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Chapitre III :

Les règles
communes de
fonctionnement et
dissolution des
sociétés
commerciales :
A compter de l’immatriculation au registre du commerce, les sociétés commerciales
jouissent de la personnalité morale lui conférant ainsi la personnalité juridique. A partir de là,
elle a l’aptitude de participer à la vie juridique, et en tant que sujet de droit doté d’une
capacité propre, dominé par les principes de spécialité légale et statutaire.

Le fonctionnement d’une société est régi par certains nombres de principes, et en tant
qu’être collectif, la société commerciale doit organiser la vie de ses deux acteurs principaux.
Les associés, d’une part, qui grâce aux apports disposent en effet de prérogatives qui leurs
permettent de participer à la vie sociale (Section 1) et, les dirigeants, d’autre part, qui la
dirigent et la représentent (Section 2).

Section 1 : Les règles communes de fonctionnement :

Au Maroc, les différentes formes de sociétés commerciales fonctionnent selon des


modes spécifiques mais il existe des dispositions communes à la majorité d’entre elles,
notamment en ce qui concerne le statut des dirigeants. Quelle que soit sa forme, toute société
commerciale est organisée autour de deux pôles. Les organes de gestion (Paragraphe 1),
d’une part, et l’assemblée générale des associés (Paragraphe 2), d’autre part.

Paragraphe 1 : Les organes de gestion de la société :

L’exercice des droits d’une personne morale supposent quelle soit représentée par des
organes, par des dirigeants qui vont agir pour son compte grâce au mécanisme de la technique
de représentation, c'est-à-dire le mandat.

Les sociétés commerciales sont dirigées par des organes de gestion spécifique désignés
par l’assemblée des associés suivant des modèles qui varient selon le type de société. On
parle, selon l’article 62 de la loi 5-96, de « gérant » pour les sociétés en nom collectif, les
sociétés en commandite simple et la société à responsabilité limitée.

On parle selon l’article 39 de la loi 17-95 de « conseil d’administration avec un


président directeur général ou directeur général » pour les sociétés anonymes de type
moniste, et de « directoire » pour les sociétés anonymes de type dualiste.

Traditionnellement et classiquement, les rapports entre les dirigeants et les associés


sont calqués principalement sur le schéma de la représentation civile, celle du mandat,
prévue par l’article 879 du Dahir des Obligations et Contrats. Ainsi, par exemple, le gérant
agit au nom et pour le compte de la collectivité des associés. Le gérant serait donc le
mandataire des associés. Il détient des pouvoirs de gestion par la loi mais les statuts peuvent
les aménager notamment en prévoyant des limitations statutaires de ses pouvoirs. Organe
important de la société, le gérant est un investi de certains pouvoirs qui lui sont propres, à
savoir des pouvoirs de gestion et des pouvoirs de représentation. En droit des sociétés, le
représentant légal est une personne ayant légalement le pouvoir d’engager la société vis-à- vis
des tiers.

A cet effet, il agit donc au nom et pour le compte de la collectivité des associés.
Juridiquement, il est lié à la société par un contrat de mandat, mais détient également des
pouvoirs de gestion qui lui sont conférés par la loi bien que les statuts puissent les aménager.

A. Les pouvoirs des organes de gestion de la société :

Les pouvoirs des organes de gestion se présentent à peu prés dans les mêmes
conditions pour toutes les sociétés. D’une manière générale, les dirigeants ont tout pouvoir
pour assurer la gestion quotidienne de la société dans l’intérêt de celle-ci. Plus précisément, ils
assument aussi bien la direction économique que la direction juridique. La direction juridique
doit être étudiée dans les rapports avec les associés (2) et dans les rapports avec les tiers (1).

1. Les rapports avec les tiers :

Dans les rapports avec les tiers, les représentants légaux ont le pouvoir d’engager la
société dans la limite de l’objet social. A la lecture de l’article 69 alinéa 1er de la loi 17-
95 relatives aux sociétés anonymes (SA), il résulte que « le conseil d’administration est
investi des pouvoirs les plus étendus pour prendre en toutes circonstances toute décision à
la réalisation de son objet social au nom de la société ».

De même, aux termes des articles 8, 35 et 63 alinéa 2 de la loi 5-96 relatives à la


société en nom collectif (SNC), la société en commandite par actions (SCA) et aux sociétés à
responsabilité limitée (SARL), « dans les rapports avec les tiers le gérant est investi des
pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes circonstances au nom de la société ». Tous les
actes des dirigeants sociaux de ces sociétés qui dépasseraient les limites de l’objet social
engagent malgré tout la société auprès des tiers de bonne foi. En droit des sociétés, cette
situation est prévue par exemple par la loi 5-96 pour la société en nom collectif (SNC) à

l’article 8 alinéa 1er, pour la société en commandite par actions (SCA) à l’article 35 alinéa 2,
et à l’article 63 alinéa 2 pour la société à responsabilité limitée, et enfin à l’article 69 alinéa 2
de la loi 17-95 pour la société anonyme (SA).

Par ailleurs, et concernant toutes les sociétés commerciales, il est possible que les
statuts limitent les pouvoirs des dirigeants en prévoyant par exemple, que certains actes de
gestion jugés importants seront assujettis à l’autorisation préalable de la collectivité des
associés.

A cet égard, d’une part l’article 69 alinéa 3 de la loi 17-95 et, d’autre part les articles 8
alinéa 3, 35 alinéa 3, et 63 alinéa 4 de la loi 5-96 précisent que ces clauses statutaires
limitatives sont inopposables aux tiers. Cela signifie que la société se trouvera engagée vis-à-
vis d’eux, même en cas de violation des limitations statutaires de ses pouvoirs par le
dirigeant. Ce principe a pour conséquence d’éviter que les tiers qui contractent avec la
société par l’intermédiaire de son dirigeant la contrainte de devoir consulter les statuts de
façon à s’informer de l’étendue de ses pouvoirs.

2. Les rapports avec les associés :

Dans les rapports avec les associés, les associés investissent les organes de direction.
A partir de là, il appartient aux dirigeants d’effectuer la gestion courante de la société. Ils
doivent également respecter les statuts, agir dans les limites de l’objet social. De même ils
doivent agir dans l’intérêt social, c'est-à-dire dans l’intérêt propre de la société. Le plus
souvent la transgression de ces limites n’affecte pas la validité de l’acte accompli par le
dirigeant car le législateur veut assurer la sécurité des tiers de bonne foi traitants avec la
société.

Les fonctions de dirigeant ne sont pas sans risque pour ceux qui les exercent. En effet,
les dirigeants peuvent non seulement engager leur responsabilité civile mais aussi leur
responsabilité pénale. La responsabilité civile des dirigeants peut être engagée envers la
société ou les associés en cas de violation des dispositions légale ou règlementaires ou en cas
de violation des statuts, ou en cas de faute de gestion.

La jurisprudence considère qu’en agissant à l’encontre de l’intérêt social un dirigeant


commet une faute de gestion. Les tiers peuvent aussi rechercher la responsabilité des
dirigeants, mais dans ce cas la faute reprochée doit être personnelle et extérieure à leur activité
de représentation. La responsabilité pénale des dirigeants est engagée s’il commet des
infractions prévues par le code de commerce par exemple un abus de biens sociaux ou un abus
de confiance. En outre, la responsabilité des dirigeants peut être mise en œuvre dans le cadre
d’une procédure de liquidation judiciaire.

B. Le cumul entre mandat social et contrat de travail

Les dirigeants d’une société commerciale ne sont pas, en cette qualité, des salariés de
la société et ne bénéficient pas de la protection conférée par le contrat de travail. Toutefois,
ces dirigeants peuvent cumuler leur fonction de direction avec un contrat de travail les liants à
la société. Cependant, en droit marocain des sociétés, le cumul des fonctions de dirigeant
social avec un contrat de travail, sauf dans certains cas prévus par la loi, est possible dans
une société. Cette possibilité est cependant soumise à trois conditions. D’abord, le contrat de
travail doit correspondre à un emploi effectif, ensuite le contrat de travail exige l’exercice de
fonctions techniques distinctes de celles exercées dans le cadre du mandat et donnant lieu à
une rémunération distincte, et enfin l’existence d’un lien de subordination, critère essentiel du
contrat de travail.

C. L’établissement des comptes

Toute société comme tout commerçant doit produire un certain nombre de documents
à divers organismes publics. A la fin de chaque exercice, il appartient aux dirigeants d’établir
un certain nombre de documents comptables notamment le bilan, l’inventaire ou encore le
compte de résultat. A ces documents comptables s’ajoute également un rapport de gestion.
Tous ces documents doivent être mis à la disposition des associés au moins 15 jours avant la
tenue de l’assemblée générale ordinaire annuelle au cours de laquelle ces derniers devront se
prononcer sur les comptes sociaux. A titre d’exemple, pour la SARL ce délai est prévu par
l’article 71 alinéa 2 de la loi 5-96 et selon l’article 70 alinéa 1er de la loi 5-96 l’assemblée
générale ordinaire doit se tenir dans les 6 mois de la clôture de l’exercice.

Paragraphe 2 : L’assemblée générale des sociétés :

Dans toute organisation d’une société, l’assemblée générale permet à la collectivité des
associés d’exercer leur pouvoir général de contrôle sur la gestion de la société. L’exercice de
ce pouvoir de contrôle de la gestion par les associés a une double considération. Il est, d’une
part, la manifestation du droit qu’ils ont acquis dans la société en lui permettant de bénéficier
de leurs apports, et d’autre part, l’illustration de l’affection societatis qui les unit. Pour
l’essentiel, ce pouvoir se manifeste par un double droit, un droit de nomination et un droit de
révocation des dirigeants. Il se manifeste également par un autre droit, le droit d’approbation
des comptes sociaux et d’affectation des résultats. Enfin, ce pouvoir se manifeste par un
dernier celui du droit d’information des associés et des actionnaires.

Section 2 : Les règles communes de dissolution dans l’ensemble des


sociétés :
La disparition d’une société résulte de sa dissolution. C’est la fin du contrat de société.
Toutes les sociétés ont en commun certaines causes de dissolution. Juridiquement, la
dissolution marque le terme de l’existence sociale. Dés lors, les liens qui unissaient les
associés se dénouent, et la personnalité morale s’éteint. Dans ce cas le patrimoine social n’a
alors plus de titulaire, il faut donc le liquider.
Paragraphe 1 : Les causes de dissolution :

Traditionnellement, il existe trois catégories de causes selon que la dissolution s’opère


de plein droit (A) sur décision des associés (B) ou enfin en exécution d’une décision de
justice (C).

A. La dissolution de plein droit :

Les causes de dissolution communes à l’ensemble des sociétés sont prévues par
l’article 1051 alinéa 1, 2, 3, 4, et 5 du Dahir des Obligations et Contrats à savoir :

1° Par l'expiration du terme fixé pour sa durée, ou par l'accomplissement de la


condition ou autre fait résolutoire, sous laquelle elle a été contractée ;

2° Par la réalisation de l'objet en vue duquel elle avait été contractée, ou par
l'impossibilité de le réaliser;

3° Par l'extinction de la chose commune, ou la perte partielle assez considérable pour


empêcher une exploitation utile ;

4° Par le décès, l'absence déclarée, l'interdiction pour infirmité d'esprit, de l'un des
associés, s'il n'a été convenu que la société continuerait avec ses héritiers ou représentants, ou
qu'elle continuerait entre les survivants ;

5° Par la déclaration de faillite ou la liquidation judiciaire de l'un des associés ;


En droit des sociétés, cette forme de dissolution est prévue, pour la société en nom
collectif aux articles 17 et suivants de la loi 5-96. Pour la société en commandite simple la
dissolution est prévue à l’article 30 de la loi 5-96. Pour la société à responsabilité limitée la
dissolution est prévue aux articles 85 et 86 de la loi 5-96.

Exceptionnellement, l’annulation de la société, qui n’est pas rétroactive, provoque la


dissolution de la société. Enfin, les statuts peuvent prévoir la dissolution pour toute autre
cause.

B. La dissolution volontaire :
En droit commun, cette dissolution volontaire anticipée est prévue par l’article 1051
alinéa 6 du Dahir des Obligations et Contrats. La dissolution décidée par les associés peut
intervenir à tout moment suivant les modalités imposées par la loi ou prévues dans les statuts.
En droit des sociétés, à titre d’exemple, pour la société anonyme, cette dissolution est prévue
aux articles 356 et 357 de loi 17-95.

C. La dissolution judiciaire :

Cette forme de dissolution est prévue par les articles 1051 alinéa 8 et 1056 du Dahir
des Obligations des Contrats et Contrats. La dissolution judiciaire est prononcée par le
tribunal à la demande de tout associé lorsque le juge retient de justes motifs. Parmi les justes
motifs, on peut citer par exemple l’inexécution de ses obligations par un associé et la
mésentente entre associé paralysant le fonctionnement de la société. Egalement, la
dissolution judiciaire pourra résulter d’un jugement ordonnant la liquidation judiciaire de la
société dans le cadre d’une procédure collective. La dissolution peut résulter de la
condamnation de la société sur le plan pénal.

Paragraphe 2 : La publicité et les effets de la dissolution :

En principe, la dissolution d’une société entraine la liquidation et la partage des


biens de la société. Les opérations de liquidation et de partage sont règlementées par la loi
ou les statuts. La principale conséquence de la dissolution est justement d’entrainer sa
liquidation. Celle-ci consiste à terminer les affaires dans lesquelles la société était engagée
à réunir tous les éléments de l’actif et à payer ses dettes.

Sur ce point, le droit marocain consacre une solution jurisprudentielle selon laquelle
la personnalité morale de la société subsiste pour les besoins de la liquidation jusqu’à la
publication de la clôture de celle-ci. Ainsi la personnalité morale ne disparait pas
immédiatement. Jusqu’à la publication de la clôture de la liquidation la société conservera
son siège social, un patrimoine, et elle pourra continuer provisoirement une certaine
activité. Des opérations de liquidation sont alors effectuées par un ou plusieurs liquidateurs
nommés conformément à la loi, aux dispositions des statuts ou par décision des associés ou
par le juge. Cette nomination doit également faire l’objet de mesures de publicité pour être
opposable aux tiers puisque les pouvoirs des organes de direction cessent. Le liquidateur a
pour mission de dresser un inventaire de l’actif et du passif de la société, puis de réaliser
l’actif.

Au terme de sa mission il convoquera une dernière assemblée pour statuer sur les
comptes de la liquidation. Au terme de la liquidation, les associés peuvent procéder au
partage de l’actif net éventuel de la société. Généralement, la personne morale ne survivra
que pendant et pour les besoins de la liquidation et au terme de celle-ci et du partage
s’effectuera la radiation de la société.

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