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Signé le 17 octobre 1993 par une douzaine d'Etats à Port-Louis (Maurice), en marge du
Vème sommet de la francophonie, le Traité relatif à l'harmonisation du droit des affaires en
Afrique est entré en vigueur le 18 septembre 1995, à la suite du dépôt auprès des autorités du
Sénégal, du 7è instrument de ratification par le Niger, le 05 juin 1995.
Ratifié par notre pays le 6 septembre 1995 (décret n° 95-674 du 6 septembre 1995), ce
traité a pour objet «l'harmonisation du droit des affaires dans les Etats parties, par
l'élaboration et l'adoption de règles communes simples, modernes et adaptées à la situation de
leurs économies, par la mise en œuvre de procédures judiciaires appropriées et par
l'encouragement au recours à l'arbitrage pour le règlement des différends contractuels». La
réalisation de ces tâches est assurée par l'organisation pour l'harmonisation en Afrique du
droit des affaires (OHADA), comprenant un conseil des Ministres chargés de la justice et des
Ministres chargés des finances, une Cour Commune de Justice et d'Arbitrage, un Secrétariat
Permanent et une Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature (ERSUMA).
En unissant ainsi le droit des affaires par la création d'un espace juridique et judiciaire
commun, I'OHADA vise, à terme, l'institution d'une communauté économique africaine
ouverte à tous les Etats membres de l'organisation pour l'unité africaine (OUA), au sein de
laquelle la sécurité juridique des transactions commerciales est garantie. Afin d'apprécier la
réelle ambition des initiateurs de I'OHADA, il convient de mesurer le chemin parcouru (I) et
d'entrevoir les perspectives d'avenir (II).
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d'Afrique et de France du 8 novembre 1994 tenue à BIARRITZ, les Ministres de la Justice
s'étaient à nouveau réunis à Bangui, le 21 mars 1995, pour jeter cette fois-ci, les bases de la
localisation des institutions.
A cette réunion de Bangui, ce problème de la localisation des sièges et des candidatures
à leur direction avait divisé les Etats parties au Traité.
Certains pays d'Afrique de l'Ouest, et surtout la Côte d'Ivoire, avaient considéré que sa
solution résidait dans le regroupement de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage et du
Secrétariat Permanent, ces deux institutions devant normalement fonctionner en symbiose.
Pour les partisans de cette thèse, la philosophie de l'intégration devrait conduire à éviter un
éclatement systématique des institutions par zone géographique.
Le Cameroun et la plupart des pays d'Afrique centrale s'étaient plutôt intéressés à
l'association Secrétariat Permanent - ERSUMA dont l'éclatement permettrait de contenter les
uns et les autres.
S'étant en effet, convenus de ce que le rattachement de l'ERSUMA au Secrétariat
Permanent tel qu'envisagé par l'article 3 alinéa 2 du traité n'étant qu'organique, ils avaient
conclu que le siège du Secrétariat pouvait se situer dans un pays autre que celui abritant
l'Ecole. Pour les tenants de cette position, non seulement l'article 41 du traité plaidait en
faveur d'une autonomie fonctionnelle de l'Ecole, mais cette autonomie contribuait mieux à
assurer la répartition géographique Afrique Centrale - Afrique de l'Ouest, puisqu'élargissant la
base de répartition des organes de direction.
Les positions étant restées inchangées à l'issue des débats, ceux-ci devaient aboutir aux
candidatures suivantes :
- Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature : Bénin et Mali
- Cour Commune de Justice et d'Arbitrage : Cameroun, Côte d'Ivoire, Togo
- Secrétariat Permanent : Congo, et Togo par la suite.
L'intégration africaine ne pouvant, toutefois, s'accommoder de positions rigides, les
Ministres avaient alors décidé de privilégier la concertation au plus haut sommet, entre les
chefs d'Etat. Aussi, à l'issue du Vè sommet France-Afrique de Cotonou, en décembre 1995, les
chefs d'Etat des Etats parties à l'OHADA avaient confié au Président de la République du
Sénégal le mandat de trancher lui-même la question de la répartition des sièges des
institutions entre les Etats candidats ainsi que celle de la nomination aux différentes fonctions.
C'est finalement au Conseil des Ministres des 17 et 18 avril 1996 tenu à N'Djamena
(Tchad), que le Ministre sénégalais de la Justice devait informer ses collègues de la solution
retenue par le Président Abdou Diouf. Le Bénin, le Cameroun et la Côte d'Ivoire s'étaient vus
attribuer respectivement le siège de l'Ecole Régionale Supérieure de la Magistrature, du
Secrétariat Permanent et de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage. Aux Comores,
revenait le poste de greffier en chef, cédé par la suite au Congo, tandis que le Burkina Faso
recevait la direction de l'ERSUMA ; la présidence de la Cour étant réservée au Sénégal. Pour
le poste de Secrétaire Permanent, le Togo s'était finalement retrouvé face à la République
Centrafricaine, à qui il était proposé un poste de juge, à défaut de celui du Secrétariat
Permanent. Le Togo ayant finalement remporté le Secrétariat Permanent, le poste de premier
vice-président de la Cour avait été octroyé au juge de la République Centrafricaine.
Somme toute, de l'élection des juges de la Cour et des nominations des responsables des
autres institutions auxquelles le Conseil des Ministres a procédé, il est résulté les choix
suivants :
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- Secrétaire Permanent : M. AREGA POLO (TOGO) récemment remplacé par M. KOUA
LUCIEN JOHNSON du même pays
- Directeur de l'ERSUMA : M. TIMOTHE SOME (BURKINA FASO)
- Juges de la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage :
• M. Bahje DOUMSSIRIMBAYE (TCHAD) : 9 ans
• M. Maïnassara MAIDAGI (Niger) : 7 ans
• M. Boubacar DICKO (Mali) : 6 ans
• M. Jacques M'BOSSO (RCA) : 5 ans
• M. Cruz PINTO (Guinée-Bissau) : 4 ans
• M. Antoine OLIVElRA (Gabon) : 3 ans.
C'est également à la réunion de N'Djamena qu'il avait été retenu que les Etats abritant
les sièges des organes ne pouvaient prétendre en même temps à des postes pour leurs
ressortissants et que, pour des raisons d'équité, les postes de juges devraient être répartis entre
les pays n'abritant pas d'institution.
Enfin, à cette réunion de N'Djamena, il avait été discuté du financement de l'OHADA.
b) Le financement de l’OHADA
Les besoins de financement de l'OHADA ont été répartis en trois catégories :
- le financement de l'installation des institutions,
- le financement des frais de leur fonctionnement,
- et enfin, le financement des programmes d'activités.
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Le retard ainsi accusé dans la livraison du siège constitue un facteur de blocage du
fonctionnement des institutions, d'autant plus que le respect de leurs engagements par les
Etats parties conditionne le décaissement des contributions des bailleurs de fonds qui se sont
engagés à financer les activités de l'OHADA 1.
1
NDLR d’Ohada.com. La construction, l’aménagement et l’ameublement de ces locaux sont actuellement
entièrement achevés.
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B.- L'élaboration de la législation communautaire
La mise en œuvre de la législation communautaire conduit à faire le point des actes
uniformes et des textes régissant le fonctionnement des différentes institutions.
5
Mais, n'entamons-nous pas là, les perspectives ?
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b) La diffusion et la vulgarisation des actes uniformes
Nécessaires à l'application des actes uniformes, leur diffusion et leur vulgarisation
passent par des actions de formation et de publication.
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Enfin, la même observation doit être faite à propos de la jurisprudence de la Cour
Commune de Justice et d'Arbitrage, qui n'existe pas encore. En effet, si le contentieux relatif à
l'application des actes uniformes est réglé par les juridictions des Etats parties, en première
instance et en appel (article 13 du Traité), il revient à la Cour Commune de Justice et
d'Arbitrage d'assurer l'interprétation et l'application communes aux Etats parties au Traité des
règlements pris pour son application et des actes uniformes. L'exercice des attributions à elle
dévolues reste donc une question essentielle pour l'ensemble des Etats membres de l'OHADA.
Des treize recours déposés devant la Cour Commune, les aspects concernant le rôle
consultatif de celle-ci dépassent encore largement ses attributions juridictionnelles 2. Compte
tenu des problèmes de locaux, lesdites attributions restent bloquées, contribuant ainsi à créer
un doute sur l'efficacité du nouveau droit harmonisé 3. La Cour Commune est par conséquent
interpellée par les Etats parties sur l'exercice des attributions qui sont les siennes, car avoir de
beaux textes c'est bien, mais les appliquer c'est encore mieux.
Mais qu'en est-il de la poursuite de l'œuvre d'harmonisation ?
2
NDLR du site Ohada.com. L’abondante jurisprudence publiée par le site Ohada.com tend à inverser cette
constatation faite il y a quelques années.
3
NDLR du site Ohada.com. Voir note 1
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consultant d'élaborer un avant-projet d'acte uniforme qui suivra la procédure habituelle
d'adoption.
Les matières à harmoniser énumérées à l'article 2 du traité OHADA étant épuisées, le
conseil des Ministres a songé aux nouvelles matières à intégrer au processus.
A la demande des Ministres des Finances des pays de la zone franc réunis à MALABO
(Guinée Equatoriale), il a été demandé au Secrétariat Permanent de présenter un exposé sur
«le bilan et les perspectives de la mise en œuvre du traité OHADA».
A la suite de cet exposé, les Ministres des Finances ont décidé de constituer un groupe
de travail composé de représentants de l'UEMOA, de la BEAC, de la CIMA, de la CPRES, de
l'OHADA et de la France. Ce groupe de travail a reçu mission d'étudier les perspectives de
développement de l'intégration régionale et de passer en revue les matières nouvelles qui
pourraient faire l'objet d'actes uniformes.
A l’issue de ses réflexions, le groupe de travail a suggéré les matières suivantes :
- le droit de la concurrence ;
- le droit bancaire ;
- le droit de la propriété intellectuelle ;
- le droit des sociétés civiles ;
- le droit des sociétés coopératives et mutualistes ;
- le droit des contrats ;
- le droit de la preuve.
Le rapport du groupe de travail qui a été présenté aux Ministres des Finances au cours
de leur réunion du 19 septembre 2000 à Paris a débouché sur le communiqué final suivant :
«constatant l'importance des travaux d'harmonisation déjà effectués, ils ont appelé à un
enrichissement de l'intégration juridique régionale par l'ouverture à de nouveaux domaines,
tels que le droit de la concurrence, le droit bancaire ou encore le droit de la propriété
intellectuelle...».
C'est fort de ce communiqué des Ministres des Finances de la zone franc, qu'à la
réunion du conseil des Ministres des 22 et 23 mars 2001, à Bangui, le Secrétariat Permanent a
proposé à celui-ci d'inclure dans le domaine du droit des affaires, les matières retenues par le
groupe de travail mis en place par les Ministres des Finances et approuvées par ceux-ci.
Toutefois, après avoir adopté, à son tour le projet de programme d'harmonisation tel qu'ainsi
proposé par le Secrétariat Permanent, le conseil des Ministres a émis le vœu de faire une
évaluation à mi-parcours de l'application des actes uniformes déjà adoptés, tout en
recommandant aux Etats parties de mener des actions de vulgarisation desdits actes.
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