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2021-2022 Introduction au droit

OHADA
A l’intention des Etudiants de L1 Droit (LMD)

Par : Mumbere Mitamango Fiston


CHEF DE TRAVAUX
Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant
INTRODUCTION

L’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, constitue à l’heure actuelle un
modèle original d’intégration juridique en Afrique. Elle a été instituée par la signature à Port-Louis le 17 octobre
1993 du Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique. Ce traité a été révisé par la suite le 17
octobre 2008.

Née de la volonté des Etats membres de renforcer et encourager les investissements


nationaux et étrangers, l’OHADA a pour principal objectif de remédier à l'insécurité juridique et judiciaire
existant dans les États Parties.
L'insécurité juridique s'explique notamment par la vétusté des textes juridiques en vigueur : la plupart d'entre
eux datent en effet de l'époque de la colonisation et ne correspondent manifestement plus à la situation
économique et aux rapports internationaux actuels. Très peu de réformes ont été entreprises jusqu'alors,
chaque État légiférant sans tenir compte de la législation des autres Etats. A cela s'ajoute l'énorme difficulté
pour les justiciables comme pour les professionnels de connaître les textes juridiques applicables.
L'insécurité judiciaire découle de la dégradation de la façon dont est rendue la justice, tant en droit qu'en
matière de déontologie, notamment en raison d'un manque de moyens matériels, d'une formation insuffisante
des magistrats et des auxiliaires de justice.
Outre la restauration de la sécurité juridique et judiciaire des activités économiques en vue de
restaurer la confiance des investisseurs, de faciliter les échanges entre les États Parties, le Traité poursuit les
objectifs suivants : Mettre à la disposition de chaque Etat des règles communes simples, modernes adaptées à
la situation économique; Promouvoir l'arbitrage comme instrument rapide et discret des litiges commerciaux;
Améliorer la formation des magistrats et des auxiliaires de justice; Préparer l'intégration économique
régionale.1

L’OHADA est aujourd’hui un espace géographique doté d’institutions fortes et d’un cadre législatif
unifié dans les domaines du droit des sociétés, du statut
juridique des commerçants, du recouvrement des créances, des sûretés et des voies d’exécution, du
redressement des entreprises et de la liquidation judiciaire, du droit de l’arbitrage,
du droit du travail, du droit comptable, du droit de la vente et
des transports, et dans toute autre matière que le Conseil des Ministres décideraient à l’unanimité d’inclure.2
A ce jour, 17 Etats sont membres de l’organisation : le Bénin, le Burkina-Faso, le Cameroun, la

1
Cfr Article 1er du Traité de l’OHADA tel que révisé à ce jour
2
L’article 2 du traite de l’OHADA donne d’une manière non limitative les domaines d’intervention de l’OHADA en ce qui concerne
l’élaboration des actes uniformes.

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Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Congo, les Comores, le
Gabon, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée-Equatoriale, le Mali, le Niger, la République Démocratique du
Congo (RDC), le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Pays Ratification Dépôt des instruments Entrée en vigueur

GUINÉE BISSAU 15/01/1994 26/12/1995 20/02/1996

SÉNÉGAL 14/06/1994 14/06/1994 18/09/1995

RCA 13/01/1995 13/01/1995 18/09/1995

MALI 07/02/1995 23/03/1995 18/09/1995

COMORES 20/02/1995 10/04/1995 18/09/1995

BURKINA-FASO 06/03/1995 16/04/1995 18/09/1995

BÉNIN 08/03/1995 10/03/1995 18/09/1995

NIGER 05/06/1995 18/07/1995 18/09/1995

CÔTE D'IVOIRE 29/09/1995 13/12/1995 11/02/1996

CAMEROUN 20/10/1995 04/10/1996 03/12/1996

TOGO 27/10/1995 20/11/1995 19/01/1996

TCHAD 13/04/1996 03/05/1996 02/07/1996

CONGO 28/05/1997 18/05/1999 17/07/1999

GABON 02/02/1998 04/02/1998 05/04/1998

GUINÉE EQUATORIALE 16/04/1999 15/06/1999 13/08/1999

GUINÉE 05/05/2000 22/09/2000 21/11/2000

RDC 27/06/2012 13/07/2012 12/09/2012

L’harmonisation du droit des affaires en Afrique étant une question d’importance nationale et
régionale, son étude est d’un grand intérêt. Dans le cadre de cette introduction, nous nous limiterons à en
présenter les institutions (Chapitre premier), les actes uniformes (Chapitre deuxième) et quelques aspects
techniques généraux (Chapitre troisième).

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Chapitre Premier : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU DROIT OHADA : LES ORGANES DE L’OHADA3

Selon les dispositions du Traité révisé les différentes institutions de l’OHADA sont :

- La Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement ;

- Le Conseil des Ministres ;

- Le Secrétariat Permanent ;

- La Cour de Commune Justice et d’Arbitrage (CCJA) ;

- L’Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA).

Les dispositions du Traité et des règlements fixent les règles qui déterminent l’organisation de l’OHADA et le
fonctionnement de ses différentes Institutions.
Les sièges des institutions et les personnes responsables chargés de les diriger et les membres de la CCJA
ont été prévus par les « Arrangements » de N’Djamena à titre transitoire afin de permettre le démarrage
effectif des activités de l’organisation.
Il faut souligner que ces « Arrangements » avaient fait l’objet de vives critiques de la part certains Etats
Parties relativement à son caractère non équitable à leur égard.
Ainsi, par la déclaration de Québec du 17 octobre 2008, les Chefs d’Etat et de Gouvernement mettaient fin
aux Arrangements et le retour aux dispositions du Traité originel s’agissant du recrutement du personnel
chargé d’animer les Institutions de l’OHADA.

I. LA CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT

Le «Traité de Port-Louis» n’avait pas prévu la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement,
après quelques années de fonctionnement de l’OHADA la nécessité d’une telle institution est apparue car
s’agissant de la révision du Traité seule cette structure est compétente et les grandes orientations de
l’organisation sont définies par celle-ci. Aussi son absence avait beaucoup handicapé le bon fonctionnement
de l’organisation.
Ce vide a été fort heureusement comblé par le Traité portant révision du traité de « Port-Louis » en
prévoyant cette institution.
L’article 27 dudit Traité dispose que «la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est composée
des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats Parties… ».

1. La composition et le fonctionnement

3
Ce chapitre est inspiré de la présentation de GREMA ARI LAWAN OUMARA, Magistrat, Directeur des Etudes Législatives, des
Réformes et de l’Intégration au Ministère de la Justice, et Président de la Commission Nationale de l’OHADA au Niger

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La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement est composée des Chefs d’Etat et de
Gouvernement des Etats parties. Elle est présidée par le Chef de l’Etat ou de Gouvernement dont le pays
assure la présidence du Conseil des Ministres, ce qui constitue un critère facile à mettre en œuvre. Elle se
réunit en tant que de besoin, sur convocation de son Président, à son initiative ou à celle du tiers des Etats
parties. La Conférence ne délibère valablement que si les deux tiers des Etats parties sont représentés. Les
décisions de la Conférence sont prises par consensus ou, à défaut, à la majorité absolue des Etats présents.
2. Les attributions de la Conférence
L’article 27 al.3 affirme laconiquement que la conférence statue sur toute question relative au Traité.
Cela lui donne assurément compétence en matière de révision du Traité ; ce qui va favoriser et faciliter les
révisions souhaitables du Traité mais, bien entendu. Il s’agira également de donner l’impulsion nécessaire
dans la marche de l’OHADA quand on connaît le rôle central des chefs d’Etats en Afrique.

I. LE CONSEIL DES MINISTRES

Le Conseil des Ministres de l’OHADA, contrairement à celui des autres organisations multinationales
est original de par sa composition et ses attributions.
1. La composition du Conseil des Ministres

Selon l’article 27 du Traité révisé, le Conseil des Ministres est composé des Ministres chargés de la
Justice et des Finances des Etats Parties.

Il faut remarquer qu’il s’agit là d’une composition originale car en général les Conseils des
Ministres des organisations similaires sont composés des Ministres d’un même département. Cette
composition particulière peut s’expliquer par un certain nombre de raisons à savoir :

- Il s’agit des matières judicaires d’une part et que l’idée de l’harmonisation des règles juridiques venait
des Ministres de la Justice et reprise par les Ministres des Finances ;

- il faudrait responsabiliser les Ministres des Finances quant au devenir de l’OHADA puisque ces derniers
sont le plus souvent réticents pour débloquer les crédits pour les contributions. Cette situation a été à la
base du fait que bon nombre d’organisation ont cessé d’exister par manque de financement ;

- cette composition peut aussi être révélatrice de la volonté des Chefs d’Etat de faire de l’OHADA
un instrument d’intégration techniquement performant et bien conduit.
La présence du Ministre de la Justice est un gage du respect des normes juridiques pour l’élaboration des
Actes Uniformes, tandis que celle du Ministre des Finances est gage du respect des engagements

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économiques et financiers pris par les Etats Parties dans le cadre de leur intégration.

2. Le fonctionnement du Conseil des Ministres

La présidence du Conseil des Ministres est exercée à tour de rôle et par ordre alphabétique,
pour une durée d’un an, par chaque Etat Partie. Les Etats adhérents assurent pour la première fois la
présidence du Conseil dans l’ordre de leur adhésion, après le tour des pays signataires du Traité.
Dans le cas où un Etat ne peut pas exercer la présidence du Conseil des Ministres pendant l’année où elle lui
revient, le Conseil désigne, pour exercer cette présidence l’Etat venant immédiatement après, dans l’ordre
prévu par le Traité.
Si, l’Etat précédemment empêché qui estime être en mesure d’assurer la présidence en saisit, en temps utile,
le Secrétaire Permanent, pour décision à prendre par le Conseil des Ministres.
Il faut souligner que le Traité n’a pas prévu lequel des Ministres (justice et Finances) assure la présidence du
Conseil. Mais dans la pratique on a constaté que c’est toujours le Ministre de la Justice qui l’assure.
Le Conseil des Ministres de l’OHADA se réunit au moins une fois par an sur convocation de son président, à
son initiative ou à l’initiative d’un tiers (1/3) des Etats Parties.
L’ordre du jour de la session est arrêté par le président du Conseil sur proposition du Secrétaire Permanent
de l’OHADA.
Le Conseil délibère valablement lorsque les deux tiers (2/3) des Etats Parties sont représentés, chaque Etat
disposant d’une voix et les décisions sont adoptées à la majorité absolue des Etats présents et votants. Par
contre les décisions relatives à l’adoption des Actes Uniformes sont prises à l’unanimité des Etats présents et
votants.

3. Les attributions du Conseil des Ministres

Selon l’article 4 du Traité révisé, « des règlements pour l’application du présent Traité et des
décisions sont pris, chaque fois que de besoin par le Conseil des Ministres ».
Le Conseil est compétent pour :
a. adopter et modifier les Actes Uniformes ;
b. déterminer le domaine du droit des affaires ;
c. adopter le budget des Institutions ;
d. approuver les Comptes de l’Organisation ;
e. nommer le Secrétaire permanent et le Directeur Général de l’ERSUMA ;

f. élire les membres de la CCJA ;

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g. prendre les règlements nécessaires à l’application du Traité ;
h. déterminer les domaines d’harmonisation du droit des affaires.
Le Conseil des Ministres est en même temps un organe administratif et un organe législatif.

I I. LE SECRETARIAT PERMANENT

Le Traité originaire rattachait le Secrétariat permanent au Conseil des Ministres en prévoyant que
celui-ci est assisté d’un Secrétariat permanent (art. 3). Le traité révisé en fait une institution à part entière en le
citant comme tel. Le Secrétariat Permanent est l’organe exécutif de l’OHADA. Son siège a été fixé par les «
Arrangements » de N’Djamena à Yaoundé au Cameroun. L’accord de siège a été signé le 30 juillet 1997,
entre le Gouvernement du Cameroun et l’Organisation.

1. L’organisation du Secrétariat Permanent

Le Secrétariat Permanent est dirigé par un Secrétaire Permanent nommé par le Conseil des
Ministres pour un mandat de quatre (4) ans renouvelables une fois. Le Secrétaire Permanent est assisté par
trois (3) directeurs :

- le directeur des Affaires Juridiques et des relations avec les Institutions;

- le Directeur de l’Administration Générales et du J.O de l’OHADA ;

- le Directeur des Affaires Financières et de la Comptabilité.

Ceux-ci sont nommés par le Secrétaire Permanent dans les conditions prévues par l’article 40 alinéa 2
du Traité.

2. Les attributions du Secrétariat Permanent

Le Secrétaire Permanent représente l’OHADA et assiste le Conseil des Ministres.


Il a pour principales attributions :
a. l’évaluation des domaines dans lesquels l’harmonisation du droit est nécessaire et propose au
Conseil pour approbation, le programme d’Harmonisation ;

b. la préparation des projets d’Actes Uniformes, il coordonne le travail des experts ;


c. la coordination des activités des différents organes de l’OHADA et suit les travaux de l’organisation ;
d. la proposition au Président du Conseil des Ministres l’ordre du Jour du Conseil;
e. organise l’élection des membres de la CCJA ;
f. assure la tutelle de l’ERSUMA dont il préside le Conseil d’Administration;

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g. procède à la nomination de ses collaborateurs.

IV . LA COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D’ARBITRAGE (CCJA)

C’est l’article 3 du Traité de « Port-Louis » qui prévoit la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage. Il
dispose que « la réalisation des tâches prévues au présent Traité est assurée par une organisation
dénommée Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires comprenant un Conseil des
Ministres et une Cour Commune de Justice et d’Arbitrage ».
1. La composition de la CCJA

Selon l’article 31 du Traité révisé la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage est composée de neuf
(9) juges, toutefois le Conseil des Ministres peut, compte tenu des nécessités de service et des possibilités
financières, fixer un nombre de juges supérieur à celui prévu par le Traité. Les Juges sont élus pour un
mandat de sept (7) ans non renouvelable parmi les ressortissants des Etats Parties. Comparativement au
traité originaire, le nombre des juges est passé de 7 à 9. Une autre nouveauté est que le tiers des
membres de la Cour doit être des avocats inscrits au Barreau de l’un des Etats parties ou des professeurs
de droit remplissant, dans les deux cas, la condition d’ancienneté d’au moins quinze années d’expérience
professionnelle.

2. Les compétences de la CCJA

L’article 14 alinéa1 du Traité révisé dispose que la CCJA « assure l’interprétation et l’application
communes du Traité ainsi que des règlements pris pour son application, des Actes uniformes et des
décisions ».
La Cour est investie de pouvoirs juridictionnels et consultatifs et intervient dans les procédures
d’arbitrage.

a. Les fonctions judiciaires de la CCJA

Ces fonctions sont à la fois contentieuses et consultatives.

Les fonctions contentieuses : La CCJA est juge de Cassation pour tous les différends relatifs au droit
uniforme. Elle est saisie par voie de recours en cassation des arrêts d’appel des juridictions nationales à
l’exception des décisions prononçant des sanctions pénales. Elle peut être saisie soit directement par une des
parties au litige, soit sur renvoi d’une juridiction nationale. En cas de cassation, la CCJA évoque et statue sur
le fond. Cela évite les lenteurs que provoquent les renvois ainsi que la tentation de résistance des juridictions
du fond. Les pourvois en cassation sont portés devant la CCJA par l’une des parties ou sur renvoi d’une

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juridiction nationale statuant en cassation. La saisine de la CCJA suspend toute procédure de cassation
engagée devant une juridiction nationale contre la décision mais elle n’affecte pas les procédures
d’exécution.
Les fonctions consultatives de la CCJA : la Cour est compétente pour :

- donner un avis sur les projets d’Actes Uniformes avant leur présentation au Conseil des Ministres ;

- interpréter et veiller à l’application desActes Uniformes dans les Etats Parties ;

- interpréter le Traité, les Règlements pris pour son application et les Actes Uniformes ;

- rendre des avis consultatifs à la demande des Etats, du Conseil des Ministres ou des

juridictions nationales.

b. Les fonctions d’arbitrage de la CCJA

C’est le Traité de Port-Louis qui prévoit les fonctions d’arbitrage de la Cour dans son préambule. Il
ressort que les Etats signataires sont désireux de promouvoir l’arbitrage comme instrument de règlement des
différends contractuels.
La CCJA n’ayant pas le monopole de l’arbitrage, il faut distinguer selon qu’il s’agit d’une procédure d’arbitrage
institutionnel ou d’une procédure d’arbitrage ad’ hoc. Il revient alors aux parties, au moment de la rédaction de
la clause compromissoire, de choisir l’une ou l’autre procédure.
La CCJA intervient en matière d’arbitrage en tant qu’un centre d’arbitrage. Elle ne tranche pas elle-même les
différends mais nomme ou confirme les arbitres. Elle est informée du déroulement des instances et examine
les projets de sentences conformément à l’article 24 du traité.

V. L’ECOLE REGIONALE SUPERIEURE DE LA MAGISTRATURE (ERSUMA)

L’article 41 du Traité révisé énonce qu’il est institué un établissement de formation, de


perfectionnement et de recherche en droit des affaires dénommé «École Régionale Supérieur de la
Magistrature(ERSUMA) qui est rattachée au Secrétariat Permanent.

1. Composition
L’école est dirigée par un Directeur Général nommé par le Conseil des Ministres pour un Mandat de quatre (4)
ans renouvelables une fois.
Son siège a été fixé à Porto Novo (bénin) par les « Arrangements » de N’Djamena. La raison de la création
de l’Ecole, c’est pour remédier au faible niveau de spécialisation des Magistrats, ainsi qu’à l’absence de
système de formation continue et l’insuffisance de formation juridique des différents acteurs.
Les organes de l’ERSUMA sont : le Conseil des Ministres, le Conseil d’Administration, le Conseil d’Etablissement et

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la Direction.
L’Ecole comprend : la Direction Générale, la Direction des Etudes et des Stages et la Direction des Affaires
Administratives et Financières.
Lors du séminaire de sensibilisation au droit harmonisé tenu à Niamey les 9 et 10 juin 1998, le Directeur
Général d’alors déclarait que « On ne peut pas réussir l’harmonisation du droit des affaires si l’on ne forme
pas des hommes capables deconnaître ce droit, de le faire connaitre, de le comprendre et de l’appliquer de
manière efficace et uniforme dans l’ensemble de l’espace Communautaire OHADA».
2. Missions de l’ERSUMA
Conformément à l’article 4 des statuts de l’ERSUMA, à cette dernière les missions suivantes sont confiées :

- assurer, selon les modalités prévues par les statuts, la formation des magistrats, des auxiliaires et
fonctionnaires de justice des états membres ;

- initier, développer et promouvoir la recherche en droit africain ;

- œuvrer, en liaison avec la cour commune de justice et d'arbitrage et les hautes juridictions des états
membres, a une harmonisation de la jurisprudence et du droit, principalement dans toutes matières relevant du
traité ;

- accomplir toute mission qui pourrait lui être assignée par le conseil des ministres de l’OHADA ou par le conseil
d'administration.

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Chapitre Deuxième : LE CADRE SUBSTENTIEL DU DROIT OHADA : LES ACTES UNIFORMES4
Les actes uniformes constituent assurément le cœur ou la finalité immédiate de l’OHADA puisque les
institutions (Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, Conseil des ministres, Secrétariat permanent,
Ecole régionale supérieure de la magistrature, Cour commune de justice et d’arbitrage) et les dispositions du
Traité, soit participent à leur élaboration ou à leur adoption, soit visent leur correcte et « uniforme »
application. Les actes uniformes vont permettre, à l’intérieur de chacun des Etats concernés comme au
niveau de l’espace couvert, d’avoir une législation claire, moderne, adaptée, facile à connaître, d’application
uniforme, à même de créer la sécurité juridique et judiciaire recherchée. Il devrait en résulter
indirectement, et peut-être plus effectivement, un marché unique à même de stimuler les investissements
locaux et d’attirer les investissements extérieurs.
De ce point de vue, il est indéniable que l’évolution est rapide. En dehors du Traité et des actes uniformes,
on notera, entre autres :
- le Règlement de procédure de la Cour commune de justice et d’arbitrage adopté le 18 avril
1996 ;
- le Règlement d’arbitrage de la Cour commune de justice et d’arbitrage adopté le 11 mars
1999 à Ouagadougou ; en liaison avec ce règlement ont été adoptées la décision n° 004-99-CCJA du 3
février 1999 relative aux frais d'arbitrage ainsi que la décision n° 004-99-CM du 12 mars 1999 qui l'approuve
et ses annexes I à I I relatifs aux frais administratifs, aux honoraires d'un arbitre et aux frais administratifs et
honoraires d'un arbitre résultant de calculs corrects ; en dernier lieu s'est ajouté le Règlement intérieur de la
Cour commune de justice et d'arbitrage de l'OHADA en matière d'arbitrage, adopté par celle-ci le 2 juin 1999 ;
- les règlements et autres textes statutaires relatifs au fonctionnement des organes.

Il convient de rappeler que le Traité a été révisé le 17 octobre 2008 à Québec au Canada.

Concernant les actes uniformes dont l’adoption et la correcte application constituent la finalité
majeure de l’OHADA, l’on relève huit actes uniformes adoptés entre 1997 et 2003. Ce sont :
- d’abord, trois actes adoptés à Cotonou le 17 avril 1997, à savoir l’Acte uniforme relatif au
droit commercial général (AUDCG), l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique (AUDSCGIE) révisé le 30 janvier 2014 et publié au journal officiel numéro
spécial du 4 février 2014 et l’Acte uniforme portant organisation des sûretés (AUS) ; l’AUDCG et l’AUS ont été
révisés le 15 décembre 2010 à Lomé ;
- ensuite, deux actes adoptés à Libreville le 10 avril 1998, à savoir l’Acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution (AUPSRVE) et l’Acte
4
L’essentiel de ce chapitre est inspiré du cours d’Introduction au Droit OHADA, préparé et dispensé par le Professeur R. MULENDEVU
MUKOKOBYA année académique 2016-2017).

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uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif (AUPC) révisé le 10
Septembre 2015 ;
- puis, l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage (AUDA) adopté le 11 mars 1999 à
Ouagadougou, révisé le 23 Novembre 2017à Conakry ;
- également, l’Acte uniforme relatif au droit comptable et à l’information financière (AUDCIF)
adopté à Yaoundé le 24 mars 2000 et révisé le 26 janvier 2017 ;
- l’Acte uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route (AUCTMR)
adopté le 22 mars 2003 à Yaoundé ;
- l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives (AUDSCOOP) adopté à Lomé le 15
décembre 2010 à Lomé.
- En dernier lieu, l’acte uniforme relatif à la médiation (AUM) adopté le 23 Novembre 2017 à
Conakry.
Au total, le processus OHADA d’intégration juridique, qui est profond, ambitieux et inédit, a permis
l’adoption de dix actes uniformes comportant plus de 2500 articles généralement longs et détaillés.
Au regard de leur importance, les actes uniformes appellent, dans ce cadre limité, l’examen
sommaire de leur contenu et un peu plus étoffé de leur régime juridique, spécialement de leur place dans le
système juridique.

I. LE CONTENU DES ACTES


Chacun des actes uniformes peut faire l’objet de longs développements. Il s’agira ici modestement
de fournir quelques indications à même de donner une idée de leur contenu. On peut regrouper les actes
uniformes en deux catégories : ceux qui ont trait aux structures et aux opérations des entreprises et ceux
qui sont liés au recouvrement des créances et au règlement des litiges.
1. Les actes uniformes relatifs aux structures et aux opérations des entreprises
Ce sont l’AUDCG, l’AUDSC, l’AUDSCOOP, l’AUOHCE et l’AUCTMR. On peut distinguer les actes qui concernent les
structures de ceux qui sont relatifs aux opérations, en mentionnant la relativité de la distinction, l’AUDCG par
exemple concernant les structures et les opérations.
A. Les structures

Une distinction peut être faite entre les anciens actes uniformes, même révisés, et le nouvel acte
uniforme.

a) L’AUDCG
Dans sa version non révisée, l’AUDCG traite, dans ses 289 articles de questions variées intéressant

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les commerçants, surtout personnes physiques mais également les sociétés, et qui généralement n’étaient pas
réglées au sein des Etats Parties ou l’étaient de manière lacunaire et éparpillée. En dehors de son chapitre
préliminaire qui aborde son champ d’application, il traite en cinq livres des questions ci-après.
- Le statut du commerçant, à travers la définition du commerçant et des actes de commerce,
l’édiction de règles concernant la capacité d’exercer le commerce, avec les interdictions et les
incompatibilités, les obligations comptables du commerçant, la prescription qui, de décennale, devient
quinquennale.
- Le registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM), qui comprend un registre local tenu
au greffe de chaque tribunal compétent, un fichier national et un fichier régional tenu auprès de la CCJA. Il
reçoit l’immatriculation des personnes physiques à qui elle confère une présomption de possession de la
qualité de commerçant, celle des sociétés à qui elle confère la personnalité morale et la publication de
certaines sûretés ou garanties (nantissements, privilèges, clause de réserve de propriété, crédit-bail) pour
leur opposabilité aux tiers.
- Le bail commercial et le fonds de commerce : le bail commercial confère au preneur le droit
au renouvellement de son bail ou une indemnité d’éviction ; il bénéficie en réalité à tous les baux
professionnels. Le fonds de commerce est défini de manière classique mais avec une innovation créée par
le législateur OHADA à travers l’article 104, alinéa 2, en l’occurrence la notion nouvelle de fonds commercial ;
celle-ci devra être comprise comme constituant le
« noyau dur » du fonds de commerce. Le fonds de commerce ayant une composition variable, il se posait
souvent, à l’occasion des opérations qui y sont relatives (location-gérance, nantissement et surtout la cession,
qui sont toutes réglementées par l’Acte uniforme), des problèmes de détermination de l’élément ou des
éléments essentiels, celui ou ceux dont la cession entraîne nécessairement celle du fonds de commerce lui-
même. La question est dorénavant réglée par la notion fonds commercial qui comprend la clientèle,
l’enseigne ou le nom commercial. On notera que le droit au bail peut, sur le plan pratique, présenter une
importance comparable, voire supérieure, à celle des éléments formant le fonds commercial.

- Les intermédiaires du commerce, de façon générale, et spécifiquement le commissionnaire,


le courtier et les agents commerciaux ; leur statut s’appuie sur le mandat dont la réglementation s’inspire de
l’évolution jurisprudentielle du mandat régi par le Code civil ; l’AUDCG réglemente les droits et les obligations
de ces intermédiaires.
- La vente commerciale, largement inspirée de la convention de Convention de Vienne sur les
contrats de vente internationale de marchandises, adoptée par la Conférence des Nations Unies le 11 avril
1980. Les dispositions y relatives essayent, entre autres, de préserver le contrat dans la mesure du possible
et retardent le transfert de propriété jusqu’à la livraison, le transfert des risques demeurant lié au transfert

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de la propriété. Le dédoublement de cette réglementation avec les dispositions du Code civil concernant les
ventes internes ne paraît pas très opportun.
La révision intervenue à Lomé le 15 décembre 2010 apporte les innovations suivantes :

- le nombre d’articles augmente passant à 307 contre 289 antérieurement avec un


changement de la numérotation, de même que celui des livres qui sont désormais au nombre de neuf contre
six antérieurement ;
- l’introduction du statut de l’entreprenant (art. 30 à 33), qui constitue l’une des plus grosses
innovations de l’AUDCG révisé, ainsi que des règles de calcul de la prescription (art. 16 à 29) ;
- la modification en profondeur des règles régissant le registre du commerce et du crédit
mobilier (RCCM) ; quatre livres lui sont consacrés, directement ou indirectement, à savoir le livre I sur le RCCM,
le livre I I sur le fichier national, le livre IV sur le fichier régional et le livre V sur l’informatisation du RCCM, du
fichier national et du fichier régional ; tous ces livres auraient pu constituer un seul livre en raison des liens qui
les unissent, lequel serait subdivisé en quatre titres ;
- le remplacement du bail commercial par le bail à usage professionnel, ce qui était déjà le cas
en pratique dans les anciens textes ; l’abandon de la notion confuse de fonds commercial ;
- le quasi maintien des règles sur les intermédiaires ;

- la refonte de la réglementation de la vente (art. 234 à 302).

b) L’AUDSC
C’est l’acte uniforme le plus long avec 920 articles31. Il a été révisé le 30 janvier 2014 et publié au
journal officiel le 4 février 2014.

Formellement, si l’on néglige le chapitre préliminaire comprenant trois articles qui traitent du champ
d’application personnel et temporel de l’Acte uniforme et du caractère d’ordre public de ses dispositions,
l’AUDSC comprend quatre parties, chacune des parties étant subdivisée, suivant les besoins, en livres, titres,
sous-titres, chapitres, sections, sous-sections et paragraphes. Ainsi, la partie 1 traite des « dispositions
générales sur la société commerciale », la partie 2 traite des « dispositions particulières aux sociétés
commerciales », la partie 3 est relative aux « dispositions pénales », et la partie 4 aux « dispositions finales et
transitoires ».
Si l’on exclut les dispositions pénales, qui pour l’essentiel retiennent des solutions qui étaient en grande partie
généralement acquises mais éparses, et les dispositions finales et transitoires qui, avec la fin de l’année 1999,
ont perdu de leur importance ou de leur intérêt, l’on s’aperçoit que l’Acte Uniforme consacre avec netteté :

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- d’une part, un droit général ou droit commun des sociétés, applicables à toutes les sociétés depuis leur
constitution jusqu’à leur dissolution et liquidation ;
- d’autre part, un droit spécial des sociétés, dont l’essentiel des dispositions concerne société en nom
collectif (SNC), société en commandite simple (SCS), société à responsabilité limitée (SARL), société
anonyme (SA), Société en participation, société de fait, groupement d'intérêt économique (GIE) et,
innovation majeure, société par actions simplifiée (SAS).
Pour faire court, c’est une législation moderne des sociétés qu’apporte l’AUDSC avec notamment la
nécessité de l’immatriculation au RCCM pour le bénéfice de la personnalité morale, la protection des associés
minoritaires et des tiers, le rôle accru du commissaire aux comptes, la protection de la société avec la
procédure d’alerte, l’expertise de gestion, les comptes prévisionnels... Les innovations majeures tiennent
dans l’admission de la société unipersonnelle non seulement dans la SARL mais surtout dans la SA et dans
l’exigence de l’intervention du notaire dans l’adoption des statuts.
Une révision de l’acte a eu lieu à Ougadougou le 30 janvier 2014 et l’acte ainsi révisé a été publié
au journal officiel n°spécial du 4 février 2014. Parmi les innovations on note la naissance d’une nouvelle forme
de société, la société par actions simplifiées (SAS). L’article 853-1 dispose que c’est une société instituée par
un ou plusieurs associés et dont les statuts prévoient librement l’organisation et le fonctionnement de la société
sous réserve des règles impératives du présent livre. Les associés de la société par actions simplifiée ne
sont responsables de dettes sociales qu’en concurrence de leurs apports et leurs droits sont représentés
par des actions.
c) l’AUDSCOOP
L’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives (AUDSCOOP), adopté le 15 décembre 2010
à Lomé. Il semble que l’UEMOA et la BCEAO se sont beaucoup investies pour l’adoption de cet acte uniforme,
probablement parce la forme coopérative est l’une des plus utilisées pour la création d’institutions de micro-
finance dont ces institutions assurent la promotion. Cependant, il faut souligner que cette forme juridique peut
être employée pour bien d’autres activités puisque, selon l’article 5 de l’AUDSCOOP, « les sociétés
coopératives exercent leur action dans toutes les branches de l’activité humaine ». Il devient le second acte
uniforme le plus long avec ses 397 articles, après celui sur le droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique. On peut dire qu’il est construit un peu à l’image de celui-ci.
S’agissant de son contenu, dans l’ensemble il est classique, c’est-à-dire qu’il reprend les principes et
règles des lois nationales régissant les sociétés coopératives, sauf à souligner sa longueur qui semble inédite.
Ainsi, l’article 4 définit la société coopérative comme un groupement autonome de personnes volontairement
réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs, au moyen
d'une entreprise dont la propriété et la gestion sont collectives et où le pouvoir est exercé démocratiquement

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et selon les principes coopératifs. Il précise que la société coopérative peut, en plus de ses coopérateurs qui
en sont les principaux usagers, traiter avec des usagers non coopérateurs dans les limites que fixent les
statuts. L’AU rappelle que la société coopérative est constituée et gérée selon les principes coopératifs
universellement reconnus, à savoir :
- l’adhésion volontaire et ouverte à tous ;

- le pouvoir démocratique exercé par les coopérateurs ;

- la participation économique des coopérateurs ;

- l’autonomie et l’indépendance ;

- l’éducation, la formation et l’information ;

- la coopération entre organisations à caractère coopératif ;

- l’engagement volontaire envers la communauté.

Toute discrimination fondée sur le sexe ou sur l’appartenance ethnique, religieuse ou politique est
interdite (article 6).
Dans le même sens, l’article 102 prévoit que chaque coopérateur dispose d'une voix quelle que soit
l’importance de sa participation au capital de la société coopérative.
Relativement à sa structuration, l’Acte comprend un chapitre préliminaire, puis quatre parties dont les
plus importantes sont les deux premières.
Le chapitre préliminaire (art. 1 à 3) est relatif au champ d’application de l’AUDSCOOP. Il déclare l’acte
uniforme applicable à toute société coopérative, toute union ou fédération, voire confédération, de sociétés
coopératives, dont le siège social est situé sur le territoire de l'un des Etats Parties au Traité de l’OHADA,
même si la société coopérative exerce une activité commerciale. Il déclare ses dispositions d’ordre public
sauf exception mais ajoute que les sociétés coopératives qui ont pour objet l’exercice d’activités bancaires
ou financières demeurent soumises aux dispositions du droit interne ou communautaire relatives à l’exercice
de ces activités.
La partie I sur les dispositions générales sur la société coopérative (art. 4 à 203) aborde, en huit
titres, la constitution et le fonctionnement de la société coopérative, l’action en responsabilité civile contre les
dirigeants de la société coopérative, les liens de droit entre les sociétés coopératives, la transformation de la
société coopérative, les fusions et scissions ainsi que la dissolution et la liquidation des sociétés coopératives
et, enfin, la nullité de la société coopérative et des actes sociaux.
La partie I , à l’image de l’AUDSC, traite des dispositions particulières aux différentes catégories de
sociétés coopératives (art. 204 à 385) qui sont la société coopérative simplifiée et la société coopérative

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avec conseil d’administration, de trois à douze membres. Cette dernière n’est vraiment pas très éloignée
d’une société commerciale.

La partie I I sur les dispositions pénales est très brève. En deux articles (art. 386 et 387), il incrimine
l’usage abusif de l’appellation société coopérative… et déclare les 886 à 905 de l’AUDSC, articles qui traitent
des infractions pénales dans le cadre des sociétés commerciales, applicables aux sociétés coopératives.
La partie IV (art. 388 à 397) relative aux dispositions diverses, transitoires et finales aborde, entre
autres, la mise en harmonie des statuts avec l’AU dans un délai de deux ans à compter de son entrée en
vigueur, l’abrogation des dispositions légales contraires et son applicabilité dans un délai de 90 jours à
compter de la date de sa publication au journal officiel de l’OHADA. Cette publication étant intervenue le 15
février 2011, l’AUDSCOOP est applicable depuis le 15 mai 2011.
B. Les opérations
Deux actes concernent respectivement une opération commerciale, le transport de marchandises, et
la technique d’enregistrement des opérations du monde des affaires, la comptabilité.
a. L’opération de circulation physique des biens : l’AUCTMR
C’est l’acte uniforme le moins volumineux en nombre d’articles : 31 articles contre 36 pour l’Acte
uniforme relatif au droit de l’arbitrage, tous les autres actes uniformes comportant plus d’une centaine
d’articles. Il ne traite que du transport de marchandises par route en sept chapitres : champ d’application et
définitions ; contrat et document de transport ; exécution du contrat de transport ; responsabilité du
transporteur ; contentieux ; dispositions diverses ; dispositions transitoires et finales.
L’Acte ne traite pas des autres modes de transport (ferroviaire, air, mer) mais sur l’un des aspects, il
est large puisqu’il intéresse bien aussi bien les transports internes que les transports internationaux, pourvu
que le lieu de la prise en charge de la marchandise et le lieu prévu pour la livraison, tels qu’ils sont indiqués
au contrat, soient situés soit sur le territoire d’un Etat membre de l’OHADA, soit sur le territoire de deux Etats
dont l’un au moins est membre de l’OHADA. L’Acte paraît restrictif en limitant son objet au transport routier
avec en plus de nombreuses exclusions comme les transports de marchandises dangereuses, les transports
funéraires, les transports de déménagement ou les transports effectués en vertu de conventions postales
internationales. Certaines de ces exclusions sont discutables. Il en est ainsi également d’autres options ou
règles de l’AUCTMR mais l’on peut penser que l’AUCTMR sera d’un apport positif en ce qu’il précise les
conditions de formation du contrat, les obligations des parties et surtout la responsabilité des transporteurs. Et
cela, même si l’on peut d’ores et déjà penser à l’harmonisation souhaitable des autres domaines du droit des
transports ou à des améliorations à apporter au texte de l’AUCTMR.
Le droit applicable avant l’AUCTMR était variable suivant les Etats et les zones géographiques (Afrique de
l’Ouest, Afrique centrale). Les sources d’inspiration sont, selon le professeur Dorothé C. Sossa, la Convention

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Inter-Etats de transport routier des marchandises diverses (CIETRMD) du 5 juillet 1996 entre les Etats membres
de la CEMAC.
La CIETRMD et l’AUCTMR sont fondamentalement inspirés de la Convention applicable au transport
international des marchandises par route (CMR), établie et ouverte à la signature à Genève le 19 mai 1956 à la
suite des travaux d’une session spéciale du Comité des transports intérieurs de la Commission Economique
pour l’Europe des Nations Unies, qui règle en substance la formation et l’exécution du contrat de transport en
fixant également les règles de base de la responsabilité du transporteur. La CMR a été ratifiée par la plupart
des Etats européens ainsi que par ceux du Maghreb et de l’Asie qui sont voisins du continent européen
(notamment la Norvège, la Suisse, la Biélorussie, la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la
Fédération de Russie, la Hongrie, le Kazakstan, la Lettonie, la Lithuanie, la Pologne, la Moldavie, la Roumanie, la
Slovénie, la Tchéquie, la Yougoslavie, le Maroc et la Tunisie). Les emprunts à la CMR témoignent d’une
démarche prudente car cette convention a, depuis plus de 40 ans, fait la preuve de son efficacité.
La CMR est elle-même issue d’une proposition de l’Institut international pour l’Unification du droit privé
(Unidroit), en date du 29 mars 1948. Son élaboration a bénéficié de la coopération de la Chambre de
commerce internationale (CCI), de l’Union internationale des transporteurs routiers (IRU), de l’Union
internationale d’assurance transport ainsi que du soutien de l’Office central des transports internationaux par
chemin de fer (OCTI) et de l’Union internationale des chemins de fer (UIG).

b. La technique d’enregistrement des opérations : l’AUDCIF


L’Acte uniforme relatif droit comptable et à l’information financière sises dans les Etats parties au
Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (AUDCIF) est couramment appelé Acte uniforme
sur le droit comptable qui est « l’ensemble des normes plus ou moins coercitives qui régissent la production,
la présentation et la diffusion de l’information comptable ». Son utilité pour toutes les unités économiques est
indéniable, d’où le champ d’application large de l’AUDCIF (art. 2) et l’adaptation des états financiers à la taille
des entreprises donnant un « système normal » et un « système allégé » (art. 11).
L’AUDCIF comprend 111 articles, lesquels traitent des grands principes applicables aux opérations
d’enregistrement comptable dans le respect des grands principes comme celui de prudence, avec comme
objectifs de garantir la fiabilité, la compréhension et la comparabilité des informations et de donner une image
fidèle du patrimoine et des opérations de l’entreprise, avec comme référentiel temporel l’année civile.
L’article 8 pose que :
« Les états financiers annuels comprennent le Bilan, le Compte de résultat, le Tableau des flux de
trésorerie, ainsi que les notes annexes.
Ils forment un tout indissociable et décrivent de façon régulière et sincère les événements, opérations
et situations de l’exercice pour donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et du résultat

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de l’entreprise.
Ils sont établis et présentés conformément aux dispositions des articles 25 à 34 ci-après, de façon à
permettre leur comparaison dans le temps, exercice par exercice, et leur comparaison avec les états
financiers annuels des autres entreprises dressés dans les mêmes conditions de régularité, de fidélité et de
comparabilité ».
Dans ses annexes, il contient de nombreux tableaux et définitions constituant ce que l’on peut appeler
le Plan ou le Système comptable OHADA, qui se situe dans le sens de l’évolution de la technique comptable sur
le plan international. Dans l’ensemble, le système comptable OHADA n’est pas différent du système comptable
ouest africain (SYSCOA).
D’autres actes uniformes n’entrant pas dans les catégories ci-dessus ont également été adoptés.

2. Les actes uniformes relatifs au Règlement des litiges et recouvrement des créances
Ce sont l’AUS, l’AUPSRVE, l’AUDA, l’AUM et l’AUPCAP. La plupart de ces actes uniformes concernent la
prévention et le règlement des litiges tandis que le dernier est relatif à la prévention et au traitement des
difficultés des entreprises.

A. La prévention et le règlement des litiges


Au regard de leur objet, l’AUS, l’AUPSRVE, l’AUDA et l’AUM tendent directement ou indirectement à
assurer la prévention et le règlement des litiges, l’AUS tendant spécialement à éviter le non-paiement des
créances.
a. La prévention du non-paiement : l’AUS
Dans sa version non révisée, les 151 articles de l’AUS traitent en premier lieu des sûretés personnelles
que sont le cautionnement, avec comme innovation le principe que le cautionnement est solidaire et des règles
de protection de la caution de tous engagements et de la caution qui ne sait ni lire ni écrire, ainsi que la
garantie à première demande (devenue garantie autonome après révision) qui n’existait pas dans la
législation des Etats parties. Seules les personnes morales peuvent souscrire de telles garanties. En second
lieu, il traite des sûretés réelles avec comme souci majeur la clarification. C’est ainsi que l’AUS aborde, au titre
des sûretés mobilières, d’abord celles qui sont conventionnelles, à savoir le gage mais aussi les nantissements
dont l’assiette diversifiée aboutit aux distinctions suivantes :
- le nantissement des droits d'associés et de valeurs mobilières ;

- le nantissement du fonds de commerce ;

- le nantissement du matériel professionnel ;

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- le nantissement des véhicules automobiles ;

- le nantissement des stocks de matières premières et de


marchandises. Puis l’AUS traite des sûretés de source légale que sont :
- les privilèges, caractérisés par la suppression des privilèges spéciaux immobiliers transformés en
hypothèques légales si bien que la distinction fondamentale est celle entre les privilèges généraux, qui portent
aussi bien sur les meubles que sur les immeubles du débiteur, et les privilèges spéciaux, qui portent sur un
bien mobilier précis du patrimoine du débiteur (art. 106) ;

- le droit de rétention qui devient une sûreté complète avec la possibilité de réalisation forcée.
Enfin, il y a la sûreté réelle immobilière qu’est l’hypothèque, classiquement considérée comme la reine des
sûretés du fait du droit de suite et du droit de préférence qui lui sont attachés.

La révision a entrainé le changement de numérotation des articles dont le nombre passe de 151 à
228. Un titre préliminaire traite des définitions et du domaine d’application des sûretés ainsi que de l’agent des
sûretés qui est un professionnel de la gestion des sûretés d’autrui et qui constitue une innovation fondamentale
du nouvel acte uniforme (art. 5 à 11). Les autres titres sont les mêmes que ceux de l’Acte non révisé : ils
abordent les sûretés personnelles, les sûretés mobilières, les hypothèques, la distribution et le classement des
sûretés et, enfin, les dispositions finales. Aucune modification substantielle n’a été apportée relativement aux
sûretés personnelles. Néanmoins, dans l’ensemble, les innovations sont nombreuses. Ce sont, outre l’agent
des sûretés, la définition nouvelle de la sûreté, la notion de débiteur professionnel, la distinction entre le gage
et le nantissement fondée sur le fait que le gage porte sur des meubles corporels et le nantissement sur des
meubles incorporels, la propriété retenue ou cédée à titre de garantie (réserve de propriété et fiducie), la
réglementation de la publication des sûretés par l’AUS (art. 50 à 66)…

b. Le règlement des litiges : l’AUPSRVE, l’AUDA et l’AUM


On ne recourt à l’AUPSRVE qu’en cas de non-paiement du créancier par le débiteur tandis que
l’AUDA organise un mode privé de règlement des litiges que le Traité de l’OHADA promeut.

1°) L’AUPSRVE
C’est le deuxième acte le plus long avec ses 338 articles. Il traite des procédures simplifiées de
recouvrement que sont l’injonction de payer et l’injonction de délivrer ou de restituer (art. 1 à 27), qui visent
deux objectifs :

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- le premier est d’obtenir l’exécution rapide de l’obligation du débiteur, en faveur du créancier, par le
seul effet de l’injonction délivrée par le juge sans qu’il soit nécessaire de recourir aux voies d’exécution ;
cette exécution se situerait entre l’exécution spontanée et l’exécution forcée ;
- le second, et seulement au cas où l’injonction n’a pas abouti à l’exécution, est de permettre au
créancier d’obtenir un titre exécutoire plus rapidement que s’il recourait à la procédure civile ordinaire.
Il traite ensuite des voies d’exécution. Après l’exposé de règles générales applicables à toutes les
voies d’exécution, il aborde les saisies conservatoires et d’exécution en distinguant selon les biens objets de
la saisie. Les saisies conservatoires ne peuvent concerner que les biens meubles corporels, les créances,
les droits d’associés et les valeurs mobilières. Les saisies d’exécution peuvent concerner tous les biens
saisissables sans distinction, y compris les rémunérations et les immeubles, à condition que le créancier
saisissant soit muni d’un titre exécutoire.
Les objectifs poursuivis semblent être la rationalisation, l’accélération et une plus grande efficacité de
la procédure en veillant à ne pas porter une atteinte injustifiée aux droits du débiteur qui se trouve protégé
par de nombreuses règles de l’AUPSRVE. Celui-ci est d’une technicité rebutante. Son application montre de
grandes difficultés dues en grande partie à la mauvaise foi des débiteurs entraînant un contentieux abondant
au sein des juridictions des Etats comme auprès de la CCJA ainsi qu’à la coordination entre ses règles et
celles des droits nationaux.
Les deux principaux problèmes rencontrés concernent assurément la suspension des poursuites
engagées ou non ainsi que la détermination des personnes bénéficiant de l’immunité d’exécution.
2°) L’AUDA
Ce qui frappe dès le premier abord du système juridique OHADA, c'est la place de choix accordée à
l'arbitrage. Ainsi, dès son préambule, le Traité de Port Louis (Maurice) du 17

octobre 1993, relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique, fait état dans ses considérants du désir
des Hautes parties contractantes « de promouvoir l'arbitrage comme instrument de règlement des
différends contractuels ».
Le droit OHADA de l’arbitrage réside principalement dans l’Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage
dont l’article 35 proclame solennellement que « le présent acte uniforme tient lieu de loi relative à l'arbitrage
dans les Etats parties ». Il contient un ensemble de règles traitant de manière conforme à l’évolution de
l’arbitrage sur le plan international de son champ d’application et spécialement de la convention d’arbitrage
(chapitre 1), de la composition du tribunal arbitral (chapitre 2) dont la saisine ouvre l'instance arbitrale (chapitre
3) devant aboutir au prononcé d'une sentence arbitrale (chapitre 4) ouvrant droit, le cas échéant, à l'exercice
de voies de recours (chapitre 5) et pouvant faire l'objet d'une reconnaissance et d'une exécution forcée à la
suite d'une procédure d'exequatur (chapitre 6). Ainsi, « la structure de la loi (AUDA) est celle du déroulement

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d’un procès et la terminologie est judiciaire. Quant au règlement d’arbitrage de la CCJA, il est conçu et
rédigé à la manière d’un code de procédure civile ». La critique que l’on peut lui faire, c’est de n’avoir eu en
vue que l’arbitrage international, en sorte que certaines de ses règles ne paraissent pas adaptées à
l’arbitrage interne.
La révision de cet acte uniforme, intervenu le 23 Novembre 2017 a apporté des innovations telles que :
l’accélération de la procédure d’exequatur, un délai de recours en annulation réduit, le renouvellement de la
procédure de récusation etc.
Le Traité aborde dans son titre IV (articles 21 à 26) l'arbitrage sous l'égide de la CCJA qui joue,
lorsque les parties y ont recours, un rôle semblable à celui de la Cour d'arbitrage de la Chambre de
commerce internationale de Paris (CCI), sauf que la CCJA est compétente pour délivrer l’exequatur aux
sentences rendues sous son égide. Les dispositions du Traité ont été complétées par le Règlement
d’arbitrage de la CCJA adopté 11 mars 1999.
3°) L’AUM
L’Acte uniforme sur la médiation (AUM), adopté le 23 novembre 2017 par le 45ème Conseil des
Ministres de l’OHADA à Conakry, constitue le 10ème Acte uniforme de l’OHADA. Il confirme la vocation de
l’espace OHADA d’encourager les acteurs économiques à investir dans un environnement garantissant une
sécurité juridique, et ainsi une certaine paix.
L’AUM répond à l’objet du Traité OHADA d’« harmonisation du droit des affaires dans les Etats
Parties par l’élaboration et l’adoption de règles communes simples, modernes et adaptées à la situation de
leurs économies» et complète « l’encouragement au recours à l’arbitrage pour le règlement des différends
contractuels».5
La définition de la médiation à l’Article premier de l’AUM est large puisqu’il s’agit de « tout processus,
quelle que soit son appellation…» dans lequel les parties demandent à un tiers de les aider à parvenir à un
règlement amiable d’un différend.
L’AUM couvre à la fois la médiation mise en œuvre par les parties (médiation conventionnelle) soit a
priori dans une convention de médiation, soit a posteriori dans un compromis de médiation. La médiation peut
également être initiée sur demande ou invitation d’une juridiction étatique (médiation judiciaire), d’un tribunal
arbitral ou d’une entité publique compétente.
La médiation peut être institutionnelle, lorsqu’elle est administrée par une institution. A l’inverse, la
médiation peut être ad hoc, et se caractérise alors par l’absence de référence à un règlement institutionnel
et l’encadrement par une institution de la procédure. Comme dans les arbitrages ad hoc, les parties doivent

5
Article premier du Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique, fait à Port-Louis, le 17 octobre 1993, et modifié par
le Traité de Québec du 17 octobre 2008.

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convenir des modalités de la médiation, de son déroulement, ainsi que de la rémunération du médiateur avec
ce dernier. Toutefois, même dans une médiation ad hoc, les parties peuvent choisir de recourir au règlement
d’une institution, sans que cette institution n’encadre la procédure.
c. La prévention et le traitement des difficultés des entreprises
Ces questions sont traitées par l’AUPCAP. Cet acte uniforme de 258 articles, qui s’inspire des
législations africaines et de celle de la France en vigueur au moment de son élaboration, traite des
entreprises en difficulté en mettant en place trois procédures, lesquelles s’appliquent aux commerçants
personnes physiques et aux personnes morales de droit privé.

1°) La prévention des difficultés des entreprises


Elle est assurée par la procédure de Conciliation ou le règlement préventif (RP). La conciliation est
une procédure consensuelle et sécrète à but préventif destinée à éviter la cessation des paiements de
l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout prix, sa restructuration financière ou opérationnelle pour la
sauvegarder. Le règlement préventif est une procédure qui intervient avant la cessation des paiements et
qui constitue à ce titre la pièce maîtresse de la prévention qui doit être complétée par des mesures hors
AUPCAP, comme la procédure d’alerte, l’expertise de gestion ou les mesures idoines que peuvent prendre
l’entrepreneur ou les dirigeants de la société ; il passe par une décision de suspension des poursuites suivie,
dans les deux ou trois mois, de l’adoption d’un concordat impliquant les créanciers. L’attention doit être attirée
sur l’importance de la prévention des difficultés des entreprises du fait des faibles performances
enregistrées par « les mesures curatives » intervenant après la cessation des paiements qui tend à
caractériser une situation irrémédiablement compromise.
2°) Le traitement des difficultés des entreprises

Il est réalisé par les procédures collectives de redressement judiciaire (RJ) et de liquidation des biens
(LB) qui ne s’ouvrent qu’après la cessation des paiements. Ces procédures poursuivent, soit le sauvetage de
l'entreprise s’il est présenté dans les délais une proposition de concordat sérieux, soit la liquidation de celle-ci,
avec un rôle important pour le syndic et le juge- commissaire dans les deux procédures ainsi que pour le
débiteur dans le RJ. Les solutions de ces procédures sont le concordat soumis au vote des créanciers, la
clôture pour extinction du passif, l’union et la clôture pour défaut d’intérêt de la masse. Les créanciers
impayés recouvrent leurs droits de poursuites individuelles contre le débiteur.
Le dispositif prévu, qui prend en compte l’urgence qui caractérise la matière, paraît cohérent et peut
permettre d’atteindre les objectifs de sauvetage de l’entreprise, de paiement des créanciers et de punition
des débiteurs ou dirigeants fautifs, surtout si les règles y afférentes sont bien connues et appliquées, en

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particulier celles qui ont trait aux sanctions civiles et pénales applicables aux débiteurs, aux dirigeants, aux
associés tenus indéfiniment et solidairement ainsi qu’aux syndics que sont le comblement du passif social,
l’extension de la procédure, la restriction des droits des dirigeants sur leurs titres sociaux, la faillite
personnelle, les banqueroutes simple et frauduleuse.

Après cet aperçu du contenu des actes uniformes, il paraît utile d’évoquer les problèmes
techniques généraux qu’ils soulèvent.

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Chapitre Troisième : LES ASPECTS TECHNIQUES GENERAUX

I. FINALITE DE L’ACTE UNIFORME OHADA

Quel que soit le contenu matériel des différents Actes uniformes, qu’il s’agisse de ceux déjà adoptés ou de
ceux qui le seront par la suite, leur élaboration répond à une même finalité, à savoir l’adoption des règles
communes.

La nature exacte de ces règles communes n’est pas aisée à dégager. Le Traité, dans son intitulé et son article
premier, parle d’harmonisation. Mais les instruments de mise en œuvre de cette «harmonisation» sont qualifiés
d’« Actes uniformes » par l’article 5 du Traité ; ce qui peut renvoyer à l’idée d’une uniformisation voire d’une
unification. La lecture des Actes uniformes édifie peu à cet égard.

La question est par ailleurs délicate à cause des tempéraments posés par le Traité OHADA lui-même à
l’abrogation des droits nationaux.

L’on pourrait bien soutenir l’idée d’harmonisation. Dans celle-ci, on cherche à coordonner des systèmes
juridiques différents ou à respecter la sensibilité essentielle d’une législation donnée ; on réduit les différences
pour atteindre des objectifs communautaires. Or, ce n’est pas le cas pour l’OHADA qui, sur les points
concernés, recherche une réglementation unique, identique en tous points pour tous les États parties

Reste alors à s’interroger sur l’uniformisation et l’unification. M. Joseph ISSA-SAYEGH penche pour
l’uniformisation, définie « comme une méthode plus radicale de l’intégration juridique puisqu’elle consiste à
effacer les différences entre les législations nationales en leur substituant un texte unique, rédigé en des termes
identiques pour tous les États concernés» (Issa-Sayegh, (J), Quelques aspects techniques de l’intégration
juridique : l’exemple des actes uniformes de l’OHADA, Revue de droit uniforme, 1999, p. 6). Dans le même sens,
on peut citer M. Paul-Gérard Pougoué (Pougoué, (P. G.), OHADA, instrument d’intégration juridique,

Revue africaine des sciences juridiques, vol. I , n° 2, 2001, p. 12). L’unité et l’identité de la réglementation justifient
la qualification d’uniformisation du droit.

C’est bien ce qui se passe dans le cas de l’OHADA qui adopte le principe de la supranationalité permettant
d’introduire directement des normes dans l’ordre juridique interne des États parties tout en abrogeant les
dispositions contraires du droit interne, antérieures ou postérieures (article 10, Traité de l’OHADA). De
l’uniformisation à l’unification, il n’y a qu’un tout petit pas à effectuer. Mais, il faut le dire, c’est surtout une question
de terminologie.

II. PROCESSUS D’ELABORATION DE L’ACTE UNIFORME

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S’agissant précisément de la procédure d’élaboration du droit commun, elle porte aussi les sceaux de
l’unification maximum voulue par l’OHADA.

À cette fin, elle est placée sous « le triple signe du réalisme, du gradualisme et de la concertation ».6 Elle
compte trois phases : la préparation du projet d’acte uniforme, l’adoption de l’acte uniforme, l’entrée en
vigueur de l’acte uniforme.

Les deux premières phases sont organisées par l’article 6 du Traité : « les actes uniformes sont préparés
par le Secrétariat permanent en concertation avec les gouvernements des États parties. Ils sont délibérés et
adoptés par le Conseil des ministres après avis de la Cour commune de justice et d’arbitrage ». En réalité, la
préparation du projet d’acte uniforme est dominée par
un formalisme qui va dans la logique de l’uniformisation attendue : il faut s’assurer que toutes les parties
prenantes participent à l’initiative qui débouchera sur un texte unifié. Aussi, trois organes interviennent
successivement et de façon complémentaire.
L’initiative de l’acte uniforme relève ainsi de la compétence du Secrétariat Permanent.7

L’avant-projet n’est pas réglementé. Dans la pratique, les commissions nationalesLe Secrétariat permanent
est l’organe administratif de l’OHADA. Il assiste le Conseil des ministres. Il est dirigé par un Secrétaire
permanent nommé par le Conseil des ministres pour une durée de quatre ans renouvelable une fois. Il siège à
Yaoundé au Cameroun ) ont été imaginées pour examiner les avant-projets. En fonction de la complexité de
l’avant-projet, le Secrétariat permanent a le loisir d’impartir aux commissions nationales le temps nécessaire
pour étudier ce dernier.

Les différentes contributions sont rassemblées et exploitées par le Secrétaire permanent qui dresse le projet
d’Acte uniforme. Celui-ci est alors soumis aux États parties qui disposent de 90 jours (art. 7) pour présenter
leurs observations et critiques. Depuis
( la révision du traité
le 17 octobre 2008 à Québec, le Secrétaire permanent de l’OHADA peut moduler ce délai en le prorogeant
d’une autre durée de 90 jours en fonction des circonstances
et de la nature du texte à adopter ). Le projet d’Acte uniforme accompagné des observations des États
parties et d’un rapport du Secrétariat permanent, est transmis pour avis par ce dernier à la Cour commune
de justice et d’arbitrage le( s Commissions nationales sont composées
des représentants des professionnels de l’administration, des experts juristes, de comptables. Mise en place
dans chaque pays, leur rôle est d’examiner les avant-projets afin d’éclairer l’État. Une méthode de travail

6
LOHOUES OBLE (J.),L’apparition d’un droit international des affaires en Afrique, RIDC, 3-1999, p. 547
7
Ibidem

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commune a même été adoptée. Ces commissions nationales atténuent les critiques qu’on pourrait retenir
contre la compétence législative du Conseil des ministres et peuvent contribuer à enraciner la légitimité
nationale du droit OHADA.
Aussi les États doivent-ils apporter le plus grand soin à sa composition et veiller à son fonctionnement
harmonieux et constructif ).

Le Secrétariat finalise enfin le texte du projet d’Acte uniforme et propose son inscription à l’ordre du jour du
prochain Conseil des ministres. La troisième phase commence aussitôt. Elle est marquée par l’adoption puis
l’entrée en vigueur de l’Acte uniforme la( CCJA donne son avis dans un délai de 30 jours à compter de la
réception de la demande
de consultation ). L’adoption relève du seul Conseil des ministres : ce qui exclut du coup les parlements
nationaux. L’option pour l’uniformisation maximum a amené à organiser strictement l’adoption de l’acte
uniforme.

Pour qu’aucun État partie ne soit tenté de le remettre en cause, l’OHADA exige l’unanimité dans l’adoption de
l’Acte uniforme. La question est tranchée par l’article 8 al. 1 du Traité de l’OHADA : « L’adoption des Actes
uniformes (…) requiert l’unanimité des représentants d’États parties présents et votants ». Mais il faut que les
deux tiers au moins des États parties soient représentés (article 8 al. 2). L’abstention ne fait pas obstacle à
l’adoption des actes uniformes (article 3). Partant du quorum fixé par l’article 8 al. 2, on peut s’étonner que la
majorité des deux tiers ne soit pas retenue l’ensemble des États participants. Il ne faudrait
pas que l’aspect consensuel de l’accord soit trop relativisé. Un seul vote défavorable suffit pour faire échec à
l’adoption d’un projet d’acte uniforme. Il y a là une espèce de droit de veto dont bénéficie chaque État partie.

L’unanimité consolide à la fois cet aspect consensuel et le caractère multilatéral des actes, partant le champ
géographique et l’espace juridique de l’uniformisation recherchée. Les actes uniformes ont la prétention d’être
complets et adaptés aux besoins des États concernés.
L’espace OHADA apparaît, pourrait-on dire, comme une confédération de droits : l’acte uniforme est la loi
nationale de chacun des États parties. Dans une telle logique, la technique du consensus s’impose. Cela étant,
l’adoption à l’unanimité peut présenter des inconvénients en termes de blocage. Peut-être aurait-il été plus
commode de retenir une majorité qualifiée.
Une fois l’acte adopté, il entre en vigueur dans les quatre-vingt-dix jours sauf modalités particulières prévues
par l’acte uniforme lui-même. Il est opposable trente jours francs après sa publication au journal officiel de
l’OHADA. Il faut préciser que la seule formalité de publication qui emporte des effets juridiques est la publication
au Journal Officiel de l’OHADA ; la publication dans et par les États parties n’a aucune incidence juridique,
concourant seulement à la vulgarisation des textes OHADA art.
( 9 Traité OHADA ).

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En fin de compte, la procédure d’élaboration est assez énergique pour atteindre l’uniformisation.

III. CARACTERISTIQUES DE L’ACTE UNIFORME OHADA


Pour préciser les caractéristiques propres de l’acte uniforme OHADA, il faut partir de l’article du Traité
disposant que «les actes uniformes sont directement applicables et obligatoires dans les États parties,
nonobstant toute disposition contraire du droit interne, antérieure ou postérieure».
Cet article permet de définir le champ d’application de l’acte uniforme, la force juridique et l’effet abrogatoire
de l’acte uniforme.

A. Champ d’application spatial de l’acte uniforme


La question présente un double volet. D’abord, elle peut revenir à s’interroger sur les États
liés par les actes uniformes. C’est d’ailleurs sous cet angle que le problème a été abordé.
D’après le préambule du Traité de l’OHADA, il s’agit d’adopter des règles communes, simples, modernes et
adaptées à la situation de l’économie des États parties.

L’article 1er du Traité renchérit que le Traité a pour objet, «l’harmonisation du droit des affaires dans les États
parties (…) ». L’article 10 du Traité précise que «les actes uniformes sont directement applicables et obligations
dans les États parties… ».

On déduit de ces textes que tout acte uniforme tient lieu de droit positif pour tous les États parties au Traité de
l’OHADA.8

La question peut ensuite inviter à savoir si le champ d’application des actes uniformes est national,
transfrontalier ou international.9 Si les actes uniformes s’appliquent sans aucun doute aux rapports juridiques
internes, s’appliquent-ils aussi aux rapports dont les éléments sont répartis entre États membres, entre un État
membre et un État tiers et entre États tiers ?

La réponse est délicate, car en jeu le principe de l’effet relatif des traités. On ne trouve ni dans le Traité ni
dans les différents Règlements de l’OHADA des éléments explicites de réponse. La lecture des actes uniformes
est contrastée. Alors que certains actes ont nettement
déterminé leur champ d’application spatial acte
( uniforme relatif au droit commercial général ; acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et groupement d’intérêt économique ; acte uniforme relatif aux

8
en
( ce sens, Sawadogo, (F.M.), OHADA Droit des entreprises en difficulté, Bruxelles, Bruylant, collection droit
uniforme africain, 2002, p. 19, n° 28 ; Anoukaha, (F) et Alü, OHADA Sûretés, Bruxelles, Bruylant, collection droit
uniforme africain,
2002, p. 4, n° 7 ; Issa-Sayegh, (J), Quelques aspects techniques de l’intégration juridique : l’exemple des actes
uniformes de l’OHADA, Revue de droit uniforme, 1999, n° 1, p. 18 ).
9
POUGOUE, (P. G.) et KALIEU ELONGO, (Y),Introduction critique à l’OHADA, Yaoundé, PUA, 2008, p. 120, n° 95 ).

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contrats de transport de marchandises par route ) d’autres n’y font
pas allusion acte
( uniforme portant organisation des sûretés ; acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif ; acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution ).
De façon générale, les actes uniformes ayant précisé leur champ d’application spatial privilégient le lien avec
au moins un État membre comme critère d’applicabilité. En vertu de ce critère, les actes uniformes s’appliquent
aux rapports juridiques dont les éléments
sont localisés à l’intérieur de chaque État membre, entre des États membres et entre un État membre et un État
tiers ; en revanche, ils ne s’appliquent pas aux rapports localisés exclusivement entre des États tiers.

Il n’est point besoin de recourir aux règles des conflits de lois du for pour la désignation des actes uniformes
qui seraient applicables à un rapport juridique donné.

En l’absence de règles d’applicabilité de l’acte uniforme, l’on pourrait se référer à la théorie générale du droit
des traités. Alors on pourrait considérer d’une part que le champ d’application de l’acte uniforme est général
puisqu’il remplace purement et simplement,
en présence d’élément d’extranéité, le droit interne et d’autre part que les règles de droit international privé
du for serviront à désigner les cas dans lesquels l’acte uniforme doit être applicable .

Mais, il faut relever tout de suite, l’inconvénient majeur de cette solution qui aboutit en réalité à une application
sélective suivant les États. Malgré ce double régime apparent, il semble que
l’on peut soutenir l’idée d’une unité de régime juridique des actes uniformes qui est la solution préconisée par
quelques actes uniformes privilégiant le critère du lien avec au moins un État membre de l’OHADA.

En effet, la technique de l’uniformisation ou unification du droit des affaires invite à cette conclusion. C’est bien
l’esprit de l’espace fortement intégré de l’OHADA qui est sur la voie de la constitution d’un véritable ordre
juridique.

Cette manière d’aborder la question va du reste dans le sens de la solution recommandée par la Résolution
de l’Institut de droit international sur «Le champ d’application des règles de conflits ou de droit matériel
uniforme prévues par des traités ». En effet, selon l’article 5, ali 2
de cette Résolution «Les traités contenant des règles de droit matériel doivent limiter l’application de ce droit
aux situations ayant un lien significatif avec au moins
l’État contractant… » Voir,
( Institut de droit international, Annuaire, vol. 59, Tome I , Session de Dijon, 1981, p. 256 ).

B. Force juridique de l’acte juridique

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Cette force juridique découle de la supranationalité de l’OHADA. Lorsqu’un acte uniforme est entré en vigueur,
il recouvre aux termes de l’article 10 du Traité de l’OHADA trois caractéristiques qui marquent sa force
juridique : l’applicabilité immédiate, l’effet direct, la primauté.

1. Principe de l’applicabilité immédiate


En vertu de cette règle, les actes uniformes, dès leur entrée en vigueur, intègrent de plein droit l’ordre
juridique des États membres de l’OHADA, sans qu’il soit besoin de respecter au préalable une procédure
spéciale d’introduction et de réception au plan interne.

En souscrivant au Traité de l’OHADA, les États parties ont consenti une importante délégation à l’OHADA qui
soustrait aux parlements nationaux et organes exécutifs nationaux leurs pouvoirs, législatif et réglementaire,
dans les domaines concernés.

L’effet immédiat de l’article 10 est renforcé par les dispositions de l’article 9 du Traité. Cet article bouleverse
les règles traditionnelles de mise en vigueur des lois en enlevant ainsi aux organes exécutifs nationaux leur
pouvoir de promulgation : aucun acte (décret d’application
par exemple) n’est nécessaire pour la mise en vigueur des actes uniformes. C’est vrai que l’article 9 in fine
dispose que les actes uniformes sont également publiés au Journal Officiel des États parties ou par tout autre
moyen approprié. Mais il faut le dire, si une telle publication est
utile pour une meilleure lisibilité des actes uniformes, elle n’est pas nécessaire à leur mise en force en
application.

Celle-ci dépend uniquement de la publication dans le Journal Officiel de l’OHADA. Il n’y a qu’avantage que soient
ainsi évitées des dérives et distorsions entre les lois nationales issues d’une même norme indicative et entre les
textes réglementaires nationaux d’application
d’une norme internationale de portée générale.

L’applicabilité immédiate bénéficie également aux règlements et décisions pris par le Conseil des ministres de
l’OHADA (article 4 du Traité de l’OHADA tel que modifié par le Traité de Québec).
L’applicabilité immédiate, plus techniquement, signifie que les textes visés sont opposables dans les différents
États parties à partir du moment où ils ont rempli les conditions de leur entrée en vigueur au plan de l’OHADA.

L’applicabilité immédiate est une illustration du droit des espaces fortement intégrés par rapport au droit
international. Par principe, le droit international ne règle pas lui-même les conditions de sa réception dans
l’ordre juridique. Il revient à chaque État de régler le problème selon ses propres règles constitutionnelles. En
dehors de l’OHADA, on trouve le principe de
l’applicabilité immédiate dans d’autres espaces intégrés : UEMOA, CEDEAO, CEMAC. L’applicabilité immédiate

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bénéficie aux règlements, mais aussi aux actes additionnels, aux règlements cadres, aux directives et aux
décisions. Ces actes sont donc obligatoires dans les
États à partir de leur entrée en vigueur ou de leur prise d’effet. Leur réception dans l’ordre interne est
inopérante, plus, interdite. Certes, certains actes communautaires appellent parfois (le cas des décisions ou
des règlements cadres) ou toujours (le cas des directives)
des mesures nationales pour leur application ; mais la compétence ainsi reconnue aux autorités nationales est
une compétence d’exécution et non de réception.

2. Principe de l’effet direct


L’effet direct s’inscrit dans le prolongement logique de l’application immédiate. L’acte uniforme non seulement
s’applique immédiatement mais surtout devient obligatoire nonobstant toute disposition contraire de droit interne.
Ce qui implique deux conséquences :
en premier lieu, l’acte uniforme crée des droits et des obligations à l’égard des particuliers, soit dans leurs
relations réciproques, soit dans leurs relations avec les États de l’OHADA ; en second lieu, les droits issus de
l’acte uniforme sont justiciables, les personnes concernées
pouvant s’en prévaloir devant les juridictions nationales qui sont tenues de les protéger. L’ensemble de droit
dérivé des actes uniformes possède cette force de produire des effets affectant le patrimoine juridique des
sujets de ce droit.

Comme le droit OHADA est un droit d’uniformisation ou d’unification, la relation entre l’effet direct des actes
uniformes et la compétence de la CCJA sur l’application et l’interprétation des normes de ceux-ci montre que
l’OHADA est déjà sur la voie de la constitution d’un véritable ordre juridique (voir entrée OHADA).

3. Principe de la primauté
Le principe de primauté des actes uniformes découle nettement de l’article 10 du Traité de l’OHADA selon lequel
«les actes uniformes sont (… ) applicables et obligatoires dans les États parties nonobstant toute disposition
contraire de droit interne, antérieure ou postérieure». La Cour commune de justice et d’arbitrage, dans un
avis rendu le 30 avril 2001, a en l’occasion de se prononcer sur le sens de cet article, singulièrement sur la
règle de supranationalité qu’il recèle : «L’article 10 du Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires
contient une règle de supranationalité parce qu’il prévoit l’application directe et obligatoire dans les États
parties des actes uniformes et institue, par ailleurs, leur suprématie sur les dispositions de droit interne
antérieures et postérieures». (CCJA, avis n° 001/2001/EP, ohada.com, Ohadata D.04-12, p. 19 et s. obs. J. Issa-
Sayegh).

La véritable question concerne la primauté. Peut-on aller jusqu’à soutenir une supranationalité. On peut
seulement regretter que la CCJA, dans son avis du 30 avril précité, se soit contentée d’une formule générale

Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant


pour préciser la portée de la primauté des actes uniformes. Elle aurait dû profiter de l’occasion pour affirmer
nettement que les actes uniformes, mais aussi les règlements et décisions pris par le Conseil des ministres,
priment non seulement sur les normes législatives et réglementaires, mais aussi sur les normes constitutionnelles.
Sur la même question, la Cour de justice de l’UEMOA adopte une attitude qui ne suscite aucun doute sur
l’étendue de la primauté du droit communautaire. Selon cette juridiction en effet, la primauté des normes
communautaires s’exerce à l’encontre de toutes les normes nationales, administratives, législatives,
juridictionnelles ou même constitutionnelles, parce que l’ordre juridique communautaire l’emporte dans son
intégralité sur les ordres juridiques nationaux» (CJU, avis n° 001/2003 du 18 mars 2003).

En Europe, la CJCE dans l’arrêt Internationale Handelsgesellschaft du 17 décembre 1970 lève toute équivoque
en affirmant que : « l’invocation d’atteintes portées, soit aux droits fondamentaux tels qu’ils sont formulés parla
Constitution d’un État membre, soit aux principes d’une structure constitutionnelle nationale, ne saurait affecter la
validité d’un acte de la communauté ou son effet sur le territoire de cet État ».10

La Cour affirmait de la sorte la règle de communauté selon laquelle les «dispositions constitutionnelles internes
ne sauraient où être utilisées pour mettre en échec le droit communautaire » (Ondoua (A), Étude des rapports
entre le droit communautaire et la
Constitution en France L’ordre juridique constitutionnel comme guide au renforcement de l’intégration
européenne Thèse),
( l’Harmattan, coll. Logiques juridiques, 2001, p. 129 ).
La primauté des actes uniformes sur l’ensemble du droit interne devrait être affirmée. Aucun État partie à
l’OHADA ne pourrait invoquer les dispositions mêmes constitutionnelles de son droit interne, pour justifier la non-
exécution des actes uniformes. Cette primauté trouve son fondement dans l’uniformisation du droit recherchée.
Elle est une exigence vitale ; sans elle, l’œuvre unification entreprise par l’OHADA est sans lendemain.
L’aspiration à l’unification du droit dans un espace intégré comme l’OHADA peut dès lors être considérée
comme un principe général de droit constitutionnel. Sur le plan formel, c’est la conséquence logique de la
ratification du Traité qui, tout en créant l’espace intégré, pose le principe de la primauté. C’est bien le cas de
l’OHADA dont le Traité fondateur soumis à ratification pose le principe de la primauté des actes uniformes en
son article 10 voir
( entrée OHADA ).

4. Effet abrogatoire
L’effet abrogatoire de l’acte uniforme s’inscrit dans le prolongement de la supranationalité de ce dernier au
sens de l’article 10 du Traité de l’OHADA. En effet, au terme de cet article 10 in fine, les actes uniformes sont
obligatoires nonobstant toutes dispositions contraires de droit interne.

Aff.
( 11/70, Rec., p. 1125. V. aussi Masclet (J.-C.), Les grands arrêts de droit communautaire, Paris, PUF, coll.
10

Que sais-je ?, 2003, p. 20-21 )


Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant
Mais, très vite, on s’est interrogé sur la portée de cet effet abrogatoire. M. Issa-Sayegh (J) et Mme
LohouesOble (J) OHADA
( Harmonisation du droit des affaires, Bruylant, Bruxelles, p. 137, n° 307 ) relèvent bien la
difficulté d’interprétation «faut-il comprendre cette abrogation comme concernant tout texte ayant le même
objet général (envisagé chapitre par chapitre, au demeurant) que l’Acte uniforme ou simplement telles ou telles
dispositions d’un texte national (antérieur ou postérieur) contraires à celles des Actes uniformes ayant le même
objet précis ? ».
La situation s’est compliquée avec l’adoption des premiers actes uniformes. Certains ne contiennent aucune
disposition relative à l’abrogation du droit interne des États membres ; c’est le cas de l’acte uniforme relatif au
droit de l’arbitrage et de l’acte uniforme sur le contrat de transport de marchandises par route. On a pu
alors se demander si le droit des États membres reste en vigueur en parallèle avec l’acte uniforme.

Certains autres actes uniformes contiennent des dispositions relatives à l’abrogation du droit interne. Mais les
formulations sont variées et contrastées. Parfois la formule consacre l’abrogation des seules dispositions
contraires par
( exemple l’article 919 ali 1, ali 3 de l’acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique ), parfois elle
semble se limiter à l’abrogation des seules dispositions antérieures (par exemple, l’article 257 de l’acte
uniforme portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif) et l’article 150, ali 1 de l’acte
uniforme portant organisation des sûretés. Parfois aussi la formule consacre le maintien de lois non contraires
des États membres (par exemple, l’article 1 ali 2 de l’acte uniforme relatif au droit commercial général).

La CCJA a heureusement eu assez tôt l’occasion d’apporter un peu de lumière. Dans son avis consultatif n°
001/2001/EP du 30 avril 2001, elle unifie le régime juridique de l’abrogation sur la base de l’article 10 : «En vertu
du principe de supranationalité qu’il consacre, l’article 10 du Traité relatif à l’Harmonisation du droit des affaires
en Afrique qui prévoit l’applicabilité directe et obligatoire des Actes uniformes dans les États parties ,nonobstant
toute disposition contraire de droit interne, antérieure ou postérieure, contient bien une règle relative à
l’abrogation du droit interne par les actes uniformes ».

Plus loin, elle précise : «Sauf dérogations prévues par les Actes uniformes eux-mêmes, l’effet abrogatoire de
l’article 10 du Traité relatif à l’OHADA concerne l’abrogation ou l’interdiction de l’adoption de toute disposition
d’un texte législatif ou règlement de droit interne présent ou à venir ayant le même objet que les dispositions
des actes uniformes et étant contraires à celles-ci ». Il y a lieu d’ajouter que cette abrogation concerne
également les
dispositions de droit interne identiques à celles des actes uniformes. Selon les cas d’espèce, « la disposition »
peut désigner un article d’un texte, un alinéa de cet article ou une phrase de cet article.
Avec cet avis, le régime juridique de l’abrogation est clarifié et unifié : l’article 10 du Traité de l’OHADA

Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant


consacre d’une part l’abrogation du droit interne des États parties par tous les actes uniformes, d’autre part
l’abrogation des seules dispositions législatives ou réglementaires contraires ou identiques. Peu importe les
formules contenues dans les actes uniformes. Peu importe l’absence de disposition abrogatoire dans un acte
uniforme. L’article 10, ainsi précisé dans son régime, est d’application générale.

La question rebondit toutefois sur le terrain de l’identification par énumération des textes nationaux abrogés
suite à l’entrée en vigueur de l’acte uniforme. On a proposé, pour résoudre cette difficulté que les États
procèdent systématiquement à la mise en conformité de leur droit interne avec les actes uniformes (en ce
sens, Issa-Sayegh, (J), Réflexions et suggestions sur la mise en conformité du droit interne des États parties
avec les actes uniformes de l’OHADA et réciproquement, ohada.com, Ohadata D.04-12 p. 4). Certains États ont
tenté l’opération (notamment, la Côte d’Ivoire et le Gabon). Mais, il faut le dire, c’est un travail fastidieux et peu
fructueux. Une saine compréhension de l’avis de la CCJA pourrait même suppléer l’absence de mise en
conformité. On peut en effet estimer que selon l’avis de la CCJA, les
dispositions internes aux États contraires ou identiques à l’acte uniforme sont de toute manière dépourvues
d’efficacité juridique. Que ces dispositions ne soient pas formellement abrogées, elles sont réputées non
écrites.

Point n’est nécessaire que l’abrogation soit effective pour que l’acte uniforme s’applique. Cela étant, l’idéal
serait que les États sollicitent l’avis de la CCJA lorsqu’ils envisagent de légiférer dans un domaine où est
intervenu un acte uniforme. Le Mali l’a fait à propos de la compatibilité entre un article d’un projet de loi sur
l’habitat et l’article 39 de l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et
des voies d’exécution.
La question pourrait aussi rebondir sur le terrain des autres législations communautaires de l’OHADA.
Quel est le sort de celle-ci après l’entrée en vigueur de l’acte uniforme ? Dans les rapports droit OHADA/droit
interne, la règle de la supranationalité de l’article 10 du Traité OHADA produit tous ses effets et fonde le
principe de l’abrogation du droit interne. Mais, comment appréhender les rapports entre l’OHADA et les
communautés régionales de l’espace OHADA telles que, l’UEMOA, la CEDEAO ou la CEMAC ? Si l’on estime que
l’OHADA est une communauté au même sens que celles-ci, alors l’acte uniforme de l’OHADA et les lois de ces
communautés sont de même niveau. Dans ce cas, pour trancher le conflit, la convention de Vienne du 23 mai
1969 sur le droit des traités demande de recourir soit à la maximelex posterior derogat priori , soit à la
maximespecialia generalibus derogat voir
( Brière (C), Les conflits de conventions internationales en droit privé,
LGDJ, Paris, 2001 ). À la faveur de la première maxime, lorsque deux conventions internationales ayant un
degré de généralité identique quant à leur objet soit en conflit, la plus récemment adoptée l’emporte voir
( en
ce sens MM. Bokali Victor Emmanuel, Cossi Sossa Dorothé pour trancher le conflit entre l’acte uniforme relatif

Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant


au contrat de transport de marchandises par route et la convention inter-États (CEMAC) de transport routier
de marchandises diverses : OHADA Droit des contrats de transport de marchandises par route, Bruylant,
Bruxelles, 2006, n° 44 ). En vertu de la seconde maxime, en cas de conflit entre deux conventions dont l’une est
générale et l’autre spéciale, c’est la convention spéciale qui l’emporte. Ce raisonnement aboutirait, en cas de
conflit, par exemple entre le code CIMA d’allure spéciale et l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique de portée générale, à faire prévaloir le code CIMA.

Il est cependant permis de se demander si l’on a affaire à des communautés concurrentes. D’abord, l’OHADA
est fondamentalement un outil technique qui cherche à unifier le droit dans un domaine très largement entendu
pour les besoins des États et des communautés économiques
et monétaires. Dès lors, l’OHADA et les communautés économiques régionales ont des spécificités propres, le
droit spécifique de ces communautés étant, par rapport au droit OHADA, un régime particulier au sens de
l’article 916 de l’Acte uniforme relatif aux sociétés commerciales et au groupement d’intérêt économique. Cet
esprit des pères fondateurs invite à une concertation permanente entre l’OHADA et les organisations
régionales économiques et
monétaires. L’intégration juridique maximale recherchée pourrait justifier que l’acte uniforme de l’OHADA
abroge, en ce qui concerne aussi bien les États que les communautés économiques et monétaires qui
regroupent ces États, tous les membres en même temps de l’OHADA,
les dispositions contraires antérieures ou postérieures. Cette analyse est du reste confortée par l’avis n°
002/2003 du 9 avril 2003 de la Chambre judiciaire de la Cour de justice de la CEMAC portant sur le projet
de règlement relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement.
Dans cet avis, le juge de la CEMAC, s’exprimant à propos de l’article 10 du Traité de l’OHADA, indique que
«cette disposition contraignante pour les États concernés
s’applique aux normes primaires et dérivées issues de la CEMAC ». Finalement, si malgré tout, un conflit de
normes surgissait entre les normes OHADA et les normes des
communautés régionales économiques ou monétaires, la primauté devrait être donnée à la norme OHADA, et
le cas échéant, il reviendrait à la CCJA de statuer pour trancher le conflit (sur l’ensemble de la question, voir
entrée « Organisation pour l’harmonisation en Afrique de
droit des affaires »).

Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant


CONCLUSION

Ce cours d’Introduction au Droit OHADA n’est qu’une présentation sommaire visant à donner aux
étudiants une vue globale et panoramique de l’OHADA dans son cadre organisationnel et substantiel. Il serait
donc prétentieux d’estimer avoir touché, dans ces quelques lignes, toutes les questions se rapportant à cette
organisation. Les éléments contenus dans ce cours auront l’importance de préparer l’étudiant à tout autre
enseignement qui portera sur l’OHADA en tant qu’organisation ou sur tout Acte Uniforme résultat de cette
organisation d’intégration juridique.

Cours d’Introduction au Droit OHADA Par Mumbere Mitamango, Assistant


BIBLIOGRAPHIE

- Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique, fait à Port-Louis, le 17 octobre 1993, et
modifié par le Traité de Québec du 17 octobre 2008.
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- Acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage du 23 novembre 2017
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- Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d'exécution
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- SAWADOGO, (F.M.),OHADA Droit des entreprises en difficulté, Bruxelles, Bruylant, collection droit uniforme
africain, 2002
- ANOUKAHA, (F)et Alü, OHADA Sûretés, Bruxelles, Bruylant, collection droit uniforme africain, n°7, 2002
- ISSA-SAYEGH,(J), Quelques aspects techniques de l’intégration juridique : l’exemple des actes uniformes
de l’OHADA , Revue de droit uniforme, n° 1, 1999
- POUGOUE, (P. G.) et KALIEU ELONGO, (Y),Introduction critique à l’OHADA , Yaoundé, PUA, n° 95, 2008
- POUGOUE, (P. G.),Encyclopédie du Droit OHADA , Paris, Ed. Lamy, 2011

TABLE DES MATIERES

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INTRODUCTION 1
Chapitre Premier : LE CADRE INSTITUTIONNEL DU DROIT OHADA : LES ORGANES DE L’OHADA 3
I. LA CONFERENCE DES CHEFS D’ETAT ET DE GOUVERNEMENT 3
1. La composition et le fonctionnement 4
2. Les attributions de la Conférence 4
I. LE CONSEIL DES MINISTRES 4
1. La composition du Conseil des Ministres 4
2. Le fonctionnement du Conseil des Ministres 5
3. Les attributions du Conseil des Ministres 5
I I. LE SECRETARIAT PERMANENT 6
1. L’organisation du Secrétariat Permanent 6
2. Les attributions du Secrétariat Permanent 6
IV. LA COUR COMMUNE DE JUSTICE ET D’ARBITRAGE (CCJA) 7
1. La composition de la CCJA 7
2. Les compétences de la CCJA 7
a. Les fonctions judiciaires de la CCJA 8
b. Les fonctions d’arbitrage de la CCJA 8
V. L’ECOLE REGIONALE SUPERIEURE DE LA MAGISTRATURE (ERSUMA) 9
1. Composition 9
2. Missions de l’ERSUMA 9
Chapitre Deuxième : LE CADRE SUBSTENTIEL DU DROIT OHADA : LES ACTES UNIFORMES 10
I. LE CONTENU DES ACTES 11
1. Les actes uniformes relatifs aux structures et aux opérations des entreprises 11
A. Les structures 12
a) L’AUDCG 12
b) L’AUDSC 14
c) l’AUDSCOOP 15
B. Les opérations 17
a. L’opération de circulation physique des biens : l’AUCTMR 17
b. La technique d’enregistrement des opérations : l’AUDCIF 18
2. Les actes uniformes relatifs au Règlement des litiges et recouvrement des créances 19
A. La prévention et le règlement des litiges 19
a. La prévention du non-paiement : l’AUS 19
b. Le règlement des litiges : l’AUPSRVE, l’AUDA et l’AUM 20
1°) L’AUPSRVE 21
2°) L’AUDA 21
c. La prévention et le traitement des difficultés des entreprises 23

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1°) La prévention des difficultés des entreprises 23
2°) Le traitement des difficultés des entreprises 24
Chapitre Troisième : LES ASPECTS TECHNIQUES GENERAUX 25
I. FINALITE DE L’ACTE UNIFORME OHADA 25
I. PROCESSUS D’ELABORATION DE L’ACTE UNIFORME 26
I I. CARACTERISTIQUES DE L’ACTE UNIFORME OHADA 28
A. Champ d’application spatial de l’acte uniforme 28
B. Force juridique de l’acte juridique 30
1. Principe de l’applicabilité immédiate 30
2. Principe de l’effet direct 31
3. Principe de la primauté 32
4. Effet abrogatoire 33
CONCLUSION 37
BIBLIOGRAPHIE 38
TABLE DES MATIERES 39

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