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Notons, tout de suite, que la rupture avec l’ancien DCL n’est pas due seulement
au nombre important des nouvelles dispositions constitutionnelles par rapport
à ce que prévoyait la Constitution de 1959, mais surtout à la consécration du
principe de constitutionnalité par la Constitution de 2014. Car les nouvelles
dispositions constitutionnelles resteraient lettre morte en l’absence d’un
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organe qui veilleraient à leur strict respect. Dans la Constitution de 2014, cet
organe c’est la Cour constitutionnelle qui sanctionnera les lois qui
enfreindraient le droit constitutionnel des collectivités locales (le conseil
constitutionnel contrôlait les projets de loi relatifs aux collectivités locales, dans
le cadre de sa saisine obligatoire, en vertu de l’article 72 al.1 de la Constitution
du 1er juin 1959. Mais, étant sous le joug du président de la République, son
contrôle ne pouvait pas garantir, efficacement, le respect de la Constitution).
Elle distingue les CL les unes des autres comme elle les distingue de l’Etat. Elle
les distingue, également, de chacun de leurs habitants.
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juridique de la CL suppose, également, des organes propres de représentation
pour parler et agir en son nom et pour son compte.
Mais, l’autonomie n’est pas une notion uniforme, elle est susceptibles de
variations. Toujours, sur un plan théorique, on peut distinguer entre trois
niveaux d’autonomie d’une entité publique :
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lois et décrets, c’est-à-dire par l’Etat, ce qui est conforme au caractère unitaire
de l’Etat tunisien, affirmé par l’article 14 de la Constitution selon lequel:
« L’Etat s’engage à renforcer la décentralisation…dans le cadre de l’unité de
l’Etat ». Cette décentralisation administrative se distingue de la
décentralisation politique pratiquée, par exemple, en Espagne, et qui reconnaît
aux parlements des communautés autonomes l’exercice du pouvoir législatif
dans certains domaines fixés par la Constitution (pouvoir législatif local).
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Le principe de libre administration des CL est prévu dans la Constitution
et il est repris dans le CCL qui lui consacre une section entière, mais ni celui-ci,
ni celle-là ne prennent la peine de fixer les contours de ce principe.
d’une part, les autorités locales ne peuvent pas être nommées par l’Etat,
d’autre part, seules des structures dirigées par des conseils élus peuvent être
des CL.
Le conseil de district est élu par les membres des conseils municipaux et
régionaux, conformément à la loi (art. 357 al. 1er du CCL). Ce qui donne au
district une spécificité par rapport aux autres CL, c’est une CL pas comme les
autres : ses membres n’étant pas élus au suffrage universel direct, le district est
dépourvu du substrat sociologique propre à toute entité décentralisée,
autrement dit, il est difficile de soutenir que le conseil de district représente
des intérêts locaux, au sens des intérêts de la population du district, faute
d’être élu directement par cette population. Le district n’est pas voué à
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concrétiser la solidarité sociale qui est à la base de la décentralisation
territoriale, c’est une CL à part.
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A. La première garantie de la libre administration est liée au niveau
auquel cette liberté est consacrée. La libre administration des CL est un
principe à valeur constitutionnelle. Bien sûr, il ne suffit pas qu’un principe soit
inscrit dans la Constitution pour que son respect soit garanti. Encore faut-il qu’il
existe un organe chargé de veiller à son respect . Dans la Constitution du 27
janvier 2014, cet organe est la Cour constitutionnelle qui sanctionnera les lois
qui violeraient ledit principe (la libre ad).
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Confier la réglementation de la libre administration au législateur revient
à lui réserver le monopole des limitations à ce principe, à l’exclusion donc de
l’exécutif. C’est là où réside l’effet protecteur que l’on attend de l’intervention
de la loi.
Si seule la loi peut mettre une obligation à la charge des CL, à l’exclusion
du gouvernement, les rapports verticaux entre l’administration centrale et
décentralisée s’en trouvent affectés. Les CL s’affranchissent partiellement des
relations de dépendance à l’égard du gouvernement. La doctrine évoque, à cet
égard, l’émergence d’une « directive de séparation des administrations
centrales et décentralisées » (Bertrand Faure, Droit des collectivités
territoriales, 2ème éd., n°25, p. 28). Mais, cette directive n’a qu’une valeur
relative, dans la mesure où le gouvernement peut, toujours, intervenir pour
aménager les contraintes légales.
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administratif, de la théorie de la loi-écran lui interdit de censurer les décrets
contraires à la Constitution, tant qu’ils sont conformes à la loi qu’ils mettent en
œuvre.
En second lieu, les CL auront la possibilité, dans un litige auquel elles sont
parties, de soulever une exception d’inconstitutionnalité qui se rapporte à une
disposition applicable au litige. Le tribunal saisi de l’affaire au fond doit surseoir
à statuer et renvoyer l’exception à la Cour constitutionnelle.
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demeurent subordonnées à la loi. Elles sont prises pour l’exécution des lois et
leurs décrets d’application.
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Cela veut dire que la libre administration ne permet pas aux collectivités
locales de faire exception aux valeurs supérieures exprimées par les libertés et
droits fondamentaux dont l’exercice doit être uniforme sur tout le territoire.
Ce pouvoir de contrôle exercé par l’Etat est prévu par l’article 138 de la
Constitution: « Les CL sont soumises au contrôle a posteriori, en ce qui
concerne la légalité de leurs actes ». Ayant ainsi un fondement constitutionnel,
le contrôle sur les CL acquiert une valeur impérative. Il en découle que le
législateur ne peut pas décider sa suppression.
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que « Les ordonnances de paiement ne sont pas soumises au visa des services
de contrôle des dépenses publiques ou à toute autre autorisation ».
L’article 138 précité ajoute que le contrôle concerne la légalité des actes
des CL. Ce qui exclut le contrôle de leur opportunité. Ce dernier permet à l’Etat
de faire prévaloir ses vues propres sur celles de la CL (R. Chapus, DAG, t. 1,
n°571-1°, p. 402). Par contre, le contrôle de la légalité ne fait prévaloir que la
règle de droit dont le respect s’impose à la CL. Bien évidemment,
contrairement au contrôle de l’opportunité, le contrôle de légalité est
conforme à la libre administration des CL.
L’article 138 C évoque le contrôle sur les actes des CL, à l’exclusion du
contrôle sur les personnes, c’est-à-dire sur les autorités locales. Or, l’étude de
ce dernier type de contrôle va nous révéler que la tutelle n’a pas entièrement
disparu et que la frontière entre décentralisation et déconcentration est parfois
très ténue.
Section 1. Les CL
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dire que les communes, les régions et les districts ont un statut constitutionnel
qui leur procure une protection contre les ingérences du législateur. Les CL à
statut constitutionnel ne peuvent, surtout, pas être supprimées par une loi.
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les collectivités existantes à al date de la Constitution. Il ajoute, ensuite, que
« toute autre collectivité territoriale…est créée par la loi ». Le CC fr a jugé que
cette disposition « n’exclut nullement la création de catégories de collectivités
territoriales qui ne comprendraient qu’une unité » (CC 25 février 1982, p. 41,
RDP 1982, p. 1291 et commentaire L. Favoreu). Ce qui veut dire que la loi peut
instituer aussi bien une collectivité unique en son genre qu’un ensemble de
collectivités de même statut qui constituent une catégorie.
A. Le territoire
B. La population
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Toute CL a une population. L’importance et la composition de la
population ont certaines conséquences d’ordre juridique pour la CL. On
mentionnera quelques unes :
1) D’après l’art. 150 al. 1er du CCL, les crédits du « fonds d’appui à la
décentralisation, la péréquation et la solidarité entre les CL » sont répartis
selon des critères objectifs parmi lesquels « le nombre d’habitants ».
3) L’indemnité due aux maires est fixée sur la base de deux critères
alternatifs. L’un de ces deux critères se rapporte au nombre des habitants de la
commune à la date de l’organisation des élections municipales, selon les
derniers recensements officiels.
C. Le nom
C’est la loi créant la CL qui lui donne son nom. Les CL peuvent changer de
nom. Le changement de nom se fait selon la même procédure suivie pour le
changement de siège, c’est-à-dire par une délibération du conseil municipal
pour le changement des noms de communes, et par une loi, suite à une
délibération du conseil régional, pour le changement des noms des régions.
C’est une institution créée par la Constitution qui prévoit, dans son
article 141 al. 1er, que « le Haut conseil des CL est un organisme représentatif
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des conseils des CL ». Il y est prévu, également, que « Son siège se situe en
dehors de la capitale ». Si la capitale est, normalement, le siège de tous les
pouvoirs publics, dans un Etat unitaire, par cette dernière disposition, le
constituant veut affirmer son engagement ferme dans le processus de
décentralisation. Une proposition de loi organique n°2019-23 a été déposée
par un certain nombre de députés et qui comporte un article unique qui
prévoit que c’est le gouvernorat de Sidi Bouzid qui accueillera le siège du Haut
conseil des CL. Dans l’exposé des motifs accompagnant cette proposition, il est
signalé que les travaux préparatoires de l’ANC relatifs au projet du chapitre 7
de la C, indiquent la priorité du gouvernorat de Sidi Bouzid pour être le siège du
Haut conseil des CL. La proposition de loi organique, sus-indiquée, a été
retirée1.
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sont majoritaires dans le Haut conseil. Ce qui traduit la place prépondérante de
la commune parmi les différentes collectivités décentralisées.
Le Haut conseil des CL est dirigé par un bureau composé d’un président
et de deux vice-présidents, élus pour un mandat de cinq ans non renouvelable.
A l’instar du président de la commune (art. 255) ou de la région (art. 330), le
président du Haut conseil des CL peut être démis de ses fonctions suite au vote,
par les membres du Haut conseil, d’une motion de censure à la majorité des
trois cinquièmes (art. 49 alinéa dernier).
Mais, le Haut conseil dispose d’un autre moyen lui permettant d’influer
sur le législateur. En effet, son président peut être invité à assister aux travaux
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de l’ARP lors de l’examen des projets de lois concernant les CL. Et les membres
de son bureau aux réunions des commissions parlementaires pour être
auditionnés et exprimer les préoccupations et doléances des CL (article 56 du
CCL).
Elle a été créée par le CCL qui l’a placée sous la tutelle du Haut conseil
des collectivités locales. Mais, d’un autre côté, son budget est rattaché pour
ordre au ministère chargé des affaires locales. De même, son secrétariat est
rattaché au même ministère. Cette double dépendance de la Haute instance
des finances locales au Haut conseil des CL et à l’Etat peut l’entraver dans
l’exécution de ses missions.
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mécanismes de la démocratie participative et de la gouvernance ouverte afin
de garantir une plus large participation des citoyens et de la société civile à
l’élaboration des projets de développement et d’aménagement du territoire et
le suivi de leur exécution conformément à la loi ».
Mais, de prime abord, il faut noter que tous ces procédés supposent la
transparence de l’action locale. La transparence est érigée en règle
d’organisation de l’administration publique, dans l’art. 15 de la C. Elle s’impose,
également, à l’administration locale. C’est ce que prévoit, expressément,
l’article 34 du CCL en ces termes: « La CL est tenue de garantir la transparence
de gestion des affaires locales et de son fonctionnement. Elle prend tous les
mesures et moyens permettant d’accéder à l’information… ».
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obligatoire de participation, il doit le rejeter. S’il est approuvé malgré
l’inobservation de celle-ci, la délibération est entachée d’illégalité pour
violation d’une procédure substantielle. Ensuite, sont concernés par la
participation tous les habitants, ce qui est plus large que les électeurs, ainsi que
la société civile. La participation touche toutes les étapes du projet: son
élaboration, son exécution et son évaluation. Le législateur précise, aussi, que
l’évaluation doit être effective, c’est-à-dire doit permettre aux habitants
d’émettre une opinion éclairée sur le programme à réaliser, en leur permettant
d’accéder à toutes les informations nécessaires à la formation de cette opinion.
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Notons que les composantes de la société civile et, notamment, les
associations ne peuvent consigner leurs questions ou avis dans le Registre
précité, que si elles sont, déjà, inscrites dans un autre Registre, le Registre des
composantes de la société civile de la CL. Les composantes de la société civile
doivent satisfaire certaines conditions pour être inscrites à ce dernier Registre.
Parmi ces conditions, on peut citer, par exemple, l’enregistrement de
l’association au Registre national des entreprises. La CL peut mettre en
demeure l’association en question pour régler sa situation et décider de ne plus
traiter avec elle. Si la situation de l’association n’est pas réglée dans le délai
d’un mois, elle sera radiée du Registre des composantes de la société civile. Cet
état du droit est contestable dans la mesure où il procède à une confusion
entre des législations qui doivent être indépendantes: celle relative au RNE, par
exemple, et le droit de la participation des associations à la vie locale. De plus, il
assigne aux CL une mission de contrôle sur les composantes de la société civile,
ce qui n’est pas compatible avec leur raison d’être (servir les intérêts locaux).
(Voir Décret gouvernemental n° 2019-401 du 6 mai 2019 relatif à la
détermination des conditions et procédures de mise en œuvre des procédés de
démocratie participative tels que prévus à l’article 30 du CCL, JORT n° 39 du 14
mai 2019, p. 1517 et ss)
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collectivité locale doit organiser la rencontre dans un délai ne dépassant pas
trente jours à partir du dépôt de la demande.
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à cette demande. En effet, « dans ce cas, le référendum ne peut être organisé
que suite à l’accord des deux tiers des membres du conseil local dans un délai
ne dépassant pas deux mois ».
L’article 31 al. 1er du CCL prévoit que le conseil local peut décider de
«consulter les habitants par voie de référendum ». En réalité, le pouvoir de
voter revient aux électeurs et non pas à l’ensemble des habitants ou des
administrés. Cela veut dire que le lien civique domine toute autre considération
qui reposerait sur le lien territorial (domicile dans la collectivité) ou fiscal
(assujettissement aux impôts locaux). Cette position restrictive repose sur l’idée
selon laquelle seuls les électeurs peuvent exercer directement les compétences
appartenant aux autorités qu’ils ont désignées (B. Faure, n° 263, p. 204).
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affecter le processus de préparation et d’approbation du budget. Ce dernier
doit être approuvé, par le conseil local, avant le 1 er décembre (art. 172 alinéa
1er).
Enfin, l’art. 31 alinéa 3 du CCL prévoit qu’ « il ne peut être organisé qu’un
seul référendum durant le mandat municipal ou régional ». Cette disposition
traduit la méfiance du législateur à l’encontre du référendum. Le recours à ce
dernier doit demeurer exceptionnel, il ne doit pas devenir un mode normal
d’administration locale. Les CL étant dirigées par des conseils élus, le
référendum local ne doit pas perturber l’exercice de la démocratie
représentative.
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Cette condition est de nature à dissuader les CL d’organiser des
référendums, notamment celles dont le budget est faible. Ce qui crée des
disparités entre CL dans l’utilisation de ce procédé de démocratie participative.
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d’appel dans un délai de sept jours. La juridiction d’appel rend un jugement
définitif dans un délai ne dépassant pas un mois à partir de sa saisine.
L’opération de vote peut être contestée. Le CCL est muet sur ce point.
Néanmoins, on peut considérer que le juge compétent est le juge administratif,
juge des élections des membres des conseils municipaux et régionaux. La
décision populaire peut être contestée par la voie de REP. Notons qu’ici, il y a
matière à l’application de la théorie des opérations complexes, puisque la
décision populaire (décision finale) est prise après l’intervention de plusieurs
décisions successives spécialement prévues pour l’adoption de cette décision
finale qui achèvera l’opération. Par conséquent, le requérant sera recevable à
attaquer la décision populaire en invoquant le moyen de l’illégalité de la
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délibération autorisant le référendum, délibération inattaquable directement
car devenue définitive.
Dans un Etat unitaire, c’est la loi qui définit les compétences des CL. Ce
qui veut dire que la détermination des compétences des CL se fait
unilatéralement, en vertu d’un texte national: la loi. Il en découle que les CL ne
peuvent, juridiquement, se soustraire à l’exercice des compétences obligatoires
imposées par la loi (éclairage public des routes ou collecte des ordures
ménagères pour les communes, par exemple). Cela ressort de l’article 65 al. 2
de la C qui fait du pouvoir local une matière réservée à la loi, le pouvoir
exécutif ne pouvant intervenir, dans ce domaine, que pour prendre les décrets
d’application des lois.
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La compétence générale des CL ou clause générale de compétence
implique la liberté d’agir en général pour tout ce qui concerne la population
locale et fait qu’a priori aucun domaine n’échappe à l’exercice de cette liberté
(B. Faure, n° 688, p. 530). La compétence générale repose sur deux
fondements: un fondement théorique (§1) et un fondement positif (§2).
Par contre, une telle clause n’est pas proclamée au profit des districts.
L’article 356 du CCL assigne au district une mission bien particulière: « Le
district est une CL … qui œuvre pour l’intégration et la complémentarité du
développement économique global, équilibré et juste entre toutes les zones
qui le composent ». Ensuite, l’article 358 du même Code vient dresser une liste
limitative des attributions qui rentrent dans la compétence du conseil de
district.
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libertés locales (B. Faure, n° 683, p. 527). De toute façon, le droit positif cumule
compétence générale et compétences d’attribution.
Cette disposition montre que la tutelle de l’Etat sur les CL n’a pas disparu
totalement, même si les textes n’emploient plus ce terme. Une illustration en
est donnée par l’article 268 du CCL qui permet au gouverneur de se substituer
au maire lorsque celui-ci ne prend pas un acte « auquel il est tenu par la loi ».
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Mais, le pouvoir de substitution d’action demeure remarquable puisqu’il
permet au gouverneur de faire ce qui n’est pas permis au supérieur
hiérarchique.
A. Le principe de subsidiarité
Comme nous l’avons dit plus haut, le transfert des compétences est fait
dans des conditions déterminées par la loi, c’est-à-dire qui échappent aux CL.
Or, le législateur peut les engager dans le financement d’équipements et de
services devenus coûteux pour les finances de l’Etat. Ainsi, le transfert des
compétences engendre-t-il des transferts de charges. La libre administration
veut que les charges résultant de tels transferts soient compensées.
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transfert de crédits et de moyens adéquats avec les charges qui en découlent
pour les CL ».
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gouvernement dans l’édiction des décrets d’exécution nécessaires à organiser
les financements des charges imposées par la loi, est sanctionné par le juge
administratif et peut engager la responsabilité de l’Etat.
3. Comme pour le personnel, l’Etat doit se départir des biens affectés aux
services transférés. L’art. 144 du CCL prévoit que l’Etat veille à transférer la
gestion de certaines dépendances de ses domaine public et privé aux CL. Et il
renvoie à un décret gouvernemental le soin de déterminer les modalités et les
procédures du transfert, ainsi que les mécanismes de partage des charges et
des ressources découlant de l’exploitation des dépendances transférées. Mais,
de toutes les façons, il est prévu que le transfert donne lieu à la conclusion
d’accords particuliers.
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Ce principe est le corollaire d’autres principes, à savoir l’égalité entre CL,
leur libre administration et la compétence législative à laquelle revient le droit
de déterminer l’organisation des compétences des CL.
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Section 3. La coexistence entre la compétence générale et les
compétences d’attribution
En réalité, il n’en est rien. Nous avons vu, plus haut, que la compétence
générale des CL a un fondement en droit positif, et que les listes établies, dans
le CCL, pour énumérer les compétences des CL n’ont pas un caractère
exhaustif. Ce qui laisse intacte la liberté d’initiative des CL pour satisfaire les
intérêts locaux.
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population locale. La compétence générale permet, ainsi, aux CL de répondre
aux nouveaux besoins de la société locale et de résoudre l’ensemble des
problèmes posés dans leur circonscription.
D’autre part, les CL sont amenées à prendre divers actes juridiques, qui
peuvent être des actes unilatéraux ou conventionnels. Ces deux types d’actes
traduisent l’exercice, par les CL, de leur pouvoir normatif (Section 3).
Deux questions vont nous retenir ici, d’une part, l’existence du SP local
(§1), et d’autre part, les modes de gestion du SP local (§2).
A. La création du SP local
Le SP local est créé par une délibération du conseil local concerné, dans
le respect de la répartition des compétences entre l’Etat et les CL afin de ne pas
empiéter sur le rôle conféré aux SP nationaux. C’est en ce sens que l’art. 240 du
CCL prévoit que « Le conseil municipal crée les services publics municipaux et
les gère … ».
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Nous savons qu’en vertu de leur compétence générale, les CL peuvent
intervenir dans tous les domaines qui touchent aux intérêts locaux, à moins
que cette intervention n’enfreigne pas la loi. La création de services publics est
une application ponctuelle de cette clause générale de compétence des CL.
Parmi ces derniers, et concernant les communes, la loi (art. 240 du CCL)
prévoit la collecte des ordures ménagères, leur tri et leur transport aux
décharges contrôlées, l’éclairage public des routes et des places publiques,
l’organisation de manifestations commerciales ou culturelles, la gestion de
centres de vacances d’été et de repos, la préservation de la santé des
habitants, de la propreté de leur cadre de vie et la protection de
l’environnement …
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compensation des charges est imposé par la C et par le CCL. La question qui se
pose, alors, est de savoir non pas si les SP obligatoires sont contraires ou non
au principe de libre administration des CL, mais si la compensation répond ou
non aux conditions prévues par la C et par le Code.
B. La suppression du SP local
Quant aux SP obligatoires, ils ne peuvent pas être supprimés par la CL, et
les usagers peuvent contester la décision de suppression devant le juge
administratif et, éventuellement, demander réparation des conséquences
dommageables.
L’art. 80 al. 1er du CCL prévoit que la CL peut exploiter ses SP par elle-
même en gestion directe (A), ou bien en gestion indirecte, c’est-à-dire par les
soins d’une personne (physique ou morale) à laquelle cette exploitation sera
déléguée (B).
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Traditionnellement, il appartient à l’autorité administrative d’apprécier
comment la gestion des SP doit être assurée. C’est une question d’opportunité,
sur laquelle le contrôle juridictionnel ne porte pas. Désormais, les CL ne sont
plus totalement libres dans le choix du mode de gestion du SP, puisque ce choix
est soumis à certaines conditions citées à l’al. dernier de l’art. 80 du CCL: « Le
choix par les conseils des CL du mode de gestion des SP est soumis à un bilan
permettant de retenir le meilleur mode de gestion qui tient compte d’une part
des critères d’efficacité et de qualité et d’autre part des capacités propres de la
CL… ». Et parce que l’établissement de ce bilan peut s’avérer compliqué, le
législateur a autorisé les CL à faire appel à des experts en vue d’apprécier et de
choisir le meilleur mode de gestion.
A. La gestion directe
B. La gestion déléguée
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elle charge des entités publiques ou privées de gérer ses services publics … ».
Mais, la délégation peut aussi procéder d’une décision de l’autorité
décentralisée. A côté de la délégation contractuelle, il y a place donc à la
délégation unilatérale.
1. La délégation unilatérale
2. La délégation contractuelle
L’article 84 du CCL précise que les contrats de concession conclus par les
CL sont régis par les textes législatifs et réglementaires en vigueur, c’est-à-dire
la loi du 1er avril 2008 et ses décrets d’application, « sous réserve du respect du
principe de libre administration ».
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On doit distinguer ce nouveau contrat de délégation de SP du contrat de
concession conclu, également, par les CL. En premier lieu, la concession porte
sur la gestion d’un SP à caractère administratif ou industriel et commercial,
l’exploitation de dépendances domaniales, de matériaux ou d’équipements, ou
le recouvrement des droits revenant à la CL, tandis que
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Section 2. Le contrôle non-juridictionnel
Le principe de subsidiarité
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