Vous êtes sur la page 1sur 36

Page |1

CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE


SECRETARIAT PERMANENT
ET
INSTITUT NATIONAL DE FORMATION JUDICIAIRE
(INAFORJ)

FORMATION INITIALE DE NOUVEAUX MAGISTRATS

ETHIQUE ET DEONTOLOGIE DES MAGISTRATS

 Professeur Télesphore KAVUNDJA N. MANENO


Expert à PARJ2/
 Pascal MUKONKOLE KATAMBWA
Avocat général près la Cour de cassation
 ETIKE PANGANDO Maurice, Avocat Général
 KAJANGU NDUSHA Aurélien, Conseiller

2023
Page |2

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................4
CHAPITRE I : QUI EST MAGISTRAT EN RDC....................................................................8
Section unique : Différentes catégories des magistrats...........................................................8
Catégorie 1.........................................................................................................................10
Catégorie 2.........................................................................................................................10
Catégorie 3.........................................................................................................................10
Catégorie 4.........................................................................................................................10
Catégorie 5.........................................................................................................................10
Catégorie 6.........................................................................................................................11
Catégorie 7.........................................................................................................................11
Catégorie 8.........................................................................................................................11
Catégorie 9.........................................................................................................................11
CHAPITRE II : DEVOIRS ET OBLIGATIONS DEONTOLOGIQUES DES MAGISTRATS
...................................................................................................................................................12
Introduction...........................................................................................................................12
Section 1 : Le devoir de légalité............................................................................................12
Section 2 : Le devoir de respecter les incompatibilités.........................................................13
§ 1. Définition et principe..................................................................................................13
§ 2. Interdiction de participer à des manifestations politiques..........................................13
§ 3. Interdiction d'exercer d'autres fonctions rémunérées ou non.....................................14
§ 4. Les empêchements pour cause de parenté et d'alliance..............................................15
§ 5. Buts de ces incompatibilités.......................................................................................16
Section 3 : Le devoir de réserve............................................................................................16
Section 4 : Le devoir d'impartialité.......................................................................................18
Section 5 : Le devoir d'égalité...............................................................................................19
Section 6 : Le devoir d'intégrité............................................................................................20
Section 7 : Le devoir à l'honneur et à la dignité de fonctions de magistrat...........................20
Section 8 : Le devoir de loyauté............................................................................................23
§ 1. Notions........................................................................................................................23
§ 2. La loyauté entre les magistrats...................................................................................24
Section 9 : Le devoir de fidélité............................................................................................25
Section 10 : Le devoir de dévouement..................................................................................25
Section 11 : Le devoir de diligence.......................................................................................26
Section 12 : Le devoir de compétence professionnelle.........................................................27
Page |3

Section 13 : Le devoir d'indépendance..................................................................................28


Section 14 : Les obligations déontologiques du magistrat en tant qu'agent public de l'Etat.29
Section 15 : Les obligations déontologiques du magistrat fixées par l’observatoire de
surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle................................................32
BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................33
Page |4

INTRODUCTION GENERALE

Etymologiquement, la déontologie vient du mot grec : déontos qui signifie ce qui est
convenable, et logos qui signifie connaissance ; autrement dit la déontologie signifie la
connaissance ou la science de ce qui est convenable. La déontologie peut être définie comme
l'ensemble de règles de conduite écrites et non-écrites constitutives d'obligations
professionnelles imposées aux personnes appartenant à un groupe professionnel déterminé et
ayant trait à leurs relations internes et aux relations entretenues avec les tiers, dans l'optique
de la finalité de la profession concernée 1. Autrement dit, la déontologie est l’ensemble des
devoirs qu’impose à des professionnels l’exercice de leur métier ou encore l’ensemble des
devoirs comportementaux qui s’imposent à des professionnels 2. Pour le dire autrement, c’est
un ensemble de règles et devoirs imposés aux membres d’un corps ou d’une profession dont il
s’agit de préserver les intérêts moraux et, dès lors, la crédibilité 3. Elle s’apparente donc à un
guide de bonne conduite, à un Code de bonnes pratiques dans une profession donnée. Les
règles de déontologie sont composées, d’une part, de règles de simple confraternité et, d’autre
part, de règles plus fondamentales d’ordre moral destinées à sauvegarder l’honneur et la
dignité de la profession. Elles existent indépendamment de leur consécration dans un texte
formel.

Comme on le voit, au sens de cette définition, chaque profession a sa déontologie. C'est ainsi
qu'il existe la déontologie des médecins, infirmiers, pharmaciens, policiers, vétérinaires,
fonctionnaires de l'Etat, avocats, magistrats, etc.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les fondements d'une déontologie spécifique aux
magistrats. En effet, le magistrat dispose incontestablement des pouvoirs considérables dans
l'exercice de ses fonctions. Citons les exemples suivants :
- le magistrat du parquet peut priver une personne de sa liberté (mandat d’arrêt
provisoire), saisir des objets, perquisitionner une maison ou un bureau, classer une
plainte sans suite ;
- le juge peut condamner une personne à une peine d'emprisonnement pour une période
plus ou moins longue même à la peine de mort, mettre fin à une activité commerciale,
restaurer une personne dans ses droits, accorder ou refuser l'indemnisation d'un
dommage ;
- le juge intervient radicalement dans la vie privée, par exemple en matière de divorce,
garde d'enfants, filiation et adoption ;
- le juge des juridictions de l’ordre administratif peut suspendre ou annuler une décision
rendue par une autorité administrative ;
- le juge des juridictions de l’ordre administratif peut annuler ou confirmer une élection
des autorités politiques au niveau local, communal et urbain (tribunal administratif) ou
provincial (Cour administrative d’appel).

1
X. DE RIEMAECKER et G. LONDERS, « Déontologie et discipline », in X. DE RIEMAECKER et alii,
Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La Charte, 2000, p. 303.
2
J. JOLY-HURARD, La déontologie du magistrat, Paris, 3 -ème éd. Dalloz, 2014, p. 11.
3
E. KRINGS, « Devoirs et servitudes des membres du pouvoir judiciaire », Journal des tribunaux, 1988, p.
419.
Page |5

Comme on le voit ces pouvoirs de magistrats sont exorbitants. Mais les pouvoirs dont le
magistrat dispose de par ses fonctions ne peuvent bien entendu donner lieu à l'arbitraire. C'est
pourquoi, le magistrat doit apprendre à user de ces pouvoirs. Mais cela n'est pas suffisant. Ces
pouvoirs doivent être exercés convenablement. Les normes déontologiques auxquelles le
magistrat est soumis forment, avec les règles de procédure, les garde-fous de ces pouvoirs.
Elles doivent éviter qu'il ne soit dévoyé, dévié de son but, ou encore qu'il en soit fait un usage
abusif.

De même, le demandeur ou plaignant ou défendeur ou le prévenu ne choisit pas son juge,


alors qu'il choisit, par exemple, son avocat. Ceci implique que le justiciable doit avoir
confiance non seulement dans le pouvoir judiciaire pris dans son ensemble, mais également
dans chacun des magistrats. La détermination des règles de conduite contraignantes
auxquelles les magistrats sont soumis doit se fonder sur un examen des attentes du justiciable
par rapport au magistrat. La société démocratique attend de son magistrat naturel un effort
permanent de comportement, d’argumentation, d’écoute, bref, une légitimité professionnelle
qui obéisse à de hauts standards éthiques.

Il est nécessaire que le justiciable ne puisse douter de l'intégrité du magistrat qui examine son
dossier. Le magistrat est et doit rester au-dessus de la mêlée. Il ne peut descendre dans
l'arène. Il doit rester à distance. Il n'est pas le défenseur d'un système social, d'une classe,
d'une morale, moins encore d'une politique ou d'un régime politique. Il n'est ni policier ni
bourreau. Il ne peut examiner le dossier qui lui est soumis que conformément au droit écrit
lequel est pour lui en principe le seul guide, la seule référence, établie d'une manière
abstraite et, dès lors, en règle, à l'abri de l'arbitraire. S'il se départit de cette attitude, qui est
l'expression même de son indépendance, il perd nécessairement la confiance de ceux qui
doivent faire appel à lui ou qui comparaissent devant lui. Enfin, le magistrat doit avoir surtout
une vie personnelle irréprochable que possible. Ces éléments justifient que le magistrat puisse
avoir les règles déontologiques qui lui sont propres dont leur violation ferait l'objet des
sanctions disciplinaires spécifiques.

La déontologie trouve donc sa place au sein même du statut d'une profession dès lors que les
règles déontologiques constituent le fondement même de l'exercice de la discipline régissant
la profession. Un statut, c'est un texte qui règle la situation d'un groupe ou d'un corps, qui
organise officiellement ce corps en déterminant les droits et devoirs de chacun de ses
membres4.

En RDC, les magistrats des juridictions de l’ordre judiciaire (en ce compris les juridictions
militaires) et de l’ordre administratif (du siège ou du parquet) sont tous régis par la loi
organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et
complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 5. Ce texte règle la situation du corps
des magistrats, détermine les règles relatives à la nomination, à l’avancement et à la discipline
des membres de ce corps et précise les droits et devoirs de chacun d’entre eux. L’adoption
d’un statut propre est commandée par la nécessité de garantir l’indépendance des magistrats,

4
G. CANIVET et J. JOLY-HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, éd. Dalloz, 2004, p. 14.
5
JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
Page |6

de les protéger de toutes formes d’abus, de menaces ou d’arbitraire de la part des pouvoirs
publics, qu’il s’agisse de faveurs imméritées ou de mesures telles qu’une mutation
intempestive (déplacement), une révocation ou un retard dans l’avancement.
Le contenu de la déontologie évolue et se modifie en fonction de l'évolution de la société, ce
qui conduit souvent à qualifier la déontologie du magistrat d'imprécise. En effet, en RDC, les
différents devoirs de conduite qui s'imposent aux magistrats ont été codifiés en 2011 sous
l'appellation du Code d'éthique et de déontologie des magistrats 6. C'est dans ce Code qu'on
trouve la plupart des différents devoirs et obligations déontologiques des magistrats.

La codification des règles déontologiques du magistrat présente l’avantage pour le citoyen de


savoir exactement à quel comportement il peut effectivement s’attendre de la part du
magistrat, ce qui lui confère également certains droits sur le magistrat auquel il est confronté.
Ce peut également être rassurant pour le citoyen de savoir que le magistrat est tenu par
certains impératifs, de sorte qu’il ne doit pas craindre l’arbitraire. Cela doit contribuer à
renforcer la confiance dans les institutions judiciaires7.

Le mérite principal du Code d'éthique et de déontologie des magistrats de la RDC est d'avoir
intégré les instruments juridiques internationaux ratifiés par la République démocratique du
Congo et de s'inspirer de Codes d'éthique et de déontologie des magistrats des USA
(Californie), du Canada, de l'Afrique du Sud, de la Tanzanie, du Rwanda et de l'Ouganda tout
en tenant compte des réalités congolaises telles que contenues dans la loi portant statut des
magistrats, la loi portant organisation et fonctionnement du Conseil supérieur de la
magistrature, le règlement intérieur dudit Conseil, le Code de conduite de l'agent public de
l'Etat, d'autres différentes lois et textes réglementaires. Il s'est aussi inspiré de la Charte
européenne sur le statut des juges, le statut universel des juges 8 et la résolution de la Cour
européenne des droits de l’homme sur l’éthique et la déontologie. Enfin, le Code d'éthique et
de déontologie des magistrats de la RDC s’est appuyé sur les principes éthiques et
déontologiques de la Cour pénale internationale (CPI), les principes fondamentaux de l’ONU
sur l’indépendance des magistrats et les principes applicables au parquet.

D'autres devoirs et obligations déontologiques des magistrats sont à retrouver dans la


Constitution du 18 février 2006, dans les lois, plus précisément, la loi organique n°13/011-B
du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de
l'ordre judiciaire9, la loi organique n°16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation,
compétences et fonctionnement des juridictions de l'ordre administratif 10, la loi organique
n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par
la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 11, le décret-loi n°017/2002 du 03 octobre 2002

6
Résolution n°001/2011 du 26 mai 2011 portant adoption du Code d'éthique et de déontologie des
magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
7
G. LONDERS, « Introduction générale-La déontologie du magistrat », in Vers une nouvelle déontologie,
Colloque organisé par le Conseil supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009, p. 19 ;
8
Approuvé à l’unanimité par le Conseil Central de l’Union Internationale des Magistrats lors de sa réunion
à Taipei (Taiwan) le 17 novembre 1989.
9
JORDC, n° spécial, 4 mai 2013.
10
JORDC, n° spécial, 18 octobre 2016.
11
JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
Page |7

portant Code de conduite de l'agent public de l'Etat 12, le décret n°16/020 du 16 juillet 2016
fixant les statuts d’un établissement public dénommé Observatoire de surveillance de la
corruption et de l’éthique professionnelle « OSCEP », le Code de procédure pénale, les textes
réglementaires tels que notamment, l’ordonnance n°78-289 du 3 juillet 1978 relative à
l'exercice des attributions d'officier et agent de police judiciaire près les juridictions de droit
commun, l’arrêté d’organisation judiciaire n°299/79 du 20 août 1979 portant règlement
intérieur des cours, tribunaux et parquets, le règlement intérieur de la Cour de cassation 13 et
celui du parquet général près la Cette Cour14.

Malgré le mérite du Code d'éthique et de déontologie des magistrats de la RDC, ce Code, les
différents textes légaux et réglementaires cités n'énumèrent pas tous les règles et devoirs
déontologiques du magistrat car ils ne donnent que les grandes indications et celles-ci ne
peuvent jamais être complètes. Ils renvoient le plus souvent à des engagements éthiques, à des
devoirs non codifiés mais dont l’observation est essentielle à la profession. C'est pourquoi, la
pratique professionnelle, la jurisprudence des chambres de discipline du CSM (chambre
nationale et chambres provinciales) et la doctrine complètent davantage les règles et devoirs
déontologiques du magistrat.

Comme les règles déontologiques concernent les magistrats, on ne peut donc aborder les
règles déontologiques sans savoir qui est magistrat.

C'est pourquoi, le présent module précisera qui est magistrat en RDC (chapitre 1) et les
devoirs et obligations déontologiques des magistrats (chapitre 2).

12
JORDC, n° spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
13
Ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement intérieur de la Cour de cassation, JORDC, n°
spécial, 28 septembre 2018.
14
Règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation, JORDC, n° spécial,
23 novembre 2018.
Page |8

CHAPITRE I : QUI EST MAGISTRAT EN RDC

Section unique : Différentes catégories des magistrats

En République démocratique du Congo, tous les magistrats des juridictions de l'ordre


judiciaire (en ce compris les juridictions militaires) et parquet près ces juridictions, des
juridictions de l'ordre administratif et le parquet près ces juridictions sont régies par le même
statut des magistrats. Ainsi, l'article 2 de loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre judiciaire déclare :
"Sont magistrats :
1. Le Premier président, les Présidents et les Conseillers de la Cour de cassation ; le
Premier président, les Présidents et les Conseillers de la Haute Cour militaire ; le
Premier président, les Présidents et les Conseillers de la Cour d'appel ; le Premier
président, les Présidents et les Conseillers de la Cour militaire et de la Cour militaire
opérationnelle ; le Président et les juges des Tribunaux de grande instance ; le
Président et les juges des Tribunaux de commerce ; le Président et les juges des
Tribunaux de travail15; le Président et les juges des Tribunaux militaires de garnison ;
le Président et les juges des Tribunaux de paix ; le Président et les juges des
Tribunaux militaires de police.
2 Le Procureur général, les Premiers Avocats généraux et les Avocats généraux près la
Cour de cassation ; l’Auditeur général des forces armées, les Premiers Avocats
généraux des forces armées et les Avocats généraux des forces armées près la Haute
cour militaire ; le Procureur général, les Avocats généraux et les Substituts du
Procureur général près les Cours d’appel ; l’Auditeur militaire supérieur, les Avocats
généraux militaires et les Substituts de l’Auditeur militaire supérieur près les Cours
militaires ; le Procureur de la République, les Premiers substituts et Substituts du
Procureur de la République près les Tribunaux de grande instance ; l’Auditeur
militaire de garnison, les Premiers substituts et Substituts de l’Auditeur de garnison
près les Tribunaux militaires de garnison.

De même, l'article 26 de la loi organique n°16/027 du 15 octobre 2016 portant organisation,


compétences et fonctionnement des juridictions de l'ordre administratif 16 déclare : " Sont
magistrats des juridictions de l'ordre administratif :
1. Le Premier président, les Présidents et les Conseillers du Conseil d’Etat, le Premier
président, les Présidents et les Conseillers des Cours administratives d’appel ainsi que
les Présidents et les juges des Tribunaux administratifs ; ils sont magistrats du siège ;
2. Le Procureur Général, les Premiers avocats généraux, les Avocats généraux près le
Conseil d’Etat, les Procureurs généraux, les Avocats généraux et les Substituts du
Procureur général près les Cours administratives d’appel, les Procureurs de la
République, les Premiers substituts et Substituts du Procureur de la République près
les Tribunaux administratifs ; ils sont magistrats du ministère public".
Les juges de la Cour constitutionnelle ne sont pas régis par la loi organique n°06/020 du 10
octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique

15
Il est à remarquer que cet article a oublié les présidents et juges des tribunaux pour enfants. Ils convient
de combler rapidement cette lacune.
16
JORDC, n°spécial, 18 octobre 2016.
Page |9

n°15/014 du 1er août 201517 étant donné qu'ils sont dans un corps particulier de par leurs
compétences, leurs qualifications et leur mode de désignation 18. A ce sujet, l’article 90 de la
même loi organique déclare clairement que les dispositions du statut des magistrats ne
s’appliquent pas aux membres de la Cour constitutionnelle. De même, les magistrats du
parquet général près la Cour constitutionnelle, bien qu'étant nommés conformément au statut
des magistrats par le Président de la République parmi les magistrats de l'ordre judiciaire ou
administratif ayant au moins 15 ans d'expérience, sur proposition du CSM, ne sont pas régis
par la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 mais ils sont soumis au
statut des membres de la Cour constitutionnelle 19. A la fin de leur mandat (soit 3 ou 6 ans), ils
reviennent dans leurs offices des parquets respectifs, et à ce moment-là, ils seront régis par le
statut des magistrats.

Il convient aussi de souligner que les juges des juridictions coutumières, les juges assesseurs
des tribunaux de paix (notables coutumiers complétant le siège des tribunaux de paix en
matière civile de divorce ou autres matières lorsque l'on doit tenir compte de la coutume
locale), les juges consulaires des tribunaux de commerce (représentants des commerçants qui
complètent le siège), les juges assesseurs des tribunaux de travail (juges sociaux représentants
des employés et employeurs), les jurés siégeant dans les juridictions militaires c.à.d. les non
juristes), ne sont pas magistrats et ne sont pas régis par la loi organique n°06/020 du 10
octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique
n°15/014 du 1er août 201520.

Sur ce point, l’article 87 de la loi organique portant statut des magistrats déclare clairement
que ne sont pas magistrats au sens de la présente loi :
- les juges consulaires tels qu’établis par la loi n° 002/2001 du 3 juillet 2001 portant
organisation des tribunaux du commerce ;
- les juges assesseurs des tribunaux de travail ;
- les juges assesseurs des tribunaux de paix.

Enfin, les magistrats de la Cour des comptes ne sont pas aussi régis par la loi organique
n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par
la loi organique n°15/014 du 1er août 201521 car ils sont régis par un texte particulier22.

L'ordre hiérarchique des grades des magistrats régis par la loi organique n°06/020 du 10
octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique
n° 15/014 du 1er août 2015 (c'est-à-dire de l'ordre judiciaire et de l'ordre administratif) se
présente de la manière suivante :

17
JORDC, n° spécial, 05 août 2015.
18
Exposé des motifs de la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle, § 3, JORDC, n° spécial, 18 octobre 2013.
19
Articles 12 et 13 alinéas 2 et 3 de la loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour constitutionnelle, JORDC, n° spécial, 18 octobre 2013.
20
JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
21
JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
22
Loi organique n°18/024 du 13 novembre 2018 portant composition, organisation et fonctionnement de la
Cour des comptes, JORDC, n° spécial, 24 novembre 2018.
P a g e | 10

Catégorie 1

- Premier président de la Cour de cassation


- Procureur général près la Cour de cassation
- Premier président du Conseil d’Etat
- Procureur général près le Conseil d’Etat
- Premier président de la Haute Cour militaire
- Auditeur général des Forces Armées

Catégorie 2

- Président de la Cour de cassation


- Premier avocat général près la Cour de cassation
- Président du Conseil d’Etat
- Premier avocat général près le Conseil d’Etat
- Président de la Haute Cour militaire
- Premier avocat général des Forces Armées

Catégorie 3

- Conseiller à la Cour de cassation


- Avocat général près la Cour de cassation
- Conseiller au Conseil d’Etat
- Avocat général près le Conseil d’Etat
- Conseiller à la Haute Cour militaire
- Avocat général des Forces Armées

Catégorie 4

- Premier président de la Cour d’appel


- Procureur général près la Cour d’appel
- Premier président de la Cour administrative d’appel
- Procureur général près la Cour administrative d’appel
- Premier président de la Cour militaire
- Auditeur militaire supérieur

Catégorie 5
- Président de la Cour d’appel
- Avocat général près la Cour d’appel
- Président de la Cour administrative d’appel
- Avocat général près la Cour administrative d’appel
- Président de la Cour militaire supérieur
- Avocat général militaire
P a g e | 11

Catégorie 6

- Conseiller à la Cour d’appel


- Substitut du procureur général près la Cour d’appel
- Conseiller à la Cour administrative d’appel
- Substitut du procureur général près la Cour administrative d’appel
- Conseiller à la Cour militaire
- Substitut de l’auditeur militaire supérieur

Catégorie 7

- Président du tribunal de grande instance


- Procureur de la République
- Président du tribunal administratif
- Procureur près le tribunal administratif
- Président du tribunal de commerce
- Président du tribunal du travail
- Président du tribunal pour enfants
- Président du tribunal militaire de garnison
- Auditeur militaire de garnison

Catégorie 8

- Juge du tribunal de grande instance


- Premier substitut du procureur de la République
- Président du tribunal de paix
- Premier substitut du procureur près le tribunal de paix
- Juge du tribunal de commerce
- Juge du tribunal de travail
- Juge du tribunal pour enfants
- Juge du tribunal administratif
- Premier substitut du procureur près le tribunal administratif
- Juge du tribunal militaire de garnison
- Premier substitut de l’auditeur militaire de garnison

Catégorie 9

- Juge du tribunal de paix


- Substitut du procureur de la République près le tribunal de paix
- Substitut du procureur de la République
- Substitut du procureur de la République près le tribunal administratif
- Juge du tribunal militaire de police désigné parmi les juges du tribunal militaire de
garnison par le Premier président de la Cour militaire
- Substitut de l’auditeur militaire de garnison.
P a g e | 12

CHAPITRE II : DEVOIRS ET OBLIGATIONS DEONTOLOGIQUES DES


MAGISTRATS

Introduction

Les devoirs du magistrat apparaissent comme des règles de conduite, des valeurs qui
s’imposent à lui et qu’il doit constamment développer. En effet, le magistrat des juridictions
de l’ordre judiciaire ou des juridictions de l'ordre administratif joue un rôle principal et
essentiel dans la distribution de la justice ; il a pour tâche de dire le droit dans différents
litiges (affaires) qui lui sont soumis ; sa mission est donc noble et délicate, puisque devant
juger ses semblables. Cette mission peut être examinée sur les points suivants: le devoir de
légalité (section 1), le devoir de respecter les incompatibilités (section 2), le devoir de réserve
(section 3), le devoir d'impartialité (section 4), le devoir d'égalité (section 5), le devoir
d'intégrité (section 6), le devoir à l'honneur et à la dignité de ses fonctions (section 7), le
devoir de loyauté (section 8), le devoir de fidélité (section 9), le devoir de dévouement
(section 10), le devoir de diligence (section 11), le devoir de compétence professionnelle
(section 12), le devoir d'indépendance (section 13) et ses obligations déontologiques en tant
qu'agent public de l'Etat (section 14).

Section 1 : Le devoir de légalité

Il est prévu par l’article 5 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des
magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 qui
déclare que le magistrat n’entre en fonction qu’après avoir prêté verbalement ou par écrit,
devant la juridiction à laquelle il est affecté, le serment : « je jure de respecter la Constitution
et les lois de la République démocratique du Congo (…) ».

Il s’agit d’un devoir de se soumettre aux exigences de la loi car le magistrat ne peut s’abstraire
des exigences de légalité qu’il formule pour les autres. Le devoir de légalité comprend celui
de se soumettre aux prescriptions constitutionnelles et celui d’appliquer la loi.

S’agissant du devoir de se soumettre aux prescriptions constitutionnelles, il convient de


souligner que par ordre du constituant, le magistrat des juridictions de l’ordre judiciaire est
protecteur de la liberté individuelle. A ce sujet, l’article 17 alinéas 1 er à 3 déclare : « la liberté
individuelle est garantie. Elle est la règle, la détention l’exception. Nul ne peut être poursuivi,
arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de la loi et dans les formes qu’elle prescrit. Nul ne
peut être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constitue pas une infraction au
moment où elle est commise et au moment des poursuites ». Cela signifie que le magistrat a
l’obligation de respecter la liberté individuelle, il ne peut autoriser la détention qu’à titre
exceptionnel. Il lui est donc interdit de procéder ou d’autoriser les arrestations ou détentions
arbitraires ou illégales. Le magistrat qui viole ce devoir pourrait faire l’objet de poursuites
disciplinaires.

S’agissant du devoir d’appliquer la loi, il oblige le magistrat de respecter la loi pénale que
civile. Le magistrat est impérieusement tenu d’appliquer la loi, sous peine de forfaiture. Si le
P a g e | 13

magistrat, dans son for intérieur, réprouve formellement le principe d’une loi, s’il ne se sent
pas la force de rester son strict applicateur, il lui incombe de donner sa démission 23. Il s’ensuit
que constitue une faute disciplinaire le fait de s’affranchir (violer) délibérément,
grossièrement ou par la négligence des exigences légales.

Section 2 : Le devoir de respecter les incompatibilités

§ 1. Définition et principe

Les incompatibilités constituent un empêchement pour un magistrat d’accepter ou d’exercer


d’autres fonctions publiques ou privées rémunérées car il doit se consacrer entièrement à ses
fonctions et éviter tout conflit entre les exigences de sa profession et les poursuites d'intérêts
incompatibles. La fonction de magistrat est incompatible avec l’exercice d’un mandat
politique quelconque car le magistrat risque d’abuser de sa fonction et de son autorité pour
satisfaire un intérêt purement électoral au dépend de son indépendance à l’égard de ses
électeurs. Il est imposé au magistrat une neutralité politique de nature à lui éviter des
soupçons de partialité et de dépendance dans l’élaboration des décisions.

§ 2. Interdiction de participer à des manifestations politiques

Le magistrat doit être au-dessus de tout soupçon. C’est dans ce but qu’il lui est généralement
interdit de se livrer à des manifestations d’hostilité contre le Gouvernement ou à des
manifestations de soutien à un Gouvernement ou à la participation à des réunions, congrès,
défilés, meetings, propagandes électorales des partis politiques 24(PPRD, UMP, UDPS, UNC,
MLC, PALU, MCR, AFDC, MPR, RCD, FONUS, Sauvons le Congo, Rassemblement des
Forces politiques et sociales acquises au changement, Dynamique de l'opposition, G7, G14,
Front pour le respect de la Constitution, Ensemble, Front commun pour le Congo FCC,
Lamuka, Cap pour le changement CACH, Union sacrée de la Nation, etc.).

Toutefois, dans le respect d’un Etat de droit qui garantit la liberté d’expression et le droit de
grève, le magistrat peut participer à une manifestation dans le cadre de son syndicat des
magistrats ou autre organisation de magistrats pour dénoncer un dysfonctionnement
(intimidation ou arrestation de la part du service des renseignements ou grève pour réclamer
un salaire décent) qui pourrait porter atteinte au fonctionnement normal de la justice. Le
magistrat qui bénéficie du droit de se syndiquer s’exprime librement dans le cadre syndical.
Toutefois, de tels engagements pourront donner lieu à sanction s’ils ont pour conséquences,
de la part du magistrat, un absentéisme exagéré, du retard pris dans l’exécution des tâches
juridictionnelles ou plus gravement encore, une indifférence avérée aux intérêts du service
public de la Justice. En cas de manifestation, il serait sage que cela se passe au Palais de
Justice car il ne serait pas indiqué que les magistrats s'expriment dans la rue comme les
justiciables ordinaires.

23
R. WARLOMONT, Le magistrat. Son statut et sa fonction, Bruxelles, éd. Ferdinand Larcier, 1950,
n°213, p. 74.
24
T. KAVUNDJA N. MANENO, L’indépendance et l’impartialité du juge en droit comparé belge, français
et de l’Afrique francophone, Vol. II. L’impartialité du juge, Thèse de doctorat en droit, Faculté de Droit,
U.C.L., Louvain-la-Neuve, 2005, pp. 597-600.
P a g e | 14

§ 3. Interdiction d'exercer d'autres fonctions rémunérées ou non

Les fonctions de magistrat sont incompatibles avec toute fonction ou charges publiques
rémunérées, d'ordre politique ou administratif, les charges de notaire, d'huissier de justice,
d'avocat, prêtre ou pasteur25, iman, de conseiller juridique d'un cabinet ministériel ou
d'entreprise, toute espèce de commerce. Les fonctions de magistrat sont incompatibles avec
toute activité professionnelle salariée ou non, dans le secteur public ou privé. Cela implique
que le magistrat ne peut être un agent d'affaire ou participer au Conseil d'administration ou de
surveillance de sociétés commerciales ou d'établissements industriels ou commerciaux. Aucun
magistrat ne peut directement ou indirectement exercer un commerce quel qu'il soit 26. Aucun
magistrat ne peut être membre ou référendaire de la Cour constitutionnelle, sauf après sa mise
en disponibilité.

Si le magistrat souhaite exercer une activité publique ou privée autre que celle de magistrat,
il doit obtenir la mise en détachement ou la mise en disponibilité. Le détachement est la
position du magistrat qui est autorisé à interrompre provisoirement ses fonctions pour prester
ses services au sein d’administrations, institutions ou organismes officiels autres que ceux qui
dépendent du Pouvoir judiciaire. Le détachement est accordé par les premiers présidents de la
Cour de cassation, du Conseil d’Etat ou les procureurs généraux près ces juridictions, selon
qu’il s’agit d’un magistrat du siège ou du parquet, pour une durée qui ne peut excéder trois
ans. Toutefois, le détachement peut être renouvelé une seule fois27.

La disponibilité est la position du magistrat qui interrompt ses services, pour convenances
personnelles ou pour une cause indépendante de sa volonté, ou qui est autorisé à les
interrompre dans l’intérêt du service. La disponibilité est prononcée soit d’office, soit à la
demande du magistrat, par le Président du Conseil supérieur de la magistrature. La
disponibilité à la demande du magistrat ne peut être accordée que dans les cas suivants :
- pour l’exercice des fonctions politiques ou électives incompatibles avec sa profession. Dans
ce cas, la durée de la disponibilité correspond à celle de la fonction politique ou du mandat
électif ;
- pour effectuer des études ou des recherches en République démocratique du Congo ou à
l’étranger présentant un intérêt général pour le pays. Dans ce cas, la durée de la disponibilité
ne peut excéder cinq ans ; néanmoins, cette durée est renouvelable une fois. La disponibilité
sollicitée pour raison d’études ne peut être accordée qu’au magistrat ayant acquis une
ancienneté de trois ans au moins dans la carrière. Elle ne peut être accordée à un magistrat qui
fait l’objet d’une procédure disciplinaire ;
- pour des raisons sociales :
25
X. DE RIEMAECKER et G. LONDESRS, "Le régime des incompatibilités", in X. DE RIEMAECKER et
alii, Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La Charte, 2000, p. 135 ; R. WARLOMONT, Le
magistrat. Son statut et sa fonction, Bruxelles, éd. Ferdinand Larcier, 1950, n° 363, p. 91.
26
Articles 65 et 66 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015;
article 12 de la résolution n°001/2011 du 26 mai 2011 portant adoption du Code d'éthique et de
déontologie des magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
27
Article 33 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
P a g e | 15

 dans le cas où le magistrat accompagne son conjoint en mutation ;


 dans le cas où le magistrat accompagne son conjoint ou son enfant mineur dans un lieu
d’hospitalisation ou de traitement en République démocratique du Congo ou à
l’étranger.
 Dans ce cas, la durée de la disponibilité ne peut excéder un an28.

Il y a lieu de noter que le Président du Conseil supérieur de la magistrature (le président de la


Cour constitutionnelle) peut, dans certains cas particuliers, autoriser le magistrat à dispenser
les enseignements dans une université publique ou privée ou dans un institut supérieur 29. De
même, le chef de juridiction ou d’office de parquet peut accorder provisoirement cette
autorisation, à condition d’en informer le Conseil supérieur de la magistrature. Dans pareil
cas, les incompatibilités n’existent plus. Il s'agit, d'une part, de l'exercice de certaines
fonctions de professeur, chargé de cours, chef de travaux et assistants. Pour les recherches
scientifiques (par exemple publier des articles scientifiques), l’autorisation n’est pas requise.
C’est ainsi que le magistrat peut, sans autorisation préalable, se livrer à des activités
scientifiques, littéraires, artistiques, sportives ou récréatives si de telles activités ne portent pas
atteinte à son impartialité, à sa dignité ou à l’efficacité de ses devoirs judiciaires 30.

§ 4. Les empêchements pour cause de parenté et d'alliance

Les incompatibilités ne concernent pas seulement le cumul d'activités mais également les
causes d'empêchement fondées sur les rapports de parenté ou d'alliance. Il ressort de
l’interprétation des articles 696 à 703 du Code de la famille que sont qualifiés parents en RDC
: le père, la mère, le frère, le cousin, le grand-père, la grand-mère, l’oncle, tante, etc.
L’interprétation des articles 705 à 711 du même Code montre que sont considérés comme
alliés : la femme ou le mari, la belle-mère, le beau-père, la belle-sœur, le beau-frère, etc. Le
terme parenté doit s’entendre au sens large, il implique aussi le lien découlant de l’adoption 31.

L'article 69 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle
que modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 prévoit que les
magistrats parents ou alliés jusqu'au troisième degré, en ligne directe ou collatérale, ne
peuvent siéger dans une même affaire. De manière concrète, lorsque le juge appelé à siéger
dans l'affaire se trouve dans cette hypothèse, il soit se déporter. C'est le cas notamment
lorsqu'on trouve dans la composition du siège un représentant du ministère public et juge qui
sont mariés. C'est ainsi que la récusation d'un juge peut être ordonnée au motif qu'il était l'allié
de l'officier du ministère public qui était intervenu dans la phase de l'instruction préparatoire
ou préjuridictionnelle. Il appartiendra ainsi au juge qui se trouve dans ses conditions de se
déporter au risque de faire l'objet des poursuites disciplinaires.

28
Articles 36 et 38 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
29
Article 67 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
30
Article 13 du Code d'éthique et de déontologie des magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
31
X. DE RIEMAECKER, « Déontologie et discipline », in X. DE RIEMACKER et alii, Statut et déontologie
du magistrat, Bruxelles, éd. La Charte, 2000, p. 320.
P a g e | 16

Même si l'article 49 de la loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,


fonctionnement et compétence des juridictions de l'ordre judiciaire ne l'a pas expressément
prévu, lorsque les liens d'alliance unissent deux magistrats qui interviennent dans la même
affaire (le mari, substitut du procureur de la République, et l'épouse, juge au tribunal de
grande instance, intervenant dans la même affaire, ou encore le représentant du ministère
public auquel la cause a été communiquée est le conjoint de l'un des magistrats composant la
formation du jugement), cela peut constituer une cause d'incompatibilités appelée à connaître
de l'affaire.

§ 5. Buts de ces incompatibilités

Le but de ces incompatibilités n'est pas seulement d'obliger les magistrats à être entièrement
disponibles à leurs fonctions mais surtout c'est d'éviter toute subordination extérieure qui
risquerait d'entraver leur indépendance d'esprit et de compromettre leur liberté de
jugement32. La méconnaissance d'incompatibilités est d'ordre public et peut être invoquée à
tout moment de la procédure (avant, pendant et après l'audience) et attaquée par toutes les
voies de droit y compris le pourvoi en cassation, contrairement à la récusation qui ne peut être
soulevée qu'avant la clôture des débats.

Section 3 : Le devoir de réserve

Cette obligation est proche des incompatibilités. L'obligation de réserve est prévue par les
articles 24 à 26 du Code d'éthique et de déontologie des magistrats 33. Ainsi, aux termes de
l'article 24 de ce Code : "le devoir de réserve interdit au magistrat toute attitude, toute
déclaration verbale ou écrite, susceptible de mettre en cause l’impartialité et la dignité
attachées à sa fonction".

De même, l’article 15 alinéa 2 de l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant


règlement intérieur de la Cour de cassation34 prévoit que le magistrat de la Cour de cassation
est tenu à l’obligation de réserve et s’interdit de prendre une quelconque position publique
ou de donner des avis sur des questions ayant fait ou susceptibles de faire l’objet du délibéré
de la Cour. Il s’abstient de mentionner sa qualité dans tout document à caractère publicitaire
ou commercial. Cette disposition a été reprise par l’article 25 alinéa 2 du règlement intérieur
du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation35.

Le devoir de réserve est une notion construite sur la conception que certaines fonctions sont
assurées par des personnes dont il faut préserver l’image d’impartialité et de neutralité en
raison de la confiance qu’elle doive inspirer au public 36. Le devoir de réserve peut être
32
R. PERROT, Institutions judiciaires, Paris, 12ème éd. Montchrestien, 2012, n° 402, p. 316 ; G. DE
LEVAL et F. GEORGES, Droit judiciaire Tome 1 : Institutions judiciaires et éléments de compétence,
Bruxelles, 2 ème éd. Larcier, 2014, n° 257-258, p.210.
33
Résolution n°001/2011 du 26 mai 2011 portant adoption du Code d'éthique et de déontologie des
magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
34
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
35
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
36
P. LAMBERT, « Le devoir de réserve et les notions voisines » in Le devoir de réserve : l’expression
censurée ? Actes de la table ronde organisée par l’Institut d’Etudes sur la Justice du 17 octobre 2003 ,
Bruxelles, éd. Bruylant, 2004, pp. 9-19, spécialement p. 15 ; M. VERDUSSEN, « Le devoir de réserve au
P a g e | 17

entendu comme étant celui par lequel les magistrats ne peuvent faire aucun commentaire ou
tenir aucun propos concernant une affaire qu’ils sont appelés à juger ou qui leur est soumise.
L’exigence d’impartialité ne permet pas au juge de commenter les dossiers dont il a à
connaître37.

Le but du devoir de réserve est de préserver la dignité et l’impartialité du magistrat. Celui-ci


est tenu à une réserve particulière dans la mesure où il lui incombe de préserver la confiance
du public en la Justice38. En effet, le magistrat prend souvent connaissance lors d'une enquête
ou dans le cadre d'une procédure, de renseignements confidentiels, intimes ou protégés. Il ne
rendra pas ces informations publiques, à l'exception des éléments qui lui sont nécessaires pour
appuyer sa décision. Si le justiciable veut se confier au juge, il lui faut pouvoir compter sur un
strict respect de la confidentialité. Il incombe à tout magistrat d’observer une réserve
rigoureuse et d’éviter tout comportement de nature à entraîner le risque que son impartialité
puisse être mise en doute et que puisse être, de ce fait, atteinte l’autorité de l’institution
judiciaire.

Le devoir de réserve impose au magistrat de s'exprimer de façon prudente et mesurée, et de


s'abstenir de toute expression outrancière qui serait de nature à douter de son impartialité ou
à porter atteinte au crédit et à l'image de l'institution judiciaire et des magistrats ou
susceptible de donner de la justice une image dégradée ou partisane 39. Le devoir de réserve
du magistrat lui fait l’obligation de mesurer les mots et la forme dans laquelle il les exprime,
la publicité qu’il leur donne, et dans sa conduite générale de s’abstenir d’accomplir tout acte
qui puisse rendre difficile le fonctionnement du service.

Certes le magistrat dispose de la liberté d’expression, de croyance, d’association, de réunion


et syndicale. Toutefois, dans l’exercice de ces droits, il se conduira toujours de sorte à
préserver la dignité et l’impartialité de la fonction judiciaire 40. Aussi, il est interdit au
magistrat de (d') :
- prononcer des discours au nom d’une organisation politique ;
- arborer des insignes d’un parti politique ;
- prendre part à des réunions politiques publiques et participer publiquement à des débats
politiques hormis ceux qui concernent le fonctionnement de la justice ;

regard de la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’homme », in Le devoir de réserve :


l’expression censurée ? Actes de la table ronde organisée par l’Institut d’études sur la justice du 17 octobre
2003, Bruxelles, éd. Bruylant, 2004, pp. 21-31, spécialement p. 22.
37
X. DE RIEMAECKER et G. LONDERS, « Déontologie et discipline », in X. DE RIEMAECKER et alii,
Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La Charte, 2000, p. 351.
38
M. DELOS et M. DOM, « La réserve du magistrat : qu’en faire ? », in Vers une nouvelle déontologie,
Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil supérieur de la justice, Bruxelles, éd.
Bruylant, 2009, p. 99.
39
X. DE RIEMAECKER et G. LONDERS, « Déontologie et discipline », in X. DE RIEMAECKER et alii,
Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La Charte, 2000, p. 352 ; G. CANIVET et J. JOLY-
HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, éd. Dalloz, 2004, pp. 88-89 ; G. CANIVET, "La
conception française de la déontologie des magistrats", in D. SALAS et H. EPINEUSE (direction),
L'éthique du juge : une approche européenne et internationale, Paris, éd. Dalloz, 2003, p.109.
40
Article 25 de la résolution n°001/2011 du 26 mai 2011 portant adoption du Code d'éthique et de
déontologie des magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
P a g e | 18

- signer des pétitions à caractère politique et solliciter des contributions financières pour des
organisations politiques41.
Enfin, le devoir de réserve suppose qu'en dehors de l'exercice de ses fonctions, le magistrat
ne fasse pas valoir sa qualité de magistrat à l'égard des tiers, sauf lorsqu'il y est obligé par la
loi. Cela se justifie par le fait que ce tiers peut rapidement avoir le sentiment de faire l'objet de
pressions ou il peut voir, même à tort, dans l’indication expresse de la fonction une invitation
du magistrat à lui réserver un traitement de faveur 42. Le devoir de réserve doit permettre
d’opérer une distinction nette entre, d’une part, le magistrat en fonction et, d’autre part, la
personne privée qui participe à la vie sociale.

Section 4 : Le devoir d'impartialité

Ce devoir est proche du celui de réserve. Il est prévu par les articles 6 à 13 du Code d'éthique
et de déontologie des magistrats, l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre
2018 portant règlement intérieur de la Cour de cassation 43 et par l’article 25 in fine du
règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation 44. La
Cour suprême de justice faisant office de la Cour de cassation a dit qu’outre la compétence
technique, la fonction du magistrat exige de nombreuses qualités morales, notamment
l’indépendance, l’impartialité, l’honneur et la probité45.

L’impartialité est la garantie essentielle d’un procès juste et équitable. Elle implique que le
magistrat aborde les parties sans préjugés et qu’il ne fonde pas son jugement sur des
connaissances ou convictions personnelles. Elle concerne non seulement la décision elle-
même mais aussi le processus qui a conduit à cette décision. Ce devoir oblige le magistrat à
veiller à ce que l'impartialité se reflète dans l’exercice de ses fonctions. Il les exerce sans
favoritisme ni parti pris. Il doit faire preuve d’objectivité et se prémunir notamment de
l’influence de son milieu, de sa culture, de ses préjugés et de ses conceptions religieuses,
ethniques ou philosophiques comme de ses opinions politiques.

En effet, l'appartenance du magistrat à une religion, ethnie, clan ou à son milieu cède le pas
devant les exigences supérieures que sont l'impartialité, l'obligation de ne pas négliger son
activité professionnelle ou encore le devoir de prudence à l'égard de toute attitude susceptible
d'altérer le crédit et l'image de la justice.

Ainsi, le juge ne siègera dans aucune cause où pour des motifs évidents son impartialité
risquerait d’être mise à mal. Il doit, sans attendre une éventuelle récusation, se déporter
chaque fois qu’il s’estime incapable de juger en toute impartialité ou qu’il soupçonne
l’existence d’un conflit d’intérêts. Le magistrat est tenu de s'abstenir lorsque l'identité des
41
Article 26 de la résolution n°001/2011 du 26 mai 2011 portant adoption du Code d'éthique et de
déontologie des magistrats, JORDC, n° spécial, 09 janvier 2013.
42
M. DELOS et M. DOM, « La réserve du magistrat : qu’en faire ? », in Vers une nouvelle déontologie,
Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil supérieur de la justice, Bruxelles, éd.
Bruylant, 2009, p. 105.
43
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
44
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
45
CSJ, 5 juillet 1994, Société Art et Decor SPRL c/ Magistrats Lwamba Bintu et Mbie Morwa et Shimatu
Kamena et la RDC, RPP 30, Revue analytique de jurisprudence du Congo, volume II, 1997, pp. 15-21.
P a g e | 19

parties en question ou l'enjeu du litige peut ne fût-ce que créer l'impression que le magistrat
pourrait avoir un intérêt direct ou indirect dans l'aboutissement du litige. Ainsi, constitue un
comportement contraire au devoir d'impartialité le fait pour un magistrat, de ne pas se
déporter dès lors qu'il entretenait ou avait entretenu des relations avec une des parties en
litige; le fait de prendre les décisions de poursuite ou de classement sans suite dans des
procédures mettant en cause des personnes avec lesquelles le magistrat était en relation
d'affaires; le fait d'entretenir des relations personnelles six mois durant, avec une personne
faisant l'objet de poursuites pénales et avec ses proches et de suivre personnellement le
dossier le concernant. Il en est de même d'un magistrat qui a noué puis poursuivi, durant plus
de quinze ans, des relations de proche amitié avec un homme d'affaires aux fréquentations
douteuses et qui a obtenu de lui, outre diverses manifestations ostensibles de générosité, des
remises d'argent qui n'ont été constatées dans aucun acte, n'étaient assorties d'aucune
condition ni intérêt et n'ont fait l'objet d'aucun remboursement.

Le magistrat, dans l’exercice de ses fonctions, doit éviter tout conflit d’intérêts ainsi que toute
situation susceptible d’être perçue comme telle. Constitue un conflit d’intérêts toute situation
d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à
compromettre ou paraître compromettre l’exercice indépendant, impartial et objectif de la
fonction de magistrat46. Le magistrat n'a pas le droit d'utiliser ses fonctions pour octroyer à
certaines personnes un avantage direct.

Le magistrat doit veiller à ce que sa conduite, dans et hors l’exercice de ses fonctions,
maintienne et augmente la confiance du public, du barreau et des plaideurs vis-à-vis de
l’appareil judiciaire, de façon à prévenir au maximum les demandes de récusation.

Le rôle actif du magistrat à l'audience n'implique pas qu'il puisse interrompre les plaideurs à
tort et à travers, laisser transparaître son approbation ou sa désapprobation ou
communiquer ses propres conceptions.

Section 5 : Le devoir d'égalité

Ce devoir est proche d'impartialité. Il est prévu par les articles 17 à 19 du Code d'éthique et
de déontologie des magistrats. Le magistrat doit assurer l’égalité des justiciables devant la
justice et dans l’application de la loi. Il exerce ses fonctions en garantissant à toutes les parties
concernées le traitement dénué de toutes considérations discriminatoires. Ainsi, le magistrat
doit garantir l’égalité de tous dans l’exercice de ses fonctions. Il doit s’abstenir de toute
discrimination fondée notamment sur l’origine, la race, le sexe, la religion, l’ethnie, les
convictions politiques, philosophiques ou d’autres considérations liées à la personne. Il doit
s’abstenir de tout commentaire ou comportement discriminatoire envers toutes les parties. Il
doit, veiller à empêcher le personnel placé sous son autorité ou sous son contrôle toute
pratique discriminatoire envers quelque personne que ce soit.

Lorsque le magistrat examine les affaires qui lui sont confiées, il traite toutes les parties
concernées sur un pied d'égalité, sans préjugés, quels que soient leur origine, race, peau,
sexe, religion, l’ethnie, clan, province, territoire, secteur, chefferie, localité, village, les
46
J. JOLY-HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, 3 ème éd. Dalloz, 2014, p. 39.
P a g e | 20

convictions religieuses, politiques, philosophiques ou d’autres considérations liées à la


personne.

Section 6 : Le devoir d'intégrité

C’est le devoir le plus important du magistrat. Il est prévu par l’article 27 alinéa 1 er de la loi
organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et
complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015, les articles 14 à 16 du Code
d'éthique et de déontologie des magistrats, par l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20
septembre 2018 portant règlement intérieur de la Cour de cassation 47 et par l’article 25 in fine
du règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation48.

L’intégrité est l’expression d’une probité et d’une honnêteté absolues en ce qu’elle fait
référence à l’honneur et à la haute moralité essentiellement attachés à la fonction du
magistrat. Elle est le socle de toutes les valeurs déontologiques et le fondement de la
confiance en la justice que le magistrat a le devoir de promouvoir. La probité du magistrat
s’entend de l’exigence générale d’honnêteté. La règle de principe, en la matière, est que tout
magistrat doit présenter dans son comportement la rigueur morale et faire montre de la
probité sans lesquelles il n’est pas convenable d’exercer les fonctions juridictionnelles. Il doit
avoir une conduite qui lui vaut respect et considération du public et qui suscite la confiance
en la justice.

Le devoir d’intégrité concerne aussi bien son activité professionnelle que sa conduite dans la
vie privée car il n’est pas un citoyen quelconque. En effet, le magistrat doit, tant dans sa vie
publique que privée, s’abstenir de tout acte d’improbité et d’immoralité. Il ne doit accepter,
directement ou indirectement, aucun cadeau, avantage, privilège ou récompense de nature à
influencer, de quelque façon que ce soit, l’exercice de ses fonctions. De ce fait, il doit avoir
des qualités morales tels que l’honnêteté, la dignité, le prestige, l’impartialité et l’intégrité
car il représente la conscience juridique moyenne de la société, à l’instar de tout juriste.

Il s’abstiendra, enfin, de solliciter toute intervention indue notamment en ce qui concerne une
mutation, affectation, une nomination ou une promotion personnelle tendant à obtenir un
avantage pour lui-même ou pour autrui. Bref, il est exigé du magistrat la droiture.

On attend du magistrat qu'il soit modeste et modéré, probe, délicat, patient, discret, bref qu'il
soit honnête homme, tout ce qui vise à réaliser la perfection de l'homme dans le travail, par le
travail et au-delà du travail... car la vertu ne s'arrête pas au seuil du domaine intime.

Section 7 : Le devoir à l'honneur et à la dignité de fonctions de magistrat

Il est prévu par les articles 5, 27 alinéa 1er et 46 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre
2006 telle que modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 portant
statut des magistrats. L'article 5 de la loi organique précitée prévoit que le magistrat n'entre
47
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
48
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 21

en fonction qu'après avoir prêté verbalement ou par écrit, devant la juridiction à laquelle il est
affecté, le serment suivant : "je jure de respecter la Constitution et les lois de la République
démocratique du Congo et de remplir loyalement et fidèlement, avec honneur et dignité, les
fonctions qui me sont confiées". L’article 27 alinéa 1er de la même loi organique dit : « le
magistrat sert l’Etat avec fidélité, dévouement, dignité, loyauté et intégrité ». L’article 46 de
cette même loi organique dit : "tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à
l’honneur ou à la dignité de ses fonctions constitue une faute disciplinaire". L’article 15 in
fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement intérieur de la Cour de
cassation49 prévoit qu’en toute circonstance, les magistrats de la Cour de cassation se
comportent avec honneur et dignité et déférent aux exigences statutaires et déontologiques, de
fidélité, dévouement, intégrité, loyauté, impartialité, compétence, diligence et
professionnalisme. Cette disposition est reprise par l’article 25 in fine du règlement intérieur
du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation50.

Le devoir à l’honneur et à la dignité de fonctions de magistrat est proche de l'intégrité. La


dignité se définit comme le respect dû à une personne, à une chose ou à soi-même, la
retenue, la gravité dans les manières. C’est donc l'ensemble des règles dictées par l'honneur
qui s'attache à la fonction publique qu'exerce le magistrat. Le magistrat doit rester à tout
moment et en toute circonstance digne. Il doit exercer la charge sociale qui lui est confiée
avec dignité.

La dignité intéresse également les rapports du magistrat avec l’extérieur de l’institution


judiciaire, à savoir l’absence de vie scandaleuse, de déclarations intempestives par exemple.
Tout magistrat doit veiller à ce que les obligations et devoirs de sa charge ne soient pas altérés
par une vie personnelle susceptible d’entamer son crédit et la confiance des justiciables, de ses
collègues, de membres du greffe et les auxiliaires de la justice.

Le magistrat doit veiller à ne pas porter atteinte au prestige de la fonction tant dans sa vie
professionnelle que dans sa vie privée. Dans sa vie professionnelle, compromet la dignité de
la fonction du magistrat, celui qui reçoit en son bureau des justiciables, se trouve pendant cet
entretient sous l'influence de l'alcool, tient des propos injurieux à ses interlocuteurs, les
menace inconsidérément de qu'ils perdront le procès. Manque à l'honneur et à la dignité de ses
fonctions, et ce faisant porte atteinte au crédit de la justice, le magistrat qui, chargé de
recevoir des mineures dans le cadre d'un stage d'information sur les fonctions judiciaires,
invite l'une d'elles à revenir le voir à plusieurs reprises et exerce sur elle des attouchements à
connotation sexuelle.

Dans sa vie privée, les actes du magistrat ne doivent jamais faire scandale et porter atteinte à
la dignité de sa fonction et son honneur. Le magistrat ne peut jamais oublier les termes de son
serment qui le lie pour tous les actes de sa vie ; il doit toujours se souvenir qu'il fait partie de
la magistrature et que ses actes peuvent, lorsqu’ils s’écartent des règles de l'honneur et du
devoir, compromettre le corps tout entier, en même temps que lui-même.

Quelques exemples de manquements au devoir de dignité du magistrat dans sa vie privée :

49
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
50
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 22

- le fait de tenir des propos déplacés dans des bars ou restaurants ou débits de boisson ;
- les brutalités et voies de fait dans un lieu public ;
- le fait de se livrer à des injures envers les parties ou des personnalités ou envers leurs
défenseurs ;
-les dettes personnelles que le magistrat s'abstient de payer malgré les engagements pris ou le
fait qu’il devienne notoirement insolvable ;
- le fait de voler de l’argent à un collègue magistrat ou un particulier ;
- le fait de ne pas payer ses loyers et faire l’objet d’une action en paiement devant le tribunal
de grande instance où le magistrat inquiété exerce ses fonctions ;
- le fait de se livrer dans des boîtes de nuits à des dépenses inconsidérées qu'il n'est pas en
mesure de régler ;
- le fait d'abandonner son épouse ou son mari et enfants, en les laissant sans ressources ;
- les faits de violences conjugales répétées ;
- le fait de faire un accident de circulation en état d'ivresse au volant.

Le fait pour un magistrat d’avoir des dépenses excessives qui l’obligent à contracter de
nombreux emprunts ne faisant qu’empirer sa situation financière est de nature à ébranler la
confiance du justiciable et à porter atteinte à la dignité de ses fonctions. Le justiciable, au
courant de la situation, pourrait avoir une apparence de justice moins indépendante et
objective51.

Le devoir à l'honneur et à la dignité de ses fonctions signifie aussi que le magistrat doit avoir
une vie personnelle irréprochable que possible. Cela implique qu'il ne doit pas mener même
dans sa vie privée, une vie dévergondée (désordonnée), ou qu'il se laisse entrainer dans
certaines circonstances par ses passions.

Le magistrat doit éviter de se trouver en état d'ébriété (ivresse) dans les lieux publics ou
fréquenter des établissements de mauvaise réputation. Le magistrat veillera à ne pas porter
atteinte à la dignité de ses fonctions en abusant en public de boissons alcoolisées, en
fréquentant certains endroits (bars, discothèques, débits de boissons, etc.) ou certaines
personnes à moralité douteuse (réseaux des drogués, réseaux des malfaiteurs ou criminels,
réseaux des égorgeurs, prostituées, violeurs, etc.). Il doit surveiller ses fréquentations. Ainsi, il
est interdit au magistrat d'entretenir des relations extraprofessionnelles avec les délinquants.
Il ne saurait fréquenter le milieu, ni avoir de relations avec certaines personnes faisant l'objet
de poursuites en cours, ni même recevoir à son domicile des toxicomanes (drogués, Kuluna,
shegués), ni cohabiter avec une prostituée puis intervenir dans des procédures où celle-ci est
partie ou s'afficher publiquement avec des filles ou des jeunes garçons aux mœurs légères de
la ville. Le magistrat ne saurait pratiquer un sport avec un prévenu dont il ne peut ignorer le
passé pénal.

Caractérise un manquement aux devoirs de l'état de magistrat et à la dignité de ses fonctions,


le fait de conduire en état d'ivresse et de perdre le contrôle de son véhicule, lesquels faits ont
été pénalement condamnés, mais surtout, le fait de consommer de manière répétée des

51
J. -P. BUYLE, « Petites inconduites au pays des merveilles », in La responsabilité professionnelle des
magistrats-Actes du colloque organisé le 15 février 2007 à l’Université catholique de Louvain, Les
Cahiers de l’Institut d’études sur la Justice, n° 10, Bruxelles, éd. Bruylant, 2007, p. 146.
P a g e | 23

boissons alcoolisées, comportement qui s'inscrit dans une habitude d'intempérance dont la
persistance et le retentissement professionnels sont relevés depuis plusieurs années dans son
dossier administratif52. Il en de même le fait de commettre des violences conjugales répétées
(frapper son mari ou son épouse) dans un contexte d’alcoolisation excessive ou le fait d’avoir
présenté, à l’audience, à plusieurs reprises, un état d’ébriété, caractérisé par le fait d’avoir du
mal à boutonner sa toge et à s’installer sur son siège au point que ces faits ont été relatés dans
l’édition du quotidien local, d’avoir une élocution difficile rendant son propos difficilement
compréhensible et le délibéré inopérant.

Le magistrat qui se conduit, eu égard aux normes morales en vigueur, de manière dissolue
dans sa vie privée et se laisse entraîner sans modération par ses passions, sous l'influence ou
de la boisson ou de drogues, ne peut pas raisonnablement espérer que le justiciable qui est au
courant de cette situation puisse croire qu'il est en état de se former un jugement équilibré et
indépendant.

Enfin, le magistrat ne peut user de mensonge. La morale de sa profession comme la morale


toute courte le lui interdit. Un mensonge constaté dans le chef d’un magistrat dans l’exercice
de ses fonctions constitue une conduite susceptible de compromettre la moralité du magistrat.
Commet une faute professionnelle plus grave, le magistrat qui, pour masquer son incurie, fait
des déclarations mensongères aux justiciables et à son chef hiérarchique.

Section 8 : Le devoir de loyauté

§ 1. Notions

Il est prévu par l'articles 5 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 telle que modifiée
et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 portant statut des magistrats qui
prévoit que le magistrat n'entre en fonction qu'après avoir prêté verbalement ou par écrit,
devant la juridiction à laquelle il est affecté, le serment suivant: "je jure de respecter la
Constitution et les lois de la République démocratique du Congo et de remplir loyalement et
fidèlement, avec honneur et dignité, les fonctions qui me confiées". Il est également prévu par
l’article 27 alinéa 1er de la même loi organique qui dit : « le magistrat sert l’Etat avec fidélité,
dévouement, dignité, loyauté et intégrité ».

Enfin, l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement


intérieur de la Cour de cassation53 prévoit qu’en toute circonstance, les magistrats de la Cour
de cassation se comportent avec honneur et dignité et déférent aux exigences statutaires et
déontologiques, de fidélité, dévouement, intégrité, loyauté, impartialité, compétence,
diligence et professionnalisme. Cette disposition est reprise par l’article 25 in fine du
règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation54.

52
G. CANIVET et J. JOLY-HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, éd. Dalloz, 2004, p. 97 ; J.
JOLY-HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, 3 ème éd. Dalloz, 2014, p.146.
53
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
54
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 24

La loyauté est une forme d'attention, de sollicitude devant être témoignée dans le cadre de
l'exercice des missions imparties. Elle est le caractère d’une personne loyale. C’est également
ce qui est conforme à la loi. Le magistrat loyal est celui qui obéit aux lois de l’honneur, de la
probité et de la droiture. La loyauté suppose également que le magistrat soit le premier à se
conformer à la loi, dans sa vie privée également, et qu’il traite tout le monde également et de
son mieux dans le respect du droit et des principes généraux du droit, tels que les droits de la
défense, le principe du contradictoire et la présomption d’innocence 55. Le devoir de loyauté
exige du magistrat qu’il applique les règles de droit sans les outrepasser, les dénaturer, les
contourner ou les détourner. En effet, le citoyen est en droit d'attendre du juge que celui-ci
aille à la recherche de la vérité et ne se munisse à cette occasion que des règles juridiques en
vigueur et de sa conscience. Le pouvoir dont dispose d'admonester d'autres personnes, ou
même de les punir pour avoir enfreint la loi, n'est pas crédible lorsqu'il reste lui-même en
défaut de respecter la loi. La loyauté est entendue principalement comme loyauté à l’égard de
la hiérarchie judiciaire56.

§ 2. La loyauté entre les magistrats

Le devoir de loyauté doit particulièrement imprégner les relations des magistrats entre eux.
Cela est vrai pour les magistrats du siège, mais peut-être plus encore pour ceux du parquet en
raison de l’obligation hiérarchique à laquelle ils sont statutairement tenus et qui leur impose,
en définitive, des devoirs et obligations d’un degré supérieur. La subordination à laquelle sont
astreints les magistrats du parquet est instituée par l’article 15 alinéa 1 er de la loi organique
n°06/020 du 10 octobre 2006 telle que modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du
1er août 2015 portant statut des magistrats qui prévoit que le magistrat du parquet assume sa
mission sous la direction hiérarchique. Cette règle constitue véritablement le fondement de
toute l’organisation du parquet et impose au magistrat du parquet d’agir conformément aux
instructions qui lui sont données par ses supérieurs hiérarchiques.

Le devoir de loyauté impose au magistrat du parquet d'agir conformément aux instructions


qui lui sont données par ses supérieurs hiérarchiques. Pour cette raison, peut être considéré
comme méprisant cette subordination hiérarchique, le magistrat qui a continué à s'immiscer
dans une affaire dont il a été déchargé et qui a présenté à son procureur de la République pour
"vrais des faits qu'il reconnaît être le produit d'affabulations".

D'une manière différente, les magistrats du siège n'échappent à ces obligations d'ordre
hiérarchique. Ainsi, manque à son devoir de loyauté vis-vis de l'institution judiciaire, le juge
siégeant en chambre du conseil en matière de détention préventive qui ne fait pas part à sa
hiérarchie de la disparition d'un cautionnement et demande à son greffier de ne pas ébruiter
l'incident.

Aussi manque gravement au devoir de droiture et de loyauté, le magistrat qui fait à sa


hiérarchie une déclaration mensongère en vue de masquer son incurie, qui se présente aux

55
G. LONDERS, « Introduction générale-La déontologie du magistrat », in Vers une nouvelle déontologie,
Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil supérieur de la justice, Bruxelles, éd.
Bruylant, 2009, p. 13.
56
J. JOLY-HURARD, La déontologie des magistrats, Paris, 3 ème éd. Dalloz, 2014, p. 78.
P a g e | 25

différentes autorités sous une fausse qualité et en faisant état d'informations inexactes,
incomplètes ou tronquées. Commet une faute professionnelle plus grave, le magistrat qui,
pour masquer son incurie, fait des déclarations mensongères aux justiciables et à son chef
hiérarchique.

Enfin, le devoir de loyauté exige au juge de ne pas prendre contact avec les justiciables en
dehors de leur comparution à l'audience et avant tout débat contradictoire. Les juges
prononceront le jugement sur base des pièces ou preuves produites à l'audience qui ont fait
l'objet d'un débat contradictoire.

Section 9 : Le devoir de fidélité

Il est prévu par l'articles 5 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 telle que modifiée
et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015 portant statut des magistrats qui
prévoit que le magistrat n'entre en fonction qu'après avoir prêté verbalement ou par écrit,
devant la juridiction à laquelle il est affecté, le serment suivant: "je jure de respecter la
Constitution et les lois de la République démocratique du Congo et de remplir loyalement et
fidèlement, avec honneur et dignité, les fonctions qui me confiées". Il est également prévu par
l’article 27 alinéa 1er de la même loi organique qui dit : « le magistrat sert l’Etat avec fidélité,
dévouement, dignité, loyauté et intégrité ».

Enfin, l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement


intérieur de la Cour de cassation57 prévoit qu’en toute circonstance, les magistrats de la Cour
de cassation se comportent avec honneur et dignité et déférent aux exigences statutaires et
déontologiques, de fidélité, dévouement, intégrité, loyauté, impartialité, compétence, diligence
et professionnalisme. Cette disposition est reprise par l’article 25 in fine du règlement
intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation58.

La fidélité dans l’accomplissement de la mission fait appel à la constance dans le travail. Est
fidèle dans l’accomplissement de la mission, le magistrat qui ne s’écarte pas de l’application
de la loi. Le juge doit remplir fidèlement ses fonctions. La distribution de la justice
s’accommode mal de l’indolence, du comportement désinvolte et de la médiocrité.

Section 10 : Le devoir de dévouement

Ce devoir est prévu par l’article 27 alinéa 1 er de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006
portant statut des magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du
1er août 2015 qui prévoit que : « le magistrat sert l’Etat avec fidélité, dévouement, dignité,
loyauté et intégrité ». De même, l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre
2018 portant règlement intérieur de la Cour de cassation59 prévoit qu’en toute circonstance, les
magistrats de la Cour de cassation se comportent avec honneur et dignité et déférent aux
exigences statutaires et déontologiques, de fidélité, dévouement, intégrité, loyauté,
impartialité, compétence, diligence et professionnalisme. Cette disposition est reprise par
57
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
58
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
59
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
P a g e | 26

l’article 25 in fine du règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour
de cassation60.

Le dévouement implique que le magistrat soit en mesure mais surtout disposé à donner une
réponse rapide et juridiquement correcte aux parties61. Le magistrat doit préparer ses dossiers
avant l’audience. Le juge doit être imprégné de la volonté, dans les limites du droit, de
répondre le plus rapidement et efficacement possible au litige lui soumis. Il s’acquitte
personnellement de ses fonctions judiciaires. Le juge ne peut donc pas inutilement compliquer
la procédure de la cause plus que les parties ne le feraient elles-mêmes. Il doit éviter toute
remise inutile et ne peut lui-même causer retard par la réouverture des vains débats ou la
remise du prononcé, par exemple.

Le magistrat doit tenir les audiences, assurer les services et fonctions qui lui sont attribués. Il
pourra uniquement s'y soustraire dans les cas équivalents à la force majeure (maladie,
accident, impossibilité de se rendre sur place) et même dans certains cas, il devra informer le
chef de juridiction ou chef d'office de parquet aussi rapidement que possible du motif de
l'empêchement, afin de permettre à celui-ci de prendre les dispositions nécessaires.

Section 11 : Le devoir de diligence

Il est prévu par les articles 20 à 21 du Code d'éthique et de déontologie des magistrats. De
même, l’article 15 in fine de l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement
intérieur de la Cour de cassation62 prévoit qu’en toute circonstance, les magistrats de la Cour
de cassation se comportent avec honneur et dignité et déférent aux exigences statutaires et
déontologiques, de fidélité, dévouement, intégrité, loyauté, impartialité, compétence,
diligence et professionnalisme. Cette disposition est reprise par l’article 25 in fine du
règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation63.

La diligence est une exigence personnelle pour le magistrat qui participe à la responsabilité
collective de l’appareil judiciaire de rendre la justice dans des délais raisonnables. Elle
consiste à exercer ses fonctions non seulement avec la célérité qui y sied mais aussi avec
sérénité, soin et attention.

Ainsi, le magistrat doit remplir ses obligations professionnelles dans les délais prescrits par la
loi ou dans des délais raisonnables toutes les fois où un délai précis n’a pas été imparti. Il doit
agir pour éviter tout retard ou toute négligence dans le traitement des affaires qui lui sont
attribuées. Il doit être diligent dans l’exercice de ses fonctions et doit s’abstenir de tout déni
de justice. Il doit être conscient que sa décision est attendue et que sa négligence ou son

60
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
61
H. LAMON, « Note en vue de réfléchir à une déontologie des magistrats du Conseil supérieur de la
justice. Considérations de l’Ordre des barreaux flamands », in Vers une nouvelle déontologie, Colloque
organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009,
p. 75.
62
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
63
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 27

laxisme dans le traitement des affaires ne peut qu’avoir des répercussions négatives pour les
parties, et, dans certains cas, pour l’ordre public.

Il doit se consacrer entièrement à ses obligations professionnelles tout au moins aux heures
de service. Il doit s’imposer la ponctualité par le respect des horaires aussi bien pour les
audiences que les auditions des personnes convoquées par ses soins. Le magistrat se consacre
pleinement à ses fonctions judiciaires, qu’il s’agisse de participations aux audiences, de
rédaction de décision ou à l’accomplissement de toute autre tâche relative au fonctionnement
du service public de la justice. Le magistrat du siège juge sans retard les affaires qui lui sont
soumises. Il rédige les jugements et arrêts et toutes les autres décisions qui lui incombent sur
les affaires dont il est saisi, avec promptitude, selon les prescriptions légales relatives aux
délais, sous réserve de prorogation dument motivée. Le manque de ponctualité et le retard
devraient être sanctionnés par les chambres de discipline du CSM. Ainsi, manque aux devoirs
de diligence, le juge qui, saisi de procédures qu’il pouvait ou devrait juger dans un délai
raisonnable, s’abstient pendant des mois voire des années de les fixer à une audience, ou
prolonge indûment les délibérés, ou néglige de rédiger les décisions rendues oralement.

Le magistrat du parquet prend les décisions et réquisitions et ainsi que les autres actes qui lui
incombent sans retard, avec promptitude et en respectant les délais légaux. L'article 47 de la
loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que modifiée et
complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015 prévoit comme faute disciplinaire
le fait pour un magistrat du parquet de ne pas rendre son réquisitoire endéans dix jours en
matière pénale, son avis dans les trente jours en matière civile, commerciale et du travail. Il en
est de même de juges de ne pas rendre une décision dans les mêmes délais. Le magistrat
réprouve l’absence de diligence éventuelle de ses collègues. La lenteur de la justice équivaut
au déni de justice qui peut faire l’objet de la prise à partie devant la Cour de cassation. Si la
prise à partie est jugée fondée, le magistrat est révoqué d’office64.

L'absentéisme exagéré ou le retard pris dans l'exécution des tâches juridictionnelles ou plus
gravement encore, l'indifférence avérée aux intérêts du service public de la justice devraient
être sanctionnés sur le plan disciplinaire.

Section 12 : Le devoir de compétence professionnelle

Il est prévu par l'article 43 de la loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des
magistrats telle que modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, les
articles 22 à 23 du Code d'éthique et de déontologie des magistrats, par l’article 15 in fine de
l’ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement intérieur de la Cour de
cassation65 et par l’article 25 in fine du règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet
général près la Cour de cassation66.

64
Article 61 in fine de la loi organique n° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
65
JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
66
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 28

La compétence professionnelle est une exigence fondamentale pour l’exercice correct de la


charge judiciaire. Le magistrat a l’obligation de connaître le droit, il doit avoir les
connaissances juridiques pour exercer ses fonctions. Il est exigé du magistrat des qualités
intellectuelles énormes car un magistrat qui fait preuve de manière habituelle dans l’exercice
de ses fonctions, d’une incompétence notoire ou d’une grave ignorance caractérisée du droit
pourra être révoqué de ses fonctions sur proposition d’une commission technique instituée à
cet effet67.

Le magistrat doit avoir des compétences intellectuelles requises pour lui permettre de
s’acquitter de sa mission. Cette qualité doit être considérée dans son sens large. Il s’agit non
seulement pour le magistrat de disposer des connaissances juridique-techniques et de l’intérêt
social nécessaires, mais également de remplir convenablement les obligations et missions de
sa charge. La compétence est constituée d’un ensemble de comportement de base devant
assurer le bon fonctionnement de la justice 68. Ainsi, viole le devoir de compétence
professionnelle, le juge qui de façon grossière et systématique, outrepasse sa compétence ou
méconnaisse le cadre de sa saisine, de sorte qu’il n’accomplit, malgré les apparences, qu’un
acte étranger à toute activité juridictionnelle69.

Le magistrat a l’obligation de maintenir et d’entretenir ses compétences professionnelles et de


mettre à jour ses connaissances juridiques. Il s’applique, par un effort constant, à améliorer la
maîtrise et la qualité de ses services. Le magistrat s’emploiera à entretenir et à améliorer ses
connaissances juridiques et aptitudes professionnelles ainsi que les qualités éthiques
personnelles, nécessaires à une bonne exécution de ses fonctions, dans la mesure des
possibilités de formation existantes. Il doit se tenir informé sur l’évolution du droit, y compris
les conventions internationales dûment ratifiées par la République démocratique du Congo.

Le magistrat a l'obligation impérative de se former de façon permanente et continue, soit par


le biais d'un apprentissage individuel, soit en participant régulièrement à des journées
d'études, séminaires, colloques et recyclages organisés à cet égard par le Conseil supérieur de
la magistrature, l’INAFORJ, les universités, les barreaux et les ONG, les autres institutions
nationales et internationales. Il doit se mettre à jour dans les connaissances des nouvelles
technologies (informatique, internet, Word, Excel, PowerPoint, etc.), l'internalisation des
rapports juridiques et le rôle des organisations et juridictions internationales.

Section 13 : Le devoir d'indépendance

Il est prévu par les articles 1er à 5 du Code d'éthique et de déontologie des magistrats.
L’indépendance est nécessaire au magistrat pour accomplir adéquatement sa mission. C’est la
garantie pour le magistrat de statuer et d’agir en application de la loi, suivant les règles
procédurales en vigueur, en fonction des seuls éléments débattus devant eux, libres de toute
influence ou pression extérieure, sans avoir à craindre une sanction ou espérer avantage
67
Article 43 de la loi organique n° 06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n°15/014 du 1er août 2015, JORDC, n° spécial, 5 août 2015.
68
X. DE RIEMAECKER et G. LONDERS, « Déontologie et discipline », in X. DE RIEMAECKER et alii,
Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, La Charte, 2000, p. 329.
69
J. Cl. MAGENDIE, « La responsabilité des magistrats : contributions à une réflexion imposée », Recueil
Dalloz, 2005, p. 2420.
P a g e | 29

personnel. En effet, si l’indépendance des magistrats est garantie statutairement, dire le droit
de manière indépendante est également un état d’esprit, un savoir être et un savoir-faire qui
doivent être enseignés, cultivés et approfondis tout au long de la carrière.

L’indépendance du magistrat est une exigence préalable au respect du principe de la légalité


et une garantie fondamentale des libertés individuelles et des droits fondamentaux des
personnes. L’indépendance du magistrat est moins un droit du magistrat qu’un droit
fondamental des justiciables car elle est le fondement de l’impartialité. Elle constitue un droit
constitutionnellement garanti pour toute personne.

Le magistrat a le devoir d’être indépendant et de le manifester tant au niveau institutionnel


qu’individuel. Lorsqu'il est saisi d’une affaire, il a le devoir d’examiner et de décider si celle-
ci relève ou non de sa compétence sur la seule considération des prescriptions légales en la
matière. Le magistrat du siège a l’obligation d’exercer sa fonction judiciaire sur la base de son
appréciation souveraine des faits, conformément à la loi, sans influences extérieures,
notamment par incitations, pressions, menaces ou interférences directs ou indirectes de la part
du pouvoir exécutif ou législatif, des parties prenantes des différends sur lesquels il est chargé
de statuer, de sa hiérarchie ou de ses collègues ou de la part de qui que ce soit et pour
n’importe quelle raison que ce soit. Il est indépendant de sa hiérarchie dans l’exercice de ses
fonctions juridictionnelles. La décision du juge ne doit pas être soumise à un visa préalable de
sa hiérarchie ou de toute autre autorité. Il est interdit aux membres de la composition du siège
de soumettre le projet de jugement « au visa » de leur chef de juridiction. En dehors du
délibéré qui regroupe les membres de la composition, aucun juge, fût-il chef de juridiction, ne
peut imposer son point de vue, ni le substituer à celui des membres de la composition du
siège70.

Le magistrat ne se laisse pas influencer par la pression de l'opinion publique renforcée le cas
échéant par le média. Le magistrat du siège a l’obligation de résister à l’ensemble des
pressions définies ci-dessus destinées à intervenir dans l’élaboration de sa décision. Le
magistrat agit en toute liberté d'esprit, sans admettre de pression de la part des autorités, de
son corps ou de sa hiérarchie, et loin de ses propres passions et convictions. Le magistrat du
parquet est indépendant dans l’exercice de ses fonctions de poursuite et d’instruction sous
réserve des injonctions de mise en mouvement de l’action publique transmise ou émanant de
sa hiérarchie. Le magistrat doit veiller à ne pas se placer dans une situation qui puisse ne fût-
ce que donner au citoyen l'impression qu'il a abandonné une partie de son indépendance ou,
plus grave encore, qu'il peut faire l'objet de pressions.

Section 14 : Les obligations déontologiques du magistrat en tant qu'agent public de


l'Etat

L'article 1er, 1°, 4 du décret-loi n°017/2002 du 03 octobre 2002 portant Code de conduite de
l'agent public de l'Etat dit que les magistrats font partie des agents publics de l’Etat ; en
conséquence, ce Code leur est applicable. Comme tous les agents publics de l'Etat, leurs
devoirs et obligations au regard de ce Code sont :
70
MINISTERE DE LA JUSTICE, Recueil des circulaires et instructions du ministère de la Justice et
Garde des sceaux-décembre 2014 à mars 2018, Kinshasa, éd. Médiaspaul, juin 2018, pp. 45-46.
P a g e | 30

- dévouement, ponctualité, rigueur, responsabilité, honnêteté, intégrité, équité, dignité,


impartialité, loyauté, civisme, courtoisie et réserve dans ses relations aussi bien avec
ses supérieurs, ses collègues et ses collaborateurs qu’avec le public71 ;
- dans la mesure où il assume des responsabilités en la matière, veiller à ce que les
vérifications appropriées de l’intégrité morale du candidat soient effectuées
conformément à la loi en cas de recrutement, de nomination ou de promotion et à
requérir l’avis du supérieur hiérarchique en cas de doute sur une situation donnée72 ;
- à l’entrée en fonction, prendre connaissance du Code de conduite de l’agent public de
l’Etat et s’engager par écrit à s’y conformer73 ;
- se comporter, tant dans la vie publique que privée, de manière à préserver et à
renforcer la confiance du public envers l’Etat et à améliorer son image de marque74 ;
- s’abstenir de tout acte d’improbité et immoral susceptible de compromettre l’honneur
et la dignité de ses fonctions, notamment l’ivrognerie, le vagabondage sexuel,
l’escroquerie, le vol, le mensonge, la corruption, la concussion75 ;
- s’acquitter de ses devoirs dans le respect strict des lois et règlements, des instructions
et des règles déontologiques relatives à se fonctions76 ;
- procéder, à son entrée en fonction, annuellement, durant l’exercice et au terme de sa
carrière ou de son mandat à la déclaration de ses avoirs et dettes personnels et de ceux
de sa famille auprès de l’organe compétent de l’Observatoire du Code d’Ethique
professionnelle77 ;
- déclarer son affiliation à des organisations ou à des associations extraprofessionnelles
de son choix78 ;
- s’abstenir de se prononcer sur toute affaire au traitement ou à la solution de laquelle il
a directement ou indirectement un intérêt personnel79 ;
- informer ses supérieurs hiérarchiques de l’existence d’un conflit d’intérêt80 ;
- éviter toute forme d’incompatibilité81 ;
- mettre fin à la transaction ou à l’activité susceptible de donner lieu à un conflit
d’intérêt ou de l’entretenir82 ;
- renoncer, le cas échéant, à ses responsabilités d’agent public de l’Etat83 ;
- ne pas porter atteinte ou divulguer le secret professionnel84 ;

71
Article 6 du décret-loi n° 017-2002 du 3 octobre 2002 portant de conduite de l'agent public de l'Etat,
JORDC, n° spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
72
Article 7 du même texte.
73
Article 8 du même texte.
74
Article 9, 1 du même texte.
75
Article 9, 2 du même texte.
76
Article 9, 3 du même texte.
77
Article 9, 5 du décret-loi n° 017-2002 du 3 octobre 2002 portant de conduite de l'agent public de l'Etat,
JORDC, spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
78
Article 9, 6 du même texte.
79
Article 11 du même texte.
80
Article 12 du même texte.
81
Article 12 du décret-loi n° 017-2002 du 3 octobre 2002 portant de conduite de l'agent public de l'Etat,
JORDC, n° spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
82
Article 12 du même texte.
83
Article 12 du même texte.
84
Articles 13, alinéa 2 et 14 du même texte.
P a g e | 31

- éviter de faire un usage abusif des ressources publiques tant matérielles que
financières ou d’utiliser les biens publics pour des fins personnelles sauf s’il obtient
une autorisation légale écrite85 ;
- se garder de la destruction ou de la subtilisation des documents, dossiers ou
archives86 ;
- s’abstenir de pratiquer la corruption, la concussion, le détournement des deniers
publics, le favoritisme, le népotisme et le trafic d’influence87 ;
- s’abstenir de s’adonner à l’ordonnancement ou la perception, à titre des droits, des
taxes, contributions, redevances, salaires, primes, des sommes qui ne sont pas dues ou
excédant ce qui est dû en vertu de la législation ou de la réglementation en vigueur 88 ;
- s’abstenir de s’adonner à l’établissement ou l’usage de faux documents ou de toute
manœuvre frauduleuse pour se procurer à soi-même ou à un tiers des avantages
illicites ou pour priver un ayant droit de son dû89 ;
- s’abstenir des atteintes à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat et à la
souveraineté nationale90 ;
- s’abstenir de l’adhésion ou la participation à un groupement ou à une organisation
dont l’activité poursuit la destruction de l’indépendance nationale, porte atteinte à la
souveraineté nationale et met en danger la défense du pays91 ;
- s’abstenir du port des armes contre le pays, la facilitation de l’entrée du territoire
national aux ennemis92 ;
- s’abstenir de solliciter, de réclamer, accepter ou de recevoir ou d’offrir un don, un
cadeau ou tout autre avantage en nature ou en espèce pour s’acquitter ou s’abstenir de
s’acquitter de ses fonctions, mandat ou obligations professionnelles93 ;
- informer son supérieur hiérarchie et, le cas échéant, saisir directement l’autorité
compétente en matière disciplinaire et/ou pénale en cas de tentative de corruption ou
en cas d’assistance, en qualité de témoin, à la pratique de corruption94 ;
- en cas de tentative de corruption, veiller à refuser l’avantage indu, chercher à identifier
la personne qui a fait l’offre, éviter des contacts prolongés avec la personne
susmentionnée, essayer d’avoir des témoins, par exemple des collègues travaillant à
proximité ; continuer à travailler normalement95 ;
- faire preuve de courtoisie dans son langage, ses écrits et tous ses actes96 ;
- faire preuve de sincérité, d’honorabilité, de civilité et de bonne tenue97 ;

85
Article 15, alinéas 1 et 2 du même texte.
86
Article 15, alinéa 3 du même texte.
87
Article 16 du même texte.
88
Article 16 du même texte.
89
Article 16 du même texte.
90
Article 16 du même texte.
91
Article 16 du même texte.
92
Article 16 du même texte.
93
Article 17 du décret-loi n° 017-2002 du 3 octobre 2002 portant de conduite de l'agent public de l'Etat,
JORDC, n° spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
94
Article 18, alinéa 1 du même texte.
95
Article 18, alinéa 2 du même texte.
96
Article 19, alinéa 1 du décret-loi n° 017-2002 du 3 octobre 2002 portant de conduite de l'agent public de
l'Etat, JORDC, n° spécial, 15 août 2004, pp. 42-50.
97
Article 19, alinéa 2 du même texte.
P a g e | 32

- s’abstenir des menaces, injures, intimidation, harcèlement sexuel ou moral et d’autres


formes de violence98 ;
- faire preuve de disponibilité vis-à-vis de sa hiérarchie et du public99 ;
- assurer l’encadrement de ses collaborateurs pour assurer leur promotion et la
continuité des services publics100 ;
- éviter, dans l’exercice de ses fonctions, toute discrimination fondée sur l’origine, la
race, le sexe, la religion, l’ethnie, les convictions politiques et philosophiques ou
d’autres considérations liées à la personne101 ;
- éviter de réserver aux anciens agents publics de l’Etat un traitement préférentiel ni un
accès privilégié aux services102 ;
- faire preuve, en toute circonstance, d’objectivité, d’impartialité et de loyauté envers sa
hiérarchie103.

Section 15 : Les obligations déontologiques du magistrat fixées par l’observatoire de


surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle

L’article 4 alinéa 7 du décret n°16/020 du 16 juillet 2016 fixant les statuts d’un établissement
public dénommé Observatoire de surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle
« OSCEP » oblige tout agent public de l’Etat à déclarer ses avoirs, à son entrée en fonction,
annuellement, durant l’exercice et au terme de sa carrière ou de son mandat, la déclaration de
ses avoirs et dettes personnel, et de ceux de sa famille immédiate. Cela est une obligation
déontologique du magistrat.

Tous ces devoirs et obligations cités ont pour but de sauvegarder le prestige, la réputation, la
crédibilité, la dignité, l’indépendance, l’impartialité et la confiance du magistrat envers les
justiciables.

98
Article 19, alinéa 3 du même texte.
99
Article 20 du même texte.
100
Article 22 du même texte.
101
Article 22, alinéa 1 du même texte.
102
Article 22, alinéa 2 du même texte.
103
Article 22, alinéa 3 du même texte.
P a g e | 33

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX

- Loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution


de la République démocratique du congolaise du 18 février 2006, in JORDC, n°
spécial, 5 février 2011.
- Loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de
la Cour constitutionnelle, § 3, JORDC, n° spécial, 18 octobre 2013.
- Loi organique n°18/024 du 13 novembre 2018 portant composition, organisation et
fonctionnement de la Cour des comptes, JORDC, n° spécial, 24 novembre 2018.
- Loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats telle que
modifiée et complétée par la loi organique n° 15/014 du 1er août 2015, JORDC, n°
spécial, 5 août 2015.
- Loi organique n°08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du
Conseil supérieur de la magistrature, JORDC, n° spécial, 11 août 2008.
- Loi n°15/024 du 31 décembre 2015 modifiant et complétant le décret du 06 août 1959
portant Code de procédure pénale, JORDC, 29 février 2016.
- Règlement intérieur du 10 août 2018 de la Cour constitutionnelle, JORDC, n° spécial,
16 novembre 2018.
- Règlement intérieur du 13 juin 2009 du Conseil supérieur de la magistrature, JORDC,
n° spécial, 15 juin 2009.
- Circulaire n°018 du 14 mars 2016 relative aux poursuites disciplinaires consécutives à
la condamnation à la prise à partie, in MINISTERE DE LA JUSTICE, Recueil des
circulaires et instructions du ministère de la Justice et garde des sceaux-décembre
2014 à mars 2018, Kinshasa, éd. Médiaspaul, juin 2018, p. 44.
- Résolution n° 004/2012/AG/CSM du 24 août 2012 de l'Assemblée générale du
Conseil supérieur de magistrature portant renforcement des sanctions disciplinaires
des magistrats.
- Arrêté d'organisation intérieur n°299/79 du 20 août 1979 portant règlement intérieur
des cours, tribunaux et parquets.
- Note circulaire n° 001/2012 du 13 février 2012 du Président du Conseil supérieur de la
magistrature relative au relèvement de la discipline des magistrats, in CONSEIL
SUPERIEUR DE LA MAISTRATURE, Code judiciaire congolais. Textes compilés et
actualisés jusqu'au 28 février 2013, Kinshasa, éd. Media saint Paul, 2013, pp. 703 et s.
- Ordonnance n° 78-289 du 3 juillet 1978 relative à l'exercice des attributions d'officiers
et agents de police judiciaire près les juridictions de droit commun, JORZ, n°15, 1 er
août 1978, p.7.
- Ordonnance n°003 du 20 septembre 2018 portant règlement intérieur de la Cour de
cassation, JORDC, n° spécial, 28 septembre 2018.
- Règlement intérieur du 18 octobre 2018 du parquet général près la Cour de cassation,
JORDC, n° spécial, 23 novembre 2018.
P a g e | 34

- Décret n°16/020 du 16 juillet 2016 fixant les statuts d’un établissement public
dénommé Observatoire de surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle
« OSCEP », JORDC, 1er août 2016, n°15.

II. OUVRAGES ET ARTICLES

1. Ouvrages

- CANIVET G. et JOLY-HURARD J., La déontologie des magistrats, Paris, éd. Dalloz,


2004.
- CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE, Recueil de jurisprudence en
matière disciplinaire des magistrats, Kinshasa, éd. Média Saint Paul, 2013.
- DE LEVAL G. et GEORGES F., Droit judiciaire Tome 1 : Institutions judiciaires et
éléments de compétence, Bruxelles, 3 ème éd. Larcier, 2019.
- DE RIEMAECKER X. et alii, Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La
Charte, 2000.
- GUINCHARD S. et alii, Droit processuel. Droits fondamentaux du procès, Paris, 7
ème éd. Dalloz, 2013.
- JOLY-HURARD J., La déontologie des magistrats, Paris, 3 ème éd. Dalloz, 2014.
- KABAMBA MATANDA B., Droit processuel en RD Congo. Les principes directeurs
du procès équitable et la responsabilité civile du magistrat, Paris, éd. L'Harmattan,
2015.
- CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE, Code judiciaire congolais.
Textes compilés et actualisés jusqu'au 28 février 2013, Kinshasa, éd. Media saint Paul,
2013.
- KILENDA KAKENGI BASILA J-P., L’affaire de 315 magistrats de Kinshasa, une
purge néo mobutisme, Paris, éd. l’Harmattan, 2004.
- MWILANYA WILONDJA N., La responsabilité professionnelle des magistrats en
droit congolais : cas de la prise à partie, Kinshasa, Editions Cabinet Mwilanya &
Associés, 2010.
- R. PERROT, Institutions judiciaires, Paris, 12ème éd. Montchrestien, 2012.
- RASSAT M. L., Institutions judiciaires, Paris, éd. PUF, 1996.
- SALAS D. et EPINEUSE H. (direction), L'éthique du juge : une approche européenne
et internationale, Paris, éd. Dalloz, 2003.
- VAN COMPERNOLLE J. et STORME M (direction), La discipline des magistrats,
Bruxelles, éd. Kluwer et Bruylant, 2001.
- WARLMONT R., Le magistrat. Son statut et sa fonction, Bruxelles, éd. Ferdinand
Larcier, 1950.
- WASENDA N’SONGO, Contentieux administratif congolais, essai d’analyse de
doctrine et de jurisprudence, Kinshasa, Collection informations juridiques, 1998.

2. Articles et rapport

- BUYLE J.-P., « Petites inconduites au pays des merveilles », in La responsabilité


professionnelle des magistrats-Actes du colloque organisé le 15 février 2007 à
l’Université catholique de Louvain, Les Cahiers de l’Institut d’études sur la Justice, n°
10, Bruxelles, éd. Bruylant, 2007, p. 146 et s.
P a g e | 35

- CANIVET G., "La conception française de la déontologie des magistrats", in D.


SALAS et H. EPINEUSE (direction), L'éthique du juge : une approche européenne et
internationale, Paris, éd. Dalloz, 2003, p.109 et s.
- CONSEIL SUPERIEUR DE LA MAGISTRATURE, Rapport de la commission
spéciale du Conseil supérieur de la magistrature chargée de la vérification des dossiers
administratifs et du contrôle physique des magistrats COSVECOM, Kinshasa, mars
2018, inédit, pp. 2 et s.
- DE FONTBRESSIN P., « Le militantisme politique du juge. Un danger pour les
libertés ? », Revue trimestrielle des droits de l'homme, 2004, pp. 423-424.
- DELOS M. et DOM M., « La réserve du magistrat : qu’en faire ? », in Vers une
nouvelle déontologie, Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil
supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009, pp. 88 et s.
- DE RIEMAECKER X. et LONDERS G., « Déontologie et discipline », in DE
RIEMAECKER X. et alii, Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La
Charte, 2000, pp. 303 et s.
- DE RIEMAECKER X. et LONDESRS G.,"Le régime des incompatibilités", in DE
RIEMAECKER X. et alii, Statut et déontologie du magistrat, Bruxelles, éd. La
Charte, 2000, pp. 135 et s.
- DUJARDIN J., "Le contrôle de légalité exercé par la Cour de cassation sur la justice
au sein des ordres professionnels", Journal des tribunaux, 2000, pp.631 et s.
- KERNALEGUEN F., « L’excès de pouvoir du juge », in Justices, 1996, n°3, pp.151
et s.
- LAMBERT P., « Le devoir de réserve et les notions voisines » in Le devoir de
réserve : l’expression censurée ? Actes de la table ronde organisée par l’Institut
d’Etudes sur la Justice du 17 octobre 2003, Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 9-19.
- LAMON H., « Note en vue de réfléchir à une déontologie des magistrats du Conseil
supérieur de la justice. Considérations de l’Ordre des barreaux flamands », in Vers une
nouvelle déontologie, Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil
supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009, pp. 75 et s.
- LONDERS G., « Introduction générale-La déontologie du magistrat », in Vers une
nouvelle déontologie, Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil
supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009, pp. 2 et s.
- MAGENDIE J. Cl., « La responsabilité des magistrats : contributions à une réflexion
imposée », Recueil Dalloz, 2005, pp. 2420 et s.
- MANDOUX P. et VANDERMEERSCH D., « Le point de vue du magistrat », in Le
devoir de réserve : l’expression censurée ? Actes de la table ronde organisée par
l’Institut d’études sur la justice le 7 octobre 2003, Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 40 et
s.
- MATRAY Chr., « Le nouveau régime disciplinaire des magistrats. Arcades et dédales
de procédure », in Journal des Tribunaux, 2000, pp. 140 et s.
- MATRAY Chr., « La sanction des manquements dans l’ordre judiciaire », in Le
devoir de réserve : l’expression censurée ? Actes de la table ronde du 17 octobre
2003 tenue à la Maison du barreau de Bruxelles, Bruxelles, éd. Bruylant, 2005, pp.
145 et s.
- MATRAY Chr., « La responsabilité déontologique des magistrats-Pour une
déontologie positive », in La responsabilité professionnelle des magistrats-Actes du
P a g e | 36

colloque organisé le 15 février 2007 à l’Université catholique de Louvain, Les Cahiers


de l’Institut d’études sur la Justice, n° 10, Bruxelles, éd. Bruylant, 2007, p. 89 et s.
- MATRAY Chr., « Les travaux du Conseil supérieur de la justice », in Vers une
nouvelle déontologie, Colloque organisé le 30 mai 2008 à Bruxelles par le Conseil
supérieur de la justice, Bruxelles, éd. Bruylant, 2009, pp. 48 et s.
- PRALUS-DUPUY J., « La répression disciplinaire de l’infraction pénale », in Revue
de science criminelle, 1992, p. 238 et s.
- VAN COMPERNOLLE J.,"L'évolution de la fonction de juger dans les ordres", in
Fonction de juger et pouvoir judiciaire, Bruxelles, Facultés universitaires Saint Louis,
1983, pp. 405 et s.
- VERDUSSEN M., « Le devoir de réserve au regard de la jurisprudence de la Cour
Européenne des Droits de l’homme », in Le devoir de réserve : l’expression
censurée ? Actes de la table ronde organisée par l’Institut d’études sur la justice du
17 octobre 2003, Bruxelles, Bruylant, 2004, pp. 21-31.

III. Thèse

KAVUNDJA N. MANENO T., L’indépendance et l’impartialité du juge en droit comparé


belge, français et de l’Afrique francophone, Vol. II. L’impartialité du juge, Thèse de doctorat
en droit, Faculté de Droit, U.C.L., Louvain-la-Neuve, 2005, pp. 597-600.

Vous aimerez peut-être aussi