Le résultat et son affectation

Dans toutes les sociétés l'affectation du résultat relève d'une décision des associés prise lors de
l’assemblée générale ordinaire réunie pour l'approbation des comptes de l'exercice écoulé.

Dans tous les cas, le bénéfice à répartir correspond au résultat comptable net figurant au bilan de
clôture. Ce résultat peut être positif ou négatif. En présence d'un résultat négatif, l'assemblée
générale affecte au débit du compte n° 119 « Report à nouveau ». Dans l'hypothèse d'un bénéfice, il
convient de rappeler qu'il s'agit :
— d'un résultat avant impôt dans les sociétés soumis à l'impôt sur le revenu
— d'un résultat après impôt dans les sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés.

Schématiquement, le bénéfice d'un exercice peut faire l'objet soit d'une distribution, soit d'une mise
en réserves. Mais dans certains cas, l'affectation de ce résultat est soumise au respect d'un certain
nombre d'obligations légales.
Le bénéfice de l'exercice est affecté, en partie aux réserves et en partie aux distributions de
dividendes.

I - LES RÉSERVES

Les réserves sont des bénéfices affectés durablement à l'entreprise. (PCG 441/10 - II).

 LA RÉSERVE LÉGALE (COMPTE 1061)

Dans les sociétés par actions et les sociétés à responsabilité limitée, une fraction de 5 % du
bénéfice doit obligatoirement être prélevée pour être affectée à un compte de réserve dite «
réserve légale ».
Le taux de 5 % est appliqué au bénéfice de l'exercice diminué, le cas échéant, des pertes
antérieures reportées à nouveau. Le prélèvement pour la réserve légale cesse d'être obligatoire
quand la réserve légale atteint 10 % du capital social (C. Comm. art. L. 232-10).

Dans ces sociétés on sait que la responsabilité des associés est limitée au montant des apports.
Aussi le législateur a-t-il imposé le réinvestissement annuel d’une fraction du bénéfice réalisé à
travers la constitution d’une réserve légale. Le but est d’accroître la protection des tiers garantis
non seulement par le capital social mais aussi par cette réserve.
Par contre, dans les sociétés de personnes, la responsabilité des associés étant illimitée, aucune
disposition légale ne s’impose aux associés en matière de constitution de réserve légale.

1
Remarques •
1. Le capital social à considérer comprend le capital non appelé et le capital amorti.
2. En cas d'augmentation du capital, la dotation annuelle à la réserve légale doit être poursuivie ou
reprise jusqu'à ce que le montant de la réserve atteigne 10 % du capital modifié.
3. En cas de réduction du capital, l'assemblée générale ordinaire pourrait donner une autre
affectation à la fraction de la réserve légale qui excéderait 10 % du capital modifié.
4. La réserve légale peut être compensée avec des pertes, quand il n'existe pas d'autre
réserve pour imputer ces pertes. Elle peut aussi être incorporée au capital.
Par contre, il est interdit de distribuer la réserve légale.

 LES RÉSERVES STATUTAIRES (COMPTE 1063)

Les réserves statutaires sont des réserves dont la dotation est rendue obligatoire par les statuts de la
société. Les statuts précisent le montant de la dotation obligatoire ou, tout au moins, la formule
déterminant ce montant.

 LES AUTRES RÉSERVES (COMPTE 1068)

Les statuts laissent, le plus souvent, la liberté à l'assemblée générale ordinaire d'affecter tout ou
partie des bénéfices à un ou plusieurs comptes de réserves. (Dont l'appellation varie au gré des
sociétés : réserve facultative, réserve extraordinaire, autres réserves...).

 LE REPORT À NOUVEAU CRÉDITEUR (COMPTE 110)

Le PCG a prévu un compte 110 « Report à nouveau » au crédit duquel sont enregistrés les bénéfices
n'ayant pas reçu d'affectation particulière. Ces bénéfices seront portés en augmentation du bénéfice
distribuable de l'exercice suivant. Le report à nouveau peut donc être :
— soit créditeur (compte n° 110) : il correspond alors à des bénéfices en attente
d'affectation,
— soit débiteur (comptes n° 119) : il correspond alors à des pertes constatées au titre
d'exercices antérieurs.

N° du
Libellé du compte Débit Crédit
compte
119 Report à nouveau (solde débiteur)N 25 000
110 Report à nouveau (solde créditeur)N-1 5 000

129 Pertes 30 000

Approbation des comptes

2
II - LES DIVIDENDES

On appelle dividendes la quote-part du bénéfice attribuée à chaque associé.

Les dividendes sont prélevés sur le bénéfice distribuable.

Il existe une interdiction absolue de distribuer des dividendes tant que le poste « frais de
constitution » (compte 2011) n’est pas totalement amorti.
En outre, il existe une interdiction relative de distribuer des dividendes tant que les postes « frais
d’établissement » (hors frais de constitution) et « frais de développement » ne sont pas totalement
amortis. Toutefois, si, au passif il existe des réserves libres d’un montant au moins égal à ces
postes non amortis, l’article 19 du décret du 29-11-1983 prévoit la possibilité de distribuer des
dividendes.

Les statuts prévoient souvent le calcul des dividendes en deux parties :

- premier dividende
- et superdividende.

 LE BÉNÉFICE DISTRIBUABLE
Le bénéfice distribuable est constitué (C. Comm. art. L 232-11) par le bénéfice de l'exercice :
• diminué des pertes antérieures (report à nouveau débiteur) et des sommes à porter en
réserves en application de la loi ou des statuts ;
• augmenté du report bénéficiaire (report à nouveau créditeur).

 LES RÉSERVES LIBRES

Les réserves libres sont celles dont l'assemblée générale a la disposition. Elles comprennent :
- les réserves facultatives,
- les réserves réglementées,
- les primes liées au capital social (primes d'émission, primes d'apport, primes de
fusion...).

 LE PREMIER DIVIDENDE
Le premier dividende (appelé aussi intérêt statutaire ou dividende statutaire) est calculé sur le
montant libéré et non remboursé des actions (ou parts sociales).
Par contre, les statuts peuvent accorder un intérêt aux actions pour lesquelles il y a eu des
versements anticipés.
Le calcul se fait comme pour un intérêt, c'est-à-dire au prorata du capital libéré et du temps mais,
à la différence de l'intérêt d'un emprunt qui serait dû en toute circonstance, l'« intérêt » statutaire
n'est versé que si le montant du bénéfice distribuable le permet. Toute clause d'intérêt fixe est en
effet prohibée.

3
  LE SUPERDIVIDENDE
La partie du dividende versée en sus du premier dividende est connue traditionnellement sous le
nom de superdividende. La pratique actuelle utilise plus souvent l'appellation de « dividende
complémentaire ». Le montant du superdividende doit être identique pour toutes les actions (ou
parts sociales) d'une même société, que ces actions soient ou non libérées ou amorties.

Exemple :

Une société anonyme a été constituée en N-3. Son capital se compose de 5 000 actions émises en
contrepartie d'apports en nature libérés à la souscription, et de 20 000 actions émises en contrepartie
d'apport en numéraire libérés de moitié à la souscription, le troisième quart ayant été appelé le 1er
juillet N.
Au 31 décembre N son bilan comporte les postes suivants dans la rubrique des capitaux propres :

Capital (dont versé : 2 000 000) 2 500 000

Réserve légale 235 000
Autres réserves 360 000
Report à nouveau 8 500
Résultat 369 100

Les statuts prévoient :

— un intérêt statutaire de 6% au capital libéré,
— la dotation de réserves facultatives,
— la distribution ou le report à nouveau du reliquat du bénéfice, le dividende complémentaire
étant arrondi à l’euro inférieur.

Les dirigeants souhaitent porter en réserve facultative une somme de 200 000€.

4
Présenter le projet de répartition du bénéfice de l'exercice N.

Bénéfice à répartir 369 100

- RAN Débiteur (=pertes antérieures) N/A
= sous-total = B 369 100
- Réserve Légale 10% x 2 500 000 = 250 000 (plafond)
= 5% B = 5% x 369 100 250 000 – 235 000(poste RL) = 15 000
=18 455 limité à - 15 000
+ RAN Créditeur + 8 500
= Bénéfice distribuable = 362 600

- Premier dividende (= intérêt statutaire)

. Apport en nature :
5000 x (6% x 100€) - 30 000
. Apport en numéraire :
20 000 x (6% x 100€ x 1/2) - 60 000 (libérées de moitié à la constitution)
20 000 x (6% x 6/12 x 100€ x 1/4) - 15 000 (libérées de 1/4 au 1er juillet)
(JANV à JUIN)

= sous-total = 257 600

- Résultat facultative - 200 000
= Sous-total = 57 600
- Superdividende
57 600 / 25 000 = 2,304 arrondi à 2€
2€ x 25 000 - 50 000
= RAN = 7 600

N° du
Libellé du compte Débit Crédit
compte
120 Bénéfice 36
110 report à nouveau (solde créditeur)N-1 9 15
1061 Réserve légale 10 00
1068 Réserve facultative 0
110 RAN (solde créditeur)N 8 500 20
457 Actionn-dividendes à payer 0
(30000+60000+15000+50000) 00

7
60

15

5
 00

Approbation des comptes

 LE PAIEMENT DES DIVIDENDES

La mise en paiement a lieu à la date fixée par l'assemblée générale. La mise en paiement doit avoir
lieu dans un délai maximal de neuf mois après la clôture de l'exercice (C. Comm. art. L 232-7).
Le compte 457. Associés - Dividendes à payer est alors débité par le crédit d'un compte de
trésorerie ou du compte-courant de l'associé.

Deux modalités de paiement demandent des développements particuliers :

- le paiement d'acomptes sur dividendes,
- le paiement du dividende en actions.

 Les acomptes sur dividendes

Le versement d’acomptes est décidé par les dirigeants de la société.
L’article L 232-12 du code de commerce prévoit que
« des acomptes sur dividendes peuvent être distribués avant l’approbation des comptes de l’exercice
dans la limite du bénéfice réalisé depuis la clôture de l’exercice précédent après constitution des
amortissements et provisions nécessaires augmenté du report à nouveau bénéficiaire, déduction faite
s’il y a lieu des pertes antérieures ainsi que des sommes à porter en réserve en application de la loi
ou des statuts. »

Au-delà de cette limite, tout acompte versé constituerait un dividende fictif susceptible d’être
restitué à la société.

Une société nouvelle ne peut verser des acomptes sur dividendes dans la mesure où la clôture du
premier exercice social n’a pas eu lieu.

La certification par un commissaire aux comptes est obligatoire, même si la société, compte tenu de
6
sa taille, n’en est pas pourvu.

7
  Le paiement du dividende en actions
Dans les sociétés par actions, les dividendes (et les acomptes sur dividendes) peuvent,
éventuellement, être payés en actions dans les conditions suivantes :

- le paiement en actions ne peut être réalisée que par des sociétés par actions dont le
capital est entièrement libéré et est subordonné à une clause des statuts l'autorisant
expressément ;
- chaque actionnaire dispose d'une option pour le paiement en actions ; cette option
doit être exercée dans un délai qui ne peut être supérieur à trois mois à compter de la
date de l'assemblée générale ;
- la procédure de paiement du dividende en actions est de la compétence de
l'assemblée générale ordinaire qui fixe notamment le délai de l'option et le prix
d'émission des actions ;
- lorsque le montant des dividendes auquel un actionnaire a droit ne correspond pas à
un nombre entier d'actions, l'actionnaire reçoit le nombre d'actions immédiatement
inférieur complété par une soulte en espèces ; l'assemblée peut autoriser les
actionnaires à recevoir le nombre d'actions immédiatement supérieur en versant la
différence en numéraire.

III – MODALITÉS PARTICULIÈRES D’AFFECTATION ET DE

DISTRIBUTION DU RÉSULTAT :

 LES ACTIONS DE PRÉFÉRENCE

Les sociétés par actions peuvent émettre, lors de leur constitution ou d’une augmentation de capital,
des actions de préférence, avec ou sans droit de vote attaché.
Les actions de préférence confèrent à leurs titulaires un ou plusieurs avantages par rapport aux
autres actions. Elles ont été instituées par l’ordonnance du 24/06/2004 et le décret du 10/02/2005.

Elles sont habituellement créées quand une société doit augmenter son capital alors que sa situation
financière est difficile.
L’octroi de privilèges aux actions nouvelles est un moyen de convaincre les souscripteurs qui
seraient rebutés par la perspective de bénéfices insuffisants.
L’avantage attribué aux actions de préférence peut être notamment :

• l'octroi d'un taux d’intérêt statutaire plus élevé que celui revenant aux actions
ordinaires.
• et/ou l'octroi d'un dividende préciputaire, c'est-à-dire d'un intérêt statutaire servi
aux actions de préférence avant les actions ordinaires (qui peuvent se voir ainsi
privées de dividende si le bénéfice de l'exercice est insuffisant) ;
• et/ou l'octroi d'un dividende cumulatif (si l'insuffisance du bénéfice d'un exercice
ne permet pas de verser l'intégralité de l'intérêt statutaire aux actions de préférence, le

8
 solde impayé sera prélevé sur les bénéfices des exercices suivants avant toute
distribution aux actions ordinaires).

Les actions de préférence sans droit de vote ne peuvent représenter plus de la moitié du capital
social ou du quart du capital dans les sociétés cotées en bourse.

 LES ACTIONS À DIVIDENDE PRIORITAIRE SANS DROIT DE VOTE

L’émission d'actions à dividende prioritaire sans droit de vote est réglementée par la loi.
Les titulaires de ces actions jouissent d'une priorité par rapport à toutes les autres actions pour la
distribution d'un intérêt statutaire dont le taux ne peut être inférieur :
- ni au taux de l'intérêt statutaire alloué aux autres actions ;
- ni à 7,5 % du montant libéré du capital représenté par les actions à dividende
prioritaire sans droit de vote.

Ce dividende prioritaire est partiellement cumulatif. En effet, si le bénéfice d'un exercice ne permet
pas de le verser intégralement, la fraction non payée est reportée sur les exercices suivants (dans la
limite des trois exercices suivants).

Les avantages cités ci-dessus sont la contrepartie de la privation du droit de vote. Ces dispositions
permettent ainsi aux sociétés par actions de renforcer leurs fonds propres sans compromettre le
pouvoir des actionnaires majoritaires.

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PRINCE

Bénéfice à répartir 185 800

- RAN Débiteur - 17 600
= sous-total = B 168 200
- Réserve Légale 10% x 500 000 = 50 000 (plafond)
= 5% B = 5% x 168 200 50 000 – 40710(poste RL) = 9290
=8410 limite non atteinte donc - 8 410
+ RAN Créditeur N/A
= Bénéfice distribuable = 159 790

- Premier dividende (= intérêt statutaire)

. Apport en nature
5000 x (6% x 20€) - 6 000
. Apport en numéraire
10 000 x (6% x 20€) - 12 000 libéré entièrement (anciennes)
10 000 x (6% x 10/12 x 20€ x 1/2) - 5 000 libéré ½ en mars (nouvelles)
10 000 x (6% x 3/12 x 20€ x 1/4) - 750 libéré ¼ en Octobre (nouvelles)

- Superdividende
Div total = 2,5
1er div = 6% x 20 € = 1,2
Donc superv = 2,5 – 1,2 = 1,3
1,3€ x 25000 - 32 500
= Résultat facultative = 103 540

N° du
Libellé du compte Débit Crédit
compte
120 119 Bénéfice 185 800 17
1061 RAN Débiteur N-1 60
1068 Réserve légale
457 Réserve facultative
Actionn-dividendes à payer 41
(6000+12000+5000+750+32500)
10

54

56
25
10
Approbation des comptes

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