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Université de Carthage

Institut des Hautes Etudes Commerciales. Carthage

Cours de Droit des sociétés commerciales

1éme année LSG

Enseignante : Essid amel

Année universitaire 2020/2021

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Plan de la matière

Introduction générale
Première Partie : Les règles communes à toutes les sociétés
Titre premier : Le caractère contractuel de la société
Chapitre premier : Les caractéristiques spécifiques du contrat de
société
Section première : La mise en commun d’apports
Section deuxième : La vocation de participer aux bénéfices et de
contribuer aux pertes
Section troisième : L’affectio_Societatis
Chapitre deuxième : La validité du contrat de société
Section première : Les conditions de fond
Section deuxième les conditions de forme
Section troisième : La sanction des conditions de validité du contrat
Titre deuxième : Le caractère institutionnel de la société
Chapitre premier : La naissance de la personnalité morale
Chapitre deuxième : les attributs de la personnalité morale
Chapitre premier : La durée de la personnalité morale
Chapitre premier : La fin de la personnalité morale

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Deuxième Partie : Les règles particulières à chaque type de
sociétés
Titre premier : les sociétés de personnes
Chapitre premier : La société en nom collectif
Chapitre deuxième : La société en commandite simple
Chapitre troisième : la société en participation
Titre deuxième : Les sociétés hybrides
Titre troisième : Les sociétés de capitaux

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Introduction générale

Section première : Définition de la société


La définition de la société est donnée par la loi qui met l’accent sur
l’aspect contractuel de la société. L’article 2 du code des sociétés
commerciales prévoit que : « la société est un contrat par lequel deux
ou plusieurs personnes conviennent d’affecter en commun leurs
apports en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui
pourraient en résulter de l’activité de la société ».
Mais, la société n’est pas seulement un contrat. En effet, dès qu’elle
est valablement constituée, elle donne naissance à une personne
morale distincte de la personne de chacun des associés.
On peut dire alors que la société a un caractère institutionnel.
D’ailleurs l’article 4 du code des sociétés commerciales édicte
expressément que : « Toute société commerciale donne naissance à
une personne morale distincte de la personne de chaque associé ».
Section deuxième : intérêts de la création d’une société
commerciale
A/ Intérêt Economique
A comparer avec l’activité d’une personne physique, la société
permet :
-D’augmenter les capitaux
-Maximiser les profits
-Minimiser les pertes
-Faciliter l’obtention des crédits. En effet, l’importance de la société
peut paraitre comme une sorte de garantie pour les prêteurs.
B/ Intérêt juridique
Le commerçant exerçant l’activité à titre individuel expose ses biens
personnels aux risques de l’activité commerciale. Et la création d’une
société permet de séparer le patrimoine de la personne morale des
patrimoines des différents associés. Par conséquent, les dettes de la

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société seront exécutées sur le patrimoine social et non celui des
associés.
D’autre part, l’activité commerciale dans le cadre de la société peut
durer indépendamment des modifications qui peuvent toucher les
associés tels que le décès, la faillite et l’incapacité.
C/ Intérêt social
Si l’activité commerciale s’agrandit et se développe, la création de
l’emploi augmente aussi, le chômage diminue et la couverture sociale
est plus efficace.
Section troisième : Les différents types de société
A/ Sociétés civiles et sociétés commerciales
1*Critère de l’objet
Si l’objet est commercial, la société sera qualifiée de société
commerciale. En revanche, lorsque l’objet social est civil, la société
est qualifiée de société civile.
A partir du contrat de la société, on peut déterminer sa nature civile ou
commerciale. L’activité commerciale est déterminée dans l’article 2
du code de commerce.
Exemple d’activité commerciale :
-Extraction des matières premières
-Fabrication et transformation de produits
-Achat, vente, location des biens
-gestion de magasins
-Transport, opérations d’assurance, de change, de banque, de bourse,
exploitation d’entreprise.
Exemple d’activité civile :
-Les professions libérales (avocats, experts comptables…).
-Les artisans
-Les agriculteurs s’ils se contentent de transformer ou de vendre les
produits de leurs fonds.
Remarque : L’agriculteur peut devenir un commerçant s’il transforme
et vend aussi les produits d’autres fonds de manière répétitive.

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2*Le critère formel
Certaines sociétés sont considérées comme commerciales abstraction
faite de leur objet. Ce sont les sociétés commerciales par la forme tel
que la société anonyme et la société à responsabilité limitée.
3* Intérêts de la distinction
-La société commerciale peut opter pour l’une des formes des sociétés
prévues dans le code des sociétés commerciales.
-les litiges en matière de sociétés commerciales sont soumis à la
compétence des chambres commerciales auprès des tribunaux de 1 ère
instance selon l’article 40 du C.P.C.C.
-les sociétés commerciales sont soumises à la comptabilité
commerciale selon la loi du 30 décembre 1996 relative au système
comptable des entreprises.
-La société commerciale peut bénéficier des procédures collectives
tendant à aider les entreprises en difficulté économique telle que
prévue par la loi du 29 Avril 2016.
Ne peut bénéficier de ces avantages que les sociétés commerciales.
B/ Sociétés de personnes et sociétés de capitaux
Les sociétés de personnes sont fondées sur la considération de la
personne (Intuitus_personae), les associés se connaissent, les parts
sociales ne sont cessibles qu’avec l’accord de tous les associés, le
décès ou la faillite d’un associé peut entrainer la dissolution de la
société.
Au contraire, dans les sociétés de capitaux, la considération de la
personne est indifférente. L’essentiel est la réunion d’un capital
important.
-les associés peuvent céder librement leurs parts.
-Le décès, la faillite d’un actionnaire n’a aucune incidence juridique
sur l’existence de la société.
C/ Sociétés faisant appel public à l’épargne
L’appel public à l’épargne est réservé aux sociétés par actions dont les
conditions de constitution, de fonctionnement, d’information et de

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publicité sont complexes. Elles sont soumises à une surveillance plus
rigoureuse pour protéger les épargnants.
D/ Sociétés à caractère privé et sociétés à caractère public
-Les sociétés à caractère privé sont les sociétés constituées entre les
particuliers.
-Les sociétés à caractère public sont les sociétés qui appartiennent à
l’Etat.
Section quatrième : Les sources du droit des sociétés
commerciales
1-Le code des obligations et des contrats
2-Le code des sociétés commerciales promulgué le 3 novembre 2000
et modifié à plusieurs reprises (2005/2007/2009 et 2016).

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Première Partie : Les règles communes à toutes
les sociétés
Titre premier : L’aspect contractuel de la société
Chapitre premier : Les caractéristiques du contrat de
société
Trois caractéristiques essentielles :
1-La mise en commun des apports
2-La recherche d’un profit consistant dans un bénéfice ou dans une
économie
3-la volonté des associés de collaborer en vue de réaliser l’objet
social.
Section première : La mise en commun des apports
A/Nécessité des apports
Pour que la société se constitue valablement, chaque associé est tenu
d’effectuer un apport en société. C’est l’acte par lequel on affecte un
bien ou un travail au profit de la société en vue de permettre l’activité
sociale.
A défaut d’apports, l’activité sociale ne peut pas se dérouler et la
société ne peut pas fonctionner.
En contrepartie de l’apport effectué, l’associé reçoit des parts sociales
émises par la société bénéficiaire de l’apport en vue de déterminer sa
part dans les bénéfices.
-Si la société réalise des bénéfices, il aura droit à une partie
correspondante à son apport.
-Si la société enregistre des pertes, l’associé ne reçoit rien.
A partir de l’article 5 du code des sociétés commerciales, les apports
sont de 3 types :
1-Apport en numéraire
C’est un apport en somme d’argent. L’opération d’apport passe par
deux étapes :

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-La souscription c’est-à-dire l’engagement par une personne
d’effectuer un apport.
-La libération, c’est-à-dire l’exécution de cet engagement
(Pour la société anonyme, il faut libérer le ¼ lors de la souscription et
les ¾ sur 5ans).
2-Apport en nature
*Il s’agit de toutes sortes de biens autres que l’argent.
Ce sont des objets mobiliers ou immobiliers, corporels ou incorporels
(fonds de commerce, une créance sur un tiers).
*L’apport en nature est de deux types :
-Apport en propriété qui réalise un transfert de la propriété pleine et
entière du bien au profit de la société (assimilable à une vente).
-Apport en jouissance qui consiste dans la mise d’un bien à la
disposition de la société en vue de son usage pendant un temps
déterminé. La société peut user librement de la chose sans pouvoir en
disposer puisque l’apporteur garde le droit de la propriété et transmet
à la société un droit d’usage.
*L’apport en nature représente des biens. Sa valeur est discutable. Une
évaluation exacte est nécessaire pour protéger les intérêts des associés.
Elle doit être faite par un commissaire aux apports.
3-Apport en industrie
C’est un apport en travail. L’associé met à la disposition de la société
son travail, ses services, ses connaissances techniques et
professionnelles. Il prend fin lorsque l’associé quitte la société.
C’est un apport exclusif car l’apporteur doit s’abstenir de faire
concurrence à la société.
Il ne fait pas partie du capital social bien que l’apporteur reçoit des
bénéfices.
B/Le capital social
-Il est constitué par la valeur des apports en numéraire et des apports
en nature à l’exception des apports en industrie.
-Il correspond à l’actif social lors de la constitution de la société. Mais
au cours de la vie sociale, capital social et actif social ne vont plus
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forcément correspondre. La société peut enregistrer des bénéfices dont
une partie constitue les réserves. L’actif social serait donc supérieur au
capital social.
En revanche, si les affaires sociales se dégradent, la société va perdre
une partie de ses biens, paye ses dettes. L’actif peut donc toucher au-
dessous du capital social.
-Le capital social est le gage exclusif des créanciers sociaux et gage de
réussite économique pour les associés.
-On parle de l’intangibilité du capital social. En effet, lorsque les
associés ont effectué leurs apports, ils ne peuvent jamais reprendre le
capital qui doit rester intact. De même, il est interdit à la société de
distribuer des sommes aux associés par prélèvement sur le capital.
Les modifications du capital social sont possibles, mais doivent être
effectués conformément à la loi, accompagnés de mesure de publicité
afin d’avertir les tiers.
Section deuxième : La vocation de participer aux bénéfices
et de contribuer aux pertes
-Le bénéfice est le gain pécuniaire qui s’ajoutait à la fortune des
associés. C’est un gain en argent matérialisé par des dividendes que
distribue la société au profit des associés. Il peut s’agir également d’un
gain matériel tel que la jouissance d’un bien.
-La participation aux bénéfices est proportionnelle aux apports qu’ils
ont effectués en société. Ceci est valable pour les pertes dont ils sont
tous astreints à la supporter. Par conséquent, toute inégalité est
interdite. Toute clause qui attribue à l’un des associés des gains ou
l’affranchit de toute contribution aux pertes est interdite. Elle est nulle
et rend nul le contrat de société. C’est le cas de la clause léonine qui
accorde à un associé une part dans les bénéfices supérieure aux autres,
ou lorsqu’elle accorde à un associé la totalité des bénéfices (1301 et
1302 du C.O.C). La clause léonine peut également exonérer certains
associés de leur contribution aux pertes de la société.

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La loi interdit la stipulation de la clause léonine dans le contrat de
société.
*Elle est nulle et rend nul le contrat si la question se pose sur le
partage des bénéfices.
*Elle est nulle mais n’annule pas le contrat concernant la contribution
aux pertes.
Section troisième : L’affectio Societatis
C’est une condition nécessaire. C’est la volonté des associés de
collaborer ensemble sur un pied d’égalité, au succès de l’entreprise
commune.
L’affectio societatis a une grande importance surtout dans les sociétés
de personne fondées sur l’intuitus personae dont la responsabilité est
illimitée. Même dans les sociétés de capitaux, la société ne peut pas
fonctionner sans la collaboration des actionnaires qui doivent se réunir
dans des assemblées générales pour élire les dirigeants. La loi exige
un quorum. Et la réalisation du quorum est une manifestation certaine
de l’affectio societatis.
Le contrat de société est l’un des rares contrats ou les intérêts de tous
les contractants convergent vers un même but et ne se trouvent pas
opposés. Les associés courent le même risque et aléa.
-Si la société est bénéficiaire, tous les associés en profitent.
-En revanche, si elle est déficitaire, tous en assument les pertes.
Le contrat de société diffère du contrat de travail qui se fonde sur la
subordination, alors que la relation entre les associés est marquée par
l’indépendance et l’égalité.

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Chapitre deuxième : La validité du contrat de société
Section première : Les conditions de fond
A/Le consentement
-Le consentement n’existe que si la volonté de s’associer est sincère. Il
doit s’agir d’une volonté dirigée vers la création d’une société. Par
conséquent, la société ne doit pas être fictive ou une simple façade.
-le consentement ne doit pas être vicié. L’article 43 du C.O.C
règlemente les vices du consentement qui sont :
*L’erreur
*Le dol
*La violence
B/La capacité
L’article 11 du code des sociétés commerciales exige pour la validité
du contrat de société, la capacité des associés contractants pour
l’exercice de la profession commerciale.
La majorité est fixée à 18 ans d’après l’article 7 du C.O.C et il faut
aussi être sain d’esprit (le dément, le faible d’esprit, le prodigue sont
des majeurs incapables).
La personne qui n’a pas la capacité requise pour l’exercice du
commerce peut être associée commanditaire, ou associée dans une
S.A.R.L ou un actionnaire dans une société anonyme ou en
commandite par actions. Mais, elle ne peut l’être que par
l’intermédiaire de son tuteur.
C/L’objet
L’objet de la société réside dans l’activité qu’elle se propose
d’exercer. Cette activité doit être spécifiée dans les statuts. (Toute
opération commerciale est insuffisante). En effet, l’objet est parmi les
mentions obligatoires des statuts prévues par l’article 9 du code des
sociétés commerciales.
-Il doit être possible (l’impossible entraine la nullité de la société).
-Il doit être licite. L’activité illicite est celle qui est contraire à la loi, à
l’ordre public et aux bonnes mœurs. L’exercice de l’activité peut être

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illicite s’il viole la réglementation (exemple, l’exercice d’une activité
bancaire dans une SARL, alors que son exercice doit se faire au sein
d’une société anonyme).
-L’objet est un critère pour déceler les abus de pouvoir des dirigeants.
D/La cause
La cause du contrat est le but pour lequel il a été contracté. C'est la
réalisation des bénéfices, des économies ou encore de supporter
ensemble le fardeau des pertes.
La cause doit être licite, conforme à l’ordre public et aux bonnes
mœurs.
Section deuxième : Les conditions de forme
A/L’écrit
Le contrat de société commerciale doit être établi par écrit connu sous
le nom de statuts et qui doivent contenir des mentions obligatoires.
L’article 9 du C.S.C prévoit que tous les statuts doivent contenir
obligatoirement les six mentions suivantes :
-La forme de la société
-La durée de la société
-le nom de la société (raison sociale/dénomination sociale)
-Le siège social
-L’objet social
-Le montant du capital social
Ces mentions sont nécessaires à énoncer et ne peuvent pas être
supplées. Leur défaut risque d’entrainer la nullité de la société à moins
de régularisation.
-Les statuts prennent la forme d’un acte authentique ou d’un acte sous
seing privé. S’il y a un apport en nature qui consiste dans un bien
immobilier immatriculé, l’acte doit être établi par l’un des rédacteurs
mentionnés dans l’article 377 bis du code des droits réel. (Un notaire,
un avocat, les rédacteurs de la propriété de la conservation foncière).
-Les statuts doivent être signés par les associés à titre personnel ou par
leur mandataire. La signature est un engagement qui pèse sur l’associé
de faire partie de la société. (Exception dans les sociétés par actions
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faisant appel public à l’épargne, les actionnaires ne signent pas le
contrat, mais le bulletin de souscription et les sociétés en participation
ou la loi dispense les associés de rédiger un écrit).
-L’établissement des statuts peut être précédé d’une période de temps
dans laquelle des discussions et des pourparlers ont eu lieu en vue de
préparer le projet de statut et d’établir les lignes principales de
l’activité commerciale envisagée.
Les futurs associés envisagent le type de société, les moyens de
financement et la répartition des fonctions futures. Ces discussions et
pourparlers ne créent pas la société, mais peuvent aider à une
promesse de société ou protocole d’apport.
-En dehors des statuts, les associés peuvent conclure entre eux des
pactes d’associés. Ce sont des conventions par les quelles certains
associés, généralement les plus importants cherchent à garantir
quelques droits (droit de vote, droit de sortir, élection des
administrateurs dans un souci de discrétion).
Ces pactes ne doivent en aucun cas être contraire aux statuts, ou
contredire une disposition légale.
B/La publicité
Les statuts doivent être publics dont l’objectif est d’informer les tiers
quant à la constitution de la société.
L’article 15 du C.S.C exige l’insertion des statuts au journal officiel
de la république tunisienne et ce dans le délai d’un mois à compter de
la signature des statuts.
C/L’immatriculation au registre national des entreprises
La société doit être immatriculée au registre national des entreprises
en application de la loi du 29 octobre 2018 et ce par la création d’un
fichier spécial pour l’entreprise et l’attribution d’un identifiant qui lui
est spécifique. Le Registre national des entreprises est une base de
données publique pour collecter les données et les informations
relatives à l’entreprise et sa mise à la disposition du public et des
institutions de l’Etat concernées par ces informations (administration
fiscale, Banque Centrale, commission tunisienne des analyses
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financières, direction générale de la douane, CNSS,…) 1, reflètera la
situation juridique de l’entreprise aussi bien lors de l’immatriculation
qu’à l’occasion de la mise à jour2.
Section troisième : Les sanctions des conditions de validité
du contrat
La sanction ordinaire d’un acte juridique irrégulier est la nullité. C’est
ce qui s’applique à la société puisqu’elle constitue un acte juridique.
A/Le domaine de la nullité
1-La nullité absolue (article 325 du C.O.C).
-S’il manque une des conditions substantielles (2 du C.O.C)
-Si la loi édicte la nullité.
2-La nullité relative (article 330 du C.O.C).
-Vice de consentement
-Non-respect des règles de forme (écrit, publicité).
Il y a toujours la possibilité de régularisation.
B/Les effets de la nullité
L’effet ordinaire de la nullité est l’anéantissement rétroactif de l’acte
juridique. La nullité remet les parties dans le même et semblable état
ou elles étaient avant la constitution du contrat. Chacun restitue ce
qu’il a reçu.
Dans le droit des sociétés commerciales, la société est nulle dans
l’avenir, et la société nulle doit être liquidée comme si elle a été
dissoute après avoir régulièrement existé.

1
Voir l’arrêté du ministre des Finances du 5 mars 2019.
2 er
L’entreprise est selon l’article 1 de la loi n°52-2018 du 29 octobre 2018 est toute personne qui exerce une
activité industrielle, artisanale, commerciale ou n’importe quelle activité libre ou indépendante moyennant
une contrepartie ou qui propose des services avec ou sans but lucratif et toute personne physique ou morale
ou association.

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Titre Deuxième: L’aspect institutionnel de la société
Section première : Naissance de la personnalité morale
Le contrat de société donne naissance à une personne, différente de
celle des associés, au nom de laquelle se déroule l’activité sociale et
dont les bénéfices reviennent aux associés.
Cette personnalité est dite morale car elle est virtuelle et constitue une
fiction destinée à permettre à la société de fonctionner, d’agir sur la
scène juridique, d’être sujet de droits et d’obligations et jouer son rôle
économique.
A partir de l’article 4 du C.S.C, une entreprise est née qui fonctionne
en tant que commerçant en vue de réaliser les objectifs tracés dans le
contrat.
Toute société possède de la personnalité morale, sauf la société en
participation en raison de sa nature.
La question de la personnalité morale fait l’objet d’un débat doctrinal
entre les juristes. Certains la trouvent une fiction juridique, d’autres
défendent la réalité de cette personnalité morale qui a des intérêts
propres.
Paragraphe premier : le point de départ de la personnalité morale
La naissance a lieu à partir de l’immatriculation au registre national
des entreprises. Cette solution a l’avantage de pousser les fondateurs à
accomplir valablement les formalités de constitution. La société n’est
pas engagée avant cette date.
Pourquoi déterminer le point de départ de la personnalité morale ?
Paragraphe deuxième : Les effets de la détermination du point de
départ de la naissance de la personnalité morale.
1-Engagements pris avant la signature des statuts
L’état de ces actes accomplis au nom et pour le compte de la société
en formation avant la signature des statuts sera soumis au vote de
l’assemblée générale constitutive pour décider de sa reprise par la
société.

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Les associés doivent ratifier ces engagements, certaines modifications
peuvent avoir lieu avec l’accord des fondateurs et ils peuvent les
annexer aux statuts pour être pris en charge par les statuts.
2-Engagements pris entre la signature des statuts et
l’immatriculation de la société
Dans cette période, des engagements vont être encore pris par les
fondateurs au nom de la société.
-Les associés peuvent dans les statuts ou par acte séparé donner
mandat aux fondateurs pour contracter les opérations constitutives et
prendre des engagements au nom de la société qui va les reprendre
automatiquement dès son immatriculation.
-A défaut de précision statutaire ou d’acte de mandat séparé, les
fondateurs sont présumés agir au nom, pour le compte et dans
l’intérêt de la société.
Le mandat est donc présumé. Il suffit juste de prouver la nécessité de
l’engagement pour la formation de la société.
-Lorsque la société reprend les engagements pris par les fondateurs, ils
sont réputés avoir été pris par elle de manière rétroactive. On appelle
cette procédure la reprise.
Si la société ne s’immatricule pas, la reprise des engagements par la
société s’avère impossible, dans ce cas, les fondateurs se trouvent
seuls tenus envers les contractants sur leur patrimoine propre.
Section deuxième : les attributs de la personnalité morale
de la société commerciale
Le législateur assimile la personne morale à la personne physique.
Paragraphe premier : Le patrimoine social
Il comprend l’ensemble des biens, droits et obligations de la société.
Les associés ne sont pas des copropriétaires dans ce patrimoine, c’est
la société qui est la propriétaire, par conséquent, les créanciers
personnels de l’associé n’ont pas de recours contre le patrimoine
social. De même, les créanciers sociaux ont pour gage le patrimoine
social et non le patrimoine personnel des associés.

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Il ne doit pas être confondu avec le capital social. Et il varie selon les
opérations effectuées.

Paragraphe deuxième : Le nom de la société


La société est désignée par une raison sociale ou une dénomination
sociale.
-La SNC ou la SCS doivent avoir une raison sociale qui est le nom
d’une société composé du nom de tous les associés ou de quelques uns
d’entre eux, suivis des mots « et compagnie ». ---Pour la SCS, ce sont
les commandités suivis de société en commandite simple. Cette
exigence permet aux créanciers de connaitre les associés qui sont
responsables solidairement.
-La SA est désignée par une dénomination sociale de fantaisie suivie
de société anonyme et du capital.
-La SARL est désignée par une dénomination sociale qui comprend
les noms de certains associés suivi par la mention SARL ou SUARL
et le capital.
-SCA, définie par une raison sociale qui comporte les noms des
commandités suivi de SCA.
Paragraphe troisième : Le siège social
-un élément nécessaire d’individualisation qui permet de déterminer la
compétence territoriale des tribunaux, ainsi que le lieu
d’accomplissement des formalités de publicité.
-La société choisit librement son siège social. Mais, cette liberté n’est
pas totale, puisque l’article 10 du C.S.C exige qu’il soit le lieu du
principal établissement dans lequel se trouve l’administration effective
de la société.
Paragraphe quatrième : La nationalité
La société est sous la dépendance d’un Etat. Donc, elle a une
nationalité pour jouir de certains droits et se soumettre à des
obligations réservées aux nationaux.

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Le décret du 30 Aout 1961 détermine les conditions de la
reconnaissance de la nationalité tunisienne aux sociétés commerciales
(article 3 de ce décret).
1-Avoir le siège social en Tunisie et constituée selon la loi tunisienne.
2-Avoir le capital social représenté à concurrence de 50/° au moins
par des tunisiens.
3-Avoir le conseil d’administration, de gérance constituée en majorité
par des personnes physiques de nationalité tunisienne.
4-Avoir leur présence ou leur direction générale assurée par des
personnes de nationalité tunisienne.
Section troisième : La durée de la personnalité morale
La durée consiste dans l’indication d’un nombre d’années déterminé.
Et dans tous les cas, la durée de la société ne peut excéder 99 ans
selon l’article 8 du C.S.C.
-Lorsque la société est conclue pour une durée indéterminée, chacun
des associés peut y renoncer, mais la renonciation ne produit effet
qu’après la fin de l’exercice social.
-Lorsque la société est conclue pour une durée déterminée, les
associés peuvent poursuivre la dissolution avant terme s’il y a juste
motif.
-A l’expiration de 99ans, la société se trouve dissoute de plein droit à
moins de prorogation (explicite ou tacite).
Section quatrième : La fin de la personnalité morale
Paragraphe premier : Les causes de dissolution
1-Dissolution de plein droit
Elle intervient d’une manière automatique par l’effet de la loi.
Deux causes de dissolution de plein droit prévu par l’article 21 du
C.S.C.
-Arrivée du terme
C’est la durée indiquée dans les statuts qui ne peut excéder 99 ans,
même si on a omis de la déterminer.

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A l’arrivée du terme, la société est dissoute de plein droit à moins
d’une prorogation décidée par une assemblée générale.
-La fin de l’activité sociale ou l’extinction de son objet
Lorsque l’opération pour laquelle la société est constituée se trouve
totalement accomplie (édification d’une construction asséchement
d’un lac), et elle n’a aucune raison de continuer.
De même lorsque l’activité devient impossible suite au retrait de
l’autorisation administrative, ou encore extinction des matières
premières indispensables à l’activité de la société. Il y a alors
extinction de l’objet social.
2-Dissolution volontaire
Les associés peuvent mettre fin au contrat de la société avant terme et
en cours d’exécution. Cette décision de dissolution prématurée doit
être prise par la majorité nécessaire ou à l’unanimité (sociétés de
personnes).
3-Dissolution judiciaire
-Par un jugement déclaratif de faillite
-Réunion de tous les parts entre les mains d’un seul associé.
Pour éviter la dissolution, la société peut se transformer en une
SUARL. L’associé restant possède d’un délai d’un an en vue de
régulariser la situation.
.Soit compléter le nombre d’associés manquants.
.soit procéder aux formalités de transformation en SUARL.
A défaut de cette régularisation, tout intéressé peut demander la
dissolution de la société.
-Dissolution pour juste motif
D’après l’article 26 du C.S.C, c’est le cas de la mésintelligence grave
survenue avant terme, comme la mésentente entre deux groupes
égalitaires et opposés rendant impossible toute prise de décision.
-Pertes importantes sur les fonds propres
Au point que ces fonds propres se trouvent inférieurs à la moitié du
capital social.

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Ces pertes sont un signe que la société n’est plus viable et qu’il vaut
mieux arrêter et éviter le risque de la faillite (sauf régularisation de la
situation financière).
Ces pertes sont constatées dans les documents comptables.
Quelque soit la cause de dissolution, la décision doit être publiée afin
d’avertir les tiers de la fin de la société pour qu’ils puissent exercer
leurs droits avant l’extinction de la personnalité morale. Il faut
déposer l’acte de dissolution au registre national des entreprises Cette
publicité est à la charge du liquidateur.
Paragraphe Deuxième : Les effets de la dissolution
A/La liquidation
La liquidation est un ensemble d’opérations destinées à recouvrer les
créances de la société, payer les créanciers, restituer les apports et
partager le boni de liquidation entre les associés.
1-Maintien de la personnalité morale de la société en liquidation
La personnalité morale de la société en liquidation ne s’éteint pas par
la dissolution pour que le liquidateur puisse effectuer plusieurs actes.
Elle se poursuit jusqu’à la clôture de la liquidation.
2-Nomination du liquidateur
Ce sont les associés ou le tribunal qui nomme le liquidateur
conformément aux dispositions de la loi. Il a un délai d’un an pour que
la liquidation soit clôturée.
3-Role du liquidateur
En tant que représentant de la société et dans le cadre des opérations
de la liquidation, le liquidateur doit :
-Dresser un inventaire de l’actif et du passif de la société pour
sauvegarder les droits des associés et des tiers.
-réaliser l’actif en procédant au recouvrement des créances de la
société.
-Payer les créanciers selon leur rang et répartir le solde disponible
entre les associés.
-Ne doit pas conclure d’opérations nouvelles exceptées celles qu’exige
la liquidation et déjà entamées ou urgentes.
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Les pouvoirs du liquidateur sont limités par trois règles :
1-Interdiction de consentir des suretés
2-Nullité de la cession d’actif qu’il conclut pour lui-même au profit de
son conjoint, ses ascendants ou descendants.
3-Nullité de cession globale de l’actif de la société dissoute.
4-Contrôle du liquidateur
C’est l’œuvre des associés puisqu’il est tenu de les convoquer dans
deux assemblées générales au moins.
Une fois il a obtenu l’approbation des comptes définitifs de
liquidations, il procède à la publication de la clôture de la liquidation
de la société au J.O.R.T et dans deux journaux quotidiens dont l’un est
en langue arabe.
La radiation de la société doit avoir lieu au registre national des
entreprises d’après la loi du 29 octobre 2018.
B/Le partage
Les associés reprennent tout d’abord leurs apports. Ils sont créanciers
de la société de la valeur des apports qu’ils ont fait à la société.
L’apporteur en industrie n’a droit à rien.
Lorsqu’il reste encore d’éléments actifs après avoir désintéressé les
créanciers sociaux, ils seront répartis entre tous les associés y compris
l’apporteur en industrie dans la même proportion que leur
participation aux bénéfices.

22
Deuxième Partie : Les règles particulières à
chaque type de société
Titre premier : Les sociétés de personnes
Chapitre premier : La société en nom collectif (articles de
54 à 66 du C.S.C).
Section première : La constitution de la société en nom
collectif
Paragraphe premier : Les associés
D’après l’article 54 du C.S.C, elle est constituée entre deux ou
plusieurs personnes au moins, mais un maximum ne lui est fixé. Les
associés ont la qualité de commerçant et doivent avoir la capacité
requise pour la profession commerciale.
Ils sont responsables personnellement et solidairement des dettes
sociales.
Paragraphe deuxième : L’objet social
Elle est commerciale par objet et non par la forme. Il s’agit d’un acte
de commerce prévu dans l’article 2 du C.COM, et certaines activités
ne peuvent pas être exercées dans le cadre d’une société en nom
collectif (l’activité d’une banque, d’une assurance). L’objet social
constitue la limite principale des pouvoirs des gérants.
Paragraphe troisième : Le nom social
La société en nom collectif exerce son activité sous une raison sociale
qui se compose des noms de tous les associés ou du nom de l’un
d’entre eux suivis des mots et compagnie.
Paragraphe quatrième : Le capital social
Le législateur n’a pas fixé un minimum pour la société en nom
collectif, car les créanciers ont une garantie plus importante que le
capital social.
Théoriquement, la société peut être constituée avec seulement des
apports en industrie. Et dans ce cas, le capital social est égal à 0.

23
Section deuxième : Le fonctionnement de la société en nom
collectif
Paragraphe premier : La gérance de la société en nom collectif
1-La nomination des gérants
Tous les associés ont le droit à la gérance (Article 57). Mais la gestion
par tous les associés constitue un mode de gestion lourd pour la
société, c’est pourquoi, il est possible d’envisager dans les statuts ou
dans une convention ultérieure que la gestion soit attribuée à une
personne déterminée, nommée par une décision prise à l’unanimité.
Lorsque le gérant n’est pas associé, la décision de nomination peut
être prise par les associés détenant les trois quarts du capital social.
2-La révocation des gérants
Les fonctions du gérant peuvent cesser par une décision de révocation.
*Si tous les associés sont gérants, la révocation de l’un d’eux doit être
décidée à l’unanimité, car l’exclusion de l’un des associés de la
gérance risque d’être une cause de mésintelligence suffisamment
grave pour aboutir à la dissolution de la société.
*Si la gérance est exercée par un associé désigné dans les statuts, la
révocation doit intervenir à l’unanimité (Le gérant associé statutaire
bénéficie d’une situation stable).
*Le gérant non associé peut être révoqué par une décision majoritaire
prise par les associés détenant les trois quarts du capital social.
Dans toutes les hypothèses, la révocation ne doit pas être abusive, si
non elle peut donner lieu à une réparation.
3-Pouvoirs et responsabilité des gérants
a-Pouvoirs
Le gérant d’une société en nom collectif accomplit tous les actes de
gestion qu’exige l’intérêt de la société sauf limitation expresse par les
statuts (article 60 du C.S.C). Il doit respecter les limitations statutaires
de ses pouvoirs.
L’intérêt de la société vise l’utilité et l’opportunité de l’acte au regard
de la société.

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La notion d’acte de gestion est large. Elle couvre tous les actes
d’administration et de disposition qui concourent à la réalisation de
l’objet social.
Les statuts peuvent interdire certains contrats qui dépassent certains
montants, mais sans entraver la liberté d’initiative et l’action ordinaire
normale du gérant.
Il engage la société chaque fois qu’il agit dans les limites de ses
pouvoirs et qu’il signe sous la raison sociale.
Il doit respecter les limitations statutaires. A défaut, il risque
d’engager sa responsabilité vis-à-vis des associés, ce qui implique
pour lui l’obligation de réparation du préjudice causé et se faire
révoquer.
b-Responsabilité
Il engage sa responsabilité lorsqu’il cause par sa faute un dommage à
la société. Ce dommage peut découler de la violation des statuts,
d’un excès de pouvoirs, d’une faute de gestion.
Paragraphe deuxième : Les droits et obligations des associés
a- Les droits
*Droits moraux
-Droit à l’information et de prendre connaissance des documents
comptables deux fois par an au siège de la société. Ils peuvent même
prendre copie des documents présentés à l’assemblée générale.
Ce droit constitue une sorte de contrôle de la gestion sociale qui
s’explique par la responsabilité lourde qui pèse sur eux.
-Droit de poser des questions écrites aux gérants
-Droit d’accéder aux assemblées générales et de délibérer
-Droit de vote
*Droits pécuniaires
Droit aux bénéfices à la clôture de l’exercice sur le principe de la
proportionnalité. Toute inégalité est interdite qu’elle soit partielle ou
totale.

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b- Les obligations
-Obligation de non concurrence ; cette obligation pèse sur les associés
et les gérants même non associés. L’article 62 du C.S.C prévoit
que : « Les gérants ne peuvent gérer une société exerçant une activité
concurrente ». Il est donc interdit à l’associé d’exercer une activité
analogue à celle de la société car elle risque de nuire aux intérêts de la
société.
-Obligation au passif social ; cette obligation est prévue par l’article
55 du C.S.C. Ils ont tous la qualité de commerçant et sont tenus des
dettes sociales, indéfiniment et solidairement responsables sur les
biens propres.
L’associé qui entre dans la société en cours de vie sociale n’est pas
tenu par le passif antérieur à son entrée.
L’associé qui quitte la société cédant ses parts, reste tenu du passif
antérieur à son départ et n’est pas tenu du passif postérieur à son
départ.
Paragraphe troisième : Le contrôle de gestion
La société en nom collectif n’a pas l’obligation de désigner un
commissaire aux comptes parmi les experts comptables tunisiens.
Paragraphe quatrième : Le régime des parts d’intérêt
La société en nom collectif se caractérise par l’intuitus personae, par
conséquent, la cession des parts sociales au profit d’un associé ou d’un
tiers ne peut être faite qu’avec le consentement unanime de tous les
associés à moins que les statuts aient prévu une autre règle.
A partir de l’article 65 du C.S.C, la société ne prend pas fin par le
décès d’un associé sauf clause contraire.
-Si l’associé décédé n’a pas laissé d’héritiers, la société continue avec
les associés survivants. Si l’associé survivant devient le seul associé,
la société en nom collectif se transforme en SUARL.
-Si l’associé décédé laisse des héritiers, la société se transforme en une
société en commandite simple et les héritiers prennent la qualité
d’associés commanditaires.

26
Section troisième : La dissolution de la société en nom
collectif
Outre les causes connues à toutes les sociétés prévues par l’article 21
du C.S.C, l’article 65 ajoute 3 causes particulières de dissolution qui
sont :
-La démission d’un associé. Lorsque la société a été conçue pour une
durée illimitée et un des associés veut renoncer à la société et céder
ses parts. Mais, il se trouve dans l’impossibilité de céder ses parts, il
s’agit là d’une cause de dissolution.
-L’incapacité et la faillite empêchent l’associé qui en est atteint
d’avoir la qualité de commerçant, outre qu’il devient une personne
incapable de s’engager valablement.
Remarque : La société peut continuer à l’exclusion de l’associé
incapable.
Chapitre deuxième : La société en nom commandite simple
(articles de 67 à 76 du C.S.C).
Section première : La constitution de la société en
commandite simple
Paragraphe premier : Les associés
Pour être constitué valablement, la société en commandite simple doit
comprendre au moins un associé commandité et un associé
commanditaire.
1-Les associés commandités
Les associés commandités sont soumis au même régime juridique que
celui auquel sont soumis les associés dans une société en nom
collectif. Ils sont tenus personnellement et solidairement des dettes
sociales (au même titre que les associés d’une société en nom
collectif).
Ils doivent avoir la capacité requise pour exercer la profession
commerciale et ils ont la qualité de commerçant. Ils peuvent effectuer
tous les apports, la loi ne fixe pas un minimum comme il y a
l’engagement solidaire et indéfini pour le paiement des dettes sociales.

27
Seuls les associés commandités peuvent faire figurer leurs noms dans
la raison sociale.
1-Les associés commanditaires
Ils sont soumis au régime juridique d’un associé d’une SARL. Leurs
responsabilités est limité jusqu’à concurrence de leurs apports et n’ont
pas le statut de commerçant. Ils peuvent être dépourvus de capacité
(un mineur ou un incapable majeur). Il leur est interdit de faire figurer
leurs noms dans la raison sociale.
Le non-respect de cette interdiction a pour conséquence d’engager la
responsabilité du commanditaire dont le nom apparait dans la raison
sociale au même titre qu’un commandité (responsabilité illimitée).
Section deuxième : Le fonctionnement de la société en
commandite simple
Paragraphe premier : La gérance
Elle est réservée aux associés commandités ou attribuée à un tiers
étranger à la société. L’article 71 du code des sociétés commerciales
exclut l’associé commanditaire de la gérance. Il lui est interdit de
s’immixer dans la gestion de la société. Cette interdiction s’explique
par :
-La responsabilité solidaire et indéfinie des commandités
-La protection des tiers car l’immixtion du commanditaire peut laisser
croire qu’il est tenu du passif social sur son patrimoine propre.
-En cas de contravention à cette interdiction, il sera tenu
personnellement et solidairement tenu des dettes sociales comme un
commandité.
Cependant, l’article 71 du C.S.C ne considère pas comme immixtion
le contrôle des actes de gestion, les avis et les consultations. En effet,
c’est une forme et expression de l’affectio societatis et de la
participation de tous les associés à la vie sociale.

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Paragraphe deuxième : Droits et obligations
Les commandités et les commanditaires ont tous les droits d’un
associé d’une société en nom collectif. La responsabilité diffère entre
le commandité et le commanditaire.
Paragraphe troisième: Le régime des parts sociales
*Cession entre vifs
Les parts sociales d’une société en commandite simple ne peuvent être
cédées qu’avec le consentement de tous les associés. Mais, cette règle
peut être assouplie par les statuts comme suit :
-La cession des parts des commanditaires est libre entre associés
-La cession des parts des commanditaires à des tiers peut être faite
avec le consentement de tous les commandités et de la majorité en
nombre et en capital des commanditaires.
-La cession des parts des commandités à un commanditaire ou à un
tiers étranger peut être faite avec le consentement de tous les
commandités et de la majorité en nombre et en capital des
commanditaires.
*Transmission par décès
-Si l’associé décédé est un commandité, les héritiers deviennent
associés commanditaires. S’il ne laisse pas d’héritiers, la société
continue avec les survivants à moins qu’il ne soit l’unique
commandité et s’il n’y a pas une clause statutaire qui prévoit la
dissolution en cas de décès d’un commandité.
-Si l’associé décédé est un commanditaire, les héritiers continuent en
qualité de commanditaire. S’il ne laisse pas d’héritiers, la société
continue avec les survivants à moins que ceci ne soit l’unique
commanditaire. Dans ce cas, la société doit se transformer pour ne pas
être dissoute.
Section troisième : La dissolution de la société en
commandite simple
Outre les clauses de dissolution connues à toutes les sociétés, la
société en commandite simple est dissoute lorsqu’un associé se trouve

29
dans l’impossibilité de céder ses parts (défaut de consentement des
autres associés).
Quant à la survenance de l’incapacité ou de la faillite d’un associé, il y
a lieu de distinguer s’il s’agit d’un commandité ou d’un
commanditaire.
-Si elle frappe un commandité, c’est une cause de dissolution à moins
que les autres associés ne décident à l’unanimité de continuer à
l’exclusion de l’incapable ou du failli.
-Si elle frappe un commanditaire, elle ne devrait en principe avoir
d’incidence sur l’existence de la société puisqu’il n’est responsable
que dans la limite de son apport et il n’a pas besoin d’avoir la capacité
pour l’exercice du commerce.
Chapitre troisième : La société en participation (articles de
77 à 89 du C.S.C).
C’est une société dont l’existence n’est pas censée être portée à la
connaissance des tiers. C’est une société occulte qui trouve son
fondement dans un contrat conclu entre deux ou plusieurs personnes.
Il ne doit y avoir aucune apparence de société, et les tiers concluent
avec un commerçant particulier en ignorant en réalité qu’ils
contractent avec une société.
Elle est censée ne pas se révéler aux tiers, et sa révélation entraine une
conséquence grave pour les associés participants. Ils sont traités
comme les associés d’une société en nom collectif.
Elle a l’avantage de la souplesse et de la simplicité et échappe aux
lourdeurs des difficultés de constitution des sociétés dotées de la
personnalité morale.
L’intuitus personae est fort dans cette société.
Section première : La constitution de la société en
participation
La société en participation n’a pas besoin d’un écrit pour être établi
(article 3 du C.S.C), mais, pour éviter les conflits, les associés dressent
un écrit et veillent à le garder secret sans le divulguer à quiconque.

30
Elle n’est soumise à aucune règle de forme. Elle n’est pas
immatriculée au registre de commerce. Par conséquent, elle n’a pas la
personnalité morale. Elle n’a ni une dénomination sociale, ni un siège
social. Les apports effectués ne constituent pas un capital social, mais
mis à la disposition de l’associé gérant pour les besoins de la société
qui apparait aux tiers comme le propriétaire des sommes ou des biens.
Section deuxième : Le fonctionnement de la société en
participation
Paragraphe premier : La gérance
Elle fonctionne grâce à l’activité personnelle de l’un des associés qui
se manifeste en tant que commerçant individuel et non pas en qualité
de gérant de la société.
*Entre le gérant et les associés
Ce sont des relations de mandataires avec les mandants. Il doit agir en
respectant l’intérêt social et engage la société, donc, il fait supporter
les charges aux associés proportionnellement à leurs mises.
*Entre le gérant et les tiers
Le gérant choisi parmi les associés exerce son activité en son nom
personnel et dans l’intérêt de la société et ne connaissent que le gérant
en tant que commerçant.
En cas de litige, ils n’ont pas de recours contre les associés. De même,
les associés n’ont pas d’actions contre les tiers.
Si la société se révèle aux tiers, elle perd son caractère occulte et les
associés seront tenus comme des associés d’une société en nom
collectif (responsabilité illimitée et solidaire).
Paragraphe deuxième : Les parts sociales
-Entre associés, la cession nécessite l’accord unanime des associés.
-A un tiers, la cession est interdite pour préserver l’anonymat de la
société. Si non, elle se transforme en une société en nom collectif.
Section troisième : La dissolution en participation
Elle prend fin par le décès de l’un des associés (sauf stipulation
statutaire contraire).

31
De même, la société risque d’être dissoute en cas de faillite ou
incapacité de l’associé gérant.

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Titre deuxième : Les sociétés hybrides
C’est une société commerciale par la forme, constituée entre des
associés qui ne supportent les pertes que jusqu’à concurrence de leurs
apports.
Les associés n’ont pas la qualité de commerçant. C’est la société
personne morale qui a seule qualité de commerçant et exerce le
commerce en son nom propre. C’est une société hybride puisqu’elle se
trouve à mi-chemin entre les sociétés de personnes et les sociétés de
capitaux. Elle emprunte à la fois des caractéristiques des sociétés de
personnes :
-La considération de la personne demeure encore importante. Les
associés se connaissent.
-La cession des parts sociales n’est pas libre.
Et des sociétés de capitaux :
-La responsabilité est limitée aux apports
-La qualité de commerçant n’est pas exigée, par conséquent, la
capacité n’est pas exigée.
En Tunisie, c’est la forme la plus répandue, la plus appropriée pour les
petites ou moyennes entreprises. Elle présente des avantages :
-Constitution entre deux associés et même un seul associé
-La loi ne réclame pas un capital social minimum.
Le principal inconvénient réside dans la libération des apports en
numéraire à la souscription.
Chapitre premier : La société à responsabilité limitée de
type pluripersonnel
Section première : La constitution de la SARL
Paragraphe premier : Les règles
A/Les associés
1-Le nombre
-Deux associés au moins et 50 maximum

33
-En cas de réunion de tous les parts entre les mains d’un seul associé,
la société se transforme en SUARL, si non tout intéressé peut
demander la dissolution de la société.
Si le nombre d’associés devient supérieur à 50, la société doit dans un
délai d’un an se transformer en une société de capitaux.
2-La capacité
Les associés n’acquièrent pas la qualité de commerçant, donc aucune
capacité n’est requise. Un incapable peut devenir un associé par
l’intermédiaire de son représentant légal.
B/Le capital et les apports
Aucun capital n’est exigé depuis la modification du code des sociétés
Commerciales en 2007. Il est divisé en parts sociales et tout type
d’apport est permis.
Les apports en numéraire doivent être libérés immédiatement et
intégralement, déposés auprès d’un établissement bancaire dont le
compte a été ouvert par un fondateur. D’après l’article 98 nouveau du
code des sociétés commerciales tel que modifié par la loi du 29 mai
2019 relative à l’amélioration du climat de l’investissement, le gérant
ne peut disposer des fonds provenant de la libération des parts sociales
qu’après l’accomplissement de toutes les formalités de constitution de
la société et son immatriculation au registre national des entreprises.
L’évaluation des apports en nature doit être faite par un commissaire
aux apports si la valeur de l’apport dépasse 3000d.
C/Le nom social
Peut être librement choisi par les associés.
-Soit une raison sociale qui contient le nom de certains.
-Soit une dénomination sociale (nom de fantaisie ou qui correspond à
l’activité de la société). Le nom est accompagné de la mention SARL.
D/Objet social
Certains objets sont interdits aux sociétés qui empruntent cette forme.
On peut citer par exemple les sociétés d’assurance, les banques.
Paragraphe deuxième : Les sanctions
L’annulation, mais elle peut être évitée grâce à la régularisation.
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La société peut être sauvée. Le tribunal peut même accorder un délai
en vue de permettre aux intéressés de couvrir la nullité.
Section deuxième : Le fonctionnement de la SARL
1-La gérance
-Le gérant doit être une personne physique. Il peut s’agir d’un gérant
unique ou de plusieurs gérants. Il peut être choisi parmi les associés
ou en dehors d’eux.
Les associés disposent d’une grande liberté dans la désignation du
gérant et de fixer la durée du mandat.
En cas de silence dans les statuts, la durée est de 3 ans renouvelables.
-La révocation suit le mode de désignation. Elle ne dépend pas de
l’existence d’un motif légitime. Mais, une majorité suffit pour fonder
la révocation.
-Le gérant de la SARL est son représentant. Il peut effectuer tous les
actes qui relèvent de l’objet social et dans l’intérêt de la société. Les
statuts peuvent limiter ses pouvoirs.
La société est engagée par tous les actes accomplis par le gérant même
ceux qui ne relèvent pas de l’objet social et qui dépassent les
limitations statutaires. Sauf si les tiers contractants soient de mauvaise
foi, c’est-à-dire, ils ont une connaissance personnelle des
dépassements des pouvoirs.
-Le gérant de la SARL peut être responsable s’il viole les statuts ou
commet une faute dans la gestion tel que le non-respect des clauses
exigeant la convocation des associés, ou s’il a méconnu une clause
limitative de pouvoirs et qui a causé un préjudice à la société.
2-Les associés
-Ils ont le choix entre la consultation ou l’assemblée.
Les décisions sociales sont prises en assemblée générale ordinaire ou
extraordinaire, par consultation écrite si le nombre des associés est
inférieur à 6 et si une clause statutaire prévoit que la consultation
écrite peut remplacer la tenue d’une assemblée générale.
-Le gérant doit convoquer l’assemblée générale à la demande d’un ou
de plusieurs associés détenant le quart du capital social.
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Si l’associé est minoritaire, il peut convoquer l’assemblée générale s’il
y a un juste motif. La convocation doit avoir lieu 20 jours avant la
réunion de l’assemblée générale.
-chaque associé dispose d’un nombre de voix égal au nombre des
parts qu’il détient dans la société.
3-L’assemblée générale ordinaire
Elle est obligatoire et ne peut être supplée par une simple consultation.
Elle est annuelle et a pour objet principal l’approbation des états
financiers et de statuer sur les résultats de l’exercice.
Les décisions sont prises à la majorité des voix des associés.
L’assemblée générale ordinaire ne peut prendre que des décisions
ordinaires, c’est-à-dire qui n’entrainent pas modification des statuts.
4-L’assemblée générale extraordinaire
Elle est compétente pour prendre des décisions :
-Entrainant une modification des statuts
-Concernant les modifications apportées au capital social
-Contenant transfert du siège social
-contenant transformation de la société.
5-Le contrôle de gestion
Fait par les associés qui possèdent d’un droit à l’information (poser
des questions écrites).
6-Le commissaire aux comptes
Les statuts peuvent prévoir la désignation d’un ou de plusieurs
commissaires aux comptes.
7-Le régime des parts sociales
-Ils sont librement cessibles entre les associés, car cette cession ne
perturbe en rien l’organisation de la société. Les statuts peuvent
prévoir une clause limitative de cette liberté de cession.
-La cession à un tiers est possibles mais avec des formalités bien
déterminées (écrit, notification..).
Le régime des parts de la SARL se rapproche des sociétés de
personnes ou celles-ci sont incessibles sauf unanimité ou clause
statutaire contraire.
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Section troisième : la dissolution de la SARL
-La SARL n’est pas dissoute par le décès, l’incapacité ou la faillite.
-La SARL peut être dissoute si le nombre des associés devient
supérieur à 50 et que la situation n’a pas été régularisée dans le délai
d’un an.
Par conséquent, la transformation de la société est destinée à éviter la
dissolution.
-La SARL peut être dissoute en cas de réunion de tous les parts entre
les mains d’un seul associé et que la situation n’a pas été régularisée
(transformation en SUARL).
Chapitre deuxième : La société unipersonnelle à
responsabilité limitée
Section première : la constitution de la SUARL
Par exception à la règle selon laquelle le contrat de société est un acte
conclu entre deux personnes au moins. Le code des sociétés
commerciales admet la possibilité de constituer une SARL avec une
seule personne. Elle s’appelle SUARL.
C’est une société commerciale par la forme, constituée par un associé
unique qu’il soit une personne physique ou une personne morale.
Il est difficile de parler de l’affectio societatis puisqu’il s’agit d’un
seul associé. Cependant, ce dernier doit veiller au respect de l’objet
social et éviter toute confusion entre ses biens personnels et le
patrimoine social : ce sont là les signes de l’affectio societatis.
Section deuxième : Le fonctionnement de la SUARL
Cet associé unique ne peut déléguer la gestion de la société qu’à un
seul mandataire. Il n’est responsable qu’à concurrence du montant de
ses apports.
Il n’est pas prisonnier de ses parts. Il peut procéder à leurs cessions.
Lorsque la cession est faite à plusieurs associés, elle doit se
transformer en SARL.
Section troisième : la dissolution de la SUARL
-Elle est dissoute par l’incapacité ou la faillite de l’associé unique.

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-Son décès ne conduit pas automatiquement à la dissolution de la
société surtout si le défunt laisse un héritier unique.
-En cas de pluralité d’héritiers, la transformation de la société vers une
SARL est un moyen pour assurer la continuité de la société.

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Titre III : Les sociétés par actions
La société anonyme
C’est une société commerciale par la forme, composée par sept
actionnaires au moins qui ne sont responsables qu’à concurrence de
leurs apports (160 du C.S.C). La considération de la personne n’est
pas importante. Les actions qui correspondent aux parts sociales dans
les sociétés de personnes sont librement négociables et les divers
événements qui affectent la capacité ou la vie des actionnaires ne
mettent pas fin à la société.
Elle est dite anonyme parceque la dénomination sociale ne permet pas
de révéler les noms des actionnaires.
Les sociétés anonymes présentent des avantages indéniables pour
l’économie en ce qu’elles permettent de réaliser de très grandes
concentrations des capitaux, chose que des individus isolés peuvent
faire. C’est pour cette raison que le législateur impose cette forme
pour l’exercice d’activités nécessitant une forte mobilisation de
capitaux, comme les activités de crédit, d’assurance, de recouvrement
de créance, d’investissement, d’enseignement supérieur privé.
La société mère et la société Holding dans un groupe de sociétés ont
obligatoirement la forme de société anonyme.
Section première : La constitution de la société anonyme
Paragraphe premier : les conditions du fond
1-Le nombre d’actionnaires
La société anonyme est constituée par sept actionnaires au moins qui
n’ont pas la qualité de commerçant. Un incapable peut être actionnaire
dans une société anonyme.
2-Le capital social
Constitué d’apports en numéraire et d’apports en nature.
Pas d’apports en industrie dans la société anonyme (article 166 d
C.S.C). Le capital social minimum est de 5000 d pour les sociétés
anonymes ne faisant pas appel public à l’épargne et 50000 d pour les
sociétés anonymes faisant appel public à l’épargne.

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Le capital social est divisé en actions d’une valeur nominale d’un
dinar chacune.
Le montant du capital social doit être indiqué avec la dénomination et
la forme sociale.
3-La capacité
L’article 11 du C.S.C prévoit que les personnes qui n’ont pas la
capacité requise pour l’exercice du commerce peuvent être des
actionnaires dans une société anonyme. Par conséquent un mineur
peut faire un apport à une société anonyme et devenir un actionnaire à
condition qu’il soit représenté par son tuteur.
4-La dénomination sociale
La société anonyme est désignée par une dénomination sociale
précédée ou suivie de la forme et du montant du capital. Cette
dénomination doit être différente de toute société préexistante (nom de
fantaisie).
Paragraphe deuxième : les conditions de forme
Une distinction s’impose entre les SAFAPE (ce sont des sociétés qui
émettent des valeurs mobilières en appelant le public à l’épargne
comme les banques, les assurances, toutes sociétés dont le nombre
d’actionnaires est supérieur à100… et soumise au conseil du marché
financier) et les SA ne faisant pas APE.
A/ Les SA FAPE
Le code des sociétés commerciales détermine avec précision dans les
articles de 163 à 176 les étapes à suivre :
I- La première étape :
*Etablissement et signature d’un projet de statut par les fondateurs. Ce
projet sera déposé au greffe du tribunal du siège social pour permettre
aux tiers de consulter le projet.
A partir de la date de ce dépôt commence à courir un délai de six mois
pour la constitution définitive de la société.
*Une publication préliminaire par deux moyens :

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1-Une notice signée par les fondateurs à publier dans le J.O.R.T et
dans deux journaux quotidiens dont l’un est en langue arabe pour
donner au public des indications à caractère juridique sur la société.
2-Un prospectus exigé par la loi de 1994 portant réorganisation du
marché financier dont le but est d’informer les tiers sur la situation
financière de la société, les titres émis…
Le prospectus doit être publié et soumis personnes dont on sollicite la
souscription.
3-Demander au président du tribunal de première instance de désigner
un ou plusieurs commissaires aux apports. Ce sont des experts
judiciaires. Leur rapport sera mis à la disposition des souscripteurs 15
jours avant la tenue d’une assemblée générale constitutive qui va
statuer sur l’évaluation de l’apport en nature et donner son
approbation, si non la société ne peut se constituer légalement.
Le commissaire aux apports ne doit pas être dans une situation
d’incompatibilité (absence de rapports familiaux).
II- La deuxième étape :
1-La souscription du capital
C’est l’engagement de devenir un actionnaire en effectuant un apport.
Le capital doit être intégralement souscrit, à défaut, la société n’est pas
constituée.
La souscription est obligatoirement constatée par un bulletin de
souscription signé par le souscripteur ou son mandataire.
2-La libération des actions
*l’apport en numéraire : La libération du ¼ au moins, les 3/4, le
reliquat intervient dans un délai de 5ans. Il faut préciser la liste des
souscripteurs et le montant des sommes versées par chacun qui seront
déposés dans un établissement bancaire au compte de la société en
formation.
*L’apport en nature : Libération intégrale
3-Constatation des souscriptions et des versements par une
déclaration des fondateurs
III- La troisième étape :
41
-Elle vérifie la souscription intégrale du capital social
-Se prononce sur l’approbation des statuts.
-Nommer les administrateurs et les commissaires aux comptes
-Nommer les membres du conseil de surveillance dans le cas de la
société anonyme avec directoire et conseil de surveillance.
-Se prononce sur la reprise par la société des engagements
antérieurement pris par les fondateurs.
-Statue sur l’évaluation des apports en nature (ne peut réduire
l’évaluation faite par le commissaire aux apports qu’à l’unanimité des
souscripteurs).
IV-La quatrième étape :
-Dépôt des statuts au tribunal du siège social
-Immatriculation au registre de commerce
-Publicité au J.O.R.T dans le mois à partir de la constitution définitive
ou de la délibération de l’assemblée générale constitutive (Article 15
du C.S.C).
A/ Les SA ne Faisant pas APE
Certaines mentions ne sont pas exigées lorsque la société ne fait pas
APE.
-Il n’y a pas lieu de dépôt d’un projet de statut au greffe du tribunal
-Il n’y a pas lieu à publication au J.O.R.T de la notice, ni à publication
d’un prospectus.
Elimination donc des formalités qui ont pour fonction d’informer les
tiers et de porter à la connaissance du public l’intention de créer une
société dont le capital est ouvert au public et de solliciter la
participation de ce public à ce capital.
Ce sont les bulletins de souscription qui contiendront toutes les
mentions obligatoires prévues à l’article 167 du C.S.C, et c’est
l’assemblée générale constitutive qui va délibérer sur la constitution.
L’article 182 du C.S.C cite les causes de nullité de la société anonyme
ne faisant pas APE.
-Non-respect des conditions de fond relatives au nombre des
actionnaires et à la dénomination sociale
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-Non souscription intégrale du capital social ou non libération de la
part exigible
-Non dépôt des fonds dans un compte bancaire.
Section deuxième : Le fonctionnement de la société
anonyme
Paragraphe premier - L'administration et la direction de la SA
Deux organes président aux destinées d’une société anonyme de type
classique : Le conseil d’administration et la direction générale (le
président directeur général ou le directeur général).
I - le modèle classique : un Conseil d’administration et une
direction générale
A- Le conseil d'administration
1-Composition:
C’est un organe collégial c’est-à-dire les administrateurs n’ont pas un
pouvoir propre qu’ils exercent à titre individuel. Il est composé de 3
membres au moins et de 12 membres au plus. L’administrateur peut
être une personne physique ou morale, peut être actionnaire ou tiers,
peut être choisi parmi les salariés avec deux conditions:
- ancienneté de 5 ans
- avoir un emploi effectif.
L’administrateur doit avoir la capacité d'exercice et ne doit pas être
dans une situation
*d'incompatibilité (certaines professions sont incompatibles avec
l'exercice du commerce exemple: avocat, fonctionnaire public sauf
autorisation).
*de déchéance (faillis non réhabilités)
* d'interdiction (condamnation définitive pour crime ou délit portant
atteinte à l'ordre public ou aux bonnes mœurs).
Le conseil d’administration est présidé par le Président du conseil qui
est un administrateur personne physique. Sa voix est prépondérante.

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2-Organe de nomination et révocation:
C’est l'assemblée générale des actionnaires qui nomme et révoque les
administrateurs. Mais à titre exceptionnel, il y a la possibilité de la
cooptation, c’est-à-dire la nomination provisoire par le Conseil
d’administration sous réserve d'une ratification par la prochaine
assemblée générale ordinaire. La cooptation n’est possible que si le
nombre de postes vacants réduit le nombre d'administrateurs restants
au-dessous de la limite légale ou statutaire.
3-Mandat et rémunération:
-La durée des fonctions d’administrateur est déterminée à 3 ans
renouvelables. Les fonctions d’administrateur prennent fin par
l’arrivée du terme ou la survenance d’un événement personnel
l’empêchant d’exercer ses fonctions, également par la dissolution de la
société ou sa transformation.
-En contrepartie de leur activité, l’assemblée générale peut allouer aux
membres du conseil d’administration une somme fixée annuellement à
titre de jetons de présence d’en fixer le montant annuel. Les jetons de
présence sont la contrepartie des activités accomplies. Une certaine
équivalence doit donc s’établir entre le montant des jetons de présence
et les activités.
En outre, le conseil d’administration peut allouer des rémunérations
exceptionnelles pour les missions ou mandats confiés à ses membres
ou autres missions supplémentaires.
4- Pouvoirs du Conseil d’administration:
Il a un pouvoir général de gestion de la SA et des pouvoirs spéciaux
tels que :
-Nommer et révoquer le président du conseil, du directeur général,
directeur général adjoint.
- La cooptation
-Convoquer les assemblées générales ordinaires et les assemblées
générales extraordinaires
-Autoriser certaines conventions réglementées (conventions conclues
entre la société et ses dirigeants). En effet, et selon l’article 200 du
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code des sociétés commerciales tel que modifié par la loi du 29 mai
2019 relative à l’organisation du climat de l’investissement, sont
soumise à l’autorisation préalable du conseil d’administration à la
lumière d’un rapport spécial du ou des commissaires aux comptes
indiquant les impacts financiers et économiques des opérations
présentées sur la société.
5-Fonctionnement du Conseil d’administration:
Le Conseil d’administration ne délibère valablement que si la moitié
de ses membres sont présents. C’est une règle d’ordre public et les
statuts ne peuvent fixer un quorum supérieur ou inférieur. Les
décisions sont prises à la majorité.
6-Responsabilité
* Responsabilité civile fondée sur une faute préjudiciable à la société
ou aux actionnaires ou aux tiers. L’article 207 du code des sociétés
commerciales distingue entre deux sortes de faute. Soit un
manquement aux règles régissant les sociétés commerciales, soit une
faute de gestion. L’appréciation de la faute se fait en se plaçant au
moment de l’action pour déterminer les risques de la décision de
gestion prise.
Et en cas d'une faillite de la société qui est due à une faute de gestion,
il y a une possibilité d'être condamné au comblement du passif social.
Cette action au comblement du passif s’exerce par le syndic de la
faillite, l’administrateur judiciaire ou les créanciers sociaux.
*responsabilité pénale en cas de commissions d’infractions tels que la
répartition des dividendes fictifs, l’abus des biens sociaux, la
publication d'un faux bilan et autres actes délictueux énumérés dans
l’article 223 du code des sociétés commerciales.
B- La direction générale
En principe, la direction générale des SA est assumée par le président
du conseil d’administration. Ce dernier cumule alors deux fonctions.
Cependant les statuts peuvent prévoir leur scission. Dans ce cas, la
direction générale est confiée à un directeur général. Néanmoins et
selon l’article 215 nouveau du code des sociétés commerciales tel que
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modifié par la loi du 29 mai 2019 relative à l’amélioration du climat
de l’investissement, la dissociation entre les dites fonctions est
obligatoire pour les sociétés cotées en bourse. Le directeur général est
une personne physique, il est choisi parmi les administrateurs ou en
dehors d'eux. Il peut être choisi parmi les actionnaires ou en dehors
d'eux.
 Le président directeur général qui cumule deux fonctions
puisqu’il est le président du conseil d’administration et le directeur
général doit être une personne physique, administrateur et actionnaire.
Le président du conseil d’administration et le directeur général est
désigné et révoqué par le conseil d’administration et a la qualité de
commerçant. S'il est choisi parmi les salariés, son contrat de travail
sera suspendu durant son mandat. Il peut être assisté par un Directeur
Général Adjoint.
Que ce soit dans le cas de cumul ou de scission, la direction générale
de la société confère une double fonction de gestion interne et de
représentation externe de la société à l’égard des tiers.
Il engage la SA même par les actes qui dépassent l'objet social à
condition que le tiers soit de bonne foi (ignorance du dépassement
commis par le PDG ou le DG).
II- le modèle moderne: Un directoire et un conseil de surveillance
A- Le directoire
1-Composition:
En principe c'est un organe collégial composé de 2 membres au moins,
5 au plus. Mais il y a la possibilité d'un directoire avec un directeur
unique (lorsque le capital social est inférieur à 100.000D).
Les membres du directoire sont nommés par le Conseil de
Surveillance.
Sauf stipulation contraire des statuts, les membres du directoire sont
nommés pour une durée n’excédant pas 6 ans renouvelable. Ils sont
révoqués par l'assemblée générale. Donc on remarque que l’organe de
nomination n’est pas l’organe de révocation.

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Les membres du directoire sont des personnes physiques qui peuvent
être actionnaires ou des tiers. Ils peuvent être choisis parmi les salariés
(même conditions d'incompatibilité, d'interdiction et de déchéance que
les membres du Conseil d’administration). Ils ne peuvent pas être des
membres du Conseil de Surveillance.
2-pouvoirs du directoire:
Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. En effet, il est investi de:
- La direction générale de la société
-L’établissement des comptes annuels et du rapport de gestion soumis
au Conseil de surveillance ainsi que les rapports trimestriels et les
rapports externes.
Le directoire délibère et prend ses décisions dans les conditions fixées
par les statuts.
3- Responsabilité du directoire
Les membres du directoire sont soumis au même régime de
responsabilité que les administrateurs dans le Conseil
d’administration.
B- Le conseil de surveillance
1-Composition:
C’est un organe collégial dont l’organisation est similaire à celle du
Conseil d’administration: 3 membres au moins et 12 au plus désignés
(Durée de mandat: de 2 à 6 ans) et révoqués par l'assemblée générale
des actionnaires. Il y a la possibilité de cooptation de la même
manière que dans le cadre du conseil d’administration.
Les membres du Conseil de surveillance sont des personnes physiques
ou des Personnes morales nécessairement actionnaires (et
propriétaires d'un nombre déterminé d'actions fixé par les
statuts).
Ils ne doivent pas être membres du directoire et ne peuvent pas
être des salariés dans la société (même conditions d'incompatibilité,
d'interdiction et de déchéance que les membres du Conseil
d’administration).
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2-Fonctionnement
(Les mêmes conditions de quorum et de majorité que le Conseil
d’administration).
3-Pouvoirs:
-exerce un contrôle permanent sur la gestion de la société par le
directoire.
-Il a des attributions spéciales (nomination des membres du directoire
ainsi que leurs rémunérations, autorisation de certaines conventions
réglementées conclues entre la société et ses dirigeants).
4-Responsabilité
La responsabilité civile peut être engagée en cas de négligence dans
la surveillance. Le conseil de surveillance n’assume aucune
responsabilité pour les fautes de gestion commises par le directoire
sauf s'il s'est immiscé dans la gestion de la société.
III- Les assemblées générales des actionnaires
Selon l’article 276 nouveau du code des sociétés commerciales tel que
modifié par la loi du 29 mai 2019 relative à l’amélioration du climat
de l’investissement, l’assemblée générale est convoquée par un avis
publié au journal officiel de la république tunisienne et le journal
officiel du centre national du registre des entreprises dans le délai de
vingt et un jours au moins avant la date fixée pour la réunion. L’avis
indiquera la date et le lieu de la tenue de la réunion, ainsi que l’ordre
du jour.
Le code des sociétés commerciales distingue entre trois catégories
d’assemblées générales : L’assemblée générale constitutive,
l’assemblée générale ordinaire et l’assemblée générale extraordinaire.
A-L ‘organe de convocation:
L’assemblée générale est en principe convoquée par le conseil
d’administration ou le directoire, le commissaire aux comptes, le
liquidateur, les actionnaires détenant la majorité du capital social (en
cas d'urgence).
Tous les actionnaires ont le droit d'être convoqués pour délibérer en
assemblée générale.
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Pour les Assemblées Générales Ordinaires, les statuts peuvent limiter
le droit d'accès aux actionnaires détenant un nombre minimum
d'actions à condition que le nombre d'actions exigées ne dépasse pas
les 10 actions.
B- L’Assemblée Générale Constitutive
Elle doit être tenue au plus tard 6 mois après la date de dépôt du projet
des statuts au greffe du tribunal
1-Compétence:
-L'approbation des statuts
-La vérification de la souscription intégrale du capital social
-Désigner les premiers administrateurs ou les premiers membres du
conseil de surveillance
-Désigner le commissaire aux comptes
-Se prononcer sur la reprise des engagements accomplis par les
fondateurs en nom de la société en formation.
2-Quorum et majorité:
L'AGC ne délibère valablement que si les souscripteurs présents ou
représentés détiennent au moins la moitié des actions ayant droit au
vote sur une première convocation et sur 2ème convocation le tiers.
Les décisions sont prises à la majorité de deux tiers des voix des
souscripteurs présents ou représentés ayant droit au vote.
C- L'Assemblée Générale Ordinaire
-Elle est annuelle obligatoire
-Possibilité d'autres AGO convoqués en cas d'urgence (exemple pour
combler les postes vacants lorsque le Conseil d’administration ou le
Conseil de surveillance ne peut pas exercer la cooptation).
1-Compétence:
- Désigner et révoquer les membres du Conseil d’administration, du
Conseil de surveillance, du commissaire aux comptes.
-La révocation des membres du directoire
-Déterminer les rémunérations des membres du Conseil
d’administration et du Conseil de surveillance
-L'approbation des conventions réglementés
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-La ratification des cooptations
-Statuer sur le rapport de gestion
-Autoriser les actions en responsabilité contre les dirigeants.
2-Quorum et majorité:
L'AGO ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou
représentés détiennent au moins le tiers des actions ayant droit au
vote. Si ce quorum n'est pas atteint, une seconde convocation est faite,
là aucun quorum n'est requis. Les décisions sont prises à la majorité
des voix des actionnaires présents ou représentés.
D- L'Assemblée générale extraordinaire
1-Compétence:
l’AGE a une compétence exclusive pour toute modification des
statuts.
2-Quorum et majorité
L'AGC ne délibère valablement que si les actionnaires présents ou
représentés détiennent au moins la moitié des actions ayant droit au
vote sur une première convocation et sur 2ème convocation le tiers.
Mais pour augmenter les engagements des actionnaires, l'unanimité
est requise.
En cas de non-respect à la loi ou aux statuts, on parle d’abus de
majorité ou d’abus de minorité et il peut y avoir une action en nullité.
IV- Le commissaire aux comptes
- Un ou plusieurs, personne physique ou morale choisi parmi les
techniciens en comptabilité ou parmi les experts comptables inscrits
sur le tableau de l'ordre des experts comptables de Tunisie (SA de
taille importante dont le total de produit hors taxe atteint 2 millions D
ou si le total du bilan atteint un million cinq cent mille dinars ou
lorsque le nombre d'employés minimal est de 30).
-Il est désigné par l'AGC ou l'AGO pour une durée de 3 ans
renouvelable.
-Il ne doit pas être dans une situation d'incompatibilité
- Sa mission générale est de contrôler la régularité des comptes

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-Il a également des missions spéciales (mission d'alerte en cas de péril
menaçant la continuité de la société).
-Il a des obligations:
(Obligation de confidentialité, obligation de révéler les faits
délictueux détectés et obligation de ne pas s'immiscer dans la gestion
de la société).
Section troisième : La dissolution de la société anonyme
-L’article 387 du code des sociétés commerciales prévoit la
dissolution anticipée de la société en cas de décision prise par
l’assemblée générale extraordinaire. Donc c’est la volonté des
actionnaires qui peut mettre fin à la société.
-La SA peut être dissoute en cas de réduction du nombre des
actionnaires à moins de sept
-L’article 388 du CSC règlement la dissolution à cause de la perte du
capital social et la réduction des fonds propres en deçà de la moitié du
capital.

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