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Ohadata D-22-03

REGARD DUBITATIF SUR LA BONNE


ADMINISTRATION DE LA JUSTICE DANS L’ESPACE
OHADA
Par

Sylvain MOLO MOLO ABEGA


Doctorant en Droit privé
Université de Douala - Cameroun

Email : ngahmolo@gmail.com

1
Résumé

A peine évoquée pour constituer le thème d’une réflexion scientifique dans l’espace
OHADA, « la bonne administration de la justice » a déjà reçu des étiquettes : « notion molle,
standard, norme de référence ». Cet effet de mode dans la doctrine de l’espace OHADA indique
son attachement coupable aux opinions émises et construites ailleurs. La conséquence d’une
telle démarche serait la transposition des débats parfois sans emprise réelle. Or, la bonne
administration de la justice est l’objet des discours politiques et des décisions de justice dans
l’espace OHADA. Certes, le concept « bonne administration de la justice » est difficile à saisir.
Mais, il faut s’employer à l’éloigner d’un droit subjectif dont s’en prévaudrait un justiciable.
Ne pas l’assimiler à un principe car, elle se rapproche des expressions « à bon Droit, de bon
Droit ». Un autre tort serait d’y voir un standard du fait de la démarche casuistique justificative
régulièrement empruntée. Il ne faut la prendre pour une maxime parce qu’elle est loin d’une
règle de Droit. Ainsi, elle a un contenu propre dans l’espace de l’étude. L’espace OHADA
donne à observer un Droit complexe et éclectique entre ses origines bafouées et ses provenances
imposées. La pénétration du Droit par les méthodes d’analyse et de déploiement du
management et de la gestion, oblige les services juridictionnels à s’accommoder aux exigences
de bonne gouvernance suggérées par les politiques publiques du service de la justice. Dès lors,
la bonne administration de la justice devrait être vue comme une finalité du Droit. Alors, l’on
pourra aisément orienter cette bonne administration de la justice au travers des critères
préalablement posés par le législateur. L’appréciation de l’atteinte de la bonne administration
de la justice s’effectuera en considération des manifestations comme l’accès au juge, le droit à
un procès dans un délai raisonnable.

Mots clés : bonne administration – justice – finalité – concept – espace OHADA

2
Introduction

« Les hommes ont une foi ardente dans l’existence de la justice et leur cœur ne se
résignera jamais à un divorce entre ce qui est juste et ce qui est juridique »1

« L’oubli des fins caractérise la pensée moderne, qu’il s’agisse de la vérité, de la


beauté, de la bonté ou de la justice »2

Le service de la justice en Afrique de manière générale et dans l’espace OHADA tout


singulièrement est toujours en procès3. D’où les prétendants à la plus haute fonction élective et
les opposants politiques dans les Etats de l’espace concerné par l’étude, à la faveur du
paradigme de la bonne gouvernance, utilisent l’expression « bonne administration de la
justice » dans leurs discours. Ainsi, cette notion qui a une origine politico-managériale se
retrouve sur le champ juridique et, son champ d’application est juridictionnel. Si la notion est
en vogue dans les discours de certains acteurs au sein de l’espace OHADA, il faudrait regarder
du côté de la mutation du nouveau management public et de la gestion de la qualité. La notion
plonge dans « la managérialisation de la justice »4. Cependant, il est difficile de déterminer la
catégorie de cette notion. Le chemin de la définition peut aider à y voir un peu claire.
Le regard ici renvoie à une démarche. Il s’agit juste de l’orientation qui sera entreprise.
Ce regard apparait dubitatif parce que la suggestion sera effectuée dans un océan d’opinions.
Ce qui laisse planer les doutes. C’est dire que l’orientation du sujet renvoie à l’incertitude et la
méfiance qu’il faudrait marquer à l’égard de cette notion. Ainsi, le regard partira de la kyrielle
d’appréhensions de la notion pour suggérer une catégorie correspondante.
L’expression « bonne administration de la justice » est sujette à plusieurs
appréhensions5. Les auteurs se déchirent pour une raison simple. Ils ne se sont pas
préalablement appesantis sur la catégorie épistémologique. Ainsi, la querelle tirerait son origine
dans le rangement de la bonne administration de la justice dans la catégorie épistémologique de

1
ROUBIER P., Théorie générale du Droit, Sirey, Paris, 1951, N°24, cité par AKAM AKAM A., « La loi et la
conscience dans l’office du juge », in Revue de l’ERSUMA, N°6, janvier 2016, sur www.ersuma.org, consulté le
12 novembre 2020.
2
VILLEY M., La formation de la pensée juridique moderne, Monchrestien, Paris, 1968, p. 507.
3
NGANGO YOUMBI E. M., « Les modes alternatif de résolution des litiges administratifs en Afrique noire
francophone », in Revue Internationale de Droit Economique, T. XXXIII, 2019/4, p. 449 sur www.cairn.info-
revue ; DE GADUSSON J. du B., « La justice en Afrique : nouveaux défis, nouveaux acteurs », in Afrique
Contemporaine, N°250, 2014, sur www.cairn.info consulté le 02 novembre 2020, FALL A. B., « Le juge, le
justiciable et les pouvoirs publics : pour une appréciation concrète de la place du juge dans les systèmes politiques
en Afrique », sur www.afrilex.u-bordeaux4.fr, juin 2003, consulté le 02 novembre 2020, ISSA
ABDOURHAMANE B., « Les juges à l’épreuve de la démocratisation : l’exemple du Niger », sur www.afrilex.u-
bordeaux4.fr, juin 2003, consulté le 02 novembre 2020.
4
MOCKLE D., « La justice, l’efficacité et l’imputabilité », in Les cahiers du Droit, Vol. 54, N°4, décembre 2013,
pp. 613-688, sur www.erudit.org, consulté le 06 novembre 2020.
5
BOUSTA R., « Pour une approche conceptuelle de la notion de bonne administration », in Revista Digital de
Derecho Administrativo, juin 2019, sur revistas.uextermado.edu.co, consulté le 08 novembre ; FAYE S., FARGE
H., GARREAU D. et LUC-THALER M., La bonne administration de la justice, Dalloz-Sirey, Paris, 2013.

3
concept ou au lieu de celle de notion. Pourtant, le terme concept a l’avantage de bénéficier de
la stabilité de son contenu. Ce qui n’est pas le cas du terme notion, caractérisé par l’instabilité.
La définition du concept6 permet de voir une idée générale et abstraite d’un élément du savoir,
stabilisée dans une communauté de savoirs à un moment déterminé. En revanche, la notion7 est
marquée par l’imprécision qui anime son contenu. La bonne administration de la justice se
rapproche curieusement de la catégorie de notion à cause du défaut de consensus entre les
chercheurs. Ce qui justifierait la logomachie observée dans d’autres espaces et, qui pointe à
l’horizon dans l’espace OHADA. Dans la suite, l’expression sera prise comme une notion.
L’espace OHADA est géographique, juridique et juridictionnel8. Sur le plan
géographique, il comprend les dix-sept Etats membres sur un espace discontinu. Sur le plan
juridique, il s’agit des Etats appliquant de manières harmonisée et uniforme les règles secrétées
par l’OHADA. Aussi, ces Etats sont aussi membres des deux organisations sous régionales de
la CEMAC et de l’UEMOA. Sur le plan juridictionnel, l’OHADA, la CEMAC et l’UEMOA
ont chacune une institution chargée du contrôle de l’application commune des règles de Droit
secrétées. Dès lors, cet espace se présente comme un champ d’expérimentation sans oublier
qu’il pourrait aussi avoir sa conception de ce que serait la bonne administration de la justice.
La notion de bonne administration de la justice s’enracine dans la notion de « bonne
administration ». Ainsi, la bonne administration de la justice se présenterait comme
« l’adaptation équilibrée des moyens de l’Administration »9 pour rendre justice. Or, une telle
définition rend l’Administration de l’institution juridictionnelle (il y a lieu d’y inclure les modes
alternatifs de règlement des différends) seule acteur concernée. Pourtant, il faut y voir la
préservation des intérêts de tous10 par tous. A cet effet, la bonne administration de la justice
serait la finalité extrinsèque du Droit par laquelle les acteurs d’une procédure juridictionnelle
participent en toute loyauté à l’obtention d’une décision satisfaisante. Toutefois, la catégorie
suggérée n’est pas nouvelle. C’est dire que la bonne administration de la justice a déjà connu
des tentatives de rangement dans cette catégorie par d’illustres prédécesseurs11.
Au regard de la pluralité de catégories proposées pour cette seule notion, il y a lieu de
s’interroger avec un accent sur l’espace OHADA. Peut-on stabiliser la bonne administration de
la justice dans l’espace OHADA ? Les intérêts de la thématique se situent à la fois au niveau
du renouvellement de l’analyse sur la même suggestion. Cependant, il s’agira de partir des
éléments tirés de l’espace OHADA ; pour réaffirmer la catégorie suggérée. Aussi, le contenu et
les acteurs de la bonne administration de la justice seront exposés. D’où la notion se présente
comme l’affaire de tous et pas des seuls agents des institutions juridictionnelles. Ainsi, la

6
www.larrouse.com consulté le 06 novembre 2020.
7
Ibidem.
8
MONEBOULOU MINKADA H. M., « L’OHADA, le système juridique et le système judiciaire », in Revue
Penant, N°905, octobre-décembre 2018, pp- 417-453 ; NGONO V. C., « La circulation des décisions de justice
dans l’espace OHADA », sur www.ersuma.org, consulté le 05 novembre 2020.
9
BOUSTA R., Essai sur la notion de bonne administration, Thèse de Doctorat, Université Paris 1, 2009.
10
NANDJIP MONEYANG S., « Scolies sur quelques points du formalisme de l’exécution des décisions de justice
non répressives en Droit OHADA », sur www.ohada.org, consulté le 12 novembre 2020.
11
Robert J., « La bonne administration de la justice », N° spécial du cinquantenaire, Le droit administratif, des
principes fondateurs à l’effectivité de la règle: bilan et perspectives d’un droit en mutation, AJDA, 1995, p. 117
et FAVRET J.-M., « La bonne administration de la justice administrative », RFDA, 2004, p. 943.

4
stabilisation de la bonne administration de la justice est possible dans l’espace OHADA. Il faut
sortir de la stabilisation tiraillée (I) pour entrer dans celle qui sera esquissée (II).
I- La stabilisation tiraillée de la bonne administration de la justice dans l’espace
OHADA
L’évocation de la bonne administration de la justice dans l’espace OHADA n’est pas ex
nihilo. Le paradigme de la « bonne gouvernance » a gagné tous les secteurs de la vie au sein
des Etats. Le milieu juridictionnel n’est pas laissé pour compte dans cette mouvance. Il faudrait
le souligner pour le déplorer, les transpositions des concepts et des théories s’effectuent dans
l’espace OHADA sans véritablement tenir compte de ses réalités profondes. Les conséquences
sont toujours des débats dépassés ou en cours ailleurs pour aboutir aux conclusions similaires.
Il en est de même du concept de bonne administration de la justice. Dès lors, on assiste à un
usage prétorien peu rigoureux du concept de bonne administration de la justice (A), ce qui
accroit le risque d’importation de la cacophonie d’ailleurs (B).
A- Un usage prétorien peu rigoureux de la notion de « bonne administration
de la justice »
L’espace juridictionnel OHADA est atypique. Pour la production des normes, il existe
des conseils de ministres qui secrètent des règles communes ou des règles communautaires. Ces
règles pénètrent les ordres juridiques des Etats-membres ; soit par une application immédiate12,
soit après la signature et la ratification13 des instruments qui les contiennent. Les juridictions
commune14 et communautaire15 ainsi que les commissions dans les différentes organisations
d’intégration veillent au respect de l’application identique des règles secrétées. Ainsi, les textes
communs et communautaires côtoient les textes du législateur interne. Ce paysage garni par les
textes constituerait l’aspect juridique de l’espace OHADA. Tandis l’aspect juridictionnel16
comprend toute l’architecture judiciaire des Etats à laquelle s’ajoutent les juridictions
communes (CCJA) et communautaires (CEJCEMAC et CEJUEMOA). A ceci s’ajoutent les
centres d’arbitrage. Par des décisions rendues, il serait possible de constater l’usage par les
juges commun, communautaire et nationaux de la notion de la bonne administration de la
justice. Ainsi, l’usage de la notion de « bonne administration de la justice » par le juge de
l’espace OHADA vise toujours la justification17 de la démarche entreprise. Pour percevoir
l’origine de l’inspiration du juge ohadien, il faut s’appuyer sur la circulation des pratiques
judiciaires (1). Cependant, il y a toujours la marque du travail administratif (2) du service de la
justice et peut-être le respect des règles prescrites.
1- Une inspiration par la circulation des pratiques judiciaires
La Terre n’est plus qu’un grand village. Et, dans un village rien ne se cache assez
longtemps. La propagation des habitudes et des comportements s’effectue à une vitesse
vertigineuse. A l’échelle mondiale, ce sont les conséquences des évolutions des technologies

12
Art. 10 Traité de l’OHADA.
13
Art. 100 Traité CEMAC de 2008 et Art. 116 al. 2 Traité de l’UEMOA.
14
La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage pour les règles de l’OHADA.
15
La Cour de Justice Communautaire pour la CEMAC ET LA Cour de Justice de l’UEMOA.
16
MONEBOULOU MINKADA H. M., op.cit., p. 450 ; NGONO V. C., op.cit., consulté le 05 novembre 2020.
17
CCJA, Arrêt N°103/2015, REQ. N°0932014 du 21/05/2014, Ohadata J-16-96 ; CCJA, Arrêt N°045, Société
Industrielle des tubes d’acier (SITAC) c/ TRADESCA, Ohadata J-10-199 ; CCJA, Arrêt N°020/2013, Ohadata J-
15-20.

5
de l’information et de la communication. Cette évolution technologique amplifie en Droit la
circulation à la fois des normes18 et des pratiques judiciaires19. Ainsi, ce phénomène accentue
des transpositions de modèles normatifs maquillées d’une certaine dose d’adaptation au
contexte. Cependant, le juge de l’espace OHADA hésite (a) face aux pratiques juridictionnelles
de l’espace européen. D’où, il reprend de manière balbutiante (b) la démarche de son
inspirateur.
a- Une inspiration hésitante venue de l’espace juridictionnel européen
L’Union Européenne par l’entremise de la commission européenne pour l’efficacité de
la justice (CEPEJ) analyse et assiste20 les services des administrations de la justice des Etats
membres. En comparant21 les différents systèmes judiciaires de l’Europe, l’on cherche à
rapprocher le justiciable de la justice et, à concilier justiciable et service de la justice. Ainsi, la
CEPEJ a pour mission l’amélioration des systèmes judiciaires en Europe. A cet effet, cet organe
a une mission d’appui et d’amélioration auprès des juges nationaux européens. Dès lors, la
bonne administration de la justice s’apparente à une technique concourant à rendre une
meilleure justice voire, à dire le Droit de la manière la plus équitable et satisfaisante qu’il soit.
Toutefois, c’est la Cour européenne des droits de l’Homme qui a la compétence22 d’apprécier
si le système judiciaire d’un Etat a effectué23 une bonne administration de la justice dans
l’espace européen. Cet organe se présente en Europe comme le juge des systèmes judiciaires.
Dès lors, la bonne administration de la justice serait le verdict potentiel d’une institution
juridictionnelle après clôture des instances inférieures. Or, la CCJA (Cour Commune de Justice
et d’Arbitrage), la CJC (Cour de Justice de la CEMAC), la CJUEMOA (Cour de Justice de
l’UEMOA), n’ont pas une architecture similaire à celle de l’Union Européenne. Par ailleurs,
une institution dotée des mêmes prérogatives que la CEPEJ n’existe pas dans l’espace OHADA.
Dès lors, les Commissions de la CEMAC, de l’UEMOA ou le Secrétariat permanent de
l’OHADA semblent n’avoir pas reçu de telles missions. Dans l’espace OHADA ce sont ces
organes techniques qui relativement, se trouvent chargées de la mission d’effectuer des
recommandations aux systèmes judiciaires des Etats parties. Toutefois, leurs missions vont dans
le sens d’un encouragement de l’amélioration du service administratif de la justice. Ainsi, le
juge de l’espace OHADA se trouve tiraillé entre les sources politiques et les inspirations de la
CEPEJ et de CEDH.
Les sources politiques de la bonne administration se situent aux niveaux international,
régional, communautaire et étatique. Au niveau international, il s’agit des recommandations
des bailleurs de fonds et des organisations internationales notamment en matière de droits de
l’Homme. Ce fut le cas avec l’enserrement24 des procédures collectives OHADA25 dans des

18
CHAMPEIL-DESPLATS V., « Droit, pluralité des modes de normativité et internormativité. Regard
juridique », in Revue des droits de l’Homme » OpenEdition, N°16, 2019, p. 2 ; GESLIN A., « La circulation des
modèles normatifs ou la pensée juridique du mouvement », in BOURGUES P. et MONTAGNE C. (S/D), La
circulation des modèles normatifs, PUG, LGDJ, 2017.
19
MONEBOULOU MINKADA H. M., op.cit., p. 450 ; NGONO V. C., op.cit., consulté le 05 novembre 2020.
20
Résolution Res (2002)12 du 18 septembre 2002.
21
LHUILLIER J. La bonne administration de la justice pénale en Europe, Thèse de Doctorat, Université de
Lorraine, 2012.
22
Arts. 5 et 6 Convention européenne des droits de l’Homme.
23
CEDH Requête N°32820/08, Aff. BOUMARAF c/ France, 09 septembre 2011.
24
Rapport Doing Business sur l’espace OHADA 2012.
25
Nouvel Acte uniforme sur les procédures collectives adopté le 15 septembre 2015 à Grand Bassam.

6
délais brefs. Ces politiques sont reprises par le juge aux plans régional, sous régional et étatique
comme des slogans. D’où l’incertitude de la reprise du juge africain dans ses décisions.
b- Une reprise incertaine par le juge africain
Le juge africain en reprenant à son compte la notion de bonne administration de la
justice ne dévoile pas ses fondements. Ce défaut de fondement du juge africain apparait au
niveau de l’évocation simplement justificative26 de la notion. C’est ainsi que se manifeste
l’incertitude du juge africain à propos de cette notion. L’incertitude dans la reprise de cette
notion est due à son caractère lapidaire. Certes, il s’agit de justifier ses décisions27. D’où l’usage
souvent constaté des synonymes « il est de bon droit » et « c’est à bon droit ». Mais il semble
s’agir d’un usage imprécis. Vu les cas dans lesquels le juge de l’espace OHADA a usé de cette
notion. Or, justement l’une des marques de la bonne administration de la justice est la
prévisibilité. Il faut aussi y voir des agissements aléatoires qui ne peuvent être justifiés par la
différence des espèces mais, pas par l’efficacité. Pourtant, le juge s’appuie sur cette notion pour
fonder sa décision. Il aurait été utile d’évoquer les sources de la notion et étayer les justifications
de la démarche entreprise. C’est cet état des décisions qui donne à la bonne administration de
la justice une allure de technique administrative.
2- Une allure de technique administrative du service de la justice
L’allure de technique administrative de la bonne administration de la justice peut se
comprendre en parcourant certaines décisions du juge ohadien. La notion s’apparente à une
technique de traitement administratif des affaires qui sont soumises aux juridictions. Parfois
c’est pour justifier la jonction des procédures, tantôt pour rejeter un moyen invoqué par les
justiciables. Le résultat de la démarche entreprise donne une double confusion. D’une part, la
confusion de la bonne administration de la justice avec la qualité du service public de la justice
(a). Et d’autre part la confusion de la bonne administration de la justice avec l’efficacité du
service public de la justice (b).
a- La confusion de la bonne administration de la justice avec la qualité
du service public de la justice
A lire les évocations de la bonne administration de la justice par le juge africain, l’on
croirait à son assimilation à la qualité du service public de la justice. Parce que les expressions
synonymiques usitées pourraient aller dans ce sens. Il s’agit de « il est de bon Droit » et « c’est
à bon Droit ». Au regard de la considération que les uns et les autres ont de la justice
(institution-organe) : « un service public essentiel au bien vivre ensemble »28, sa qualité doit
être bonne. Cette qualité se vérifierait sur l’organisation et le rendu de ce service. Dans
l’ensemble de l’espace OHADA, l’accès à la justice n’est pas évident. Ce droit du justiciable
de voir sa cause connue par un juge impartial dans un délai raisonnable est par habitude bafoué.
Dès lors, le risque d’assimilation devient très grand. Car, le sourire a quitté les bureaux des
agents des juridictions. Ce sourire est espiègle dans les secrétariats des centres d’arbitrage et de
médiation. Le justiciable est accueilli par les agents du service public de la justice de manière
inélégante, sans humanisme, sans compassion, simplement avec dédain et mépris. Cette attitude

26
CCJA arrêt N°045, Société Industrielle des tubes et aciers (SITRACI) c/ TRADESCA, Ohadata J-10-199.
27
CCJA arrêt N°084/2015 affaire Ohadata J-16-83.
28
GUIGOU E., « La justice, service public », in Après-demain, N°10, Revue Cairn.info, 2010, pp. 8-11, sur
www.cairn.info/revue, consulté le 7 novembre 2020.

7
se retrouve jusque chez les auxiliaires de justice. La corruption aidant, le justiciable est
considéré comme une nouvelle source de revenu. D’où les avocats peuvent les manipuler et
spolier au nom de la justice. De telles tares de la chaine juridictionnelle s’associent aux coûts
élevés et à l’inégalité de traitement réservé aux justiciables. A cette allure, il devient aisé et
récurrent de confondre le service public de la justice à la bonne administration de cette justice.
Car, c’est une de ses manifestations. Et, comme des résignés les justiciables se soumettent
malgré eux. Cependant la bonne administration de la justice ne se limite pas à une seule phase
des procédures juridictionnelles. C’est pourquoi elle se voit prise pour un service public efficace
lorsque le justiciable y récolte une satisfaction ponctuelle.
b- La confusion de la bonne administration de la justice avec l’efficacité
du service de la justice
La bonne administration de la justice ne se limite pas aux procédures juridictionnelles.
Elle s’étend au fond des affaires soumises. Mais, un houleux29 débat sur la justice comme
finalité oppose les théoriciens du Droit. Or, il faut d’abord distinguer30 au préalable la justice
idéale, la justice valeur et la justice institution-organe. C’est la dernière qui retiendra l’attention
ici. Dès lors, la justice devient un service dont la mission est de rendre des prestations31
juridictionnelles en trouvant et en suggérant ou en imposant ses décisions aux justiciables. Or,
un service efficace est celui qui a accompli les missions qui lui sont assignées. Ainsi, la notion
de bonne administration de la justice est confondue à une prestation rendue par les services de
la justice institution-organe. A ce niveau deux principes surgissent : l’efficacité et la qualité.
L’un et l’autre constituent les exigences de la bonne administration de la justice.
Cette confusion évitable est due au fait que l’espace OHADA n’ait pas déjà
suffisamment intégré les apports32 du nouveau management public. Soulignons que les
révisions des textes au sein de notre espace ne prennent limitativement en considération
l’influence du Droit par les sciences de la gestion. En essayant de proposer des pistes aux juge
et législateur de l’espace OHADA, le doctrinaire risque d’importer les sons dissonant d’ailleurs.
B- Un risque d’importation de la cacophonie d’ailleurs
Ailleurs la bonne administration de la justice pousse la doctrine à s’étriper. A ce propos,
l’espace européen est fertile en considération sur la notion. Pourtant, ces sons de cloche
divergents sur la notion ne contribuent pas à déterminer sa catégorie consensuelle. Plutôt, le
contenu de la notion est dilué. De ce fait, l’espace OHADA ne devrait suivre ce bal. Pour cela,
il faudrait éviter les rapprochements inopérants (1) et les assimilations inquiétantes (2) venus
l’Europe.

29
AKAM AKAM A., « Crise(s) de la justice au Cameroun ? Brèves réflexions sur un « pouvoir » à la croisée des
chemins», in AKAM AKAM A., Les deux visages de la juridicité. Ecrits sur le Droit et la justice en Afrique,
L’Harmattan, Paris, 2020, p. 322.
30
MONEBOULOU MINKADA H. M., « Justice idéale et justice juridique : plaidoyer pour une justice juridique
légitime », in Annales africaines, Nouvelle série, p. 232.
31
MOCKLE D., op.cit., consulté le 06 novembre 2020.
32
NYECK C. R., « Nouveau management public et gouvernance légitime au Cameroun », in FROMENT J.-Ch.
et MATHIEU M., (S/D) Droit et Politique. La circulation internationale des modèles en question, Presses
universitaires de Grenoble, Coll. Droit et action publique, Grenoble, 2014, pp. 52-55.

8
1- Les rapprochements inopérants de la notion de « bonne administration de
la justice »
La bonne administration de la justice est rapprochée des catégories de principe et de
standard en Droit. Ces rapprochements s’appuient sur les comportements des acteurs de la
chaine juridictionnelle. Ainsi, les rapprochements entre les trois notions s’articulent sur les
conduites sociales. D’une part le rapprochement tient sur des règles génériques écrites ou non
encadrant des conduites. D’autre part, le rapprochement se construit sur le comportement
modèle d’un acteur. Pourtant, la bonne administration de la justice est un tout (fait de règles et
de comportements) construit par tous. Ainsi, il faudrait évincer la bonne administration de la
justice des catégories de principe (a) et de standard (b) en Droit.
a- L’éviction de la bonne administration de la justice de la catégorie de
principe en Droit
A propos des principes, des auteurs avançaient que cette catégorie n’est pas
conceptualisée33 dans son versant principes généraux en Droit. D’ailleurs, leur maitrise même
dans les branches du Droit n’est pas donnée. Car, « à l’image d’une espèce rare, les principes
se dérobent devant celui qui proclame leur nom avec trop de véhémence »34. Il ne s’agit pas
exclusivement ici des principes du Droit mais aussi des principes en Droit. La différence entre
les deux n’est si grande. Les premiers concernent une branche spécifique du Droit. Les seconds
renvoient à la catégorie juridique et concernent tout le Droit. D’emblée, un principe en Droit
serait au sens répandu une norme écrite ou non écrite. Au sens fonctionnel, il est question d’une
référence ou d’un instrument de mesure35. Or, la bonne administration de la justice n’est pas
une règle à respecter. Mais, le résultat du respect par chaque acteur juridictionnel des règles
prescrites pour trouver une solution à un litige. A cela s’ajoute la qualité comme résultat atteint.
Or, au même moment la notion a été classée dans la catégorie de standard en Droit.
b- L’éviction de la bonne administration de la justice de la catégorie de
standard en Droit
Des auteurs36 rangent la bonne administration de la justice dans la catégorie de standard
en Droit. Les réalités de l’espace OHADA donnent à observer autrement. Du moment où la
bonne administration de la justice demeure une notion, il serait difficile de suivre les auteurs du
penchant de standard. Car, le standard en Droit désigne un comportement modèle, c’est-à-dire
« une mesure moyenne de conduite sociale »37. Régulièrement ce comportement modèle est
exigé d’un seul acteur de la chaine juridictionnelle. Paradoxalement, la de bonne administration
de la justice concerne l’ensemble des acteurs de la chaine juridictionnelle. Au plan
épistémologique, l’on peut rapprocher standard et bonne administration de la justice du fait

33
VERGES E., Les principes généraux du procès judiciaire. Etude d’une catégorie juridique, Thèse de Doctorat
en Droit, Université de Droit, d’Economie et des Sciences d’Aix-Marseille, décembre 2000, p. 2 ; DE
BECHILLON M., La notion de principe général en Droit Privé, Presse universitaires d’Aix-Marseille, Aix-
Marseille, 1998, p. 2.
34
VERGES E., op.cit., p. 1.
35
CAUDAL S., « Rapport introductif », in CAUDAL S. (S/D), Les principes en Droit, Economica, Paris, 2008,
p. 4.
36
CAUDAL S., op.cit., p. 1.
37
RIALS S., Le juge administratif et la technique du standard. Essai sur le traitement juridictionnel de normalité,
LGDJ, Paris, 1980, p. 23.

9
qu’il s’agit des notions. Celles-ci sont marquées par le manque d’unanimité des auteurs. Aussi,
en décomposant38 le standard et en observant les comportements manifestés par les acteurs, il
y a une ressemblance sur le plan des caractéristiques entre standard et bonne administration de
la justice. Toutefois, ce rapprochement est artificiel et forcé.
L’on a pu voir la prise en compte des comportements des acteurs dans la bonne
administration de la justice comme dans le standard parce que les auteurs se limitent à
l’apparence : la conduite des acteurs. Tandis que le standard s’articule sur la conduite d’un seul
acteur de la chaine juridictionnelle, la bonne administration de la justice se présente comme un
concours équilibré des conduites des acteurs. Plus loin, la bonne administration de la justice
intègre le résultat des conduites concourantes. D’où ces assimilations relatives à cette notion
sont inquiétantes.
2- Les assimilations inquiétantes de la notion de « bonne administration de
la justice »
Les origines de la notion de bonne administration de la justice créent des assimilations
à risque. Ces assimilations dérivent de l’influence grandissante des droits de l’Homme. La
subjectivité qui enveloppe la notion étudiée conduit ici à nier sa considération comme un droit
subjectif (a) et comme une maxime (b).
a- La négation de la bonne administration de la justice comme un droit
subjectif
Le point de départ de la bonne administration de la justice pose un problème à sa
conceptualisation tiraillée et à sa catégorisation querellée. En effet, la dite notion tire son origine
de la Déclaration Universelle39 des droits de l’Homme et du citoyen ainsi que, la Convention
Européenne40 de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés. Dès lors, la bonne
administration de la justice s’apparenterait à un droit inhérent à la nature humaine. A cet effet,
tout acteur de la procédure juridictionnelle pourrait s’en prévaloir. Si l’espace OHADA adopte
une telle démarche, il est certain que la saturation soit au rendez-vous. Or, les agents de la
justice-organe ne peuvent s’en prévaloir. Pourtant, la violation de ce qui est un droit subjectif
du justiciable ailleurs, n’est pas nécessairement la faute des agents de l’administration
juridictionnelle. Ainsi, constamment, et en référence à l’espace européen c’est le justiciable qui
la réclame. Ce justiciable se plaint du dépassement des délais, du manque de transparence et de
prévisibilité. Pourtant, cette notion est un tout et concerne l’ensemble des acteurs. Dans ce tout,
la contribution du justiciable dans la résolution du litige devrait être prise en compte. Ainsi, il
pourrait s’avérer que le justiciable soit l’auteur de la non atteinte de cette objectif commun. La
bonne administration de la justice n’étant pas déjà un concept comme le droit subjectif, l’on ne
peut fondre les deux dans une même catégorie. C’est peut-être le fait que la revendication de la
bonne administration de la justice s’appuie sur un élément et un acteur qui a poussé à y voir une
maxime.

38
BOMBELA MOSOUA G., Le standard africain de société démocratique, Thèse de Doctorat en Droit Public,
Université de Yaoundé 2, 2019, p. 18.
39
Arts. 8 ; 10 et 11 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
40
Arts. 5 et 6 Convention européenne des droits de l’Homme.

10
b- La négation de la bonne administration de la justice comme une
maxime en Droit
De manière ordinaire, une maxime renvoie à une formule énonçant une règle de conduite
morale. Dans cet ordre d’idées, la maxime se rapprocherait d’un aphorisme, d’un adage, d’un
dicton voire d’un proverbe. Cette signification courante de la maxime n’est pas très éloignée du
sens juridique. Cependant, la portée41 juridique de la maxime pose plusieurs problèmes. Le
premier réside dans la difficulté à accorder à la maxime une force contraignante. Car, la maxime
se borne à exprimer parfois un avertissement. C’est le cas de « nul n’est censé ignorer la loi »42,
« nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». Certaines maximes jouent comme des
conseils ou des justificatifs : « nécessité fait loi » ou « à l’impossible nul n’est tenu ». Or, la
notion de bonne administration de la justice se dresse comme la qualité à la fois d’une procédure
juridictionnelle et de la décision obtenue. Cependant, le rapprochement entre maxime et bonne
administration de la justice semble s’effectuer via la sous catégorie de maxime juridictionnelle.
Cette sous catégorie agit comme des énoncés prescriptif, prohibitif ou permissif. Il s’avère que
la bonne administration de la justice ne soit pas un énoncé mais : un résultat atteint ou à
atteindre.
Après un regard sur les précédentes catégorisations de la bonne administration de la
justice, l’on ne pourrait se contenter d’évoquer une catégorie qui avait déjà été déconstruite
pour contradiction. Il faudrait suggérer de stabiliser la notion étudiée au regard des réalités de
l’espace OHADA.
II- La stabilisation suggérée de la bonne administration de la justice dans
l’espace OHADA
Pour suggérer une stabilisation de la notion de bonne administration de la justice, il
faudrait en premier lui donner un contenu. BOUSTA Rhita43 s’est livrée à cet exercice. D’où,
la définition proposée est axée l’aspect administratif de la justice (institution-organe). Pourtant,
la notion concerne tous les acteurs2 de la chaine juridictionnelle. Ce qui exige la construction
de sa spécificité (A) avant son introduction dans une catégorie (B) au regard des données tirées
de l’espace OHADA.
A- La construction de la spécificité de la bonne administration de la justice
La bonne administration de la justice serait le sentiment de satisfaction réciproque des
acteurs d’une procédure juridictionnelle. Il s’agirait du dénouement d’une mission commune
bien remplie et exécutée selon les prescriptions des règles de procédures. Pour essayer d’éviter
les critiques reçues par nos devanciers sur cette suggestion, il faudrait esquisser les fondements
théoriques (1) avant de ressortir les exigences pratiques (2) de la notion.
1- Les fondements théoriques de la bonne administration de la justice

41
DUBREUIL C.-A., « Les adages et la rigueur du Droit administratif », in Les adages et la rigueur du Droit,
Revue française de Droit administratif, Dalloz, Paris, 2014, pp. 28-33.
42
AKAM AKAM A., « Libres propos sur l’adage « Nul n’est censé ignorer la Loi » », in RASJ, Vol.4, N°1, 2007,
pp. 31-53.
43
BOUSTA Rhita, « Pour une approche conceptuelle de la notion de bonne administration », in Revista Digital de
Derecho Administrativo, juin 2019, sur revistas.uextermado.edu.co, consulté le 08 novembre.

11
La bonne administration de la justice a les allures d’un besoin social (a) pour chacun
des acteurs et, présente ainsi des jeux et des enjeux (b).
a- Le besoin social de bonne administration de la justice
La bonne administration de la justice est le soulagement de satisfaction recherché par
chaque acteur de la chaine juridictionnelle. Il est apprécié après l’obtention de la décision
acceptable au bout d’une procédure conjointement et solidairement menée. La décision doit
intervenir dans un délai relativement approprié. Dès lors, la bonne administration de la justice
se présente comme un besoin commun des acteurs juridictionnels. Ainsi, avancer l’idée de la
bonne administration comme un besoin induit que l’institution juridictionnelle soit encline à
résoudre équitablement les différends dont elle est saisie. Pour satisfaire ce besoin, chaque
acteur concerné est invité à s’exprimer de manière intelligible. Surtout, agir en toute sincérité
entrainerait pour tout acteur de faire preuve de loyauté44. Du côté de la justice institutionnelle
(organe ou mécanisme) il faudrait donner des réponses satisfaisantes dans des délais opportuns.
A cet effet, le juge doit « descendre de son piédestal pour aller à la rencontre »45 du justiciable.
Ce dernier doit saisir le juge à temps ou répondre spontanément à son appel et, présenter
sincèrement sa cause ou sa défense. Suivant la théorie46 du besoin, la bonne administration de
la justice se situe au niveau deux. Ce sont dès lors les aspirations des acteurs de la chaine
juridictionnelle. La difficile entreprise de définition de cette notion informe tout de même sur
ses jeux et enjeux.
b- Les jeux et les enjeux de la bonne administration de la justice
La bonne administration de la justice concerne toutes les étapes de la procédure
juridictionnelle et exige l’implication de tous les acteurs. La technique africaine47 de l’arbre à
palabre pourrait permettre de saisir le contenu suggéré de la bonne administration de la justice.
Les agissements des acteurs devraient être orientés vers l’atteinte commune de cette finalité. En
fait, l’on se retrouve dans une situation de solidarisme48 visant la satisfaction du besoin partagé.
Ainsi, la procédure juridictionnelle devient une activité commune pour laquelle chacun des
acteurs travaille afin que la décision soit acceptable et acceptée de tous. Dès lors, il y a lieu de
respecter les prescriptions légales ainsi que les droits de chaque acteur. Les acteurs doivent agir
non plus pour privilégier leurs propres intérêts, mais aussi pour la réalisation des intérêts des
autres et de la procédure. De telle sorte qu’il s’établisse entre les acteurs d’une part et entre les
acteurs, l’affaire soumise et la procédure juridictionnelle d’autre part : une distance réciproque.
Les enjeux dévoilent les raisons obligeant à l’atteinte de cette finalité. L’on dénombre
parmi ces raisons : la crédibilité du système juridictionnel, la stabilité sociale, la paix sociale et
l’honorabilité de l’Etat. Les Etats de l’espace OHADA n’ont pas au sein de leurs organisations
d’intégration un organe chargé du contrôle de l’efficacité des systèmes juridictionnels. Il
faudrait plutôt appeler à une collaboration entre les acteurs de la résolution des litiges. Ainsi,
soit les législateurs renforcent des dispositions contraignant les acteurs juridictionnels à être

44
CAILLE P., « L’apport des parties à a qualité de l’instruction », in Civitas Europa, N°42, 2019/1, pp. 49-62, sur
www.cairn.info, consulté le 12 novembre 2020.
45
Ibid.
46
Pyramide de MASLOW.
47
DIANGITUKWA FWELEY, « La lointaine origine de la gouvernance en Afrique : l’arbre à palabres », in Revue
Gouvernance été, Vol. 11, N°1, Centre d’études en Gouvernance de l’Université d’Ottawa, 2014, p. 8.
48
D’HOMBRES E., « Le solidarisme : de la théorie au programme de gouvernement », in Revue d’Ethique et de
Théologie morale, N°260, 2010, pp. 81-107, sur www.cairn.info, consulté le 20 novembre 2020 ; LAFORE R.,

12
sincères et loyaux dans les procédures juridictionnels. Soit cette obligation peut être faite par le
juge et, lui-même s’y soumet. Les enjeux de la bonne administration de la justice ont été
malmenés dans l’affaire d’escroquerie et d’outrage à magistrat ayant impliqué les avocats Me
Augustin WANTU NGUEKO et Me Christelle Annie DJONKOU MESSOUK au Tribunal de
première instance de Douala-Bonanjo49. Dans cette affaire, la crédibilité du système judiciaire
camerounais n’est pas sortie gaillardie. Aucun acteur de la chaine n’a été épargné par de tels
scandales. Les suites de cette affaire ont terni l’honorabilité du Cameroun. D’ailleurs, la paix et
la stabilité sociales ont subi des risques. D’où il faudrait découvrir les éléments pratiques à
exiger.
2- Les exigences pratiques de la bonne administration de la justice
La bonne administration de la justice se situe dans et en dehors du Droit. Dans le Droit
parce que le corpus normatif prévoit les règles à observer. Et, en dehors du Droit parce que les
acteurs participant à une procédure juridictionnelle montrent leur respect et réception des règles.
Dès lors, les principes généraux de la procédure juridictionnelle (a) ainsi que les principes
directeurs du procès équidistant (b) structurent la matérialisation de cette finalité.
a- Le respect des principes généraux de la procédure juridictionnelle
La procédure juridictionnelle comprend l’ensemble des étapes à respecter pour atteindre
l’objectif. Ces étapes sont régies par des règles auxquelles chaque acteur marque sa déférence.
C’est dire que la procédure se focalise sur le processus conduisant à une décision officialisée
par l’autorité juridictionnelle50. Ainsi, toutes les fois où les acteurs de cette procédure ne se
conforment pas aux principes établis, l’on peut douter de la qualité de la décision. Pour réaliser
la bonne administration de la justice, les acteurs de la procédure juridictionnelle doivent se
soumettre aux principes généraux. Parmi ces principes, l’on peut dénombrer le dialogue51, la
transparence52, la loyauté53 et l’équité54. A côté de ces exigences, l’on ne devrait pas oublier
l’accessibilité et l’intelligibilité. Ce n’est pas le respect de manière isolée et pour protéger ses
seuls intérêts qu’il faudrait observer. Mais, le respect par tous les acteurs des principes actuels
et futurs55 de la procédure juridictionnelle. Le respect de ces principes n’est pas retiré des
obligations des autorités ayant la charge de superviser la procédure prescrite et de produire la

49
TPI Douala-Bonanjo, Etat du Cameroun c/ Me WANTU et Me DJONTOU du 25 novembre 2020, inédit.
50
SAYN I., « L’accès au juge et les spécificités de la procédure juridictionnelle », in Regards, N°47, mars 2015,
p. 57.
51
REICHLING N., Les principes directeurs du procès civil dans l’espace judiciaire européen, Thèse de Doctorat
en Droit, Université de Normandie, 2017, p. 7.
52
KERLEO J.-F., « La contribution du chercheur en Droit à la réflexion sur la transparence », in Les Annales de
Droit, N°11, 2017, sur OpenEdition.org, consulté le 20 novembre 2020 ; FRICERO N., « Délibérations des juges :
entre secret et transparence », in Les cahiers de la justice, N°3, 2014, sur www.cairn.info/revue, consulté le 20
novembre 2020 ; VOUDWE BAKREO, Exigence de transparence dans les sociétés commerciales dans l’espace
OHADA. Approche fonctionnelle de l’exigence, Thèse de Doctorat, Université de Ngaoundéré, 2013 ;
TCHOUAMBIA TOMTOM L. J. B., La transparence dans les procédures collectives d’apurement du passif de
l’OHADA, Thèse de Doctorat en Droit, Université de Dschang, 2013.
53
NKOULOU Y. S., « Les transformations de l’administration de la preuve civile. Réflexion à partir de l’article
28 de la Loi-cadre portant protection du consommateur au Cameroun », sur www.lecames.org, consulté le 21
novembre 2020 ; MBIKAYI KALONGO, « La confirmation des principes de bonne foi et de loyauté dans l’avant-
projet d’Acte uniforme OHADA sur le Droit des contrats », Ohadata D-09-15.
54
GNIMPIEBA E. et FANDJIP O., « La Cour de justice de la CEMAC et les règles du procès équitable », sur
www.legavox.fr, consulté le 21 novembre 2020 ; JIANHUA ZHOU, « De l’équité dans l’office du juge en Chine
contemporaine », in Les cahiers de Droit, sur www.érudit.org, consulté le 21 novembre 2020.
55
MAULIN E., « L’invention des principes », in Les principes en Droit, op.cit., p. 25.

13
décision recherchée. Dès lors, la contribution de tous les acteurs à la manifestation de la vérité
donnera un procès équidistant. C’es-à-dire un procès où chaque acteur se soucie des autres.
b- Le respect des principes directeurs du procès équidistant
L’expression « procès équidistant » peut sembler provocatrice. Car, dire le Droit pour
trancher les litiges n’est pas de la compétence des justiciables. Seulement, l’idée implique la
participation des acteurs à la manifestation de la vérité juridictionnelle commune. En effet, le
litige instaure un rapport56 de Droit entre les acteurs. Cette participation devrait s’effectuer en
tenant compte de la situation de chaque acteur à la procédure. Ainsi, le procès sera dit
équidistant parce que les acteurs devraient agir de manière solidaire et avec réciprocité. A ce
propos, chaque acteur devrait intégrer les difficultés que pourrait connaître l’autre dans la
recherche de la décision. Ce serait une démocratisation57 des procédures de résolutions des
litiges. Les principes directeurs du procès équidistant renverraient aux règles fondamentales
garantissant une bonne administration de la justice. Ces règles sont impératives pour réaliser la
finalité recherchée. Il s’agit du principe du délai raisonnable, le principe d’indépendance, le
principe d’impartialité, le principe du contradictoire, le principe de cohérence. Le respect des
principes qui vont concourir à l’atteinte de la bonne administration de la justice s’impose à tous
les acteurs. Cette suggestion découle des solidarités africaines58. Car, l’acteur qui se trouverait
en position favorable dans la procédure, ne devrait pas utiliser cet avantage pour entraver la
procédure, ni précipiter ou influencer la décision à venir. Ceci pourrait aider à enserrer à
nouveau la bonne administration de la justice dans la catégorie de finalité du Droit.
B- La catégorisation de la bonne administration de la justice
Pour ranger la bonne administration de la justice dans une catégorie, une reconsidération
de la notion de justice en Droit s’impose. Il y a lieu d’envisager l’idée de l’assimilation de la
bonne administration de la justice à une finalité du Droit (1) avant de montrer comment cette
idée se concrétise (2).
1- La projection de la bonne administration de la justice comme une finalité
du Droit
Le mot de ces lignes consiste à suggérer que la bonne administration de la justice soit
classée dans la catégorie de finalité du Droit. Cependant, il n’est de l’essence du Droit de
procurer une bonne administration de la justice. Le Droit se borne a édicté les règles dont le
respect et l’application conduisent à cette finalité. Pour des analystes précédents59, sur la
classification de la bonne administration de la justice comme une finalité du Droit, elle était à
la fois un moyen et l’objectif de ce moyen. Par ailleurs, ces précédents défenseurs se

56
JEULAND E., Théorie relationiste. De la French Theory à une pensée européenne des rapports de Droit. LGDJ,
Ed. Lextenso, 2016, p. 312.
57
BOMBELA MOSOUA G., op.cit., pp. 17-18.
58
MAHIEU F. R., Les fondements de la crise économique en Afrique, L’Harmattan, Paris, 1990, pp. 63-64 cité
par VIDAL C. « La « solidarité africaine » : un mythe à revisiter », in Cahiers d’Etudes africaines, 1994, pp. 687-
691, sur www.persee.fr, consulté le 22 novembre 2020 ; TANELLA BONI, « Solidarité et insécurité humaine :
penser la solidarité depuis l’Afrique » in Diogène, N°235-236, 2011/3-4, sur www.cairn.info, consulté le 22
novembre 2020.
59
Robert J., « La bonne administration de la justice », N° spécial du cinquantenaire, Le droit administratif, des
principes fondateurs à l’effectivité de la règle : bilan et perspectives d’un droit en mutation, AJDA, 1995, p. 117
et FAVRET J.-M., « La bonne administration de la justice administrative », RFDA, 2004, p. 943.

14
contredisaient60 dans leurs développements. L’espace OHADA donne à découvrir dans cette
démarche une nouvelle suggestion. L’on doit dépasser le cercle de cette argumentation passée.
Car, la bonne administration de la justice semble extérieure au Droit (a) et s’érige comme le
véritable visage de la justice controversée (b) comme finalité.
a- Une finalité extrinsèque du Droit
La notion de finalité renvoie en Droit aux objectifs que doivent réaliser les règles
consacrées. Ces objectifs sont théoriques et pratiques, intrinsèques et extrinsèques. La bonne
administration de la justice prend ainsi le visage d’une finalité pratique et extrinsèque du Droit.
Parce qu’elle est soumise au respect, à la réception et à l’application par tous les acteurs de la
chaine juridictionnelle. L’espace OHADA donne à découvrir la collaboration61 nécessaire entre
les acteurs qui ne seront plus seulement institutionnels. Pour cette collaboration, il sera
nécessaire que la justice cesse n’être vue comme une mission à atteindre par l’entremise des
seuls agents de la justice organe. D’emblée, il y a lieu de proposer une nouvelle appellation à
la notion étudiée. Les raisons de cette appellation prennent leur source dans la reconsidération
de la notion de justice en Droit. La justice est loin62 d’une valeur et d’un idéal dont le Droit
aurait pour la mission de protéger. Il devient douteux de voir en la justice une finalité du Droit.
La justice par là devrait être considérée dans ces deux aspects suivant la théorie de
l’institution63 : mécanisme et organe. Ainsi, l’on parlerait plutôt de la bonne administration du
Droit. La bonne administration du Droit pour revêtir sa casquette de finalité par les
prédécesseurs a connu deux visages : une « notion-ambition » et une « notion-justification ».
Ceci pour ressortir ses sens spécifique et large. Or, la contradiction existante dans la
démonstration du professeur Robert J. n’a pas permis à cette orientation de prospérer.
Dès lors, la bonne administration du Droit n’appartient pas à l’essence-même du Droit.
Elle exprime le taux de réception et le degré de respect accordés par les acteurs de la chaine
juridictionnelle aux règles de Droit. La notion étudiée regorge à la fois la qualité de la procédure
et la décision équidistantes64 réciproques. Car, chaque acteur y contribue en tenant compte et
en se souciant de l’autre.
b- Le véritable visage de la finalité controversée de la justice
De plus en plus, la justice se voit sortie de la catégorie de finalité du Droit. Parce que la
qualité de la procédure et de la décision acceptables est le caractère de la bonne administration
du Droit. C’est dire que la satisfaction des acteurs du processus juridictionnel est la visée du
respect et de la réception des règles de Droit préétablies. Ceci renforce l’idée selon laquelle les
règles de Droit ne doivent être négligées. Dans une telle démarche : les délais, la loyauté, la
sincérité, la transparence, l’équité, la collaboration sont certains des éléments à exiger de tous

60
MEYNAUD A., La bonne administration de la justice et le juge administratif, Mémoire de Master en Droit
public Approfondi, Université de Panthéon Sorbonne, 2012, p. 30.
61
OUEDRAOGO Y., « Retour sur une décision controversée : l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO du 13
juillet 2015, CDP et autres c/ Etat du BURKINA », in Les Annales de Droit, N°10, 2016, sur
www.OpenEditionJournals.org, pp. 197-232, consulté le 14 novembre 2020.
62
MONEBOULOU MINKADA H. M., op.cit., pp. 230-232.
63
HAURIOU M., «La théorie de l’institution et de la fondation », in Les Cahiers de la nouvelle journée, 1925, IV;
Principes de droit public, Sirey 1910 et 1916 ; Précis de droit constitutionnel, Sirey, 2e éd., 1929, pp. 71 et s cité
par MONEBOULOU MINKADA H. M., « La question de la définition du contrat en Droit privé : essai d’une
théorie institutionnelle » in Juridical Tribune Vol. 4, Issue 1, june 2014, p. 90.
64
JEULAND E., op.cit., p. 313.

15
les acteurs du processus juridictionnel et une décision de qualité satisfaisant tous et acceptable
par tous. A cet effet, la qualité acceptable de la décision juridictionnelle signifie qu’elle regorge
les critères d’une décision satisfaisante à l’égard de chacun des acteurs. Il en est de même de la
procédure suivie depuis son déclenchement jusqu’à son aboutissement. La qualité en Droit est
ainsi une composante de la bonne administration du Droit. Il faudrait pour cela emprunter aux
méthodes du management de la qualité. Se référant à la norme ISO 9000, la bonne
administration du Droit serait la capacité du processus et de la décision rendue à satisfaire les
besoins des acteurs. Cette finalité peut être matérialisée dans l’espace OHADA.
2- La matérialisation de la bonne administration de la justice comme une
finalité du Droit
Une finalité est le besoin65 à satisfaire par un mécanisme ou un organe. Or, l’idée de la
justice comme finalité du Droit est de plus en plus impertinente66. On peut dès à présent
s’inquiéter de sa présence dans la notion objet des présentes lignes. D’ailleurs, il devient plus
envisageable de ranger la justice dans les catégories de valeur ou d’idéal. Dès lors, l’obtention
de la bonne administration du Droit commande d’accéder aux services de la justice
institutionnelle (a) pour obtenir la prestation correspondante (b).
a- Dans l’accès au service de la justice
Prise comme mécanisme ou comme organe, la justice pour y accéder requiert des
préalables. En premier dans son aspect mécanisme, il y a lieu d’évoquer l’accessibilité et la
qualité du service de la justice. L’accessibilité du service de la justice renvoie à la mise à la
connaissance des usagers des mécanismes de résolution des litiges. Ainsi, la publication des
textes de loi dans les journaux officiels des organisations d’intégration sous régionale et
régionale est un pas dans l’accessibilité du Droit. Le rôle des chaines de télévision et de la
presse écrite dans les Etats de l’espace OHADA ne suffit pas à garantir un accès au service de
la justice. L’accessibilité doit aller plus loin pour prendre en considération les distances, la
gratuité relative et la représentation des justiciables. Les acteurs de la résolution des différends
sont chacun en ce qui le concerne interpellé pour participer à cette démarche composée67. Il y
a dès lors un travail permettant de s’assurer de la prévisibilité68 de la décision et de la procédure.
Ainsi, des officiers de police judiciaire à l’autorité juridictionnelle chargée de trancher l’affaire,
en passant par les experts judiciaires, les témoins, les avocats, les greffiers sont appelés à un
minimum de courtoisie, de diligence et de délicatesse dans les rapport d’instance.
b- Dans l’obtention du service de la justice
La réorientation du contenu de la notion de justice semble actée. Dès lors, des enquêtes
préliminaires à la décision juridictionnelle, chaque partie doit respecter les règles en la matière
pour contribuer à l’atteinte de la bonne administration de la justice. Ainsi, deux modalités
inséparables permettront de mettre en exergue la bonne administration du Droit : le déroulement

65
www.larousse.fr consulté le 22 novembre 2020.
66
AKAM AKAM A., op.cit., p. 326.
67
MONEBOULOU MINKADA H. M., op.cit., p. 333 ; NKOU MVONDO P., « Justice parallèle au Cameroun :
la réponse des populations camerounaises à la crise de la justice de l’Etat », in Droit et société, Revue cain.info,
N°51-52, 2002, pp. 372-373.
68
AKAM AKAM A., op.cit., p. 41.

16
de la procédure juridictionnelle dans les délais acceptables69 et l’extinction du différend par la
décision acquiescée par tous les acteurs. En ce qui concerne les délais acceptables, il s’agit de
la conjugaison du temps légal imparti et du temps contextuel inspiré par la situation des acteurs
et la complexité de l’espèce. Ce délai se présenterait comme celui pour lequel chaque a
contribué pour la manifestation de la vérité. Du côté de la décision, elle doit susciter un
sentiment de satisfaction et de soulagement chez chacune des parties prenantes. Les autorités
juridictionnelles, policières et les auxiliaires de justice pourront noter service fait dans les règles
prévues. Tandis que les justiciables apprécieront la qualité du service rendu.

69
MOUSSA KONATE, Le temps et le procès pénal au Sénégal, Thèse de Doctorat, Université Cheik Anta Diop
de Dakar, 2017, pp. 174-190 ; ESSOMBA AKOUA A., Le temps en Droit administratif camerounais, Thèse de
Doctorat, Université de Yaoundé II, 2016, pp. 369-394 ; TCHIMTCHUENG M., Le délai raisonnable en droit
processuel camerounais, Thèse de Doctorat, Université Cheik Anta Diop de Dakar, 2013, pp. 321-346.

17
Conclusion
La doctrine sous d’autres cieux s’étripe à coup d’idées et d’arguments pour insérer la
bonne administration du Droit dans une catégorie. La réflexion sur cette notion n’est pas en soi
nouvelle dans l’espace OHADA. N’est pas aussi nouvelle la suggestion de considérer cette
notion comme finalité du Droit. Cependant, bien que cette vision soit minoritaire dans la
doctrine, un dépassement et une amélioration, des critiques par des données issues de l’espace
OHADA pourraient apporter de nouveaux éléments. Ainsi, l’on peut observer que la bonne
administration du Droit est le visage découvert de la finalité controversée de justice. Le défaut
d’atteindre cette finalité suggérée expose : la paix, la stabilité sociales, la crédibilité du système
juridictionnel et l’honorabilité des Etats à des risques, des sanctions et des critiques. Cette
finalité indique comme l’on ne peut douter des implications plus grandes concernant le système
politique de l’Etat. A cet effet, c’est l’attractivité des investisseurs, des aides au développement
qui seront mises à épreuve. L’espace OHADA ne devrait pas forcément s’inscrire dans le projet
d’adopter une institution à l’exemple de la CEPEJ. Les juridictions titulaires du pouvoir de
veiller à l’application uniforme du Droit harmonisé devrait jouer ce rôle. Il suffit de recruter et
de créer des organes auxquels la compétence d’appréciation de l’efficacité sera attribuée.
Préalablement, il faut renforcer le respect des règles en matière juridictionnelle. La culture du
solidarisme africain entre les acteurs de la procédure ne devrait pas rester un simple slogan.
L’atteinte de la finalité suggérée n’est pas l’obligation d’un seul acteur mais de tous. Donc, ce
sont les comportements des acteurs qui permettent de satisfaire à cette finalité. L’on observe
que la bonne administration du Droit qu’elle est extérieure au Droit.

18

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