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Enseignant chargé du cours : COULIBALY P.

Mathieu

CHAPITRE I : NOTION DE DROIT ET SOURCES

SECTION 1 : NOTION DE DROIT.


La notion de Droit désigne tantôt, l'ensemble des règles juridiques régissant la vie en
société et dont le respect est garanti par la puissance publique: c’est le Droit objectif.
Tantôt, cette notion désigne, des prérogatives reconnues à une personne, des privilèges
dont elle est titulaire, dont elle est le sujet: on parle alors des droits subjectifs.

PARAGRAPHE I : LE DROIT OBJECTIF


La règle de droit ou droit objectif défini plus haut existe à côté d’autres règles sociales. Il
convient de restituer ses caractères propres, ses ramifications et ses sources.
A .Les caractères du droit objectif

La règle de droit a un caractère général et abstrait, un caractère obligatoire, un caractère


coercitif, un caractère permanent et un caractère Etatique.
1. Le caractère général et impersonnel et abstrait

Selon ce caractère, la règle juridique s’applique de la même façon à tous les individus, ce qui
permet d’assurer l’égalité entre les citoyens. Cela explique qu'elle soit toujours formulée de
manière générale et impersonnelle. On rencontre souvent les formules : "Quiconque..." ;
"Toute personne...". La règle concerne chacun et ne vise personne en particulier.
Cela ne signifie pas pour autant que toutes les règles de droit ont vocation à régir toutes les
personnes. Parfois la règle de droit s'applique à un groupe de personnes : les salariés, les
employeurs, les médecins, les consommateurs, les propriétaires, les
conducteurs d'automobiles, les époux.
Le caractère général et abstrait n’exclut pas aussi que le droit lui-même impose des
discriminations. Ainsi, la loi peut privilégier un usager de l’administration publique à cause de
sa part contributive.
2. Le caractère obligatoire

Le caractère obligatoire du droit signifie que la règle de droit s’impose à tous. En effet, sans
ce caractère, les règles de droit risqueraient de n’être pas respectées. La règle de droit est un
commandement. Elle doit être respectée pour pouvoir jouer son rôle d'organisation de la
société.
3. Le caractère coercitif
La règle de droit a un caractère coercitif car toute règle de droit comporte une sanction
juridique qui est prononcée par les tribunaux et cours et mise en œuvre par la force
publique (la gendarmerie, la police). La sanction juridique peut être civile ou pénale
ou les deux à la fois:
 La sanction civile: Ce sont le versement de dommages et intérêts (somme d’argent
versé à la victime d’un préjudice) et la nullité de l’acte accompli (c’est-à-dire la disparition
rétroactive de l’acte juridique qui ne remplit pas les conditions requises pour sa
formation).

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 La sanction pénale: Ce sont la peine d’emprisonnement (c’est le châtiment corporel


contre le délinquant pénalement responsable) et la peine d’amende (peine pécuniaire
infligée au délinquant).

4. Le caractère permanent
Cela signifie que la règle de droit existe et s’applique tant qu’elle n’a pas été abolie, abrogée
par l’autorité qui l’a édictée, faite.
Aussi, le non usage, la non-application, en fait, de la règle de droit c’est-à-dire la désuétude
n’est pas une cause d’abrogation de la loi.
Les différents caractères suscités permettent de faire la différence entre la règle de droit et
les autres règles sociales. L’on opposera au fur et à mesure le droit aux différentes règles de
vie que sont la morale, la religion, la justice et l’équité.
5. Le caractère Etatique
Cela voudrait dire, que globalement seul l'Etat a le pouvoir de créer la règle de droit, et par
conséquent, lui seul a le monopole d'en sanctionner la violation.
Remarque: Tous ces caractères distinguent la règle de droit (en tant que règle juridique) des
autres règles de conduite, des autres règles sociales, que sont les obligations morales,
les préceptes religieux, les règles de bienséance, dont la sanction est intérieure et
aboutit à un perfectionnement individuel. Par contre la sanction de la règle de droit
est extérieure, étatique et aboutit à un bon ordre social, ordre public.

B. Les grandes divisions du droit


Deux distinctions combinées forment le cadre le plus général: celle du droit international et
du droit national, celle du droit public et du privé.
1. Droit international et droit national ou interne
Ils procèdent de la division du monde en Etats. Le droit national ou interne est ainsi appelé
parce que c’est le droit en vigueur dans un Etat déterminé, ayant des sources, des organes
et des sanctions propres à cet Etat, réglementant les rapports sociaux qui se produisent à
l’intérieur de cet Etat, sans qu’un élément relevant d’un autre Etat intervienne dans ces
relations.
Mais il y a aussi les relations sociales internationales soit entre les Etats, soit entre les
individus : elles font l’objet du droit international. On distingue le droit international public
du droit international privé.
a. Le droit international public
Ce sont les règles définissant les rapports entre les Etats, le fonctionnement des institutions
internationales, les relations des Etats avec ces institutions.
b. Le droit international privé
Ce sont les règles définissant les relations des personnes privées impliquées dans des
relations juridiques internationales.
Droit public et droit privé
De façon classique, le droit interne se divise en deux branches, le droit public et le droit
privé; chacun comportant ses matières propres.

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2. Droit public et droit privé


a. Le droit public et ses divisions
Le droit public comprend l’ensemble des règles qui, dans un Etat donné, ont pour objet
l’organisation même de cet Etat et des collectivités publiques et qui gouvernent leurs
rapports avec les particuliers. Le droit public se subdivise en plusieurs branches:
 Le droit constitutionnel : C’est l’ensemble des règles relatives à l’organisation
et au fonctionnement des institutions politiques de l’Etat.
 Le droit administratif: C’est l’ensemble des règles précisant l’organisation et le
fonctionnement des administrations et leurs relations avec les particuliers.
 Le droit financier: régit les ressources et les dépenses de l'Etat et des
personnes morales publiques. Il comprend le Droit budgétaire (qui fixe les règles
générales de gestion des finances publiques) et le Droit fiscal (qui étudie les diverses
taxes et contributions, réglemente leur mode de perception et fixe les prérogatives de
l'administration des impôts).
b. Le droit privé et ses divisions
Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des particuliers entre
eux ou avec les collectivités privées, telles que les sociétés, les associations. Ce droit
comprend principalement le droit civil et le droit commercial:
 Le droit civil: C’est l’ensemble des règles relatives aux rapports de droit privé
c’est-à-dire des droits que les particuliers peuvent exercer dans leurs rapports entre
eux et des obligations réciproques pesant sur eux.
Le droit civil est le droit commun, c’est-à-dire qu’il a vocation à s’appliquer à tous les rapports
de droit privé sauf si un droit spécial a été édicté pour une matière déterminée. C’est du
droit civil que partent toutes les autres branches du droit.
 Le droit commercial: C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux
actes de commerce, aux commerçants ainsi que les opérations qu’ils effectuent dans
l’exercice de leur activité professionnelle.
c. Les disciplines mixtes
La distinction du droit privé et du droit public n'est pas une division absolue du droit. Il existe
des règles de droit qui réalisent une combinaison de règles relevant du droit public et du
droit privé. Ce sont :
 Le droit pénal ou droit criminel: Il a pour principal objet de définir les
comportements constitutifs d'infractions, et de fixer les sanctions applicables à leurs
auteurs.
Le droit pénal a un lien étroit avec le droit public puisque les infractions sont définies en
considération de l'intérêt général et c'est la puissance publique qui assure l'exécution de la
sanction. Il faut également noter que le droit pénal sauvegarde des intérêts privés. Il protège
les individus dans leur vie, leur honneur, leur propriété... et en ce sens, peut être considéré
comme la sanction ultime du droit privé.
 Le droit processuel : il regroupe la procédure civile, dite aussi le droit
judiciaire privé et la procédure pénale. Ces branches du droit ont pour objet
l'organisation et le fonctionnement des organes de justice civile, pénale et
administrative ;

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 Le droit social : il regroupe le droit du travail et le droit de la sécurité sociale.


Le droit du travail recouvre l'ensemble des règles qui définissent la condition des
travailleurs salariés. Il régit la prestation de travail; sa rémunération, la représentation
collective des salariés, le droit de grève, les pouvoirs de l'employeur, le licenciement
des salariés, etc. Le droit de la sécurité sociale réunit un ensemble de règles
destinées à s'appliquer principalement aux travailleurs pour les garantir contre divers
risques sociaux (la maladie, les accidents du travail, le chômage…), mais aussi pour
jouer un rôle de solidarité par l'octroi de prestations pour charge de famille.

PARAGRAPHE 2 : LES DROITS SUBJECTIFS


Ce sont les prérogatives que le doit objectif reconnaît à un individu ou sujet de droit et dont
il peut se prévaloir dans ses relations avec les autres, en invoquant s’il y a lieu, la protection
et l’aide des pouvoirs publics. On distingue les droits patrimoniaux des droits
extrapatrimoniaux.

A. Les droits patrimoniaux


Ce sont des droits évaluables en argent ; ils font partie du patrimoine d’une personne. Ce
sont des droits cessibles, transmissibles, saisissables et prescriptibles. Exemple : A la mort de
M. X, ses héritiers hériteront seulement de ses droits patrimoniaux. On distingue les droits
réels et les droits personnels.
1. Les droits réels
Ce sont les droits qu’une personne a sur une chose (res en latin). Ils se composent de droits
réels principaux et de droits réels accessoires.
a. Les droits réels principaux
a.1. Le droit de propriété
C’est le droit le plus absolu qu’une personne peut avoir sur une chose. C’est un droit complet
qui confère à son titulaire :
L’usus ou droit d’usage. C’est le droit de se servir de la chose et de choisir l’usage qu’on
entend en faire, c’est aussi le droit de ne pas s’en servir.
Le fructus : droit de jouir de la chose et d’en percevoir les fruits et les produits.
L’abusus : droit de disposer de la chose (jeter, casser, vendre, donner…).
Le propriétaire d’une chose peut donc utiliser la chose, en percevoir les revenus et en
disposer.
a.2. Les droits démembrés de la propriété
Les attributs du droit de propriété peuvent se trouver dissociés entre plusieurs titulaires. La
propriété se trouve alors démembrée. On peut relever l'existence de l'usufruit, la servitude,
l'emphytéose.
 L'usufruit et la nue-propriété : L'usufruit est un démembrement du droit de propriété
qui confère à son titulaire l'usus et le fructus sur la chose, tandis que le droit d'aliéner la
chose, l'abusus, se trouve entre les mains d'une autre personne, le nu-propriétaire.
L'usufruit est un droit nécessairement viager, c'est-à-dire qu'il s'éteint à la mort de son
titulaire et ne se transmet pas.
 Les servitudes : c’est une charge imposée à un immeuble (le fonds servant) au profit
d’un autre immeuble (le fonds dominant) appartenant à un propriétaire différent. La

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servitude consiste dans le droit du propriétaire d'un fonds de se servir de certaines


utilités du fonds voisin. Ainsi, par exemple, il existe des droits de passage, des droits de
puiser de l'eau. La servitude est attachée à un fonds, quel que soit le propriétaire. Même
en cas de ventes successives, la servitude reste attachée.
 L’emphytéose : C'est le droit qu'a le locataire sur la chose qui a été louée pour une
durée qui varie de 18 à 99 ans. L'emphytéose devrait conférer comme à tout locataire, un
droit personnel. La loi a décidé qu'il s'agissait d'un droit réel étant donné la longueur du
bail.
b. Les droits réels accessoires
Pour garantir l'exécution de sa créance, le créancier exige parfois d'avoir, en plus du droit de
gage général sur le patrimoine de son débiteur, un droit direct sur une ou plusieurs choses
appartenant à son débiteur. C'est un droit réel car il porte directement sur la chose mais il est
accessoire, parce qu'il est l'accessoire d'une créance. Ce sont des sûretés réelles, en ce
qu'elles assurent l'exécution de la créance en exerçant un pouvoir sur une chose.
Ces sûretés réelles sont l'hypothèque, qui est une sûreté qui porte sur un immeuble et le
gage, qui est une sûreté mobilière dont il existe de nombreuses variantes se distinguant
principalement par l'absence ou non de dépossession de la chose (gage avec dépossession et
gage sans dépossession). Ces droits réels accessoires donnent à leurs bénéficiaires :
 Le droit de suite : droit de suivre la chose (et non pas leur débiteur) en
quelques mains qu’elle se trouve.
 Le droit de préférence : les créanciers bénéficiant de ces droits, seront payés
avant les autres créanciers sur le prix de vente de la chose.
2. Les droits personnels ou droits de créances
Le droit de créance est le droit qui permet à une personne appelée «créancier» d’exiger
d’une autre personne, «le débiteur», l’exécution d’une prestation. Il faut noter qu’en droit,
les notions de créancier et débiteur sont plus larges que dans le langage courant où elles ne
visent généralement que des dettes en argent. Les droits de créances font naitre des
obligations de faire, de ne pas faire ou encore de donner.

B. Les droits extrapatrimoniaux


Les droits extrapatrimoniaux sont des droits qui ne sont pas directement évaluables en
argent. Ils ne peuvent, par conséquent, faire partie du patrimoine. Ils sont intransmissibles et
insaisissables. On distingue les droits publics de la personnalité ou droits de l’homme des
droits privés de la personnalité ou droits de la personnalité stricto sensu (au sens strict).
1. Les droits publics de la personnalité ou droits de l’homme
Les droits de l’homme constituent un ensemble de droits élémentaires et de libertés
fondamentales que tout individu porte en lui. Ces droits inaliénables et imprescriptibles
s’imposent à l’Etat qui se doit de les proclamer et en assurer le respect.
Exemple : droit à la vie, liberté d’aller et venir, liberté d’expression, liberté d’association etc.
2. Les droits privés de la personnalité
Ces droits interviennent essentiellement dans les rapports entre particuliers. On dénombre :
- Les droits à l’intégrité physique (principe de l’indisponibilité du corps humain,
principe de l’inviolabilité du corps humain).

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- Les droits à l’intégrité morale (respect de la vie privée, droit à l’image, droit à
l’honneur, droit à la voix, droit au nom…)
Il existe cependant des droits qui ont un caractère à la fois patrimonial et extrapatrimonial.
Ce sont des droits mixtes constitués par les droits intellectuels.

PARAGRAPHE 3 : LA PREUVE DES DROIT SUBJECTIFS

La preuve est le moyen utilisé pour établir l’existence d’un fait ou d’un droit dont on se
prévaut. La question de la preuve peut se présenter de manière non contentieuse (prouver
son identité par une fiche d’état civil) et manière contentieuse (au cours d’un procès).Le
mécanisme de la preuve soulève deux questions principales : Qui doit prouver ? (c’est la
charge de la preuve) ; Comment prouver ? (c’est le problème des différents moyens de
preuves et leur admissibilité).

A. La charge de la preuve
1. Les principes
En matière civile, deux principes sont appliqués :
La neutralité du juge : le juge est neutre et impartial. Il ne lui appartient pas d'établir par ses
propres moyens la vérité des faits allégués, mais uniquement de statuer sur les preuves qui
lui sont fournies par les parties et sur celles-là seulement. Il lui revient seulement de
déterminer quelles sont les meilleures preuves. Cependant ce principe admet des limites : le
juge refusera l'offre de preuve si le fait allégué n'est pas pertinent (pas de rapport avec le
litige), concluant (qui n’est pas de nature à entraîner la conviction du Juge) et admissible
légalement. En vue de la manifestation de la vérité, le juge peut ordonner d’office des
mesures d’instruction (enquêtes, expertise, descente sur les lieux…)
La preuve est à la charge de celui qui veut faire établir un fait ou un droit : La preuve
incombe donc au demandeur, mais si le défendeur prétend détruire la preuve rapportée par
le demandeur, il doit, à son tour, supporter la charge de la preuve de ce qu’il invoque.
L’art.1315 du code civil dispose : « Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la
prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justifier le paiement ou le fait qui a
produit l’extinction de son obligation ».
2. Exceptions : les présomptions
L’article 1349 c.civ définit les présomptions comme «des conséquences que la loi ou le
magistrat tire d’un fait connu à un fait inconnu ». Il existe des présomptions dites de fait car
non établies par la loi et des présomptions dites légales car établies par la loi. Les
présomptions légales apportent un renversement de la charge de la preuve. Le demandeur
faisant valoir une indication bénéficiant de cette présomption n’a pas à en rapporter la
preuve. Les présomptions légales sont de deux types :
- Les présomptions absolues ou irréfragables : elles n’admettent pas la preuve
contraire.
- Les présomptions simples : elles inversent la charge de la preuve ; mais la preuve
contraire est admise. Exemple : l’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari,
néanmoins, celui-ci pourra désavouer l’enfant en justice s’il justifie de faits propres à
démontrer qu’il ne peut être le père.

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B. Les différents moyens de preuve


On distingue :
La preuve écrite (ou preuve littérale) : l’écrit est soit authentique (rédigé selon les formalités
requises par un officier public : notaire, huissier etc ; l’original est appelé « minute », la copie
est appelée « expédition ») ; soit sous seing privé (sous signature privée : écrit qui est
librement rédigé par les parties), dans ce cas il doit y avoir autant d'originaux qu'il y a de
parties au contrat.
La preuve testimoniale (témoignages) : La preuve par témoins, en Droit Civil, est admise
dans trois cas :
En cas de perte par le créancier de son titre de créance en raison d'un cas de force
majeure.
En cas d'impossibilité pour le créancier de se procurer une preuve écrite lors de la
conclusion du contrat.
En cas d'existence d'un commencement de preuve par écrit (par exemple une lettre
faisant état d'une dette...). Dans ce cas, une preuve testimoniale pourra intervenir de
manière complémentaire.
Les présomptions (voir plus haut).
L'aveu : Lorsqu'il y fait devant un tribunal, il s'agit d'un aveu judiciaire et peut être admis en
tant que moyen de preuve (seulement dans ce cas).
Le serment décisoire: Le serment est la déclaration par laquelle un plaideur affirme d'une
manière solennelle et devant le juge, la réalité d'un fait qui lui est favorable. Le faux serment
est constitutif d'un délit réprimé par le code pénal.
C. La recevabilité des moyens de preuve
Ceci pose la question de savoir si en cas de litige, il est possible d'invoquer n'importer quelle
preuve. Il y a lieu de procéder à une distinction entre fait juridique et acte juridique.
Lorsque l'on est en présence d'un fait juridique, la preuve est libre.
Toutefois certains faits juridiques sont soumis à des règles de preuves spéciales telles que
naissance et décès.
Quand il y a acte juridique, la preuve n'est pas libre. Elle doit obligatoirement se faire par un
procédé de preuve parfait. En effet l'acte juridique a été voulu par les parties, dont les
parties doivent se préoccuper des moyens de preuve exigés par la loi.
La preuve des actes juridiques est régie par l'art. 1341 du Code Civil. Celui-ci prévoit qu'il faut
une preuve littérale chaque fois que l'acte juridique dépasse la somme de 500frs. Cependant,
lorsqu'un acte juridique d'une valeur supérieure à 500frs n'est pas constaté par un écrit, mais
qu'il existe un commencement de preuve écrit, il pourra être complété par n'importe quel
moyen de preuve.

SECTION 2: LES SOURCES DU DROIT


Les règles du droit positif émanent d'autorités diverses. Certaines autorités élaborent
directement les règles dont elles imposent l'observation. Ce sont des sources directes des
règles de droit. Les autres n'ont pas ce pouvoir et se bornent à interpréter ces règles. Ils se

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bornent à favoriser la compréhension et l’évolution du droit. Ce sont les sources indirectes


du droit.
PARAGRAPHE 1 : LES SOURCES DIRECTES DU DROIT
Il faut distinguer les sources nationales des sources internationales.
A. Les sources nationales
Les sources nationales sont composées de la Constitution, la loi, les règlements
1. La constitution
C’est l’ensemble des règles écrites ou coutumières qui déterminent la forme de l’Etat, la
dévolution, et l’exercice du pouvoir. La constitution ou loi fondamentale organise le
fonctionnement des institutions et la répartition des pouvoirs et affirme les grandes libertés
et les grands principes qui fondent notre système juridique. Elle apparaît comme la norme
suprême à laquelle doivent se référer toutes les autres règles juridiques. En côte d’ivoire,
depuis les indépendances, il y a trois constitutions: celle du 03 novembre 1960 et celles du
1er Août 2000 et du 8 novembre 2016 adoptées après l’organisation d’un référendum
(procédé de la démocratie semi-directe par lequel le peuple collabore à l’élaboration de la
loi, qui ne devient parfaite qu’avec son consentement).
2. La loi
L’on distingue la loi organique et la loi ordinaire qu’il convient d’étudier ici.
 La loi organique
C’est une catégorie juridique bien définie. Elle a pour objectif de fixer les modalités
d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics. C’est une loi qui réglemente les
différentes institutions et structures prévues ou qualifiées comme telles par la constitution.
De plus, il faut préciser que ce type de loi est valablement adopté au 2/3 des membres du
parlement.
 La loi ordinaire
C’est l’acte voté par le parlement selon la procédure législative et dans l’une des matières
que la constitution lui réserve expressément. C’est la source essentielle du droit. Par ailleurs,
la règle écrite votée par l’assemblée nationale pour être reçue dans l’ordre juridique obéit à
une procédure spéciale tout comme pour en sortir.
L’établissement de la loi : Plusieurs étapes sont à distinguer : Il s’agit de l’initiative de la loi
(projet ou proposition de loi), l’étude en commission spécialisée, le vote de la loi en séance
plénière, la promulgation et enfin la publication au journal officiel de la République de Côte
d’Ivoire
NB : La loi entre en vigueur trois jours francs après la publication. Passée la publication, il est
fait application de l’adage « nul n’est censé ignorer la loi ».
Avant la publication, le projet ou la proposition de loi peut être déféré(e) au conseil
constitutionnel soit par le président de l’assemblée nationale soit par 1/10 ème au moins des
députés soit enfin par les groupes parlementaires pour le contrôle de constitutionnalité de la
loi.
L’abolition de la loi : Elle survient à la suite d’une abrogation de la loi c’est-à-dire son retrait
pour l’avenir sans remettre en cause les situations antérieures à l’abolition. Ce qui fait
intervenir la notion de la non-rétroactivité de la loi (principe en vertu duquel une norme
juridique nouvelle ne peut remettre en cause les situations anciennes nées de l’application
de la règle antérieure).
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3. Les règlements administratifs


Le pouvoir règlementaire qui s’exerce par la voie des décrets est du ressort du Président de la
République selon la constitution ivoirienne. A lui, il faut adjoindre les autres autorités
administratives. Les règlements se subdivisent en deux groupes. Il y a les règlements pris
pour l’exécution des lois et les règlements autonomes qui s’exercent à titre propre.
Les décrets
C’est une décision exécutoire à portée générale ou individuelle signée par le Président de
République en Côte d’Ivoire. On distingue les décrets d’application (règlement établis pour
préciser les conditions de mise en œuvre d’une loi) et les décrets autonomes (décrets pris en
dehors du domaine de la loi).
Les ordonnances
Les ordonnances sont des mesures qui sont normalement du domaine de la loi que le
gouvernement peut prendre, après autorisation du parlement, pour une application rapide
de sa politique. L’autorisation de l’Assemblée Nationale est contenue dans une loi qu’on
appelle loi d’habilitation.
Les arrêtés
Ce sont des décisions exécutoires à portée générale ou individuelle émanant d’un ministre
(arrêté ministériel) ou de plusieurs ministres (arrêté interministériel) ou d’autres autorités
administratives (arrêté préfectoral, arrêté municipal...).
Les circulaires
Ce sont des instructions de service écrites adressées par une autorité supérieure à des
agents subordonnés en vertu de son pouvoir hiérarchique.

B. Les sources internationales


Ces sources sont composées des traités internationaux et le droit communautaires.
Les traités
Les traités sont des accords conclus entre deux ou plusieurs pays dans des domaines très
variés (commerce, industrie, droits de l’homme …). Ils peuvent prendre différentes formes
telles que traités bilatéraux, multilatéraux, traités d’organisation de la vie économique.
Exemple : L’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Les traités ratifiés ont une autorité
supérieure à celle des lois. Lorsqu’ils comportent des clauses contraires à la constitution,
l’autorisation de ratification ne peut intervenir qu’après la révision de la constitution. Enfin,
dès sa publication, les traités régulièrement ratifiés ont une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, de leur application par l’autre partie.
Les sources communautaires
Il s’agit des droits communautaires UEMOA et OHADA.
Le droit communautaire UEMOA
En vue d’une intégration économique, huit (8) pays de l’Afrique occidentale pour la plupart
francophones (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Mali, Niger, Sénégal et le
Togo) ont créé par un Traité en date du 10 janvier 1994 à Dakar l’UEMOA (Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine).

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Ce droit communautaire est applicable dans les Etats membres de l’Union dans les domaines
régis par ce droit. Exemple : Règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de
paiement dans les Etats membres de l’UEMOA.
Le droit OHADA
L’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) est créée par
le Traité de Port Louis du 17 octobre 1993 et regroupe actuellement dix-sept(17) Etats
africains : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d’Ivoire,
Gabon, Guinée (Conakry), Guinée (Bissau), Guinée équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad,
Togo très récemment la République Démocratique du Congo (RDC).
L’OHADA s’est fixée un but spécifique tenant à la réalisation de l’intégration juridique en
Afrique : il s’agit de doter les Etats parties d’un droit des affaires simple, moderne et adapté.
Elle a déjà permis l’adoption de neuf (9) actes uniformes qui couvrent une bonne partie du
droit des affaires et qui doivent s’appliquer de manière uniforme dans les Etats parties grâce
aux juridictions internes et à celle de la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) qui
est une juridiction supranationale.
 Les institutions de l’OHADA
Depuis la révision du traité au Québec en octobre 2008, l’Organisation comprend cinq
institutions à savoir :
La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement (organe suprême, compétente pour
toutes questions relatives au traité OHADA)
Le Conseil des Ministres (organe législatif),
Le Secrétariat Permanent (l’exécutif), le siège est à Yaoundé (Cameroun)
L’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (chargée d’assurer la formation et le
perfectionnement des magistrats, des auxiliaires de justice et de tous autres juristes des
Etats membres en droit OHADA et en droit des affaires d’une façon générale) à Porto-Novo
(Bénin) ;
La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (organe judiciaire), le siège à Abidjan (Côte
d’Ivoire).

PARAGRAPHE 2 : LES SOURCES INDIRECTES DU DROIT


Par sources indirectes du droit, l’on vise la coutume, la jurisprudence et la doctrine.
A. La coutume
L’expression coutume désigne l’ensemble des règles qui se dégagent des faits et des
pratiques dans un milieu social en dehors de toute intervention du législateur. La coutume
est donc une règle de droit non écrite qui comprend deux éléments:
 Un élément matériel: C’est une pratique, un usage prolongé et répété. D’où
l’adage « une fois n’est pas coutume ».
 Un élément psychologique: C’est la croyance au caractère obligatoire de ce
comportement. C’est la conviction que la pratique doit être suivie.
En fin de compte, l’on soutient que la coutume joue un rôle secondaire en ceci qu’elle n’est
admise que si et seulement si elle complète ou comble une lacune de la loi. Par contre, il
n’est pas possible qu’une coutume aille à l’encontre de la loi ou l’abroge.
Remarque: II faut noter que l’on parle généralement de la coutume ou des usages souvent
en droit international public, en droit commercial, en droit social.
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B. La jurisprudence
On appelle jurisprudence l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une certaine
période soit dans une matière, soit dans une branche du droit, soit dans l’ensemble du droit.
Rappelons que le rôle du juge consiste essentiellement en l’application de la loi. Mais dans
l’hypothèse où la loi est obscure, incomplète ou muette que va faire le juge?
Puisque la loi fait obligation au juge de se prononcer dans chaque litige qui lui est soumis
sous peine d’être poursuivi pour déni de justice (c’est un délit pénal qui consiste à manquer à
son devoir de dire le droit par le juge), ce dernier va se référer aux décisions rendues
antérieurement dans des cas identiques. En le faisant, on dit que le juge fait œuvre de
jurisprudence.
En définitive, la jurisprudence est citée comme une source du droit car de manière indirecte,
le juge contribue à la création du droit grâce à son pouvoir d’interprétation, d’adaptation et
de suppléance de la loi.
C. La doctrine
Traditionnellement, on entend par doctrine les opinions émises sur le droit par des
personnes qui ont pour fonction de l’étudier (Professeurs, magistrats, avocats...).
C’est aussi les opinions communément professées par ceux qui enseignent le droit, ou même
ceux qui, sans enseigner, écrivent sur le droit. La doctrine contribue, en outre, puissamment
à la formation du droit dans la mesure où, par ses réflexions et ses constructions, elle dégage
des principes consacrés par le législateur.

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CHAPITRE II: L’ORGANISATION JUDICIAIRE IVOIRIENNE

SECTION 1 : LES PRINCIPES DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE ET LES PRINCIPALES


JURIDICTIONS
Avant de voir comment sont organisées les juridictions en Côte d’Ivoire, il convient d’indiquer
les principes fondamentaux de l’organisation judiciaire.

PARAGRAPHE 1 : LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ORGANISATION JUDICIAIRE


L’organisation judiciaire Ivoirienne repose sur un certain nombre de principes. Il s’agit du
principe de l’unité juridictionnelle, de la collégialité et du double degré de juridiction.
A. Le principe de l’unité juridictionnelle
Celui-ci signifie qu’en Côte d’Ivoire les mêmes magistrats sont compétents pour connaître
de toutes les affaires soit civil, commercial, administratif ou fiscal et doivent appliquer
l’ensemble du droit. Ainsi, tant au 1er degré qu’au 2èmedegré, les mêmes magistrats
connaissent de toutes les affaires. Ils sont donc juges de droit commun.
B. Le principe de la collégialité
Selon ce principe, les jugements des tribunaux de première instance sont rendus par des
magistrats délibérant en nombre impair d’au moins trois (03) juges. De même, les
sections détachées siègeront de façon collégiale en matière délictuelle ; lorsque
l’intérêt du litige excède 50.000.000 FCFA et aussi, en cas d’infraction contre la sûreté
de l’Etat.
C. Le principe du double degré de juridiction
C’est le double examen successif d’un litige par les juridictions. Il s’agit des juridictions de 1er
degré (Tribunaux de Première Instance et leurs sections détachées) et de la juridiction de 2nd
degré (Cours d’Appel). En d’autres termes, ce principe signifie qu’une décision rendue par un
premier juge (premier degré) peut être contestée devant un autre juge (au second degré) qui
juge l’affaire à nouveau en fait et en droit.
Cependant, il faut préciser que les jugements rendus par le tribunal de police dans certains
cas (compétent pour les contraventions)

D. Le principe de l’indépendance
L’article 139 de la Constitution ivoirienne érige l’Institution judiciaire en pouvoir indépendant
des autres pouvoirs que sont l’exécutif et le législatif. Le président de la République est le
garant de l’indépendance de la magistrature. Il préside le Conseil Supérieur de la
Magistrature. Les magistrats ne sont soumis, dans l’exercice de leurs fonctions, qu’à l’autorité
de la loi. Ils sont inamovibles (ils ne peuvent être mutés sans leur accord).

PARAGRAPHE 2 : LES PRINCIPALES JURIDICTIONS


Les juridictions ont pour mission de rendre la justice sur toute l’étendue du territoire
national, au nom du peuple ivoirien. L’autorité judiciaire se compose aux termes de la
Constitution ivoirienne de juridictions suprêmes (Cour suprême, Cour des Comptes et
Conseil Constitutionnel) et de juridictions ordinaires comprenant les Cours d’Appel et les
Tribunaux. Toutefois, en attendant l’adoption des lois organiques relatives à la mise en place
effective de l’ensemble des juridictions suprêmes, l’autorité judiciaire s’articule autour des
juridictions suivantes :
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A. Les juridictions inférieures


Les juridictions inférieures sont constituées par les juridictions du premier degré et du
second degré.
1. Les juridictions du premier degré
Ce sont celles qui connaissent en premier lieu des litiges. Il s’agit des tribunaux de première
Instance et des sections détachées.
Les tribunaux de première instance et les sections détachées
Il y en a 9, répartis entre les plus grandes villes : Abidjan-Plateau, Abidjan-Yopougon, Bouaké,
Daloa, Man, Korhogo, Abengourou, Bouaflé et Gagnoa. Les sections détachées sont
rattachées à des tribunaux de première instance.
Toutefois, ces juridictions sont autonomes et ne se chevauchent pas en matière civile,
administrative et pénale. Ces juridictions sont indépendantes et équivalentes sur le plan de la
compétence d’attribution. Elles ont le même pouvoir de juger aux termes de l’article 5 du
code de procédure civile, commerciale et administrative. Ainsi, on ne fait pas appel des
décisions des sections de tribunaux devant les tribunaux de première instance.
Les tribunaux de première instance statuent en formation collégiale. En ce qui concerne les
sections détachées, elles continuent en principe de siéger avec un seul juge. Toutefois, elles
doivent siéger en formation collégiale de trois (3) magistrats au moins dans les cas suivants :
- En matière civile et administrative lorsque l’intérêt du litige dépasse 50 millions de
FCFA ;
- En matière délictuelle et obligatoirement en présence du Ministère public (parquet) :
 Lorsque l’intérêt du litige excède 50 millions de FCFA
 Lorsqu’il s’agit d’infractions contre la sûreté de l’Etat, la défense nationale, la
sécurité publique ainsi que celle passible de l’emprisonnement à perpétuité.

Le Tribunal de Commerce
Le tribunal du commerce est une juridiction autonome de premier degré. Les litiges attribués
au Tribunal de Commerce sont :
Les contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants ;
Les contestations entre associés d’une société commerciale ou d’un groupement d’intérêt
économique ;
Les procédures collectives d’apurement du passif ;
Les contestations entre toutes personnes relatives aux actes de commerce au sens de l’Acte
Uniforme relatif au Droit Commercial Général (dans les actes mixtes, la partie non
commerçante demanderesse peut saisir les tribunaux de première instance).
Les contestations relatives aux actes de commerce accomplis par les commerçants à
l’occasion de leur commerce et l’ensemble de leurs contestations commerciales comportant
même un objet civil ;
Les litiges attribués par les lois spéciales aux tribunaux de commerce.
Le Tribunal de Commerce gère aussi le Registre de Commerce et de Crédit Mobilier (RCCM).
Le Tribunal du Commerce est composé de juges professionnels (magistrats de carrière) et
juges consulaires (opérateurs économiques choisis sur une liste d’aptitude établie par la
Chambre de Commerce et d’Industrie).

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Il convient de noter que le Tribunal de Commerce est une innovation dans l’organisation
judiciaire ivoirienne et que seul le Tribunal de Commerce d’Abidjan est créé par le décret N°
2012-628 du 6 juillet 2012 portant création du Tribunal de Commerce d’Abidjan et fixant son
ressort territorial.
a. Les formations spéciales du tribunal de première instance
 Le tribunal du travail
Le tribunal du travail siège en formation collégiale. Son président est, en principe le président
du TPI ou de la section détachée de la localité concernée, sauf s’il désigne un magistrat à cet
effet. Les autres membres de ce collège de juges sont les deux (2) assesseurs représentant
respectivement les employeurs et les travailleurs. Il faut relever que, pour chaque affaire, le
Président désigne autant que possible les assesseurs employeurs et travailleurs appartenant
à la catégorie professionnelle intéressée.
Sur le plan compétence, suivant l’article 81.8 du code du travail : « les tribunaux du travail
connaissent des différends individuels pouvant s’élever à l’occasion du contrat de travail ou
d’apprentissage, y compris les accidents du travail et les maladies professionnelles entre
employeurs ou apprentis et leurs employeurs ou maitres ».Ces tribunaux sont également
compétents pour se prononcer sur tous les différends individuels relatifs à la validité et
l’exécution des conventions collectives et règlements en tenant lieu. Leur compétence
s’étend aussi aux litiges entre employeurs ou apprentis à l’occasion des contrats de travail ou
d’apprentissage.
b. Les juridictions répressives
 Le tribunal criminel
Le tribunal criminel est la juridiction investie de la compétence de juger les individus
poursuivis pour infractions qualifiées crimes. (Ex: Assassinat). Il est composé du président du
tribunal et de quatre assesseurs. Les sessions se tiennent, tous les trois mois au siège de
chaque tribunal de première instance en ce qui concerne le jugement des affaires instruites
dans le ressort de ce tribunal.
 Le tribunal correctionnel
Le tribunal correctionnel est compétent pour connaitre des délits. Il connait également des
crimes dont il est saisi par la Chambre d’accusation. Cette possibilité n’est envisageable que si
la Chambre d’accusation estime qu’il y a lieu de ne prononcer qu’une peine correctionnelle,
en raison des circonstances. Le prévenu est alors renvoyé devant le tribunal correctionnel,
qui ne peut décliner sa compétence.
 Le tribunal de simple police
Le tribunal de simple police connait des contraventions. Sont des contraventions, les
infractions que la loi punit d’une peine de un jour au moins à deux mois au plus
d’emprisonnement, et d’une peine d’amende inférieure ou égale à 360 000 FCFA ou l’une de
ces deux peines seulement.

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2. Les juridictions de second degré


Au niveau du second degré, il y a essentiellement les Cours d’appel. Les cours d’appel
connaissent des recours exercés contre les décisions rendues par les tribunaux de première
instance et leurs sections détachées. Il existe trois cours d’appel : Abidjan, Bouaké et Daloa.
Ces juridictions sont constituées de chambres sociales, correctionnelles et civiles,
commerciales et administratives. Elles regroupent les magistrats du siège que sont le premier
Président, les Présidents de chambres et les conseillers, ainsi que les magistrats du ministère
public ou parquet général, comprenant le procureur général, les avocats généraux et les
substituts du procureur général.

B. Les juridictions supérieures


Au niveau supérieur, nous avons la Cour Suprême, le Conseil Constitutionnel et la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage qui devenue depuis l’avènement du droit OHADA une
juridiction suprême dans les Etats membres de l’organisation.
1. La Cour suprême
Elle a son siège à Abidjan et connait des recours en cassation exercés contre les arrêts rendus
par les cours d’Appels, ou contre les jugements en dernier ressort par les tribunaux de
première instance ou leurs sections. Elle n’est cependant pas un nouveau degré de juridiction
car elle ne juge pas l’affaire à nouveau. Elle ne fait que vérifier l’application de la loi par la
juridiction qui a statué et dont la décision lui est déférée.
2. Le Conseil Constitutionnel
Composée de personnalités connues pour leur compétence en matière juridique ou
administrative et désignées par le Président de la République, cette juridiction est juge de la
constitutionnalité des lois et est l’organe régulateur du fonctionnement des pouvoirs publics.
Il contrôle la régularité des opérations de référendum et en proclame les résultats. Il statue
sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielle et législative, sur les contestations
relatives à ces élections et proclame les résultats définitifs des élections présidentielles.
3. La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA)
La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA est la juridiction de cassation des
Etats membres, dès lors qu’il s’agit d’un litige soulevant des questions relatives à l’application
des Actes uniformes. Elle assure l’unité d’interprétation et d’application des Actes uniformes.
La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage a son siège à Abidjan.

4. La Haute Cour de Justice


Cette juridiction non permanente connaît des actes accomplis par le Président de République
en cas de haute trahison et des faits qualifiés crimes ou délits commis par le vice-Président
de la République et les membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions. Cette
cour est composée de membres élus en leur sein en nombre égal par l’assemblée national et
le sénat, dès la première session de la législature.
Elle est présidée par le Président de la cour suprême.

SECTION 2: LES PRINCIPES DE LA PROCEDURE CIVILE ET LE PERSONNEL JUDICIAIRE


PARAGRAPHE 1 : LES PRINCIPES DE LA PROCEDURE CIVILE
Il s’agit des règles de compétence, déroulement du procès et les voies de recours.

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A. Les règles de compétence


La compétence est l’étendue du pouvoir de juger qui appartient à chaque juridiction. En face
d’un litige déterminé, quelle est la juridiction compétente? Il y a donc lieu de rechercher la
compétence d’attribution et la compétence territoriale pour saisir la juridiction qu’il faut
pour trancher le litige.

1. La compétence d’attribution
La compétence d’attribution, c’est la compétence d’une juridiction en fonction de la nature
des affaires, parfois aussi de leur importance pécuniaire. Ainsi, les TPI et leurs sections
détachées, connaissent de toutes affaires civiles, commerciales, administratives et fiscales
pour lesquelles compétence n’est pas attribuée expressément à une autre juridiction en
raison de la nature de l’affaire.
Ces juridictions statuent en toute matière en 1er ressort sur toutes les demandes dont
l’intérêt du litige est supérieur à 500.000 FCFA ou est indéterminé, ainsi que sur celles
relatives à l’état des personnes, celles mettant en cause une personne publique et celles
statuant sur la compétence. Par contre quand l’intérêt du litige est inférieur à 500.000 FCFA,
ils statuent en premier et dernier ressort.
2. La compétence territoriale
La compétence territoriale précise quelle est la juridiction, parmi l’ensemble des juridictions
réparties sur le territoire, qui devra connaître de l’affaire. En matière civile, le tribunal
territorialement compétent est en principe celui du domicile du défendeur et, en l’absence
de domicile, celui de sa résidence. Mais ce principe admet des limites :
- Si le défendeur est Ivoirien établi à l’étranger ou est un étranger n’ayant en
Côte d’ivoire ni domicile ni résidence connue, le tribunal compétent est celui du
domicile du demandeur.
- En ce qui concerne les immeubles, le tribunal compétent est celui du lieu de
situation de l’immeuble litigieux.
- Pour les litiges qui naissent d’un contrat ou d’un accident, le tribunal
compétent est celui du lieu du contrat, de l’accident ;
- En matière commerciale, le tribunal compétent est soit celui du domicile du
défendeur, soit celui où la promesse a été faite et la marchandise a été livrée, soit
celui dans le ressort duquel le paiement a été ou devait être effectué.
- En matière fiscale, celui du lieu de l’établissement de l’impôt.
B. Le déroulement du procès
Ici, il sera étudié, l’action en justice, les modes de saisine du tribunal et l’audience et le
jugement.

1. L’action en justice
L’action en justice est le pouvoir légal de saisir les juridictions. Toute personne physique ou
morale peut agir devant les juridictions en vue d’obtenir la reconnaissance, la protection ou
la sanction de son droit. Toutefois, l’action en justice n’est recevable que si le demandeur:
- Justifie d’un intérêt légitime juridiquement protégé, direct et personnel (c’est
à-dire fondé sur un droit et seul l’individu dont les intérêts sont en cause peut agir);

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- A la qualité pour agir en justice (c’est-à-dire le titre juridique qui permet à une
personne d’invoquer en justice le droit dont elle demande la sanction);
- Possède la capacité pour agir en justice (c’est-à-dire être capable
juridiquement).
NB : En principe, une action en justice suppose un demandeur qui est celui qui prend
l’initiative du procès et un défendeur qui est la personne contre laquelle le procès est
engagé. Quand l’action est portée devant la Cour d’appel, il s’agit de l’appelant et de l’intimé.
Si c’est devant la Cour suprême, ce sont le demandeur au pourvoi et le défendeur au
pourvoi.

2. Les modes de saisine de la juridiction


Pour qu’il y ait procès, il faut une demande introductive d’instance qui est l’acte par lequel
une personne exerçant une action en justice prend l’initiative de saisir une juridiction. Il y a
trois modes d’introduction de la demande en justice. Ce sont:
 L’assignation: C’est l’acte d’huissier de justice adressé par le demandeur au
défendeur pour l’inviter à comparaître devant une juridiction de l’ordre judiciaire.
 La requête: C’est une demande orale ou écrite présentée au greffe de la
juridiction compétente pour connaître de l’affaire par le demandeur en personne ou
par son représentant ou mandataire.
 La comparution volontaire: C’est lorsque les parties se présentent
volontairement devant la juridiction compétente pour être jugées.
3. L’audience et la décision de la juridiction
Lorsque l’instance est introduite, l’affaire est inscrite au répertoire général c’est-à-dire sur un
registre où sont inscrites chronologiquement toutes les affaires portées devant cette
juridiction. On dit que l’affaire est enrôlée. Le demandeur devra en même temps consigner
une somme d’argent au greffe de la juridiction pour garantir le paiement des frais. Un dossier
est alors ouvert.
Le jour de l’audience, les parties en conflit sont admises à plaider soit par elles-mêmes ou
par l’intermédiaire de leurs avocats. Si la juridiction s’estime suffisamment éclairée, le
président clos les débats et l’affaire est mise en délibéré. Il lui appartient désormais de
rendre sa décision en indiquant les raisons qui l’ont déterminé.
La décision rendue peut prendre plusieurs dénominations en fonction du degré de
juridiction. Ainsi, si la décision vient des TPI et leurs sections détachées, on parle de
jugement, si elle émane des Cours d’appel et de la Cour suprême, elle est dite arrêt.
C. Les voies de recours
Il faut distinguer les voies de recours ordinaires et les voies de recours extraordinaires.

1. Les voies de recours ordinaires


a. L’opposition
C’est la voie de recours par laquelle une partie condamnée par défaut sollicite de la
juridiction qui a statué, la rétractation, après débats contradictoire, de la décision rendue. Le
délai est 15 jours à compter de la signification de la décision.

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b. L’appel
C’est la voie de recours par laquelle une partie sollicite de la cour d’appel la reformation de la
décision rendue par la juridiction de première instance. L’appel s’applique à toutes les
décisions rendues en premier ressort, contradictoirement ou par défaut. Le délai pour
interjeter appel est d’un (1) mois à partir de la signification de la décision.
L’appel a un effet suspensif, c’est-à-dire qu’il suspend l’exécution de la décision pour laquelle
on interjette appel, sauf dans le cas d’une exécution provisoire.
Il a aussi un effet dévolutif : la juridiction saisie statuera en fait et en droit.
2. Les voies de recours extraordinaires
a. L’interprétation et la rectification
La décision dont les termes sont obscurs ou ambigus peut être interprétée par le juge qui l’a
rendue, à condition qu’elle présente un intérêt pour la partie qui l’a sollicitée et qu’il ne soit
porté atteinte à l’autorité de la chose jugée.
Quant à la rectification, elle concerne les décisions contenant des fautes d’orthographe,
omissions ou erreurs matérielles.
b. La tierce opposition
C’est une voie de recours par laquelle une personne autre que les parties engagées dans
l’instance, peut attaquer une décision qui lui cause préjudice et demander à la juridiction qui
l’a rendue d’en supprimer les effets en ce qui la concerne personnellement.
c. La demande en révision
C’est la voie de recours ouverte aux parties contre les décisions rendues en dernier ressort,
non susceptibles d’opposition, dans le but de les faire rétracter par les juges qui les ont
rendues.
Cette demande n’est possible que dans des cas limitativement énumérés par la loi
(manœuvres mensongères ou dissimulations frauduleuses pratiquées sciemment...).Le délai
est 2 mois à compter de la découverte du dol, ou du jour où le faux a été déclaré, ou du jour
où la pièce a été recouvrée.
d. Le pourvoi en cassation
C’est le recours contre une décision en dernier ressort porté devant la Cour suprême et
fondé sur la violation de la loi. Le délai pour saisir la Cour suprême est de 1 mois à compter
de la décision.
Peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation, les décisions juridictionnelles de dernier
ressort. Cela veut dire que de façon générale, ce sont les décisions des cours d’appel qui sont
concernées, mais qu’exceptionnellement les décisions de premier degré de juridiction
(tribunal statuant en premier et dernier ressort sur les demandes dont l’intérêt du litige
n’excède pas 500 000frs). C’est l’exception du principe du double degré de juridiction qui
s'exprime à travers l'appel (interjeter appel), c'est-à-dire qu'une juridiction du 2 ème degré va
reprendre l'affaire dans toutes ses dimensions.

PARAGRAPHE 2 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE


Ce sont les magistrats et les auxiliaires de justice qui seront étudiés ici.
A. Les magistrats
Ce sont les représentants de l’autorité publique auxquels la loi confère le pouvoir de rendre
la justice ou de requérir l’application de la loi. On distingue deux catégories de magistrats.

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 Les magistrats du « siège » ou les juges: Ils rendent la justice en tranchant les litiges
portés devant eux par les citoyens ou en punissant de peines d’amende ou
d’emprisonnement les individus traduits devant eux pour avoir enfreint la loi. Ils rendent
la justice «assis ». d’où le nom de magistrature «assise ».
 Les magistrats du « Ministère public» ou le parquet: Ceux-ci forment ce qu’on
appelle la magistrature «débout» parce qu’ils requièrent la justice débout, c’est-à-dire
qu’ils se lèvent pour s’adresser au tribunal. Ce sont des agents du pouvoir exécutif et, en
tant que tels, subordonnés à leurs supérieurs hiérarchiques dont le premier est le garde
des sceaux.
Remarques: Les magistrats du «siège» sont inamovibles c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être
destitués, suspendus, ou déplacés que dans les conditions prévues par la loi; ils n’ont pas
d’ordre à recevoir du gouvernement.
Les magistrats du parquet font partie du corps judiciaire mais ne jouissent pas de la
prérogative de l’inamovibilité. Ce sont des agents du pouvoir central qui doivent se plier aux
injonctions de leurs supérieurs hiérarchiques, à peine de sanctions disciplinaires.

B. Les auxiliaires de justice


Ce sont:
 Le greffier: C’est un fonctionnaire chargé de donner l’authenticité aux actes du
juge. Ses fonctions principales sont entre autre l’assistance au juge dans tous les actes
de son ministère, la conservation des minutes des jugements et des procès-verbaux
et la délivrance des expéditions aux justiciables, la détention de certains registres
 L’avocat: C’est un juriste assermenté qui fait profession d’aider de ses conseils
les justiciables et de plaider pour eux devant les tribunaux et cours ainsi que devant
les organisations juridictionnelles ou disciplinaires.
 L’huissier de justice: C’est un officier ministériel qui est chargé des
significations, de dresser procès-verbal des constatations qu’il a faites et de
l’exécution forcée des décisions de justice.
 Le commissaire-priseur: C’est un officier ministériel chargé, dans son ressort,
de procéder à la vente publique de meubles.
 Le notaire: C’est un officier ministériel chargé de conférer l’authenticité aux
actes instrumentaires (actes juridiques, contrats) et de conseiller les particuliers.
 L’expert: C’est une personne ressource à laquelle le juge a recours à titre
d’information. Il est dressé chaque année une liste d’experts par la cour d’appel pris
dans diverses spécialités (agriculture, mécanique, traduction des diverses langues,
chirurgie...).

CHAPITRE III: LA PERSONNALITE JURIDIQUE


La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et à assumer les obligations
que le droit objectif reconnait à chacun. Il existe deux catégories de personnes dotées de
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cette personnalité juridique : les personnes physiques et les personnes morales. Les animaux
étant traités comme des choses, ne possèdent pas de personnalité.

SECTION 1: LES PERSONNES PHYSIQUES


PARAGRAPHE 1 : L’EXISTENCE DE LA PERSONNE PHYSIQUE
L’attribution de la personnalité juridique aux êtres humains pose la question du point de
départ et de la fin de cette personnalité.
A. Le début de la personnalité juridique
La personnalité juridique est acquise dès la naissance de l’être humain, Cependant, dans
certains cas particuliers, elle remonte à la conception.
1. L’acquisition de principe de la personnalité juridique
C’est à la naissance que l’être est doté de la personnalité juridique Aussi pour avoir la
personnalité juridique, il faut naître vivant. Le mort-né, c’est-à-dire celui qui était déjà mort
dans le sein de sa mère ou qui est mort pendant l’accouchement n’a jamais vécu d’une vie
propre, n’a pas la personnalité et il est censé ne l’avoir jamais eue.
Il ne suffit d’ailleurs pas que l’homme naisse vivant, II n’a de personnalité qu’à condition de
naître viable c’est-à-dire avec tous les organes nécessaires et suffisamment constitués pour
vivre.
2. L’acquisition exceptionnelle de la personnalité juridique
La personnalité juridique peut aussi commencer avec la conception de l’homme. C’est la
règle « infans conceptus ».Cette règle signifie que l’enfant simplement conçu sera considéré
comme déjà né chaque fois qu’il y va de son intérêt.
Elle permet de corriger l’exclusion de l’enfant simplement conçu de la succession à travers
l’art. 7 de la loi n° 64-380 du 7 octobre 1964 relative aux donations entre vifs et aux
testaments qui stipule que : « Pour être capable de recevoir entre vifs, il suffit d'être conçu au
moment de la donation. Pour être capable de recevoir par testament, il suffit d'être conçu à
l'époque du décès du testateur. Néanmoins, la donation ou le testament n'auront leur effet
qu'autant que l'enfant sera né viable. »
Cet adage permet aussi de conclure un contrat d’assurance sur la vie au profit d’un enfant à
naître. Ainsi, l’enfant s’il acquiert de la sorte des droits et non des obligations aura la
personnalité juridique à condition de naître vivant et viable.
La conception est présumée avoir eu lieu à un moment quelconque de la période qui s’étend
du trois centième (300ème) jour aux cent quatre-vingtième jours (180ème), inclusivement, avant
la date de la naissance suivant ce qui est demandé dans l’intérêt de l’enfant.
B. La fin de la personnalité juridique
Elle est marquée par la mort de la personne physique. Toutefois, il y a des cas de
prolongement fictif de la personnalité juridique même après la mort.
1. La fin de la personnalité juridique par le constat de la mort physique
Il s’agit de la mort biologique de l’individu. Elle peut se définir comme l’arrêt complet et irréversible
des fonctions vitales de l’homme. Ainsi, est considéré comme mort un homme qui ne respire plus et
dont le sang est arrêté, ne circule plus. La mort doit être constatée et portée à la connaissance de
l’officier de l’état civil qui dressera un acte de décès.

2. La survie de la personnalité juridique après la mort physique


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On la retrouve dans deux hypothèses que sont :


 Le testament: C’est un acte juridique unilatéral par lequel une personne, le testateur,
exprime ses dernières volontés et dispose de ses biens pour le temps qui suit sa mort.
En respectant, la volonté du défunt, on fait survivre sa personnalité juridique.
 Les décorations à titre posthume : Ce sont des insignes ou honneurs conférés au
défunt.
Il y a aussi survivance de la personne notamment dans le principe du respect dû au cadavre
qui se manifeste dans la loi pénale qui sanctionne les atteintes à la mémoire du défunt et la
profanation des tombeaux et sépultures. (Art. 198 code pénal).Par ce mécanisme, on
prolonge la personnalité juridique du défunt après sa mort.
C. Les doutes sur l’existence de la personne physique : l’absence et la
disparition
La fin de la personnalité juridique peut intervenir aussi dans les hypothèses où il existe une
incertitude sur la vie ou la mort de l’individu. C’est les situations d’absence et de disparition
dans les hypothèses de vraisemblance de mort.
1. L’absence
Dans le langage usuel, l’absence est le fait de ne pas être présent en un lieu dans lequel on
devrait normalement se trouver à un moment donné. Ainsi, on dit d’une personne qu’elle est
absente quand elle est sortie de chez elle ou qu’elle n’est pas présente au cours. Il s’agit en
réalité de la non-présence.
En matière juridique, l’absence est la situation d’une personne qui a cessé de paraître au lieu
de son domicile ou de sa résidence sans que l’on ait eu de ses nouvelles et que l’on ignore s’il
est encore en vie ou déjà mort.
Ex: Un frère parti étudier en Belgique depuis 10 à 15 sans qu’on ait des nouvelles de lui.
 Le régime juridique de l’absence
L’absence met en péril de nombreux intérêts : les intérêts du conjoint de l’absent, les intérêts
des enfants et ceux des tiers. Quel est le sort du mariage de l’absent ? Quelle est la situation
juridique de ses enfants ? Qui va gérer les biens de l’absent ? Ces questions nous amènent à
envisager, d’une part, les effets de l’absence quant aux personnes et d’autre part, les effets
de l’absence quant aux biens.
 Les effets de l’absence quant aux personnes
Les effets de l’absence sur le mariage : l’absence ne constitue pas en principe une cause de
dissolution du mariage. Si l’absent est marié, son mariage subsistera, sauf à obtenir un
jugement déclaratif de décès après au moins 10 ans d’absence.
Les effets de l’absence sur la situation juridique des enfants : Les enfants qui viendront à
naître pendant l’absence seront considérés comme des enfants légitimes de l’absent. C’est
pourquoi, s’il revient 300 jours après son départ, il pourra intenter une action en désaveu de
paternité.
 Les effets de l’absence quant aux biens :
Concernant les biens laissés par l’absent, il faut distinguer trois périodes : la période de la
présomption d’absence, l’envoi en possession provisoire et l’envoi en possession définitive.

1ère période: La période de la présomption d’absence

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Elle va durer 10 ans si l’absent a laissé un mandataire et 4 ans s’il est parti sans laisser un
mandataire. Quoiqu’il en soit au cours de cette période, la loi organise uniquement des
mesures d’administration provisoire. La seule chose que peuvent faire les héritiers
présomptifs, c’est de demander au tribunal de désigner un administrateur provisoire.
2ème période : La déclaration d’absence avec l’envoi en possession provisoire
Cette période s’ouvre 4 ans après les dernières nouvelles reçues de l’absent (qui n’a pas laissé
un mandataire) ou 10 ans après (quand il avait laissé un mandataire). Elle commence avec la
déclaration d’absence. Les héritiers peuvent demander au tribunal de rendre un jugement
déclaratif d’absence qui a pour conséquence l’envoi en possession provisoire.
Il s’agit de procéder à une répartition provisoire des biens appartenant à l’absent. Toutefois,
chaque héritier présomptif ne sera qu’un dépositaire. Cela veut dire qu’il ne pourra pas les
vendre ni les modifier; il n’a que l’administration et la jouissance des biens pour lesquels il a
été envoyé en possession provisoire. En cas de retour de l’absent dans cette période comme
dans la première, il reprend ses biens dans l’état dans lequel il les a laissés.
3ème période : La période de l’envoi en possession définitive
Elle intervient judiciairement soit après trente (30) ans de l’envoi en possession provisoire,
soit 100 ans après la naissance de l’absent. Cette étape de la procédure consolide les droits
des personnes intéressées et permet de partager définitivement les biens de l’absent.
L’absence prend fin lorsque le décès de l’absent est prouvé. Par contre, si l’absent réapparait,
il recouvrera ses biens dans l’état où ils se trouvent.

2. La disparition
C’est la situation d’une personne qui a disparu dans des circonstances de nature à mettre sa
vie en danger sans que son corps n’ait été retrouvé. Elle se distingue de l’absence par ses
éléments caractéristiques et par son régime juridique proche de celui d’une personne
décédée.
Ex: Edgard part en croisière. Le bateau a bord duquel il était fait naufrage et l’on n’a pas
retrouvé son corps.
Ici aussi, le droit s’intéresse à la procédure de déclaration de décès et au retour éventuel du
disparu.
a. La procédure de déclaration du décès
C’est une procédure judiciaire c’est-à-dire devant le tribunal. Le procureur de la République
ou toutes personnes intéressées (le conjoint, les héritiers, les créanciers…) pourront
demander au tribunal de déclarer judiciairement le décès du disparu. Il sera alors rendu un
jugement déclaratif de décès.
b. Le retour du disparu
Si le disparu revient, le jugement déclaratif de décès est annulé. Ainsi, la personnalité
juridique du disparu sera rétablie. Dès lors la loi précise qu’il pourra reprendre ses biens mais
dans l’état où ils se trouvent. Si la liquidation des biens a eu lieu, elle est maintenue. Par
l’effet de l’annulation, le régime matrimonial auquel le jugement déclaratif avait mis fin
reprend son cours.

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PARAGRAPHE 2 : L’IDENTIFICATION DE LA PERSONNE PHYSIQUE


L’identification des personnes physiques s’opère principalement par quatre moyens que sont
le nom, le domicile, les actes de l’état civil et la nationalité.
A. Le nom
Le nom est l’appellation ou le vocable qui sert à désigner une personne physique dans la vie
sociale. Cette appellation se décompose en plusieurs éléments que sont le nom
patronymique et les accessoires du nom.
1. Le nom patronymique
Le nom patronymique d’un individu est celui de la famille à laquelle il est rattaché. C’est donc
un rapport de famille. C’est pourquoi, on parle invariablement de nom de famille. Le nom
présente trois intérêts qui sont:
- Un intérêt Etatique: c’est une institution de police civile, c’est-à-dire une
institution purement administrative;
- Un intérêt familial: c’est la propriété d’une famille, c’est-à-dire qu’il unit les
membres de la famille;
- Un intérêt individuel: c’est une partie essentielle de la personne, de l’individu.
En effet, celui-ci peut changer de personnalité ou d’état s’il change de nom.
De tout ce qui précède, il ressort que le nom est un droit lié à la personne et qui est en tant
que tel protégé. Aussi peut-on s’opposer à son usurpation, à son emploi à titre littéraire,
artistique ou commercial.

a. Les modes d’acquisition du nom patronymique:


 L’attribution du nom par la filiation
L’enfant légitime, c’est-à-dire né dans les liens du mariage porte le nom du père. La loi
permet aussi au père de l’enfant légitime de faire ajouter le nom de jeune fille de la mère,
son épouse, à son patronyme attribué à l’enfant.
Mais dans cette hypothèse, l’enfant légitime portera un nom patronyme double : le nom de
son père auquel on ajoute le nom de jeune fille de sa mère. Cependant, il ne peut y avoir
adjonction d’un nom à un nom patronymique double et réciproquement (art. 10 de la loi sur
le nom) ;
L’enfant naturel, c’est l’enfant né hors mariage, il porte le nom du parent à l’égard duquel la
filiation a été établie en premier. Si la filiation est établie à l’égard des deux parents, on peut
ajouter le nom de la mère à celui du père. L’enfant portera un nom patronymique double.
Toutefois, il faut rappeler qu’on ne peut ajouter à un nom patronymique double un nom et
réciproquement (art. 10 de la loi sur le nom) ;

L’enfant né de l’adultère du père porte en principe le nom de son père si celui- ci a informé
son épouse du projet de reconnaissance.
Le nom de l’enfant né de l’adultère de la mère est, sauf jugement de désaveu, celui du mari
de sa mère.
L’attribution du nom par une autorité administrative, Le nom patronymique de l’enfant
trouvé est attribué à l’enfant par l’officier de l’état civil à qui la naissance ou la découverte de
l’enfant a été déclarée.

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b. Changement de nom
Le changement de nom est en principe interdit à cause du principe de l’immutabilité du nom.
Mais ce principe connaît des dérogations.
- Le changement de nom par voie de conséquence: il y a changement de nom parce
qu’il y a changement d’état civil qui peut résulter soit de l’adoption, soit du mariage.
En réalité, l’épouse ne perd pas son nom originaire, elle dispose simplement, par le
mariage de l’usage du nom du mari.
- Le changement de nom à titre principal. II est admis dans des cas limités. Ce sont le
changement de nom par substitution de nom de l’un des ascendants au sien propre
et le changement de nom par relèvement du nom de son ascendant par adjonction
au sien propre.

c. La protection du nom
Les situations dans lesquelles la protection du nom est demandée en justice apparaissent
dans deux hypothèses :
L’usurpation de nom : C’est le fait pour quelqu’un de porter le nom d’autrui. L’action en
usurpation du nom revient à tous les membres de la famille quand bien même ceux-ci ne
porteraient pas ce patronyme.
L’utilisation abusive du nom : Dans ce cadre, quelqu’un va user du nom d’autrui sans vouloir
se l’attribuer. Par exemple, on va utiliser le nom d’autrui dans un contexte commercial, pour
désigner des marchandises, ou dans la création littéraire, pour désigner un personnage
imaginaire.
2. Les accessoires du nom
Il s’agit en principal du ou des prénoms et des autres accessoires du nom.
Le ou les prénoms: C’est un accessoire du nom qui le suit et qui sert à différencier chacun
des membres d’une même famille. Il est nécessaire et obligatoire. Aussi, la loi offre aux
géniteurs le droit de choisir librement le prénom mais ceux-ci doivent se limiter au
calendrier, aux usages et à la tradition. Le prénom est immuable. Mais, la loi autorise le
changement de prénom si celui que l’on porte est banal, répandu ou ridicule. En outre, les
adoptants peuvent demander la modification du prénom de l’adopté. Enfin, le prénom est
protégé lorsqu’il est associé à un patronyme.
Les autres accessoires: on a le surnom (c’est une appellation que l’entourage donne à une
personne de manière constante et publique. Il n’est pas choisi mais imposé par son milieu. Il
n’a aucune valeur juridique) et le pseudonyme (c’est un nom volontaire choisi par une
personne pour exercer, sous un masque, une activité professionnelle, généralement littéraire
ou artistique. Le pseudonyme est protégé contre les usurpateurs mais ne saurait remplacer le
nom).
B. Le domicile
C’est le lieu du principal établissement. C’est en quelque sorte le centre des intérêts de la
personne. Le domicile traduit le rattachement des personnes à un certain lieu géographique.
Il est le lieu où la personne est considérée comme située légalement.
1. Les fonctions du domicile
Le domicile a une double fonction. Il permet de situer l’individu à l’intérieur d’une
circonscription territoriale. Aussi, est-il pris en compte pour déterminer la compétence
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territoriale des tribunaux (pour saisir la justice) et pour connaître le lieu de célébration et
d’accomplissement de certains actes juridiques (la célébration du mariage, la demande
d’adoption).
Ensuite, il est le lieu présomptif de la présence permanente de la personne c’est-à-dire le lieu
où l’on est sensé trouver la personne. Par conséquent, il permet la signification des actes de
procédure et l’exécution des obligations.
2. La détermination du domicile
On a le domicile volontaire et le domicile légal.
Le domicile volontaire : C’est celui qui est librement fixé par l’individu.
Le domicile légal: C’est le domicile que la loi attribue d’office à certaines personnes. On a les
domiciles de fonction (magistrats du siège, les notaires, les préfets...) et les domiciles de
dépendance (les mineurs, les domestiques qui vivent chez leur employeur, la femme mariée).

3. Les caractères du domicile


La loi reconnaît trois caractères au domicile qui sont:
Le caractère obligatoire du domicile: Cela signifie que toute personne doit avoir
nécessairement un domicile.
Le caractère unique du domicile: Cela signifie que toute personne n’a qu’un seul domicile.
Le caractère fixe du domicile: Cela signifie qu’on ne peut pas changer de domicile par une
simple manifestation de volonté. Il faut, en plus, un déplacement réel, concret, du principal
établissement.
Remarques: Il convient de distinguer le domicile de certaines expressions voisines telles que
la résidence et l’habitation qui sont des notions qui rendent plus compte de la réalité tandis
que le domicile est souvent fictif. La résidence est le lieu où la personne vit de façon normale,
quotidienne. L’habitation est le lieu d’un séjour bref et occasionnel.
C. Les actes de l’état civil
On appelle état civil, l’organisation officielle relative aux actes, aux personnes qui les
établissent, à la manière de les rédiger, de les rectifier, d’en donner communication.
L’officier de l’état civil est normalement le maire. C’est lui qui établit les actes c’est-à-dire
enregistre les naissances, les mariages et les décès. De façon exceptionnelle, les fonctions
d’officier d’état civil sont exercées par le sous-préfet dans les limites du territoire de la sous-
préfecture et aux autorités militaires et maritimes, aux consuls et agents diplomatiques.
En outre, il convient d’indiquer qu’un acte de l’état civil qui constate un événement qui n’a
pas eu lieu est nul. Et, l’auteur de l’irrégularité est passible de sanctions disciplinaires, civiles
et pénales.
D. La nationalité
La nationalité est le lien politique et juridique existant entre un individu et un Etat. Ce lien est
imposé par l’Etat à l’individu et l’Etat est souverain pour déterminer les éléments de la
nationalité qui permettront de distinguer, parmi les individus, les nationaux et les étrangers.
1. La nationalité d’origine
Toute personne possède une nationalité dès sa naissance. La nationalité d’origine est donc
celle qui est acquise à ce moment et selon les circonstances de la naissance. En Côte d’Ivoire,
la loi a retenu la nationalité d’origine fondée sur la filiation.

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En effet, la nationalité Ivoirienne est attribuée d’office à l’enfant né d’un parent ivoirien. Peu
importe que la naissance ait lieu en Côte d’ivoire ou à l’étranger. Peu importe aussi que
l’enfant soit né dans le mariage ou hors mariage, dès lors que sa filiation est établie à l’égard
du parent ivoirien. De même, l’enfant qui a fait l’objet d’une adoption acquiert la nationalité
ivoirienne si l’un au moins des adoptants est de nationalité ivoirienne.
2. L’acquisition de la nationalité
La femme étrangère qui épouse un ivoirien acquiert de plein droit la nationalité ivoirienne.
Mais cette femme peut renoncer à la nationalité ivoirienne avant la célébration du mariage.
Quant à l’homme étranger qui épousait une ivoirienne, jusqu’à un passé récent (Août2013), il
pouvait acquérir la nationalité ivoirienne au moins deux années après la célébration du
mariage, mais à condition d’en faire la demande. Toutefois, il n’acquérait pas la nationalité
ivoirienne si son mariage était déclaré nul par une décision de justice. En outre, en cas de
dissolution du lien matrimonial par décès ou par divorce, l’époux devenu ivoirien par le
mariage conservait la nationalité ivoirienne, si le décès ou le divorce intervenait après la
dixième année de mariage. II en allait de même en cas de divorce par consentement mutuel.
Désormais, à l’instar de la femme étrangère, l’homme étranger devient de plein droit,
ivoirien par le seul effet de son mariage avec une ivoirienne. Il conserve cette nationalité
même en cas de séparation d’avec l’ivoirienne (par divorce ou décès).
La nationalité ivoirienne peut être aussi acquise par des étrangers à la suite d’une décision de
l’autorité publique, cette décision pouvant résulter soit d’une naturalisation, soit d’une
réintégration. La naturalisation ivoirienne est accordée par décret après enquête.
3. La perte de la nationalité
Toute personne qui a la nationalité ivoirienne peut se voir retirer cette nationalité ou
demander à la perdre. Il y a cinq cas de perte de la nationalité.
- L’ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère ou qui
déclare reconnaître une telle nationalité perd la nationalité ivoirienne;
- L’ivoirien, même mineur, qui par l’effet d’une loi étrangère, possède de plein droit une
double nationalité, peut être autorisé par décret à perdre la qualité d’ivoirien;
- La femme ivoirienne qui épouse un étranger peut déclarer avant la célébration du
mariage qu’elle répudie sa nationalité.
- L’ivoirien qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut d’office,
par décret, perdre la nationalité ivoirienne, s’il a également la nationalité de ce pays
étranger;
- L’ivoirien qui exerce une fonction élective ou gouvernementale dans un pays étranger
ou qui occupe un emploi ou un service pour l’exercice duquel la qualité de national du
pays étranger est exigée, perd la nationalité ivoirienne.
4. La déchéance de la nationalité
L’individu qui a acquis la qualité d’Ivoirien peut, par décret, être déchu de la nationalité
ivoirienne s’il est condamné pour un acte qualifié crime ou délit soit contre la sûreté de
l’Etat, soit contre les institutions de l’Etat ou s’il s’est livré au profit d’un Etat étranger à des
actes incompatibles avec la qualité d’ivoirien. La déchéance n’est encourue que si les faits
reprochés à l’intéressé se sont produits dans un délai de 10 ans à compter de la date de
l’acquisition de la nationalité ivoirienne.
NB : Celui qui ne possède aucune nationalité est appelé apatride.
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PARAGRAPHE 3 : LE PATRIMOINE DE LA PERSONNE PHYSIQUE


La notion de patrimoine doit être précisée à travers sa définition et ses caractères avant
d’entrevoir les droits et biens qui peuvent en faire partie.
A. Définition et caractères du patrimoine
1. Définition et composition du patrimoine
Le patrimoine est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne ayant une valeur
pécuniaire. Tout patrimoine est nécessairement composé de deux éléments qui sont:
- L’actif: Il comprend tous les biens de la personne c’est-à-dire les biens corporels et les
biens incorporels présents et futurs.
- Le passif: Il comprend toutes les dettes, généralement toutes les obligations ou
charges d’une personne.
2. Les caractères du patrimoine
Le patrimoine est une émanation de la personne c’est-à-dire que toute personne possède un
patrimoine, toute personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine, ce patrimoine forme un
tout.
Le caractère nécessaire du patrimoine: Toute personne possède un patrimoine même si elle
ne possède encore aucun bien car le patrimoine est composé de biens présents et aussi des
biens à venir.
Le caractère unique du patrimoine: Toute personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine.
C’est ainsi que le commerçant ne peut avoir deux patrimoines: un patrimoine commercial et
un patrimoine affecté à sa vie privée. Il s’agit, en réalité, de deux fractions de son patrimoine.
Le patrimoine forme une universalité: Cela signifie qu’un lien étroit unit l’actif et le passif
exigible qui constituent le patrimoine. Dès lors, la personne répond de chacune de ses dettes
sur l’ensemble des valeurs qui forment l’actif.
La saisissabilité : Le patrimoine peut être saisi, pas dans sa totalité mais sur l'ensemble des
biens qui le compose. Limite : les créances alimentaires sont protégées, de même que les
salaires surtout en cas de licenciement.
La transmissibilité : Le patrimoine est transmissible, mais seulement à cause de mort
(personne physique), ou en cas d'absorption (personne morale) : on veut attacher un
patrimoine à une personne, et empêcher une personne de s'en départir. L'objectif est de
protéger les êtres humains contre eux-mêmes, et permettre de changer d'avis. Ainsi, la
donation de l'ensemble du patrimoine est interdite, et la mort civile n'existe plus.
B. Droits et biens
Le patrimoine comprend tous les biens qui représentent à la fois les choses et les droits que
nous avons sur les choses.
1. Les droits
Il faut faire une distinction entre les droits patrimoniaux et les droits extrapatrimoniaux.

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a. Les droits patrimoniaux


Les droits patrimoniaux relève du patrimoine, ce sont des droits qui ont une valeur
monétaire (ex : le droit de propriété). Ces droits s'exercent en une chose et il y a 3
catégories :
 Les droits réels, qui portent sur une chose, ils donnent au titulaire un pouvoir direct
sur la chose elle-même et se divisent en 2 catégories :
- Les droits réels principaux, qui permettent une utilisation direct de la chose (ex :
droit de propriété).
- Les droits réels accessoires (ex : l'hypothèque), ils ont pour objet de garantir une
créance (pour les immeubles) ou un gage (pour les meuble).
 Les droits personnels, portent sur les personnes et s'exercent à l'encontre d'une
autre personne. Ils permettent d'exiger de son débiteur l'exécution d'une obligation
en sa faveur. Ils sont subdivisés en 3 parties.
- Une obligation de faire (ex : rembourser ses dettes)
- Une obligation de ne pas faire (ex : tapage nocturne)
- Une obligation de donner (ex : remplacement par un bien équivalent)
 Les droits intellectuels, qui portent sur une chose immatérielle et qui donnent à leur
titulaire un monopole d'exploitation sur la chose qui est l'objet du droit (ex : brevet
d'invention, musique...).
b. Les droits extrapatrimoniaux
Les droits extrapatrimoniaux sont des droits qui n'ont pas de valeur en argent, qui ne
peuvent donc être ni vendus (incessible), ni transmis, ni saisis (ex : droit de vote). En cas
d'atteinte à ces droits, les tribunaux vont accorder des dommages et intérêts mais la somme
ne représentera pas une valeur marchande, parfois la sanction est pénale. Ils sont multiples.
Aussi, ils seront classés en droits publics et politiques et en droits privés ou droits de la
personnalité.
Les droits publics et politiques: Ce sont les droits de l’Homme. Il y a la liberté (physique,
morale, professionnelle), l’égalité, le droit à la sureté et le droit de propriété.
Les droits de la personnalité: Ce sont les droits à l’intégrité morale comme le droit à
l’honneur, le droit au respect de la vie privé et le droit à l’image. On a aussi les droits sur les
œuvres de l’esprit notamment le droit moral sur son œuvre.
 Le régime juridique des droits de la personnalité
Les droits de la personnalité possèdent certains caractères et la violation de ces droits est
assortie de sanctions.
- Les caractères: Ils sont attachés à la personne et sont hors du commerce juridique. Il
en découle que ces droits sont imprescriptibles (c’est-à-dire que le fait de ne pas les
exercer ne les fait pas disparaître), sont incessibles (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être
cédés par un contrat), sont insaisissables (c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être saisis par
les créanciers).
- Les sanctions: Ces droits sont protégés par des sanctions civiles (dommages-intérêts)
en faveur de la victime et des sanctions pénales (amendes et/ou emprisonnement)
prononcées contre l’auteur des violations.

2. Les biens
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Mathieu

Notre vie quotidienne est peuplée de différents biens que nous avons du mal à distinguer.
Aussi, convient-il après avoir précisé la notion de bien, d’en donner la classification.
a. Définition
Le droit considère comme biens non seulement les choses matérielles, objet des droits réels,
mais également les droits ayant une valeur économique et pécuniaire. On peut encore dire
qu’un bien, c’est tout droit subjectif patrimonial.
b. Classification des biens
Les droits, éléments immatériels, étant des biens au même titre que les choses, les biens se
répartissent en biens corporels et biens incorporels. Toutefois, la classification essentielle des
biens correspond à la distinction des immeubles et des meubles.

 Les immeubles
On distingue:
 Les immeubles par nature: Ils comprennent les fonds de terre (terrains, arbres et
fruits non encore coupés et cueillis, récoltes non séparées du sol, matériaux non
encore extraits d’une carrière...) et les bâtiments et constructions (maisons, ponts,
digues, pylônes et lignes aériennes électriques...).
 Les immeubles par destination: Ils comprennent les immeubles par destination
économique (ce sont les meubles accessoires nécessaires aux immeubles pour leur
exploitation tels que les machines agricoles, les tracteurs destinés à une exploitation
agricole, le matériel d’un restaurant ou d’un hôtel...) et les immeubles par destination
ornementale (il s’agit des meubles accessoires à un immeuble qui ont une destination
d’agrément tels que les statues placées dans une niche, les tableaux qui tiennent à des
panneaux, des glaces fixées à des boiseries).
NB: Pour qu’un meuble devienne un immeuble par destination, le propriétaire du meuble
doit être aussi propriétaire de l’immeuble.
 Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent: il s’agit des droits réels qui portent
sur un immeuble tel que l’hypothèque portant sur une maison, la servitude de
passage...

 Les meubles
On distingue:
 Les meubles par nature : Ce sont les animaux et les corps qui peuvent se
transporter d’un lieu à un autre, soit qu’ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu’ils ne
puissent changer de place que par l’effet d’une force étrangère. Ce sont par exemple
un bœuf, un chien, un navire, une chaise, un avion...
NB: Un meuble par anticipation est un immeuble par nature qui devient meuble à cause de
sa future destination. (Ex: la vente de récoltes sur pied a pour objet les récoltes détachées du
sol et constitue ainsi une vente de meubles par anticipation.)
 Les meubles par détermination de la loi: Ce sont les droits portant sur une
chose mobilière par nature (le gage portant sur une voiture) ou des droits détachés
de tout support matériel mais que la loi considère comme des meubles (des parts
sociales, des droits intellectuels...)

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c. Intérêts juridiques attachés à cette classification


La distinction des immeubles et des meubles présente une importance notamment aux
points de vue suivants:
La passation des transactions: La transmission des immeubles se fait par acte authentique et
est soumise à des formalités de publicité. Ce qui n’est pas le cas des meubles excepté le
fonds de commerce.
La compétence des tribunaux: Les règles de procédure indiquent qu’est compétent, le
tribunal du domicile de celui qui est poursuivi. Cette règle ne s’applique pas quand le procès
est relatif à un immeuble. Le tribunal compétent est celui du lieu où se trouve situé cet
immeuble.

PARAGRAPHE 4 : LA CAPACITE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES


Aborder la question de la capacité juridique, c’est indirectement s’intéresser aux incapacités
qui constituent des limites aux droits des personnes physiques. Il convient de voir après avoir
abordé les règles générales les concernant non sans avoir défini la notion de capacité
juridique.
A. Définition de la capacité juridique
La capacité juridique se définit comme l’aptitude à détenir des droits ou des obligations, et à
les exercer. Aussi, distingue-t-on deux degrés dans la capacité juridique: la capacité de
jouissance (aptitude à avoir des droits et des obligations) et la capacité d’exercice (le pouvoir
de mettre en œuvre soi-même ses droits et ses obligations).
La capacité juridique est donc la règle. Mais, certaines personnes sont pourtant privées de la
faculté d’exercer les droits et les obligations dont elles sont titulaires. On les appelle les
incapables.
B. Généralités sur les incapables
Il faut indiquer les incapacités qui existent et les remèdes éventuels à ces incapacités.
1. La classification des incapacités
On a:
Les incapacités de jouissance: Il y a incapacité de jouissance lorsqu’un individu est privé d’un
droit. Autrefois, il existait des incapacités générales de jouissance (c’est-à-dire qui privaient
des personnes de tous les droits). C’était le cas des esclaves. Mais aujourd’hui, il n’y a que
des incapacités spéciales de jouissance (c’est-à-dire certains individus sont privés de certains
droits seulement). En effet, ces dernières, incapacités visent plus à protéger ces incapables
ou à les sanctionner.
Les incapacités d’exercice: Il y a incapacité d’exercice quand un individu est titulaire d’un
droit, mais la loi pose des restrictions à l’exercice par lui, dudit droit. Ces incapacités sont des
incapacités générales.
2. Les remèdes aux incapacités
Lorsqu’une personne est incapable, on peut intervenir à deux niveaux: par des mesures
préventives et par des mesures répressives:
Les mesures préventives: Il s’agit du mécanisme de représentation qui convient au mineur et
au majeur interdit judiciaire et le mécanisme d’assistance qui correspond au cas du faible
d’esprit. Il faut aussi déterminer les actes que l’incapable peut être amené à faire. On a les
actes conservatoires qu’il peut faire seul (ce sont des actes nécessaires et urgents qui
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tendent à empêcher les biens de sortir du patrimoine de l’incapable); les actes


d’administration (ce sont des actes de pure gestion du patrimoine qui ne portent pas
atteinte à l’intégrité et à la consistance du patrimoine) et les actes de disposition qui sont
graves et qu’il ne peut accomplir seul.
Les mesures répressives: Si l’incapacité est une mesure de protection de l’incapable, la
nullité est relative c’est-à-dire que seul l’incapable ou son représentant peuvent l’invoquer.
Par contre, si c’est une mesure de sanction, la nullité est absolue c’est-à-dire qu’elle peut être
demandée par tout intéressé.
C. Incapacité du mineur
Le mineur est défini par la loi comme l’individu de l’un ou l’autre sexe qui n’a pas encore
atteint l’âge de 18 ans accomplis. Il faut voir à présent sa condition et sa protection.
1. La condition juridique du mineur
On a le mineur non émancipé et le mineur émancipé.
Le mineur non émancipé : Selon la loi, ce dernier est incapable de contracter. C’est son
représentant qui doit agir à sa place. Il suit de là que le mineur non émancipé est frappé
d’une incapacité générale d’exercice qui concerne tous les actes juridiques et les actions en
justice. Mais, il y a des exceptions qui sont relatives aux faits juridiques tels qu’un accident,
des coups et blessures.., pour lesquels le mineur devra en répondre et les actes de la vie
courante, les actes conservatoires et les actes d’administration.
Le mineur émancipé: L’émancipation est l’acte par lequel un mineur acquiert la pleine
capacité d’exercice et se trouve de ce fait assimilé à un majeur.
 Les causes de l’émancipation :
L’émancipation du mineur peut résulter de d’un acte juridique, la déclaration.
L’émancipation par déclaration
Le mineur ne peut s’émanciper que s’il a atteint l’âge de 16 ans révolus. La déclaration
d’émancipation est faite par les père et mère. Dans le cas échéant où le mineur est sous la
protection d’une tutelle, la déclaration d’émancipation devra être faite par conseil de famille.

 Les effets de l’émancipation


Le mineur émancipé acquiert la capacité juridique. Il peut accomplir tous les actes de la vie
civile sans assistance, ni représentation sauf dans les cas suivants :

 L’adoption : le mineur émancipé doit obtenir l’autorisation de ses père et mère avant
de se faire adopter.
 Les activités commerciales : l’exercice d’une activité commerciale est soumis à
autorisation.

2. La protection du mineur
Il y a le système normal qui est celui où le mineur a au moins l’un de ses deux parents. Dans
ce cas, il s’agit de la puissance paternelle et de l’administration légale.
Il y a le système exceptionnel qui est l’hypothèse où le mineur n’a plus de père et mère ou
quand ces derniers sont dans l’impossibilité de manifester leurs droits. Il s’agit dès lors de la
tutelle.
a. L’autorité parentale et l’administration légale
31
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Mathieu

C’est un ensemble de pouvoirs conférés aux parents sur la personne et les biens de leur
enfant mineur. Ce pouvoir est exercé conjointement par les père et mère. Désormais selon
la dernière réforme législative, «la famille est gérée conjointement par les époux dans
l’intérêt du ménage et des enfants. Ils assurent ensemble la direction morale et matérielle
de la famille, pourvoient à l’éducation des enfants et préparent leur avenir ».
Les attributs de l’autorité parentale sont relatifs à la personne de l’enfant mineur (le droit de
consentir à l’adoption, le droit de garde et de surveillance, le droit à l’entretien et à
l’éducation, l’obligation de répondre des dommages causés par son enfant) et aux biens du
mineur (il s’agit notamment du droit d’administrer les biens de l’enfant et du droit de
disposer des revenus de l’enfant).
b. La tutelle
C’est une institution permettant de protéger par voie de représentation certains mineurs.
La tutelle s’ouvre de plein droit quand il y a décès, absence, éloignement ou déchéance des
droits de la puissance paternelle des père et mère. Elle peut s’ouvrir aussi par intervention
du juge des tutelles s’il estime que le mode de protection normale ne protège pas l’enfant.
La tutelle comprend des organes de gestion (le tuteur et exceptionnellement l’administrateur
ad hoc quand les intérêts du tuteur et ceux du mineurs sont opposés) et des organes de
contrôle (le conseil de famille et le juges des tutelles).
Relativement au fonctionnement de la tutelle, il faut dire le tuteur étant le mécanisme de
substitution de la puissance paternelle, il a les mêmes fonctions que le titulaire de la
puissance paternelle qui consiste en général en la protection de la personne et des biens du
mineur non émancipé. Quant au juge, il veille ou surveille la gestion de la tutelle. La tutelle
prend fin avec le décès, la majorité ou l’émancipation du mineur.

D. Incapacité du majeur
Pour les majeurs, la règle est la capacité juridique. Dès lors quelles pourraient être les causes
de l’incapacité du majeur? De façon globale, c’est l’altération de la volonté qui justifie son
incapacité d’exercice. Certains parmi ces incapables sont protégés d’autres non.
1. Les incapables majeurs non protégés
Ce sont les majeurs qui présentent momentanément des déficiences. L’altération de leur
faculté mentale est un peu brève pour qu’il soit nécessaire de mettre en place un système de
protection. Dans ce cas la protection est occasionnelle et diffère selon qu’il s’agit de faits ou
d’actes juridiques.
Les actes juridiques passés par un majeur non protégé: En principe, le majeur aliéné
demeure capable tant que son incapacité n’a pas été déclarée par le juge. Toutefois, s’il est
rapporté la preuve de l’aliénation de celui-ci, l’acte accompli sera frappé de nullité.
Les faits juridiques (dommages causés par un majeur non protégé): En principe, vu
l’aliénation mentale due à l’inconscience totale de l’acte posé, l’aliéné mental ne peut être
responsable. En effet, les conditions de la responsabilité délictuelle notamment la faute qui
comprend un élément matériel et un élément intentionnel font défaut. Toutefois, la
jurisprudence retient la responsabilité de l’aliéné lorsque l’acte illicite a été commis dans un
intervalle de lucidité et surtout quand il y a usage de stupéfiants, d’alcool...
Enfin, on pourra engager la responsabilité de celui qui a la garde de l’aliéné si celui-ci s’est
rendu coupable d’un défaut de surveillance.
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Mathieu

2. Les incapables majeurs protégés


Ce sont les interdits judiciaires, les aliénés internés et les prodigues et les faibles d’esprit.
Les interdits judiciaires: Ce sont les majeurs qui sont dans un état habituel d’imbécillité
(Faiblesse d’esprit due à l’absence ou à l’oblitération des idées), de démence (C’est
l’aliénation mentale qui ôte l’usage de la raison) ou de fureur (C’est la démence portée au
plus haut degré qui pousse le furieux à des actes dangereux pour lui-même ou pour les
autres). L’interdiction est prononcée grâce à l’action introduite par les parents, le conjoint ou
par le procureur de la république. L’interdiction a pour effet de mettre en place un régime de
protection de l’interdit qui est la tutelle. C’est le tuteur qui représente l’aliéné dans
l’accomplissement des actes juridiques. Ces trois formes d’aliénation (l’imbécillité, la fureur
ou la démence) doivent avoir un caractère habituel mais, qui n’est cependant pas synonyme
de continuel parce que l’aliéné peut avoir des intervalles de lucidité, précise l’art. 489 du
code civil
Les aliénés internés: Ce sont les personnes qui sont enfermées dans un établissement
psychiatrique. Frappées d’une incapacité générale d’exercice, elles seront représentées par
un tuteur pour l’accomplissement de tout acte juridique.
Les prodigues et les faibles d’esprit: Les prodigues sont des personnes qui se livrent à des
dépenses inconsidérées inspirées par la passion et non la raison risquant de compromettre
leur patrimoine. Quant aux faibles d’esprit sont des personnes dont les facultés mentales
sont affaiblies sans qu’il y ait perte totale et habituelle de sa raison pouvant justifier le
prononcé de l’interdiction judiciaire.
Toutes ces personnes bénéficient d’un conseil judiciaire pour la conclusion de certains actes
juridiques notamment ceux plus importants (vente, emprunt...): elles font l’objet d’une
mesure d’assistance et non de représentation.

SECTION 2 : LES PERSONNES MORALES


La personnalité juridique étant l’aptitude à être titulaire actif et passif de droits, on pourrait
être tenté, surtout dans une vision purement individualiste du droit, de considérer que seuls
les individus peuvent être dotés de la personnalité juridique. Or, l’observation de la scène
juridique fait découvrir un autre type d’acteur que sont les groupements qu’on appelle
personnes morales pour les distinguer des personnes physiques.

PARAGRAPHE 1 : DEFINITION DE LA PERSONNE MORALE


C’est un groupement de personnes ou de biens ayant la personnalité juridique, et étant par
conséquent, titulaire de droits et d’obligations. Il convient de préciser que la personnalité
juridique de la personne morale est appelée personnalité morale ou personnalité civile. On
distingue les personnes morales de la sorte: celles de droit public et celles de droit privé.

PARAGRAPHE 2 : DISTINCTION PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC ET DE DROIT PRIVE

A. Les personnes morales de droit public


Elles relèvent du droit public. Au niveau international, on a l’Etat. Mais en dehors de l'Etat il
y a aussi les organisations internationales, les sociétés internationales créées par des traités
qui leur donnent la personnalité morale.
Ex: Air Afrique était une personne morale publique.

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Mathieu

Au niveau national, ces personnes morales ont soit une base territoriale (les circonscriptions
territoriales telles que le département, la commune) soit une base fonctionnelle (les
sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte...).

B. Personnes morales de droit privé


Des particuliers se regroupent et donnent naissance à des personnes morales dites de droit
privé. II y a deux sortes de personnes morales de droit privé. Ce sont les groupements
d’individus et les groupements de biens.
Les groupements d’individus: Ces groupements constituent la catégorie la plus importante
des personnes morales de droit privé. Certaines personnes morales de droit privé ont un but
lucratif (les sociétés commerciales, les groupements d’intérêt économique et les sociétés
civiles) et d’autres n’ont pas de but lucratif (les syndicats, les associations déclarées et les
associations reconnues d’utilité publique).
Les groupements de biens: Il existe une seule forme de groupement de biens en droit privé.
II s’agit de la fondation (consiste à une affectation, à perpétuité, d’une masse de biens, à une
œuvre d’intérêt général).

PARAGRAPHE 3 : TRAITEMENT JURIDIQUE DES PERSONNES MORALES


Il s’agit de voir la personnalité et la capacité des personnes morales, la naissance et la fin de
celles-ci ainsi que leur identification.
A. La personnalité et la capacité des personnes morales
Le groupement est considéré comme ayant une personnalité juridique distincte de celle des
divers membres qui le composent. Néanmoins, pour accomplir les droits et assumer les
obligations, le groupement est représenté par une personne physique qui agira en leur nom
selon ses statuts. Enfin, la personnalité qui permet au groupement d’avoir son autonomie est
limitée par son objet social.
A la différence des personnes physiques pour lesquelles la capacité de jouissance est la règle,
les groupements n’ont pas tous la même capacité. Ainsi les sociétés, les groupements
d’intérêt économique et les syndicats ont une personnalité et une capacité complètes du
point de vue patrimonial.
Quant aux associations, il faut dire que l’association simplement déclarée a une capacité
juridique restreinte ou petite capacité (c’est-à-dire qu’elle ne peut recevoir de don et ne peut
acquérir des immeubles que pour l’accomplissement de sa mission) tandis que l’association
reconnue d’utilité publique a une capacité étendue ou grande capacité.
B. La naissance et la fin des personnes morales
Tout comme les personnes physiques, les personnes morales naissent et meurent. Elles
naissent en règle générale par contrat ou par déclaration. Et, elles meurent généralement à
l’expiration du temps pour lequel elles ont été constituées, par la réalisation de leur objet
social, par la dissolution anticipée par les membres...

C. L’identification des personnes morales


A l’image des personnes physiques, les groupements doivent pouvoir être identifiés. Aussi,
ont-ils presque toujours une désignation ou une dénomination sociale comme les personnes
physiques ont un nom.

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Mathieu

Ensuite, il est indispensable de situer les intérêts d’une personne morale en un lieu
déterminé, qui joue pour elle le rôle d’un domicile. Il s’agit du siège social qui doit
correspondre au centre de l’activité juridique, financière et administrative de la personne
morale.
Enfin, la personne morale a une nationalité qui est déterminée soit par la nationalité du pays
dans lequel elle a son siège social, soit par la nationalité des personnes physiques qui la
contrôle.

CHAPITRE IV: LE DROIT DES OBLIGATIONS


Chaque jour, chacun se trouve contraint à répondre à des obligations qu’il a voulues ou non.
Aussi, convient-il d’étudier les obligations tout en définissant et classant les différentes
obligations auxquelles nous sommes appelés à faire face.

SECTION 1 : NOTION ET CARACTERES DES OBLIGATIONS


PARAGRAPHE 1 : NOTION D’OBLIGATION
Au sens général, une obligation est une prescription légale ou réglementaire qu’une
personne doit respecter sous peine de sanction. Dans un sens plus restreint, l’obligation est
un lien de droit unissant deux personnes et en vertu duquel l’une (le créancier) est en droit
d’exiger de l’autre (le débiteur) une prestation ou une abstention.

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L’obligation constitue donc un droit de créance lorsqu’on l’envisage du coté du créancier,


sujet actif. Envisagé du coté de celui qui est tenu de l’exécuter, l’obligation constitue une
dette, le débiteur en est le sujet passif.
Le caractère juridique de l’obligation civile le distingue de l’obligation naturelle. L’obligation
naturelle qui est à mi-chemin entre l’obligation civile et l’obligation purement morale ne
bénéficie pas de la contrainte étatique. Son exécution ne peut donc pas être exigée devant
les tribunaux sauf toutefois lorsque certaines circonstances particulières le transforment en
une obligation civile. Au nombre de ces circonstances, on peut citer la promesse d’exécution
ou l’exécution volontaire.

PARAGRAPHE 2 : CARACTERES DE L’OBLIGATION


L’obligation juridique telle que définie ci-dessus présente les caractères suivants:
Le caractère obligatoire: Le débiteur est obligé d’exécuter l’obligation souscrite; s’il ne
l’exécute pas spontanément, le créancier peut l’y contraindre en exerçant une action en
justice.
Le caractère personnel: L’obligation est personnelle à celui qui l’a souscrite; à la différence de
ce qui se passait jadis en droit romain, lui seul est créancier ou débiteur, et non les membres
de sa famille.
Le caractère patrimonial: L’obligation a un caractère patrimonial en ce sens qu’elle est
évaluable en argent, qu’elle a une valeur et qu’à ce titre elle constitue un élément, actif ou
passif, du patrimoine du créancier et du débiteur.

SECTION 2 : CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS


Les obligations sont classées selon leur objet, leur origine et leur portée.

PARAGRAPHE 1 : LA CLASSIFICATION SELON L’OBJET


Elle est indiquée dans le code civil qui l’a empruntée au droit romain.
L’obligation de donner: « Donner » signifie « transférer la propriété d’une chose. ». C’est
l’obligation par laquelle le débiteur s’engage à transférer au créancier la propriété d’une
chose lui appartenant. C’est le cas de l’obligation de celui qui vend ou qui fait don de sa
chose à autrui. Ex: un don testamentaire.
L’obligation de faire: C’est celle par laquelle le débiteur s’engage à accomplir un fait positif, à
exécuter une prestation quelconque.
Ex: faire un travail.
L’obligation de ne pas faire: Elle impose une abstention.
Ex: ne pas divulguer d’informations confidentielles.

PARAGRAPHE 2 : LA CLASSIFICATION SELON LEUR ORIGINE


Cette classification est relative aux:
Obligations contractuelles: Elles naissent des actes juridiques c’est-à-dire la volonté des
personnes qui s’obligent et plus exactement l’accord des volontés. Ex: dans le contrat de
vente, le vendeur assume l’obligation de livrer la chose, l’acheteur, celle de payer le prix.
Obligations délictuelles et celles quasi-délictuelles: Ce sont celles nées de faits juridiques
qui sont des événements auxquels la loi attache des effets de droit indépendamment de la
volonté des personnes.
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Ex: des coups et blessures volontaires, un accident de route.


Le quasi-contrat : Le quasi-contrat est un engagement naissant sans qu’il y ait eu une
convention préalable entre parties. La volonté de celui qui se trouve avoir une obligation
n’est pas intervenue. Il n’y a pas eu accord.
-La gestion d’affaires: C’est le fait pour une personne, le gérant, d’accomplir des actes
d’administration dans l’intérêt d’un tiers, le géré ou maître de l’affaire, sans que ce dernier
l’en ait chargé.
Ex: le directeur d’une clinique qui a reçu un enfant blessé qu’il fallait immédiatement opérer
a accompli un acte de gestion d’affaire qui le rend créancier des parents.
-L’enrichissement sans cause: C’est une source d’obligation qui met en application l’idée
selon laquelle nul ne doit s’enrichir injustement et sans cause légitime aux dépens d’autrui.
Ex: une personne fait faire des travaux d’embellissement par erreur dans un appartement
voisin au sien. Le propriétaire de l’appartement voisin s’est enrichi sans cause légitime et
devient donc débiteur à concurrence de son enrichissement.
La loi: Ici, c’est la loi elle-même qui édicte une obligation à la charge de certaines personnes.
Ex: c’est le cas de l’obligation alimentaire entre parents et enfants.

PARAGRAPHE 3 : LA CLASSIFICATION SELON LEUR PORTEE


Il s’agit d’une classification admise par la jurisprudence et qui a été mise en évidence par la
doctrine. Ce sont:
Les obligations de moyens: Encore appelée obligation de prudence et de diligence,
l’obligation de moyen est celle par laquelle le débiteur n’est tenu à rien de plus que mettre
au service du créancier les moyens dont il dispose, de se montrer prudent et diligent, de faire
de son mieux.
Ex: le médecin ne promet pas la guérison au patient. Il s’est seulement obligé à mettre en
œuvre tous les moyens en son pouvoir, à donner des soins consciencieux et attentifs pour
essayer d’obtenir la guérison.
• Les obligations de résultat: C’est celle qui a pour objet un résultat défini, déterminé qui a
été promis par le débiteur au créancier.
Ex: le transporteur s’engage à déposer sain et sauf le passager à destination.

SECTION 3 : LES SOURCES DES OBLIGATIONS


En dehors des sources légales, il existe deux sources fondamentales des obligations : les actes
juridiques et les faits juridiques.

PARAGRAPHE 1 : LES ACTES JURIDIQUES : LE CONTRAT


La notion d’acte juridique déborde en principe celle du contrat. Le contrat n’est en effet
qu’une catégorie particulière d’acte juridique mais en pratique le contrat est le type d’acte
juridique le plus répandu. L’acte juridique est une manifestation de volonté destinée à
produire des effets de droit. Qu’est-ce donc que le contrat ?

A. Définition du contrat
Le contrat est défini par l’article 1101 du code civil comme «une convention par laquelle une
ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres à donner, à faire ou à ne pas
faire quelque chose».

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Le contrat se distingue de la convention qui est un accord de volonté destiné à provoquer un


effet de droit quelconque à savoir créer, modifier, transférer, ou éteindre une obligation.
L’objet de la convention est donc plus large et englobe celui du contrat. Le contrat n’est en
réalité qu’une convention dont l’objet se limite à la seule création d’obligation.
De ce qui précède, on déduit que les contrats sont dominés par le principe de l’autonomie de
la volonté qui se présente sous trois aspects principaux: la liberté contractuelle, l’égalité des
parties et la force obligatoire du contrat. Plusieurs types de classifications des contrats
peuvent être proposés.

B. Classification des contrats


Puisque les contrats sont nombreux, ils seront classés en catégories. Pour cela, ils seront
rangés autour de certains critères dégagés par rapport à un intérêt bien précis. Aussi, faut-il
préciser que l’appartenance à tel groupe entraîne l’application d’un certain nombre de règles.
1. La classification selon les conditions de formation
Selon cette classification on a:
Le contrat consensuel : Il naît du seul consentement des parties sans forme particulière. Ex :
la vente.
Le contrat solennel: C’est un contrat dont la validité est soumise à une formalité, souvent un
écrit. Ex: la donation entre vif.
Le contrat réel : Il naît à partir de la remise de la chose à son destinataire
Exemple : contrat de dépôt, le prêt.
Le contrat de gré à gré: Le contenu de ce contrat est librement prévu et discuté par les
parties.
Ex: le bail, le louage, le contrat de travail.
Le contrat d’adhésion: Le contenu de ce contrat est prévu d’avance par l’une des parties,
l’autre ne peut que l’accepter ou le refuser.
Ex: L’abonnement à l’eau, au téléphone, à l’électricité en Côte d’Ivoire.
2. La classification selon le contenu
Il s’agit des obligations engendrées par les contrats. Ce sont les contrats suivants:
Le contrat synallagmatique : Il fait naître des obligations réciproques entre les parties.
Ex: la vente, le contrat d’assurance.
Le contrat unilatéral: Il ne fait naître des obligations que pour l’une des parties.
Ex: le prêt.

Le contrat à titre onéreux : Chacune des parties tire un avantage.


Ex: la vente, le louage.
Le contrat à titre gratuit: L’une des parties ne tire aucun avantage du contrat. Ex: la donation.
Le contrat commutatif: Les obligations sont certaines et connues dès sa conclusion.
Ex: la vente, le contrat de transport.
Le contrat aléatoire: La naissance de certaines obligations n’est pas sûre et dépend
d’événements aléatoires.
Ex: le pari.
3. La classification selon leur durée
Ce sont:

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Le contrat instantané : C’est le contrat dont l’exécution est mise en œuvre par une seule
prestation sur simple échange des consentements.
Ex : la vente.
Le contrat à exécution successive: L’exécution de ce contrat s’échelonne dans le temps.
Ex: le contrat de travail.
Contrat à durée déterminée : la durée du contrat est connue dès sa conclusion.
Contrat à durée indéterminée : chacune des parties pourra mettre un terme au contrat
quand elle le jugera opportun.

C. Les conditions de formation et de validité des contrats


L’art. 1108 du Code civil énumère les conditions générales de validité du contrat :
- le consentement
- la capacité de contracter
- l’objet
- et la cause.
On peut relever qu’aucune condition relative à la forme du contrat n’est requise. En effet, le
principe de la liberté contractuelle implique celui du consensualisme. Sauf exceptions,
l’échange des consentements suffit à former valablement le contrat.
1. Le consentement
Le consentement doit exister et ne doit pas être affecté d’un vice.
a. L’existence du consentement
Le consentement, c’est l’accord de volonté des parties contractantes. Chacune des deux
parties doit manifester sa volonté et le contrat naît de la rencontre de ces volontés. Le
contrat résulte de la rencontre d’une offre suivie d’une acceptation. Aussi convient-il de voir
successivement l’offre et l’acceptation ainsi que le moment et le lieu de formation du contrat.
 L’offre
L’offre est encore appelée pollicitation. C’est une déclaration unilatérale de volonté adressée
par une personne à une autre, et par laquelle l’offrant ou le pollicitant propose à autrui la
conclusion d’un contrat. Celle-ci doit être ferme, non équivoque, précise et complète. En
outre, l’offre doit être faite dans une certaine forme pour produire des effets.

- Les formes de l’offre:


L’offre expresse est formulée soit oralement soit par écrit soit encore visuellement. L’offre
tacite est la résultante d’une attitude ou d’un acte de l’offrant par lequel se manifeste
indirectement sa volonté d’offrir.
Ex: des marchandises disposées dans une vitrine, un vendeur de journaux vous tendant un
journal.
- Les effets de l’offre:
Si le pollicitant avait fixé un délai d’acceptation, il devra maintenir son offre jusqu’à
l’expiration du délai.
S’il n’avait pas fixé de délai, l’offre devra être maintenue pendant un délai raisonnable qui est
fixé par les tribunaux suivant les usages et les circonstances.

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L’acceptation
C’est la manifestation de volonté par laquelle une personne donne son accord à une offre de
contracter qui lui est faite. En outre, pour que le contrat se forme, il faut que l’acceptant et
l’offrant aient le même champ contractuel. C’est pourquoi, l’acceptation doit obéir à des
conditions précises pour produire valablement des effets.
- Les conditions de l’acceptation:
L’acceptation expresse est celle donnée par écrit ou verbalement. L’acceptation tacite est
celle qui résulte le plus souvent de l’exécution spontanée du contrat proposé.
NB: On s’interroge sur le silence suite à une offre. A ce sujet, on fait valoir le principe selon
lequel le silence ne vaut pas acceptation contrairement à ce que dit l’adage «qui ne dit mot
consent». Il existe cependant des exceptions :
 Lorsque les parties sont en relations d’affaire et que le contrat proposé est le même
que celui qui régissait leur relation antérieure. C’est le cas d’un client qui commande
toujours le même produit.
 Les usages d’une profession peuvent prévoir que le silence vaut acceptation.
 Lorsque l’offre a été faite dans l’intérêt exclusif de son destinataire, le silence de celui-
ci vaut acceptation. Exemple : un bailleur qui émet une remise de loyer.

- Les effets de l’acceptation:


Lorsque l’acceptation est claire et sans réserve et non équivoque, elle entraîne l’irrévocabilité
de l’offre et la conclusion du contrat.
Le moment et le lieu de formation du contrat
En principe, les contrats se forment entre présents. Mais, il arrive que l’offre et l’acceptation
interviennent par téléphone ou par lettre. C’est le problème des contrats par
correspondance. Cette situation pose un problème tellement abstrait que la tendance
majoritaire, tant en doctrine qu’en jurisprudence décide que «c’est généralement une
question de fait dont la solution dépend des circonstances de la cause.
b. Les vices du consentement
Aux termes de l’art. 1109 du Code civil, il y a 3 vices du consentement : l’erreur, le dol, la
violence. A ces vices de consentement, on associe la lésion qui n’en est pas un en réalité.
L’erreur
Commettre une erreur, c’est avoir une opinion contraire à la réalité. Si les parties ne se sont
radicalement pas entendues et se sont trompées sur la nature du contrat ou sur l’objet du
contrat, on parle d’erreur-obstacle, cause de nullité absolue du contrat. L’erreur, vice du
consentement, est une cause de nullité relative du contrat dans deux circonstances (art.
1110 du Code civil) :
- Si elle porte sur la personne du cocontractant et à la condition que la considération
de la personne ait été la cause principale de la convention. Tel est le cas des
conventions conclues intuitu personae ; Ex: il y a erreur sur la personne lorsqu’il
apparaît que l’une des parties avait l’intention de contracter avec une agence
commerciale d’expérience, et non avec une personne physique.
- Si elle porte sur les qualités substantielles de la chose, c’est-à-dire sur la qualité de la
chose que celui qui s’est trompé avait principalement en vue, celle qui a été
déterminante de sa volonté. Tel est fréquemment le cas des erreurs portant sur
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l’authenticité d’une œuvre d’art. Ex: vous achetez un tableau considéré comme une
œuvre d’un peintre célèbre. Vous apprenez ensuite, et cela est confirmé par une
expertise, que ce tableau n’est pas de ce peintre.
L’erreur ne pourra être retenue comme vice du consentement que si elle a été déterminante,
c’est-à-dire que le contrat n’aurait pas été conclu sans cette erreur et si elle est excusable,
c’est-à-dire qu’elle aurait pu être commise par un cocontractant normalement avisé.
Le dol
On appelle dol les manœuvres frauduleuses, tromperies, mensonges, réticences, dont une
personne use pour en tromper une autre à l’occasion d’un contrat.
Ex: un commerçant simule des bénéfices exagérés pour vendre plus cher son fonds de
commerce.
Le dol n’est pris en compte que si les manœuvres émanent du cocontractant.
La jurisprudence admet aussi le simple dol par réticence, c’est-à-dire le silence gardé par le
cocontractant sur une information qui, si elle avait été connue de l’autre, l’aurait empêché de
contracter.
La preuve de l’élément intentionnel du dol doit être prouvée : l’auteur doit avoir agi
sciemment dans l’intention de tromper son cocontractant.
La violence
C’est la contrainte exercée sur la volonté d’une personne pour la forcer à contracter en la
menaçant d’un mal considérable. La violence doit présenter une certaine gravité. Peu
importe si la violence est exercée par le cocontractant ou par un tiers au contrat.
La violence peut être physique ou morale. Elle peut être dirigée contre la personne du
cocontractant, ses biens ou ses proches (art. 1113 du Code civil).La menace doit revêtir un
certain degré de gravité. Ainsi, « la simple crainte révérencielle envers le père, la mère ou
autre ascendant, sans qu’il y ait eu de violence exercée, ne suffit point à annuler le contrat »
(art. 1114 du Code civil).
La violence doit être illégitime : la menace d’exercer des voies de droit n’est pas une cause de
nullité de la convention.
La violence doit avoir été déterminante du consentement. Pour le savoir, « on a égard en
cette matière, à l’âge, au sexe et à la condition des personnes » (art. 1112 al. 2 du Code civil).

 La lésion
La lésion, c’est le déséquilibre économique entre les prestations des parties au contrat. La
lésion n’est pas véritablement un vice de consentement puisqu’elle ne suppose pas une
atteinte au caractère libre et éclairé du consentement. La lésion n’est pas non plus, en
principe, une cause de nullité des conventions. Aux termes de l’art. 1118 du Code civil, « la
lésion ne vicie les conventions que dans certains contrats ou à l’égard de certaines personnes
(…) ».
A l’égard de certains contrats, la lésion peut entraîner la nullité du contrat. C’est le cas pour
les ventes d’immeubles mais la lésion ne peut être invoquée que si le vendeur a été lésé de
plus des 7/12e dans le prix d’un immeuble. De plus, la loi permet à l’acquéreur d’échapper à
la nullité du contrat en versant une indemnité au vendeur (art. 1674 du Code civil).

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Mathieu

Les partages sont aussi rescindables lorsque l’un des copartageants reçoit un lot d’une valeur
inférieure à plus du ¼ à ce qu’aurait dû être sa part (art. 887 al. 2 du Code civil).
A l’égard de certaines personnes, la lésion est une cause de nullité lorsque la victime est un
incapable mineur ou majeur. En effet, pour certaines catégories de contrats, la sanction de
l’incapacité peut être la rescision pour cause de lésion.
1. La capacité des parties
Pour contracter valablement, il est nécessaire d’avoir la capacité exigée pour accomplir l’acte
envisagé. Il s’agit de vérifier la capacité de jouissance et la capacité d’exercice.
- La capacité de jouissance
La capacité, c’est la possibilité d’être titulaire de droits. Les incapacités générales de
jouissance qui existaient autrefois (esclavage, mort civile) ont aujourd’hui disparu. Il ne
subsiste que des incapacités spéciales de jouissance. Elles sont tantôt fondées sur l’ordre
public, tantôt sur la protection d’intérêts particuliers. Les incapacités sont nombreuses en
matière de libéralités. Ainsi, le médecin est incapable de recevoir une donation ou un legs de
son patient, même par personne interposée (art. 909 du Code civil).
- La capacité d’exercice
Le principe est celui de la capacité : « Toute personne peut contracter, si elle n’en est pas
déclarée incapable par la loi ». L’incapacité d’exercice frappe certaines personnes (mineurs,
majeurs incapables qui ne peuvent, sans représentation ou assistance, mettre en œuvre les
droits dont ils sont titulaires. Par ailleurs, pour les personnes morales, la question de la
capacité d’exercice ne se pose pas; elles agissent par l’intermédiaire de représentants qui
tirent en général leurs pouvoirs d’un mandat.
3 .L’objet
L’objet, c’est l’engagement du débiteur. C’est une chose qu’une partie s’oblige à donner, à
faire ou à ne pas faire. L’objet doit présenter un certain nombre de qualité ; il doit :
Exister : « A l’impossible, nul est tenu. » Toutefois, la chose future peut faire l’objet d’un
contrat. Par exemple, la vente d’un immeuble à construire.
Etre déterminé ou déterminable si on est en présence d’un corps certain, c’est-à-dire, si le
bien est parfaitement individualisé. En revanche les choses de genre (choses qui se
comptent, se pèsent et se mesurent) nécessitent que l’on précise la quantité et la qualité du
bien.
Etre licite : l’objet doit être conforme à l’ordre public et aux bonnes mœurs. Il doit être dans
le commerce. En effet, certaines choses sont exclues du commerce : le corps humain, objets
dangereux et tout ce qui est du domaine public.
4. La cause
Toute obligation doit avoir une cause. Il faut cependant distinguer la cause de l’obligation ou
cause objective de la cause du contrat ou cause subjective.
- La cause de l’obligation ou cause objective
C’est la raison pour laquelle le cocontractant assume son obligation. Par exemple, dans un
contrat synallagmatique, c’est parce que l’autre partie a pris aussi l’engagement d’accomplir
une prestation que le cocontractant s’engage. La cause doit exister et être licite et morale.
- La cause du contrat ou cause subjective
La cause du contrat, ce sont les mobiles concrets qui ont animé chacune des parties. Ces
mobiles doivent être licites et conformes aux bonnes mœurs.
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Ex : les contrats ayant pour but l’exploitation de maisons de jeux.

D. Sanctions de l’inobservation des conditions de validité des contrats


L’absence d’une condition de validité est sanctionnée par la nullité du contrat. Les nullités se
répartissent en:
Nullité relative: La nullité relative est édictée afin de protéger l’une des parties
contractantes.
Ex: nullité pour incapacité, nullité pour vice du consentement.
Nullité absolue : La nullité absolue sanctionne les atteintes à l’intérêt général.
Ex: nullité pour objet ou cause illicite.
Lorsque la nullité est prononcée par le juge, elle a un effet rétroactif c’est-à-dire que le
contrat est anéanti dès l’instant même où il a été conclu.
Il faut, en outre, distinguer la nullité de certaines expressions telles que l’inopposabilité (elle
sanctionne l’inobservation des conditions de publicité du contrat), la résolution (elle
sanctionne l’inexécution ou la mauvaise exécution du contrat), la résiliation (elle supprime
pour l’avenir un contrat successif en raison de l’inexécution par l’une des parties de ses
obligations), l’inexistence (elle qualifie l’absence d’un élément essentiel de l’acte pour qu’il
soit efficace. Par exemple le consentement).
E. Les effets des contrats
GAHOUA achète à crédit des livres chez un libraire. Malheureusement, il décède deux
semaines plus tard. Ses enfants sont-ils tenus par la convention de leur père ?
Il convient de voir les effets des contrats entre les parties et à l’égard des personnes autres
que les parties.
1. Les effets des contrats entre les parties
Le principe de la force obligatoire des contrats est l’un des aspects de celui plus général de
l’autonomie de la volonté. Ce principe a en outre un fondement moral; il est commandé par
la nécessité d’assurer la sécurité des transactions. Selon l’article 1134 du code civil : « Les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ».Le contrat
s’impose donc aux parties qui l’ont signé, au juge et au législateur.
Aux parties: Le contrat a force de loi. Les parties étant liées par le contrat, elles ne peuvent
être déliées que par un nouvel accord. Le droit de résiliation unilatérale ne peut être exercé
que dans des cas exceptionnels.
Au juge: En cas de litige, il ne peut modifier le contrat dont les clauses sont claires, même s’il
est déséquilibré.
Au législateur: Une nouvelle loi n’est pas rétroactive, sauf exceptions. Elle ne s’applique pas
aux contrats en cours.
2. Les effets des contrats à l’égard des personnes autres que les parties
Les tiers n’ont pas signé le contrat. Celui-ci n’a pas d’effet sur eux. Il peut seulement leur être
opposable et servir de preuve à leur encontre. On dit alors que le contrat a un effet relatif
vis-à-vis des tiers.
Les contrats passés n’ont donc aucun effet direct où indirect à l’égard des personnes
totalement étrangères aux parties qui forment le groupe des tiers. Cependant, le contrat
peut avoir des effets sur certains tiers particuliers. Ce sont:

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Les héritiers: ils continuent la personne du défunt et deviennent titulaires de ses droits et
débiteurs de ses obligations.
Les créanciers chirographaires: Ils subissent indirectement les effets des contrats passés par
leur débiteur. Ces contrats leur profitent ou leur nuisent dans la mesure où ils ont pour
conséquence un accroissement ou une diminution de son patrimoine.
Les ayants-cause à titre particulier: Ils reçoivent de leur auteur le droit tel qu’il existait dans
son patrimoine ; ce droit est par suite affecté par les contrats passés par lui antérieurement à
la transmission et qui l’intéresseraient directement.

Remarques : La stipulation pour autrui


Les parties ont la possibilité de créer des droits au profit des tiers en incluant dans le contrat
une stipulation pour autrui. Par cette institution et sans aucune intervention de sa part, un
tiers devient créancier de l’une d’elles appelée promettant, à la suite d’un engagement inclus
dans le contrat qu’elle a conclu avec l’autre qui est le stipulant.
Les principales applications de la stipulation pour autrui se rencontrent dans le contrat
d’assurance sur la vie et le contrat de transport.
Ex: Une personne vend un ordinateur pour 300.000 FCFA. Elle désire donner à un ami une
somme de 100.000 FCFA. A cet effet, il est stipulé que l’acquéreur prend l’engagement de
verser à cette personne la somme de 100.000 FCFA par paiements successifs, aux échéances
fixées.
Ainsi, sans être intervenu dans le contrat et peut-être à son insu, l’ami, personne étrangère
aux parties, devient créancier de cette somme. Dès le moment même de la conclusion du
contrat, un droit de créance vient de naître à son profit, en vertu d’une stipulation contenue
dans le contrat de vente. L’acheteur qui est son débiteur est appelé le promettant ; le
vendeur grâce auquel il est devenu créancier est le stipulant; lui-même enfin qui bénéficie de
la stipulation est appelé le tiers bénéficiaire.
F. L’inexécution des contrats et la responsabilité contractuelle
Lorsqu’une des parties à un contrat ne respecte pas ses engagements, elle est tenue, selon
les principes de la responsabilité civile, de réparer le dommage qu’elle a causé à l’autre
partie. C’est la responsabilité contractuelle.
1. Les cas d’inexécution du contrat
Il y a inexécution d’un contrat dans les hypothèses suivantes:
- En cas d’inexécution d’une obligation de faire ou de donner;
- En cas de violation d’une obligation de ne pas faire;
- En cas de retard dans l’exécution d’une obligation.
L’inexécution doit être établie par:
- Le contractant subissant les conséquences de l’inexécution c’est-à-dire le créancier;
- La preuve de la seule absence du résultat promis (obligation de résultats) ou celle de
l’insuffisance des moyens mis en œuvre (obligation de moyen).
2. Les conséquences de l’inexécution d’un contrat : la responsabilité
contractuelle
L’inexécution ou le retard dans l’exécution d’une obligation résultant d’un contrat met en jeu
la responsabilité contractuelle du débiteur. On parle de responsabilité contractuelle à deux
conditions qui sont :

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- L’existence d’un contrat entre l’auteur et la victime du dommage;


- Le manquement à une obligation qui doit résulter du contrat.
Enfin, dès que les éléments constitutifs de la responsabilité contractuelle sont réunis, cela
entraîne une obligation de réparer le dommage qui en résulte.
Les éléments de la responsabilité contractuelle: La responsabilité n’existe que si celui qui est
poursuivi comme responsable a causé un préjudice ou un dommage. II faut, en outre qu’il
puisse être reproché au débiteur de ne pas avoir exécuté son obligation, c’est la faute. II est
enfin nécessaire que le préjudice soit la conséquence directe de cette faute. En clair,
préjudice, faute du débiteur et lien de causalité entre la faute et le préjudice, sont les trois
éléments constitutifs de la responsabilité contractuelle.
L’obligation de réparer le préjudice: La réparation est constituée par les dommages et
intérêts compensatoires (préjudice résultant d’une inexécution) et par les dommages et
intérêts moratoires (préjudice résultant du retard dans l’exécution).
Les dommages et intérêts sont fixés par le juge ou par les parties quand elles insèrent une
clause pénale dans leur accord et quelque fois par la loi.
En dehors des clauses pénales, les parties peuvent en principe établir des conventions de
non responsabilité et de limitation de responsabilité. La condamnation à verser des
dommages et intérêts peut être écartée en cas de force majeure ou d’une autre cause
d’exonération.
Remarques: La responsabilité contractuelle née de l’inexécution des contrats
synallagmatiques. Leur interdépendance entraîne deux conséquences importantes qui sont :
- Le droit de refuser d’exécuter quand l’une des parties est poursuivi par l’autre
à laquelle elle n’a pas accordé de délai et qui, elle-même, n’exécute pas.
- Le droit de demander au juge la résolution du contrat quand le cocontractant
n’exécute pas son obligation.

PARAGRAPHE 2 : LES FAITS JURIDIQUES


A. Définition
Les faits juridiques sont des évènements qui créent des effets de droit, sans que cela soit
voulu. Par exemple :
- Le décès d’une personne crée des droits (recueillir les biens du défunt) et des
obligations (payer ses dettes) pour les héritiers.
- Si un automobiliste blesse un piéton dans un accident de la circulation et voit ses
torts reconnus, il doit indemniser la victime. Un évènement imprévu (accident de la
circulation) crée une situation juridique (droit à indemnisation de la victime).
Le fait juridique se distingue donc de l’acte juridique qui a pour base la volonté et celle-ci
n’est efficace que si elle n’est pas entachée de vices et si elle émane d’une personne capable.
Ces conditions sont étrangères en matière de faits juridiques. Cependant, en dépit de son
caractère involontaire, toute personne (capable ou incapable) engage sa responsabilité civile
délictuelle ou quasi-délictuelle lorsque son fait cause un préjudice à autrui.
B. La responsabilité civile délictuelle
1. Notion de responsabilité civile délictuelle
Au plan du droit, la responsabilité se définit comme l’obligation de réparer le dommage
causé à autrui. A cet égard, il y a lieu de distinguer entre la responsabilité pénale et la
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responsabilité civile, et entre la responsabilité civile contractuelle et la responsabilité civile


délictuelle.
- La responsabilité pénale d’une personne est engagée lorsque celle-ci a commis une
infraction aux lois. Les sanctions consistent en une amende ou une peine de prison.
- La responsabilité civile, quand elle est établie, oblige à réparer les dommages causés
à autrui par le versement d’une somme d’argent équivalent au préjudice subi. Il
arrive que quelqu’un commette à la fois une faute pénale et une faute civile. Il
encourt les deux sanctions, pénale et civile, et doit rendre des comptes à la société
et à la victime.
- La responsabilité civile contractuelle suppose un dommage subi par un contractant
du fait de l’inexécution d’une obligation contractuelle. Au contraire, la responsabilité
civile délictuelle sanctionne les dommages nés en dehors de l’exécution d’un contrat.
2. Les différents cas de responsabilité civile délictuelle
Selon l’article 1384 du code civil, « on est responsable non seulement du dommage que l’on
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personne dont on
doit répondre ou des choses que l’on a sous la garde ».
Ce texte fait apparaître trois cas de responsabilité civile délictuelle et quasi-délictuelle :
- La responsabilité civile délictuelle du fait personnel
- La responsabilité civile délictuelle du fait d’autrui
- La responsabilité civile délictuelle du fait des choses, des animaux et des bâtiments.
a. La responsabilité civile délictuelle du fait personnel
Cette responsabilité a pour siège les articles 1382 et 1383 du code civil. Aux termes de
l’article 1382 du code civil : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». L’article 1383 du code
civil quant à lui stipule que : « chacun est responsable du dommage qu’il a causé, non
seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par imprudence ».
La faute délictuelle ou quasi-délictuelle se présente comme un manquement à une règle de
conduite selon laquelle chacun doit se comporter en homme prudent et diligent. Cette faute
peut être commise même dans l’exercice d’un droit; elle peut aussi consister dans une
abstention comme un acte.
Ex 1: Un employeur peut rompre un contrat à durée indéterminée le liant à un ouvrier, mais
s’il le fait sans motif, il engage sa responsabilité.
Ex 2: Un historien présentant un historique de la TSF et ne citant pas le nom de BRANLY avait
commis une faute causant un préjudice moral, car il ne s’était pas comporté en « historien
prudent et avisé ».
Pour que la responsabilité soit retenue, trois éléments doivent être réunis :
- Une faute : cette faute peut être intentionnelle (délit) ou non intentionnelle (quasi-
délit). L’usage d’un droit peut, dans certains cas, constituer une faute.
- Un dommage (ou préjudice)
- Un lien de causalité entre la faute et le dommage. Ces deux derniers éléments sont
déjà étudiés dans la partie consacrée à la responsabilité contractuelle.
b. La responsabilité du fait d’autrui
Les parents répondent du fait de leur enfant mineur non émancipé, habitant avec eux. La
victime du dommage causé par l’enfant n’a pas à prouver une faute de la part des parents. En
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effet, l’article 1384 a édicté à leur égard une présomption de faute. « On est responsable
non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui
est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ».Cette présomption tombe
devant la preuve contraire par laquelle les parents montreront qu’ils n’ont commis aucune
faute de surveillance et ont donné une bonne éducation à leur enfant.
Les artisans répondent du fait de leurs apprentis en ce qui concerne le dommage causé par
ces derniers pendant le temps où ils sont sous leur surveillance. Comme les parents, ils sont
présumés en faute et la présomption tombe devant la preuve de l’absence de faute.
Les commettants sont responsables du fait de leurs préposés. Il faut un lien de préposition
entre le commettant et le prépose. La victime doit apporter la preuve d’un préjudice causé
par le préposé dans l’exercice de ses fonctions. Le commettant ne peut échapper à sa
responsabilité même en apportant la preuve qu’il n’a pas commis de faute.
c. La responsabilité du fait des choses, des animaux et des bâtiments
La responsabilité du fait des choses et des animaux pèse sur le gardien. Cela est tiré de
l’article 1384 qui dispose qu’on est responsable du dommage causé par le fait « des choses
que l’on a sous sa garde ».
Le gardien est celui qui a un pouvoir de commandement correspondant à l’usage, au
contrôle, à la direction de la chose ou de l’animal. La victime n’a à prouver que le préjudice et
l’intervention de la chose. Le fait que la chose ou l’animal soit la cause génératrice du
dommage, la responsabilité du gardien est présumé. Il ne peut échapper à sa responsabilité
qu’en apportant la preuve d’une cause étrangère imprévisible et insurmontable.
La responsabilité du fait des bâtiments est tirée de l’article 1386 qui indique que « Le
propriétaire d’un bâtiment est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle est
arrivée par une suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa construction ».
La mise en œuvre n’exige pas de la victime la preuve d’une faute du propriétaire de
l’immeuble, mais seulement que celle-ci établisse que la ruine de cet immeuble a eu pour
cause le vice de construction ou le défaut d’entretien. Le propriétaire pourra s’exonérer de sa
responsabilité de plein droit que s’il prouve que ce dommage est dû à une cause étrangère
qui ne peut lui être imputée.

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