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RDJA No 1, Mars 2021

Comité scientifique

Pr. Patrice Samuel Aristide BADJI, Agrégé des facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop (Sénégal); Pr. Nathalie BLANC,
Agrégée des facultés de droit, Université Sorbonne Paris Nord (France); Pr. Romain BOFFA, Agrégé des facultés de droit,
Université Paris Est-Créteil (France); Pr. Yvette Rachel KALIEU ELONGO, Agrégée des facultés de droit, Université de Dschang
(Cameroun); Pr. Mustapha MEKKI, Agrégé des facultés de Droit, Université Sorbonne Paris Nord (France); Alexis
NDZUENKEU, Magistrat, Chef du Service des Affaires Juridiques et de la Communication au Secrétariat permanent OHADA
(Cameroun)

L’unification des marchés financiers de la CEMAC : Implications juridiques et


perspectives

Fabrice Léonel N’TCHATAT TOUNYA, Docteur en droit des affaires, Université de Yaoundé II (Cameroun)

Sommaire
Le recours massif aux marchés financiers dans les pays développés témoigne de leur importance dans le développement des
entreprises et la croissance économique. En Afrique, l’accueil de ce mode de financement se fait encore avec timidité
notamment en zone CEMAC où l’on enregistre un taux embryonnaire de cotation sur la foultitude de sociétés anonymes
recensées dans cet espace géographique. A la difficile réception de ce mode de croissance économique, était combiné l’orgueil
de certains Etats membres de la CEMAC, qui ont conduit inévitablement à la création de deux places financières
indépendantes à savoir un marché financier régional (CEMAC) et un marché financier national (Cameroun, Etat membre de la
CEMAC). Après une coexistence des deux marchés durant deux décennies qui sapait le principe même d’intégration sous
régionale, il a été décidé à juste titre par les Chefs d’Etat de la sous-région, de conjuguer les efforts afin d’instituer un marché
unique pour le plus grand bien des opérateurs économiques et dans le souci ultime de doper l’économie sous régionale.
Entérinant donc l’importance d’une telle réforme dans l’optique de contribuer à l’édification de ce marché, il nous est apparu
nécessaire d’en étudier les implications et d’en dégager les perspectives.

Mots clés : Unification – marchés financiers – valeurs mobilières – bourse des valeurs – dépositaire central – régulateur
financier – sociétés de bourse.

Introduction

La politique économique de tout État au monde vise à produire des revenus conséquents aux pouvoirs publics en vue de lui permettre
en retour de garantir le bien-être de ses citoyens. Pour ce faire, la croissance économique définie de prime à bord comme le niveau de
progression de l’activité économique d’un pays, d’une entreprise ou même d’une région à un moment donné, apparait comme un bien
à rechercher par tous les moyens. Pour y parvenir, un pays a à sa disposition des instruments économiques et financiers offrant la
possibilité pour les acteurs économiques de densifier et d’améliorer les échanges afin d’assurer une activité économique pouvant
soutenir les efforts de développement enclenchés au niveau central par l’État. Parmi les moyens à la disposition de l’État figurent les
marchés des capitaux, c'est-à-dire des lieux sur lesquels des agents qui ont des besoins de financement peuvent trouver en face d’eux
des agents disposés à avancer des fonds excédentaires en contrepartie d’une rémunération appropriée : c’est le rôle que tiennent le
marché monétaire pour des financements à court terme et le marché financier pour des financements à long terme. Le marché
financier se présente donc comme une composante du marché de capitaux qui permet le financement de l’économie. C’est le lieu
d’émission et d’échange des valeurs mobilières [1] , principalement les actions [2] et les obligations [3] . Le fonctionnement du marché
financier repose sur l’activité de deux compartiments dont les fonctions sont différentes et complémentaires : le marché primaire [4] et
le marché secondaire[5].

La confiance est un élément crucial pour le développement des activités économiques de la sous-région. Dans le cadre de la
gestion des valeurs mobilières et du marché financier, il s’agit essentiellement de garantir aux sociétés commerciales, notamment
anonymes, la sérénité et la sécurité juridique relative à la manipulation des titres. Pour créer le niveau de confiance souhaitable, il faut
se doter de technologies fiables et de dispositifs de réglementation appropriés. Les mécanismes de recours et le rôle de la répression
doivent également être clarifiés afin que détournements et abus donnent lieu à des sanctions adaptées et effectives. Enfin, mettre en
place un cadre pratique, c’est-à-dire éviter toute ambivalence dans l’esprit de l’investisseur du fait de l’ossature institutionnelle car
l’imbroglio créé en zone CEMAC[6], du fait de la multiplicité d’institutions dans le secteur financier pour les mêmes opérations, a
périclité l’émergence du marché financier de la sous-région pendant deux décennies. En effet, le marché financier camerounais voit le
jour le 22 décembre 1999 en faveur de la loi n° 99/015 du 22 décembre 1999 portant création et organisation d’un marché financier
qui fixe les fonctions d’entreprise de marché[7], de dépositaire central [8] et de régulateur financier[9]. Un an et demi plus tard, est
signé le décret n° 2001/213 du 31 juillet 2001 précisant l’organisation et le fonctionnement de la Commission des Marchés Financiers
(CMF) en qualité de régulateur financier, la publication de son règlement général interviendra le 23 décembre 2002[10]. C’est alors
qu’en 2003, la fonction d’entreprise de marché est confiée à Douala Stock Exchange (DSX), la fonction de dépositaire central du
marché financier est confiée à la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) et la fonction de banque de règlement, à la Société
Générale du Cameroun (SGC) [11] . Dans la même période, le marché financier sous régional est mis en place avec le siège de la
bourse des valeurs mobilières fixé à Libreville en décembre 2000 et le 8 décembre 2001, la constitution de la Commission de
Surveillance du marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF). Ainsi, nous assistons progressivement, en août 2003 à la
constitution de la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), le 12 novembre 2003, à l’adoption du règlement n°
06/03-CEMAC-UMACC portant organisation, fonctionnement et surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale[12], de 2004 à
2005, à l’installation des structures dirigeantes et des services de la COSUMAF et de la BVMAC et en 2006, à l’agrément des
premières sociétés de bourse.

L’objectif du traité CEMAC du 16 mars 1994 à N’djamena étant entre autres d’encourager l’intégration économique de la
sous-région, il a été décidé à juste titre, lors de la conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC le 31 octobre 2017, de fusionner les deux
bourses de la sous-région impliquant les mises en place d’un dépositaire central unique et d’un régulateur financier commun. A cet
effet, le 19 février 2018 a été publié l’acte additionnel n° 06/17-CEMAC-COSUMAF-CCE-SE portant unification du marché
financier de la CEMAC et mesures d’accompagnement. Cet acte qui a été mis en œuvre par les multiples organes du marché financier
de la CEMAC a produit les effets escomptés. Cependant, il importe de relever que le souci de facilitation des transactions financières
en Afrique a donné naissance à la vulgarisation du mécanisme d’inscription en compte des valeurs mobilières qui passe par la
dématérialisation de ces dernières. Définie par l’article 1 er de la loi n° 2014/007 du 23 avril 2014 fixant les modalités de
dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun comme une opération de substitution des certificats physiques des titres, par
l’inscription en compte des titres sous forme électronique ; cette opération a été consacrée en amont par l’Acte Uniforme du 30 janvier
2014 relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUDSCGIE) en son article 744-1 et reprise
par le règlement CEMAC n° 01/14 du 25 avril 2014 pour les sociétés faisant appel public à l’épargne[13]. Pour le bon déroulement de
cette opération dans la sous-région, la BVMAC agissant en qualité de dépositaire central subsidiairement à la Caisse Régionale de
Dépôt des Valeurs (CRDV) [14] a été désignée organisateur conformément à l’article 46.2 du règlement communautaire n° 06/03. En
outre, au Cameroun, la CAA en a été désignée superviseur par l’article 6 alinéa 1 de la loi n° 2014/007 sus mentionnée. C’est alors
que la CAA agissant en qualité de dépositaire central, aussi bien pour les valeurs cotées que pour les valeurs non cotées, s’est vue
amputée de certaines de ses prérogatives en faveur du dépositaire central institué concomitamment à la fusion des bourses.
Rebondissant sur la scission des attributions de la CAA, il apparait évident que cette fusion n’est pas sans répercussions sur la
nomenclature du marché financier de la sous-région dont il importe au bout du fil de voir en quoi elles consistent (I) afin de relever les
défis perceptibles pour le fonctionnement optimal de ce marché (II).

I. La nomenclature revisitée du marché financier de la CEMAC

La fusion des bourses de la CEMAC est une aubaine pour dynamiser le marché financier sous régional et une solution souhaitée
depuis plusieurs années [15] . Son effectivité au sein de la sous-région a impliqué une réforme institutionnelle (A) et une
reconfiguration du paysage juridique (B).

A- La réforme institutionnelle

Tel qu’évoqué dans notre propos introductif, les institutions du marché financier de la sous-région étaient au nombre de six à savoir :
la BVMAC (agissant en qualité d’entreprise de marché et de dépositaire central) ainsi que la COSUMAF pour la CEMAC ; et la DSX,
la CAA ainsi que la CMF pour le Cameroun. Au sortir de la fusion des bourses, la réforme institutionnelle porte sur la mise en place
d’une institution au détriment d’une autre remplissant la même fonction. En conséquence, nous retenons au bout du fil trois
institutions[16] au lieu de six dont une bourse des valeurs et un régulateur financier (1) ainsi qu’un dépositaire central (2).

1. La rétention d’une bourse des valeurs et d’un régulateur financier

Comme entreprise de marché unique sous régionale, la BVMAC qui absorbe la DSX, est établie à Douala en République du
Cameroun où elle assure pleinement la gestion et l’animation de la Bourse Régionale dans tous les Etats de la CEMAC (a). En outre,
l’article 1 er alinéa 1 de la convention d’unification de la COSUMAF et de la CMF [17] du 31 mars 2019 dispose que : « La
Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF) et la Commission des Marchés Financiers du
Cameroun (CMF) sont unifiées. ». Cette unification entraine la suppression de la CMF et le siège de la COSUMAF est fixé à
Libreville au Gabon[18] où elle assure les fonctions de tutelle, de supervision et de contrôle du marché des acteurs. La lecture de cet
article laisse entrevoir une sacralisation des prérogatives de la COSUMAF (b).

a- Le plein exercice de la BVMAC dans tous les Etats de la CEMAC


La Bourse des valeurs est l’infrastructure physique et virtuelle où se réalisent les transactions des titres, sous la supervision du
régulateur financier. En tant que sociétés commerciales à capitaux privés, la fusion de la BVMAC et de la DSX a eu lieu le 5 juillet
2019, dans le respect des dispositions de l’Acte uniforme OHADA relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique. Le plein exercice de la BVMAC à l’issue de cette fusion se caractérise par le fait qu’elle centralise toutes les
opérations du marché financier sous régional car sa compétence territoriale est effective sur le territoire camerounais du fait de
l’absorption de la DSX. En effet, avant la fusion, la DSX enregistrait huit valeurs[19] tandis que la BVMAC en enregistrait neuf[20].
Au 21 octobre 2019, la BVMAC comptabilise dix-sept valeurs y compris celles qui existaient sur la DSX[21]. Ainsi, dans l’ensemble
des Etats de la sous-région, l’on retient de la BVMAC les attributions prévues à l’article 35 du règlement n° 06/03 du 12 novembre
2003 portant organisation, fonctionnement et surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale.

b- La sacralisation des prérogatives de la COSUMAF

De façon sommaire, le régulateur est le gendarme du marché financier. Il assure la protection de l’épargne investie en valeurs
mobilières, ainsi que de tout autre placement donnant lieu à appel public à l’épargne ; l’information des investisseurs ; le contrôle des
prestataires de services d’investissement et le bon fonctionnement de la bourse des valeurs [22] . Il convient de rappeler qu’avec la
coexistence de la CMF sur la scène financière, les prérogatives de la COSUMAF étaient amputées sur le territoire camerounais. La
convention d’unification de la CMF et de la COSUMAF, en son article 2, vient donc sacraliser les prérogatives de cette dernière en lui
conférant la plénitude des pouvoirs de tutelle et de contrôle des opérations et des acteurs du marché financier sur le territoire des six
(6) Etats membres de la CEMAC. A terme, certains agents de la CMF ainsi que des ressources réglementaires et opérationnelles de la
CMF sont transférés à la COSUMAF pour la bonne mise en œuvre et l’achèvement du processus d’unification de ces deux entités[23].
Ce qui mène à comprendre que les attributions[24] de la COSUMAF demeurent les mêmes incluant celles de la CMF[25].

Tout comme pour le régulateur financier, il a été décidé de la mise en place d’un dépositaire central unique.

2. L’institution d’un dépositaire central unique

Le dépositaire central est l’institution qui centralise, veille à la bonne conservation et à la circulation des titres des acteurs du marché.
Pour mémoire, il y a de cela quelques mois la sous-région comptaient trois dépositaires centraux à savoir la CRCT/BEAC[26] qui
officiait pour la souscription des titres publics, la BVMAC/DC [27] pour les valeurs mobilières de la CEMAC cotées à la bourse
régionale ainsi que les titres des sociétés faisant appel public à l’épargne soumis à l’obligation de dématérialisation et la CAA/DC[28]
pour les valeurs mobilières du Cameroun cotées à la bourse nationale ainsi que les titres de toutes les sociétés anonymes résidant sur
le territoire camerounais et soumis à l’obligation de dématérialisation. Avec l’unification des marchés, la Banque des Etats de
l’Afrique Centrale (BEAC) est désignée [29] pour exercer, à titre transitoire, les fonctions de dépositaire central unique, en attendant
l’agrément d’une entité privée indépendante dédiée à cette activité. L’exercice de cette activité par la BEAC prendra fin au plus tard le
31 décembre 2022, soit une durée transitoire de 3 ans.

L’article 1 er de la convention de transfert des valeurs mobilières cotées à la Douala Stock Exchange entre la Banque des Etats de
l’Afrique Centrale et la Caisse Autonome d’Amortissement du 22 mars 2019 stipule : « La présente convention a pour objet le
transfert irrévocable à la BEAC par la CAA, de l’intégralité des valeurs mobilières cotées à Douala Stock Exchange (DSX) et
inscrites dans les livres de la CAA. ». Cet article signifie que seules les valeurs mobilières inscrites à la DSX sont désormais gérées
par la BEAC tandis que les valeurs mobilières non cotées (notamment celles résultant de la dématérialisation) demeurent inscrites
dans les livres de la CAA. Il ressort de cette convention qu’au-delà de l’activité de dépositaire central pour l’émission et la
conservation des titres publics [30] dans la sous-région, la BEAC est tributaire de nouvelles attributions ès qualité de dépositaire
central (a) qui sont soustraites des attributions de la CAA, restreignant ainsi sa compétence matérielle (b).

a- L’adjonction d’attributions à la BEAC

La désignation de la BEAC en tant que dépositaire central unique de la sous-région lui assigne de nouvelles attributions. Cette
institution a désormais une compétence ratione materia revisitée pour une durée déterminée. Pour ce faire, elle assure, en plus de ses
prérogatives habituelles[31], la conservation de l’ensemble des titres circulant sur le marché financier de la CEMAC. En l’espèce, les
attributions de la BEAC sont :

- la codification, la conservation et le règlement/livraison des titres publics (Bons du Trésor Assimilables et Obligations
du Trésor Assimilables) par la CRCT[32] ;

- le pilotage du processus de dématérialisation des valeurs mobilières (actions et obligations) de la zone CEMAC émises
dans le cadre d’un appel public à l’épargne[33] ;

- la codification, l’inscription en compte et la conservation de l’émission des sociétés anonymes de la CEMAC faisant
appel public à l’épargne[34].
En plus, aux termes de l’article 4 alinéa 2 de la convention de transfert des valeurs mobilières cotées à la Douala Stock
Exchange entre la Banque des Etats de l’Afrique Centrale et la Caisse Autonome d’Amortissement du 22 mars 2019, on
relève les attributions suivantes :

- la codification des valeurs et des adhérents admis aux opérations du dépositaire central ;

- la conservation sous forme scripturale de toutes les émissions prises en charge ;

- la circulation des titres par virement de compte à compte et la gestion du cycle de Règlement/Livraison dans un délai de
place n’excédant pas J+3[35] ;

- l’administration en liaison avec les sociétés émettrices inscrites à la cote de toutes les Opérations Sur Titres (OST) ;

- la mise en œuvre de toutes les opérations sur garanties financières (nantissement, pension livrée, prêt de titres) ;

- le suivi régulier des teneurs de compte conservateurs ;

- la gestion des interfaces avec les autres acteurs du marché financier.

Au regard de toutes ces attributions, quid de celles de la CAA qui demeure dépositaire central pour la continuité de certaines
opérations à l’instar de la dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun.

b- La restriction de la compétence ratione materia de la CAA

La désignation de la BEAC comme dépositaire central a pour conséquence d’amputer la CAA/DC d’une partie considérable de son
activité. En effet, avant la décision d’unification des marchés financiers en zone CEMAC, la CAA/DC avait en charge trois missions
essentielles dans le circuit de traitement des valeurs mobilières et titres apparentés au Cameroun[36]. Il s’agit notamment :

- de la fonction de dépositaire central du marché financier national régi par la loi


n° 99/015 du 22 décembre 1999 portant création et organisation d’un marché financier national, en vertu des décisions n°
08/0006/CMF/03 du 6 août 2003 et
n° 01/022/CMF/04 du 29 décembre 2003 de la Commission des Marchés Financiers portant respectivement agrément de la
CAA en qualité de dépositaire central et d’agence de codification ;

- de la fonction de Gestionnaire du Marché des effets publics négociables (EPN)[37] organisée par le décret N°
94/611/PM du 30 décembre 1994 portant réglementation de l’émission et de la gestion des effets publics négociables et ses
décrets modificatifs ;

- du rôle de dépositaire central à titre transitoire du processus de dématérialisation conformément à l’article 23 du décret
d’application n° 2014 du 23 avril 2014 fixant les modalités de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun.

De nos jours, la compétence matérielle de la CAA a changé car elle est restreinte aux activités du marché de gré à gré et aux
opérations de dématérialisation. A l’issue du transfert des données physiques et électroniques de la CAA à la BEAC, qui a mis un
terme à la qualité de dépositaire central de la CAA du marché financier, des activités sont néanmoins restées à la charge de cette
institution[38] à savoir :

- l’émission des effets publics négociables ;

- la gestion de la dette titrée de l’Etat du Cameroun[39] ;

- la coordination, le contrôle et la supervision des opérations de dématérialisation des valeurs mobilières (actions et
obligations) au Cameroun non émises dans le cadre d’un appel public à l’épargne ;

- la conservation, la circulation et l’administration des valeurs mobilières dématérialisées émises sur le territoire
camerounais[40].

La coexistence de la BEAC et de la CAA, bien que chacune ait un domaine de compétence bien délimité, a soulevé la problématique
du vocable « Dépositaire Central ». Afin de lever l’équivoque, la CAA a opté pour la dénomination « Dépositaire National ».
Cependant, il convient de relever que cela n’a réglé le problème que sur un plan purement sémantique car sur le plan pratique, se pose
la question de l’entité habilitée à centraliser la quantité des valeurs mobilières non cotées des sociétés faisant appel public à l’épargne
résidant sur le territoire camerounais. En effet, les textes camerounais relatifs à la dématérialisation des valeurs mobilières ainsi que
les résolutions prises lors du transfert de valeurs de la CAA à la BEAC donnent compétence à la CAA pour la conservation de toutes
les valeurs mobilières non cotées émises sur le territoire camerounais. Par ailleurs, la BEAC, dépositaire central communautaire, est
compétente pour la conservation des valeurs mobilières cotées et des valeurs mobilières émises dans le cadre d’un appel public à
l’épargne. Au final devrons-nous comprendre qu’une société faisant appel public à l’épargne située au Cameroun aurait une partie de
son émission à la CAA tandis qu’elle aurait une autre partie[41] à la BEAC ? Si oui, la mise en place d’un dépositaire central unique
serait à revoir ou du moins les textes afférant à la conservation et à la circulation des valeurs mobilières dans la sous-région.

Au sortir de cette analyse, il apparait évident que la réforme institutionnelle a eu pour corollaire la réforme réglementaire.

B. La reconfiguration du paysage juridique

L’unification des marchés financiers de la CEMAC implique une reconfiguration du paysage juridique, notamment celui du marché
officiel. En effet, la consécration d’une bourse des valeurs régionale, un régulateur financier communautaire et un dépositaire central
unique entraine la prise en compte des textes CEMAC au détriment des textes camerounais dans la mesure où le règlement
communautaire n° 06/03 s’applique désormais de façon absolue (1) et on note une recrudescence des normes relatives aux acteurs
communautaires (2).

1. L’absoluité du règlement communautaire n° 06/03

L’absoluité du règlement communautaire n° 06/08 se traduit par sa pleine application dans tous les Etats de la sous-région (a),
notamment au Cameroun où elle évince les textes afférents au marché financier (b).

a- La pleine application dudit règlement

Le règlement n° 06/03-CEMAC-UMAC du 12 novembre 2003 portant organisation, fonctionnement et surveillance du Marché


Financier de l’Afrique Centrale, modifié le 9 juin 2008 par le règlement n° 01/08 trouve enfin un ancrage au Cameroun depuis le 5
juillet 2019, date effective de fusion de la BVMAC et de la DSX. Il s’agit ici, de témoigner d’une effectivité longtemps remise en
cause du fait de l’existence d’un marché financier au Cameroun. Avec la fusion des deux bourses, le règlement communautaire
précédemment cité s’applique de plein droit dans l’Etat du Cameroun emportant exclusion des textes afférents au marché financier.

b- L’éviction des textes camerounais relatifs au marché financier

Les principaux textes constituant la nomenclature juridique du marché financier au Cameroun sont la loi n° 99/015 du 22 décembre
1999 portant création d’un marché financier, le règlement de DSX et le décret n° 2001/213 du 31 juillet 2001 précisant l’organisation
et le fonctionnement de la Commission des Marchés Financiers (CMF). Ces trois textes ne peuvent plus s’appliquer pour la simple
raison qu’ils sont devenus caducs, car les organes qu’ils régissaient ont été pour l’un absorbé (DSX) et pour l’autre supprimé (CMF).

Cependant, il convient de rappeler que certains textes camerounais relatifs aux valeurs mobilières [42] restent d’actualité. Par
conséquent, conformément aux attributions de la CAA sus évoquées [43] , nous pouvons énumérer : la loi n° 2014/007 du 23 avril
2014 fixant les modalités de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun ainsi que son décret d’application n° 2014/3763 du
17 novembre 2014, le règlement du dépositaire central du 15 septembre 2003 pour les dispositions qui s’appliquent à la circulation
des titres hors cote et les instructions n° 5 et n° 19 du dépositaire central relatives au processus de dématérialisation des valeurs
mobilières[44].

2. La recrudescence des normes relatives aux acteurs communautaires

Le règlement n° 06/03-CEMAC-UMAC du 12 novembre 2003 modifié le 9 juin 2008 par le règlement n° 01/08 pose un cadre
juridique pour l’organisation et le fonctionnement des acteurs du marché financier sous régional que sont : les investisseurs, la bourse
des valeurs, le régulateur financier, le dépositaire central, les sociétés de bourse et les teneurs de comptes. En appui à ce texte, on
dénombre plusieurs règlements généraux, qui du fait de l’unification, demeurent d’usage comme les règlements généraux relatifs aux
entreprises de marché (b) et le règlement général de la COSUMAF (a).

a- La conservation du règlement général de la COSUMAF

La COSUMAF a été créée par l’Acte additionnel n° 03/01-CEMAC-CE du 8 décembre 2001 et son siège fixé à Libreville en
République Gabonaise par acte Additionnel n° 08/CEMAC-CE-04 du 23 janvier 2003. Son règlement général est adopté le 23 juillet
2008 et établi en vertu des dispositions de l’article 10 du Règlement n° 06/03-CEMAC-UMAC du 12 novembre 2003. Il a pour objet
de préciser les modalités pratiques de l’organisation, du fonctionnement et de la surveillance du marché financier de l’Afrique
Centrale[45]. Au sortir de l’unification des marchés financiers de la sous-région, ce règlement reste le seul applicable au détriment du
décret n° 2001/213 du 31 juillet 2001 précisant l’organisation et le fonctionnement de la CMF qui aujourd’hui ne trouve plus vocation
à s’appliquer.

b- L’usage des règlements généraux des entreprises de marché

Au sens du titre 3 du règlement communautaire n° 06/03[46], les entreprises du marché financier régional de l’Afrique Centrale sont :
les sociétés de bourse (article 38) qui sont en général des sociétés de droit privé à caractère commercial, la bourse des valeurs
mobilières (article 27) et le dépositaire central[47] (article 44) qui ont chacun un règlement général. Il s’agit du règlement général de
la BVMAC du 14 septembre 2008 et du règlement général du dépositaire central pris le 28 novembre 2007 qui demeurent en vigueur
contrairement aux règlements de la DSX et de la CAA pris le 15 septembre 2003.

Le marché unifié de la CEMAC qui permettra de développer l’économie des six Etats de la sous-région, à savoir : le Cameroun, le
Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République centrafricaine et le Tchad, apparait comme un embryon qui doit faire face à de
nombreux défis pour un fonctionnement optimal.

II. Les défis du marché financier unifié

La pérennité du marché financier sous régional s’appuie sur trois piliers : un cadre légal, réglementaire et institutionnel moderne?; une
infrastructure technique répondant aux standards internationaux et enfin une intermédiation efficace. A cet effet, les défis du marché
financier sous régional se déclinent de lege lata dans la mise en place des résolutions adoptées dans l’Acte additionnel n° 06/17 pour
son développement (A) et de lege feranda dans la prise en compte de certains mécanismes qui contribueraient à optimiser son
fonctionnement (B).

A. La mise en place des résolutions adoptées

Les résolutions adoptées pour l’essor de l’activité financière de la sous-région portent d’une part sur la création d’un dépositaire
central définitif qui soulève la problématique de la création de la CRDV prévue comme dépositaire central dans le règlement n° 06/03
(1) et d’autre part, sur les mécanismes pour le renforcement de l’activité financière qui suscitent le questionnement de l’effectivité de
l’article 8 de l’Acte additionnel n° 06/17 (2).

1. La création d’un dépositaire central définitif : la problématique de la CRDV

L’activité de marché ne peut prospérer sans l’existence d’un dépositaire central. A ce titre, l’article 5 de l’Acte additionnel n° 06/17
du 19 février 2018 prévoit la création définitive d’un dépositaire central à l’horizon 2022. Cependant, il importe de relever que le
règlement communautaire n° 06/03 en son article 3 confiait la fonction de dépositaire central à la CRDV dont la mise en place
constitue de nos jours une problématique. En effet, il se pose la question de savoir s’il faudra modifier le règlement n° 06/03 de la
CEMAC afin d’abroger les dispositions consacrant la CRDV comme dépositaire central de la sous-région ou appliquer ces
dispositions afin de procéder à la création de cette dernière. L’opacité de l’article 5 alinéa 1 de l’Acte additionnel portant sur la fusion
des marchés [48] invite à une évaluation du cadre d’une réforme du règlement communautaire n° 06/03. Il ressort du règlement
précédemment cité que le statut et les fonctions de la CRDV sont clairement définies et le législateur CEMAC avait pris le soin
d’évaluer l’environnement financier sous régional avant de prendre les dispositions relatives à la mise en place de cette institution
dont il ne manquait plus qu’à mettre en œuvre. Avec l’unification des marchés, nous pensons que la cloche a retenti pour rendre
effectives les dispositions liées à l’existence de la CRDV. Le cas échéant, abroger les dispositions y relatives dans le règlement
communautaire n° 06/03 revient à prendre de nouvelles dispositions pour la mise en place efficiente du dépositaire central unique. Ce
qui risquerait de constituer un obstacle à la réalisation de cette opération avant l’échéance fixée, soit le 31 décembre 2022.

2. Les mécanismes de renforcement de l’activité financière : l’effectivité de l’article 8

Pour le renforcement du marché financier sous régional, des mesures ont été prévues par l’article 8 de l’Acte additionnel n° 06/17 du
19 février 2018. Il s’agit de :

- la cession partielle ou totale en bourse des participations des Etats membres dans le capital d’entreprises publiques,
parapubliques ou issues de partenariats public – privé, notamment dans le cadre de programme de privatisation ;

- l’adoption de cadres législatifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entreprises ayant
pour profession habituelle la gestion ou la conservation de l’épargne publique (banques, compagnies d’assurances, etc.) ;

- l’adoption de cadres législatifs rendant obligatoire la cotation ou l’ouverture en bourse du capital d’entreprises
multinationales ou filiales de multinationales exerçant leurs activités sur le territoire des Etats membres ;

- l’adoption de mesures incitatives permettant d’assurer le recours des entreprises des secteurs économiques stratégiques
aux marchés financiers ;

- l’entrée des Etats dans le capital de la Bourse Régionale à hauteur de 30%, soit 5% par Etat membre.

Cet article qui a été adopté il y a deux ans fixait un délai de vingt-quatre mois auxquels nous sommes rendus. Ainsi, se posant la
question de savoir ce qu’il en est des résolutions prises, nous relevons qu’elles n’ont été exécutées qu’à hauteur de 10%. En effet,
nous pouvons noter que le 2 octobre 2019, seul un règlement communautaire a été adopté dans le cadre de la mise en œuvre de
l’article 8 de l’Acte additionnel. Il s’agit du règlement communautaire relatif à l’introduction en bourse des participations des Etats et
de leurs démembrements, dans les entreprises exerçant dans la CEMAC[49]. Dans ce sens, il s’agit pour les Etats de la sous-région et
leurs démembrements de vendre à des investisseurs sur le marché financier unifié une partie ou la totalité des actions détenues dans
les entreprises en activité dans la CEMAC. Par ailleurs, l’adoption d’un cadre législatif obligatoire, imposé aux Etats, marque le
caractère coercitif qu’auront les différents textes en vigueur. Cependant, au regard du laxisme et bien souvent de la mauvaise foi dont
font preuve les acteurs du marché dans l’application des textes de la sous-région, fort est de constater que les mesures incitatives sont
plus appropriées pour booster ces acteurs. Par conséquent, à côté des textes pris pour l’essor du marché de la sous-région, les Etats
devraient mettre l’accent sur la vulgarisation des mesures incitatives à l’exemple de la réduction des assiettes fiscales et autres
exemptions qui sont d’autres mécanismes auxquels les hautes instances devraient s’ouvrir et qui font office de perspectives
envisageables.

B. L’extension du champ d’optimisation du marché unifié

Dans l’optique de compléter les résolutions prises par les hautes instances du marché financier pour sa dynamisation, on pourrait
entrevoir une réforme du cadre légal et réglementaire (1) ainsi que la déconcentration des institutions consacrées (2).

1. La réforme du cadre légal et réglementaire

La révision du cadre légal et réglementaire du marché financier de la CEMAC permettra d’avoir un corpus juridique moderne et
adapté au contexte économique. Pour ce faire, il conviendra d’une part de réviser certaines dispositions du règlement communautaire
n° 06/03 et d’autre part d’adopter de nouveaux textes à l’instar d’un règlement sur la sécurité financière.

La révision du règlement n° 06/03 en harmonie avec le règlement n° 01/08 s’intéressera particulièrement aux règles de
fonctionnement du marché conformément aux exigences de l’article 8. En conséquence, on devra notamment amender l’article 29 du
règlement n° 06/03 qui porte sur la répartition du capital de la BVMAC compte tenu de l’obligation qui est faite aux Etats membres
de participer au capital de cette dernière à hauteur de 5% chacun. Dans le même sens, les articles 33 et 34 du règlement n° 06/03 ainsi
que les articles 17 et 18 du règlement n° 01/08 devront être révisés pour inclure de plein droit les Etats membres dans l’actionnariat de
la BVMAC.

Par ailleurs, la question du développement de la sécurité financière nécessite l’élaboration d’un règlement CEMAC[50] qui pourra
être adopté en vue de :

- renforcer la transparence financière?;

- favoriser l’indépendance des auditeurs?;

- définir les responsabilités des entreprises et de leurs dirigeants?;

- définir le rôle des agences de notation?;

- adopter les règles visant à prévenir les conflits d’intérêts des analystes financiers?;

- encourager l’accès des émetteurs et investisseurs au marché par un cadre fiscal incitatif en termes de réduction d’Impôt
sur les bénéfices des sociétés cotées, d’impôt sur le revenu des capitaux mobiliers (dividendes, intérêts), d’exonérations, etc.

Pour la bonne application des règlements en vigueur et ceux issus de la réforme, on pourrait également penser à une vulgarisation des
textes et la sensibilisation des acteurs du marché. Dans ce sens, on pourrait entrevoir :

- la mise en œuvre d’un plan de communication sous régional ;


- la segmentation de la zone CEMAC par métropoles afin d’y organiser des séminaires de sensibilisation et de
vulgarisation à l’adresse des entreprises et des autres acteurs résidents dans ces différents espaces ;

- la mise en place d’un groupe de suivi des activités du marché composé des représentants des ministères de Finance et
Justice et des entreprises de marché (on pourrait voir ici un mécanisme de co-régulation)[51] ;

- l’organisation d’ateliers au profit des principaux acteurs.

2. La déconcentration des institutions consacrées

Tel qu’il ressort de l’article 3 de l’Acte additionnel n° 06/17, les institutions établies pour l’organisation, le fonctionnement et
l’animation du marché financier sous régional sont dans la limite de leurs compétences et de leurs responsabilités respectives la
BVMAC, le dépositaire central (la BEAC à titre transitoire) et la COSUMAF. En l’état actuel des choses, les investisseurs présents au
Cameroun doivent se mouvoir jusqu’au Gabon pour soumettre les dossiers d’appel public à l’épargne ou de demande d’agrément,
tandis que ceux résidant au Gabon doivent se rendre au Cameroun pour passer les opérations sur la bourse. Quant aux investisseurs ne
résidant ni au Cameroun ni au Gabon, ils doivent se rendre dans chacun de ces Etats pour réaliser leurs opérations. Cette situation ne
parait pas opportune pour l’essor financier escompté car la célérité des opérations financières passe aussi par la proximité des
institutions. Pour ce faire, la déconcentration apparait comme la solution indiquée, celle-ci étant définie comme le mode
d’organisation administrative dans lequel certains pouvoirs sont conférés à des agents qui sont détachés en province et dépendent
directement du pouvoir. Dans ce sens, elle passerait par la création d’agences dans les différents pays de la CEMAC dont la mise en
œuvre pourrait s’inspirer du fonctionnement de la BEAC avec ses Directions nationales dans le cadre des adjudications de titres
publics[52]. En effet, la BEAC compte six Directions Nationales, à raison d’une Direction par Etat, qui interviennent sur le marché
des titres dans la phase d’émission des titres publics à souscription libre et dans les opérations pratiques d’adjudication [53] . En
somme, on pourrait avoir des représentations de la BVMAC et de la COSUMAF dans chaque Etat membre, qui relayeront les
informations aux sièges sociaux et exécuteront les opérations de bourse dans la limite des pouvoirs qui leur auront étés conférés.

Conclusion

La dynamique impulsée par les chefs d’Etats de la sous-région lors de la conférence du 31 octobre 2017 relative à l’unification des
marchés de la CEMAC retentit comme un gage de l’intégration économique sous régionale. Ainsi, un marché unifié retenant trois
acteurs principaux à savoir la BVMAC, la COSUMAF et un dépositaire central communautaire, résonne comme un appel fort à
l’endroit des opérateurs économiques internes et internationaux. Toute chose qui présage l’essor financier souhaité et invite à
conjuguer les efforts, comme le préconisait GUEZO [54] dans sa parabole de la jarre percée [55] , en appliquant les résolutions
envisagées et en adoptant les réformes souhaitables.

Bibliographie

- Acte additionnel n° 06/17-CEMAC-COSUMAF-CCE-SE du 19 février 2018 portant unification du marché financier de la CEMAC
et mesures d’accompagnement loi n° 99/015 du 22 décembre 1999 portant création et organisation d’un marché financier.

- Acte uniforme OHADA du 30 janvier 2014 relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique.

- Décret n° 2014/3763 du 17 novembre 2014 fixant les conditions d’application de la loi n° 2014/007 du 23 avril 2014 fixant les
modalités de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun.

- Décision n° 01/18 CEMAC-CCE-PREF-C du 27 février 2018 relative à la fusion des deux marchés financiers de la CEMAC.

- Loi n° 99/015 du 22 décembre 1999 portant création et organisation d’un marché financier camerounais.

- Loi n° 2014/007 du 23 avril 2014 fixant les modalités de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun.

- Règlement n° 06/03-CEMAC-UMACC portant organisation, fonctionnement et surveillance du marché financier de l’Afrique


Centrale.
- Règlement N° 01/14-CEMAC-UMAC-CM/ du 25 avril 2014 portant institution d’un régime d’inscription en compte
des valeurs mobilières et autres instruments financiers dans la CEMAC.

- BABISSAKANA Thomas, « Lettre ouverte au Premier Ministre MUSONGE : Inquiétudes des marchés sur les risques d’émergence
de la place financière de Douala », journal LE MESSAGER, n° 1523 du lundi 17 juin 2003.

- ETOUNDI OTTOU Patrice, « Innovations du processus de la dématérialisation et conséquences de la fusion des marchés financiers
de la CEMAC sur la CAA/DC », communication lors du séminaire atelier organisé par la Caisse Autonome d’Amortissement, avril
2019.

- JACKSON Willy, « La marche contrariée vers l’union économique », Le Monde Diplomatique, mars 1994.

- KALIEU Yvette et KEUFFI Daniel, « l’émergence des marchés financiers dans l’espace OHADA », Afrilex n° 4, www.

- KEUFFI Daniel, « Le marché financier au Cameroun : évolutions du cadre réglementaire et applications pratiques depuis la loi du
22 décembre 1999 », Juridis Périodique n° 114, Avr – mai – juin 2018.

- NGBWA Jean Claude, « Propos recueillis lors de la signature de la convention de coopération et d’échange d’informations entre la
COSUMAF et la CMF à Brazzaville (Congo) », 11 avril 2018, consultables sur le site www.cosumaf.org

- NGBWA Jean Claude, « Propos recueillis par Le Nouveau Gabon lors d’une interview sur les enjeux de la fusion des marchés de la
CEMAC », 29 décembre 2019, consultables sur le site www.investiraucameroun.com

- NIKOLTCHEV Suzanne, « La corégulation en Europe - Conditions générales de mise en œuvre de cadres corégulateurs en Europe
», Observations juridiques de l’observatoire européen de l’audiovisuel, 2002.

- POULLET Yves, « Technologies de l’information et de la communication et “corégulation” : une nouvelle approche? », 2004.

[1] Aux termes de l’article 744 de l’Acte Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt Economique
(AUDSCGIE) du 30 janvier 2014, les valeurs mobilières sont des titres qui confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès
directement ou indirectement à une quotité du capital de la société émettrice, ou à un droit de créance général sur son patrimoine.

[2] L’article 3 alinéa 2 de la loi n°2014/007 du 23 avril 2014 fixant les modalités de dématérialisation des valeurs mobilières au Cameroun
définit l’ action comme : « un titre de capital émis par une personne morale de droit privé ou de droit public, conférant à son détenteur la
propriété d’une partie du capital de la société émettrice »

[3] L’article 2 de la loi sus citée définit l’obligation comme : « un titre de créance représentant une partie d’un emprunt émis par une
personne morale de droit public ou privé »

[4] Le marché primaire est celui des émissions de titres. Il met en relation les agents à déficit de financement c'est-à-dire les entreprises, les
collectivités locales et l’Etat qui émettent des produits financiers (actions, obligations et autres produits), et les agents à surplus de
financement, les épargnants, essentiellement les ménages, qui les souscrivent. Ce compartiment remplit une fonction de financement,
d’allocation du capital.

[5] Le marché secondaire ou marché boursier ne concerne que l’échange des valeurs mobilières déjà émises. Par exemple, un épargnant
ayant souscrit à une émission d’obligations d’Etat peut souhaiter revendre ce titre acheté à l’Etat ; c’est sur le marché secondaire qu’il pourra
réaliser cette opération. C’est donc sur ce marché secondaire que varient les prix des valeurs mobilières, appelés cours.

[6] Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale.

[7] Article 24 et ss.

[8] Article 28.

[9] Article 14 et ss.

[10] KEUFFI Daniel, « Le marché financier au Cameroun : évolutions du cadre réglementaire et applications pratiques depuis la loi du 22
décembre 199 », Juridis Périodique n° 114, Avr – mai – juin 2018, p. 143.

[11] Le 06 août 2003, la DSX est agréée par décision n° 08/005/CMF/03 ; la CAA est agréée par décision n° 08/006/CMF/03 ; et la SGC est
agréée par décision n° 08/007/CMF/03 ; cf. KEUFFI Daniel, « Le marché financier au Cameroun : évolutions du cadre réglementaire et
applications pratiques depuis la loi du 22 décembre 199 », Op. Cit., p. 143.
[12] Certaines dispositions de ce texte sont modifiées le 09 juin 2008 par le règlement n° 01/08.

[13] Article 2.

[14] V° dans ce sens article 50 du règlement n° 06/03 du 12 novembre 2003.

[15] BABISSAKANA, « Lettre ouverte au Premier Ministre MUSONGE : Inquiétudes des marchés sur les risques d’émergence de la place
financière de Douala », journal LE MESSAGER, n° 1523 du lundi 17 juin 2003, pp. 6 et 7 ; V° également JACKSON Willy, « La marche
contrariée vers l’union économique », Le Monde Diplomatique, mars 1994, P. 14. Dans ce sens cf. KALIEU Yvette et KEUFFI Daniel, «
l’émergence des marchés financiers dans l’espace OHADA », Afrilex n° 4, P. 47, www.afrilex.u-bordeaux4.fr

[16] Article 2 de l’acte additionnel n° 06/17-CEMAC-COSUMAF-CCE-SE du 19 février 2018 portant unification du marché financier de la
CEMAC et mesures d’accompagnement.

[17] « Cette convention vise à organiser et à mettre en œuvre, entre les deux autorités de régulation, sous des formes diverses, les échanges
d’informations, de documentation et d’expériences, ainsi que les concertations, et l’assistance mutuelle sur tous les sujets d’intérêts commun
relatifs à l’organisation, au fonctionnement et à la réglementation des activités financières. A cet effet, elle consacre la reconnaissance
mutuelle des visas, des agréments, et des habilitations relatifs aux opérations et aux acteurs du marché, la surveillance ainsi que la
supervision de l’effectivité d’une coopération technique et opérationnelle entre les deux bourses de valeurs de la sous-région », propos de
Monsieur jean Claude NGBWA lors de la signature de la convention de coopération et d’échange d’informations entre la COSUMAF et la
CMF à Brazzaville (Congo) le 11 avril 2018.

[18] Article 1er alinéa 2 de la convention d’unification COSUMAF et CMF.

[19] 03 actions et 05 obligations ; cf. https://www.cameroon-tribune.cm/article.html/26521/fr.html/bourse-unique-de-la-cemac-la-fusion site


consulté le 08 février 2020.

[20] 01 action et 08 obligations ; cf. https://www.cameroon-tribune.cm/article.html/26521/fr.html/bourse-unique-de-la-cemac-la-fusion site


consulté le 08 février 2020.

[21] https://ecomatin.net/cemac-17-valeurs-cotees-a-la-bvmac-en-quatre-mois/ Site consulté le 08 février 2020.

[22] Article 14 de la loi camerounaise n° 90/015 du 22 décembre 1999 portant création et organisation d’un marché financier.

[23] Article 3 de la convention COSUMAF et CMF.

[24] Cf. articles 11 et 12 du règlement communautaire n° 06/03 ainsi que l’article 5 du règlement n° 01/08.

[25] En plus des missions citées à l’article 14 de la loi camerounaise n° 90/015 du 22 décembre 1999 (supra p. 6), nous pouvons retenir que
la CMF disposait des pouvoirs réglementaires, d’habilitations et visas, de pouvoir de contrôle, d’injonction et de sanction ainsi que de
règlements de différends (Cf. KEUFFI Daniel, « Le marché financier au Cameroun : évolutions du cadre réglementaire et applications
pratiques depuis la loi du 22 décembre 1999 », Juridis Périodique N° 114, Avr- mai – juin 2018, p. 145).

[26] Cellule de Règlement et de Conservation des Titres, entité de la BEAC.

[27] BVMAC agissant en qualité de Dépositaire Central.

[28] CAA agissant en qualité de Dépositaire Central.

[29] Article 5 alinéa 1 de l’acte additionnel n° 06/17 du 19 février 2018 portant unification du marché financier de la CEMAC. La
désignation de la BEAC comme dépositaire central unique a eu pour conséquence de mettre un terme aux activités de conservation de titre et
d’agent de dénouement des opérations de marché de la BVMAC/DC ainsi que de la CAA/DC et de subroger ces entités dans leurs
obligations (articles 1, 2 et 4.2 de la convention de transfert des valeurs mobilières cotées à la DSX entre la BEAC et la CAA du 22 mars
2019).

[30] V° dans ce sens l’article 1er du règlement n° 03/08/CEMAC/UMAC/CM du 06 octobre 2008 relatif aux titres publics à souscription libre
émis par les Etats membres de la CEMAC.

[31] Ibid.

[32] Ibid.

[33] L’article 46.2 du règlement communautaire n° 06/03 modifié par l’article 28 du règlement communautaire n° 01/08 du 09 juin 2008
dispose que : « La CRDV est organisateur de la dématérialisation des valeurs mobilières et autres instruments financiers admis à ses
opérations, chargé d’assurer leur conservation et leur circulation scripturales». A ce titre, la BEAC agissant en lieu et place de la
BVMAC/DC qui agissait aussi pour le compte de la CRDV, devient garante du bon déroulement du processus de dématérialisation des
valeurs mobilières prévu par le règlement communautaire n° 01/14 du 25 avril 2014 sur l’ensemble des six Etats de la sous-région.

[34] Cf. art. 46 alinéas 1 et 5 du règlement n° 06/03 modifié par l’article 28 du règlement communautaire n° 01/08 du 09 juin 2008.
Egalement articles premier (e) et 12 du règlement communautaire n° 01/14 du 25 avril 2014.

[35] Il s’agit ici du dénouement sur le marché sous régional et la livraison des instruments financiers qui se faisaient par la BVMAC/DC.
[36] ETOUNDI OTTOU Patrice, « innovations du processus de la dématérialisation et conséquences de la fusion des marchés financiers de
la CEMAC sur la CAA/DC », communication lors du séminaire atelier organisé par la Caisse Autonome d’Amortissement, avril 2019, pp. 37
à 39.

[37] Titres négociables émis dans le cadre de l’apurement de la dette intérieure. Il s’agit des Obligations du Trésor à coupon Zéro (OTZ), des
Obligations Ordinaires du Trésor (2OT) et des Bons du Trésor (BOT).

[38] ETOUNDI OTTOU Patrice, « innovations du processus de la dématérialisation et conséquences de la fusion des marchés financiers de
la CEMAC sur la CAA/DC », Op. Cit., p. 46.

[39] Dans le cadre de cette gestion, organisée par le décret N° 94/611/PM du 30 décembre 1994 portant réglementation de l’émission et de la
gestion des effets publics négociables et ses décrets modificatifs, la CAA a notamment en charge d’effectuer pour le compte de l’Etat, toutes
les opérations afférentes à l’émission des EPN en vertu de l’article 6 sus cité.

[40] Cette activité consiste à assurer la tenue de comptes de titres, l’organisation des mécanismes de codification, de règlement/livraison de
titres (dénouement des transactions et transfert de propriété) et de mise en œuvre des opérations sur garantie financière.

[41] Encore appelée "Flottant" désigné comme la partie du capital réellement négociable sur le Marché Central comparée au nombre total
des titres d’un Emetteur (article 1 du règlement général de la BVMAC).

[42] En l’occurrence les valeurs mobilières non cotées.

[43] Supra p. 10.

[44] Instruction à l’usage des adhérents N° 5 relative à la procédure de collecte et de dématérialisation des titres physiques et instruction à
l’usage des adhérents N° 19 relative à la comptabilité-titres des émetteurs.

[45] Article 1 du règlement général de la COSUMAF.

[46] Ce titre est intitulé « les entreprises du marché financier régional de l’Afrique centrale ». Bien que l’emploi de la notion d’« entreprises
du marché » prête à confusion car en droit financier, cette notion désigne généralement l’entreprise gestionnaire du marché qui est la
BVMAC, il s’agit simplement dans notre paragraphe d’une reprise fidèle des dispositions communautaires.

[47] Connu ici sous le nom Caisse Régionale de Dépôt des Valeurs (CRDV).

[48] Cet article prévoit l’agrément d’une entité indépendante dédiée à l’activité de dépositaire central sans référer à la CRDV ni à une
institution clairement désignée.

[49] Article mis en ligne le 18 octobre 2019 sur le site www.agenceecofin.com

[50] NGBWA Jean Claude, « Propos recueillis par Le Nouveau Gabon lors d’une interview sur les enjeux de la fusion des marchés de la
CEMAC », 29 décembre 2019, consultable sur le site www.investiraucameroun.com

[51] L'article 18 de l'accord interinstitutionnel ‘‘Mieux légiférer’’ adopté par le Conseil, le Parlement et la Commission le 16 décembre 2003
de l’Union Européenne, définit la corégulation comme : « le mécanisme par lequel un acte législatif communautaire confère la réalisation
des objectifs définis par l'autorité législative aux parties concernées reconnues dans le domaine (notamment les opérateurs économiques, les
partenaires sociaux, les organisations non gouvernementales ou les associations) ».; V° dans ce sens NIKOLTCHEV Suzanne, « La
corégulation en Europe - Conditions générales de mise en œuvre de cadres corégulateurs en Europe », Observations juridiques de
l’observatoire européen de l’audiovisuel, 2002, p. 7 ; également POULLET Yves, « Technologies de l’information et de la communication
et “corégulation” : une nouvelle approche? », 2004, p. 187.

[52] Les Etats émettent les titres publics à souscription libre par voie d’adjudications, organisées par la BEAC ; cf. Art. 6 du règlement
communautaire N° 03/08.

[53] V° dans ce sens le règlement n° 03/08 relatif aux titres publics à souscription libre du 06 octobre 2008 et le règlement général de la
CRCT.

[54] Roi du Dahomey au 19e siècle, soit de 1818 à 1858.

[55] Citation : « Si tous les fils du royaume venaient de leurs mains assemblées boucher les trous de la jarre percée, le pays serait sauvé ».

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