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Réalisé par :
LAILA HARROUNI BOUISSANE
SALMA NADIR
SOUHAILA ROUDANI
Encadré par :
Professeur HASSAN EL HABTI
Année universitaire :
2020/2021
Introduction
2 Sont du domaine de la loi, outre les matières qui lui sont expressément dévolues par d’autres articles de la constitution :
- les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule, et dans d’autres articles de la présente constitution ;
- le statut de la famille et l’état civil ;
- les principes et règles du système de santé ;
- le régime des médias audio-visuels et de la presse sous toutes ses formes ;
- l’amnistie ;
- la nationalité et la condition des étrangers ;
- la détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables ;
- l’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de juridictions ;
- la procédure civile et la procédure pénale ;
- le régime pénitentiaire ;
- le statut général de la fonction publique ;
- les garanties fondamentales accordées aux fonctionnaires civils et militaires ;
- le statut des services et forces de maintien de l’ordre ;
- le régime des collectivités territoriales et les principes de délimitation de leur ressort territorial ;
- le régime électoral des collectivités territoriales et les principes du découpage des circonscriptions électorales ;
- le régime fiscal et l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impôts ;
- le régime juridique de l’émission de la monnaie et le statut de la banque centrale ;
- le régime des douanes ;
- le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des sociétés et des coopératives ;
- les droits réels et les régimes des propriétés immobilières publique, privée et collective ;
- le régime des transports ;
- les relations de travail, la sécurité sociale, les accidents de travail et les maladies professionnelle ;
- le régime des banques, des sociétés d’assurances et des mutuelles ;
- le régime des technologies de l’information et de la communication ;
- l’urbanisme et l’aménagement du territoire ;
- les règles relatives à la gestion de l’environnement, à la protection des ressources naturelles et au développement durable ;
- le régime des eaux et forêts et de la pêche ;
- la détermination des orientations et de l’organisation générale de l’enseignement, de la recherche scientifique et de la
formation professionnelle ;
- la création des établissements publics et de toute autre personne morale de droit public ;
- la nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations.
Outre les matières visées à l’alinéa précédent, le Parlement est habilité à voter des lois-cadres concernant les objectifs
fondamentaux de l’activité économique, sociale, environnementale et culturelle de l’Etat.
au parlement, ce qui par conséquent écarte le règlement3. En troisième lieu, la
légalité pénale est basée sur une idée de politique criminelle. Cette dernière
cherche à prévenir, de dissuader les individus et les avertir à propos des faits
punissables et ce par le moyen des textes établis préalablement à l’agissement
antisocial. De ce fait, le principe légaliste apparaît à la fois comme une garantie
des libertés individuelle contre l’arbitraire de tout détenteur de pouvoir, que ce
soit le juge pénal ou même le législateur.
Si le principe de la légalité reste une nécessité incontestable pour la
préservation des droits et libertés des individus, il est légitime de s’interroger
sur ses conséquences juridiques et les répercussions de son non-respect.
3 Article 72 : Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaire.
Chapitre 1 : L’encadrement juridique du
principe de la légalité pénale
« Les juges de la nation ne sont que la bouche qui prononce les paroles de la
loi », ce postulat qui puise sa source dans « De l’esprit des lois » de
Montesquieu, tout en affirmant le principe de la légalité criminelle, attribue au
juge un rôle passif dans l’application de la loi, sans possibilité d'en modifier le
sens ni la portée.
Cependant, une application limitative des textes de loi se heurte à la
protéiformité des situations qui se présentent devant le juge. Plus encore,
l’adoption par le législateur de formules extensives et larges ainsi que son
recours fréquent à des énumérations à titre indicatif plutôt qu’à des listes
exhaustives, et ce dans le but d’éviter une rigidité excessive et de permettre
l’adaptabilité de la loi à la particularité de chaque situation4, met en exergue
l’impérativité d’une émersion d’une manœuvre du juge, car l'application d'une
loi générale et abstraite à une situation particulière et concrète suppose
nécessairement une opération intellectuelle menée par celui-ci consistant dans
un premier temps dégager le sens et la portée de la loi à travers
l'interprétation et dans un second temps, à attribuer les faits matériels à une
infraction pénale par le biais de la qualification.5
Il n'est donc pas exact de prétendre dissiper le pouvoir d'interprétation, ni même de le
limiter aux lois obscurs et imprécises, car une loi pénale aussi précise soit-elle, son
interprétation demeure nécessaire afin de l'appliquer aux faits qualifiés.
Bien qu’une consécration expresse du pouvoir d’interprétation judiciaire
dévolue au juge par le droit interne marocain fasse défaut, il peut être décelé
de l’article 240 du code pénal incriminant le déni de justice « sous quelque
prétexte que ce soit, même du silence ou de l'obscurité de la loi »,
reconnaissant ainsi au juge, tenu de statuer dans les affaires qui lui sont
confiées, un pouvoir d’interprétation lorsque la loi est obscure, imprécise ou
équivoque. Il n’appartient, cependant pas au juge, sous le couvert d’une
interprétation, d’étendre le champ de la répression ou d’introduire des
distinctions que la loi ne fait pas.
Ainsi, toute la difficulté réside dans la détermination des règles ainsi que des
limites de cette interprétation qui ne fait l’objet d’aucun encadrement légal6 si
ce n’est celui d’une pratique judiciaire constante, consistant en la restriction de
l’interprétation de la loi.
Le principe dans le système pénal marocain est donc l'interprétation stricte
des textes pénaux comme corollaire essentiel du principe de légalité pénale,
qui commande de ne pas appliquer le droit pénal de manière extensive au
détriment de l’accusé7. Ainsi, lorsque la loi est claire, elle doit s'appliquer et
Par altération, on entend ici les techniques dont l’effet est de limiter la force
de principe de la légalité et de porter atteinte à son application rigoureuse.
Pour l’incrimination, elle revient au fait pour le législateur de rendre un
comportement ou un fait comme étant constitutif d’une infraction. Selon
l’article 71 de La constitution de 29 juillet 2011 « Sont de domaine de la loi,
outre les matières qui lui sont dévolues par d’autres article de la
constitution (…) La détermination des infractions et des peines qui
leur sont applicables ». Toutefois, il existe des techniques ayant réussi à faire
altérer ce principe, ces techniques sont les suivantes :
Elle est utilisée pour réprimer par une formule générale les infractions à tout
ou partie d’un texte voire à un ensemble de texte. C’est le cas des articles
formulés par exemple de la manière suivante « Toute autre infraction non
prévue par tel ou tel article et portant atteinte à la présente loi est
sanctionnée par telle ou telle peine ». Ces articles généraux ne permettent
pas aux individus de limiter les actes pouvant entrer dans le cadre de cette
catégorie d’articles, et qui d’ailleurs peuvent englober toutes les situations
touchant leur champ d’application. Tel est le cas du Dahir Mach2oume de
1935, qui avait une large application à cause des termes utilisées pour
incriminer.
c- L’incrimination large :
Malgré l’obligation qui lui est faite de légiférer par des textes précis il arrive
parfois que le législateur recourt à des formules très vagues en incriminant ‘’
Tout acte par lequel’’, tel est le cas par exemple de l’article 77 du Dahir formant
code des obligations et des contrats.
Cette technique est en gros contraire au principe de la légalité. Toutefois,
dans certains cas, une précision trop grande serait un moyen d’éluder à la
répression. C’est l’exemple de délit d’escroquerie prévue par l’article 540 du
Code Pénal marocain qui prévoit que « Quiconque, en vue de se procurer
ou de procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime, induit
astucieusement en erreur une personne par des affirmations
fallacieuses, ou par la dissimulation de faits vrais, ou exploite
astucieusement l'erreur où se trouvait une personne et la détermine
ainsi à des actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux
d'un tiers, est coupable d'escroquerie et puni de l'emprisonnement
d'un à cinq ans et d'une amende de 500 à 5.000 dirhams. ». Le
législateur dans cet exemple dispose de façon générale sans donner plus de
précisions sur les affirmations fallacieuses, les faits vrais, ou la nature de
l’erreur où la victime peut se trouver. La question qui se pose c’est en quoi
ces moyens consistent et sur quoi doivent-ils porter ?
De même, l’article 483 du Code Pénal marocain prévoit de façon
vague que
« Quiconque, par son état de nudité volontaire ou par l’obscénité de
ses gestes et de ses actes, commet un outrage public à la pudeur est
puni de l’emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une amende de
200 à 500 Dhs » Cet exemple d’article imprécis peut être soumis à la cour
constitutionnelle dans le cadre d’une exception d’inconstitutionnalité prévue
par l’article 133 de la constitution marocaine qui précise que « La cour
constitutionnelle est compétence pour connaître d’une exception
d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès, lorsqu’il est
soutenu par l’une des parties que la loi dont dépend l’issue de litige
porte atteinte aux droits et libertés garanties par la constitution ».
9
Toute tentative de crime qui a été́ manifestée par un commencement d'exécution ou par des actes non
équivoques tendant directement à le commettre, si elle n'a été́ suspendue ou si elle n'a manqué́ son effet que par
des circonstances indépendantes de la volonté́ de son auteur, est assimilée au crime consommé et réprimée
comme tel.
10
Article 163 : L'attentat contre la vie ou la personne du Roi est puni de mort. Cet attentat n'est jamais excusable.
Article 164 : L'attentat contre la personne du Roi, lorsqu'il n'a pas eu pour résultat de porter atteinte à̀ sa liberté́ et
qu'il ne lui a causé́ ni effusion de sang, ni blessures, ni maladie est puni de la réclusion perpétuelle.
11
Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toutes autres violences
ou voies de fait, soit qu'ils n'ont causé́ ni maladie, ni incapacité́, soit qu'ils ont entraîné́ une maladie ou une
incapacité́ de travail personnel n'excédant pas vingt jours, est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et
d'une amende de 200150 à 500 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement.
Lorsqu'il y a eu préméditation ou guet-apens ou emploi d'une arme, la peine est l'emprisonnement de six mois à
deux ans et l'amende de 200151 à 1.000 dirhams.
volontaires réalisées par l’emploi des armes, considérés comme circonstance
aggravante, il doit se référer à l’article 30312 du même code afin de connaitre ce
que le législateur entend par le terme « armes ».
Le législateur pénal ne pouvant pas être exhaustive et prévoir toutes les
formes d la criminalité, surtout que la société marocaine est en évolution,
l’Humain cherche toujours à contourner la loi par plusieurs manœuvres. Le juge
peut être tenté de combler ces vides en attribuant une qualification pénale aux
activités que la loi pénale méconnait, cette attitude est irrecevable lorsque
l’ordre juridique est dominé par le principe de la légalité.
Le juge pénal lui est donc interdit de recourir à la méthode de l’analogie 13 ou
la qualification typologique.
Conclusion
12
Sont considérées comme armes pour l'application du présent code, toutes armes à feu, tous explosifs, tous engins,
instruments ou objets perçants, contondants, tranchants ou suffoquant.
- Dahir du 18 moharrem 1356 (31 mars 1937) règlementant l’importation, le commerce, le port, la détention et le dépôt, en
zone française de l’Empire chérifien, des armes et de leurs munitions, Bulletin Officiel n° 1276 du 9 avril 1937, p. 476 ;
- Dahir n° 1-58-286 du 17 safar 1378 (2 septembre 1958) sur la répression des infractions à la législation relative aux armes,
munitions et engins explosifs, Bulletin Officiel n° 2393 du 5 septembre 1958, p. 1434 ;
- Dahir du 24 Joumada I 1373 (30 janvier 1954) relatif au contrôle des explosifs, Bulletin Officiel n° 2154 du 5 février 1954.
13Qui consiste à résoudre une espèce pénale non prévue par la loi en se réclamant de son esprit, en prenant pour point de
départ la similitude de l’espèce avec un autre cas que la loi a définie ou a prévu. Nous distinguons entre l’analogie Legis qui est
fondée sur le texte, le juge cherchera la solution dans un cas analogue déjà prévu.
Quant à l’analogie Juris qui s’appuie sur les principes généraux du droit.
Le grand pénaliste Éric Dupond Moretti dans son ouvrage Directs du
droit, insiste aujourd’hui sur le principe de la correctionnalisation, qui a
tendance à rendre les jugements plus équitables et que plutôt de tenter une
vengeance collective, pourquoi ne pas appréhender les évènements avec une
certaine hauteur, avec un recul et prendre une décision mesurée prenant en
compte tous les éléments du dossier, la personnalité du délinquant, son passé
vécu... Certes le principe de la légalité reste la pierre angulaire de la matière,
sans lequel on ne pourrait pas parler de Code pénal, ni de sanctions, mais la
rigueur dudit principe doit être relative à l’état actuel de la société où ces
peines sont appliquées.
Bibliographie
Ouvrages :