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Introduction Générale
Première partie : Architecture et règles régissant la bourse des valeurs mobilières
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Introduction générale
Introduction générale :
Les deux dernières décennies ont marqué, les algériens, par le lancement de vastes
chantiers de réformes économiques, le but visé par les pouvoirs publics en menant ces
réformes étant la mise en place d’instruments et mécanismes essentiels pour assurer une
transition d’une économie dirigée vers une économie de marché.
A cet effet, une multitude de textes ont vu le jour depuis 1988 avec la promulgation de
la loi sur l’autonomie des entreprises qui a instauré pour la première fois la séparation
désormais acquise des entreprises publiques économiques de la tutelle de l’Etat, et la loi 90-10
du 14 Avril 1990 relative à la monnaie et au crédit qui a marqué d’une manière décisive, dans
le domaine monétaire et bancaire, le processus de transition de l’économie algérienne vers
une économie de marché.
Dans le cadre de ces réformes, le secteur financier avec ses trois composantes a
bénéficié d’une intention particulière de la part des pouvoirs publics, le but étant de sortir
résolument de l’architecture financière des années 1970.
En effet, « dans les années 1970 et 1980, la sphère publique et la sphère économique
étaient confondues et leur financement puisait de la même source : la ressource publique1 ».
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Abdelatif Benachenhou, ex- ministre des finances.
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Introduction générale
La réforme du secteur financier avait pour visée également sa dotation d’un instrument
additionnel de financement de l’économie qu’est le marché financier.
A cet effet, un dispositif juridique conséquent a été mis en place par le législateur pour
permettre de créer la Bourse d’Alger dont le texte de base était le décret législatif n°93-10 du
23 Mai 1993 relatif à la bourse des valeurs mobilières qui a mis en place sa première
architecture institutionnelle avec la création de la commission d’organisation et de
surveillance des opérations de bourse COSOB : l’autorité de marché, la société de gestion de
la bourse des valeurs et les intermédiaires en opérations de bourse .
Ces opérations ont suscité à l’époque beaucoup d’espoirs chez les professionnels du
marché et ont donné une nouvelle opportunité de choix aux investisseurs institutionnels et ont
semblé augurer un marché pour les petits porteurs de ces titres.
Après ce début encourageant, force est de constater que la Bourse d’Alger a connu
précipitamment un déclin : aucun titre n’a été introduit à la cote depuis l’année 2000 ce qui
n’est pas en mesure d’animer un marché boursier, de même que la capitalisation boursière qui
était de 20 Milliards de DA en 2000 est passée à la fin de l’année 2006 à 6,7 Milliards de
DA, loin, très loin des bourses des pays voisins, la Tunisie et le Maroc dont les marchés
financiers contribuent réellement au financement de leur économie.
Presque une décennie après, le bilan est peu reluisant, la bourse est en panne malgré
un grand effort de modernisation par l’introduction de nouveaux intervenants sur le marché :
tels que le dépositaire central des titres, des teneurs de comptes conservateurs et la mise en
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Introduction générale
conformité avec les standards internationaux du cadre légal et normatif, ce qui nous amène à
nous poser des questions sur la place qu’occupe la bourse dans le paysage financier
d’aujourd’hui et de nous poser la question suivante : est ce que la panne de la bourse est la
résultante d’une non conformité aux normes internationales de son cadre juridique et
institutionnel ? Ou serait-elle le produit d’autres facteurs comme la structure de l’économie
algérienne elle même ? Ou la bourse ne fonctionne pas parce qu’il n’y a pas encore de culture
boursière en Algérie, tout simplement ?
Le véritable décollage semble donc tarder à venir et il est temps à notre sens de faire
un diagnostic par l’identification des principaux facteurs de blocage qui limitent le
développement de la bourse des valeurs algérienne et la proposition des mesures correctives
qui s’imposent pour une relance de son activité.
A cet effet, nous avons structuré notre étude en deux parties : la première ou nous
avons mis en exergue l’architecture institutionnelle du marché financier algérien avant et
après sa reconfiguration par la loi du 17 février 2003 qui a amélioré sensiblement son
dispositif organisationnel par l’élargissement de l’activité d’intermédiation en opération de
bourse aux banques et institutions financières et la création du dépositaire central des titres ; et
enfin, une comparaison avec l’architecture organisationnelle d’un système financier
développé comme celui de la France et d’un pays émergeant proche du système financier
Algérien et qui présente presque les mêmes caractéristiques, celui de la Tunisie.
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Introduction générale
Structurée en quatre chapitres, nous entamerons la première partie par l’offre des titres
sur la Bourse d’Alger, les différentes introductions à la cote et le bilan de l’activité sur la
Bourse d’Alger depuis sa création.
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Introduction générale
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Première partie :
Architecture et règles
régissant la bourse des
valeurs mobilières
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Introduction de la première partie
L’idée de la création d’une bourse des valeurs mobilières remonte, en fait, au début
des années 1990, où l’assemblée générale des fonds de participation décide de créer la Bourse
d’Alger, l’objectif de cette décision étant la préparation du terrain à la naissance d’un marché
boursier.
Le 09 Septembre de la même année fut crée la bourse des valeurs, sous l’appellation
de La Société de Valeurs Mobilières « SVM » avec un capital de 320.000 DA, réparti entre
les huit fonds de participation de l’époque.
Cependant, cette démarche a vite trouvé ses limites, freinées par de multiples
contraintes :
Le capital social de cette bourse était réduit, il ne couvrira pas les dépenses
éventuelles.
Le décret législatif n°93-10 du 23 Mai 1993 constitue le texte de base qui a mis en
place la première organisation des structures de la bourse des valeurs mobilières en créant la
Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse, la Société de
Gestion de la Bourse des Valeurs et les intermédiaires en opérations de bourse. Nous lui
réserverons le premier chapitre consacré à la revue de cette organisation.
Ce texte, modifié et complété par la loi n° 03-04 du 17 Février 2003, a introduit des
changements notables sur le paysage financier par l’entrée de nouveaux acteurs et d’autres
modifications que nous verrons en deuxième chapitre.
En troisième chapitre, nous étudierons les règles et processus qui régissent le marché
de la bourse : les introductions en bourse et les règles de négociation, notamment.
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Introduction de la première partie
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
La COSOB constitue l’autorité de marché des valeurs mobilières a été instituée par le
décret législatif n°93-10 du 23 Mai 1993, qui a défini sa composition ses missions et ses
pouvoirs.
1-1 Sa composition :
1-1-1 Le président :
La Commission est dirigée par un président nommé pour un mandat de quatre (04)
ans,par décret exécutif pris en conseil du gouvernement, sur proposition du ministre chargé
des finances.1
La Commission est composée de six membres nommés par arrêté du ministre chargé
des finances 2en fonction de leurs compétences financières et boursières pour une durée de
(04) ans, elle est composée de :
- Un magistrat
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Décret exécutif n° 94-175 du 13 juin 1994
2
Même décret
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
- D’un membre choisi parmi les dirigeants des personnes morales émettrices de
valeurs mobilières
- D’un membre de l’ordre national des experts comptables, commissaires aux comptes
et comptables agrées. La moitié de la composition de cette commission est renouvelable tous
les deux ans.
- d’un secrétaire général auquel est rattachée une cellule de communication et relations
publiques. Il a pour mission de coordonner les services techniques et administratifs de la
Commission sous l’autorité du président
La mission principale a été défini par le décret législatif n°93-10 du 23 Mai 1993 qui
affirme que la Commission a pour mission principale l’organisation et la surveillance du
marché des valeurs mobilières en veillant notamment :
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Réglementaire
Surveillance et contrôle
Disciplinaire et arbitral
Pour pouvoir exercer son autorité sur le marché des valeurs mobilières, la Commission
est dotée du pouvoir réglementaire lui permettant de régir le fonctionnement du marché en
édictant les règlements qui concernent notamment 1:
- les conditions dans lesquelles les valeurs mobilières sont négociées en bourse et
livrées ;
1
Article 31 du décret législatif n°93-10 du 23 Mai 1993
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
- le contenu des clauses obligatoires à inclure dans les contrats de mandats entre les
intermédiaires en opérations de bourse et leurs clients ;
- la publication périodique des informations concernant les sociétés dont les valeurs
sont cotées.
Elle a le pouvoir d’ordonner la publication par les sociétés émettrices des rectificatifs
si la Commission juge qu’il y a omission dans les documents publiées ou fournies.
- Les agents habilités de la Commission peuvent se faire communiquer tous documents quel
qu’en soit le support et en obtenir la copie.
- Ses agents sont habilités à accéder à tous les locaux à usage professionnel.
- De viser la notice que doit produire toute société faisant appel public à l’épargne
préalablement à sa diffusion au public.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
- La Commission doit examiner le projet de notice soumis à son visa préalable et indique si
nécessaire les énonciations à modifier et les informations complémentaires à insérer.
- La COSOB peut demander toutes explications ou justifications à la société émettrice sur les
informations contenues dans le projet de notice.
- Elle dispose d’un délai de deux mois pour accorder ou refuser son visa ou demander des
informations complémentaires ou des modifications.
- Les séances de bourse ont lieu sous la surveillance d’un superviseur de la COSOB qui peut
intervenir en séance pour régler des incidents ou des litiges ponctuels à caractère technique de
nature à entraver le fonctionnement de la séance de bourse et peut prononcer la suspension
d’une ou plusieurs cotations.
- De suspendre pendant une durée de cinq jours francs, les opérations de bourse en cas
d’événement majeur qui peut entraîner un dysfonctionnement de la bourse ou des
mouvements erratiques des cours de bourse ;
- veiller au respect des règles déontologiques qui s’imposent aux opérateurs de marché.
Cette fonction est assurée par l’institution d’une chambre disciplinaire et arbitrale au
sein de la Commission qui, en plus du président de la Commission, est composée de deux
membres élus parmi ses membres pour la durée de leur mandat et de deux magistrats désignés
par le ministre de la Justice.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
- le retrait de l’agrément ;
- et/ou des amendes dont le montant maximum est fixé à 10 millions de dinars ou égal
au profit éventuellement réalisé du fait de la faute commise.
La SGBV a été instituée par le décret législatif n° 93-10 du 23 Mai 1993 et a été
constituée le 25 Mai 1997, sous la forme d’une société par actions, avec un capital social
totalement libéré de 24 Millions de DA réparti entre les six (06) banques publiques : BNA,
BEA, BDL, BADR, CPA et CNEP et les cinq (05) compagnies nationales d’assurances :
CAAR, CAAT, SAA, CNMA, et la CCR, et une banque à statut privé, l’UNION BANK .
Les missions qui lui sont conférées par cette loi sont énumérées par l’article 18 :
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Institué par décision de la Bourse,1 son rôle est de régir les séances de négociations. Il
est composé de trois membres au moins ou un nombre impair de membres qui sont nommés
par le conseil d’administration de la SGBV. Ils sont choisis parmi les intermédiaires en
opérations de bourse ainsi que les officiels du parquet.
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Décision n°02 /98 portant règles de gestion des séances de négociation
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Nommés par le directeur général de la SGBV parmi les cadres travaillant sous son
autorité, ils sont à ce titre responsables de l’encadrement des séances de bourse.
-Le règlement des différends entre les intermédiaires relatifs à des transactions
-Le pouvoir d’expulser du parquet et des lieux adjacents toute personne dont la
conduite nuit au déroulement des opérations du parquet.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Il s’agit d’un intermédiaire qui, en plus des activités de négociation sur les valeurs
mobilières admises à la cote et autres produits financiers, exerce une ou plusieurs des activités
suivantes :
- Le démarchage de la clientèle.
- Avoir suivi avec succès une formation dans le domaine du commerce et de la gestion
des valeurs mobilières et avoir une expérience qui lui donnent, de l'avis de la
Commission, une préparation professionnelle suffisante ;
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Art 6 de l’ordonnance 96-10 du 10 Janvier 1996, article abrogé par la loi 03-04
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
- La désignation du titre.
- Le nombre de titre.
- Le prix unitaire.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Au démarrage de l’activité de la bourse cinq entreprises ont été agrées en tant que
sociétés d’intermédiation en opérations de bourse :
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Ce sont des organismes qui vendent leurs parts de capital au public et placent, au profit
de celui ci, le produit de ces ventes dans des portefeuilles des titres diversifiés.
L’objectif de leur création répond au souci de collecter l’épargne des particuliers afin
de la canaliser vers les emplois productifs.
Cette formule offre aux petits épargnants la possibilité d’investir en bourse par le biais
d’un portefeuille collectif géré par des spécialistes. Ainsi, ils pourront faire fructifier leurs
économies (avec une rémunération basée sur le rendement moyen de portefeuille de
l’OPCVM ) avec un minimum de risques (diversification des placements ) et avec l’assurance
d’une liquidité permanente.
Leur création et gestion doivent se faire sous le contrôle de la COSOB. C’est pourquoi
leur constitution est subordonnée à l’obtention d’un agrément du projet des statuts pour les
SICAV et du projet d’un règlement pour les FCP auprès de la COSOB.
Il peut employer en titres et valeurs mobilières d’un même émetteur jusqu’à 20% de
ses actifs.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
Une SICAV est une société par action qui a pour objet la gestion d’un portefeuille de
valeurs mobilières. Sa constitution est subordonnée à l’obtention d’un agrément du projet de
son statut. Ce dernier doit comporter certaines indications (forme, objet social, dénomination,
montant du capital, montant au-dessous du quel les rachats d’action doivent être suspendus,
conditions d’émission et de rachat d’action).
Ainsi, chaque jour une valeur dite «liquidative » est calculée pour servir de base de
remboursement aux épargnants.
L’actif net est déterminé en tenant compte des plus ou moins value latentes des
dividendes non encore distribués et des revenus réalisés depuis le début de l’exercice.
La différence entre les valeurs de vente et de rachat des actions de la SICAV constitue
la commission de rémunération de cette dernière qui ne peut excéder respectivement 3 % et
1,5 % de la valeur liquidative de l’action.
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Chapitre I : Architecture et organisation institutionnelle de la bourse des valeurs algériennes
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