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DROIT ADMINISTRATIF

INTRODUCTION

SECTION 1 : DEFINITION DU DROIT ADMINISTRATIF

Paragraphe 1 : Le contexte d’apparition du droit administratif

Il est né dans le contexte de la révolution française de 1789…

A. La consécration formelle du principe de la séparation des autorités administratives et


judiciaires
Deux textes consacrent la séparation des autorités administratives et judiciaires. Il s’agit de la loi
des 16- 24 Aout 1790 et du décret du 16 Fructidor à l’an 3.
L’article 13 de cette loi dispose : « les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront
toujours séparées des fonctions administratives ; les juges ne pourront à peine de forfaiture
troubler de quelques manières que ce soit les opérations administratives, ni de citer devant
eux les administrations en raison de leurs fonctions ». Dans la même perspective, le décret du
16 fructidor an 3 rappelle : « défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaître des
actes d’administration de quel qu’espèce qu’il soit »

B. Les conséquences du principe de la séparation des autorités administratives et


judiciaires
Le paradoxe est que ces deux textes relatifs à l’autorité administrative et judiciaire pose une règle
qui interdit aux tribunaux judiciaires soumis au contrôle de la cour de cassation en France et de
la cour suprême au Sénégal la connaissance des litiges intéressant l’administration mais ne crée
pas immédiatement la juridiction qui puisse connaitre de ces litiges. La conséquence en est que
de tels litiges sont dévolus à l’administration elle-même. A ce titre, le conseil d’Etat (en France)
conseiller du pouvoir exécutif est chargé en dehors de sa fonction de préparation des lois de
« résoudre les difficultés qui s’élèvent en matières administratives ». C’est à partir de là que le
conseil d’Etat tire sa compétence de juridiction spécialisée en administrative. Le conseil d’Etat a
un rôle de conseil auprès du gouvernement et du juge. Dans ces deux fonctions, le conseil d’Etat
est présidé par le chef d’Etat et c’est lui qui tranche. Donc il n’y avait pas d’indépendance de la
justice administrative (elle était retenue par le chef de l’Etat). Puis progressivement elle va
devenir une véritable juridiction administrative (loi du 24 mai 1872 par laquelle le conseil d’Etat
cesse d’être présidé par le chef de l’Etat). La justice est déléguée ; au-delà du conseil d’Etat, les
juridictions administratives sont créées plus tard (tribunaux administratifs créées par le décret du
30 septembre 1953, les cours administratives d’appel créées par la loi du 31 décembre 1987, la
cour des comptes instituée en 1807) vont progressivement forger un corps de règles spécifiques
applicables à l’administration en dehors de tout code contrairement au juge civil. Voilà le
contexte d’apparition du droit administratif dans lequel la notion apparait souvent. Alors quelle
est la place de l’administration dans la définition du droit administratif ? Il convient
d’examiner les deux grandes définitions du droit administratif afin d’évaluer la place de
l’administration.

Paragraphe 2 : Les éléments de définition du droit administratif

A. La définition large du droit administratif

Dans un sens large le droit administratif se définit comme un ensemble des règles applicables à
l’administration quel que soit leur nature. Dans cette approche, les règles de droit public
coexistent avec celles de droit privé (Jean Marie Auby)

B. La définition restrictive du droit administratif

Dans un sens étroit, le droit administratif se définit comme l’ensemble des règles juridiques
exorbitantes du droit commun et applicable à l’administration (Vedel, Laubadère, Rivero). Cette
conception du droit administratif été consacré par le tribunal des conflits 8 février 1973, l’arrêt
Blanco « L’action de l’administration ne peut être régis par les principes qui sont établis
dans le code civil, pour des rapports de particuliers à particuliers ». Cet arrêt rendu à propos
d’un problème de responsabilité, intéresse la notion du droit administratif. En effet, le tribunal
des conflits écarte l’application du code civil à l’administration. C’est véritablement la
consécration d’une approche autonomiste du droit administratif coïncidant avec la définition
restrictive du droit administratif. Cet important arrêt du tribunal des conflits trouve un
prolongement dans la décision du conseil constitutionnel, conseil de la concurrence 23 janvier
1987. Selon le conseil constitutionnel « Seul le juge administratif est compétent en principe
pour connaitre des recours en annulation ou en reformation contre les décisions prises dans
l’exercice des prérogatives de puissances publiques par des autorités exerçant le pouvoir
exécutif, leur agents, les collectivités territoriales de la République, ou les organismes
publics placés sur leur autorité ou sur leur contrôle ». Les prérogatives de puissance publique
traduisent un phénomène d’autorité qui ne sont pas utilisés dans les rapports de droit commun
constituent un critère de la compétence du juge administratif (vedette) elle relève de la
compétence constitutionnellement réservé au juge administratif. Le constat qui peut être fait à
propos de l’étude des deux grandes définitions du droit administratif est relatif à la présence de
l’administration. Elle se définit selon le professeur Demba Sy du point de vue juridique comme
« un ensemble de structures reliés au gouvernement et une activité par laquelle les autorités
publiques pourvoient à la satisfaction des besoins publics en utilisant des cas échéants des
moyens de puissance publique » Certes l’administration se distingue des personnes privées,
mais elle est soumise au principe de la dualité de son régime juridique. Dès lors qu’elle traduit un
phénomène d’autorité ou de puissance publique, elle est assujettie aux règles de droit public.
Toute fois quand elle se comporte comme un simple particulier, les règles de droit commun
s’appliquent à elle. C’est ce que le commissaire du gouvernement Romieu rapportait en ces
termes « quand l’administration agit comme tout le monde, elle doit être soumise au droit
de tout le monde »
Il s’y ajoute que l’administration n’a ni le monopole de l’intérêt général ni le monopole de
l’émission d’acte fondé sur l’exercice de puissance publique C.E 20 décembre 1935
établissement vésical, C. E 13 janvier 1961 manié, C. E du Sénégal 27 avril 1994 Dial Diop
contre la Fédération sénégalais de football. Selon le juge sénégalais « les actes pris par la
fédération sénégalaise de football dans les limites de la délégation de pouvoir sont des actes
formellement administratifs, relevant de la compétence du juge de l’excès de pouvoir »
Aujourd’hui, la structure du droit administratif révèle une forte implication des personnes
morales du droit privé dans la gestion des services publics emportant l’usage des prérogatives de
puissance publique. Autrement dit, sous certaines conditions l’activité de certaines personnes
morales de droit privé peuvent être le siège d’une activité administrative (usage de prérogatives
de puissance publique dans la gestion d’une mission d’intérêt général). Pour tenir compte de
cette importante donnée perceptible du droit administratif, il convient de le définir comme
l’ensemble des règles juridiques applicables à l’activité administrative des personnes
morales. Ce droit administratif présenté comme tel présente un certain nombre de caractères.

SECTION 2 : CARACTERES DU DROIT ADMINISTRATIF

Ils renvoient aux traits dominants qui impriment au droit administratif une spécificité. Ils fondent
son identité. Ils ont accompagné l’évolution du droit administratif et se sont présenté comme un
héritage amplement discuté en doctrine. Entre autres caractères il importe de citer : l’autonomie,
le caractère jurisprudentiel du droit administratif et son équilibre.
Paragraphe 1 : L’autonomie

Il semble nécessaire de souligner que l’autonomie du droit administratif est d’abord appréciée
par rapport au droit privé. Cette confrontation est nécessaire mais elle n’épuise pas tous les
contours de l’autonomie.

A. Un droit différent du droit privé

A l’opposé du droit privé, fondé sur le principe de l’égalité et de l’autonomie des volontés
individuelles, le droit public consacre historiquement l’inégalité juridique entre ses sujets dès
lors qu’il s’agit d’une personne morale de droit public et d’un particulier.
En effet, le droit public reconnaît souvent à la personne morale de droit public des prérogatives
qui lui permettent de satisfaire un but d’intérêt générale. Par exemple, le pouvoir de modifier
dans certaines conditions les clauses d’un contrat ou même d’exproprier un particulier pour
cause d’utilité publique. Il s’agit là d’une inégalité organique liée à la différence des sujets de
droit public et de droit privé impliqués dans un commerce juridique. L’autonomie a également
une dimension matérielle selon Vedel, l’autonomie du droit administratif s’analyse comme un
corps de règles « répudiant en bloc le droit privé » Cette conception est relativement du T.C 8
février 1873 Blanco « considérant que la responsabilité qui peut incomber à l’Etat pour les
dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qui emploient dans le service
public ne peut être régis par les principes qui sont établis dans le code civil, pour les
rapports de particuliers à particuliers » Cet arrêt consacre l’autonomie du droit administratif.
En réalité, l’administration est régit par ses propres règles différentes de celles du droit privé.
Le droit administratif est à la base de rapports inégalitaires. Ainsi le code civil ne saurait
s’appliquer sauf exception T.C 26 Avril 2004 X.C contre commune d’Ardricour. Etre
appliqué aux personnes publiques.

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