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Cours de droit administratif licence 2 des sciences économiques et gestions
Docteur KIKI NEME
INTRODUCTION
Le droit est, en général, appréhendé comme l’ensemble des règles édictées par l’Etat
pour régir les rapports humains dans une société donnée.
La summa divisio du droit est un composé binaire. Il comporte le droit privé et le droit
public. Le premier régente les rapports entre personnes privées, dont les particuliers ou
individus. Le second s’applique à un type particulier de rapports sociaux, ceux qui s’établissent
entre gouvernants et gouvernés ou encore entre gouvernants ou pouvoirs publics (le parlement
ou l’Assemblée nationale, le pouvoir judiciaire).
Le droit administratif, qui nous intéresse ici, est à l’instar des autres branches, détaché
du droit commun pour prendre son autonomie. Il peut, en ce sens, être sommairement défini
comme le droit applicable à l’Administration et comportant des règles particulières dérogatoires
au droit commun c'est-à-dire au droit privé. Sa spécificité par rapport au secteur privé réside,
en effet dans trois (3) éléments étroitement liés. Ce sont respectivement le but qu’elle poursuit :
l’intérêt général ; les moyens utilisés pour atteindre ce but : la puissance publique et enfin les
personnes mettant en jeu ces moyens : les personnes publiques.
Intérêt public
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Puissance publique
L’intérêt général devant prévaloir sur l’intérêt des particuliers, l’Administration dispose de
prérogatives dites de « Puissance Publique », qui participent sans contexte de la souveraineté
de l’Etat. Ces prérogatives, reconnues à l’Administration s’analysent en des dérogations au
régime juridique de droit commun des particuliers. Ces dérogations se répartissent à la vérité,
en prérogatives de puissance publique, et en sujétions de puissance publique.
Personne publique
Les activités administratives sont assumées par des personnes publiques, à la différence de
celles du secteur privé, qui le sont par des personnes privées. Les personnes publiques, qui sont,
en l’espèce, plus précisément des personnes publiques administratives, se répartissent en
deux (2) grandes catégories. Ce sont :
Exemple : Cette catégorie est représentée par les Etablissements publics. Nous avons, par
exemple, l’Université Peleforo Gon Coulibaly (UPGC), le Centre Hospitalier Régional de
Korhogo (CHR)…
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sa particularité par rapport au droit privé. Et en ce sens, l’on peut affirmer qu’il constitue un
droit spécial.
Le concept restrictif du droit administratif s’impose donc, elle prévaut d’autant plus que
le juge affirme et applique le principe de l’autonomie du droit administratif.
A- L’AUTONOMIE MATERIELLE
Ratione materiae, l’autonomie du droit administratif est affirmée en France comme en Côte
d’Ivoire (CI), par rapport aux règles du droit privé. En France c’est l’arrêt Blanco qui consacre
cette autonomie. En CI, c’est l’arrêt de la société des Centaures Routiers. La décision rendue
par la Cour suprême, chambre administrative dans l’ arrêt des Centaures Routiers rappelle en
effet que : « la responsabilité qui peut incomber à l’Etat pour des dommages causés auxdits
usagers ne peut être régie par les principes qui sont établis pour les rapports des particulier à
particulier ; que cette responsabilité n’est ni générale, ni absolue, qu’elle a ses règles spéciales
qui varient suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l’Etat avec
les droits privés ».
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B- L’AUTONOMIE SPACIALE
Le juge ivoirien se doit de rechercher des solutions originales, spéciales, adaptées à notre
société, à l’ère du temps ; faute de quoi le droit administratif demeurerait formellement un droit
ivoirien, mais substantiellement un droit extranéen.
En plus de son caractère autonome, le droit administratif présente deux (2) autres traits
distinctifs, qui confèrent à l’autonomie sa substance. Le droit administratif s’appréhende en
effet comme un droit essentiellement jurisprudentiel par ses sources (A) et un droit exorbitant
du droit commun par son contenu (B).
Le droit administratif, contrairement au droit civil, n’est pas un droit codifié (écrit), mais
un droit, qui a été progressivement élaboré par le juge. La jurisprudence est, en effet, créatrice
de normes juridiques et la base principale du droit administratif.
Certes, il existe quelques textes en droit administratif. Mais, ces textes sont peu
abondants et surtout ne comportent aucune cohérence, ni base commune. Aussi, la
jurisprudence vient-elle combler les lacunes législatives. Elle constitue la base même du droit
administratif et occupe, de ce fait, une place « exceptionnelle ».
Comme précédemment indiqué, le droit administratif est un droit spécial, en ce que ses
règles sont exorbitantes du droit commun. Cette exorbitance procède de la puissance publique
dont est investie l’Administration et qui révère une double dimension s’exprimant en
prérogatives, ou, au contraire, en sujétions.
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des particuliers et jouent dans le sens de la majoration de ses droits. Exemple : l’administration
peut résilier unilatéralement un contrat lorsqu’elle juge que le contrat n’a plus sa raison d’être.
Exemple : Ainsi, à la différence des particuliers, qui disposent du libre choix de leurs buts, de
leurs employés et de leurs cocontractants, l’Administration a à sa charge l’obligation de ne
poursuivre qu’un seul but, l’intérêt général, et de ne recruter ses agents et de ne contracter que
selon les conditions et procédures strictes imposées par la loi.
- Les moyens de l’Administration que sont l’acte unilatéral et les contrats administratifs
(chapitre II).
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L’administration, qui poursuit un but d’intérêt général, est investie de missions très
importantes. Celles-ci sont toutes aussi nombreuses que diversifiées. L’on indiquera, qu’elles
vont du ramassage des ordures ménagères, y compris la destruction d’animaux nuisibles, à la
défense et à la sécurité nationales, en passant par les missions diplomatiques et consulaires.
Ces prestations de service public, quoique nombre d’entre elles soient analogues à celles
fournies par les administrés, c’est-à-dire de simples particuliers, sont assujetties à des règles de
droit public.
Ces règles, exorbitantes du droit commun, régissent la notion même de service public
(paragraphe 1) et ses modes de gestion (paragraphe 2).
Le service public est une notion essentielle du droit administratif, prétendant constituer le
critère unique de cette branche du droit public. Et pourtant, ni le législateur, ni la jurisprudence
n’en donnent une définition. Aussi, ne peut-on que faire appel à quelques éléments constitutifs,
ou à tout le moins d’identification du service public, pour tenter d’en dégager la notion.
Notre paragraphe sera divisé en deux sous parties. D’une part, la notion de service public
(A) et d’autre part, le fonctionnement du service public (B).
Le service public peut être appréhendé comme une activité d’intérêt général exercée par ou
sous le contrôle de l’Administration. Le service public se définit d’abord comme une activité.
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Et, en ce sens, il comporte une double définition, mais avec la primauté de la définition
matérielle.
a- La définition organique
Cette définition se réfère à l’organe de gestion. Le service public est, dans ce cas, une entreprise
gérée par l’Administration. Il désigne un organisme ou un appareil administratif ou encore une
institution administrative, chargé d’exécuter une activité donnée.
b- La définition matérielle
Le service public désigne alors l’activité destinée à satisfaire un besoin d’intérêt général.
Il en va de même la santé publique, que cette activité soit prise en charge par un CHU ou une
clinique privée.
Cette primauté précède de ce que le critère matériel est, à lui seul, suffisant pour définir le
service public. Il n’est pas nécessaire de prendre en considération le caractère administratif de
l’organisme qui exécute l’activité.
Ainsi, un service public peut être géré par des personnes morales de droit privé, voire par
de simples particuliers. Ex : Arrêt Epoux Bertin (CE 20 Avril 1956.Q.A J A n° 79).
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Les règles de fonctionnement des services publics sont de deux ordres. Certaines sont
communes à tous les services publics, elles sont dites « Lois » du service public (1) ; d’autres
sont particulières à chaque catégorie de services publics (2).
1-Les règles communes à tous les services publics : les lois du service public
Les règles communes, parce qu’elles sont applicables à tous les services publics, sans
distinction aucune, sont appelées « lois du service public ». Ces services ou lois sont au nombre
de quatre (4) :
- La continuité.
Le fait d’ériger une activité en service public témoigne de son caractère de nécessité
impérieuse pour la communauté. Ainsi, celui-ci doit-il fonctionner de manière ininterrompue.
Le principe de la continuité du service public est à concilier avec le droit de grève, dont dispose
les agents dudit service et qui peut en perturber le fonctionnement régulier.
- La mutabilité ou l’adaptation
Le service public doit toujours être adapté aux exigences nouvelles de l’intérêt général.
Les besoins de la communauté, pouvant varier dans le temps, le service public doit s’y adapter,
prenant en compte les besoins nouveaux.
Ex : Les agents de l’Etat, fonctionnaires ou non, n’ont pas un droit acquis au maintien de leur
statut, celui-ci pouvant être modifié (Cf. situation statutaire et réglementaire des
fonctionnaires).
Le fonctionnaire peut être affecté à un emploi, qui ne correspond pas à son grade et l’agent
contractuel, peut être licencié en cas de suppression d’emplois.
- L’égalité
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Le « principe de l’égalité » devant le service public découle du principe de l’égalité des citoyens
devant la loi, consacré par la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789
(en son article 1er).
Ainsi ce principe revêt-il un aspect particulier de l’égalité d’accès de tous les citoyens à la
fonction publique.
Le service public doit traiter ses usagers sur un pied de stricte égalité, sans discrimination. En
d’autres termes, l’administration ne saurait soumettre certains d’entre eux à un régime de
« traitement privilégié ».
- La neutralité
Le service public doit fonctionner en ayant en vue uniquement l’intérêt général. Il ne doit
prendre en compte ni les opinions politiques, ni les croyances religieuses, idéologiques ou
philosophiques, ni le sexe, ni la race, ni les considérations ethniques des usagers.
Alors que les règles générales s’appliquent à l’aspect service public, les règles
particulières visent les caractères du service public.
Ainsi convient-il de distinguer deux (2) catégories de services publics : les Services
Publics Administratifs (SPA), et les Services Publics Industriels et Commerciaux (SPIC), droit
privé.
Trois critères principaux sont retenus par le juge pour distinguer les deux (2) catégories
de service. Ce sont respectivement ceux tirés de l’objet du service, son mode de financement et
ses modalités d’organisation et de fonctionnement.
- L’objet du service
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Si le service est alimenté par des redevances payées par les usagers en contrepartie des
prestations reçues, il revêt un caractère industriel et commercial.
Si, au contraire, le service est alimenté par une subvention ou une taxe, en dehors de toute
prestation, alors il est administratif (SPA).
Si le service public est exploité « dans les mêmes conditions qu’un industriel ordinaire », il
présente alors le caractère de SPIC. Ces conditions ont trait au recours aux usages du commerce,
à la réalisation de bénéfices, aux modalités d’organisation semblables à celles des entreprises
privées, notamment la soumission aux règles de la comptabilité privée.
Si, au contraire, le service ne fonctionne pas dans les mêmes conditions qu’une entreprise
privée, il revêt un caractère administratif.
Les modes de gestion des services publics viennent de s’enrichir d’une nouvelle notion, la
délégation de service public. Consacrée par le Décret n° 2009-259 du 6 Août 2009 portant
code des Marchés publics.
Le choix des personnes publiques peut consister d’abord à faire gérer le service public soit
par une personne publique (A), soit par une personne privée (B).
Le choix peut consister pour les personnes publiques territoriales (Etat, régions et
communes) à gérer elles-mêmes le service public ou à en confier la gestion à une personne
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publique spéciale, l’Etablissement public. Il en découle deux (2) procédés distincts : la régie (1)
et l’établissement public (2).
1- La régie
La régie, en ce qui la concerne, il faut distinguer deux formes : La régie simple ou directe
et la régie intéressée.
Elle correspond à la gestion directe du service public par la collectivité territoriale dont il
dépend. C’est ce qui explique l’appellation de « régie directe ».
Il en va ainsi du ministère qui, comme il a été indiqué, n’a aucune personnalité juridique.
b- La régie intéressée
Le code des Marchés publics définit la régie intéressée comme « le mode de gestion par
lequel l’autorité contractante finance elle-même l’établissement d’un service public, mais en
confie l’exploitation à une personne privée ou publique qui est rémunérée par l’autorité
contractante tout en étant intéressée aux résultats que ce soit au regard des économies
réalisées, des gains de productivité ou de l’amélioration de la qualité du service ».
Tout comme la régie directe ou simple, la régie intéressée est dépourvue de personnalité
juridique. La différence entre la régie simple et la régie intéressée est, en revanche de degré.
Elle réside dans le fait que la gestion n’est pas directe et est intéressée.
2- L’Etablissement public
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Il n’est donc rien d’autre qu’un service public personnalisé ou personnifié. Et, en ce sens, il
constitue un mode de gestion qui se distingue fondamentalement de la régie, qui est dépourvue
de la personnalité morale.
Les collectivités publiques peuvent enfin choisir de confier la gestion du service public à
des personnes privées, physiques ou morales et, dans ce cas, opter entre divers modes, dont le
plus répandu, mais aussi le plus important, est la concession de service public.
La concession de service public se définit comme le procédé par lequel une personne publique,
appelée autorité concédante ou concédant confie à une personne privée, dénommée
concessionnaire, l’exploitation d’un service public, moyennant une rémunération perçue sur les
usagers.
Elle s’appréhende, non comme un simple contrat, mais plutôt comme un acte mixte. Certes, la
concession revêt la nature d’un contrat, celui conclu entre le concédant et le concessionnaire.
C‘est même un contrat administratif, soumis en cette qualité au régime exorbitant du droit
commun.
Le concessionnaire bénéficie d’un certain nombre de droits et de privilèges qui lui sont accordés
par le concédant. A cet effet, il bénéficie de prérogatives de puissance publique.
En plus de ces prérogatives, le concessionnaire se voit aussi imposer des obligations. Il lui est
interdit de céder partiellement ou a fortiori totalement la concession. Il est aussi tenu de
respecter les lois du service public.
Elle constitue, selon le code des marchés publics précité de 2009, l’une des formes de la
gestion déléguée de service public.
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Elle se distingue en ce sens de la police judiciaire (qui est répressive) dont la mission
est de constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et de poursuivre les
auteurs. La police administrative se manifeste à la fois par des activités matérielles comme
notamment la surveillance de défilés, la mise en place des barrages routiers, etc.
- Lorsque la police est exercée sur un territoire donné, à l’égard de toute activité ou de toute
personne, on parle de pouvoir de police générale. Cette police générale est exercée par le
Président de la République et le ministre de l’intérieur et de la sécurité, enfin par les autorités
locales (le préfet ou le sous-préfet, le maire).
- Au contraire, ce pouvoir de police est spécial, si un texte précise son champ d’application, le
contenu ou les modalités de mise en œuvre des pouvoirs de police. En d’autres termes, la police
administrative spéciale est celle qui vise à réglementer un domaine particulier d’activité ou une
certaine catégorie de personnes.
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d’enseignement supérieur conclut le 24 avril 1961 avec la République française en son article
12.
L’étude de cette mission de police administrative nous amènera à envisager les trois (3)
problèmes essentiels qu’elle pose et de ce fait à examiner successivement :
les buts de la police administrative (paragraphe 1), les procédés de police (paragraphe 2) et
enfin les limites auxdits pouvoirs de police (paragraphe 3).
La police administrative est ici définie par son but à savoir le maintien de l’ordre public. La
notion d’ordre public qui se réduisait à la trilogie traditionnelle (A), connait de nos jours une
extension (B).
A- LA TRILOGIE TRADITIONNELLE.
Elle résulte de la charte municipale du 5 Avril 1884, qui définit en son article 97, la police
municipale comme visant : « le bon ordre, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques ».
Cette trilogie comprend trois (3) buts qui sont :
1- La tranquillité publique
La police administrative vise à réprimer le tumulte dans les lieux d’assemblée publique, les
disputes d’ameutements dans la rue, les attroupements et les bruits susceptibles de troubler le
repos des administrés.
2- La sécurité publique
La police administrative vise à prévenir les accidents qui menacent les administrés, les
citoyens, dans les rues et même à l’intérieur de la maison d’habitation.
Les mesures de police sont ici destinées à protéger l’intégrité physique et même
psychologique des administrés. Ces mesures concernent notamment :
- La circulation sur les voies publiques : qui inclut la limitation de vitesse, la réglementation
du droit de stationnement, les professions exercées sur les voies publiques (les marchands
ambulants, les photographes-filmeurs).
- La lutte contre les agressions.
- La prévention de fléaux et calamités : les incendies, inondations.
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- Tout ce qui intéresse la sureté et la commodité de passage dans les rues et places
publiques : éclairage, enlèvements des encombrements, démolition d’édifice menaçant ruine…
3- La salubrité publique
Ainsi, les mesures de police adoptées, au titre de la salubrité publique, doivent viser à :
- assurer l’hygiène publique par le ramassage des ordures dans les rues, les maisons même
privées ;
La notion d’ordre public déborde désormais largement le cadre de la trilogie classique pour
s’étendre à d’autres buts que sont : la moralité publique, l’esthétique et le respect de la dignité
humaine.
1- La moralité publique
Avant 1959, la seule atteinte à la moralité publique ne pouvait constituer un motif légal
d’intervention des autorités de police.
Depuis 1959 avec l’arrêt société « Les films Lutetia », en date du 18 décembre 1959
(G.A.100), la moralité publique est devenue un motif légal et autonome d’intervention de
l’autorité de police.
Dans cet arrêt, il s’agissait de l’interdiction de la projection d’un film par le maire de Nice au
motif que ce film était « contraire aux bonnes mœurs ou de nature à avoir une influence
pernicieuse sur la moralité publique ».
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2- L’esthétique
La recherche du bon, c'est-à-dire « du bon ordre public », n’exclut pas celle du beau c'est-
à-dire du « bel ordre public ». Aussi l’esthétique n’est-elle pas laissée de côté. Confère l’arrêt
Sieur Leroux (CE 2 aout 1924, REC 780). Dans cet arrêt, le juge a reconnu au maire le droit
de prendre, en vertu de ses pouvoirs de police, des mesures « dans un but d’intérêt général
afin de ménager les plantations d’arbres riveraines de la voie publique qui contribuent à
l’embellissement de la rue ou de la promenade ».
Le respect de la dignité humaine devient une composante de l’ordre public. Confère arrêt
Commune de Morsang-Sur-Orge dite « lancer de nains », en date du 27 octobre 1995 (G.A.
J.A 108).
Ce sont les moyens dont dispose l’autorité compétente pour atteindre le but de la police
administrative, le maintien de l’ordre public.
Ces procédés ont pour effet de limiter la liberté d’action des particuliers. Ce sont donc des
procédés exorbitants du droit commun, qui témoignent de la spécificité de la police
administrative.
Ces procédés sont au nombre de deux : Les mesures réglementaires et les mesures
individuelles.
Ces mesures générales sont restrictives de libertés. Elles s’adressent à un nombre indéterminé
de particuliers et comportent les modalités suivantes :
1- La réglementation
Elle consiste pour l’autorité de police à déterminer les conditions d’exercice d’une liberté ou
d’une activité donnée.
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2- La déclaration préalable
Elle consiste, pour le particulier, à n’exercer une activité qu’après avoir informé, averti
l’autorité de police. Exemple : la liberté d’association
3- L’autorisation préalable
Elle consiste, pour le particulier, à n’exercer une activité qu’après avoir obtenu
l’autorisation expresse de l’autorité de la police. Ainsi, les films et les enregistrements sonores
sont soumis au régime de l’autorisation préalable.
4- L’interdiction
Elle constitue une mesure plus sévère, qui consiste à prohiber l’exercice d’une activité
déterminée.
Exemple : Il est interdit de stationner sur les parties d’une route occupée ou traversée par
une voie ferrée, d’y laisser à l’arrière des véhicules ou des animaux ou faire emprunter les
rails de la voie ferrée par des véhicules étrangers à son service.
Ce sont des mesures restrictives de liberté, qui s’adressent à un ou à quelques administrés bien
déterminés.
Les pouvoirs de police s’analysent en des restrictions apportées aux libertés des administrés,
le droit public leur impose des limites très strictes.
Celles-ci tiennent à la fois au respect de la légalité, plus précisément des libertés publiques et
au contrôle juridictionnel.
Le but recherché par la loi, c’est de concilier la nécessité de maintenir l’ordre public
avec le respect des libertés des citoyens.
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La caractéristique essentielle des libertés publiques, c’est qu’elles font l’objet d’une protection
spéciale de la loi et le juge exige de ce fait leur strict respect.
Les libertés définies sont celles prévues et organisées par la loi qui leur confère une
protection toute particulière. Ce sont les libertés de la presse.
B- LE CONTROLE JURIDICTIONNEL
Pour garantir la liberté contre la restriction de police et maintenir ainsi l’équilibre liberté-
autorité, le juge exerce un contrôle assez étendu, assez poussé.
Le contrôle juridictionnel est d’autant plus important qu’il porte à la fois sur le but de la mesure
de police, ses motifs et ses moyens.
- Le but de police : la mesure de police doit être strictement limitée à son but, le maintien
de l’ordre public.
- Les motifs de police : la mesure de police, particulièrement l’interdiction doit être justifiée
par une menace grave à l’ordre public, laissée à l’appréciation souveraine du juge.
- Les moyens de police : le juge contrôle les moyens employés par les autorités de police,
ainsi que leur adaptation au motif de fait.
Les limites, qui en résultent pour l’exercice des pouvoirs de police, s’expriment dans trois
règles : Interdiction des mesures générales et absolues, adaptation des mesures et épuisement
de toutes les voies de recours.
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ADMINISTRATIFS
Pour accomplir ses deux (2) missions fondamentales de prestation de service publique
et de maintien de l’ordre public et, ce, dans le strict respect de la légalité, l’Administration
dispose d’un certain nombre de moyens, aussi important que diversifiés.
On peut classer ces moyens en quatre (4) grandes catégories : les moyens financiers,
juridiques, humains et matériels.
L’acte administratif unilatéral est l’acte qui émane de la seule volonté de l’Administration
et qui s’impose à son destinateur, l’administré, sans le consentement de ce dernier.
L’étude d’un tel acte conduit à analyser la notion qui le caractérise (paragraphe 1) avant
le régime juridique auquel il est soumis (paragraphe2).
PARAGRAPHE 1 : NOTION
Tous les actes juridiques émanant de l’administration ne sont pas des actes administratifs. Une
autorité administrative peut en effet édicter aussi bien des actes administratifs que des actes
privés.
Aussi importe-t-il d’appréhender ceux qui révèlent le caractère administratif. Pour ce faire, l’on
tentera de les définir (A) puis de les classer afin de mieux en cerner la notion (B).
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A- Définition
Le principe consacré par le législateur comporte cependant des exceptions, qui en réduisent
la portée.
1- Le principe
L’acte, pour revêtir le caractère administratif, doit émaner d’une autorité administrative, c'est-
à-dire d’un organe investi du pouvoir administratif. Ce qui exclut d’une part, les actes émanant
des personnes privées, qu’elles soient physiques ou morales et d’autre part, les actes émis par
les autorités publiques non administratives que sont : Les autorités législatives, exécutives et
judiciaires.
- Les actes de l’autorité législative : Il s’agit des actes de l’Assemblée Nationale qui vont des
lois formelles aux « actes parlementaires » en passant par les règlements intérieurs, ne sont pas
des actes administratifs.
- Les actes des autorités judiciaires : Ces actes posent problème, car il faut procéder à la
distinction entre les actes d’organisation du service public de la justice et ceux relatifs à son
fonctionnement, c’est-à-dire à l’exercice de la fonction juridictionnelle.
Les premiers sont des actes administratifs tandis que les seconds constituent des actes
juridictionnels.
- Les actes des autorités « exécutives » : qualifiée d’actes de gouvernement, cette catégorie
spécifique d’actes du gouvernement, non justiciables des tribunaux, ne constitue pas des actes
administratifs, mais de véritables actes politiques.
2- Les exceptions
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Certains actes, quoique émis par les autorités administratives, n’ont pas la qualité
d’actes administratifs.
Cette situation s’explique par le fait que lesdites autorités, tantôt exercent des fonctions
juridictionnelles, tantôt agissent dans le cadre de la gestion privée.
A l’inverse de l’hypothèse précédente, les actes pris par des organismes privés sont
administratifs, s’ils sont liés à l’exécution d’un service public et comportent l’usage de
prérogatives de puissance publique.
Il en va ainsi de la décision prise par le Conseil supérieur de l’Ordre des médecins, qui refuse à
un médecin d maintenir un cabinet secondaire dans une commune autre que celle où il était
installé. L’acte édicté par le Conseil a été qualifié d’administratif, quoiqu’il ne soit pas un
organe administratif.
On peut ainsi distinguer les actes : du Président de la République, des ministres et des autres
autorités administratives.
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a- Les décrets
Les décrets : Le décret est la forme que prennent généralement les actes du Président de la
République.
On distingue deux (2) catégories de décrets : les décrets en Conseil des ministres et les
décrets simples.
Les décrets en Conseil des ministres : ils sont soumis à deux principes essentiels,
prescrits à la constitution. On note ainsi les décrets réglementaires et les décrets non
réglementaires (qui concernent les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat).
Les décrets simples : Ce sont ceux pris en dehors du Conseil des ministres, ils portent
notamment nomination des membres du gouvernement, nomination à d’autres emplois
de l’Etat.
A la différence des décrets en Conseil des ministres, qui sont des actes solennels et qui
doivent être expressément prévus par un texte (article 71 de la constitution) ceux-ci (décrets
simples) existent en dehors de tout texte.
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- Les arrêtés : L’arrêté est la forme la plus solennelle des actes des ministres. L’arrêté
ministériel est la plus souvent réglementaire. Mais, il peut être individuel ou collectif. L’arrêt
interministériel est celui signé par deux (2) ou plusieurs ministres.
Ces arrêtés, lorsqu’ils sont réglementaires constituent des actes administratifs susceptibles d’un
recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif.
- Les autres actes : en dehors des arrêtés, les ministres peuvent édicter une diversité d’actes :
décisions individuelles, instructions de service, décision individuelle, note de service et
circulaires… .
On a les actes des préfets, sous-préfets, président du conseil général, gouverneur, maires, qui
sont aussi appelés « arrêtés ».
Mais ces autorités peuvent aussi prendre d’autres actes, tels que : des décisions, notes et
circulaires…
Les règles qui régissent les actes administratifs relèvent du droit public, plus précisément du
droit administratif. Elles sont de ce fait différentes de celles du droit privé. Elles y dérogent
et sont exorbitantes du droit commun.
Ces règles particulières ont trait à l’élaboration des actes administratifs (A) autant qu’à leurs
effets (B).
L’élaboration de ces actes obéit à des règles de compétence d’une part, et d’autre part, de
forme.
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La compétence est l’aptitude légale reconnue à une autorité administrative à prendre des
actes et, en l’occurrence, des actes administratifs.
Elle est déterminée soit par la constitution elle-même (art 44 et suivant : compétence du
président de la République), soit par les lois ou les règlements (loi 10 avril 1961 relative au
fonctionnement des départements, compétence des préfets……) soit par la jurisprudence.
L’acte administratif, pour être valide, doit, en vertu du principe de légalité, respecter certaines
règles de forme.
L’écrit constitue la forme la plus fréquente et le non écrit la forme la plus rare. L’acte
administratif est normalement en forme écrite, c’est en effet sous cette forme qu’il se présente
le plus souvent. Exemple : Il en va ainsi des décrets et arrêtés qu’on ne concevrait pas autrement.
L’acte administratif peut apparaitre sous la forme non écrite dans deux hypothèses distinctes :
les décisions verbales et les décisions implicites.
Elles peuvent être prises par les autorités administratives, en l’absence, bien sûr, de textes
contraires prescrivant la forme écrite.
Elles résultent du silence gardé par l’autorité administrative pendant un certain temps.
Lorsque ses différentes conditions d’élaboration sont réunies, l’acte administratif, à l’instar
d’un être vivant, « nait, vit, et meurt ».
Les effets de l’acte administratif se rapportent précisément à son entrée en vigueur, à son
exécution et à sa fin.
1 – L’entrée en vigueur
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L’entrée en vigueur de l’acte administratif, qui marque son point de départ, comporte trois
modalités : sa validité, son opposabilité, et sa non rétroactivité.
a- La validité
Dès son émission, c’est à dire dès sa signature, par l’autorité compétente, l’acte devient valide,
obligatoire, existe juridiquement.
b- L’opposabilité
C’est l’application effective de l’acte aux administrés. Celui-là n’est opposable à ceux-ci que
s’il a fait l’objet d’une publicité, c’est à dire à partir du moment où il a été porté à leur
connaissance. Elle revêt deux formes :
- La notification est un « mode de publicité personnel ». Elle doit être utilisée pour les
décisions individuelles. Celles-ci doivent en effet être directement et personnellement
porter à la connaissance des intéressés. Ex : Article 83 de la loi précitée du 10 Avril 1961
relative au fonctionnement des départements et des préfectures précise que : « les arrêtés
individuels… doivent être notifiés à la personne ».
- La publication est un mode de publicité général et impersonnel destiné à porter l’acte à la
connaissance de tous les administrés ou de tous ceux qui pourraient être intéressés.
La publication peut se faire de diverses manières, dont les principales sont :
L’insertion au Journal Officiel (J.O) de la République de Côte d’Ivoire : c’est le
cas, tous comme des lois, des ordonnances, décrets et arrêtes, qui sont
exécutoires sur le territoire national, 3 jours francs après leur insertion.
En cas d’urgence, on procède par voie d’affiches à la préfecture et trois
communiqués à la radio ou dans le recueil local.
c- La non- rétroactivité
2- L’exécution de l’acte
Ces moyens, qui assurent l’exécution par voie administrative de l’acte sont, à juste titre,
appelés privilèges. On en distingue deux :
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a- Le retrait
Le retrait de l’acte régulier n’est possible que si celui-ci n’a pas créé de droits. Il y a donc
lieu de distinguer l’acte créateur de droits de l’acte non-créateur de droits.
b- L’abrogation
L’abrogation de l’acte régulier est possible. Toutefois, une distinction s’impose selon qu’il
s’agit d’un règlement ou d’un acte individuel.
- Concernant les règlements, ils peuvent être abrogés ou modifiés à tout moment, car il n’y
a aucun droit acquis au maintien d’un règlement.
- Les actes individuels : ils peuvent également être abrogés (ou modifiés). Mais les règles
varient selon que l’acte a créé ou non des droits.
- Les actes individuels créateurs de droit ne peuvent être abrogés que dans les conditions
locales c’est à dire conformément aux droits et règlements en vigueur.
- Les actes individuels non créateurs de droit ne peuvent être abrogés.
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Du fait que tous les contrats de l’administration ne sont pas des contrats administratifs,
il se pose le problème de leur identification juridique. Ce problème conduit à rechercher le
critère du contrat administratif, qui, une fois dégagé, permettra de passer en revue les principaux
contrats administratifs.
1 – La qualification légale
Elle est opérée par le législateur qui qualifie tantôt le contrat de droit administratif ou tantôt
de droit privé (en distribuant la responsabilité au juge judiciaire ou au juge administratif en
raison de la dualité de juridiction dans certains pays).
2 – La détermination jurisprudentielle
Dans le silence du législateur, le juge intervient pour combler les lacunes afin d’identifier le
critère du contrat administratif. Pour reconnaitre au contrat le caractère administratif, le juge en
retient deux conditions (sont retenues).
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Pour déterminer si un contrat est administratif, il faut examiner les parties au contrat (critère
organique).
Pour qu’un contrat puisse revêtir le caractère administratif, il faut que l’une au moins
des parties soit une personne publique.
b – Le contenu du contrat
Le contrat, conclu par une personne publique, ne serait être administratif que dans 3 autres
cas se référant au contenu du contrat.
Ces critères, dits matériels, sont alternatifs et tirés tantôt de l’objet du contrat, tantôt de la
présence de clause exorbitante et tantôt du régime exorbitant.
- L’objet du contrat
Un contrat, passé par une personne publique, est reconnu administratif s’il a pour objet de
confier au cocontractant (celui avec qui l’administration conclut le contrat) « l’exécution
même » du service public. Ce critère est consacré par la jurisprudence Epoux Bertin en date du
20 avril 1956 (GAJA 94).
Lorsqu’ un contrat, conclu par une personne publique, n’a pas pour objet de confier au
cocontractant l’exécution même du service public, il peut être reconnu administratif, s’il
renferme « des clauses exorbitantes du droit commun ».
- Le régime exorbitant
Un contrat, passé par une personne publique, qui ne comporte ni rapport direct avec le service
public, ni clause exorbitante du droit commun, est administratif, s’il est « soumis à un régime
exorbitant du droit commun ».
Le régime exorbitant peut donc s’entendre de celui consistant en un cadre juridique fixé par
les lois et règlements et comportant pour les parties au contrat des droits et des obligations qui
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sont étrangers aux relations entre particuliers. Le juge retient deux obligations faites aux parties
au contrat de conclure des contrats et de faire pencher leur désaccord par décision ministérielle.
Ce sont les marchés publics, les concessions de service public et les autres contrats.
Alors qu’en droit privé, en vertu de l’article 1134 du code civil, les cocontractants sont
dans une situation juridique égale, en droit public, l’une des parties, l’Administration, est dans
une situation de supériorité.
Telle est l’originalité de la théorie des contrats administratifs, qui se manifeste dans les
prérogatives de l’Administration (A) et les garanties du cocontractant (B).
1- Le pouvoir de supervision
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Pour les besoins du service public, l’Administration peut résilier unilatéralement le contrat
qui le lie au cocontractant. Ex : Conseil d’Etat en date du 2 Mai 1958, dans l’arrêt Distillerie de
Magnac-Laval.
Dans cette affaire, l’Administration a mis fin à ce contrat pour des raisons économiques.
4 – Le pouvoir de sanction
L’Administration peut prononcer des sanctions contre les cocontractants. Ces sanctions se
situent à trois niveaux :
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