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Si vous êtes étudiant inscrit en première année de droit, vous devez savoir répondre à la

question « Qu’est-ce que le droit ?».


Pour répondre à cette question, il faut toujours évoquer la distinction entre le Droit
objectif et les droits subjectifs. En effet, le mot "droit" a deux sens différents, chacune
des deux définitions étant complémentaire.
Le Droit objectif désigne l’ensemble des règles de droit, c’est-à-dire les règles régissant
la vie en société, sanctionnées par la puissance publique.
On parle de Droit objectif (au singulier, avec une majuscule à “Droit”), car on envisage les
règles de droit indépendamment de leur destinataire, de manière objective.
Les droits subjectifs sont des prérogatives attribuées à un individu en particulier dans
son intérêt, lui permettant de jouir d’une chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une
prestation. Par exemple, le droit de propriété (C.civ., art. 544) est un droit subjectif.
On parle de droits subjectifs (au pluriel, sans majuscule) car on désigne les prérogatives
attribuées à un sujet de droit en particulier, de manière subjective.
Sommaire
I. Présentation du Droit objectif
II. Présentation des droits subjectifs
III. Droit objectif et droits subjectifs : deux notions complémentaires
Le droit objectif et les droits subjectifs en image

I. Présentation du Droit objectif


Pour bien comprendre la notion de Droit objectif, il faut évoquer les caractères
permettant de l’identifier, ses sources (son origine) et ses branches (son domaine
d’intervention).
1. Les caractères de la règle de droit
Il est impossible de parler de Droit objectif sans évoquer les caractères de la règle de
droit, qui est un thème très important du cours d’Introduction au droit.
Caractère n°1 : La règle de droit est une règle de conduite sociale
La règle de droit à une finalité sociale.
Elle a pour but de permettre et d’organiser la vie en société.
Caractère n°2 : La règle de droit est générale et impersonnelle
La règle de droit concerne un nombre indéterminé de personnes et ne désigne
personne de manière individuelle.
Ce caractère général et impersonnel se manifeste par l’utilisation de formules générales.
Par exemple, l’article L1121-1 du Code du travail prévoit que “Nul ne peut apporter aux
droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives de restrictions qui ne seraient
pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché » et
l’article 9 du Code civil prévoit que “Chacun a droit au respect de sa vie privée”.
Caractère n°3 : La règle de droit est obligatoire et sanctionnée par l’autorité publique
Toute personne entrant dans le champ d’application d’une règle de droit doit respecter
son caractère obligatoire sous peine de sanction. La sanction étatique ou supra-étatique
permet justement de distinguer la règle de droit d'autres types de règles (règles
morales, règles religieuses).
Caractère n°4 : La règle de droit est permanente
Une règle de droit reste constamment applicable durant son existence (de son entrée en
vigueur à son abrogation).
C’est à partir de ces caractères qu’on distingue la règle de droit de la règle morale et de
la règle religieuse.
2. Les sources du Droit objectif
Le mot « source » désigne ce qui engendre le droit. L’expression « sources du droit » est
une métaphore servant à désigner les origines des normes juridiques. On distingue les
sources officielles et les sources officieuses du Droit objectif.
Les sources officielles du Droit objectif
Les normes juridiques sont écrites et hiérarchisées, c’est-à-dire classées en fonction de
leur valeur juridique. La hiérarchie des normes se présente de la manière suivante :

 Le bloc de constitutionnalité : les textes constitutionnels (La Constitution de 1958,


La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, Préambule de la
Constitution de 1946…) ;
 Le bloc de conventionnalité : les traités internationaux et le droit de l’Union
européenne ;
 Le bloc de légalité : les lois votées par le Parlement et prises par le pouvoir
exécutif.
 Le bloc réglementaire : les décrets et les arrêtés émanant du pouvoir exécutif.
Présentation de la pyramide de Kelsen et de la hiérarchie des normes en vidéo :
Les sources officieuses du Droit objectif
On parle de sources “officieuses” ou “contestées” du droit pour désigner la
jurisprudence et la doctrine.
La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les juridictions nationales à
propos d’une question de droit.
Plusieurs textes de valeur constitutionnelle et législative interdisent aux juges de « créer
» des règles de droit. Ainsi, les articles 34 et 37 de la Constitution n’attribuent de
compétence qu’au pouvoir législatif et au pouvoir réglementaire pour légiférer et
le principe de séparation des pouvoirs interdit au juge d’exercer la fonction de
législateur (DDHC, art. 16). De même, l’article 5 du Code civil dispose “Il est défendu aux
juges de prononcer par voie de disposition générale et réglementaire sur les causes qui leur
sont soumises” et l’article 1351 pose le principe de l’autorité relative de la chose jugée.
En pratique, toutefois, de nombreuses décisions illustrent le rôle de créateur de droit de
la jurisprudence. La Cour de cassation crée fréquemment des règles de droit en
précisant les textes de loi ou, parfois, en créant des règles générales sans se fonder sur
un texte de loi en particulier.

Cet article n’a pas pour but de détailler le rôle de la jurisprudence dans la création des
règles de droit, mais sachez que ce thème tombe très fréquemment en partiel en
première année de droit. Pour en savoir plus : les revirements de jurisprudences.

La doctrine est l’ensemble des opinions émises sur le droit par les juristes
(universitaires et praticiens comme des avocats). Elle peut s’exprimer à travers des
écrits (recueils, manuels, traités, commentaires d’arrêts…) ou prendre une forme
orale (discours, colloques, conférences, plaidoiries…). L’objet de la doctrine
est d’expliquer le droit afin de le rendre plus compréhensible et de critiquer le
droit afin de le faire évoluer en influençant le juge ou le législateur.
3. Les branches du Droit objectif
La grande diversité des règles de droit nécessaires à l’organisation de la société est
classée en branches, en groupes et sous-groupes, selon leurs similitudes, afin de
permettre une vision plus claire de l’ensemble du Droit objectif. Les deux branches
principales sont le droit privé et le droit public.
Le droit privé
Le droit privé est le droit des relations entre les personnes privées par opposition aux
personnes publiques. Il régit les relations entre les particuliers (relation horizontale) :
vie privée et familiale, vie professionnelle, relations contractuelles…
La finalité du droit privé est la satisfaction de l’intérêt privé.
Parmi les branches du droit privé, on distingue le Droit social, le Droit civil, le Droit
commercial, le Droit agricole…

Le Droit civil est le « tronc commun » du droit privé et regroupe trois sous-branches :
le droit des personnes, le droit des biens et le droit des obligations.

Le droit public
Le droit public est le droit des relations au sein de l'État (Administration) et droit des
relations entre l'État et les particuliers (relation verticale gouvernants/gouvernés).
La finalité du droit public est la satisfaction de l’intérêt général.

Les principales branches du droit public sont le Droit constitutionnel, le Droit


administratif et le Droit des finances publiques.

Il existe également des droits « mixtes » combinant des règles de droit privé et de droit
public comme le Droit pénal.

II. Présentation des droits subjectifs


1. Définition des droits subjectifs
Pour rappel, un droit subjectif est une prérogative attribuée à un individu dans son
intérêt lui permettant de jouir d’une chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une
prestation.
Toute personne a des droits subjectifs puisque la personnalité juridique désigne
l’aptitude à être titulaire de droits et d’obligations.
Les droits subjectifs se distinguent par leur caractère :

 personnel ou particulier en ce qu’ils visent une personne en particulier;


 concret en ce qu’ils visent non pas une situation type, mais la situation réelle
d'une personne ou d’un groupe de personnes.
Par exemple, le droit au respect de la vie privée, consacré par l’article 9 du Code civil,
vous donne le droit de vous opposer à ce qu’on vous filme à votre insu.

2. Les sources des droits subjectifs


On entend par « sources des droits subjectifs » les mécanismes juridiques donnant
naissance, suivant les règles du Droit objectif, à des prérogatives individuelles
sanctionnées par l’autorité publique.

Attention, si le Droit objectif reconnait des droits subjectifs, il ne consacre pas


uniquement des droits subjectifs et peut poser des règles ayant un autre objet.

Deux évènements sont créateurs de droits subjectifs : les actes juridiques et les faits
juridiques.
Les actes juridiques
Les actes juridiques sont la manifestation de volonté destinée à produire des effets
de droit. Il peut s’agir d’un acte unilatéral (exemple : un testament) ou d’un accord de
volonté c’est-à-dire une convention.
Quels sont les effets produits par ces manifestations de volonté destinées à produire
des effets de droit?

 L’acte peut constater un droit préexistant (exemple : la reconnaissance d’un


enfant);
 L’acte peut créer un droit nouveau ;
 L’acte peut transmettre un droit préexistant (exemple : la vente transfère le droit
de propriété sur une chose déterminée).
 L’acte peut éteindre un droit préexistant (exemple : la remise de dette permet de
renoncer à un droit de créance par convention).
Les faits juridiques
Les faits juridiques concernent tout évènement indépendant de la volonté humaine,
susceptible de produire des effets de droit.
Un fait juridique peut être volontaire sans que les effets de droit aient été recherchés.
Exemple : Dans une bagarre, une personne casse l’arcade à une autre. Il a souhaité lui
casser l’arcade mais n’a pas souhaité les effets de droit qui accompagnent son acte, à
savoir être tenu de lui réparer son préjudice.
3. Les différentes catégories de droits subjectifs
Il existe deux grandes catégories de droits subjectifs : les droits patrimoniaux et les
droits expatrimoniaux.
Les droits patrimoniaux
Les droits patrimoniaux sont l’ensemble des biens et des obligations d’une
personne, envisagé comme une universalité de droit, c’est-à-dire comme une
masse mouvante dont l’actif et le passif ne peuvent être dissociés [1].
À l’intérieur des droits patrimoniaux, vous devez savoir distinguer trois types de droits :

 Les droits réels qui sont les droits conférant à son titulaire un pouvoir direct et
immédiat sur une chose.

 Les droits personnels qui sont les droits permettant d’exiger d’une personne
une prestation (synonyme de droit de créance) qui peuvent prendre la forme
d’une obligation de faire, de ne pas faire ou de donner.
 Les droits intellectuels qui sont les droits patrimoniaux constituant une
catégorie intermédiaire entre droits réels et droits personnels (par exemple, les
droits de l’auteur sur son œuvre).
Les droits patrimoniaux sont cessibles (ils peuvent être cédés à titre gratuit ou onéreux
par leur titulaire à un tiers), saisissables (ils peuvent être saisis et vendus par les
créanciers du titulaire), transmissibles (ils se transmettent aux héritiers au moment du
décès) et prescriptibles (ils peuvent s’acquérir ou se perdre avec l’écoulement du
temps).
Les droits expatrimoniaux
Les droits extrapatrimoniaux n’ont aucune valeur pécuniaire et ne figurent donc pas
dans le patrimoine d’une personne. Le non-respect d’un droit extrapatrimonial peut
conduire à l’attribution de dommages et intérêts. Il s’agit par exemple des droits civiques
et politiques comme le droit de vote.
Les droits extrapatrimoniaux sont incessibles (ils ne peuvent être transmis ou
saisis), insaisissables (ils ne peuvent être saisis par des créanciers car ils sont en dehors
du patrimoine), imprescriptibles et intransmissibles (ils s’éteignent au décès de la
personne et ne se transmettent pas aux héritiers sauf exception).

III. Droit objectif et droits subjectifs : deux notions complémentaires


À ce stade, vous savez définir la notion de “droit” en distinguant le Droit objectif des
droits subjectifs.
Et vous l’avez surement déjà compris, loin de s’opposer, le Droit objectif et les droits
subjectifs sont deux notions complémentaires puisqu’elles permettent de définir le
“droit” de manière générale. Le droit est un ensemble de règles objectives (Droit objectif)
dont l’application permet à une personne d’invoquer des prérogatives individuelles
(droits subjectifs).
En d’autres termes, le Droit objectif prévoit ou reconnait les droits subjectifs au profit de
personnes placées dans une situation de fait. Il instaure et garantit l’existence des droits
subjectifs.
Toutefois, le Droit objectif n’a pas pour seul objet de consacrer et de garantir des droits
subjectifs et peut prévoir des règles ne consacrant aucun droit subjectif.

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