Vous êtes sur la page 1sur 14

Chapitre 1 : Dot et pension alimentaire de l’épouse

Section 1 : La dot
La dot est tout ce que l’époux offre à son épouse pour manifester sa volonté de contracter mariage,
de fonder une famille stable et consolider les liens d’affection et de vie commune entre les époux . La
dot n’a seuil maximum, ni seuil minimum, son importance réside dans sa valeur morale et
symbolique. Ce caractère symbolique a été expressément énoncé par le législateur marocain qui a
requis la modération de la dot. La dot est la propriété exclusive de l’épouse, elle en dispose librement
et ne peut faire l’objet d’appropriation ni par le père, ni faire l’objet d’une contrepartie ou d’un
apport quelconque en ameublement ou autre trousseau de la part de l’épouse. Etant symbolique,
tout ce qui peut faire légalement l’objet d’une obligation peut servir de dot. La dot est fixée dans
l’acte du mariage lors de sa conclusion, il s’agit d’une dot nommée, à défaut sa fixation est déléguée
aux époux, et il s’agit d’un mariage de délégation. Il peut être convenu du paiement d’avance ou à
terme de la totalité ou d’une partie de la dot. La dot est payée à la date échue, l’épouse est fondée à
demander l’intégralité de la dot avant la consommation du mariage. La dot devient une créance à la
charge de l’époux, si le mariage a été consommé avant sa remise. Si après consommation du
mariage, un désaccord subsiste entre les époux sur le montant de la dot, le tribunal la fixe en prenant
en considération le milieu social des conjoints. L’épouse a droit à la totalité de la dot en cas de
consommation du mariage ou de décès de l’époux avant la consommation du mariage.

L’épouse a droit à la moitié de la dot si le mariage a été dissout par divorce avant la consommation
du mariage. L’épouse n’a pas droit à la dot si le mariage n’a pas été consommé, en cas de résiliation
de l’acte du mariage et de dissolution de l’acte de mariage pour vice rédhibitoire constaté chez l’un
des époux et de mariage de délégation. En cas de contestations entre époux sur le paiement de la
partie échue de la dot, il est ajouté foi aux déclarations de l’épouse si la contestation intervient avant
la consommation du mariage et à celles de l’époux si le différend a lieu après la consommation du
mariage, la preuve de la remise de la dot est à la charge de l’époux. La dot est imprescriptible. En cas
de décès de l’époux, la dot est prélevée au titre des créances privilégiées, avant le partage de la
succession conformément à l’art 1248 du DOC. Le trousseau apporté par l’épouse et tout autre
Jihaze ou Chiwar demeurent la propriété exclusive de l’épouse. En ce qui concerne les autres objets,
il est statué selon les règles générales de preuve. En l’absence de preuves de la part des conjoints,
trois situations se présentent9 :

 Si les effets appartiennent habituellement aux hommes, ils reviennent à l’époux après avoir prêté
serment ;

 Si les effets appartiennent aux femmes, ils seront remis à l » épouse après serment ;

 Si les objets appartiennent indistinctement aussi bien aux hommes qu’aux femmes, ils sont
partagés entre les conjoints, après serment, sauf si l’un d’eux refuse de prêtre serment, auquel cas il
est statué en faveur de l’époux qui a prêté serment.

Section 2 : La pension alimentaire


Si le droit de la famille a consacré les effets réciproques du mariage en vertu de l’article 51 du code
de la famille, mettant à la charge des deux époux la gestion des affaires du ménage, la prise en
charge du ménage reste à la charge de l’époux. Cette prise en charge signifie que l’époux doit
pourvoir aux charges de l’épouse et des enfants. En effet, en vertu de l’art 187 du code de la famille,
l’obligation alimentaire résulte du mariage, de la parenté et de l’engagement. La femme a droit à la
pension alimentaire dès la consommation du mariage ou si elle a invité le mari à consommer le
mariage après conclusion de l’acte de mariage. L’épouse est également fondée à demander le
divorce judiciaire pour défaut d’entretien. La pension alimentaire comprend l’habillement, les soins
médicaux et tout ce qui est considéré comme indispensable. L’évaluation de la pension alimentaire
se fait avec modération en prenant en considération les revenus de la personne qui doit payer cette
pension, de la situation de l’épouse, des coutumes du milieu social. L’évaluation de la pension
alimentaire par le tribunal se fait sur la base des déclarations des deux parties et sur les preuves
produites, avec possibilité de faire appel aux experts. Il est statué en matière de pension alimentaire
dans un délai maximum d’un mois. Le tribunal détermine les moyens d’exécution du jugement de
condamnation à la pension alimentaire.

Le jugement ordonnant la pension alimentaire demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par un
autre jugement ou la déchéance du bénéficiaire de son droit à la pension alimentaire. Aucune
demande pour obtenir une augmentation ou une diminution de la pension alimentaire ne sera
recevable, sauf circonstances exceptionnelles, avant l’écoulement d’un an.

Chapitre 2 : Gestion des biens acquis pendant le mariage


L’art 49 du code de la famille consacre, à l’instar de l’art 35 de l’ancien CSP, le principe de la
séparation des biens en énonçant que chacun des époux dispose d’un patrimoine distinct du
patrimoine de l’autre. Le mariage musulman n’entraîne pas le régime de communauté de biens.
L’épouse musulmane conserve la liberté de disposer et de gérer ses biens. Toutefois, la femme
mariée reste sous la tutelle en ce qui concerne ses biens jusqu’à sa majorité. En effet, l’art 116 du
code de la famille relatif à la dissolution de mariage par khol’ énonce que « pour la femme mineure,
le khol’ produit ses effets, mais elle n’est tenue de se libérer de la compensation qu’avec l’accord de
son représentant légal ». Il en était de même pour l’art 62 du CSP. Parallèlement à la règle de
séparation des biens, le code de la famille a prévu une autre possibilité de gestion commune des
biens acquis pendant le mariage, dans un cadre contractuel en disposant que les époux peuvent se
mettre d’accord sur le mode de fructification et de répartition des biens. L’accord des époux est
consigné dans un document séparé de l’acte de mariage. Lors de la conclusion du mariage, les adouls
informent les époux de ces dispositions. Si les époux n’ont pas établi d’accord portant sur le mode de
gestion des biens acquis pendant le mariage, et en cas de contestation entre les époux, le code de la
famille a reconnu une grande marge d’appréciation au tribunal qui recours aux moyens de preuve
usités et tels que prévus par le DOC, tout en prenant en considération le travail de chacun des époux,
les efforts fournis et les charges assumés par chacun d’eux pour fructifier les biens de la famille.
L’application judiciaire est loin d’être stable, on assiste soit à durcissement de la position des
juridictions quant aux preuves12 et à l’estimation13 de la contribution ou à une plus grande
souplesse. De même, la plupart des jugements sont rendus sur la base « d’indemnisations », ou
« contrepartie » du « droit de l’épouse au fruit de son labeur 15 » pratiqué depuis le 16ème siècle
dans les régions du Sous ou au Nord chez les tribus « Ghmara », alors que le code de la famille n’en
fait aucune référence.

Chapitre 3 : Dissolution du mariage par divorce et droits patrimoniaux y


résultant
La dissolution du mariage peut être définitive ou temporaire. Elle est définitive si elle est due au
décès de l’un des époux, ou si elle est consécutive à un divorce judiciaire ou ) une résiliation du
mariage. Elle est temporaire, s’il s’agit d’un divorce révocable. Les liens du mariage sont dissous par
décès ; annulation du mariage ; divorce (répudiation judiciaire) ; divorce judiciaire, ou Khol’17 .
Le divorce est la dissolution des liens du mariage exercée par l’époux et l’épouse selon les conditions
auxquelles chacun d’entre eux est soumis, sous contrôle du juge et conformément au code de la
famille. Le code de la famille a introduit un nouveau mode de dissolution des liens du mariage par le
biais du divorce consensuel qui est à distinguer du divorce moyennant compensation « Khol’» ou par
le recours à la procédure de discorde. La procédure de discorde épargne à la femme la procédure
d’un divorce judiciaire. Mais l’action pour discorde a pour fondement le règlement d’un différend
entre les époux rendant la vie conjugale impossible et le divorce pour discorde n’est prononcé
qu’après échec des tentatives de réconciliation des arbitres et du tribunal. Dans tous les cas, le
tribunal statue sur les demandes de divorce dans un délai de 6 mois, ce qui constitue un apport
considérable. De même les décisions judiciaires de divorce sont insusceptibles de recours, dans leur
partie relative à la dissolution des liens du mariage.

Section 1 : Le divorce sous contrôle judiciaire


Le divorce sous contrôle judiciaire est la dissolution du pacte de mariage à la demande de l’un des
époux, selon des conditions propres à chacun d’eux, sous contrôle de la justice. Le code de la famille
a soumis le divorce à l’autorisation préalable du tribunal. En effet, quiconque veut divorcer doit
demander l’autorisation au tribunal pour le consigner par deux adouls habilités à cet effet, dans le
ressort territorial du tribunal dans lequel est situé le domicile conjugal, le domicile de l’épouse ou le
lieu d’établissement de l’acte du mariage, selon l’ordre précité.

1-1. Les formes de divorce :


Quiconque veut divorcer doit fournir au tribunal des informations sur l’identité, la profession et
l’adresse des conjoints et, le cas échéant, le nombre d’enfants, leur âge, leur état de santé, leur
situation scolaire, en joignant à la demande l’acte de mariage ainsi que les éléments de preuve
établissant la situation matérielle et les obligations financières de l’intéressé19. Le tribunal convoque
les époux pour une tentative de réconciliation. Si l’époux reçoit personnellement la convocation et
ne se présente pas, il est considéré comme ayant renoncé à sa demande de divorce. Si l’épouse
reçoit personnellement la convocation et ne se présente pas sans communiquer d’observations par
écrit, le tribunal la met en demeure par l’intermédiaire du ministère public, qu’à défaut de se
présenter il sera statué sur le dossier. Si le mari prétend que l’adresse de l’épouse est inconnue, le
tribunal recourt à l’aide du ministère public pour établir la vérité. S’il est établi que le mari fait de
fausses déclarations, les dispositions de l’art 361 du code pénal lui sont appliquées20 . Lorsque les
deux époux se présentent, les discussions ont lieu en chambre de conseil, y compris l’audition des
témoins et de toute autre personne que le tribunal jugerait utile d’entendre. Le tribunal doit prendre
toutes les dispositions y compris la désignation de deux arbitres, d’un conseil de famille ou de
quiconque qu’il estime qualifié pour tenter de réconcilier les conjoints. Si les époux ont des enfants,
le tribunal entreprend deux tentatives de réconciliation, espacées d’une période minimale de 30
jours. Si les tentatives de réconciliation entre les époux aboutissent, un procès-verbal est établi et
sera conservé dans le dossier des intéressés21 . Cette procédure garantie le droit de la femme à
l’information. Si les tentatives de réconciliation échouent, le tribunal fixe un montant que l’époux
dépose à la caisse du tribunal dans un délai maximum de 30 jours pour s’acquitter des droits dus à
l’épouse et aux enfants Les droits dus à l’épouse comportent : le reliquat de la dot s’il y a un arriéré,
la pension relative à la retraite de continence, le logement dans le domicile conjugal ou en cas de
nécessité, dans un logement convenant à l’épouse et à la situation financière du mari. En cas de
difficulté, le tribunal fixe le montant des frais du logement qui sera déposé à la caisse du tribunal. Les
droits dus à l’épouse comportent également le don de consolation, qui sera évalué en fonction de la
durée du mariage, de la situation financière de l’époux, des motifs du divorce et du degré d’abus
avéré dans l’exercice de ce droit par l’époux.22 Les droits dus aux enfants dont la charge incombe au
père sont fixés conformément aux articles 168 et 190 du code de la famille en tenant compte de
leurs conditions de vie et de leur situation scolaire avant le divorce23. Si l’époux ne dépose pas le
montant prévu dans les délais impartis, il est censé avoir renoncé à son intention de divorcer, et le
dossier sera conservé. Aussitôt le montant exigé est déposé par l’époux, le tribunal l’autorise à
enregistrer le divorce auprès des deux adouls24 . Aux termes de l’art 88 du code de la famille, après
réception d’une copie de l’autorisation enregistrée, le tribunal rend une décision motivée
comprenant : 1/ les noms des époux, les dates et lieux de naissance et de mariage, le domicile ou la
résidence des époux ; 2/ un résumé des allégations des deux parties, leurs demandes, les preuves
avancées, les démarches entreprises et les conclusions du ministère public ; 3/ la date
d’enregistrement du divorce ; 4/ si l’épouse est enceinte ou non ; 5/ les noms des enfants, leurs âges,
le titulaire de la garde (hadana) et l’organisation du droit de visite ; 6/ la fixation des droits dus à
l’épouse et aux enfants conformément aux arts 84 et 85 du code de la famille et la rémunération de
la garde après l’écoulement de la retraite de continence. La décision du tribunal peut faire l’objet
d’appel dans les formes ordinaires.

1-2. Les effets du divorce sous contrôle judiciaire


Le droit marocain se situant dans le sillage du droit musulman distingue le divorce révocable et le
divorce irrévocable

Le divorce révocable : Le divorce révocable entraîne pour la femme la retraite de continence. Le mari
perd tout droit sur le corps de sa femme, mais le lien matrimonial n’est pas rompu, il est simplement
relâché, ce qui signifie que le mariage continue à produire ses effets, tels : la conservation par la
femme du droit à l’entretien, la vocation héréditaire réciproque, etc. Pendant la retraite de
continence, le mari peut revenir sur sa décision et rétablir le lien matrimonial. Il faut que la volonté
de reprendre sa femme par son époux soit claire. Le mari peut reprendre sa femme sans nouvelle
dot, ni intervention du wali. Toutefois, le code de la famille a introduit une nouvelle disposition pour
la révocation du divorce en imposant à l’époux de faire constater cette reprise par deux adouls qui
informent immédiatement le juge. De même le code de la famille a mis fin au droit de reprise de
l’épouse par l’époux pendant la retraite de continence, dans la mesure où le juge, avant
d’homologuer l’acte de reprise doit convoquer l’épouse pour l’en informer. Si elle refuse la reprise de
la vie conjugale, elle peut recourir à la procédure de discorde (Chiquaq). Cette mesure met fin à la
contrainte exercée sur la femme et consacre sa liberté de choisir la reprise des liens matrimoniaux ou
de demander leur dissolution définitive. L’acte de divorce doit mentionner : la date et le numéro de
l’autorisation du divorce ; le nom, la filiation, le domicile, le numéro de la carte d’identité de chacun
des époux. L’acte de répudiation doit se référer à l’acte de mariage en indiquant ses numéro, folio et
date ; doit indiquer la nature du divorce et s’i l s’agit de la première, la deuxième ou la troisième.
L’acte établissant le divorce est propriété de l’épouse et doit lui être remis dans un délai ne
dépassant pas quinze jours. Le mari a droit à une copie.

Le tribunal envoie un extrait du document de divorce, de reprise, ou du jugement du divorce, ou de


l’annulation du mariage à l’officier de l’état civil du lieu de naissance des époux accompagné d’une
attestation de remise de ce document dans le délai des 15 jours. L’officier d’état civil fait mention de
ces éléments en marge de l’extrait de naissance des époux. Si les époux ne disposent pas de lieu de
naissance au Maroc, l’extrait est envoyé au Procureur du Roi du tribunal de première instance de
Rabat.

- Le divorce irrévocable : Le lien matrimonial se trouve rompu, si au jour où la retraite de continence


prend fin, le mari n’a pas exercé son droit de reprise. Toutefois, la retraite de continence ne s’impose
que si le mariage est consommé. La femme irrévocablement divorcée a droit au don de consolation
et aux droits qui lui sont dus (voir supra).

Section 2 : Le droit d’option « Tamlik »


En droit musulman, le principe est que seul le mari peut répudier. Mais le mari peut déléguer ce
pouvoir à la femme (Tafwid). Il peut également accorder à son épouse le droit de prononcer elle-
même sa répudiation (Tamlik). En droit positif marocain, le droit d’option figurait dans l’art 44 du CSP
qui disposait que la répudiation est la dissolution des liens du mariage prononcée par « l’épouse,
lorsque la faculté lui a été donnée ». Le code de la famille dans son art 89 stipule que si l’époux a
consenti au droit d’option de l’épouse, celle-ci peut l’exercer en saisissant le tribunal d’une demande
de divorce. Le tribunal s’assure que les conditions du droit d’option sont réunies et entreprend une
tentative de réconciliation. Si la tentative de réconciliation échoue, le tribunal autorise l’épouse à
demander la consignation du divorce et statue sur ses droits et, le cas échéant, sur ceux des enfants,
conformément à l’art 84 du code de la famille. Le mari ne peut empêcher son épouse d’exercer son
droit d’option, si celui-ci lui a été consenti.

Section 3 : Le divorce moyennant compensation (Khol’) : (Divorce par rachat)


Le divorce par rachat est un mode de dissolution du mariage par accord des conjoints, en vertu
duquel, le mari accepte de divorcer de sa femme en contrepartie d’une compensation qu’elle lui
verse. Ce mode de dissolution appelle l’étude des conditions relatives au consentement des époux ; à
la compensation et aux effets du Khol’.

1/ Les conditions du consentement des époux  :

La capacité des époux, si la femme est mineure quant à ses biens, le divorce est acquis et la mineure
n’est tenue de se libérer de la contrepartie qu’avec l’accord du tuteur chargé de l’administration de
ses biens. La femme doit être saine d’esprit et doit donner librement son consentement. La femme
n’a pas à chercher à acquérir sa liberté moyennant compensation, si elle est fondée à demander le
divorce judiciaire.

2/ Les conditions relatives à la compensation  :

Tout ce qui peut légalement faire l’objet d’une obligation peut valablement servir de contrepartie en
matière de divorce moyennant compensation. Si la femme est pauvre, toute contrepartie sur laquelle
les enfants ont un droit est interdite. Toutefois, si la mère qui en contrepartie a accepté de prendre
en charge la pension alimentaire de son enfant devient insolvable, la pension redevient à la charge
du père, sous réserve de demander à la mère la restitution de ce qu’il a versé. Le code de la famille a
introduit une innovation qui aura le mérite de limiter les effets négatifs d’un Khol’ consenti à des
conditions onéreuses. Ainsi, l’art 120 dispose que si les époux conviennent du principe du divorce
moyennant compensation (Khol’), sans se mettre d’accord sur la contrepartie, l’affaire est portée
devant le tribunal en vue d’une réconciliation. Si la tentative de réconciliation n’aboutit pas, le
tribunal ordonne la mise en exécution du divorce moyennant compensation après en avoir évalué la
contrepartie, en prenant en considération le montant de la dot, la durée du mariage, les raisons
justifiant la demande ainsi que la situation matérielle de l’épouse. Si l’épouse persiste à demander le
Khol’ et que l’époux n’y consent pas, elle peut recourir à la procédure de discorde.

3/ Les effets du Khol’ 

Les effets du Khol’ sont ceux d’un divorce irrévocable. Il s’agit d’une dissolution irrévocable des liens
du mariage.
Section 4 : Le divorce par consentement mutuel
Il s’agit d’un mode de dissolution du mariage sous contrôle du juge institué par le code de la famille,
en vertu de l’art 114. Les époux peuvent consentir d’un commun accord de mettre fin à leur relation
conjugale avec ou sans conditions, pourvu que celles-ci ne soient pas contraires aux dispositions du
code de la famille et ne portent pas préjudice aux intérêts des enfants. En cas de désaccord, les
époux le portent à la connaissance du juge qui tentera de les réconcilier, autant que possible, s’il n’y
parvient pas, le juge ordonne la consignation et l’enregistrement du divorce.

Si le code de la famille n’a pas renvoyé aux articles 84 et 85 du CF portant sur les droits dus à
l’épouse et ceux dus aux enfants, l’analyse des dispositions de l’article 84 montrent que la femme y a
droit, même s’il s’agit d’un divorce par consentement mutuel, dont la finalité est d’épargner aux
époux les longues procédures ; de préserver de meilleures relations, en cas de présence d’enfants. Ce
mode de dissolution de mariage paraît le plus approprié quand l’un des époux ou les deux résidents à
l’étranger. De même, le divorce par consentement mutuel peut être assorti de conditions qui
peuvent porter sur la renonciation à la dot ou aux frais de logement ou au don de consolation. Quand
il est soumis à des conditions, le divorce par consentement mutuel s’apparente au divorce par
compensation, à la différence qu’il peut être demandé par l’un ou l’autre époux.

Section 5 : Divorce pour discorde « Chiquaq »


Le divorce pour discorde est un nouveau mode de dissolution du mariage qui a pour fondement, la
recherche d’une solution à un profond différend entre les époux qui risque de mettre fin à la vie
conjugale et à la vie de famille. A l’origine, il était conçu comme un mode de réconciliation par
excellence, par le recours à deux arbitres qui doivent diligenter l’ensemble des moyens nécessaires
en vue de ramener les deux époux à de meilleurs sentiments. Or, au regard de la souplesse de la
procédure, le divorce pour discorde est en tête des modes de divorce. C’est un divorce irrévocable
qui peut être intenté à l’initiative aussi bien de l’époux, de l’épouse ou des deux. Outre le renvoi de
l’article 97 du CF aux dispositions des articles 84 et 85 du CF, la réparation du préjudice subi par
l’époux lésé est également prévue en tenant compte de la responsabilité de chacun des époux. Le
dédommagement peut être prononcé même au bénéfice de l’époux demandeur de divorce, s’il est
victime d’un préjudice avéré.

Section 6 : Le divorce judiciaire : Tatliq


L’épouse est fondée à demander le divorce judiciaire pour l’une des raisons suivantes : - le
manquement de l’époux à l’une des conditions de l’acte du mariage ; -le préjudice ; - le défaut
d’entretien ; - l’absence ; - les vices rédhibitoires ; - le serment de continence ou le délaissement (art
98 du code de la famille).

Le pouvoir d’appréciation du juge en matière du divorce judicaire est très important. La requête en
divorce est présentée à la section de la justice de la famille du lieu de domicile des époux, à défaut
selon l’ordre précité par le code de la famille. Après enrôlement de la requête, le juge convoque les
époux pour une tentative de réconciliation sauf dans le cas de l’absence. Si la réconciliation a lieu, le
tribunal rend une ordonnance la constatant, laquelle met fin à la procédure. Si la réconciliation n’a
pas été possible ou si après convocations demeurées infructueuses, les époux ou l’un d’eux n’ont pas
comparu, le tribunal rend une ordonnance de non réconciliation et autorise l’époux demandeur à
poursuivre la procédure. Le tribunal statue, le cas échéant, sur les mesures provisoires et
conservatoires relatives à l’entretien de la femme, le domicile, le droit des enfants, la garde de ces
derniers et les objets mobiliers qui se trouvent dans la maison. Cette ordonnance est exécutoire sur
minute, nonobstant toutes voies de recours. En cas d’instance de divorce et si la cohabitation s’avère
impossible, le tribunal prend des mesures provisoires qu’il estime convenir à la femme et aux
enfants, et ce de sa propre initiative ou sur requête, en attendant le jugement rendu dans l’affaire.
Ces mesures concernent également le choix du domicile chez l’un des parents de l’époux ou de
l’épouse. Ces dispositions sont exécutoires sur minute par voie du ministère public. Dans tous les cas,
l’obligation d’entretien demeure à la charge du mari.

5-1. Le divorce pour défaut d’entretien  :

L’épouse aura la faculté de demander le divorce pour défaut d’entretien conformément aux cas et
dispositions suivantes, selon les dispositions de l’art 102 du code de la famille :

-a/ si l’époux dispose de biens permettant d’assurer l’entretien de son épouse, le tribunal peut y
recourir à cette fin et ne donne pas en conséquence suite à la demande de divorce ;

-b/ en cas d’incapacité financière, le tribunal fixe, selon les circonstances à l’époux, un délai ne
dépassant pas 30 jours pour procéder à l’entretien, 15 à défaut le divorce est prononcé, sauf en cas
de force majeure ou de circonstances exceptionnelles ;

-c/ le tribunal prononce le divorce, séance tenante, si l’époux refuse d’assumer l’entretien de son
épouse sans prouver son incapacité financière. Ces dispositions s’appliquent également à l‘époux
absent s’il est joignable. Si le lieu du mari est inconnu, le tribunal s’assure de l’impossibilité de joindre
le mari avec l’aide du ministère public ainsi que du fondement de la demande de l’épouse et statue
sur la demande à la lumière des résultats de l’enquête et des éléments du dossier30 . Le divorce pour
défaut d’entretien est révocable car l’époux a le droit de reprendre sa femme pendant la retraite de
continence si elle est d’accord, s’il justifie des moyens d’existence et démontre sa volonté d’assurer
son obligation d’entretien vis-à-vis de sa femme.

5-2. Le divorce pour manquement à l’une des conditions de l’acte du mariage et pour préjudice   :

Aux termes de l’art 99 du code de la famille, est considéré comme un préjudice justifiant le divorce,
tout manquement à l’une des conditions de l’acte du mariage. Est considéré comme préjudice
justifiant le divorce, tout acte ou comportement infamant émanant de l’époux ou contraires aux
bonnes mœurs portant un dommage matériel ou moral à l’épouse, la mettant dans l’impossibilité de
continuer la vie conjugale. Le préjudice subi est établi par tous les moyens de preuve, y compris la
déposition des témoins qui seront entendus par le tribunal dans la chambre de conseil. Si l’épouse ne
parvient pas à prouver le préjudice mais persiste à demander le divorce, elle peut recourir à la
procédure de désunion. Dans le cas où le divorce est prononcé pour cause de préjudice subi, le
tribunal peut fixer, dans le même jugement le montant de l’indemnité due au titre du préjudice.

Ces dispositions du code de la famille permettent de renforcer le droit de la femme à demander le


divorce pour préjudice subi : femmes battus, abandonnées, etc. Le divorce pour préjudice subi est
irrévocable.

5-3. Le divorce pour absence du mari  :

Il faut que l’absence dure plus d’un an et que le lieu où se trouve le mari soit connu. L’absent signifie
la personne que l’on sait toujours vivante. L’absence du mari porte préjudice à la femme et cette
dernière est fondée à demander le divorce même si le mari a laissé des biens pouvant servir à son
entretien. Si des correspondances peuvent parvenir au mari absent, le tribunal l’informe de la
demande de divorce, en l’avisant que le divorce sera prononcé s’il ne revient pas résider avec sa
femme ou s’il ne la fait pas venir auprès de lui. Si des correspondances ne peuvent parvenir au mari
absent, le tribunal aidé du ministère public prend toutes les dispositions pour faire parvenir la mise
en demeure à l’époux absent, y compris la désignation d’un curateur. Si le mari ne revient pas, le
divorce sera prononcé. Le divorce pour absence de mari est irrévocable.

5-4. Le divorce pour délaissement  :

Lorsque le mari délaisse son épouse et n’accomplit plus ses devoirs intimes, celle-ci est fondée à
saisir le juge qui fixera au mari un délai de quatre mois ; passé ce délai et si l’époux ne revient pas à
résipiscence, le divorce est prononcé par le juge. Le divorce pour délaissement est révocable à
l’instar du divorce pour défaut d’entretien.

5-5. Le divorce pour vices rédhibitoires  :

Sont considérés comme vices rédhibitoires affectant la vie conjugale et fondant la demande du
divorce :

- les vices empêchant les relations conjugales ; - les maladies graves pouvant porter atteinte à l’autre
époux et dont la guérison ne peut intervenir dans un délai d’un an. Pour que la demande de divorce
de l’un des époux pour vices soit acceptée, il faut que : - le demandeur ignore l’existence de ce vice
avant la conclusion du mariage ; - le demandeur soit incapable de continuer la vie conjugale s’il
apprend que la guérison est impossible. L’époux qui a eu connaissance des vices affectant son
épouse avant la consommation du mariage peut la répudier sans être tenu au paiement de la dot. Si
le mari a été induit en erreur, il peut réclamer le remboursement de la dot. Si l’époux a eu
connaissance des vices avant l’établissement de l’acte du mariage et qu’il a répudié sa femme avant
la consommation du mariage, cette dernière a droit à la moitié de la dot. Il sera fait appel à des
médecins spécialistes aux fins d’obtenir tous les éclaircissements utiles sur le vice ou la maladie
allégés. Le divorce prononcé par le juge pour vices rédhibitoire est irrévocable et définitif.

Section 6 : Les effets de la dissolution du mariage


La femme dont les liens du mariage sont dissous observe une retraite de continence (Idda

). Cette retraite commence à compter de la date de la répudiation judiciaire, du divorce judiciaire, de


l’annulation du mariage ou décès de l’époux. La retraite de continence ne concerne que la femme
dont le mariage a été consommé, à l’exception de la veuve qui doit l’observer même en cas de non
consommation du mariage. La retraite de continence doit être observée dans le domicile conjugal ou
dans un autre domicile qui lui est réservé. 18 La retraite de la veuve non enceinte est de quatre mois
et 10 jours. La retraite de la femme enceinte prend fin à l’accouchement ou en cas de fausse couche.
Si la femme en état de retraite prétend être enceinte et qu’il y a contestation, il sera fait appel à des
experts pour déterminer s’il y a grossesse et à partir de quelle date, pour décider de l’arrêt ou de la
poursuite de la retraite. La retraite de la femme non enceinte est de : - trois périodes inter
menstruelles pour la femme sujette au flux menstruel ; - trois mois pour celle qui n’a jamais eu de
flux menstruel et celle en âge de ménopause ; - trois mois après une attente de 9 mois pour celle
dont les menstrues sont tardives ou qui ne peut distinguer le flux menstruel d’un autre écoulement.
La femme divorcée à titre révocable et dont l’époux décède au cours de la retraite de continence,
passe de celle-ci à la retraite pour cause de décès.
Partie II : Droits patrimoniaux résultant de la filiation
Chapitre 1 : La prise en charge des enfants
Chapitre 2 : La gestion des biens des mineurs
La filiation est le lien de consanguinité qui lie l’enfant à ses parents biologiques. Elle peut être
légitime ou naturelle. La filiation naturelle n’a d’existence que vis-à-vis de la mère et ne crée
d’effets juridiques que vis-à-vis de cette dernière en raison des liens naturels qui lient l’enfant à sa
mère. La filiation adoptive n’existe pas en droit marocain et n’entraîne aucun effet de la filiation
légitime. Toutefois la Kafala d’un enfant entraîne des effets patrimoniaux analogues à ceux issus
de la filiation. L’enfant né pendant le mariage, dans un délai minimum de 6 mois depuis la
conclusion du mariage ou 1 an maximum après la dissolution des liens de mariage bénéficie d’une
présomption de paternité. Cette présomption ne peut être désavouée que par une décision
judiciaire. La filiation paternelle découle : - des rapports conjugaux, - de l’aveu du père, - des
rapports par erreur. L’établissement de la filiation pour grossesse pendant la période des
fiançailles, sous les conditions prévues par l’art 156 du CF, est une application expresse de la
filiation pour rapports par erreurs. L’établissement de la filiation entraine des obligations
patrimoniales à l’égard des enfants.

Chapitre 1/ La prise en charge des enfants


La prise en charge des enfants comprend la pension alimentaire, le logement, le salaire de
l’allaitement ainsi que le salaire de la garde, à la suite d’un divorce irrévocable. La garantie d’un
logement décent à l’enfant soumis à la garde est une obligation distincte du montant de la
pension alimentaire. Cette disposition du code de la famille met un terme aux problèmes que
rencontrait la femme divorcée qui se trouvait expulsée avec ses enfants du logement après la fin
de la retraite légale.

A/ L’allaitement
: Pendant le mariage et à la suite d’un divorce révocable, la mère ne peut prétendre à une
rémunération, car elle a droit à une pension alimentaire qui prend en charge les dépenses
inhérentes aux besoins de l’enfant. Le salaire dû pour l’allaitement de l’enfant est à la charge de la
personne à qui incombe l’entretien de ce dernier. Les malékites considéraient qu’en cas
d’indigence du père, la nourrice qui s’offre gratuitement pour allaiter l’enfant est préférée à la
mère qui demande un salaire. L’allaitement doit néanmoins avoir lieu au domicile de la mère.

B/ La pension alimentaire
: Le droit de l’enfant à l’entretien découle des obligations liées à l’exercice de la puissance
paternelle et subsiste, donc, après la dissolution du mariage. Le père doit subvenir aux besoins de
ses enfants en bas âge ou incapables de se procurer des ressources. Le code de la famille a
maintenu le droit à la pension alimentaire à l’âge de la majorité légale pour les deux sexes et à
l’âge de 25 ans s’ils poursuivent des études. Il a également spécifié que pour la fille, la pension
dure jusqu’à ce qu’elle gagne sa vie ou qu’elle se marie. De même, l’obligation de servir une
pension à ses enfants incapables de gagner leur vie ou atteints d’un handicap demeure à la charge
du père, sans limite d’âge. Le montant de la pension alimentaire comporte la nourriture, les
vêtements, les soins médicaux et tout ce qui est considéré comme nécessaire ainsi que la
scolarisation19 . Le logement des enfants doit être assuré indépendamment des frais inhérents à
la pension alimentaire.20 Le montant de la pension alimentaire est apprécié selon les moyens du
débiteur, la situation du créancier, le niveau des prix ainsi que les usages du milieu social du
créancier. Les arrérages de la pension alimentaire sont payés aux enfants à partir de la date où le
père s’est refusé à leur fournir des subsides22. Il est statué en matière de pension alimentaire
dans un délai maximum d’un mois. Le Maroc s’est rallié à la position hanéfite en obligeant la mère
qui a des biens de pourvoir aux besoins de ses enfants, si le mari est totalement ou partiellement
incapable d’assurer l’entretien, jusqu’à ce qu’il revienne à meilleure fortune24 . Le montant de la
pension alimentaire, les modalités de paiement ainsi que les garanties sont fixées par le tribunal.
Le jugement ordonnant la pension alimentaire demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par
un autre jugement ou la déchéance du bénéficiaire de son droit à la pension alimentaire. Aucune
demande pour obtenir une augmentation ou une diminution de la pension alimentaire ne sera
recevable, sauf circonstances exceptionnelles, avant l’écoulement d’un an. Le défaut d’entretien
des enfants par la personne à qui incombe l’obligation de prise en charge, pour une durée d’un
mois ou plus, sans raisons valables peut entraîner des poursuites pour délit d’abandon de famille
(arts 479 à 483 CP). En droit français, on parle de l’obligation d’entretien qui incombe aux deux
parents, en vertu de l’autorité parentale qui a succédé à « la puissance paternelle » par la loi,
n°70-459 du 4 juin 1970. La loi n°2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale a
renforcé l’exercice commun de l’autorité par les deux parents. L’obligation d’entretien s’impose
aux deux parents du seul fait de l’établissement du lien de filiation « de nourrir, entretenir et
d’élever leur enfant » (art 203 Code Civil). Cette obligation s’impose aux parents
indépendamment de l’exercice de l’autorité parentale et s’étend de la naissance jusqu’à ce que
l’enfant soit apte à assurer sa subsistance (art 371-2 al 2 du Code Civil). Si la filiation n’est pas
établie, l’enfant ne bénéficie pas de l’obligation d’entretien mais peut exercer une action aux fins
de subsides à l’encontre du père présumé (art 342 CC). Enfin l’obligation d’entretien peut être
demandée, même longtemps après la cessation de son versement, contrairement à l’obligation
alimentaire où il est traditionnellement affirmé que « les aliments ne s’arréragent pas ».

C/ Les effets patrimoniaux de la Kafala


La Kafala n’établissant pas de lien de filiation, n’entraîne aucun droit de succession entre l’auteur
de la Kafala et l’enfant. A ce titre l’art 149 du code de la famille énonce que l’adoption est
juridiquement nulle et n’entraîne aucun effet de la filiation. Quant à l’adoption dite de
gratification ou testamentaire « Tanzil » par laquelle une personne est placée au rang d’un héritier
de premier degré, n’établit pas la filiation paternelle et suit les règles du testament, c'est-à-dire ne
dépassant pas le tiers de sa succession, sauf accord des héritiers. Aussi, si la personne exerçant la
Kafala décide de faire bénéficier l’enfant pris en charge d’un don, ou d’un legs ou du Tanzil ou
d’une aumône, le juge des tutelles de la circonscription du lieu de résidence de l’enfant veille à
l’élaboration du contrat prévu à cette fin et à la protection des droits de l’enfant.

Chapitre II : La gestion des biens des mineurs


Juridiquement incapable, le mineur est titulaire de droits patrimoniaux quand il reçoit des biens
en héritage ou bénéficie de libéralités ou perçoit des indemnités. La gestion des biens du mineur,
en raison de son incapacité, est exercée sous le régime de la représentation légale. La
représentation légale est le procédé juridique par lequel une personne agit au nom et pour le
compte d’une personne qu’elle représente. La représentation peut être légale, c’est le cas du
tuteur qui va représenter les intérêts d’un mineur ou d’un interdit pour démence ou prodigalité
par exemple. Les incapables et ceux qui sont partiellement incapables sont soumis, selon les cas,
aux règles de la tutelle paternelle ou maternelle, testamentaire ou dative. La représentation peut
être conventionnelle quand elle est exercée par le canal d’un mandat (l’avocat). La représentation
peut également être judiciaire, c’est le cas par exemple de l’autorisation accordée à un époux
d’agir au nom de l’autre. La capacité est la possibilité pour un individu d’accomplir légalement les
actes de la vie juridique. C’est un droit inhérent à chaque personne, mais certaines personnes ne
jouissent pas de ce droit, elles sont incapables. Ainsi, l’art 210 du code de la famille énonce que
toute personne ayant atteint l’âge de majorité jouit de la pleine capacité pour exercer ses droits
et assumer ses obligations, à moins qu’un motif quelconque établi ne lui limite ou ne lui fasse
perdre sa capacité. L’âge de la majorité légale est fixé à 18 années grégoriennes révolues

Section 1 : Typologie des incapacités


Les incapacités peuvent être classées de différentes manières:

1/ l’incapacité naturelle qui résulte d’un état de fait qui la rend évidente : minorité, démence,
prodigalité etc. ou l’incapacité arbitraire qui résulte d’une décision de loi.

2/ Incapacité de protection et incapacité de déchéance :

A/ Incapacité de protection : est édictée par la loi pour protéger la personne elle-même, jusqu’à ce
qu’il soit apte d’accomplir les actes de la vie juridique. Ex : Incapacité qui frappe le mineur, le
dément, le prodigue.

B/ Incapacité de déchéance : c’est l’incapacité qui frappe des personnes qui occupent une place en
bas de l’échelle sociale (esclave, condamné à mort), soit ceux qui ont enfreint les règles morales et
religieuses (apostasie), soit les personnes qui ont commis de lourdes fautes de gestion de leur
patrimoine dont la déchéance a été prononcée pour ne plus nuire à eux-mêmes ou aux autres (la
faillite).

3/ Incapacité Générale et incapacité spéciale :

A/ l’incapacité générale signifie que l’individu qui en est frappé ne peut accomplir aucun acte de la
vie juridique : qu’il soit de jouissance ou d’exercice.

B/ Incapacité spéciale concerne les personnes capables mais dont certains actes leur sont interdit :
état de dernière maladie.

4/ Incapacité d’exercice et Incapacité de jouissance :

A/ Incapacité d’exercice : c’est le fait d’être titulaire d’un droit mais qui ne peut être exercé que par
l’intermédiaire d’un représentant ou avec son assistance (minorité, etc..).

B/ Incapacité de jouissance : C’est le cas d’une personne ne pouvant légalement être titulaire d’un
droit (ex : naturalisé, étranger, etc.). L’incapacité d’exercice peut avoir deux causes : la minorité et
l’aliénation mentale. Par contre la capacité d’exercice est seulement limitée dans les cas suivants : -
l’enfant qui, ayant atteint l’âge de discernement, n’a pas atteint celui de la majorité ; - le prodigue ; -
le faible d’esprit.

Section 2 : La minorité
2-1. Dispositions générales

Sont considérés mineurs, les personnes qui n’ont pas atteint l’âge de la majorité, fixé à 18 ans
révolus (art 209). Le mineur est frappé d’incapacité d’exercice, il est soumis au régime de la tutelle.
Toutefois, il existe plusieurs degrés dans la minorité. Ainsi, l’enfant est doué de discernement
lorsqu’il a atteint l’âge de 12 ans grégoriens révolus. Lorsque le mineur atteint l’âge de seize ans, il
peut demander au tribunal de lui accorder l’émancipation. Le représentant légal peut demander au
tribunal d’émanciper le mineur âgé de 16 ans s’il a constaté qu’il est doué de bon sens. La personne
émancipée entre en possession de ses biens et acquiert sa pleine capacité concernant la gestion et la
disposition de ses biens. Mais l’exercice des droits extrapatrimoniaux demeure soumis aux textes qui
les régissent. Le mineur doué de discernement peut prendre possession d’une partie de ses biens
pour en assurer la gestion à titre d’expérience. L’autorisation est accordée par le représentant légal
ou par décision du juge des tutelles, à la demande du tuteur testamentaire ou du tuteur datif ou du
mineur. Le juge des tutelles peut annuler cette autorisation sur demande du tuteur testamentaire ou
datif, ou du ministère public ou d’office en cas de mauvaise gestion. Les actes à titre onéreux passés
par le mineur doué de discernement sont subordonnés à l’autorisation du tuteur. Ce dernier les
ratifie ou refuse suivant qu’ils représentent ou non un intérêt certain pour le mineur. Le mineur
autorisé à gérer une partie de ses biens est considéré pendant la période d’expérience, comme ayant
pleine capacité pour agir dans la limite de l’autorisation qu’il a reçue et ester en justice à propos des
actes de sa gestion.

2-2. Les formes de la tutelle

On distingue la tutelle légale, la tutelle testamentaire et la tutelle dative.

2-2-1. La tutelle légale :

En droit musulman, l’enfant est soumis à la tutelle légale dès sa naissance. Elle est exercée par le
père ou par le cadi. Depuis 1974, le cadi est remplacé par le juge des tutelles. Le père exerce la
tutelle sur la personne et sur les biens du mineur incapable jusqu’à sa majorité. La tutelle légale est
une charge obligatoire pour le père tant qu’il n’a pas été déchu de cette tutelle par un jugement. En
cas d’empêchement du père, la tutelle légale est exercée par la mère. En droit musulman la mère n’a
jamais été tutrice légale, elle était seulement tutrice testamentaire, si elle était désignée par le père
de son vivant ou tutrice dative, si elle était désignée par le juge. La réforme du Code de statut
personnel du 10 septembre 1993 a permis à la mère d’exercer la tutelle légale, sous certaines
conditions et a limité les actes qui lui sont reconnus. Le code de la famille a élargi les attributions de
la mère qui exerce la tutelle légale. En effet, la mère peut exercer la tutelle sur ses enfants à
condition : - qu’elle soit majeure ; - que le père, par suite de décès, d’absence, de perte de capacité,
ou pour tout autre motif ne peut assumer la tutelle. La mère peut désigner un tuteur testamentaire
et elle peut également le révoquer. Dès le décès de la mère, l’acte de tutelle testamentaire est
soumis au juge pour vérifier sa validité et le confirmer. Si le père décédé a désigné de son vivant un
tuteur testamentaire, le rôle de ce dernier se limite à suivre la gestion faite par la mère des affaires
du mineur sous sa tutelle et de saisir la justice, le cas échéant. Le tuteur légal qu’il s’agisse du père ou
de la mère n’est pas soumis au contrôle préalable de la gestion des biens du mineur, mais il est tenu
de présenter un rapport annuel dans le cas d’une ouverture de dossier de tutelle légale si la valeur
des biens de l’interdit est supérieure à 200.000 dirhams. Toutefois, le juge de tutelle peut baisser
cette limite et demander une ouverture de dossier de tutelle, compte tenu de l’intérêt du mineur. Au
terme de sa mission, et lorsqu’il existe un dossier de tutelle légale, le tuteur légal doit aviser le juge
des tutelles de l’état des biens du mineur interdit, en lui présentant un rapport détaillé pour
homologation.

2-2-2. les tutelles testamentaire et dative

: Le tuteur testamentaire est le tuteur désigné par le père. Dès le décès du père, la tutelle
testamentaire est soumise au juge aux fins d’homologation. Cette même disposition est reprise par le
code de procédure civile où toute ouverture de tutelle donne lieu à l’établissement d’un dossier au
tribunal de première instance et à son inscription dans un registre spécial tenu à cet effet. 22 Dès la
réception de l’avis de décès, le juge ordonne l’établissement d’un acte notarié mentionnant l’identité
de tous les héritiers. Si le défunt a institué un tuteur testamentaire, cette nomination est portée sur
l’acte notarié. En l’absence de la mère ou du tuteur testamentaire, le tribunal désigne un tuteur datif
qu’il choisit parmi les plus aptes des proches (Asaba). A défaut, le tuteur datif doit être choisi parmi
les autres parents proches sinon parmi des tiers. De même, en fonction de l’intérêt de l’enfant, le
tribunal peut désigner deux ou plusieurs tuteurs datifs, en fixant les compétences de chacun d’eux.
Les membres de la famille, les demandeurs de l’interdiction et toute personne intéressée peuvent
proposer un candidat comme tuteur datif. En cas de besoin, le tribunal peut désigner provisoirement
un tuteur datif. Le tribunal transmet immédiatement le dossier de candidature au ministère public
pour avis, dans un délai maximum de 15 jours. Après réception de l’avis du ministère public, le
tribunal statue dans un délai maximum de 15 jours. Les tuteurs testamentaire et datif doivent jouir
de la pleine capacité, être honnêtes, diligents et de bonne conduite. La condition de leur solvabilité
(situation financière) est laissée à l’appréciation du juge. Ainsi, la tutelle testamentaire et dative ne
peut être confiée : - à la personne condamnée pour vol, abus de confiance, faux ou toute infraction
portant atteinte à la moralité ; - au failli et au condamné pour liquidation judiciaire ; - à la personne
qui a un litige soumis à la justice ou un différend familial avec le mineur interdit. Les tuteurs
testamentaire et datif doivent établir un inventaire des biens de l’interdit qui sera envoyé au juge, et
sera conservé dans le dossier de la tutelle. A l’issue de l’inventaire, le ministère public, le tuteur légal,
le conseil de famille, un ou plusieurs proches peuvent présenter leurs observations au juge des
tutelles au sujet de l’estimation de la pension alimentaire nécessaire à l’interdit et sur le choix des
méthodes susceptibles de lui assurer une bonne éducation ainsi qu’une bonne gestion de ses biens

2-3. Les caractéristiques de la tutelle

La tutelle est une charge personnelle, elle ne passe pas aux héritiers. C’est une charge obligatoire 23
La tutelle est une charge gratuite pour le père ou la mère. Le tuteur testamentaire ou datif peut
recevoir des indemnités pour les frais de gestion. Ces indemnités sont fixées par le juge.

2-4. Les organes complémentaires de la tutelle :

1/ le subrogé tuteur : c’est un surveillant du tuteur qui est nommé par le juge. Si le père est indigent,
il appartient au juge de lui adjoindre un subrogé tuteur. Ce dernier peut également être nommé
auprès du tuteur datif pour veiller à la gestion et le conseiller. Il peut s’agir d’un ou de plusieurs
subrogés tuteurs.

2/Le tuteur ad-hoc : il s’agit d’une mission momentanée à pouvoir limité. Le tuteur ad-hoc est
nommé par le juge, quand le tuteur testamentaire ou datif se porte acquéreur d’un bien appartenant
à l’incapable et qu’il faut nommer une tierce personne pour représenter le mineur interdit.

2-5. Les pouvoirs du tuteur

: Le tuteur représente l’enfant dans tous les actes de la vie juridique. Le mineur n’a pas à intervenir
et le tuteur agit seul. Le tuteur est soumis au contrôle judiciaire de l’ensemble de sa gestion.
Toutefois, il existe certains actes juridiques que le mineur peut faire seul, à savoir : le mariage, la
répudiation, le divorce, le désaveu de paternité. Le père bénéficie généralement d’une plus grande
liberté dans l’administration de la tutelle sauf s’il est indigent. Le législateur distingue les actes qui
portent sur la conservation du patrimoine et les actes de dispositions. Les codes de la famille et de
procédure civile réglementent ces opérations et soumettent à l’autorisation du juge toute action
susceptible d’entraîner l’appauvrissement du mineur interdit.
2-6. La fin de la tutelle :

La tutelle prend fin dans les cas suivants : - accès du mineur à la majorité sauf décision contraire du
juge pour d’autres motifs ; - émancipation du mineur ; - décès du mineur ; - décès du tuteur
testamentaire ou datif ; ou fin de leur mission ; ou déchéance pour condamnation pénale, mais dans
ce cas un nouveau tueur est nommé ; - la révocation du tuteur testamentaire ou datif.

A la fin de la tutelle, le tuteur rend un compte détaillé de sa gestion et remet les biens dont il était
responsable. Le mineur devenu majeur ou ses enfants, en cas de décès, peuvent légalement
demander ce rapport au tuteur. L’interdit qui a atteint l’âge de la majorité ou dont l’interdiction est
levée, conserve son droit d’intenter contre le tuteur testamentaire ou datif ou toute autre personne
qui a été chargée de la gestion des affaires, toutes actions relatives aux actes préjudiciables à ses
intérêts. Ces actions sont prescrites deux ans après que le mineur ait atteint la majorité ou que
l’interdiction ait été levée. Toutefois, en cas de vol, de dol ou de recel de documents, ces actions se
prescrivent dans un délai d’une année après qu’il en ait eu connaissance.

Vous aimerez peut-être aussi