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ANNEE 2008-2009
INTRODUCTION GENERALE
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d’assurer les multiples interventions de l’Etat moderne et des
collectivités locales.
Cela dit, il convient de signaler qu’il y a encore un débat théorique
sur la définition du droit administratif.
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administratif et compétence de la juridiction administrative et c’est
par la notion de service public que sont et doivent être définies les
autres notions du droit administratif.
Par contre, selon l’école de la puissance publique, ce sont les
moyens employés qui comptent. C’est seulement si le service est
assuré par les procédés de la gestion publique qu’il y aura
application des règles du droit administratif et compétence de la
juridiction administrative. Et, dans la définition des diverses notions
du droit administratif c’est celle de puissance publique qui doit
intervenir et qui intervient effectivement.
En ce qui concerne la doctrine, contrairement aux bases
précédentes, il y a des bases constitutionnelles du droit
administratif.
Cette doctrine date de la seconde moitié du 20ème siècle et est
soutenue par Georges Vedel. Elle a le mérite d’être une doctrine
constructive qui renouvelle bien les façons de voir.
Pour le Doyen Vedel, il n’est pas concevable que le droit
administratif soit défini indépendamment de toute prise en
considération de la constitution qui est la source première de l’ordre
juridique interne.
C’est parce que la constitution distingue des organes différents
(exécutif, législatif et judiciaire) qu’il faut partir de considérations
organiques en vue de définir à la fois l’Administration et le droit
administratif.
Ainsi, trois opérations successives de délimitation conduisent à la
définition.
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La première délimitation, le caractère organique aboutit à exclure
de l’Administration ce qui relève du législatif et du judiciaire et à la
rattacher à l’exécutif.
La seconde délimitation est d’ordre matériel. Elle consiste à
délimiter ce qui, dans l’activité gouvernementale n’a pas de
caractère administratif. Se trouvent alors exclus de
l’Administration les rapports de l’Etat avec l’étranger et les
organisations internationales, de même que les rapports entre
l’exécutif et les autres pouvoirs publics dont notamment le
parlement.
Par la troisième délimitation, la doctrine des bases
constitutionnelles du droit administratif rejoint celle de Maurice
Hauriou. Elle fait apparaître ce qui caractérise spécifiquement
l’Administration et le droit administratif par l’exclusion des
procédés du droit privé.
L’Administration est ainsi définie comme « l’ensemble des activités
du gouvernement et les autorités décentralisées étrangères à la
conduite des relations internationales et aux rapports entre les
pouvoirs publics et s’exerçant sous un régime de puissance
publique ».
Il suffit de retourner cette définition pour obtenir celle du droit
administratif à savoir « le régime de puissance publique sous lequel
sont exercées les activités précitées ».
Ce débat théorique n’occulte en rien l’objet du droit administratif.
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Le domaine des interventions du droit administratif est très vaste.
Cela va de l’organisation administrative du pays au contentieux
administratif, en passant par l’activité administrative elle-même et les
moyens d’action de l’Administration.
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C’est pour cette raison que les procédés soulevés par l’activité
administrative sont jugés par un ordre particulier de tribunaux à
savoir les juridictions administratives.
C’est également pour cette raison que l’étude de l’organisation de
ces tribunaux, de leurs compétences, du régime juridique des
recours portés devant eux par les administrés constitue un chapitre
important du droit administratif, discipline ayant acquis son
autonomie.
Caractéristiques de la procédure :
1. Ecrite et contradictoire :
2. Gratuite et secrète :
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La loi du 1er décembre 1988 permet aux justiciables les plus
démunis de demander l’aide
Juridictionnelle.
La procédure ainsi que le référé sont secrets. Les documents ne
sont pas à la
Disposition du public.
3. Inquisitoire :
La procédure devant le juge administratif est inquisitoire. Une
procédure est dite
Inquisitoire lorsque le juge exerce un rôle prépondérant dans la
conduite de l’instance.
Introduction du recours :
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département, ou la seule qualité d’électeur, constitue un intérêt
personnel. Cependant, la
requête peut être collective. D’après l’arrêt Syndicat des patrons
coiffeurs de Limoges rendu
par le Conseil d’Etat le 28 décembre 1906, les associations et les
syndicats peuvent agir
lorsque l’acte attaqué est contraire à l’intérêt collectif qu’ils
défendent ou atteint
indirectement les intérêts de tous les membres en étant contraire à
l’intérêt individuel d’un
membre.
Le requérant ne peut introduire un recours contentieux que s’il a
tout d’abord obtenu
une décision de l’administration qui lui soit contraire. Cette
décision s’appelle « décision
préalable ».
L’administration peut répondre de deux manières à un recours
administratif préalable :
- de façon explicite : la réponse de l’administration est une réponse
de rejet qui doit
être écrite mais peut être orale. A partir de ceci, le requérant
pourra former son recours
contentieux.
- de façon implicite : quand l’administration garde le silence. Son
silence, en principe,
vaut décision implicite de rejet à l’expiration d’un délai de deux mois.
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Le requérant doit déposer une requête introductive d’instance
auprès de la juridiction
administrative territorialement compétente dans le délai de deux
mois à compter de la date de
publicité (publication ou notification) de la décision administrative
attaquée ou de la demande
préalable. Un recours tardif est déclaré irrecevable par le juge
administratif.
Le recours doit être présenté sur papier libre signé par le
requérant. Ce dernier doit
fournir la copie de l’acte attaqué, les pièces justifiables comme par
exemple la preuve des
décisions verbales, les notifications de rejet.
L’instruction et le jugement :
1. L’instruction :
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que les pièces du dossier. Le commissaire du Gouvernement va
ensuite rédiger ses
« conclusions » par lesquelles il fait savoir quelle est la solution
juridique qui lui paraît
satisfaisante.
2. Le jugement :
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parties.
- les considérants (considérant que …) qui sont l’exposé des motifs
par lesquels la
décision a été prise.
- le dispositif divisé en articles qui porte la décision.
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PARAGRAPHE 2. : L’ORIGINE DE L’AUTONOMIE DU DROIT
ADMINISTRATIF
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En vertu de ce principe, c’est le roi qui rend la justice que la
sentence soit juste ou pas.
Après, on est passé au système de la justice déléguée.
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PARAGRAPHE 1 : LES SOURCES ECRITES
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« d’acte de gouvernement ». En effet, l’application de cette notion
s’oppose à la recevabilité des recours dirigés contre les décisions
administratives, lorsque celles-ci touchent aux relations
internationales.
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unanimement reconnu tant par la doctrine que par la législation que
toute juridiction exerce une fonction normative. De prime à bord il
importe de souligner que le rôle normal assigné au juge consiste à
résoudre le différend dont il a connaissance en disant le droit tel
qu’il est prévu et applicable pour le cas d’espèce.
En d’autres termes, le juge se contente de dégager la règle
préalablement en vigueur qu’il convient d’appliquer. Ce faisant, il
n’exerce aucune fonction créatrice puisque la décision qu’il prend
n’a de véritable portée que pour le cas d’espèce.
Il est cependant amené à créer le droit dans les circonstances
suivantes : le juge a pour fonction d’interpréter la règle de droit,
celle-ci, dans certains cas peut être soit obscure, soit en
contradiction avec d’autres règles.
Dans de pareilles hypothèses, l’apport personnel du juge est d’une
très grande importance. En effet, l’on a ainsi vu des règles qui ont
été interprétées successivement dans des acceptions totalement
différentes. L’exemple le plus clair est fourni par l’arrêt du T.C du
30 juillet 1873 (PELLETIER).
De plus, le droit peut receler des lacunes en ce sens qu’aucune
règle n’a prévu le cas posé au juge. Or, ce dernier ne peut
s’abstenir puisqu’il se considère comme lié par les dispositions de
l’article 4 du code civil qui interdisent au juge de se retrancher pour
refuser de statuer, derrière le silence ou l’obscurité de la loi.
Il est donc amené à formuler lui-même la disposition qu’il conviendra
d’appliquer.
Il est vrai que la règle qu’il pose ainsi n’a pas la même force juridique
qu’une règle écrite. En effet, à la différence du système anglais où
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« l’autorité du précédent » oblige le juge à ne pas s’écarter de la
jurisprudence antérieure, dans le système français, le juge n’est pas
lié par la règle qu’il pose et de ce fait, il peut toujours statuer dans
un sens différent.
Toutefois, comme prend soin de le souligner le professeur Jean
Rivéro « lorsque le juge énonce une règle, c’est qu’il la croit bonne
et qu’il entend désormais s’y tenir. L’esprit de suite qui caractérise
les grands corps de l’Etat, le souci de la sécurité juridique des
particuliers imposent au juge cette fidélité à sa propre pensée » :
Jean Rivéro, droit administratif, 7ème édition, Dalloz, page 75 et
c’est la continuité dans l’application de cette règle. Et selon la
formule d’Alain Bockel « l’autorité de la formation créatrice qui
aboutit à l’acceptation de cette règle, laquelle fait dès lors
jurisprudence » (Alain Bockel, droit administratif, NEA, 1978,
page 92).
Il ne faudrait pas oublier d’autre part que le juge administratif, juge
de droit commun de la puissance publique est dans une situation
privilégiée qui accroît sa participation à l’œuvre normative.
ON NOTE DANS DE NOMBREUX PAYS QUE LE CADRE
LEGISLATIF ET REGLEMENTAIRE EST SOUVENT PAUVRE EN
MATIERE ADMINISTRATIVE. DE CE FAIT, IL REVIENT AU
JUGE ADMINISTRATIF LA TACHE DE LE REMPLIR, CE QUI
EXPLIQUE LE CARACTERE JURISPRUDENTIEL DU DROIT
ADMINISTRATIF.
Quant à l’autorité des règles jurisprudentielles, elle comporte deux
aspects : d’une part l’autorité de la chose jugée qui s’attache à
toute décision juridictionnelle et d’autre part l’autorité de la règle
générale telle que dégagée par le juge.
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L’autorité de la chose jugée est attachée uniquement au dispositif
de l’arrêt. Elle s’impose à toutes les parties mises en présence par
le litige.
En général, le problème ne se pose que pour l’Administration qui
seule détient la puissance matérielle de contrainte.
La violation de la chose jugée par l’Administration est constitutive
d’une illégalité qui engage la responsabilité de celle-ci.
En outre, l’Administration se trouve dans l’obligation d’apporter
son concours à l’exécution des décisions de justice auxquelles elle
ne figure point comme partie mais seulement lorsque l’intervention
de la force publique se révèle nécessaire.
Il y aurait ainsi faute de sa part à ne pas le faire à moins que cette
non intervention ne soit justifiée par un moyen d’ordre public (C.
E, 30 novembre 1923, Couitéas : note Hauriou, conclusion Pivot).
S’agissant de l’autorité de la règle jurisprudentielle, le problème qui
se pose est de savoir à quel niveau de la hiérarchie des normes
juridiques la règle générale dégagée par le juge va se situer.
Certains auteurs ont estimé que ces règles avaient une valeur
constitutionnelle alors que pour d’autres il fallait leur conférer une
valeur législative.
En vérité, il convient de se rallier à l’opinion du professeur René
CHAPUS qui, partant d’une idée extrêmement simple à savoir la
valeur conférée à une règle de droit dépend du rang de son auteur
dans la hiérarchie des organes.
Ainsi, il affirme que « les règles jurisprudentielles ont une valeur
infra législative mais supra décrétale. »
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Un exemple de cette autorité des règles jurisprudentielles est
fourni par les principes généraux du droit. On entend par cette
expression un ensemble de règles dégagées par le juge de la
philosophie générale du régime politique d’un Etat donné. Il s’agit
là d’une œuvre constitutive de la jurisprudence administrative
réalisée progressivement.
Cela dit, ce cours se déroulera en trois moments :
- première partie : l’organisation administrative du Niger ;
- deuxième partie : la théorie générale de l’action administrative ;
- troisième partie : les limitations de l’action administrative.
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PREMIERE PARTIE
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Le pays était alors partagé en circonscriptions administratives de
base à deux niveaux : les cercles et les subdivisions.
Cependant, certains cercles n’étaient pas eux-mêmes divisés en
subdivision et étaient de ce fait qualifiés de « cercles unitaires » et
certaines circonscriptions de base comprenaient des postes
administratifs.
De plus, trois agglomérations (Niamey-Zinder-Maradi) avaient un
statut municipal avec une personnalité morale et une autonomie
financière.
Le Niger fut indépendant le 3 août 1960 et procéda à une
réorganisation de son administration territoriale par la loi du 31
décembre 1961 qui divisait le territoire de la république en 31
unités administratives, érigées en collectivités territoriales et
dénommées « circonscriptions ».
En réalité, les cercles étaient restés en place et avaient continué à
coiffer les anciennes subdivisions. Mais ces dernières, avec les
cercles unitaires existants avaient été transformées en collectivités
territoriales dotées de la personnalité morale et d’une certaine
autonomie financière.
La réorganisation de décembre 1961 n’a été qu’une étape en
attendant la mise en œuvre d’une réforme administrative plus
ambitieuse dont l’objectif était l’institution d’une véritable
administration de développement qui voulait être adaptée aux
exigences et aux conditions particulières du pays et qui devrait
rapprocher l’Administration des administrés.
Cette réforme se concrétisa par la loi 64-023 du 17 juillet 1964
portant création des circonscriptions administratives et des
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collectivités territoriales sur toute l’étendue du territoire de la
république du Niger.
Les nouvelles structures furent effectivement mises en place à
partir de 1966.
Cette loi de 1964 est encore la loi de base de l’organisation
administrative régionale et locale actuelle du Niger. Elle divise le
territoire nigérien en circonscriptions administratives
(départements-arrondissements-communes) en collectivités
territoriales dotées de la personnalité morale et de l’autonomie
financière.
Il convient de signaler que les collectivités coutumières sont
hiérarchiquement intégrées dans la structure administrative du
Niger et placées sous la tutelle des circonscriptions administratives
et des collectivités territoriales.
Aussi, de 1979 à 1988 la ville de Niamey était divisée en districts.
Chaque district avait à sa tête un chef de district assimilé à un chef
de poste administratif. Ainsi, Niamey la capitale comprenait 5
districts n’ayant ni personnalité, ni autonomie financière.
Du reste, pour mieux appréhender l’organisation administrative du
Niger, il nous paraît utile de distinguer les entités déconcentrées
(première partie) des entités administratives décentralisées
notamment les collectivités territoriales (deuxième partie).
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SECTION 1 : LES DEPARTEMENTS
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Le préfet est responsable du développement du département. En
matière de conception, il fournit au Président de la République
toutes informations relatives au développement. En matière
d’exécution, il a la charge de la mise en œuvre du plan national de
développement au niveau du département.
Dans l’exercice de ses responsabilités en matière de
développement, le préfet est assisté d’un comité technique
départemental (COTEDEP) composé essentiellement de
directeurs ou chefs de services départementaux. C’est le lieu de
mentionner que la plupart des ministères disposent d’une
représentation dans les chefs lieux de département.
Présidé par le préfet, le COTEDEP est un organe technique de
coordination mais aussi de décision. Il se réunit sur convocation de
son président au moins une fois par trimestre.
En matière de comptabilité publique, le préfet est ordonnateur des
crédits délégués au niveau du chef lieu de département.
A ce titre, les bons de commande engagés par les services
départementaux doivent être impérativement approuvés par le
préfet en sa qualité d’ordonnateur.
Au vu de ses attributions, examinons à présent les moyens
financiers dont dispose le préfet.
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L’on comprend aisément l’attitude du législateur nigérien dans la
mesure où le département n’est qu’une circonscription
administrative et à ce titre, son fonctionnement doit être supporté
par le budget de l’Etat, à l’image des autres services déconcentrés
de l’Etat. Ainsi, jusqu’en 1983, le département ne connaissait de
ressources financières que les crédits délégués par le budget
général de l’Etat, affecté au fonctionnement de la préfecture. Mais
avec l’accroissement au plan politique des attributions du préfet, il
s’ensuivra une augmentation des ressources financières du
département sans répercussion sur le budget de l’Etat mais au
détriment des collectivités territoriales.
Cette situation s’est matérialisée par la naissance du fonds
régional de développement (FRD) et la contribution des
collectivités territoriales au fonctionnement de la préfecture.
Voyons à présent le contenu de ces ressources.
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FONCTIONNEMENT DES PREFECTURES
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du ministre de l’intérieur et les procès-verbaux de réunion du conseil
national de développement (CND).
Dans tous les cas, il s’apparente à un budget d’investissement mis à
la disposition des préfets pour réduire les inégalités entre les
entités décentralisées. L’affectation et les zones d’intervention
sont décidées en COTEDEP.
La gestion de ce fonds incombe au préfet et au secrétaire général
adjoint. En effet, tout chèque lié à ce fonds doit être signé par le
préfet et contresigné par le secrétaire général adjoint.
Mais dans la pratique et dans la plupart des cas, le préfet est le
seul signataire des chèques.
Hormis le département, il existait au Niger une autre entité
administrative qui ne disposait pas de ressources financières
propres et ne jouissait ni de la personnalité morale, ni de
l’autonomie financière : il s’agissait des postes administratifs (P.A).
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avaient été créés en 1988. Il s’agit d’Iférouane, Aderbisnat, Tibiri,
Bermo, Doungas et Belbédji.
De ce fait, la république du Niger a compté jusqu’à 26 postes
administratifs.
La création de ces entités permettait non seulement d’assurer
l’intervention de l’Etat à la base mais aussi paraissait être liée aux
exigences d’un quadrillage politique efficace.
Comme indiqué ci-dessus, les postes administratifs ne bénéficient
ni de la personnalité morale, ni de l’autonomie financière. Ils ne
disposent pas non plus de ressources financières propres. Leurs
seules ressources proviennent des crédits délégués par l’Etat et
des subventions provenant des arrondissements auxquels ils sont
rattachés.
Du reste, les agents qui y travaillent sont en majorité des agents de
l’Etat exerçant leurs activités sous l’autorité d’un chef de poste
administratif nommé par décret pris en conseil des ministres.
Le chef de poste administratif exerce lui-même ses attributions par
délégation du sous-préfet de l’arrondissement qui est à la fois
autorité déconcentrée et autorité décentralisée.
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scientifique de la collectivité par elle-même ainsi que par
l’aménagement du territoire.
Les arrondissements et les communes étant à la fois des
circonscriptions administratives et des collectivités territoriales on
peut parler de dualité de l’organisation régionale et locale.
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dépositaire de l’autorité de l’Etat. Il est en outre officier de police
judiciaire et membre du COTEDEP.
Comme organe de la collectivité territoriale exerçant par
conséquent une parcelle de pouvoirs que celle-ci détient en propre,
le sous-préfet est en premier lieu le représentant de
l’arrondissement. Ce dernier possède la personnalité morale et
peut donc passer des actes juridiques, agir en justice et surtout
régler lui-même les problèmes d’intérêt d’arrondissement.
Le sous-préfet exerce aussi des fonctions de contrôle et de conseil
sur l’ensemble des communes situées dans son arrondissement.
Il met tout en œuvre pour éveiller, susciter, encourager, guider et
soutenir l’initiative des populations, leur participation volontaire et
active au développement de l’arrondissement. Du reste, les
attributions du sous-préfet sont nombreuses et ont trait à la
salubrité publique, aux élections, au domaine, aux établissements
pénitentiaires, aux autorités coutumières…
Dans l’accomplissement de ses multiples tâches, le sous-préfet
dispose de certains organes à commencer par les organes
délibérants.
A. LE CONSEIL D’ARRONDISSEMENT
31
La loi n°64-023 ne reconnaît qu’un organe délibérant au niveau de
l’arrondissement. C’est le conseil d’arrondissement dont les
membres doivent être élus au suffrage universel direct.
Les députés de l’Assemblée Nationale résidant dans
l’arrondissement sont membres de droit du conseil. Il en est de même
du sous-préfet.
En effet, la loi n°64-023 dispose en son article 17 alinéa 1er : « le
sous-préfet préside le conseil d’arrondissement ». De ce fait, le
conseil ne peut en aucun cas priver le sous-préfet de sa qualité de
président.
Le conseil intervient dans toutes les affaires de développement de
l’arrondissement en tant que collectivité territoriale et vote le
budget. De 1983 à 1991, ce rôle était joué par le conseil sous
régional de développement (CSRD).
Ces structures n’ont cependant pas répondu aux espoirs qu’elles
avaient suscités. Ainsi, les conseils d’arrondissement, au lieu d’être
des lieux actifs de décision ou de contrôle par l’intermédiaire
desquels les populations auraient été associées à la gestion de
leurs propres affaires n’étaient en réalité dans la plupart des cas
que des chambres d’enregistrement des décisions et des actes des
autorités administratives. Les conseillers d’arrondissement
n’avaient reçu il est vrai aucune formation préalable qui leur
permette d’acquérir des connaissances et les moyens
d’appréciation et de contrôle sans lesquels ils ne pourraient
prétendre exercer pleinement leurs responsabilités.
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De plus, la population n’avait pas la possibilité de choisir librement
ses représentants ; les candidats aux fonctions de conseillers étant
désignés par les instances supérieures du parti unique.
Après, c’est le comité technique d’arrondissement (COTEAR)
qui joue le rôle d’organe délibérant en attendant les élections
locales devant désigner les conseillers d’arrondissement.
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Les ressources financières des collectivités ayant déjà été
exposées, nous ne nous attarderons pas là-dessus. Néanmoins, il
convient de rappeler que conformément à l’article 20 de la loi 65-
006 du 8 février 1965 déterminant l’administration des
arrondissements et des communes, les règles d’aliénation et de
gestion de leurs domaines public et privé ainsi que leurs ressources,
empruntent les chemins suivants : s’agissant des ressources des
arrondissements, elles sont constituées par :
- la fiscalité ;
- les emprunts ;
- les revenus et les produits d’aliénation du patrimoine et du
portefeuille ;
- les dons et legs ;
- l’aide de l’Etat.
Il est à préciser que les 2/3 des recettes totales des
arrondissements proviennent essentiellement de la taxe
d’arrondissement qui est une taxe fiscale.
Le sous-préfet est l’ordonnateur du budget de la collectivité qu’il
administre. Il est nommé dans chaque arrondissement un secrétaire
et un receveur d’arrondissement. Les fonctions de ces derniers
peuvent être cumulées.
Aussi, toute collectivité territoriale peut demander à l’autorité de
tutelle que les fonctions de receveur soient exercées par le
comptable de l’Etat communément appelé « agent spécial ». Quant
au personnel administratif de ces arrondissements, il est composé
en majorité d’agents de l’Etat détachés ou mis à leur disposition.
34
Aussi, manque-t-il de politiques de recrutement et de gestion du
personnel propre à l’arrondissement tout comme à la commune ?
En effet, ce personnel contractuel est régi par la convention
collective interprofessionnelle, d’où la nécessité de l’élaboration
d’un statut particulier pour ce personnel.
35
A ce niveau on constate qu’aucun texte ne fait la distinction
juridique entre ces deux types de commune.
En principe c’est le texte de création qui précise la catégorie dans
laquelle est classée l’entité administrative.
Sur le plan fonctionnel et organisationnel, les deux types de
commune sont dirigés par des maires qui disposent des mêmes
organes et ressources financières.
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Certaines fonctions d’intérêt général peuvent lui être confiées par
le pouvoir exécutif. Lorsqu’il les exerce, il agit en qualité de
représentant de ce pouvoir sous l’autorité du sous-préfet.
Rappelons cependant que le maire ne peut être appelé à assurer la
suppléance légale de l’inspecteur du travail, du contrôleur du travail
et en l’absence des deux, du représentant local du service de la main
d’œuvre.
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La Communauté Urbaine de Niamey jadis composée de trois
communes est aujourd’hui composée de cinq. Ces cinq communes
plus la Communauté Urbaine elle-même disposent chacune de la
personnalité et de l’autonomie financière. Après sa création, la
Communauté Urbaine de Niamey est dirigée par un Préfet-
Président nommé par décret pris en conseil des ministres.
C’est dire donc que seule une collectivité territoriale avait dans le
fait rang de département même si le décret la créant ne le précise
pas.
Le Préfet-Président est secondé par un secrétaire général et un
secrétaire général adjoint, tous nommés par décret pris en conseil
des ministres ;
L’article 8 du décret n°88-393 détermine le domaine de
compétence de la Communauté Urbaine par rapport aux trois
communes de l’époque : « dans le cadre des dispositions légales et
réglementaires, la compétence de la Communauté s’étend aux
objets d’utilité communautaire et aux objets qui intéressent
conjointement les communes qui y sont comprises. Il s’agit
notamment de :
- la gestion du garage communautaire ;
- la réalisation et l’entretien des réseaux de voirie inter-
communale ;
- la réalisation des réseaux primaires d’assainissement ;
- la tutelle sur la gare routière centrale ;
- les transports urbains ;
- la tutelle sur les établissements publics inter-communaux ;
- la planification et la programmation urbaine ;
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- l’installation et l’entretien des réseaux d’eau et d’électricité.
La tutelle des deux catégories d’entité administrative
(déconcentrée et décentralisée relève au niveau central du ministère
de l’intérieur.
A travers cette tutelle administrative, financière et comptable, il
exerce un contrôle sur les collectivités territoriales. Ce contrôle se
pratique de façon épisodique et n’est pas efficace.
Au niveau régional, c’est le Préfet-Président qui assure le contrôle
sur ces collectivités territoriales. Il faut dire que ce contrôle, hormis
les missions d’évaluation de l’exécution des fiches d’opération est
en réalité inexistant en ce qui concerne l’aspect administratif et
financier.
D’une manière générale, en dehors des inspections financières, le
contrôle de tutelle est resté à l’état léthargique. Cette situation est
d’autant plus grave que la loi n°65-007 déterminant le régime de
tutelle applicable aux collectivités territoriales est muette quant au
contrôle juridictionnel.
En conclusion, l’organisation administrative ancienne du Niger se
caractérise par la grande différence entre les principes et la réalité.
La loi organique 64-023 du 17 juillet 1964 qui régit l’organisation
administrative ancienne du Niger a eu à l’époque le mérite de jeter
les bases de la décentralisation au Niger.
Dans la pratique, cette loi a été viciée notamment en ce qui
concerne l’organisation structurelle et fonctionnelle des entités
décentralisées.
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Ainsi, le mouvement communal devrait favoriser l’intégration des
populations dans la vie publique et promouvoir le développement
n’y a répondu que partiellement.
Il faut ajouter à cela l’imbrication des structures parfois aux rôles
contradictoires au niveau de l’administration territoriale ou
l’existence des structures surannées comme les postes
administratifs qui ont perduré jusqu’aux élections locales de juillet
2004.
Cette mauvaise application de la loi organique doublée de la
faiblesse des finances locales, du manque de personnel en qualité a
conduit à faire certaines propositions. En premier lieu, il s’agissait
de respecter l’esprit de la loi organique. Ainsi, les dispositions
devraient être prises pour donner à la commune la place qui lui
revenait de droit par rapport à l’arrondissement et de définir
clairement la différence entre la commune urbaine et la commune
rurale.
Il a également été suggéré que le processus de transformation des
postes administratifs en communes doit être exécuté comme prévu
par la loi n°64-023.
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TITRE 2 : LA NOUVELLE ORGANISATION ADMINISTRATIVE DU
NIGER
41
- loi 2002-012 du 11 juin 2002 déterminant les principes
fondamentaux de la libre administration des régions, des
départements et des communes ;
- loi 98-32 du 14 septembre 1998 déterminant le statut des
Communautés Urbaines ;
- loi 2002-015 du 11 juin 2002 portant création de la
Communauté Urbaine de Niamey ;
- loi 2002-016 du 11 juin 2002 portant création des
Communautés Urbaines de Maradi, Tahoua et Zinder ;
- loi 2002-013 du 11 juin 2002 portant transfert des
compétences aux régions, départements et communes ;
- loi 98-35 du 12 septembre 1998 relative à la limitation du
cumul des mandats électifs et de certaines fonctions ;
- loi 2002-017 du 11 juin 2002 déterminant le régime financier
des régions, départements et communes.
En ce qui concerne les décrets, il s’agit des textes suivants :
- décret 98-274/PRN/MI/AT du 2 octobre 1998 fixant les
conditions de nomination, les attributions et les avantages
accordés aux secrétaires généraux des collectivités
territoriales ;
- décret 99-023/PRN/MI/AT du 5 mars 1999 fixant les
modalités d’exercice du contrôle sur les actes des autorités
décentralisées ;
- décret 99-034/PRN/MI/AT du 5 mars 1999 fixant la
rémunération et les taux des indemnités accordés aux
secrétaires généraux des régions, départements et communes.
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La nouvelle organisation administrative consacre la division du
territoire en divisions administratives situées à plusieurs niveau,
s’emboitant les unes dans les autres.
Initialement, du sommet à la base, on distinguait :
Des départements (préfectures), des arrondissements (sous-
préfectures) et des postes administratifs dans le cadre de la
déconcentration. Il existait également des entités décentralisées,
mais dans un contexte où les maires étaient plutôt nommés
qu’élus.
L’avènement du multipartisme a impliqué comme cela a déjà été
dit, une nouvelle organisation administrative du territoire du
Niger.
Celle-ci consacre à la fois des entités déconcentrées, de même
que des entités décentralisées, d’où la nécessité de dégager
d’abord les principes de base de la nouvelle organisation
administrative du Niger (chapitre 1) avant de se pencher sur
l’organisation de l’administration territoriale de l’Etat du Niger
(chapitre 2).
43
SECTION 1 : DECENTRALISATION ET DECONCENTRATION
PARAGRAPHE 1 : LA DECENTRALISATION
44
C’est le lieu de signaler que la décentralisation territoriale est
fondée sur le libre exercice des libertés locales. Elle assure aux
populations une participation effective à la gestion des affaires
publiques par le biais de l’élection des représentants locaux élus.
La décentralisation territoriale est donc un mode de gestion des
entités locales qui consiste en une responsabilisation de celles-ci
en ce qui concerne la gestion quotidienne. De ce fait, elle
implique plusieurs aspects :
En premier lieu, sur le plan politique, la décentralisation est le
corollaire de la démocratie. Elle favorise la formation du citoyen,
le jeu de l’élection et lui permet la maîtrise des rouages du pouvoir
et de la technique, s’agissant de la gestion des affaires
publiques. Dans cette optique, la décentralisation territoriale est
perçue comme une véritable école politique d’apprentissage.
En second lieu, sur le plan économique, il s’agit d’assurer un
développement harmonieux et équilibré des entités territoriales
décentralisées.
Le droit de prendre des initiatives en matière de programmes et
projets de développement économique et social est reconnu aux
entités locales.
Enfin, sur le plan juridique ou administratif, décentraliser, c’est
transformer en centre d’impulsion les entités locales.
A ces trois aspects pratiques, on peut ajouter un quatrième qui
résulte de la pratique même de la décentralisation et qui revêt
une coloration managériale. On conçoit que sur cet angle,
décentraliser, c’est motiver.
45
En effet, le degré de responsabilisation d’un individu et la liberté
d’action qui lui est laissée peut être à la base d’une prise de
conscience capable de stimuler sa production.
Cela dit, il convient de souligner que la mise en application de la
décentralisation territoriale est subordonnée au respect de trois
conditions qui sont les suivantes :
- elle implique d’abord que soit déterminée une sphère de
compétence spécifique au bénéfice des collectivités locales ;
- elle suppose ensuite que les affaires locales soient prises en
charge par des autorités locales indépendantes du pouvoir
central tant par leur nomination que par leur révocation ;
Enfin, sa réalisation implique que la gestion des autorités locales
relative à leurs affaires propres soit autonome.
Cependant, ce principe de libre administration est généralement
tempéré par la tutelle administrative, un mécanisme de régulation
étatique permettant au pouvoir central de contrôler l’autonomie
des autorités locales. C’est notamment tous les aspects relevant
du contrôle de légalité sur les actes des collectivités et sur ses
organes.
Corollaire de la démocratie, le système de décentralisation
repose sur l’idée d’une gestion par les administrés des affaires
les concernant directement.
PARAGRAPHE 2 : LA DECONCENTRATION
46
central. C’est toujours l’Etat qui décide mais sur place et non
depuis la capitale.
C’est au sein de l’administration de l’Etat que certaines
compétences sont attribuées à des agents locaux de l’Etat.
La déconcentration n’est donc qu’une modalité de la
centralisation puisque les autorités locales de l’Etat sont
soumises au pouvoir hiérarchique des autorités centrales
auxquelles elles doivent rendre compte et qui ont le pouvoir de
substitution, d’annulation, de réformation et de retrait des actes.
La déconcentration se définit comme le procédé qui permet la
direction de toutes les affaires administratives par le pouvoir
central et sans autres intermédiaires que de simples agents
d’exécution locaux.
L’administration du pays est alors dirigée en totalité par les
instructions qui sont directement adressées de la capitale par le
gouvernement.
Ce système comporte malgré ses mérites (assurer l’unité de la
nation en faisant disparaître les particularismes locaux, restaurer
la puissance de l’Etat, sauvegarder l’égalité absolue des
citoyens) plusieurs inconvénients.
Le système de la centralisation rend la résolution des affaires
administratives lente et rigide.
Le risque d’encombrer les administrations centrales, tout en
rendant difficile l’adaptation de leurs décisions aux
circonscriptions locales est réel.
Indispensable modalité d’agencement d’un régime centralisé, la
déconcentration apparaît alors comme un collectif nécessaire.
47
C’est un moyen qui consiste à remettre tout en maintenant le
principe centralisé à des agents locaux nommés par le pouvoir
central, certaines attributions. Ils se voient reconnaître une
certaine marge d’initiative notamment le pouvoir de prendre
certaines décisions.
Si cette déconcentration atténue les rigueurs de la
centralisation, les agents locaux n’en sont pas moins soumis à
l’autorité centrale par ce que l’on appelle le pouvoir hiérarchique.
Ainsi, l’autorité centrale peut sanctionner les agents locaux. Elle
peut aussi procéder à l’annulation de leurs décisions, à leur
suspension ou à leur reformulation pour des raisons de légalité
ou d’opportunité.
48
C’est en effet un groupement de personnes réunies sur une
base territoriale, chargé de pourvoir aux besoins considérés
comme étant nécessaires à la collectivité.
Les circonscriptions administratives sont quant à elles des
divisions administratives de l’Etat dénuées de toute personnalité
juridique.
Plusieurs signes distinctifs apparaissent dans la définition et la
détermination des éléments appliqués à la collectivité territoriale
ou à la circonscription administrative.
Ainsi, la collectivité territoriale est le cadre d’intervention des
autorités décentralisées alors que la circonscription
administrative constitue le cadre d’intervention des autorités
déconcentrées.
49
La collectivité territoriale a une existence juridique propre,
distincte de l’Etat. C’est une personne publique créée par
l’Etat et dotée d’une personnalité juridique. Elle dispose à cet
effet d’un patrimoine, peut signer des contrats ou ester en
justice. Elle est dotée d’une autonomie financière et
administrative. Elle dispose d’un pouvoir propre de gestion de
ses recettes et ses dépenses regroupées dans un budget.
Cela suppose l’existence de recettes propres à la collectivité
territoriale sous forme d’impôts, taxes et redevances diverses
pour couvrir les besoins des administrés par des prestations de
services ou par la réalisation d’équipements et infrastructures.
La collectivité territoriale s’administre par ailleurs librement dans
le respect des lois et règlements en prenant ses décisions sans se
référer au pouvoir central. C’est une autonomie administrative
qui se développe dans un cadre juridique tracé par l’Etat.
La circonscription administrative est quant à elle, un relais du
pouvoir central. C’est un découpage administratif qui ne
constitue pas une personnalité juridique.
C’est à l’échelle des circonscriptions administratives que l’Etat
organise ses différentes actions et ses services extérieurs :
- ce sont d’abord les lieux où s’exerce l’autorité de l’Etat à
travers les gouverneurs (régions), les préfets (départements) et
les sous-préfets (arrondissements) ;
- c’est aussi à travers les circonscriptions administratives que
sont organisés les services techniques déconcentrés de l’Etat
(aménagement du territoire, développement communautaire,
santé, impôt…).
50
B. DES ORGANES D’ADMINISTRATION ET DE
GESTION DIFFERENTS
51
- l’application des lois, des règlements et autres décisions
gouvernementales,
- l’animation, la coordination, l’information et la formation des
acteurs du territoire,
- la tutelle des collectivités territoriales.
52
Les formes et les modalités de contrôle des collectivités
territoriales et des circonscriptions administratives sont
différentes. Deux types de contrôle sont prévus :
Il s’agit du contrôle hiérarchique d’une part et d’autre part du
contrôle de tutelle.
1. Le contrôle hiérarchique exercé par l’administration centrale
sur les autorités déconcentrées
53
dans l’intérêt de la collectivité déconcentrée qui doit préserver (à
l’intérêt général de la collectivité) de même dans l’intérêt des
citoyens locaux qui doivent être égaux devant l’action publique.
A la différence du pouvoir hiérarchique, le pouvoir de tutelle ne
peut s’exercer sans textes. D’où l’expression « pas de tutelle
sans textes ».
Si certaines des procédures se trouvent dans l’un et l’autre cas
(pouvoir de suspension, voire de substitution dans des cas
exceptionnels) par contre, l’autorité de tutelle ne dispose ni du
pouvoir d’instruction, ni du pouvoir de réformation des actes de
l’autorité décentralisée.
54
CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION DE L’ADMINISTRATION
TERRITORIALE DU NIGER
55
Enfin, trois agglomérations Niamey, Zinder et Maradi avaient
un statut municipal avec personnalité morale et autonomie
financière.
PARAGRAPHE 1: L’ORGANISATION
TERRITORIALE SUR LA BASE DE LA
LOI 61-50 DU 31 DECEMBRE
1961
56
Cette loi portant création de circonscriptions administratives et
collectivités territoriales divise le territoire de la république du
Niger en circonscriptions administratives : départements,
arrondissements et communes et érige certaines de ces
circonscriptions (les arrondissements et les communes) en
collectivités territoriales dotées de la personnalité morale et de
l’autonomie financière. C’est dans la vision d’une administration
de développement que furent définis les termes de référence de
cette réforme administrative. Il s’agissait de proposer une
organisation se situant dans le schéma général du système
politique administratif du pays et permettant la rencontre de
trois impératifs :
- le maintien de l’ordre public considéré comme préalable à
toute action
- le resserrement de l’unité nationale considérée comme une
condition essentielle de réussite
- le développement optimum du pays considéré comme objectif
principal et fondamental.
La réforme de 1964 dite réforme structurelle concernait à la
fois :
- l’ensemble de l’organisation administrative régionale et locale
- les structures de soutien, d’assistance ou de contrôle au
niveau central.
Les arrondissements et les communes étaient à la fois
circonscriptions administratives et collectivités territoriales.
57
Outre la loi de base n°64-02 précitée, trois lois importantes
règlent respectivement l’organisation, l’administration et la tutelle
des circonscriptions territoriales :
- loi n°65-005 du 8 février 1965
- loi n°65-006 du 8 février 1965
- loi N°65-007 du 8 février 1965.
PARAGRAPHE 4: L’AVENEMENT DE LA
DEMOCRATIE ET DU
MULTIPARTISME
58
Celle-ci a été perçue depuis l’avènement de la démocratie
multipartite au Niger comme une réponse institutionnelle du
problème fondamental de la participation de la population à la
gestion des affaires publiques.
Les tentatives de réorganisation administrative sus la 3ème
république et surtout sous la 4ème république avec les premières
élections municipales de février 1999 ont échoué.
La nouvelle réforme administrative, intervenue avec la loi de base
n°2001-023 du 10 août 2001 portant création de
circonscriptions administratives et de collectivités territoriales
tente de corriger les insuffisances du système administratif
passé.
59
- les programmes et projets publics.
60
B. LES ADMINISTRATIONS CENTRALES DES
MINISTERES
61
PARAGRAPHE 2 : LES SERVICES DECONCENTRES
62
Les services de l’administration territoriale sont créés par décret
pris en conseil des ministres. Leur organisation ainsi que les
modalités de leur fonctionnement sont déterminées par arrêté du
ministre.
Ils sont placés sous l’autorité hiérarchique du représentant de
l’Etat dans la circonscription administrative dont ils relèvent.
Ainsi :
- dans la région, les services techniques déconcentrés de l’Etat
sont placés sous l’autorité du gouverneur. Il est assisté dans
l’accomplissement de ses fonctions par les Secrétaires
Généraux, les Préfets, les Directeurs et Chefs de services
régionaux et d’autres organes qui peuvent être créés dan le
cadre de la décentralisation.
Ils coordonnent et contrôlent l’action des Chefs de services
déconcentrés du département.
- Dans l’arrondissement, les services déconcentrés de l’Etat
sont placés sous l’autorité hiérarchique du Sous-préfet qui est
le représentant de l’Etat dans l’arrondissement. Ce dernier est
placé sous l’autorité hiérarchique du Préfet dont il est le
subordonné. Il est assisté par les Chefs de services
déconcentrés et d’autres organes qui peuvent être créés dans le
cadre de la déconcentration.
Les services déconcentrés d’un même ministère entretiennent
des relations hiérarchiques suivant le niveau de la circonscription
administrative.
63
Les services déconcentrés de ministères différents entretiennent
des relations de collaboration entre eux quelque soit le niveau de
la circonscription administrative.
Les services de l’administration de l’Etat peuvent concourir par
leur appui technique aux projets de développement économique,
social et culturel des collectivités territoriales qui en font la
demande.
64
ministre, à une direction nationale. Ils sont fixés par arrêté du
ministre lorsqu’ils rattachés à un service de l’administration de
l’Etat.
65
Les circonscriptions territoriales présentent les caractéristiques
suivantes :
- la capacité juridique, c'est-à-dire l’aptitude à acquérir des droits
ou des obligations notamment le droit de passer des contrats ou
d’ester en justice pour défendre ses droits.
- la personnalité financière, en particulier le droit de percevoir
des taxes pour couvrir ses dépenses dans le cadre d’un budget
établi.
- le patrimoine, c'est-à-dire le droit de disposer d’un domaine, de
bâtiments, de véhicules et autres.
Ce sont des personnes juridiques et comme telles, elles
disposent des attributions de la personnalité juridique.
En outre, elles disposent d’une autonomie d’administration tout
comme leur gestion est confiée à une autorité délibérante et à
une autorité exécutive, toutes deux résultant d’un processus
électoral.
Ce sont des personnes publiques qui à ce titre bénéficient de
privilèges exceptionnels tels que l’impossibilité d’être exposé à
des voies d’exécution.
Ce sont des personnes territoriales qui ont une compétence très
large, mais limitée aux affaires intéressant les affaires des
habitants de leurs circonscriptions.
Le principe de la communalisation intégrale du territoire national
a été retenu avec la création de 52 communes urbaines et 213
communes rurales selon la loi n°2002-014 portant création des
communes et fixant le nom de leur chef lieu.
66
Les décideurs ont privilégié le principe de la progressivité dans la
mise en œuvre de ce schéma.
De ce fait, seules les communes seront installées dans une
première étape. Quant aux régions et aux départements, en tant
que collectivités, seront installés ultérieurement.
La loi n°2002-012 du 11 juin 2002 détermine les principes de la
libre administration des collectivités territoriales de même que
leurs compétences et leurs ressources.
Elles sont dotées chacune d’un organe délibérant et d’un
organe exécutif qui sont élus et des services propres.
67
DEUXIEME PARTIE : THEORIE GENERALE DE L’ACTION
ADMINISTRATIVE
68
L’administration a deux tâches essentielles. D’une part elle
assure le maintien de l’ordre, de la sécurité et de la tranquillité
publique en surveillant et en réglementant les activités des
particuliers, cette mission étant dévolue à la police administrative.
D’autre part, elle se charge de pourvoir à la satisfaction des
besoins d’intérêt général grâce aux multiples moyens
d’intervention qu’elle détient ou qu’elle confie à des tierces.
Comme on le sait, ce sont les services publics qui se chargent de
cette mission prestative.
Dans le contexte africain la première préoccupation a prévalu
sur la seconde.
En effet, comme le reconnaissent la plupart des auteurs, tous les
Etats africains portent la marque du fait colonial. Lorsqu’ils ont
accédé à l’indépendance, ces Etats ont hérité d’une
administration dont les principes directeurs se référent aux
traditions et règles étrangères à ce continent et dont les finalités
étaient définies en fonction des intérêts du développement des
pays concernés.
Cela n’est pas étonnant dans la mesure où tous les systèmes
administratifs coloniaux obéissent à une logique de domination. Il
s’agissait avant tout d’assurer la souveraineté de l’Etat
colonisateur.
Ayant pour principal objectif et unique souci le respect de
l’ordre public et la défense des intérêts métropolitains, ces
administrations étaient par nature autoritaires.
69
Cet autoritarisme n’a disparu qu’avec l’accession des Etats
africains à l’indépendance. Bien au contraire, les conditions dans
lesquelles elle est intervenue ne pouvaient que la renforcer.
En effet, l’administration nigérienne de l’époque était beaucoup
plus une administration de souveraineté qu’une administration de
mission, voire de développement et les titulaires du pouvoir tant
au niveau national que local détenaient des pouvoirs exorbitants.
70
La police administrative se définit par les buts ou objectifs en
vue desquels elle est exercée. C’est un ensemble de mesures à
caractères réglementaire ou individuel ayant pour objet d’assurer
le bon ordre, la tranquillité ou la salubrité publique.
Aussi, y a-t-il lieu de distinguer d’une part la police administrative
de la police judiciaire et d’autre part la police administrative
générale des polices administratives spéciales.
71
tantôt comme autorité ou agent de police administrative tantôt
comme autorité de police judiciaire.
Pour les dissocier, il faudrait recourir au critère finaliste qui a été
retenu par le juge (C.E, 24 juin 1960, Société Frampar).
72
portée générale ou individuelle entrant dans le domaine de la
police administrative.
73
PARAGRAPHE 2 : AUTORITES DE POLICES SPECIALES
74
Au contraire, elle peut la renforcer si les circonstances locales le
justifient.
75
SECTION 3 : LES MODALITES D’EXERCICE DES POUVOIRS
DE POLICE
76
PARAGRAPHE 1. DOMAINE D’INTERVENTION DU POUVOIR DE
POLICE
77
Les mesures de police administrative emportent comme
conséquences la limitation de la liberté des citoyens. Elles ne
doivent pas cependant aller au delà de ce qui est nécessaire à la
réalisation des objectifs de maintien de l’ordre. C’est la raison
pour laquelle le contrôle exercé par le juge est très étendu en ce
domaine.
C’est l’un des rares domaines où le juge administratif exerce non
seulement un contrôle de légalité mais également d’opportunité
des décisions administratives puisque selon un dicton célèbre,
dans cette matière spéciale, la liberté est la règle alors que la
restriction imposée par les mesures de police est l’exception.
Il s’agit d’un contrôle minutieux exercé par le juge. Celui-ci
recherche si la mesure de police a été prise dans le but prévu par
le législateur, c'est-à-dire en vue d’assurer le maintien de l’ordre,
en particulier, les conditions nécessaires pour l’édiction et
l’usage d’une telle mesure doivent être réunies.
La légalité et l’opportunité des pouvoirs de police se trouvent
ainsi soumises aux circonstances de lieu (lieu public, lieu privé,
lieux semi-public et semi-privé) et de temps (période normale et
période de crise).
Enfin, la mesure de police doit être exactement adaptée aux
circonstances. C’est ainsi que le juge administratif apprécie,
compte tenu des circonstances de lieu et de temps si la mesure
prise était ou non indispensable ou nécessaire au maintien de
l’ordre et au résultat recherché (voir C.E, 19 mai 1933,
Benjamin).
78
SECTION 5. LES EXTENSIONS EXCEPTIONNELLES DES
POUVOIRS DE POLICE
79
B. IL S’AGIT D’AUTRE PART D’UN ACCROISSEMENT DES
POUVOIRS DE POLICE
80
et par l’ordonnance du 15 janvier 1960) est lié à la situation
créée par les troubles en Algérie.
L’état d’urgence est un régime restrictif des libertés publiques
pouvant être appliqué par une loi sur tout ou partie du territoire
national, caractérisé surtout par l’extension des pouvoirs
ordinaires de police des autorités civiles.
En matière d’état d’urgence, la loi du 11 août 1998 obéit au
schéma classique et s’apparente largement à la réglementation
française.
A. S’AGISSANT DE LA PROCLAMATION
81
Toutefois, les personnes à l’encontre desquelles sont
prononcées de telles mesures peuvent en demander le retrait et
en cas de maintien un recours pour excès de pouvoir peut être
formulé (article 5 al.1er et 3).
Enfin, pour ce qui est de la cessation de l’état d’urgence, elle
intervient lorsque la durée pour laquelle il est prévu est écoulée.
Les mesures prises cessent alors d’avoir d’effets (article 11).
Dans certains Etats comme le Cameroun par exemple, la
pratique fait apparaître que l’état d’urgence a été décrété et
même prolongé plusieurs fois sur certaines parties du territoire
national. Mais dans ce pays, comme le relève un auteur, le plus
surprenant est que le recours constat à l’état d’urgence n’a pas
donné lieu à une retentissante jurisprudence administrative des
circonstances exceptionnelles (Joseph Owona,
« l’institutionnalisation de la légalité d’exception dans le droit
public camerounais », revue camerounaise de droit, page 116).
Il est important de souligner que l’état d’urgence proclamé sur
une partie du territoire national emporte cependant des
conséquences sur l’ensemble du territoire national, à cause de
l’élargissement des attributions du ministre de l’intérieur, des
gouverneurs, des préfets, des sous-préfets et de toutes les
autres unités administratives.
En effet, ces différentes autorités peuvent prendre des mesures
individuelles, tel que l’éloignement des individus et repris de
justice, la réglementation du séjour en zone de protection ou de
sécurité, la garde à vue, les autorisations de réquisition et des
82
mesures générales telle que l’interdiction de toutes les réunions
et publications de nature à entretenir le désordre.
En particulier, il y a l’extension des juridictions militaires aux
zones soumises à l’état d’urgence, et à l’ensemble du territoire
pour les affaires expressément réglementées, avant tout
jugement définitif par le ministre des forces armées avec
application de la loi pénale et des règles de procédures spéciales
à l’état d’urgence.
C’est ainsi qu’il pourrait y avoir par exemple substitution des
officiers supérieurs des forces armées aux magistrats, membres
des forces armées.
83
si bien que la notion de service public est appréhendée
actuellement comme une simple technique d’actions administratives.
84
nature de l’essence même de l’Etat ou de l’administration
publique. ».
Autre chose est la conception subjective qui fait appel à la volonté
de l’Etat. En effet, avec cette théorie, c’est l’Etat, seul juge des
exigences de l’intérêt général qui apprécie discrétionnairement de
donner lieu à la création d’un service public. C’est ce que disait l’un
des pères fondateurs de l’école du service public Gaston Jèze
dans les propos suivants : « sont uniquement, exclusivement services
publics, les besoins d’intérêt général que les gouvernants d’un pays
donné à un moment donné ont décidé de satisfaire par le procédé
du service public, l’intention des gouvernants est seule à
considérer ».
Toutes ces différences d’approche montrent la difficulté qu’il y a à
définir de façon précise le service public. En réalité, sur ce point, la
jurisprudence est tâtonnante. Elle se réfère à ce qu’il est permis
d’appeler un faisceau d’indice. En effet, ni la conception classique,
ni les approches objectives ou subjectives n’ont jamais cadré
parfaitement avec les données du droit positif.
85
par un service public que par un service privé. C’est ainsi qu’un
service d’intérêt général comme celui des transports est assuré
aussi bien par un service public et c’est le cas de la SNTN que
par un groupement corporatiste à l’image du syndicat national des
transporteurs du Niger. L’un et l’autre obéissent à une
réglementation imposée par la loi.
86
Avec l’immixtion de l’administration dans les activités relevant du
secteur commercial et industriel, il y a eu une progressive
renonciation aux prérogatives de puissance publique,
l’administration agissant de ce fait comme un simple particulier et
son action est dès lors régie par les règles de droit privé.
Il importe de souligner que dans le contexte africain, les dirigeants
se soucient plutôt d’efficacité et ont de ce fait une conception du
service public purement opérationnelle en ce sens que seul compte
pour eux l’objectif recherché à savoir contribuer au développement
économique du pays.
Dans cette optique, l’analyse des structures internes de ces
services, le jeu de leurs rapports externes et internes est très
secondaire par rapport au but assigné et cela cadre parfaitement
avec la philosophie politique des Etats africains qui appréhendent
le droit administratif comme une technique organisationnelle et non
une science relationnelle.
87
Une distinction s’impose selon qu’il s’agit de services publics
nationaux dépendant de l’Etat ou de services publics locaux placés
sous la juridiction des collectivités locales.
A. AU NIVEAU NATIONAL
B. AU NIVEAU LOCAL
88
Cette compétence d’organiser les services publics appartient non
seulement au gouvernement envisagé dans sa totalité mais
également à chaque ministre pris individuellement et c’est d’ailleurs
le seul domaine où les ministres possèdent de plein droit le pouvoir
réglementaire.
89
longtemps c’est sur le principe de la continuité du service public que
s’est appuyée l’interdiction de toute grève des fonctionnaires.
De nos jours, on admet le droit de grève mais en le tempérant par la
notion de service minimum.
90
Ce principe autrement appelé la loi du changement signifie que
l’administration qui a en charge un service public doit pouvoir le
modifier afin de l’adapter aux exigences de l’intérêt général.
La règle d’adaptation revêt plusieurs aspects : d’une part l’usager
peut se voir imposer des modifications dans le fonctionnement du
service lorsque l’intérêt général le commande (C. E, 27 janvier
1961, Vannier).
En contrepartie, l’administration serait tenue pour fautive si elle ne
procéderait pas aux changements nécessaires.
D’autre part, comme on le verra plus loin, le pouvoir de modification
que possède l’administration dans l’exécution des contrats
administratifs trouve son fondement et ses limites dans les
nécessités d’adaptation du service public (C. E, gaz de Delville-
les Drouon).
91
C’est le lieu de rappeler que le service public a pendant longtemps
revêtu la forme d’un service public géré par l’administration : service
public administratif.
Ici l’application du droit public est de règle et les agents sont
considérés comme des agents publics. Un service public
administratif peut prendre des décisions exécutoires, c'est-à-dire
des actes administratifs unilatéraux. Il peut recourir à des procédés
exorbitants du droit commun telle que l’expropriation ou la
réquisition.
Les usagers du service public administratif sont placés dans une
situation légale et réglementaire de droit public. Il est important de
souligner qu’en cas de litige, le contentieux relève des juridictions
administratives. De façon exceptionnelle, cependant, le droit privé
peut s’appliquer aux services publics administratifs lorsque ceux-ci y
reconnaissent. Par exemple En cas de passation d’un contrat de
fourniture ou de recrutement d’agent sur la base d’un contrat.
92
Dans cette optique le service doit être organisé et géré dans des
conditions identiques à celles des organismes privés. Les services
publics industriels et commerciaux sont soumis à un régime mixte
combinant des éléments de droit privé et ceux du droit public. Alors
que les éléments de droit privé s’expliquent par le caractère
commercial des activités, ceux de droit public se justifient par la
notion de service public. En fait selon VEDEL, la jurisprudence
a surtout adapté un critère empirique (C.E 8 mars 1957, Dalloz, P
378).
S’agissant des services publics industriels et commerciaux les
éléments suivants relèvent du droit privé :
- personnel
- contrats avec les fournisseurs et avec les usagers
- actions en responsabilité tant à l’égard des usagers qu’à
l’égard des tiers.
D’autre part, les éléments suivants relèvent du droit public :
- personnel de direction, c'est-à-dire le DG du SPIC, son
comptable lorsqu’il a la qualité de comptable public ;
- cependant une précision s’impose : si le détachement d’un
fonctionnaire auprès d’un service ne porte pas atteinte à son
statut, par contre certains éléments de celui-ci s’en
trouveraient altérés. Il en est ainsi des conditions de sa
nouvelle fonction, de la limite d’âge imposée par sa nouvelle
fonction et sa rémunération ;
- également certains contrats avec des fournisseurs lorsqu’ils
renferment un clause exorbitante du droit commun.
93
94
TITRE 2 : LES ORGANES DE GESTION DE L’ACTION
ADMINISTRATIVE
95
C’est ce qu’on appelle traditionnellement la concession de service
public. Celle-ci consiste en un acte c'est-à-dire « un contrat par
lequel l’administration, en tant que personnalité concédante, confie
à un particulier qualifié de concessionnaire, la gestion d’un service
dont il supportera la charge, moyennant une rémunération perçue
sur les usagers ».
96
unilatérale. En conséquence, elles peuvent toujours être modifiées
par elle, afin de faire face aux nouvelles exigences de l’intérêt
général.
97
Le concessionnaire bénéficie en outre de prérogatives de
puissance publique. Il peut par exemple recourir à l’usage
d’expropriation pour cause d’utilité publique.
- Le concessionnaire a le droit de percevoir des redevances sur les
usagers du service public et cela en vertu du droit à l’équilibre
financier qui joue dans deux hypothèses à savoir en application de
la théorie du fait du prince ou de celle de l’imprévision.
Cet équilibre financier requiert une indemnisation intégrale dans le
cadre de la théorie du fait du prince, alors que celle-ci n’est que
partielle dans l’hypothèse de l’imprévision.
En effet, dans ce dernier cas, le concessionnaire qui est un
entrepreneur doit prendre à sa charge certains aléas d’ordre
économique.
98
SECTION 3. LE CONTENTIEUX DE LA CONCESSION
CHAPITRE 2. LA REGIE
99
En cas de régie simple, le personnel est directement recruté par
l’Etat ou la personne publique à laquelle le service est rattaché.
En premier lieu, le personnel peut être composé de fonctionnaires
au sens strict du terme.
En second lieu, il peut s’agir d’agents placés sous un régime de
droit administratif mais n’ayant pas la qualité de fonctionnaires
comme c’est le cas par exemple des agents contractuels, des
stagiaires, des auxiliaires ou des requis.
En troisième lieu, il peut s’agir d’un personnel recruté sous un
régime de droit privé.
100
Le principal problème que pose la notion de régie intéressée est un
problème de définition. En effet, on risquerait de confondre régie
intéressée et concession de service public puisque comme nous
l’avons déjà vu, le concessionnaire est lui aussi intéressé aux
résultats de l’exploitation, car, normalement, ce sont même les
résultats de l’exploitation qui lui procurent sa rémunération. Dès
lors qu’est-ce qui distingue la régie intéressée de la concession de
service public ?
Selon Marcel WALINE (voir revue du droit public, 1948, P.
337) la différence résiderait au niveau de la rémunération.
Selon cet auteur, le régisseur intéressé est rémunéré d’une façon
substantiellement différente de celle du concessionnaire.
Ce dernier trouve normalement sa rémunération dans les bénéfices
tandis que le régisseur intéressé trouve la sienne dans son
intéressement à certains résultats d’exploitation qui ne sont pas
eux-mêmes des bénéfices.
101
La notion d’établissements publics est donc une catégorie éclatée
dont il convient de voir la définition avant de se pencher sur les
différentes classifications.
SECTION 1. DEFINITION
102
l’enseignement et de la recherche, et de la production d’énergie
(c’est par exemple le cas du centre national d’énergie solaire au
Niger).
Enfin, l’activité d’un établissement public est toujours particulière,
c'est-à-dire spécialisée en ce sens que celle-ci est limitée à un type
de compétences déterminées.
De ce point de vue, les établissements publics n’ont aucune
compétence générale, c'est-à-dire concernant toutes les activités.
103
L’organe délibérant, appelé conseil d’administration est souvent
composé de fonctionnaires, des représentants des intérêts privés,
parfois du personnel ou des usagers, ou encore de personnes
qualifiées en raison de leur compétence.
L’organe exécutif quant à lui, est soit nommé, soit désigné sur
présentation par l’organe délibérant, soit enfin élu.
Du point de vue de leurs régimes financiers, les établissements
publics ont un patrimoine et un budget propres. C’est l’organe
délibérant qui vote chaque année le budget et justement le degré de
l’autonomie de l’établissement public est fonction de ses
ressources.
Les établissements publics administratifs ainsi que certains
établissements à caractère industriel et commercial (EPIC) doivent
appliquer des règles de la comptabilité publique pour leurs
opérations de recettes et dépenses.
En particulier, la règle de la séparation des ordonnateurs et des
comptables s’applique aux mêmes catégories des établissements
publics.
104
même d’établissements publics à caractère scientifique,
technologique et culturel comme c’est par exemple le cas de
l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
105
Il se distingue de l’établissement public administratif par la
particularité de sa structure et de son organisation. C’est en effet
un organisme de type corporatif en ce sens qu’il est essentiellement
animé par des professionnels et cela selon un modèle beaucoup
plus souple et démocratique.
Il se distingue aussi de l’établissement public industriel et
commercial par sa fonction. En effet, l’établissement public
professionnel n’a pas pour vocation le commerce ou l’industrie mais
plutôt la discipline et la représentation.
106
Elle est sujette à discussion dans la mesure où le problème se pose
de savoir si les ordres professionnels sont des personnes publiques
ou au contraire des personnes privées chargées de la gestion d’un
service public.
Alors que sur la question la doctrine est divisée, de son côté la
jurisprudence n’a guère contribué à clarifier le débat.
Quoiqu’il en soit, on admet que l’ordre professionnel est un
groupement professionnel ayant la personnalité juridique auquel
sont obligatoirement affiliés les membres de la profession et
jouissant de prérogatives d’autorité tels que le pouvoir
réglementaire et le pouvoir disciplinaire.
107
Les plus importantes parmi ces décisions traitent de l’inscription au
tableau de l’ordre. Celle-ci est en effet nécessaire à l’exercice de la
profession.
- ces décisions individuelles sont des actes administratifs
susceptibles d’être attaquées devant le juge par la voie du recours
pour excès de pouvoir (C.E, 14 février 1969, Ass. Syn Nat. Des
Médecins exerçant en groupe, AJDA, 1969).
108
TITRE 3 : LES MOYENS JURIDIQUES DE L’ACTION
ADMINISTRATIVE
109
On étudiera donc l’acte administratif unilatéral avant de
s’intéresser au contrat administratif.
110
Il est important de souligner que c’est tout d’abord un acte
juridique. Cela signifie que l’acte administratif unilatéral est une
manifestation de volonté destinée à modifier des situations
juridiques existantes. Il s’agit d’une volonté délibérée d’introduire
des bouleversements dans la situation juridique d’une personne.
C’est une action libre et volontaire. Cela permet de distinguer
l’acte administratif unilatéral des faits juridiques qui eux, sont
involontaires (comme par exemple dans l’hypothèse d’un accident
de la circulation ou d’une balle perdue au cours d’une opération de
police : C.E, 24 juin 1949, consorts Lecomte).
111
PARAGRAPHE 3. L’ACTE ADMINISTRATIF UNILATERAL EST UN
ACTE QUI CREE DES DROITS ET DES OBLIGATIONS POUR LES
PARTICULIERS
112
Quant à l’aspect formel, il s’agit des formes proprement dites selon
lesquelles l’acte est pris.
Il n’y a pas à proprement parler de règle générale qui serait
commune à toutes les décisions exécutoires. Chaque autorité
administrative doit observer les formalités qui lui sont imposées pour
l’édiction des actes entrant dans le domaine de ses compétences.
113
PARAGRAPHE 3. ACTES REGLEMENTAIRES ET ACTES
INDIVIDUELS
114
L’acte individuel au contraire est créateur de droits acquis et ne
peut être retiré que dans les délais fixés par la jurisprudence.
Une fois les délais du recours pour excès de pouvoir épuisés, l’acte
administratif individuel devient intangible. Le juge ne peut plus le
remettre en cause. On considère en effet qu’en matière
administrative, tout acte dont l’annulation n’a pas été demandée
dans les délais du recours contentieux devient définitif et que passé
ce délai, il doit donc être considéré comme étant régulier.
Il en va autrement pour les actes réglementaires dont la régularité
peut être remise en cause par la voie de l’exception d’illégalité ;
On considère en effet que si la nullité d’un acte illégal ne peut être
invoquée après l’expiration des délais de pourvoi, l’illégalité dont est
entaché un acte réglementaire peut par contre être encore
invoquée à l’appui d’une demande d’annulation d’un acte individuel
pris en application de cet acte réglementaire illégal.
Enfin, il convient de ne pas confondre les actes administratifs des
autres décisions administratives.
115
- sa force juridique ;
- son extinction.
116
- ensuite, elle tire son pouvoir d’un texte qui l’habilite à agir, ce qui
confère à cette habilitation un caractère personnel, empêchant par
là ladite autorité de déléguer ses compétences à une autre.
Toutefois, les nécessités de la vie courante et le respect du
principe de la continuité du service public impliquant que celui-ci ne
soit pas interrompu voire paralysé en cas de vacances, de maladie
ou de déplacement du titulaire d’une compétence, ont conduit à
tempérer les rigueurs de ce principe et à lui trouver des
aménagements qui ont pour noms : suppléance, intérim, et surtout
délégation de pouvoirs et délégation de signature.
1. La Délégation de Compétence
117
pouvoir de prendre certaines décisions. Celle-ci la fera désormais
pour son propre compte.
Cela emporte comme conséquence une modification de l’ordre des
conséquences puisque le délégué se substitue par ce fait au
délégant.
b. Conditions de Délégations
118
En effet, comme l’écrit le Doyen Vedel « le souci majeur est
d’éviter une perturbation de l’ordre des compétences substituant
ainsi dans sa totalité l’autorité inférieure à l’autorité supérieure et
d’éviter ainsi que soit tournée la loi qui, en raison de la garantie que
l’on voulait donner aux administrés, exigeait l’intervention de
l’autorité supérieure elle-même » (Georges Vedel, droit
administratif, p. 268).
- en troisième lieu, les délégations doivent être publiées lorsque les
décisions auxquelles elles s’appliquent doivent être opposables à
des tiers.
- enfin, la délégation de signature doit émaner du titulaire des
pouvoirs alors que la délégation de compétences peut être imposée
au titulaire des pouvoirs par une autorité supérieure.
119
Ici également trois points méritent d’être précisés :
En premier lieu il convient de signaler que la délégation de pouvoirs
permet au délégué de prendre en son nom propre des mesures
relevant avant la délégation d’une autorité supérieure.
En second lieu la délégation de pouvoirs empêche l’autorité dont
les pouvoirs ont été délégués de prendre désormais des décisions
qui ont fait l’objet de la délégation.
En troisième lieu, à la différence de la délégation de signature la
délégation de pouvoirs est impersonnelle et anonyme en ce sens
qu’elle subsiste même lors des changements de la personne du
délégué ou de l’autorité dont les pouvoirs ont été délégués.
1. En période normale
120
Quand c’est le cas, la théorie des fonctionnaires de fait se fonde
sur l’idée d’apparence. On suppose que le fonctionnaire de fait est
passé aux yeux des administrés pour un agent régulier investi des
prérogatives qu’il a exercées. En ce sens, l’arrêt n°224 Conseil du
Contentieux Africain (CCA) en date du 27 mars 1953 (Dame
CIVIAC contre administration du territoire) dit ceci :
« considérant que la jurisprudence prétorienne du Conseil d’Etat
décide que l’individu qui se fait irrégulièrement investir ne doit pas
pouvoir invoquer à son profit un titre irrégulier, le fonctionnaire de
fait peut cependant réclamer une indemnité égale à l’enrichissement
procuré par son fait en patrimoine investi ».
2. En période exceptionnelle
C. LA PROCEDURE
121
droits individuels (par exemple en matière d’expropriation pour
cause d’utilité publique ou en cas de sanction disciplinaire).
Ces formalités servent également à améliorer la qualité technique
de certaines décisions en y associant des experts.
C’est le développement sur une grande échelle du phénomène bien
connu de ce que l’on appelle l’administration consultative.
122
Ce principe du parallélisme des formes exige notamment que
lorsque l’édiction de l’acte abrogé avait été accompagnée d’une
certaine formalité imposée par la loi ou les règlements, l’abrogation
doit procéder des mêmes formalités.
Le problème qui se pose ici est celui de savoir à quel moment une
décision administrative va produire ses effets.
En règle générale, tout acte produit ses effets de droit, c'est-à-dire
modifie l’ordonnancement juridique dès qu’il est pris, dès que sont
accomplies les formalités qui conditionnent son existence. Par
exemple dès que l’autorité compétente aura apposé sa signature.
A cette règle générale il importe cependant d’apporter deux
précisions. L’opposabilité de l’acte aux particuliers ne peut être
valable que si celui-ci a été porté à leur connaissance par le procédé
de la publicité. Cette publicité des actes administratifs prend deux
formes :
- pour les actes réglementaires il s’agit de leur publication soit au
journal officiel, soit dans la presse, soit également par voie
d’affichage, soit enfin par diffusion à la radio comme c’est surtout le
cas au Niger.
- pour les particuliers cette publicité se fait sous la forme d’une
notification.
Cela dit, l’effet essentiel de la publicité est de rendre l’acte
opposable aux intéressés. Elle fait également courir les délais de
recours.
123
Cependant, l’acte non publié n’est pas nul. S’il n’est pas
opposable aux administrés, il lie en revanche l’administration qui est
tenue de respecter ses dispositions.
Enfin, une dernière conséquence c’est que l’administration ne peut
pas faire remonter les effets d’une décision administrative au-delà
de la date à laquelle elle l’a prise. C’est le principe de la non-
rétroactivité des actes administratifs.
124
PARAGRAPHE 2. L’AUTORITE DE LA CHOSE DECIDEE DES
DECISIONS ADMINISTRATIVES
125
des sanctions de nature à la fois administrative, pénale et civile
l’encontre des récalcitrants.
126
- d’une part, l’administration qui détient la puissance de prendre des
décisions obligatoires serait encline à violer constamment les
libertés et droits individuels, s’il lui était permis d’user de la force
sans autorisation préalable de l’autorité judiciaire.
- d’autre part, l’administration qui a agi au nom de l’autorité de
l’Etat ne doit pas voir son action entravée par les particuliers qui le
plus souvent n’incarnent que de simples intérêts individuels et
corporatistes.
Il convient d’indiquer que la solution qui a été trouvée à ce dilemme
est le résultat d’un compromis. Elle repose sur le principe suivant :
« l’administration doit recourir au juge répressif avant de procéder
à l’exécution par la force, l’exécution forcée sans intervention
judiciaire n’est autorisée que comme ultime remède lorsqu’aucune
autre solution n’est possible ».
Toutefois, ce privilège de l’exécution forcée n’est accordé à
l’administration que dans trois hypothèses :
- la loi le prévoit (par les réquisitions militaires).
- aucune sanction pénale ou voie de droit n’est prévue pour
venir à bout de la résistance de l’intéressé.
- il y a une chance ou nécessité absolue (par exemple un péril
immédiat qui menace la sécurité, la salubrité ou l’ordre public.
Tel l’incendie d’une maison.
Les conditions posées pour le recours à l’exécution forcée sont
également au nombre de trois :
- en premier lieu, il doit y avoir mise en demeure de l’administré
de s’exécuter.
127
- en second lieu, il faudrait que celui-ci oppose réellement une
résistance à l’exécution.
- en troisième lieu, le recours à la force doit être limité à ce qui
est nécessaire à l’exécution.
Ce qui revient à dire que la mesure prise doit être proportionnée au
but à atteindre.
Toutes ces conditions qui sont toujours en vigueur ont été définies
par le commissaire du gouvernement ROMIEU dans le célèbre
arrêt du T.C en date du 02-12-1902 « Sté immobilière de Saint
Just ».
Lorsque l’administration dépasse ses limites, ou si elle exécute par
la force alors qu’elle n’en avait pas le droit, elle commet une voie de
fait par manque de procédure.
128
date déterminée), tantôt, et c’est la procédure normale, la décision
prend fin par la volonté de l’autorité qui l’a prise. Soit que cette
autorité la modifie (hypothèse de l’abrogation partielle), soit qu’elle
la fait disparaître. Mais sur ce dernier point, l’administration ne
dispose pas d’une totale liberté de manœuvre. S’il est logique et
normal que l’activité administrative puisse s’adapter à l’évolution, il
est tout aussi normal que les administrés ne puissent pas souffrir
d’une incessante adaptabilité des textes aux réalités.
Si c’était le cas, cela constituerait pour eux une insécurité juridique
évidente, d’où la recherche d’un compromis à ce délicat problème
dont les éléments de solution sont fondés sur deux considérations :
- la solution varie selon que l’administration veut abroger l’acte,
c'est-à-dire mettre fin à ses effets pour l’avenir ou selon qu’elle
entend le faire disparaître de façon rétroactive.
- la solution est également différente selon que l’acte est créateur
de droits (acte particulier) ou non créateur de droits (acte
réglementaire).
En effet, comme cela a déjà été dit, les actes réglementaires ne
créent point de droits au profit d’une personne déterminée, les
situations qu’ils établissent étant abstraites ou générales.
Les solutions imaginées pour résoudre ces problèmes
contradictoires ont été posées par l’arrêt Dame Cachet du C.E
en date du 3 novembre 1922.
Il s’agit soit de l’abrogation ou du retrait de l’acte ;
1. L’abrogation
129
Elle consiste à mettre in aux effets d’un acte pour l’avenir tout en
laissant subsister les effets antérieurs. L’abrogation est toujours
possible pour les actes réglementaires. Elle est également admise
pour les actes particuliers non créateurs de droits ;
Il est également permis à l’administration de mettre fin aux effets des
actes particuliers créateurs de droits, mais en se conformant au cas
et formes prévus par les textes, sinon, il y aurait violation du principe
de l’intangibilité des effets individuels des actes créateurs de droits.
2. Le retrait
130
c'est-à-dire tant que la juridiction n’a pas statué. Passé ce délai, le
retrait devient impossible, le souci de la sécurité des administrés
l’emportant sur celui de la légalité.
131
- pour les actes individuels, en vertu du principe de l’intangibilité des
effets individuels des actes administratifs, l’administration ne peut
abroger ou modifier ses décisions que si l’acte n’a pas été créateur
de droits.
132
Si l’on se situe dans l’optique de l’évolution constitutionnelle du
Niger, on s’apercevra que le Président de la République est à titre
principal le détenteur du pouvoir réglementaire. Si cela figure dans
la Constitution du 26 décembre 1992, la disposition est fondée de
façon encore plus nette avec la Constitution du 12 mai 1996,
consacrant le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime
présidentiel.
Dans cette optique, la Constitution du 12 mai 1996 dispose en
son article 57 « le Président de la République exerce le pouvoir
réglementaire.
A ce titre, il assure l’exécution des lois et des décisions de justice et
prend les règlements applicables à l’ensemble du territoire de la
République ».
Cependant, par le jeu des contreseings et délégation de pouvoirs, il
y a des détenteurs dérivés, secondaires du pouvoir réglementaire.
Par exemple en vertu de l’article 60 al3 de la Constitution du 26
décembre 1992, le Premier ministre peut déléguer certains de ses
pouvoirs aux ministres. D’autre part l’article 61 de ce texte
fondamental dispose « les actes du Premier ministre sont
contresignés, le cas échéant, par les ministres chargés de leur
exécution ». Par ailleurs, l’article 63 de la Constitution de la 3ème
République (12 décembre 1992) selon laquelle « les actes du
Président de la République autres que ceux prévus à l’alinéa 1 de
l’article 47, aux articles 50, 51, 55, 78 et à l’alinéa 2 de l’article 98
sont contresignés par le Premier ministre et le cas échéant par les
ministres concernés ».
133
Avec le passage du régime semi-présidentiel au régime présidentiel,
l’article 58 de la Constitution du 12 mai 1996 dispose « le
Président de la République peut déléguer certains de ses pouvoirs
au Premier ministre ». Pareille disposition sera reprise par la
Constitution du 9 août 1999. On peut en déduire que d’un régime
à l’autre le principe de la délégation des pouvoirs est maintenu.
Au niveau local, les gouverneurs et les préfets exercent un pouvoir
réglementaire pour assurer la bonne marche des services publics, il
en est de même des différents directeurs des services publics.
134
Ils ont un caractère subordonné à la loi. Les mesures prises pour
l’exécution des lois (les décrets d’application) ne doivent pas
dénaturer les dispositions des lois qu’elles prétendent appliquer.
Ces règlements sont pris, soit sous indication expresse du
législateur, soit de façon spontanée.
135
l’article 96 qui dispose « le Président de la République peut, pour
l’exécution de son programme demander à l’Assemblée Nationale
l’autorisation de prendre par ordonnances pendant un délai limité
des mesures qui sont normalement du domaine de la loi ». L’alinéa 4
de cette disposition précise qu’à « l’expiration du délai mentionné
au 1er alinéa du présent article, les ordonnances ne peuvent plus
être modifiées que par la loi dans les dispositions qui sont du
domaine de la loi ».
Bien entendu il est précisé à l’alinéa 2 que comme dans les
conditions de l’article 89 de la Constitution du 26 décembre 1992,
« cette autorisation prend la forme d’une loi d’habilitation ».
Enfin, l’alinéa 3 précise les modalités en indiquant que : « les
ordonnances sont prises en conseil des ministres après avis de la
Cour Suprême le cas échéant. Elles entrent en vigueur dès leur
publication et deviennent caduques si le projet de loi de ratification
n’est pas déposé à la date fixée par la loi d’habilitation ».
On retrouve cette formulation dans les Constitutions qui ont suivi
avec un changement notable puisque sous la 5ème République en
lieu et place de la chambre constitutionnelle de la Cour Suprême,
est érigé un organe dénommé Cour Constitutionnelle.
136
ainsi que pour la création, l’organisation et la direction des services
publics administratifs (article 58 al.2 et suivants de la Constitution
du 26 décembre 1992). Dans la même optique, la Constitution du
12 mai 1996 dispose en son article 46 : « le Président de la
République est le détenteur du pouvoir exécutif. », avant de
préciser à l’article 47 que non seulement il préside le conseil des
ministres mais il procède aussi à la nomination aux emplois civils et
militaires supérieurs de l’Etat (al.6).
Dans le cadre du régime semi-présidentiel, le Premier ministre
l’exerce pour l’administration courante des affaires publiques pour
certains départements ministériels à l’exception de ceux rattachés à
la Présidence de la République ainsi que pour l’exécution des lois et
des décrets présidentiels (article 60 al.2 de la Constitution du 26
décembre 1992).
Quant aux ministres, aux autorités locales et aux directeurs des
services publics, ils utilisent le pouvoir réglementaire pour
l’organisation et le fonctionnement de leurs services. Pour ce faire,
ils recourent à deux catégories d’actes :
Les premiers dont la normativité est certaine résident dans les
décrets présidentiels et les arrêtés du Premier ministre, des
ministres ou des autorités locales.
Les seconds dont la normativité est douteuse résident dans la
fameuse distinction entre les circulaires et les instructions
normatives et des circulaires et instructions interprétatives (voir
arrêt Notre Dame de Kresker).
137
Il existe un problème général appelé « problème des questions
préjudicielles. » Celles-ci apparaissent dans les conditions
suivantes : au cours d’un litige relevant de sa compétence le juge
saisi se trouve en présence d’une question qui ne relève pas
normalement de sa compétence. Mais la solution de celle-ci est
nécessaire pour trancher le litige qui lui est soumis.
Dans une telle hypothèse que doit-il faire ?
- Doit-il statuer lui-même sur la difficulté rencontrée sachant qu’elle
ne relève pas de sa compétence ?
- Ou alors doit-il au contraire arrêter le cours du procès, c'est-à-
dire surseoir à statuer et renvoyer les parties devant le juge
compétent afin que celui-ci tranche les questions préjudicielles ?
En droit français la tendance dominante consiste à dire « que le
juge de l’action est juge de l’exception » Cependant, le problème de
la question préjudicielle se pose avec une acuité particulière dans
les relations entre juge judiciaire et juge administratif.
En effet, il est fréquent que se posent à titre de questions
préalables devant le juge administratif des questions qui relèvent
normalement de la compétence du juge judiciaire et inversement.
C’est ainsi par exemple que le juge administratif peut être appelé à
connaître de la régularité d’un arrêté d’expulsion. Dans cette
hypothèse il peut se trouver en présence de l’argumentation
suivante : l’individu expulsé soutient qu’il est de nationalité française
et que par conséquent il ne saurait être expulsé. En effet, les
questions de nationalité relevant du juge judiciaire, quelle attitude le
juge administratif doit-il adopter ?
138
Inversement, on pourrait évoquer la situation : un propriétaire
demande à un tribunal judiciaire de déclarer occupant sans droit, ni
titre, ni qualité, un individu qui s’est installé dans sa propriété. Ce
dernier présente un ordre de réquisition et des débats jaillissent
soit sur la portée exacte de l’ordre de réquisition, soit sa légalité. Le
juge de l’ordre judiciaire compétent, saisi de la question principale,
peut-il trancher ? A ce sujet, certains auteurs estiment qu’il n’y a
pas question préalable lorsque la question soulevée peut être
tranchée par le juge saisi de l’action principale. Au contraire, on dit
qu’il y a question préjudicielle lorsque le juge saisi de la question
principale doit surseoir à statuer et attendre la décision d’un autre
juge.
En fin de compte la question qui se pose est : lorsqu’un tribunal
judiciaire se trouve en présence d’un problème qui relève de
l’autorité administrative, doit-il le considérer comme question
préalable ou comme question préjudicielle ?
Face à ce dilemme, les solutions dégagées sont :
- Il n’y a de question préjudicielle que si la difficulté soulevée est
pertinente (T.C 25 novembre 1963, Préfet de Ardenne contre
Ardy et Chopen).
- La question préjudicielle peut porter sur l’interprétation de l’acte
administratif ou sur sa légalité. En pareille hypothèse, il s’agira par
exemple de savoir si un ordre de réquisition permet l’occupation
d’une maison entière ou seulement de certaines pièces de cette
maison. Dans certains cas ce serait la légalité même de l’acte
administratif qui sera mise en cause car on soutiendra que l’ordre de
réquisition présenté par des parties n’a pas été régulièrement pris.
139
S’y ajoute le caractère contradictoire des positions en présence. Il
est d’entrée de jeu aisé de ne pas reconnaître systématiquement au
tribunal judiciaire la possibilité d’interpréter et d’apprécier la
légalité des actes administratifs. A ce niveau, il est nécessaire en
premier lieu de ne pas reconnaître au tribunal judiciaire la possibilité
d’interpréter systématiquement les actes administratifs ou d’en
apprécier la légalité.
D’une façon générale, on distingue deux situations :
- les personnels des tribunaux judiciaires statuant en matière non
répressive d’une part.
- d’autre part le personnel des tribunaux statuant en matière
répressive.
140
interdite aux tribunaux judiciaires lorsqu’il s’agit d’actes non
réglementaires (Cass. Civ, 12 mai 1974, ville de Dinard, JCP
1975).
En revanche, il y a interdiction absolue aux tribunaux judiciaires
non répressifs d’apprécier la légalité des actes administratifs
lorsque dans un procès-verbal relevant de leur compétence, la
solution du litige dépend de la régularité ou de l’irrégularité d’un
acte administratif, que celui-ci soit réglementaire ou individuel, juge
judiciaire ne le déclare lui-même illégal.
141
B. L’ARRET ABRANCHE ET DESMARETS
142
mise en œuvre d’une économie concertée et d’une orientation des
activités socio-économiques. En un mot, à travers le procédé
contractuel, les pouvoirs publics africains entendent maîtriser une
grande partie des grands secteurs de la vie nationale.
143
personnes morales de droit public lorsqu’elles ne bénéficient pas de
leur concours financiers.
Les principaux types de contrats administratifs sont les marchés
publics, les marchés de travaux publics (construction des bâtiments
ou des routes), la concession des services publics, l’emprunt public,
l’offre de concours…
Tous les litiges soulevés à l’occasion de l’exécution de ces contrats
sont de la compétence du juge administratif.
144
contrat lui-même ou le contrat peut être conclu à l’intérieur d’un
régime exorbitant.
Dans le premier cas, les clauses exorbitantes du droit commun
insérées dans le contrat ont pour objet de conférer aux parties des
droits ou de mettre à leur charge des obligations étrangères par
leur nature à celles qui sont susceptibles d’être librement
consenties par quiconque dans le cadre des lois civiles et
commerciales (C.E, 20 octobre 1950, Stein). De telles clauses
sont, par leur nature, différentes de celles qui peuvent être inscrites
dans un contrat analogue de droit civil (TC, 19 juin 1952, Sté des
combustibles et carburants nationaux). Ainsi, sont exorbitantes du
droit commun, les clauses dites pénales, les clauses prévoyant le
droit de résiliation unilatérale au profit de l’administration, le
pouvoir de l’administration de donner des instructions…
Dans le second cas, c'est-à-dire dans l’hypothèse d’un contrat
conclu dans un régime exorbitant, on fait allusion aux contrats
types, même sans lien direct avec le service public et sans clause
exorbitante de droit commun sont conclus dans un contexte
juridique imposé par le législateur et comportant pour les parties
des droits et surtout des obligations que ne connaît pas le droit
commun.
Le critère du contrat conclu dans un régime exorbitant résulte de
l’apport de l’arrêt de société d’exploitation de la Rivière du saut
(C.E, 19 janvier 1973, voir également la décision du T.C, Société
de boulangerie de Kourou en date du 24 avril 1978).
En particulier, l’arrêt de 1973 illustre très bien ce critère. Il est
relatif au contrat de fourniture (Electricité de France) d’électricité
145
par les entreprises exemptées de la nationalisation et les
producteurs autonomes qui sont tenus de conclure ce contrat.
Les désaccords concernant de tels contrats sont tranchés par
décision ministérielle. Ces contrats sont soumis à un régime
exorbitant du droit commun. C’est pourquoi on les qualifie de
contrats administratifs.
146
pas seulement une simple collaboration. Il en est de même de la
concession, mais également du contrat liant un agent chargé d’une
partie de service public (C.E, 4 juin 1954, Affortit et Vingtain). Il
en est ainsi, aussi du contrat même verbal par lequel un particulier
assure directement la nourriture des ressortissants d’un centre de
rapatriement. La nourriture étant dans une telle hypothèse
considérée comme l’un des objectifs du service public (C.E, 20 avril
1956, époux Bertin).
147
- agissant au nom de tous et pour le bien commun, la puissance
publique est soumise à certaines obligations. Ces sujétions se
rencontrent au moment de la formation du contrat administratif.
148
chaque personne morale de droit public, le texte désigne l’autorité
compétente pour signer le contrat.
L’autorité contractante doit s’assurer par tous moyens appropriés
que l’offre et les conditions qui lui sont faites sont les plus
avantageuses. Elle a la responsabilité de la définition des besoins
ainsi que de la préparation de l’établissement et du contrôle de
l’exécution du marché.
Il est donc nécessaire de savoir qui est l’autorité contractante. A
cet égard, l’ordonnance n°2002-007 du 18 septembre 2002
portant code des marchés publics et d’autre part l’ordonnance
n°2008-06 du 21 février 2008 modifiant celle de 2002 reprennent
à peu près des dispositions de l’ordonnance de 1989.
Dans le code, il est dit que le terme autorité contractante désigne
selon le cas :
- le ministère, sous l’autorité duquel est placé l’administration
utilisatrice des biens ou bénéficiaire du service des travaux.
- le ministère technique compétent pour certains marchés des
travaux. Le ministère technique et les marchés sont arrêtés par
décret.
- la collectivité locale concernée pour tous les marchés mentionnés
dans le code.
Il importe de souligner par ailleurs qu’en dehors de l’autorité
contractante, le code renvoie et précise aussi qui est la personne
responsable du marché.
Le terme « personne responsable du marché » désigne selon le cas :
soit le ministère chargé du département ministériel dont dépend
l’autorité contractante, soit le gouverneur en charge de la
149
collectivité contractante ou mandataire, soit la personne habilitée à
engager l’établissement ou la société contractante conformément
aux dispositions légales ou statutaires la régissant ou son délégué.
150
Le concours a lieu sur la base d’un programme établit par l’autorité
contractante qui indique les besoins auxquels doit répondre la
prestation et fixe le cas échéant le maximum de la dépense prévue
pour l’exécution du projet. Le concours peut porter soit sur
l’établissement d’un projet, soit sur l’exécution d’un projet, soit à la
fois sur l’établissement et l’exécution d’un projet.
151
obligée de retenir la candidature du particulier qui a offert le plus
bas prix.
152
Le particularisme du droit administratif du contrat, caractérisé par
des prérogatives dévolues à la puissance publique, se révèle surtout
au moment de l’exécution du contrat. En effet, à l’égalité des
situations juridiques individuelles, se substitue l’inégalité au profit
de l’administration.
L’intérêt général et la nécessité d’adapter les contrats aux
impératifs des besoins des services publics expliquent ces
dérogations de droit commun.
Toutefois, cette inégalité est compensée sur le terrain financier par
l’octroi de certains droits au cocontractant de la personne publique.
On ne saurait donc étudier l’exécution des contrats administratifs
sans d’abord évoquer les prérogatives de l’administration avant de
se pencher sur les droits du cocontractant.
153
l’administration que sont les ingénieurs des ponts et chaussées ont
accès aux chantiers et peuvent donner des ordres aux entreprises.
B. LE POUVOIR DE SANCTION
154
faites ». Ce principe ne s’applique pas au contrat administratif. En
effet, la personne publique peut par sa seule volonté modifier
l’étendue des obligations du cocontractant soit pour les accroître,
soit pour les réduire.
Ce pouvoir d’adaptation des contrats aux nouvelles exigences est
admis par le juge (C.E, 21 mars 1910, compagnie générale des
tramways).
Cependant, il est important de noter que la modification unilatérale
ne doit pas porter atteinte à l’équilibre financier du contrat.
La modification ne peut pas aller jusqu’à provoquer un véritable
bouleversement du contrat, c'est-à-dire en portant atteinte à la
substance même du contrat, par exemple en imposant au
cocontractant une obligation ou une prestation totalement
différente de celle qui était prévue initialement.
D. LE POUVOIR DE RESILIATION
155
l’administration. Elle entraîne cependant pour le cocontractant un
droit à l’indemnisation pour le dommage causé et le manque à
gagner.
156
spéculations convenues et modifiant de façon substantielle les
conditions d’exécution du contrat.
On entend par fait du prince une mesure prise par la personne
publique sur la base de ses pouvoirs généraux de police et qui
entraîne des répercussions sur la situation du cocontractant. Par
exemple une mesure fiscale ou de police à l’instar du blocage du prix
de vente de certaines marchandises. Il convient d’ajouter que la
théorie du fait du prince est soumise à des conditions d’application
et entraîne des effets.
157
Cette réparation porte aussi bien sur le « damnum emergens »,
c'est-à-dire le dommage subi que sur le « lucrum cessens », c'est-à-
dire le manque à gagner, résultat de l’intervention administrative.
B. LA THEORIE DE L’IMPREVISION
158
Cette théorie est née d’une décision du Conseil d’Etat rendue à
propos des difficultés d’application d’une concession de fourniture
de gaz de ville produit à partir de charbon dont le prix s’est accru de
façon considérable par suite de la première guerre mondiale.
La faillite de l’entreprise et l’interruption du service public ont été
évitées grâce à une participation de la commune concessionnaire
(C.E, 30 mars 1916, Compagnie générale d’éclairage de
Bordeaux).
159
La théorie de l’imprévision ne délie pas le cocontractant de
l’obligation d’exécuter le contrat. En effet, elle est plutôt destinée
à lui permettre de pourvoir à cette exécution sans se ruiner.
Cette théorie lui ouvre droit à une indemnité même si cette
indemnisation n’est pas totale, c'est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’une
réparation intégrale comme dans le cadre du fait du prince. Il s’agit
ici d’une contribution publique qui s’applique uniquement sur la
charge extracontractuelle, c'est-à-dire la partie du déficit non
prévisible. C’est une contribution.
Cela signifie que le cocontractant doit assumer une partie de cette
charge extracontractuelle (exemple sa participation est mineure. Il
ne peut supporter plus de 10 % du déficit).
160
Le contrat administratif peut prendre fin comme les autres
conventions lorsque les deux parties se sont acquittées
intégralement de leurs obligations (par exemple l’objet du contrat
est réalisé, il est arrivé à terme).
Il peut également prendre fin par la mort du cocontractant si le
contrat a été conclu intuitu personae.
Enfin, il y a des clauses d’extinction propres aux contrats
administratifs. Elles sont au nombre de trois :
- la résiliation-sanction
- la résiliation dans l’intérêt du service qui prend le nom de rachat
dans le cadre des contrats de concession de service public
- les résiliations prononcées par le juge en cas de faute grave de
l’administration, du fait du prince ou de l’imprévision.
161
TROISIEME PARTIE : LES LIMITATIONS DE L’ACTION
ADMINISTRATIVE
162
De l’autre côté, le principe de légalité remplit des fonctions
régulatrices très importantes par la transmission des directives du
pouvoir. Il se révèle comme un de ses principaux moyens d’action.
Le principe de légalité se présente donc comme un principe de
compatibilité et de non-contrariété des actes administratifs aux
prescriptions du législateur.
En cas de violation, sa sanction par un juge spécial fait appel à
trois éléments :
Le premier c’est l’édiction de lois par les législateurs représentant
le peuple souverain.
Le second c’est l’établissement de la hiérarchie des normes
juridiques.
Le troisième c’est l’existence d’un juge administratif chargé de
sanctionner les éventuelles violations de ces dispositions.
163
Le bloc de la légalité, c'est-à-dire l’ensemble des règles qui
s’imposent à l’administration est composé de règles à la fois
extérieures à l’administration et internes à celle-ci.
164
pris par l’autorité inférieure (un décret présidentiel s’impose à un
arrêté ministériel).
Du point de vue matériel, on se réfère à la nature de l’acte émis. On
distingue ainsi les actes réglementaires, actes à portée générale et
les actes individuels. Les premiers l’emportent sur les seconds. En
effet, chaque autorité administrative doit se conformer lorsqu’elle
prend une décision individuelle aux actes réglementaires.
Cette subordination aux actes réglementaires joue aussi bien pour
l’autorité administrative inférieure de l’auteur de l’acte que pour cet
auteur lui-même en vertu du principe(tu dois souffrir des
conséquences de la loi que tu as faite toi-même).
Enfin, cette subordination joue pour le supérieur de l’auteur de la
décision administrative. Cela signifie qu’une autorité administrative
ne peut pas déroger par un acte individuel à une règle de portée
générale même si cette règle de portée générale a été prise par une
autorité de rang hiérarchiquement inférieur. Bien entendu il s’agit là
d’une hypothèse extrêmement rare. Néanmoins, si elle se
présentait, c’est l’acte à portée générale de l’autorité subordonnée
qui s’impose à l’acte individuel de l’autorité supérieure (C.E, 3
juillet 1931, ville de Clamart).
165
exceptionnelles et enfin, les troisièmes sont relatives aux actes de
gouvernement.
A. LE POUVOIR DISCRETIONNAIRE
166
solutions. Autrement dit, lorsque sa conduite ne lui est pas dictée à
l’avance par une règle de droit.
Cela ne signifie pas qu’il faille assimiler le pouvoir discrétionnaire à
l’arbitraire. Même lorsque l’administration dispose de ce pouvoir,
elle est toujours tenue de respecter les règles de procédure et de
fond et elle doit surtout agir dans l’intérêt public.
En fait, la caractéristique majeure du pouvoir discrétionnaire c’est
que la décision à prendre par l’autorité administrative n’est pas
entièrement prédéterminée. Il en va autrement en cas de
compétence liée.
B. LE POUVOIR LIE
167
Dans l’hypothèse d’un pouvoir discrétionnaire, l’autorité
administrative est juge de l’opportunité de la mesure qui lui semble la
plus adéquate alors qu’en cas de pouvoir lié, l’administration doit se
déterminer non pas en fonction de son opinion personnelle mais
plutôt dans le sens qui lui est à l’avance dicté. La distinction entre
pouvoir discrétionnaire et pouvoir lié fixe les limites du contrôle
exercé par le juge.
Lorsqu’il y a compétence liée, l’attitude des autorités
administratives pose un problème de légalité, c'est-à-dire une
question de conformité de l’action administrative au droit. Dans un
tel cas, le juge possède plus de pouvoir et exerce ce qu’on appelle
« un contrôle maximum ».
Au contraire lorsqu’il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire, le
comportement de l’administration intéresse non plus la légalité,
c'est-à-dire ce qui est licite ou non mais plutôt ce qui est opportun.
Les pouvoirs du juge se trouvent alors réduits et il n’exerce qu’un
contrôle minimum.
Dans l’un et l’autre cas, le juge dispose des pouvoirs suivants :
- il vérifie la compétence de l’auteur de l’acte
- il vérifie également si la procédure pour l’élaboration de l’acte a
été suivie
- il vérifie l’exactitude des motifs de fait ou de droit allégués par
l’auteur de l’acte
- il s’assure que le but poursuivi par l’administration est légal.
168
SECTION 2. LES CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES
Depuis l’arrêt HYRIES (C.E, 28 juin 1918) il est admis que les
règles de droit qui gouvernent l’activité administrative en période
normale changent de régime juridique en période exceptionnelle. Il
est en effet reconnu aux pouvoirs publics la possibilité de prendre
des mesures qui débordent largement le cadre de leur compétence
normale en vue de pourvoir d’extrême urgence aux nécessités du
moment.
169
autochtones installées dans le sud tunisien sur le domaine du sieur
Couitéas. L’autorité administrative craignant de troubles sérieux
refusa de faire exécuter le jugement en invoquant cette théorie.
L’extension de cette notion a donc contribué à accroître les
pouvoirs des autorités administratives.
170
PARAGRAPHE 3. LES LIMITES DES POUVOIRS EXCEPTIONNELS
Les actes de gouvernement sont des mesures qui, bien que prises
par le gouvernement échappent au principe de la légalité et
bénéficient à ce titre d’une immunité juridictionnelle. Ils ne peuvent
171
ni être attaqués pour illégalité devant le juge de l’excès de pouvoir,
ni engager en principe la responsabilité de l’administration.
La théorie des actes de gouvernement marque les limites de la
soumission du gouvernement aux lois et constitue une survivance
très révélatrice de ce que l’on appelle « la raison d’Etat ».
Cependant, il convient de souligner que l’évolution de la notion
d’acte de gouvernement s’est faite dans le sens d’une restriction de
son champ d’application.
Ainsi, sous le second empire, était considéré comme acte de
gouvernement tout acte inspiré par un « mobile politique » (C.E, 9
mai 1867, Duc d’Aumale et Michel Levy).
Cette théorie du mobile politique laissait toute latitude au
gouvernement de déterminer de façon discrétionnaire les limites de
sa soumission au juge.
Avec la fin du 18ème siècle la théorie du mobile politique est
abandonnée avec l’arrêt prince Napoléon (C.E, 19 février 1875).
Il appartient désormais au juge de tracer les limites de la soumission
du gouvernement au droit.
172
Cette notion a été par la suite étendue à la décision par laquelle le
Président de la République met en application l’article 16 de la
constitution française du 4 octobre 1958 (C.E, 2 mars 1962,
Rubin de Serves).
Du même, constitue un acte de gouvernement la décision par
laquelle le Président de la République soumet un projet de loi au
référendum.
- le deuxième domaine d’application de cette théorie a trait aux
actes relatifs aux relations internationales. C’est le cas des actes
qui se rattachent à la procédure d’élaboration et de dénonciation
des traités internationaux.
173
Ce texte rejette la compétence des juridictions judiciaires, il admet
le recours administratif devant le chef de l’Etat.
Par la suite, le REP connaîtra plusieurs évolutions, notamment en
ce qui concerne les ouvertures de ce recours jusqu’au vice de forme
et à l’incompétence s’est ajouté le détournement de pouvoir puis le
recours pour violation de la loi et des droits acquis.
Ils sont à titre principal au nombre de cinq (5) même si en sixième lieu
se pose le problème du caractère objectif du REP.
174
à-dire des décisions exécutoires de ceux dirigés contre les
jugements rendus en dernier ressort par une juridiction
administrative car cette seconde hypothèse relève du recours en
cassation.
175
novembre 1955, André ni), cependant, peut se désister d’un
recours déjà formé ;
- En troisième lieu, l’annulation d’un acte par la voie du REP a un
effet d’ordre public (C.E, 22 mars 1961, Simonet).
L’une des circonstances est que la renonciation par le requérant du
bénéfice de l’annulation juridictionnelle d’un acte administratif ne
peut faire revivre la décision annulée (C.E, 13 juillet 1967, Ecole
privée des filles de Pradel).
176
Le REP peut être formé par toute personne ayant intérêt. Quant
aux décisions d’annulation, elles ont un effet erga omnes, c'est-à-
dire à l’égard de tous.
Le recours ne peut être fondé que sur la violation par
l’administration d’ne règle de droit « objective » et non d’un contrat,
d’où l’idée selon laquelle le REP relèverait d’un contentieux
purement objectif et s’opposerait au recours de pleine juridiction.
Contentieux subjectif, en d’autres termes, on dit qu’il s’agit d’un
procès fait à un acte et non à une partie.
Ce sont les conditions qui doivent être réunies pour que le juge de
l’excès de pouvoir consente à examiner l’affaire au fond. En
France, ces conditions, au nombre de quatre (4) ils tiennent :
- à la nature de l’acte attaqué
- à la personne du requérant
- aux conditions de forme et du délai de recours
- à l’absence du recours parallèle.
177
relèvent du REP que les décisions exécutoires, c'est-à-dire les
actes administratifs unilatéraux.
178
B. SEULS LES ACTES ADMINISTRATIFS UNILATERAUX PEUVENT
ETRE ATTAQUES PAR LA VOIE DU REP
179
rapports du REP et des contrats de base à la fois une question de
forme et une question de fond à cet égard voir VEDEL G. et
Pierre DELVOLVE : droit administratif, 8ème édition, P. 750 ;
voir également dans le même ouvrage aux P. 751 et suivants, la
théorie des actes détachables et le problème des actes inexistants.
B. L’INTERET A AGIR
180
on conçoit que la ruse ou même la passion politique conduirait à
soumettre au juge tous les actes de l’administration.
Par ailleurs, on ne doit pas ignorer que la règle « pas d’intérêt, pas
d’action » est un principe général de procédure. C’est pourquoi,
pour que le REP puisse être formé, un intérêt suffisamment
spécifié doit être à la source. Ainsi :
- premièrement, un intérêt purement moral suffit. Dans cette
optique, le juge du REP déclare recevable l’intérêt d’un prêtre au
respect de la liberté religieuse (C.E, 8 février 1908, Abbé
DELIARD), l’intérêt d’une association d’anciens élèves à la
défense du prestige de l’école par laquelle ils sont passés (C.E, 13
juillet 1948, Polytechnique), l’intérêt d’un ancien combattant à ne
pas voir élargir de façon illégale la qualité d’ancien combattant
(C.E, 13 mai 1949, Bourgoin).
- deuxièmement, l’intérêt doit être légitime et raisonnable. Dans
cette perspective, le Conseil d’Etat a même admis le recours de
prostituées contre des décisions relatives aux conditions d’exercice
de leur métier.
A propos du caractère raisonnable de l’intérêt invoqué, il
conviendrait de voir l’arrêt du Conseil d’Etat en date du 10 juillet
1954, Société Immobilière et Hôtelière de Cannes, Hôtel
MIRAMAR.
- Troisièmement, il n’est pas nécessaire que l’intérêt soit direct et
actuel. A ce titre, un intérêt indirect, même futur, peut, s’il est
suffisamment caractérisé, justifier un REP. Ainsi, des
fonctionnaires peuvent à l’encontre de nominations illégales, faire
181
valoir l’entrave future et éventuelle que les nominations peuvent
apporter à leur avancement (C.E, 26 décembre 1925, Rodières).
- quatrièmement, l’intérêt doit être personnel à l’individu ou au
groupement qui forme le recours (voir Georges VEDEL et Pierre
DELVOLVE, droit administratif, P.759 à 761).
- en cinquième lieu, se pose le problème de l’action corporative. A
ce titre, les groupements peuvent attaquer les décisions qui lèsent
les intérêts légitimes dont en vertu de la loi ou de leurs statuts ils ont
la charge.
- enfin, se pose la question de ce que l’on appelle les recours de
l’administration. En d’autres termes, le problème consiste à savoir si
une autorité administrative peut former un REP à l’encontre des
actes d’une autre autorité administrative. Il est admis qu’en principe
rien ne s’y oppose, pourvu cependant que a condition d’ester en
justice, c'est-à-dire en particulier la condition relative à l’intérêt soit
remplie.
182
- en principe, les requêtes collectives ne sont pas recevables en tant
que telles. Chaque requérant doit en effet former un recours
propre. Le principe de l’irrecevabilité des requêtes collectives est
cependant écarté lorsque les requérants ont le même intérêt à
l’annulation et que les questions à examiner sont les mêmes pour
tous.
- de même, il doit être formé un recours pour chaque décision
attaquée. Cependant, un seul recours peut concerner plusieurs
décisions lorsque celles-ci sont étroitement liées ou conduisent à
juger la même question (C.E, 30 mars 1973, David).
- le recours peut être formé par requête sommaire qui sera
ultérieurement appuyée d’un mémoire ampliatif mais la requête
sommaire doit articuler de manière suffisamment précise les moyens
de l’annulation.
- il arrive que le requérant ne demande qu’une annulation partielle
(par exemple l’annulation de l’un des articles seulement d’un décret).
Si la demande est fondée et s’il n’y a pas d’indivisibilité entre la
partie attaquée et la partie non attaquée de l’acte, le juge de l’excès
de pouvoir prononcera l’annulation partielle demandée. Toutefois,
si la partie attaquée est indivisiblement liée à la partie non attaquée,
le requérant, même si son recours est fondé, et condamné à l’échec.
En effet, le juge ne peut pas prononcer l’annulation partielle
demandée et ceci en raison de l’indivisibilité de l’acte. Mais il ne
saurait non plus prononcer une annulation totale qui ne lui a pas été
demandée et qui constituerait un « ultra petita ». Il ne peut donc
que rejeter la requête.
183
- enfin, comme cela a déjà été dit, rien n’interdit de présenter dans la
même requête des conclusions d’annulation pour excès de pouvoir
et des conclusions de contentieux de pleine juridiction à condition
de respecter les règles de procédure propres à chacun de ces
contentieux.
Cette notion doit être explicitée avant que l’on se penche sur ses
conséquences.
184
résultat équivalent à celui d’un recours juridictionnel à cause de la
différence qui existe entre autorité de la chose décidée et autorité
de la chose jugée.
- enfin, avant la réforme du contentieux administratif en France
(1953), il était admis que l’exception ne jouait que si le recours
parallèle était de la compétence d’une juridiction autre que celle
ayant compétence pour connaître du REP.
185
En d’autres termes, cela signifie qu’un acte annulé pour vice de
forme peut être refait à la condition que la procédure régulière soit
observée.
Les cas d’ouverture du REP sont au nombre de quatre :
- l’incompétence (illégalité relative à l’auteur de l’acte).
- le vice de forme (illégalité relative aux formes et procédures).
- la violation de la règle de droit (illégalité relative à l’objet et aux
motifs de l’acte).
- le détournement de pouvoir (illégalité relative aux buts poursuivis).
A. L’INCOMPETENCE
186
signatures, elle est réputée prise par l’autorité compétente si la
signature de celle-ci y figure.
Ainsi, une décision qui relève de la compétence d’un département
ministériel est « compétemment prise par décret si le ministre qualifié
a contresigné le décret ».
- il y a incompétence négative lorsqu’une autorité invoque à tort son
incompétence pour refuser de prendre une décision qu’elle seule a
qualité pour prendre. Le défaut de compétence revêt quatre
formes :
L’usurpation de pouvoir, l’incompétence « ratione materiae »,
l’incompétence « ratione loci », l’incompétence « ratione temporis ».
1. L’usurpation de pouvoir
187
C’est le cas d’une autorité administrative qui a statué à la place
d’une autre. C’est souvent le cas pour l’autorité inférieure qui
empiète sur les pouvoirs de l’autorité supérieure et vice versa.
En fait, une autorité supérieure ne peut pas en l’absence de
dispositions législatives ou réglementaires le lui autorisant, se
substituer à une autorité inférieure pour prendre un acte que celui-
ci est seule habilitée à accomplir et l’inverse est vraie sauf
délégation de pouvoirs ou de signature.
188
5. Les effets de l’incompétence
B. LE VICE DE FORME
189
l’acte irrégulier. Il en est ainsi lorsque l’administration se trouve dans
l’impossibilité de s’acquitter de la formalité. C’est également le cas
lorsque la compétence est liée.
1. Définition
190
Cette violation peut intervenir sous différentes formes :
- l’auteur de l’acte a agi en ne tenant aucun compte de la règle ;
- l’auteur de l’acte, tout en connaissant la règle en a donné une
interprétation erronée ;
Enfin, l’administration a fondé sa décision sur un texte qui ne
s’appliquait pas à celle-ci (règle de droit). C’est ce que la
jurisprudence appelle manque de base légale. Dans ces diverses
hypothèses, l’administration commet une erreur de droit.
Il y a également violation de la règle de droit lorsque l’administration
commet une erreur à propos de faits qui motivent sa décision ou
lorsqu’elle fonde sa décision sur des motifs qui se révèlent
matériellement inexactes.
B. LE DETOURNEMENT DE POUVOIR
191
A la différence des autres illégalités, le détournement de pouvoir
revêt un caractère subjectif. Il oblige le juge à pénétrer les
intentions de l’auteur de l’acte, c'est-à-dire rechercher les mobiles
qui l’animent. C’est une entreprise difficile dans la mesure où la
preuve du détournement de pouvoir est mal aisée à rapporter.
Aussi, avec le développement de la jurisprudence, le juge
administratif a-t-il été amené à privilégier les autres moyens de
contrôle par une habile substitution de la notion de « volonté de la
loi » à celle de détournement de pouvoir.
192
- d’une part, le juge peut procéder à une véritable substitution des
motifs, ce qui lui permet de donner à une décision son véritable
fondement législatif et réglementaire ;
- d’autre part, le juge peut procéder à une véritable substitution des
motifs qui se traduit par le fait que la décision du juge remplace un
motif erroné par un autre motif pouvant justifier la décision prise. Il
convient donc tour à tour d’étudier les effets de l’acte de rejet
d’une part et les effets de l’arrêt d’annulation d’autre part.
193
les personnes même celles qui n’ont pas été parties à l’instance d’où
l’expression « l’annulation se produit erga omnes ». Dans cette
optique, il est important de dire que le requérant agit surtout pour
faire respecter l’Etat de droit.
194
Pendant longtemps, la première hypothèse a prévalu. En effet,
l’irresponsabilité de l’administration du fait de ses agents était de
règle jusqu’en 1870.
Les particuliers, victimes des dommages ne disposaient d’aucune
voie de recours pour se faire indemniser. Les raisons qui
expliquent cette règle étaient au nombre de trois :
- les préjudices résultant à cette époque de l’activité
administrative étaient peu fréquents et peu nombreux parce que
l’activité de l’Etat était très réduite. C’était la période de l’Etat-
gendarme qui consistait à assurer l’ordre à l’intérieur des
frontières et la défense de celle-ci à l’extérieur ;
- la révolution de 1789 n’avait pas entamé, ni détruit, la vieille
maxime « le roi ne peut mal faire », qui consacrait son
irresponsabilité. Les révolutionnaires de 1789 conservaient
l’idée de la souveraineté étatique tout en changeant le titulaire
de celle-ci. La notion, désormais souveraine, bénéficiait des
mêmes privilèges que ceux anciennement attachés à la personne
du roi ;
- le système de responsabilité à l’époque était celui institué par le
code civil, articles 1382 à 1386.
Cette théorie qui a fondé un système sur le régime sur la
responsabilité pour faute, système difficilement imposable à
l’administration où on considérait que les gouvernants peuvent
mal faire. La même théorie disparaît avec la chute du second
empire en 1810.
195
C’est aussi le début de la première République et sur le plan
politique cela se traduit par le passage d’un régime impérial à une
République libérale.
Le libéralisme politique qui inspire les sphères dirigeantes et
l’idéal démocratique qui ne sont la traduction matérielle vont
modifier les rapports entre l’administration et les administrés. De
sujets, ceux-ci deviennent des citoyens.
L’avènement de « la République parlementaire » entraine comme
corollaire la mise en jeu de la responsabilité politique du
Cabinet. Et de la responsabilité politique à la responsabilité
civile, il n’y a qu’un pas qui est vite franchi.
A côté de ce facteur politique il y a également d’autres facteurs
économiques qui interviennent, c’est l’époque du développement
du machinisme, de la multiplication des interventions des pouvoirs
publics dans de nombreux domaines avec comme conséquences
une augmentation du nombre de préjudices causés aux tiers.
L’absence de réparation de ces préjudices pose à la fois des
problèmes moraux et juridiques. En effet, ces opérations
administratives sont entreprises pour le bien de tous et il est
donc anormal qu’un petit nombre supporte les conséquences
dommageables de ces agissements. C’est pourquoi dès 1873, le
Conseil d’Etat qui venait d’acquérir son autonomie vis-à-vis de
l’administration active et le Tribunal des Conflits, nouvellement
créé par la loi du 24 mai 1872 vont élaborer un véritable droit de
la responsabilité qui sera progressivement étudié à toutes les
activités étatiques vidant ainsi de son contenu le premier nombre
du principal considérant de l’arrêt « Blanco » qui dit que « la
196
responsabilité qui peut incomber à l’Etat n’est ni générale, ni
absolue ».
Cette responsabilité administrative qui est la conséquence de
son activité dommageable, si elle et imputable aux personnes
publiques n’est jamais leur fait propre.
En effet, l’administration, personne morale de droit public, n’agit
jamais par elle-même, mais toujours par l’intermédiaire de ses
agents. Ce sont ces derniers qui sont les véritables auteurs des
dommages imputés à l’administration. Dès lors, la question se
pose : qui doit supporter la charge de la réparation ?
Le problème de la responsabilité administrative fait intervenir
trois auteurs :
- le premier, c’est le particulier, victime du préjudice ;
- le second, c’est l’agent public, auteur de ce préjudice, il joue le
rôle de préposer ;
- le troisième, c’est l’administration dont l’agent est au service,
c'est-à-dire le commettant.
Il importe de se demander quelles sont les préoccupations qui
animent chacun d’eux.
En premier lieu, l’important pour la victime du dommage c’est de
trouver un débiteur solvable. Or, en général, seule la personne
publique dispose d’un patrimoine solvable. Le mieux serait donc
de lui faire supporter la charge de l’indemnisation.
En second lieu, l’intérêt de l’agent et son principal souci, c’est de
pouvoir bénéficier d’une totale impunité tant à l’égard de la
victime que vis-à-vis de l’administration.
197
En troisième lieu, il y a les intérêts de la collectivité publique qui
sont contradictoires. D’une part, le souci de protéger le denier
public et de punir les agents publics responsables de sérieuses
indélicatesses peut l’inciter à faire supporter à l’agent auteur du
dommage une partie ou totale réparation de celui-ci.
D’autre part, le souci de ne pas entraver toute initiative des
agents publics en laissant planer sur eux la perspective d’avoir
réparé à leurs propres frais, les préjudices causés, conduit à un
effacement de la responsabilité de l’agent au profit de celle de
l’Etat. Ce qui pose le problème de mise en jeu des
responsabilités respectives des collectivités publiques et leurs
agents.
198
- il doit y avoir un lien de causalité entre l’activité administrative et
le fait dommageable.
A. PREJUDICE DIRECT
199
Pour être indemnisable, le préjudice doit résulter directement de
l’activité administrative. On verra cela dans les détails en
évoquant le lien de causalité.
B. PREJUDICE CERTAIN
C. PREJUDICE SPECIAL
200
n’était pas susceptible d’être appréciée en argent d’où
l’expression « les larmes ne se monnayent pas ».
Mais avec l’évolution, le Conseil d’Etat en est arrive à
indemniser « les troubles graves aux conditions d’existence » et
finalement le préjudice moral.
A. LA CAUSE DIRECTE
201
En droit privé comme en droit public, trois types de solutions
sont envisageables :
- le système de l’équivalence des conditions ;
- le système de la proximité de la cause ;
- la théorie de la causalité adéquate.
Le professeur René Chapus et le Doyen Raymond Odent les
résument très bien en ces termes :
- « On peut considérer en premier lieu que tout fait sans lequel le
dommage ne se serait pas produit est la cause de ce dommage ».
C’est la théorie dite de l’équivalence des conditions. Admise à
l’origine, elle fut par la suite abandonnée par la Cour de
Cassation ;
- « On peut, à l’inverse, estimer que seul le dernier des faits qui a
rendu le dommage possible peut être retenu pour cause du
dommage » ;
- « On peut enfin, comme la Cour de Cassation parait
maintenant l’admettre, décider que seul un fait qui devait
raisonnablement entrainer un dommage peut en être la cause ».
C’est la théorie dite de la causalité adéquate. Pour la juridiction
administrative française, tous les faits n’ont pas avec le dommage
un lien nécessaire de causalité directe.
La notion de cause ne se confond pas avec celle de condition
nécessaire pour que le dommage ait pu se produire.
La doctrine moderne interprète la jurisprudence administrative
comme appliquant en principe le système de la « causalité
adéquate » (pour plus de détails voir Paul Eismen, « le nez de
202
Cléopâtre ou les affres de la causalité », Dalloz, 1954, PP. 205
à 216).
L’exigence d’un dommage direct conduit à écarter ou à atténuer
la responsabilité administrative dans quatre hypothèses.
B. EXONERATIONS OU ATTENUATIONS DE
RESPONSABILITE
1. La faute de la victime
203
- ce peut être une faute commise par la victime : par exemple son
ivresse.
- ce peut être aussi une imprudence ou une négligence. Par
exemple un manquement à l’obligation de surveillance que les
parents doivent exercer sur leurs enfants.
Le fait de la victime, à l’instar de celui de l’auteur du dommage
peut présenter des degrés différents et le juge en tient compte.
Notamment, il s’inspire toujours du principe de droit que traduit
le vieil adage « Nemo auditur proprian turpidinem allegans » (on
ne peut pas invoquer devant le juge sa propre turpitude).
D’une manière générale, le juge tient compte des fautes
respectives commises par la victime et l’administration dans la
survenance du dommage.
- la faute de la victime n’a exercé aucune influence sur la
réalisation du dommage ; dans ce cas, tout se passe comme si la
victime n’avait commis aucune faute.
- la faute de la victime est pour partie la cause du fait
dommageable ; il y a alors partage de la responsabilité).
2. La force majeure
204
3. Le fait d’un tiers
4. Le cas fortuit
205
l’intérêt général. Mais cet usage peut causer un dommage spécial
et anormal à autrui.
La personne publique, bien que non fautive, doit rétablir
l’équilibre, en réparant le préjudice subi par le tiers.
Deux conditions sont nécessaires pour que la responsabilité de
l’administration soit engagée. D’une part il faut un préjudice et
d’autre part il faut l’existence d’un lien de causalité entre l’activité
administrative et le dommage subi ;
PARAGRAPHE 1 : LE PREJUDICE
206
En effet, la faute d’un tiers n’est pas exonératoire dans le régime
de responsabilité sans faute. Même si le dommage est imputable
aux tiers, la victime peut toujours demander réparation à
l’administration. Il appartiendra à celle-ci de se retourner par la
suite contre le tiers auteur du dommage.
207
- qui est responsable lorsque plusieurs personnes publiques sont
associées à une même activité ?
- qui répond de la demande en réparation de la victime lorsqu’un
même agent public a agi pour le compte de plusieurs personnes
publiques ?
208
Cette hypothèse renvoie à la technique du « dédoublement
fonctionnel », c'est-à-dire un même agent agit pour le compte de
plusieurs personnes publiques différentes. C’est en principe le
cas du maire principalement agent de la commune et
accessoirement agent de l’Etat.
Une autre hypothèse de dédoublement fonctionnel réside dans
l’exercice du pouvoir de tutelle, c'est-à-dire du pouvoir de
contrôle exercé par l’Etat sur les collectivités locales
décentralisées.
Lorsqu’un dommage a été posé à un tiers par un acte pris par
l’autorité de tutelle, la responsabilité de ladite autorité ou de la
collectivité décentralisée dépend du procédé de tutelle employé :
- si l’autorité de tutelle agit pour le compte de la collectivité sous
tutelle grâce à la technique de substitution, c’est cette dernière
qui répond du dommage.
La collectivité sous tutelle dispose dans ce cas d’une action
récursoire contre l’Etat en cas de faute lourde commise par son
représentant.
- lorsqu’au contraire, l’exercice de la tutelle ne s’analyse pas en
une substitution, la responsabilité incombe à l’autorité de tutelle.
209
En droit administratif, le principe de l’indemnisation en argent,
parce que le juge ne pouvant adresser des injonctions à l’Etat,
ne peut prononcer contre ce dernier que des condamnations
pécuniaires.
L’indemnité accordée par le juge à la victime peut consister soit
en un capital soit en une rente.
En règle générale, le juge accorde une indemnité en argent pour
les dommages posés aux biens et une indemnité en capital ou en
rente pour les préjudices occasionnés à une personne.
210
sanctionné voire révoqué et par la suite réintégré dans ses
fonctions n’aurait droit qu’au versement d’une indemnité destinée
à couvrir le préjudice réellement subi par lui du fait de la sanction
qui l’a frappé.
Cette indemnité réparant le préjudice subi était calculée en
tenant compte d’une part des ressources que le fonctionnaire a
pu se procurer par son travail durant la période d’inactivité
consécutive à la sanction encourue.
D’autre part, cette indemnité tenait compte de l’importance
respective des fautes commises par l’administration et son agent.
211
l’indemnisation se fait toujours au jour de la réalisation du
préjudice. On estime en effet, et cela à juste titre, que la victime a
dû normalement procéder à la réparation du dommage au moment
où celui-ci a été posé. Mais si, pour des raisons précises et
valables, la victime n’a pu procéder à la réparation ou au
remplacement du bien au moment où le préjudice s’est produit, la
date d’évaluation sera alors différée.
- pour les dommages posés aux personnes, la date d’évaluation
de l’indemnisation est celle du prononcé du jugement. Mais si le
retard dans la fixation de l’indemnité est imputable à la victime,
l’évaluation du préjudice se fait au jour où celle-ci aurait dû être
réparée.
Quant aux intérêts, l’indemnité accordée par le juge à la victime
porte des intérêts à compter du jour où le requérant a demandé
réparation à l’administration. On les qualifie d’intérêts
moratoires. Ceux-ci ne compensent que le retard normal mis par
un débiteur, en l’occurrence la personne publique à s’acquitter
de sa dette. L’article 1153 du code civil autorise les créanciers à
réclamer à leurs débiteurs des dommages-intérêts dits
compensatoires, distincts des intérêts moratoires mais qui
s’ajoutent à eux lorsque, par mauvaise volonté caractérisée,
l’administration apporte un retard anormal à l’acquittement de sa
dette.
Cet article du code civil est repris et appliqué par les juridictions
administratives.
Il est important de souligner que l’évaluation faite des préjudices
subis est en principe définitive. Rien ne s’oppose cependant à ce
212
que le juge prévoie lui-même une modification du montant de
l’indemnité susceptible de s’aggraver par exemple dans
l’hypothèse d’une incapacité permanente de travail susceptible
d’évolution.
213
faut qu’il ait commis une faute personnelle d’où la nécessité de
cerner d’abord la notion de faute personnelle.
214
On considère également comme faute purement personnelle,
celle commise par un fonctionnaire dans la gestion d’un
groupement privé dont il est membre (T.C, 28 mars 1955,
Confédération Générale des Petites et Moyennes
Entreprises, JCP, 1955).
215
accomplis dans une intention malveillante ou dans un but de pur
intérêt personnel. Il en est ainsi si la faute commise est d’une
gravité particulière dépassant la moyenne des fautes auxquelles
on peut s’attendre.
De ce point de vue, on admet que les coups de poing portés par
un agent de police dans des conditions inexcusables constituent
une faute personnelle alors même que l’agent ne poursuivait pas
l’assouvissement d’une rancune personnelle (T.C, 9 juillet 1953,
Delaitre).
De même, on admet comme faute personnelle, l’inadmissible
poltronnerie d’un commissaire de police (T.C, 9 juillet 1953,
Dame Bernadas).
Constitue également une faute personnelle le fait pour un
chauffeur de l’administration de prendre le volant en état
d’ébriété (C.E, 28 juillet 1951, Delville ; C.E, 28 juillet 1951,
Laruelle).
216
responsabilité personnelle de l’agent puisse exister envers
l’administration. Il en est ainsi lorsque l’administration est la
victime directe de la faute personnelle. C’est le cas par exemple
lorsque l’agent endommage un véhicule qu’il a soustrait à
l’administration.
D’autre part, la responsabilité vis-à-vis de l’administration peut
résulter de ce que, par le jeu du cumul des fautes ou du cumul des
responsabilités, celle-ci a dû indemniser la victime. On ne saurait
comprendre cette hypothèse sans déterminer les conditions dans
lesquelles la responsabilité de l’administration peut coexister
avec celle de l’agent auteur de la faute personnelle.
PARAGRAPHE 3: LA COEXISTENCE DE
RESPONSABILITE
217
Dans l’arrêt Laruelle, l’accident causé par le militaire qui avait
dérobé un véhicule de l’armée, ce qui constituait de toute
évidence une faute personnelle n’avait été rendu possible que
par la négligence avec laquelle la garde des véhicules était
assurée, négligence imputable à une faute de service.
- deuxièmement, l’administration peut être tenue envers la victime
même si elle n’a pas commis de faute de service distincte de la
faute personnelle de l’agent. Il suffit pour cela que la faute ait été
commise dans le service, à l’occasion du service ou selon la
formule consacrée par le Conseil d’Etat « qu’elle ne soit pas
dépourvue de tout lien avec le service ».
Cette haute juridiction a, en 1949, réalisé un important
élargissement de cette responsabilité de l’administration en
admettant que le fait pour le conducteur d’un véhicule
administratif, désobéissant aux ordres reçus d’utiliser le véhicule
à des fins personnelles en se détournant de l’itinéraire prescrit,
bien que constituant évidemment une faute personnelle, n’était
pas dépourvue de tout lien avec le service. Est engagée en même
temps que la responsabilité personnelle de l’agent, celle de
l’administration (C.E, 18 novembre 1949, Mineurs, Défaut,
Besthelsemer).
De la même façon, dans l’arrêt Morritz du Tribunal des Conflits
on a estimé que l’accident causé par des militaires utilisant un
véhicule que la complicité du chauffeur du colonel avait permis de
faire sortir de la caserne n’était pas dépourvu de tout lien avec le
service et engageait la responsabilité de l’administration.
218
Cela dit, il convient de souligner que la victime d’une faute
personnelle dispose de deux actions en réparation lorsque la
responsabilité de l’administration s’ajoute à celle de l’agent soit
en raison d’une faute de service, soit parce que la faute
personnelle n’est pas dépourvue de tout lien avec le service.
Elle peut demander réparation à l’agent personnellement devant
les tribunaux judiciaires selon les règles du droit privé et à
l’administration devant le juge administratif selon les règles du
droit public.
Elle peut demander à chacun des deux responsables sauf à celui
des deux qui a acquitté la dette de responsabilité à se retourner
contre l’autre pour lui demander un remboursement total ou
partiel.
219
règlement définitif de la charge se fait sur la base de la part que
chacune des deux fautes a eu dans la réalisation du dommage ou
selon leur gravité respective. Dans le cas de l’arrêt Delville par
exemple, le juge a estimé que le mauvais entretien des freins
(faute de service) et la faute personnelle de l’agent (état
d’ébriété) avaient joué des rôles égaux dans la production du
dommage. Ce qui a conduit à décider que dans les rapports
entre l’administration et son agent, la charge indemnitaire devait
être partagée par moitié.
On en distingue deux :
- le premier est celui où l’agent doit supporter seul la charge
définitive s’il s’avère qu’en raison de l’absence de toute faute de
service, l’administration n’est concernée que parce que la faute
personnelle n’est dépourvue de tout lien avec le service.
Ainsi, l’administration peut être tenue à la demande de la victime
de réparer le préjudice causé par un agent de police en uniforme
qui, suite à une altercation avec un consommateur dans un café,
perd son sang froid et fait usage de son arme.
Cependant, elle peut se retourner contre l’agent concerné et lui
demander de reverser la totalité de l’indemnité versée à la victime
(C.E, Bernard).
220
- le second cas est celui où, bien qu’ayant commis une faute de
service, l’administration peut demander à l’agent de payer la
totalité de l’indemnité versée par elle à la victime lorsque la faute
de service est opposable par la victime et non par l’agent. C’est
l’hypothèse de l’arrêt Laruelle où la victime avait pu se prévaloir
envers l’administration de ce que Laruelle, agent de
l’administration, n’avait pu user du véhicule qui avait commis
l’accident qu’à la suite d’un défaut de surveillance constituant
une faute de service.
Laruelle lui, dans ses rapports avec l’administration, ne pouvait
se prévaloir de cette faute de service et alléguer que, si
l’administration avait mieux surveillé son parc automobile, elle ne
l’aurait pas induit en tentation.
Ainsi, exceptionnellement, bien que l’administration ait commis
une faute de service que la victime pouvait invoquer, la charge
définitive de la réparation incombât à l’agent, lequel ne pouvait
invoquer la faute de service et prétendre à un partage de
responsabilité.
221
que «la réparation définitive peut être mise à la charge de
l’administration lorsqu’un fonctionnaire a été poursuivi par un
tiers pour faute de service et que le conflit d’attribution n’a pas
été élevé, la collectivité publique doit, dans la mesure où une
faute personnelle détachable de l’exercice de ses fonctions n’est
pas imputable à ce fonctionnaire, le couvrir des condamnations
prononcées contre lui ».
222
FONCTIONNAIRE
223
administratives et des autorités judiciaires, principe selon lequel
le judiciaire ne doit pas s’immiscer dans l’exécutif (T.C, 30 juillet
1873, Pelletier).
224
réglementaire, ce qui était constitutif d’une faute de service. En
conséquence, la haute juridiction condamna l’Etat à réparer
l’intégralité du préjudice subi par le sieur Anguet. Ce qui était
de façon implicite d’affirmer que la victime d’un dommage
imputable à la fois à une faute de service et à une faute
personnelle peut demander réparation alternativement au
fonctionnaire fautif devant les tribunaux judiciaires ou à
l’administration devant le juge administratif. Cependant, la
victime ne peut cumuler les demandes d’indemnité.
Le Conseil d’Etat est allé même plus loin en admettant
qu’indépendamment du cumul des fautes, il pourrait y avoir cumul
de responsabilités. Annoncée par un arrêt du 12 février 1909
(Compagnie de Colonisation du Congo Français), la théorie du
cumul de responsabilité a été définitivement consacrée par le
célèbre arrêt Lemonnier du 26 juillet 1918. Les faits sont les
suivants : la fête locale traditionnelle de la Commune de
Roquecourbe dans le Tarn comportait parmi ses attractions un
tir au fusil sur des cibles flottant sur une rivière. Le Maire de la
Commune, responsable de la police de la sécurité, n’avait pris
aucune précaution pour éviter les accidents et avait donné par sa
négligence un caractère particulièrement grave en ne répondant
pas aux avertissements des promeneurs qui, au cours de la fête,
avaient failli être atteints par des balles. Le jeu ayant continué
sans autre précaution, la dame Lemonnier fut blessée.
Le Conseil d’Etat a estimé que bien que constituant en raison
de sa gravité une faute personnelle, la faute du Maire avait été
225
commise dans le service et engageait de ce fait la responsabilité
de la Commune.
Ainsi, il était acquis que le même fait pouvait constituer une faute
personnelle et une faute de service selon l’angle sous lequel on
l’envisageait. La victime bénéficie alors du cumul de
responsabilité, c'est-à-dire dans le cas d’espèce la responsabilité
personnelle du Maire et la responsabilité de la Commune.
226
A cela s’ajoutent les cas où le juge administratif est compétent et
applique les règles générales ou spéciales de la responsabilité
publique. On en est ainsi arrivé à distinguer :
- la responsabilité personnelle des agents de l’administration
- la responsabilité publique de droit commun
- les régimes spéciaux de responsabilité résultant de textes
particuliers
- la responsabilité du fait des lois
- la responsabilité du fait des traités
- la responsabilité du fait des activités juridictionnelles
- la responsabilité du fait des attroupements
227
PARAGRAPHE 2 : LA RESPONSABILITE DU FAIT DES
TRAVAUX PUBLICS
228
actuellement régie par les articles L.133-1 à L.133-8 du code
des Communes. Pour que la responsabilité soit mise en jeu cinq
conditions sont nécessaires :
- il faut que des crimes et délits aient été commis par des individus
formés en rassemblement ou attroupement. Cependant, le
principe de la responsabilité ne joue pas si les crimes ou délits
sont commis par des individus se détachant de l’attroupement ;
- les crimes et délits doivent être commis « à force ouverte »,
c'est-à-dire sans que les forces de police soient intervenues pour
les empêcher, ou qu’elles aient été impuissantes à le faire (T.C,
12 juin 1961, Dame Jean et Muracciole) ;
- les actes constitutifs de crime ou de délit doivent avoir causé
directement les dommages dont réparation est demandée et ne
pas en avoir simplement été l’occasion ;
- sont expressément exclus du champ d’application de ce régime
de responsabilité les dommages qui sont les faits de résultat de
guerre ;
- enfin, en ce qui concerne les dommages subis par les
participants aux attroupements ou au rassemblements, le
Conseil d’Etat avait jugé à une certaine époque qu’ils ne
rentraient pas dans le champ d’application de responsabilité
établie par la loi et qu’il revenait à la juridiction administrative de
statuer sur les dommages en appliquant les règles de la
responsabilité administrative.
229
La responsabilité éventuelle de l’Etat pour les dommages
causés par la législation diffère des hypothèses précédemment
étudiées. En effet, l’activité de l’Etat incriminée n’est pas dans
ce cas de figure, de nature administrative. Pourtant, le juge
administratif s’est reconnu compétent pour connaître de telles
actions en responsabilité.
Deux décisions illustrent la responsabilité du fait des lois :
- l’arrêt de principe est du 14 janvier 1938 (Société des
Produits Laitiers la Fleurette).
- voir également C.E, 2 mai 1962, Caucheteux et Desmont).
230
PARAGRAPHE 6. LA RESPONSABILITE DE L’ETAT
EN RAISON DES
DOMMAGES CAUSES PAR LE
SERVICE JUDICIAIRE
231
232