 292 de l'AUSCG).

B- L’organisation du partenariat par la création d’autres types de sociétés

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Pour les besoins de leur partenariat, les futurs associés peuvent opter pour la
création d’une société à risque limité. Il peut s’agir de sociétés par actions (1) ou de
Sociétés à Responsabilité Limitée (SARL) (2).

1- La création de sociétés par actions


Les sociétés par actions sont également appelées sociétés de capitaux. Elles
concernent la Société Anonyme (SA) et la Société par Actions Simplifiée (SAS). Dans
ces sociétés, les titres sociaux sont représentés par des actions et les membres sont
appelés « actionnaires » (SA) ou « associés » (SAS). Seul l’argent compte et pas les
qualités personnelles des membres.

Selon l’article 385 de l’AUR, la Société Anonyme est une société dans laquelle
les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu'à concurrence de leurs
apports et dont les droits des actionnaires sont représentés par des actions. Elle peut être
créée par une seule personne. La SA est désignée par une dénomination sociale qui doit
être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots: « société
anonyme » ou du sigle: « SA » et du mode d'administration de la société5.

Selon l’article 387 de l’AUSCG, le capital social minimum d’une SA est


fixé à 10.000.000 f de francs CFA. II est divisé en actions dont le montant nominal
exprimé en nombre entier est librement fixé par les statuts. Cependant, selon l’article
824 de l’AUR, le capital minimum de la société dont les titres sont inscrits à la bourse
des valeurs d'un ou plusieurs États parties ou faisant publiquement appel à l'épargne
pour le placement de leurs titres dans un ou plusieurs États parties est de cent millions
(l00.000.000) de francs CFA. Le capital social ne peut être inférieur à ce montant, à
moins que la société ne se transforme en société d'une autre forme. En cas
d'inobservation de ces dispositions, tout intéressé peut demander en justice la
dissolution de la société, sauf extinction de la cause de nullité. Selon l’article 80 les SA
avec appel public à l’épargne sont celles dont « les valeurs sont admises à la
négociation sur la bourse des valeurs d’un État partie…» et aussi celles qui « offrent au
public d’un État partie des valeurs mobilières dans les conditions de l’article 83 »6.
Cependant, l’article 81-1 de l’AUR indique ce qui ne constitue pas une offre au public.

5
- Art. 386 AUSCG.
6
- L'une des opérations suivantes est visée: - une communication adressée sous quelque forme et par
quelque moyen que ce soit à des personnes et présentant une information suffisante sur les conditions de
l‘offre et sur les valeurs mobilières à offrir, de manière à mettre une personne en mesure d'envisager
d'acheter ou de souscrire ces valeurs ; - un placement de valeurs mobilières par des intermédiaires
financiers dans le cadre soit d'une émission soit d'une cession.

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La SAS est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnement de la société et dans laquelle les
associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et
leurs droits sont représentés par des actions. Mais les règles impératives de l’AU
doivent être respectées.

Elle est régie par les articles 853-1-853-23 de l’AU. L’article 853-3 précise que
les règles concernant les SA s’appliquent dans la mesure où elles sont compatibles avec
les dispositions particulières aux SAS. C’est ainsi que s’appliquent à la SAS les
dispositions régissant les SA concernant : la constitution de la société (libération,
publicité), le contrôle, la dissolution, la liquidation, ainsi que celles relatives aux
valeurs mobilières (art. 694 à 822).

Toutefois, sont expressément exclues par l’article 853-3, les dispositions sur la
SA relatives au montant du capital social (art. 387, al. 1 er), à son administration, aux
assemblées générales (art. 414 à 561), au délai nécessaire à sa transformation (art. 690).
Les règles fixant le principe de proportionnalité du droit de vote et les conditions du
vote double sont également exclues (art. 751 à 753).

2- La création d’une Société à Responsabilité Limitée


La distinction entre sociétés de capitaux et de personnes laisse en rade une
catégorie de société : la SARL. C’est une société dans laquelle les associés ne sont
responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs apports et dont les droits sont
représentés par des parts sociales (art. 390 AUSCG). La société est désignée par une
dénomination sociale qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères
lisibles des mots : « société à responsabilité limitée » ou du sigle : « SARL ».

Le montant minimum du capital de la SARL est fixé à 1.000.000 f CFA. Il est


divisé en parts sociales d'une valeur nominale de 5000 f CFA au minimum. Ainsi, le
capital social est fixé à 1000000. Le législateur OHADA a prévu des sanctions en cas
de non-respect du minimum exigé. Mais, il faut faire la distinction entre une société en
formation et une société constituée. Si la société en formation ne respecte pas le
minimum du capital social exigé, elle ne peut être valablement constituée. De même, si
le capital social est réduit à un montant inférieur au minimum fixé par l’AU, la société
doit être dissoute à moins que l’A.G. décide d’augmenter le capital pour le porter à un
niveau au moins égal au montant légal. Si cela n’est pas fait, tout intéressé peut
demander en justice la dissolution de la société après avoir mis en demeure les

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représentants de celle-ci à régulariser la situation. L’action est éteinte si cette cause de


dissolution a cessé d’exister au jour où la juridiction compétente statue sur le fond.

Cependant, l’article 311 de l’AUSCG prévoit qu’il peut être adopté des
dispositions nationales contraires. En ce sens, le législateur sénégalais a adopté la loi
n°2015-07 du 09 avril 2015 portant réglementation du capital de la société à
responsabilité limitée (JORS n°6844 du 18 avril 2015) ayant abrogé la loi n° 2014-20
du 14 avril 2014 portant fixation du capital social minimum de la société à
responsabilité limitée. Selon les articles 1 et 2 de la loi de 2015, le capital social de la
SARL est fixé par les statuts. Il est divisé en parts sociales dont le montant nominal est
librement fixé par les statuts.

En tout état de cause, il faut rappeler que la SARL est en fait de nature hybride.
Elle se rapproche des sociétés de personnes du fait de l’existence de certains éléments
de l’intuitu personae : les titres sociaux représentés en parts sociales ce qui implique les
difficultés de cessibilité, le contrôle par les associés des adhésions nouvelles. Elle se
rapproche aussi des sociétés de capitaux, car la responsabilité des associés est limitée
au montant de leur apport. De même, dans la pratique, les praticiens prévoient des
règles de sociétés de personne à des sociétés de capitaux et vice versa : les statuts des
sociétés de personnes comprennent souvent des clauses de continuation de la société
malgré le décès ou l'incapacité d'un associé ; les sociétés de capitaux contiennent
souvent un fort intuitu personae se manifestant par la stipulation de clauses d'agrément,
de préemption, d'exclusion.

Paragraphe II- L’organisation de l’entreprise


Les associés peuvent opter pour la société afin d’organiser leur entreprise. En
fait, toute entreprise n’est pas une société. Le choix du modèle sociétaire comme
technique d’organisation de l’entreprise peut être motivé par les besoins de maîtrise des
risques liés à l’exploitation d’une activité économique (A) ou pour assurer la pérennité
de l’entreprise (B).

A- Le besoin de maîtrise des risques liés à l’exploitation d’une activité économique


A travers le choix du modèle sociétaire, les associés se prémunissent d’un
certain nombre de risques. Il s’agit concrètement de trois raisons pouvant motiver ce
choix.

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La première raison est d’ordre pratique. En effet, il est plus facile d’exploiter
une activité économique avec une société que sans une société. La société étant souvent
une personne morale, elle demeure à ce titre plus sure qu’une personne physique. Une
personne morale ignore certaines choses humaines comme la maladie, les sentiments,
elle détermine elle- même se durée de vie, la personne morale accède dès sa création à
la pleine capacité juridique. Elle est donc mieux armée pour faire le commerce.

La deuxième raison est d’ordre financier. La société permet de réunir des


moyens plus importants car il y a plusieurs participants. La société possède aussi une
capacité à rassembler les capitaux. Cela est assez efficace, notamment dans l’hypothèse
où la société est admise à faire appel à l’épargne. La société est véritablement plus prise
au sérieux qu’une entreprise individuelle.

La raison est d’ordre fiscal. Une société est soumise à l’impôt des sociétés, si
c’est une personne physique, le commerçant reste soumis à l’impôt sur le revenu qui
peut plus élevé. C’est donc avantageux d’être en société. Parfois, les sociétés peuvent
bénéficier de certains avantages, notamment lorsqu’elles évoluent au niveau
international.

B- Le besoin de maîtrise des risques liés à la pérennisation de l’entreprise


Le choix d’être en société permet une certaine pérennité car l’entreprise va être
déconnecté des personne qui l’animes , parfois en cas de décès de l’entrepreneur,
l’entreprise allait être partagé entre tous les associés en indivision , ce qui était difficile
et entraînait presque à coup sur la mort de l’entreprise . Si l’entreprise est constituée en
société même en cas de décès de l’entrepreneur, elle va continuer à vivre déconnectée
car les héritiers vont seulement récupérer des parts sociales.

Paragraphe III- L’organisation du patrimoine


La société permet de réaliser une séparation de patrimoines. En fait, un
ensemble de biens est affecté à l’exploitation de l’activité économique (A). Cela va
permettre de constituer le patrimoine de la société différent des biens personnels de ses
créateurs (B).

A- L’affection de biens personnels à l’exploitation d’une activité économique


Cela permet de limiter les risques liés à l’exercice du commerce. Dans notre
système juridique, il y a un principe d’unicité du patrimoine car une personne ne peut

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qu’un seul patrimoine. Cette affectation reste possible et ce que la société soit
pluripersonnelle (1) ou unipersonnelle (2).

1- L’affectation de biens dans les sociétés pluripersonnelles


La société pluripersonnelle résulte d’affectation de biens à une activité
économique. Si l’on se réfère à la définition de la société, l’on se rend compte qu’elle
est conçue comme une manifestation de volonté d’une ou de plusieurs personnes
appelées associés ou actionnaires par laquelle il est affecté des biens (ou une
industrie) à l’exploitation d’une activité économique à leurs profits et risques.

Les biens affectés peuvent être une somme d’argent ou un bien en nature. Ils
permettent en réalité d’exploiter en commun une activité économique dans le but d’en
tirer profit. C’est une matérialisation de la volonté de s’associer de plusieurs personnes.

Par ailleurs, dans ces types de sociétés, l’affectation de biens permet de se


prémunir d’un certain nombre de risque Il existe des sociétés à risques illimités, dans
ces sociétés, les associés sont tenus indéfiniment du passif social

2- L’affectation de biens dans les sociétés unipersonnelles


Les sociétés unipersonnelles obéissent aussi à une logique d’affectation 7. Selon
l’article 5 de l’AUSDCG, la société commerciale peut être créée, dans les cas prévus
(exclusion pour les SNC, les SCS8) par la loi, par une seule personne, dénommée «
associé unique », par un acte écrit. La spécificité de cette société tient
fondamentalement de son autonomie quant à sa forme et de sa dépendance quant à son
régime juridique.

Plusieurs raisons peuvent justifier le choix de la forme unipersonnelle.


Nécessitant qu’un petit capital, toute personne désirant être l’associé unique peut la
créer. Celui-ci peut être une personne physique ou morale, un mineur ou incapable, l’un
des époux...

Ce qui remarquable avec cette société, c’est qu’elle permet à l’associé unique,
entrepreneur individuel de limiter sa responsabilité aux biens apportés en société.

Il n’existe pas de régime juridique autonome de société unipersonnelle.

7
- Aujourd’hui, le législateur français, depuis la loi du 1er août 2003 a donné aux
entrepreneurs individuels la possibilité de mettre à l’abri la résidence principale en effectuant une
déclaration notariée. 8- Il ne peut y avoir aussi de société civile unipersonnelle.

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Le régime juridique de la société unipersonnelle est dépendant du régime des


sociétés pluripersonnelles dans lesquelles elle est admise. En fait, il faut se reporter aux
règles spécifiques à chaque type de société pour constater que la société d’une seule
personne n’a été imaginée que comme une variante de la S.A.R.L., de la S.A et de la
SAS. Elle a un régime juridique d’emprunt.

B- La constitution d’un patrimoine de la société


Les biens affectés en vue de l’exploitation d’une activité permettent de
constituer le capital social qui permettra à son tour de bâtir le patrimoine de la société.
Il faut retenir que la société n’a de patrimoine que si elle est immatriculée au Registre
du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM). Ainsi, la société est une organisation
juridique permettant de réduire l’exposition du patrimoine de ses fondateurs à l’emprise
des dettes professionnelles. La société personnifiée répond directement à cet objectif.
Titulaire d’un patrimoine qui lui est propre, elle soustrait ses membres au respect des
engagements pris en son nom.

Cependant, le patrimoine social est différent du capital social qui n’est que l’une
de ses composantes. Le patrimoine social s’enrichira ou s’appauvrira au gré des
résultats financiers.

Il est également différent du patrimoine des associés. Les biens qu’ils apportent
appartiennent à la société, car il n’y a pas ici une copropriété entre associés. Ils ne sont
titulaires que de droits sociaux conférant des droits financiers et politiques représentant
un droit de créance contre la société. La compensation entre une dette de la société et
celle d’un associé n’est pas possible. Également, en cas de cessation des paiements de
la société, le redressement ou la liquidation judiciaire ne s’applique, en principe, qu’à
elle seule. En outre, il y a abus de biens sociaux en cas de confusion entre biens
personnels et ceux de l’entreprise.

En outre, sur le patrimoine social, les créanciers sociaux ont un droit de gage
exclusif contrairement aux créanciers personnels des associés. Cependant, dans les
sociétés de personnes, les créanciers sociaux ont aussi un droit de gage sur le
patrimoine de chacun des associés en cas de carence de la société. Les créanciers
personnels des associés n'ont aucun droit sur le patrimoine social. La seule possibilité
qui les reste, c’est de pouvoir saisir les titres sociaux des associés qui sont leurs
débiteurs, ainsi que les sommes que la société peut leur devoir. Demeure impossible, la

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compensation entre les dettes personnelles d'un associé et les créances de la société, et
inversement.

Par ailleurs, dans les sociétés dépourvues de personnalité morale, il n’est pas de
patrimoine, mais il existe un ensemble de biens affectés à l’exploitation de l’activité
économique.

Section II- La société, un instrument d’accueil d’activités économiques


préexistantes
La société peut être souvent utilisée comme un instrument permettant
d’accueillir des activités préexistantes. Ainsi, elle demeurera une structure d’accueil
d’activités économiques préexistantes lors d’opérations sur le fonds de commerce
(Paragraphe I) ou d’opérations de restructuration sociétaire (Paragraphe II).

Paragraphe I- Un accueil réalisé à travers les opérations sur fonds de commerce


Le fonds de commerce est un ensemble de biens mobiliers corporels ou
incorporels que le commerçant (personne physique ou morale) exploite afin d’attirer la
clientèle. Il a une grande valeur pécuniaire. A ce titre, il peut être exploité directement
par une société ou en location gérance par la société (A). Le fonds de commerce peut
être aussi transféré à la société (B).
A- L’exploitation du fonds de commerce en location gérance par la société
La location-gérance est une convention par laquelle le propriétaire d’un fonds de
commerce, personne physique ou morale, en concède la location à un gérant, personne
physique ou morale, qui l’exploite à ses risques et périls. Elle respecte des conditions
(1) et produit des effets (2).

1- Les conditions de la location gérance


Il s’agit de conditions de fond et de forme. Les conditions de fond sont relatives
au bailleur et au locataire-gérant

Les conditions relatives au bailleur. Il n’est pas exigé du bailleur qu’il soit
commerçant au moment de la location. Mais obligation lui est faite de se faire
immatriculer au RCCM en tant que bailleur de fonds. S’il manque à cette obligation, il
sera tenu solidairement des dettes du locataire. Ensuite, il doit avoir été commerçant ou
gérant ou directeur commercial durant deux ans, soit avant ou jusqu’à la location
gérance.

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Il doit avoir exploité personnellement le fonds pendant deux ans au moins en


qualité de commerçant, le fonds mis en gérance. Ce délai peut être réduit, sans pouvoir
être inférieur à un an, par la juridiction compétente, s’il justifie qu’il a été dans
l’impossibilité d’exploiter son fonds personnellement ou par l’intermédiaire de ses
préposés.

Cependant, sont dispensés de ces conditions : l’État ; les collectivités locales ;


les établissements publics ; les incapables, en ce qui concerne le fonds dont ils étaient
propriétaires avant la survenance de leur incapacité ; les héritiers ou légataires d’un
commerçant décédé, en ce qui concerne le fonds exploité par ce dernier ; les
mandataires de justice chargés, à quelque titre que ce soit, de l’administration d’un
fonds de commerce, à condition qu’ils y aient été autorisés par la juridiction
compétente et qu’ils aient satisfait aux mesures de publicité prévues. Toutefois, ne
peuvent consentir une location-gérance les personnes interdites ou déchues de
l’exercice d’une profession commerciale.

Les conditions relatives au locataire-gérant. Il est commerçant et donc soumis


à toutes les règles du droit commercial. Il doit avoir alors la capacité commerciale. Le
non-respect des conditions de fonds entraîne la nullité absolue du contrat de location
gérance.

S’agissant des conditions de forme, le contrat de location-gérance doit être


constaté par écrit : acte authentique ou acte sous seing privé. L’acte doit être transcrit
au RCCM. Ensuite, annonce est faite dans un journal d’annonces légales et/ou dans le
journal officiel.
2- Les effets de la location-gérance
Entre les parties, de façon générale, le locataire-gérant doit jouir du fonds en
bon père de famille. Plus spécifiquement, il doit payer les taxes et redevances, acheter
les marchandises en stock lors de l’entrée en location-gérance et en laisser la même
quantité au moment de partir. Il doit en outre continuer les contrats de travail conclus
avec le bailleur. Quant au bailleur, il a l’obligation de délivrer le fonds et est tenu d’une
obligation de non concurrence.

A l’égard des tiers, les règles édictées ici visent à protéger les tiers. Ainsi, il est
dit que si le contrat de location-gérance doit mettre en péril le recouvrement de leurs
créances, les tiers peuvent faire prononcer la déchéance du terme, ce qui rend la créance

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immédiatement exigible. Le délai prévu pour faire cette démarche est de trois mois à
compter de la date de publication du contrat de location-gérance.

Ensuite, jusqu’à la publication du contrat, propriétaire et locataire du fonds sont


solidaires des dettes contractées par le locataire à l’occasion de l’exploitation du fonds.
Il faut aussi préciser qu’à l’égard du propriétaire des locaux dans lesquels le fonds loué
est exploité, le locataire-gérant n’est pas considéré comme un sous-locataire. Il ne peut
donc pas demander le bénéfice du renouvellement systématique.

B- Le transfert du fonds de commerce à la société


Ce transfert peut avoir lieu via une opération de cession (1) ou d’apport du fonds
de commerce en société (2).

1- La vente ou la cession du fonds de commerce


La cession du fonds de commerce obéit aux règles générales de la vente, sous
réserve des dispositions prévues par l’Acte Uniforme Droit Commercial Général et des
textes spécifiques à l’exercice de certaines activités commerciales. Ces règles sont
relatives aux conditions de fond et de forme de validité de la cession de fonds de
commerce.

Les conditions de fond concernant les conditions classiques de toute vente et de


tout contrat : la capacité, le consentement exempt de vices, l’objet et la cause qui
doivent exister et être licites. Toutefois, on doit mettre l’accent sur certaines
particularités :

- la vente porte principalement sur les éléments du fonds commercial et il est


précisé que le fonds ne peut être vendu que s’il a une clientèle actuelle et réelle. Les
autres éléments du fonds feront partie de la transaction si et seulement si l’acte de
cession le mentionne.
- le prix de la transaction est librement déterminé par les parties et ne doit pas être
dissimulé. Selon l’article 126 de l’Acte Uniforme Droit Commercial Général précise,
toute convention dont l’objet est de dissimuler une partie du prix de la cession du fonds,
est nulle.

- le paiement du prix peut être échelonné lorsque le vendeur accorde des délais de
paiement à l’acheteur. Dans ce cas, la créance du vendeur est représentée par des effets
de commerce appelés billets de fonds qui sont librement endossables.

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- l’erreur, vice du consentement, est fréquente lors de la vente du fonds de


commerce.
Il est facile de se tromper sur la valeur d’un fonds en surestimant l’importance et la
qualité de la clientèle.

- il est également possible de se faire abuser sur la valeur de la clientèle ou sur la


valeur du fonds en présentant un bilan truqué ou en fournissant de faux renseignements
à l’acquéreur.

Les cas de dol sont donc aussi fréquents.

Concernant les conditions de forme, il faut préciser que la cession du fonds


doit être obligatoirement constatée par un écrit, authentique ou sous seing privé, et
comporter certaines mentions : identification des parties, identification du fonds, valeur
du fonds… L’omission ou l’inexactitude peut permettre à l’acheteur de demander la
nullité de la vente, dans un délai de un an, à compter de la signature du contrat de
cession.

En outre, des conditions de publicité doivent être respectées. L’acte de vente


doit être publié dans le but d’informer les tiers et surtout de les protéger. Plus
particulièrement, il s’agit de la protection des créanciers chirographaires du vendeur
qui, avertis, peuvent exercer les droits d’opposition ou de surenchère que leur reconnaît
la loi. En effet, obligation est faite au vendeur de payer le prix de la transaction dans un
établissement bancaire ou entre les mains d’un notaire désigné de commun accord. Ce
dernier doit conserver les fonds versés pendant 30 jours, à compter de la date de
parution de la publicité de la vente, avant de les remettre au vendeur. S’il y a
opposition, les fonds sont retenus jusqu’à la mainlevée. L’acheteur qui passe outre
l’interdiction de payer directement entre les mains du vendeur, s’expose à devoir régler
les créanciers du vendeur s’ils font opposition et que celle-ci s’avère fondée.

L’information des créanciers par la publication de l’acte de cession vise


également à leur permettre d’exercer leur droit de surenchère. Ce droit permet au
créancier opposant ou inscrit impayé, qui estime que le prix de la vente du fonds est
sous-évalué par rapport à sa valeur réelle, de faire surenchère du sixième du prix
figurant à l’acte de cession. Concrètement, il demande que la vente soit faite aux
enchères publiques en s’engageant, en l’absence d’offre supérieure, à acquérir le fonds
à un prix égal au montant du prix figurant au contrat majoré du sixième. Il dispose d’un
délai de trente jours pour le faire, à compter de la date de publication de la vente. Après

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la publication de l’acte, vendeur et acheteur doivent procéder aux différentes


inscriptions modificatives au RCCM.

Par ailleurs, la cession du fonds de commerce produit des effets à l’égard du


vendeur et de l’acquéreur.

A l’égard du vendeur, la vente du fonds de commerce met des obligations à la


charge du vendeur. Mais il dispose de droits aussi car la vente intervient souvent à
crédit.

Concernant les obligations du vendeur, il a une obligation de délivrance, c’est-


à-dire mettre le fonds à la disposition de l’acquéreur à la date prévue par le contrat, en
accomplissant toutes les formalités requises à cet effet. En cas de paiement différé, il
n’est pas tenu de cette obligation, sauf stipulations contraires. Il doit aussi garantir
l’acquéreur contre l’éviction de son fait personnel et du fait des tiers. Il doit également
garantir l’acquéreur contre les vices cachés. L’inexécution de chacune de ces
obligations est sanctionnée par la résolution de la vente et l’allocation éventuelle de
dommages et intérêts.

Pour ce qui est des droits du vendeur, s’il est impayé, il dispose du privilège
du vendeur de fonds de commerce doublé de l’action résolutoire. Ces deux droits
produisent effet seulement si le vendeur les inscrit au RCCM au moment de
l’inscription de la vente. Le privilège accordé au vendeur de fonds de commerce
impayé comporte le droit de suite et le droit de préférence.

L’action résolutoire consiste pour le vendeur à demander la résolution de la vente avec


effets rétroactifs.

A l’égard de l’acquéreur, celui-ci doit payer le prix convenu à la date convenue.


Cette obligation est doublée de celle de payer entre les mains de la personne désignée
comme séquestre.

2– L’apport du fonds de commerce en société


Il s’agit ici du transfert de la propriété du fonds non pas à un particulier, mais à
une société. Il est soumis aux mêmes conditions que la vente pour protéger les
différentes parties et surtout les créanciers de l’apporteur. Une différence notable entre
les deux opérations : la contrepartie de l’apport du fonds n’est pas un prix comme dans
la vente, mais des parts sociales ou des actions.

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Paragraphe II- Un accueil réalisé à travers une concentration d’entreprises


La concentration se définit comme l’augmentation de la taille de l’entreprise.
Elle se réalise par la création de liens entre sociétés (A) ou sans création de ces liens
(B).
A- La création de liens entre sociétés
Trois hypothèses sont distinguées par l’AUR : le groupe de sociétés, la
participation dans le capital d’une autre société et le cas société mère-filiale.

1- Le groupe de sociétés
Définition. C’est l'ensemble formé par des sociétés unies entre elles par divers
liens qui permettent à l'une d'elles de contrôler les autres. Le contrôle d'une société est
la détention effective du pouvoir de décision au sein de cette société. Une personne
physique ou morale est présumée détenir le contrôle d'une société : si elle détient plus
de la moitié des droits de vote, soit directement ou indirectement ou par personne
interposée, soit en vertu d'un accord ou d'accords conclus avec d'autres associés.

Absence d’existence juridique du groupe. Chaque société du groupe conserve


son autonomie juridique. Mais le groupe est pris en compte en droit des sociétés, social,
fiscal ou comptable pour assurer protection des associés minoritaires, des créanciers et
des salariés.

2- La participation dans le capital d’une autre société


Définition. Lorsqu'une société possède dans une autre une fraction de capital
égale ou supérieure à 10%, la première est considérée comme ayant une participation
dans la seconde. La participation peut être réciproque ou croisée.

Participation réciproque ou croisée. Elle est très réglementée dans les SA,
SAS, SARL. Entre deux de ces types de sociétés, de même nature ou non, la
participation croisée est limitée à 10%. En cas de dépassement, la cession du surplus
s’impose. En cas d’égalité des participations réciproques, chacune des sociétés doit
réduire la sienne à hauteur de 10%. En cas d’inégalité, celle qui détient la fraction la
plus faible du capital de l’autre doit céder ses actions ou ses parts sociales. Dans les
deux cas, jusqu’à leur cession effective, les titres sociaux à céder sont privés du droit
de vote et du paiement des dividendes qui y sont attachés.

Par ailleurs, il ne peut y avoir de participation réciproque entre une société à


risque illimité et une société à risque limité lorsque cette dernière est associée de la

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première et détient une participation supérieure à 10% de son capital. Cependant, elle
est autorisée jusqu’à hauteur de 10% si la participation la société à risque limitée est
égale ou inférieure à 10%. Dans les deux cas, si la société à risque illimité possède déjà
des titres de la société à risque limité, elle doit les céder. À défaut, on applique la même
sanction évoquée ci-dessus.
3- La société mère-filiale
Définition. Une société est société mère d'une autre société quand elle possède
dans la seconde plus de la moitié du capital. La seconde société est la filiale de la
première. Elle peut être filiale commune de plusieurs sociétés mères si son capital est
possédé par lesdites sociétés. En tout état de cause, la filiale est naturellement une
société sous la dépendance ou le contrôle d’une autre. Elle doit être distinguée de la
succursale et du bureau de représentation ((art. 116 à 120-5 AUR).

La succursale. C’est une forme d’établissement secondaire commercial ou


industrie1 ou de prestations de services d’une autre société ou personne physique qui
sans avoir de personnalité morale jouit d’une autonomie pour traiter avec des tiers.
Elle constitue un prolongement sur un autre territoire d’un établissement principal,
maison mère. Contrairement à la filiale, elle n’a pas de personnalité morale propre et
dépend de la maison mère.

La succursale comme la filiale, elle doit se faire immatriculer. De même, pour


ne pas encourir radiation, lorsqu’elle appartient à une personne étrangère, elle doit être
apportée à une société de droit, préexistante ou à créer, de l'un des États parties, 2 ans
au plus tard après sa création. Elle peut être dispensée de cette obligation par un arrêté
du ministre chargé du commerce pour une durée ne dépassant pas 2 ans.

Le bureau de représentation ou de liaison. C’est un établissement appartenant


à une société et chargé de faire le lien entre cette dernière et le marché de l'Etat partie
dans lequel il se situe. Il n’est pas permanent, car constituant le plus souvent un
établissement temporaire sans autonomie de gestion et sans activité propre. Il est chargé
d’étudier le marché sur un autre territoire contrairement à la succursale qui a pour objet
une activité commerciale. Cependant, le bureau de représentation ou de liaison comme
la succursale doit être immatriculé au RCCM. De même, il peut être transformé en
succursale. Une demande de rectification RCCM doit être formulée dans les 30 jours
suivant un tel changement de situation. À défaut de la rectification, il encourt radiation.

B- L’absence de création de lien

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Elle résulte du transfert du patrimoine d’une entreprise à la société. Elle


concerne d’une part la fusion et la scission (A) et d’autre part l’apport partiel d’actif
(B).

1- La fusion ou la scission
Il s’agit deux opérations de restructuration de la société répondant à un impératif
économique qui provoquent sa dissolution sans sa liquidation.
La fusion : c’est l’opération par laquelle la société est volontairement dissoute
par transfert global de la totalité de son patrimoine soit à une autre société déjà
existante qui l’absorbe (fusion absorption) soit à une société nouvelle (fusion
combinaison).

La scission : c’est une opération par laquelle une société fait simultanément
apport de la totalité de son patrimoine à d’autres sociétés en les répartissant entre elles.

On peut combiner fusion et scission : la fusion-scission consiste pour une


société soit à faire apport de son patrimoine à des sociétés existantes, soit à participer
avec celles-ci à la constitution de sociétés nouvelles.

En tout état de cause, la fusion et la scission partagent les mêmes conditions et


les mêmes effets. Elles s’effectuent à travers deux actes successifs : la préparation du
projet de fusion ou de scission et sa ratification par les assemblées générales des
sociétés intéressées.

La fusion ou la scission entraine la dissolution sans liquidation des sociétés qui


disparaissent et la transmission universelle de leur patrimoine aux sociétés
bénéficiaires, dans l'Etat où il se trouve à la date de réalisation définitive de l'opération.
La société absorbante recueille tous les biens et toutes les créances et est tenue des
dettes de la société absorbée. Mais, les contrats conclus intuitu personae par la
société absorbée ne sont pas concernés. Les associés des sociétés qui disparaissent
acquièrent la qualité d'associés des sociétés bénéficiaires dans les conditions
déterminées par le contrat de fusion ou de scission.

2- L’apport partiel d’actif


L'apport partiel d'actif est l'opération par laquelle une société fait apport d'une
branche autonome d'activité à une société préexistante ou à créer. Contrairement à la
fusion ou la scission, la société se contente simplement de faire un apport d’une partie

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de son patrimoine pour recevoir en contrepartie des titres de la société bénéficiaire de


l’apport. L'apport partiel d'actif est soumis au régime de la scission.

Chapitre II- La société, un instrument privilégié de gestion patrimoniale privée

La société n’est pas seulement un instrument d’organisation, elle reste aussi une
technique de gestion patrimoniale. Elle peut permettre de modifier son mode
d'administration (Section I). Elle peut permettre aussi de gérer un patrimoine familial
(Section II).

Section I- La modification du mode d'administration du patrimoine à travers la


société

La société permet de modifier l’administration du patrimoine. Cela aboutit à un


nouveau mode de détention de biens particuliers (Paragraphe I) mais aussi Une
détention biens favorisant la transmission du patrimoine (Paragraphe II).

Paragraphe I- Une modification aboutissant à un nouveau mode de détention de


biens particuliers

De par les biens affectés à l’exploitation de l’activité : les apports8 en nature et


en numéraire, l’associé demeure titulaire de titres sociaux (A). Ces titres sociaux lui
confèrent des droits et obligations lui permettant de faire fluctuer son patrimoine (B).

A- La détention des titres sociaux

Après la réalisation d'apports à la création de la société ou à l’augmentation du


capital social, le titulaire du patrimoine va disposer d'un nouveau mode de détention qui
diffère de la propriété initiale. Il s’agit, en fait, d’une détention de titres sociaux.

Toute personne ayant effectué un apport à la création de la société a droit à des


titres sociaux. En contrepartie des apports, la société rémunère l’apporteur par des titres
sociaux, pour une valeur égale à celle des apports. En contrepartie des incorporations de
réserves, de bénéfices ou de primes d’apports, d’émission ou de fusion, la société émet
des titres sociaux ou élève le montant nominal des titres sociaux existants. Ces deux
procédés peuvent être combinés.

8
- Obligatoirement réalisé par tout associé, l’apport est une opération consistant pour l’associé
à mettre à la disposition de la société des biens, une industrie en échange de titres sociaux. L’associé
est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter.

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Émis en rémunération des apports, les titres sociaux sont des biens meubles
représentant les droits des associés. Ils sont dénommés actions dans les sociétés par
actions et parts sociales dans les autres sociétés. À peine de nullité, il est interdit aux
SARL, SNC et SCS d’émettre des titres négociables ou d’en garantir l’émission.

L’action se distingue de la part sociale en raison de sa négociabilité. On dit de


l’action qu’elle est négociable en ce qu’elle est librement transmise par simple
virement de compte à compte, suite à la signature d'un ordre de mouvement, depuis
celui du cédant vers celui de l'acquéreur. L'ordre de mouvement est remis à la société
émettrice des actions, au teneur du compte ou à l'intermédiaire habilité. La part sociale
n'est pas négociable et sa cession suppose une procédure très encadrée, à savoir la
rédaction d'un acte qui doit, en principe, être signifié à la société émettrice des parts
cédées. Cette société doit aussi accepter la cession.

B- La détention de titres sociaux conférant des droits et soumettant à des


obligations

Les titres sociaux confèrent à leur titulaire des droits et les soumettent aussi à
l’obligation de contribuer aux pertes et aux dettes sociales. Sauf disposition contraire de
la loi ou des statuts, les droits et l’obligation des associés sont proportionnels à leurs
apports.

1- Les droits d’associés

La détention de titres sociaux confère à l’associé divers droits prévus à l’article


53 de l’AUSCG : droits politiques, droits financiers et droits patrimoniaux.

Les droits politiques permettent aux associés d’une part de contrôler leur
investissement dans la société, d’autre part de prendre part à la vie sociale. Ils sont au
nombre de trois : le droit de participer à la prise de décisions collectives.

Les droits financiers se rapportent à trois sortes de droits : le droit aux


dividendes, le droit aux réserves, le droit au boni de liquidation. Ce sont ces droits
qui créent de la valeur ajoutée au patrimoine de la personne ayant affecté des biens à
une société. La mise en œuvre de ces droits procure un gain matériel à la fortune des
associés.

Le droit aux dividendes : le dividende est une part du bénéfice distribuable. Le


bénéfice distribuable, c’est le résultat de l’exercice, moins les pertes antérieures, les
dividendes partiels régulièrement distribués et les réserves légales et statutaires,

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augmentées de l’éventuel report bénéficiaire9. Bénéfice distribuable = Bénéfice de


l'exercice - (pertes antérieures + dividendes partiels distribués + prélèvements
pour la dotation de la réserve légale + réserve statutaire) + report bénéficiaire. La
distribution du bénéfice est librement décidée par les associés à travers leur AGO.

Le bénéfice peut être intégralement distribué ou faire l’objet d’un report à


nouveau total ou partiel sur l’exercice suivant. Est constitutive du délit de distribution
de dividendes fictifs, la distribution d’un bénéfice non distribuable. Le dividende est en
principe versé en espèces, mais le versement en nature ou sous forme de droits sociaux,
est possible.

Les modalités de mise en paiement des dividendes sont fixées par la collectivité
des associés ou, à défaut, par le conseil d’administration, l’administrateur général ou les
gérants, selon le cas. Dans tous les cas, la mise en paiement des dividendes doit avoir
lieu dans un délai maximum de neuf (9) mois après la clôture de l’exercice. La
prolongation de ce délai peut être accordée par la juridiction compétente.

Le droit aux réserves : dans les SARL et les sociétés par actions, il faut
impérativement constituer des réserves légales et d’autres libres soit statutaires, soit
facultatives. Il s’agit en fait de bénéfices accumulés, des droits non distribués qui sont
la propriété des associés. Ainsi, ces réserves pourront être distribuées en cours de vie
sociale (réserves facultatives) et à la dissolution de la société (réserves statutaire et
légale).

Le droit au boni de liquidation : à la dissolution de la société, après la


réalisation des actifs, remboursement des créanciers, paiement des droits et taxes dus au
titre de la dissolution et puis la reprise des apports par les associés, ce qui reste est
partagé selon les mêmes modalités que le dividende. C’est le boni de liquidation.

2- Les obligations des associés

Ces obligations ont pour effet d’appauvrir le patrimoine de l’associé, une fois
qu’elles seraient mises en œuvre. Il s’agit de deux obligations : l’obligation aux pertes
et l’obligation aux dettes sociales. L’obligation de contribution aux pertes ne
concerne que les rapports entre associés et non le droit de poursuite des créanciers. Elle
se déterminera à la liquidation de la société ou lorsque les capitaux propres deviennent
inférieurs à la moitié du capital social, avec la possibilité d’opérer un coup d’accordéon.

9
- Par exemple, une société qui réalise un bénéfice de 180 au cours de l’exercice 2014, qui a réalisé 30
de pertes au cours de l’exercice précédent et qui doit affecter 10 à la réserve légale, fait apparaître un
bénéfice distribuable de 140.

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L'obligation aux dettes concerne les rapports des associés avec les créanciers sociaux.
Elle est fonction de la nature de la société et ne peut être modifiée par les statuts.

En tout état de cause, la répartition pertes entre les associés doit se faire en
principe au prorata des apports. Mais les associés peuvent valablement prévoir par des
clauses statutaires une répartition non proportionnelle. Mais ces clauses prévues à cet
effet ne doivent pas être léonines sous peine d’être réputées non écrites par l’article 54
de l’AUSCG. Sont, par exemple, réputées non écrites les clauses attribuant à un
associé la totalité du profit procuré par la société ou l'exonérant de la totalité des
pertes, ainsi que celles excluant un associé totalement du profit ou mettant à sa charge
la totalité des charges.

Paragraphe II- Une détention biens favorisant la transmission du patrimoine

La réalisation d’apports fait acquérir des titres sociaux qui rentrent dans le
patrimoine de l’associé. Ceci implique une certaine facilité dans la transmission de ces
titres d’un patrimoine à un autre. Cette transmission de titres sociaux peut se faire entre
vifs ou pour cause de mort. Elle se fera selon qu’il s’agisse de parts sociales (A) ou
d’actions (B).

A- La transmission des parts sociales

La transmission des parts sociales va différer selon qu’il s’agisse de


transmission entre vifs (1) ou pour cause de mort (2).

1- La transmission entre vifs

Cette forme de transmission prend la forme d’une cession qualifiée de cession à


titre gratuit différente de la cession à titre onéreux qui ne nous intéresse pas, ici. La
cession à titre gratuit est un contrat consistant à transférer la propriété des parts sociales
sans contrepartie. Il s’agit en réalité d’une donation. La donation est un acte successoral
qui permet à un donateur de transmettre la propriété d’un bien à une autre personne : le
donataire, et ce, de manière irrévocable et gratuite. La donation peut concerner tous
types de biens, notamment les parts sociales et peut être réalisée au bénéfice de la
progéniture (enfant et petits-enfants), du conjoint non divorcé ou d’une tierce personne.

La donation (ou cession à titre gratuit) de parts sociales est permise en pleine
propriété ou en nue-propriété (avec réserve d'usufruit). Dans ce dernier cas, usufruitier
et nu-propriétaire se partagent droit de vote et revenus.

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Cette cession peut prendre la forme d'une donation simple (rapportable


civilement selon sa valeur au jour du décès et sujette à une éventuelle action en
réduction des héritiers réservataires), d'une donation-partage entre plusieurs enfants ou
même d'un don manuel (virement de compte à compte sur ordre du donateur).

La donation ou cession à titre gratuit des parts sociales obéit à conditions de


forme et de fond que l’on soit dans les SARL, SNC, SCS ou Sociétés Civiles.
L’imposition de telles conditions prouvent que la donation demeure relativement libre
et parfois pas du tout libre.

S’agissant des conditions de forme, les sociétés commerciales émettant des


parts sociales partagent les trois exigences similaires, à savoir : l’établissement d’un
écrit et la réalisation de formalités pour l’opposabilité de la cession à la société et aux
tiers. L’absence de l’écrit ne signifie pas que la cession est nulle ou inopposable. Pour
être opposable à la société et aux tiers, la cession doit respecter des formalités prévues
par la loi. Pour rendre la cession opposable à la société, l’une des trois formalités
prévues par l’AU doivent être respectées :

1- signification de la cession à la société par exploit d'huissier ou notification par


tout moyen permettant d'établir sa réception effective par le destinataire ;

2- acceptation de la cession par la société dans un acte authentique ;

3- dépôt d'un original de l'acte de cession au siège social contre remise par le gérant
d'une attestation de ce dépôt.

La cession n'est opposable aux tiers qu'après l'accomplissement de l'une des


formalités ci-dessus et modification des statuts et publicité au RCCM10.

Pour les sociétés civiles, la cession n'est opposable aux tiers que si elle satisfait
aux conditions générales de forme de la cession de créance (Article 789 COCC).

S’agissant des conditions de fond, elles sont plus rigoureuses au niveau des
SNC. Ici, d’après de l'article 274 al.1 AUSCG, les parts sociales ne peuvent être
valablement cédées qu'à l’unanimité des associés, à peine de nullité. Selon la doctrine,
l’unanimité concerne la cession à un tiers et celle entre associés. À défaut d'unanimité,
la cession ne peut avoir lieu, sauf si les statuts ont eu à aménager une procédure de
rachat pour assurer le retrait du cédant.

10
- B. Le BARS, op. cit., p. 254.

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Dans les SCS, Selon l’article 296 de l’AUSCG, il faut l’unanimité de tous les
associés. Cependant, les statuts peuvent prévoir concernant la cession des parts des
commanditaires : entre associés : la libre cession ; à des tiers étrangers : la cession à
l’unanimité des commandités et à la majorité en nombre et en capital des
commanditaires. Pour la cession d’une partie des parts d’un commandité à un associé
commanditaire ou à un tiers étranger, ils peuvent prévoir les mêmes conditions que la
cession à des tiers des parts des commanditaires.

Dans les SARL, on fait la distinction entre la cession faite aux associés ou
celle faite à des tiers. Dans les cessions entre associés, la cession est libre si les statuts
ne l’organisent pas. Cette même s’applique aux conjoints, ascendants et descendants.
Est nulle toute cession de parts intervenue en violation des clauses statutaires
l’organisant. Dans les cessions à des tiers étrangers, les statuts organisent librement
les modalités de transmission des parts sociales à titre onéreux. À défaut, il faut : le
consentement de la majorité des associés non cédants représentant les 3/4 des parts
sociales déduction faite des parts de l'associé cédant et la notification du projet de
cession par le cédant à la société et aux autres associés.

La société doit faire connaître sa décision dans un délai de 3 mois, à compter de


la dernière notification, sinon le consentement à la cession est réputé acquis. Si la
société refuse, elle notifie sa décision à l'associé cédant. Dans ce cas, les associés sont
indéfiniment et solidairement tenus dans le délai de 3 mois qui suit la notification du
refus, d'acquérir les parts à un prix qui, à défaut d'accord entre les parties, est fixé par
un expert nommé par la juridiction compétente, à la demande de la partie la plus
diligente. Le délai de 3 mois peut être prorogé une seule fois par décision de la
juridiction compétente, sans que cette prorogation puisse excéder 120 jours. Dans un tel
cas, les sommes dues portent intérêt au taux légal.

La société peut également, avec le consentement de l'associé cédant, décider


dans les mêmes délais de réduire le montant du capital social du montant de la valeur
nominale des parts de cet associé et de racheter ces parts au prix fixé d'un commun
accord entre les parties, ou déterminé conformément à l'alinéa 4 article 319 de
l’AUSCG.

Est nulle toute cession de parts intervenue en violation de clauses statutaires


établies conformément à l'alinéa 1er de l’article 319 ou, à défaut, en violation des alinéas
2 et suivants du même article. Si à l'expiration des délais impartis à l'article 319 aucune
des solutions prévues aux alinéas 4 et 5 dudit article, n'est intervenue, l'associé cédant

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peut librement réaliser la cession initialement prévue ou, s'il le juge préférable,
renoncer à la cession et conserver ses parts.

Concernant les sociétés civiles, il ressort de l’article 787 du COCC que la part
sociale est un droit mobilier qui peut être cédé à un tiers à la majorité des trois quarts ; à
un associé à la majorité absolue. La majorité se calcule conformément aux dispositions
de l'article 796 : la majorité se calcule d'après le nombre des associés.

2- La transmission pour cause de mort

Les règles applicables en la matière varient d’une société à une autre.

S’agissant des SNC, elles peuvent prendre fin en cas de décès du fait de l’intuitu
personae qui les marque. Il existe un lien étroit entre la vie de la SNC et celle de
chacun des associés. C’est pourquoi le décès d'un associé entraîne la dissolution de
plein droit de la société.

Mais cette fin tragique peut être évitée par l’insertion de clauses dites de
continuation pouvant prendre deux formes : continuation entre associés survivants ou
avec les héritiers.

La Continuation entre associés emporte transmission de plein droit aux


associés survivants les parts du de cujus. Les héritiers n’ont droit qu’à la valeur des
parts de leur auteur que les autres associés sont tenus de racheter. L’AUSCG n’a rien
prévu pour l’évaluation de ces droits sociaux. Selon la doctrine, les parts doivent être
évaluées, comme dans les autres cas, par un expert à défaut d’accord amiable ; l’expert
est désigné soit par les parties, soit à défaut d’accord entre elles, par décision de la
juridiction compétente statuant à bref délai.

La continuation avec les héritiers est envisageable. Les héritiers peuvent


entrer dans la société avec ou sans agrément (art. 290 de l’AUSCG). S’il y a agrément,
il peut être refusé à l’héritier ou à certains d’entre eux, s’ils sont nombreux. Dans ce cas
les associés survivants ont obligation d’acquérir, indéfiniment et solidairement, à cet
héritier ou aux héritiers les parts recueillies. L’évaluation de ces parts se fera
conformément à l’article 59 de l’AUSCG.

La Continuation avec des héritiers mineurs non émancipés est possible. Selon
l’article 290 al. 3, ceux-ci ne répondent des dettes sociales qu’à concurrence des parts
de la succession de leur auteur. Il ne s’agit là que d’une situation provisoire, l’alinéa 4
de l’article 290 ajoute que la société devra être transformée, dans le délai de 1 an à

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compter du décès, en SCS où ce mineur sera commanditaire, à défaut de


transformation, il y a dissolution de plein droit de la société.

Concernant la SCS, elle partage les mêmes causes de dissolution et les mêmes
effets avec la SNC. Mais, une clause de continuation peut être prévue en cas de décès.
En outre, en cas de décès d’un commandité, la continuation avec ses héritiers peut être
prévue, ceux-ci deviennent associés commanditaires s'ils sont mineurs non émancipés.
Si l‘associé décédé était seul associé commandité et si ses héritiers sont alors mineurs
non émancipés, il doit être procédé à son remplacement par un nouvel associé
commandité ou à la transformation de la société dans un délai d'un an à compter du
décès. À défaut, la société est dissoute de plein droit à l‘expiration de ce délai (art. 308
AUSCG).

S’agissant des sociétés civiles, les articles 803 et suivants du COCC ont prévu
les règles applicables. Dans ces sociétés, la mort d'un associé entraîne la dissolution de
la société. Cependant, il peut être stipulé qu'en cas de mort d'un associé, la société
continuera avec les survivants. Il peut être également stipulé que la société continuera
entre les survivants et les héritiers de l'associé prédécédé appelés globalement. L'un ou
plusieurs d'entre eux peuvent être spécialement désignés pour remplacer le défunt dans
la société. Les héritiers recevront une indemnité établie forfaitairement par le contrat ou
déterminée par le juge de manière à rétablir l'égalité en valeur des parts successorales.

Pour ce qui est des SARL, selon l’article 321 de l’AUSCG, les statuts peuvent
prévoir qu'en cas de décès d'un associé, un ou plusieurs héritiers ou successeurs ne
peuvent devenir associés qu'après avoir été agréés dans les conditions qu'ils définissent.
Les délais accordés à la société pour l'agrément ne peuvent être plus longs que ceux
prévus aux articles 319 et 320 ci- dessus et la majorité exigée ne peut être plus forte que
celle prévue audit article 319. La décision d'agrément doit être notifiée à chaque héritier
ou successeur intéressé par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée
avec demande d'avis de réception. En cas de refus d'agrément, il est fait application des
dispositions des articles 318 et 319 ci-dessus et si aucune solution prévue à ces articles
n'intervient dans les délais impartis, l'agrément est réputé acquis. II en est de même si
aucune notification n'a été faite aux intéressés. Est nulle toute cession de parts
intervenue en violation de clauses statutaires établies conformément à l'alinéa 1er de
l’article 321 ou, à défaut, en violation des alinéas 2 et suivants du même article.

B- La transmission des actions

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Il est consacré le principe de la libre transmission des actions (1). Cependant, ce


principe est adouci (2).

1- Le principe de la libre cessibilité des actions

Selon l’article 764 de l’AUSCG, les actions sont en principe librement


transmissibles. En raison de la négociabilité des actions, une sortie plus facile de la
société et sans condition est aménagée. Cette règle est considérée comme un principe
fondamental du droit des sociétés par actions. Mais, si cette liberté est imposée dans les
sociétés par action (SA et SAS) elle dépend du bon vouloir des associés qui peuvent
prévoir autre chose.

Aujourd’hui, l’Acte Uniforme révisé a opéré une uniformisation des modalités


de transmission motivée par la dématérialisation des valeurs mobilières. On assiste
ainsi à une simplification opérée par l’article 744-1, en la matière. Il s’agit d’un texte
général qui s’occupe de la transmission des valeurs mobilières qui doivent être inscrites
en compte au nom de leur propriétaire.

Elles se transmettent par virement de compte à compte. Le transfert de propriété


des valeurs mobilières résulte de leur inscription au compte-titres de l’acquéreur. En cas
de cession de valeurs mobilières admises aux opérations d’un dépositaire central ou
livrées dans un système de règlement et de livraison agréé par l’organe compétent de
chaque État partie, l’inscription est effectuée à la date et dans les conditions définies par
l’autorité de marché compétente. Dans les autres cas, cette inscription est effectuée à la
date fixée par l’accord des parties et notifiée à la société émettrice.

L’inscription des actions au compte du bénéficiaire rend la cession opposable à


la société et aux tiers. Seule cette inscription permet à l’acquéreur d’opposer sa qualité
d’actionnaire et d’exercer les droits attachés à ses titres. À la différence des parts
sociales, la cession (la propriété) et l’opposabilité (la qualité d’associé) ont lieu
simultanément.

Ces règles applicables aux transmissions de valeurs mobilières dans les SA le


sont aussi dans les SAS conformément à l’article 853-3 de l’Acte Uniforme. Mais, tant
dans les SA que les SAS, le législateur a apporté des tempéraments au principe de la
libre transmission des actions.

2- L’édulcoration du principe de la libre cessibilité des actions

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Les premières atténuations sont à relever dans les dispositions relatives à la


négociabilité des actions dans les SA. Par application des articles 759 et 761 de l’Acte
Uniforme révisé, certaines actions ne sont pas négociables. Il s’agit des actions émises
avant l’immatriculation au RCCCM ou avant l’inscription de la mention modificative à
la suite d’une augmentation de capital ou encore d’actions de numéraire non encore
entièrement libérées.

Il ressort de l’article 763-1 de l’Acte Uniforme que ces actions sont cessibles,
mais leur cession doit respecter un certain formalisme comme dans la cession des parts
sociales. Un écrit devra être rédigé pour prouver la cession et une publicité devra être
effectuée pour rendre opposable la cession aussi bien à l’égard de la société qu’à
l’égard des tiers.

Les secondes proviennent du jeu des clauses, insérées dans les statuts ou les
conventions extrastatutaires, limitant la libre transmissibilité des actions. Mais elles
sont exclues en cas de succession, de liquidation de communauté de biens entre époux,
ou de cession soit à un conjoint, soit à un ascendant ou un descendant et lorsqu’il s’agit
d’une société unipersonnelle. En outre, les clauses de limitation ne sont valables dans
une société que si toutes les actions sont nominatives.

Il s’agit de trois clauses communes aux SA et aux SAS : la clause


d’inaliénabilité, la clause d’agrément et la clause de préemption. Il faut relever que les
dispositions applicables à la SA concernant ces clauses le sont aussi pour les SAS
suivant l’article 853-3 de l’Acte Uniforme révisé. Mais, dans les SAS, à peine de
nullité, ces clauses statutaires ne peuvent être adoptées ou modifiées qu’à l’unanimité
des associés11. La violation de telles clauses emporte la nullité de la transmission.

La clause d’inaliénabilité n’est valable que si elle prévoit une interdiction


d'une durée inférieure ou égale à 10 ans et qu'elle est justifiée par un motif sérieux et
légitime. Si elle est stipulée dans les statuts, toute cession d'actions la violant est nulle.
Pour les conventions extrastatutaires, il en est ainsi s’il est démontré que l'un des
bénéficiaires en avait connaissance ou ne pouvait en ignorer l'existence.

La clause d’agrément affecte la transmission d'actions, soit à titre gratuit, soit à


titre onéreux, à un tiers étranger à la société dont les actions ne sont pas admises à la
négociation sur une bourse des valeurs. L'agrément est donné par le CA ou l’AGO des
actionnaires. Le régime juridique de l’agrément est fixé par les articles 765-3 à 771-1-1

11
- Article 853-22 de l’Acte Uniforme révisé.

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de l’AUR. En tout état de cause, toute cession d'actions réalisée en violation d'une
clause d'agrément est nulle.

La clause de péremption permet de stipuler que l'actionnaire qui entend céder


tout ou partie de ses actions est tenu de le notifier à un ou plusieurs autres actionnaires,
qui peuvent faire connaître au cédant qu'ils exercent un droit de préemption aux prix et
conditions qui lui ont été notifiés. La violation cette clause emporte nullité de la
cession. Pour les conventions extrastatutaires, il en est ainsi s’il est démontré que l'un
des bénéficiaires en avait connaissance ou ne pouvait en ignorer l'existence.

Section II- La société, structure privilégiée de gestion du patrimoine familial

Une société peut être créée par les membres d’une même famille dans le but de
mieux gérer le patrimoine familial. On parle alors de société de famille (Paragraphe I).
Elle présente une grande utilité, en pratique (Paragraphe II).

Paragraphe I- La société de famille

Il conviendra de revenir sur la définition de la société de famille (A) avant de la


distinguer des sociétés voisines (B).

A- La notion de société de famille

La Société de famille est une société dont les associés sont membres d’une
même famille. En effet, les associés sont des parents en ligne directe (enfants, parents,
grands- parents…), des frères et sœurs ou avec les conjoints. Il est donc clair que cette
société est créée et contrôlée par les membres d’une même famille.

Cette forme de société peut exploiter toutes sortes d’activités économiques :


activité commerciale, artisanale, agricole ou industrielle. Elle peut être créée pour
optimiser la gestion d’un patrimoine familial privé : immeubles en location, résidence
principale ou secondaire, valeurs mobilières cotées et non cotées, bons de
capitalisation, valeurs, objets d’art…

Elle est généralement créée sous la forme de sociétés civiles, de SARL, de SAS
ou même de SA. Cependant, il faut reconnaitre qu’il n’existe pas de texte régissant
spécialement ces types de sociétés. Quelques dispositions les concernant se trouvent
réparties dans certains textes. Elles semblent beaucoup plus s’intéresser à la situation
des conjoints. Par exemple, il ressort des dispositions de l’article 378 du Code de la
famille sénégalais que deux époux peuvent, seuls ou avec d’autres personnes, être

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associés dans une même société et participer, ensemble ou non, à la gestion sociale.
Toutefois, cette faculté n’est ouverte que si les époux ne doivent pas l’un et l’autre être
définitivement et solidairement responsables des dettes sociales.

Dans la loi agro-sylvo-pastorale de 2004, il est possible de rencontrer ce type de


société. Ce texte fait de l’exploitation agricole, l’entreprise agricole par excellence. Elle
est définie par l’article 16 de la loi comme une unité disposant de facteurs de
production (terre, bâtiments, cheptel, matériels, main d’œuvre, etc.) qui sont utilisés par
un exploitant exerçant un métier de l’agriculture. Elle peut être familiale ou industrielle
et commerciale.

Selon l’article 18 de la loi, l’exploitation agricole familiale est une unité de


production agricole organisée sur une base familiale, au sein de laquelle les rapports
entre personnes sont définis librement et ne sont pas régis par le code du travail. La
main d’œuvre non familiale employée par l’exploitation agricole familiale est régie par
une convention qui sera élaborée conjointement par l’Etat et les organisations
professionnelles agricoles dans un délai de deux ans à compter de la promulgation de la
présente loi. L’exploitation agricole peut être gérée de façon individuelle ou
communautaire, par des personnes ou des familles vivant dans le même lieu, dont les
rapports ne sont pas régis par le Code du travail. L’exploitation agricole industrielle et
commerciale est une unité de production agricole, de droit public ou privé, gérée à titre
individuel ou par une société à capitaux, qui a recours à une main d’œuvre
rémunérée régie par le Code du travail et les conventions collectives en vigueur (Article
19).

Il est donc clair que l’exploitation familiale demeure la forme la plus adaptée à
la création de sociétés de famille aussi bien dans l’exploitation familiale qu’industrielle
et commerciale.

B- La distinction entre société de famille et les sociétés voisines

La société de famille ne doit pas être confondue avec l’entreprise familiale et


l’entreprise patrimoniale même si ces trois catégories d’entreprise reposent sur un
creuset commun : leur capital est détenu majoritairement, dans l’idéal théorique, par
leurs dirigeants.

L’entreprise familiale est une entreprise, dont le capital social est détenu
majoritairement par les membres d’une même famille ou de plusieurs familles qui
contrôlent le capital ou qui influencent le management et la culture de l’entreprise. Il

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s’agit, le plus souvent, d’entreprises dont la direction est transmise de génération en


génération ou d’entreprises gérées par les membres d’une même famille étendue. On dit
que ce sont des entreprises de deuxième génération. Trois critères les caractérisent :
elles sont détenues et contrôlées par les membres de la famille ; elles sont gérées par les
membres de la famille ; elles restent transmissibles d’une génération à une autre au sein
de la famille. C’est le cas, par exemple, des familles Michelin, Peugeot, Bettencourt,
Mulliez, Bouygues, Arnault ou Pinault... Mais, il faut comprendre qu’une société de
famille est aussi une entreprise familiale au sens large du terme car étant aussi contrôlée
par la famille. Mais à la différence de la société de famille, l’entreprise familiale
comporte en sein des personnes qui ne proviennent pas des familles qui la contrôlent.

Les entreprises patrimoniales recouvrent une réalité plus large que celle des
entreprises familiales et des sociétés de famille. Dans les entreprises patrimoniales les
dirigeants sont des personnes physiques sans liens familiaux. En fait, une entreprise a
un caractère patrimonial si « les dirigeants effectifs possèdent une part significative du
capital ». C’est là la grande différence d’avec les entreprises familiales dont les
dirigeants nécessairement unis par des liens de parenté et sont le plus souvent les
descendants du fondateur de l’entreprise. Dans les sociétés de famille les liens de
famille sont plus étroits ou plus poussés car dirigeants et associés sont tous membres
d’une famille.

Toutes ces formes d’entreprises sont différentes des entreprises personnelles ou


d’associés. Les entreprises personnelles sont les entreprises dont les créateurs eux-
mêmes sont aux commandes et possèdent la majeure partie du capital, voire l’intégralité
: pour ces entreprises. Elles aboutissent à une entreprise familiale ou de famille à la
mort du créateur. Les entreprises d’associés désignent les entreprises dont les
dirigeants-propriétaires n’ont pas de lien de parenté

Paragraphe II- L’utilité patrimoniale de la Société de famille

C’est pour cette raison qu’elle est souvent créée. Au même titre que l’entreprise
familiale, elle vise à optimiser la transmission du patrimoine et la maîtrise de la gestion
du patrimoine.

La transmission d’un patrimoine aux enfants est le domaine de prédilection de la


société de famille. Pour cela, les parents fondateurs de la société ont plusieurs
possibilités : pratiquer un abattement pour non liquidité, constituer une société à capital
faible, donner la nue-propriété des parts sociales en se réservant l’usufruit.

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Tout ceci permet d’assurer la transmission en toute tranquillité tout en assurant


la protection du conjoint survivant, la suppression des inconvénients de l’indivision et
conservation de la propriété de ses biens détention de l’immobilier de l’entreprise
familiale.

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