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Master sciences juridiques

Module : droit comparé

Le droit africain de la famille 

Réalisé par : AYOUBI Hamza


SBAY Younes
TOUNFI Abdelkader
EL OUALAD Salah Eddine

Sous l’encadrement de : Mme. El FERKLI Aida

Année universitaire : 2022-2023

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Introduction :

Religieux, coutumier et vêtu d’idéologie traditionnelle, le droit africain et plus précisément le


droit de famille en Afrique est connu pour ces trois critères, qui s’entremêlent pour former le
cadre normatif que le peuple en question devra suivre pour une telle ou telle période, un cadre
qui diffère d’un groupe de pays à un autre, suite aux différences liées principalement à la
religion, ou bien la composition géographique du continent. Encore plus, même dans les pays
qui partagent des aspects sur ce droit, on peut toujours y trouver des points de divergences en
relation avec la coutume de chaque pays.

Cela dit, il est important aussi de savoir que l'Afrique est un continent qui a connu pendant
longtemps des interventions des différents pouvoirs coloniaux (France, Angleterre…) qui a
laissé et laisse toujours dans quelques pays africains leurs traces dans l’influence du droit de
ces derniers.

Ceci nous pousse à considérer qu’il n’est point logique de rassembler certains des critères
cités et en exclure l’un d’eux, du fait que chacun d’eux jouit de sa propre importance sur la
direction du potentiel cadre normatif que chaque pays ou groupe de pays y sera soumis.

Cette importance de chacun des critères ainsi que la richesse de leurs différences, dans le sens
où il en existe tellement qu’on ne pourrait les cerner dans un travail pareil, nous poussent à
approcher le sujet d’une perspective nous permettant de s’intéresser à la manière suite à
laquelle nous constatons la coexistence de ces derniers ; dans la mesure où il faut savoir la
l’influence qui existe entre eux, et principalement celle par laquelle les religions et les
coutumes pèsent leurs importances sur le sens du cadre juridique, c’est-à-dire le droit positif
qu’on sait comme on l’a cité précédemment qu’il est différent suite à plusieurs
décompositions sur lesquelles nous allons nous attarder plus tard.

Ceci dit, une question cruciale nous vient à l’esprit, et c’est celle de : Dans quelle mesure le
régime religieux ainsi que coutumier ont pu influencer le système juridique africain en droit
de famille avec leur diversité ? Et qu’en est-il des difficultés créées par cette influence ?

A cet effet, il convient d’adopter le plan suivant afin de répondre à cette problématique :

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PLAN :

I : Similitudes et différences entre les pays d’Afrique : régimes avec influence


distincte.

A- : Mariage et divorce.
B- : Succession et filiation.

II : Insuffisances imposées par l’influence coutumière et une


potentielle réforme :

A-  : Les manquements juridiques du droit africain de la famille.


B-  : Une suggestion de réforme : amélioration du droit africain de la famille.

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I- Similitudes et différences entre les pays d’Afrique : régimes avec
influence distincte.

A – Le mariage et le divorce :

Le mariage au Maroc, il est régi par le Code de la famille (Moudawana), qui est entré en
vigueur en 2004. Le Code de la famille régit non seulement le mariage, mais aussi le divorce,
la garde des enfants et d'autres aspects du droit de la famille.

Selon le Code de la famille, l'âge minimum pour se marier est de 18 ans pour les hommes et
les femmes. Toutefois, les mineurs peuvent se marier suite à l’autorisation du juge de la
famille. Le mariage est considéré comme un contrat civil entre deux parties, et il doit être
célébré devant un Adoul (notaire musulman). Le contrat de mariage doit inclure certaines
informations, telles que les noms et les adresses des époux, le montant de la dot et les
conditions de son versement, ainsi que les obligations et les droits de chaque époux.

Les époux ont des droits et des obligations envers l'autre. Les hommes sont tenus de subvenir
aux besoins de leur femme, tandis que les femmes ont le droit de travailler et de gérer leur
propre argent.

La polygamie est autorisée au Maroc, mais elle est soumise à des restrictions. Les hommes
qui souhaitent se marier avec plus d'une femme doivent obtenir une autorisation judiciaire et
doivent démontrer qu'ils ont les moyens financiers de subvenir aux besoins de toutes leurs
épouses. De plus, les femmes doivent être notifiées suite à la demande de la polygamie et ont
le droit de demander le divorce si elles ne souhaitent plus être impliquées dans une relation
polygame.

La même chose s’applique d’une manière similaire dans les autres pays musulmans africains
en ce qui concerne les grandes lignes, à savoir les conditions de validités, les empêchements
etc, tels que l’Algérie, la Libye, l’Egypte etc. Cependant, il se peut qu’il y ait une certaines
différences notamment en matière des droits accordé à la femme. En effet, le Maroc a autorisé
à la femme majeure de se marier d’une manière autonome sans la présence obligatoire de son
tuteur légal, chose qu’on ne retrouve pas dans d’autres pays africains ayant une confession
musulmane.

Ainsi, Le Soudan1 a une pluralité de lois et de statuts personnels qui régissent le mariage et les
relations familiales. Ces lois varient en fonction de la région et de l'appartenance religieuse
des personnes concernées.

1
"The Legal System of the Sudan: An Introduction to the Legal System and Legal Institutions
of the Sudan" de Muhammed Tawfiq Ladan, publié par Springer en 2017.

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Dans les régions du nord du Soudan, où la majorité de la population est musulmane, la loi
islamique, ou la charia, est appliquée dans les tribunaux religieux et les tribunaux civils. Selon
la charia, le mariage est considéré comme un contrat civil et légal entre un homme et une
femme. Les deux parties doivent consentir librement au mariage, et il est préférable que le
mariage soit contracté en présence de témoins. La dot, ou la "mahr", doit également être
négociée et fixée avant le mariage.

Dans les régions du sud du Soudan, où la majorité de la population pratique des religions
traditionnelles ou chrétiennes, le mariage est généralement régi par les lois civiles et
coutumières. Les coutumes varient en fonction de l'ethnie et de la région, mais généralement,
le mariage est également considéré comme un contrat légal et civil entre un homme et une
femme..

Il est important de noter que le mariage polygame est autorisé dans certaines régions du
Soudan, en particulier dans les régions du nord où la charia est appliquée. Cependant, même
dans ces régions, la polygamie est soumise à certaines conditions, notamment le consentement
de toutes les épouses et la capacité financière de l'homme à subvenir aux besoins de toutes les
familles.

De l’autre côté, le Nigeria est un pays multiethnique et multiconfessionnel, avec des lois
matrimoniales différentes pour les différents groupes religieux et ethniques. Le droit
matrimonial islamique est appliqué par les tribunaux sharia dans les États du nord à majorité
musulmane, tandis que le droit matrimonial coutumier est appliqué dans les États du sud à
majorité chrétienne et animiste.

Dans les États du nord, où la charia est appliquée, l'âge minimum pour le mariage est de 18
ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes, bien que des exceptions soient souvent
faites pour les filles plus jeunes. Dans certains États, les tribunaux sharia peuvent autoriser le
mariage des filles dès l'âge de 9 ans.

Dans les États du sud, où le droit matrimonial coutumier est appliqué, l'âge minimum pour le
mariage varie en fonction des coutumes et des traditions locales, mais est généralement de 18
ans pour les deux sexes.

Il est important de noter que les mariages coutumiers et religieux ne sont pas reconnus par la
loi nigériane, et seuls les mariages civils enregistrés auprès des autorités compétentes sont
considérés comme juridiquement valables. Par conséquent, même si une personne a conclu un
mariage religieux ou coutumier, elle doit se marier également civilement pour être considérée
comme légalement mariée au Nigeria.

Quant au divorce :

En Mauritanie : Pays musulman, avec une influence importante de la coutume et de


l’Histoire coloniale, la question du divorce a toujours été régie en se basant sur la religion et
les traditions, dans le sens où selon ces dernières, le droit de demander le divorce
n’appartenait qu’aux hommes..

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Cependant, ce n’est qu’après avoir subi le régime colonial et son influence sur le régime
mauritanien interne, et s’en être sorti en 1960, que certains aspects et effets du divorce ont pu
voir un changement, dans la mesure où le régime français a apporté une “simplification” des
procédures de divorce, en accordant le droit aux femmes comme aux hommes de demander le
divorce; les femmes qui n’avaient pas cette possibilité même en cas de violence ou de
mauvais traitements, mais pas que même en question de la garde des enfants qui, selon la
religion musulmane et la coutume mauritanienne appartient à la femme après le divorce, se
trouve ici face à une “modernisation” apportée par le régime français qui fait qu’elle ne
devrait pas appartenir à la femme directement mais il faut avoir des mesures à prendre en
considération pour décider si l’enfant restera avec sa mère ou bien avec son père cette fois-ci.

Encore plus, en ce qui concerne le partage des biens, traditionnellement en Mauritanie ainsi
que sur le niveau religieux, les biens acquis lors du mariage sont considérés comme la
propriété commune des époux, compte tenu de la perception du mariage comme une union
économique, toutefois, pendant la période coloniale française, les tribunaux coloniaux ont
introduit des lois françaises qui ont modifié les pratiques de partage des biens et ont
encouragé les époux à établir des contrats qui déterminent la propriété de ces biens et peuvent
ne pas faire question de leur propriété commune.

En Afrique du sud : Pays avec une diversité coutumière très importante, dans le sens où les
mesures prises par chaque groupe ethnique varient d’une zone géographique à une autre, mais
l’idée principale chez la majorité de ces groupes c’est que le divorce est considéré en afrique
du sud comme un tabou et les conjoints sont forcés socialement à trouver des solutions à leurs
problèmes plutôt que de recourir au divorce, mais on peut aussi trouver quelques zones où le
divorce est envisagé, certes dans des conditions limitées mais c’est une procédure qui peut
avoir lieu.

Cela dit, il convient donc de montrer cet aspect de différence sur l’un des effets majeurs du
divorce, à savoir la réponse à la question de qui est-ce qui va avoir la garde de l’enfant ?

Il s’agit d’une question dont la réponse est soumise à plusieurs facteurs, chez les familles
musulmanes elle est accordée à la femme, pourtant chez celles des chrétiens, elle peut être
partagée entre les parents, mais parallèlement à la religion, la coutume a aussi son mot à dire
sur la garde des enfants, cela se manifeste par le fait que chez certaines communautés
(zouloues), cette garde est toujours accordée à la famille paternelle ; donc qu’en est-il des
familles musulmanes qui appartiennent à ces communautés.

Encore, traditionnellement chez certaines communautés sud-africaines (xhosas), les biens


acquis lors du mariage sont considérés comme la propriété de la famille de l’homme plutôt
que celle de la femme, ce qui rendait difficile pour la femme de récupérer sa part des biens en
cas de divorce, pour cela, et après que la colonisation ait introduit le droit romain-néerlandais
et le common law anglais, il y a eu deux régimes matrimoniaux principaux, celui de la
communauté des biens ainsi que la séparation des biens, cela dit, après l’indépendance, est ce
que l’Afrique du sud a totalement suivi le régime colonial hérité ou bien il y a eu un retour
chez les pratiques et coutumes locales ?

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Une question pour laquelle la réponse n’est pas évidente dans le sens où entre coutumes et
religions d’une part et l’influence coloniale d’une autre, le droit positif sud-africain se voit
aujourd’hui susceptible de se soumettre à n’importe quelle direction des trois précitées, et ce,
suite à plusieurs facteurs, comme par exemple le recours va être fait devant quel tribunal
(coutumier/religieux ou de droit commun), ainsi que la zone géographiques des sujets de ce
droit mixte et la nature de la primauté dans cette zone qui peut différer totalement d’une autre.

En Ethiopie : A titre illustratif des différences concernant le divorce, et pour rester toujours
dans le cadre des effets de ce dernier, il convient de mentionner qu’en Ethiopie,
religieusement, que ce soit pour les chrétiens ou les musulmans, la garde de l’enfant
appartient à la femme, même si sur le plan coutumier c’est une notion plus large et plus
compliquée car elle relève de la compétence de toute la famille (grands-parents, tantes,
oncles..), ceci dit, et après la colonisation italienne (1936-1941), les lois italiennes ont été
imposées en matière de garde des enfants, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de
cas de garde accordés au père plutôt qu'à la mère. Cette influence coloniale a laissé une
empreinte durable sur le système juridique éthiopien, même après l'indépendance du pays.

Ainsi, pour le partage des biens acquis pendant le mariage, autant que second effet du divorce,
la pratique coutumière éthiopienne fait que le partage de ces derniers doit être égal, cependant
dans certains régions, le sexe et l’origine ethnique des époux peuvent influencer la répartition
et en adopter une qui est inégale.

B – La succession et la filiation:

--- Les conflits entre droit traditionnel et droit moderne provoquent encore bien des aléas sur
le continent Africain, notamment lors du partage des héritages familiaux. Poids de la religion
et pesanteurs socio-économiques se mêlent souvent aux règles du mariage coutumier et
priment sur celles du civil, occasionnant ainsi de nombreux effets.

Dans le mariage coutumier, quand surviennent des problèmes d’héritage, ce sont, par
exemple, assez traditionnellement les parents du partenaire masculin qui s’approprient les
biens au détriment de l’épouse et des enfants. Nous allons traiter 3 pays ou le régime
successoral se diffère en Afrique.

En Madagascar, où les règles coutumières et le droit civil se côtoient. , le pays a connu une
évolution significative de son régime successoral, passant d'une réglementation fondée sur les
règles coutumières à une législation moderne qui prend en compte les enjeux sociaux et
économiques actuels.

Historiquement, la succession à Madagascar était régie par les règles coutumières qui
accordaient une place prépondérante aux enfants mâles, au détriment des enfants femelles et
des conjointes survivantes. Toutefois, cette réglementation a été progressivement modifiée
avec l'introduction du droit civil français dans la législation malgache. Ainsi, la loi de 1901
relative à la succession a instauré le principe de l'égalité entre les enfants, qu'ils soient mâles
ou femelles, dans la succession. Cette réforme a permis de lutter contre les discriminations de

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genre et d'assurer une protection équitable des droits de succession. Cependant, la pratique de
la succession continue de subir l'influence des normes coutumières, en particulier dans les
zones rurales où la coutume reste largement ancrée dans les pratiques sociales.

Plus récemment, le Code civil malgache de 1960 a renforcé la protection des conjointes
survivantes en leur accordant des droits à la succession, même si elles n'étaient pas mariées
selon les règles du droit civil. Cette réforme a permis de reconnaître les réalités sociales du
pays, où les unions informelles sont fréquentes et où les femmes sont souvent confrontées à
des difficultés pour faire valoir leurs droits à la succession. En outre, le Code civil a
également instauré un régime de succession légale, qui s'applique en l'absence de testament, et
qui permet de protéger les héritiers en cas de décès sans disposition testamentaire.

Malgré ces avancées, la réglementation successorale en Madagascar reste perfectible et doit


encore faire face à des défis importants. En effet, la pratique de la succession continue de
subir l'influence des normes coutumières, en particulier dans les zones rurales où les traditions
ont une forte emprise sur les mentalités et les pratiques sociales. Par ailleurs, les enjeux
économiques liés à la succession sont de plus en plus importants dans un pays où la propriété
foncière est un enjeu central de l'activité économique. Enfin, la réglementation successorale
doit tenir compte des évolutions sociales, comme la prévalence des unions informelles et la
montée de l'urbanisation, qui peuvent compliquer la gestion des successions

La succession en Madagascar est un sujet complexe qui implique la prise en compte des
normes coutumières et du droit civil. Les évolutions récentes de la réglementation
successorale ont permis de renforcer la protection des droits de succession des femmes et des
conjointes survivantes, mais des défis importants restent à relever pour assurer une gestion
équitable des successions dans le pays.

Au Sénégal2, les mécanismes sont complexes. Selon le Code de la famille, deux régimes
successoraux sont applicables : une succession de droit musulman et une succession de droit
dit « moderne », proche du droit français - le dernier étant plus favorable aux femmes que le
premier. Chacun peut choisir qu'à son décès, sa succession soit assurée, suivant l’un ou
l’autre. Pour cela, il faut en manifester la volonté de son vivant ; en l’absence de choix c’est le
droit moderne qui s’appliquera d’office. L’enjeu est de taille car il est vrai que les variations
ne sont pas des moindres. Si le droit moderne, par exemple, n’effectue pas de distinction entre
homme et femme dans le partage successoral, le droit musulman confère lui deux parts aux
garçons mais une seule à la fille. En effet, l’épouse hérite le quart de la succession en
l’absence de descendance, ou le huitième quand le défunt laisse des enfants (s’il y a plusieurs
veuves, elles se partagent le huitième de la succession) ; tandis que selon le droit commun,
homme et femme, frère et sœur, ont la même part, la loi ne faisant aucune distinction en la
matière.

2
https://www.add-associes.com/2021/05/12/entre-tradition-et-modernite-les-conflits-de-
succession-en-afrique-noire/

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Au Cameroun3, même histoire : les Européens qui ont colonisé le pays, notamment les
Français et les Anglais, n’ont que peu considéré les normes traditionnelles en vigueur à leur
arrivée et les ont remplacées par un droit importé d'Europe. Ceci posé, le remplacement des
pratiques existantes était infiniment trop offensif, les interdire eût été contre-productif, des
entrelacs se sont donc tissés entre conduites et usages traditionnelles et prescriptions
importées d’un droit européen, qui perdurent encore.

Dans les contentieux où la coutume peut intervenir comme les successions, le citoyen
camerounais peut, par exemple, choisir de se référer à un tribunal coutumier ou moderne. S’il
choisit le tribunal coutumier, celui-ci applique les règles traditionnelles mais si ces règles vont
à l’encontre des normes du droit moderne, les décisions peuvent être invalidées par un
tribunal. Ainsi, l’éviction des règles coutumières (et la promotion des principes civilistes)
s’est progressivement imposée, dans un champ où des considérations religieuses et sociales
restent pourtant très solides. Il en a résulté une dénaturation du sens des successions et un
certain désordre au sein des familles.

En ce qui concerne la filiation en va s’attarder sur des législations de quelques pays du


continent africain à titre d’exemple à savoir l’Etat du Bénin, congolais et camerounais.

Quant à la filiation d’origine et adoptive en Benin et selon les dispositions du code des
personnes et de la famille, l’établissement de la filiation maternelle est régi par la loi nationale
de la mère au jour de la naissance. En vertu de l’Article 990 : L’établissement de la filiation
paternelle est régi par la loi nationale du père au jour de la naissance. Si la filiation paternelle
ne peut être établie en vertu de la loi nationale du père, celle-ci peut être établie en vertu de la
loi du domicile commun des parents au jour de la naissance ; à défaut par la loi du for.

Article 991 : L’établissement volontaire de la filiation est régi par la loi nationale de l’enfant.
La forme de l’acte établissant volontairement la filiation est régie soit par la loi nationale de
l’enfant, soit par la loi du lieu où l’acte a été posé.

Article 992 : L’établissement judiciaire et la contestation de la filiation sont régis par la loi
nationale de l’enfant.

Au Cameroun, excepté la loi n° 2022/014 du 14 juillet 2022 relative à la procréation


médicalement assistée qui prend en compte les progrès de la science en matière de filiation,
aucune modification législative n'est intervenue depuis 1981, date de l'entrée en vigueur de
l'Ordonnance n° 81/02 du 29 juin 1981 portant organisation de l'état civil et diverses
dispositions relatives à l'état des personnes physiques. Pourtant, les rapports de famille ont
connu de grandes mutations, allant de l'égalisation des statuts des enfants à la recherche de
leur intérêt supérieur dans toutes les matières les concernant. Le sujet de cette recherche
s'attache donc à démontrer comment progressivement, doit s'opérer un déplacement des axes
du droit de la filiation sous l'influence des principes d''égalité, de vérité et d'intérêt de l'enfant.
Aussi, légiférer en la matière apparaît comme une nécessité impérieuse.

3
M. Diop, La succession en droit africain, Éditions L'Harmattan, 2002.

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Quant à La reconnaissance ou la légitimation d'un enfant né hors mariage se fait par
jugement. Il en est de même de l'adoption. Toutefois, l'accouchement vaut reconnaissance à
l'égard de la mère et le mariage célébré après la reconnaissance emporte légitimation des
enfants reconnus nés des époux. La reconnaissance et la légitimation, à l'exception de la
légitimation adoptive, sont fondées sur le lien de sang. Quand celui-ci est établi, nul ne peut
faire obstacle à la reconnaissance. De plus, l'enfant né hors mariage peut être reconnu par le
père naturel. Dans ce cas la mère est entendue et si elle est mineure, ses parents sont
également entendus. Toutefois, l'enfant né du commerce adultérin de sa mère ne peut être
reconnu par le père naturel qu'après désaveu du mari en justice. En revanche il est irrecevable
toute action en reconnaissance d'un enfant issu d'un viol.

L'officier d'état civil identifie les parents de l'enfant et consigne la déclaration dans un
registre coté, paraphé par le Président du Tribunal de Première Instance et destiné à cet effet.

Cette déclaration est signée par le père, la mère, les témoins et l'officier d'état civil avant
l'établissement de l'acte de naissance.

Si l'un des parents est mineur, son consentement est donné par son père, sa mère ou son
tuteur. Le consentement est donné verbalement devant l'officier d'état-civil ou par écrit
dûment légalisé, annexé au registre. Toute reconnaissance intervenue devant l'officier d'état-
civil peut être contestée devant la juridiction compétente par toute personne qui revendique la
paternité sur le même enfant.

Pour ce qui est de l’Etat congolais, on a constaté que L’article 591 du Code de la famille
dispose que « Tout enfant congolais a un père et une mère. Nul n’a le droit d’ignorer son
enfant, qu’il soit né dans le mariage ou hors mariage ». Et l’article 602 du même Code précise
que « l’enfant, né pendant le mariage ou trois cent jours après la dissolution du mariage, a
pour père le mari de sa mère ».

Ainsi, en cas de mariage, il n’y a pas de difficulté d’établir la filiation entre le père et l’enfant
(filiation paternelle). Et en cas naissance hors mariage, la filiation paternelle est établie par
une déclaration de reconnaissance de l’enfant ou une action en recherche de paternité intentée
devant le tribunal. Il est à noter que certains comportements peuvent être interprétés comme
une déclaration de reconnaissance de l’enfant, par exemple le fait de prendre en charge les
frais de gésine (frais de maternité).

Pour la filiation maternelle, il n’y a pas assez de difficultés pour l’établir, car elle résulte du
seul fait de la naissance. Autrement dit, dès que la femme met au monde un enfant, la filiation
maternelle est établie entre la mère et l’enfant.

La filiation a pour conséquence que tous les enfants, nés dans le mariage ou hors mariage,
sont tous au même pied d’égalité. Ils constituent les héritiers de première catégorie de leur
père ou mère.

Cependant, même né dans le mariage ou hors mariage, la loi donne possibilité aux personnes
intéressées (c’est-à-dire ayant intérêt) de contester la filiation devant le tribunal, par des

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actions en contestation de paternité ou de maternité. Ainsi par exemple, un père peut contester
la filiation d’un enfant né dans le mariage en prouvant qu’il n’est pas le père de cet enfant, ou
même l’enfant peut contester la filiation paternelle ou maternelle vis-à-vis de son père ou
mère. Il y a aussi des actions en recherche de paternité ou de maternité, c’est-à-dire un enfant
peut saisir le tribunal pour attester qu’il est plutôt le fils ou fille de père X ou de mère Y.

Pour clore, il sied de noter que pour l’enfant, né hors mariage et dont la filiation paternelle n’a
pu être établie, le tribunal pourra lui désigner un père juridique parmi les membres de la
famille de sa mère ou à défaut de ceux-ci, une personne proposée par la mère. Mais cet enfant
ne pourra pas se targuer d’être héritier de première catégorie pour hériter des biens de
son père juridique.

II - Insuffisances imposées par l’influence coutumière et une


potentielle réforme :
A- Les manquements juridiques du droit africain de la famille :

Le manque de mise en œuvre des lois : Même lorsque des lois existent pour protéger les
droits de la famille, elles ne sont pas toujours appliquées de manière adéquate. Cela peut être
dû à un manque de ressources, de capacités ou de volonté politique pour faire respecter les
lois.

La persistance des coutumes et des traditions néfastes : Les coutumes et les traditions
peuvent souvent aller à l'encontre des droits de la famille et des normes juridiques nationales
et internationales. Cependant, ces pratiques peuvent être difficiles à éliminer en raison de leur
ancrage culturel et de la résistance des communautés à leur abandon.

La faiblesse des institutions judiciaires : Dans certains pays africains, les institutions
judiciaires ne sont pas suffisamment fortes pour résoudre efficacement les litiges familiaux.
Les juges peuvent manquer de formation spécialisée en droit de la famille, de ressources pour
traiter les affaires, ou de capacités pour mettre en œuvre les décisions de manière efficace.

En relation avec les transformations dans les structures et configurations familiales, et aussi
dans les rapports intrafamiliaux – notamment les rapports de genre –se sont accompagnés, au
cours des dernières décennies, de changements marquants dans les politiques familiales et les
cadres législatifs relatifs à des enjeux tels que la filiation, l’héritage, le mariage ou l’égalité de
genre. En effet, le respect des droits de la personne et la promotion de l’égalité de genre sont
devenus au fil des ans des éléments centraux de la rhétorique des institutions internationales
(Calvès, 2014). Tandis que Sous la pression d’acteurs internationaux, ainsi que locaux, et à
l’ère de la « gouvernance partagée la plupart des États africains sont mis en œuvre des
réformes politiques et juridiques pour se conformer aux conventions régionales et
internationales relatives à la promotion des droits des parties vulnérables à savoir les femmes
et des enfants. Loin d’être consensuelles, ces réformes ont souvent mobilisés et opposés,

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parfois de façon violente, les différents acteurs de la société civile et les citoyens. En effet,
comme le rappellent plusieurs prétention et revendications, en Afrique comme ailleurs, la
famille demeure un sujet politiquement explosif.

Le cas de la polémique suscitée par la réforme du code des personnes et de la famille au Mali,
est un bel exemple. Les intervenants sont trop intéressés par des stratégies déployées par les
acteurs islamiques maliens pour concerter et accumuler entre ce qui coutumier, religieux et
l'influence des associations féminines afin de faire dérailler l’adoption d’un code de la famille
jugé « contraire aux valeurs religieuses.

En somme, on constate qu'il s’agit d’une prédominance de la coutume à l’égard de la religion


et même le droit positif des pays africains, cependant les manquements juridiques concernant
le droit de la famille en Afrique sont nombreux et peuvent affecter négativement les droits
humains et la justice pour les populations les plus vulnérables. Des réformes juridiques et
institutionnelles sont nécessaires pour garantir le respect des normes nationales et
internationales et pour renforcer l'accès à la justice.

B- Une suggestion de réforme : amélioration du droit


africain de la famille.
Le statut personnel dans les pays africains noirs fait référence à l'ensemble des règles
juridiques régissant les relations entre les individus en matière de mariage, de divorce,
d'héritage et de garde d'enfants. Bien que les règles varient selon les pays et les régions, de
nombreux pays africains noirs sont confrontés à des problèmes liés à leur statut personnel.
Voici quelques réformes qui pourraient aider à améliorer la situation :

La suppression des lois discriminatoires envers les femmes : De nombreuses lois relatives au
statut personnel dans les pays africains noirs sont discriminatoires envers les femmes, leur
accordant des droits inférieurs à ceux des hommes. Il est donc important de supprimer ces lois
pour garantir que les femmes ont relativement les mêmes droits que les hommes en matière de
mariage, de divorce (avec des restrictions) et de garde d'enfants en essayant de garantir le
principe de la justice plus que de l’égalité.

L'amélioration de l'accès à la justice : De nombreux pays africains noirs ne disposent pas d'un
système judiciaire efficace pour résoudre les différends liés au statut personnel. Cela peut
entraîner des injustices pour les femmes, en particulier dans les zones rurales où l'accès à la
justice est limité. Les réformes pourraient inclure la mise en place de tribunaux spécialisés
pour les questions relatives au statut personnel, l'augmentation du nombre d'avocats
spécialisés dans ce domaine et l'amélioration de l'accès à la justice pour les femmes dans les
zones rurales.

La promotion de la médiation : Dans certains pays africains noirs, la médiation est une
pratique courante pour résoudre les conflits familiaux. Cependant, il est important de veiller à
ce que la médiation soit utilisée de manière efficace et équitable pour tous les membres de la

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famille. Il est également important de former des médiateurs professionnels et compétents
pour garantir que les décisions prises soient justes et équitables.

La mise en place de mécanismes de protection des droits des femmes et des enfants : Les pays
africains noirs devraient mettre en place des mécanismes de protection des droits des femmes
et des enfants, tels que des centres d'accueil pour les victimes de violence domestique, des
services de conseil et de soutien, ainsi que des programmes de prévention de la violence. Ces
mécanismes devraient être accessibles et efficaces pour toutes les femmes et les enfants, quel
que soit leur statut socio-économique.

En résumé, les réformes nécessaires pour améliorer le statut personnel des pays africains noirs
comprennent la suppression des lois discriminatoires envers les femmes, l'amélioration de
l'accès à la justice, et la reconnaissance des droits des enfants.

Conclusion : 

En guise de conclusion, il est judicieux de savoir que le sujet du droit en général dans le
continent africain, et précisément le droit de la famille est un sujet assez complexe, et sa
compréhension n’est pas d’une grande évidence. Cela a été démontré à travers l’étude faite en
première partie, en traitant plusieurs exemples concernant plusieurs aspects du droit de la
famille (mariage, divorce, succession et filiation) pour montrer que le dispositif africain
connaît une sorte de mélange et d’hybridité entre coutumes, religions et influence
occidentale ,chose qui peut paraître pour le bien du droit africain, mais qui cache en dessous
des grands manquements dans la mesure où ces sources se trouvent la plupart des fois en
conflit continu entre elles, ce qui complique souvent les décisions devant être prises au niveau
judiciaire pour les affaires qui y sont soumis. 

Cela dit, ces différentes influences sur le droit positif africain y créent majoritairement des
manquements et des lacunes à combler, et ce, sur plusieurs niveaux. On y trouve
principalement le manque de mise en œuvre des lois, car même dans les cas où des lois sont
promulguées en vue de protéger le droit de la famille, leur application ne se voit pas assez
fluide, et on pourrait expliquer ceci par le manque de ressources ou bien de capacité politique
pour les faire respecter ou bien même par la fragilité des institutions judiciaires. Sauf que dans
la plupart des cas, ceci revient à la continuité des pratiques coutumières dans le continent
africain. En effet, ce dernier est connu pour son attachement à ses coutumes et traditions,
chose qui cause un freinage pour l’Afrique en matière de législation.

Ceci étant pris en considération, une question se pose : Est-ce que ces manquements
empêcheront la réforme du droit africain de la famille ou bien cette réforme serait toujours
impossible avec l’existence de ces lacunes ?
La réforme reste toujours envisageable avec une sorte de modernisation et amélioration de la
justice premièrement, ceci s’explique par le faible accès à cette dernière, ainsi, il serait très
utile aussi la suppression des lois discriminatoires envers la femme au niveau de plusieurs
aspects du divorce pour essayer de créer une sorte de parité et de justice, et puis finalement
créer l’arsenal juridique qui permettra de protéger l’enfant qui se voit souvent victime des
manquements du droit de la famille africaine.

13
Bibliographie :

J. Ndiaye, Le droit sénégalais de la famille : mariage, filiation, adoption, succession, Éditions


L'Harmattan, 2006.

M. Diop, La succession en droit africain, Éditions L'Harmattan, 2002.

N'guyen, C. N. (2019). La succession en droit de la famille africain. L'Harmattan

Mbengue, M. (2015). La succession en droit africain: Le cas de la famille wolof. Éditions


universitaires européennes

Revue internationale du droit comparée. Ed 2017


"Réforme des lois sur le mariage et la famille en Afrique : progrès, obstacles et perspectives"
publié par la Banque mondiale en 2019.

"Loi et coutume : le mariage et le divorce au Cameroun" publié dans la revue Droit et cultures
en 2018.
"Les systèmes juridiques des pays africains noirs" publié par la Revue internationale de droit
comparé en 2015.

"The Legal System of the Sudan: An Introduction to the Legal System and Legal Institutions
of the Sudan" de Muhammed Tawfiq Ladan, publié par Springer en 2017.

"Women's Rights in the Middle East and North Africa: Progress Amid Resistance" de Sanja
Kelly et Julia Breslin, publié par Freedom House en 2010.

"Sudan: Family Code" publié par Refworld, une base de données gérée par le Haut
Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

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Webographie :
https://worldpopulationreview.com/country-profiles/nigeria-population/marriage

https://www.elgaronline.com/view/9781849808574.00043.xml

https://www.add-associes.com/2021/05/12/entre-tradition-et-modernite-les-conflits-de-
succession-en-afrique-noire/

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