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Université Mohamed V

Faculté des Sciences Juridiques


Economiques et Sociales RABAT Agdal

Master Sciences juridiques Droit des affaires

Module : Droit des Sociétés

Les STAR-UP et le Droit des Sociétés

Préparé par : Encadré par: Pr El Oufir Chakib


Elimrany Mohamed
Elmkaddem abdelhadi
Elmahi simohamed
EL Jouhari Younesse

Année Universitaire 2020-2021


Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

Les start-up et le droit des sociétés


entre adaptation et dissonance

La naissance des nouvelles technologies dans le monde des affaires est purement et
simplement le plus grand événement de cette décennie. C'est pourquoi nous parlons de
quatrième révolution industrielle. Nous vivons actuellement une période de transition
industrielle sans précédent.

De nos jours, il devient de plus en plus courant de découvrir de nouveaux termes, de nouveaux
mots apparaissent au quotidien, nous entendons de plus en plus parler de nouvelle'' jeunes
pousses '' qui voient le jour. De nouveaux concepts de marketing et de management
apparaissent grâce aux nouvelles entreprises numériques.

Nous appelons ces entreprises numériques:'' startup'' celles-ci se définissent par leur mode de
financement et par le pari qu'elles prennent sur une innovation.

Pas un jour se passe sans que l'on entend parler de '' startup''. Depuis l'émergence de la Silicon
Valley, l'avènement de la fin Tech et de la multiplication des incubateurs, ce mots est sur
toutes les livres.

À tel point qu'il est parfois utilisé à tort et à travers, ce qui crée le désir de découvrir la
définition du concept'' startup'' qui est d'origine américaine , traduit en Français par
l'expression '' jeune pousse'' ou '' société qui démarre''. n'est pas chose aisée il s'agit d'une''
organisation temporaire à la recherche d'un business model industrialisable, rentable et
permettant la croissance. ''

Elle est définie aussi par le fameux dictionnaire français  Larousse, comme étant : « Jeune
entreprise innovante, notamment dans le secteur des nouvelles technologies ». Cette
définition mérite d’être développée si on souhaite être plus précis. Une start-up pourrait être
définie comme une jeune entreprise ayant un potentiel de croissance élevé. Cette description
rejoint l’étymologie du mot anglo-américain, de start, démarrage, et up, qui signifie la
croissance, et la hauteur.

On peut dire aussi que c’est « une institution humaine conçue pour créer un nouveau produit
ou service dans des conditions d’incertitude extrême1 ». Cette définition met l’accent sur
l’innovation et la notion de risque qui caractérise une start-up.
La Startup se singularise des autres entreprises par l'existence de certains caractéristiques
propres:
1- Perspective d'une forte croissance: un fort potentiel de croissance. il s'agit d'une entreprise
qui démarre'' start'' et qui a pour objectif principal de s élever '' up''

1 Eric Ries, auteur de « The Lean Start-up ». Crown Publishing Group, USA, 2011

1
Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

2-l'utilisation d'une nouvelle technologie


3-un besoin en financement Massif, par des levée de fonds
4-un état d'esprit spécifique des créateurs. La devise de la Silicon Valley '' la liberté, la
créativité, solidarité''illustre l'état d'esprit de ces startupes.
De même, impossible de parler des start up sans un climat de forte incertitude:la startup est
une entreprise pionnière, elle est liée à une notion d'exploration et développe une activité sur
un marché nouveau, dont le risque est très difficile à évaluer.
Les créateurs de start up négligent tres souvent les aspects juridiques sans avoir conscience,
pour cela la définition juridique de start up n’apparait pas encore aujourd’hui aussi claire que
celle générale établie ci-dessus.

Effectivement, l’avènement des start-up est encore très récent dans le monde juridique et
celles-ci ne bénéficient pas d’un statut particulier permettant de les distinguer aussi clairement
que nous distinguerions une société à responsabilité limitée d’une société par actions.

De ce fait, le choix du statut juridique de la start-up doit être en cohérence avec une logique
de rapidité des affaires. La société ne doit effectivement pas être contrainte par un
fonctionnement trop lourd qui repousserai les investisseurs et qui atténuerai son évolution.

Dans notre pays le concept de start-up est resté longtemps étranger où salariat et fonction
publique sont traditionnellement plus valorisés. les mentalités changent et l'esprit
d'entrepreneuriat se diffuse de petit à petit dans le Royaume. Accélérateurs, incubateurs aides
financières ont fait leur apparition et les jeunes marocains innovants se lancent désormais
dans l'aventure. Mais un langue chemin reste à parcourir et en matière d'innovation le
Royaume se classe toujours loin derrière les géants nord américains ou européens. C'est
pourquoi
Dans la pratique, de grandes difficultés menacent les start-ups au Maroc, à savoir le volet
juridique et fiscal, le financement, la culture, le capital humain et le marché, ce qui a révélé
des lacunes qui les empêchent de jouer pleinement leur rôle de catalyseur de développement
économique.

Sur le volet juridique et fiscal, les principaux constats qui ont été établis relèvent un flou
juridique autour de la start-up, surtout avec la rigidité et l'inadaptation des formes juridiques
existantes à ses particularités. L'AMIC 2 relève également la lourdeur de la procédure de la loi
sur les OPCC (Organismes de placement collectif en capital), combinée à la lourdeur et la
complexité des procédures de liquidation judiciaire ou d’internationalisation des start-ups.

A cela s'ajoute une inadaptation du système fiscal, en plus du manque d’incitatifs fiscaux aux
investissements, face auxquels l'AMIC recommande des exonérations.

2 Association Marocaine des Investisseurs en Capital, créée en 2000 et instituée par la Loi 41-05 relative aux
Organismes de Placement Collectif en Capital (OPCC).

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

Etudier et analyser l’adaptation du droit des sociétés marocain aux spécificités de la start-up et
la pure préoccupation de ce travail. Ainsi, dans quelle mesure peut-on dire que l’arsenal
juridique marocain en matière de droit des sociétés, répond aux besoins des sociétés start-up
au cours de leur cycle de vie?en d'autres termes qu'elle est la forme juridique la plus adaptée
aux startupes ?

Pour répondre à ces questions, il paraît opportun d’adopter le plan suivant :

I- L’importance du choix de Forme Juridique


A. La complexité du choix de la forme juridique
B. Le défi de la levée de fonds
II- Le Rôle de la levée des Fonds dans le développement des Start up
A. La dissolution et la gestion délicate
B. Un potentiel de croissance limité

I- L’importance du choix de Forme Juridique


La création d’une start-up regroupe plusieurs membres fondateurs et parfois même des
investisseurs dès le stade de la constitution. Le choix du statut juridique s’oriente donc
souvent vers une société pluripersonnelle.

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

Ensuite, les projets start-up peuvent comporter un pourcentage de risque d’échec plus
important qu’un projet classique, il est donc nécessaire de choisir un statut juridique qui
permet de limiter la responsabilité des fondateurs.
La SARL et les sociétés par actions (SAS et SA essentiellement) sont les structures juridiques qui
conviennent le mieux pour protéger les fondateurs, leur responsabilité étant limitée au
montant de leurs apports. Elles peuvent également comprendre plusieurs associés.
A- La complexité du choix de la forme juridique
Le choix de la forme juridique de la start-up est l’une des premières décisions à prendre. Ce
choix a des répercussions importantes sur le fonctionnement interne de l’entreprise, sur
l'entrepreneur en tant qu’individu, de même que dans des relations avec autrui.
Une start-up doit donc adopter un statut juridique qui lui permette :
 De faire entrer et sortir facilement des associés ou des actionnaires ;
 De protéger les droits des associés ou actionnaires fondateurs ;
 De s’adapter facilement aussi bien à une activité de petite taille que de grande taille ; 
De protéger le patrimoine personnel des associés et des dirigeants.
Aussi, la forme juridique adaptée à la startup, doit être en concordance avec une approche de
rapidité des affaires et de facilité de mouvements des titres, permettre l’entrée et la sortie des
investisseurs et doit s’adapter à l’environnement évolutif des startups.
La forme de société choisie doit également protéger les « fondateurs », les premiers
actionnaires, dit les« précurseurs ». En effet, par des levées de fonds successives et régulières,
le risque de dilution de la part du capital social appartenant aux fondateurs est très important,
la mise en place des clauses efficaces et des mécanismes d’anti-dilution est donc essentiel.
Dans l’optique d’évolution des startups, le choix de la forme juridique doit être accompagné
des règles de gouvernances pour éviter de se retrouver enfermée dans son statut juridique,
mais plutôt pouvoir s’épanouir librement et attirer le maximum d’investisseurs.
La start-up n’est qu’un état, une phase de développement, et s’enfermer dans une forme
juridique de société non adéquate, trop contraignante, est équivalent à un suicide.
Ceci dit, on doit permettre l’évolution rapide et simple d’une société, et laisser en même
temps, la possibilité aux associés, via les statuts, de modifier sans contraintes et sans
obligations juridiques particulières les modalités de fonctionnement de la société 3.
En droit marocain, la rigidité juridique des sociétés à responsabilité limitée et les exigences de
capital minimum des sociétés anonymes ne permettaient pas jusqu’alors d’envisager

3 Bruzzo DUBUCQ, Comment créer une start-up dans la législation OHADA ?, vu sur https://www.lagbd.org
sereinement la création d’une start-up. Ces formes ne sont pas adaptées aux exigences de la
start-up : une évolution sans contraintes, efficace, simple et rapide.

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

En France, la société par action simplifiée est la forme idéale pour répondre à des attentes de
flexibilité et de liberté contractuelle pour les startups 3. Elle rassemble les avantages des deux
formes précitées sans en avoir les inconvénients.
Le montant d’apport minimum n’est pas nécessaire pour la création d’une société par action
simplifiée tout comme un nombre minimum d’associés ne doit pas être exigé autant qu’une
qualité spécifique. En effet les associés peuvent être des personnes morales ou des personnes
physiques. Egalement, les associés ne sont responsables qu’à hauteur de leurs apports et non
pas indéfiniment et solidairement. Et a propos des apports, les associés peuvent
indistinctement effectuer des apports en nature, en capital ou même en industrie.
Les associés sont également libres de régir leurs relations contractuelles d’une part, et d’autre
part de prévoir leurs relations futures avec les investisseurs nouveaux issus des levées de
fonds. Ainsi, l’ajout de clauses liées à la cessibilité des titres est aisé.
La gestion de la société par action simplifiée n’est également pas contraignante à la seule
exception que cette forme de société doit nécessairement être dotée d’un président, seul
ayant le pouvoir d’agir au nom de la société. Au-delà, les associés sont libres d’instaurer ou
non d’autres organes de gestion et de contrôle tout comme ils sont libres d’en faire cesser les
fonctions ou de les remplacer par d’autres.
Ses facilités de création, sa souplesse juridique, et ses avantages (notamment en termes de
responsabilité des associés et de capital social) en font la forme idéale pour répondre aux
attentes des start-up : une évolution sans contraintes, efficace, simple, et rapide.
Au Maroc, le législateur est tenu d’envisager une réforme profonde et radicale à la SAS, régie
par la loi 17-95 (art 425 à 440), le législateur marocain exige deux ou plusieurs sociétés de
constituer entre elles une société anonyme simplifiée (SAS), en vue de créer ou gérer une
filiale commune ou de créer une société qui deviendra leur société mère commune.
Parmi les autres inconvénients, la SAS ne peut faire appel publiquement à l’épargne. Le capital
est de 300.000 dirhams et doit être libéré en totalité au moment de la signature des statuts,
avec interdiction des apports en industrie. La rédaction des statuts est assez compliquée et
nécessite de bonnes compétences. C’est un type de statut réservé aux grandes entreprises.
Seules les sociétés peuvent être actionnaires d’une SAS, et sont donc exclus (les GIE, les
associations et les personnes physiques). Le nombre minimum est de deux actionnaires. Les
sociétés actionnaires doivent avoir un capital de 2.000.000 de dirhams. Aussi, la SAS est
soumise à l’impôt sur les sociétés.
Enfin, et c’est sans doute le critère le plus important, la structure choisie doit permettre une
grande flexibilité juridique pour faciliter les entrées / sorties d’actionnaires, et le recours au
financement externe. Cela fera donc l’objet de notre deuxième sous-partie.

3 Clara RIPAULT « Quels sont les atouts de la SAS pour les start-uppers? », vu sur : https://www.legalstart.fr/ le
26-11-2021 à 23:27

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

B- Le défi de la levée de fonds

Lorsqu’une start-up a un projet de croissance ambitieux, elle peut avoir besoin de


financements externes importants. Les aides publiques ou les financements bancaires
traditionnels peuvent alors ne plus suffire.

Business Angels, Crowdfunding, Fonds d’amorçages, Capital-Risque…les solutions sont


pourtant nombreuses ! Ce fort taux d’échec des start-ups s’explique en partie par
l’impréparation des dossiers présentés aux investisseurs, notamment sur le plan juridique.

L’univers des start-ups n’a jamais été autant prometteur, ces entreprises innovantes seront les
initiateurs des révolutions de demain. Les entreprises de nouvelles technologies sont
primordiales pour la compétitivité et l’emploi dans un pays. Les pouvoirs publics en ont pris
conscience et ont développé des dispositifs d’incitations à l’innovation, de subventions ou de
crédits pour ces jeunes sociétés.

Toutefois, bien que le Maroc affiche une évolution encourageante dans le développement de
startups, une carence au niveau du financement reste à combler, le secteur manque
cruellement de business Angels, et le Maroc gagnerait à stimuler l’investissement privé par des
incitations fiscales4.

En France, en matière fiscale : les principaux dispositifs sont les déductions d’impôts des
dépenses engagées en recherche et développement, ainsi, les dispositifs Jeune Entreprise
Innovante (JEI) ouvre pour 7 ans une réduction d’impôt pour toute entreprise dépensant plus
de 15% de son budget en recherche et développement.

Au Maroc, De même que la PME a traditionnellement recours à des financements classiques,


une startup fait généralement l’objet d’une levée de fond et suit un cycle de financement
spécifique.

• L’idée commence par être développée grâce à des fonds propres du porteur de projet,
qu’il va compléter par le « love money » et le Crowdfunding lors de la phase
d’amorçage. A ce stade le fondateur n’a pas encore démontré le potentiel de
croissance du projet et doit généralement prétendre à des financements « altruistes ».
• La phase de croissance est soutenue par les « business Angels », les incubateurs, les
subventions et les concours. Des grands groupes développent des partenariats avec
des fonds d’investissement pour soutenir des startups opérant dans leur secteur ou
sponsorisent des concours (Orange, INWI, OCP, IAM, CDG...).
• Le cycle suivant fait appel à une autre catégorie de financeurs, plus mercantiles. Le
produit a fait ses preuves et le modèle économique de la startup devient celui d’une

4 Mouna Bouhmouch et Djelloule Markria : « Potentiel du Crowdfunding au Maroc : Etude complémentaire sur
les possibilités de Crowdfunding, ESS et startups au Maroc » L’Organisation Internationale pour les Migrations,
2018 – disponible sur : morocco.iom.int, vu le 27-11-2021 à 22:33

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

entreprise ayant recours à des financements plus classiques comme les prêts
bancaires, les investisseurs ou la bourse.
Toujours en matière d’inclusion financière, Maroc Numeric fund (MNF) est actuellement le
seul fonds institutionnel dédié aux startups technologiques. Présidé par Morroccan
Information Technology Compagny (MITC), la société gestionnaire du Technopark, il a été créé
par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) en coopération avec les trois banques leaders de la
place (BP, BMCE et Attijariwafabank) dans le cadre du plan Maroc numérique 2013 5.

Ce fond d’investissement en capital-risque a déjà financé une vingtaine de startups en phase


d’amorçage et sa nouvelle stratégie prévoit une offre supplémentaire de financements pour
soutenir la phase de croissance.

En parallèle, le fond a également lancé en 2016 le MNF Angel, un club de business Angels
destiné non seulement à apporter un soutien financier complémentaire aux entrepreneurs
mais aussi une expérience opérationnelle complémentaire.

D’un autre coté plusieurs organismes à but non lucratif, offrent des financements sous forme
de prêt d’honneur assortis de conditions avantageuses, des prêts à titre gratuit ou à des taux
très faibles ou encore des subventions en période d’amorçage.

L’offre de financement sur le marché financier marocain est insuffisante selon les dirigeants de
certaines start-ups, qui considèrent le financement externe comme un frein à leur
développement, d’abord c’est difficile d’y accéder, en suite parce que les conditions
d’obtention sont jugées non raisonnables, donc il faut chercher ailleurs l’origine du problème.

Des discussions avec des jeunes entrepreneurs, bailleurs de fonds et des banquiers font
entendre que l’obstacle réside en l’identification et l’évaluation du risque lié aux projets
d’innovation. Donc le financement des startups et de leurs projets d’innovation reste
problématique, c’est une vérité souvent répétée : « Le capital est lâche ».

D’un autre coté, L’éco-système des startups bénéficie d’une dynamique insufflée par des
initiatives privées et publiques mais souffre d’une insuffisance de financement qui freine
l’innovation. Ce constat émane de la majorité des acteurs du secteur, qui déplore un manque
de business Angels par exemple. En 2017, la Banque Mondiale a alloué 50 millions de dollars
au Maroc pour appuyer les objectifs qu’il s’est fixé pour combler le déficit de l’offre de
financements par capitaux propres pour aider les startups innovantes.

D’un autre coté, les nouvelles réglementations sur le financement participatif (crowdfunding)
vont stimuler le secteur des startups au Maroc, indique Oxford Business Group (OBG) dans une
récente analyse6. Le Royaume s’est en effet doté d’un projet de loi établissant la
réglementation en matière de crowdfunding pour les investisseurs et les entreprises. Ce texte

5 OBG « Startups au Maroc : une industrie en pleine évolution » disponible sur : www.oxfordbusinessgroup.com
vu le 27-11-2021 à 19:45
6 Idem

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

prévoit notamment trois formats de financement, à savoir le prêt avec ou sans intérêt, le don
direct et l’investissement avec acquisition de parts dans la société par le bailleur de fonds.

II- Le Rôle de la levée des Fonds dans le développement des Start up


La philosophie des la start-up repose sur l’innovation, la prise de risques et transformer une
simple idée a une entité capable de lever des fonds pour une croissance de son activité et viser
une internationalisation7.

Mais en réalité, les « startuppeurs » ou jeunes entrepreneurs connaissent aussi des


défaillances, à côté des « Success stories », une autre réalité moins brillante se dessine 8.

L'histoire est souvent la même. L'idée vient d'un créateur bardé de diplômes, mais ensuite
l'entreprise pêche côté finance. Mal structurée, elle manque de fonds de roulement. Et une
fois que l'aventure a démarré, elle ne trouve pas les fonds d'investissement pour continuer.
En France, et depuis deux ans, des mises en cessation de paiement pour les start-up : une
petite dizaine l'année dernière et déjà trois ou quatre cette année. « Et c'est sans compter
celles qui ont été mises en sauvegarde ou ont pu repartir grâce au fonds régional de secours »,
Précise Eric Feldmann, président du tribunal de commerce de Lille 10.

A- La dissolution et la gestion délicate


Puiseurs raisons peuvent pousser un entrepreneur à fermer son entreprise: un changement de
vie, une faillite ou simplement l’envie de faire une pause dans son activité. Un entrepreneur
peut faire face à deux situations: une liquidation à l’amiable lorsque la fermeture est
volontaire, ou judiciaire et donc forcée si elle fait suite à une faillite. Dans ce dernier cas, la
société qui ne dispose plus des fonds pour payer ses créanciers, est dite en cessation de
paiement.
Dans le cas d’une liquidation amiable ou judiciaire, la procédure est identique. Le liquidateur
doit faire le bilan financier de l’entreprise en analysant les actifs et les passifs avec l’expert-
comptable. L’argent disponible sert à payer les créanciers dans l’ordre légalement établi (Etat,
administrations, fournisseurs…). Le liquidateur doit également licencier les salariés.
De grands chantiers attendent l’écosystème marocain, l’association marocaine des
investisseurs en capital met dans le cœur des préoccupations, la définition de la Start-up, son
statut juridique et les dispositions relatives à la liquidation de cette dernière et les outils
d’accélération des procédures et des structures de défaisance devront être mis en place.

7 Ghizlaine DELPERIER & Rachid RHATTAT, L'essentiel du droit applicable à la start-up, éditions Gualino,
Paris, 2016

8 Selon French Web, 25 % des jeunes pousses qui se créent ne dépassent pas le premier exercice, 36 % échouent
au bout de deux ans, et 44 % au bout de trois. Or ces créateurs se retrouvent du jour au lendemain sans filet
financier. 10 Nicole BUYSE, L'échec, difficile à gérer pour les créateurs de start-up, les échos Business, du 18-06-
2018

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

L'AMIC relève la complexité des procédures de liquidation judiciaire, elle exige une mise en
place d’une procédure de liquidation simplifiée propre à la start-up, qui se caractérise par une
réduction de la durée de la procédure, allègement des documents administratifs à fournir,
création de structures de défaisance sous certaines conditions, notamment des cas d’absence
d’actif immobilier ou d’effectif inférieur à cinq salariés ou encore un chiffre d’affaires hors
taxes ne dépassant pas 1 million de DH.
En France, entre l’incertitude du marché, la concurrence en constante augmentation et un
déficit certain en matière de commercialisation, l’année 2017 a été marquée par plusieurs
annonces de redressement judiciaire, ou pire, de cessation d’activité par nombreuses start-up.
Parmi les start-up qui on connu ce sort, « TakeAway» la start-up lyonnaise qui avait sauvé près
de 60 tonnes de nourriture grâce à l’utilisation de doggy bag a été mise en liquidation
judiciaire le 1er septembre 2017, la start-up a tenté de lever 1,5 million d’euros en vain. Elle
n’a pas eu d’autre choix que demander le redressement judiciaire et de se lancer à la
recherche d’un industriel qui n’est jamais arrivé9.

Un autre exemple est celui de la « Tripndrive », dont la liquidation judiciaire a été prononcée
faute de financements. Dans le même temps, son concurrent de l’époque, « TravelCar», levait
15 millions d’euros. La start-up spécialisée à l’origine dans la location de voitures entre
voyageurs aux aéroports et aux gares a donc cessé toutes les activités. Et en moins d’un mois
plus tard, « TravelCar» annonçait racheter les actifs de « Tripndrive »10.
Un troisième exemple concerne la start-up « New Wind », qui a été placée en liquidation
judiciaire par le tribunal de commerce. Après une procédure de redressement judiciaire pour
une durée de six mois, renouvelable deux fois, c’est le manque de trésorerie qui a conduit le
tribunal à placer « New Wind », en liquidation judiciaire plus rapidement que prévu.
En Tunisie, la « Start-up Act » étant le cadre juridique dédié aux start-up, la loi s’inscrivant
dans la stratégie de développement national « Tunisie digitale 2020 » repose sur l'idée « d'un
interlocuteur unique pour la création, le développement et la liquidation des start-up. Ainsi, la
loi tunisienne autorise l’échec sans stigmatiser l’entrepreneur, elle encourage le bon échec en
favorisant la liquidation amiable des Start-up à travers la conjugaison de mesures comme le
Fonds de Garantie des start-up, l’exonération de l’Impôt sur les Sociétés et la Prise en charge
par l’Etat des charges salariales et patronales.
Ce fonds de garantie, estimé à 20 millions de dinars (6,8 millions d’euros) par an et géré par la
« SOTUGAR » (Société tunisienne de garantie), garantira à hauteur de 30 % les participations

9 Geraldine RUSSELL, Pourquoi TakeAway s’est retrouvé en redressement judiciaire ?, disponible sur :
https://www.maddyness.com/2017/06/26/tribune-pourquoi-takeaway-sest-retrouve-en-redressement-
judiciaire/ - consulté le 26-11-2021 à 23:55.
10 Tripndrive en liquidation judicaire: la fin d’un challenger trop fragile, Les échos Business, du 28-03-2017 13

Rapport du Ministère des Technologies de la Communication et de l’économie numérique en Tunisie, Start-


upAct : Cadre juridique régissant les start-ups en Tunisie. Disponible sur :
https://www.mtcen.gov.tn/fileadmin/StartupAct/Startup_Act_-_procedures_conditions_obtention_du_label.pdf
– consulté le 28-11-2921 à 19:03.

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

des organismes d’investissement uniquement en cas de liquidation à l’amiable, ce qui


permettra à l’entrepreneur de ne pas être fiché par les institutions financières.
Ce fond de garantie est un mécanisme qui a pour objectif de garantir les participations de
sociétés d'investissement à capital risque, des fonds collectifs de placement à risque, des fonds
d'amorçage et de tout autre organisme d'investissement selon la législation en vigueur, au
capital des Start-up dans la limite d'un taux fixé par une convention conclue à cet effet entre le
ministre chargé de l’économie numérique et le ministre chargé des finances tunisien 13.

A l'instar de la Tunisie, le Maroc avance vers un modèle de « Start-up-Act marocain » une


initiative qui permettra d'offrir aux jeunes porteurs de projets innovants un écosystème
favorisant l'émergence d'une nouvelle génération d'entreprises et d'entrepreneurs.

B- Un potentiel de croissance limité


Le Maroc est une terre d’innovation, de nombreuses start-up se créent dans tous lessecteurs.
Cette décennie a connu une pléthore de dispositifs, d’incubateurs, accélérateurs, Hackathons
et autres structures d’accompagnement.
Le Maroc est aussi un pays encourageant l’innovation numérique, par plusieurs stratégies et
politiques comme le cas de la digitalisation et la numérisation apportée par la stratégie Maroc
digital 2020.
Le statut de start-up ressemble plus à une phase de la société. Une phase de recherche, ou le
risque de perdre l’ensemble de l’investissement, voir même plus, est quasi dominant. En
créant une activité inexistante ou en révolutionnant une activité préexistante, le risque pour
les start-up parait logique.
Ainsi, dans ce même raisonnement, si la start-up est une phase de la société, celle-ci possède
indéniablement un caractère évolutif. Sa croissance est alors nécessairement rapide et de ce
fait l’entrée et la sortie des investisseurs doit être facilitée. Effectivement, les levées de fonds
sont matières courantes dans le domaine des start-up et atteignent aisément des millions
d’euros pour les plus prometteuses.
Les investisseurs sont attirés par la perspective de forte croissance de la société qui à terme
deviendra un géant mondial « Uber, AirBnB »ou sera rachetée par un géant mondial « Google
» et le rachat de « NestLabs ».
De ce fait, le choix du statut juridique de la start-up doit être en cohérence avec une logique
de rapidité des affaires. La société ne doit effectivement pas être contrainte par un
fonctionnement trop lourd qui repousserai les investisseurs et qui atténuerai son évolution.
Cependant le ciel n’est pas aussi gris qu’il ne parait, d’abord parce que malgré toutes les
contraintes précitées, les jeunes marocains se lancent dans l’aventure entrepreneuriale, et
souvent bien accompagnés. Depuis 2011 le Maroc a vu l’éclosion de plusieurs structures
d’accompagnement, ces structures permettent aux start-up de profiter de l’accélération de
leurs projets, de participer à des événements de Networking, et de profiter de conseils
d’experts.

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

Pour expliquer sa croissance, il faut prendre en compte le fait que la solution proposée par une
start-up est par nature extensible « scalable » dans le jargon des start-up), à savoir que son
modèle d’affaires pourra se répliquer et se développer à très grande échelle, très rapidement.
Cette évolution rapide, rime avec l’introduction en bourse, une des principales décisions
stratégiques dans la vie de l’entreprise. Cette importante opération est souvent considérée
comme une source de financement pour les entreprises souhaitant avoir de nouveaux moyens
financiers nécessaires à leur croissance interne et externe.
Quand les start-up décident d’entrer en bourse, c'est lorsqu’elles veulent croître, mais
principalement pour lever des fonds. Leur attrait pour les levées de fonds auprès
d'investisseurs privés a créé une vague de « Licornes », c’est-à-dire de start-up valorisées à
plus d’un milliard de dollars sans être cotées en bourse.
L’année dernière, « Spotify » avait justement levé 1,5 milliard, prouvant qu’elle pouvait lever
beaucoup d’argent sans entrer en bourse… Elle préparerait pourtant une entrée en bourse,
mais en hésitant à faire ce que l’on appelle une « cotation directe ». Ce qui signifie que ceux
qui possèdent des parts du capital les vendent directement aux investisseurs.
Entre autre, le leader africain du commerce en ligne, « JumiaTechnologiesAG », a réussi son
introduction au New York Stock Exchange (NYSE) où elle a levé, un peu plus que les 196
millions de dollars. Il s’agit d’une première pour une start-up du Continent et avec cette
opération, « Jumia» confirme son statut de véritable licorne africaine11.
Au Maroc, la bourse de Casablanca a récemment signé une convention de partenariat avec
Maroc PME pour le but de définir un champ d’action commun pour faciliter l’accès des PME
marocaines au marché des capitaux, en mettant leurs efforts en commun, la Bourse de
Casablanca et Maroc PME visent à soutenir le développement des PME.
C’est le résultat de la promulgation en 2016 de la loi 19-14 relative à la bourse des valeurs, qui
est venu avec un nouveau concept qui est la création de deux marchés. Le premier est le
marché principal et le second est le marché alternatif. Ce dernier sera dédié aux PME avec des
conditions d'accès au marché adaptées aux spécificités de cette catégorie d'entreprises.
Il faut savoir que l’exit (acquisition de la start-up par une plus grande entreprise) ou l’entrée en
bourse permettent de créer un cycle vertueux puisqu’en enrichissant les fondateurs, les
investisseurs (qui ont des intéressements via des Bons de Souscription de Parts de Créateur
d’Entreprise BSPCE) ils deviennent a leur tour des entrepreneurs qui créent de nouvelles start-
up ou investissent dans d’autres, ce qui créée une dynamique positive pour l’écosystème.
La croissance d’une start-up implique son internationalisation, et, si cela est grandement
facilité par la technologie et par internet qui permet de proposer un produit a un marché
global, il reste que les start-up marocaines souffrent d’un grand désavantage : celui de la
politique de change.

11 Aboubacar Yacouba Barma, Bourse : la startup africaine Jumia réussit son entrée à Wall Street, disponible
sur : https://afrique.latribune.fr/finances/2019-04-12/bourse-la-startup-africaine-jumia-reussit-son-entree-a-
wall-street814130.html -vu le 27-11-2021

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

En effet, malgré les initiatives de l’office des changes et de certaines institutions comme
l’Agence de développement digitale a travers le projet start-up hub permettant aux
entreprises innovantes d’avoir une dotation en devise de 500 000 dh pour leur activité, cela
reste moindre quand on pense aux charges que doivent payer les start-up en devises
étrangères pour des services dont n’existe pas d’équivalent au Maroc : par exemple les
services de Cloud, donc plus la start-up aura de succès plus elle aura besoin de devise et cela
freine son développement.
Autre acteur dont l’implication est nécessaire : c’est bien les grands groupes et les grandes
entreprises marocaine. Que ce soit par le rachat des nouvelles start-up ou par un système
d’entreprenariat qui se développe grandement, il va de soi que les grandes entreprises qui
n’investissement pas forcement dans la recherche et développement marocaine peuvent
trouver dans des start-up qui ont déjà prouvé leur solution innovante sur le marché marocain,
une véritable opportunité de croissance.
Sachant qu’il y a aujourd’hui un véritable changement de paradigme, puisqu’on remarque au
niveau international que le budget alloué à la R&D est réemployé pour acheter des start-up
avec de la propriété intellectuelle et des brevets (c’est une façon de dire que la recherche doit
évoluer pour répondre a de vrais besoins et non rester dans des placards pour ne jamais être
lue).

Conclusion :

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

Comprenant l’impact des start-up dans l’économie de demain, le Maroc a décidé d’encourager
et d’accompagner ce phénomène a travers plusieurs instruments. Or, en étudiant la pratique
et la réalité de la loi au Maroc, on se rend compte que la situation est loin d’être propice au
développement des start-up.

En plus de leurs besoins propres, les start-up marocaines doivent faire face aux problèmes des
PME ce qui ralentit voir annihile toute leurs ambitions de croissance. C’est pour cette raison
que le législateur marocain envisage d’adopter un Start-upAct Marocain en réservant aux
startup un dispositif juridique spécifique. On pourrait alors imaginer un régime dérogatoire
aux start-up pour adapter leur forme juridique aux différentes étapes de leur croissance,
améliorer leur financement, accompagner leur internationalisation, simplifier leur dissolution
et faciliter leur exit ou entrée en bourse…Cela nécessitera bien sur une refonte de bien des
matières de droit dont notamment le droit des sociétés marocain.

Reste que l’idée du Start-upAct commence déjà à être critiquée puisqu’elle pose des barrières
a l’entrée pour les entrepreneurs qui veulent se lancer dans l’aventure de la start-up. S’il est
vrai que le gouvernement peut encourager et faciliter la tache a tous les entrepreneurs
marocains, le succès de tout dispositif réside en majeur partie sur les succès des plus grandes
start-up set c’est bien une future licorne marocaine dont le Maroc a besoin pour changer
certaines mentalités auprès des investisseurs, futurs entrepreneurs et grandes entreprises.

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Les start-up et le droit des sociétés : entre adaptation et dissonance

BIBLIOGRAPHIE :
Ouvrages et thèses :
 DELPERIER (G) & RHATTAT (R), L'essentiel du droit applicable à la start-up, 1re éd., éditions Gualino,
Paris, 2016.
 EL BOURKI (M) & GOUJGAL (K), Introduction en bourse et performance des PME : cas des PME cotées
à la bourse des valeurs de Casablanca, Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales
d’Agadir, thèse de 2016.
 EL HSSINI (S), Le Capital- Risque : Mode de financement des start-ups innovantes, Faculté
Polydisciplinaire de Tétouan, thèse du 1 janvier 2016.
 KOUAME (D), Les facteurs de succès ou d'échec des jeunes entreprises innovantes françaises, selon
leurs modes de financement et de gouvernance, Université de Lorraine, thèse du 3 avril 2012

Rapports et Etudes :
 Bouhmouch(M) &Markria (D) : Potentiel du Crowdfunding au Maroc : Etude complémentaire sur les
possibilités de Crowdfunding, ESS et start-ups au Maroc, l’Organisation Internationale pour les
Migrations, 2018.
 Chambre française du commerce et d'industrie au Maroc (CFCIM), Start-ups au Maroc, l’émergence
d’un écosystème, Conjoncture le mensuel des décideurs, 56e année, Numéro 992, 1mai & juin 2017.
 L'association marocaine de l'investissement en capital (AMIC), Diagnostic : Capital amorçage et risque
au Maroc, Octobre 2018.
 Ministère des Technologies de la Communication et de l’économie numérique de la république
Tunisienne, Start-up-Act : Cadre juridique régissant les start-ups en Tunisie. 2017.

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