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Le droit des affaires

Réalisé par :

P A. Mohammed BOULGHALAGH

Année universitaire 2019-2020

1
Introduction
Définitions :

On entend souvent parler de droit des affaires dans les établissements d’enseignement
et dans les médias sans appréhender réellement la définition ni le contenu de cette matière.

Si la définition du terme ‘’ droit ’’ ne soulève pas assez de difficultés, puisqu’on peut


s’accorder à le définir, dans une acception objective, comme étant l’ensemble des règles
juridiques obligatoires, qui organisent la vie dans la société, ou un domaine précis et les
rapports qui s’y établissent. Il en est autrement s’agissant du terme ‘’ affaires’’, qui a
plusieurs significations. Toutefois, on peut retenir celle désignant les intérêts économiques
et financiers.

En synthétisant ces éléments, on peut définir le droit des affaires comme étant
l’ensemble des règles juridiques régissant la vie des affaires, autrement dit les acteurs, les
activités et structures économiques, commerciales et financières et les rapports, qui
s’établissent dans ce domaine (des affaires).

Ce droit des affaires est connu également sous les appellations de « droit
économique » ou « droit de l'entreprise », de telle sorte qu’il est perçu par certains comme
étant un ensemble de règles juridiques spéciales régissant les actes de commerce et les
relations qui s’établissent entre les personnes, qui exercent une activité économique;
alors que d’autres le réduisent au droit régissant la vie de l’entreprise. 

Ceci dit, on peut d’emblée souligner que, le droit des affaires est une branche
multidisciplinaire, constituant un creuset ou se réunissent plusieurs disciplines de
droit, dont le droit civil, le droit des obligations et contrats, le droit commercial, le droit des
marchés publics, le droit du travail, le droit de la consommation, le droit de la concurrence,
le droit de la propriété intellectuelle, le droit pénal des affaires, le droit de la publicité, le
droit de l’informatique, le droit de la gestion déléguée, le droit du contentieux commercial,
le droit de l’auto-entrepreneur et autres. 

Evolution historique du droit des affaires.


En puisant dans les origines de ce droit, certains historiens laissent entendre que, les
premières règles du droit des affaires auraient vu le jour, environ 2000 ans Av JC dans le
commerce maritime. En Mésopotamie, des contrats auraient été conclus suivant le code de
Hammourabi pour servir aux commerçants.

2
En Grèce antique, vers le IIV siècle AV JC, on retrouve la loi de l’avarie
commune, qui visait à répartir les pertes entre les propriétaires des marchandises sauvées
avec ceux, dont les biens ont été sacrifiés pour assurer le salut de leur navire lorsque les
circonstances l’exigent.
Cependant, il a fallu attendre le moyen âge, soit environ le 11ème siècle pour voir
enfin émerger en Italie des règles applicables aux corporations de marchands dans le
domaine bancaire et le transport maritime. A la même époque, apparaissent les
juridictions dites consulaires, composées de commerçants pour trancher dans les litiges.
Vers le 16ème siècle, le droit commercial a été constitué en discipline autonome. En
France le pouvoir royal va légiférer s’agissant des foires et des corps de métiers. Plus tard,
le premier tribunal de commerce a été institué en 1563 (Trb de Chatelet à Paris). En 1673,
Colbert a initié un projet de codification et d’unification du droit commercial terrestre à
travers l’élaboration d’une ordonnance.

En 1806, Napoléon a institué une commission de négociants et magistrats, qui a


élaboré le code de commerce des Français, entré en vigueur en 1808 pour se substituer à
l’ordonnance de 1673.
Au Maroc, le premier code de commerce (inspiré du code Napoléon de 1807)
remonte au 12 août 1913. Il a été remplacé en 1996 par un nouveau code1.
Durant les deux dernières décennies, le droit des affaires marocain  a connu
plusieurs réformes, dont :

 la réforme de la bourse des valeurs de Casablanca en 1993, puis 2017


 l’adoption de la Charte d'investissement en1995,
 la réforme du droit de la propriété industrielle, littéraire et artistique avec la loi sur les
droits d'auteur et droits voisins en 1997,
 la création des juridictions de commerce en 1997,
 la loi sur la liberté des prix et de la concurrence en 2000.
 et la loi n° 103-12 relative aux établissements de crédits et organismes assimilés de 2015.

L’évolution du droit des affaires dans le temps s’est accompagnée d’une mutation
fondamentale sur son contenu et le champ de son action.

Contenu du droit des affaires.


Le droit des affaires est une discipline à cheval entre le droit public, le droit privé et
les sciences de la gestion. Il puise ses origines dans le droit commercial, qui était
essentiellement coutumier. Celui-ci avait pour objet de régir les commerçants, les biens
commerciaux et les opérations commerciales. Toutefois, au fil du temps, se sont ajoutés
peu à peu des apports du droit public économique et d’autres dispositifs juridiques
régissant les affaires de l’entreprise, pour donner naissance au droit des affaires. Il
1
Loi N° 15-95 promulguée par le dahir du 1er Août 1996) [Bulletin Officiel du Royaume du Maroc n°4418 du Jeudi 3
Octobre 1996.

3
s’ensuit que, le droit commercial qui se résume aux règles applicables aux
commerçants et aux actes de commerce ne constitue qu’une partie du droit des
affaires, tandis que ce dernier transcende ce cadre pour englober la quasi-totalité des
disciplines du droit privé et certaines branches du droit public.

Aussi, il couvre non seulement les activités commerciales, mais aussi les
activités industrielles, artisanales et bancaires, les assurances, la logistique, le
transport, la commission… etc, ainsi que tous les services mis à la disposition des
consommateurs. C'est la raison pour laquelle, on parle de plus en plus de droit économique
plutôt que de droit commercial. Il a pour principaux acteurs des personnes physiques (les
professionnels) mais aussi les personnes morales, des sociétés qui sont également désignées
sous le vocable d'entreprises commerciales.
Ces mutations ont accompagné les changements intervenus sur
l’environnement dans lequel se meut l’entreprise et l’exigence d’assurer une
autonomie du droit régissant l’entreprise, quelque soit la nature de ses activités
(commerce, industrie, artisanat, agriculture…) à travers le regroupement de plusieurs
branches du droit intéressant les différentes questions relevant des domaines bancaire,
boursier, fiscal, pénal, comptable, social, d’assurance et autres.

Spécificités du droit des affaires.


D’emblée, on peut affirmer que, le droit des affaires est un droit spécial. Il déroge
aux règles de droit commun (droit civil) à bien des égards, bien que celui-ci demeure un
socle juridique de référence pour le droit des affaires. Les caractéristiques seront étudiées en
détail plus loin. Toutefois, il sied de dégager les impératifs qui s’imposent dans le droit des
affaires.
Ce droit exige la rapidité, de telle sorte que les échanges, ainsi que le actes
juridiques qui les accompagnent doivent être effectués rapidement et simplement (l’échange
de mails suffit à la formation d’un contrat). Les adages anglais ‘’ time is money ‘’ et arabes
‘’ ‫ إن لم تقطعه قطعك‬،‫ ‘’ الوقت كالسيف‬, '' ‫ '' ''الوقت من ذهب‬trouvent leur meilleure application dans le
droit des affaires.
Aussi, le droit des affaires se caractérise par l’exigence de transparence dans les
différentes transactions, la facilitation du crédit et par l’importance accordée aux usages,
qui constituent une source de droit.
De surcroit, le droit des affaires se distingue des autres branches concernant les
mécanismes de règlement des litiges. Ainsi, le contentieux du droit des affaires présente
plusieurs spécificités qui seront développées ultérieurement.

Intérêt de l’étude du droit des affaires.


L’étude du droit des affaires revêt un intérêt capital, tant pour les étudiants et les
chercheurs universitaires, que pour les gestionnaires, les professionnels et opérateurs du
monde économique et commercial. C’est une matière riche et passionnante, qui permet de

4
s’initier aux concepts juridiques de base et d’appréhender les règles principales, qui
régissent la constitution des entreprises et leur fonctionnement, les procédures et les
formalités légales à suivre dans les différents domaines, les rapports avec les employés, avec
les clients et autres et d’assimiler les mécanismes de règlement des litiges et de protection
des droits et intérêts des différentes parties.

Brièvement, l’étude du droit des affaires permet d’appréhender les principes de base
de la gestion juridique de l’entreprise. L'objectif recherché est de sensibiliser les futurs
gestionnaires à la norme juridique afin de leur éviter les erreurs et les "pièges" qui
pourraient être fatals.

Problématique :
Les questions qui nous interpellent, lors de l’étude du droit des affaires et qui
constituent la problématique autour de laquelle s’articule cette analyse sont celles consistant
à appréhender ses sources, ses caractéristiques, son champ d’application, ses acteurs, les
techniques qu’il met en œuvre, les dispositifs de règlement des litiges, qui peuvent y
intervenir et bien d’autres aspects liés à la vie de l’entreprise et les rapports notamment
juridiques entre les professionnels.

Plan d’étude  :
Pour répondre à ces interrogations et dissiper le flou, qui règne sur la matière du
droit des affaires, on subdivisera notre étude en deux parties, en sus d’un chapitre
préliminaire consacré aux sources et caractéristiques du droit des affaires.

Dans un premier temps, on essayera d’esquisser le cadre juridique et


institutionnel dans lequel se meuvent les différents acteurs de ce droit et s’exercent les
affaires, ainsi que les institutions organisatrices et instances chargées du contentieux du
droit des affaires. Dans un second temps, on tentera de cerner les composantes essentielles
du droit des affaires et les aspects pratiques de la mise en application du droit des affaires
et les procédures collectives.

5
Chapitre préliminaire: Caractères, sources et principes du droit des affaires.
Le présent chapitre sera consacré à l’étude des caractéristiques du droit des affaires
marocain ses sources et ses principes.

Section 1 : Les caractéristiques du droit des affaires marocain.

Le droit des affaires est une discipline récente. C’est aussi un droit d’ordre public,
complexe, technique, mimétique, évolutif, spécial et professionnel.

§1. Le droit des affaires est une discipline récente.


Le droit des affaires n’a été reconnu en tant que discipline à part entière et
enseigné dans les facultés de droit que dans les années 1970 2. Il doit son essor à la place
et le rôle sans cesse croissant de l’entreprise, qui a imposé le remplacement du droit
commercial par cette branche pluridisciplinaire.

§2. Le droit des affaires est un droit complexe et technique.


C’est une matière composite et très compliquée que régit le droit des affaires. Les
difficultés de son appréhension tiennent à l’absence d’un code uniforme, qui réglemente
l’activité dans ses différentes dimensions. De la sorte, on se trouve devant une multitude de
textes, qu’il est difficile d’assimiler et de maitriser, et ce, compte tenu de la pluralité des
acteurs qui s’activent dans le domaine des affaires, de la diversité de leurs statuts et leurs
activités et bien d’autres aspects, nécessitant la mise en application des règles de droit civil,
de droit du travail, de droit constitutionnel, de droit administratif, de droit des sociétés, de
droit commercial, de droit pénal et autres.

Aussi, le droit des affaires est un droit technique. De la sorte, il cerne les différents
aspects de la vie de la société, les différents procédés et techniques aussi bien à caractère
juridique, fiscal, comptable, informatique que de gestion, qui nécessite la spécialisation et la
maitrise technique.

§3. Le droit des affaires est mimétique.


Le processus de construction de l’arsenal juridique national régissant le commerce et
les autres activités économiques et financières a commencé réellement durant l’époque du
protectorat, avec la transposition du droit français au Maroc et le calquage même des
institutions de la métropole. Au lendemain de l’indépendance, les chantiers de réforme des
textes juridiques ne se sont pas écartés du modèle français, qui constitue à ce jour la source
d’inspiration de prédilection pour le législateur marocain. Les différents projets de lois se

2
Martine DIZEL-CHANFREAU, ‘’ Droit des affaires et gestion des entreprises’’, édition EMS –Management et société
2003, p 7.

6
réfèrent voire même calquent certaines dispositions du dispositif juridique et institutionnel
français.

§4. Le droit des affaires est évolutif.


Le droit des affaires marocain est évolutif dans le sens où il tend à accompagner les
changements intervenus dans les différents domaines (crédit-bail, la franchise...). A titre
d’illustration, l’évolution de la technologie et la propagation de l’usage de l’informatique a
imposé l’adoption de nouvelles lois régissant le commerce électronique, la protection des
données et autres.

§5. Le droit des affaires est un droit professionnel et spécial, basé sur la bonne
foi, la rapidité, la simplicité et la sécurité.
Le droit des affaires est un droit professionnel et spécial. Autrement dit, il est de
nature corporatiste dans la mesure où il s’applique aux professionnels, qui s’activent dans le
monde des affaires, qui se distingue par ses propres normes et usages. Pour répondre aux
attentes desdits professionnels, il impose des exigences de bonne foi, de rapidité, de
simplicité et de sécurité des actes et opérations effectuées. A cet égard, il se démarque
des autres disciplines de droit notamment civil, caractérisées par leur formalisme
(exigence de l’écrit…) et leurs lourdeurs.

§6. Le droit des affaires est un droit d’ordre public.


Le droit des affaires est un droit d’ordre public. Autrement dit, il concerne les
intérêts fondamentaux de l'Etat et de la collectivité, qui impliquent le respect de lois
impératives sur le territoire national et auxquelles on ne peut déroger (exp: morale, bonnes
mœurs, sécurité, secret bancaire, durée maximale de travail …). Le champ d’application de
ces lois, qui revêtent un caractère obligatoire s’arrête aux frontières du territoire national.

Aussi, la compétence judiciaire marocaine est d’ordre public et les parties ne


peuvent convenir d’accorder la compétence à une juridiction étrangère. Toutefois, en
matière de commerce, il est permis aux parties qui se trouvent sur le territoire national de
recourir aux instances d’arbitrage international en cas de litige.

Section 2: Sources du droit des affaires marocain.

L’étude des sources du droit des affaires marocain sous un angle objectiviste nous
renvoie, tout d’abord, à s’interroger sur les autorités, qui contribuent à l’élaboration de ce
droit, autrement dit quelles sont les entités détenant le pouvoir normatif en matière du droit
des affaires marocain et partant sur la nature de ses sources, et ce, sachant pertinemment que
le droit des affaires est également un droit spontané, puisqu’une partie importante des règles
est l’œuvre des professionnels. Comme l'indique DURKHEIM "c'est dans les entrailles
mêmes de la société que le Droit s'élabore et le législateur ne fait que consacrer un travail
7
qui s'est fait sans lui "3. De surcroit, certaines règles de ce droit émanent de la religion (droit
musulman)4, de la morale et bien d’autres. Toutefois, il se distingue des règles morales et
religieuses par le fait qu'il est constitué de règles générales et impersonnelles, dont la
violation est assortie de sanctions.

Ceci dit, on peut d’emblée souligner que, ce sont des autorités aussi bien étatiques
qu’extra étatiques, qui contribuent à l’élaboration du droit des affaires. Actuellement, le
support juridique régissant le monde des affaires au Maroc est formé de règles de droit aussi
bien d’ordre interne qu’externe, dont certaines sont formelles et d’autres informelles.

§ 1. Sources internes du droit des affaires marocain.


On distingue au sein des sources internes de droit des affaires marocain celles dites
formelles, dont celles de nature législative ou réglementaire et qui constituent comme
dans les autres branches du droit ses sources fondamentales et des sources informelles, qui
comprennent les coutumes et les usages5, en sus de la jurisprudence et la doctrine. S’y
ajoute l’arbitrage et les contrats qui seront étudiés ultérieurement.

La force obligatoire de ces diverses sources varie selon l’autorité, dont elles
émanent et du champ de leur application.

I. Sources formelles.
Les sources formelles du droit des affaires sont des sources essentiellement écrites.
Elles sont de nature législative et réglementaire.
A. Sources de nature législative.

La législation est définie par le dictionnaire Larousse comme étant l’action par
laquelle sont élaborées, adoptées et édictées les lois d’un pays. A préciser qu’au sein des
lois, on distingue généralement la loi constitutionnelle, la loi organique qui structure les
institutions de l’Etat et la loi ordinaire.

1. La Constitution.

La Constitution est la loi suprême du pays. Elle est élaborée dans les pays
démocratiques par une assemblée spécialement élue (Assemblée constituante). Elle est votée
directement par le peuple à l’occasion d’un référendum. Son contenu s’articule globalement

3
Durkheim, …
4
Article 484 du D.O.C: Est nulle entre musulmans la vente de choses déclarées impures par la loi religieuse, sauf les
objets dont elle a autorisé le commerce, tels que les engrais minéraux pour les besoins de l'agriculture
5
L’article 2 du code de commerce stipule qu’ « il est statué en matière commerciale conformément aux lois, coutumes et usages du
commerce, ou au droit civil dans la mesure où il ne contredit pas les principes fondamentaux du droit commercial ».

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autour des droits et libertés et l’organisation des pouvoirs. Elle constitue une source parmi
d’autres du droit marocain des affaires.
Entre autres articles de la constitution de 2011 consacrés au droit des affaires, on
note :

 L’article 71 qui détermine les champs respectifs de la loi et du règlement et réserve


l’exclusivité au pouvoir législatif dans les matières suivantes :
  les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et dans d’autres articles de la présente Constitution,
  l’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions,
  le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts,
  le régime juridique de l’émission de la monnaie et le statut de la banque centrale,
  le régime des douanes,
  le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des sociétés et des coopératives,
  les droits réels et les régimes des propriétés immobilières publique, privée et collective,
  le régime des transports,
  les relations de travail, la sécurité sociale, les accidents de travail et les maladies professionnelles,
  le régime des banques, des sociétés d’assurances et des mutuelles,
  le régime des technologies de l’information et de la communication,
  l’urbanisme et l’aménagement du territoire,
  les règles relatives à la gestion de l’environnement, à la protection des ressources naturelles et au développement
durable,
  le régime des eaux et forêts et de la pêche,

Outre les matières visées à l’alinéa précédent, le Parlement est habilité à voter des lois-cadres concernant les objectifs
fondamentaux de l’activité économique, sociale, environnementale et culturelle de l’Etat.

L’article 35 oblige l’Etat à garantir le droit de propriété, la liberté d’entreprendre et la


libre concurrence, l’égalité des chances et la protection spécifique pour les catégories
sociales défavorisées.

L’article 36 impose aux pouvoirs public l’obligation de sanctionner les infractions


relatives aux conflits d’intérêts, aux délits d’initié et toutes infractions d’ordre financier,
ainsi que toutes formes de délinquance liées à l’activité des administrations et des
organismes publics, de même que les pratiques contraires aux principes de la concurrence
libre et loyale 6.

2. La loi .

6
Dahir n° 1.11.91 du 27 Chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la constitution.

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La loi est l’expression de la volonté générale. Elle doit être élaborée par l’ensemble
des citoyens soit directement soit indirectement par leurs représentants. Au sens strict du
terme ‘’loi’’, celle-ci est l’œuvre exclusive du pouvoir législatif (Le parlement) avec ses
deux chambres, dont celle des représentants et celle des conseillers. Quant au sens large du
terme, il ajoute à l’œuvre législative le règlement, qui relève du pouvoir exécutif (le
Gouvernement) et des autorités administratives.

Ceci dit, l’on doit retenir que la loi est l’acte émanant du Parlement. Or, le
processus d’élaboration des lois met en exergue l’intervention indirecte du Gouvernement.
Dans la phase qui précède l’adoption par le Parlement, l’élaboration des textes se réalise soit
sous forme de projets de lois initiés par le Gouvernement (plus précisément par les
Ministères compétents) soit sous forme de proposition de loi à l’initiative du Parlement.

Cependant, l’entrée en vigueur de la loi suppose que soient préalablement remplies


deux formalités après son adoption par le Parlement à savoir : la promulgation (acte
accompli par le Roi) et la publication de la loi, qui consiste en la publication au bulletin
officiel ‘’ BO ‘’. Cette formalité de publicité s’impose avant l’application de la loi pour
informer les citoyens, d’où l’adage juridique ‘’ Nul n’est censé ignorer la loi ‘’.

Les lois constituent une source très importante des dispositions du droit des affaires.
Leur place se consacre de plus en plus au fil du temps.

Entre autres lois les plus importantes régissant le domaine des affaires figure :
 Dahir n° 1-96-83 du 15 rabii 1417 (1er août 1996) portant promulgation de la loi n° 15-95 formant code de
commerce (B.O 3 octobre 1996).
 Dahir n° 1-97-65 du 4 chaoual 1417 (12 février 1997) portant promulgation de la loi n° 53-95 instituant
des juridictions de commerce
 Dahir (2 chaoual 1374) relatif aux baux d'immeubles ou de locaux loués à usage commercial, industriel
ou artisanal (BO 10 juin 1955).
 Dahir n° 1-00-225 du 2 rabii I 1421 portant promulgation de la loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la
concurrence. (B.O du 6 juillet 2000). Loi n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence
 Dahir n° 1-97-49 (5 chaoual 1417) portant promulgation de la loi n° 5-96 sur la société en nom collectif,
la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée
et la société en participation .
 Dahir n° 1-96-124 (14 rabii II 1417) portant promulgation de la loi n° 17-95 relative aux sociétés
anonymes (B. O. 17 octobre 1996).
 Dahir n° 1-99-12 du 18 chaoual 1419 portant promulgation de la loi n° 13-97 relative aux groupements
d'intérêt économique (B.O. 1er avril 1999).
 Dahir n° 1-02-238 du 25 rejeb 1423 portant promulgation de la loi n° 17-99 portant code des assurances.
 Dahir n° 1-04-154 du 21 ramadan 1425 (4 novembre 2004) portant promulgation de la loi n° 55-01
modifiant et complétant la loi n° 24-96 relative à la poste et aux télécommunications.
 Dahir n° 1-07-129 du 19 kaada 1428 (30 novembre 2007) portant promulgation de la loi n° 53-05 relative
à l’échange électronique de données juridiques. 
 Dahir n° 1-95-213 du 14 joumada II 1416 (8 novembre 1995) portant promulgation de la loi-cadre n° 18-
95 formant charte de l’investissement.

10
 Dahir n° 1-92-138 du 30 joumada II 1413 (25 décembre 1992) portant promulgation de la loi-cadre n° 9-
88 relative aux obligations comptables des commerçants.
 Dahir du 9 ramadan 1331 (12 août 1913) portant Code des Obligations et des Contrats
 Dahir n°1-07-79 du 28 rabii 1428, 17 avril 2007 portant loi n° 43-05 relative à la lutte contre le
blanchiment des capitaux.
 Dahir n° 1-14-193 du 1er Rabia 1436 correspondant au 24 décembre 2014 portant loi n° 103-12 relative
aux établissements de crédits et organismes assimilés.

B. Sources de nature réglementaire.


Les sources du droit des affaires d’ordre interne sont aussi de nature réglementaire.

Les sources du droit des affaires de nature réglementaire comprennent les décrets et
les arrêtés ministériels pris pour l’application des lois.

1. Les décrets.
Les décrets sont des actes réglementaires émanant généralement du Chef du
Gouvernement. Ils sont connus aussi sous l’appellation de ‘’décrets gouvernementaux’’. On
cite, à titre d’illustration: 

 Décret n° 2-96-906 du 9 Ramadan 1417 (18 janvier 1997) pris pour l’application du
chapitre II de la loi n° 17-95 formant code de commerce.
 Décret n° 2-12-349 du 8 joumada I 1434 (20 mars 2013) relatif aux marchés publics.
 Décret n° 2-05-813 du 25 joumada I 1430 (21 mai 2009) relatif au contrôle des
instruments de mesure.
 Décret n° 2-93-415 du 11 moharrem 1414 (2 juillet 1993) pris pour l'application de la loi
n° 13-89 relative au commerce extérieur tel qu'il a été modifié et complété par le décret
n° 2-99-1261 du 29 moharrem 1421 (4 mai 2000).

2- Les arrêtés ministériels.


Les arrêtés ministériels sont des textes réglementaires pris par les membres du
gouvernement, les Ministres et rarement le Chef du Gouvernement. La plupart des arrêtés
régissant le monde des affaires sont pris par les Ministres chargés du commerce, du
transport et des finances.

Entre autres arrêtés régissant l’entreprise et le monde des affaires, on note :


 L’arrêté du ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie
numérique n°1679-14 du 12 rejeb 1435 (12 mai 2014) relatif aux modalités de mise en œuvre des
obligations liées à l’obligation générale de sécurité des produits et services.
 L’arrêté du ministre de l’industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie
numérique n°5-14 du 29 safar 1435 (2 janvier 2014) fixant le modèle type auquel doivent être
conformes les documents, annonces et règlements présentant l’opération de loterie publicitaire pour
les biens, produits et services relatifs au secteur du commerce et de l’industrie a été publié au
bulletin officiel n°6288 du 4 Septembre 2014 (8 Kaada 1435).

11
 L’arrêté du ministre des finances et des investissements n° 3827-94 du 14 novembre 1994
fixant le montant minimum du capital des sociétés de bourse.
 L’arrêté du ministre des finances et de la privatisation n° 1234-04 du 13 rabii II 1425 (2
juin 2004) abrogeant l'arrêté du ministre des finances et des investissements extérieurs n°
1648-95 du 15 moharrem 1416 (14 juin 1995) fixant le seuil de variation à la hausse ou à la
baisse du cours d'une valeur mobilière pendant une même séance de bourse.

 Arrêté du Ministre de l’Equipement et du Transport n° 664-03 du 26 mars 2003 pris pour


l’application du décret relatif aux conditions de satisfaction des critères de capacité
financière et d’aptitude professionnelle, et fixant la procédure d’octroi du carnet de
circulation et le modèle et les modalités d’utilisation des documents de transport.

II. Sources informelles ou indirectes.


Elles comprennent les sources coutumières et jurisprudentielles en sus de la doctrine.

A. Sources orales ou coutumières.


Les innovations dans le domaine des affaires (Industrie…) précèdent la loi. Pour
combler le vide juridique, les commerçants développent leurs propres règles et usages
(qui se développent avec la pratique pour constituer une coutume) pour régler leurs
opérations, lesquels revêtent une importance capitale en matière de droit des affaires,
puisqu’ils garantissent la simplicité, la rapidité et la sécurité des transactions.
A préciser, par ailleurs, que la coutume est un usage juridique oral, consacré par le
temps et accepté par la population. C’est aussi un comportement professionnel constant,
répandu et généralement ancien. En matière de droit des affaires, les usages sont nombreux
et peuvent régir différentes situations, et ce, en l’absence de textes de loi écrits spécifiques.
Ces usages qui sont développés par la pratique quotidienne permettent en fait de combler les
vides juridiques. Compte tenu de leur force obligatoire, ils sont considérés dans le domaine
commercial, en dépit de leur caractère oral, comme étant des sources principales de droit.

L'article 2 du code de commerce marocain précise qu'il « est statué en matière


commerciale conformément aux lois et aux coutumes et usages du commerce » et l'article 3
dispose que « les coutumes et usages spéciaux et locaux priment les coutumes et usages
généraux ».
On distingue, à cet égard, les usages conventionnels et les usages de droit.
1. Les usages conventionnels.

Les usages conventionnels puisent leur origine dans des pratiques répétées, suivies
par des commerçants à l’occasion de la conclusion et l’exécution des contrats. De la sorte,
les clauses qui étaient régulièrement insérées et répétées dans des contrats sont considérées
comme acquises même si elles ne sont pas écrites. La pratique est devenue usage de fait :
elle joue le rôle d'une convention tacite. Les stipulations deviennent avec le temps tellement
connues qu’il est inutile de les prévoir dans les contrats.

12
L’existence d’un usage se prouve par parères, qui sont des attestations écrites
émanant d’organismes professionnels divers. Ces organismes établissent un véritable code
des usages d’une profession, et quelques contrats-types.

2. Les usages de droit.

Ces usages sont consacrés par le juge ou la loi. Une présomption de solidarité entre
débiteurs contractuels existe en matière commerciale, alors que « la solidarité entre
débiteurs ne se présume pas.

B- La jurisprudence.

La jurisprudence(‫ائي‬pp‫ )االجتهاد القض‬est l’ensemble des décisions de justice rendues


(notamment par les hautes instances) au sujet d’une question en l’absence d’un texte
juridique servant de précédents et d’exemples, qui illustrent comment un problème juridique
a été résolu.
Le rôle de la jurisprudence dans le droit des affaires est indéniable. Elle sert non
seulement à l’interprétation des textes, mais également pour établir en dehors de tout texte le
régime juridique pour différentes situations. De surcroit, elle est à même d’influencer le
législateur à l’occasion des réformes de textes de lois.

C- La doctrine.

On désigne par ‘’doctrine ’’ l’ensemble des textes, circulaires, instructions de service,


notes ministérielles et réponses ministérielles aux questions écrites des parlementaires et
d’autres documents d’ordre interne publiés pour faire connaître officiellement
l’interprétation qu’on donne des règles législatives et réglementaires.
Elle désigne également l’ensemble des opinions émises par les praticiens du droit
(professeurs, avocats, notaires, magistrats …) à l’occasion d’étude de la matière juridique,
visant à influencer le législateur (lors de l’élaboration des réformes) et le juge à travers les
différentes interprétations et critiques faites et diffusées dans les ouvrages et publications
scientifiques.

§ 2. Sources internationales du droit des affaires.


Les sources du droit des affaires sont également d’ordre externe. Ce sont
essentiellement les traités internationaux signés et ratifiés, les usages et la jurisprudence.
Dans le préambule de la nouvelle constitution de 2011, l’Etat marocain s’engage à
‘’accorder aux conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des
dispositions de la Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité
nationale immuable, et dès la publication de ces conventions, la primauté sur le droit
interne du pays, et harmoniser en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation
nationale’’.

13
I. Les conventions internationales.
Les conventions internationales sont soit bilatérales, soit multilatérales (comprenant
plusieurs pays). En principe, une fois ratifiées elles acquièrent une force supérieure dans la
hiérarchie des lois à celles d’ordre national, sous réserve de réciprocité et du respect de la
constitution et de l’identité nationale. En matière de droit des affaires, ces conventions
visent à uniformiser les règles applicables à certains domaines.

Aussi, ces conventions tendent à mettre en place un support juridique visant à régler
les litiges, qui risquent de surgir lors de l’exécution de contrats internationaux ou autres.

Ci-après quelques conventions données à titre indicatif dans le domaine du droit des
affaires :

 les conventions internationales de Genève du 47 juin 1930 et 19 mars 1931 relatives


respectivement à la lettre de change et au chèque, ratifiées au Maroc par le dahir du 19
janvier l939.
 Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, et pacte
international relatif aux droits civils et politiques, du 16 décembre 1966, ratifiés par le
dahir (loi) du 08 novembre 1979.
 la convention de Varsovie du 12 octobre 1929 relative au transport aérien international,
ratifiée par le dahir (loi) du 16 février 1977, et publiée au Bulletin officiel du Royaume
du Maroc n° 3389 bis du 13 octobre 1977 
 Les accords de libre échange conclus avec l’UE, les USA, la Turquie, les EAU,
l’Egypte…
 l’accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce (ADPCI).
 La convention portant création du Centre International de Règlement des Différends
relatifs aux Investissements ”CIRDI” ratifiée par le Maroc en date du 11 Octobre 1965
 la convention portant création de l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements
ratifiée le Maroc le 16 septembre 1992 (AMGI).
 les conventions établies par l'Organisation Internationale du Travail (OIT) créée en 1946
en tant qu’institution spécialisée de l'ONU. 
 Conventions de non double imposition.
 La convention de vienne sur la vente des marchandises de 1980.
 la convention de Bern sur les transports de chemin de fer de 1890,
 la convention d’Ottawa sur les transports aériens de 1999,
 la convention d’union de Paris portant sur la propriété industrielle de 1883, les traités de
l’Union Européenne.
 La convention relative à l'aviation civile internationale signée à Chicago, le 7 décembre
1944 (promulgué par Dahir n° 1-57-172 du 10 kaada 1376 (8 juin 1957)
 Protocole fait à Montréal le 10 mai 1984 portant amendement de la Convention relative à
l'aviation civile internationale faite à Chicago le 7 décembre 1944 (promulgué par Dahir 
n° 1-90-107 du 27 chaabane 1422 (13 novembre 2001).

14
 Convention de Genève du 19 mai 1956 relative au contrat de transport international de
marchandises par route (CMR).

Aussi, le Maroc a ratifié plusieurs conventions en matière d’arbitrage dont :

 La Convention de la Haye du 1er mars 1954,


 La Convention de New York du 9 juin 1958 relative à la reconnaissance et l’exécution
des sentences arbitrales étrangères.
 La convention de Amman relative à l’arbitrage commercial international du 14 avril
1987.

II. Les usages internationaux.

Les usages sont aussi bien d’ordre national qu’international. Ils sont créés et mis en
application par les commerçants dans les différentes transactions transnationales. Ils sont
utilisés notamment dans les contrats-types, et ce, à cause des disparités dans les législations
nationales. Il en est le cas, à titre d’illustration, des incoterms (international commercial
terms) émis par la Chambre de Commerce International (basée à Paris) - C.C.I) Ce sont des
termes internationaux qui précisent les obligations des différentes parties dans les ventes
internationales. 

III. La jurisprudence.

La jurisprudence internationale a une place importante dans les sources du droit


international des affaires.

Si la compétence judiciaire marocaine est d’ordre public et les parties ne peuvent


convenir d’accorder la compétence à une juridiction étrangère, en revanche, le droit
marocain permet aux parties qui se trouvent sur le territoire national de recourir aux
instances d’arbitrage international en cas de litige.

IV. L’arbitrage.

On peut ajouter l’arbitrage aux sources du droit des affaires, et ce, compte tenu de
son rôle combien déterminant en tant que moyen non étatique et non juridictionnel de
règlement des litiges. Il fait intervenir non pas un juge mais un arbitre (généralement un
professionnel expérimenté) pour trancher dans les litiges et prendre des décisions, qui
engagent les deux parties qui font appel à ses services. Il permet, ainsi, d’épargner aux
parties les lourdeurs de procédures, les tracasseries et bref les rouages des tribunaux.

Le recours à l’arbitrage est régi par les articles 327-39 à 327-54 du Code de
procédure civile sans oublier les conventions internationales ratifiées par le Maroc.

15
Il est prévu par les articles 306 à 327 du CPC, auxquels renvoie également le dernier
alinéa de l’article 5 de la loi instituant les tribunaux de commerce qui dispose que : « Les
parties pourront convenir de soumettre les différends ci-dessus énumérés à la procédure
d’arbitrage ».

On distingue, par ailleurs, entre la clause compromissoire et le compromis. 

 La clause compromissoire :

C'est la clause insérée dans le contrat par laquelle les parties décident de soumettre à
l'arbitrage les litiges qui peuvent naître de l'exécution de ce contrat. Les parties peuvent
désigner à l'avance les arbitres mais il faut que la clause soit écrite à la main et spécialement
approuvée par les parties. 

 Le compromis :

C'est la convention par laquelle les parties à un litige déjà né soumettent celui-ci à
l'arbitrage d'un ou plusieurs arbitres. Il doit être écrit, détermine l'objet du litige, désigne les
arbitres et le délai qui leur est imparti pour rendre leur sentence arbitrale. 

En principe, les arbitres ne sont pas tenus d'appliquer les règles de droit ou de
procédure étatique. Ils statuent en tant qu'amiables compositeurs (sur la base de l'équité).

Section 3: Principes fondamentaux du droit des affaires.

Les principes appliqués dans le domaine des affaires, qui sont destinés
essentiellement à la protection des particuliers.
§1. La liberté.
L’exercice de l’industrie, de l’artisanat, du transport et notamment du commerce tant
à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur suppose le respect du principe fondamental de la
liberté, qui conditionne la réalisation des différentes professions dans ces domaines et leur
développement. Ces principes sont consacrés dans la constitution et dans les différents
textes du droit national et international. Il s’agit entre autres de :
 Liberté contractuelle.
 Liberté de circulation des personnes
 Liberté de circulation des capitaux
 Liberté de circulation des marchandises
 Liberté de circulation des services
 Liberté d’entreprendre7
 Liberté de commerce
7
Article 35 de la constitution

16
 Libre concurrence
Bien entendu, ces libertés ne sont pas absolues. Elles sont limitées par le droit et la
morale et conditionnées par le paiement d’impôts. Toutefois, ces limitations ne doivent pas
constituer des facteurs de blocage de l’exercice du commerce et de toute autre profession.
§2. L’égalité et la légalité.

Les principes d’égalité et de légalité sont prévus par l’article 6 de la constitution qui
dispose que: ‘’ la loi est l’expression suprême de la volonté de la nation. Tous, personnes
physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant elle et tenus de
s’y soumettre. Les pouvoirs publics Œuvrent à la création des conditions permettant de
généraliser l’effectivité de la liberté et de l’égalité des citoyennes et des citoyens, ainsi que
de leur participation à la vie politique, économique, culturelle et sociale.
Sont affirmés les principes de constitutionnalité, de hiérarchie et d’obligation de
publicité des normes juridiques. La loi ne peut avoir d’effet rétroactif.
§3. La non-rétroactivité des lois.
L’article 6 de la constitution prévoit que: ‘’ La loi ne peut avoir d’effet rétroactif ‘’.
Autrement dit, la loi ne peut être appliquée que pour l’avenir, c à d à partir du moment de sa
publication. Elle ne saurait produire des effets pour le passé, sauf exceptions prévues par la
loi. Ce principe est de mise en droit pénal des affaires.

17
Partie I
L’environnement juridique et institutionnel des affaires

L’exercice d’activités commerciales, industrielles, agricoles, artisanales, de services


et autres dans un contexte libéral comme celui du Maroc reste libre. Néanmoins, cette
liberté subit des restrictions et l’influence de différents facteurs imposés par des
dispositions juridiques et l’intervention de l’Etat et d’organismes publics, qui limitent sa
portée et partant fixent un environnement où se meuvent les divers acteurs des affaires et
à leur tête l’entreprise, qui constitue l’élément moteur, sinon incontournable pour la
réalisation des différentes activités économiques et commerciales.

 On s’attèlera, dans le cadre de cette étude, à cerner les contours de cet
environnement où évolue l’entreprise marocaine, ses acteurs principaux et les actes qui sont
accomplis dans le champ des affaires, avant de mettre l’accent sur les institutions
intervenant ne matière d’organisation de la vie des affaires et de règlement des litiges.

Chapitre 1 : Les acteurs de la vie des affaires.


Les acteurs du droit des affaires sont aussi bien publics que privés. Ils agissent tant
individuellement que collectivement. Certains ont la qualité de commerçants, alors que
d’autres sont non commerçants. Toutefois, ils accomplissent une activité commerciale. Pour
regrouper les différentes catégories, on utilise le terme professionnel du commerce au lieu
de celui de commerçant.
Ceci dit, le commerçant constitue le principal acteur du champ des affaires. L’accès
à ce statut de commerçant demeure tributaire de la satisfaction à des conditions, qui seront
développées ci-dessous. L’acquisition de cette qualité entraine des conséquences sur les
actes accomplis et sur la compétence des instances judiciaires. Aussi, les activités
revêtant le caractère commercial entrainent des conséquences pareilles.

Il va sans dire que, le professionnel du commerce doit remplir des conditions tenant à
la personnalité juridique et à l’exercice d’une activité commerciale et autres.
Notre propos se focalisera successivement sur les conditions tenant à la personne et à
l’activité accomplie, ainsi que l’obligation de respect des droits du consommateur, ce qui
nous permettra de cerner les contours du champ d’exercice des affaires et les acteurs
habilités légalement à exercer des professions commerciales et autres.

Section 1 : Conditions tenant à la personnalité juridique.


La personnalité juridique peut être définie comme l'aptitude à être titulaire de
droits et débiteur d'obligations. C'est un concept fondamental du droit qui permet de
reconnaître les sujets de droit, à savoir les personnes physiques, et de les distinguer des
choses non pourvues de la personnalité.
18
La personnalité juridique est reconnue non seulement à la personne physique, mais
également à la personne morale, qui constitue un groupement de personnes physiques.

Dans le domaine du commerce, on peut agir tant individuellement en tant que


personne physique que collectivement en tant que personne morale, sachant
pertinemment que ces deux catégories de personnes de droit sont les seules entités
juridiques habilitées à agir en droit.

Néanmoins, pour ce faire on doit satisfaire à des conditions juridiques bien définies.
Ces conditions varient selon les situations, qui seront développées ci-dessous.

§1. Les personnes physiques.


Tous les êtres humains jouissent de la personnalité juridique depuis leur naissance.
Ils constituent, à ce titre, des personnes physiques. Ils sont individualisés par trois éléments
essentiels :
- Le nom
- Le domicile
- L’état civil
La personnalité juridique ne s’éteint que par la mort ou l’absence.

Par ailleurs, il y a lieu de distinguer deux sortes de capacité juridique :


La capacité de jouissance : c'est la faculté d’acquérir des droits et d’assumer des
devoirs et qui est attachée à la personne dès sa naissance et jusqu'à sa mort.
La capacité d’exercice : c'est la faculté qu’a une personne d’exercer ses droits
personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides. Cette capacité est reconnue à toute
personne ayant atteint l’âge de la majorité à moins qu’un motif quelconque ne lui limite ou
ne lui fasse perdre cette capacité.
Ceci dit, toutes les personnes physiques qui jouissent de la personnalité juridique
n’ont pas toutes la capacité d’exercer leurs droits eux-mêmes.
Ainsi, le législateur considère que l’exercice d’une profession commerciale comporte
des dangers à la fois pour celui qui se livre au commerce sans expérience suffisante et pour
le public qui peut souffrir de l’inexpérience et aussi de l’immoralité du commerçant. Il a,
donc, édicté des incapacités et des interdictions.
On se focalisera respectivement sur l’étude de la condition de capacité d’exercice,
avant de mettre en relief les incapacités.

19
I. La capacité d’exercice.
Dans le cadre de l’exercice des différentes activités que ce soit à titre de
commerçant ou à titre de sujet de droit civil, on doit remplir, suivant les cas, des conditions
de capacité d’exercice.

A- La capacité civile.

La capacité civile est une condition sine qua non pour agir en droit. Elle désigne le
pouvoir reconnu par la loi aux personnes d’accomplir des actes d’administration, de prendre
des engagements et de défendre leurs intérêts. Légalement toute personne est capable
d'obliger et de s'obliger à condition d’avoir la majorité légale, soit 18 années grégoriennes
révolues et que la personne jouit de ses facultés mentales8.

B. La capacité commerciale.
L’exercice du commerce à titre professionnel demeure tributaire de la jouissance de
la capacité commerciale. L’article 12 du c.co dispose que : la capacité pour exercer le
commerce obéit aux règles du statut personnel.
La capacité commerciale suppose la réunion des conditions exigibles pour avoir la
capacité civile (18 ans révolus et facultés mentales), avec quelques exceptions visant la
protection des incapables, dont les mineurs d’âge et les majeurs incapables, qui ne jouissent
pas pleinement de leurs facultés mentales.

II. Les incapacités et interdictions d’exercice du commerce.


On distingue différents cas d’interdiction de l’exercice du commerce. Ces
interdictions visent à protéger, d’une part, les intérêts des incapables et ceux de l’intérêt
général, d’autre part.
A. Les incapacités visant la protection des mineurs et majeurs.
Le législateur a institué des incapacités interdisant aux mineurs et aux majeurs
(dément, faible d’esprit et prodigue) d’exercer le commerce. Toutefois, il leur permet d’être
représentés par leurs tuteurs.
Par ailleurs, il y a lieu de distinguer, de prime abord, entre deux sortes d'incapables :
ceux qui n'ont aucune capacité d'exercice (moins de 12 ans et dément ayant perdu
complètement la raison) et ceux dont la capacité d'exercice est simplement limitée, à savoir
les enfants ayant atteint l’âge de discernement de 12 ans qui peuvent être autorisés à
accomplir quelques actes d’administration.

1. Les incapacités visant la protection des mineurs.


8
Article 209 du code de la famille.

20
Un mineur n’ayant pas atteint la majorité légale (18 ans révolus) ne peut exercer le
commerce. Toutefois, en droit civil et en droit commercial, on dégage quelques exceptions
concernant certains cas.
a) Le mineur non émancipé.
C’est un mineur ordinaire âgé de moins de 18 ans. Il ne peut devenir commerçant ni
même faire occasionnellement des actes de commerce, que par l’intermédiaire d’un tuteur
ou d’un représentant légal.
A noter que, l’article 14 du c.co dispose que le tuteur ne peut exploiter les biens du
mineur dans le commerce, qu'après autorisation du juge et son inscription au registre de
commerce, sachant qu’en cas d'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation
judiciaire imputable à la mauvaise gestion du tuteur, ce dernier est passible des sanctions
prévues par la loi.
Toutefois, le mineur ayant contracté sans l'autorisation de son père ou tuteur n’est pas
obligé à raison des engagements pris par lui et peut en demander la rescision dans les
conditions établies par le DOC, excepter les cas prévus par la loi 9.
b) Le mineur émancipé  :
Le mineur peut être émancipé lorsqu’il atteint l’âge de 16 ans, et ce, sur décision du
Juge (article 218 du code de la famille). La demande d’émancipation peut être formulée
aussi bien par le mineur que par son représentant légal.
La personne émancipée entre en possession de ses biens et acquiert sa pleine capacité
en ce qui concerne la faculté de gérer et de disposer de ses biens.

Ceci dit, le mineur émancipé ne peut exercer le commerce que s’il est autorisé à le
faire par son père, sa mère ou par son tuteur. Encore faut-il que, l'autorisation d'exercer le
commerce par le mineur et la déclaration anticipée de majorité soient inscrites au registre du
commerce conformément aux termes de l’article 13 du code de commerce.
c). Le mineur étranger.
Le législateur marocain déroge à l’âge de la majorité légale de 18 ans concernant
l’étranger, qui ne peut être réputé majeur qu’après avoir atteint vingt ans révolus.
Cependant, il peut exercer le commerce sur autorisation du juge.

2. Les incapacités visant la protection des majeurs.


9
Article 225 du code de la famille dispose que ‘’ Les actes du mineur, doué de discernement, sont soumis aux dispositions
suivantes :
1) ils sont valables, s’ils lui sont pleinement profitables ;
2) ils sont nuls, s’ils lui sont préjudiciables ;
3) s’ils revêtent un caractère à la fois profitable et préjudiciable, leur validité est subordonnée à l’approbation de son représentant
légal,
accordée en tenant compte de l’intérêt prépondérant de l’interdit et dans les limites des compétences conférées à chaque représentant
légal.

21
Ce sont les malades mentaux et les prodigues. Ils sont assimilés aux mineurs non
émancipés. Ils font l’objet d’une mesure de tutelle (régime de la représentation), ou de
curatelle (régime de l’assistance), afin de les protéger contre eux mêmes et contre les autres.
Le code de la famille définit le prodigue dans son article 215 comme étant ‘’ celui
qui dilapide ses biens par des dépenses sans utilité ou considérées comme futiles par les
personnes raisonnables, d’une manière qui porte préjudice à lui-même ou à sa famille’’.
Le même code définit dans son article 216 le faible d’esprit comme celui qui est
atteint d’un handicap mental l’empêchant de maîtriser sa pensée et ses actes’’. 
L’interdiction est prise par jugement du tribunal à partir du moment de constatation
de la perte de la raison, de la prodigalité ou de la faiblesse d’esprit, sur la base d’une
expertise médicale et de tout autre moyen de preuve.
3. La représentation légale.

Les personnes incapables et les personnes non pleinement capables sont soumises
au régime de la tutelle car elles ne peuvent exercer leurs droits personnellement mais par
l'intermédiaire d'un représentant légal.
La représentation légale est assurée au titre de la tutelle légale, la tutelle
testamentaire ou la tutelle dative.
 Le tuteur légal : le père, la mère à défaut du père ou par suite de la perte de la capacité
de ce dernier ou le juge.
 Le tuteur testamentaire : c'est la personne désignée par le père ou par la mère dans leur
testament.
 Le tuteur datif : en l’absence du père, de la mère ou du tuteur testamentaire, le tribunal
désigne un tuteur datif pour l’incapable, qu’il doit choisir parmi les plus aptes des
proches parents (âsaba). A défaut, le tuteur datif doit être choisi parmi les autres proches
parents, sinon parmi des tiers.
B. Les interdictions visant la protection de l’intérêt général.
Dans le but de protéger l’intérêt général, le législateur a interdit l’exercice du
commerce dans les cas qui seront développés ci-après :

- Les déchéances
- Les incompatibilités
- Les professions réglementées.

1. Les déchéances.

22
Le commerce repose sur le principe de bonne foi. Les relations de confiance qui
doivent s’installer, donc, entre les différents professionnels imposent la condition
d’honorabilité. Dans cette optique, le législateur interdit le commerce aux personnes, qui ont
encouru certaines condamnations.
La déchéance commerciale emporte interdiction de diriger, gérer, administrer
ou contrôler directement ou indirectement, toute entreprise commerciale ou artisanale et
toute société commerciale ayant une activité économique (article 711 c.co).

Lorsque le tribunal prononce la déchéance commerciale, il fixe la durée de la mesure,


qui ne peut être inférieure à cinq ans (5) ans. Il peut ordonner l’exécution provisoire de sa
décision. La déchéance commerciale et l’incapacité élective qui en résulte, cessent de plein
droit au terme fixé, sans qu’il y ait lieu au prononcé d’un jugement.

La durée de l’incapacité d’exercer une fonction publique élective résultant du


jugement de liquidation.

Dans tous les cas, l’intéressé peut demander au tribunal de le relever, en tout ou
partie de la déchéance commerciale et de l’incapacité d’exercer une fonction publique
élective, s’il a apporté une contribution suffisante au paiement de l’insuffisance d’actif.

Lorsqu’il y a relèvement total de la déchéance commerciale et de l’incapacité


élective, la décision du tribunal emporte réhabilitation (article 720 c.co).

2. Les incompatibilités.

L’incompatibilité est une situation qui résulte de l’exercice simultané de fonctions,


mandats ou autres, dont le cumul est interdit par la loi. L’exercice du commerce est interdit
pour certaines personnes en raison de leur profession. Il en est le cas des fonctionnaires de
l’administration publique marocaine. Ainsi, le dahir du 25 février 1958 formant statut de la
fonction publique interdit aux fonctionnaires d’exercer le commerce.

De même, les professions d’avocat, de notaire et d’autres professions libérales sont


également incompatibles avec l’exercice d’une activité commerciale.

Il est à noter que ces personnes ne sont pas incapables : si elles font des actes de
commerce malgré le statut de leur profession, elles pourront être passibles de sanctions
disciplinaires ou pénales, mais les actes seront valables. Et si elles font assez d’actes de
commerce pour qu’ils puissent constituer l’exercice d’une profession, elles auront la qualité
de commerçant avec toutes les conséquences de droit, y compris l’admission au
redressement judiciaire ou à la liquidation judiciaire.

3. Les commerces soumis à autorisation administrative.

23
Certaines activités commerciales sont réglementées. Elles ne peuvent être exécutées
que dans les conditions légales définies par certaines personnes autorisées pour ce faire.
C’est le cas des assurances, des banques, des transports de publics de voyageurs et de
marchandises, du raffinage de pétrole etc…

D’autres activités sont interdites aux particuliers en vue de leur caractère (défense
nationale, ordre public).

Remarque : toute personne qui, en dépit d’une interdiction, d’une déchéance ou d’une
incompatibilité exerce habituellement une activité commerciale est réputée commerçante
(article 11 c.co)

§2. Les personnes morales avec l’entreprise sociétaire comme


acteur majeur de la vie des affaires.
Les personnes morales jouissent à l’instar des personnes physiques des droits
subjectifs et sont soumises à un certain nombre d’obligations. Elles peuvent être
individualisées par le nom (raison sociale), le domicile (siège social) et même la nationalité.
Elles ont leur patrimoine, qui se distingue de leurs membres. Elles peuvent conclure
différents actes juridiques et ester en Justice.

On distingue au sein des personnes morales outre, les groupements de biens ceux des
personnes qui comprennent des personnes morales qui peuvent être de droit public (Etat,
établissements publics administratifs et établissements publics industriels et commerciaux,
collectivités territoriales- y compris régions, préfectures et provinces et communes) comme
de droit privé (syndicats, coopératives, partis politiques, associations et sociétés,).

Si les personnes morales de droit public jouissent de la personnalité juridique en


vertu de l’acte de leur création, qui découle souvent d’un acte législatif ou d’une volonté
générale du peuple et d’une reconnaissance internationale concernant l’Etat; il en est
autrement lorsqu’il s’agit de personnes morales de droit privé.

Pour acquérir la personnalité juridique, chaque entité de droit privé (associations,


coopératives, partis politiques et syndicats) est tenue de remplir des conditions qui lui sont
propres. Toutefois, des conditions légales sine qua non doivent être réunies , dont :

- Un acte de constitution appelé statut qui formalise la volonté des membres du groupement
de lui donner naissance (souvent lors de l’assemblée générale);

- Une formalité de publicité légale à travers le dépôt de dossiers de constitution auprès de


l’autorité locale concernant les associations et les syndicats et auprès du tribunal de
commerce concernant les entreprises).

La personnalité morale prend fin par la dissolution du groupement ; celle-ci est


décidée, en principe, par la volonté de ses membres et de façon exceptionnelle, par le juge
(dissolution d'une société dans l'impossibilité de se redresser).

24
Ceci dit, on se focalisera sur les sociétés, qui constituent les principaux acteurs, qui
animent le champ des affaires.

I. Typologie des sociétés.


Le mot société a deux sens :
-d’une part, il désigne le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent
de mettre quelque chose en commun en vue de se partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie, qui pourra en résulter : c’est l’acte constitutif de la société :
- d’autre part, il désigne la personne juridique, dite personne morale pour laquelle
est affectée la chose mise en commun et qui est investie de la capacité juridique d’agir au
nom et dans l’intérêt de la collectivité. Dans le langage des affaires, le terme de société vise
essentiellement la personne morale tandis que l’acte de constitution est appelé « contrat de
société » ou plus volontiers encore « statuts »
On distingue, suivant le critère juridique, différents types de sociétés, dont celle dites
publiques, semi publiques, privées, commerciales et autres. Toutefois, on retiendra les
distinctions entre sociétés civiles/commerciales et sociétés de personnes/capitaux.

A- Les sociétés de personnes et de capitaux :


Toute société suppose la réunion de personnes qui sont les associés (ou les
actionnaires) et des capitaux qui sont leurs apports. Mais suivant sa forme sociale, la société
peut attacher plus d’importance à la personnalité de l’associé (société de personnes) ou à
l’apport capitalistique (société de capitaux).

1. Les sociétés de personnes :

Dans ces sociétés (SNC et SCS), les associés se groupent parce qu’ils se connaissent
et se font confiance et sont solidairement et indéfiniment responsables. Cette primauté de la
personnalité, l’intuitu personae, commande toute l'organisation de ces sociétés :
 La cession des parts sociales n'est pas libre et reste tributaire du consentement de tous
les associés;
 En principe, le décès ou l’incapacité d'un associé met fin à la société.
 La responsabilité des dettes sociales est solidaire et indéfinie et ne se limite pas aux
apports des associés : le créancier peut poursuivre l'un des associés, le plus solvable, pour
la totalité des dettes de la société (solidarité) et même sur son patrimoine personnel
(responsabilité indéfinie). L'exemple type est la société en nom collectif.

2. Les sociétés de capitaux :


Dans ces sociétés (SA et SCA), la personne des associés est indifférente; ce qui
importe c'est le capital. Ainsi, les actions de la société sont, en principe, librement
négociables, la mort ou l'incapacité d'un actionnaire n'a pas d'impact sur la société et la
responsabilité des actionnaires est limitée à leurs apports. Le type le plus marqué des
sociétés de capitaux est la société anonyme.

25
3. La société à responsabilité limitée :

C’est une société mixte ou hybride à la lisière entre la société de personnes et la


société de capitaux. L’intuitu personae s'affirme à travers le régime de cession des parts
sociales qui n'est pas libre, en parallèle la responsabilité des associés est limitée à leurs
apports, ce qui est une caractéristique des sociétés de capitaux.

B- Les sociétés civiles et les sociétés commerciales.


La distinction entre les sociétés civiles et commerciales est primordiale car elle
détermine la loi applicable. Les sociétés civiles sont soumises au Dahir des obligations et
contrats (DOC), alors que les sociétés commerciales sont soumises à la législation
commerciale relative aux sociétés commerciales en l'occurrence la loi 17-95 relative aux
sociétés anonymes et la loi 5-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite
simple, la société en commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société
en participation.
Cette distinction est liée à l'objet et à la forme de la société. Ainsi, serait civile la
société qui a une activité (objet) civile et serait commerciale la société qui a une activité
commerciale. La liste limitative des activités commerciales et prévue par le code de
commerce et toutes les autres activités sont civiles.
Toutefois, il y a lieu de tenir compte de la qualification commerciale par la forme
de certaines sociétés même si leur objet est civil. Ainsi, sont commerciales en raison de
leur forme : la société anonyme, la société à responsabilité limitée, la société en nom
collectif, la société en commandite simple et la société en commandite par actions.

26
Capital
Limite responsabilité des Cession des
Type de société minimu Nb d’associés Fonctionnement Régime fiscal parts sociales
Avantages Inconvénient
m
associés
Entreprise individuelle Aucun C’est une entreprise Illimitée, le créateur prend seul toutes les 3 régimes d’impôt sur Autonomie. La responsabilité
capital dirigée par une seule décisions et les assume le revenu, soit le peut
minimum personne (le créateur) résultat net réel, soit s’étendre au
n’est exigé le résultat net, patrimoine privé
lors de la simplifié soit le forfait :
constitution
La société en nom Idem Tous les associés sont Les associés répondent indéfiniment et Choix entre : Autonomie. Risque de
Minimum : 2 gérants, toutefois un solidairement des dettes sociales - l’IR : responsabilité
collectif SNC
gérant peut être désigné -l’IS :
La société en Idem Minimum : 2 Le gérant ne peut pas être L’associé commandité est responsable Identique à celui de la Les parts Autonomie. responsabilité
commandite simple types d’associés : un choisi parmi les associés indéfiniment et solidairement alors société en nom sociales ne peut
commandité et un commanditaires. De ce que l’associé commanditaire n’est collectif (SNC) peuvent être s’étendre au
commanditaire fait, le gérant ne peut être responsable qu’à concurrence de ses cédées qu’avec patrimoine privé
que commandité dettes le consentement du commandité
de tous les
associés
La société en Idem Minimum : 4 Le ou les gérants sont Les commandités ayant qualité Risque de
commandite par actions toutefois il Toutefois, le nombre des désignés par les statuts. de commerçant et répondent indéfiniment responsabilité
est divisé associés commanditaires Le conseil de surveillance et solidairement des dettes sociales,
en action ne peut être inférieur à assume le contrôle et des commanditaires, qui ont la qualité
trois permanent de la gestion d’actionnaires et ne supportent les
de la société. pertes qu’à concurrence de leurs apports
La société à Aucun Personnes physiques et gérée par une ou plusieurs Les associés ne supportent les pertes La société est - La cession Limitation des - La désignation
responsabilité limitée capital morales personnes physiques, qu’à concurrence de leurs apports soumise à l’IS au taux aux tiers ne risques d’un commissaire
SARL minimum De 1 à 50. Si le associés ou Les gérants sont responsables, de 30% (à compter de peut intervenir Le bénéfice de la aux comptes est
n’est exigé nombre d’associés non, généralement envers les tiers, soit des infractions aux 2008) qu’avec le CRM et de la CNSS obligatoire si le
dépasse 50, la société désignés dans les statuts. dispositions légales applicables consentement chiffre si CA>50
doit être aux SARL, soit des violations des statuts, de la majorité millions de dhs.
transformée en SA soit des fautes de gestion des associés
La société La SA avec 300.000 dhs Minimum : 5 gérée par un conseil Limitée à leurs apports dans la société soumise à l’IS au taux Actions est recommandée Un ou plusieurs
anonyme conseil si la société d’administration composé de 30% cessibles pour les projets commissaires aux
d’administrati ne fait pas de 3 à 12 membres au présentant un fort comptes doivent
SA appel public
on moins et au plus et de 15 potentiel de être désignés
à l’épargne
et 3.000.000 si la société est cotée en développement et pour faire le
dhs si la bourse. nécessitant contrôle et le suivi
société fait d’importants fonds. des comptes
appel public sociaux
à l’épargne
La SA avec Idem Idem dirigée par un directoire idem Idem Idem La désignation
directoire et comprenant des membres d’un ou plusieurs
conseil de désignés par le conseil de commissaires aux
surveillance surveillance qui comptes est
confère à l’un d’eux la obligatoire
27
qualité de président. quelque soit le
chiffre d’affaire

28
Quant au GIE (Groupement d'intérêt économique), qui est issu d’un accord passé entre
deux ou plusieurs entreprises (de statuts éventuellement différents) pour mettre en
commun une partie de leurs activités. Par exemple, un même système de distribution avec
une marque unique, un organisme de stockage commun, de la publicité commune, etc. Le
groupement a une personnalité morale, mais il s'agit d'une société civile « transparente », c'est-
à-dire que seules les entreprises ayant constitué le groupement sont taxées, au prorata de leur
contribution au groupement.

II. L’acquisition de la personnalité morale.


Dans la panoplie des formes juridiques des sociétés, une seule société n'est pas dotée de
la personnalité morale c'est la société en participation, puisque c’est une société de fait et non
pas de droit. Aussi, les entreprises individuelles et les SARL avec associé unique ne
constituent pas des personnes morales.

A- L'acquisition de la personnalité morale.


Conformément à la loi 17-95 et la loi 5-96, les sociétés commerciales n'acquièrent pas
la personnalité morale dès la signature du contrat de société (les statuts) mais à compter de
leur immatriculation au registre du commerce. La société conserve la personnalité morale
jusqu'à sa dissolution (Ex en cas de fusion ou scission). Toutefois, lorsque la dissolution est
suivie de la liquidation de la société, par exemple en cas de dissolution décidée par l'assemblée
générale extraordinaire ou par la justice, la personnalité morale survit pour les besoins de
liquidation.

B- Les effets de la personnalité morale.

Avec la personnalité morale, la société acquiert une individualité propre et une


capacité juridique.

1 - L'identification de la société.
Comme toute personne physique, la société a un nom, un domicile et une nationalité.

 La dénomination sociale : c'est un signe d'individualisation de la société qui doit être déterminé dans les
statuts. C'est le nom sous lequel la société est connue. Cette dénomination sociale est toujours suivie de l’indication
de la forme de la société (S.A, SARL, SNC …).

 Le siège social : c'est le domicile de la société et qui doit être indiqué dans les statuts. Le
siège social détermine la nationalité de la société, la compétence territoriale du tribunal de commerce et le lieu
où doivent être faites les formalités d’immatriculation.

 La nationalité : au Maroc, la nationalité de la société est déterminée selon le critère du siège social : les
sociétés dont le siège social est situé au Maroc sont marocaines et soumises au droit marocain.

2 - La capacité de la société.
La capacité juridique de la société est limitée par le principe de la spécialité des
personnes morales. Alors que les personnes physiques vont organiser leur vie juridique
comme elles l'entendent, les sociétés sont créées pour l’exercice d’une activité déterminée. La

29
personnalité juridique ne leur est reconnue que dans ce but particulier. En conséquence, une
société commerciale ne peut effectuer des actes juridiques qui n'ont aucun rapport avec son
objet prévu dans les statuts.

Exemple : les statuts d’une société prévoient que l’objet social est l’activité de
restauration et toutes activités similaires. La société ne peut alors acquérir un fonds de
commerce de prêt-à-porter ou de librairie. Si elle veut le faire elle doit modifier son objet
social par une modification statutaire.

Quant à la capacité d'exercice, la société doit nécessairement être représentée par une
ou plusieurs personnes physiques, que l’on nomme les représentants légaux, qui vont
l’engager vis-à-vis des tiers.

Section 2 : Conditions liées à l’activité.


 Dans la conception traditionnelle, le droit commercial était perçu comme étant le
droit des commerçants, des actes de commerce, du fond de commerce (désignant les biens
nécessaires à l’activité commerciale et le fruit de leur réunion, à savoir la clientèle) et des
tribunaux de commerce et des procédures pour lesquelles ils ont reçu compétence exclusive
(procédures collectives). Ce droit qui était conçu pour les petits commerces exercés sous forme
individuelle, se focalisait essentiellement sur les clivages commerçants/ non commerçants.
Actuellement, le droit commercial (qualifié de droit des affaires) est perçu comme étant
le droit de l’activité commerciale, puisque les modes d’exploitation dans les différentes
professions se rapprochent. Il n’est ni le droit des commerçants ni celui des actes de
commerce. Il se concentre sur les clivages professionnels/consommateurs et
professionnels/salariés.  
Le commerçant ne peut plus être considéré comme l’acteur majeur de la vie des affaires.
Il y a également d’autres professionnels et des consommateurs qui s’imposent également
comme étant des acteurs des affaires.
Les acteurs de la vie des affaires peuvent être des commerçants et non commerçants. On
les qualifie de professionnels. Ils demeurent tous soumis au droit de la concurrence, de la
protection du consommateur et autres dispositions légales.
Le professionnel peut être commerçant comme il peut être artisan, agriculteur, ou un
professionnel exerçant une activité libérale. Le professionnel peut exercer son activité à titre
individuel. Il peut aussi choisir une structure sociétaire. L’entrepreneur est donc un
professionnel. Celui-ci peut être une personne physique ou une personne morale 10.
Le terme de professionnel est donc intéressant car il peut désigner toute personne
juridique quel que soit le mode d’exercice de son activité.
Ceci dit, notre propos se focalisera sur l’étude des conditions d’exercice des affaires ; ce
qui nous conduira à distinguer au sein des acteurs principaux du droit des affaires les
professionnels commerçants et les professionnels non commerçants.

10
Dominique LEGEAIS, ‘’ Droit commercial et des affaires ‘’, 20 ème édition Dalloz 2012, p 6.

30
§1. Les professionnels commerçants.

L’acquisition de la qualité de commerçant reste tributaire de la satisfaction à des


conditions, dont celles tenant à la personne et notamment celles ayant trait à l’activité
exercée.

I. Les conditions d’accès à la qualité de commerçant.

Bien que le code de commerce ne le précise pas, il est bien certain que pour être
commerçant, il faut faire les actes de commerce en son nom et pour son compte. Donc,
celui qui accomplit les actes de commerce pour le compte d’autrui n’est pas un commerçant
(exemple : le salarié d’un commerçant, le gérant salarié …).
Aussi, le commerçant fait des actes de commerce à titre de profession habituelle, ce
qui implique la répétition et une volonté d’en tirer des ressources.
La preuve de qualité de commerçant doit être apportée (par tous moyens) par celui qui
l’invoque.
L’immatriculation au registre de commerce fait naitre une présomption simple de
commercialité.

A. L’accomplissement des actes de commerce.

L’acte de commerce est un concept, qui permet de délimiter le champ du droit


commercial, de définir les commerçants et de délimiter la compétence de la juridiction
spécialisée. Toutefois, la commercialité d’un acte n’est pas facilement établie. Elle tient à
plusieurs facteurs.

La doctrine a développé différentes définitions, dont celle proposée par Yves GUYON
selon laquelle ‘’ l’acte de commerce est un acte qui réalise une entremise dans la circulation
des richesses effectuées avec l’intention de réaliser un profit pécuniaire ‘’.

Ceci dit, la lecture des articles 4, 6, 7, 8, 9 et 10 du c.co permet de distinguer les actes de
commerce par nature, les actes de commerce par la forme, les actes de commerce par
rattachement et les actes de commerce mixtes.

1. Les actes de commerce par nature.

L’acte de commerce par nature est commercial en raison de son objet. L’article 6 du
code de commerce précise que, sous réserve des dispositions relatives à la publicité au registre
du commerce (Chap II et IV), la qualité de commerçant s'acquiert par l’exercice habituel ou
professionnel des activités suivantes:
1) l'achat de meubles corporels ou incorporels en vue de les revendre soit en nature soit après les avoir
travaillés et mis en œuvre ou en vue de les louer;
2) la location de meubles corporels ou incorporels en vue de leur sous-location;
3) l'achat d'immeubles en vue de les revendre en l'état ou après transformation;

31
4) la recherche et l'exploitation des mines et carrières;
5) l'activité industrielle ou artisanale;
6) le transport;
7) la banque, le crédit et les transactions financières;
8) les opérations d'assurances à primes fixes;
9) le courtage, la commission et toutes autres opérations d'entremise;
10) l'exploitation d'entrepôts et de magasins généraux;
11) l'imprimerie et l'édition quels qu'en soient la forme et le support;
12) le bâtiment et les travaux publics;
13) les bureaux et agences d'affaires, de voyages, d'information et de publicité;
14) la fourniture de produits et services;
15) l'organisation des spectacles publics:
16) la vente aux enchères publiques;
17) la distribution d'eau, d'électricité et de gaz;
18) les postes et télécommunications.

S’ajoutent aussi à cette liste toutes les opérations ‘’portant’’ sur les navires et les
aéronefs et leurs accessoires ou se rattachant ‘’ à leur exploitation ou au commerce maritime et
aérien (article 7 c.co). De plus pour pallier à toute omission ou permettre de résoudre toute
interrogation future due à l’évolution des choses sont généralement tenus pour commerciaux
les actes de toutes activités pouvant être assimilées à celles visées aux articles 6 et 7 précités.

Ces articles donnent une énumération des activités qualifiées de commerciales sans
donner une définition claire et nette de l’acte de commerce. Aussi, les activités sont reprises
dans le désordre.

De la lecture du texte de la loi, on peut classer les actes de commerce dans les
catégories suivantes :

Catégorie d’actes Activités


Opérations de négoce Achat de biens et revente, location de meubles, entreprise de fourniture
(eau, électricité …)
Opérations industrielles Revente de biens meubles après les avoir travaillés, entreprise de
manufacture, spectacles publics ( cinéma …)
Opérations financières Banque, change, assurance,
Opérations d’intermédiaires et Courtage, commissions…
de prestation de services

B. Les actes de commerce par la forme.

Ce sont des actes qui ne doivent pas leur commercialité à leur objet, mais le doivent
soit à une déclaration de la loi soit à un effet de cohérence.

1. Les actes de commerce par la forme.

Ce sont des actes qualifiés par la loi de commerciaux en raison non pas de leur objet
mais de leur seule forme. Il en est le cas de la lettre de change et du billet à ordre, qui sont

32
considérés comme étant commerciaux quel que soit leur objet, c’est à dire qu’il soit
commercial ou civil et quelle que soit la personne signataire, qu’elle soit commerçante ou non.

L’article 9 du c.co stipule à ce propos que ‘’ indépendamment des dispositions des


articles 6 et 7 sont réputés acte de commerce :

- La lettre de change
- Le billet à ordre signé même par un non-commerçant, lorsqu’il résulte d’une
transaction commerciale »

2. Les sociétés commerciales par la forme.


Sont également commerciales par la forme et quel que soit leurs objets : la société
anonyme, les sociétés en nom collectifs, les sociétés en commandité simple et en commandite
par action, ainsi que les sociétés à responsabilité limitée.
Cependant, les associés n’ont pas tous la qualité de commerçants.
S’agissant des associés de la Société en nom collectif, ils ont la qualité de commerçants.
Quant aux associés et actionnaires des autres formes de sociétés, ils n’ont pas la qualité de
commerçants, à l’exception des associés commandités des sociétés en commandite.

3. Les actes de commerce par accessoire.

L’adage selon lequel « l’accessoire suit le principal » trouve son application dans la
qualification commerciale de certains actes accomplis par les commerçants. Il s’agit des
obligations nées pour les besoins ou à l’occasion de son commerce.
Ainsi, sont considérés commerciaux les actes civils par nature accomplis par le
commerçant dans l’exploitation de son entreprise.
Autrement dit, les actes de commerce par accessoire sont par leur nature civils, mais ils
deviennent commerciaux parce qu’ils sont faits par un commerçant à l’occasion de son
commerce. (L’accessoire suit le principal)
A titre d’illustration, l’on note l’exemple d’un commerçant en électroménager, qui
achète une camionnette afin de l’utiliser pour ses livraisons ne fait par un acte de commerce
par nature car il ne l’achète pas en vue de la revendre, mais l’acte est tout de même considéré
comme commercial puisque conclu pour les besoins du commerce.
Les conditions de ce principe :
1. Il faut que son auteur ait la qualité de commerçant,
2. Pour devenir commercial par accessoire, l’acte civil par nature doit être conclu pour
les besoins du commerce et non pas pour les besoins particuliers du commerçant

L’article 10 du code de commerce stipule que « sont également réputés actes de commerce les
faits et actes accomplis par le commerçant à l’occasion de son commerce sauf preuve contraire.
4. Les actes de commerce mixtes.

33
L’acte de commerce est dit mixte lorsqu’il est commercial pour l’une des parties et civil
pour l’autre. Ceci dit, tous les actes de commerce par nature ou par accessoire peuvent être
mixtes.

Il va sans dire que, les règles de droit commercial s’appliquent à la partie à l’égard de
laquelle l’acte est commercial et les règles civiles à la partie pour laquelle l’acte est civil.

Un acte commercial se distingue des actes civils par le régime juridique qui lui est
applicable à bien des égards.

Actes civils Actes de Actes mixtes


commerce Contre le Contre le non
commerçant commerçant
Solidarité Elle doit être La solidarité se Se présume Pas de
expressément présume présomption de
stipulée entre solidarité
les contractants
ou imposée par
la loi (Art 165
D.O.C) ou un
jugement
Preuve Preuve écrite au Preuve par tous Preuve par tous Preuve écrite
dessus de la moyens moyens
somme de 250
dhs (Art 443
DOC)
Compétence des Tribunal de Tribunal de Voir chapitre consacré à
tribunaux première commerce l’organisation judiciaire
instance
Procédure Civile Commerciale Idem
(nécessitant un
avocat)z
Clauses Non valables Non valables Réputés non écrites à l’égard des
dérogatoires de non commerçants
compétence

B. L’exercice à titre de profession habituelle.

Le commerçant est celui qui exerce une activité à titre professionnel, soit une activité
régulière et continue.

34
Il doit accomplir plusieurs actes de commerce dans un cadre professionnel, de telle
sorte que l’exercice continu et répétitif permet d’en tirer les moyens nécessaires à l’existence.
Aussi, l’activité doit être réelle. Il ne suffit pas d’avoir une inscription au registre de
commerce pour prétendre à la qualité de commerçant.

Ceci dit, le professionnel peut exercer d’autres activités sauf cas d’incompatibilité ou
une interdiction quelconque.

C. L’exercice à titre indépendant.


Pour acquérir la qualité de commerçant, il faut agir en son nom et pour son compte, à
ses risques et périls et en toute indépendance.  Il s’ensuit que les salariés liés par un contrat à
un employeur ; les mandataires et certains auxiliaires qui ont un commerce ne sont pas
considérés comme commerçants car ils sont dépendants d’une autre personne ou d’une
entreprise.
II. Autres critères de distinction de l’acte de commerce.
La détermination du domaine de droit commercial n’est pas aisée. Ni le code de
commerce, ni la jurisprudence n’ont pu offrir des solutions pour ce faire. Cependant, la
doctrine propose trois critères pour la qualification commerciale de l’acte.
A. Le critère de spéculation :
Un acte est qualifié de commercial lorsqu’il vise la réalisation du profit. A contrario, les
actes désintéressés ne peuvent être qualifiés de commerciaux ni soumis aux règles de droit
commercial. Pourtant, les activités agricoles basées sur le profit ne sont pas considérées
comme étant commerciales.
B. Le critère de la circulation :
Selon ce critère, est considéré comme acte de commerce tout acte d’entremise dans la
circulation des biens depuis la production jusqu’à la consommation. Cependant, l’activité
industrielle est plus une activité de transformation que de distribution. Il serait opportun de
qualifier de commerçants tous ceux qui interviennent sur le marché.
C. Le critère de l’entreprise :
La commercialité de l’acte se base sur les méthodes utilisées par les commerçants, dont
la mobilisation d’un nombre de moyens corporels ou non corporels (machines) et une
organisation et un capital, tout cela n’est rien d’autre que l’entreprise. Cependant, ce critère ne
tient pas compte des intermédiaires, dont les courtiers, les commissionnaires, les agences et
autres. D’autant plus, le terme ‘’entreprise’’ lui-même n’est pas strictement défini.

III. Les obligations du commerçant et autres professionnels.

La qualité de commerçant n’implique pas uniquement des avantages et prérogatives en


faveur du professionnel et l’application d’un droit dérogatoire; elle l’assujetti également à
différentes obligations.

35
Le professionnel est obligé d’ouvrir un compte bancaire, d’assurer la publicité
statutaire au registre commerce et de tenir une comptabilité descriptive de leur entreprise.

A. L’ouverture d’un compte bancaire.


Toute personne physique ou morale ayant la qualité de commerçant a l’obligation
d’ouvrir un compte bancaire dans un établissement bancaire ou dans un centre de chèques
postaux, suivant les termes de l’article 18 du code de commerce.
Aussi, le commerçant se doit d’opérer par chèque barré, lettre de change et
virement tous les paiements, dont leur montant est supérieur à 10000 Dhs, et ce, afin de
réduire les paiements en espèces et réduire la fraude fiscale.
B. La publicité au registre de commerce.
Selon les dispositions de l’article 37, l’obligation d’immatriculation au registre de
commerce s'impose pour toutes les personnes physiques et morales, marocaines ou étrangères
exerçant une activité commerciale sur le territoire du Royaume, ainsi qu’à :
1) à toute succursale ou agence d’entreprise marocaine ou étrangère;
2) à toute représentation commerciale ou agence commerciale des Etats, collectivités ou
établissements publics étrangers;
3) aux établissements publics marocains à caractère industriel ou commercial, soumis par leurs
lois à l’immatriculation au registre du commerce;
4) à tout groupement d’intérêt économique.
A préciser, par ailleurs, que la demande d’immatriculation est déposée auprès du greffe
du tribunal dans le ressort duquel se situe l’établissement principal du commerçant personne
physique, ou le siège social de la société, personne morale du tribunal, qui est représenté au
sein du Centre régional d’investissement, pour l’inscription, dans un premier temps au registre
de commerce local. Un exemplaire de l’inscription sera transmis ultérieurement par le
secrétaire-greffier du tribunal de commerce au service du registre central pour y être transcrit.
Cette formalité doit être accomplie via une demande écrite du commerçant lui-même ou
de son mandataire muni d’une procuration au plus tard dans les trois mois de l’ouverture de
l’établissement commercial ou de l’acquisition du fond de commerce (art 75cc).
Toutefois, cette demande ne sera reçue par le Secrétaire greffier que sur production d’un
certificat d’inscription au rôle d’imposition à l’impôt des patentes ( art 76 du cc°).
Le registre de commerce est un support, qui centralise un certain nombre d'informations
légales et qui permet de mettre à la disposition du public une documentation précise sur les
caractéristiques des commerçants et des entreprises commerciales.

A noter que, tout changement se produisant dans les faits prescrits dans l’immatriculation doit
faire l’objet d’une déclaration modificative dans le mois de leur réalisation. Cette modification
peut concerner aussi bien l’état de la personne du commerçant, (état civil, incapacité,
incompatibilité…) et les actes liés à son activité commerciale et les décisions judiciaires
prononcées à l’encontre à son encontre.

36
Quant à la radiation, elle peut être requise par le commerçant lui-même quand ce dernier
vient de cesser d’exercer son commerce ou par ses héritiers s’il vient de décéder, sans qu’il y
ait cession de fonds de commerce. Toutefois, la radiation ne peut avoir lieu que si les
inscriptions sont apurées et les créanciers gagistes informés.
La radiation peut également s’opérer d’office par le greffier en vertu d’une ordonnance
du président du tribunal dans les cas suivants :

- La déchéance d’un commerçant suite à une décision judiciaire passée en force de chose
jugée
- Le décès depuis plus d’un an
- La cessation effective de l’activité depuis plus de trois ans
- La clôture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire ( art 54, 55, 56, 57
du CC)

C. La tenue de la comptabilité.

La tenue de la comptabilité est une obligation qui pèse sur toute personne physique ou
morale qui exerce une activité commerciale. L’article 19 du code de commerce stipule que,
« le commerçant tient une comptabilité conformément aux dispositions de la loi n° 9-88
relative aux obligations comptables des commerçants ».
Il va sans dire, que les commerçants doivent procéder à l’enregistrement comptable des
mouvements affectant les actifs et les passifs de l’entreprise ; ces mouvements sont enregistrés
chronologiquement, opération par opération et jour par jour. Les enregistrements comptables
sont portés sous forme d’écritures sur livre-journal et le grand livre. Les commerçants ont
l’obligation de tenir un livre d’inventaire et de conserver les correspondances.
La comptabilité consiste à tenir des comptes et à rendre des comptes. Elle est un système
d'organisation de l'information financière tendant à saisir, classer, évaluer, enregistrer des
donnés de base chiffrées et présenter des états reflétant une image fidèle de la situation
financière et du résultat du commerçant.

 Elle permet de vérifier l’état  de l’entreprise et son bon fonctionnement tant pour les
tiers, clients ou autres, que pour le commerçant lui même. Pour ce dernier, en plus qu’elle
constitue un moyen de preuve en cas de litige, elle lui permet de desceller et d’analyser les
changements, qui affectent sa situation financière, afin de prendre toutes les décisions
nécessaires et d’anticiper les coûts et les charges d’une année sur l’autre.

§2. Les professionnels non commerçants.


Dans le droit commercial, la distinction entre commerçant/non commerçant était
considérée dans le passé comme étant fondamentale. Ainsi, les agriculteurs, les artisans et les
professionnels exerçant des activités libérales réglementées, qui pratiquent pourtant pour leur

37
propre compte des activités rémunérées à titre professionnel et habituel étaient considérés
comme étant des non commerçants.
Cependant, l’opposition entre commerçants et autres professionnels, dont les
agriculteurs, les artisans et les professionnels exerçant des activités libérales réglementées a
cédé de nos jours la place à celle mettant en conflit l’ensemble de ces professionnels avec les
salariés et les consommateurs. Faut-il encore que les règles juridiques applicables aux
différentes professions tendent à l’uniformisation, et ce, étant donné que mêmes les formes et
les modes d’exploitation dans les différents domaines se ressemblent. De surcroit l’entreprise
s’affirme comme étant l’acteur majeur dans tous les domaines.
I. L’agriculteur.
L’activité agricole est considérée comme étant une activité civile.
En France sont réputées agricoles ‘’ toutes les activités correspondant à la maîtrise et à
l’exploitation d’un cycle biologique de caractère végétal ou animal et constituant une ou
plusieurs étapes nécessaires au déroulement de ce cycle, ainsi que les activités exercées par un
exploitant agricole, qui sont dans le prolongement de l’acte de production ou qui ont pour
support l’exploitation ».
Ceci dit, l’activité agricole fait partie du monde des affaires. D’ailleurs, il n’est pas
exclus que, certains agriculteurs puissent devenir des commerçants.
Ainsi, l’agriculteur qui procède à des achats pour vendre accomplit des actes de
commerce et devient commerçant. Il suffit pour cela que, l’agriculteur achète plus qu’il ne
produit lui-même. Des éleveurs, des pépiniéristes pourraient être commerçants.
Actuellement les structures intervenant dans l’exploitation de terres agricoles, l’élevage
et autres connaissent un développement sans précédent et s’apparentent davantage à celles
exerçant les activités de commerce. De surcroit, les entreprises agricoles sont soumises au droit
des procédures collectives.
A noter que, le professionnel de l’agriculteur est représenté dans la chambre
d’agriculture.

II. Les professions libérales.


Les professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques, d’architectes, d’avocat,
de notaire, d’expert-comptable et autres étaient considérées comme étant des activités civiles.
Cependant, les professionnels qui s’activent dans ces domaines ont développé leurs
activités en mobilisant plus de capitaux et d’employés. Certains d’entre eux se regroupent
même dans le cadre de sociétés pour l’exercice d’activités réglementées au sein des cliniques
et autres.
En France «les professions libérales groupent les personnes exerçant à titre habituel, de
manière indépendante et sous leur responsabilité, une activité de nature généralement civile
ayant pour objet d’assurer, dans l’intérêt du client ou du public des prestations principalement
intellectuelles, techniques ou de soins mises en œuvre au moyen de qualifications
professionnelles appropriées et dans le respect de principes éthiques ou d’une déontologie

38
professionnelle, sans préjudice des dispositions législatives applicables aux autres forme de
travail indépendant».
Bien que certains professionnels, dont les pharmaciens, s’activent dans les actes d’achat
et de vente et disposent de clientèle, ils n’ont pas la qualité de commerçant. D’ailleurs, ils ne
peuvent pas se prévaloir de la propriété commerciale.
Cependant, les professionnels exerçant des activités réglementées sont représentés au
sein de la chambre de commerce, d’industrie et de services.

III. L’artisan.
L’artisanat est considéré par le législateur marocain dans l’article 6 du code de
commerce comme étant une activité commerciale.
Ceci dit, traditionnellement, l’artisan était considéré comme étant la personne, qui vivait
de son travail manuel. On retrouve cet aspect même lors de la lecture des dispositions du Dahir
n° 194-63-1 du 28 juin 1963, modifié par le Dahir n° 86-97-1 du 2 avril 1997 relative a
l'instauration des chambres consulaires de l'artisanat, selon lequel «est considéré comme
artisan, toute personne qui exerce à titre d'activité principale et régulière une occupation dont
le caractère manuel est dominant dans la production, la transformation ou l'offre de
services ».
Selon les dispositions de la présente loi marocaine, est artisan:

- Toute personne physique disposant d'un local ou atelier d'artisanat individuel justifié par une
attestation délivrée, soit par le ministère chargé de l'Artisanat ou par l'autorité
administrative locale, soit par une attestation d'inscription aux rôles des patentes, à moins
d'en être dispensé par la loi.
- Tout membre d'une coopérative artisanale constituée et fonctionnant conformément à la
réglementation relatives au statut de la coopération.
- Tous les associés d'une société en nom collectif ou tous les commandités d'une société en
commandite, exerçant une activité artisanale et inscrite au registre de commerce.

On peut rajouter une autre définition, celle de l'artisan employeur.


Selon le Dahir n° 1-03-194 du 14 rejeb 1424 (11 septembre 2003) portant promulgation
de la loi n° 65-99 relative au Code du travail. est considéré employeur dans un secteur à
caractère purement traditionnel, toute personne physique exerçant un métier manuel, avec
l'assistance de son conjoint, ses ascendants et descendants et de cinq assistants au plus, à
domicile ou dans un autre lieu de travail, aux fins de fabrication de produits traditionnels
destinés au commerce.
La distinction artisan/commerçant est parfois difficile à faire notamment lorsqu'il vend
également des produits qu'il ne fabrique pas. Dans ce cas, l'artisan acquiert également le statut
de commerçant.

39
Cela étant, il sied de souligner que, de nos jours, l’artisan a développé ses moyens de
travail, la structure qu’il exploite voire même sa forme juridique. Il dispose actuellement de
fonds artisanal, de clientèle et autres.
Certes, les litiges qui peuvent intervenir dans le domaine de l’artisanat, bien qu’elle
constitue aux termes de l’article 6 du code de commerce une activité de commerce, relèvent de
la compétence des juridictions de droit commun, lorsque l’artisan n’a pas la qualité de
commerçant. Toutefois, lorsqu’il s’agit de procédures collectives, le litige relève du ressort de
la juridiction commerciale.
A souligner, en marge de ce qui précède, que l’artisan est représenté dans la chambre
d’artisanat et non pas dans celle de commerce, d’industrie et de service.

Section 3 : Conditions liées au respect des droits du consommateur.


La loi 31/08 définit dans son article 2 le consommateur comme toute personne physique
ou morale qui acquiert ou utilise pour la satisfaction de ses besoins non professionnels des
produits, biens ou services qui sont destinés à son usage personnel ou familial.

Le consommateur agit à des fins qui n’entrent pas dans le cadre de son activité
professionnelle mais dans un but personnel. De nos jours, il s’impose comme étant un acteur
majeur dans la vie des affaires. Toutefois, dans les différentes transactions commerciales, il
risque d’y avoir un déséquilibre d’information entre, d’une part, le vendeur professionnel et
d’autre part ce particulier (partie faible) qui n’est pas censé connaitre les produits ou les
services qu’il achète. Bien entendu, dans certains domaines tels que la banque, l’assurance et
autres, le consommateur se trouve dans une position encore plus affaiblie lors de la conclusion
d’actes juridiques qualifiés de contrats d’adhésion, qu’il ne peut ni discuter ni modifier. De la
sorte, il ne peut qu’adhérer ou rejeter le contrat en bloc.
De plus, la concurrence exacerbée que se livrent les entreprises dans le contexte actuel,
laisse apparaître de nouvelles techniques plus agressives et plus convaincantes destinées à
attirer plus de consommateurs et les amener à conclure des contrats de vente leur permettant
d’engranger le maximum de profit et de s’imposer sur le marché.
C’est ainsi que, les législations des différents pays tendent à mettre en place des
dispositifs destinés à protéger le consommateur et instaurer plus de transparence dans les
relations commerciales surtout avec l’essor des mouvements consuméristes plaidant pour une
plus grande rigueur et protection des particuliers dans les transactions commerciales.
Dans ce cadre, le Maroc a adopté la loi 31/08 (du 7 avril 2011) édictant des mesures
de protection des consommateurs et qui a consacré de nombreuses nouvelles règles visant à
renforcer la protection des consommateurs, à consolider leurs droits fondamentaux et à
promouvoir la culture consumériste. Ces règles concernent :

 L’information du consommateur,
 La protection contre : les clauses abusives,
 La protection en matière de :
- Publicité ;

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- Contrats conclus à distance ;
- Démarchage (porte à porte) ;
- Ventes en soldes, avec primes et à la boule de neige ;
- Refus de vente ;
- Abus de faiblesse ou d’ignorance des consommateurs ;
- Loteries publicitaires ;
- Garantie des défauts de la chose vendue ;
- Service après-vente ;
- Crédits à la consommation ;

Les associations de protection des consommateurs figurent également aux


chapitres de cette nouvelle législation. Leur inobservation est souvent frappée de
sanctions civiles et pénales.
I- L’obligation d’information  :

Sanction
Obligations Définition (non
observation)
La loi prévoit à cet effet que tout fournisseur doit notamment par voie de
Le prix marquage, d'étiquetage, d'affichage ou par tout autre procédé approprié,
informer le consommateur sur les prix des produits des biens et tarifs des
(Article 5) services, et lui fournir le mode d'emploi et le manuel d'utilisation, la
durée de garantie et ses conditions ainsi que les conditions particulières de
la vente ou de la réalisation de la prestation et, le cas échéant, les Des
limitations éventuelles de la responsabilité contractuelle amendes
Délivrance Le fournisseur est tenu de délivrer une facture, quittance, ticket de caisse allant de
ou tout autre document en tenant lieu à tout consommateur ayant effectué 2000 DH à
d’une une opération d'achat et ce, conformément aux dispositions fiscales en 5000 DH
facture vigueur. En outre, tout produit ou bien mis en vente doit obligatoirement
(Article 4) être accompagné d'une étiquette
le fournisseur doit désormais, lorsque la livraison des produits ou des biens
ou l'exécution de la prestation n'est pas immédiate, préciser par écrit la
Le délai de date limite à laquelle il s'engage à livrer les produits ou les biens ou à
livraison exécuter la prestation au niveau du contrat, de la facture, du ticket de
(Article 12) caisse, de la quittance ou de tout autre document délivré au consommateur.
Si le délai mentionné est dépassé de 7 jours et lorsque le retard n’est pas
dû à un cas de force majeure, le consommateur dispose, sans recours à la
justice, de la faculté de résilier de plein droit l’engagement le liant au
fournisseur portant sur le bien non livré ou la prestation non exécutée.
Le consommateur exerce ce droit dans un délai maximum de 5 jours après
expiration du délai de 7 jours, sous réserve d’adresser au fournisseur un
avis de résiliation par le consommateur et que la livraison du bien ou
l’exécution de la prestation ne soit pas intervenue entre temps.
Dans ce cas de résolution, les sommes versées d’avance par le
consommateur doivent être remboursées par le fournisseur dans un
délai ne dépassant pas 7 jours à compter de la date de réception de
l’avis précité. A partir du 8ème jour, cette somme est productive d’intérêt
de plein droit, au taux légal en vigueur au bénéfice du consommateur, sans
préjudice du droit qu’a ce dernier de réclamer des dommages et intérêts.

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II- La protection contre les clauses abusives  :

Dans les contrats conclus entre fournisseur et consommateur, est considérée comme
abusive toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment du
consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au
contrat. (Article 15)
De façon indicative et non exhaustive, peuvent être regardées comme abusives, les
clauses ayant pour objet ou pour effet (Article 18) :
1. Dans les contrats de vente de supprimer ou de réduire le droit à réparation du consommateur en
cas de manquement par le fournisseur à l’une quelconque de ses obligations ;
2. De réserver au fournisseur le droit de modifier unilatéralement les caractéristiques du produit, du
bien à livrer ou du service à fournir.
3. D’exclure ou de limiter la responsabilité légale du fournisseur en cas de mort d’un consommateur
ou de dommages corporels causés à celui-ci, résultant d’un acte ou d’une omission du fournisseur.
4. D’exclure ou de limiter de façon inappropriée les droits légaux du consommateur.
5. D’imposer au consommateur qui n’exécute pas ses obligations une indemnité d’un montant élevé.
6. D’autoriser le fournisseur à résilier le contrat de façon discrétionnaire si la même faculté n’est pas
reconnue au consommateur.
7. D’autoriser le fournisseur à mettre fin sans un préavis raisonnable à un contrat à durée indéterminée,
sauf en cas de motif grave
8. De proroger automatiquement un contrat à durée déterminée en l’absence d’expression contraire du
consommateur.
9. De constater de manière irréfragable l’adhésion du consommateur à des clauses dont il n’a pas eu,
effectivement, l’occasion de prendre connaissance avant la conclusion du contrat.
10. D’autoriser le fournisseur à modifier unilatéralement les termes du contrat et sans en informer le
consommateur ;
11. De prévoir ou d’augmenter le prix ou le tarif des produits, biens et services au moment de la livraison
ou au début de l’exécution du service, sans que, le consommateur n’ait de droit correspondant lui permettant de
rompre le contrat.
12. D’accorder au fournisseur, seul, le droit de déterminer si le produit ou bien livré ou le service fourni est
conforme aux stipulations du contrat ou de lui conférer le droit exclusif d’interpréter une quelconque clause du
contrat.
13. D’obliger le consommateur à exécuter ses obligations alors même que le fournisseur n’exécuterait
pas les siennes.
14. De supprimer ou d’entraver l’exercice d’actions en justice ou des voies de recours consommateur.

NB  : (Article 19)


 Sont nulles et de nul effet les clauses abusives contenues dans les contrats conclus entre fournisseur et
consommateur.
 Le contrat restera applicable dans toutes ses autres dispositions s’il peut subsister sans la clause abusive
précitée.

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III- Autres volets de protection  :

Sanction (non
Pratiques Définition
observation)
Publicité interdite : Est interdite toute publicité comportant, sous quelque
forme que ce soit, des allégations, indications ou présentations fausses ou de Personne physique
Publicité
nature à induire en erreur, sous quelque forme que ce soit, lorsque celles- : Emprisonnement
ci portent sur un ou plusieurs des éléments ci-après : existence, nature, d’un mois à 1 an et
composition, qualités substantielles, origine, quantité, mode et date de une amende de
fabrication, propriétés, date de péremption, prix ou tarif et conditions de 100 000 à 250 000
vente des biens, produits ou services objets de la publicité, conditions ou DH
résultats de leur utilisation, motifs ou procédés de la vente ou de la prestation
de services, identité, qualités ou aptitudes du fabricant, des revendeurs, des Personne morale :
promoteurs ou des prestataires. 100 000 DH à
Publicité réglementée : 1000 000DH
-La publicité comparative (Article 22): est toute publicité qui met en
comparaison les caractéristiques ou les prix ou les tarifs des biens, produits
ou services en utilisant soit la citation ou la représentation de la marque de
fabrique, de commerce ou de service d'autrui, soit la citation ou la
représentation de la raison sociale ou de la dénomination sociale, du nom
commercial ou de l'enseigne d'autrui.
Elle n'est autorisée que si elle est loyale, véridique et qu'elle n'est pas de
nature à induire en erreur le consommateur.
La publicité comparative qui porte sur des caractéristiques, ne peut porter
que sur des caractéristiques essentielles, significatives, pertinentes et
vérifiables de biens ou services de même nature et disponibles sur le marché.
Lorsque la comparaison porte sur les prix, elle doit concerner des produits ou
services identiques, vendus dans les mêmes conditions et indiquer la durée
pendant laquelle sont maintenus les prix mentionnés comme siens par
l’annonceur
-La publicité par courrier électronique (Article 24): Est interdite toute Amende de 10 000
utilisation du courrier électronique à des fins de publicité, sans le à 50 000 DH
consentement préalable, libre, informé et exprès du consommateur.
Il est interdit, lors de l’envoi de toute publicité par courrier électronique:
• d’utiliser l’adresse électronique ou l’identité d’un tiers ;
• de falsifier ou de masquer toute information permettant d’identifier
l’origine du message de courrier électronique ou son chemin de
transmission.
La preuve du caractère sollicité des publicités par courrier électronique
incombe au fournisseur.

-Toute vente d'un produit ou bien ou toute fourniture d'une prestation de Amendes : de
Contrats service conclue, sans la présence physique simultanée des parties, entre un 1200 à 50 000 DH
conclus à consommateur et un fournisseur qui, pour la conclusion de ce contrat,
distance utilisent exclusivement une ou plusieurs techniques de communication à
distance, notamment électroniques.
-Les informations (prix, identité du fournisseur, conditions de
livraisons….etc.), sont communiquées au consommateur de manière claire et
compréhensible, par tout moyen adapté à la technique de communication à
distance utilisée.
-Le fournisseur ne peut recevoir de la part du consommateur aucun paiement
sous quelque forme que ce soit qu’après l’envoi du produit ou du bien ou
l’acceptation de l’offre de prestation de services par le consommateur.
-le consommateur dispose d’un délai de sept jours pour exercer son droit de

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rétractation (article 29 et 36) sans avoir à justifier de motifs ni à payer de
pénalités, à l’exception, le cas échéant, des frais de retour. Le délai
mentionné court à compter de la date de réception du bien ou de l’acceptation
de l’offre pour les prestations de services.
-Lorsque le droit de rétractation est exercé, le fournisseur est tenu de
rembourser sans délai le consommateur et au plus tard dans les 15 jours
suivant la date à laquelle ce droit a été exercé. Au-delà, la somme due est, de
plein droit, productive d’intérêts au taux légal en vigueur.
-Le droit de rétractation ne peut être exercé, sauf si les parties en sont
convenues autrement, pour les contrats :
1- de fourniture de services dont l'exécution a commencé, avec l'accord du
consommateur, avant la fin du délai de sept jours;
2- de fourniture de biens confectionnés selon les spécifications du
consommateur ou nettement personnalisés ou qui, du fait de leur nature, ne
peuvent être réexpédiés ou sont susceptibles de se détériorer ou de se périmer
rapidement ;
4- de fourniture d'enregistrements audio ou vidéo ou de logiciels
informatiques lorsqu'ils ont été descellés par le consommateur ;
5- de fourniture de journaux, de périodiques ou de magazines.
Démarchage Pratique du démarchage ou le fait de pratiquer le démarchage, au domicile Amendes de 1200
d'une personne physique, à sa résidence ou à son lieu de travail, même à sa à 25 000 DH
demande, afin de lui proposer l'achat, la vente, la location, la location-vente
ou la location avec option d'achat de produits, biens ou la fourniture de
services.
Les opérations de démarchage visées ci-dessus doivent faire l'objet d'un
contrat écrit dont un exemplaire doit être remis au consommateur au
moment de la conclusion de ce contrat, lequel doit comprendre un formulaire
détachable destiné à faciliter l’exercice de la faculté de rétractation.
Dans un délai maximum de sept jours à compter de la commande ou de
l’engagement d’achat, le consommateur a la faculté de se rétracter par
l’envoi du formulaire détachable au contrat par lettre recommandée avec
accusé de réception.

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Chapitre 2 : Les organismes publics, professionnels et judiciaires
intervenant dans la vie des affaires.
Certes, le Maroc a opté pour une économie libérale, tout en consacrant dans les
différentes constitutions les droits et libertés visant la promotion de l’initiative privée, la
concurrence, la protection de la propriété et l’encouragement de l’entreprise, qui constitue
actuellement l’acteur majeur de la vie des affaires. Néanmoins, l’étendue de la liberté de
commerce et des affaires en général se trouve limitée par la nécessité d’organisation, de
représentation des différents secteurs économiques, de sécurisation des rapports juridiques, et
de préservation des droits et intérêts des différentes parties, qui justifient l’intervention de
l’Etat, des collectivités territoriales, des organismes professionnels et de la Justice.

Dans ce sillage, on s’attèlera à l’étude des organes intervenant en matière


d’organisation, d’encadrement et d’animation du champ des affaires, à savoir les organismes
de l’Etat, les collectivités territoriales, les chambres professionnelles et les instances
judiciaires, dont les tribunaux de commerce en particulier.

Section 1 : L’Etat.


Quelque soit le degré de son libéralisme, l’Etat conserve un certain pouvoir
d’orientation en matière d’économie soit à travers, la réglementation, l’outil fiscal, la politique
financière et les subventions. Au Maroc, l’interventionnisme de l’Etat est plus marqué avec le
monopole de certaines activités économiques et commerciales, dont le transport ferroviaire et
la réglementation de plusieurs activités dont le transport par taxis, le transitaire (le
commissionnaire en douane), les débits de boissons alcooliques, les carrières ( sable…), les
banques, les assurances, le tourisme, l’urbanisme …

L’Etat intervient par le biais de différents organismes, qu’il est impossible de


développer en détail dans le cadre de cette étude. On se contentera de la mention des
principaux acteurs publics, qui agissent en matière d’organisation des activités économiques et
qui monopolisent une part importante des activités sinon réglementent l’accès ou
l’accomplissement de l’activité en question, à titre d’illustration les départements intervenant
en matière de transport et de la finance, ainsi que le conseil de la concurrence.

§1. Les départements ministériels et leurs démembrements


intervenant en matière de logistique et de transport.
Plusieurs structures publiques agissent en vertu des dispositions légales pour la
réglementation de la logistique, des transports et leur organisation. Il s’agit en l’occurrence du
Ministère de l’Equipement et des Transports, avec ses différents démembrements et d’autres
organismes publics soumis à sa tutelle, dont l’ONDA (Office national des aéroports), l’ONCF
(L’office national des chemins de fer) -monopole de l’Etat-, l’ANP (Agence nationale des

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ports), ainsi que d’autres Offices transformés en Sociétés anonymes, dont la SNTL (Société
Nationale de Transport et de la Logistique) -ex ONT- et la SODEP (Société d'Exploitation des
Ports), l'agence Marocaine de Développement de la Logistique (AMDL) et autres. Ces
organismes interviennent, chacun dans le cadre des attributions qui lui sont imparties en
matière soit de :

 mise en exécution de la législation et la réglementation régissant la logistique, le transport et


autres activités;
 construction de l’infrastructure et équipements nécessaires ;
 exploitation d’infrastructures ( exp : infrastructure ferroviaire pour le transport de personnes
et de marchandises pour le cas de l’ONCF);
 concession de services publics (exp : ANP)
 Fixation des tarifs …

S’ajoutent à ces institutions, le Ministère de l’Intérieur avec ses différentes structures


aussi bien centrales que territoriales, qui interviennent essentiellement dans le transport urbain
de personnes par taxis et autobus à travers l’octroi des agréments, le contrôle et l’arbitrage
dans les différents litiges, ainsi que le Ministère de Tourisme qui s’intéresse au transport
touristique et le Ministère chargé des finances, qui réglemente l’activité des transitaires.

En sus de ces départements, il y a lieu d’ajouter la commission (intergouvernementale)


des transports, qui a été instituée par le Dahir n° 1-63-260 du 12 novembre 1963. Elle est
composée de représentants des Ministères des travaux publics et  des communications
(président), de l’Intérieur, des Finances, de la Justice, des postes, télégraphes et des téléphones,
du Chef du service des transports routiers et d’un représentant du Premier Ministre. Elle siège
à Rabat. Suite à plusieurs amendements, la commission a été soumise à l’influence du
Ministère de l’Intérieur.

La Commission a compétence pour attribuer, renouveler, modifier, suspendre ou retirer


les agréments de transports (décret du 14 août 1967).

§2. Les départements ministériels et leurs démembrements intervenant en


matière de la finance : banque, assurance, bourse et changes.
Le champ financier comprenant plusieurs secteurs, dont ceux de la banque, des
assurances, des changes et de la bourse est soumis à la tutelle de l’Etat par le biais du Ministère
de l’Economie et des Finances ; lequel est assisté dans les différents domaines par différentes
instances.

I. L’organisation du secteur bancaire.

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L’organisation du secteur bancaire échoit à Bank Al- Maghrib. Ce dernier instruit les
demandes de création de banques et accorde les agréments, comme il demeure habilité à les
suspendre ou même les retirer. Il veille également à :

-   Exercer le privilège d’émission de la monnaie.


-   Veiller à la stabilité de la monnaie et de sa convertibilité.
-  Développer le marché monétaire en relation avec la stabilité de la monnaie et assurer sa
régulation.
-   Gérer les réserves publiques de change et mettre en œuvre la politique de change
conformément aux orientations du Ministère des finances.
-   S’assurer du bon fonctionnement du système bancaire.
-  Assurer le rôle du banquier et d’agent financier du trésor.

II. L’organisation du secteur boursier.


Le domaine boursier demeure sous la surveillance de l’autorité marocaine des marchés
publics, laquelle agissant en tant qu’autorité du marché, a pour vocation le contrôle de
l'information et la protection de l'épargnant. Aussi, elle veille à l’information des
investisseurs en valeurs mobilières en s’assurant que les personnes morales qui font appel
public à l’épargne établissent et diffusent toutes les informations légales et réglementaires
exigées, au bon fonctionnement du marché des valeurs mobilières en veillant à sa transparence,
son intégrité et sa sécurité et à la garantie du respect des diverses dispositions légales et
réglementaires régissant le marché financier.

Les fonctions de l’Autorité marocaine du marché des capitaux consistent à :

 Instruire les demandes d'agrément des OPCVM

 Effectuer des enquêtes auprès de personnes morales faisant appel public à l'épargne et des
sociétés de bourse

 Viser les notes d'information d'introduction d'actions ou d'autres titres à la cote officielle.

 Prononcer des sanctions pécuniaires à l'encontre de personnes en infraction avec ses


règlements.

 Publier chaque année un rapport sur les activités et sur les marchés placés sous son contrôle.

III. L’organisation du secteur des assurances.

S’agissant du secteur des assurances, il sied de noter que l’accès à cette profession est
subordonné à l’obtention d’un agrément délivré par l’Autorité de contrôle des assurances et de
la prévoyance sociale (Acaps). Aussi, son exercice est soumis au contrôle de l’Etat.

IV. L’organisation du secteur des changes.

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Concernant le domaine des changes, il est soumis au contrôle de l'Office des Changes,
qui est constitué sous forme d’établissement public placé sous la tutelle du Ministère chargé
des Finances. Cet organisme a pour principale mission de veiller au contrôle a posteriori des
opérations déléguées aux banques pour effectuer des règlements financiers à destination de
l'étranger portant sur les opérations d'importation, d'exportation, de transport international,
d'assurances et de réassurance, d'assistance technique, de voyages, de scolarité… , et ce, afin
de détecter et sanctionner tout transfert irrégulier de fonds à l'étranger et de préserver, par-là,
les équilibres extérieurs de l'économie marocaine. Il veille également au suivi des
rapatriements des recettes d'exportation de biens et services et ce, en vue d'assurer la
reconstitution des réserves en devises.
A souligner, en marge de ce qui précède, que l’accès à la fonction d’opérateur de
change est soumis à l’obligation d’obtention d’agrément.

§3. Le conseil de la concurrence.


Le Conseil de la concurrence est consacré constitutionnellement (art 166) comme étant
une instance chargée de la bonne gouvernance. A ce titre, il agit en tant qu’autorité
administrative indépendante chargée d’assurer :

 la concurrence libre et loyale en veillant au respect du libre jeu de la concurrence dans le cadre
de l’économie de marché, afin de garantir la compétitivité du tissu économique national et
assurer un bon rapport qualité prix pour le bien être du consommateur;

 la transparence et l’équité dans les relations économiques;

 lutter contre les :


 ententes anticoncurrentielles pouvant empêcher, restreindre ou fausser le jeu de la
concurrence (fixation des prix, partage géographique du marché…)

 d’abus de position dominante ou de situation de dépendance économique (ventes


liées, refus de vente,…)

 de concentration de nature à porter atteinte à la concurrence (fusions, absorptions...).

Le Conseil de la concurrence est habilité à prendre des mesures conservatoires et à prononcer


des sanctions pécuniaires pouvant représenter jusqu'à 10% du chiffre d'affaires mondial ou national de
l'entreprise (ou des parties intéressées) contrevenante.

Section 2 : Les collectivités territoriales.


Au sens de l’article 135 de la constitution, les collectivités territoriales du Royaume sont les
régions, les préfectures, les provinces et les communes. Elles constituent des personnes morales de
droit public et gèrent démocratiquement leurs affaires. On se contentera de mentionner quelques
attributions des communes qui ont un rapport avec la vie des affaires, dont :

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- l’octroi d’autorisations de construction, de lotissement et de morcellement, les permis d’habiter, les
certificats de conformité, et les autorisations d’occupation du domaine public pour un usage lié à la
construction, dans les conditions et les modalités fixées par les lois et les règlements en vigueur ;
- l’octroi des autorisations d’exploitation des établissements insalubres, incommodes ou dangereux;
- l’organisation et le contrôle des activités commerciales et professionnelles non réglementées dont
l’exercice peut menacer l’hygiène, la salubrité, la sûreté des passages et la tranquillité publique ou
nuire à l’environnement ;
- le contrôle des magasins de droguistes, épiciers, coiffeurs, parfumeurs, et généralement tous les lieux
où peuvent être fabriqués, entreposés ou mis en vente des produits dangereux ;
- le contrôle du respect des normes d’hygiène et de salubrité des lieux ouverts au public notamment les
restaurants, cafés, salles de jeu, salles de spectacles, théâtres, lieux de baignade et autres lieux ouverts
au public, et fixe leurs horaires d’ouverture et de clôture ;
- l’organisation et le contrôle des gares et stations de cars de voyageurs, d’autobus, de taxis et de
véhicules de transport de marchandises ainsi que tous les parcs de stationnement des véhicules ;
- la délivrance d’autorisations d’occupation temporaire du domaine public sans emprises ;
- l’organisation d’exploitation des carrières ;
- la création et la gestion des services publics communaux dans le transport public urbain, la
circulation, le roulage et la signalisation des voies publiques, le transport des malades et des blessés, le
transport de viandes et poissons.

Section 3 : Les chambres professionnelles.


Les chambres professionnelles qui représentent les différents opérateurs aussi bien les
commerçants que les non commerçants au niveau des différentes régions et provinces du
Royaume comprennent les chambres de commerce d’industrie et de services, les chambres
d’artisanat, les chambres agricoles et les chambres de pêche maritime.

Elles sont constituées sous forme d’établissements publics à caractère professionnel


dotés de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Elles sont soumises à la tutelle de
l'Etat et au contrôle financier de l'Etat applicable aux établissements publics en vertu de la
législation et de la réglementation en vigueur.

Elles sont représentées au sein des conseils préfectoraux, régionaux et la Chambre des
conseillers.

Elles sont chargées de représenter, défendre et développer les intérêts de l’ensemble de


leurs membres, chacune dans la sphère de ses compétences, qui seront développées ci-après.

§1. La Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services


La Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services « CCIS » est un organisme public
dirigé par des chefs d’entreprises élus par des commerçants, des industriels et des prestataires
de services. Elle est dotée de la personnalité morale et de l’autonomie financière et est soumise
à la tutelle du Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie
Numérique et au contrôle financier de l’Etat.

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La loi 38-12 portant statut des CCIS du Maroc, promulguée par le dahir
n°1-13-09 du 21 Février 2013, attribue aux CCIS trois missions :
 Représentative
 Consultative
 Appui économique

La chambre considérée assure :

 une assistance à la création et au développement d’entreprises.


 l’information, la tenue de fichier d’entreprises régionales
 l’arbitrage pour le règlement à l’amiable des litiges
 la coopération étrangère
 la participation au développement des infrastructures de base

§2. La Chambre d’Artisanat.


La Chambre d’Artisanat est un établissement public placé sous la tutelle du Ministère
du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, régi par le Dahir n° 1-63-194 (28 juin 1963),
formant statut des Chambres d’Artisanat, modifié le 6 mai 1983. Elle est gérée par des
personnes élues par les professionnels du secteur.

La Chambre d'Artisanat délivre les attestations et cartes professionnelles aux


professionnels qu’elle représente.

Son but est de promouvoir et de défendre les intérêts des artisans en s’attachant à :

• favoriser la création d’associations et de coopératives artisanales et encourager celles déjà


existantes ;
• fournir au gouvernement les avis, renseignements qui lui ont été demandés sur les questions
artisanales ;
• présenter des voeux sur toutes les questions qui intéressent l’artisanat en général, dans le
ressort des compétences de la Chambre ;
• aider à diffuser chez les artisans les méthodes modernes de travail ;
• servir d’intermédiaire entre les artisans et les commerçants ;
• organiser des foires et des expositions.

§3. La Chambre d’agriculture.

Les chambres d'agriculture sont régies par Dahir n° 1-09-21 du 22 Safar 1430 portant
promulgation de la loi n° 27-08. Elles sont soumises à la tutelle et au contrôle financier de
l'Etat. Elles représentent des secteurs de l'agriculture auprès des pouvoirs publics locaux,
provinciaux, régionaux et nationaux. Les chambres peuvent donner, à la demande du
Gouvernement et des collectivités locales, des avis et des informations relevant du domaine
agricole. Elles peuvent par ailleurs faire des propositions et présenter des requêtes relatives au
domaine agricole et au développement rural.

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Elles ont pour missions de :

 représenter et défendre les intérêts des agriculteurs et des éleveurs dans leurs
circonscriptions territoriales ;
 contribuer à la formation et à la vulgarisation des informations scientifiques, techniques et
économiques dans le domaine;
 créer des établissements à caractère industriel ou commercial destinés à servir les intérêts
de l'agriculture et du développement rural ;
 encourager les agriculteurs et les éleveurs à s'organiser dans le cadre d'organisations
professionnelles
 organiser ou participer à des manifestations et des foires
 délivrer les documents demandés aux agriculteurs et aux éleveurs, établis pour être utilisés
à l'intérieur ou à l'extérieur du Royaume ;
 ester en justice, ou transiger en cas de litige.

§4. La Chambre des pêches maritimes.  


Les chambres des pêches maritimes sont régies par le Dahir n° 1-97-88 du 23 kaada
1417 (2 avril 1997) portant promulgation de la loi n° 04-97 ( B.O. n° 4470 du 3 avril 1997).

Elles sont légalement habilitées à :

 Donner au gouvernement des avis et des renseignements sur toutes questions concernant la
pêche hauturière, la pêche côtière, la pêche artisanale et l'aquaculture ainsi que les activités
d'exploitation des ressources halieutiques littorales;
 Favoriser au moyen de dons, legs, contributions volontaires des armateurs ou tout autre
opérateur du secteur des pêches maritimes, la création et l'entretien d'établissements des
pêches maritimes;
 Développer les liens de coopération avec l’étranger

En outre, les chambres des pêches maritimes doivent être consultées par
l'administration :

Sur les règlements relatifs à la pêche maritime;


Sur l'élaboration et l'application des plans d'aménagement et de gestion des pêcheries,,
Sur toutes mesures visant à l'amélioration des conditions de travail dans le secteur des
pêches maritimes.

Section 4 : L’organisation judiciaire du Maroc.

L’organisation judiciaire du royaume est définie par les dispositions du dahir du 15


juillet 1974 tel que modifié et complété.

51
L’organisation judiciaire du Maroc est marquée par l’existence de plusieurs instances,
avec au sommet de la hiérarchie la cour de cassation, puis dans une position intermédiaire les
cours d’appel (dites juridictions de second degré) et à la base les tribunaux de première
instance (dites juridictions de premier degré), auxquelles on peut ajouter les juridictions de
proximité.

Au sein de cette organisation, l’on est amené à distinguer, selon le critère de


compétence, trois ordres de juridictions, dont celles dites de droit commun et celles dites
spécialisées et enfin celles dites exceptionnelles ou particulières 12. Ces instances connaissent,
chacune en ce qui la concerne des différents litiges qui leur sont soumis.

Section 1 : Les juridictions de droit commun.  


Une juridiction de droit commun peut être définie comme étant une instance ou un
organisme qui a une compétence générale, autrement dit, il est compétent pour connaitre de
tout litige qui n’est pas spécialement attribué par la loi à une autre juridiction. On se contentera
de quelques notions générales sur les tribunaux de première instance et la cour de cassation.

§1. Les tribunaux de première instance.

12
Depuis 2011, il n’existe plus qu’une seule juridiction d’exception, à savoir : Le Tribunal Militaire Permanent des Forces Armées
Royales. (cf. point 3)

52
Le tribunal de première instance est une juridiction ordinaire. Il est compétent pour
statuer sur toutes les affaires qui n’ont pas été spécialement attribuées à une autre juridiction. Il
est habilité à examiner un litige et rendre une décision en premier ressort. C’est pourquoi on le
qualifie de juridiction de premier degré.

Les tribunaux de première instance peuvent connaitre de toutes les matières sauf lorsque
la loi attribue formellement compétence à une autre juridiction. C’est une compétence générale
qui s’étend à toutes les affaires civiles, immobilières, pénales et sociales. Toutes les questions
relatives au statut personnel, familial et successoral relèvent également de la compétence du
tribunal de première instance, que ces questions mettent en cause des nationaux (musulmans
ou israélites) ou des étrangers.

Ils sont compétents soit en premier et dernier ressort, soit à charge d’appel, dans les
conditions déterminées par les codes de procédures civile et pénal, et, le cas échéant, par des
textes particuliers. En matière civile, les tribunaux de première instance statuent en premier et
dernier ressort lorsque le montant du litige est égal ou inférieur à 3000 dirhams. Dans ce cas
l’appel est exclu, mais la décision peut toujours faire l’objet d’un pourvoi en cassation devant
la cour suprême. Si la valeur du litige est supérieure à ce montant ou si elle est indéterminée, le
tribunal statue uniquement en premier ressort et l’appel est possible. En matière pénale, les
tribunaux de première instance sont compétents pour juger les contraventions et les délits. En
revanche, les crimes relèvent de la compétence de la cour d’appel (chambre criminelle).

En matière civile, lorsque le montant du litige est égal ou inférieur à 20 000 dirhams, les
décisions du tribunal de première instance peuvent faire l’objet d’un appel devant des
chambres, dites chambres d’appel (qui siègent au tribunal), qui connaissent de certains appels
formés contre les jugements rendus par les tribunaux de première instance en premier ressort.

Si la valeur du litige est supérieure à ce montant ou si elle est indéterminée, le tribunal


statue en premier ressort et dans ce cas l’appel peut s’exercer devant la cour d’appel.

En matière pénale, les tribunaux de première instance sont compétents pour juger les délits
et certaines contraventions. En revanche, les crimes relèvent de la compétence de a Cour
d’appel.

Le tribunal de première instance statue en collégialité (trois Magistrats). Néanmoins, il peut


aussi statuer à juge unique pour certaines affaires.

§2. La Cour de cassation.


La cour suprême est placée au sommet de la hiérarchie judiciaire et coiffe toutes les
juridictions de fond du Royaume.

La cour de cassation exerce sa compétence sur l’ensemble du territoire. Elle ne constitue


pas un troisième degré de juridiction. Ses missions sont de diverses natures. Cependant, la loi a
limité son rôle à l’examen des seules questions de droit : elle contrôle la légalité des décisions

53
rendues par les juridictions de fond et assure ainsi l’unité d’interprétation jurisprudentielle . Il
s’agit d’un contrôle de la conformité au droit sans réexaminer les faits et la fixation du sens
dans lequel la règle de droit doit être appliquée.

Ce contrôle porte sur toute décision rendue en dernier ressort par les Tribunaux de
première instance ou par les cours d’appel peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation.

L’article 353 du Code de procédure civile énumère les attributions de cette instance.

Elle statue sur :

Les pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort par toutes
les juridictions du Royaume ;
Les recours formés contre les décisions par lesquelles les juges excèdent leurs pouvoirs ;
Les règlements de juges entre juridictions n’ayant au-dessus d’elles aucune juridiction
supérieure commune autre que la Cour Suprême ;
Les prises à partie contre les magistrats et les juridictions autres que la Cour Suprême ;
Les instances en suspicion légitime ;
Les dessaisissements pour cause de sûreté publique ou de bonne administration de la justice;
Les appels contre les décisions des tribunaux administratifs comme juridiction du second
degré ;
En premier et dernier ressort, sur les recours en annulation pour excès de pouvoir, dirigés
contre les actes réglementaires ou individuels du Premier ministre, et les recours contre les
décisions des autorités administratives, dont le champ d’application s’étend au-delà du ressort
territorial d’un tribunal administratif.

Section 2 : Les juridictions spécialisées.


Les juridictions spécialisées comprennent les tribunaux de commerce et les tribunaux
administratifs.

§1. Les juridictions administratives.


Les juridictions administratives comprennent d’une part, les tribunaux administratifs et
d’autre part, le cours d’appels administratives.

Les tribunaux administratifs sont régis par la loi 41-90. Ils sont compétents pour juger
en premier ressort :

• Les recours en annulation pour excès de pouvoir formés contre les décisions des autorités
administratives

• Les litiges relatifs aux contrats administratifs

54
• Les actions en réparation de dommages causés par les actes ou les activités des personnes
publiques
• Les litiges nés à l’occasion de l’application de pensions et du capital décès des agents de
l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et du personnel de l’administration
de la chambre des représentants et de la chambre des conseillers
• Les contentieux fiscaux
• Les litiges électoraux
•La légalité des actes administratifs

§2. Les juridictions de commerce.


Les juridictions commerciales ont été créées par la loi n° 53.95 du 6 janvier 1997,
elles fonctionnent depuis mai 1998. Elles ont été instituées dans les principales villes du
Royaume dans le dessin du parachèvement du processus d’autonomisation du droit des
affaires, l’allégement du fardeau des juridictions de droit commun et partant l’accélération des
démarches de règlement des litiges de nature commerciale.

Les juridictions commerciales comprennent les tribunaux de commerce et les cours


d’appel de commerce.

I. Organisation.

Le tribunal de commerce comprend : un président, des vices présidents et des


magistrats; le Ministère public composé du procureur du roi et de un ou plusieurs substituts ;
un greffe et un secrétariat du parquet.

Quant aux cours d’appel de commerce, elles comprennent : Un premier président, des
présidents de chambre et des conseillers ; Un ministère public composé d’un procureur général
du roi et substituts ; Un greffe et un secrétariat du ministère public.

Les magistrats du siège et du parquet des juridictions commerciales sont tous des
magistrats professionnels intégrés au corps unique de la magistrature.

II. Attributions.

Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître :


1 — des actions relatives aux contrats commerciaux;
2 — des actions entre commerçants à l’occasion de leurs activités commerciales;
3 — des actions relatives aux effets de commerce;
4 — des différends entre associés d’une société commerciale;
5 — des différends à raison de fonds de commerce.
Sont exclues de la compétence des tribunaux de commerce les affaires relatives aux
accidents de la circulation.

55
Le commerçant peut convenir avec le non commerçant d’attribuer compétence au tribunal
de commerce pour connaître des litiges pouvant les opposer à l’occasion de l’exercice de l’une
des activités du commerçant.
Les parties pourront convenir de soumettre les différends ci-dessus énumérés à la
procédure d’arbitrage conformément aux dispositions des articles 306 à 327 du code de
procédure civile.
6. Les tribunaux de commerce sont compétents pour connaître, en premier et dernier
ressort, des demandes dont le principal n’excède pas la valeur de neuf mille dirhams (9.000
DH) et en premier ressort, de toutes demandes d’une valeur supérieure à ce montant.
7. Le tribunal de commerce peut allouer une provision lorsque la créance est établie et
qu’elle ne fait pas l’objet d’une contestation sérieuse, et ce, à condition de fournir des garanties
réelles ou personnelles suffisantes.
Le greffe est tenu de transmettre le dossier au tribunal compétent dans un délai de dix
(10) jours à compter de la date où l’arrêt a été prononcé.
8. Par dérogation aux dispositions de l’article 17 du code de procédure civile le tribunal
de commerce doit statuer sur l’exception d’incompétence en raison de la matière dont il est
saisi par jugement séparé dans un délai de huit (8) jours.
Le jugement relatif à la compétence peut faire l’objet d’un appel dans un délai de dix
jours à compter de la date de sa notification.
Le greffe est tenu de transmettre le dossier à la cour d’appel de commerce le jour suivant
celui du dépôt de la requête d’appel.
La cour statue dans un délai de dix (10) jours courant à compter de la date où le dossier
parvient au greffe.
Lorsque la cour d’appel de commerce statue sur la compétence, elle transmet d’office le
dossier au tribunal compétent.
L’arrêt de la cour n’est susceptible d’aucun recours, ordinaire ou extraordinaire.
9. Le tribunal de commerce est compétent pour connaître de l’ensemble du litige
commercial qui comporte un objet civil.

56
Partie II :
Le cadre pratique du droit des affaires.

57
Après avoir mis en exergue les principaux acteurs du champ des affaires, les
conditions de leur accès aux différentes professions, leurs obligations et bien d’autres aspects
relatifs au cadre juridique et institutionnel, on tentera dans la présente partie d’analyser le cadre
pratique et technique des affaires et notamment les liens juridiques entre les différentes
parties, les choses qui les réunissent, dont le fonds de commerce et les mesures prévues pour la
gestion des relations juridiques au sein de l’entreprise essentiellement pendant les situations de
difficultés.

Dans cette optique, on sera amené dans un premier temps à étudier les liens, qui se
tissent entre les différents acteurs du monde des affaires et notamment le contrat, qui constitue
dans une économie libérale l’outil majeur et indispensable de constitution des sociétés et des
différentes opérations commerciales, ainsi que les biens commerciaux et plus particulièrement
le fonds de commerce. Dans un second temps, on essayera de traiter le droit des entreprises en
difficultés, connu également sous l’expression de droit des procédures collectives.

Chapitre 1 : Le contrat et le fonds de commerce.


L’étude portera respectivement sur le contrat et le fonds de commerce, qui constituent
les instruments juridiques majeurs et les socles sur lesquels se pratiquent les différentes
activités et gravitent les acteurs majeurs du champ des affaires.

Section 1 : Le contrat.


Un contrat peut être défini comme étant un accord de volontés en vue de créer une ou
des obligations juridiques d’une ou de plusieurs personnes envers une ou plusieurs autres 13. Il
peut être de nature civile, commerciale, administrative ou autre.

A préciser, par ailleurs que, le contrat administratif est un contrat conclu au moins par
une personne publique et soumis à un droit dérogatoire au droit commun, à savoir le droit
administratif.
Quant au contrat commercial (qui domine le droit des affaires) est un contrat conclu par
les commerçants dans le cadre leur activité et soumis à un droit dérogatoire au droit commun,
à savoir le droit commercial (dispositions du code de commerce). De nos jours, le
particularisme des contrats commerciaux tend à disparaitre. Ceci dit, notre étude excèdera
le cadre commercial pour cerner le contrat en général.
Au Maroc, les règles relatives au droit des contrats et obligations sont réparties entre le
dahir du 12 août 1913 formant Code des obligations et des contrats (D.O.C), pour le droit
commun et la loi 15-95 formant code de commerce pour les dispositions relatives aux contrats
commerciaux.

Bien entendu, dans un système libéral comme celui du Maroc, le contrat repose sur le
principe de base de la théorie classique des contrats, à savoir le principe de l’autonomie de la

13
Définition du dictionnaire Larousse.

58
volonté, en vertu duquel les personnes sont libres de créer leur propre loi : le contrat. D’où
l’expression ‘’ Le contrat est la loi des parties ‫العقد شريعة المتعاقدين‬- ''.
Ce principe d’autonomie de la volonté, qui a pour socles la liberté contractuelle, le
consensualisme et la force obligatoire du contrat, permet aux parties contractantes de
conclure ou de s’abstenir, de modifier un contrat, de choisir son contractant et de déterminer
les conditions, le contenu et les effets du contrat. En principe, un échange de volonté suffit
dans certains cas à la formation du contrat.
Néanmoins, cette autonomie de la volonté est limitée par certaines conditions imposées
par la loi en vigueur.

Notre propos portera successivement sur les conditions générales de formation du


contrat, les obligations et un type de contrat commerciaux, à savoir le contrat de transport.

§ 1 : La formation du contrat.


La rencontre de deux volontés ou plus suffit à la formation d’un contrat. Mais, un
contrat ne peut se former que lorsque les contractants sont d’accord sur tous les éléments
de l’obligation qu’ils se proposent de conclure.

Entre l’engagement de ces volontés et la conclusion du contrat définitif, se situe souvent


une période intermédiaire notamment dans le domaine commercial, parfois de longue durée,
dite "phase précontractuelle". Cette phase, qui permet au contrat, suivant son importance, de
se former par étapes successives, demeure une période particulièrement très importante, car
c'est finalement là que les attentes de chacun sont arrêtées.

On tentera de traiter cette phase précontractuelle avant de présenter les conditions de


fond et de forme exigibles pour l’ensemble des contrats et par la suite la typologie des contrats.

I. Les négociations précontractuelles.

Cette phase dite de pourparlers ou précontractuelle  précède la conclusion d'un contrat.


Ainsi, les parties peuvent entrer en pourparlers soit de façon informelle, en conservant le droit
de rompre les pourparlers sans engager leur responsabilité, soit de façon formelle (pourparlers
formalisés), ce qui permet de conclure les avant-contrats, qui vont engager une ou toutes les
parties.

Ceci dit, il est possible de mettre un terme aux pourparlers à tout moment en vertu du
principe de liberté contractuelle. Toutefois, cette rupture ne doit pas être fautive et abusive
sous peine de voir la responsabilité délictuelle de celui qui rompt engagée. Dès lors, il faudrait
prouver une faute (une faute simple suffit), un préjudice et un lien de causalité. 

Cela étant, la rupture fautive des pourparlers en raison de la mauvaise foi d'une des
parties donne droit à une indemnisation (dommages et intérêts) aussi bien pour les pourparlers
formels qu’informels.

59
Cette phase précontractuelle correspond à une modification progressive de la volonté
de chacune des parties, qui tend à être en accord avec celle de l’autre (exp crédit immobilier).
Elle comprend globalement les étapes suivantes.
 
A. L’invitation à entrer en pourparlers.
 
Au cours de cette étape, la volonté n’est pas déterminée définitivement quant au
futur cocontractant. Seulement, des négociations seront entamées pour trouver un éventuel
terrain d'entente.

Néanmoins, bien que la liberté caractérise ces discussions et qu’aucune structure


juridique n'encadre ce moment, certaines limites doivent, tout de même, être respectées à partir
de ce moment jusqu’à la conclusion du futur contrat et la précision des obligations.

 B. Les pourparlers proprement dits.


 
Selon le droit des obligations, les pourparlers désignent la période exploratoire
durant laquelle les futurs contractants échangent leurs points de vue, formulent et
discutent les propositions qu'ils se font mutuellement afin de déterminer le contenu du
contrat, sans être pour autant assurés de le conclure.

Pendant cette étape, les volontés sont maintenant bien déterminées quant à la
personne du futur contractant et les divergences peuvent porter sur les éléments du contrat
proposé.

C’est au cours de cette période que, le projet de contrat va être élaboré par des accords
successifs jusqu’à ce que la volonté de l’une d’elles soit déterminée d’une façon définitive.

  C. L’émission de l’offre.

Lorsque la volonté de l’une des parties sera, ainsi, définitivement arrêtée, nous
entrerons dans la troisième étape de la phase précontractuelle, qui est celle de l’émission de
l’offre. A ce moment là, il ne manque plus, qu’un seul élément pour que le contrat soit conclu,
soit ; l’acceptation de l’autre partie.

Toutefois, il y a lieu de préciser que l’offre est une proposition de contracter


suffisamment ferme et précise pour que son acceptation suffise à former le contrat.  Tandis
que, la proposition suffisamment imprécise ou incomplète n'est pas une offre, mais une simple
invitation à entrer en pourparlers.
 
D. Les avant-contrats dans la phase précontractuelle.
 
La phase précontractuelle peut être réglementée, pendant les pourparlers
(négociations) ou la conclusion du contrat définitif par les avant-contrats. Ainsi, les avant-
contrats présentent la première manifestation juridique du contrat. Ces avant-contrats sont :

60
-   L’accord de principe peut être défini comme l’engagement contractuel de faire une offre
ou de poursuivre une négociation en cours afin d’aboutir à la conclusion d’un contrat,
dont l’objet n’est encore déterminé que d’une façon partielle et en tout cas insuffisante pour
que le contrat soit formé. L’accord de principe fait donc naître une obligation contractuelle de
négocier, qui doit naturellement s’exécuter de bonne foi, et dont la sanction ne peut être
qu’une condamnation à des dommages intérêts.

- La promesse unilatérale de contrat : La promesse unilatérale de contrat est l’acte par


lequel le promettant s’engage envers le bénéficiaire à passer une convention déterminée
lorsque ce dernier en manifeste le désir. Donc, la promesse unilatérale de contrat est un
véritable contrat dont l’objet est de fixer l’offre pendant un certain délai convenu.

- La promesse synallagmatique de contrat : est un accord par lequel les parties consentent à
un contrat tout en se référant à une formalité supplémentaire.

II. Conditions de fond et de forme pour la formation de contrat.

Pour être valablement formé, le contrat doit respecter des conditions de fond et de forme
si besoin est. A défaut de quoi, il encourt l’annulation.

A. Conditions de fond.
L’article 2 du DOC dispose que : les éléments nécessaires pour la validité des
obligations, qui dérivent d’une déclaration de volonté sont :
-1. La capacité de s’obliger (développé précédemment dans la première partie),
-2. Le consentement : déclaration valable de volonté portant sur les éléments de l’obligation
-3. Un objet certain pouvant former objet d’obligation
-4. Une cause (raison ou un motif pour justifier leurs engagements)  licite de s’obliger.

Il va sans dire que, le contrat ne peut être formé que lorsque ces quatre conditions sont
réunies. On se contentera de l’étude des trois dernières conditions, étant donné que la condition
de capacité a été développée précédemment.

1. Le consentement des parties.

Le consentement est l’un des principes de base de la théorie de l’autonomie de la


volonté. Il constitue la condition sine-qua-non pour la formation d’un contrat de transport,
lequel suppose la rencontre de deux volontés, donc un échange de consentements. En effet, la
réunion d'une offre et d'une acceptation suffit à former le contrat. Celui-ci devient parfait entre
les parties par leur consentement et par la remise de la chose au transporteur, même à défaut de
titre de transport.
A ce propos, l’article 19 du DOC dispose que : « la convention n'est parfaite que
par l'accord des parties sur les éléments essentiels de l'obligation, ainsi que sur toutes
les autres clauses licites que les parties considèrent comme essentielles ».

61
Ceci dit, le consentement des parties contractantes doit être libre et éclairé. Autrement
dit, il ne doit pas être entaché de vices de consentement, qui peuvent remettre en cause le
contrat. (articles 39 à 56 du DOC).
L’article 39 du DOC déclare : « Est annulable le consentement donné par erreur, surpris
par dol ou extorqué par violence ». L’erreur, le dol, la violence et la lésion constituent des
vices de consentement susceptibles de provoquer l’annulation du contrat.

a/ L’erreur.
L’erreur consiste dans une fausse représentation de la réalité qui a conduit une personne
à contracter et qui ne l’aurait pas fait si elle avait connu la réalité. C’est une sorte de
‘’malentendu’’. L’erreur pourrait porter sur une personne ou une substance. L’erreur peut
porter sur la nature du contrat (une personne pensait conclure un contrat de location, alors que
l’autre pensait vendre le bien, ou donation/alors qu’il s’agit de vente, ou vente Dhs/$), ou sur
l’objet (une personne pense acheter un vase en cristal, alors qu’il s’agit d’un vase en verre).
Quant à l’erreur portant sur la personne ( elle peut concerner un contrat passé avec un
cocontractant croyant qu’il s’agit du propriétaire qui ne l’est pas, ou un contrat de travail passé
avec une personne croyant qu’il a un profil particulier alors qu’il en est rien.

b/ Le dol.

Le dol est une tromperie, une fraude ou manœuvre frauduleuse visant à induire une
personne en erreur afin de l’amener à conclure un contrat (fausses déclarations, transformation
de l’aspect extérieur d’un objet). C’est une erreur délibérément provoquée. L’auteur du dol
peut être condamné à payer des dommages-intérêts, car le dol est considéré comme un délit
civil.

c/ La violence.

La violence consiste à forcer et contraindre une personne à conclure un contrat. Elle ne


permet d’exprimer librement son acceptation. De la sorte, le consentement est obtenu sous la
force ou tout moyen de menace ou de dissuasion.
Selon l’article 46 du DOC : « La violence est la contrainte...moyennant laquelle on
amène une personne à accomplir un acte qu’elle n’a pas consenti ». Dans la majorité des cas, il
s’agit de la violence morale.

d/ La lésion.
La lésion constitue une rupture dans l’équilibre entre les parties contractantes, qui se
traduit par un préjudice subi par la victime. Autrement dit, c’est le dommage issu du
déséquilibre entre la valeur des prestations que reçoit ou doit recevoir un des contractants et la
valeur de celles qu'il a fournies ou qu'il doit fournir à son cocontractant. Au sens du DOC, est

62
réputée lésion toute différence au-delà du tiers entre le prix porté au contrat et la valeur
effective de la chose (Article 56 du DOC).
Cependant, dans le droit marocain, la lésion ne peut provoquer à elle seule la rescision
du contrat. Elle doit être accompagnée du dol. Une seule exception est prévue, toutefois, au
profit des mineurs et incapables, qui lorsqu’ils sont victimes de lésion même s’ils ont contracté
avec l’assistance de leur tuteur, peuvent bénéficier de la rescision du contrat.
2. L’objet.
L’objet du contrat est l’opération juridique que les contractants désirent réaliser : c’est
le but du contrat.

Le contrat doit avoir un objet déterminé ou déterminable, qui soit réalisable ou possible
et licite. Les articles 57 à 61 du D.O.C précisent que sont dans le commerce toutes les choses
au sujet desquelles la loi ne défend pas expressément de contracter.

 déterminé ou déterminable signifie que :

- l’objet est précisé dans le contrat. Exp : un téléviseur, LCD 42 pouces …


- dans d’autres cas la nature et la quantité de la chose est à préciser. Exp 2 tonnes de poissons (sardines).

Encore faut-il que la chose qui forme l'objet de l'obligation doit être déterminée au
moins quant à son espèce et possible. Est nulle l'obligation qui a pour objet une chose ou un
fait impossible, physiquement ou en vertu de la loi. La partie qui savait, ou devait savoir, au
moment du contrat, que la prestation était impossible, est tenue à des dommages envers l'autre
partie. Il n'y a pas lieu à indemnité, lorsque l'autre partie savait, ou devait savoir, que l'objet de
l'obligation était impossible.
 possible signifie que  :

- L’objet doit être dans le commerce pour pouvoir faire l’objet de transactions. Exp : on ne peut vendre une
autre personne.
- L’objet peut être une chose future. Exp : un peintre peut vendre un tableau avant de l'avoir réaliser.

L'obligation fondée sur un objet illicite est non avenue. Est illicite tout ce qui est
contraire aux bonnes mœurs, à l'ordre public ou à la loi.
 licite signifie  :
- L’objet du contrat ne peut pas être contraire à l’ordre public. Exp : vente de cocaïne au Maroc.

3. La cause.
La cause du contrat est le motif, ou la raison qui pousse les parties à contracter.

Comme pour l’objet, la cause doit être licite et réelle.

Exp : - On ne peut s’engager à verser une somme d’argent en contrepartie d’un assassinat.

63
- Admettons qu’un contrat de bail où le preneur a bel et bien la jouissance des lieux (cause
de son obligation) pour lesquels il paie un loyer, le contrat ne saurait être annulé ou résolu
pour absence de cause.

Mais il pourra cependant être annulé si le contrat a été conclu dans le but d’installer dans
les lieux loués un établissement de débauche (cause du contrat).

II. Conditions de forme.


Le contrat se forme, en principe, par le simple échange des consentements. En matière
de commerce, il suppose davantage de rapidité et de souplesse. A ce titre, il ne requiert pas
obligatoirement de formalisme ni de solennité, puisqu’il peut se former verbalement par
téléphone. Toutefois, l’écrit constitue un moyen de preuve et un instrument juridique visant à
protéger les différentes parties. D’ailleurs, en matière de transport, de banque, d’assurance, de
fond de commerce, de sociétés commerciales et autres, l’écrit s’impose comme étant même
une obligation. Aussi, le droit public ( y compris législation fiscale qui exige la rédaction de
factures) et même le droit international (contrat de transport maritime) exigent dans les
différents domaines la rédaction de contrats dans des formes, qui limitent la liberté des
commerçants.
A titre d’illustration, l’article 11 quater de la loi 16/99 sur les transports routiers dispose
que, le contrat de transport de marchandises pour compte d'autrui, doit prévoir, sous peine de
nullité, des clauses précisant la nature et l'objet du transport, les modalités d'exécution du
service en ce qui concerne le transport proprement dit et les conditions d'enlèvement et de
livraison des objets transportés, les obligations respectives de l'expéditeur, du
commissionnaire, du transporteur et du destinataire ou de tout autre donneur d'ordre de fait,
du prix du transport et celui des prestations accessoires éventuelles, ainsi que, le cas échéant,
les indemnisations pour manquement à ces obligations.
Bien entendu, lors de la conclusion d’un contrat de transport, l'expéditeur doit remettre
un titre de transport au transporteur, si ce dernier le demande.
A défaut de contrat écrit définissant les rapports entre les parties pour le transport pour
compte d'autrui de marchandises, ou pour la location de véhicules automobiles de transport de
marchandises, les clauses de contrats types s'appliquent de plein droit.

Cela étant l’écrit est parfois essentiel. Exp : Cession d’un bien immeuble, acte de
mariage, contrat de constitution d’une société…

Il existe deux types de l’acte écrit : l’acte authentique et l’acte sous seing privé.

Dans certains cas, il est même exiger la publication :

Exp 1 : Le contrat de formation d’une société est obligatoirement publié dans un journal (annonce légal) ou le
bulletin officiel.

Exp 2 : La vente d’un appartement est publiée par enregistrement à la conservation foncière.

64
III. Typologie des contrats:

On distingue globalement différents selon différents critères retenus ci-après :

A. Selon leur nature :


En se référant à la nature de l’accord (écrit ou verbal, nécessitant ou pas la remise d’une chose) on distingue :
- Contrats consensuels : sont des contrats formés par simple échange de consentement (accord de volonté)
des parties ; aucune formalité (écrit) n’est nécessaire à leur validité. Exp : Vente d’un cartable, d’une
télévision, etc. ;
- Contrats solennels ou formels : sont des contrats qui nécessitent en plus du consentement, le recours à une
formalité (acte authentique ou acte sous seing privé). Exp : contrat de vente d’une maison, contrat de
travail, etc. ;
- Contrats réels : ce sont des contrats qui nécessitent pour leur validité en plus du consentement, la remise
matérielle d’une chose comme condition nécessaire. Exp : contrat de prêt ou de gage, etc. 

B. Selon leurs effets (engagement) :


Lorsqu’on prend en compte la réciprocité ou non des obligations qui résultent d’un contrat, on peut
distinguer :
 Contrats unilatéraux : ils ne font naître des obligations qu’à la charge d’une seule des parties. Exp :
contrats de donation, etc.
 Contrats bilatéraux ou synallagmatiques : dans lesquels les parties contractantes s’obligent
réciproquement l’un envers l’autre.

Ex : Bien
Vendeur Acheteur

Prix

C. Selon leurs avantages :


Selon les avantages pour les parties, on distingue :
 Contrat à titre gratuit : quand l’une des parties ne reçoit rien en contrepartie de l’obligation qu’elle a
exécuté. Exp : contrat de donation, etc. ;

 Contrat à titre onéreux :lorsque chacune des parties obtient un avantage en contrepartie de l’obligation
exécutée. Exp : dans le cas de la vente, le prix correspond à la valeur du bien, etc.

D. Selon la connaissance ou non des obligations exactes


Selon que les parties connaissent ou non l’étendue de leurs obligations, on distingue :
 Contrat commutatif : c’est un contrat dans lequel les deux parties connaissent exactement leurs droits et
obligations réciproques dès la conclusion du contrat. Exp : contrat de travail, etc. ;
 Contrat aléatoire : est un contrat dans lequel l’étendu des obligations dépend d’un événement incertain
(non sûr). Exp : contrat d’assurance……

E. Selon leur moment d’exécution :


D’après le moment d’exécution, on distingue :

65
- Contrat à exécution instantanée : dans lequel les obligations contractuelles sont susceptibles d’être
exécutées à un moment donné en une seule fois. Exp : contrat de vente au comptant, etc. ;
- Contrat successif : dans ce cas, les obligations découlant du contrat sont échelonnées dans le temps. Exp :
contrat de location, de travail, etc.

F. Selon la possibilité ou non de négociation :


Selon que les parties aient ou non le même poids de négocier, on distingue :
 Contrat de gré à gré : est un contrat négocié dans lequel les clauses sont librement discutées par les
parties ;
 Contrat d’adhésion : lorsque l’une des parties est plus puissante économiquement que l’autre, et impose
par conséquence ses conditions. L’autre partie peut seulement adhérer ou ne pas adhérer aux clauses qui lui
sont opposées. Exp : carte d’autobus, de train, achats dans les supermarchés, adhésion aux clubs sportifs,
etc.

G. Selon l’engagement ou non des tiers :


Selon que le contrat engage ou non des tiers, on distingue :
 Contrat individuel : c’est un contrat qui crée des obligations et n’engage que les parties contractantes.
Exp : vente, travail, etc.
 Contrat collectif : c’est un contrat qui engage des personnes sans leur participation ni à la négociation, ni à
la conclusion du contrat. Exp : convention collective de travail, etc.

§ 2  : Les obligations.
L’obligation contractuelle nait de la volonté des parties; autrement dit l’obligation
contractuelle est un acte volontaire. Ce sont les parties elles mêmes, qui déterminent l’étendue
de cette obligation.

Pour précision, l’obligation est le lien juridique qui nous oblige à donner, à faire ou à
ne pas faire. Ce lien juridique est sanctionné au cas où l’obligation n’est pas respectée. La
personne victime de l’inexécution peut introduire une action en justice pour obtenir
satisfaction.
L’Article 230 du D.O.C pose le principe de la force obligatoire du contrat en stipulant
que : « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et ne
peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi ».
-------------------------------------------------------------------------------------------------

I. Typologie des obligations:

D’après la source : on distingue

 Obligations légales  (décisions du législateur): Elles sont voulues par le législateur. Exp : M. un père de
famille est obligé selon la loi de prendre soin de sa famille dont on peut citer l’obligation alimentaire…
 Obligations contractuelles (actes juridiques)  : elles sont voulues par les parties. Exp : un contrat dans
lequel les parties peuvent se mettre d’accord sur ses dispositions.
 Obligation quasi-contractuelle  : elle a pour origine un acte juridique sans accord préalable. Exp : une
personne gère les biens d’une autre sans avoir au préalable son accord.
 Obligations délictueuses (faits juridiques) : résultent d’un dommage causé à autrui. Exp: M. X est obligé
de dédommager un piéton qu’il a renversé avec sa voiture.

66
 L’obligation quasi – délictuelle : elle a pour origine un fait involontaire mais dommageable. Exp : un vase
qui tombe d’une fenêtre sur un passant.

D’après leur nature : on distingue

- L’obligation de résultat  : l’obligation est strictement déterminée, le débiteur est tenu d’atteindre un
résultat précis. Exp : obligation du transporteur de livrer la marchandise.
- L’obligation de moyen  : le débiteur n’est tenu que d’employer les moyens possibles, d’agir avec le
maximum de prudence en vue d’obtenir un résultat. Exp : le médecin ne s’engage pas à guérir son client,
mais à faire son possible pour y réussir.

D’après leur objet : on distingue

Exemples d’obligations Objet de l’obligation Nature de l’obligation


Le vendeur doit livrer la M/se Transférer la propriété Obligation de donner
à l’acheteur
Un médecin s’engage à Effectuer un travail ou un Obligation de faire
soigner un malade service
Un salarié ne doit pas S’abstenir de faire un acte Obligation de ne pas faire
divulguer (dévoiler) le secret (quelque chose)
professionnel d’une E/se

II. Extinction des obligations:


Une obligation peut être éteinte par son exécution ou sans qu’il y est exécution.

A. Extinction par l’exécution.

1.Extinction par le paiement

 Au sens courant, on entend par paiement le versement d’une somme d’argent


par le débiteur à son créancier ;
 Au sens juridique, le mot « paiement » désigne l’exécution de l’obligation.
Exp : dans un contrat de travail, la prestation exécutée par le travailleur constitue un paiement de sa
part.

2.Extinction par compensation

Trois types de compensation que ça soit légale (imposée par la loi), conditionnelle (était déjà conditionnée)
ou conventionnelle (accord des parties).
La compensation est l’opération qui permet d’atteindre deux ou plusieurs obligations réciproques à
concurrence de la plus faible.
Exp : SALMI à une dette de 12 000 DH envers Ahmed, alors qu’Ahmed à une dette de 5 000 DH envers
SALMI. Ainsi, la dette d’Ahmed peut être éteinte en totalité par compensation conventionnelle et SALMI
restera débiteur seulement de 7 000 DH envers Ahmed.

67
B. Extinction sans exécution

 La remise de la dette : c’est une convention entre le débiteur et le créancier par


laquelle ce dernier renonce à sa créance en totalité ou en partie.
Exp : Brahim a une dette de 1 000 DH envers son fournisseur Amine mais, avant l’échéance, Amine libère
Brahim volontairement de cette obligation et donc il y aura suppression (annulation) de la dette.

 La force majeure : c’est un événement involontaire, irrésistible et imprévisible qui


empêche le débiteur d’exécuter sa prestation.
 La prescription : le créancier qui ne demande pas sa créance pendant un certain
délai fixé par la loi, perd le droit de la réclamer.
Exp : un commerçant qui ne demande pas ce qui lui est dû par un autre, au-delà d’une durée de cinq ans, perd
le droit de poursuite judiciaire.

§ 3 : Le contrat de transport, un modèle des contrats commerciaux.


Le présent sera consacré à l’étude du contrat de transport, qui constitue l’un des types
marquants de contrats commerciaux, lesquels obéissent aux conditions générales de formation
fixées par le doit commun, auxquelles s’ajoutent d’autres spécifiques au champ commercial.
On s’intéressera, dans ce cadre, aux contrats qui se tissent entre les différents acteurs du
transport et les obligations qu’ils à la charge des différentes parties.

I: Le contrat de transport.

Le transport consiste à déplacer une chose ou une personne d’un point à un autre en
utilisant un moyen mobile. Ce déplacement peut être effectué pour soi-même ou pour autrui, à
titre gratuit ou à titre onéreux, comme il peut être effectué par un intermédiaire, une personne
physique ou morale.
S’agissant du transport fait pour autrui, il repose dans la plupart des cas sur un contrat
qui lie deux ou plusieurs parties, dont l’une exprime son désir d’être déplacée ou plutôt de
déplacer un bien et l’autre qui offre un service. A préciser que, toute opération d’expédition
d’une marchandise nécessite un contrat soit de transport soit d’affrètement. Il s’ensuit que,
les deux parties contractantes seront soumises à des obligations, dont l’une doit assurer le
transport jusqu’à un point convenu et l’autre, qui doit s’acquitter du prix de la prestation de
service.
A souligner, d’emblée, que les transporteurs sont soumis à une obligation de résultat 
consistant à acheminer à bon port des marchandises en bon état et les voyageurs sains et saufs
dans les délais convenus. Cette obligation constitue une spécificité qui distingue la profession
de transport.
Le code de commerce définit le contrat de transport comme étant la convention par
laquelle le transporteur s'engage moyennant un prix à faire lui- même parvenir une personne
ou une chose en un lieu déterminé.
Le contrat de transport terrestre de marchandises est défini par la loi en vigueur
comme étant une convention par laquelle un professionnel s'engage à déplacer une quantité

68
de marchandise appartenant à autrui, moyennant un prix déterminé et dans un délai fixé par la
convention des parties ou par le contrat type applicable à l'opération.
La terminologie et les techniques utilisées en matière de transport différent suivants les
modes de transport, le cadre territorial et le dispositif légal applicable. On distingue sur le
tableau suivant les différents documents matérialisant les liens juridiques selon le mode de
transport :

Mode de Maritime Aérien Routier ferroviaire Multimodal


transport
Document Connaissement Lettre de Lettre de Lettre de Connaissement
de transport maritime transport transport Voiture de transport
Bill of lading aérien (LTA) routier Internationale combiné ou CTBL
ou Air Way (LTR) ou (LVI) ou (CiM) (Combined
Bill (AWB) CMR Transport Bill of
Lading).

II. Effets du contrat de transport.

Un contrat de transport matérialise un lien juridique entre un donneur d’ordre et un


transporteur voire même une tierce personne, le destinataire ou autres. Il va sans dire que, tout
contrat légalement formé produit ses effets juridiques à l’égard des parties contractantes. Il
constitue en fait la loi régissant les rapports entre les différentes parties concernées, qui ne
peuvent se défaire de leurs engagements, sous peine de s’exposer aux sanctions.
Par conséquent, le transporteur se voit obliger d’assurer le transport de marchandises, de
personne ou de messagerie de tel point à tel point. C’est pourquoi on dit qu’il a une obligation
de résultat. En cas d’inexécution de l’obligation ou de retard, il engage sa responsabilité.
Quant à l’usager, il est tenu de payer le prix promis et de respecter certaines obligations.
Ceci dit, dans la réalité on peut rencontrer des situations d’exécution comme
d’inexécution des obligations contractuelles.

A. Exécution de l’obligation contractuelle.

L’obligation contractuelle nait de la volonté des parties; autrement dit l’obligation


contractuelle est un acte volontaire. Ce sont les parties elles mêmes, qui déterminent l’étendue
de cette obligation. Lors de la passation d’un contrat, on se met d’accord sur le prix, la chose,
les délais, les destinations et les différents éléments de l’acte.
Pour rappel, l’obligation est le lien juridique qui nous oblige à donner, à faire ou à ne
pas faire. Ce lien juridique est sanctionné au cas où l’obligation n’est pas respectée. La
personne victime de l’inexécution peut introduire une action en justice pour obtenir
satisfaction.
L’Article 230 du D.O.C pose le principe de la force obligatoire du contrat en stipulant
que : « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et ne
peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou dans les cas prévus par la loi ».

69
Les obligations contractuelles en matière de transport consistent en l'acheminement de
la personne ou de l'envoi et le paiement du prix et autres. Il s’agit en fait d’obligations qui
pèsent sur les différentes parties au contrat.

1. Les obligations du donneur d’ordre.

La passation d’un contrat de transport se traduit par des obligations qui pèsent à la fois
sur le transporteur et le donneur d’ordre.
a. La présence de la personne ou de la marchandise au lieu du départ et à l’heure convenus.

L’exécution du contrat de transport commence par l’acte de présence de la personne ou de


présentation de la marchandise sur le lieu du départ convenu, qui constitue une manifestation de la
volonté d’exécution du contrat par le client. A défaut de quoi, cette défection pourrait être interprétée,
sauf exceptions prévues par la loi, comme étant une rupture volontaire du voyage par le client et donne
droit au transporteur de réclamer le prix de la prestation sans l’avoir effectuée.

S’agissant des marchandises, elles doivent être embarquées par le transporteur en principe dès
leur présentation. Toutefois, certains modes de transport peuvent prévoir une obligation de
conditionnement ou d’emballage, qui peut figurer dans un contrat indépendant. De même, l’expéditeur
est tenu d’informer le transporteur sur le contenu de son envoi et sur sa valeur.

L'expéditeur doit donc globalement mettre la marchandise en l'état d'être transportée et se


charger lui-même de son chargement.

Le chargement doit être effectué dans le délai convenu ou fixé dans le contrat type applicable. Si
rien n'est prévu, il s'agit d'un délai raisonnable. Le délai court à compter de la mise à disposition du
véhicule. D'ailleurs, l'heure de mise à disposition et l'heure de fin de chargement doivent être reportées
sur le bulletin de transport. Ce sera un des éléments pris en compte pour vérifier le prix demandé par
rapport au coût global du transport.

b. Obligation de conditionnement, de marquage et de chargement des marchandises.

Pour l’envoi de colis et d’autres objets, le donneur d’ordre est soumis à l’obligation de son
conditionnement préalablement à sa mise à sa disposition auprès du transporteur. Ce conditionnement doit être
réalisé de telle sorte qu’il permet à la marchandise de supporter les aléas du transport. La responsabilité de toute
défaillance qui provoque un dommage est imputable à l’expéditeur qui connait la nature de sa marchandise.

A souligner, par ailleurs, que le code de travail pose une obligation quant au transport de colis ou objet
pesant au moins 1tonne. L’article 302 du code de travail dispose que : ‘’ l’expéditeur de tout colis ou objet pesant au
moins mille kilogrammes de poids, destiné à être transporté par quelque mode de transport que ce soit, doit porter sur le
colis, l’indication de son poids, de la nature de son contenu et de la position du chargement. L’indication doit être
marquée à l’extérieur du colis en lettres claires et durables suivant les modalités fixées par voie réglementaire.

Dans les cas exceptionnels où il est difficile de déterminer le poids exact, le poids marqué peut être estimé à un poids
maximum établi d’après le volume et la nature du colis.

A défaut de l’expéditeur, son mandataire se charge de porter sur le colis les indications visées aux alinéas ci-dessus.

70
Le défaut de l’indication à l’extérieur du colis est puni d’une amende de 2000 à 5000 dirhams.

c. Le respect des règlements et consignes de sécurité.

Le voyageur comme l’expéditeur de marchandises ou de courrier est tenu au respect de


règlements et consignes ayant trait notamment aux exigences de sécurité.

Un passager d’un vol aérien, d’un train ou d’un autocar est tenu au respect des normes légales et
sécuritaires, dont :
 L’occupation d’une place de la classe définie.
 La présentation du titre de voyage, des bagages et autres au contrôle des agents habilités.
 L’abstention de transport d’objets présentant un danger (utilisation de GSM pendant le décollage
d’avions).
 Le conditionnement de bagages et de marchandises.
 L’abstention de fumer…

d. La réception à l’arrivée à destination.

L’expéditeur d’une marchandise et le destinataire qui demeure créancier de l’obligation de son


acheminement endossent la charge de réception de la marchandise une fois arrivée à destination.
L’inexécution de cette obligation, donne droit à l’autre partie au contrat, le transporteur d’agir
contrairement aux stipulations du contrat.

L’article 474 du code de comme stipule que : Si le transporteur ne trouve pas le destinataire et,
en cas de refus, de contestation ou d'autre empêchement à la délivrance des choses transportées, le
transporteur doit avertir immédiatement l'expéditeur et attendre ses instructions. Si cet avis ne peut être
donné ou si l'expéditeur tarde à répondre, ou s'il donne des ordres inexécutables, le transporteur peut
déposer la chose transportée en lieu sûr ou la consigner aux risques et périls de l'expéditeur.
Lorsque les choses sont sujettes à dépérissement et s'il y a péril en la demeure, le transporteur
doit faire vérifier l' état des choses par l' autorité judiciaire du lieu; il peut même se faire autoriser à les
vendre en présence de l' autorité judiciaire ou autres autorités à ce commis et à se faire payer de ce qui
lui est dû pour le transport et les frais. Le transporteur doit aviser l'expéditeur et le destinataire, dans
les cas où cela est possible et dans le plus bref délai, tant du fait du dépôt que de celui de la vente, à
peine de dommages.

e. Le paiement du prix.

Le paiement du prix de la prestation de transport constitue la principale obligation


contractuelle qui s’impose au donneur d’ordre (client, usager, passager …).
Dans un contexte libéral, le prix à payer obéit à la règle de concurrence. Il est fixé
suivant la règle de l’offre et de la demande. Toutefois, en matière de transport, l’on distingue
au niveau national et international plusieurs modes de fixation des tarifs. Certains secteurs
subissent toujours l’interventionnisme de l’Etat ou d’organisations internationales en matière
de fixation de prix.
A titre d’illustration, l’on note que l’IATA impose une fourchette des prix aux
compagnies membres, y compris celles qualifiées de « low-cost », qui limitent au maximum

71
les services à bord, mais qui demeurent obligées d’assurer un maximum de sécurité avec la
pratique d’un tarif raisonnable, pour éviter le « dumping ».
A souligner, que le paiement devrait en principe intervenir après l’arrivée. S’agissant du
transport de marchandises, le législateur commercial stipule dans l’article 468 du CC que : Le
paiement du prix du transport n'est dû qu'au lieu où les choses devaient être transportées et
après leur arrivée. Le destinataire est tenu, à la réception des choses transportées, de payer le
prix de transport, de magasinage, les frais dont les choses sont grevées et les avances
ordinaires faites de ce chef par le transporteur, et à remplir toutes les autres obligations dont il
pourrait être tenu à raison du contrat de transport.
Néanmoins, les usages professionnels ont développé différents modes de paiement que
ce soit du transport de personnes, ou de marchandises. Il intervient souvent avant l’opération
de transport, comme il peut être réparti sur les deux phases (départ et arrivée). Le paiement
peut être effectué au comptant, comme il peut être effectué par chèque ou autres moyens.

A souligner que, le législateur a prévu un droit à un supplément proportionnel de prix et


au remboursement du surplus de ses frais et avances au profit du transporteur si la distance à
parcourir ou le temps du trajet a été augmenté par les contre-ordres ou les instructions
nouvelles de l' expéditeur ou du destinataire (Article 453 du CC).

2. Les obligations du transporteur.


Moyennant un prix, le transporteur s’engage à assurer le déplacement de personnes ou
de choses d’un point convenu, à un horaire déterminé vers une destination fixée. Il endosse
de ce fait une obligation de résultat.
Le transporteur ayant conclu un contrat, qui s’engage par exemple d’assurer
l'expédition des choses suivant un ordre est tenu de le faire dans l'ordre dans lequel il les a
reçues. Il ne peut modifier cet ordre que s’il a été empêché par un cas fortuit ou de force
majeure (Article 450 du CC).

A préciser, à priori, que le transporteur ne devient donc responsable qu'à partir de la fin de la
prise en charge de la marchandise puisque l'embarquement est de la responsabilité de l'expéditeur.
a. Obligation de déplacer.

Lors de la conclusion du contrat, le transporteur manifeste son accord pour assurer le


déplacement de personnes ou de choses. Pour ce faire, il s’engage à mobiliser un moyen de
transport adéquat réunissant les conditions de sécurité, de confort et autres en mesure d’assurer
cette mission.

L’article 11 quinquies de la loi 16/99 sur les transports dispose que « le transporteur qui a
passé un contrat de transport de marchandises pour compte d'autrui est tenu soit de l'exécuter par ses
propres véhicules, soit de l'exécuter en passant un contrat de location avec un loueur de véhicules de
transport de marchandises avec ou sans conducteur.

b. Obligation de sécurité.

72
L’acheminement à destination sain et sauf constitue une condition sine qua non
notamment en matière de transport de personnes. Cette condition s’impose de plein droit au
transporteur, qui a la charge de réunion des conditions et moyens nécessaires pour assurer le
transport dans des conditions de sécurité opportunes.

Cette condition de sécurité ne s’impose pas uniquement en matière de transport, elle


s’impose d’autant plus s’agissant du transport de certaines marchandises, dont la nature
pourrait avoir un impact négatif sur la santé publique, sur la sécurité et sur l’environnement et
d’autres nécessitant un soin et un traitement spécial à même d’assurer leur acheminement en
bon état.
c. Obligation de chargement des marchandises.

En France, le chargement des envois de moins de 3 tonnes sur l’engin de transport est réalisé
par le transporteur et sous sa responsabilité et sa prise en charge juridique intervient donc dès le
commencement de cette opération par le transporteur.

Le transporteur est tenu de bâcher le véhicule une fois le chargement effectué par l'expéditeur et
il doit aussi s'assurer de la sécurité du transport. Le transporteur n'a pas à vérifier le chargement de la
marchandise dans le camion, mais il doit tout de même vérifier si le chargement ne porte pas atteinte à
la sécurité routière

d. Obligation de respect du délai.

L’adage anglais ‘’ Time is money ‘’ trouve sa meilleure application dans le domaine du


transport. La rapidité de transmission de l’information, d’acheminement des personnes et des
marchandises est de mise surtout dans le commerce aussi bien au niveau local qu’extérieur.
Elle conditionne même le choix des moyens de transport et du professionnel auquel sera
confiée la tache. De surcroit, elle impacte le coût de la prestation. D’où la nécessité de respect
des délais, qui constitue l’une des obligations essentielles du transporteur. Celui-ci endosse la
charge de se présenter au point de départ et à l’heure convenue et d'acheminer la marchandise
dans les délais impartis. Il est, donc, garant de l’arrivée de la personne ou de la marchandise à
la date et l’heure convenues.

L’article 456 du CC dispose que, le transport doit être effectué dans le délai déterminé
par les parties ou par l'usage du commerce, et, à défaut, dans le délai qui doit être considéré
comme raisonnable.

e. La livraison de la marchandise.

La livraison constitue le résultat de l’exécution d’une obligation contractuelle et le


couronnement d’une opération de déplacement d’un point à une destination. Cependant, cette notion de
livraison pose problème sur le plan juridique. Ainsi, l’arrivée même à destination peut être assimilée à
une livraison, et ce, sans remise de la cargaison au destinataire.
Dans cet ordre d’idées, l’article 466 du CC pose l’obligation pour le transporteur d’aviser
immédiatement le destinataire de l'arrivée des choses transportées.

Le porteur d'un titre de transport à l'ordre ou au porteur est considéré comme destinataire.

73
Quant à l’article 469 du CC, il dispose que ‘’ le transporteur n'est pas tenu de délivrer les
choses transportées lorsque la personne, qui se présente pour les recevoir ne remplit pas ses
obligations. En cas de contestation, et si le destinataire paye la somme qu'il croit due et consigne la
différence, le transporteur doit lui délivrer les choses transportées. Le transporteur n'est pas tenu de
délivrer les choses transportées si on ne lui remet le double du titre de transport par lui signé, qu'il
soit nominatif, à ordre ou au porteur ‘’.
Le transporteur est tenu de veiller avec diligence aux intérêts du propriétaire des choses
transportées; il répond de tous dommages causés par sa faute.
En matière de transport, la livraison implique le déchargement total du véhicule et que le
destinataire ait pris possession de la marchandise après en avoir vérifié les qualités.
Ceci dit, le destinataire est considéré comme étant créancier de l'obligation d'acheminement de
la marchandise. C'est pourquoi, on dit qu’il il a le droit de réclamer au transporteur l'exécution de son
obligation de livraison.
Dans ce sillage, l’article 467 du code de commerce dispose qu’avant l'arrivée des choses
transportées, le transporteur doit exécuter toutes les instructions qui lui seraient données par le
destinataire et relatives à leur conservation.
Après l'arrivée des choses transportées, ou après le jour où elles auraient dû arriver à
destination, le destinataire peut exercer tous les droits résultant du contrat de transport, soit en sa
faveur, soit en faveur des tiers, y compris l'action en dommages-intérêts. Il peut, à partir de ce moment,
exiger la remise des choses transportées et du titre de transport.

B. L’inexécution de l’obligation contractuelle.


Le transport est une activité vitale et combien sensible. Toute rupture de cette activité
mettra en jeu les droits et intérêts des personnes physiques et morales constituant les
principaux acteurs du commerce notamment, et par effet de translation l’économie toute
entière.
Pour parer à toute éventualité et protéger les droits et intérêts des clients d’une part, et
les transporteurs d’autre part, le législateur a veillé sur l’encadrement de l’activité du
transporteur, à qui il confère la qualité de commerçant et lui impose plusieurs obligations et
règles de bonne conduite.
L’irrespect des dispositions législatives et réglementaires comme les termes et clauses
des contrats préjudiciant aux intérêts tantôt des clients, tantôt des transporteurs, tantôt des
logisticiens est susceptible de remettre en cause la responsabilité de la partie défaillante, sauf
dans les cas d’exception consacrés par le droit positif. Cette responsabilité diffère suivant la
nature et le degré de gravité de la tentative ou de l’acte commis, ainsi que de l’intention du
contrevenant. Il s’ensuit que la sanction qui pourrait être soit de nature civile (visant la
réparation du dommage causé), soit de nature pénale (sanctions pécuniaires ou privatives de
liberté). On se limitera dans le cadre de cette étude à l’étude de la responsabilité contractuelle.
A préciser, dans ce sillage que l’inexécution d’un contrat de transport de marchandises
peut être perturbée par différents évènements; lesquels peuvent être soit volontaires soit
involontaires. De même, ils peuvent intervenir avant ou après le départ. Il n’en demeure pas

74
moins que dans la quasi-totalité des cas la non-exécution d'une obligation par l'une des parties
permet à l'autre de ne pas s'exécuter.

Ceci dit, on mettra l’accent dans un premier temps sur les cas exceptionnels
d’exonération de la responsabilité avant de s’attaquer aux cas d’inexécution des obligations
contractuelles par les différentes parties et les responsabilités qui en découlent.

1. Cas d’exonération.

Entre autres cas invoqués pour l’exonération de la responsabilité en matière transport


celui du cas fortuit ou de force majeure; lequel se définit comme étant un événement
imprévisible et insurmontable pour le transporteur ayant empêché l’exécution de l’obligation
contractuelle. A titre d’illustration, l’on note le cas catastrophes naturelles, de conditions
atmosphériques et autres.
A ce propos, l’article 459 du code de commerce dispose que, le transporteur est
déchargé de toute responsabilité s'il prouve que la perte ou les avaries ont été causées:
1) par le cas fortuit ou force majeure non imputable à sa faute;
2) par le vice propre des choses elles-mêmes ou par leur nature;
3) par le fait ou les instructions de l'expéditeur ou du destinataire.
Lorsque le transport est empêché ou retardé à cause d’un évènement involontaire dû à
un cas fortuit ou de force majeure non imputable à l'une des parties. Dans ce cas, le
transporteur est tenu d’aviser dans l’immédiat l'expéditeur. Celui-ci peut, dans ce cas, résoudre
le contrat, en restituant au transporteur le double du titre de transport et en l'indemnisant
l'article 451 du CC.

S’agissant du transport de personnes, le législateur a tenu compte également de certains


cas qui libèrent l’une des parties de son obligation. Il en est le cas du décès, de la maladie ou
d’autre empêchement de force majeure, qui entraine la résolution du contrat sans indemnité.
Article 477 du CC :

2. Responsabilité pour inexécution.

L’inexécution des obligations contractuelles par une partie ou l’autre, sans justificatif
légal, engage la responsabilité de la partie défaillante et donne droit à la victime pour
l’exercice de différentes mesures en vue de réclamer au défaillant d’exécuter ses obligations ou
le contraindre, tout en conservant le droit d’ester en justice pour demander la réparation des
dommages et la sanction de l’inexécution des obligations, le cas échéant.
a. Responsabilité du donneur d’ordre.

Le voyageur, l’expéditeur ou le donneur d’ordre endosse la responsabilité de


l’inexécution de l’obligation contractuelle dans certains cas.

Les conséquences de l’inexécution des obligations diffèrent d’un cas à l’autre .

a1- Avant le départ :

75
Concernant le transport de personnes, le code de commerce apporte des réponses aux
différentes hypothèses d’inexécution des obligations contractuelles avant le départ. Lorsque le
voyageur ne se trouve pas en temps utile au lieu de départ, il a droit de partir pour le voyage
suivant, mais s’il décide de rompre le contrat, il doit le prix entier. Dans le cas où la faute
incombe au transporteur, le voyageur a droit à la restitution du prix du transport et aux
dommages-intérêts (Article 477 du CC).

a2- Après le départ :

La rupture du voyage provoquée volontairement par le voyageur, qui décide par


exemple de s’arrêter à mi-chemin se traduit par l’obligation de payer le prix entier. Article 478 du
CC.
Dans le cas où le voyageur refuse de payer le prix du transport, le législateur prévoit un
droit de rétention des bagages du voyageur au profit du transporteur.

L'article 484 du CC énonce que « le transporteur a un droit de rétention sur les effets et
bagages du voyageur pour le paiement du prix du transport et des fournitures faites à ce dernier
pendant le voyage ».

Quant à l’article 470 du CC, il dispose que le droit de rétention du transporteur a lieu
pour toutes les créances résultant du contrat de transport. S'il y a plusieurs transporteurs, le
dernier exerce les droits des précédents. Les sommes consignées conformément à l'article
précédent remplacent la marchandise en ce qui concerne le droit de rétention du transporteur.

b. Responsabilité du transporteur.

On distingue plusieurs cas d’inexécution ou de mauvaise exécution des contrats de


transport, qui peuvent engager la responsabilité du transporteur.
Ainsi, le transporteur peut même être condamné, s'il ya lieu, au payement de dommages
et intérêts, soit à raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution,
tant qu’il n’arrive pas à apporter la preuve que ces faits ne sont pas dus à sa faute.
b1- L’inexécution du contrat de transport dans les délais impartis.

Le retard de livraison de la marchandise dans les délais impartis justifie un droit de retenue sur
le prix de transport proportionnée à la durée du retard. Dans le cas d’un retard équivalant le double du
temps établi pour l'accomplissement du transport; le transporteur perd le droit au prix entier de sa
prestation, sauf dans les cas spécifiés par la loi.

Il en va de même s’agissant du transport de personnes. En cas de retard anormal ayant


préjudicié au voyageur ou ayant rendu sans intérêt son déplacement, il a droit de résilier le contrat et de
réclamer les dommages et intérêts.

b2- Les avaries et dommages.

76
Le transporteur répond des dommages qui surviennent à la personne du voyageur pendant le
transport. Sa responsabilité ne peut être écartée que par la preuve d'un cas de force majeure ou de la
faute de la victime. Article 485 du CC.

De même, le transporteur répond de ce qu'il a déjà reçu dans son moyen de transport et de ce
qui lui a été remis dans tout emplacement destiné à la réception des marchandises en vue de leur
transport.

Le transporteur répond du fait et de la faute de tous les transporteurs qu'il s'est substitués, et de
toutes autres personnes dont il se fait aider ou auxquelles il confie l'accomplissement du transport,
jusqu'au moment de la délivrance au destinataire des choses transportées. Toute convention contraire
est réputée nulle et sans effet.

De même, le transporteur répond de la perte et des avaries des objets qui lui ont été confiés,
depuis le moment où ils ont été remis jusqu'à celui où il les délivre au destinataire; toute clause tendant
à le décharger de cette responsabilité n'a aucun effet.

Pour précision, le dommage résultant de l'avarie est constitué par la différence entre la valeur
de la chose dans l'état où elle se trouve et sa valeur à l'état sain.

En cas de dol ou de faute lourde du transporteur, il est fait application, pour le calcul des
dommages, des règles de la responsabilité délictuelle (Article 458).

77
Section 2: Le fonds de commerce.
Le fonds de commerce est défini par l’article 79 du code de commerce comme étant
‘’ un bien meuble incorporel constitué par l’ensemble de biens mobiliers affectés à
l’exercice d’une ou de plusieurs activités commerciales ‘’.
L’article 80 ajoute que le fonds de commerce comprend obligatoirement la clientèle et
l’achalandage. Il comprend aussi, tous autres biens nécessaires à l’exploitation du fonds tels
que le nom commercial, l'enseigne, le droit au bail, le mobilier commercial, les marchandises,
le matériel et l’outillage, les brevets d’invention, les licences, les marques de fabrique, de
commerce et de service, les dessins et modèles industriels et, généralement, tous droits de
propriété industrielle, littéraire ou artistique qui y sont attachés.

En effet, le fonds de commerce est donc un bien mobilier incorporel. On peut le


considérer comme une universalité de fait, c’est-à-dire un bilan qui enveloppe un ensemble
d'éléments mobiliers qui sont eux-mêmes corporels ou incorporels. Il comprend l'ensemble des
éléments affectés par un commerçant à une exploitation en vue de satisfaire une clientèle.

Il est indispensable de bien distinguer le fonds de commerce d'une part, et les éléments
qui le composent d'autre part. En effet celui-ci est plus que la somme des éléments le
composant. Ainsi, il y aura toujours fonds de commerce alors même que la totalité de ses
éléments auraient été amenés à disparaître, à être détruits ou bien vendus. Il ne peut y avoir
fonds de commerce sans clientèle. De la sorte, cette dernière est plus qu'un élément du fonds
de commerce, elle en est sa finalité.

Aussi, le fonds de commerce doit être distingué du fonds commercial qui a un usage
comptable et qui se compose uniquement de biens incorporels. Lors de la vente on prend en
compte la valeur à la fois des biens corporels qu’incorporels.

Les éléments pouvant être inclus dans un fonds de commerce sont listés à l'article 80 du
code de commerce marocain (article L142-2 du Code de Commerce français) et se divisent en
deux catégories, les biens incorporels et les biens corporels.

Les éléments incorporels d'un fonds de commerce sont :


 la clientèle, l’élément essentiel sans lequel le fonds ne peut exister
 l'achalandage,
 le droit au bail,
 L'enseigne et le nom commercial,
 Certaines autorisations administratives, les marques, brevets, logiciels.

Les éléments corporels du fonds de commerce sont essentiellement :

 les marchandises
 le matériel.

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Pour beaucoup d'auteurs, la notion de fonds de commerce est aujourd'hui inadaptée à la
vie des affaires, surtout à cause de la complexification des structures commerciales et des
opérations de distribution.
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Il importe de signaler que, le fons de commerce est un élément essentiel de l'évaluation
d'entreprise. Sa valeur est plus ou moins proportionnelle à l'importance de cette clientèle; elle
est souvent chiffrée en moins de chiffres d'affaires. Ce nombre est généralement lié au type
d'activité, vu que les marges commerciales sont fonction de celle-ci.

Le fonds de commerce est cessible en même temps ou à part des autres actifs


d'exploitation. Cela permet le transfert de l'activité à un nouvel exploitant. L'apport à une
société permet à son propriétaire de continuer à l'exploiter en échange de parts sociales de la
société. Il peut aussi être mis, sous certaines conditions, en location-gérance ou faire l'objet
d'un nantissement, notamment en garantie d'un crédit

L’exploitant peut être un entrepreneur individuel (commerçant) ou une société qui agit
par l’intermédiaire de ses organes sociaux (Gérant/SARL, Directoire ou conseil
d’administration/SA).
L’entrepreneur peut opter pour l’exploitation du fonds par l’intermédiaire d’un gérant.
Le décès de l’exploitant entraine la disparition du fonds de commerce, sauf si les héritiers
décident de continuer l’exploitation du commerce.

§ 1  : Nantissement de fond de commerce  :

Article 106 : Le fonds de commerce peut faire l’objet de nantissement, sans autres conditions et
formalités que celles prescrites par le présent chapitre.

Le nantissement d’un fonds de commerce ne donne pas au créancier gagiste le droit de se faire
attribuer le fonds en paiement et jusqu'à due concurrence.

Article 107 : Sont seuls susceptibles d’être compris dans le nantissement les éléments énumérés à
l'article 80 à l' exclusion des marchandises.

Le nantissement du fond de commerce consiste à donner en gage un fond de commerce. Le commerçant


qui a besoin d’un crédit peut donner son fonds en gage.

Le nantissement constitue, en fait, une garantie, une sû reté réelle mobilière portant sur un bien
incorporel (des parts sociales, un fonds de commerce par exemple. Il s’agit d’une garantie pour le
créancier qui obtient un droit sur un bien d’un débiteur).

Deux sortes de nantissements (selon la façon dont naît le nantissement) à mettre en évidence :

I. Le nantissement amiable.

Il naît à la suite d’un accord entre le débiteur et le garanti.

79
A. L’établissement du nantissement.

Il doit donner lieu d’abord à un acte écrit qui peut être authentique (acte notarié) ou acte sous sein
privé (signature).

Ensuite, inscription du nantissement dans les 15 jours qui suivent sur un registre spécial tenu au
greffe du tribunal de commerce.

C’est la date de cette inscription qui détermine le rang du créancier nanti.

B. La portée du nantissement.

Tous les éléments qui composent le fonds de commerce ne sont pas compris dans le nantissement.
3 catégories :
- certains éléments en font obligatoirement partie
la clientèle
le nom commercial et l’enseigne
le droit au bail

- certains éléments peuvent faire partie du nantissement mais seulement en vertu de l’acte du
nantissement (écrit dans l’acte)
les droits de propriété industrielle
le matériel et l’outillage

- ne font jamais partie du nantissement : les marchandises (elles ne font pas partie de garanties)

C. Les effets du nantissement.

Le débiteur conserve le droit de l’administrer et même éventuellement de le vendre.


Il doit également maintenir le fond en activité et ne pas en diminuer la valeur.
Le créancier bénéficie du droit de préférence et du droit de suite.

Article 111 : En cas de déplacement du fonds de commerce, les créances inscrites deviendront de
plein droit exigibles si le propriétaire du fonds de commerce n'a pas fait connaître aux créanciers
inscrits, quinze jours au moins à l' avance, son intention de déplacer le fonds et le nouveau siège qu'il
entend lui donner.

1) Le droit de préférence
Le droit pour le créancier nantis d’être payer avant les créanciers chirographaires (ceux qui n’ont pas de
garanties) sur le prix de vente éventuelle du fond.
S’il ya plusieurs créanciers inscrits, ils sont payer dans l’ordre d’inscription.

Remarque : En droit marocain et français, et autres législations, un créancier chirographaire est


un créancier simple, c'est-à-dire ne disposant d'aucune sû reté particulière. On le distingue des créanciers
privilégiés, comme le fisc ou les salariés d'une entreprise en difficulté. Un créancier chirographaire
dispose simplement, comme garantie du paiement de sa créance, du droit de gage général sur le
patrimoine de son débiteur. N'étant pas titulaire d'un droit de préférence, le créancier chirographaire
vient en concurrence avec tous les autres créanciers de son débiteur, ce qui signifie que l'actif de son

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débiteur sert en même temps de gage, de garantie, au paiement de la dette des autres créanciers de ce
débiteur. 
Un créancier nanti est un créancier qui dispose d'un nantissement, c'est-à-dire d'une sû reté réelle
mobilière opérant dépossession. Le terme créancier nanti peut désigner, au sens large, un créancier
privilégié.

Article 113 : Tout créancier qui exerce des poursuites de saisie-exécution et le débiteur contre lequel
elles sont exercées peuvent demander, devant le tribunal dans le ressort duquel est exploité le fonds,
la vente globale du fonds de commerce du saisi avec le matériel et les marchandises qui en
dépendent. (…)

Le tribunal nomme, s'il y a lieu, un administrateur provisoire du fonds de commerce, fixe les mises à
prix, détermine les conditions principales de la vente et commet pour y procéder le secrétaire-
greffier.
Celui-ci se fait remettre tous titres et pièces concernant le fonds, rédige le cahier des charges et en
autorise la communication aux enchérisseurs.

Le tribunal statue, dans les quinze jours de la première audience par jugement non susceptible
d'opposition, exécutoire sur minute. L'appel du jugement est suspensif; il est formé dans les quinze
jours de sa notification et jugé par la cour d'appel dans les trente jours; l'arrêt est exécutoire sur
minute (1).

(1) On distingue habituellement l’exécution provisoire (ou décision exécutoire à titre provisoire) de
l’exécution sur minute (ou décision exécutoire sur minute). L'exécution provisoire est la
possibilité pour une décision de justice d'être immédiatement applicable et qui permet au
gagnant d'un procès de la faire exécuter, sans attendre la fin des délais de recours ou malgré
l'exercice d'un recours suspensif.
Un titre exécutoire est un acte juridique constatant une créance et permettant au créancier
d'en poursuivre l'exécution forcée sur les biens de son débiteur dans les conditions propres à
chaque mesure d'exécution (provisoire ou sur minute).
Plus simplement, il s'agit d'un « écrit permettant au créancier d'obtenir le recouvrement forcé
de sa créance (saisie des biens) ».

2) Le droit de suite

Droit pour le créancier nantis de faire vendre le fond s’il n’est pas payé de sa créance, même si le fonds
n’est plus la propriété du débiteur.
L’acquéreur du fonds de commerce doit respecter un certain nombre de précautions :
- il doit se renseigner au greffe du tribunal sur l’existence éventuel d’un nantissement
- il fera l’offre du prix au créancier nantis : si le créancier est satisfait, il effacera le nantissement, si le
créancier n’est pas satisfait il peut faire une surenchère de 1/10 sur le prix de vente des éléments
incorporels.
Le fonds est alors mis en vente aux enchères avec comme mise à prix, le prix initial + 1/10
C’est celui qui fait la plus forte enchère qui est déclaré acquéreur. Si personne ne se porte acquéreur, le
local appartiendra aux créanciers. Le nantissement est donc effacer.

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Le déplacement du fonds de commerce sans le consentement du vendeur ou du créancier gagiste peut,
s'il en résulte une dépréciation du fonds, rendre leurs créances exigibles.

L’inscription d’un nantissement peut également rendre exigibles les créances antérieures ayant pour
cause l’exploitation du fonds de commerce.

II. Le nantissement judiciaire.

Il peut être pris sans l’accord du propriétaire du fond de commerce mais avec l’accord du tribunal.

Le créancier s’aperçoit que la situation du débiteur est irrégulière. Avant, d’attendre la fin pour
être remboursé, il va demander au tribunal un nantissement sur le fonds de commerce.

Le banquier doit prouver du prêt, et doit expliquer que la créance sera difficile à récupérer.

Quant aux effets de nantissement, ils sont les mêmes que ceux précédemment déclinés, sauf que le
nantissement judiciaire peut être annulé dans certaines hypothèses. Quand il y a liquidation judiciaire, le
tribunal vérifiera la date dans laquelle le commerçant est en cessation d’activité (période suspecte dans
laquelle tous les actes seront annulés)

§ 2  : Vente du fond de commerce.

- Droits du vendeur

Le privilège du vendeur (droit de préférence et droit de suite)


Action résolutoire

- Droits des créanciers

La publication qui leur donne droit à l’information


L’opposition
Le droit de surenchère du 6ième

- Droits de l’acheteur

Si clause du contrat fait défaut, annuler le contrat pendant un an après la publicité

Article 95 : La surenchère du sixième n'est pas admise après la vente judiciaire du fonds de commerce ou
la vente poursuivie à la requête d’un syndic de redressement ou de liquidation judiciaire ou de
copropriétaires indivis du fonds, faite aux enchères publiques

Article 121 : Aucune surenchère du sixième n'est admise lorsque la vente a eu lieu aux enchères
publiques par voie judiciaire.

Article 123 : Tout créancier inscrit sur un fonds de commerce peut, lorsque l'article 121 n'est pas
applicable, requérir la mise aux enchères publiques en offrant de porter le prix principal, non compris le
matériel et les marchandises à un dixième en sus et de donner caution pour le paiement des prix et
charges ou de justifier d'une solvabilité suffisante.

Les ventes judiciaires sont des ventes aux enchères de biens immobiliers devant les tribunaux de grande
instance (TGI)

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Elles se déroulent au sein des TGI, qui sont des tribunaux civils. Chaque tribunal organise à date fixe une
vente aux enchères immobilières. Tout le monde peut y assister, mais il est indispensable de passer par
l'intermédiaire d'un avocat pour avoir le droit d'acquérir un bien.
La vente judiciaire est en général provoquée par un créancier (banque souvent) qui a financé l'achat d'un
bien en inscrivant une hypothèque (une garantie sur le bien). Le débiteur ne parvenant pas à honorer les
échéances du crédit, le créancier demande la saisie du bien et sa mise en vente.

§ 3  : Gérance libre.

I. Notion  :

Tout contrat par lequel le propriétaire ou l’exploitant d’un fonds de commerce en concède totalement ou
partiellement la location à un gérant qui l’exploite à ses risques et périls.

Responsabilité du bailleur, du gérant, et droits des créanciers :

Lorsque le contrat de gérance libre est de nature à porter préjudice aux créanciers du bailleur du fonds, le
tribunal du ressort peut déclarer exigibles les créances antérieures ayant pour cause l’exploitation dudit
fonds. La demande tendant à déclarer l’exigibilité desdites créances doit être introduite dans le délai de
trois mois à compter de la date de publication.

Article 153 : Le gérant libre a la qualité de commerçant et il est soumis à toutes les obligations qui en
découlent.
Tout contrat de gérance libre est publié dans la quinzaine de sa date, sous forme d’extrait au Bulletin
officiel et dans un journal d’annonces légales.
Le bailleur est tenu, soit de se faire radier du registre de commerce, soit de faire modifier son inscription
personnelle avec la mention expresse de la mise en gérance libre.
La fin de la gérance libre donne lieu aux mêmes mesures de publicité.

Article 154 : Le gérant libre est tenu d’indiquer sur tous documents relatifs à son activité commerciale
ainsi que sur toutes pièces signées par lui à cet effet ou en son nom, son numéro d’immatriculation au
registre du commerce et le siège du tribunal où il est immatriculé et sa qualité de gérant libre du fonds
Toute infraction aux dispositions de l’alinéa précédent est passible d’une amende de 2.000 à 10.000
dirhams.

Article 155 : Jusqu'à la publication du contrat de gérance libre et pendant une période de 6 mois suivant
la date de cette publication, le bailleur du fonds est solidairement responsable avec le gérant libre des
dettes contractées par celui-ci à l' occasion de l’exploitation du fonds.

Article 156 : Les dispositions de l' article précédent ne s'appliquent pas aux contrats de gérance libre
passés par des mandataires de justice chargés, à quelque titre que ce soit, de l' administration d' un fonds
de commerce, à condition qu'ils aient été autorisés aux fins desdits contrats par l'autorité de laquelle ils
tiennent leur mandat et qu'ils aient satisfait aux mesures de publicité prévues.

Article 157 : La fin de la gérance libre rend immédiatement exigibles les dettes afférentes à l’exploitation
du fonds contractées par le gérant libre pendant la durée de la gérance.

Article 158 : Tout contrat de gérance libre consenti par le propriétaire ou l’exploitant d’un fonds de
commerce ne remplissant pas les conditions prévues aux articles ci-dessus, est nul. Toutefois, les
contractants ne peuvent invoquer cette nullité à l' égard des tiers.

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GÉRANCE LIBRE

L’économiste   du 16/10/1997
Si le nouveau code de commerce a pour la première fois légalisé la gérance libre, il n'a pas pour autant
résolu tous les problèmes. Le plus important est celui de la solidarité qui lie le propriétaire et le gérant
libre.
Vous voulez louer votre fonds de commerce. C'est tout à fait votre droit. Vous avez la possibilité de récupérer
votre fonds à l'expiration du contrat sans avoir à verser d'indemnités comme pour le contrat de bail
commercial. 
Le nouveau code de commerce a eu le mérite de légaliser la gérance libre, pratiquée par le passé sous le régime
du droit au bail. «L'objectif est de distinguer ce contrat des autres types de gérance où le fonds est géré aux
risque et péril du propriétaire», indique M. Mernissi. «Néanmoins, la gérance libre reste un contrat de bail
normal avec des dispositions particulières à la location de fonds de commerce», ajoute-t-il. 
Seulement, il faut y réfléchir à deux fois. Le nouveau code de commerce stipule dans l'article 155 que «jusqu'à la
publication du contrat de gérance libre et pendant une période de 6 mois suivant la date de cette publication, le
bailleur du fonds est solidairement responsable avec le gérant libre des dettes contractées par celui-ci à
l'occasion de l'exploitation du fonds, sans préjudice de l'application des dispositions de l'article 60». 

Ainsi, tant que le contrat de gérance libre n'est pas publié, vous êtes le seul et unique responsable des faits et
périls du gérant libre. Notons que ce contrat doit être publié au BO et dans les journaux d'annonces légales dans
les 15 jours suivant sa conclusion. C'est la dernière publication qui est prise en considération. Si par malchance
la publication retarde, c'est votre responsabilité qui se prolonge, sachant que le Bulletin Officiel ne respecte pas
toujours le délai de deux semaines.
 
De même, dès que la publicité prend effet, vous ne serez pas au bout de vos peines. Vous restez solidairement
responsable des dettes contractées pendant six mois encore, après la dernière publication. 
Le problème est bien posé pour plusieurs candidats à la gérance libre. Mais là où le bâ t blesse, c'est que, même si
le contrat de gérance libre comporte une clause stipulant que le gérant est le seul responsable des dettes
contractées, vous restez quand même solidairement responsable de ces dettes. «Puisque c'est une disposition
d'ordre public», souligne M. Mohamed Mernissi, conseiller juridique à la Fiduciaire de Gestion et de Conseil
(FIGES). 

Rémunération
Selon M. Mernissi, «à trop vouloir protéger les tiers, on tombe dans l'effet inverse de celui recherché. En effet,
cette situation peut dissuader des propriétaires à donner en gérance libre leur fonds de commerce».
La rémunération du gérant libre dépend des clauses stipulées par le contrat. Elle peut être fixe ou variable.
Parfois, elle combine ces deux types de redevances. La rémunération fixe correspond en général au montant de
la valeur locative. La rémunération variable, elle, correspond à une participation au chiffre d'affaires. La
détermination du montant de cette catégorie de rémunération risque d'engendrer des conflits entre les deux
parties. La rémunération fixe présente en général moins de problèmes.

84
 
Commerçant, le gérant est soumis à toutes les obligations qui en découlent. En conséquence, il doit respecter les
conditions de publicité pour faire connaître aux tiers son identité, son activité et son régime matrimonial. De
plus, il doit tenir à jour les livres de commerce. 
Pour sa part, le gérant libre doit indiquer son numéro d'immatriculation au registre de commerce, le siège du
tribunal où il est immatriculé et sa qualité de gérant libre du fonds sur tous les documents relatifs à son activité
commerciale. Ces éléments doivent figurer également sur toutes les pièces signées par lui à cet effet ou en son
nom. 
Par ailleurs, le bailleur de fonds est tenu de se faire radier du registre de commerce ou de faire modifier son
inscription personnelle avec la mention expresse de la mise en gérance libre.

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Chapitre II  : Le droit des entreprises en difficulté.
La vie d’une entreprise peut être affectée par plusieurs évènements en relation soit avec
ses associés et actionnaires, soit avec sa trésorerie, soit avec l’environnement dans lequel elle
se meut. Les situations de difficultés ou de crises qu’elle peut traverser risquent de mettre en
conflit plusieurs parties, et ce, sachant pertinemment que le nombre d’entreprises qui ont
disparu au Maroc a atteint en 2017 quelques 8000 unités. A souligner, par ailleurs, qu’environ
90% des entreprises qui entament la procédure de redressement passent à la liquidation, ce qui
vaut au Maroc le classement à la 134ème place parmi 190 pays au Monde en matière de doing
business (en ce qui concerne le cadre juridique de l’insolvabilité). D’où l’intérêt particulier qui
lui est accordé par les pouvoirs publics, qui se soucient de maintenir, à priori, l’entreprise en
activité et partant l’emploi, et en cas d’impossibilité les droits des créanciers, dont les salariés,
le trésor, les organismes sociaux, les fournisseurs, les banques et autres, et ce, afin de parer à
tout ce qui est nature à préjudicier à la paix sociale et à l’ordre et la sécurité publics. Ces
situations de difficultés sont régies au Maroc par un droit dérogatoire dit droit des entreprises
en difficultés, connu précédemment sous l’expression des procédures collectives.

Ce droit puise son origine dans une multitude de textes, dont le plus important était le
code de commerce terrestre du 12 août 1913, et ce, avant la promulgation du code de
commerce en 1996 (Livre V), lequel a marqué un tournant décisif dans l’histoire, à travers le
remplacement de l’ancien droit de la faillite par le nouveau droit des difficultés de l’entreprise,
qui prévoit plusieurs mesures visant la sauvegarde de cette entité –l’entreprise- qui demeure
l’élément moteur dans une économie libérale. Récemment, le législateur a introduit plusieurs
nouveautés dans le cadre de la loi n°73-17 (BO n° 6667 du 23 avril 2018), modifiant et
complétant la loi n° 15-95 relative au Code de commerce en ce qui concerne les procédures
relatives aux difficultés de l'entreprise, dont la procédure de sauvegarde (sauvetage) et la
reconnaissance des procédures transfrontalières  visant la coopération entre les juridictions
marocaines et étrangères et le renforcement de la sécurité juridique concernant les entreprises
en difficulté.

Ce droit ne s’est pas limité au domaine commercial. Il s’est progressivement étendu à


d’autres secteurs dont ceux de l’artisanat. En France, il s’applique même aux professionnels
agricoles et libéraux.

Le droit des entreprises en difficulté prévoit deux formes de procédures, qui peuvent
être envisagées suivant l’état de santé financière de l’entreprise, dont :

 La prévention des difficultés de l’entreprise, tant qu’il n’y a pas  cessation des
paiements. Elle comprend la procédure d’alerte, la désignation de mandataire spécial et de
conciliateur, ainsi que le plan de sauvegarde (innovation de la nouvelle loi).
 La procédure de traitement des difficultés de l’entreprise, qui s’ouvre à partir de la
constatation de la cessation de paiement. Elle comprend :

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 le redressement judiciaire : est prononcé par la Justice concernant les entreprises (en
cessation de paiement), qui ne peuvent pas faire face à leurs échéances, toutefois leur
situation n’est pas irrémédiablement compromise.
 la liquidation judiciaire : est la procédure qui est prononcée par la Justice lorsque
l’entreprise est manifestement dans l’impossibilité définitive de faire face à ses créances
et que sa situation est irrémédiablement compromise. Elle peut être prononcée
immédiatement après constatation d’une telle situation, soit après redressement
judiciaire.

L’étude portera, dans un premier temps, sur la prévention et la détection des difficultés
des entreprises, la conciliation et la procédure de sauvegarde et dans un second temps sur les
procédures de redressement et de liquidation judiciaires.

Section 1 : La prévention des difficultés de l’entreprise.


‘’Mieux vaut prévoir que guérir ‘’ est un adage qui trouve sa parfaite application dans le
monde des affaires et ne doit jamais être perdu de vue par un dirigeant ou un futur dirigeant
d’entreprise. Ceci dit, la prévention requiert un réflexe de suivi de l’état de santé de
l’entreprise, de détection précoce des causes de défaillances et d’anticipation des mesures à
prendre pour éviter l’irréparable. C’est, en fait, une démarche qui vise à anticiper le règlement
des difficultés avant que la situation du débiteur ne soit irréversible.

Le législateur vise à travers l’institution de cette obligation à sensibiliser les


responsables et à ancrer une culture de transparence, de vigilance et de responsabilité. Il entend
permettre aux personnes intéressées par la survie de l’entreprise de s’informer sur sa situation
future. Il cherche également à trouver les solutions pour assurer le sauvetage de l’entreprise.

D’ailleurs, les trois finalités assignées au droit des entreprises en difficultés sont la
sauvegarde de l’entreprise, le maintien de l’emploi et de l’activité et l’apurement du
passif.

§1. La prévention.
La prévention repose sur le mécanisme de l’alerte en interne et en externe. Le but de
cette alerte est de créer un dialogue entre les organes de contrôle et les dirigeants, et de
permettre une action concertée alors qu’il est encore possible d’intervenir.

I. Les organes responsables de la prévention interne.


La prévention interne des défaillances de l’entreprise incombe en premier lieu au chef
d’entreprise. Au sens de l’article 546 du code de commerce, on entend par chef d’entreprise
« la personne physique débitrice ou le représentant légal de la personne morale débitrice ». En
second lieu, on retrouve le commissaire au compte.

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1- Le chef d’entreprise.
Le chef d’entreprise demeure responsable devant les actionnaires ou associés, des
salariés et des tiers. Il est appelé à assurer le fonctionnement normal de son exploitation en
prévenant la cessation de paiement. Pour ce faire, il se doit de disposer des outils de gestion
prévisionnelle pour parer aux éventuelles difficultés et risques de défaillance.

Toutefois, lorsque des indices sur les comptes sociaux laissent présager des déficits, qui
ne peuvent être couverts par un financement adapté aux capacités de l’entreprise (problème de
qualité, détérioration du chiffre d’affaire, baisse des profits, difficultés de trésorerie, mauvaise
circulation de l’information…), le chef d’entreprise en tant que gestionnaire doit déclencher
la procédure d’alerte. La loi prévoit des sanctions pénales pour les dirigeants responsables
d’avoir poursuivi abusivement une exploitation déficitaire, qui ne pouvait conduire qu’à la
cessation des paiements, d’avoir omis de tenir une comptabilité conformément aux dispositions
légales ou fait de la disparition de tout ou partie des documents comptables. Dans ce cas, la
sanction est le prononcé de la déchéance commerciale de cette personne physique
commerçante (article 745 CC). En cas de banqueroute, la peine est de 1 à 5ans de prison et une
amende de 10000 à 100000 dhs (art 755 du CC).

2- Le commissaire aux comptes.

Le commissaire aux comptes a le devoir de déclencher une procédure d’alerte dans les
sociétés dans lesquelles il exerce un mandat. Selon l’article 547 du code de commerce, la
procédure d’alerte est déclenchée par le commissaire aux comptes pour attirer l’attention des
dirigeants sur « tous faits de nature à compromettre la continuité de l’exploitation « qu’il a
relevé à l’occasion de l’exercice de sa mission, et ce dans un délai de 8 jours de la découverte
des faits. Il en informe le chef d’entreprise par lettre recommandée avec accusé de réception, et
l’invite à redresser la situation. Ce n’est qu’en fonction des réponses apportées par les
dirigeants aux questions du commissaire aux comptes que les autres organes de l’entreprise
pourront avoir connaissance des faits relevés par lui et des réponses faites par les dirigeants
sociaux. Sa véritable mission est de procéder à un diagnostic de l’entreprise.

S’agissant des SA, le commissaire aux comptes lorsqu’il constate l’apparition de faits
de nature à compromettre la continuité de l’exploitation, il doit demander, par lettre
recommandée avec accusé de réception, des explications, soit au président du conseil
d’administration, soit au président du directoire ou directeur général unique. Puis, il demande
la délibération du conseil d’administration ou du conseil de surveillance. Si aucune réponse
n’est fournie, le commissaire aux comptes invite les dirigeants sociaux à faire délibérer le
conseil d’administration ou le conseil de surveillance sur les faits préoccupants qu’il a relevés.
Par la suite, il demande la délibération de l’assemblée générale ordinaire : La loi (article 547
alinéa 2) stipule que « faute d’exécution par le chef d’entreprise dans un délai de 15 jours de
la réception ou s’il n’arrive pas personnellement ou après délibération du conseil
d’administration ou du conseil de surveillance selon le cas, à un résultat positif, il est tenu de
88
faire délibérer la prochaine assemblée générale pour statuer, sur rapport du commissaire aux
comptes, à ce sujet ». Enfin, il informe le président du tribunal.

II. Mécanisme de prévention externe :


La prévention externe échoit essentiellement au Président du Tribunal de Commerce.

En principe, l’entreprise est tenue de procéder par elle-même, à travers la prévention


interne des difficultés, au redressement permettant la continuité de l’exploitation. A défaut, le
président du tribunal intervient à travers la prévention externe (article 549 CC).

Dans une première phase, il convoque les dirigeants dès lors qu’il résulte de tout acte,
document ou procédure que l’entreprise en cause connaît des difficultés de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation.

Dans une seconde phase, il fait appel à l’expertise sur la situation économique sociale
et financière de l’entreprise. Elle constitue le plus souvent un audit, dont le but est de
déterminer si un plan de redressement, ayant quelque chance de réussite, peut être mis en place
dans l’entreprise.

Le chef d’entreprise demeure responsable en dépit de son entretien avec le président


du tribunal. Quelque que soit l’issue de l’entretien du chef d’entreprise avec le magistrat, cet
entretien n’exonère pas le dirigeant de ses responsabilités. Il lui appartient d’en tirer les
conséquences et décider s’il doit annoncer la cessation de paiement de son exploitation.

En marge de ce qui précède, il importe de souligner, qu’en cas où il apparait que les
difficultés de l’entreprise grâce à l’intervention d’un tiers à même de réduire les oppositions
éventuelles des partenaires habituels de l’entreprise, le président du tribunal le désigne en
qualité de mandataire spécial, tout en lui assignant une mission et un délai pour l’accomplir,
et ce, conformément aux dispositions de l’article 550 du CC.

S’il s’avère que ces démarches demeurent non concluantes, le tribunal peut déclencher
la procédure de règlement amiable.

§ 2. La conciliation.
La conciliation a remplacé dans le nouveau code de commerce le règlement amiable.
Elle intervient, lorsque la situation de dégradation de l’entreprise se confirme. C’est un
mécanisme contractuel et confidentiel, applicable aux entreprises qui ne sont pas encore en
cessation des paiements ou qui le sont depuis moins de quarante cinq jours, et qui éprouvent
des difficultés. L’important est d’agir rapidement et efficacement, avant cette phase extrême
qui contraint le débiteur à déposer son bilan et le tribunal à prononcer l’ouverture d’une
procédure judiciaire.

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La procédure de conciliation est déclenchée par le président du tribunal de
commerce. Il est saisi par une requête du chef de l’entreprise, qui expose sa situation
financière, économique et sociale, les besoins de financement ainsi que les moyens d’y faire
face (article 551).

Le chef d’entreprise indiquera les mesures de restructuration envisagées et exposera les


délais de paiement et les remises de dettes estimés nécessaires. Généralement, le chef
d’entreprise joint à sa requête un certain nombre de documents sociaux afin de permettre au
président du tribunal d’apprécier le bien fondé de la demande, et surtout de vérifier que
l’entreprise n’est pas d’ores et déjà en état de cessation des paiements. Si des documents
prévisionnels ont été établis, il serait utile de les soumettre à l’appréciation du magistrat, dans
l’optique d’un meilleur examen de la situation de l’entreprise.

Dès réception de la requête, le président du tribunal fait convoquer le chef d’entreprise


(gérant, président du conseil d’administration ou du directoire) pour recueillir ses explications
(article 551).

I. Le déroulement de la conciliation.

Le président du tribunal aussitôt saisi d’une demande de conciliation, peut dans le cas
où il estime que les propositions du chef d’entreprise sont de nature à favoriser le redressement
de l’entreprise, déclencher la procédure de conciliation et désigner un conciliateur pour
une durée de 3 mois prorogeable d’un mois. Celui-ci aura pour mission de conclure des
accords avec les créanciers. Il peut demander au tribunal de suspendre les poursuites des
créanciers durant la durée de la mission (article 555 du CC alinéa 1). Dans le cas où cette
démarche est à même de faciliter la conclusion d’accords. L’ordonnance du Président du
Tribunal interdit alors toute condamnation de l’entreprise au paiement de somme d’argent,
toute résolution de contrat pour défaut de paiement et toute voie d’exécution sur les meubles et
les immeubles et autres qui pourraient perturber le fonctionnement de l’entreprise.

Pour précision, la conciliation revêt un caractère contractuel puisqu’il s’agit


essentiellement d’un accord entre le débiteur et ses principaux créanciers qui acceptent de
négocier des remises ou des délais. L’accord de règlement amiable impose souvent une
restructuration importante de l’entreprise, et peut, en pratique et par voie de conséquence,
déboucher sur des licenciements. Il appartient ainsi au chef d’entreprise, avant même de
donner son consentement à un tel accord, d’informer les délégués du personnel.

II. Le contenu et la forme de l’accord de conciliation.

La négociation doit avoir pour objectif la conclusion d’un accord avec les créanciers.
L’essentiel est d’assurer à l’entreprise un financement nouveau, adapté à ses possibilités de
développement. En pratique, l’accord a pour objet l’octroi de délais et remises de dettes,
telle, par exemple, l’entrée d’un des créanciers dans le capital social par conversion de ses
créances ou encore par souscription en numéraire à une augmentation de capital. L’accord est
90
constaté par écrit, signé des parties et du conciliateur (article 557) et devra être déposé au
greffe du Tribunal aux fins d’homologation par le Président (article 556). Si les créanciers
sont dispersés géographiquement (cas de fournisseurs), il est admis qu’un accord individuel de
chacun des créanciers, partie à l’accord, puisse être remis au conciliateur. La publicité se fait
par voie de dépôt au greffe du Tribunal de Commerce. Ce dépôt confère à l’accord date
certaine.

III. Les effets de l’accord de conciliation.

On se trouve devant deux hypothèses.

1. Aboutissement des négociations.

Lorsque les négociations aboutissent à la conclusion de l’accord de conciliation, celui-ci


entraine des effets à l’égard des différentes parties.

Ainsi, le chef d’entreprise s’engage à entreprendre tous les aménagements structurels


convenus.

Les créanciers signataires de l’accord s’engagent à accorder des délais de paiement, des
remises de dettes et toute autre forme d’aide à l’entreprise.

La convention de conciliation suspend, pendant la durée de son exécution, les poursuites


individuelles de chacun des créanciers signataires à l’encontre de l’entreprise.

Les créanciers qui n’ont pas été parties à la convention de conciliation ou qui ont refusé
de l’accepter conservent l’intégralité de leurs droits. Ils peuvent demander au chef d’entreprise
toutes les sûretés nouvelles qu’ils estiment nécessaires et aucune suspension des poursuites ne
peut leur être opposée, eu égard à l’accord de conciliation, sauf en ce qui concerne les actions
tendant au paiement d’une somme d’argent ; En dehors de l’autorité judiciaire à qui l’accord et
les rapports d’expertise peuvent être communiqués, l’accord ne peut être communiqué
qu’aux parties signataires et le rapport d’expertise qu’au chef d’entreprise (article 559).

2. Echec des négociations.

En cas d’échec de la conciliation, les créanciers recouvrent leurs droits initiaux et


devront déclarer leurs créances. En ce qui concerne les remises et délais négociés, le Tribunal
ayant prononcé la résolution de l’accord amiable, la créance retrouve ses délais et montant
initiaux.

§ 3. La procédure de sauvegarde (sauvetage).

La nouvelle loi de 2018 (articles 560 à 565 du Code de commerce) a introduit un nouveau
mécanisme pour le maintien de l’activité de l’entreprise consistant dans le plan de sauvegarde
qui peut s’étaler sur une période n’excédant pas 5 ans (Art 571 cc). Un projet de plan de
sauvegarde peut être introduit par le chef de l’entreprise avant que sa société soit en cessation
91
de paiement auprès du secrétariat greffe du tribunal de commerce. Cette demande doit être
assortie, sous peine de refus, des états de synthèse de la dernière année d’exercice, d’un
inventaire du patrimoine de la société, de la liste de ses débiteurs et des créanciers, du registre
de commerce et doit rendre compte de la nature des difficultés qui menacent la continuité de
l’exploitation de l’entreprise. Des frais de justice sont fixés par le président du tribunal
notamment pour couvrir la publicité de la procédure. Ils doivent être déposés dans la caisse du
secrétariat du greffe du tribunal. Celui-ci est appelé à prendre une décision dans un délai de 15
jours, après audition du chef d’entreprise, vérification des documents et recours à un expert si
besoin est.

Pendant cette période de sauvegarde, le chef d’entreprise exerce ses activités sous la
supervision du syndic, qui est tenu de rendre compte par rapport au commissaire judiciaire. A
préciser, par ailleurs, que sur la base du rapport établi par le syndic en collaboration avec le
chef d’entreprise, le tribunal prendra la décision d’approbation du plan de sauvegarde, sa
modification ou autres.

S’il s’avère que l’entreprise ayant bénéficié d’un plan de sauvegarde était en cessation
de paiement bien avant la déclaration de cette procédure, le tribunal peut ordonner sa
soumission à une procédure de redressement ou de liquidation suivant les cas.

Section 2 : Les procédures de redressement et de liquidation


judiciaires de l’entreprise.
La phase de traitement des difficultés est ouverte, suite à la constatation de la cessation
de paiement (L’entreprise est déclarée être en cessation de paiement dès lors que le dirigeant
d’entreprise “ n’est plus en mesure de payer à l’échéance ses dettes exigibles “ ...), pour
permettre la réalisation d’un diagnostic dans le cadre d’une période dite d’observation, laquelle
devrait se solder par le choix de solutions soit la continuation (plans de continuation, ou de
cession), soit la liquidation judiciaire, et ce, en fonction de l’état de santé financier de la société
et de ses perspectives d’évolution.

A souligner, par ailleurs, qu’au cas où il apparait que la situation de l’entreprise n’est
pas irrémédiablement compromise, le tribunal qui est saisi sera amené à prononcer le
redressement judiciaire (art 583 du CC). Dans le cas contraire, autrement dit lorsque la
situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise, le tribunal prononcera la
liquidation judiciaire.

§1. La procédure de redressement judiciaire.


La procédure de redressement judiciaire de l’entreprise est entamée dès la déclaration de la
cessation de paiement. Elle a un champ d’application déterminé et ouvre la voie à la mise en

92
application de différentes mesures, qui sont communes aux procédures de redressement judiciaire et à
la liquidation judiciaire.

I. Champ, conditions d’application et effets de la procédure.


A. Les personnes justiciables de la procédure.
La procédure de redressement judiciaire est applicable à toute entreprise commerciale en
cessation de paiement. Elle est ouverte lorsque l’entreprise n’est plus en en mesure de payer à
l’échéance ses dettes exigibles.

L’article 579 du CC ajoute que, ” la procédure peut être ouverte à l’encontre d’un commerçant
qui a mis fin à son activité ou qui est décédé, dans l’année de sa retraite ou de son décès si la
cessation des paiements est antérieure à ces événements”.

Quant aux personnes morales, elles comprennent les sociétés commerciales (SA, SARL, SNC,
SCS, SCA) et les groupements d’intérêt économique.

La procédure peut être étendue à une ou plusieurs entreprises en raison de l’imbrication des
patrimoines financiers avec l’entreprise en redressement judiciaire (art 585 du CC).

La procédure est ouverte également à l’encontre d’un associé tenu solidairement dans une
société en nom collectif, dans le délai d’un an à partir de sa retraite lorsque l’état de cessation des
paiements de la société est antérieur à cette date (art 580 du CC).

B. Les conditions d’ouverture de la procédure.


La procédure de redressement judiciaire de l’entreprise est applicable aux personnes précitées
lorsqu’elles ne sont pas en mesure de payer à l’échéance leurs dettes exigibles, ainsi que celles nées
dans le cadre de conciliation, autrement dit en situation de cessation des paiements.

L’initiative de la procédure est partagée entre: le débiteur, un ou plusieurs créanciers, le


Tribunal agissant soit d’office, soit sur requête du Ministère public.

L’article 576 du cc stipule que” le chef d’entreprise doit demander l’ouverture d’une procédure
de redressement judiciaire au plus tard dans les trente jours qui suivent la cessation de ses paiements“.

Le bilan est à même de présenter (art 577 du cc) la situation patrimoniale de l’entreprise à tout
moment. Le chef d’entreprise qui doit faire la demande au Greffe du tribunal en énonçant les causes
de cessation de paiement et en produisant :

-les états de synthèse du dernier exercice comptable


- l’énumération et l’évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers
- la liste des créanciers et des débiteurs avec leurs droits, leurs garanties et la date de cessation
des paiements
- le tableau des charges
- l’état des salariés
- Une copie du registre de commerce (modèle 7)
- un rapport financier des 3 derniers mois

93
A préciser que, le chef d’entreprise qui omet de déclarer dans le délai précité la cessation de
paiement peut être condamné à la déchéance commerciale (article 745). En outre, cette même
sanction peut être prononcée, à son encontre, s’il a poursuivi abusivement une exploitation déficitaire
pouvant conduire à la cessation des paiements (article 755) de son exploitation.

Le tribunal saisi statue sur l’ouverture de la procédure après avoir entendu le chef d’entreprise
dans les quinze jours de sa saisine (article 582). La décision d’ouverture de la procédure est rendue en
audience publique et le redressement judiciaire est alors prononcé. Il prend effet à partir de sa date et
est mentionné sans délai au Registre de Commerce (article 584 du CC). Dans les 8 jours du prononcé
du jugement, un avis de la décision est publié dans un journal d’annonces légales et au Bulletin
Officiel. Dans le même délai de 8 jours, le jugement est notifié à l’entreprise par les soins du greffier
(article 584). A ce stade, débute pour l’entreprise, la procédure de redressement judiciaire.

C. Les effets du prononcé du jugement d’ouverture de la procédure de


redressement judiciaire.
Le jugement d’ouverture de la procédure fixe la date de cessation des paiements. Dans
tous les cas, cette date ne peut être antérieure de plus de 18 mois à celle de l’ouverture de la
procédure (article 680 alinéa 1). A défaut elle est réputée être intervenue à la date du jugement
qui la constate.

A préciser, par ailleurs, que le législateur a institué même une période dite ‘’ suspecte ‘’
qui s’étale depuis la date de cessation de paiement jusqu’au prononcé du jugement, lors de
laquelle il peut annuler les actes à titre gratuit faits par le débiteur (art 712 du CC).

L’article 711 du CC ‘’ le syndic peut, en prouvant par tous les moyens que les biens
appartenant au conjoint du débiteur ou à ses enfants mineurs ont été acquis avec des valeurs
fournies par celui-ci, demander que les acquisitions ainsi faites soient réunies à l’actif de
l’entreprise.

A souligner, par ailleurs, que le conjoint du débiteur faisant l’objet d’une procédure de
sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire est tenu d’établir un inventaire de ses
biens (art 710 du CC).

Certaines mesures sont communes aux différentes procédures. Il s’agit essentiellement


des organes de contrôle et la fixation d’une période d’observation préalablement aux choix de
la solution.

1. La désignation d’organes chargés de la procédure et de l’assemblée des créanciers.

Dans le cadre de la procédure, le juge désigne un juge commissaire, le syndic et des


contrôleurs. Ces organes sont les mêmes qui agissent au niveau des différentes phases qui
suivent. A ces organes s’ajoute l’assemblée des créanciers.

2. Les organes de contrôle.


94
a)Le juge commissaire.

Il est chargé de veiller au déroulement rapide de la procédure et à la protection des


intérêts des parties en présence. Il statue par ordonnance, sur les demandes, les contestations et
les revendications (article 671 du CC).

b).Le syndic.

Il est chargé de mener les opérations de redressement et de liquidation judiciaire de


l’ouverture de la procédure jusqu’à la clôture. Il surveille l’exécution du plan de continuation
ou de cession et procède à la vérification des créances sous le contrôle du juge commissaire. Il
tient informé ce dernier du déroulement de la procédure. (article 673 du CC).

En outre, il peut être chargé suivant les différentes étapes: 1) soit de surveiller les opérations de
gestion; 2) soit d’assister le chef de l’entreprise pour tous les actes concernant la gestion ou certains
d’entre eux; 3) soit d’assurer seul, entièrement ou en partie, la gestion de l’entreprise.

c).Les contrôleurs.

Le Juge commissaire désigne 1 à 3 contrôleurs parmi les créanciers, qui lui en font la demande.
Ils pourraient être des personnes physiques ou morales. S’il y en a plusieurs, il faut veiller à ce que
chacun fasse partie d’une catégorie de créanciers : privilégiés et chirographaires.

3. L’assemblée des créanciers.

Lune des innovations majeures de la nouvelle loi de 2018 intéressant la procédure des
entreprises en difficultés consiste dans l’institution de l’assemblée des créanciers, laquelle peut
être crée dans les sociétés :

 tenues d’avoir un commissaire aux comptes

 ou dont le chiffre d’affaires dépasse 25 millions de DH,

 ou lorsqu’elles comptent pas moins de 25 salariés durant l’année précédant l’ouverture


du redressement judiciaire.

Elle peut également être créée sur demande du syndic judiciaire.

L’assemblée des créanciers compte le syndic comme président,  le chef d’entreprise et les
créanciers figurant sur la liste des créances déclarées au syndic judiciaire (art 608 du CC).

L’assemblée des créanciers délibère notamment sur :

• le projet de redressement judiciaire proposé par leur soin.

• La modification des objectifs et les moyens» utilisés pour préserver la continuité de


l’activité de l’entreprise.

95
Le changement du syndic judiciaire ou la vente d’un ou plusieurs actifs de l’entreprise en
difficulté relèvent aussi de ses prérogatives.

B. Les effets du prononcé de l’ouverture de la procédure.

A la suite de la prononciation du jugement concernant l’ouverture de la procédure de


redressement judiciaire, l’entreprise poursuivra ses activités tout en bénéficiant de plusieurs
dérogations, et ce, bien évidemment avec l’espoir d’entrevoir des solutions à même d’honorer ses
dettes et de rétablir l’équilibre de ses finances.

Le jugement ouvrant la procédure emporte, de plein droit, l’interdiction de payer toute


créance née antérieurement au jugement d’ouverture (article 690 du CC), sauf si le paiement de
ces créances est nécessaire au retrait d’un gage ou d’une chose légitimement retenue et que ce retrait
est nécessaire à la poursuite de l’activité de l’entreprise.

Le jugement emporte aussi l’arrêt des poursuites individuelles. L’article 686 du CC stipule
que le jugement d’ouverture suspend ou interdit toute action en justice de la part de tous les créanciers
dont la créance a son origine antérieurement audit jugement et tendant à la condamnation du débiteur
au paiement d’une somme d’argent ou à la résolution d’un contrat pour défaut de paiement d’une
somme d’argent.

Il arrête ou interdit également toute voie d’exécution de la part de ces créanciers sur les
meubles et sur les immeubles (art 686 du CC). Ainsi, il est interdit de poursuivre les actions qui ont
été intentées préalablement au jugement déclaratif et toute action nouvelle contre le chef d’entreprise.

Aussi, le jugement d’ouverture arrête le cours des intérêts légaux et conventionnels, ainsi que
tous les intérêts de retard et majorations. Ces intérêts reprennent cours à la date du jugement arrêtant le
plan de continuation (articles 692 et 693 du CC).

Le chef d’entreprise (débiteur), contre lequel est ouverte une procédure collective n’est
pas dessaisi de ses pouvoirs. Il peut être soit assisté par le syndic, soit soumis à sa surveillance, soit
remplacé par le syndic. Dans le cas d’espèce, il garde un pouvoir résiduel lui permettant d’accomplir
certains actes de gestion courante, conformes aux usages du commerce et d’un montant peu élevé.

Aussi, les contrats de fourniture, de concession, de prestations de service, de franchise et


autres nécessaires à l’exercice des activités de l’entreprise restent maintenus. Il incombe, ainsi, au
syndic d’exiger l’exécution des contrats en cours au jour du jugement d’ouverture, en fournissant la
prestation promise au cocontractant de l’entreprise.

Il importe de souligner, par ailleurs, que les créanciers doivent déclarer leurs créances (2
mois depuis le jugement pour les résidants au Maroc et 4 mois pour ceux à l’étranger) art 719 et 720
du CC. La déclaration est l’acte par lequel un créancier, dont la créance est antérieure au jugement
d’ouverture manifeste son intention d’obtenir, dans la procédure, le paiement qui lui est dû.

A défaut de déclaration dans les délais, les créanciers ne sont pas admis à la répartition des
dividendes à moins que le juge-commissaire ne les relève de leur forclusion s’ils établissent que leur

96
défaillance n’est pas due à leur fait. Au sens de l’article 723 du CC, les créances qui n’ont pas été
déclarées et n’ont pas donné lieu à relevé de forclusion sont éteintes.

C. Préparation et choix de la solution.

Le syndic élabore au terme de la période d’observation un rapport consignant le bilan


économique et social afin d’éclairer le Tribunal sur les perspectives de redressement de l’entreprise
compte tenu de la conjoncture, les modalités de règlement du passif et les garanties éventuelles que le
chef d’entreprise devra souscrire pour en assurer l’exécution et les conditions d’emploi et les solutions
qui peuvent être envisagées.

Par ailleurs, le syndic peut obtenir communication par les commissaires aux comptes, par les
administrations et organismes publics ou par toute autre personne des renseignements de nature à lui
donner une exacte information sur la situation économique et financière de l’entreprise (art 597 du
CC).
Aussi, le syndic reçoit les offres formulées par les tiers tendant au maintien de l’entreprise, à
l’exclusion des proches parents ou alliés des dirigeants. Ces offres sont annexées au rapport du syndic
(art 598 du CC).

L’article 622 du CC stipule que “ sur le rapport du syndic et après avoir entendu le chef de
l’entreprise, les contrôleurs et les délégués du personnel, le Tribunal décide soit la continuation de
l’entreprise (sous forme de plan de continuation ou de cession à un tiers), soit sa liquidation
judiciaire.

II. La mise en exécution de la procédure de redressement judiciaire.


Lorsque les conditions de l’entreprise laissent présager une certaine reprise à même d’assurer
le remboursement satisfaisant de ses créanciers, l’activité de l’entreprise est poursuivie normalement
après le prononcé du jugement de l’ouverture de la procédure. Ce jugement est à même de permettre à
l’entreprise de jouir de plusieurs dérogations et de prérogatives afin d’assurer son sauvetage.

Le sauvetage de l’entreprise passe par une décision du tribunal, qui statue sur le projet du plan
de redressement de l’entreprise, tel qu’il a été élaboré par le syndic, suivant qu’il s’agit d’un plan de
continuation ou de cession.

A. Le plan de continuation.

Un plan de redressement doit avoir pour objectifs primordiaux de maintenir l’activité et


l’emploi et le paiement des dettes. Ces objectifs peuvent être assurés suivant les modalités ci-après.

1. Les modalités techniques de la continuation.

Le tribunal décide, au sens de l’article 624 du CC, la continuation de l’entreprise lorsqu’il


existe des possibilités sérieuses de redressement et de règlement du passif. Toutefois, la durée du
plan ne peut excéder dix ans (art 628 du CC).

97
Bien entendu, la continuation n’implique pas que l’entreprise continue à l’identique. De la
sorte, le plan de continuation peut être accompagné, s’il y a lieu de “ l’arrêt, de l’adjonction, ou de
la cession de certaines branches d’activité” (article 635 du CC).

Aussi, la continuation pourra être accompagnée d’une restructuration globale et de


concentration sur des activités viables. Parallèlement, il pourrait être procédé à la cession d’une
part des actifs en fonction de leur adéquation au plan de redressement et leur importance. De même,
des opérations de désinvestissement sont souvent nécessaires pour le succès du redressement.

Il peut être procédé également conformément au code de travail à la compression de l’effectif


à travers le licenciement pour raison économique, sinon à la réduction de la durée de travail. Au cas où
le syndic prévoit des licenciements (ce qui est courant dans un plan de continuation), il sera tenu de
consulter les délégués du personnel et d’informer l’autorité administrative compétente.

De même, le tribunal pourra décider l’interdiction d’aliénation sans son autorisation de biens
nécessaires. Par contre, il pourra suspendre les mesures d’interdiction d’émission de chèque en
raison de faits antérieurs au jugement d’ouverture de la procédure.

2. Les modalités d’apurement du passif.

La loi en vigueur prévoit deux séries de mesures pour l’apurement du passif. D’une part, elle
autorise le tribunal à donner acte des délais et remises accordés par les créanciers au cours de la
consultation”. Autrement dit, le Tribunal peut imposer aux créanciers des délais de paiement, sans
même respecter la durée même du plan. Il en résulte que les créanciers pourront se voir imposer des
délais de paiement qui pourront être supérieurs au délai d’exécution du plan, étant précisé que le
premier paiement doit intervenir dans le délai d’un an (article 630 du CC). Le montant des échéances
peut être progressif. Dans ce cas, leur montant annuel ne peut être inférieur à 5% de leur montant total
retenu par le plan.

Toutefois, des sanctions du non-respect des engagements, pris dans le plan de continuation
sont prévues. Le tribunal peut d’office ou à la demande d’un créancier et après avoir entendu le
syndic, prononcer la résolution du plan et décider la liquidation judiciaire de l’entreprise (article
634 du CC). Les créanciers soumis au plan déclarent l’intégralité de leurs créances et sûretés
déduction faite des sommes perçues ; les créanciers dont le droit a pris naissance après le jugement
d’ouverture du plan de continuation, déclarent leurs créances …” (article 634 du CC). . Le tribunal
dispose du pouvoir d’apprécier la gravité des manquements constatés, seuls des manquements graves
peuvent entraîner la résolution du plan. L’autre forme de continuation de l’exploitation de l’entreprise
est celle d’un plan de cession.

B. Le plan de cession.

La cession de l’entreprise constitue l’une des solutions de sauvetage de l’entreprise en


difficulté. Elle a pour but ‘’d’assurer le maintien d’activités susceptibles d’exploitation autonome, de
tout ou partie des emplois qui y sont attachés et d’apurer le passif ’’ (article 635 du CC). Elle peut être
totale ou partielle.

1. Les modalités du plan de cession.

98
La cession pourra ainsi porter sur l’ensemble des biens que constitue l’entreprise, mais encore
sur des sous ensembles de biens susceptibles d’exploitation autonome, sans préjudicier aux emplois.
A noter que, les contrats de travail subsistent entre le nouvel employeur et le personnel par
application de l’article 754 du DOC, lors de cession de l’entreprise. Ainsi le cessionnaire de
l’entreprise tient ses droits du cédant, employeur en redressement judiciaire, à travers le plan de
cession.

Aux termes de l’article 636 du code commerce, les offres de reprise (achat) doivent comporter
deux conditions, à défaut desquelles elles seront déclarées irrecevables.

En premier lieu, “ l’offre doit être communiquée au syndic dans le délai qu’il a fixé et qu’il
a porté à la connaissance des contrôleurs. Un délai de quinze jours doit être respecté entre la réception
d’une offre et l’audience au cours de laquelle elle sera examinée, ce délai pouvant être réduit, voire
supprimé par l’accord du débiteur, du syndic et des contrôleurs (...).

En deuxième lieu, l’offre doit être ferme et comporter les précisions suivantes prévisions
d’activité et de financement, prix de cession et modalités de son règlement, date de réalisation de
la cession, niveau et perspectives d’emploi justifiés par l’activité considérée, garanties souscrits en
vue d’assurer l’exécution de l’offre et les prévisions de cession d’actifs au cours des deux années
suivant la cession.

Le Tribunal retient l’offre qui permet, dans les meilleures conditions, d’assurer le plus
durablement, l’emploi attaché à l’ensemble cédé et le paiement des créanciers (article 637 du CC).
Le choix sera dicté par une appréciation globale de la sauvegarde des intérêts en cause. Le plan est
adopté s’il s’inscrit dans une stratégie économique cohérente. La réalisation effective de la cession
suppose que le syndic, en exécution du plan arrêté par le tribunal, doit passer tous actes nécessaires à la
réalisation de la cession (article 640). Le tribunal prononce la clôture de la procédure après paiement
du prix de cession et sa répartition entre les créanciers. En cas de la cession totale des biens de
l’entreprise, celle-ci est alors dissoute.

2. Les obligations du cessionnaire.

Le cessionnaire a l’obligation d’exécuter personnellement l’ensemble des obligations souscrites


dans le plan de cession. Outre les obligations souscrites dans le plan de cession et relatives au
personnel de l’entreprise cédée, le cessionnaire a l’obligation essentielle de payer le prix convenu.
Le prix ne pourra jamais être modifié mais rien ne s’oppose, en pratique, à ce qu’il soit versé en
plusieurs fractions, si le plan a prévu un tel mode de règlement. Il faut toutefois mentionner, qu’en
vertu de l’article 642 du CC, “ tant que le prix de cession n’est pas intégralement payé, le
cessionnaire ne peut, à l’exception des stocks, aliéner, donner en garantie ou donner en location
gérance les biens corporels ou incorporels qu’il a acquis. Toutefois, leur aliénation (totale ou
partielle), leur affectation à titre de sûreté, leur location ou leur location gérance peuvent être
autorisées par le Tribunal. Celui ci devra tenir compte des garanties offertes par le cessionnaire.

A défaut de paiement du prix imposé dans le plan de cession, le tribunal peut, d’office, à la
demande du syndic ou de tout intéressé, nommer un administrateur spécial dont il détermine la
mission et sa durée qui ne saurait excéder trois mois (article 646 du CC). Le cessionnaire est convoqué

99
par le greffier pour être entendu en chambre du conseil. Dans ce cas, le Tribunal pourra, en pratique,
lui donner simplement un pouvoir d’administration, le chargeant tout particulièrement de veiller à ce
que le prix de cession soit payé.

En cas d’inexécution des engagements souscrits dans le plan, le cessionnaire doit rendre
compte au syndic de l’application des dispositions du plan de cession à l’issue de chaque exercice
suivant la cession (article 645 du CC). Si le cessionnaire n’exécute pas ses obligations, quelle qu’en
soit la nature, la résolution du plan peut être prononcée soit d’office, soit à la demande du syndic
ou d’un créancier.

3. Les effets à l’égard des créanciers de l’entreprise cédée.

Après cession des biens de l’entreprise, le syndic procède à la répartition du produit de la


vente entre les créanciers suivant leur rang. (article 647 du CC).

En premier lieu, on retrouve les créanciers privilégiés et hypothécaires et ceux munis de sûretés
réelles ou personnelles. L’article 590 du CC précise toutefois que, ‘’ les créances nées régulièrement
après le jugement d’ouverture du redressement sont payées par priorité à toutes autres créances
assorties ou non de privilèges ou de sûreté ‘’. Cette position du législateur se justifie par le fait que les
créances supportées ultérieurement à l’ouverture de la procédure encourent plus de risques que les
autres.

Les créanciers munis de sûretés, qui n’ont pu être désintéressés totalement suite au partage du
produit de la vente préservent, sauf accord avec le cessionnaire, le droit de suite sur les biens grevés de
telles sûretés qui restent à la charge du cessionnaire, toutefois, ils ne peuvent l’exercer qu’en cas
d’aliénation du bien cédé par le cessionnaire (art 649 du CC).

A ces catégories, s’ajoutent les créanciers chirographaires, qui ne bénéficient pas de privilège
particulier et qui encourent davantage le risque d’extinction de leur droit de créances. Il s’agit des
fournisseurs, des banques (éventuellement lorsque les crédits ont été contractés sans garanties) ... etc.

A souligner, par ailleurs, que le jugement qui arrête le plan de cession totale de l’entreprise
rend exigible les dettes non échues.

La cession totale de l’entreprise emporte clôture de la procédure collective. Le Tribunal


prononce la clôture de la procédure après la régularisation de tous les actes nécessaires à la réalisation
de la cession, paiement du prix et réalisation des actifs.

En définitive, il sied de souligner qu’au cas où la situation de l’entreprise était


irrémédiablement compromise, ou que les tentatives de son sauvetage sont restées vaines, le tribunal
devrait être amené à prononcer la liquidation de l’entreprise.

§ 2. La procédure de liquidation judiciaire.

100
La procédure de liquidation judiciaire est ouverte lorsque la situation de l’entreprise est
irrémédiablement compromise (article 651 alinéa I du Code de Commerce). Elle doit faire l’objet
d’une décision du Tribunal qui se prononce sur la question, après avoir entendu le débiteur, le juge
commissaire, le syndic, les créanciers et les délégués du personnel. Le prononcé du jugement de
liquidation judiciaire peut se faire soit immédiatement après le prononcé du jugement de
redressement judiciaire, sans période d’observation, soit au cours ou au terme de la période
d’observation, si le bilan économique et social révèle que l’importance et la nature des difficultés de
l’entreprise sont telles que les perspectives de redressement sont pratiquement inexistantes.
Globalement, elle entraîne la réalisation de l’actif en vue du règlement du passif.

I. Le déroulement de la procédure de liquidation.

Le prononcé du jugement de la liquidation entraine divers effets.

A. Le dessaisissement du débiteur.

Le prononcé du jugement de la liquidation judiciaire dessaisit de plein droit le débiteur (le chef
de l’entreprise), de l’administration et de la disposition de ses biens, même de ceux qu’il a acquis à
quelque titre que ce soit, tant que la liquidation n’est pas clôturée » (Article 651 alinéa 3 du CC). « Les
droits et actions du débiteur concernant son patrimoine sont exercés pendant toute la durée de la
liquidation judiciaire par le syndic ».

Le jugement charge le syndic de gérer toutes les actions découlant des droits du débiteur (telles
qu’achever le processus de vérification des créances et établir l’ordre entre les créanciers), et ce durant
toute la durée de la liquidation judiciaire. Sa mission consiste donc dans la réalisation des opérations
de liquidation de l’entreprise.

B. A l’égard des autres parties.

A la suite du prononcé de la liquidation judiciaire, les créanciers, à l’exception des salariés,


sont admis à déclarer leurs créances au syndic (articles 719 et suivants), dans les délais impartis, sous
peine de forclusion.

Quant au bail des immeubles affectés à l’exploitation de l’entreprise, en liquidation judiciaire.


L’article 653 précise que le prononcé de la liquidation judiciaire n’entraîne pas, de plein droit, la
résiliation des baux. Le bail est continué ou cédé aux conditions prévues au contrat conclu avec le
bailleur. Cette cession est effectuée avec tous les droits et obligations qui s’y rattachent. Le syndic peut
décider, seul, de résilier le bail (article 653 alinéa 3). La résiliation prend effet au jour de cette
demande. A noter, que le bailleur n’a droit que sur les deux dernières années précèdant immédiatement
le jugement d’ouverture de la procédure (art 694 du CC) .

L’article 711 du CC dispose que ‘’ le syndic peut, en prouvant par tous les moyens que les
biens appartenant au conjoint du débiteur ou à ses enfants mineurs ont été acquis avec des valeurs
fournies par celui-ci, demander que les acquisitions ainsi faites soient réunies à l’actif ‘’.

II. Opérations de la liquidation.

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La liquidation se caractérise par deux types d’opérations : La première a trait à la réalisation de
l’actif du débiteur (personne morale) ; La seconde consiste à apurer le passif et à répartir le produit des
ventes des éléments d’actif entre les créanciers ayant déclaré leur (s) créance (s).

A. La réalisation de l’actif.

Le législateur a distingué, dans le cadre de la réalisation de l’actif de l’entreprise la mise en


liquidation, la vente de biens immeubles et meubles et les unités de production.

1. La vente de biens immeubles.

La vente d’immeubles affectés à l’exploitation de l’entreprise mise en liquidation (art 654 du


CC) relève du juge commissaire, lequel choisit la méthode de vente des immeubles du débiteur. Il peut
soit utiliser les formes de saisie immobilière (654 du CC), soit recourir à une adjudication amiable.
Si le juge commissaire choisit de procéder à la vente suivant les règles de saisie immobilière, il lui
appartient, après avoir recueilli les observations du chef d’entreprise et du syndic, de fixer la mise à
prix et les conditions essentielles de la vente. La vente se fait généralement devant le notaire, ce
dernier soit opérant l’adjudication, soit adressant en la forme authentique l’acte de cession de gré à gré
de l’immeuble. Le syndic répartit le produit des ventes et règle dans l’ordre les créanciers.

2. La vente de biens meubles.

Quant à la vente des meubles ayant servi à l’exploitation de l’entreprise (art 656 du CC), le juge
commissaire est habilité à faire recours soit aux enchères publiques, soit de gré à gré. La vente
réalisée aux enchères publiques vaut purge des inscriptions. Cette forme de réalisation libèrera les
biens cédés de toutes leurs inscriptions de sûretés. Le juge commissaire peut également autoriser une
vente amiable; il demande alors au syndic qu’un projet de vente amiable lui soit communiqué, afin
qu’il vérifie si les conditions qu’il a fixées sont respectées.

3. La vente d’unités de production.

L’article 655 du CC permet, même que lorsque la liquidation judiciaire est prononcée, la
cession globale de certains éléments d’actif mobilier ou immobilier pouvant assurer la continuation
partielle de l’activité économique de l’entreprise en cours de liquidation. Les avantages de cette
technique sont grands, ne serait ce que parce qu’une telle cession pourra être réalisée moyennant un
prix plus intéressant pour les créanciers que celui qui résulterait d’une cession d’éléments isolés.

Dans tous les cas, il est possible de faire une cession globale de tout ou partie de l’actif mobilier ou immobilier.
Les offres doivent être écrites et déposées au Greffe du tribunal où tout intéressé peut en prendre
connaissance.

B. L’apurement du passif.

C’est la phase de la liquidation judiciaire, qui vise le règlement des créanciers. Elle sera
consacrée à la vérification des créances et à l’établissement d’un classement des créanciers (collocation
des créanciers). Ce faisant, ces derniers seront colloqués suivant un ordre de priorité qui sera fixé,
selon qu’il s’agit de créanciers privilégiés, hypothécaires ou chirographaires. Après quoi, il sera

102
procédé à la répartition du produit de la vente des biens, déduction faite des frais de liquidation et
autres dépens.

Les créanciers titulaires d’un privilège général, peuvent être les salariés, le trésor (l’Etat), les
organismes sociaux, les caisses de retraites et les mutuelles. L’article 382 du code de travail précise
que ‘’ le paiement des salaires et indemnités dus par l’employeur ( par dérogation à l’art 1248 du
DOC), les salariés bénéficient du privilège de premier rang institué par ledit article sur la généralité des
meubles de l’employeur. Est privilégiée dans les mêmes conditions et au même rang l’indemnité légale
de licenciement’’.

A signaler que, des sommes peuvent être versées préalablement à la répartition du prix de vente
des immeubles, aux créanciers privilégiés et hypothécaires et que ceux-ci lorsqu’ils sont admis
concourent à cette répartition dans la proportion de leurs créances totales (art 663 du CC). Après la
vente des immeubles, ils n’auront droit qu’au paiement du reliquat suivant l’ordre de collocation des
créanciers. Le reste sera affecté aux créanciers chirographaires.

Toutefois, l’article 661 dispose que ‘’ les créanciers titulaires d’un privilège spécial, d’un
nantissement ou d’une hypothèque ainsi que le trésor public pour ses créances privilégiées peuvent,
dès lors qu’ils ont déclaré leurs créances, même si elles ne sont pas encore admises, exercer leur droit
de poursuite individuelles si le syndic n’a pas entrepris la liquidation des biens grevés dans le délai de
trois mois à compter du jugement prononçant l’ouverture de la liquidation judiciaire.

Cela étant, il sied de préciser que dans tous les cas, le montant de l’actif, abstraction faite des
frais et dépenses de la liquidation judiciaire, des subsides accordés par le juge commissaire au chef
d’entreprise ou aux dirigeants ou à leurs familles et des sommes payées aux créanciers privilégiés, est
reparti entre les créanciers au marc le franc (au prorata) de leurs créances admises. Autrement dit,
lorsqu'une vente forcée ne permet pas de désintéresser tous les créanciers d'un même débiteur,
l'autorité qui procède aux règlements remet à chacun d'eux un pourcentage du montant de sa créance
calculée en fonction du rapport entre la masse totale du passif et le produit net de la vente.

III. La clôture de la procédure.

Selon les dispositions de l’article 669 du CC, le tribunal peut, à tout moment, prononcer la
clôture de la liquidation judiciaire. On distingue, dans ce sens, deux hypothèses qui seront développées
ci-après.

A. La clôture de la liquidation pour extinction du passif.

 Lorsqu'il n'existe plus de passif exigible ou que le syndic dispose des sommes suffisantes pour
désintéresser les créanciers, il peut y avoir un boni de liquidation. Si le débiteur est une personne
physique, le boni lui appartient. Dans une personne morale, le boni de liquidation appartient aux
associés ou aux actionnaires.

B. La clôture pour insuffisance d’actifs.

Lorsque la poursuite des opérations de liquidation judiciaire est rendue impossible en raison de
l'insuffisance de l'actif et que les créanciers n’ont pas été intégralement payés. La liquidation sera

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clôturée, car il ne servirait à rien de la laisser ouverte. Si le débiteur mis en liquidation judiciaire est
une personne physique, tous ces biens ont été vendus, commerciaux et civils, sa liquidation est clôturée
et il n’est plus débiteur de ses créanciers pour les dettes non-apurées. La clôture fait disparaître les
dettes résiduelles.

En cas de fraude de la part du débiteur qui aurait par exemple dissimulé l’un de ses biens, ceux
qui n’ont pas été intégralement payés, vont avoir une action personnelle contre le débiteur. Si le
débiteur est une personne morale, la clôture fait disparaître la personne morale. Plus de passif résiduel. 

Après clôture de l’opération de liquidation, le syndic est tenu de rendre compte au tribunal.

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Section 3 : Les sanctions.
L'objectif de l’étude des procédures de traitement des difficultés de l’entreprise et des sanctions
prévus à l’égard des débiteurs (chefs d’entreprises) est de sensibiliser les futurs gestionnaires et
notamment les futurs chefs d’entreprises quant aux erreurs et risques de nature juridique.

Le chef d’entreprise peut s’exposer à différentes sanctions, qui peuvent aller de :

 Déchéance commerciale, pour les faits suivants:

-avoir omis de faire, dans les délais de 15 jours, la déclaration de l’état de cessation des paiements

- Avoir exercé une activité commerciale, artisanale ou une fonction de direction ou


d’administration d’une société commerciale contrairement à une interdiction prévue la loi

- Avoir, dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure, fait des achats en
vue d’une revente au-dessous du cours ou employé des moyens ruineux pour se procurer des
fonds.

- Avoir souscrit, pour le compte d’autrui, sans contrepartie, des engagements jugés trop
importants au moment de leur conclusion, eu égard à la situation de l’entreprise.

 Sanctions pécuniaires et/ou privatives de liberté , pour banqueroute ou autres infractions :

 Avoir, dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure de traitement, soit


fait des achats en vue d’une revente au-dessus du cours, soit employé des moyens ruineux pour
se procurer des fonds

 Avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur

 Avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaitre des documents comptables de l’entreprise
ou de la société ou s’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque la loi en fait l’obligation.

 La banqueroute est punie d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de


10000 à 100000 Dhs ou de l’une de ces deux peines, en sus de la déchéance commerciale.

 Les complices encourent les mêmes peines

 Est puni des mêmes peines tout syndic ayant commis l’un des faits préjudiciant aux
intérêts des créanciers, user de ses pouvoirs pour réaliser bénéfices particuliers ….

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En cas de manœuvres frauduleuses, la responsabilité pénale du chef d’entreprise pourrait être engagée.

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BIBLIOGRAPHIE
Les Ouvrages :
- Martine DIZEL-CHANFREAU, ‘’ Droit des affaires et gestion des entreprises’’, édition EMS –Management et société 2003.
- Brigitte Hess FALLON et Anne-Marie SIMON, ‘’ Droit des affaires ‘’, 19 ème édition Dalloz 2012.
- Mohamed NAKHLI, ‘’ Droit des Affaires ‘’, collection Marocain des Affaires et de l’entreprise,
- Dominique LEGEAIS, ‘’ Droit commercial et des affaires ‘’, 20 ème édition Dalloz 2012.
- Alain COURET et Lucien RAPP, ‘’ Droit des affaires ‘’, collection Que sais-je, édition PUF 2010.
- Yves GUYON, ‘’ Droit des affaires ‘’, tome 1 Droit commercial général et sociétés, 10 ème édition Economica, 1998.

Thèses et mémoires :
 Y
Articles et dossier  :
 Mohamed
Textes de lois  :
- Dahir n° 1.11.91 du 27 Chaabane 1432 (29 juillet 2011) portant promulgation du texte de la constitution.
- Loi 78-00 portant charte communale telle que modifiée et complétée.
- Loi n° 15-95 formant code de commerce promulguee par le dahir n° 1-96-83 du 15 rabii i 1417 (1er aout 1996)
- Le dahir n° 1-58-376 du 3 joumada I 1378 (15 novembre 1958) réglementant le droit d'association, tel qu'il a été modifié et complété.
- La loi n° 17-95 relative aux sociétés anonymes, promulguée par le dahir n° 1-96-124 du 14 rabii II 1417 (30 août 1996).
- Le Dahir du 15 juillet 1974 fixant l’organisation judiciaire du royaume,
le code de la procédure civile,
certaines dispositions du code de procédure pénale
code de justice militaire.
- Dahir

Webographie :
w

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CONSUL : en Italie dans les villes de venise, genes, florence, qui ont obtenu leur
indépendance au moyen âge, étaient gérées par des marchands , banquiers. Les
consuls, équivalents de conseillers municipaux et de juges qui appliquaient les
usages commerciaux, tout en s’inspirant du droit romain et du droit canonique.

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