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2022

DROIT FISCAL GENERAL

INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL


DR. JEANINE TANO-BIAN
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Table des matières


INTRODUCTION ................................................................................................................................. 4
PREMIERE PARTIE : THEORIE GENERALE DE DROIT FISCAL ...................................... 6
TITRE 1 THEORIES DE L’IMPOT ................................................................................................... 6
CHAPITRE 1- L’IMPOT ................................................................................................................. 6
SECTION I : L’IMPOT AU SENS CLASSIQUE .......................................................................... 6
Paragraphe I : L’impôt, une prestation pécuniaire obligatoire ........................................................ 7
Paragraphe II : L’impôt, une prestation…sans contrepartie directe ................................................ 7
Paragraphe III : L’impôt, une prestation…servant à la couverture des Charges publiques ............ 7
Section II : L’impôt au sens moderne.................................................................................................. 8
Paragraphe I : de La neutralité fiscale ............................................................................................. 8
Paragraphe II : L’interventionnisme fiscal ...................................................................................... 8
CHAPITRE 2- LES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES VOISINS DE L’IMPOT................. 11
Section I : La Taxe administrative et la Taxe parafiscale.................................................................. 11
Paragraphe I : La Taxe administrative........................................................................................... 11
Paragraphe II : La Taxe parafiscale ............................................................................................... 11
Section II : Les redevances et les cotisations sociales ....................................................................... 12
Paragraphe I : Les redevances ou rémunérations pour service rendu ............................................ 12
Paragraphe II : Les cotisations sociales..................................................................................... 12
TITRE 2 : TECHNIQUE FISCALE.................................................................................................. 15
CHAPITRE I : LE CADRE TECHNIQUE ...................................................................................... 15
Section I : L’ASSIETTE DE L’IMPOT ........................................................................................... 15
Paragraphe I : Le choix de la matière imposable........................................................................... 15
Paragraphe II : L’évaluation de la matière imposable ................................................................... 17
Section II : LA LIQUIDATION DE L’IMPOT ................................................................................ 18
Paragraphe I : Le Taux de l’Impôt ................................................................................................ 19
Paragraphe II : Les autres éléments du tarif .................................................................................. 21
Section III : LE RECOUVREMENT DE L'IMPOT ......................................................................... 22
Paragraphe I : Les opérations de recouvrement ............................................................................ 22
Paragraphe II : Le Paiement : objectif du recouvrement ............................................................... 24
CHAPITRE II : LE CADRE JURIDIQUE....................................................................................... 27
SECTION I : LES SOURCES ET LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE DROIT ...................... 27
PARAGRAPHE I : LES SOURCES INTERNES .................................................................... 27

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PARAGRAPHE II : LES SOURCES INTERNATIONALES ................................................ 28


SECTION II- LES PRINCIPES GENERAUX ............................................................................. 29
PARAGRAPHE I- LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ DE L'IMPÔT ................................. 29
PARAGRAPHE II- L’APPLICATION DE LA LOI FISCALE : LE PRINCIPE DE
L’ANNUALITE ET LE PRINCIPE DE LA TERRITORIALITE ......................................... 30
PARAGRAPHE III- PRINCIPE D’EGALITE DEVANT L’IMPOT .................................... 32
PARAGRAPHE IV- LE PRINCIPE DE LA NECESSITE DE L’IMPOT ............................ 32
PARAGRAPHE V- LE PRINCIPE DE LIBERTE FISCALE ............................................... 32
LE PRINCIPE D’IMPOSER A RAISON DES FACULTES CONTRIBUTIVES ................ 32
CHAPITRE 3- LA CONTESTATION DU POUVOIR FISCAL .................................................... 39
SECTION I : LA CONTESTATION SOCIOLOGIQUE ................................................................. 39
SOUS- SECTION I : LA FUITE DEVANT L'IMPÔT ................................................................. 39
DEUXIEME PARTIE : BREVE ETUDE DU SYSTEME FISCAL IVOIRIEN ........................... 51
CHAPITRE 2 : LES IMPOTS EN VIGUEUR EN COTE D’IVOIRE .......................................... 55
A côté des impôts directs qui sont applicables tels que les Impôts et Traitements et Salaires (ITS),
l’Impôt Général sur le revenu, il y a les impôts indirects. ................................................................. 55
La taxe sur la valeur ajoutée ...................................................................................................... 55
La taxe sur les prestations de service ......................................................................................... 55
La taxe sur les contrats d’assurance .......................................................................................... 55
Les droits d’accises ...................................................................................................................... 56

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DESCRIPTION DU COURS

Ce cours présente les différents fondements de la science fiscale en prenant le soin de détailler
les conceptions, les fonctions ainsi que la catégorisation des impositions (impôts et notions
voisines). Il insiste sur le cadre juridique et le cadre technique pour expliciter les différentes
méthodes relatives à la liquidation, à l’évaluation et aux réactions devant l’impôt. Quelques
références au contentieux de l’impôt et aux procédures seront faites.

OBJECTIFS GÉNÉRAUX

Appréhender les cadres juridiques et techniques de la fiscalité


Comprendre le système fiscal ivoirien

OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
A la fin de ce cours les étudiants seront capables de :
• Différencier les différents prélèvements obligatoires
• Relever les prélèvements non obligatoires
• Identifier les aspects techniques du droit fiscal
• Citez les types d’impôts
• Répertoriez les règles relatives au contrôle fiscal et les sanctions attachées
• Décrire les spécificités du système fiscal ivoirien
• Caractériser les régimes d’impositions et en cerner les contours et applications

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INTRODUCTION
La fiscalité se définit par rapport aux termes « ficus » qui renvoie au panier qui servait à
recueillir la collecte des ressources chez les romains. Il a donné le terme « fisc » utilisé pour
désigner couramment l’ensemble des administrations publiques qui ont en charge l’impôt.
Le droit fiscal est la branche du droit public qui règlemente les droits du fisc et ses prérogatives
d’exercice. Il convient de spécifier à ce stade que la souveraineté de chaque Etat est assise sur
des considérations particulières au rang desquelles s’inscrivent les ressources financières. Or,
la fiscalité renvoie à la gestion de son pouvoir financier, pouvoir qui induit de pratiquer des
prélèvements.
Pour prélever les impôts et les taxes qui sont des ressources mises en place par les états, un
ensemble de pratiques est défini et utilisé par ces États ou leurs démembrements à l’instar d’une
collectivité notamment. Ce sont ces pratiques qui constituent la fiscalité. La fiscalité est reliée
en Côte d’Ivoire aux finances publiques1.
Et rappelle que le budget de l’état se compose de ressources et de dépenses.
Pris littéralement, le « droit fiscal », est composé du nom « droit et renvoie à ensemble de règles
générales obligatoires et impersonnelles régulant la vie en société et dont le non-respect entraîne
une sanction de la part des pouvoirs publics » et de l’épithète « fiscal relatif à l’impôt » . Le
droit fiscal est donc « l’ensemble des règles de droit relatives à l’impôt ».
Toutes les couches socio-professionnelles participent aux charges publiques et à l’intervention
de la puissance publique grâce au paiement des impôts et taxes.
L’impôt étant une charge, il est considéré la plupart du temps, comme une frustration et mal
accepté par le contribuable. Les prélèvements sont en réalité sources de problèmes humains.
Certains contribuables s’y refusent.
Dans la mesure où il n’y a pas d’impôt sans richesse imposable, les prélèvements soulèvent des
problèmes économiques.
L’impôt est à la fois un élément de développement et influence considérablement l’économie
d’un Etat. L’impôt est un moyen d’agir sur l’économie tant au niveau des structures que de la
conjecture (hypothèse ou postulat dont on ne connait pas l’issue, un problème à résoudre).
L’impôt est en outre source de problèmes politiques dans la mesure où historiquement le droit
de consentir à l’impôt est à l’origine du régime parlementaire britannique. Le fait que les
citoyens paient l’impôt est une garantie de leur liberté politique.
De plus, il existe entre l’impôt et certains évènements politiques des liens étroits : par exemple
entre l’impôt et les guerres. L’impôt est parfois la sanction des vaincus (appelé parfois tribut),
c’est aussi un moyen de financer la guerre.
Mais l’impôt est aussi l’expression du rapport des forces politiques et sociales qui s’affrontent
à un moment donné (principe de légalité de l’impôt = impôt doit être voté par le parlement).

1
Dans certains états comme la Suisse, ces deux domaines sont distincts.
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Tous ces liens révèlent que l’impôt participe de la construction de tout Etat et qu’aucun état ne
pourrait exister sans impôt. Il faut préciser que l’impôt est au cœur des finances publiques et
rappelle un ensemble de règles particulières contenues dans le droit fiscal.
Si l’impôt a été au départ défini par Gaston Jèze en qu’une prestation pécuniaire destinée à
couvrir les charges publiques, Lucien MEHL et Pierre BELTRAME vont préciser des plusieurs
années l’impôt en tant que prestation pécuniaire requise des personnes physiques ou morales
de droit privé et éventuellement de droit public d’après leurs facultés contributives par voie
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la couverture des charges
publiques de l’État et des autres collectivités territoriales ou de l’interventionnisme de la
puissance publique.
Dès lors, l’impôt se rapporte à des situations mettant en cause des personnes morales de droit
public2.
Il fait aussi appel à des règles de gestion, et de droit privé. C’est pourquoi, le droit fiscal est
traité de matière hybride en ce que le droit fiscal emprunte à la fois des règles au droit public et
au droit privé. Le droit fiscal est aussi une matière dite de superposition, dans la mesure où il
attend que certaines matières traitent des questions de fait qu’il récupère avant d’en définir les
spécificités qui lui sont adaptées. Enfin, le droit fiscal Dans son sens immédiat est une science
académique couverte du sceau de la spécificité. Ce qui la distingue des autres matières.
Il sera question de synthétiser pour aller à l’essentiel en 16 heures de théories et 16heures de
pratique. L’objectif général est d’Appréhender les cadres juridiques et techniques de la fiscalité
et Comprendre le système fiscal ivoirien.
Pour ce faire, deux parties seront envisagées : la première sera relative à l’impôt et la technique
fiscale et la seconde à l’étude du système fiscal ivoirien.

2
Cf. DJE BI DJE CHRISTIANE, cours de droit fiscal
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PREMIERE PARTIE : THEORIE GENERALE DE DROIT FISCAL

La technique fiscale comprend les différents fondements de la science fiscale. Il retrace


l’évolution de la notion d’impôt ainsi que de ses fonctions et les catégories d’impôts. Il fait
intervenir les autres prélèvements voisins qui s’en distinguent. Il indique les étapes de
l’établissement, de l’évaluation et de la liquidation de l’impôt. Enfin, cette partie présentera
les réactions devant l’impôt notamment le refus de satisfaire à l’obligation fiscale et les
retombées avec le recouvrement forcé le cas échéant.
Après avoir élaboré la théorie générale, il sera question de schématiser le système fiscal
ivoirien. Il présente dans ce cadre les régimes d’imposition et leurs spécificités.
A la fin de ce cours les étudiants seront capables de :
- Différencier les prélèvements obligatoires
- Relever les prélèvements non obligatoires
- Identifier les aspects techniques du droit fiscal
- Citez les types d’impôts
- Répertoriez les règles relatives au contrôle fiscal et les sanctions attachées
- Décrire les spécificités du système fiscal ivoirien
- Caractériser les régimes d’impositions et en cerner les contours et applications.
Faire cas des impositions revient à identifier que les recettes de l’Etat ne sont pas
exclusivement des impôts. A côté de l’impôt il existe d’autres prélèvements obligatoires et
même non obligatoire qu’il convient d’aborder. Mais cela suppose au préalable de
comprendre la mise en place des différentes théories concernant l’impôt. Les évolutions dont
s’agit contribuent nécessairement à mieux cerner les autres impositions.

TITRE 1 THEORIES DE L’IMPOT


L’importance de l’approche définitionnelle se justifie par la technicité des notions
employées en droit fiscal. Ainsi, l’impôt se distingue des notions qui s’apparentent à lui par
des caractères et des objets ou des buts sensiblement différents.
CHAPITRE 1- L’IMPOT
La notion d’impôt a connu une évolution. Elle est passée d’une conception classique fondée
sur la couverture des charges publiques à conception actuelle ou moderne axée sur
l’interventionnisme fiscal. L’impôt tend à devenir aujourd’hui un « instrument à tout faire ».
Certains prélèvements sont voisins de l’impôt et méritent d’être présentés afin de lui préserver
sa particularité.
SECTION I : L’IMPOT AU SENS CLASSIQUE
La définition est doctrinale. Elle est l’œuvre de Gaston JEZE, pour qui « l’impôt est une
prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans
contrepartie directe, en vue de la couverture des charges publiques ». Il ressort de la
définition 4 caractéristiques du prélèvement fiscal (prestation pécuniaire – obligatoire- sans
contrepartie directe dont 3 sont les éléments constitutifs ou des caractères et un est une
fonction)

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Paragraphe I : L’impôt, une prestation pécuniaire obligatoire

L’impôt est un prélèvement de caractère pécuniaire en général, qui opère un transfert de


richesse du patrimoine de toute personne physique ou morale, de droit privé comme de droit
public, vers le patrimoine de la personne publique de l’Etat. Si des formes différentes ont
existé dans le passé tel que l’impôt en nature, le travail forcé, l’impôt de capitation etc. la
forme pécuniaire est celle usitée de nos jours.
Ce prélèvement est limité dans son montant et sa périodicité conformément à l’article 14 de
la DDHC du 26 Août 1789 qui dispose que « tous les citoyens ont le droit de constater par
eux-mêmes ou par leurs responsabilités, la nécessité de la contribution publique de consentir
librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette de recouvrement et la
durée. »
En outre, le contribuable ne peut se soustraire à l’obligation fiscale parce que l’impôt a été
voulu par le législateur qui le crée (article 43 Constitution 2016) et autorise pour un an son
recouvrement. Une loi ordinaire suffit, mais ce peut être également une loi de finances. Du
fait de son caractère obligatoire, le prélèvement fiscal ne requiert pas nécessairement la mise
en œuvre de la contrainte, mais signifie simplement que dès lors que le contribuable ou son
représentant y a consenti, la charge fiscale qui en résulte l’oblige. Ce qui n’exclut pas les
sanctions fiscales aux contrevenants. Il reste toutefois que la mise en œuvre de l’impôt peut
faire accorder au contribuable le bénéfice de possibilités de négociation et d’option. C’est le
cas en matière de BIC où une négociation individuelle peut s’ouvrir entre le contribuable et
l’inspecteur d’assiette, en matière de bénéfices agricoles forfaitaires- possibilité de
négociation collective faisant intervenir des commissions.
Paragraphe II : L’impôt, une prestation…sans contrepartie directe

Le contribuable qui paie ses impôts n’obtient directement rien en échange.


C’est plutôt l’usager du service public ou le citoyen et non le contribuable qui pourrait
bénéficier du paiement de l’impôt. S’il est vrai que ces qualités peuvent se superposer, force
est cependant de constater qu’à priori il n’existe aucun lien entre elles. Le contribuable en
effet n’est ni « le citoyen, ni l’administré, ni même l’usager du service public ». L’impôt ne
peut être affecté à une dépense particulière : c’est l’application de la règle générale de non
affectation des recettes aux dépenses. Cette absence de contrepartie entraîne la mise en place
de techniques propres à l’imposition qui renvoie aux questionnements suivants : qui paie
l’impôt ? Le contribuable est déterminé par un certain nombre d’éléments que la loi fiscale
énonce.
Comment est établi l’impôt ? C’est la loi fiscale qui détermine l’assiette de l’impôt, c’est-à-
dire la base sur laquelle celui-ci est assis (le revenu, le capital ou la dépense).
Quel est le montant de l’impôt ? Une fois de plus c’est à la loi de le déterminer. On dit
qu’elle précise la liquidation de l’impôt, c’est-à-dire le taux à la base de celui-ci.
Paragraphe III : L’impôt, une prestation…servant à la couverture des Charges publiques

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L’impôt doit permettre à l’Etat de couvrir toutes ses charges (ex : infrastructures telles que
routes, hôpitaux, dépenses de fonctionnement telles que les salaires des fonctionnaires ; etc.)
C’est ainsi que le prélèvement fiscal est conçu de manière classique. Et cette réflexion se
fonde sur l’idée de la neutralité fiscale. En effet, à l’époque classique, les finances publiques
sont neutres par rapport à l’économie. Dans ces conditions, les impôts ne peuvent pas
influencer l’économie ou le social. S’ils sont perçus, c’est uniquement pour financer les
dépenses publiques. Cette finalité uniquement financière de l’impôt au sens classique, le
distingue de la conception moderne de l’impôt.
Section II : L’impôt au sens moderne

Aujourd’hui, de plus en plus, l’impôt est utilisé comme un instrument d’action économique et
sociale, voire de développement durable, entre les mains des pouvoirs publics. C’est la finalité
non financière du prélèvement fiscal qui se perçoit d’une part au moyen de la neutralité fiscale
(P I), d’autre part par le biais de l’interventionnisme fiscal (P II)
Paragraphe I : de La neutralité fiscale

Elle peut s’entendre dans un sens large comme restreint.


la Neutralité Fiscale apparaît au sens large comme l’absence de corrélation directe entre le
but et le résultat de l’impôt ainsi que la pression fiscale exercée sur le contribuable.
Sur ce point, il faut dire qu’il n’existe aucune fiscalité qui soit absolument neutre.
Tout impôt peut être source de distorsion et d’inégalités diverses entre les agents économiques
(entrepreneurs, travailleurs, consommateurs) contribuables qui supportent différemment le
poids réel du prélèvement fiscal. Aussi seront-ils tentés soit de fuir l’impôt, soit de le
répercuter sur d’autres agents économiques (ex : réaction en chaîne dans la répercussion sur le
prix en matière d’impôt sur les dépenses).
Au sens restreint, la Neutralité Fiscale exprime l’idée selon laquelle l’impôt doit gêner le
moins possible la croissance économique, en l’occurrence les investissements et ne doit pas
créer de discriminations dans les maillons de la production économique.
La substitution de la TVA aux impôts cumulatifs était par exemple de nature à assurer cette
neutralité entre les circuits courts et les circuits longs de production.
De Même l’unification et l’harmonisation de son taux (18%) par les directives de l’UEMOA
supprime toute disparité de taux et de circuit économiques de l’impôt.
Force est pourtant de reconnaître que la neutralité fiscale ne peut pas prévaloir dans l’Etat du
fait de plusieurs intérêts qui s’affrontent. Même si l’Etat fait place à l’initiative privée, il
restera attaché à l’interventionnisme fiscal.
Paragraphe II : L’interventionnisme fiscal

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Le rôle de l’impôt s’est accru du fait des considérations de développement


économique et social, et de plus en plus de développement dit « durable ». Il en est de même
de sa conception.
Le prélèvement fiscal, dans sa définition la plus moderne et complète est celle proposée par
MM Lucien MEHL et Pierre BELTRAME. Elle admise par la doctrine fiscale ainsi que la
jurisprudence et se présente comme « une prestation pécuniaire requise des particuliers
par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie directe, en raison de leurs
facultés contributives et à des fins d’intervention de la puissance publique ».
Il en ressort que l’impôt devient un véritable instrument d’incitation au développement
de certaines activités économiques ou sociales. Il suffit en effet pour les pouvoirs publics de
prévoir des réductions fiscales liées à ces activités pour les encourager et attirer des
investisseurs (ex : en matière d’habitat, l’impôt intervient par des exonérations faites aux
sociétés immobilières investissant dans le secteur des logements sociaux).
il arrive enfin que les pouvoirs publics prévoient une surimposition pour d’autres activités
afin de les enrayer dans le but par exemple de résoudre un problème social (ex : la lutte contre
l’alcoolisme et le tabagisme par la surtaxation des impôts sur ces produits).
Avec l’actualité de la question du développement durable (i. e un développement qui tend à
satisfaire les besoins des populations présentes sans compromettre la capacité des générations
futures à satisfaire les leurs) due notamment à la dégradation de notre environnement, aux gaz
à effet de serre, aux changements climatiques, à la désertification etc, les Etats de plus en plus
s’inscrivent dans l‘éco-fiscalité ou la fiscalité verte ou encore la fiscalité durable. La
législation fiscale est encore inexistante en la matière.
R.Q : L’interventionnisme trop poussé peut engendrer un manque à gagner du fait des
nombreuses déductions fiscales qui diminuent les recettes fiscales en vue de favoriser tel ou
tel comportement. C’est ainsi qu’est apparue la notion de « dépense fiscale qui désigne le
manque à gagner engendré par l’interventionnisme fiscal : peut être qualifiée de
dépense fiscale toute disposition législative ou réglementaire dont la mise en œuvre
entraîne pour l’Etat une perte de recettes et donc pour le contribuable un allégement de
sa charge fiscale par rapport à ce qui aurait été le résultat de l’application de la norme,
c’est-à-dire des principes généraux du droit fiscal ».
La finalité financière de l’impôt reste insuffisante pour permettre à l’Etat d’atteindre des
objectifs de développement économique et social. L’Etat doit au mieux utiliser ces deux
finalités non compatibles du prélèvement fiscal.
L’impôt est le cœur du droit fiscal mais il soulève d’autres questions comme celle du rapport
qui existent entre les différentes branches du droit. En effet, le droit fiscal est une science dont
la place a fait l’objet de nombreuses controverses au sein de la sphère privée ou public du
droit.
Pendant longtemps, il a été question de savoir si le droit fiscal était une matière de droit privé
ou une discipline de droit public.
La recherche d’une réponse a conduit les spécialistes comme le doyen TROTABAS à élaborer
des théories comme fondement même de la science fiscale.
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Au titre de ces théories, l’autonomie a été mise en exergue spécifiquement dans les années
1920 par le doyen TROTABAS.
En effet, pour la mise en œuvre de la fiscalité, l’administration se fonde sur des règles
étrangères aux autres branches du droit comme le droit civil ou le droit commercial.
La doctrine de l’autonomie a révélé d’autres concepts ou théories ou encore principes comme
le réalisme du droit fiscal.
La théorie de l’autonomie selon laquelle le droit fiscal est un droit autonome du fait de ses
qualifications a ouvert le débat et a engendré des écoles de pensées chez les civilistes avec
notamment PILON ou encore DEMANTE qui considéraient le droit fiscal comme étant
enchâssé dans le droit civil.
D’autres3 ont par la suite pris le relai en insistants sur les particularités du droit fiscal liées à
ses qualifications par rapport aux autres branches du droit mais également du fait de la
technicité de la matière fiscale.

Fort de ce qui précède, il convient de retenir que le droit fiscal a des qualifications propres et
des méthodes qui lui sont spécifiques. En témoigne l’impôt dans ses différentes fonctions. S’y
s’ajoute la particularité des autres prélèvements voisins de l’impôt.

3
Cf. Frederic DROUET
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CHAPITRE 2- LES PRELEVEMENTS OBLIGATOIRES VOISINS DE L’IMPOT

Les prélèvements sont dits obligatoires par qu’ils renferment une obligation attachée à la
charge fiscale.
On en dénombre quatre (4) au regard de la fiscalité ivoirienne, à savoir : la taxe administrative,
la taxe parafiscale, les redevances ou rémunérations pour service rendu, enfin les cotisations
sociales.

Section I : La Taxe administrative et la Taxe parafiscale

Si elles ont en commun la dénomination, la taxe administrative et la taxe parafiscale obéissent


à des régimes différents.
Il est dès lors aisé de les distinguer sur la base de ce régime.

Paragraphe I : La Taxe administrative

La taxe administrative est un prélèvement obligatoire distinct de l’impôt aussi bien dans sa
définition que dans son régime juridique.
En effet, prélèvement institué par la loi, la détermination de son montant est confiée à des
autorités administratives. La jurisprudence qualifie de taxes « les prélèvements obligatoires
que l’Administration perçoit des particuliers à l’occasion d’un service rendu ou
simplement offert ». Ces taxes entrent dans la catégorie des impositions de toute nature dont
parle la constitution (Constitution iv. Article 173 et article 101). Leur montant n’est pas
proportionnel à la valeur du service rendu. C’est le cas comme exemple des droits
d’inscription dans les universités et établissements scolaires publics, des taxes dues en
matière d’enlèvement des ordures ménagères. Quid de la taxe parafiscale ?
Paragraphe II : La Taxe parafiscale

Qualifiée aussi « d’imposition quasi-fiscale », la taxe parafiscale au contraire de l’impôt est de


définition législative et légale. En effet, aux termes de l’article 8 de la loi organique du 31
décembre 1959, reprenant l’article 4 de l’ordonnance française du 02 janvier 1959, « les taxes
parafiscales sont perçues dans un intérêt économique ou social au profit d’une personne
morale de droit public ou privé autre que l’Etat, les collectivités territoriales et leurs
établissements publics ou administratifs ». Il en ressort que la T.P.F est un prélèvement
obligatoire destiné à des personnes autres que l’Etat et ses démembrements et poursuivant une
finalité spécialisée. De source législative, elle peut également relever du pouvoir réglementaire
au contraire de l’impôt qui n’est que de source légale. Les TPF touchent à divers domaines
d’activités économiques tels que l’agriculture, l’équipement, la solidarité, la préservation de
l’environnement, la promotion commerciale etc. L’assiette, les règles de liquidation et de
recouvrement, la durée et le taux des TPF sont fixés par décret, toutefois leur perception doit
être autorisée par la loi de finances. Ces taxes sont le plus souvent recouvrées par l’Etat et les
organismes bénéficiaires placés sous contrôle du contrôleur financier de l’Etat et celui de la
cour des comptes. Ex : la redevance au profit de la RTI, taxes pour les branchements sociaux
attachées à la SODECI.

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Si certains concepts fiscaux correspondent aux réalités économiques et juridiques qu’ils visent,
d’autres sont des dénominations tenant compte des réalités sociales notamment éviter d’effrayer
les contribuables. C’est le cas

Section II : Les redevances et les cotisations sociales

Les redevances et les cotisations ont en commun le lien attaché au service pour lequel elles sont
créées.

Paragraphe I : Les redevances ou rémunérations pour service rendu

Les redevances sont définies comme des rémunérations pour service rendu. En effet leur prix
est proportionnel ou équivalent à la prestation fournie ou au service rendu. Le critère de
« l’équivalence » a été consacré dès 1958 par la jurisprudence française dans l’arrêt syndicat
national des transporteurs aériens et confirmé en 1976 par le conseil constitutionnel français
dans sa décision « droits de port et de navigation ». La corrélation entre le service rendu et la
redevance a conduit les juges à exiger que le produit de la redevance soit intégralement affecté
au service prestataire, que la redevance ne soit due que par les usagers effectifs et que le service
bénéficie exclusivement aux redevables du prélèvement. C’est le cas des redevances
téléphoniques, des péages d’autoroutes, des taxes perçues à l’entrée des musées nationaux. Cela
dit, on note que le principe du financement des dépenses d’administration par l’impôt ne fait
pas obstacle à ce que les charges d’un service public particulier soient directement supportées
par les usagers. L’article 5 de l’ordonnance du 2 janvier 1959 autorise à cet effet le pouvoir
réglementaire à établir des redevances ou rémunérations pour service rendu.
Exemple le passage du pont HKB.

D’autre part les cotisations sociales

Paragraphe II : Les cotisations sociales

Les C.S sont « les apports des personnes protégées ou de leurs employeurs à des
institutions octroyant des prestations sociales, en vue d’acquérir et de maintenir le droit
à ces prestations ». Leur institution relève en grande partie de la loi, spécifiquement des
principes relatifs aux règles d’assiette et de recouvrement, principes propres à la détermination
des assujettis à l’obligation de cotiser et enfin aux principes fondamentaux de sécurité sociale.
Chaque individu, qu’il soit citoyen, administré ou contribuable a une obligation de cotiser dès
lors qu’il devient adhérent. Le taux et les modalités d’application des cotisations sociales
relèvent du pouvoir réglementaire.

De plus, ces cotisations sont affectées exclusivement au financement des régimes de sécurité
sociales et sont perçues par les seuls organes habilités à cet effet : la CNPS en Côte d’Ivoire,
l’URSSAF en France.
Les C.S comportent une contrepartie à la différence de l’impôt, leur perception au profit
d’organismes de droit privé les différencie des TPF,

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Ce ne sont pas des redevances puisqu’ il ne s’agit pas de rémunération pour service rendu.
Leur montant est fixé en fonction de la capacité contributive de l’adhérent et non des risques
encourus.

L’impôt comme les autres prélèvements obligatoires sont définis selon des règles propres à la
science fiscale. En outre le mécanisme qui entoure leur régime juridique emprunte des règles
aussi bien au droit public qu’au droit privé. il convient dès lors d’appréhender les techniques
grâce auxquelles ces principes sont définis par le biais de la technique fiscale.

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LES IMPOSITIONS EN RESUME

IMPOSITIONS IMPÔT TAXE REDEVANCE

TARIF Non fixé indépendamment du Proportionnel


proportionnel coût réel du service au service
rendu

DESTINATION couverture des intérêt Couverture de frais


charges publiques économique et charge de la d'établissement
social collectivité et d'entretien
publique d'un ouvrage
public précis

CARACTÈRE OBLIGATOIRE OBLIGATOIRE OBLIGATOIRE FACULTATIF


OBLIGATOIRE SAUF POUR
L’USAGER
DU SERVICE
RENDU

CONTREPARTIE sans contrepartie au profit d’une Intérêt En contrepartie


directe personne morale économique et de l'utilisation
de droit public social : de l'ouvrage
ou privé autre notamment des
que l’État fonds

SOURCE Loi Loi et Lois et règlements


règlements règlements

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Dr. TANO-BIAN Jeanine

TITRE 2 : TECHNIQUE FISCALE

La technique fiscale est l’ensemble des mécanismes qui composent un cadre technique et un
cadre juridique spécifiques à la matière.

CHAPITRE I : LE CADRE TECHNIQUE

Au plan technique, on relève trois types d’opérations fiscales seront abordés. Il s’agit de :
l’assiette, la liquidation et le recouvrement de l’impôt.

Section I : L’ASSIETTE DE L’IMPOT


Dans la mesure où l’impôt n’a pas de contrepartie directe, il convient de l’asseoir sur « une
matière imposable ». Le choix de la matière fait, il faut l’évaluer.

Paragraphe I : Le choix de la matière imposable

De façon théorique, toute chose pourrait servir de matière imposable, mais dans le pragmatisme
fiscal guidé par l’idée de « justice fiscale », le choix de la matière imposable doit reposer sur
les capacités contributives. Aussi, c’est la richesse du contribuable qui est prise en compte, par
le biais soit du revenu, soit du capital ou encore à travers la dépense.

A- L’impôt sur le revenu

Le revenu est la première matière imposable dans les systèmes fiscaux modernes. Que faut-il
entendre par revenu, quelles sont les modalités de l’imposition du revenu ?
1- La notion de revenu : le revenu peut être appréhendé au plan civiliste, économique et
aussi fiscal.
Sous l’angle civiliste, le revenu est « une somme d'argent provenant d'une source permanente
et de manière périodique. » Il en ressort trois critères distinctifs que sont le caractère monétaire
(richesse immédiatement convertible), permanent (plusieurs sources telles que le travail, le
capital, mais aussi des sources mixtes comme l’association du travail et du capital) et périodique
(le revenu peut être mensuel, annuel, trimestriel etc.) C’est le cas des salaires de fonctionnaires
ou de travailleurs ; c’est aussi le cas d’intérêts issus d’actions ou d’obligations.
Au plan économique « le revenu est l’enrichissement d’un sujet économique »
Ainsi pour Gilbert TIXIER et Guy GEST : « Le revenu est égal à la somme des consommations
effectuées par le contribuable et de la variation en plus ou moins de son patrimoine au cours
d'une période donnée ». Cette notion économique a tendance à être reprise par le droit fiscal qui
y apporte toutefois certains aménagements.
Sous l’angle fiscal. La notion fiscale du revenu constitue sous certains aspects tantôt une
extension de la notion civiliste, tantôt une restriction de la notion économique.
- L’extension de la notion civiliste : en droit fiscal, le caractère monétaire n’est pas exclusif
dans la mesure où certains types de revenus non monétaires sont imposés. C’est le cas des
avantages en nature. De plus, le revenu net est également imposable. Il s’agit du revenu perçu,
diminué des dépenses telles que les frais professionnels, les frais engagés pour conserver ce
qui est imposé. Le caractère périodique du revenu civil n’est pas toujours retenu en droit fiscal.

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Ainsi, on impose même les plus-values en tant que revenu, pourtant par définition la plus-
value est exceptionnelle.
- Restriction en rapport avec la notion économique : Certains revenus au sens économique sont
exonérés ; c’est le cas des allocations familiales, de certaines prestations sociales qui sont
déductibles, de certains revenus tels que les primes d’assurance -vie, les emprunts sur
habitation principale.

La notion de revenu est de plus en plus hétérogène, les modalités de l’imposition de ce même
revenu sont également variées.

2- Les modalités de l'imposition du revenu : l’IR peut être analytique ou cédulaire,


synthétique ou général ou encore mixte.
a- L’impôt cédulaire ou analytique : Le principe en la matière est que chaque revenu est
distingué pour être imposé de manière particulière. Un impôt particulier frappe des
revenus particuliers. Avec ce système on peut adapter l'impôt à chaque type de revenu
et donc être plus juste. Cependant, il existe certains inconvénients. En effet, ce n’est pas
le contribuable qui est appréhendé dans la totalité de ses revenus, mais chacun de ses
revenus dans sa spécificité. Ainsi, un contribuable percevant plusieurs types de revenus
pour des sommes moyennes sera faiblement imposé alors qu'en fait la somme de ses
revenus est conséquente.

b- L’Impôt synthétique ou général : C’est la solution inverse. Ici on prend en


considération l’ensemble du revenu quelles que soient ses origines. Plus le revenu est
important, plus le taux est élevé. Ainsi la progressivité de l’impôt est-elle possible de
même que sa personnalisation. Toutefois il n’est plus possible d’instaurer une
discrimination. La solution est donc dans un système mixte.

L’impôt mixte apparaît comme solution.


c- L’impôt mixte : La mixité peut résulter de la superposition des deux systèmes
précédents ou encore de la combinaison de ceux-ci. L’impôt mixte par superposition :
C’est sous cette forme qu’historiquement l’impôt sur le revenu est apparu. En Grande-
Bretagne, l’impôt sur le revenu a été instauré en 1842 sous la forme cédulaire « Income
Tax ». Cinq types de revenus différents, étaient distingués. En 1910 est créée la « Surtax
» : elle se superpose i.e. s’ajoute au précèdent elle est progressive car on prend en
compte la totalité du revenu. L’impôt mixte par combinaison : C’est l’actuel système
français. Il n’existe qu’un seul impôt général, mais afin d’établir plus précisément
l’impôt, on distingue entre les différents types de revenus (Salaires, BIC, BNC). C’est
cette voie que semble suivre la Côte d’Ivoire avec l’IGR.

B- L’impôt sur le capital

Que faut-il entendre par la notion de « capital » ? Quelles sont les modalités de l’imposition du
capital ?
Selon P.M. Gaudemet, le capital est la richesse consolidée dans le patrimoine du contribuable.
Derrière cette définition se cachent plusieurs formes de capitaux, à savoir :

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- Les capitaux immobiliers ou mobiliers : les capitaux immobiliers comme par exemple les
immeubles, les forêts sont plus facilement imposables car il est difficile de les dissimuler
physiquement. Ce qui n’est pas le cas des capitaux mobiliers comme l’or, les créances. Cela
explique pourquoi le premier type de capital ait été d’abord imposé.
- Les capitaux productifs ou les capitaux improductifs de revenus
Certains capitaux produisent des revenus. C’est le cas des immeubles qui génèrent des loyers,
c’est également le cas des actions qui peuvent procurer des intérêts etc. Ces capitaux sont donc
plus facilement imposables que ceux qui ne procurent aucun revenu. Les bijoux, les tableaux
de maître, l’or, ne rapportent rien à leurs propriétaires à moins d’être vendus. Mais dans ce cas
le gain éventuel est exceptionnel et se traduit par la disparition du capital. Imposer de tels
capitaux est donc pour le moins plus délicat.
La notion de capital est multiforme. Elle présente pour cette raison des limites qui sont difficiles
à tracer. Cependant la frontière entre certains capitaux et certaines dépenses est souvent difficile
à déterminer. Ex : La plus-value réalisée lors de la vente d’un immeuble est un capital
économiquement parlant, mais en droit fiscal elle est appréhendée comme un revenu. On peut
considérer que certains biens de consommation tels les véhicules et les appareils ménagers sont
des capitaux mais qui s’amortissent très vite. Ce caractère parfois flou de la notion de capital
influe sur les modalités d’imposition du capital. Ex : impôt sur le capital et impôt d’après le
capital- impôt régulier et impôt exceptionnel

C- L’impôt sur la dépense

Qu’est-ce que l’impôt sur la dépense ? Quelles sont ses différentes modalités d’imposition ? On
peut définir la dépense comme « toute aliénation de richesse consentie par le contribuable pour
se procurer un bien ou un service. ». La dépense apparaît donc comme la richesse qui sort du
patrimoine du contribuable pour servir à l’achat de biens et services. Cependant le droit fiscal
distingue entre les dépenses de consommation et les dépenses d’investissement. En principe il
ne prend en compte que les premières en dehors de quelques cas d’exception. Ex : l’achat par
un particulier d’un immeuble est selon les législations soumis à la TVA durant une certaine
période, généralement les cinq premières années de son existence. Au-delà de cette période,
l’opération relève des droits de mutation.

Tout comme l’impôt sur le revenu, l’imposition sur la dépense peut être synthétique ou
analytique. L’impôt analytique sur la dépense est celui qui ne frappe qu’une dépense
déterminée. On peut citer à titre d’illustration les droits de consommation ou d’accises
(imposition de certains produits tels que le vin, l'alcool, le tabac). On peut également citer les
droits de douanes. Ces impôts analytiques sont en voie de disparition dans les pays développés
(en Côte d’Ivoire leur existence n’est pour le moment aucunement menacée) car ce sont des
impôts réels pour lesquels seule compte la chose achetée et en aucune manière la personnalité
ou les caractéristiques de la personne qui achète. On dit que ces impôts sont socialement
aveugles. Quant à L'impôt synthétique sur la dépense, il prend en considération l’ensemble de
la dépense. Il s’agit de ce que l’on appelle les taxes sur le chiffre d'affaires (TCA). Il peut être
unique ou en cascade.

Paragraphe II : L’évaluation de la matière imposable

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La matière imposable peut être évaluée directement ou indirectement.

A- L’évaluation indirecte

La valeur de la matière imposable est ici supposée, il ne s’agit en aucune manière de la valeur
réelle. Pour cela, on utilise certains éléments intermédiaires d’appréciation à travers notamment
deux méthodes :
1- L'évaluation indiciaire : dans cette méthode on se sert des éléments extérieurs à
la matière imposable pour avoir une idée de l'importance de celle-ci. Anciennement
on avait « la contribution sur les portes et les fenêtres », aujourd’hui on parle plus
de « signes extérieurs de richesse ».
En cas de disproportion marquée entre le train de vie d’un contribuable et ses revenus, la base
d’imposition pour l’impôt sur le revenu est portée à une somme forfaitaire déterminée en
appliquant à certains éléments de ce train de vie un barème fixé par le code (article 168 CGI
France repris en C.I).
2- L’évaluation forfaitaire : La méthode forfaitaire consiste à évaluer les bases
individuelles de l’imposition à partir d’un ou plusieurs éléments considérés comme
révélateurs de celle-ci parce qu’étant en relation directe avec la matière imposable.
On distingue le forfait légal (les éléments d’appréciation dans ce forfait sont fixés
par la loi. C’est le cas en matière des bénéfices agricoles) du forfait conventionnel
(Il s’agit d’un accord entre l’administration fiscale et le contribuable à travers le
système dit de l’évaluation administrative.)

B- L’évaluation directe

Il s’agit d’une évaluation par le contribuable lui-même mais qui suppose la possibilité
pour le fisc d’apprécier la justesse de la déclaration.
1-La déclaration ou l’évaluation par le contribuable : la déclaration est le procédé de droit
commun de constatation et d’évaluation de la matière imposable. Le contribuable doit fournir
au fisc les renseignements nécessaires à l’établissement de l’assiette (montant du revenu,
charges de familles, charges déductibles). Son dépôt est obligatoire, dans un certain délai.
Même si la déclaration est toujours présumée exacte, elle joue le rôle de moyen de preuve
opposable à l’Administration fiscale et au contribuable. Le déclarant est présumé le mieux
connaître le montant de la matière imposable. Cette méthode peut s’avérer cependant complexe
pour le contribuable qui ne peut pas maîtriser l’ensemble de la législation fiscale. Pour
l’administration au contraire elle allège ses obligations dans la perspective d’une présomption
d’exactitude.
2- Le contrôle par l'administration
Dans la mesure où la déclaration repose sur les informations communiquées par contribuable,
il est nécessaire pour l’Administration fiscale de les vérifier. Ce contrôle s’opère à travers les
pouvoirs d’investigation (demande de renseignements et recherche de renseignements) et de
vérification (vérification de comptabilité et examen contradictoire de l’ensemble de la situation
fiscale personnelle.) de l’Administration.

Section II : LA LIQUIDATION DE L’IMPOT

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Liquider l’impôt c’est calculer son montant précis. Pour cela on applique généralement le taux
à la base que l’on a établie (l’assiette). On parle de taux de l’impôt.
Toutefois d’autres éléments du « tarif » de l’impôt interviennent également. On les qualifie de
tarif.

Paragraphe I : Le Taux de l’Impôt

Le plus souvent le taux de l’impôt est un taux ad valorem c’est à dire un pourcentage que l’on
va appliquer à la base (l’assiette). Mais il existe, s’agissant de certains impôts comme les droits
d’accises, des taux spécifiques qui s’expriment par une valeur en francs CFA par quantité de
marchandise ou de produit visé.
Deux problèmes se posent s’agissant du taux ad valorem : celui de sa détermination et celui de
son adaptation.

A- La détermination du taux

On peut déterminer le taux par rapport au produit de l’impôt ou plutôt par rapport à la matière
imposable.

- Taux et produit de l'impôt

Selon que le taux de l’impôt est déterminé et donc connu avant ou après le produit de l’impôt
c’est à dire ce qu’il rapporte, on a affaire à un impôt de quotité ou à un impôt de répartition.
1. L’impôt de répartition
Dans ce type d’impôt on fixe d’abord le montant attendu du prélèvement. Celui-ci étant connu,
on peut le répartir entre les contribuables. Le taux peut alors être calculé. Ce type d’impôt a
aujourd’hui disparu. Il était notamment par les États dans le cadre de la fiscalité directe locale.
Les «quatre vieilles » étaient réparties entre les communes, à l’intérieur des communes on
répartissait entre les contribuables, en fonction des bases des impôts. Aujourd’hui, les impôts
sont tous des impôts de quotité.
2. L’impôt de quotité
Dans ce type d’impôt le taux est fixé d’abord. Ensuite, il est appliqué à la base imposable. Enfin,
on connaît le produit de l’impôt. Le taux est donc ici une cause et non pas une conséquence.

- Taux et montant de la matière imposable


L’impôt peut être proportionnel à la matière imposable, ou progressif par rapport à celle-ci.

1. L’impôt proportionnel
C’est un impôt dont le taux est constant quel que soit le montant de la matière imposable. Ce
type d’impôt est apparu le premier et demeure en vigueur aujourd’hui notamment en matière
d’impôt sur la dépense. Cet impôt réalise une justice arithmétique.

2. L’impôt progressif
L’impôt progressif est celui dont le taux s’élève avec l’augmentation de la dimension de la
matière imposable. Il réalise une égalité réelle et non plus arithmétique. L’idée du taux

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progressif est apparue avec Montesquieu qui souhaitait imposer plus le superflu que le
nécessaire, mais c’est surtout Condorcet qui expose l’idée moderne de l’impôt progressif.
On aperçoit un tel type de taux notamment dans les droits de succession. Par la suite cette
technique sera appliquée à l’impôt sur le revenu.

B- L’adaptation du taux

Une fois le taux déterminé on va généralement l’adapter à la situation du contribuable, c’est ce


que l’on appelle la personnalisation ou alors on l’adaptera à la matière imposable c’est la
discrimination.

1- La personnalisation de l'impôt
Tenir compte de la personne du contribuable c’est prendre en considération sa situation
familiale. L’aménagement familial de l’impôt peut être réalisé de différentes manières.

a) Le quotient conjugal

Ce système est employé aux États-Unis où il est couramment dénommé «le cadeau de mariage
de l’Oncle Sam ». Son mécanisme est le suivant : le revenu imposable du ménage est divisé en
deux parts. Le barème progressif de l’impôt est appliqué à chaque part; le montant de l’impôt
dû par le ménage se calcule en multipliant par deux le résultat obtenu. Les couples sont ainsi
avantagés par rapport aux célibataires mais on ne tient pas compte du nombre d’enfants. Ce
défaut est corrigé dans le système du quotient familial.

b) Le quotient familial

Dans ce système, l’idée de base est de proportionner l’impôt aux possibilités de consommation
de toutes les personnes entre lesquelles se partage le revenu global d'un foyer fiscal. Le
contribuable se voit accorder un nombre de parts proportionnel au nombre de personnes dont il
a la charge. Le revenu global du foyer est divisé par le nombre de parts ensuite on applique à
ce quotient le barème progressif de l'impôt. La multiplication du résultat obtenu par le nombre
de parts donne la cotisation d’impôt que doit le contribuable. Ce système est appliqué en France
et en Côte d’Ivoire.

2- La discrimination de l'impôt
C’est l’adaptation du taux à la matière imposable et non plus au contribuable. Deux sortes de
discriminations peuvent être distinguées.

1. La discrimination au sein d’un même impôt

C’est notamment le cas dans la TVA puisque dans le cadre de ce même impôt coexistent
plusieurs taux. Chacun de ces taux frappant un certain type de marchandises.

2. La discrimination au sein du système fiscal

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Il peut arriver qu’une même base soit frappée par deux taux différents dans le cadre formel de
deux impôts différents. C’était le cas en France dans l’impôt sur le revenu des personnes
physiques jusqu’en 1971 où une taxe complémentaire frappait certains revenus non salariaux.

Paragraphe II : Les autres éléments du tarif

On peut corriger l’impôt en s’attaquant à sa base ou plus simplement, en s’en prenant à la


cotisation fiscale.
A – Les corrections de la base de l’impôt

Elles se déclinent en abattements et en déductions

- Les abattements

L’abattement est une exonération de la partie la plus basse du revenu ou de manière générale
de la base. Ils sont censés correspondre à la partie du revenu absolument nécessaire pour
subsister.

- Les déductions

Ce sont des sommes que l’on soustrait du revenu imposable pour des raisons le plus souvent de
justice fiscale. Ainsi, la déduction des frais professionnels permet-elle de n’imposer que la
partie du revenu dont on dispose réellement. Les déductions constituent également un
instrument d’interventionnisme fiscal. La déduction de certaines dépenses, comme celles liées
aux économies d’énergie, favorise bien sûr les économies en question. Mais, comme la
déduction est appliquée au revenu à dépenses égales mais à revenus différents, le cadeau fiscal
ne sera pas le même. On est donc en présence d’une injustice que l’on peut éviter en corrigeant
non plus la base de l’impôt, mais la cotisation fiscale elle-même.

B- Les corrections de la cotisation fiscale

Elles ont comme objet non pas la base de l’impôt, mais la cotisation d’impôt. Elles sont
regroupées dans les réductions et les décotes ou exonérations.

- Les réductions
Elles sont destinées le plus souvent à encourager certaines dépenses d’ordre personnel engagées
par les contribuables. C’est le cas par exemple : des cotisations versées à un syndicat .Elles
s’appliquent sur le montant de l’impôt calculé suivant le barème progressif et après
plafonnement éventuel des effets du quotient familial et imputation de la décote. Ces réductions
d’impôt ne peuvent donner lieu à remboursement.

- Les décotes et exonérations

La décote est un mécanisme qui permet de réduire, voire d’annuler l’impôt. L’exonération quant
à elle dispense totalement d’impôt sous certaines conditions fixées par la loi. Ainsi les
entreprises victimes de la crise électorale sont-elles exonérées de certains types d’impôt.
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.
Section III : LE RECOUVREMENT DE L'IMPOT

Il s’agit de l’ensemble des opérations tendant à obtenir le paiement de la dette fiscale. Que
contient l’opération de recouvrement ? Quel objectif vise-t-elle ?

Paragraphe I : Les opérations de recouvrement

Qui procède au recouvrement ? Selon quelle procédure ?

A- L’auteur du recouvrement

Plusieurs systèmes sont possibles et ont déjà été appliqués.


- La collecte

C’est le plus ancien des systèmes. En effet, il a été utilisé sous l’ancien régime en France pour
le recouvrement de la taille. Les collecteurs de l’impôt étaient des contribuables désignés par
les autres contribuables pour recouvrer l’impôt. Aujourd’hui, le système de la collecte est
appliqué à la TVA puisque ce sont les assujettis à l’impôt qui sont chargés de l’établir et de le
recouvrer. Chaque mois, ils versent aux comptables de la DGI la TVA collectée diminuée de la
TVA qu’ils ont eux-mêmes payée sur les marchandises et les services nécessaires à la
fabrication de leurs produits.

- La ferme

Ce système est aussi très ancien. Il était pratiqué sous la monarchie. Un financier, le fermier,
s’engageait à verser au Trésor le montant de l’impôt. En échange, il disposait du droit régalien
de recouvrer l’impôt. L’avantage du système était qu’il libérait l’Etat de toute préoccupation de
recouvrement et même d’assiette et de liquidation. L’administration de l’époque n’aurait pas
été en mesure de le faire. Mais ce système était coûteux puisque la rémunération du Fermier
était de l’ordre de 20 % du produit de l’impôt recouvré.

- La régie

C’est le système dans lequel l’Etat lui-même assure le recouvrement de l’impôt. Il est pratiqué
aujourd’hui. En effet, trois réseaux comptables recouvrent les impôts.

Les comptables directs du Trésor

Ces comptables dépendent de la direction de la comptabilité publique (DCP). C’est le réseau le


plus important quantitativement : par ses effectifs, mais aussi qualitativement : par ses
fonctions. En effet, les comptables du Trésor recouvrent les impôts directs : impôt sur le revenu,
impôt sur les sociétés et les impôts directs des collectivités territoriales.

Les comptables des impôts


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Ils dépendent de la direction générale des impôts (DGI). Ils interviennent dans le recouvrement
des impôts indirects, ils procèdent notamment à l’encaissement de la TVA. Il s’agit plus
précisément des receveurs divisionnaires, des receveurs principaux et des receveurs locaux des
impôts.
Les comptables des douanes
Ils dépendent de la direction générale des douanes et procèdent au recouvrement des droits de
douane ainsi que de certains droits indirects.

B- La procédure de recouvrement

Elle se déroule en deux phases que sont la mise en recouvrement et le recouvrement forcé.
- 1. La mise en recouvrement

Elle prend des formes différentes selon qu’il s’agit d’impôts établis par voie de rôle ou non.

a- La mise en recouvrement des impôts établis par voie de rôle

Le rôle est une liste des contribuables passibles de l’impôt comportant pour chacun d’eux la
base d'imposition, la nature des contributions, le taux d’imposition et le montant des cotisations.
Cette liste est dressée par le directeur des services fiscaux aux vues des éléments fournis par les
services d'assiette. Les rôles donnent lieu à la délivrance d’avis d’imposition au contribuable.
Cet avis d’imposition précise, le total des sommes à acquitter, les conditions d’exigibilité ainsi
que la date de mise en recouvrement et la date limite de paiement. Les impôts directs sont,
d’une manière générale, exigibles trente jours après la date de la mise en recouvrement du rôle.
En cas de retard dans le paiement, une majoration est applicable aux sommes impayées. Une
lettre de rappel donnant un dernier délai au contribuable lui est adressée. Si la lettre de rappel
n’a pas été suivie de paiement, le comptable du Trésor peut engager des poursuites.

b. La mise en recouvrement des autres impôts

Si l’impôt est perçu sans rôle nominatif (TVA), le paiement s’effectue volontairement par le
contribuable après avoir calculé le montant de l’impôt. Ce n’est que si le contribuable omet ou
paie insuffisamment que l’Administration sera amenée à établir un titre de perception qu’elle
rendra exécutoire : l’avis de mise en recouvrement. En cas de non-paiement, une mise en
demeure est envoyée au contribuable. C’est l’acte par lequel l’Administration fait sommation
au débiteur de se libérer. Après l'expiration d'un délai (vingt jours en général), les poursuites
pourront être engagées.

2. Le recouvrement forcé ou les poursuites

a. Le premier acte de poursuite : le commandement

Il s’agit d’un acte de poursuite par lequel le débiteur est sommé de payer sa dette. Il n’existe
qu’en matière d’impôts directs. Il indique le titre autorisant les poursuites, le montant de la
somme à payer et l’ordre de payer la somme réclamée sous peine d’y être contraint par les voies
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de droit. Les poursuites ont lieu par ministère d’huissier de justice ou sont effectuées par les
agents huissiers du Trésor faisant fonction d’huissier de justice pour les contributions directes.

b. Les autres actes de poursuites

Si le commandement de payer ne donne aucun résultat, plusieurs actes de poursuite sont


possibles notamment :

❖ La saisie –vente

Elle a pour objet de mettre les biens mobiliers corporels du débiteur, sous main de justice. Elle
est opérée par les agents huissiers du Trésor ou les huissiers de justice et ne peut, en principe,
avoir lieu que huit jours après la signification du commandement.

❖ La saisie des rémunérations

La procédure s'applique, aux sommes dues à titre de rémunération à toutes les personnes
salariées ou travaillant à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs
employeurs.
L’avis à tiers détenteur
L'avis à tiers détenteur est un acte de procédure qui permet au comptable, sur simple demande,
d’obliger un tiers à lui verser, sur les fonds dont il est dépositaire, détenteur ou débiteur à l'égard
d'un redevable, les impôts dus par ce dernier.

La contrainte

C’est la possibilité de faire incarcérer le contribuable. Mais les hypothèses dans lesquelles cela
est possible sont extrêmement rares.

Paragraphe II : Le Paiement : objectif du recouvrement

La personne qui doit payer, le moment du paiement et ses modalités


Qui du contribuable ou du redevable doit payer ? Quand doit-il payer et selon quelles modalités
intervient le paiement ?

A- Le contribuable et le redevable

❖ Le contribuable

Le contribuable est celui au nom de qui la dette d’impôt a été juridiquement établie, c’est celui
qui supporte juridiquement le poids de l’impôt, même s’il peut en décaler une partie sur
d’autres.

❖ Le redevable

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Le redevable est celui à qui le fisc peut réclamer la dette d’impôt. Le plus souvent, le
contribuable et le redevable ne font qu’un, mais pas toujours. La distinction a un intérêt dans
deux hypothèses : la solidarité financière et les tiers détenteurs.

1. La solidarité financière

Elle rend le rôle exécutoire non seulement contre le contribuable, mais encore «contre ses
représentants ou ayants cause ». Elle est prévue par la loi. La solidarité financière peut être
fondée sur l’existence de liens familiaux. Ainsi chacun des époux vivant sous le même toit est
solidairement responsable du paiement de la taxe d'habitation et de l'impôt sur le revenu.
En cas de décès du contribuable, le recouvrement de ses impôts peut être poursuivi sur ses
héritiers et légataires.

2. Les tiers détenteurs

Conformément aux dispositions du Livre de procédure fiscale, l’Administration peut par avis à
tiers détenteur appréhender, entre les mains de tiers, les deniers que ceux-ci détiennent du chef
du contribuable.

B- La date du paiement

Le paiement peut être comptant, différé ou anticipé.

❖ Le paiement comptant

Dans certains cas, il y a simultanéité entre le fait générateur de l’impôt et son paiement : c’est
le système des droits au comptant tel dans l’hypothèse de la TVA.

❖ Le paiement différé

Le paiement peut être différé : s’il y a un délai entre la connaissance par l’administration de la
matière imposable et le paiement. C’est le cas pour les successions où le paiement peut être
fractionné. C’est également le cas lorsque le fisc accorde un sursis de paiement. Enfin pour tous
les impôts établis par voie de rôle le paiement est différé. C’est le cas de l’impôt sur le revenu
dont le paiement est exigé l’année suivant la perception des revenus imposés ou de l’impôt
foncier.

❖ Le paiement anticipé

Le paiement peut être anticipé. Les tiers provisionnels pour l’impôt sur le revenu constituent,
un exemple de même que la mensualisation pour le même impôt.

C- Les modes de paiement

❖ Le paiement en argent

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L’impôt est en principe payable en argent. C’est ce que rappelle le code général des impôts en
mentionnant que « Les impôts et taxes visés par le présent code sont payables en argent… à la
caisse du comptable du Trésor chargé du recouvrement des impôts directs ». Il n’existe donc
plus d’impôt en nature. Toutefois, les législations fiscales admettent la dation en paiement des
droits de succession. Elle se traduit par la remise d’œuvres d’art, de livres, d'objets de collection,
de documents, de haute valeur artistique ou historique ou d’immeubles situés dans les zones
d'intervention du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres au Trésor. Cette
procédure exceptionnelle de règlement des droits est subordonnée à un agrément. La décision
d’agrément fixe la valeur libératoire qu’elle reconnaît aux biens offerts en paiement. La dation
en paiement n’est parfaite que par l’acceptation par l’intéressé de cette valeur.

❖ Les modalités du paiement

Le paiement s’effectue en principe en numéraire. Sont également acceptés les effets bancaires
tels que les chèques bancaires «ordinaires », les chèques de voyages, les ordres de virement. Le
prélèvement automatique est également admis pour le paiement mensuel de l'impôt (cas de
l’impôt sur le revenu, des impôts directs locaux). Aujourd’hui, le télé-règlement existe dans les
Etats développés. Enfin, le paiement des droits de mutation par décès peut être effectué en
valeurs du Trésor dans la proportion fixée selon les législations respectivement par le conseil
d’administration de la caisse autonome de gestion des bons de la défense nationale,
d’exploitation industrielle des tabacs et d’amortissement de la dette publique et par arrêté du
ministre de l’économie et des finances.

❖ L’interdiction de la compensation

Lorsque deux personnes se trouvent débitrices l’une envers l’autre, il s’opère entre elles une
compensation qui éteint les deux dettes. C’est ce que prévoit le Code civil. En droit fiscal le
principe est inverse. Les contribuables ne peuvent invoquer en leur faveur la compensation
entre leur dette fiscale et une créance sur le Trésor. Cette interdiction a plusieurs fondements.
D’abord, le principe de l’universalité budgétaire interdit toute compensation entre dépenses et
recettes (règle du produit brut). Ensuite, cela supposerait l’exécution forcée sur les dettes des
collectivités publiques.

Le cadre technique étant abordé, la technique fiscale exige de s’intéresser au cadre juridique.

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Dr. TANO-BIAN Jeanine

CHAPITRE II : LE CADRE JURIDIQUE

Il faut entendre par cadre juridique, les sources et principes juridiques sur lesquels repose le
droit fiscal. À cela il faut ajouter la classification des impôts selon le droit.

SECTION I : LES SOURCES ET LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE DROIT

Elles vont dépendre du fondement de l’impôt. Si l’impôt est l’expression de la souveraineté de


l’État, le détenteur de cette souveraineté sera compétent pour établir l’impôt.
Si l’impôt a pour base le consentement du contribuable, seuls les représentants de ce dernier
pourront définir l’impôt.
PARAGRAPHE I : LES SOURCES INTERNES

On note la constitution, les lois et règlements, la jurisprudence ainsi que la doctrine fiscale.
A- La Constitution

En tant que norme suprême de l’État, elle est à la base de tout le droit étatique, donc du droit
fiscal. Les bases constitutionnelles du droit fiscal se trouvent dans la constitution ainsi que des
textes auxquels elle renvoie notamment les déclarations des droits de l’Homme. En Côte
d’Ivoire, il s’agit des articles 93, 101 nouveau par exemple de la Constitution du 19 Mars 2020.

B- La loi et les règlements

Dans la plupart des États, la loi est la source fondamentale du droit fiscal sous réserve de
l’intervention du règlement et du droit communautaire. Les textes législatifs et réglementaires
sont de plus en plus rassemblés dans le code général des impôts comprenant le livre de
procédure fiscale.

C- La doctrine administrative.

C’est le produit de l’interprétation des textes fiscaux par l’Administration qui fonctionnent
comme mesures d’ordre intérieur pour l’Administration fiscal et s’imposent conséquemment
en vertu du principe hiérarchique aux agents de l’administration fiscale. En revanche, elles
n’ont pas de caractère contraignant pour les contribuables. Toutefois en pratique, elles ont une
portée considérable car elles pallient aux défaillances de la norme fiscale.

D- La jurisprudence fiscale

De plus en plus, les personnes morales saisissent le juge de l’impôt pour voir traiter leurs
contestations. Et ces décisions font l’objet de publication en des domaines divers. Ainsi, on a
pu voir une décision de contestation de la base imposable d’une société de fabrication de
produits pharmaceutiques. C’est la décision BIOMERIEUX,

27
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

PARAGRAPHE II : LES SOURCES INTERNATIONALES

Il s’agit des conventions fiscales internationales ainsi que du droit fiscal communautaire.

A- Les conventions fiscales internationales


Il s’agit essentiellement de conventions tendant à éviter la double imposition.
Il y a double imposition quand une même faculté contributive, donne lieu à la perception de de
ux impôts. Elle est permise en droit interne : une même richesse peut être assujettie à plusieurs
impôts par exemple en CI les revenus des salariés sont frappés par l'impôt et le traitement sur l
e salaire, l'impôt général sur le revenu. En droit international, la double imposition résulte du h
eurt de plusieurs souverainetés fiscales. Plusieurs facteurs sont à l’origine de la double imposit
ion : la nationalité, le séjour d’un individu dans plusieurs pays, la participation d’un individu à
des activités situées dans un autre pays. La double imposition peut être insupportable pour le c
ontribuable. Elle est également néfaste pour les États, car la surcharge du contribuable compro
met le rendement de l’impôt.
Les conventions bilatérales, vont donc partager le pouvoir d’imposition entre les deux États si
gnataires pour éviter les doubles impositions mais également à lutter contre l’évasion fiscale.
Au nom des exigences de la globalisation les États concluent de plus en plus de conventions
entre eux à différentes échelles sous régional, régional et même universel.
La Côte d’Ivoire a signé des conventions fiscales avec plusieurs Etats dont :
La France et on vise à cet effet la convention en vue d'éviter les doubles impositions et d'établir
des règles d'assistance réciproque en matière fiscale a été signée le 6 avril 1966 à Abidjan entre
le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Côte
d'Ivoire. Elle est assortie d'un protocole formant partie intégrante de la convention.
Plusieurs autres Etats au rang desquels, on peut citer la République Fédérale Allemande, la
Norvège, le Royaume-Uni, la Belgique, l'Italie, le Canada le Mali, et une convention
multilatérale signée avec les Etats de l'ex-Organisation commune africaine et mauricienne
(OCAM) ; la Suisse4.
Les conventions fiscales ont pour objet d'éviter la double imposition et d'établir les règles
d'assistance administrative réciproque en matière d'impôts sur le revenu et la fortune.
La précision reste le maître mot des conventions : afin de protéger le consentement clair et non
vicié des parties. Il en résulte que toutes les précautions sont prises pour s’assurer que les parties
signataires sont aux faites de leurs engagements respectifs.
Le critère déterminant dans les relations d’affaires est fonction de l’imposition envisagée.
Ainsi, il ressort de l’analyse des conventions fiscales (de la confédération de la suisse avec la
république de Côte d’Ivoire) que le critère de la détermination de l’assiette d’imposition, celui
de la qualité de résident et enfin celui de l’établissement stable sont les plus importants en
matière d’impôts sur le revenu par exemple.

4
Voir Cote d'Ivoire - Convention entre la Suisse et la Cote d'Ivoire en vue d'eviter les doubles impositions,
signee le 23 novembre 1987, entree en vigueur le 30 decembre 1990 (www.droit-afrique.com)
28
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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Il est possible par ailleurs d’observer que si les terminologies ne coïncident pas forcément en
termes de revenus faisant l’objet d’imposition dans les deux Etats parties, un réajustement est
élaboré afin de garantir aux mieux les intérêts des parties signataires.

A côté des conventions internationales, il faut citer les directives communautaires.

B- Le droit communautaire fiscal


L’intégration fiscale prend de plus d’ampleur au niveau communautaire avec le
développement d’un droit qui tend à s’harmoniser. Ainsi une grande partie du droit fiscal des
États est aujourd'hui marqué par le droit communautaire.
L’intégration économique de différents États dans une communauté régionale
suppose la facilité des échanges et la réduction voire la suppression des droits de douane entre
les Etats membres. Elle suppose aussi la libre concurrence entre les producteurs de biens ou de
services. Cette libre concurrence est faussée dans le cadre de la communauté dans la mesure o
ù la liberté des échanges permettra d'acheter ou de faire produire les biens dans ce pays. Certai
ns pays prélèvent moins d’impôt que d’autres. Les traités d’intégration économique prévoient
souvent des dispositions en vue d’harmoniser progressivement les systèmes fiscaux des différe
nts Etats membres, c’est ainsi que la TVA a été généralisée dans tous les pays membres de l’U
EMOA.

SECTION II- LES PRINCIPES GENERAUX

Le principe de base est celui de la légalité de l’impôt. En d’autres termes, il n’y a pas
d’impôts sans autorisation de la loi. Cependant la loi fiscale s’applique de manière particulière.

PARAGRAPHE I- LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ DE L'IMPÔT

Le principe de la légalité de l’impôt signifie que l’essentiel des règles du droit fiscal est fixé par
la loi. Les révolutionnaires, avant de s’intéresser aux dépenses publiques, se sont exclusivement
intéressés à la fiscalité, aux impôts. Ils étaient axés sur la légitimité fiscale c’est-à-dire sur le
droit de lever l’impôt. Ils ont dès lors négligé le pouvoir d’utiliser les ressources fiscales, c'est-
à-dire le pouvoir de dépenser. Ils se sont attribué le pouvoir de décider de l’impôt et ont
abandonné au roi celui d’utiliser le produit de l’impôt. L’impôt a même une légitimité politique
puisqu’il est décidé par les citoyens ou par leurs représentants.
Ce principe est affirmé par l’article 14 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen de 1789 : « tous les citoyens ont le droit de constater par eux-mêmes ou par leurs
représentants la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre
l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée ». Ce principe
signifie que le législateur peut seul créer et autoriser l’impôt.

Le législateur peut seul créer l'impôt

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

L’article 101 nouveau de la constitution ivoirienne précise en son alinéa 13 que « la loi
fixe les règles, concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions
de toute nature. »
Concrètement, cela signifie que le Parlement intervient de façon formelle pour toute
création ou toute suppression d’impôt, toute modification du champ d’application d’un impôt
existant. Cette intervention du législateur peut prendre deux formes : celle d’une loi de finances
ou celle d’une loi ordinaire.

1. La création de l’impôt par une loi de finance

L’ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances précise à son
article premier que : « Les lois de finances déterminent la nature, le montant et l'affectation des
ressources ». En pratique, on note que les impôts sont souvent modifiés voire créés par une loi
de finances. Mais comme ces lois sont soumises à un calendrier précis et contraignant, ce sont
souvent des lois ordinaires qui interviennent.

2. La création par une loi ordinaire

Cette possibilité est largement utilisée. Elle a été confirmée par le Conseil constitutionnel à
plusieurs reprises. : CC 83-164 DC du 29 décembre 1983 ; CC 84-170 DC du4 juin 1984 ;
CC95-365 DC du 27 juillet 1995. Dans cette dernière décision le Conseil précisait : « les
dispositions fiscales ne sont pas au nombre de celles qui sont exclusivement réservées à la
compétence des Lois de finances, elles peuvent par conséquent figurer dans une loi ordinaire ».

Le législateur peut seul autoriser l'impôt

L’impôt ne peut être recouvré que dans la mesure où il a fait l’objet d’une autorisation. En
l’absence d’une telle autorisation, le comptable commettrait le délit de concussion.
L’autorisation est donnée par la loi de finances de l’année. C’est ce que prévoit l’ordonnance
du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances dans son article 2 : « La loi
de finances de l'année prévoit et autorise, ... l'ensemble des ressources … de l'Etat »..
La légalité de l’impôt implique que :
L'autorisation de l'impôt est périodique ;
La perception de l’impôt doit être autorisée chaque année par la loi de finances de l’année.
- La loi fiscale s’impose aux contribuables, qui sont obligés de payer l’impôt
- La loi fiscale s’impose à l’administration fiscale
- L’administration ne peut percevoir que l'impôt autorise (jamais au-delà) . Toute
contribution directe ou indirectes autres que celles autorisé par la loi de finances sont
formellement interdites.
PARAGRAPHE II- L’APPLICATION DE LA LOI FISCALE : LE PRINCIPE DE
L’ANNUALITE ET LE PRINCIPE DE LA TERRITORIALITE

La loi fiscale s’applique de manière particulière à la fois dans le temps et dans l’espace.
1- L’application dans le temps : le principe de l'annualité
30
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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Le principe de l’annualité de l’impôt est rappelé par l’article 4 de l’ordonnance du 2 janvier


1959 : « l’autorisation de percevoir l’impôt est annuelle ». Ce principe est étroitement lié au
principe de l’annualité budgétaire. Il est concrétisé dans les différentes lois de finances de
l’année des Etats qui le reprenne à leur compte en le formulant différemment : «la loi de finances
de l’année …autorise pour année la perception des ressources de l’Etat et des impositions de
toutes natures affectées à des personnes morales autres que l’Etat »
Deux traits principaux ressortent du principe à savoir :
- Que la loi fiscale soit mise en application tous les ans
- Que la loi fiscale régit l’opération fiscale pour l’année entière

Deux possibilités de dépassement du principe sont possibles. D’une part, des rôles
supplémentaires peuvent être émis par l’administration fiscale jusqu'au 30 Avril de l'année
suivante (France, Côte d’Ivoire). D’autre part, des délais de reprise ou de répétition sont prévus.
En effet, pendant les trois années qui suivent l'administration fiscale a autorisation de procéder
à la réparation des insuffisances de déclarations. En cas de mauvaise foi, le délai de
l’administration peut être prolongé. En cas de redressement fiscal le délai est interrompu.

Le principe de la non-rétroactivité

C’est l’interdiction de reporter à une date antérieure à l’entrée en vigueur de la loi, l’application
de celle-ci. Le principe de non-rétroactivité est rappelé par l’article 8 de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen notamment pour la loi pénale. Sur cette base on peut penser
qu’il existe en matière fiscale.
La loi entre en vigueur un jour franc après sa publication au Journal Officiel. En matière fiscale,
il y a parfois anticipation de l’entrée en vigueur du fait de l’annualité. Si la loi fiscale était
publiée le 1er janvier, elle devrait entrer en vigueur le 2, or ce n'est pas le cas car elle entre en
vigueur le 1er janvier du fait de l’annualité. L’entrée en vigueur peut être retardée : si elle est
publiée le 28 décembre, elle entrera en vigueur le 1er janvier. La plupart du temps, la loi de
finances est publiée le 30 décembre. En raison de sa non-rétroactivité, la loi est appliquée dès
le jour d’entrée en vigueur ; c’est l’application immédiate c’est à dire que la loi s’applique aux
situations existantes et celles à venir.

L’application immédiate
L’application immédiate se définit comme l’application de la loi nouvelle aux conséquences
futures des situations antérieures. Toutefois de nombreuses lois sont appliquées de manière
véritablement rétroactive. C’est parfois le cas de lois favorables aux contribuables. Il en va
notamment ainsi pour les dispositions abaissant les taux de T.V.A. Selon le Conseil
constitutionnel aucun principe ou règle de valeur constitutionnelle n’interdit à la loi de revenir
sur une exonération fiscale acquise sous l’empire d'une loi antérieure ou d’en réduire la portée
: (CC 83-164 DC du 29 décembre 1983).
2- L’application dans l’espace : le principe de la territorialité

La loi fiscale s’applique sur tout le territoire d’un Etat donné. De manière précise, on peut dire
que le territoire fiscal coïncide avec le territoire politique. Mais ce principe connaît quelques

31
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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assouplissements puisque certaines parties du territoire politique sont exclues du territoire fiscal
alors que des parties du territoire fiscal constituent une extension du territoire politique.
On constate à l’heure actuelle un double phénomène, d’une part un accroissement du nombre
des sources internationales du droit fiscal, avec le développement des conventions fiscales, et
d’autre part une modification du droit interne pour tenir compte des engagements
internationaux.
Les zones franches
Il s’agit de zones délimitées souvent dans les ports à l’intérieur desquelles, certaines marchand
ises sont importées en franchise de douane, puis réexportées après
traitement éventuel.
Les immunités diplomatiques
La pratique internationale admet à titre de réciprocité, l’exonération fiscale des résidences et a
gents diplomatiques, ainsi que l’octroi de franchises personnelles et réelles, en matière de droi
ts de douane. C’est ce qu'on appelle la valise diplomatique.
Certains pays appliquent le principe de la personnalité des lois fiscales, c’est-à-dire que leurs n
ationaux sont soumis aux lois de leurs pays d’origine, même s’ils vivent à l’étranger. Le droit
personnel de certains impôts (impôts sur le revenu) combiné avec le principe de la territorialité
peut avoir pour conséquence qu’une même personne, ou une même richesse soit soumises à de
ux impositions : l’imposition locale et l’imposition nationale. À l’inverse, la rigidité de l’impo
sition territoriale risque de faciliter l’évasion fiscale en amenant le contribuable à
localiser ailleurs ses biens imposables, dans un autre pays.
On assiste à une certaine harmonisation des systèmes fiscaux due à l’intégration économique d
es États au plan régional.
PARAGRAPHE III- PRINCIPE D’EGALITE DEVANT L’IMPOT
Ce principe condamne tout privilège en matière fiscale. Il a plusieurs corollaires qui sont
détaillés à sa suite. Il revient à considérer les contribuables dans une idée de justice fiscale.
PARAGRAPHE IV- LE PRINCIPE DE LA NECESSITE DE L’IMPOT
Il encadre les questions relatives aux sanctions fiscales ainsi que la rétroactivité de la loi fiscale.
Ce principe signifie que l’impôt est indispensable pour financer les dépenses publiques.
PARAGRAPHE V- LE PRINCIPE DE LIBERTE FISCALE
Ce principe s’entend non seulement de la liberté individuelle, de la liberté du commerce et de
l’industrie. Cette liberté est une liberté prévue par la constitution. En effet, l’impôt ne doit pas
être un instrument de limitation des libertés individuelles notamment des libertés d’entreprendre
et pourtant les différentes procédures du droit fiscal donnent l’impression que l’impôt
n’encourage pas la liberté d’entreprendre.
LE PRINCIPE D’IMPOSER A RAISON DES FACULTES CONTRIBUTIVES
C’est le principe selon lequel l’impôt est reparti également entre tous les citoyens en
considération des capacités financières de chacun. C’est un corollaire du principe de l’égalité
devant l’impôt et de l’égalité devant les charges publiques.

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Le cadre juridique de l’impôt implique de connaitre la typologie des différents impôts.


SECTION III- LA TYPOLOGIE DES IMPÔTS

Les impôts peuvent être classés en classe administrative, technique et économique.


A. LA CLASSIFICATION ADMINISTRATIVE
La classification administrative est celle utilisée par le droit positif ivoirien et notamment
par la comptabilité publique nationale. Elle classe les impôts selon la personne publique
bénéficiaire de cet impôt. Cette personne publique en Côte d’Ivoire peut être l’Etat ou les
collectivités territoriales. Cette classification, en plus prend en compte le fait que l’impôt soit
un impôt intérieur ou un impôt extérieur c’est-à-dire un impôt d’entrée et un impôt de sortie.
La classification administrative retient enfin les prélèvements sociaux c’est-à-dire ceux
qui sont faits pour financer les dépenses sociales. Dans cette classification on a d’abord des
impôts d’Etat et des impôts locaux, ensuite les impôts intérieurs et les impôts extérieurs et enfin
les prélèvements sociaux.
En Côte d’Ivoire, le pouvoir fiscal appartient à l’Etat car nous sommes un Etat unitaire.
La plupart des impôts relèvent de l’Etat, ils servent aux financements du budget de l’Etat. On
peut donc dire que les impôts d’Etat constituent le principe et les impôts locaux l’exception en
raison de la reconnaissance d’un pouvoir fiscal dérivé aux collectivités territoriales.
L’Etat dans le cadre du transfert des compétences doit transférer les moyens conséquents
pour l’exercice effectif des compétences transférées. Exemple d’impôts locaux : la vignette,
l’impôt synthétique, l’impôt sur le patrimoine foncier, la taxe d’habitation.
A coté des
A- Les droits d’enregistrement

Ils sont perçus lors des transactions, signatures ou authentifications des actes juridiques et autres
opérations effectués par les personnes physiques et morales. Il s’agit notamment des actes de
transmission de propriété, d’usufruit ou de jouissance de biens meubles ou immeubles et apports
en société.
La formalité de l’enregistrement se réduit le plus souvent à certains actes passés sur des
formulaires spéciaux, et qui sont transcrits sur un registre spécial, tenu par la direction de
l’enregistrement du ministère des finances
L’enregistrement n’est pas une condition de la validité de l’acte ; mais il donne une date certaine
aux actes sous seing privé et peut constituer un commencement de preuves entre les parties.
Ce droit frappe essentiellement le capital lors de sa transmission ; il frappe les actes notariés,
les actes rédigés par les marchands de biens, les décisions de justice, les actes d’huissier et
d’une façon générale les mutations de propriété, les testaments et les actes constitutifs des
sociétés.
Classification selon le fait générateur

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Certains actes doivent être enregistrés obligatoirement ce sont les actes de mutation ; la
mutation du bien est le fait générateur, plus précisément le fait générateur est la rédaction de
l’acte et non l’opération qu’il constate
Classification selon le tarif applicable
Nous avons :
1- Les droits fixes: le montant des droits est invariable pour tous les actes présentant la
même nature juridique. Pour les actes de société et pour le taux minimum quand le
droit à un taux proportionnel et un taux fixe
2- Les droits proportionnels: qui correspondent à un pourcentage de la valeur des biens
concernés par les actes ou les mutations. C'est le cas des mutations A titre onéreux
d'immeuble ou des apports en société.
3- Les droits progressifs: dont le taux varie en fonction de l'augmentation de la valeur
du bien taxé et du lien de parenté (donation, succession, cession d’un fond de
commerce…)
Les types de droits d’enregistrement
Les droits de mutation à titre gratuit
Les mutations à titre gratuit ne comportent aucune contrepartie pour les bénéficiaires, ce sont
les droits de succession ou les droits de libération à la suite d’une libéralité.
-Les droits de succession
Sont compatibles tous les biens qui font partie de la succession c’est-à-dire l’actif et le passif.
Certaines dettes devant être payés par les héritiers. Quand le passif est supérieur à l’actif les
héritiers peuvent renoncer à la succession.
La succession est imposée à un taux progressif, le taux varie en fonction du montant de la part
de chaque héritier et en fonction du lien de parenté. Ils peuvent être payés en plusieurs fractions
sur une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans.
Les droits en donation-partage et les droits en donation en avance d’hoirie
Ces droits sont calculés de la même façon que les droits de succession.
Les droits de mutation à titre onéreux
Ces droits concernent la vente d’immeubles ou de biens meubles, ils sont acquittés en cas de
vente parfaite certaine et actuelle, pour les immeubles ils peuvent porter sur la propriété mais
également sur l’usufruit le montant des droits est proportionnel au montant de la valeur du bien.
Les droits affairant aux actes de la vie des entreprises
Les opérations de création, fusion d'accord ou de cession d’action ou de dissolution sont soumis
à des droits de mutation à un taux proportionnel.

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IMPÔTS INTÉRIEURS DROITS DE


DOUANE
Impôts directs Impôts Droits Droit Droits de
indirects d’enregistrement fiscal douane
et de timbre d’entrée proprement
dit
Débiteur légal= le Tva Exemple : les
contribuable Taxe sur les droits
Sauf impôts retenus à la opérations d’enregistrement
source bancaires chez le notaire
Assiette= revenu du Taxes par exemple sur
contribuable spécifiques un acte notarié ;
Exemple : impôt Ce sont des Droit de timbre
cédulaire assis sur une impôts dus en sur une
catégorie de revenu cas de dépense opération de
IGR frappe tous les transfert
revenus d’argent type
orange money

B. LA CLASSIFICATION TECHNIQUE
C’est celle qui est utilisée par le code général des impôts ivoirien. Cette classification prend
appui sur des mécanismes et les modalités administratives de taxation. Elle distingue les impôts
directs des impôts indirects, les impôts réels des impôts personnels, les impôts proportionnels
des impôts progressifs, les impôts spécifiques des impôts ad valorem, les impôts analytiques
des impôts synthétiques, les impôts de répartition des impôts de quotité.
L’impôt direct est celui qui frappe directement le contribuable. La classification impôts
directs impôts indirects est la summa divisio du droit fiscal.
L’impôt réel et l’impôt personnel montrent la diversité du phénomène fiscal. L’impôt réel est
celui qui porte sur un élément lié à une situation objective sans considération de la situation
personnelle de son détenteur. Exemple : impôts fonciers, droit d’enregistrement des immeubles.
Quant à l’impôt personnel, il atteint la personne même notamment sa capacité
contributive en tenant compte de sa situation et de ses charges de famille. Exemple : impôts sur
le revenu
L’impôt proportionnel soumet la matière imposable à un taux constant alors que l’impôt
progressif applique un taux variable en fonction de la matière imposable. On considère que
l’impôt progressif réalise plus de justice fiscale, plus d’égalité par rapport à l’impôt
proportionnel puisqu’il frappe lourdement la richesse dont le montant varie.
La préférence entre l’impôt proportionnel et l’impôt progressif est à la faveur de l’impôt
proportionnel car le caractère progressif de l’impôt ne permet pas de favoriser l’investissement.
IMPOTS SPECIFIQUES ET IMPOTS AD VALOREM, IMPOTS ANALYTIQUES ET
IMPOTS SYNTHETIQUES, IMPOTS DE REPARTITION ET DE QUOTITE.

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L’impôt spécifique est calculé en multipliant un poids, un volume ou une surface de


matière imposable par une somme donnée. Cet impôt est utilisé souvent sur les droits sur
l’alcool ou encore sur les emplacements publicitaires dont le prix est calculé par mètre carré.
L’impôt ad valorem est calculé par application d’un tarif à la baisse de la matière
imposable.
L’impôt analytique et l’impôt synthétique se distinguent parce qu’ils frappent pour l’un
un élément du patrimoine (impôts analytiques) et l’autre l’ensemble du patrimoine ou encore
une situation économique dans son ensemble (impôts synthétiques). Exemple d’impôts
analytiques : l’impôt sur le revenu, l’impôt sur traitements et salaires (ITS).
L’impôt analytique est le plus souvent proportionnel.
L’impôt synthétique qui frappe une situation économique d’ensemble est plus souvent
progressif. En Côte d’Ivoire, cet impôt est appliqué à certains opérateurs économiques à partir
d’un certain montant de leur chiffre d’affaires. On considère que l’impôt synthétique est à la
fois plus neutre et plus rentable que l’impôt analytique.
L’impôt de répartition et quotité se réfèrent au taux qui est différemment apprécié.
Dans l’impôt de répartition, la loi fixe le rendement total de cet impôt à charge pour
l’administration et d’en déterminer le taux.
Dans l’impôt de quotité le taux est égal pour tous c’est-à-dire pour tous les contribuables
et fixé à l’avance par le législateur sans tenir compte du rendement qui n’est pas connu
d’avance. Dans le système fiscal en général, les impôts de quotité constituent la catégorie la
plus utilisée car la détermination du taux est un élément essentiel et décisif de l’imposition. Le
législateur fixe à l’avance le taux de la plupart des impôts avant même de chercher à savoir s’ils
sont rentables à l’application de ce taux ou encore avant même d’apprécier la mesure de la
pression fiscale globale.

C. La CLASSIFICATION ECONOMIQUE
C’est elle qui prend en compte la matière économique de l’impôt. En effet, tout impôt ou
taxe suppose que soit définie l’assiette c’est-à-dire une valeur économique à partir de laquelle
l’impôt sera calculé. Cette valeur économique est fournie dans les systèmes fiscaux
contemporains par l’un des éléments suivants : le revenu, le capital ou le patrimoine et la
dépense. Ainsi, on a les impôts sur le revenu, le capital et la dépense.
1- L’IMPOT SUR LES REVENUS OU L’IMPOSITION SUR LES REVENUS
Il s’agit d’imposer des gains acquis par les individus. Ainsi par exemple, on a pu imposer
des gains aux origines non identifiées. Exemple : impôt général sur le revenu (IGR), impôts
sur les traitements et salaires, impôts sur les sociétés.
2-L’IMPOSITION SUR LE CAPITAL
L’impôt sur le capital est celui qui pèse sur un bien consolidé dans le patrimoine de la
personne du contribuable. Cet impôt porte sur le patrimoine mobilier soit lors de ses mutations,
soit du simple fait de sa détention.

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3-L’IMPOSITION SUR LA DEPENSE


L’impôt sur la dépense est celui qui frappe un bien au moment de sa sortie du patrimoine.
En fait, il s’agit de l’impôt que l’on paye chaque fois qu’on effectue une dépense de
consommation, les dépenses d’investissements. Exemple : droit sur la TVA, droit indirect de
consommation.
Cet impôt est réputé indolore parce qu’il n’est pas directement ressenti par le
contribuable. A la différence des deux autres.

CRITÈRE DE LA SITUATION OBJECTIVE OU SUBJECTIVE


IMPÔT PERSONNEL IMPÔT RÉEL
Exemple : Impôt sur le revenu Exemple : Impôt foncier
CRITÈRE RELATIF AU TAUX
IMPOTS PROPORTIONNELS IMPOTS PROGRESSIFS
L’impôt proportionnel soumet la matière L’impôt progressif applique un taux variable en fonction de la matièr
imposable à un taux constant
Exemple : Exemple : il suffit d'appliquer le barème des impôts en Côte d'Ivoire
à 900 000 francs CFA 15% De 900 000 à 1 350 000 francs CFA 20
25%
CRITÈRE DE LA MATIÈRE IMPOSABLE
IMPÔT IMPÔT AD VALOREM L’IMPÔT ANALYTIQUE
SPÉCIFIQUE
calculé en Calculé par application d’un Frappe un élément du patrimoine
multipliant un tarif à la baisse de la matière
poids, un volume ou imposable.
une surface de Exemple : Exemple l’impôt sur traitements et salaires (ITS).
matière imposable
par une somme
donnée

Exemple : les droits


sur l’alcool

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CHAPITRE 3- LA CONTESTATION DU POUVOIR FISCAL

Comme tout pouvoir, le pouvoir fiscal est contesté. Il l’est d’autant plus que l’impôt est lourd
et paraît parfois injuste (trop d’impôts tue l’impôt ne dit-on pas ?) L’impôt peut être contesté
dans les prétoires, c’est le contentieux fiscal. Il peut l’être dans les faits. La contestation est
alors sociologique.

SECTION I : LA CONTESTATION SOCIOLOGIQUE

Le contribuable peut être tenté d’échapper à l’impôt en ne le payant pas. Dans ce cas il y a fuite
devant l’impôt. Mais le contribuable peut avoir une attitude plus subtile en faisant payer l’impôt
par quelqu’un d’autre : dans ce cas il y a répercussion de l’impôt.

SOUS- SECTION I : LA FUITE DEVANT L'IMPÔT

Quelles raisons poussent les contribuables à tenter d’échapper à l’impôt ? Quelles sont les
différentes formes de fuite ? Quelles solutions sont-elles susceptibles d’y remédier ?

PARAGRAPHE I : LES CAUSES DE LA FUITE

A- Les causes générales

❖ La résistance à la contrainte

L’impôt est par définition l’expression d’une contrainte et la tentation est grande de résister à
toute contrainte. Cette résistance est d’autant plus grande que le gain matériel peut être
important. Mais, cette résistance à la contrainte fiscale peut aussi résulter de la transformation
d’une résistance à la contrainte politique. L’impôt n’est-il pas l’expression d’un pouvoir
souverain ? Ainsi, la fuite devant l’impôt est-elle parfois auréolée d’une justification politique

❖ La morale fiscale

Pour beaucoup de personnes l’Etat est une abstraction, voler le fisc n’est donc rien. On voit mal
le lien entre les impôts payés et l’usage qui en est fait. Et même si parfois, l’on peut appréhender
ce lien, on estimera alors que la fraude compense l’injustice fiscale. Il y a donc une propension
assez naturelle à tolérer la fraude. Peu de personnes admettent que « voler l’impôt c’est voler
les autres »

A- Les causes techniques

La fuite devant l’impôt s’explique aussi par des raisons liées à l’impôt lui-même et au système
fiscal. L’excès de la pression fiscale, les failles du système fiscal peuvent expliquer le
phénomène.
❖ La pression fiscale

39
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

La pression fiscale est mesurée par le rapport de l’ensemble des prélèvements obligatoires (PO)
au PIB. Elle est appelée charge fiscale globale dans les statistiques publiées par Eurostat ou
l’OCDE (ou ratio des recettes fiscales par rapport au PIB).
L’évolution de la pression fiscale dépend de plusieurs éléments : du choix de financer la
progression des dépenses publiques par les prélèvements obligatoires, de l’évolution des bases
imposables et des taux d’imposition, de l’évolution du PIB5.
Plus l’impôt est lourd et plus ceux qui doivent le payer essayent d’y échapper d’une manière ou
d’une autre. Mais à l’époque actuelle ce que l’on craint par un excès de l’impôt ce n’est pas tant
la révolte que la fuite.

Dans son Traité d’économie politique, Jean-Baptiste Say affirmait déjà en 1803 qu’« un impôt
exagéré détruit la base sur laquelle il porte ». Mais la « courbe de Laffer » a vu sa notoriété
grandir avec le développement de l’économie de l’offre dans les années soixante-dix.6

C’est en définitive sur la base de sa fameuse courbe que LAFFER a établi que l’augmentation
de la pression fiscale augmente le rendement de l’impôt dans un premier temps, avant de le tarir
dans un deuxième temps.
Le système en lui-même comporte aussi des failles, qui, par ailleurs sont à l’origine de la fuite
des contribuables devant l’impôt.

❖ Les failles du système fiscal


Les imperfections du système, peuvent fragiliser le paiement des impôts et contribuer à irriter
les contribuables qui pourraient d’ailleurs en profiter pour échapper à l’impôt.

Paragraphe II : Les formes de la fuite

Il y a fraude fiscale quand il y a violation de la loi. Cependant, il y a évasion fiscale si la loi


n’est pas enfreinte.

A. L’évasion fiscale
.
❖ L’abstention

Certains contribuables peuvent être tentés de réduire d’eux-mêmes leur base d’imposition, soit
en réduisant légalement leurs revenus, soit en réduisant leur consommation. Cette démarche
existe, mais elle est difficile à quantifier. Cependant on peut dire qu’une infime partie des
contribuables est concernée.

❖ Les imperfections de la loi

5
Huart, Florence. « 5. La pression fiscale », Économie des finances publiques. Cours, sous la direction d’Huart
Florence. Dunod, 2016, pp. 87-102.
6
Cf. Minea, Alexandru, et Patrick Villieu. « Impôt, déficit et croissance économique : un réexamen de la courbe
de Laffer », Revue d'économie politique, vol. 119, no. 4, 2009, pp. 653-675.
40
INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Le système fiscal n’est pas parfait, c’est le moins que l’on puisse dire. Les techniques
d’évaluation de la matière imposable sont parfois rudimentaires et permettent de ce fait une
évasion fiscale. Il en va ainsi du forfait. C’est la raison pour laquelle cette technique est en voie
de disparition. L’imperfection peut provenir aussi de lacunes dans la législation fiscale. Dans
ce cas, l’évasion est favorisée puisque la loi n’appréhende pas complètement la réalité fiscale.

❖ L’évasion fiscale internationale

Certains contribuables utilisent le principe de territorialité de l’impôt, à leur profit. La


localisation des biens dans un pays fiscalement plus accueillant est une réalité. C’est même
parfois extrêmement facile : certains pays n’existent que parce qu’ils savent attirer fiscalement
les biens et les personnes. Les formes de cette évasion sont variées et nombreuses. On peut
citer, les pavillons de complaisance : le Liberia, est la première puissance maritime du monde.
On peut également citer l’installation juridique des sièges sociaux de certaines entreprises dans
des paradis fiscaux : les îles anglo-normandes ou les îles Caïmans.

B. La fraude fiscale

La fraude fiscale s’analyse toujours comme une dissimulation de la matière imposable.


Cependant cette dissimulation peut être plus ou moins élaborée.

❖ La dissimulation matérielle

Le contrebandier est l’image la plus connue de cette fraude puisqu’il cache la marchandise qu’il
ne veut pas déclarer. De la même manière, le travail au noir illustre ce type de fraude fiscale
puisque le travail sera exécuté sans facture, aucune taxe aucun impôt ne sera payé.
Enfin l’oubli volontaire de déclaration d’un revenu quelconque constitue un tel type de fraude.
Plus complexe est la dissimulation comptable.

❖ La dissimulation comptable

En jouant sur les différentes qualifications comptables il est possible d’en retirer un avantage
fiscal plus ou moins important. Ainsi, les dépenses personnelles du commerçant seront-elles
qualifiées de professionnelles. Dans une société, une partie des bénéfices pourra être «
transformée » en amortissement, les réserves en provisions. D’autres comportements relèvent
également de ce type de fraude : la double comptabilité, une comptabilité fiscale, une
comptabilité commerciale réelle : le but est de réduire les recettes et d’augmenter les frais, la
facturation de recettes inférieures à la réalité, la vente sans facture pour éviter la TVA, etc…
Enfin, il faut citer la technique des sociétés écrans : une société mère vend moins cher ses
prestations à une filiale installée dans un pays fiscalement plus intéressant, laquelle revend
ensuite au prix normal.

❖ La dissimulation juridique

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Ce type de dissimulation peut prendre deux formes :


L’opération fictive
L’exemple type d’opération fictive est celui des fausses factures qui juridiquement parlant
retracent des opérations qui matériellement n’ont jamais existé pour en retirer un bénéfice fiscal.
La fausse qualification
Une situation juridique est transformée en une autre qui est fiscalement plus intéressante. Ou
une situation de fait est improprement qualifiée juridiquement. Ainsi, une mutation à titre
gratuit sera présentée comme une mutation à titre onéreux etc. Mais l’administration fiscale
n’est pas liée par la qualification juridique donnée par le contribuable.

C’est pourquoi il existe des remèdes à la fuite devant l’impôt

Paragraphe III : Les remèdes à la fuite

On peut proposer deux types notamment la prévention et la répression.

A- La prévention

Plusieurs solutions préventives sont envisageables.

❖ La simplification fiscale

Vu que la fuite devant l’impôt est souvent due à la complexité du système fiscal, Il faudrait
donc simplifier le système. Ce qui n’est chose facile. La réforme de la fiscalité est souvent
prônée cependant on s’aperçoit bien vite qu’il est plus facile en la matière de promettre que de
réaliser. Non pas que les acteurs soient dénués de volonté, mais parce qu’il est difficile
d’entreprendre des réformes en profondeur car beaucoup d’intérêts sont en jeu.
Avec la digitalisation en cours notamment, les consommateurs comme les entreprises sont
incités par les pouvoirs publics en cote d’ivoire à opter pour la télédéclaration et le télépaiement
de leurs impôts. Cette nouvelle procédure est une forme de simplification fiscale , qui a été
introduite dans les habitudes avec la facture normalisée électronique.

❖ Le développement des conventions fiscales

La fraude fiscale étant souvent provoquée et encouragée par l’existence de paradis fiscaux,
c’est à dire d’Etats qui ne sont pas liés au nôtre par une convention fiscale et qui ont une fiscalité
avantageuse, cette fraude internationale pourrait donc être sérieusement réduite par la
conclusion des conventions fiscales. Mais là encore, la solution relève beaucoup plus du
volontarisme que du réalisme.

❖ Le renforcement des contrôles

En renforçant les contrôles on peut légitimement penser réduire la fraude fiscale. Ils peuvent
être renforcés par l’accroissement des effectifs des contrôleurs, par des plans systématiques de
vérification ou encore par des mesures visant à connaître toutes les sources de richesse, comme
l’enregistrement de toutes les ventes d’or ou encore la dématérialisation des actions ou même
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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

l’institution de factures normalisées. Cependant là encore il faut bien prendre la mesure de


l’efficacité de cette solution. D’abord, il est clair que les contrôles sont limités par principe : on
ne peut évidemment placer un contrôleur derrière chaque contribuable. Ensuite dans notre type
de société fondée sur la liberté individuelle les contrôles ne peuvent qu’être limités par principe.

❖ L’incitation au civisme fiscal

Le civisme fiscal peut être défini comme l’adhésion volontaire du bon citoyen au paiement de
l’impôt en d’autres termes, le comportement du bon citoyen qui a compris le rôle et
l’importance de l’impôt et donc accepte de payer ses impôts et qui sensibilise et invite les autres
à payer leurs impôts.

B- La Répression

Deux types de répression peuvent être signalés

❖ Les sanctions fiscales

Elles sont le fait de l’Administration fiscale ; ces sanctions sont essentiellement à caractère
pécuniaire et sont nombreuses et variées avec des caractéristiques particulières.

1. Les Formes

Le plus souvent ce sont des sanctions pécuniaires. Les indemnités de retard dans le paiement
de l’impôt constituent un exemple. Il peut s’agir aussi de majorations de droit ou enfin
d’amendes fiscales en cas d’inexactitude ou d’insuffisance ou d’omission de déclaration. Le
droit de préemption de l’Administration fiscale en matière de droits d’enregistrement constitue
un autre type de sanction. En effet si une transaction à été sous-évaluée le contribuable risque
ainsi de recevoir comme prix de celle-ci la somme qu’il a déclarée.

2. Les Caractéristiques

Les sanctions pécuniaires sont modulées par l’Administration fiscale en fonction de la bonne
foi du contribuable. Elles peuvent faire l’objet de transaction avec le fisc. Tant que la sanction
ne revêt pas un caractère définitif, la discussion peut s’instaurer. Le contribuable peut
reconnaître partiellement ses torts et l’Administration peut alors admettre le caractère excessif
de l’amende. Les deux parties vont établir une convention qui scellera l’accord. Pour les grosses
sommes, on fait intervenir le Comité du contentieux fiscal

❖ Les sanctions pénales

La répression pénale de la fraude fiscale ne concerne que les cas les plus graves. Ces sanctions
se surajoutent aux sanctions fiscales. Elles supposent la constitution du délit de fraude fiscale.
Elles sont infligées par le Tribunal correctionnel. Mais, seule l’administration fiscale peut
engager les poursuites et uniquement si des pénalités ont déjà été appliquées. En France, la loi
du 29 décembre1977 a mis en place une « Commission des infractions fiscales » qui doit être
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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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saisie par l’Administration avant tout dépôt de plainte. Elle rend un avis non motivé qui doit
être suivi. En dernier lieu, le ministre peut ne pas donner suite à la demande déposée. En
principe l’action pénale est uniquement engagée quand il y a fraude systématique et répétitive
ou fraude lourde ou encore lorsque la fraude est accompagnée d’autres délits.

SECTION II : LA REPERCUSSION DE L'IMPOT

La répercussion est le phénomène qui consiste à transférer le poids de l’impôt sur quelqu’un
d’autre. Il existe différentes formes de répercussion qui s’explique par l’existence de différents
facteurs.

Paragraphe I : Les formes de la répercussion

Plusieurs formes peuvent être distinguées.

A- Répercussion légale et répercussion de fait

❖ La répercussion légale

C’est la répercussion prévue par les textes et organisée par le législateur. Ainsi, la TVA a-t-elle
été conçue pour être répercutée de l’assujetti vers le consommateur final.

❖ La répercussion de fait

Dans d’autres cas le législateur n’a pas voulu la répercussion et pourtant elle existe en fait ou
peut exister. Il en va ainsi par exemple en matière d’impôt sur les sociétés, il peut dans certains
cas être répercuté dans les ventes. Tout dépend à la fois de la volonté du commerçant et de la
situation du marché.

B- Répercussion en aval et répercussion en amont

La charge de l’impôt peut être transférée dans les deux directions opposées : en aval ou en
amont.

❖ La répercussion en aval

Souvent la répercussion se fait du producteur au consommateur. Elle se traduit alors par le


gonflement du prix de vente. La TVA en est le meilleur exemple. Cependant, la plupart des
impôts qui frappent le circuit économique se répercutent dans ce sens.

❖ La répercussion en amont

Plus rare que la précédente, elle existe néanmoins. On peut citer l’exemple de l’imposition des
valeurs mobilières. L’impôt qui est payé par le propriétaire des titres est en réalité supporté en
partie par la société qui l’intègre dans le calcul du bénéfice distribué.
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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

C- Répercussion simple et répercussion en chaîne

❖ La répercussion simple

Lorsque la translation de la charge fiscale se fait d’une personne à une autre personne qui en
supporte la totalité, alors on peut parler de répercussion simple. Le phénomène est assez rare.

❖ La répercussion en chaîne

Dans cette hypothèse, la répercussion se renouvelle à chaque étape du circuit économique par
exemple, chaque élément de ce circuit supportant une part de l’impôt. Plus le circuit sera long
et complexe, et plus il y aura répercussion.

Paragraphe II : Les facteurs de la répercussion

On peut opposer les facteurs structurels aux facteurs conjoncturels.

A- Les facteurs structurels

❖ La forme du marché

On peut dire que plus la concurrence n’est grande et moins la répercussion est possible puisque
la concurrence vise à diminuer les prix. A l’inverse les situations de monopole favorisent la
répercussion.

❖ La situation dans le circuit économique

La répercussion n’est vraiment possible que dans les phénomènes de vente et d’achat. Plus
l’impôt est proche de la vente et plus la répercussion est possible. Ainsi, la TVA se répercute
plus facilement que l’IS.

B- Les facteurs conjoncturels

❖ L’élasticité de la demande

La demande et l’offre d’un produit peuvent être plus ou moins élastiques c'est-à-dire plus ou
moins sensibles à une variation de prix. Une élévation des prix due à une incorporation de
l'impôt ne diminuera pas sensiblement la demande des biens à l’usage desquels le
consommateur ne peut renoncer. Dans l'hypothèse d’une faible élasticité de la demande, la
répercussion est donc particulièrement aisée.

❖ L’inflation

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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L’inflation facilite la répercussion des impôts des producteurs vers les consommateurs. Il suffit
de donner un « coup de pouce » supplémentaire aux prix pour y incorporer la charge fiscale. A
l’inverse une inflation faible rend plus délicate la répercussion.

TITRE II : LA CONTESTATION JURIDIQUE : LE CONTENTIEUX FISCAL

Le contribuable peut contester la réalité de la dette fiscale devant le juge. Ce contentieux


présente de nombreuses particularités. Parmi celles-ci mentionnons en premier lieu sa division
en deux phases. L’une passe nécessairement par une réclamation devant l’Administration,
l’autre devant le juge. Mais le juge compétent, peut être soit le juge administratif soit le juge
judiciaire. C’est la deuxième particularité

SECTION I : LA PHASE ADMINISTRATIVE

Cette phase se traduit par une réclamation formulée et présentée par le contribuable. La
réclamation est ensuite examinée par l’Administration qui prendra une décision.

Paragraphe I : LA RÉCLAMATION

A- Les acteurs

❖ L'auteur

1. Principe : la réclamation est individuelle

C’est le contribuable lui-même qui doit introduire la réclamation. Un tiers peut, toutefois, se
substituer à lui. Toute personne qui introduit ou soutient une réclamation pour autrui doit
justifier, d’un mandat régulier. Il doit à peine de nullité être produit en même temps que l’acte
qu’il autorise ou enregistré avant l'exécution de cet acte.

2. Exceptions : des réclamations collectives sont possibles

Plusieurs cas se présentent :


- les contribuables imposés collectivement
- les membres des sociétés de personnes lorsqu’ils contestent des impositions à la charge de la
société
- les maires qui sollicitent, au nom de leurs administrés, un dégrèvement de la taxe foncière sur
les propriétés non bâties pour pertes de récoltes
La faculté de présenter une réclamation conjointe est ouverte, au bailleur et au preneur en
matière de calamités agricoles.

❖ Le destinataire

1. Principe

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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La réclamation doit être adressée au service des impôts dont dépend le lieu d'imposition, c’est-
à-dire :
- en matière d’impôts directs recouvrés par les comptables du Trésor, au service qui a établi le
rôle dans lequel se trouve compris l'impôt contesté
- en matière d’impôts recouvrés par les comptables de la DGI, au service auquel correspond la
recette des impôts chargée du recouvrement desdits impôts
Les réclamations font l’objet d’un récépissé adressé au contribuable

2. Sanction

Si la réclamation n'est pas adressée au service compétent mais à une autorité hiérarchique
supérieure ou à un autre service extérieur des impôts, elle ne doit pas être considérée comme
irrecevable. Il appartient au service saisi d’une telle réclamation de la transmettre au service
compétent et d’aviser le réclamant de cette transmission.

B- Le cadre

❖ Les formes

La réclamation doit être établie par écrit, sous forme d’une simple lettre sur papier libre.

❖ Les délais

Ils varient en fonction des impositions contestées.

En matière d'impôts locaux et de taxes accessoires

La réclamation doit être déposée au plus tard le 31 décembre de l’année suivant celle de la mise
en recouvrement du rôle ou de la réalisation de l’événement.
En toute autre matière fiscale

La réclamation doit être déposée au plus tard le 31 décembre de la deuxième année suivante
celle :
- de la mise en recouvrement du rôle (impôts directs établis par voie de rôle). La date de mise
en recouvrement figure sur l’avis d'imposition délivré au contribuable.
- de la notification d’un avis de mise en recouvrement (impôts perçus par les
comptables des impôts).
- du versement spontané de l’impôt contesté, lorsque ce versement n’a donné lieu,
préalablement, ni à l’établissement d’un rôle ni à la notification d’un avis de mise en
recouvrement.

C- Le contenu

1. Les différents éléments nécessaires

❖ Les mentions
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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Outre les nom et adresse de son auteur toute réclamation doit mentionner
- le ou les impôts, droits ou taxes qu’elle concerne.
- l’exposé sommaire des moyens par lesquels son auteur prétend la justifier ainsi que les
conclusions du réclamant
- le lieu d’élection de domicile pour le réclamant vivant à l’étranger
- la signature manuscrite du contribuable ou de son mandataire
Mais une réclamation non signée serait recevable si elle était accompagnée d’une lettre dûment
signée par le réclamant ou si ce dernier était un contribuable illettré ou physiquement inapte à
signer.

❖ Les pièces jointes

- l’avis d'imposition ou copie de l’avis d'imposition ou extrait de rôle, lorsqu’il s’agit d'un impôt
direct établi par voie de rôle
- l’avis de mise en recouvrement pour les impôts, droits ou taxes ayant donné lieu à la
notification d'un tel avis
- les pièces justifiant le montant de la retenue ou du paiement lorsque la demande concerne des
impôts perçus par voie de retenue à la source ou versés spontanément, sans émission préalable
d'un rôle ou d'un avis de mise en recouvrement.

2. La Sanction de l’absence d’un des éléments

Les réclamations incomplètes sont en principe irrecevables. Toutefois, certains oublis peuvent
être régularisés. C’est le cas de :
- l’absence de mention de l’imposition contestée
- l’absence d'exposé sommaire des moyens et conclusions
- le défaut de production de l’avis d'imposition, de l’avis de mise en recouvrement ou d’une
pièce s'y substituant, d’une pièce justifiant le montant de la retenue à la source ou du versement
de l’impôt contesté. Une décision de rejet ne pourra être prise que si les intéressés n’ont pas
répondu, dans un délai de trente jours, à l’invitation à régulariser leur demande.

Paragraphe II : La décision

A- la forme

❖ L’auteur

L’Administration des impôts statue sur les réclamations. En principe, le directeur départemental
des impôts a seul pouvoir de statuer sur les réclamations. Cependant, le service de base est
appelé à statuer dans de très nombreux cas par le jeu des délégations de signature.

❖ Les délais

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Le service des impôts statue sur les réclamations dans un délai fixé par le LPF (généralement
six mois suivant la date de leur présentation). En cas de difficultés, le délai pourra être rallongé.
Dans ce cas le contribuable est averti.

❖ La notification

Les décisions sont notifiées par lettre recommandée avec accusé de réception. La date de
réception sert de point de départ au délai dont dispose le contribuable pour saisir la juridiction
compétente. La lettre de notification doit reproduire intégralement les motifs de la décision,
lorsqu'il s’agit d’un rejet partiel ou total.

B- Le fond

Le directeur tranche le litige

1. Ce que peut contenir la décision

Le directeur est habilité à statuer sans limite de compétence, quel que soit le sens de la décision
prise : admission totale ou partielle, rejet. La décision doit indiquer, d’une façon sommaire, les
motifs sur lesquels est fondé le rejet total ou partiel de la demande.

2. Ce qu’elle ne peut contenir

Le directeur ne peut accorder des indemnités ou des majorations de droit. Il ne peut non plus
accorder des remboursements de frais sauf les frais d’enregistrement du mandat.

Le directeur ne tranche pas le litige

1. Le renvoi d'office au tribunal compétent

Le directeur peut s’abstenir de prendre lui-même une décision sur la réclamation et soumettre
d’office le litige au tribunal compétent.

2. Le silence

Le silence du directeur au-delà du délai prévu, vaut décision implicite de rejet. Le contribuable
est alors en droit de saisir le juge compétent.

SECTION II : LA PHASE JURIDICTIONNELLE

Paragraphe I : La compétence juridictionnelle

La compétence est répartie entre le juge administratif et le juge judiciaire dans la plupart des
pays. On note généralement une compétence réduite mais attractive du juge judiciaire (en raison
des impôts soumis à sa compétence : retrait de la TVA par exemple mais compétence pour les
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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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litiges extra-fiscaux se rattachant à l’impôt) et une compétence plus dense du juge administratif
qui est fonction de la matière de la créance. Le jeu des questions préjudicielles rogne cependant
la compétence de ce dernier.

Paragraphe II : La procédure

La procédure devant le juge administratif débute en premier ressort par l’introduction de


l’instance, l’instruction puis le jugement. Le contribuable insatisfait peut interjeter appel puis
se pourvoir en cassation. La même procédure d’instance appel et cassation est possible devant
le juge judiciaire. Cette procédure est valable notamment dans les Etats de dualité de
juridictions comme la France et dans le fond dans ceux théoriquement dualiste mais en fait
toujours dans l’unicité de juridiction comme c’est le cas de la Côte d’Ivoire.
Après cet exposé général du droit fiscal, on peut s’interroger sur la particularité du système
fiscal ivoirien.

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
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DEUXIEME PARTIE : BREVE ETUDE DU SYSTEME FISCAL IVOIRIEN


Ce système est caractérisé premièrement par l’héritage colonial des Impôts
Il est caractérisé également par la faiblesse du rendement de l’impôt, conséquence de la faibles
se du revenu d’une grande partie de la population, de la fraude, des exonérations accordées au
titre du code des investissements et de l’absence ou de l’insuffisance des cadastres en ce qui c
oncerne les impôts fonciers.
Enfin, le système ivoirien est caractérisé par la prédominance des impôts indirects et des droits
de douanes, caractéristique des pays en voie de développement.
CHAPITRE 1- LES REGIMES D’IMPOSITION ET LES IMPOTS EN VIGUEUR EN
COTE D’IVOIRE

Les régimes d’imposition ont connu une évolution passant des régimes traditionnels aux
régimes modernes et incluant de nouvelles considérations comme l’encouragement à la création
d’entreprises et à l’entreprenariat des jeunes.
Il est désormais question de :
- Régime de l’entreprenant
- Régime de la micro-entreprise
- Régime réel simplifié d’imposition (RSI)
- Régime réel normal d’imposition

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INITIATION AU DROIT FISCAL GENERAL
Dr. TANO-BIAN Jeanine

Régimes Régime de l’entreprenant Régime de Régime réel Régime


d’imposition la micro- simplifié réel normal
entreprise d’imposition
(RSI)
Taxe Taxe d’état
communale de
de l’entreprenant
l’entreprenant
Sources Article 72 à Article 71 Article 53 Article 34
84 s CGI bis CGI
Chiffre Personnes Personnes Personnes Personnes Personnes
d’affaires physiques ou physiques ou physiques physiques ou physiques
personnes personnes ou personnes ou
morales morales dont personnes morales dont personnes
réalisant le chiffre morales le chiffre morales
chiffres d’affaires dont le d’affaires dont le
d’affaires entre chiffre entre chiffre
TTC ≤ 5 5.000.001 et d’affaires 200.000.001 d’affaires
millions 50.000.000 entre et excède
50.000.001 500.000.000 500.000.000
et Francs cfa
200.000.000
Les
personnes
dont le
chiffre
d’affaire
s’abaisse en
dessous de
200.000.001
peuvent
opter pour le
régime de
micro
entreprise si
leur chiffre
d’affaire est
resté
inférieur à
cette limite
pendant 3
ans
consécutifs

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Dr. TANO-BIAN Jeanine

Calcul 2% pour les 5% du chiffre 7% du 0,5% du 25% du


activités de d’affaires chiffre chiffre chiffre
commerce ou TTC d’affaires d’affaires d’affaire
de négoce prévisionnel TTC minimum de (impôt BIC)
2.5% pour les déclaré perception Entreprises
autres types Activités de 5% 3.000.000 et de telecom
d’activités y commerce et Adhésion 500.000 pour et des tics=
compris de négoce : de les stations - 30%
prestations de taux à 4% l’entreprise service
service Adhésion de à un centre
l’entreprise à de gestion
un centre de agréé
gestion agréé
entraine
réduction des
taux de
moitié
Déclaration Au plus tard
le 15 janvier
Particularités Commerçants
artisans
façonniers
exerçant les
professions à
l’étalage,
marché
ambulant
chiffre
d’affaires
TTC ≤
1.200.000, le
conseil
municipal
peut
permettre
d’acquitter
une taxe
journalière
dont il fixe
l’assiette et la
quotité

A ces régimes, il convient d’ajouter les impôts en vigueur.

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CHAPITRE 2 : LES IMPOTS EN VIGUEUR EN COTE D’IVOIRE

A côté des impôts directs qui sont applicables tels que les Impôts et Traitements et Salaires
(ITS), l’Impôt Général sur le revenu, il y a les impôts indirects.

La fiscalité indirecte frappe les dépenses de consommation, elle est très importante en CI, quant
au nombre des impôts et à leur rendement.
Les droits d’enregistrement et de timbres frappent certains actes juridiques.
La taxe sur la valeur ajoutée

C’est un impôt indirect à paiement fractionné qui est perçu sur les transactions commerciales à
un taux unique de 18°/° sur une base hors taxe. La TVA est payée mensuellement après
déduction de la taxe acquittée sur les achats des biens et services. Le champ d’application du
droit à déduction est large et les biens exonérés sont en nombre très limités. C’est le cas
notamment des produits pharmaceutiques, des livres et journaux, des engrais, des produits
alimentaires naturels.
Nous avons la livraison des biens, c’est-à-dire la remise d'un bien meuble corporel en vertu
d’un contrat de vente ou de location, les prestations de service, les importations, les opérations
réalisées par les lotisseurs, les transports spécialisés et par assimilation les livraisons faites à
soi-même.
Sont exonérées de la TVA certaines opérations telles que la vente de timbres ou papiers timbré,
la vente de livre, les opérations des compagnies d’assurance, les produits alimentaires naturels
destinés à la consommation ; les honoraires du corps médical et paramédicales, les
enseignants…
En pratique le taux légal est différent du taux réel car la TVA est perçue sur le prix du produit
toutes taxes comprises c'est à dire TVA comprise.
La taxe sur les prestations de service
Elle est assise sur les agios et les commissions bancaires. Son taux est de 10%
Les personnes assujetties sont les banques et les établissements financiers. Elle est payée
mensuellement.
La taxe sur les contrats d’assurance
Cette taxe porte sur les conventions d’assurance ou rentes viagères conclues avec une société
ou compagnie d’assurances ou avec tout autre assureur ivoirien ou étranger. Le paiement de la
taxe est libératoire des droits d’enregistrement et de timbres. Il existe différents taux appliqués
en fonction des risques couverts.
Toutes conventions ou de rentes viagères conclus avec un assureur ivoirien ou étranger donne
lieu au paiement d’une taxe dont le taux varie selon les risques assurés (7% pour les risques de
navigation maritime, fluviale et aérienne, 25% pour l’incendie).
Sont exemptés les contrats d’assurance par les caisses mutuelles agricole, les assurances vie.
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Les droits d’accises


Il s’agit de droits spécifiques qui s’appliquent à certains produits particuliers tels que les
produits pétroliers, les boissons alcoolisées et non, les tabacs, les cartouches et le bois. Les
droits d’accises sont exigibles mensuellement.
On y insère la taxe des consommations sur les produits pétroliers
Elle frappe toutes les importations et cessions des produits pétroliers à titre onéreux réalisées
en CI, à partir de la mise à disposition pour les produits importés et la livraison pour les cessions,
le montant de la taxe est dans le prix des ventes.
Cette taxe est affectée 25% aux fonds d’entretien routier ouverts dans les livres de la BECEAO.
Il y a par ailleurs, La taxe spéciale pour la consommation d’eau
Le tarif est fixé par décret et perçu dans les mêmes conditions comme la TVA. Le produit de
cette taxe est affecté à deux comptes spéciaux du trésor, le premier pour les investissements et
le second pour le service de la dette du secteur de l’eau.
Et enfin Les taxes spéciales frappant certains produits
Ce sont les taxes sur les boissons alcoolisées : Bière : 8%, Vins : 20 %, Champagnes : 35 %. Il
y aussi la taxe sur le tabac et les cigarettes. Il y aussi une taxe sur les cartouches.

LES DROITS DE DOUANE


Les droits de douane ou fiscalité de porte, taxent les marchandises importées sur le territoire
National : c’est le droit d’entrée, et certaines marchandises exportées c’est le droit de sortie.
Dans les pays industrialisés les droits de douane ont pour fonction principale la protection de l
’économie du pays et la surveillance des exportations. Il constitue un instrument de politique é
conomique. Dans les pays en développement, la fiscalité est inversée, les droits de douane ont
un rôle fiscal important. La loi 64-271 du 1er août 1964 portant code des douanes, les droits d
e douane étant des impôts le principe est qu''ils ne peuvent être établis que par une loi mais en
pratique l'assemblée nationale délègue ces pouvoirs au président de la république
Paragraphe 1 : Les droits d’entrée
Les marchandises importées en CI, font l’objet de plusieurs impôts ; Nous avons des marchan
dises qui font l’objet de droit à vocation économique, ils varient selon l’origine du produit. Ils
peuvent varier en fonction des accords commerciaux passés entre la CI et le pays d’origine
Nous avons également les droits fiscaux qui frappent toutes les marchandises sans égard à leur
origine ou leur destination, selon un tarif unique

A. Le droit spécial d’entrée


Il est perçu sur la valeur de la marchandise au point d’entrée. La valeur retenue est celle du pro
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duit à laquelle l’on ajoute le prix du transport ou de l’assurance

B. La taxe sur la valeur ajoutée à l’importation


Elle est soumise au même régime juridique que la TVA intérieure.

C. Les taxes spécifiques


Il faut citer la taxe additionnelle sur les boissons, la taxe additionnelle sur les produits pétrolie
rs

Le droit unique de sortie (DUS)


Il est perçu lors de l’exportation des matières premières, c’est une ressource importante pour l’
Etat
Les procédures douanières
Le fait générateur des droits de douane, est le passage de la marchandise à la frontière. L’impô
t est assis sur la déclaration du contribuable.
Paragraphe 1 : Les opérations de dédouanement
La déclaration
Les marchandises pénétrant en CI par mer, par terre, ou par air doivent être conduites en doua
ne lors de leur passage à la frontière et font l’objet de deux sortes de déclaration.
La déclaration sommaire ou manifeste : pour les navires et avions. Cette déclaration est un inv
entaire général de la cargaison indiquant la nature des marchandises, le nombre de colis et leur
marque, ainsi que les lieux de chargement. Cette déclaration est complétée par une déclaration
détaillée même en cas d’exemptions des droits de douane à l’entrée et à la sortie. Les personne
s habilitées à détailler les marchandises en détail sont les personnes et services, qui ont reçu l’
agrément d’un commissaire en douane (transitaire) et les propriétaires des marchandises ; les d
éclarations doivent être écrite et signée par le déclarant
La vérification des marchandises
Le service des douanes vérifie s’il le trouve utile tout ou une partie des marchandises déclarée
s en présence du déclarant ou de son représentant, ou à défaut d’un représentant désigné d’offi
ce par le chef du bureau de douane
Paragraphe 2 : La liquidation et l’acquittement du droit de douane

D. La liquidation
Les droits de douane sont liquidés sur 3 bases :
- L’espèce : dénomination attribuée à la marchandise par le tarif des douanes. Si une marcha
ndise ne figure pas à la nomenclature des tarifs, elle est attribuée à la nomenclature la plus
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proche
- Le pays d’origine : est celui où le produit a été récolté extrait du sol ou fabriquée. Cette ori
gine doit être certaine, pour que la marchandise puisse éventuellement bénéficier de tarifs
privilégiés
- La valeur de la marchandise : à l’importation, la valeur à déclarer est le prix normal des m
archandises tel qu’il serait fixé lors d’une vente dans des conditions de pleine concurrence.
La déclaration doit être accompagnée d’une facture mais celle-ci ne lie pas le service des d
ouanes. La valeur à déclarer est le prix de la marchandise plus les frais de transports, l’assu
rance et l’emballage.
En cas de litiges sur la déclaration, l’exportateur ou l’importateur peut saisir le comité supéri
eur du tarif de douane
L’acquittement des droits
Une fois les droits liquidés, ils doivent être acquittés avant que les marchandises soient enlevé
es du territoire douanier
Le paiement peut se faire au comptant ou l’importateur peut déposer auprès du trésor une sou
mission de cautionnement annuelle.

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BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
OUVRAGES
BELTRAME Pierre, MEHL Lucien, Techniques, politiques et institutions fiscales
comparées, PUF, 1997, p.48
• BELTRAME Pierre, MELH Lucien, Sciences et techniques fiscales, PUF, 1984, p 77
• BOUVIER Michel,
• CAUDAL Sylvie, La fiscalité de l’environnement, LGDJ, 2014, p.25
• COTTERET Jean-Marie, Droit fiscal, précis Dalloz, 4è Edition, 1980, p.3
• DJE BI DJE Christine, Cours de droit fiscal, Licence III Droit, FUPA, 2017-2018
• DJEKOURI Badjo Jeannie-Elisabeth, cours de droit fiscal, Licence III Droit, FUPA,
2020-2021
• SCHMIDT Jean, L’impôt : politique et technique, Dalloz, 2ème édition, 1995, p.9.
TEXTES DE LOIS

• Constitution ivoirienne, 19 mars 2020, JORCI


• Constitution ivoirienne, 8 novembre 2016, JORCI
• Loi organique n°2014-336 du 5 juin 2014 relative aux lois de finances
• Loi n°94-201 du 08 avril 1994, annexe fiscale, article 38 (Code général des impôts
2014, p.327)
• Loi n°2001-338 du 14 juin 2001 (articles 339 et 359 Code général des impôts, page
129, 119)
• Loi n°94-201 du 08 avril 1994, annexe fiscale, article 41 (Code général des impôts
2014, p.328)
• Ordonnance n°2009-70 du 26 mars 2009 (Code général des impôts 2014, p.418)
• Ordonnance n°2006-243 du 02 août 2006, annexe fiscal, article 14-1 (Code général
des impôts 2014, pp.259-260)
• Annexe fiscale à la loi n°82-1157 du 21 décembre 1982 portant loi de finances pour
la gestion 1983 (article 27)

DECISIONS DE JUSTICE

• CE 13 novembre 1987, Syndicat national des transporteurs aériens (n°6, 57652


et 57653, Lebon p.572.)

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