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Paix – Travail – Patrie Peace – Work - Fatherland
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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
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UNIVERSITY OF DOUALA THE UNIVERSITY OF DOUALA
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FACUTÉ DES SCIENCES FACULTY OF LAW AND
JURIDIQUES ET POLITIQUES POLITICAL SCIENCES
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DEPARTEMENT DE DROIT PUBLIC PUBLIC LAW DEPARTMENT
INTRODUCTION
L’expression « droit administratif » n’est pas des plus claires. Cette notion est le
produit aléatoire d’une évolution historique française. Le droit administratif est un miracle
comme le dit la doctrine française. Le droit administratif est inséparable de son contexte
publiciste comme branche du droit public ayant pour objet la souveraineté en action, l’État en
mouvement. Le droit applicable à l’administration reflète inévitablement le caractère écrit du
droit public.
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Dans une conception « large », l’administration recouvre l’ensemble des personnes
morales ayant une mission d’administration (mission de service public). Il s’agit d’organes
publics ou des organismes à statut privé. Biens souvent ces personnes correspondent à des
collectivités, c’est-à-dire à un groupement humain présentant une certaine homogénéité.
L’État lui-même se trouve répondre à cette définition. Les autres collectivités lui sont
subordonnées. Elles sont infraétatiques (à l’intérieur de l’État communes, région…). Elle
correspond à une fraction de la collectivité étatique. Elle s’identifie aux personnes morales de
droit public différent des personnes morales de droit privé d’où la summa divisio entretenue
dans l’hémisphère romano-latin entre le droit public et le droit privé.
L’administration c’est aussi des personnes physiques. Elles agissent pour le compte
des personnes morales et leurs statuts sont très différenciés : le Président de la République,
membre du gouvernement, élus locaux, préfet, fonctionnaires et agents contractuel.
L’administration c’est l’ensemble des activités qui, selon certaines modalités, tendent
au maintien de l’ordre public et à la satisfaction des autres intérêts généraux. C’est la
conception que semble retenir l’imaginaire africain. Mais l’administration peut être aussi le
fait de certaines personnes privées.
Le droit administratif qui se veut être la base scientifique du droit public est issu d’une
longue évolution historique.
Dès le 19e siècle, alors que se développait les juridictions administratives, s’est posée
la question du droit qu’elles doivent appliquer à l’administration. Est-ce le droit public sous
réserve de certaines règles propres ou un droit spécial décoratoire par rapport au droit privé ?
L’autonomie du droit administratif au sein du droit public n’est que relative, avec la
constitutionnalisation du droit administratif. De même, l’exorbitance qui était la
caractéristique de ce droit semble progressivement s’éviter avec la banalisation du droit
administratif et des personnes privées. La notion deux droits deux juges, la compétence sur le
fond devient tout relative et sape les fondements du droit administratif.
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C- Les fondements théoriques du droit administratif
Le fondement c’est la raison d’être, la justification de ce qui autorise une action c’est-
à-dire l’élément essentiel servant de base. Sur le plan biologique on appelle racines. Ce sur
quoi repose une discipline. La référence au fondement chez les juristes renvoie ainsi à la
raison qui justifie la discipline. Ce fondement peut être théorique, historique ou idéologique
au droit administratif. Il est plus théorique qu’historique. A cet égard, trois juristes acquièrent
une grande autorité. Edouard LAFERRIERE dégage le principe du contrôle administratif. Il
est aussi à l’origine de la notion des actes d’autorité ; et l’école de la puissance publique
portée par Maurice HARIOU insiste sur les prérogatives de l’autorité administrative qui
constitue la puissance publique, tout en s’opposant à la notion de service public. On l’a encore
appelée l’école de Toulouse.
La question de fondement est l’une des plus difficiles du droit administratif. Elle
impose en effet le pouvoir déterminé de manière objective les cas dans lesquels il convient
d’appliquer à l’administration un régime de droit public que du droit privé. C’est la question
de critère de droit administratif. Pari stupide car la doctrine n’a jamais vraiment réussi à la
résoudre. La diversité de situations juridiques appliquées à l’administration, la supposition des
gestions de compétences vont au-delà des querelles d’école service public - puissance
publique, de la question du critère d’un problème pratiquement insoluble et aujourd’hui
d’ailleurs largement dépassé comme le montre si bien le professeur Jacques CHEVALLIER
dans la fin des écoles.
Les traits caractéristiques du droit administratif sont nombreux. Mais sa spécificité est
révélée par les caractères suivants : inégalitaire, prétorien, autonome.
1- Droit inégalitaire
Ce caractère tient compte de la formation du droit administratif. Il a été pensé connu à
un droit inégalitaire pour faciliter l’action des personnes publiques en tant que droit de
privilèges. Il reflète le monopole de la contrainte concédée à l’État et partant, à son
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administration, en vue de remplir sa mission d’intérêt général tout en assurant la primauté des
faits étatiques sur les faits particuliers. L’administration dispose ainsi des prérogatives
d’actions, mais à l’ère de l’État de droit, ces prérogatives se rationalisent sous la contrainte de
la démocratie administrative et la protection de droit. La recherche de cet équilibre est
essentiellement de la responsabilité du juge d’où son caractère jurisprudentiel.
2- Droit prétorien
Le droit administratif est ici encore un droit jurisprudentiel ; sans vouloir l’exprimer, il
n’y a pas de sources écrites. L’on veut dire que cette interrogation qu’en l’absence de Cour,
les grandes lignes du droit administratif ont été désignées par le juge administratif d’où
l’existence en droit administratif des PGD. L’appréciation du caractère prétorien est de l’ordre
qualificatif, méthodique et non quantitatif. Mais la jurisprudence ne peut dénicher la seule
source du droit administratif en Afrique subsaharien Anglophone, on ne assiste à la
prépondérance de caractère.
Le caractère prétorien vient du fait que pour éviter l’obscurité, le silence du droit écrit
ne doit pas être un obstacle pour le juge qui doit toujours dégager des constructions juridiques
nouvelles pour accéder à l’administration. Ce qui donne naissance à des règles évolutives.
Cela n’est pas un gage de sécurité juridique. C’est le principal inconvénient du caractère
jurisprudentiel du droit administratif. C’est un droit complexe difficilement accessible pour
les non-écrits initiés qui doivent connaitre les arrêts du juge administratif pour élucider la
subtilité de ce droit. Heureusement, tel n’est pas le cas du droit administratif en Afrique sub-
saharienne Anglophone d’où la question de son existence.
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à l’aube des indépendances africaines. Elle se manifeste dans la théorie de la reconduction
législative comme fondement de l’applicabilité du droit administratif français en Afrique sub-
saharienne.
La doctrine du mimétisme juridique développée par le Professeur G. TIMSIT et
reprise par le Professeur Joseph Marie BIPOUN-WOUM dans un article célèbre publié en
1972 intitulé « Recherches sur les aspects actuels de la réception du droit administratif
dans les États d’Afrique noire d’expression française : le cas du Cameroun », RJPIC,
1972 p. 358. Pour cette école, le Droit administratif africain s’est contenté de reproduire dans
notre contexte le droit français. C’est la principale thèse du Professeur René DEGNI SEGUI
qui développe la thèse du patrimoine commun. Cette école du mimétisme sera relativisée,
voire refusée par l’école de l’originalité de l’autonomie du droit africain.
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Un droit fortement textuel dont les règlements formulent la grande partie des règles,
un droit légiféré ;
Un juge limité par son profil et la marge de manœuvre qui lui est donné ;
Une distinction des sources, chaque État ayant son droit administratif propre.
Ces éléments caractéristiques n’empêchant pas la crise et la mutation du droit
administratif contemporain face à la nouvelle donne idéologique. Le droit administratif
change. Il a été en crise, il se transforme.
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Première partie :
CHAPITRE 1 :
LE PRINCIPE DE LEGALITE
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Chapitre 2 :
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juge de la constitutionalité des lois au Cameroun qui pourrait favoriser l’avènement d’une
constitutionnalisation du droit notamment du droit administratif.
Qu’est-ce-que la constitutionnalisation du droit ? Assiste-t-on à la
constitutionnalisation du droit administratif au Cameroun ? L’avènement d’un bloc de
constitutionnalité fait la part belle au préambule ou décision au juge constitutionnel qui
interprète ou fait de la Constitution un droit vivant.
A- Le préambule
Une controverse doctrinale a longtemps nourri les débats juridiques sur la valeur
juridique du préambule. Le problème était de savoir si les principes inscrits dans le préambule
avaient valeur de droit positif.
En France, dans une décision du 16 juillet 1971, relative à la liberté d’association a
reconnu la valeur constitutionnelle au préambule de la Constitution.
Au Cameroun, le débat a été tranché par le juge administratif dans les arrêts de 1972
MOUELLE KOULA Eitel et TCHANA NANA Daniel qui reconnaissaient la portée juridique
du préambule de la Constitution en estimant que l’autorité administrative était tenue de
respecter les principes inscrits dans le préambule pour soutenir l’illégalité du décret
présidentiel portant dissolution de l’association des témoins de Jéhovah.
Au demeurant, la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996 a clos le débat en affirmant
la valeur juridique du préambule (article 65). Cette position a reçu une confirmation par la
Cour suprême du 14 décembre 2005 dans l’affaire MOUKON A EBONG contre Etat du
Cameroun. A partir du préambule, le juge constitutionnel français dans sa mission
d’interprétation a pu dégager des principes fondamentaux reconnus par les lois de la
république (PFRLR) et des principes nécessaires à notre temps, à côté des normes du
dispositif de la Constitution.
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C’est par la Constitution que se développe le droit administratif des institutions, mais
l’absence de contrôle de constitutionnalité effective dû à l’inexistence dans le contexte
camerounais de l’exception d’inconstitutionnalité (contrôle de la constitutionnalité) fait que
les décisions du juge constitutionnel sont rares. La notion de loi-écran et l’absence de saisine
a priori de ce juge font de son office un accès difficile.
Ce contrôle de constitutionnalité difficilement opposé par le juge constitutionnel au
Cameroun est de plus en plus ouvert en France avec l’avènement depuis 2008 de la QPC
(Question Prioritaire de Constitutionnalité) qui a redynamisé le contrôle de constitutionnalité
et a fait de la Constitution un droit vivant pour administrer le citoyen comme était le cas pour
les traités internationaux dans le cadre du contrôle de conventionalité.
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La constitution et le droit international ;
Hiérarchie, traité, loi.
La supériorité des traités sur les lois posée à l’article 55 de la Constitution française
n’est pas purement théorique. Si le Conseil constitutionnel français a décliné sa compétence
pour la garantir (décision du Conseil, janvier 1975 loi IVG (Interruption Volontaire de
Grossesse), le juge administratif a admis plus ou moins aisément la supériorité des traités sur
les lois en France.
Le juge administratif français avait exclu de sanctionner la supériorité des traités sur les
lois postérieures (Conseil d’Etat 01 mars 1968 syndicat général des fabricants de semoules)
Jusqu’en 1979, le Conseil d’Etat ne modifiant pas sa position de principe, mais le fondement
de celle-ci par le recours à la théorie de la loi écran (Conseil d’Etat, assemblée 22 octobre
1979 Union Démocratique du Travail UDT).
Le juge judiciaire quant à lui a immédiatement reçu le code civil dans sa décision de
1975 comme habilitant les juges ordinaires à effectuer le corole de conformité des lois
postérieures aux traités (Cour de cassation 24 mai 1975 administration des douanes contre la
société de café Jacques Vabres) et à les écarter en cas de contrariété.
Le Conseil d’Etat ne fut persisté dans sa position et le revirement tant attendu s’opéra
quelques années plus tard lors de la vérification de la compatibilité d’une loi électoral avec la
convention de Rome sur l’Union européenne (Conseil d’Etat, assemblée 20 octobre 1989
Nicolo). (chercher les faits…………………… le problème juridique).
Par cette décision, le juge administratif français estime qu’une loi doit être conforme à
la norme internationale comme un acte administratif doit être conforme à la norme supérieure.
Les lois françaises sont donc soumises au respect du droit international contraire au respect du
droit communautaire et du droit dérivé. Seule la coutume internationale ne s’impose pas aux
lois (Conseil d’Etat, assemblée 06 juin 1997 (Aquarone) alors que les juridictions
internationales consacre la primauté des normes internationales sur toutes les autres normes
internes y compris la Constitution tant le conseil d’Etat français (conseil d’Etat, assemblée 30
octobre 1998 Sarran Levacher) que la Cour de cassation (Cour de cassation, assemblée
lainière 02 juin 2000 Fraisse). On ne juge que la suprématie conférée par l’article 55 de la
Constitution aux engagements internationaux ne s’applique pas dans l’ordre interne aux
dispositions de valeur constitutionnelle. Cette position assure et assume la primauté dans
l’ordre interne en France.
Au Cameroun, le texte constitutionnel ne comporte aucune disposition des traités en
droit camerounais. Il faudra attendre l’entrée en vigueur de la loi constitutionnelle du 18
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janvier 1996 pour que l’analyse des traités et du droit international dans la hiérarchie des
normes s’emploie auprès de la doctrine camerounaise (NARUS MOUELLE, EKOMBI Jean),
mais la position du juge administratif camerounais était connue à travers l’analyse de deux
décisions fondamentales de 1968 et de 1971.
Le contrôle constitutionnel
Le juge peut-il dans un conflit de texte où sont en cause une convention internationale
et une loi postérieure ou pas, écarter la seconde ? Car le serviteur de la loi ne doit pas ou ne
peut pas appliquer ou contrôler la conformité de la loi par rapport au traité. S’il le fait, il
procède ainsi au contrôle de conventionalité décentralisant (la théorie qui fissure la loi écran
est la théorie Ecran transparent).
Le désert jurisprudentiel en droit administratif camerounais concernant la place des
traités contracté avec l’évolution du droit privé plus sensible à la mutation considérable
effectuée par le droit de l’intégration CEMAC, ainsi que le droit uniforme OHADA (article
10 du traité OHADA).
Mais, le juge administratif camerounais s’était déjà prononcé sur ce rapport (traité, loi
dans décisions cours de décisions et CFJ/CAY 08 Juin 1971 Compagnie Commerciale et
Immobilière Africaine). Dans ces deux litiges, le juge administratif camerounais se déclare
compétent pour connaitre des contestations sur la non-conformité de l’acte administratif à un
accord international. Cette position de principe s’effiloche au vue de l’évolution
jurisprudentielle actuelle CS/CA, 29 mars 2017, DATANG Josué contre Etat du Cameroun,
Communauté Urbaine de Douala (voir Juridis périodique avril, mai, juin 2021).
Paragraphe 1 : La loi
Malgré leur affaiblissement par l’avènement des normes internationales et le
développement du contrôle de constitutionnalité, la loi et le règlement demeurent une étape
majeure des sources écrites du droit administratif.
En témoigne la notion Bloc de légalité qui veut en cerner la place majeure de la loi
dans les sources du droit « la loi est l’expression de la volonté générale… » ; « nul n’est
censé ignorer la loi ». De cette double affirmation, on perçoit la place majeure et éminente
qu’occupe la loi. C’est la règle de droit par excellente, l’ordre impératif, le texte, la règle
générale, abstraite, impersonnel, obligation, sanctionné, la règle qui transforme la volonté
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politique en prescription juridique (vous avez juridiquement tort parce que vous êtes
politiquement minoritaire) c’est l’œuvre du souverain, l’expression sa volonté. Il en résultait
au paravent un légicentrisme, une mystique de la loi.
Mais, depuis peu, la loi n’a plus la même aura qu’elle avait au paravent, la loi serait
malade ; elle est devenue obèse ; elle bavarde et le droit administratif offrirait une prison
idéale pour en faire le diagnostic. La loi s’est dévalorisée par de nombreux maux. Si au sens
strict et technique la loi est le texte voté par le parlement, la loi est entendue au sens large
comme l’acte législatif qui englobe aussi l’acte réglementaire. Il s’agit des textes écrits. Ces
textes constituent d’un point de vue quantitatif une source du droit administratif.
Le respect de la loi s’impose dans tous les cas à l’administration. Pour des raisons de
clarté et de sécurité juridique, des domaines entiers du droit administratif en Afrique
francophone sont codifiés sous forme de loi, décret ou ordonnance. Exemple : le Statut
général de la fonction publique, le code des marchés publics, le code de l’urbanisme, le code
de la propriété des personnes publiques.
On distingue plusieurs catégories de loi : loi ordinaire, loi organique, loi référendaire,
loi constitutionnel, loi délégué qui établissent le lien entre la loi et le pouvoir réglementaire.
De par la Constitution, le domaine de la loi s’est rétréci en illustrant la perte de la majesté de
la loi avec l’avènement d’un pouvoir réglementaire.
Il est indispensable dans la définition du règlement de noter qu’il s’agit d’acte à portée
générale et impersonnelle, qui modifie l’ordonnance juridique ; d’où leur qualité de source du
droit. Par ses éléments matériels, l’acte ressemble à la loi dont il ne se distingue que par la
qualité de l’organe qui l’évite. Ce seul élément aurait suffi à le doter d’une autorité moins
forte, ce qui n’est pas paradoxalement le cas en Afrique sub-saharienne francophone.
Les titulaires du pouvoir réglementaire sont particulièrement nombreux et de nature
fort variée. Certains sont désignés par la Constitution (Président, Premier ministre…) ;
d’autres tirent leur pouvoir des nécessités pratiques sans bénéfice d’aucune habilitation
textuelle. Certains sont compétents à l’échelon du territoire national, d’autre à l’échelon local.
Certains agissent comme autorités étatiques, d’autres comme autorités décentralisées. Les
règlements revêtent plusieurs formes :
1- Les règlements d’exécution ou d’application des lois (travail à faire) ;
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2- Les règlements autonomes : Ils restent des actes administratifs susceptibles comme
tels d’un recours devant le juge administratif qui pourra vérifier notamment leur
conformité à la Constitution et aux normes internationales.
3- Les ordonnances (législation déléguée) : ils ont un caractère réglementaire tant
qu’elles n’ont pas été ratifiées par le parlement (quel est la nature des hautes
instructions).
Une décision doit être faite en des décisions exécutoires et une série d’acte qui n’ont
pas le caractère de décision exécutoires mais, qui en pratique, joue un très grand rôle dans la
vie administrative. Ses actes que l’on va qualifier de droit souple connaissant une véritable
évolution jurisprudentielle avec la décision du Conseil d’Etat Fairvesta Numéricâble. Cette
décision récente fait évoluer la place du droit. Il en est ainsi des circulaires et des directives
dont il faut constater qu’elles occupent concrètement aux yeux des administrés et usagers de
l’administration une place éminente, opposée à ce qu’elle aurait dû être. Elles sont perçues à
travers la notion ou le langage « on attend les instructions de la hiérarchie ». Elles sont
perçues comme la règle supérieure, voire exclusive. Elles serviront de normes de référence
dans le langage administratif camerounais, les lois et les décrets n’étant pas véritablement
considérés comme exécutoires. Il devient important de connaitre exactement le régime
juridique des circulaires et des directives.
Elles se distinguent des circulaires moins par leur forme que leur contenu. Elles
concernent les hypothèses dans lesquels les autorités administratives disposent d’un certain
pouvoir discrétionnaire (voir Conseil d’Etat 11 décembre 1970 Crédit foncier de France
GAJA 15e édition).
Au Cameroun, le juge administratif a annulé pour excès de pouvoir, la circulaire du
Ministre de la justice interdisant l’exercice de la profession d’agent d’affaire à un citoyen
(CS/CA, 7 Avril 1995 KOUO ONDO Emmanuel) en s’appuyant sur la Constitution comme
source écrite du droit et qui se distingue des sources non écrite du droit administratif.
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Chapitre 3 :
Les sources non écrites du droit administratif sont principalement de deux sortes : la
jurisprudence et les principes généraux du droit (PGD) dégagés par le juge, même si la
coutume reste une source non négligeable. La doctrine, opinion des principaux auteurs ne
constitue pas une source propre du droit administratif, mais en agissant par persuasion sur
l’autorité compétente pour poser la règle. Elle joue un rôle essentiel bien qu’indirect dans
l’élaboration du droit administratif, d’où la notion du cœur à deux voies de la doctrine et du
juge administratif.
Il reste pourtant que la seule source véritablement créatrice est la jurisprudence qui
dégagé notamment les principes généraux du droit (le droit administratif africain est demeuré
un droit codifié et très peu jurisprudentiel).
Section 1 : LA JURISPRUDENCE
Dans un article fort célèbre, le Doyen Georges VEDEL se posait la question suivante :
le droit administratif peut-il rester indéfiniment jurisprudentiel ? Il ne développait ou montrait
que le droit administratif français devait son évolution et son importance grâce à la maestria
du juge administratif français. C’est lui qui avait dégagé les principales notions qui structurent
ce droit. Contrairement au droit civil, le droit administratif ne dispose pas d’un véritable code
administratif, même si actuellement des réels efforts de codification sont opérés par le
législateur français dans le cadre de la sécurité juridique.
Dans la tradition juridique issue de MONTESQUIEU, le juge n’est que la bouche qui
prononce les paroles de la loi. Mais cette conception du juge rend mal compte de la nature
exacte de l’interprétation juridictionnelle. En l’absence de texte dans un cas soumis au juge, il
ne saurait s’abstenir de statuer. Le juge administratif français formule lui-même la règle lui
permettant de statuer.
Ce pouvoir normatif créateur est l’un des caractères du droit administratif français. La
jurisprudence crée les grands régimes et les grandes notions du droit administratif français,
d’où la prépondérance de l’ouvrage Grands arrêts de la jurisprudence administrative (GAJA),
23e édition, 2023.
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Cette position du juge a été cœur de la controverse doctrinale en France. Ce pouvoir
du juge se manifeste à travers les principes généraux du droit.
Les principes généraux du droit n’ont été réellement élaborés à partir de 1944 par
l’arrêt Dame Veuve Trompier Gravier du 15 mai 1944 (voir également CE, 29 octobre 1945,
Aramu). Les principes généraux du droit n’ont pas de lien formel avec le droit écrit, même
s’ils procèdent parfois de la généralisation de certaines de ses dispositions. Il s’agit d’une
œuvre constructive de la jurisprudence administrative réalisée pour des motifs supérieurs
d’équité, afin d’assurer la sauvegarde des droits individuels des citoyens.
La diversité des PGD qui n’est pas la spécificité du droit administratif, fait qu’il est
difficile d’établir une liste des PGD, même si les plus importants sont relatifs à la liberté, a
l’égalité, à la protection, et la sécurité des administrés.
Le problème de la place des PGD dans la hiérarchie des normes se pose aujourd’hui en
des termes nouveaux avec l’avènement de la jurisprudence constitutionnelle, lorsque le juge
constitutionnel a considéré que la loi devrait respecter, non plus exactement les PGD, mais les
principes de valeur constitutionnelle comme les Principes fondamentaux reconnus par les lois
de la République (PFRLR). D’où la tentation de la doctrine à croire que les PGD sont
dépassés et n’ont plus leur réelle place dans l’étude du principe de légalité.
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Chapitre 4 :
Dans la vie d’un État, des crises peuvent surgir assez graves pour perturber la vie de la
nation. Le respect scrupuleux du principe de légalité pourrait entraver l’action de l’État dans
sa lutte contre cette crise. Ainsi, la doctrine a-t-elle formulée que, « quand la maison brule, on
ne va pas demander au juge l’autorisation d’y envoyer les pompiers » (Romieu), d’où l’adage
« nécessité fait loi ».
La permanence d’une telle légalité se justifie par la prise en compte des notions «
d’état d’exception » (article 9 alinéa 2 du texte de 1996) et « d’état d’urgence » (article 9
alinéa 1er du texte de 1996) dans les différentes Constitutions camerounaises. La récente crise
sanitaire du covid 19 a mis en relief le risque de despotisme administratif connu par les
citoyens dans de telles situations de crise.
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L’état d’urgence déclarée ou non déclarée comme dans le contexte camerounais
pouvant faire courir de réels entraves aux libertés individuelles, la liberté d’aller et de venir
par exemple, ceci dans le but soi-disant de sauvegarder la communauté nationale.
- les actes de haute politique (CE 19 février 1875, Prince Napoléon). Il convient de
distinguer l’acte de gouvernement symbole de l’acte immunisé avec la notion
d’acte détachable ;
Les mesures d’ordre intérieur sont des décisions unilatérales émanant d’une autorité
administrative et n’étant susceptibles au départ d’aucun recours juridictionnel. Ces mesures
jouissent d’une immunité juridictionnelle pour deux raisons :
Trois domaines s’étaient particulièrement concernés par ces mesures d’ordre intérieur :
l’armée, les prisons et l’éducation nationale.
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mesures d’ordre intérieur. Ne reste plus donc comme tempérament à la légalité, la notion de
pouvoir discrétionnaire.
Il convient que l’administration soit dans un État de juste équilibre entre le pouvoir
discrétionnaire et une compétence liée, pour que rayonne la légalité de son action et la
construction de l’État de droit.
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Chapitre 5 :
L’ÉTAT DE DROIT
Au cœur de l’État de droit, il existe un principe suivant lequel, toute autorité devrait
agir selon l’habilitation normative. La compréhension de la notion d’État de droit passe par
certains points : sa signification, sa structuration et sa réception par le droit camerounais.
- Comme fondement, toutes les autorités doivent être habilitées par le droit, les
textes en vigueur. Elles tiennent leur pouvoir des textes qui par la même occasion
encadre ce pouvoir.
- Comme limitation du pouvoir, le droit limite l’action des pouvoirs publics. Le droit
limite l’étendue de leurs compétences. Si le droit définit ce qu’une autorité
administrative est habilitée à faire, il indique en même temps ce qu’elle ne doit pas
faire, et le juge doit pouvoir assurer le respect de ces limites.
L’État de droit se présente dans une double structuration, l’État de droit formel et
l’État de droit substantiel.
L’État de droit formel présente une double déclinaison : la séparation des pouvoirs et
la hiérarchie des normes. La séparation horizontale, à partir des trois pouvoirs de l’État que
sont le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, en fondamentalement
dans la séparation de leurs fonctions. La séparation verticale tient compte de la distribution
hiérarchique des compétences. L’autorité inferieure doit respecter les décisions de l’autorité
supérieure. La seconde déclinaison de l’État de droit formel est la hiérarchie des normes, de la
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Constitution aux actes règlementaires, dans la relation de conformité, ou, a tout le moins, de
compatibilité.
L’État de droit substantiel quant à elle est une conception de l’organisation politique
libérale. Le respect du droit n’est plus suffisant pour parler de l’État de droit. Il s’agit alors
d’un droit respectueux des libertés fondamentales.
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SECONDE PARTIE :
LE DEROULEMENT DE L’ACTION ADMINISTRATIVE
TITRE I :
LES MOYENS JURIDIQUES DE L’ACTION ADMINISTRATIVE
Comme toute personne juridique, les personnes publiques (État, régions, communes,
établissements publics) exercent des activités inhérentes à leur fonctionnement. La
particularité d’exercice des activités des personnes publiques tient à l’emploi des moyens
dérogatoires de droit commun car, l’administration agit par des procédés d’action spécifiques.
En effet, la poursuite des fins de l’action administrative, qu’il s’agisse de la gestion des
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services publics ou de la sauvegarde de l’ordre public, suppose la mise en œuvre des moyens
adaptés, souvent présentés comme exorbitants de droit commun.
L’administration poursuit les buts d’intérêt général, alors que les particuliers pour-
suivent la satisfaction de leurs intérêts privés que certaines qualifient d’intérêt égoïstes. Parmi
tous les actes accomplis à l’occasion de l’action administrative, seuls sont examinés les actes
juridiques par opposition aux actes matériels, même si les actes juridiques appellent les actes
matériels pour leur exécution. Sans se soustraire au droit et c’est la raison pour laquelle les
prérogatives s’accompagnent des sujétions, l’administration peut choisir de décider
unilatéralement et imposer ses décisions aux administrés et la puissance politique s’exprime
avec vigueur. Elle peut également choisir de s’accorder avec d’autres personnes dans l’action,
en fonction de l’intérêt général poursuivi, sans que le contrat de droit administratif se
confonde au contrat de droit privé. Dans la première hypothèse, l’administration fait recours
au procédé d’autorité qui est l’acte administratif unilatéral. Et dans la seconde hypothèse, elle
fait recours au procédé négocié qui est l’acte contractuel. La principale différence entre l’acte
administratif unilatéral et le contrat administratif réside dans l’expression de la volonté. Seule
volonté de l’administration pour le premier et accord de volonté pour le second. En raison de
la différence de régime et de statut de contentieux, nous examinerons séparément ces moyens
juridiques en présentant d’une part les moyens d’autorité (chapitre 1) et d’autre part, les
moyens négociés (chapitre 2).
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Chapitre 1 :
Les prérogatives de puissance publique dont dispose l’administration lui confère les
moyens d’action unilatérale inconnus en droit privé. L’administration peut se passer du
consentement des particuliers pour organiser un rapport d’obligations. Elle peut
unilatéralement modifier les situations juridiques. Le pouvoir dérogatoire d’édition d’actes
unilatéraux est depuis Maurice HAURIOU appelé privilège du préalable. Cela veut dire que
l’administré doit obéir aux actes de l’administration même s’il peut contester cet acte devant
le juge pour faire connaitre ses droits. L’acte administratif peut être écrit, oral ou gestuel dans
sa présentation (Section 2). La définition de l’acte pris par une autorité administrative
(section 1) dans l’exercice d’un pouvoir administratif peut poser de problèmes. C’est
pourquoi, il est important de saisir son régime juridique (section 3).
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2- Les autorités dérivées
Il s’agit des autorités qui ne sont pas considérées initialement comme autorités
administratives. Dans cette catégorie nous avons des autorités publiques autres
qu’administratives, des autorités judiciaires, et les personnes privées.
a) Les autorités publiques autres qu’administrative : ce sont les parlementaires
(Affaire Société des produits laitiers La fleurette de 1938)
b) Les autorités judiciaires : les actes d’autorités judiciaires (Tribunal des Conflits,
Arrêt Préfet de la Guyane).
Cette décision opère une distinction entre les actes d’organisation et les actes de
fonctionnement des juridictions. Seuls les actes d’organisation des juridictions ressortissent à
la compétence du juge administratif. Le juge administratif camerounais dans l’affaire TAGNI
Mathieu de 1967 a suivi cette jurisprudence française. Il en est de même dans l’affaire Dame
AWA ADJA de 1972.
c) Les personnes privées
Dans la première catégorie des personnes privées, nous avons les ordres
professionnels (CS/CAY 27 juin 1968 Bernard AUTOROCHE contre Ordre national des
médecins ; CS/AP 31 mars 1977 FEUMI JATOU contre Ordre national des avocats).
Dans la seconde catégorie des personnes privées, nous avons le fonctionnaire de fait.
En cas de circonstance normale, certaines personnes privées peuvent être considérées comme
autorités administratives par la théorie de l’apparence. Il y a là comme une sorte
d’investiture implicite. En situation de crise le fonctionnaire de fait agit pour les nécessités de
continuité de service publique.
Dire qu’un acte administratif est créateur de droits signifie d’abord qu’il crée c’est-à-
dire qu’il est décisoire. En créant des droits et des obligations, l’acte administratif modifie
l’ordonnancement juridique ; on dit aussi qu’il fait grief. Autrement dit, il modifie la situation
juridique des administrés. C’est l’expression du caractère inégalitaire du droit administratif.
L’acte peut créer des droits à l’avantage des administrés en leur accordant des gratifications. Il
peut également leur imposer des obligations.
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Section 2 : LA PRESENTATION DE L’ACTE ADMINISTRATIF UNILATERAL
L’acte administratif peut être écrit ou non-écrit. Dans la forme des actes non-écrits, il y
a des actes verbaux, ainsi que l’a retenu le juge dans l’affaire TCHOUNGI Charles du 13
décembre 1975, comme acte administratif unilatéral non-écrit. C’est également le cas des
actes gestuels retenus par l’affaire SIMPLEX – Cameroun de 1991.
En accordant une importance particulière à la forme écrite de l’acte, l’on s’intéressera
à sa forme (para 1) et sa procédure (para 2).
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Paragraphe 2 : LES ELEMENTS DE PROCEDURE
Il s’agit des actions concrètes qui déterminent l’édiction d’un acte administratif (les
enquêtes, les concertations, les consultations qui aboutissent à l’avis). Il convient de marquer
un point d’honneur sur les avis. Il existe 3 types d’avis :
- L’avis simple. Pour ce qui est de l’avis simple l’autorité administrative est libre de le
requérir ou de ne pas le requérir.
- L’avis obligatoire : ici l’autorité administrative est tenue de le requérir, mais elle
n’est pas obligée de le suivre.
- L’avis conforme : l’autorité administrative est non seulement tenue de le requérir,
mais il est également obligé de le respecter, de suivre le sens de cet avis.
Le principe du contradictoire est exigé essentiellement en matière disciplinaire. Il
permet la confrontation de l’agent qui est mis en cause et de l’autorité administrative chargée
de prendre la décision de sanction disciplinaire. Il doit avoir communication du dossier
disciplinaire de l’intéressé, convocation et comparution de l’intéressé devant le conseil de
discipline.
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A- L’opposabilité de l’acte vis-à-vis de l’administration
L’acte administratif est opposable à l’administration dès sa signature, même s’il n’est
pas encore publié, c’est-à-dire mis à la disposition du public. Ainsi, vis-à-vis de
l’administration, la computation des délais contentieux a pour point de départ la date de
signature.
B- L’opposabilité de l’acte vis-à-vis des administrés
Le principe est celui de la publicité des actes administratifs pour qu’il soit opposable
aux administrés. Mais ce principe est assorti d’une exception.
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A- La fin de l’acte administratif du fait de l’autorité administrative
Lorsqu’une personne publique ou privée estime qu’un acte qui lui fait grief est
contraire à la légalité, il peut saisir le juge par la voie du recours pour excès de pouvoir. Le
juge pourra alors mettre fin à un acte administratif unilatéral par le moyen principal qui est
l’annulation qui produit des effets rétroactifs.
Comme variante de l’annulation, le juge peut constater la nullité d’un acte
administratif unilatéral. L’acte nul en général est entaché d’une irrégularité grossière, telle
qu’on considère qu’il ne se rattache pas à une activité administrative. Il n’est pas annulable, il
est tout simplement nul. L’acte annulable suppose qu’il bénéficie de la présomption de
légalité jusqu’à la décision d’annulation prononcée par le juge. Le recours en annulation doit
s’exercer dans le délai du contentieux. Or, un acte nul peut être attaqué à tout moment. L’acte
inexistant est également déclaré nul et non effet. C’est le cas des actes pris par fraude, si
l’administré a usé de la fraude pour amener l’administration à prendre un acte (MVENG
MBARGA Constantin de 1992). Cette unilatéralité s’oppose aux moyens négociés.
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CHAPITRE 2 :
Les contrats administratifs sont adoptés pour des nécessités de service. Avant de
procéder à leur qualification (para 1), il importe de déterminer les catégories de contrat (para
2).
Paragraphe 1 : LES CATEGORIES DE CONTRAT
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A- Les marchés publics
L’article 5 du décret n° 2018/366 du juin 2018 portant code des marchés publics,
définit ainsi le marché public. « Un contrat écrit passé conformément aux dispositions du
présent code par lequel un entrepreneur, fournisseur, ou prestataire de service s’engage
envers l’Etat, une collectivité territoriale décentralisée ou un établissement public soit à
réaliser les travaux, soit à fournir des biens et services moyennant un prix ».
L’on se rend donc compte que trois éléments structurent le marché public. L’élément
organique (les parties contractantes), l’élément matériel (le prestataire) et l’élément
financier (le prix).
Il existe principalement trois (03) principaux types de marchés publics : les marchés
de travaux (article 61 du code des marché public de 2015) ; les marchés de fourniture
(l’article 62 du code des marchés) et les marchés des services (les articles 63 et s. du code
des marchés).
- Selon l’article 61 du code, les marchés des travaux sont des marchés qui ont pour
objet la réalisation des opérations de construction, de reconstruction, de démolition, de
réparation, de rénovation du tout bâtiment, route ou ouvrage, y compris la préparation du
chantier des travaux de terrassement, l’installation d’équipements ou de matériels, la
décoration et la finition, ainsi que les services accessoires aux travaux. La valeur de ses
services ne dépasse pas celles des travaux eux-mêmes.
- Les marchés de fournitures sont prévus par l’article 62 du code. Il s’agit de ceux
qui ont pour objet la prise en crédit-bail, la location-vente des produits et matériels, y compris
les services et accessoires, si la valeur de ses derniers ne dépasse pas ceux des biens eux-
mêmes.
- Pour ce qui est des marchés de service, ils sont rangés en services quantifiables et
services non quantifiables. Les services quantifiables relèvent des marchés par lesquels les
prestations ne font pas nécessairement appel à une conception. Ils se traduisent par un résultat
physiquement mesurable. C’est l’exemple du gardiennage, du nettoyage ou de l’entretien des
édifices publics. Les services non quantifiables relèvent des marchés pour lesquels les
prestations revêtent un caractère essentiellement intellectuel. Ces marchés concernent entre
autre l’assurance maladie, la publicité, l’organisation des séminaires de formation et les
présentations intellectuelles incluant la maitrise d’œuvre, les audits, les études, les contraintes
et les obligations spécifiques liées à la notion de propriété intellectuelle.
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B- Les concessions de service public
La concession de service public est une convention par laquelle une personne publique
(le concédant) confie à une autre personne publique ou privée (le concessionnaire),xde la
charge d’assurer l’exploitation d’un service public à ses prix et risques, la rémunération du
concessionnaire résultant des redevances qu’il perçoit sur les usagers du service. Ce marché a
la concession de service public se rattache à d’autres formes contractuelles comme
l’affermage et la régie intéressée et également la délégation des services publics.
La délégation de service public est un contrat par lequel une personne morale de
droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire
public ou privé dont la rémunération est substantiellement liée au résultat de l’exploitation.
L’affermage quant à lui consiste à confier au délégataire, rémunéré par les usagers, la
seule exploitation du service public, les ouvrages nécessaires à l’exploitation de celui-ci lui
étant remis par la collectivité publique. Pour rémunérer la personne publique de ses
investissements, une partie des redevances perçus par le fermier lui est reversée.
Dans la régie intéressée, le régisseur exploite aussi un service mais, ses recettes
provenant pour l’essentiel de l’administration contractante, varient en fonction d’un certain
nombre de critères liés à la qualité de sa gestion et au résultat même de l’activité. Ces
différentes catégories de contrats permettent de mesurer l’importance de la qualification des
contrats administratifs.
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B- La qualification jurisprudentielle
Le juge a dégagé deux critères permettant d’identifier les contrats administratifs : il
s’agit d’un critère organique et un critère alternatif.
1- Le critère organique
Selon le critère organique, un contrat conclu entre deux personnes publiques est un
contrat administratif et celui conclu entre une personne publique et une personne privée est un
contrat administratif (Tribunal de conflits 8 juillet 1963 entreprise Peyrot). Cette
jurisprudence posée dans l’affaire Peyrot en 1963 a été abandonnée en France par le Tribunal
de conflits dans sa décision du 09 mars 2015 Madame Rispal contre Société des autoroutes du
Sud de la France. Dans cette affaire, le juge retient désormais « qu’une société
concessionnaire d’autoroute qui conclut avec une autre personne privée un contrat ayant
pour objet la construction, l’exploitation ou l’entretien de l’autoroute ne peut, en l’absence
des conditions particulières, être regardée comme ayant agi pour le compte de l’Etat », d’où,
il suit qu’un tel contrat est de droit privé. Il faut alors y insérer un critère alternatif.
2- Le critère alternatif
Le critère alternatif a une double composante : l’aspect matériel et l’aspect finaliste.
- L’aspect matériel signifie que le contrat doit contenir des clauses exorbitantes de
commun (Conseil d’Etat, 20 octobre 1950 Stein). Autrement dit, le contrat doit avoir pour
objet de conférer des droits et obligations étrangers au droit commun. C’est le cas retenu par
le juge administratif camerounais dans l’affaire UM NTIAM François contre État du
Cameroun (CS/CA 30 aout 2003). On peut également relever pour le cas français, la décision
du Conseil d’État du 23 avril 1956 Epoux Bertin.
- Pour ce qui est de l’aspect finaliste, le contrat doit être conclu dans le but de
l’exécution même du service public (l’affaire Epoux Bertin ; CE 20 avril 1956 Consorts
Grimoirand).
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Paragraphe 2 : LES EXIGENCES DE PROCEDURE
Deux points méritent d’être retenus relativement à la procédure de conclusion des
contrats administratifs : le choix du cocontractant et les cahiers de charges.
1- L’appel d’offres
L’appel d’offre est le procédé de principe de conclusion des contrats administratifs.
L’article 72 alinéa 1 du code des marchés publics de 2018 est clair sur ce point : « les
marchés publics sont passés par voix d’appel d’offres après mise en concurrence des
cocontractants potentiels de l’administration ». Selon l’article 73 alinéa 1 du même texte, «
L’appel d’offre est la procédure par laquelle l’attribution d’un marché intervient après appel
public à la concurrence ». Les critères de choix dans cette procédure sont :
- La qualité et la capacité professionnelle des candidats ;
- Le prix des prestations et variantes éventuelles proposées ou du coût de leur utilisation
- Le délai d’exécution ou de livraison de la prestation ;
- La valeur technique et fonctionnelle des prestations.
Dans la typologie d’appel d’offres, on peut avoir un appel d’offres national ou
international, un appel d’offres ouvert ou restreint ou alors un appel d’offres sur concours.
Dans tous les cas, le choix est réservé au mieux disant.
2- Le gré à gré
Le gré à gré est un procédé exceptionnel d’attribution des marchés publics. Selon
l’article 72 alinéa 2 du texte de 2018, « Les marchés de gré à gré peuvent exceptionnellement
être attribués dans les conditions définies dans le présent code de marché public ». Il s’agit
d’une procédure dans laquelle un marché est passé sans appel d’offres, après autorisation
préalable de l’autorité chargé des marchés publics et selon la procédure décrite aux articles
110 et 111 du code des marchés.
Les hypothèses de recours au gré à gré sont limitativement énumérées à l’article 109.
On peut au moins relever le cas des contraintes de délai de remplacement d’un prestataire
défaillant ou du marché nécessitant un brevet.
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3- Les marchés spéciaux
Les marchés spéciaux sont prévus à l’article 71 du code des marchés publics. Ces
marchés relèvent de la catégorie des procédures dérogatoires et ne font pas appel à la
concurrence. Il concerne les intérêts sécuritaires de l’État et de la défense y compris des
considérations stratégiques. Les marchés spéciaux ne sont pas soumis à la concurrence parce
qu’ils contiennent des clauses secrètes.
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B- Le rétablissement de l’équilibre financier
Lorsque l’administration modifie le contrat en accroissant les charges d’exécution des
prestations, le cocontractant a droit aux indemnités compensatrices. En cas de fait de prince
ou aléa administratif, il a également droit à cette compensation qui correspond à la nouvelle
charge. Il en va de même en cas d’imprévision ou d’aléa économique.
L’imprévision est un changement des conditions économiques qui peut survenir en
cours d’exécution du contrat. Raison pour laquelle il est appelé aléa économique. Il s’agit des
faits exceptionnels non prévus par les parties au moment de la conclusion du contrat. Ses faits
ne doivent pas dépendre des parties et doivent être de nature à bouleverser les conditions
d’exécution du contrat. Il s’agit par exemple de l’accroissement des prix des produits même
dans ses conditions. Le cocontractant est tenu de continuer l’exécution du contrat en
bénéficiant un rééquilibre financier, sans que le contrat ne prenne fin.
Les contrats administratifs peuvent prendre fin normalement ; mais leur fin peut
également être juridique. Le contrat administratif prend fin normalement lorsque les
conditions initialement prévu pour son exécution sont réunies. S’il s’agit d’un contrat avec un
seul échange de prestations, cet échange met fin au contrat.
La fin provoquée des contrats est une situation anormale. Elle peut provenir de la
faute du cocontractant conduisant l’administration à sa résiliation unilatérale. Elle peut
également être prononcée par le juge saisi par l’une des parties en raison de la mauvaise
exécution par l’autre.
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TITRE 2 :
CHAPITRE 1 :
LA POLICE ADMINISTRATIVE
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Section 1 : LA NOTION DE POLICE ADMINISTRATIVE
1- Le but
Pris sous son aspect général, l’ordre public est la fonction première de la puissance
publique. Il a pour but d’assurer la sécurité condition de la liberté, dans une société organisée.
Il n’y a pas exercice possible de la liberté dans le désordre. L’ordre public est la garantie
d’exercice des libertés individuelles, de la sécurité des personnes et des biens. Dans un État de
droit, l’essentiel réside dans la conciliation entre la liberté et l’ordre. La courbe pourra varier
en fonction des circonstances, et de toute façon, l’autorité de police agira sous le contrôle du
juge.
2- Les composantes de l’ordre public
L’ordre public a connu une évolution, en intégrant a la trilogie classique (a) d’autres
composantes (b).
a) La trilogie classique
La trilogie classique conçue par Maurice HAURIOU retient comme composantes de
l’ordre public la sécurité, la tranquillité et la salubrité publiques.
La sécurité est nécessaire pour toute activité humaine. L’autorité administrative
définit alors dans ce contexte une règlementation de nature à assurer la sécurité des personnes
et des biens. Il peut alors avoir mobilisation des forces de l’ordre à cet effet (police,
gendarmerie, militaire). Il s’agit très exactement de prévenir le désordre et, lorsque l’ordre est
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troublé, de le maintenir. Prévention du désordre et rétablissement de l’ordre constitue alors
l’ossature de l’ordre public.
La tranquillité quant à elle renvoie à un minimum de paix sociale, sorte de quiétude.
Dans la sauvegarde de la tranquillité, l’autorité administrative peut s’atteler à combattre les
nuisances sonores par exemple.
La salubrité renvoie aux conditions d’hygiène et même de santé publique. Les
questions environnementales sont au cœur de la salubrité, et les composantes de l’ordre public
se sont enrichies.
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A. Le critère de distinction
Pris dans son critère, cette distinction semble évidente ; pourtant certains aspects
peuvent brouiller la lecture de cette distinction. On peut en relever deux : le dédoublement
fonctionnel et la transformation de la police administrative en police judiciaire.
Dans le dédoublement fonctionnel, il y a une quasi identité des forces d’intervention.
L’exemple est celui d’un policier qui dirige la circulation et dans le même temps, un usager
de la route viole les feux de signalisation. Le policier qui au départ était une autorité de police
administrative dans sa mission de direction de la circulation, se mute en agent de police
judiciaire et dresse un procès-verbal d’infraction à la circulation routière. Sous le même coup,
l’opération de police administrative s’est transformée en opération de police judiciaire. Cette
relativité dans la distinction entre police administrative et police judiciaire commande que
l’on identifie les autorités de police administrative.
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A- Les autorités de police administrative générale
Les autorités de police administrative générale sont celles qui exercent leur
compétence sur toutes les matières de la vie sociale (administrative). Certaines ont une
compétence nationale et d’autres une compétence locale.
1. Les autorités de police administrative à compétence nationale
Il s’agit de celles qui exercent leur compétence de police sur l’ensemble du territoire
national. Il en est ainsi du Président de la République (Conseil d’Etat 8 août 1919 Labonne)
du Premier ministre (Conseil d’Etat 13 mai 1960 SARL « Restaurant Nicolas »).
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b) La concurrence entre autorités de police spéciale
La concurrence entre autorités de police spéciale est réglée par les textes et par secteur
d’activité en général. En général, en l’absence de coordination entre les autorités de police
générale, l’on fait application du principe d’indépendance de législation.
Il est convenu qu’une autorité de police spéciale peut aggraver une mesure de police
générale mais ne saurait la contredire.
L’on abordera les procédures de police en premier lieu (para 1) et les limites de ses
mesures en second lieu (para 2).
Les mesures de police sont des mesures unilatérales. Elles présentent un caractère
préventif, même si on peut y associer des sanctions à l’exemple de retrait de permis ; et enfin,
elles ne sont pas créatrices de droit.
En raison du danger que courent les libertés dans les exigences de maintien de l’ordre,
un encadrement des pouvoirs des autorités de police administrative est nécessaire. C’est le
sens des limites de mesure de police. Par-delà le respect du principe de légalité, ces mesures
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de police sont limitées par le contrôle juridictionnel. Ce contrôle peut être exercé par le juge
administratif, mais également par le juge judiciaire.
Suivant les conclusions Corneille sous la décision du Conseil d’Etat du 17 août 1917
Baldy, « la liberté est la règle et la restriction de police l’exception ». Cela signifie que les
mesures de police doivent intervenir dans des rares hypothèses. La conciliation entre ordre et
liberté, parce que celle-ci s’exerce grâce au respect de celui-là, reste importante. Le contrôle
s’apprécie au moment de la prise de mesure de police. Trois types de contrôles peuvent être
exercés par le juge administratif.
Le contrôle de l’égalité stricto sensu : ici, le juge vérifie que la mesure dans la police est
conforme à la légalité (Conseil d’Etat 19 mai 1933 Benjamin ; Ordonnance n°19/PCA/CS
du 26 septembre 1991 affaire Organisation Camerounaise des Droits de l’Homme
(OCDH) contre Etat du Cameroun ; Ordonnance n° 20/O/PCA/C5 du 26 septembre 1991
KOM Ambroise contre Etat du Cameroun) ;
Le contrôle de proportionnalité : le juge vérifie l’adéquation entre le fait en cause et la
mesure de police sanctionnant le fait (Conseil d’Etat 30 novembre 1956 Bakary Djibo) ;
Le contrôle d’opportunité de la mesure de police : le juge apprécie la situation à l’effet
de vérifier si la mesure de police était nécessaire (Décision du 26 septembre 1991, CAP
Liberté contre État du Cameroun). Il en va de même des mesures de dissolution des
associations. (Eteil Mouelle Koula et Nana Tchana Daniel de 1972 ; Conseil d’État 4 avril
1936 Pujo, Croix du feu Briscard du 27 novembre 1936).
Le juge judicaire peut intervenir dans deux cas pour contrôler les mesures de police
administrative :
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des journaux. Mais la loi n° 96/04 du 4 janvier 1996 qui abroge celle de 1990 a
supprimé la censure des journaux. Il ne reste plus que la saisie et l’interaction des
organes de presse dont le contentieux est confié au juge judicaire (affaire journal «
Mutations » contre État du Cameroun du 14 juillet 1997) ;
Le contentieux de l’interdiction des manifestations publiques (article 8 alinéa 3 de la
loi n° 90/055 relative à la liberté de réunions des manifestations publiques).
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Chapitre 2 :
En tout état de cause, son importance dissimule mal sa complexité. C’est pourquoi, il
sera nécessaire d’analyser la notion de service public (section1), ses formes (section 2), ses
principes de fonctionnement (section 3) et ses modes de gestion (section 4).
L’intérêt général peut être considéré comme une somme algébrique des intérêts
individuels des personnes ou des groupes.
Dans une conception subjective qui est primordiale, l’intérêt général est le résultat
d’un choix effectué par les pouvoirs publics. Ce choix peut être effectué par la Constitution, la
loi ou les règlements.
Dans une conception objective, qui est secondaire ou subsidiaire, lorsqu’il n’est pas
possible de déterminer la volonté des pouvoirs publics, le juge statue en fonction des
considérations sociales propre à chaque époque.
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Paragraphe 2 : LA PRISE EN CHARGE PAR UNE PERSONNE PUBLIQUE
Pour qu’il y ait service public, une activité d’intérêt général doit être prise en charge
par une personne publique. Cette activité doit être organiquement rattachée à une personne
publique qui est toujours responsable de l’organisation et même de la création des services
publics (article 8 de la constitution camerounaise de 1996, pour ce qui est de la création des
services publics par le Président de la république). La création des services publics locaux
ressortis de la compétence des organes délibérants des collectivités territoriales décentralisés
(conseil municipal, conseil régional).
La prise en charge d’une activité d’intérêt général peut être directe. L’administration
assure alors les services publics en régie. Cela signifie que l’administration prend elle-même
la charge d’une activité d’intérêt général. Elle peut également confier cette prise en charge à
un organisme spécialisé tout en contrôlant directement l’activité.
Cette prise en charge peut également être indirecte si la personne publique assume en
contrôlant étroitement l’activité des organismes privés. L’activité sera alors déléguée soit
unilatéralement, soit par contrat.
Le régime de droit public est surtout nécessaire en cas d’intervention d’un organisme
de droit privé. Il s’agit de la reconnaissance des prérogatives de puissance publique par un
organisme privé. Il n’est admis que, même en l’absence des prérogatives de puissance
publique, si l’administration entend confier à un organisme de droit privé une mission
d’intérêt général, l’activité en cause est considérée comme un service public (Conseil d’Etat
22 février 2007, APREI (Association du Personnel Relevant des Etablissements pour
Inadapté). L’activité doit surtout être soumise aux obligations de services publics notamment
l’égalité et la continuité.
Cette classification des services publics tient aux différents domaines d’intervention
des personnes publiques. Mais, le critère jurisprudentiel de classification du service public est
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le mode de gestion. Dans sa décision du 22 janvier 1921, Société Commerciale Ouest
Africaine dite affaire Bac d’Eloka, le tribunal des conflits a distingué deux catégories de
service public à travers le mode de gestion. La gestion privée d’un service public renvoie au
service public industriel et commercial (SPIC) et la gestion publique au service public
administratif (SPA).
Trois critères permettent de distinguer les SPA des SPIC : l’objet, les ressources et le
mode de fonctionnement. Ces critères seront examinés successivement.
Au niveau des ressources, l’opposition entre SPA et SPIC est simple. D’abord, pour ce
qui est des SPIC comme les entreprises, les SPIC tirent leurs ressources des redevances pour
service rendu à l’usager, en contrepartie de la prestation. Elles portent le nom de prix.
En Revenge, les SPA sont financés par le contribuable, par l’impôt. Le service est en
principe gratuit et dans l’hypothèse où l’usager du SPA doit payer une taxe, celle-ci n’est pas
proportionnelle au coup du service (Conseil d’Etat 26 juillet 1930 Benoît).
Les SPA font recours au mode de gestion de droit public, la comptabilité publique, le
statut des agents. Pour ce qui est du statut des agents, ceux-ci sont dans une position
réglementaire et légale de droit public. Il s’agit pour la plupart des fonctionnaires alors que le
statut de droit privé relève du code de travail.
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Paragraphe 2 : LE DROIT APPLICABLE AUX SERVICES PUBLICS
Aux SPA est appliqué le droit public, aussi bien dans leur organisation que dans leur
fonctionnement. L’usager du SPA géré par une personne publique est dans une situation
légale et réglementaire de droit public. Cela suppose qu’en cas de contentieux, c’est le juge
administratif qui est compétent.
L’usager du SPA géré par une personne privée est dans une situation légale et
réglementaire de droit privé.
Le droit applicable aux SPIC est un droit hybride. Dans leur fonctionnement, les SPIC
font recours à la gestion privée (confer affaire Bac d’Eloka de 1921). Il a également fait appel
au droit public parce qu’il s’agit d’un service public. Schématiquement, il faut distinguer le
droit applicable à l’organisation, à celui qui est applicable au fonctionnement des SPIC.
Alors qu’il est appliqué à l’organisation des SPIC les règles de droits publics (par ce
qu’il s’agit d’un service public), leur fonctionnement relève de la gestion privée et donc du
droit privé.
Qu’il s’agisse des SPIC ou des SPA, les mêmes principes sont applicables aux services
publics. Ce sont les lois de services publics ou les lois ROLLAND. A la trilogie classique,
s’ajoute des principes modernes.
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A- Le principe de continuité du service public
En application de ce principe, le droit de grève était interdit aux agents (Conseil d’Etat 7
août 1909 Winkell). Mais ce droit de grève a évolué, pour être finalement reconnu aux agents
comme un droit fondamental. (Conseil d’Etat 7 juillet 1950 Dehaene)
C- Le principe d’égalité
Le principe d’égalité suppose un traitement non discriminatoire aussi bien des agents
que des usagers du service public. Aucune discrimination ne devrait leur être appliquée du fait
de leur opinion (Conseil d’État 28 mai 1954 Barel).
Devant le juge administratif, le principe d’égalité est un principe général de droit (CE
09 mars 1951 Société les concerts du conservatoire). Le juge constitutionnel français l’a
considéré comme un principe à valeur constitutionnel (CC, 12 juillet 1979 Ponts à péages).
Les discriminations positives sont cependant possibles au regard des situations sociales (CE, 8
juin 2011 M. Jean-Marie ; 10 mai 1974, Dénoyez et Chorques)
Les principes modernes de service public se présentent comme une cure de jouvence
de l’organisation et du fonctionnement du service public. L’on peut en relever quelques-uns.
Au rang de ses principes modernes, on note le principe de neutralité, la qualité de service, la
gratuite du service public.
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PARTIE III :
Chapitre unique :
LA RESPONSABILITE ADMINISTRATIVE
Ces considérations ont évolué avec les arrêts Blanco et Pelletier, et la responsabilité
administrative ne cesse de s’étendre. La responsabilité administrative est un élément essentiel
du régime administratif en tant que sujétion s’imposant à la puissance publique.
L’arrêt Blanco pose un régime spécial de responsabilité administrative. Aussi peut-on y lire :
« la responsabilité qui peut incomber à l’Etat n’est ni générale, ni absolue. Qu’elle a ses
règles spéciales édictées en fonction des besoins de service et de la nécessité de concilier les
droits de l’État et les droits des particuliers ». Pour que cette responsabilité soit mise en
œuvre (section2), certaines conditions doivent être réunies pour engager la responsabilité de
la personne publique (section 1)
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SECTION 1 : LES CONDITIONS D’ENGAGEMENT DE LA RESPONSABILITE
ADMINISTRATIVE
Comme en droit privé, la responsabilité n’existe que si le préjudice a été causé par le
fait d’une personne qui supporte sur son patrimoine, la charge de la réparation. Il faut donc
qu’il y ait un fait générateur de responsabilité (paragraphe 1), un lien de causalité (paragraphe
2), et un préjudice réparable (paragraphe 3).
La tendance française catégorise les fautes en faute simple, faute lourde et faute
présumée. La jurisprudence camerounaise suivant en cela la distinction faite par l’arrêt
Pelletier (TC, 30 juillet 1873) entre faute de service et faute personnelle, commande
l’analyse. C’est pourquoi, l’on analysera la faute de service (1) avant la faute personnelle (1).
1- La faute de service
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La faute anonyme ou faute du service est envisageable dans trois hypothèses au
moins :
- Une faute commise hors du service n’est pas en principe une faute personnelle ; il faut
encore que cette faute ait un lien avec le service ;
- Une faute dans le service est en principe une faute de service ; mais elle peut être
détachable du service en raison du mobile personnel, de la portée de l’acte qui la situe
hors du service. Lorsque l’agent exprime ses faiblesses et ses passions, il peut s’agir
d’un acte, d’une intention malveillante à caractère volontaire (TC ,14 décembre 1925
Nouarro), mais c’est d’avantage sa gravité qui est prise en compte.
En cas de faute personnelle, la juridiction compétente est le Juge Judiciaire, avec applicabilité
du droit privé ; mais l’agent public aura la couverture de la personne publique.
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a- La mise en œuvre de la responsabilité de l’administration : la substitution de
responsabilité
La compétence du Juge judicaire en matière de faute personnelle et l’application du droit
privé ressort l’article 3, alinéa 2 de la loi du 29 décembre 2006 fixant l’organisation et le
fonctionnement des tribunaux administratifs : « les tribunaux de droit commun connaissent
conformément au droit privé de toute autre action ou litige, même s’il met en cause les
personnes morales énumérées à l’article 2, la responsabilité des dites personnes morales
étant à l’égard des tiers substituée de plein droit à celle leur agent auteur des dommages
causés même dans l’exercice de leur fonction ». Cette règle a connu une application dans la
décision de la CS/AP arrêt n° 12 du 13 octobre 1994 POUNGOU Norbert, DIBONG ET
ONCP contre Ministère public Kilteu et autres).
Le lien avec le service est la condition de substitution de la responsabilité. D’abord en
qualité d’agent publique qu’il soit fonctionnaire, contractuel d’administration, collaborateur
de l’administration (CCA arrêt n° 28 du 11 septembre 1950 NLEM MBOMOZOM contre
Administration du territoire).
Ensuite, le dommage doit être causé dans l’exercice des fonctions ou à l’occasion de
celle-ci (CS Arrêt n° 245 du 18 juillet 1967 LITTY Hermann contre MBELECK Paul).
Il est possible qu’en l’absence de toute faute imputable à l’administration, les droits ou
les intérêts des particuliers se trouvent atteints dans le cadre de l’activité administrative ou
même de la puissance publique en général. Il est alors important d’assurer une certaine
sécurité des droits et intérêts particuliers. Il existe deux sortes de responsabilité sans faute : la
responsabilité pour risque (1) et la responsabilité pour rupture d’égalité devant les charges
publiques (2).
Au regard des dangers susceptibles de porter atteinte aux droits ou intérêts des
particuliers, la jurisprudence a dégagé quelques hypothèses de responsabilité pour risque :
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- Les blessures par balles des personnes pourchassées par la police (CE 24 juin 1949, Le
Compte et Daramy).
- Les mesures d’ordre économique et social imposées aux particuliers dans l’intérêt
général (le refus par l’administration d’engager une action en démolition d’un
immeuble bâti en contravention aux règles d’urbanisme ou le refus d’exercer un
pouvoir de police) ;
- Le refus d’exécuter des décisions de justice (conseil d’Etat 30 novembre 1923 arrêt
Couitéas)
- La responsabilité du fait des lois, ainsi qu’il ressort de la décision du CE français du
14 janvier 1938, La fleurette).
Au-delà du préjudice, il faut prouver que c’est l’administration qui en est à l’origine,
c’est la question du lien de causalité.
Pour que l’administration puisse être déclarée responsable, il faut que le préjudice se
rattache à son fait. C’est le problème du rapport entre le fait dommageable (qui est la cause)
et le préjudice subi (qui constitue la conséquence). Il faut prouver que l’administration est à
l’origine du dommage. C’est la raison pour laquelle la jurisprudence exige que le lien soit
direct. Ainsi, en l’absence de cette cause à effet, la responsabilité de l’administration ne peut
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pas être engagée. C’est ce qui ressort de la décision CA/CS du 22 février 1979 MOUTOMBI
Christophe contre Etat du Cameroun.
Lorsque la cause n’est pas directe, l’administration peut voir sa responsabilité atténuée
ou tout simplement dégagée. La responsabilité de l’administration est atténuée en cas de
partage de responsabilité, c’est-à-dire à la fois en cas de faute de l’administration et de faute
de la victime (CFJ/CAY arrêt n°145 du 23 mai 1971 NGIJOL Pierre contre Etat fédéral du
Cameroun), ou en cas de faute de l’administration et faute d’un tiers.
- La faute de la victime bien établie (tribunal d’Etat (TE) arrêt n° 79 du 15 mai 1963
NKOA NDI Sylvestre contre Etat du Cameroun)
- La force majeure (Conseil d’Etat 29 juillet 1953 époux Glasner). C’est un fait étranger
à l’administration, imprévisible dans sa survenance, et irrésistible dans ses effets. Elle
n’est admise que de façon exceptionnelle ;
- Un cas fortuit : le dommage est imputable à un cas fortuit lorsqu’on ignore la cause ou
que la cause est inconnue. Exemple : un accident mécanique tel que l’explosion d’un
navire de guerre (l’affaire Ambrosini 1912) ;
- Le fait d’un tiers extérieur à l’administration ;
- L’exception de risque accepté : ici, la victime s’est sciemment exposé au dommage
qui est survenu. Et lorsque la responsabilité de l’administration aura été engagée, il
faudra encore savoir qui est la personne publique responsable.
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d’un bien est responsable du dommage causé par celui-ci. Ainsi, dans l’espèce en date du 4
novembre 1966, le juge a décidé qu’une commune est responsable du dommage causé par son
agent qui conduisait un véhicule que l’Etat avait mis à sa disposition (CFJ/CAY arrêt n°1 du
04 novembre 1966 Dame MENGUE Marie contre Communauté Rural de Mbalmayo).
Un agent peut exercer des fonctions rattachables à plusieurs personnes publiques (le
dédoublement fonctionnel). C’est l’exemple du Maire qui est à la fois agent de l’Etat et agent
de la commune. Si son acte dommageable se rattache à la commune, c’est celle-ci qui en est
responsable. En revanche, si cet acte se rattache à l’activité de l’État, C’est l’État qui en est
responsable. Autre exemple, le Préfet qui exerce le contrôle de tutelle sur les communes ; en
cas de substitution d’action c’est la commune qui sera responsable s’il y a dommage. Si à
l’inverse, le contrôle s’exerce en l’absence de substitution, en cas de dommage, c’est l’État
qui en sera responsable.
Plus complexe lorsque plusieurs personnes publiques sont associées à une même
activité source de dommage ; c'est-à-dire, en cas de collaboration, celle dont relève la
compétence sera déclarée responsable du dommage causé. Mais il faudrait que se préjudice
soit réparable pour engager la responsabilité de son auteur.
Seuls ceux qui ont subi un préjudice peuvent obtenir réparation. Le principe est que
c’est la victime immédiate qui est titulaire du droit à réparation. Mais la jurisprudence admet
le préjudice par ricochet, c’est-à-dire celui qui est victime secondaire du fait du préjudice subi
par la victime immédiate. Ce préjudice leur est propre, un préjudice spécifique.
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De même, le droit à réparation peut être transmis au successeur d’une victime décédée.
Le conseil d’Etat français a en effet admis cette possibilité de transmission du droit à
réparation dans sa décision du 29 mars 2000, Association Publique Hôpitaux de Paris contre
CTS Jacquié, abandonnant sa jurisprudence antérieure qui s’opposait à cette transmission.
Somme toute, le préjudice réparable présente certains caractères.
Pour être réparable ou indemnisable, le préjudice doit être direct, certain, anormal,
spécial et matériel. Le préjudice moral étant désormais admis.
Cette technique porte sur les modalités de répartition, la date d’évaluation du préjudice
et les intérêts moratoires.
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B- La date d’évaluation du préjudice
Il faut distinguer entre le préjudice aux personnes et les dommages aux biens.
Pour ce qui est du préjudice aux personnes, le préjudice est évalué à la date du
jugement. Il en est ainsi parce que ce préjudice peut être amené à évoluer. En ce qui concerne
les dommages aux biens, l’évaluation de l’indemnisation se fait au jour de la réalisation du
dommage. La raison en est que la victime peut avoir réparé le bien avant même la décision de
justice. (CCA arrêt n°163 du 12 décembre 1952 NDINGUE Jean contre Administration du
territoire).
Ils comprennent le retard accusé par l’administration pour payer sa dette. Le Juge
administratif camerounais a repris les articles 1153 et 1154 du code civil traitant des intérêts
moratoires. (CS/CA jugement du 29 novembre 1979 EKA NGALEU Clément contre Etat du
Cameroun).
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