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Bonjour chers étudiants, chères étudiantes,

Avant de vous parler de la méthode pédagogique, je tiens tout d’abord à vous féliciter pour le choix
de la filière droit. Il s’agit en effet, d’une voie qui assure des débouchés variés (avocat, juge, juriste
d’entreprise, fiscaliste…) et qui permet donc d’avoir une formation intellectuelle de haut niveau.

Comme vous le savez, la rentrée cette année est exceptionnelle à cause de la COVID-19. La situation
est difficile et nécessite une méthode de travail adaptée à la conjoncture.

Comment devez-vous alors travailler ?

1- une fois par semaine, je vous envoie une partie du cours.

Le cours est rédigé d’une manière très simple pour vous permettre de comprendre tous les détails. A
la fin de chaque chapitre, vous aurez un schéma récapitulatif.

2- vous devez travailler régulièrement vos cours en préparant vos fiches de lecture. N’apprenez
jamais un cours sans le comprendre. Mémoriser un cours ne sert à rien si vous ne comprenez pas
l’essence des mécanismes juridiques. Autrement dit, si vous ne comprenez pas ce que vous tentez
d’apprendre, l’information ne sera pas mémorisée bien longtemps.

N’attendez pas l’approche des examens pour réviser vos cours. La clef de réussite durant toute la
licence réside dans le travail continu.

3-Pour chaque partie du cours, vous aurez des devoirs à rendre. Tout travail non fait, ou fait d’une
manière qui n’est pas sérieuse, sera sévèrement sanctionné.-

La note finale du module comprend la note des devoirs et l’évaluation finale. Les devoirs consisteront
en un QCM, une dissertation, un cas pratique…Je vous parlerai, au fur et à mesure de l’avancement
de ce cours, de la méthodologie juridique.

4-Chaque fois que vous n’avez pas compris un point, ou que vous avez des questions, n’hésitez pas à
me les poser directement sur l’ENT pour que tout le monde puisse en profiter.

Très bon courage !


Introduction à l’étude du droit :

Introduction :
Le mot droit recouvre deux concepts différents. En effet, tantôt on parle du droit, tantôt des droits.

Le droit (au sens singulier) est ce que les juristes appellent le droit objectif et dont la traduction est
quanoun en langue arabe. Il s’agit de l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des hommes
entre eux ou avec la puissance publique.

Le droit objectif se définit par son seul objet à l’exclusion de toute autre considération personnelle.
Ainsi, le droit marocain est l’ensemble des règles juridiques en vigueur au Maroc ; le droit civil est
l’ensemble des règles juridiques qui gouverne les intérêts privés ; le droit commercial est l’ensemble
des règles juridiques qui organise les rapports entre commerçants dans l’exercice de l’activité
commerciale…. Le mot droit est utilisé ici dans le sens du droit objectif, c’est-à-dire de réglementation.

Les droits, au sens pluriel, désignent les prérogatives, les avantages, les privilèges reconnus à une
personne et qui lui permettent de s’en prévaloir à l’égard des autres personnes moyennant la
protection des pouvoirs publics. C’est ce que les juristes appellent les droits subjectifs et qu’on peut
traduire en arabe par le terme haq. Exemple : droit de propriété, droit de créance, droit de vote, droit
à la vie…Le titulaire de ce droit est appelé sujet de droit, d’où l’expression de droits subjectifs pour
désigner ces prérogatives individuelles.
Les deux significations (Droit objectif et droits subjectifs) ne s’opposent pas. Elles sont
complémentaires. En effet, c’est le droit objectif qui permet à chacun d’entre nous d’invoquer un
certain nombre de droits subjectifs.

Autrement dit, les droits subjectifs n’existent que dans les limites tracées par les différentes règles du
droit objectif et sous les conditions posées par ces règles.

On peut donner l’exemple suivant :

L’article 77 du DOC (dahir des obligations et des contrats) dispose que : « Tout fait quelconque de
l’homme qui, sans l’autorité de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage
matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la
cause directe.

Toute stipulation contraire est sans effet. »

Cela veut dire que lorsqu’une personne subit un dommage causé par la faute personnelle d’une autre,
elle a le droit de réclamer la réparation à celle-ci. Elle bénéficie d’une prérogative individuelle dite droit
subjectif (réparation) qui lui est conférée par le droit objectif (qui édicte le principe de la responsabilité
civile).

La complémentarité entre droit objectif et droits subjectifs justifie la présentation de cette matière
(introduction à l’étude du droit) en deux parties : le droit objectif (première partie) ; droits subjectifs
(deuxième partie).
Plan de la première partie :

Partie 1 : Le droit objectif

Titre 1 : La règle de droit

Chapitre 1 : Les caractères essentiels de la règle de droit

Section 1 : La règle de droit est abstraite

Section 2 : La règle de droit est obligatoire

Section 3 : La règle de droit est coercitive

Chapitre 2 : Les caractères des autres règles de conduite sociale

Section 1 : La règle morale

Section 2 : La règle de bienséance

Section 3 : La règle religieuse

Titre 2 : Les divisions du droit

Chapitre 1 : Les critères de la distinction droit privé/droit public

Section 1 : Critère de l’objet

Section 2 : Critère de la finalité

Section 3 : Critère de la nature des règles de droit

Chapitre 2 : Le contenu de la distinction

Section 1 : Le droit public et ses divisions

Section 2 : Le droit privé et ses divisions

Titre 3 : Les sources du droit

Chapitre 1 : Les sources modernes

Section 1 : La constitution

Section 2 : La loi

Section 3 : Le règlement

Section 4 : Les traités internationaux

Chapitre 2 : Les sources classiques

Section1 : La coutume

Section 2 : Le droit musulman


Chapitre 3 : Les sources complémentaires

Section 1 : La doctrine

Section 2 : La jurisprudence

Titre 4 : Application dans le temps et dans l’espace

Chapitre 1 : Application dans l’espace

Chapitre 2 : Application dans le temps


Première partie : Le droit objectif
Le droit objectif, comme il a déjà été mentionné, est l’ensemble des règles juridiques qui régit les
rapports des hommes entre eux. L’attention doit donc être focalisée sur cette notion de règle juridique
(chapitre 1). Mais, cela ne saurait suffire pour appréhender toutes les dimensions du droit objectif.
Aussi, faut-il s’interroger sur ses divisions (chapitre 2), sur ses sources (chapitre 3) ainsi que sur son
application dans le temps et dans l’espace (chapitre 4).

Chapitre 1 : La règle de droit


L’analyse de la règle de droit impose le recensement de ses différents caractères afin de déterminer
son critère d’identification (section 1) et pouvoir la distinguer des autres règles de conduite sociale
(section 2). Une fois la règle juridique identifiée, nous nous interrogerons sur son but (section 3).

Section 1 : Les caractères essentiels de la règle de droit


La règle de droit présente plusieurs caractères :

-Elle est générale et abstraite

La règle de droit s’adresse à tout le monde sans viser une personne en particulier, car elle a vocation
à s’appliquer aux situations juridiques et non aux personnes qui se trouvent dans ces situations.
Autrement dit, la norme juridique s’applique de façon objective indépendamment des personnes
visées par son commandement.

Ce caractère général est une manifestation de l’application du principe de l’égalité de tous devant la
loi.

-Elle est obligatoire :

La règle de droit s’impose car elle édicte de véritables commandements. Mais, il existe des degrés dans
cette force obligatoire. En effet, il faut distinguer entre loi impérative et loi supplétive.

La loi impérative ou d’ordre public s’impose de façon absolue à tous les individus, et personne ne peut
y déroger. C’est le cas de la majorité des dispositions légales de droit public et de droit pénal (exemple :
le meurtre, le vol, le viol tombent sous le coup de la répression).

Les règles impératives sont en définitive des dispositions qui traduisent des principes fondamentaux
ou des valeurs que notre société considère comme étant sacrés.

Quant aux règles supplétives, elles ne s’imposent pas de façon absolue car les particuliers peuvent les
écarter en manifestant une volonté en ce sens. Autrement dit, le législateur pose une règle tout en
laissant les particuliers libres de l’observer ou de l’écarter.
Les règles supplétives sont fréquentes en droit des contrats. On peut donner comme exemple la vente
portant sur un objet mobilier. L’article 502 du DOC précise à ce propos que la livraison se fait au lieu
où la chose vendue se trouvait au moment de la conclusion du contrat, c’est-à-dire généralement au
magasin du vendeur, s’il n’en a été autrement convenu. Cela veut dire que les parties restent libres
d’opter en faveur d’un autre lieu de livraison tel que le domicile de l’acheteur. Toutefois, si les parties
n’ont pas manifesté une volonté contraire, la livraison doit se faire au lieu fixé par l’article 502 du DOC,
c’est-à-dire au magasin du vendeur.
Comment savoir si on est en présence d’une loi impérative ou simplement supplétive ?

Dans plusieurs cas, le législateur nous renseigne lui-même sur la nature de la règle de droit : quand il
utilise la mention « toute stipulation contraire est sans effet » ou « toute disposition contraire est
réputée non écrite » ou encore « cette règle est d’ordre public », la règle est impérative.

Exemple : l’article 77 du DOC (précité) : « Tout fait quelconque de l’homme qui, sans l’autorité de la
loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à
réparer ledit dommage, lorsqu’il est établi que ce fait en est la cause directe.

Toute stipulation contraire est sans effet ».

En revanche, lorsque le législateur utilise la mention « ….s’il n’en a été autrement convenu » ou encore
« à défaut de convention contraire », on comprend que la règle est supplétive.

Exemple : l’article 734 du DOC : « le commettant ou maître est tenu de payer le prix selon ce qui est
dit au contrat ou établi par l’usage du lieu ; à défaut de convention ou d’usage, le prix n’est dû
qu’après l’accomplissement des services ou de l’ouvrage qui font l’objet du contrat ».

Si le texte ne comporte pas de telles mentions, c’est au juge qu’il revient de dire si la règle en cause
est impérative ou supplétive.

-Elle est coercitive

La règle de droit est sanctionnée par l’autorité publique, et ce dans le but d’assurer la pérennité et la
permanence du droit. En effet, dépourvue de toute sanction, la règle de droit ne serait rien d’autre
qu’un conseil, une indication ou un renseignement.

Section 2 : Les caractères des autres règles de conduite sociale


-La règle morale :

La règle morale est une norme établissant une opposition entre le bien et le mal. C’est une règle
individuelle fondée sur les principes de justice et de charité.

Aujourd’hui, la distinction entre droit et morale est clairement affirmée et ce à plusieurs points de
vue :

Au niveau des sources : les sources du droit et de la morale ne sont pas les mêmes. Les règles de la
morale sont issues de la révélation divine, de la conscience individuelle ou de l’éthique sociale, alors
que les règles de droit sont issues de la volonté des gouvernants.

Au niveau de la finalité : la règle morale précise ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, et ceci en
référence à une visée fondamentale ce l’homme. Elle définit un idéal de conduite tant vis-à-vis d’autrui
que de soi- même. Elle a donc pour but le perfectionnement intérieur de l’homme.

Quant au droit, il a pour but d’assurer l’ordre social, il ne régit la conduite des hommes qu’en tant
qu’ils vivent en société.

Au niveau des sanctions : les sanctions du droit et de la morale ne sont pas les mêmes. Alors que le
droit est sanctionné de manière externe par les pouvoirs publics, la sanction de la règle morale est
interne : l’homme face à sa conscience.

-Les règles religieuses


Il s’agit des commandements imposés par la religion. Elles présentent des ressemblances avec les
règles de droit : aussi bien le droit que la religion condamnent le meurtre, le vol ou encore le faux
témoignage.

La différence se situe au niveau de la sanction. C’est ainsi que la violation d’un commandement
religieux met en cause la relation de l’homme avec dieu. La sanction est donc interne. Par contre, la
violation d’une règle de droit déclenche une sanction mise en œuvre par les pouvoirs publics. La
sanction est donc externe.

Section 3 : Les buts de la règle de droit


La règle de droit se propose un double but :
-Organiser la société et l’améliorer constamment : la règle de droit a pour objectif de faciliter la vie en
société et plus fondamentalement de l’organiser, de la réguler. L’organisation touche les trois niveaux :
économique, politique et sociale. Cela est tout à fait logique dans la mesure où tout progrès, toute
réforme d’ordre économique politique ou sociale passe nécessairement par l’intervention soit de
textes législatifs soit de textes réglementaires.

Pour assurer l’organisation économique, le législateur va doter la vie économique de règles qui vont
permettre le fonctionnement le plus harmonieux (exemple respect de la liberté contractuelle).

L’organisation politique consiste à doter la société de règles de droit pour assurer le gouvernement
des hommes (exemple règles relatives aux élections).

L’organisation sociale consiste à organiser les rapports sociaux. En effet, le progrès ne peut se réaliser
si on laisse ces rapports sociaux soumis au règne de la force. Les règles juridiques permettent d’assurer
un ordre social (exemple règles encadrant le mariage, le divorce).
-Le droit ne s’intéresse pas uniquement aux intérêts de la société et au développement économique
et social du pays. Il se préoccupe également des intérêts de l’individu en tant que tel.

Il s’agit de le défendre dans ses rapports avec les autres individus. C’est ainsi que la règle de droit
assure la sécurité des personnes en les protégeant dans leurs diverses activités comme elle assure la
sécurité de leurs biens privés. Ces rapports qui se nouent entre particuliers forment l’objet principal
du droit privé.

Le droit se propose aussi de défendre l’individu dans ses rapports avec l’Etat. C’est l’objet principal
d’une autre branche de droit : le droit public.
Chapitre 2 : Les divisions du droit

Les disciplines juridiques se subdivisent en deux grandes catégories : droit public et droit privé, et
chacune de ces deux branches comprend un droit interne et un droit international.

Avant d’analyser le contenu de cette distinction, il n’est pas sans intérêt de s’interroger sur ses critères.

Section 1 : Les critères de la distinction droit public/droit privé

On peut se baser sur trois types de critères :

-Critère reposant sur l’objet des deux disciplines

Le droit privé s’adresse aux particuliers et régit les relations économiques et sociales qui se nouent
entre eux (mariage, succession, contrat…).

Le droit public s’applique aux personnes morales de droit public tels l’Etat, les collectivités territoriales
et les établissements publics. Il organise les rapports qui se nouent entre ces entités d’une part et entre
elles et les particuliers d’autre part.

-Critère relatif à la finalité des deux disciplines

Le droit privé a pour finalité la protection des intérêts particuliers, alors que le droit public vise à
garantir l’intérêt général.

-Critère prenant en considération la nature des règles de droit

Le droit privé se caractérise par les règles supplétives, alors que les règles de droit public sont
impératives et s’imposent d’une manière absolue.

Section 2 : Le contenu de la distinction

Paragraphe 1 : Le droit public et ses divisions

Le droit public est l’ensemble des règles qui président à l’organisation de l’Etat et gouvernent les
rapports entre l’Etat et les particuliers.

Le droit public se divise comme il a été mentionné, en droit public interne et droit public international.

A- Droit public interne

Le droit public interne comprend plusieurs matières :

-Le droit constitutionnel :

C’est l’ensemble des règles réunies dans la constitution et qui régissent l’organisation et le
fonctionnement des institutions politiques de l’Etat.

Le droit constitutionnel s’attache aux trois organes de l’Etat : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif
et le pouvoir judiciaire pour fixer leur organisation et leur fonctionnement.

-Le droit administratif :

C’est l’ensemble des règles qui définissent l’organisation et le fonctionnement des administrations
publiques et leurs relations avec les particuliers.

Le droit administratif comprend notamment l’étude des matières suivantes : l’organisation


administrative, la fonction publique, le domaine public, la police administrative.
-Le droit fiscal :

Il s’occupe de la détermination des impôts et taxes dont les citoyens sont redevables et l’utilisation
des fonds perçus.

B- Le droit international public

Il s’agit de l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports entre Etats d’une part, et entre
Etats et organisations internationales d’autre part.

Le droit international public porte sur l’étude de l’Etat en tant que sujet de droit international et
détermine à ce titre ses éléments constitutifs (territoire, population, gouvernement), sa forme, ses
droits et obligations internationales.

Par ailleurs, il fixe les conditions de validité des traités internationaux, précise les règles de
représentation diplomatique et le mode de règlement pacifique des différends.

Paragraphe 2 : Le droit privé et ses divisions

Le droit privé est l’ensemble des règles qui gouvernent les rapports des particuliers entre eux ou avec
les collectivités privées telles les sociétés, les associations.

Le droit privé se divise en droit privé interne et droit international privé.

A- Le droit privé interne

Les principales matières de droit privé interne sont :

-Le droit civil :

C’est l’ensemble des règles qui organisent les rapports privés des particuliers et leurs obligations
réciproques.

On l’appelle droit commun parce qu’il comprend l’ensemble des règles de droit privé applicables en
l’absence de règles spécialisées telles les règles de droit commercial, de droit social…

De ce point de vue, il apparait comme un droit de réserve auquel il est fait recours chaque fois que l’on
se trouve en face d’une lacune dans une branche particulière de droit privé.

Le droit civil comprend : le statut personnel (capacité, mariage, divorce, filiation, successions…) et le
régime juridique des actes juridiques et des faits juridiques.

-Le droit commercial :

C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent l’activité commerciale dans tous ses aspects
notamment : les actes de commerce, les contrats commerciaux, les effets de commerce, le fonds de
commerce, les difficultés de l’entreprise…

-Le droit du travail :

C’est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les relations privées de travail, c’est-à-dire les
relations professionnelles entre les employeurs et les salariés.

B- Le droit international privé

C’est l’ensemble de règles applicables aux relations entre personnes privées lorsqu’existe un élément
étranger : il en va ainsi par exemple lorsqu’un marocain épouse une tunisienne en France. Dans ce cas,
se pose un problème de détermination de la loi applicable : est-ce la loi marocaine, la loi tunisienne ou
la loi française ? C’est ce qu’on appelle un conflit de lois.

On rattache également au droit international privé les dispositions relatives à la condition des
étrangers (de quels droits peuvent-ils jouir dans un Etat qui n’est pas le leur) et à la nationalité.

Paragraphe 3 : Les matières mixtes

A côté des matières de droit public et de droit privé, il existe des disciplines juridiques difficiles à classer
dans l’une ou l’autre des deux catégories. C’est le cas du droit pénal et de la procédure civile.

A- Le droit pénal

Il comprend l’ensemble des règles juridiques qui déterminent les infractions et les sanctions qui leur
sont applicables.

C’est un droit public dans la mesure où le droit de punir appartient à la société ; il est exercé en son
nom par la puissance publique qui a la maîtrise de la sanction.

C’est un droit privé du fait qu’il protège les individus dans leur vie privée, dans leur honneur et dans
leur propriété.

B- La procédure civile

C’est l’ensemble des règles applicables aux jugements par les tribunaux, des litiges nés entre
particuliers.

C’est un droit public dans la mesure où la justice rendue par les fonctionnaires représente un service
public. Elle fait régner la paix sociale. Les jugements conduisent par leur formule exécutoire à l’emploi
de la force publique.

C’est un droit privé dans la mesure où les litiges sont résolus en application de droit privé. Ce droit
assure donc la protection et la sanction des droits individuels.
Chapitre 3 : Les sources du droit

Les sources du droit peuvent être classées en trois catégories : les sources modernes, les sources
traditionnelles et les sources complémentaires.

Section 1 : Les sources modernes

Elles sont au nombre de quatre : la constitution, la loi, le règlement et les traités internationaux.

Paragraphe 1 : La constitution

C’est la charte fondamentale du pays. Elle institue les principaux organes du pouvoir, elle détermine
leurs attributions et leurs conditions d’exercice. Elle détermine la forme de l’Etat (monarchie
constitutionnelle), la forme du régime politique (régime parlementaire). Elle affirme également les
principes essentiels de la vie en société.

La première constitution marocaine date de 1962. Elle a introduit le principe de la séparation des
pouvoirs alors qu’avant, le Maroc vivait sous le régime de la confusion des pouvoirs.

Ce principe signifie que les trois pouvoirs : le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire doivent être
indépendants et assurés par des organes différents.

C’est ainsi que le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement, le pouvoir législatif est assuré par
le pouvoir législatif, alors que le pouvoir judiciaire relève des magistrats.

Après la constitution de 1962, le Maroc a connu cinq autres constitutions : 1970, 1972, 1992, 1996, et
enfin celle de 2011.

Paragraphe 2 : La loi

Il s’agit de l’ensemble des dispositions écrites adoptées par le pouvoir législatif, c’est-à-dire le
parlement.

Nous examinerons successivement la distinction entre loi organique et loi ordinaire, les étapes
d’élaboration de la loi et les formes d’abrogation de la loi.

A- Loi organique/loi ordinaire

-Loi organique :

Il s’agit d’une loi prévue par la constitution et qui a pour objet de fixer les modalités d’application de
certaines dispositions constitutionnelles.

Autrement dit, la loi organique est adoptée sur un renvoi, un ordre d’une disposition constitutionnelle
qu’elle vient compléter et préciser.

En effet, la constitution renvoie à des lois organiques pour certaines matières. Exemples : les
conditions et les formes d’exercice du droit de grève, la loi de finances, le conseil économique et social.

Les lois organiques sont soumises à une procédure spéciale d’élaboration. En effet, elles ne peuvent
être promulguées qu’après que la cour constitutionnelle se soit prononcée sur leur conformité à la
constitution.

-La loi ordinaire :

C’est celle qui suit le procédé normal d’adoption et qui ne vient pas compléter une disposition
constitutionnelle.
Parmi les matières qui relèvent du domaine de la loi ordinaire :

-La détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables

-Le statut des magistrats

-Le statut de la fonction publique

-Le régime des obligations civiles et commerciales

-La création des établissements publics

B- Les étapes d’élaboration de la loi

Elles sont au nombre de quatre :

-L’initiative :

L’initiative d’élaboration d’une loi peut provenir soit du gouvernement auquel cas on parle de projet
de loi, soit d’un député ou d’un groupe parlementaire, et dans ce cas on parle de proposition de loi.

-Discussion et vote de la loi :

Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement par les deux chambres du parlement
pour arriver à l’adoption d’un texte identique qui sera voté.

-Promulgation du texte par le roi :

La promulgation est l’acte par lequel le roi atteste l’existence et la régularité de la loi votée par le
parlement et en ordonne l’exécution. Elle se fait par un dahir de promulgation qui doit être contresigné
par le chef du gouvernement.

-Publication :

C’est l’information des destinataires de la loi de son existence et de son contenu afin qu’ils puissent
prendre leur dispositions et agir en conséquence, car il serait injuste de reprocher aux citoyens de ne
pas avoir observé les prescriptions d’une loi qui n’a jamais été portée à leur connaissance.

Au Maroc, la publication est faite au bulletin officiel qui parait langue arabe et française.

C-Les formes d’abrogation de la loi


L’abrogation d’une loi consiste à cesser de l’appliquer pour l’avenir et à lui ôter son caractère
contraignant qui la distingue des autres règles de conduite sociale.

Aux termes de l’article 474 du DOC « les lois ne sont abrogées que par des lois postérieures lorsque
celles-ci l’expriment formellement ou quand la nouvelle loi est incompatible avec la loi antérieure ».

On comprend de cet article que l’abrogation de la loi peut être expresse ou tacite.

L’abrogation expresse : on dit que l’abrogation est expresse lorsqu’elle est contenue dans un texte
formel qui abroge l’ancienne loi. Généralement, c’est l’un des derniers articles d’une loi nouvelle qui
déclare abroger telles dispositions antérieures qu’il énumère.

L’abrogation tacite : c’est l’hypothèse d’une nouvelle loi qui prévoit des règles incompatibles avec
celles qui figuraient dans un texte antérieur. En bonne logique, il n’est pas possible d’appliquer au
même moment deux textes contradictoires. Il faut en déduire que la loi récente a implicitement abrogé
la loi ancienne.
Paragraphe 3 : Les règlements

Il s’agit des règles élaborées par le pouvoir exécutif. Cela concerne les décisions administratives,
réglementaires prises soit dans le but d’exécuter les lois (règlements exécutifs), soit dans le but
d’organiser et de gérer les services publics (règlements de police).

Les règlements sont des dispositions variées et d’inégale importance : au premier rang, on trouve les
dahirs règlementaires pris par le roi. A un échelon intermédiaire, on a les décrets du chef du
gouvernement. A un échelon inférieur, on rencontre les arrêtés ministériels.

Paragraphe 4 : Les traités internationaux

Le contenu de ce paragraphe fera l’objet d’une recherche par les étudiants :


« faites une recherche sur les traités internationaux en tant que sources du
droit et leur place dans la hiérarchie des normes juridiques marocaines ».
Paragraphe 5 : La hiérarchie des textes légiférés
Le principe de la hiérarchie des textes signifie que chaque règle juridique doit être conforme à celle
qui lui est hiérarchiquement supérieure, plus précisément elle ne peut lui être contraire.

Par conséquent, le règlement doit être conforme à la loi, qui doit être conforme à son tour à la
constitution considérée comme la norme fondamentale sur laquelle est bâti tout l’ordonnancement
juridique.

Pour qu’une telle hiérarchie soit respectée, on a institué un double contrôle : le contrôle de la
constitutionalité de la loi et le contrôle de la légalité des règlements.

A-Le contrôle de la constitutionalité de la loi

On entend par constitutionalité de la loi, sa conformité à la constitution. Ce contrôle est dévolu à la


cour constitutionnelle.

La cour constitutionnelle comprend six membres désignés par le roi pour une durée de neuf ans, et six
membres désignés pour la même durée, moitié par le président de la chambre des représentants,
moitié par le président de la chambre des conseillers. Le président de la cour constitutionnelle est
choisi par le roi parmi les membres qu’il nomme. Le mandat de président et des membres du conseil
n’est pas renouvelable.

B-Le contrôle de la légalité des règlements

On entend par légalité des règlements leur conformité à la loi. Il appartient aux tribunaux
administratifs et à la chambre administrative de la cour suprême de procéder à ce contrôle pour
aboutir à l’annulation des règlements illégaux.

Section 2 : Les sources traditionnelles

Les sources traditionnelles sont représentées par deux éléments : le droit musulman et la coutume.

Paragraphe 1 : Le droit musulman

D’origine religieuse, le droit musulman est composé de règles qui s’appliquent obligatoirement dans
un pays musulman. Elles proviennent des versets coraniques, des hadiths et des explications issues de
la doctrine musulmane.
Le rôle que doit occuper le droit musulman dans les ordres nationaux a suscité un grand débat entre
les modernistes et les fondamentalistes.
Pour les modernistes, la loi islamique n’est plus adaptée au monde contemporain, et certains
impératifs religieux constituent un obstacle au développement économique et social. Exemple :
l’interdiction du prêt à intérêt, l’injustice à l’égard de la femme…

Pour les fondamentalistes, si le monde musulman est sous développé, c’est parce que les musulmans
se sont écartés de la voie de Dieu. Pour sauver donc ce monde musulman, il faut un retour aux sources,
c’est-à-dire aux valeurs de l’islam, et l’application pure et simple de la chariâ.

Face à cette problématique, les pays musulmans ont adopté des attitudes divergentes. Exemple de la
Turquie : prééminence du droit occidental sur la chariâ. Exemple de l’Arabie Saoudite : attachement
indéfectible à l’orthodoxie musulmane.

Qu’en est-il du Maroc ?

Notre pays a opté pour une solution médiane : tout en s’appuyant sur les grands principes du droit
musulman classique, le Maroc a introduit des innovations justifiées par l’évolution sociale.

C’est surtout dans le domaine du statut personnel et successoral qu’apparait nettement l’impact des
règles de droit musulman. Par contre, dans les autres domaines de la vie économique et sociale, la
législation moderne est plus entreprenante.

Paragraphe 2 : La coutume

La coutume est une règle de droit non écrite découlant d’une pratique ancienne, d’un usage qui s’est
prolongé dans le temps.

La coutume est tellement usitée qu’elle acquiert force de loi. Elle comporte deux éléments
constitutifs :

-Un élément matériel : c’est la pratique prolongée dans le temps

-Un élément psychologique : c’est le sentiment chez les intéressés que cette pratique ou habitude est
obligatoire.

Même si son champ d’application demeure en régression en faveur des textes écrits, la coutume
continue à constituer une importante source de droit marocain.

Section 3 : Les sources complémentaires

Elles sont au nombre de deux : la jurisprudence et la doctrine.

La jurisprudence est l’ensemble des décisions rendues par les juridictions. Elle est une source de droit
dans la mesure où les textes de loi ne peuvent tout prévoir. En outre, des difficultés d’application et
d’interprétation peuvent surgir et susciter des litiges que le juge compétent devra trancher.

Dés lors, avec la répétition de solutions identiques dans les mêmes cas de figure, surtout lorsqu’elles
sont consacrées par la cour de cassation (du fait de la position de cette juridiction au sommet de la
hiérarchie judiciaire), ces décisions finissent par constituer des jurisprudences constantes.

Les décisions des juridictions contribuent donc à interpréter le droit.


La doctrine est l’œuvre écrite des juristes qui étudient ou pratiquent le droit (professeurs, magistrats,
avocats…). Elle est une source de droit dans la mesure où les avis qu’elle donne peuvent influencer le
législateur et les tribunaux lors des jugements.
Chapitre 5 : L’application de la loi dans le temps et dans l’espace

En principe, lorsqu’une loi est promulguée, elle est censée s’appliquer à l’ensemble de ceux auxquels
ses dispositions s’adressent même s’ils en ignorent l’existence et le contenu.

Cependant dans la pratique, l’application d’une loi peut susciter plusieurs difficultés :

Quel est le domaine territorial de compétence de la loi marocaine ? C’est le problème de l’application
de la loi dans l’espace.

Quel est le domaine d’application temporel de deux lois qui se succèdent ? C’est le problème de
l’application de la loi dans le temps.

Section 1 : Le droit et l’espace

Par espace, il faut entendre ici le territoire de l’Etat qui constitue le champ d’exercice de la
souveraineté.

La question qui se pose ici est de savoir si la loi doit être appliquée de manière absolue à toutes les
personnes qui se trouvent sur le territoire d’un pays sans faire la distinction entre les citoyens et les
étrangers, et si elle doit s’appliquer uniquement dans les limites du territoire ou même en dehors du
pays ?

Ces questions sont dues au fait que le contenu des règles juridiques varie dans l’espace, c’est-à-dire
que d’un pays à l’autre, et pour le même domaine, les règles qui s’appliquent sont différentes.

Pour échapper aux conséquences de la relativité juridique découlant de la multiplicité des régimes
variant d’un Etat à un autre, on a pensé à une solution fondée sur deux principes : celui de la
territorialité des lois et celui de la personnalité des lois.

Paragraphe 1 : Le principe de la territorialité des lois

Conformément à ce principe, la loi s’applique à toutes les activités qui s’exercent dans le pays et à
toutes les personnes qui se trouvent dans les limites de ce pays.

Autrement dit, ce principe permet l’application des lois aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers
résidents ou de passage dans un pays.

Ainsi par exemple, le droit pénal marocain s’applique aux étrangers qui commettent des infractions
sur le territoire marocain. De même, les français habitant au Maroc sont soumis à la fiscalité
marocaine.

Paragraphe 2 : Le principe de la personnalité des lois

Il s’agit d’une exception au principe de la territorialité des lois. En effet, ce dernier ne peut s’appliquer
d’une manière absolue et l’Etat peut être amené à appliquer sur son territoire des lois étrangères.

Ce principe se justifie par le fait que dans certains domaines, il faut prendre en considération certains
éléments comme la culture, les traditions, la religion, l’histoire…

C’est le cas en matière de statut personnel dans laquelle interférent plusieurs considérations. Ainsi, au
Maroc, les étrangers peuvent se marier, divorcer conformément à leur loi nationale, à condition
toutefois que l’application de cette loi ne soit pas contraire à l’ordre public marocain.

Section 2 : Le droit et le temps


La question qui se pose dans ce cadre est la suivante : en cas d’abrogation d’une loi et l’entrée en
vigueur d’une nouvelle loi, quand cette dernière commence à produire ses effets et quand l’ancienne
loi cesse de s’appliquer ?

Autrement dit, le conflit s’articule autour des situations et des effets juridiques nés sous l’égide de
l’ancienne loi et qui continuent de produire effet dans le cadre de la nouvelle loi.

Pour échapper au problème découlant de la succession de deux lois, on a cherché une solution fondée
sur le principe de la non rétroactivité des lois nouvelles.

Que signifie ce principe ?

Ce principe qui découle de la constitution signifie que la loi ne s’applique pas à des actes ou faits
juridiques antérieurs à son entrée en vigueur.

Ce principe se justifie par des considérations de sécurité et de stabilité juridique : si une personne qui
a obéi à une loi pouvait être inquiétée par la suite du fait d’une loi postérieure, la loi perdrait toute
crédibilité puisque personne n’oserait plus s’y conformer de crainte de voir son comportement
incriminé par une loi postérieure.

Le principe de la non rétroactivité connait cependant quelques exceptions :


Cas des lois interprétatives : la loi expliquant ou interprétant une loi antérieure obscure est
logiquement rétroactive puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une loi nouvelle, mais plutôt de
l’interprétation d’une loi ancienne.

Cas des lois pénales plus douces : il s’agit des lois pénales nouvelles ayant prévu des peines moins
sévères pour sanctionner les délinquants ayant commis des infractions réprimées plus sévèrement par
la loi ancienne. Dans ce cas, le juge est habilité à faire bénéficier le délinquant des dispositions de la
loi pénale plus douce. C’est ce qui découle de l’ article 6 du code pénal « lorsque plusieurs lois ont été
en vigueur entre le moment où l’infraction a été commise et le jugement définitif, la loi, dont les
dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application ».
L’exception de la nouvelle loi pénale plus douce ne joue que si le procès était en cours ou que le
jugement n’était pas encore définitif.
Deuxième partie : Les droits subjectifs
Les droits subjectifs sont, comme il a déjà été précisé, des prérogatives reconnues aux personnes. On
déterminera dans cette partie les sujets de droits subjectifs (chapitre 1), les sources de droits subjectifs
(chapitre 2) ainsi que la classification des droits subjectifs (chapitre 3).

Chapitre 1 : Les sujets de droits subjectifs


Le droit s’occupe des personnes, c’est-à-dire des sujets de droit. La loi reconnait à ces personnes
l’aptitude à être titulaires de droits et redevables d’obligations, et ainsi d’avoir la possibilité de jouer
un rôle dans la vie juridique, économique et sociale d’un pays. Cette aptitude constitue la personnalité
juridique.

On distingue deux catégories de personnes juridiques : les personnes physiques et les personnes
morales.

Section 1 : Les personnes physiques

Les personnes physiques sont les êtres humains. Tout individu est une personne juridique dès sa
naissance et même dès le moment de sa conception, à condition toutefois que l’enfant soit né vivant.

Dans ce cadre, il faut distinguer entre la capacité d’exercice (aptitude d’un individu à exercer soi- même
les droits dont il est titulaire) et la capacité de jouissance (aptitude d’une personne à jouir librement
des droits dont elle est titulaire).

La personnalité juridique ne disparait qu’avec la mort de l’individu. Le décès produits de nombreux


effets juridiques notamment l’ouverture et la liquidation de la succession du défunt.

Quels sont les éléments permettant d’identifier les personnes physiques ?

Ces éléments sont : le nom, le domicile, l’état civil et la nationalité.

-Le nom : le nom d’une personne se compose généralement de deux éléments : le prénom et le nom
de famille ou le nom patronymique.

Le premier permet de différencier les individus à l’intérieur d’une même famille. Le deuxième marque
l’appartenance à une famille.

-Le domicile : c’est le lieu du principal établissement, la résidence habituelle de la personne.

Le domicile a un intérêt juridique évident. Il est le lieu où les tiers peuvent adresser leurs courriers,
notifier les actes de procédure…

De même, en cas de litige, le différend est porté devant le tribunal du lieu du domicile du défendeur.

-L’état civil : le régime de l’état civil est prévu par la loi 37-99 relative à l’état civil promulguée par dahir
du 3 octobre 2002.

L’inscription à l’état civil est obligatoire pour tous les marocains. Il en va de même des étrangers au
regard des naissances et des décès sur le territoire national.
La déclaration de naissance ou de décès doit être faite dans un délai de 30 jours à compter de la date
de la naissance ou du décès auprès de l’officier de l’état civil compétent qui en dresse un acte.
-La nationalité : c’est le lien juridique qui unit une personne à un Etat. Elle permet de distinguer les
nationaux des étrangers.

Le régime juridique de la nationalité marocaine fait l’objet du dahir du 6 septembre 1958 portant code
de la nationalité marocaine tel qu’il a été modifié et complété.

Section 2 : Les personnes morales

La personnalité juridique est reconnue à certains groupements ou collectivités organisés, qui sont
considérés par la loi comme des sujets de droit. Ce sont les personnes morales.

Paragraphe 1 : Les catégories de personnes morales

Les personnes morales sont différentes selon leurs objectifs. On distingue deux catégories de
personnes morales :

Les personnes morales de droit public : elles ont des pouvoirs de puissance publique, et sont
constituées de l’Etat, les établissements publics, les collectivités locales…

Les personnes morales de droit privé : il s’agit principalement des sociétés civiles et commerciales,
des associations et des syndicats.

Sociétés : elles sont créées dans un but lucratif par une ou plusieurs personnes. Elles mettent en
commun des biens en vue de partager un bénéfice ou de réaliser une économie tirée d’une activité
économique.

Les sociétés commerciales se répartissent en trois catégories :


Les sociétés de personnes qui se caractérisent par l’importance accordée à la personne de l’associé
(l’intuitu personae), par la responsabilité indéfinie et solidaire des associés, et par le fait que les parts
sociales ne sont pas librement cessibles.

Les principales sociétés de personnes sont les sociétés en nom collectif et les sociétés en commandite
simple.

Les sociétés de capitaux : elles se caractérisent par l’importance accordée au capital. La personne des
associés importe peu. La responsabilité des associés est limitée à leurs apports. Chaque associé peut
céder librement ses actions.

Les principales sociétés de capitaux sont la société anonyme et la société en commandite par actions.

La troisième catégorie est la société à responsabilité limitée. Elle est de nature hybride, c’est-à-dire
qu’elle emprunte ses caractéristiques aux deux autres catégories.

Comme les sociétés de personnes, elle se caractérise par l’intuitu personae. La cession des parts
sociales n’est pas libre.

Comme les sociétés de capitaux, la responsabilité des associés d’une SARL est limitée à leurs apports.

Les associations : elles sont créées dans un but non lucratif. Ce but peut être sportif, artistique,
charitable…
Les syndicats : ils sont créés pour défendre des intérêts professionnels, économiques et sociaux des
salariés.

Paragraphe 2 : Les attributs de la personnalité morale

Au même titre que les personnes physiques, les personnes morales ont des attributs qui permettent
de les identifier.

Ainsi, si l’on prend l’exemple des sociétés commerciales, ces dernières ont un nom, un domicile et une
nationalité.

A- Dénomination sociale

Les sociétés commerciales sont désignées par une dénomination sociale qui peut être choisie selon
l'une des trois formules suivantes : dénomination tirée de l'objet de l'entreprise ; dénomination
comportant le nom d'un associé ; dénomination de fantaisie.

Pour éviter tout risque de confusion, la dénomination sociale est protégée par l'inscription au registre
central.

Les associés doivent consulter les services du registre central pour se procurer un certificat négatif qui
prouve la- non utilisation du même nom par une société.

B- Le siège social

Il s'agit du domicile de la société. C'est le lieu où la société a son principal établissement, celui où se
trouvent les organes de direction et les services administratifs.

C- La nationalité

A l'instar des personnes physiques, la société est juridiquement rattachée à un Etat. Pour déterminer
la nationalité d'une société, on se base généralement sur deux critères : soit sur le critère du siège
social, soit sur le critère du contrôle.

Selon le premier critère, une société a la nationalité du pays où se trouve situé son siège social effectif.
Suivant le critère du contrôle, la nationalité des sociétés s'apprécie en tenant compte non pas du lieu
du siège social, mais de la nationalité de ceux qui contrôlent la société, c'est-à-dire la nationalité des
associés qui dirigent effectivement la société.

Au Maroc, une société est marocaine dés lors qu'elle a son siège social effectif au Maroc, même si elle
est contrôlée entièrement par des capitaux étrangers.

Signalons que les sociétés commerciales ne se voient reconnaître la personnalité qu’à compter de leur
immatriculation au registre de commerce. Elles perdent la personnalité morale à la dissolution et plus
précisément à la fin des opérations de liquidation. (Pour plus de détails, se référer à l’audio
n° 6).
Chapitre 2 : Les sources des droits subjectifs

Les sources des droits subjectifs sont les actes juridiques et les faits juridiques.

Section 1 : Les faits juridiques

Le fait juridique peut être défini comme un comportement volontaire de l’homme qui fait naître un
droit subjectif sans que la conséquence juridique que la loi y attache n’ait été spécialement
recherchée.

C’est le cas de celui qui circule à une grande vitesse et qui heurte un passant qui traverse la route et le
blesse gravement.

Certes, il a agi volontairement en conduisant à une grande vitesse. Par contre, il n’a pas cherché à
blesser volontairement le passant et à engager sa responsabilité.

Section 2 : Les actes juridiques

L’acte juridique est une manifestation de volonté d’une ou plusieurs personnes ayant pour effet de
produire des conséquences juridiques voulues.

Si les actes juridiques sont d’une grande diversité, ils sont gouvernés par les mêmes règles relativement
à leur formation et à leurs effets.

Paragraphe 1 : Classification des actes juridiques

-Acte unilatéral et acte bilatéral : l’acte juridique est unilatéral lorsque l’effet juridique recherché
résulte de la volonté d’une seule personne (exemple testament). Par contre, l’acte juridique est
bilatéral lorsque le résultat juridique poursuivi découle de deux ou plusieurs manifestations de volonté.
On parle alors de contrat (exemple contrat de vente).

-Acte à titre gratuit et acte à titre onéreux : l’acte juridique est à titre gratuit lorsqu’il procure à une
personne un avantage sans rien recevoir en échange (exemple donation). L’acte juridique est à titre
onéreux lorsque chaque contractant reçoit un avantage en contrepartie de son engagement (contrat
de travail).

-Contrat aléatoire et contrat commutatif : dans le contrat aléatoire, les avantages ou les pertes
résultent d’un événement incertain (exemple contrat d’assurance). Pour le contrat commutatif, les
obligations sont connues dés la conclusion du contrat (exemple contrat de bail).

--Contrat de gré à gré et contrat d’adhésion : dans le premier, les obligations sont librement négociées
par les parties (exemple vente d’un appartement). Dans le second, une des parties ne peut qu’accepter
les conditions imposées par l’autre (exemple achat d’un ticket de train).

Paragraphe 2 : Formation des actes juridiques

Les conditions de validité des actes juridiques sont : le consentement, la capacité, l’objet et la cause.

A- Le consentement
C’est la manifestation d’une seule volonté dans l’acte unilatéral et l’accord de volonté dans l’acte
bilatéral.

Le consentement doit être libre. Il ne doit pas être donné suite à un vice de consentement.

Il existe trois vices de consentement : L’erreur, le dol et la violence.

L’erreur consiste en une appréciation fausse d’un élément fondamental de l’acte.

Le dol consiste en des manœuvres frauduleuses ou des tromperies pour entrainer le consentement.

La violence peut être physique ou morale et doit avoir été déterminante dans l’engagement.

B- La capacité

C’est l’aptitude à être titulaire de droits et à les exercer.

En principe, toute personne peut consentir à un acte juridique, sauf dans les cas où la loi a
expressément prévu qu’elle est incapable. C’est le cas du mineur et du majeur incapable.

C- L’objet

L’objet d’un acte juridique, c’est ce sur quoi porte la volonté. L’objet doit exister au moment de la
conclusion de l’acte : exemple, si la chose a été détruite avant la vente, le contrat n’est pas valable.
Mais, une chose future peut faire l’objet d’un acte ; exemple, vente d’une chose à fabriquer.
L’objet doit être licite. Il est qualifié d’illicite soit parce qu’il s’agit de choses hors commerce (les
stupéfiants, les organes humains), soit encore parce qu’il porte atteinte à la santé et à la sécurité
publique (utilisation par un industriel de produits non conformes aux exigences de santé et de
sécurité).

D- La cause

C’est la raison pour laquelle les parties se sont engagées. La cause doit exister, sinon l’acte n’est pas
valable. Elle doit également être licite.

E- Sanction des conditions de validité

Le non- respect d’une des conditions de validité peut entrainer une action en nullité. Le juge
prononcera l’anéantissement rétroactif du contrat qui est censé n’avoir jamais existé. On distingue
deux types de nullité : relative et absolue.

La nullité relative : l’objectif est de protéger les contractants. Les cas de nullité relative sont
l’incapacité d’un contractant ou l’existence d’un vice de consentement. Ce sont les personnes lésées
qui peuvent demander la nullité de l’acte.

La nullité absolue : son objectif est de protéger la société et l’ordre public. Les cas de nullité absolue
sont l’absence de cause ou d’objet, un objet ou une cause illicite ou immorale. Toute personne peut
demander la nullité du contrat.

Paragraphe 3 : Les effets des actes juridiques

On distingue entre la force obligatoire de l’acte juridique et son effet relatif

A- La force obligatoire de l’acte juridique


Elle découle de l’article 230 du DOC « les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu
de loi à ceux qui les ont faites, et ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel ou
dans les cas prévus par la loi ».

Cela veut dire que le contrat est la loi des parties, et que la volonté oblige les contractants avec la
même force que la loi. Cette force obligatoire s’applique à la fois vis-à-vis des parties et vis-à-vis du
juge.

- Vis-à-vis des parties :

Le contrat s’impose aux parties dès sa formation. Elles ne peuvent pas se dégager unilatéralement du
lien contractuel. Seul le consentement mutuel des parties peut défaire ce que le premier avait créé.

De même, les parties ne peuvent modifier le contrat que par consentement mutuel, ou si une clause
de révision avait été insérée dans le contrat.

- Vis-à-vis du juge :

Le contrat s’impose au juge qui ne peut qu’en interpréter les clauses obscures. Il ne peut cependant
les modifier car elles sont l’expression de la volonté des signataires.

B- L’effet relatif

Aux termes de l’article2 28 du DOC « Les obligations n’engagent que ceux qui ont été partie à l’acte :
elles ne nuisent point aux tiers et elles ne leur profitent que dans les cas exprimés par la loi ».

Cela signifie que l’acte juridique n’a d’effet qu’à l’égard des parties qui l’ont voulu, non des tiers.

Mais, ce principe souffre quelques exceptions. On peut citer dans ce cadre la stipulation pour autrui.

Il s’agit d’un mécanisme suivant lequel par contrat conclu entre un stipulant et un promettant, ce
dernier s’engage à fournir une prestation à un tiers bénéficiaire.

C’est le cas du contrat d’assurance-vie. L’assuré (le stipulant) conclut un contrat avec une compagnie
d’assurance (le promettant) aux termes duquel, au décès de l’assuré, l’assureur versera à un tiers (le
bénéficiaire) une somme d’argent.

Le tiers bénéficiaire qui n’est donc pas partie au contrat, devient créancier ; il bénéficie d’un droit direct
contre le promettant.
Chapitre 3 : Classification des droits subjectifs (dernier chapitre)

On distingue dans ce cadre entre les droits extrapatrimoniaux et les droits patrimoniaux qui
s’apprêtent compte tenu de leur diversité à plusieurs classifications.

Section 1 : Les droits extrapatrimoniaux

Ce sont des droits inhérents à la personne même et qui sont insusceptibles d’une évaluation
pécuniaire.

Autrement dit, ils ne sont pas évaluables en argent et ne peuvent pas être cédés (exemple droit à
l’intégrité physique ou morale, droit au respect de la vie privée…)

Section 2 : Les droits patrimoniaux

Ce sont des droits qui procurent à leurs titulaires des avantages matériels appréciables en argent. Ils
peuvent être cédés. C’est le cas du droit de propriété.

Les droits patrimoniaux sont susceptibles de plusieurs classifications :

-les droits réels, les droits personnels et les droits intellectuels

-les choses consomptibles et les choses non consomptibles

-les choses fongibles et les choses non fongibles

-les meubles et les immeubles

Paragraphe 1 : Les droits réels, les droits personnels et les droits intellectuels

-Les droits réels : ce sont les droits qui confèrent à la personne qui en est titulaire un pouvoir sur les
choses. Ils mettent donc en relation une personne et une chose. Le droit réel par excellence est le droit
de propriété.

-Les droits personnels : ce sont des droits en vertu desquels une personne peut exiger d’une autre
personne une certaine prestation. Ils mettent donc en relation deux personnes : un débiteur et un
créancier.
-Les droits intellectuels : ce sont des droits qui portent sur les œuvres de l’esprit. Il s’agit de la propriété
littéraire et artistique reconnue aux auteurs, peintres, compositeurs…Font partie également des droits
de propriété intellectuelle les inventions, les marques de fabrique.

Paragraphe 2 : Les choses consomptibles et les choses non consomptibles

Les choses consomptibles sont celles qui se détruisent par le premier usage (denrée, matières
premières..)

Les choses non consomptibles sont susceptibles d’un usage prolongé (maison, voiture…)

Le principal intérêt de cette distinction consiste dans l’exécution d’une obligation de restituer la chose,
parfois prévue pour certains contrats : ainsi, si un prêt porte sur des choses consomptibles, le prêteur
ne peut pas exiger qu’on lui rende le même objet parce qu’il s’agit d’un prêt à consommation.
Par contre, si le prêt porte sur une chose consomptible, le prêteur reste propriétaire et l’emprunteur
doit lui rendre la même chose : c’est le prêt à usage ou commodat.

Paragraphe 3 : les choses fongibles et les choses non fongibles

Les choses fongibles (ou choses de genre) sont interchangeables entre elles (exemple une certaine
quantité d’une même denrée ou un certain nombre de billets de banque). Ce sont des choses qui
peuvent être remplacées les unes par les autres.

Par contre, les choses non fongibles (ou corps certains) sont individualisés et ne peuvent être
remplacées par d’autres (exemple une maison, un terrain..)

Paragraphe 4 : Les biens meubles et les biens immeubles

Les biens meubles sont les biens qui peuvent être déplacés d’un lieu à un autre. Les biens immeubles
sont des biens qui sont fixes.

On distingue trois sortes d’immeubles :

-Les immeubles par nature : ce sont des biens qui se caractérisent par leur attache au sol
(constructions, canalisations, ascenseur, végétaux…)

-Les immeubles par destination : ce sont par leur nature des meubles, mais la loi leur donne fictivement
le caractère immobilier parce qu’ils ont été affectés par le propriétaire d’un immeuble au service et à
l’exploitation de cet immeuble.

-Les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent : ce sont des droits qui portent sur des immeubles
comme les droits réels immobiliers (exemple l’usufruit portant sur un immeuble, c’est-à-dire le droit
d’utiliser les biens et d’en percevoir les fruits).

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