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Cycles MSTA&DESSA

Promotion 2016-2018
1ère Année
Institut International
des Assurances

GENERALITES ET BASES TECHNIQUES


DE L’ASSURANCE

Intervenant :
Konan Eugène KOUADIO
Commissaire Contrôleur en Chef à la CIMA
Actuaire diplômé de l’ENSAE ParisTech
Membre de l’Institut des Actuaires de Paris
Diplômé DESSA de l’IIA de Yaoundé
Ingénieur Statisticien diplômé de l’ENSEA d’Abidjan

Mars 2017
Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

PLAN DU COURS

CHAPITRE I : RISQUE ET ASSURANCE


1.1. NOTION DE RISQUE EN ASSURANCE
1.1.1. Définition
1.1.2. Attitudes face au risque
1.1.3. Gestion des risques
a. Processus de gestion du risque
b. Critères de décision
c. Méthodes de traitement du risque
1.2. TRANSFERT DU RISQUE PAR L’ASSURANCE
1.2.1. Définition de l’assurance
1.2.2. Assurance : des origines à nos jours
a. Pré-assurance
b. Essor de l’assurance
c. Système des tontines
1.2.3. Fonctions de l’assurance
a. Fonctions directes
b. Fonctions indirectes
1.2.4. Conditions d'assurabilité d'un risque
a. Risque techniquement assurable
b. Risque légalement assurable
c. Risques non assurables
1.2.5. Principes de l’assurance
a. Mise en commun des risques ou principe de mutualisation
b. Principe d’équité
c. Principe indemnitaire
CHAPITRE II : OUTILS MATHEMATIQUES DE MODELISATION DU RISQUE EN
ASSURANCE
2.1. ELEMENTS DE CALCULS DE PROBABILITES
2.1.1. Expérience aléatoire
2.1.2. Evénements
a. Evénements élémentaires
b. Intersection de deux événements
c. Evénements incompatibles ou disjoints
d. Réunion de deux événements
e. Evénements contraire de A

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2.1.3. Probabilité
a. Définitions
b. Propriétés
c. Equiprobabilité
d. Probabilités conditionnelles
e. Système complet d’événements
f. Formule des probabilités totales
g. Evénements indépendants
2.1.4. Variable aléatoire
a. Définition
b. Fonction de répartition
c. Loi et moments d’une variable aléatoire discrète
d. Loi et moments d’une variable aléatoire continue
e. Addition de variables aléatoires
2.1.5. Principales variables aléatoires utilisées en assurance
a. Panorama des modèles de fréquence
b. Variables aléatoires continues
2.1.6. Loi des grands nombres et théorème de la limite centrale
a. Loi des grands nombres
b. Théorème limite centrale
2.1.7. Approximation des lois usuelles
a. Loi Binomiale et loi Normale
b. Loi de Poisson et loi Normale
c. Loi Binomiale et loi de Poisson
2.2. RAPPELS DE MATHEMATIQUES FINANCIERES
2.2.1. Notion d’intérêt
a. Définition
b. Justification de l’intérêt
c. Intérêts simples et intérêts composés
2.2.2. Capitalisation et actualisation
a. Principe
b. Valeur acquise
c. Valeur actuelle
d. Taux proportionnel et taux équivalent

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2.2.3. Emprunts obligataires


a. Définition
b. Valorisation
c. Mesure du risque de taux : variation, sensibilité et duration
CHAPITRE III : FONDAMENTAUX DE L'OPERATION D'ASSURANCE
3.1. COMPENSATION STATISTIQUE DES RISQUES
3.1.1. Nécessité d’une mutualisation
3.1.2. Assurance et loi des grands nombres
3.2. MOYENS DE NIVELLEMENT DU RISQUE
3.2.1. Coassurance
3.2.2. Réassurance
a. Définition
b. Réassurance proportionnelle
c. Réassurance non proportionnelle
3.3. CADRE JURIDIQUE ET REGLEMENTAIRE
3.3.1. Contrat d’assurance
a. Définition
b. Caractéristiques juridiques du contrat d'assurance
c. Documents contractuels
3.3.2. Définitions de quelques termes usuels
a. Assuré
b. Assureur
c. Prime ou cotisation
d. Police
e. Avenant
f. Sinistre
g. Dommage
h. Contrat collectif ou contrat groupe
i. Intermédiaires
3.3.3. Typologie des garanties en assurance
a. Assurances dommages
b. Assurances de personnes
3.3.4. Typologie des sociétés et principe de spécialisation
3.3.5. Répartition et capitalisation
a. Technique de répartition
b. Technique de capitalisation

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3.4. CADRE COMPTABLE ET REGIME FINANCIER DES ENTREPRISES


D’ASSURANCE
3.4.1. Principes généraux
3.4.2. Inversion du cycle de production et traduction comptable de l’opération
d’assurance
3.4.3. Contrôle et régime financier des sociétés d’assurance
3.4.4. Opérations d’inventaires et de fin d’exercice
a. Engagements envers les assurés : les provisions techniques
b. Notions comptables de prime
c. Notions de charge de sinistres
d. Ratio combiné
3.4.5. Représentation des dettes privilégiées
a. Règle de dispersion (article 335-4)
b. Règle de limitation globale (articles 335-1 et 335-2 du code des assurances)
3.4.6. Marge de solvabilité
a. Eléments constitutifs de la marge disponible
b. Exigence minimale
3.5. MESURE DE L’ACTIVITE D’ASSURANCE
3.5.1. Volume des primes émises
3.5.2. Densité de l’assurance
3.5.3. Taux de pénétration de l’assurance
3.5.4. Autres statistiques de la zone CIMA
CHAPITRE IV : INTRODUCTION A L’ACTUARIAT
4.1. TARIFICATION EN ASSURANCE NON VIE
4.1.1. Tarification simple
a. Principe de calcul de la prime pure
b. Insuffisance de la prime pure : chargement de sécurité et prime de risque
c. Détermination de la prime commerciale
4.1.2. Modélisation du montant cumulé des prestations
a. Modèle individuel
b. Modèle collectif
c. Décomposition fréquence-coût
4.1.3. Asymétrie d’information et tarification
a. Antiselection et segmentation tarifaire
b. Aléa moral et tarification avec franchise

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4.2. EVALUATION DES PROVISIONS EN ASSURANCE NON VIE


4.2.1. Provision pour risques en cours
4.2.2. Provision pour sinistres à payer
a. Evaluation des sinistres déclarés
b. Sinistres tardifs
c. Frais de gestion
4.3. ELEMENTS D’ACTUARIAT VIE
4.3.1. Paramètres techniques
a. Taux d’intérêt technique et risques financiers
b. Tables de mortalité
c. Périodicité de la prime
4.3.2. Calcul de la prime pure
a. Valeur actuelle probable et principe de calcul de la prime
b. Engagements élémentaires en cas de vie
c. Engagements élémentaires en cas de décès
4.3.3. Provisions mathématiques
4.3.4. Participation aux bénéfices
4.3.5. Droit à rachat
4.4. MODELE SIMPLE DE L’ASSURANCE
4.4.1. Hypothèses du modèle et notations
4.4.2. Etude générale
a. Charge de prestations
b. Décomposition de la prime
c. Résultat de l’assureur
4.4.3. Risque de perte de l’assureur
4.4.4. Risque de ruine de l’assureur
4.4.5. Diminution du risque de ruine par la réassurance
a. Prise en compte de la réassurance dans le modèle
b. Optimisation de la réassurance

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ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages :
1. Edith BOCQUAIRE : Les grands principes de l’actuariat, L’Argus de l’assurance, 2015
2. Michel DENUIT, Arthur CHARPENTIER : Mathématiques de l’assurance non vie
Tome 1 : Principes fondamentaux de théorie du risque, Economica, 2004
Tome 2 : Tarification et provisionnement, Economica, 2005
3. Christian HESS : Méthodes actuarielles de l’assurance vie, Economica, 2000
4. Christian PARTRAT et Jean Luc BESSON : Assurance non vie : Modélisation-Simulation,
Economica, 2005
5. Pierre PETAUTON : Théorie et pratique de l’assurance vie, Manuel et exercices corrigés, DUNOD,
2004
6. Daniel PIERRE-LOTI-VIAUD et Patrick BOULONGNE : Mathématique et assurance-Premiers
éléments, Ellipses Marketing, 2014
7. Alain TOSETTI et autres : Assurance : Comptabilité-Réglementation-Actuariat, Economica, 2011
8. Jérôme YEATMAN : Manuel International de l’Assurance, Economica, 2005

Cours :
1. EGOULETI MONTECHO, DESSA 2001
2. Antonin GILLET, DESSA 2003
3. Anna MACHUREAU, DESSA 2005

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CHAPITRE I : RISQUE ET ASSURANCE


Le risque constitue la matière première de l’opération d’assurance. Avant toute autre
analyse, il s’agit dans ce chapitre de définir et caractériser l’élément principal sur lequel
porte l’activité d’assurance et de donner les premières caractéristiques de l’opération
d’assurance.
1.1. NOTION DE RISQUE
1.1.1. Définition
Dans ses activités, comme dans sa vie de tous les jours, l'homme a toujours été vulnérable
et exposé à des événements susceptibles de causer des dommages soit à sa personne, soit à
son patrimoine :
o il peut investir ses économies ou un important emprunt dans une activité et se
retrouver ruiné du jour au lendemain à cause d’un événement imprévu ;
o il peut causer par accident un dommage à autrui et être tenu à réparation en vertu
du droit (articles 1382 à 1386 du code civil) ;
o avec l’évolution de la médecine et l’amélioration de la qualité de vie, l’on vit de plus
en plus longtemps et il pourrait devenir une charge pour sa famille ;
o il peut également mourir prématurément, laissant sa famille dans des difficultés de
toute nature et surtout financière.
L’homme côtoie donc quotidiennement des situations imprévisibles contre lesquelles il a
toujours cherché des moyens pour se prémunir. On parle communément de risques.
Le risque peut se définir comme l’éventualité d’un événement futur et fortuit, ne dépendant
pas exclusivement de la volonté et dont la matérialisation causerait la perte d'un objet ou
tout autre dommage.
Le risque naît de l’aléa. Il est, par essence, constitué par un événement incertain. Cette
incertitude peut porter sur plusieurs aspects :
o la réalisation de l'événement : nul ne sait si cet événement se produira ou non ;
o sa date de réalisation : nul ne connaît la date à laquelle surviendra l'événement ;
o l’ampleur de la perte ou des dommages qui en résulteront.
Un risque se caractérise par deux paramètres :
o une fréquence : probabilité de survenance ;
o une gravité : montant des dommages.
En assurance, le terme « risque » est souvent employé dans trois sens :
o pour désigner l’objet de l’assurance : incendie, vol, inondation, accident de la
circulation, décès, survie ;

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o pour désigner la chose assurée : la maison, le véhicule à moteur ;


o pour désigner les caractéristiques de la chose assurée : véhicule de tourisme,
véhicule de transport publique de voyageur, corps de navire, responsabilité civile du
constructeur, etc.
Mais pour les besoins du cours, on s’en tiendra à la première définition.
1.1.2. Attitudes face au risque
Deux concepts caractérisent le comportement des agents économiques vis-à-vis du risque :
l’aversion et l’attirance pour le risque.
L'aversion au risque désigne cette tendance psychologique qui consiste à refuser le risque
ou à privilégier les situations certaines. On dit qu'un individu a de l'aversion pour le risque
lorsqu’il préférera un gain relativement sûr à un gain bien plus important mais aléatoire et
risqué. Selon l'adage « un tiens vaut mieux que deux tu l'auras ».
L’adversaire du risque ne souhaite pas courir le risque. Placé devant la perspective d'une
richesse soumise à des aléas, il préférera détenir avec certitude l'espérance mathématique
de cette richesse plutôt que d'être soumis aux aléas en question. Il sera prêt à s’en
débarrasser en le transférant à un tiers moyennant une rémunération, en payant une
prime.
Exemple : considérons, à titre d'illustration, le cas d'un individu dont la richesse initiale,
une maison de valeur 10 millions de F CFA, peut être totalement détruite en cas d'incendie.
Un incendie se produit avec une probabilité de 1/100. La richesse de cet individu devient
donc aléatoire et est en moyenne égale à 9,9 millions de F CFA. Si celui-ci éprouve de
l'aversion pour le risque, il préférera avoir une richesse certaine égale à 9,9 millions de
F CFA plutôt que de courir le risque de la perdre avec une probabilité de 1% (et donc ne
plus rien avoir), pour espérer « gagner » 100 000 F CFA avec une probabilité de 99%, c'est-
à-dire conserver sa richesse initiale de 10 millions de F CFA. Il sera donc disposé à
transférer son risque à un tiers qui accepterait de lui verser certainement 9,9 millions de
F CFA si l’incendie se produit, moyennant une rémunération de 100 000 F CFA.
On appelle équivalent certain le niveau de richesse considéré par l'individu comme
équivalent à la perspective aléatoire devant laquelle il est placé. C’est le montant sûr et
certain qui procure la même utilité que la richesse finale risquée.
On dira qu’un agent présente de l’aversion pour le risque (agent risquophobe) si son
revenu équivalent certain est strictement inférieur à la valeur espérée de son revenu. Dans
l'exemple précédent, l'équivalent certain de la situation est inférieur ou égal à l’espérance
mathématique de la richesse immobilière, soit 9,9 millions de F CFA, puisque l'individu
préférerait avoir 9,9 millions de F CFA avec certitude plutôt que d'être soumis au risque de
perdre sa maison. Si l'équivalent certain est par exemple égal à 9,6 millions de F CFA, cela
signifie que l'individu serait prêt à payer 400 000 F CFA pour être totalement couvert
contre le risque d'incendie, plutôt que de n'avoir aucune assurance.

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D'autres agents pourraient avoir un comportement plus insouciant, en considérant que les
événements dommageables sont improbables. Plus qu’une simple indifférence face au
risque, certains agents économiques sont caractérisés par une attirance au risque. Ils sont
alors prêts à payer plus que la valeur actuarielle pour acquérir un risque négatif (risque
négatif = possibilité de gain).
Exemple : le gros lot d’une loterie est de 6 000 000 F CFA. Avec un billet, on a une chance
sur 15 000 000 de gagner ce gros lot. Le billet coûte 600. L’agent ayant une attirance pour
le risque achètera le billet même si l’espérance de gain n’est que de 0,4.
On dira d’un agent qu’il présente du goût pour le risque (agent risquophile) si son revenu
équivalent certain est strictement inférieur à la valeur espérée de son revenu. L’équivalent
certain d’un agent neutre vis-à-vis du risque est égal à la valeur espérée de sa richesse.
1.1.3. Gestion des risques
a. Processus de gestion du risque
On entend par gestion de risque, le processus consistant à sélectionner et mettre en place
des mesures propres à modifier le risque. Partant de ses deux composantes (probabilité et
impact), il faut pour chaque risque identifié choisir une stratégie pour :
o minimiser la fréquence en développant une politique de prévention ;
o minimiser l’impact en développant une politique de protection.
Pour ce faire, il faut d’abord identifier le risque, évaluer le coût (fréquence ou probabilité
d’occurrence et gravité), sélectionner la technique de gestion, la mettre en œuvre
(minimiser les coûts de mise en œuvre de la solution) et contrôler (suivi régulier de
l’exposition, de l’évaluation et de la solution).
b. Critères de décision
Plusieurs méthodes de traitement peuvent être applicables à un même risque. Dans ce cas,
le choix optimal et efficient est guidé par l’effet des traitements sur le risque et le rapport
coût/bénéfice des traitements potentiels.
En avenir risqué, plusieurs critères sont possibles pour la prise de décision individuelle :
o critère d’espérance mathématique de Pascal : choisir l’action dont l’espérance
mathématique est la plus élevée. Le critère de Pascal est adapté à des risques peu
importants. Lorsque le risque est plus élevé, l’aversion pour le risque doit être
considérée et l’on a recours à d’autres critères ;
o critère espérance-variance de Markowitz :
E(ai ) ≥ E(aj ) et σ(ai ) < σ(aj )
er
1 critère : ai > aj si { ou bien
E(ai ) > E(aj ) et σ(ai ) ≤ σ(aj )

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Comme pour le critère de Pascal, cette règle de comparaison est assez restrictive. Elle ne
prend pas en considération le fait qu’un fort écart-type puisse être compensé par une forte
espérance.
Ce critère ne fonctionne donc pas toujours. Il faut le compléter par d’autres critères dont :
E( a i ) E(aj )
2ème critère : ai > aj si >
σ(ai ) σ(aj )

c. Méthodes de traitement du risque


Au nombre des mécanismes de traitement du risque, on distingue principalement la
conservation (ou rétention), la ségrégation, la prévention et l’élimination, la prévoyance, la
mitigation, l’assistance, le pari et le transfert : l’assurance.
i. Conservation (ou rétention)
On supporte soi-même le risque. S’il se matérialise, on en assumera les conséquences
financières. La conservation comme moyen de gestion du risque peut être intentionnelle ou
non-intentionnelle :
o intentionnelle : une personne assure son véhicule avec une plus grosse franchise
pour réduire sa prime d’assurance ;
o non-intentionnelle :
 une personne habitant près d’un cours d’eau ne sait pas que les inondations sont
exclues de sa couverture d’assurance et se retrouve à assumer lui-même ce
risque ;
 une personne habitant en zone reconnue inondable ne peut pas s’assurer parce
qu’aucun assureur ne veut l’assurer, elle doit assumer elle-même le risque
d’inondation.
La conservation est un choix opportun s’il correspond à la stratégie adoptée et aux limites
de tolérance qu’on s’est définies. Mais, elle serait un « choix » catastrophique si elle n’est
que le résultat du hasard ou du manque d’information.
ii. Ségrégation
Cette stratégie suit essentiellement le vieil adage qui consiste à « ne pas mettre tous ses
œufs dans le même panier ». Elle peut se faire de deux manières.
On peut séparer un gros risque en risques plus petits. En répartissant l’exposition aux
risques sur différents emplacements ou en isolant certains risques, les probabilités de
perte totale sont considérablement réduites. On peut délocaliser par exemple différents
processus d’une entreprise à des endroits différents (en en cas de sinistre sur un site
donné, on ne perd pas tout). On peut également dupliquer toutes les opérations de
l’entreprise (avec plusieurs établissements qui font la même chose, les autres
établissements prennent la relève quand un des établissements cesse de fonctionner à

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cause d’un sinistre ou d’une grève, etc.).


Si l’entreprise peut séparer ses activités, la gestion des pertes liées aux biens sur un site
donné ne peut se faire par ségrégation.
iii. Prévention et élimination (ou évitement)
La prévention consiste en l’ensemble des moyens mis en œuvre pour réduire la probabilité
de réalisation du risque ou pour l’annuler. Elle apparaît comme le meilleur des remèdes
contre le risque : comme le dit l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir ».
La prévention peut être totale, le risque est alors supprimé : construction d’une digue
contre l’inondation ou acheter une maison sur une colline élimine le risque d’inondation, le
paratonnerre, etc.
Elle peut aussi être partielle, dans ce cas elle entrave, met un obstacle à la réalisation du
risque ou en atténue les effets : prévention routière, utilisation des matériaux
incombustibles dans la construction par exemple.
Qu’elle soit totale ou partielle, la prévention a des limites aussi bien techniques
qu’économiques. On ne sait pas se protéger de tout et le coût de la prévention ne saurait
dépasser celui du bien protégé.
iv. Prévoyance et épargne
La prévoyance est un acte à priori qui est posé avant la réalisation du risque. Elle consiste
pour la victime éventuelle à prélever sur ses revenus actuels pour parer aux dépenses et
pertes imprévues. Le prélèvement est appelé épargne.
Les limites de la prévoyance par l’épargne sont évidentes. Epargner suppose que les
revenus actuels sont plus que suffisants pour faire face aux besoins courants du moment.
Ce qui n’est pas un acquis et les personnes à revenus faibles et insuffisants se trouvent
donc dans l’impossibilité de se prémunir contre leurs risques. En outre, l’épargne n’est pas
immédiatement efficace : le risque peut se réaliser avant que l’épargne suffisante ne soit
constituée et certains risques sont si importants que l'épargne ne peut permettre d’y faire
face.
v. Mitigation
La mitigation consiste à réduire les conséquences financières de la matérialisation du
risque en réduisant soit l'intensité du risque, soit la vulnérabilité des biens ou des
personnes exposés au risque.
Exemple : installation d’un système de gicleurs dans un immeuble commercial (le risque
d’incendie n’est pas réduit, mais si un début d’incendie se déclare, il sera probablement
éteint avant d’avoir fait des dégâts), conserver les bijoux dans un coffre-fort fixé au mur
peut réduire la valeur d’un vol.

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vi. Assistance
L’assistance est une action à postériori. C’est un mode de réparation inspiré par la
solidarité et l’idée de charité communautaire. Lorsqu’un membre du groupement ou de la
communauté est victime d’une adversité, d’un événement dommageable, les autres lui
apportent une aide, une contribution pour lui permettre de faire face aux conséquences.
L’assistance continue de fonctionner de nos jours sous diverses formes et peut, dans
certains cas, être un substitut à l’assurance.
Elle devient d’ailleurs indispensable en cas de grands fléaux comme la guerre, les
catastrophes naturelles, la famine, les épidémies,…, en permettant d’apporter une aide
immédiate aux victimes.
Sauf que l’assisté est toujours mis en état d’infériorité.
L’assistance comporte également trois insuffisances majeures :
o la réparation est indépendante de la volonté de la victime, on ne peut donc pas se
fier à l’assistance ;
o il n’existe pas de corrélation directe entre le dommage subi et l’aide qu’on pourrait
recevoir, les moyens de réparation dépendent en effet de la générosité de celui qui
apporte l’assistance ;
o ses moyens sont précaires, car la générosité publique n’est pas inépuisable.
vii. Pari
Il s’agit d’un transfert du risque sur un autre parieur. Il n’apporte aucun remède
méthodique, mais peut procurer un gain.
Le pari est caractérisé par son individualité alors que l’assurance se caractérise par la
mutualisation.
Il apparait qu’aucun des moyens examinés ci-dessus pour le traitement du risque ne suffit à
lui seul à répondre aux besoins de réparer entièrement et de manière satisfaisante les
préjudices subis par l’Homme.
L’assurance qui combine ces remèdes permet d’éliminer la plupart des inconvénients de
chacun d’eux.
1.2. TRANSFERT DU RISQUE PAR L’ASSURANCE
Le fait que les individus souscrivent des polices d'assurance est une conséquence de
l’attitude très générale qui conduit à considérer les perspectives économiques auxquelles
on est confrontées en tenant compte des risques qui leur sont associés.
Même si certains agents économiques peuvent être moins insouciants face au risque, des
tiers concernés par leur situation financière, comme par exemple leurs banquiers, peuvent
exiger d'eux des garanties. La puissance publique peut également estimer que certains

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risques graves d'insolvabilité entraînent des désordres sociaux qui légitiment une exigence
de garanties. Un exemple bien connu est l'obligation pour un conducteur de véhicule
automobile d'être assuré en responsabilité civile, c'est à dire d'avoir la garantie que les
dommages qu'il pourrait occasionner à autrui seront pris en charge par un organisme
solvable.
1.2.1. Définition de l’assurance
Le terme d'assurance trouve son origine du latin Securus (sûr), d'où émane le vocable latin
Assecuratio (sécurité, garantie, certitude,…assurance). Le français a adopté dès lors le
terme assurance pour en conserver les consonances retrouvées dans les termes sécurité,
sûreté, secours.
La variété des opérations d'assurance et des risques couverts ne permet pas de donner une
définition unique et exhaustive de l'assurance.
On parle d’assurance, lorsque des personnes susceptibles de subir un événement
dommageable pour elles se regroupent pour constituer une épargne commune en vue
d’aider celles parmi elles dont le risque se réaliserait à faire face aux conséquences.
D’une manière plus précise, selon Joseph HEMARD1 « l’assurance est une opération par
laquelle une partie, l’assuré, se fait promettre, moyennant une rémunération, la prime,
pour lui ou pour un tiers, en cas de réalisation d’un risque, une prestation par une autre
partie, l’assureur qui, prenant en charge un ensemble de risques, les compense
conformément aux lois de la statistique ».
On retrouve dans cette définition du Professeur HEMARD les deux aspects de l’opération
d’assurance :
o une opération juridique : engagements réciproques de l’assuré (payer la prime) et
de l’assureur (verser la prestation si le risque se réalise) ;
o avec des mécanismes techniques propres : gestion de la mutualité des assurés par
l’assureur, les primes payées par l’ensemble des assurés servent à verser les
prestations à ceux pour lesquels le risque se réalise.
Elle a également l’avantage de faire ressortir les quatre éléments qui caractérisent
l’opération d’assurance :
o le risque : l’événement dommageable contre lequel on cherche à se prémunir ;
o la prime : le prix payé par l'assuré pour transférer son risque à l’assureur ;
o la prestation : servie (versement d'une indemnité afin de réparer le dommage) par
l'assureur en cas de réalisation du risque ;
o la compensation : l'assurance repose sur la mise en commun de risques au sein
d'une mutualité selon les lois de la statistique pour une tarification juste et

1 Joseph Hémard, Théorie et pratique des assurances terrestres, Paris, 1924

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supportable.
1.2.2. Assurance : des origines à nos jours
a. Pré-assurance
On trouve des traces de la pré-assurance dans la plus haute antiquité :
o la caisse d'entraide des tailleurs de pierres de la Basse-Egypte (4 500 avant J.C.) ;
o en organisant les transports par caravane, le code babylonien de Hammourabi
prévoyait la répartition du coût des vols et des pillages entre les commerçants (2
250 ans avant J.C.) ;
o le législateur et poète athénien Solon (640-558 avant J.C.) obtint des Hétairies
(groupements et artisans aristocratique de la Grèce classique) leur intervention en
faveur de leurs membres frappés par l'adversité (décès, maladie, incendie) ;
o un contrat d’assurance transport a été découvert à Babylone par une expédition
archéologique américaine. En vue d’aider les commerçants à se prémunir contre les
risques du transport par caravane, un israélite entreprit vers 580 avant J-C de prêter
une somme d’argent, moyennant une commission de risque de 20% et un intérêt
remboursable avec le principal en cas de bonne arrivée ;
o Théophraste2 (371 avant J.C.-287 avant J.C.) fait état d'une caisse commune
alimentée par des cotisations, et dont le contenu servait à prodiguer des secours ;
o à l'époque romaine, le Collège funéraire de Lanuvium assure à ses membres,
moyennant droit d'entrée et cotisations, un bucher et un tombeau, tandis que les
légionnaires cotisent pour permettre à leur membres de faire face à des frais de
mutation, de retraite, ou de décès.
b. Essor de l’assurance
L’assurance commence avec le grand commerce maritime au moyen âge. En effet, la
première forme d'assurance concernait la protection des marchandises et des navires
contre les risques d'avarie, de naufrage ou de capture par les pirates. Faire appareiller un
navire pour la navigation hauturière supposait la mobilisation d'importants capitaux. Les
armateurs grecs et romains puis, quelques siècles plus tard, les marchands italiens
s'adossaient donc aux banquiers qui se font assureurs par nécessité au travers du « prêt à
la grosse aventure ». Fonctionnant selon un schéma proche de celui de l'assurance, le
mécanisme « du prêt à la grosse » consistait, pour un marchand souhaitant transporter une
cargaison par voie maritime, à contracter un prêt auprès d'un banquier pour financer
l'opération. Si le navire arrivait à bon port, le banquier était remboursé de la somme
prêtée, majorée d'intérêts. Dans le cas contraire (naufrage, acte de piraterie...), le marchand
n'avait rien à rembourser. L’intérêt stipulé n’était pas en rapport avec les chances de
réalisation du risque, souvent de 12 % mais pouvant aller jusqu’à 100 %. Néanmoins il se
2 Philosophe grec né vers 371 av. J.-C. à Erèse (Lesbos) et mort vers 287 av. J.-C. à Athènes

Konan Eugène KOUADIO 14 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

dégageait déjà du contrat à la grosse aventure, les notions de protection et de transfert de


risque.
La première véritable compagnie d'assurances maritimes vit le jour au XV siècle, en Italie.
Suite à l’interdiction du pape Grégoire IX prohibant l’usure et tout prêt à gros intérêt
subordonné à des transferts par mer ou par terre, le contrat à la grosse va être scindé en
deux conventions distinctes pour le soustraire à l’interdiction :
o l’une consistant en un prêt ;
o l’autre par laquelle les risques pesant sur la somme prêtée étaient transférés au
prêteur moyennant une somme convenue : les négociants versent avant leur départ
une somme convenue. Si le navire arrive à bon port, la somme versée restait acquise
au prêteur. Si le navire ou la cargaison subissait des avaries, le prêteur devrait
verser au négociant une indemnité dont le montant et les modalités de paiement
sont fixés à l’embarquement. Cette nouvelle pratique peut être considérée comme la
première ébauche du contrat d’assurance. Elle contient l’un des éléments
fondamentaux de l’assurance, le transfert du risque d’un patrimoine sur un autre, en
échange d’une redevance acquise en tout état de cause à celui qui prend le risque à
sa charge.
Les armateurs en plus de l’assurance de leurs cargaisons prirent peu à peu l’habitude de
souscrire également une sorte d’assurance sur la vie garantissant le paiement d’une rançon
s’ils étaient faits prisonniers par des pirates.
C'est à la fin du XVII siècle, plus précisément en 1684, qu'apparaît l'assurance incendie,
compte tenu de l'accroissement de la population et le développement des agglomérations,
qui étaient composées d'habitations en bois extrêmement rapprochées et vulnérables au
feu. La première société d'assurance contre l'incendie fut fondée en Angleterre, après le
grand incendie de Londres. En pleine nuit du 2 Septembre 1666, un incendie se déclare
dans une boulangerie de Londres, et s'étend avec une telle ampleur qu'il faudra quatre
jours pour le maîtriser. Il détruira 13 000 maisons de 400 rues sur 175 hectares. Une des
rares maisons épargnées est une taverne exploitée par un certain Edward Lloyd, qui eut
l'idée de créer un office d'assurance couvrant les risques les plus variés, et qui deviendra
avec le temps la plus grande organisation mondiale d'assurance : le Lloyd's de Londres.
Il fallut attendre la fin du XVIII siècle pour voir naître la première compagnie d'assurance
sur la vie. Les interdits politiques et religieux, ainsi que l'absence de techniques
mathématiques fiables pour évaluer convenablement les risques, condition nécessaire à la
pratique de cette activité, expliquent cette naissance tardive.
L'année 1763 a vu l'arrivée de la première table de mortalité, qui est un outil indispensable
aux actuaires, leur permettant d'étudier les probabilités de décès et de survie. Vers les
années 1770, une mutuelle du nom de l'EQUITABLE, a pour la première fois, pratiqué
l'assurance vie en se basant sur des résultats d'études statistiques.

Konan Eugène KOUADIO 15 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

Au cours du XIXe siècle, l'assurance scientifique s'est généralisée, et ceci a eu une double
conséquence :
o les assureurs ont pu démontrer la validité de leurs méthodes de calcul et en cas de
sinistres, ils ont démontré qu'ils étaient capables de faire face à leurs obligations ;
o les clients faisaient de plus en plus confiance aux compagnies d'assurance.
C’est à cette même époque qu’apparaitront les premiers contrats d'assurance de
responsabilité civile, la généralisation du contrôle des entreprises d'assurance et le vote de
législations impératives, protectrices du consommateur d'assurance.
c. Système des tontines
Formules d'épargne collective, les tontines ont été inventées au XVII siècle par le banquier
italien Lorenzo Tonti. Précurseurs de l'assurance vie, les tontines ont connu un véritable
âge d'or. Elles sont encore pratiquées de nos jours par des institutions ad hoc, dénommées
« sociétés à la forme tontinière ».
La société à forme tontinière réunit ses adhérents en groupe distincts dénommés
« associations ». Chaque association est constituée pour une durée prédéfinie, comprise
entre dix ans au moins et vingt-cinq ans au plus. A son expiration, les fonds provenant de la
capitalisation de l'ensemble des cotisations versées par les adhérents, déductions faite de
la partie affectée aux frais de gestion, sont répartis entre les membres survivants. Cette
répartition est effectuée en tenant compte de l'âge de chacun des adhérents et de ses
versements. Les fonds de chaque association doivent être gérés séparément. Pour être
valablement constituée, l'association doit comprendre au moins 200 membres. La durée
pendant laquelle une association reste ouverte à de nouveaux adhérents doit être
inférieure d'au moins cinq ans à sa durée totale (autrement dit, chaque association est
fermée à de nouvelles adhésions au moins cinq ans avant son terme : le législateur a voulu
ainsi éviter que des « prédateurs » n'arrivent au dernier moment pour faire main basse sur
la cagnotte).
L'adhérent à une tontine parie sur sa survie sans pouvoir connaître le montant de la
somme qu'il percevra à terme, s'il est vivant à cette date. Il est en effet interdit aux sociétés
à la forme tontinière de garantir à leurs adhérents que la liquidation des associations dont
ils font partie leur procurera une somme déterminée à l'avance. C'est ce qui distingue la
tontine de l'assurance vie.
1.2.3. Fonctions de l’assurance
L’assurance joue des rôles multiples. Ses principales fonctions peuvent être regroupées en
fonctions directes et en fonctions indirectes.
a. Fonctions directes
La première fonction de l'assurance est d'indemniser ceux qui ont été victimes (particuliers
et entreprises) d'un préjudice lors de la réalisation des risques assurés. Elle permet de

Konan Eugène KOUADIO 16 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

répartir les conséquences dommageables des risques pour que la perte pèse légèrement
sur beaucoup plutôt que lourdement sur quelques personnes. Les particuliers se
répartissent leurs risques en se procurant de l’assurance et les assureurs en font de même
avec la réassurance.
L'assurance remplit également une fonction de sécurité financière tant du point de vue
individuel que du point de vue général.
Au regard de l'assuré, l'assurance a pour rôle fondamental de lui conférer la sécurité et la
tranquillité d’esprit dont il a besoin. L'assuré particulier sait qu'il conservera, grâce à
l'assurance, un minimum de moyens d'existence, malgré les malheurs qui peuvent le
frapper au cours de sa vie. Ce besoin de sécurité individuelle auquel répond l'assurance est
d'autant plus grand aujourd'hui que la vie moderne se caractérise par un accroissement
des risques, donc par une augmentation de l'insécurité. L'assurance devient ainsi une
véritable nécessité pour l'homme qui se retrouve exposé à de multiples risques (incendie,
vol, responsabilité) contre lesquels il devra se protéger. Ceux qui sont assurés et qui, par
exemple, ont été victimes d'un vol, ont la garantie qu'ils seront remboursés. Ceux dont le
domicile a été incendié, savent que leur maison sera reconstruite.
D'un autre côté, l'assurance contribue à conserver les forces productives du tissu industriel
(travail et capital), tout au moins de les reconstituer. L'entreprise peut redémarrer son
activité immédiatement après un sinistre grâce à la prise en charge de l’assureur.
L’assurance devient ainsi un facteur de production. Elle accroît d'autant plus la puissance
économique que les biens nouveaux substitués aux biens détruits peuvent être d'un
rendement supérieur, mais aussi par son action préventive en incitant ou même en
obligeant les assurés à utiliser les procédés les plus perfectionnés et sûrs.
Le rôle économique et social de l'assurance est donc évident. Il s'agit pour l'assureur de
garantir à l'entreprise, à l'individu et à sa famille, la sécurité de leurs revenus et de leur
patrimoine contre tous les risques auxquels ils sont exposés. En d'autres termes,
l'assurance contribue au bien-être social.
b. Fonctions indirectes
L'assurance est une source de financement non négligeable pour l’économie. Elle permet,
par l'accumulation des primes collectées sur les assurés, la constitution d’importants
capitaux. Les compagnies d'assurance doivent donc gérer ces sommes pour le compte des
assurés et parfois pendant un temps assez long. Elles sont obligées de constituer des
réserves (provisions) et de les représenter par des actifs équivalents, de sorte qu’elles
stimulent l’économie via leurs investissements, notamment en achetant les obligations
émises par les gouvernements.
L’assurance facilite également l’octroi du crédit en protégeant à la fois les investissements
des prêteurs et ceux des emprunteurs.
Elle constitue une source d’emplois, directs et indirects, non négligeable : employés des

Konan Eugène KOUADIO 17 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

entreprises d’assurance, garages qui ne font affaires qu’avec des assureurs, etc.
Enfin, rappelons que les compagnies d'assurance jouent un rôle assez appréciable dans la
prévention des risques et l’innovation technologique. Elles participent au financement des
programmes de préventions et de recherches dans la gestion des risques de pointe, à
l’organisation des campagnes d'informations et de sensibilisation à la sécurité routière
pour susciter des changements de comportement chez les conducteurs, etc. Les
professionnels (ingénieurs, médecins, avocats, etc.) ne seraient pas disposés à offrir leurs
services s’ils n’avaient pas la possibilité de se protéger contre le risque lié à la
responsabilité civile, surtout avec la tendance de la société à la judiciarisation.
1.2.4. Conditions d'assurabilité d'un risque
a. Risque techniquement assurable
Pour être assurable, le risque doit remplir certaines conditions :
o le risque contre lequel on s'assure doit se situer dans le futur. Pour un événement
déjà réalisé, il n’y a plus de risque ;
o la réalisation du risque doit être un événement aléatoire. L'événement assurable
doit être imprévisible et sa matérialisation doit être due au hasard. Cependant, ce
risque ne saurait être impossible ou certain ;
o sa survenance ne doit pas dépendre exclusivement de la volonté de l’une des parties
intéressées. Un acte volontaire ou fautif peut être couvert par les assurances de
responsabilité, à condition que la conséquence soit distincte de ce que voulait
l’auteur (un automobiliste qui brûle le feu rouge et renverse mortellement un piéton
par exemple) ;
o l’événement aléatoire doit être suffisamment prévisible pour qu’on pense s’en
prémunir par l’assurance. L'assureur doit être en mesure de déterminer la
probabilité de réalisation du risque, ou tout au moins son ordre de grandeur, sinon il
lui serait impossible d’en déterminer le prix. Il doit disposer à cet effet d'éléments
statistiques en quantité suffisante et présentant une fiabilité satisfaisante ;
o le coût du risque doit être évaluable. La réalisation du risque donne lieu à des
dommages que l’assureur doit réparer. Pour ce faire, il doit donc pouvoir déterminer
le montant des dommages ;
o les risques assurés doivent être suffisamment nombreux, afin que la mutualisation
puisse fonctionner correctement : un nombre d'assurés trop faible produirait des
résultats très aléatoires, rendant impossible l'activité d'assurance ;
o la survenance de l'événement assuré doit être indépendante d'un individu à l'autre.
En d'autres termes, la probabilité que l'événement affecte un individu n'est pas
influencée par le fait qu'il en ait affecté un autre ;
o la réalisation du risque doit être univoque. Il doit être facile de déterminer si

Konan Eugène KOUADIO 18 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

l’événement assuré s’est produit ou non. Si sa survenance ne peut être facilement


prouvée, ce serait la porte ouverte aux fausses déclarations de sinistres et aux
conflits entre les parties.
b. Risque légalement assurable
Le risque légalement assurable est celui dont l’assurance est autorisée par le législateur.
Pour des raisons d’ordre économique, social et même politique, la force publique peut être
amenée à autoriser l’assurance d’un risque ne répondant pas parfaitement aux conditions
techniques d’un risque assurable.
Par exemple, bien que le suicide soit un fait intentionnel, donc techniquement inassurable,
le code des assurances autorise la couverture du suicide volontaire et conscient de l’assuré
lorsqu’il intervient plus de deux ans après la conclusion du contrat.
De même, le législateur n’interdit formellement que l’assurance de la faute intentionnelle
ou dolosive.
Les pertes et les dommages occasionnés par « le fait de l'assuré » peuvent être couverts par
une police d’assurance, bien que ce terme puisse renfermer non seulement les non fautifs,
mais aussi les fautes légères, les fautes lourdes et erreurs grossières, les fautes
inexcusables. L’assurance responsabilité civile permet aujourd’hui la prise en charge des
dommages aux tiers résultant de tous ces faits.
c. Risques non assurables
Outre ceux qui ne remplissent pas les conditions énumérés ci-dessus, certains risques ne
sont pas assurables parce qu'ils se heurtent aux dispositions légales, aux bonnes mœurs ou
à la morale.
Par exemple, l’assurance relative aux opérations de contrebande, le trafic de drogue et
autres stupéfiants interdits, l’exploitation de maison de tolérance. L'assurance relative au
transport de marchandises illicites n'est raisonnablement pas envisageable non plus. Aux
termes de l’article 6 du Code civil, « On ne peut déroger, par des conventions particulières,
aux lois qui intéressent l'ordre public et les bonnes mœurs ». Il en est de même de
l’assurance des conséquences pécuniaires de la responsabilité pénale.
Pour ce qui concerne l’assurance en cas de décès, deux risques sont non assurables :
o l'assurance en cas de décès contractée sur la tête d'une tierce personne sans son
consentement. Une telle assurance est frappée de nullité ;
o l'assurance en cas de décès contractée sur la tête d'un mineur âgé de moins de 12
ans, d'un majeur en tutelle ou d'une personne placée dans un établissement
psychiatrique d'hospitalisation. Une telle assurance est prohibée et même passible
d'une amende dans certaine législation.

Konan Eugène KOUADIO 19 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

1.2.5. Principes de l’assurance


a. Mise en commun des risques ou principe de mutualisation
Comme indiqué plus haut, tout le monde ou presque a de l’aversion pour le risque.
Généralement, les gens ne veulent pas et ne peuvent pas supporter les conséquences
financières de la réalisation d’un risque majeur. Les assureurs aussi ont de l’aversion pour
le risque. Ayant injecté leurs capitaux pour la création de la compagnie d’assurance, les
actionnaires attendent un retour sur investissement et ne veulent pas faire faillite et perdre
leur mise. Ils ne souhaitent donc pas que la solidité financière de l’entreprise soit mise en
danger par la réalisation d’un seul risque. D’ailleurs, dans l’optique de protéger les
preneurs et bénéficiaires d’assurance, les autorités publiques ont encadré l’activité
d’assurance dans un corpus réglementaires afin de garantir leur solvabilité.
La mutualisation ou mise en commun des risques est le principe de base de l’assurance. Il
est à l’origine de l’assurance. Après le grand incendie de Londres, les gens se sont rendus
compte de leur vulnérabilité face aux risques et ont inventé l’assurance moderne. C’est
également le regroupement en vue de partager les risques de perte des navires qui a abouti
à la création des Lloyd’s.
La mise en commun des risques permet d’amasser un fonds afin de payer les pertes de ceux
qui ont eu un sinistre, avoir des provisions pour rembourser les assurés qui mettent fin à
leur contrat prématurément, mais également payer les frais d’administration. Il permet en
outre de réduire les fluctuations financières.
Les compagnies d’assurance ont plusieurs façons de mettre les risques en commun :
o entre différents assurés qui font face à des risques similaires ;
o entre différents assurés qui font face à des risques différents (ici, le fait que l’argent
soit comptable, dénombrable et fractionnable permet de regrouper des risques
différents en chargeant une prime différente, mais proportionnelle au risque) ;
o entre différentes années : une compagnie d’assurance qui subit une perte en 2016 ne
fera pas faillite si elle a fait un profit sur les exercices précédents et a renforcé
suffisamment ses fonds propres. On tarifie les risques souscrits en 2017 en se basant
sur l’expérience de ceux en portefeuille au cours des exercices antérieurs, dont on a
une meilleure connaissance ;
o entre différentes lignes d’affaires : la compagnie d’assurance qui subit une perte en
assurance maladie peut quand même réaliser un profit en assurance automobile et
incendie habitation au cours de la même année, permettant de la compenser.
b. Principe d’équité
Le montant payé par chaque assuré dépend du risque qui lui est associé. Si on voit la
compagnie d’assurance comme un fonds où chaque assuré apporte sa contribution, chacun
devrait payer une contribution qui correspond à son espérance de perte. Ce principe est

Konan Eugène KOUADIO 20 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

particulièrement important en matière de tarification. Par exemple, l’assuré dont la valeur


du risque est deux fois plus grosse que celle des autres ou dont la fréquence de réalisation
du risque est deux fois plus élevée devra payer une prime deux fois plus élevée (car son
espérance de perte est deux fois plus élevée).
c. Principe indemnitaire
Le contrat d'assurance est un contrat aléatoire qui n'a rien à voir avec le jeu ou le pari. La
mise en jeu du contrat d'assurance ne peut en aucun cas être une occasion
d'enrichissement sans cause pour l'assuré ou sa victime dont la réparation doit
correspondre au dommage qu'elle a subi. Le bénéficiaire de l’indemnité ne peut donc
recevoir une indemnité supérieure au montant du préjudice effectif. Le principe
indemnitaire est d'ordre public.
Malgré le principe indemnitaire, très souvent, le risque supporté par l’assuré peut n’être
que partiellement pris en charge par l’assureur. En effet, il est fréquent qu’il soit stipulé
dans la police d’assurances des clauses de franchise et de plafond de garantie. La franchise
est un découvert absolu ou relatif qui reste à la charge de l’assuré dans l’indemnisation
d’un sinistre. Le plafond de garantie est le montant maximum d’intervention de l’assureur
par sinistre. Une indemnité partielle respecte le principe de l’indemnité mais pas la
surcompensation.
En plus de ce premier objectif, l’instauration d’une franchise vise également à réduire l’aléa
moral ou moral hazard en éliminant la possibilité de faire des profits (perte intentionnelle,
exagération d’une perte).
L’aléa moral est la possibilité qu'un assuré augmente sa prise de risque, par rapport à la
situation où il supporterait entièrement les conséquences négatives d'un sinistre.
L'assuré détermine son niveau d'effort pour éviter le risque, en tenant compte du fait qu'il
est assuré, et ce niveau d'effort dépend du niveau d'indemnisation. Par exemple, le
propriétaire d’une voiture qui s’assure contre le vol se contente d’un petit antivol au
prétexte que si son véhicule est volé il sera remboursé, un agriculteur indemnisé si sa
récolte est faible peut négliger ses cultures, un assuré social peut augmenter ses pratiques
à risques (assurance santé) ou réduire ses efforts pour trouver du travail (assurance
chômage), etc. Les éventuelles fraudes à l'assurance (cas où l'assuré provoque
délibérément le sinistre, pour encaisser l'indemnisation prévue) peuvent être considérées
comme le cas extrême de l'aléa moral.

Konan Eugène KOUADIO 21 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

CHAPITRE II : OUTILS MATHEMATIQUES DE MODELISATION


DU RISQUE EN ASSURANCE
2.1. ELEMENTS DE CALCULS DE PROBABILITES
L’objet de l’assurance est de réparer les conséquences du hasard. L’assureur ne connaît pas
la charge qu’il aura à supporter au moment où il fixe le prix de la prestation qu’il vend. Il
doit donc pouvoir prévoir à l'avance la fréquence de survenance des sinistres et le coût
moyen de ceux-ci afin de pouvoir réclamer à chaque assuré sa part contributive. Ce qui ne
peut s’appréhender que grâce au calcul des probabilités permettant de connaître les
chances de réalisation du risque. En effet, le calcul des probabilités est la théorie
mathématique qui permet de préciser, formaliser et différencier les phénomènes où
plusieurs résultats sont possibles, mais dont la réalisation n'est pas déterminée à l'avance.
On parle de phénomènes aléatoires ou non déterministes. De tels phénomènes sont bien
représentés par le hasard dont l’étude a initié le calcul des probabilités.
2.1.1. Expérience aléatoire
Une expérience est dite aléatoire si elle comporte plusieurs résultats possibles et qu’on ne
peut prédire avec certitude s’ils se réaliseront ou pas.
L’événement sur lequel porte l’opération d’assurance (accident automobile, un incendie,
vol dans un magasin, maladie, décès, …) comporte un aléa. Au moment de la souscription
de la police d’assurance, on ne sait pas si le risque va se réaliser ou non. Le montant du
dommage ne dépend pas non plus de la volonté de l’assuré ou de l’assureur.
2.1.2. Evénements
a. Définition
Un événement est l’ensemble de tous les résultats caractérisés par une même propriété
lors d’une expérience. L’événement se réalise ou non selon les résultats d’une expérience
aléatoire.
L’ensemble de tous les événements possibles se note généralement Ω et l’ensemble des
événements impossibles ϕ.
Exemple : le lancé de dé
A = {réaliser un nombre pair} = {2, 4, 6}
B = {réaliser un résultat inférieur ou égal à 3} = {1, 2, 3}
b. Evénements élémentaires
C’est l’événement constitué d’un seul résultat. C’est un singleton.
Le lancé de dé permet d’obtenir six (06) événements élémentaires : {1}, {2}, {3}, {4}, {5}, {6}.

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Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

c. Intersection de deux événements


C’est l’événement constitué des résultats communs aux événements A et B. On le note A∩B.
Exemple : Si A correspond à l'obtention d'un nombre pair et B à l'obtention d'un multiple
de 3, alors : A∩B = {6}.
d. Evénements incompatibles ou disjoints
Deux événements sont incompatibles s’ils n’ont aucun résultat en commun, ce qui
correspond à A∩B = ∅.
Exemple : lancé de dé, si A correspond à l'obtention d'un nombre impair et B à l'obtention
d'un multiple de 2, alors A et B sont incompatibles.
e. Réunion de deux événements
C’est l’événement constitué de l’événement A ou de l’événement B. C’est la partie A∪B.
Exemple : Si A correspond à l'obtention d'un numéro pair et B à l'obtention d'un numéro
supérieur ou égal à 3, alors : A∪B = {2, 3, 4, 5, 6}.
Remarque :
o Ne pas confondre A∪B, caractérisé par « ou », et A∩B, caractérisé par « et ».
o A∪B contient A∩B.
f. Evénements contraire de A
̅.
C’est l’événement constitué des résultats n’appartenant pas à A. On le note A
Exemple : Dans le lancé de dé, si A correspond à l'obtention d'un numéro pair, alors
l'événement contraire de A est : {1, 3, 5} (obtention d'un numéro impair).
2.1.3. Probabilité
a. Définitions
Lors d'une expérience, on cherche à mesurer par un réel la chance d'obtenir telle ou telle
propriété caractérisant un événement.
On appelle fréquence relative d’un événement, le nombre de fois que cet événement a été
réalisé rapporté au nombre total d’expériences.
Exemple : Neuf (09) lancés de dé : {1, 4, 2, 3, 6, 5, 2, 3, 3} :
1
o la fréquence relative de {1}, est ;
9
2
o la fréquence relative de {2} est ;
9
3
o la fréquence relative de {3} est .
9
La probabilité d’un événement A est la somme des probabilités des événements

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Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

élémentaires composant A. On note P(A) cette probabilité.


Lorsque l'expérience est répétée plusieurs fois, ce réel peut être la fréquence relative de
l'événement, quand le nombre d’expériences aléatoires tend vers l’infini.
Exemples :
o Si A correspond à l'obtention d'un nombre impair dans le lancé de dé, alors :
1 1 1 1
P(A) = P({1}) + P({3}) + P({5}) = + + =
6 6 6 2
o Si P(A) = 0 alors A est un événement impossible.
o Si P(A) = 1 alors A est un événement certain : si A = {1, 2, 3, 4, 5, 6} dans le lancé de
dé, alors P(A) = 1 et si A = {7} alors P(A)= 0.
b. Propriétés
1) La somme des probabilités des événements élémentaires vaut 1.
2) P(∅) = 0, P(Ω) = 1 et 0 ≤ P(A) ≤ 1. Une probabilité n’est jamais plus grande que 1.
3) Si A et B sont incompatibles, alors P(A ∪ B) = P(A) + P(B)
Remarques :
o Cette propriété entraîne que si A⊂C, alors P(A) ≤ P(C)
o Si A et B sont incompatibles, l'appartenance à A∪B se traduit par l'appartenance à A
ou bien à B.
4) Si A et B sont quelconques, alors : P(A ∪ B) = P(A) + P(B) − P(A ∩ B)
5)P(événement contraire de A) = 1 − P(A).
c. Equiprobabilité
On dit qu’il y a équiprobabilité lorsque tous les événements élémentaires ont la même
probabilité. Cela correspond à une expérience où n'intervient que le hasard (dé non pipé,
boules indiscernables,...).
Nombre de résultats dans A
Dans le cas d’équiprobabilité, p(A) =
Nombre total de résultats
d. Probabilités conditionnelles
On considère deux (02) événements A et B et on note P (A/B) la probabilité que
l’événement A se réalise sachant que l’événement B est réalisé.
C’est donc la probabilité d’être dans A sachant que le résultat de l’expérience aléatoire
P(A ∩ B)
est dans B. P(A/B) = si P(B) ≠ 0.
P(B)
Exemple : lancé de dé.
A = {1, 2, 3}, B = {3, 4}. Pour trouver P(A/B), je dois trouver P(A∩B) et P(B).

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Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

1 2 1
(A∩B) = {3}  P(A∩B) = ; P(B) = = ,
6 6 3
1
1 6 1
d’où P(A/B) = 6 = × = .
2 6 2 2
6
P(A/B) veut dire la probabilité de tirer {1, 2, 3} sachant que j’ai tiré {3, 4}.
e. Système complet d’événements
On appelle système complet d'événements tout ensemble (A1, A2,…, An) fini ou
dénombrable d’événements deux à deux incompatibles dont la réunion donne l’événement
certain Ω. Autrement dit, un n uplets (A1, A2,…, An) est un système complet d’événement si
et seulement si :
⋃ni=1 Ai = Ω ∶ événement certain
{ et
P(Ω) = 1 et ∀i ≠ j, Ai ∩ Aj = ∅

f. Formule des probabilités totales


Soit A un événement et (A1, A2,…, An) un système complet d’événements. Alors
n
P(A ∩ Ai )
P(A) = ∑ P(A ∩ Ai ) . Comme P(A/Ai ) = , on a aussi
P(Ai )
i=1
n

P(A) = ∑[P(A/Ai ] ∗ P(Ai )


i=1
Exercice :
Jeu de 32 cartes, il y a un as de pic. L’objectif, tirer l’as de pic. En trichant, un individu tire
l’as de pic avec la probabilité 1, c’est-à-dire P(A/T) = 1, où A est l’événement
{l′ individu tire l′ as de pic} et T l’événement {l′ individu triche}.
Conditions :
P(A/T) = 1 c’est la probabilité de tirer l’as de pic sachant que l’individu triche
1
P(T) =
100
̅
P(A/T) est la probabilité de tirer l’as de pic sachant que l’individu ne triche pas et elle
1
vaut .
32
Question : Un individu tire l’as de pic. Quelle est la probabilité qu’il ait triché ?
P(T/A) est à chercher.
P(T ∩ A)
On sait que P(T/A) =
P(A)

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P(A ∩ T)
Or P(A/T) = ⟹ P(A ∩ T) = P(A/T) ∗ P(T)
P(T)
̅ } un système complet d’événements. Alors,
Soit Ω = {T,T
P(T) ∗ P(A/T) P(T) ∗ P(A/T)
P(T/A) = = et c ′ est la formule de
̅) P(T) ∗ P(A/T) + P(T
P(A ∩ T) + P(A ∩ T ̅) ∗ P(A/T
̅)

BAYES qui est très importante.


AN :
1
∗1
P(T/A) = 100 = 24,43%
1 1 1
1∗ + ∗ (1 − )
100 32 100
Au début, on a une chance sur 100 que l’individu triche. Si l’individu tire l’as de pic, la
probabilité qu’il ait triché est 24,43%, soit de l’ordre d’une chance sur 4.
Intuitivement, si on cherche un individu qui triche dans l’ensemble de ceux qui ont tiré l’as
de pic, on a plus de chance d’en trouver que dans la population totale.
g. Evénements indépendants
Soient A et B deux événements. On dit que A et B sont indépendants si la réalisation de l’un
n’influe pas sur la réalisation de l’autre. Mathématiquement on a :
P(A/B) = P(A)
{
P(B/A) = P(B)
On sait par la formule de la probabilité totale que P(A ∩ B) = P(A/B) ∗ P(B)
On déduit donc que si deux événements sont independants ∶ P(A ∩ B) = P(A) ∗ P(B)
2.1.4. Variable aléatoire
a. Définition
Une variable aléatoire est une fonction définie sur l'ensemble des événements
élémentaires, c'est-à-dire l'ensemble des résultats possibles d'une expérience aléatoire.
On appelle variable aléatoire réelle, une variable aléatoire à valeurs dans ℝ ou dans une
partie de ℝ.
b. Fonction de répartition
La fonction de répartition d’une variable aléatoire réelle X est une fonction définie comme
par :
FX : ℝ ⟶ ℝ +
x ⟶ P(X ≤ x)

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Propriétés :
o ∀x ∈ ℝ, 0 ≤ FX (X) ≤ 1
o Fx est une fonction croissante
o limX→−∞ FX = 0
o limX→+∞ FX = 1
o ∀ a et b avec a≤ b, P(a ≤ X ≤ b) = Fx (b) − Fx (a)
c. Loi et moments d’une variable aléatoire discrète
Une variable aléatoire discrète est une variable aléatoire dont les valeurs possibles sont
dénombrables.
i. Fonction de répartition
Soit X une variable aléatoire discrète qui peut prendre les valeurs xi : (1≤ i ≤ n) avec les
probabilités pi :
n

∑ pi = 1
i=1
La fonction de répartition de X est :

FX (xi ) = P(X ≤ xi ) = ∑ P(X = xi ) .


xi ≤x
On appelle loi de X l’ensemble {xi , (P(X = xi )); xi ∈ ℝ, P(X = xi ) > 0 }
Remarque :
P(X = xi ) > 0  xi est une valeur possible de X. On dit que P(X = xi ) est une probabilité
individuelle.
Exemple : Lancé de dé
X est la valeur obtenue en lançant le dé.

𝑥𝑖 1 2 3 4 5 6 Total

𝑝𝑖 1 1 1 1 1 1 1
6 6 6 6 6 6

On en déduit que la loi de X c’est l’ensemble :


 1   1   1   1   1   1 
1, ,  2, ,  3, ,  4, ,  5, ,  6, 
 6   6   6   6   6   6 
ii. Espérance mathématique
La valeur moyenne ou valeur espérée d’une variable aléatoire discrète est donnée par son
espérance mathématique E(X) telle que :

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E(X) = ∑ xi ∗ P(X = xi ) .
i=1

L’espérance mathématique correspond à la moyenne des valeurs prises par la variable


aléatoire pondérées par la probabilité que se réalise chacune de ces valeurs. Elle formalise
le concept de moyenne arithmétique.

Dans le lancé de dé, E(X) =  1  2  3  4  5  6 =  3,5 .


1 21
6 6
Linéarité et positivité de l’espérance :
E(aX + b) = aE(X) + b et X ≤ Y ⇒ E(X) ≤ E(Y), avec a et b des constantes.
Comme on le verra dans la suite du cours, la prime d’assurance s’exprime comme
l’espérance mathématique de la charge de sinistres. On en déduit que la prime d’assurance
croit avec le risque.
iii. Variance
La dispersion de X autour de son espérance est mesurée par sa variance ou son écart type.
La variance d’une variable aléatoire est définie par :
2
V(X) = E [(X − E(X)) ] = E(X 2 ) − [E(X)]2
n n 2

V(X) = ∑ P(X = xi ) ∗ xi2 − [∑ P(X = xi ) ∗ xi ]


i i=1
Si X représente le coût du risque assuré, on observe que la variance mesure l’écart entre les
dépenses aléatoires de l’assureur et la prime pure E(X) payée par l’assuré.

Par définition, l’écart type σ(X) de la variable aléatoire X est σ(X) = √V(X). Dans notre
exemple de dé, on a :
E(X) = 3,5
6 6
1 1
E(X 2)
= ∑ P(X = xi ) ∗ xi2 = ∗ ∑ xi2 = (12 + 22 + 32 + 42 + 52 + 62 ) = 15,17
6 6
i=1 i=1
2
D’où, V(X) 15,17 − 3,5 = 2,92 et √X = 1,71.
Une propriété important de la variance est son invariance par translation et changement
d’unité :
V(aX + b) = a2 V(X), avec a et b des constantes.
d. Loi et moments d’une variable aléatoire continue
Une variable aléatoire continue est une variable aléatoire dont les valeurs possibles sont un
sous ensemble continu de ℝ.
En assurance, les variables aléatoires continues et positives permettent de modéliser le

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coût des sinistres. En effet, le montant du dommage subi par l’assuré est à priori illimité et
peut prendre toutes les valeurs positives possibles.
Soit X une variable aléatoire continue. On appelle densité de X la fonction f(x) tel que :
P(x ≤ X ≤ x + dx) = f(x)dx
∀x ∈ ℝ, f(x) ≥ 0
Avec {

∫−∞ f(x)dx = 1
On en déduit le lien entre la fonction de densité et la fonction de répartition :
x
FX (x) = P(X ≤ x) = ∫ f(t)dt
−∞

La valeur moyenne ou espérance mathématique d’une variable aléatoire continue X, notée


E(X), est donnée par :

E(X) = ∫ xf(x)dx
−∞

La linéarité et la monotonie de l’espérance mathématique se déduit de la linéarité et de la


monotonie de l’intégrale.
La dispersion autour de cette valeur moyenne, reflétée par la variance V(X), est définie
par :
∞ ∞
V(X) = ∫ (x − E(X))2 f(x)dx = ∫ x 2 f(x)dx − [E(X)]2
−∞ −∞

e. Addition de variables aléatoires


Soient X1 et X2 des variables aléatoires réelles et a, b des réels, alors :
Y = aX1 + bX2 est une variable aléatoire réelle dont on peut calculer l’espérance et la
variance.
L’espérance étant une fonction linéaire, on a ∀ X1 et X2 :
E(Y) = E(aX1 + bX2 ) = E(aX1 ) + E(bX2 ) = aE(X1 ) + bE(X2 )
La variance n’est pas linéaire, mais quadratique. Elle est additive dans le seul cas où X1 et
X2 sont des variables aléatoires indépendantes. Dans ce cas :
V(Y) = V(aX1 + bX2 ) = a2 V(X1 ) + b2 V(X2 )
En assurance, la société d’assurance a en portefeuilles un ensemble n d’assurés. Le coût du
sinistre d’un assuré i sera modélisé par Xi et le montant total des prestations versées par
l’assureur par :
n

∑ Xi
i=1

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Pour estimer cette valeur, on suppose en général que les Xi sont des variables
indépendantes (le coût du sinistre d’un assuré particulier n’est pas corrélé à celui d’un
autre), distribuées suivant la même loi, de même espérance et de même variance.
On a alors :
n

E (∑ Xi ) = nE(X)
i=1
et
n

V (∑ Xi ) = nV(X)
{ i=1

2.1.5. Principales variables aléatoires utilisées en assurance


Pour les assureurs, la sinistralité se mesure en termes de fréquence de réalisation du risque
assuré et de montant de l’indemnité à verser. Dans un marché fortement concurrentiel, il
importe pour l’assureur de pouvoir déterminer les facteurs expliquant la sinistralité.
On s’intéresse donc ici aux modèles probabilistes permettant d’expliquer le nombre de
sinistres déclarés par l’assuré à son assureur, mais également aux lois de probabilité
permettant de modéliser le montant des sinistres.
a. Panorama des modèles de fréquence
En général, des modèles de comptage sont utilisés pour la modélisation de la fréquence des
sinistres. Quatre sortes de modèles sont couramment utilisées : la loi Binomiale, la loi de
Poisson, la loi Binomiale Négative et la loi Géométrique.
Comme leur nom l’indique, ces variables comptent le nombre de sinistres survenus au
cours d’une période. Plusieurs d’entre elles sont associées à ce que les probabilistes
appellent un schéma de Bernoulli.
i. Epreuve de Bernoulli
On appelle épreuve de Bernoulli toute épreuve ne possédant que deux issues possibles, que
l’on appelle succès et échec.
Si X désigne une variable aléatoire réelle comptant le nombre de succès dans une épreuve
de Bernoulli, alors nous avons les deux cas suivants :
(X = 1) est l’événement corespondant au succès avec une probabilité p (p ∈ [0, 1])
{
(X = 0) est donc l’événement correspondant à l’échec de probabilité q = 1 − p
L’espérance et la variance d’une variable aléatoire suivant une loi de Bernoulli sont
données par :
E(X) = p
{
V(X) = p(1 − p) = pq

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En assurance, la loi de Bernoulli peut être associée à l’événement « la police de l’assuré i a


enregistré au moins un sinistre au cours de la période de référence ».
ii. Schéma de Bernoulli
Si on répète n fois et de façon indépendante une épreuve de Bernoulli, on obtient un
schéma de Bernoulli.
Pour formaliser :
Soient un univers Ω = {(x1 , … , xn ), xi ∈ {0, 1}} = {0, 1}n et X1 , … , Xn n variables aléatoires
réelles, chacune suivant une loi de Bernoulli.
La variable Xi est définie de Ω dans {0, 1} par Xi ((x1 , … , xn )) = xi , avec xi = 1 en cas de
succès, et xi = 0 en cas d’échec.
Soit P une probabilité telle que P(xi = 1) = p, alors Ω muni de P et noté (Ω, P) est un
schéma de Bernoulli de paramètres n et p.
iii. Loi Binomiale
Soit (Ω, P) un schéma de Bernoulli à n épreuves, de paramètre p. Soit Sn la variable
aléatoire comptant le nombre de succès au bout de n épreuves de Bernoulli, donc définie
par :
n

Sn = ∑ X i
i=1

On dit que Sn suit une loi Binomiale de paramètres n et p, notée ℬ(n, p) avec :
P(Sn = k) = Cnk pk (1 − p)n−k
L’espérance mathématique et la variance de la variable aléatoire Sn sont données par :
E(Sn ) = np
{
V(Sn ) = np(1 − p)
La loi Binomiale se prête bien à la modélisation du nombre de sinistres touchant un
portefeuille dans les formes d’assurances pour lesquelles au plus un sinistre sur la période
de référence est possible pour chaque police, avec indépendance des périodes.
Si Sn et Sm sont deux variables indépendantes suivant des lois Binomiales respectivement
Sn ↝ ℬ(n, p) et Sm ↝ ℬ(m, p) alors (Sn + Sm) ↝ ℬ(n + m, p).
iv. Loi de Poisson de paramètre 𝜆
On dit qu’une variable aléatoire X suit une loi de Poisson de paramètre λ (λ > 0), noté
λk
𝒫 (λ)si et seulement si pour tout entier k, P(X = k) = e−λ .
k!
Loi des évènements rares, la loi de Poisson modélise bien le nombre de sinistres d’une
police individuelle.

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Propriétés :
On montre que son espérance et sa variance vérifie E(X) = V(X) = λ.
Si X1 suit une loi de Poisson de paramètre λ1 et X2 une loi de Poisson de paramètre λ2 , avec
X1 et X2 indépendants, alors (X1 + X2 ) suit une loi de Poisson de paramètres (λ1 + λ2 ).
Remarque : Lois de Poisson mélange
La loi de Poisson modélise mal le nombre de sinistres d’un portefeuille en raison de
l’hétérogénéité des assurés (exemple RC automobile).
Pour tenir compte de l’hétérogénéité du portefeuille, on peut considérer que le nombre
moyen de sinistres varie d’un assuré à l’autre. Il est alors une variable aléatoire λΘ, avec
λ constante et E(Θ) = 1.
v. Loi Binomiale Négative
La variable aléatoire X, comptant le nombre d’épreuves indépendantes k nécessaires à
l’obtention de n succès dans une succession d’épreuves de Bernoulli, suit une loi Binomiale
Négative. On le note 𝑁é𝑔ℬ(n, p), avec :
n−1 n
P(X = k) = Ck−1 p (1 − p)k−n , k, n ∈ ℕ et k ≥ n.
Dans le cas de la loi Binomiale Négative, le nombre de succès n est connu et l’on cherche le
nombre d’épreuves k, nécessaire pour obtenir les n succès. Ainsi le dernier évènement est
connu car les épreuves cessent avec l’obtention du nieme succès et l’on choisit n-1 objets
parmi k-1.
Son espérance mathématique et sa variance sont données par :
n
E(X) =
p

1−p
V(X) = n 2
{ p
vi. Loi Géométrique
Lorsque le nombre de succès n est égal à 1, la loi de la variable aléatoire discrète X porte le
nom de loi de Pascal ou loi Géométrique de paramètre p telle que :
P(X = k) = pqk−1 avec k ∈ ℕ∗ .
Son espérance mathématique et sa variance sont données par :
1
E(X) =
p
et
1−p
V(X) =
{ p2

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b. Variables aléatoires continues


Les coûts de sinistres sont des variables positives et peuvent prendre toutes les valeurs
possibles. En présence de coûts fixes (bris de glace par exemple), la loi des coûts de
sinistres sera une loi continue, avec une indicatrice là où l'on observe des coûts fixes.
Les quatre modèles les plus classiques permettant de modéliser les coûts individuels de
sinistre sont :
o la Loi Normale ;
o le modèle Log-Normal ;
o le modèle Gamma ;
o la loi Exponentielle.
i. Loi normale
La loi de probabilité la plus utilisée en statistique est la loi normale, encore appelée loi de
Gauss, ou de Laplace-Gauss. Une variable aléatoire X suit une loi normale 𝒩(𝜇, σ2 ), où
μ = E(X) et σ2 = V(X), si sa densité de probabilité a pour formule :
1 1 x−μ 2
e 2 σ )
− (
f(x) =
√2πσ
Son graphe est une "courbe en cloche" et dépend des deux paramètres μ et σ.

La distribution est symétrique par rapport à μ qui caractérise donc la tendance centrale.
Quant à σ, il caractérise la dispersion de la distribution. Plus il est grand, plus des valeurs
grandes ou petites par rapport à la moyenne μ deviennent probables. Les points d'inflexion
se trouvent à (μ − σ) et (μ + σ).
Remarques :
1°) Toute variable aléatoire normale de paramètres μ et σ2 peut se ramener à une loi
normale centrée et réduite 𝒩(0, 1).
X−μ
Si une variable aléatoire X suit une loi normale 𝒩 (μ, σ2 ), alors : est distribuée
σ
suivant la loi normale 𝒩(0, 1).
Soit X ↝ 𝒩(0,1), alors :

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o ∀ a ∈ ℝ, P(X ≤ a) = P(X ≥ −a) = 1 − P(X ≤ −a)


ou encore FX (a) = 1 − FX (−a)
o ∀ a ∈ ℝ+ , P(−a ≤ X ≤ a) = 2FX (a) − 1
Une application :
Soit X le coût d’un ensemble de sinistres survenus dans le portefeuille de contrats d’une
société d’assurance, distribué suivant une loi normale 𝒩(μ, σ2 ).
X−μ
En utilisant la propriété précédente, on sait que est distribuée suivant une variable
σ
normale centrée réduite 𝒩(0, 1).
On déduit de la table de 𝒩 (0, 1) que ∶
X−μ
−1,96 ≤ ≤ 1,96, avec une probabilité de 0,95
σ
Soit − 1,96σ ≤ X − μ ≤ 1,96σ donc − 1,96σ + μ ≤ X ≤ 1,96σ + μ
On dit que [μ − 1,96; μ + 1,96] est un intervalle de confiance de X à 95%. C’est-à-dire que X
appartient à cet intervalle avec une probabilité de 95%.
2°) Soient X1 et X2 deux variables aléatoires normales indépendantes de paramètres
respectifs (μ1 , σ12 ), (μ2 , σ22 ), alors leur somme X1+X2 est une variable aléatoire normale de
paramètres (μ1 + μ2 , σ12 + σ12 ).
ii. Modèle Log-normal
Comme il apparaît ci-dessus, la loi normale du fait de sa symétrie et de la masse de
probabilité qu’elle accorde aux valeurs négatives n’est pas le candidat idéal pour modéliser
le coût des sinistres. Une solution est de transformer la variable à modéliser afin qu’elle
convienne au mieux à une utilisation en assurance.
Par définition, X suit une loi Log-normal 𝐿𝑁(μ, σ2 ) si Ln(X) suit la loi normale 𝒩(μ, σ2 ).
La densité de la loi Log-normale est donnée par :
2
1 1 ln(x)−μ
− ( )
f(x) = e 2 σ si x > 0
xσ√2π

{ 0, sinon
Et vérifie :
σ2
E(X) = exp(μ + )
{ 2
et
V(X) = exp(2μ + σ2 )

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iii. Modèle Gamma


On dit qu'une variable aléatoire réelle X suit une loi Gamma de paramètres α et β, notée
𝒢𝒶𝓂(α, β), si et seulement si, sa densité de probabilité est donnée par :

α−1
βα e−βx
f(x, α, β) = x pour x ≥ 0
Γ(α)

{0, sinon
Elle vérifie :
α
E(X) =
β
et
α
V(X) = 2
{ β
iv. Loi Exponentielle
On appelle loi Exponentielle de paramètre  > 0 la loi de probabilité absolument continue
dont une densité est donnée par :
f(x) = e−x pour x ≥ 0
{
0, sinon
Elle vérifie :
1
E(X) =

et
1
V(X) = 2
{ 
On observe que la loi exponentiel est un cas particulier de la loi Gamma avec α = 1.
La loi exponentielle sert à décrire l'occurrence d'événements rares et indépendants. En
effet, on a :
∀a ≥ 0, ∀h ≥ 0, P(X > a + h|X > a) = P(X > h)
Si les temps d'occurrence d'un phenomene suivent une loi exponentielle de paramètre ,
alors, pour chaque t ≥ 0, le nombre d'événements intervenus dans un intervalle de temps
de longueur t suit une loi de Poisson de paramètre t.
2.1.6. Loi des grands nombres et théorème de la limite centrale
a. Loi des grands nombres
La loi des grands nombres exprime le fait que les caractéristiques d'un échantillon aléatoire
se rapprochent d'autant plus des caractéristiques statistiques de la population que la taille
de l'échantillon augmente.

Konan Eugène KOUADIO 35 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Formellement :
Soit (Xn )n≥1 une suite de variables aléatoires indépendantes et de même loi, d’espérance μ
et de variance σ2 .
n
Sn
Si on pose Sn = ∑ Xi , alors pour tout ϵ > 0, lim P {| − μ| ≥ ϵ} = 0
n→∞ n
i=1
Sn
On dit que pour n grand, converge presque surement vers μ.
n
b. Théorème limite centrale
Soit (Xn )n≥1 une suite de variables aléatoires indépendantes et de même loi, d’espérance μ
et de variance σ2 . Si on pose
n

Sn = ∑ X i
i=1
L’espérance mathématique et la variance de la variable aléatoire Sn sont données par :
E(Sn ) = nE(Xi ) = nμ
{
V(Sn ) = nV(Xi ) = nσ2
Alors pour n assez grand, la loi normale 𝒩 [E(Sn ), V(Sn )] = 𝒩 (nμ, n𝜎 2 ) est une bonne
approximation de la loi de Sn.
Ce qui revient au même de dire que :
Sn − E(Sn ) Sn − nμ
= suit approximativement la loi normale centrée réduite 𝒩 (0, 1).
√V(Sn ) σ√n
La loi normale apparaît comme la loi limite quelle que soit la loi des Xi (il faut juste que μ et
𝜎 existent). Ceci montre le caractère universel des lois normales et leur importance. La loi
normale est la loi limite quand n → ∞. En pratique, l’approximation de la loi de la somme
par une loi normale est bonne lorsque n ≥ 30.
2.1.7. Approximation des lois usuelles
On peut signaler les approximations suivantes qui sont utiles. Les deux premières sont en
fait des cas particuliers du théorème central limite.
a. Loi Binomiale et loi Normale
Considérons la loi binomiale ℬ(n, p) avec q = 1 − p. Cette loi peut être approchée par la
loi normale 𝒩 (np, npq) sous réserve que 0,4 ≤ p ≤ 0,5 et n ≥ 50. Une autre condition
admissible est npq ≥ 15.
b. Loi de Poisson et loi Normale
La loi de Poisson 𝒫 (λ) peut également être approché par la loi 𝒩 (λ, λ) à condition que
λ ≥ 15.

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Remarque :
Dans les deux cas qu’on vient de voir, on approche une loi discrète par une loi continue. Il
conviendrait alors d’appliquer la correction dite « de continuité ». Par exemple, si la
variable aléatoire X suit la loi de Poisson 𝒫 (λ) et si λ ≥ 15, les égalités suivantes sont vraies
de manière approchée, pour tout entier k ∈ ℕ.
k + 0,5 − λ
P(X ≤ k) = F𝒩(0,1) ( )
√λ
et
k − 0,5 − λ
P(X < k) = F𝒩(0,1) ( )
{ √λ
Il en résulte que les probabilités individuelles sont données par l’égalité :
k + 0,5 − λ k − 0,5 − λ
P(X = k) = F𝒩(0,1) ( ) − F𝒩(0,1) ( )
√λ √λ
c. Loi Binomiale et loi de Poisson
Généralement utilisée pour la modélisation des événements rares, la loi de Poisson fût
introduite comme une approximation de la loi Binomiale ℬ(n, p) lorsque n est
λ
suffisamment grand avec p = .
n

Cette approximation est correcte si n ≥ 50 et np ≤ 5.


2.2. RAPPELS DE MATHEMATIQUES FINANCIERES
2.2.1. Notion d’intérêt
a. Définition
L’intérêt peut être défini comme le prix à payer pour rémunérer le service rendu par la
mise à disposition d’une somme d’argent pendant une période de temps.
Lorsqu’une personne (physique ou morale) emprunte de l’argent à une autre, elle achète
cet emprunt. L’intérêt est le coût de cet emprunt.
La somme empruntée s’appelle le capital. La somme qui doit être remboursée est donc la
somme du capital et de l’intérêt.
Trois facteurs essentiels déterminent le coût de l’intérêt : la somme mise à disposition, la
durée et le taux auquel cette somme est prêtée.
Le taux d’intérêt par période est l’intérêt rapporté par une unité monétaire pendant une
période.
Le taux d’intérêt par période est le nombre i par lequel il faut multiplier le capital C pour
obtenir le montant d’intérêt I produit par C pendant la période : I =C * i.
L’emprunteur aura donc à rembourser C + I =C + C * i et la somme à rembourser après une
période est donc (1+i)*C.
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b. Justification de l’intérêt
Plusieurs raisons sont avancées pour justifier l’existence et l’utilisation de l’intérêt, parmi
lesquelles on peut citer :
o la privation de consommation : Lorsqu’une personne (le prêteur) prête une somme
d’argent à une autre (l’emprunteur), elle se prive d’une consommation immédiate. Il
est ainsi normal qu’elle reçoive en contrepartie une rémunération de la part de
l’emprunteur pour se dédommager de cette privation provisoire ;
o la prise en compte du risque : Une personne qui prête de l’argent, le fait pour une
certaine durée. Elle court, dès lors, un risque inhérent au futur. La réalisation de ce
risque résulte au moins des éléments suivants :
 l’insolvabilité de l’emprunteur : dans le cas où l’emprunteur se trouve
incapable de rembourser sa dette, lorsque celle-ci vient à échéance, le prêteur
risque de perdre l’argent qu’il a déjà prêté. Il est alors normal qu’il exige une
rémunération pour couvrir le risque encouru et dont l’importance sera
appréciée en fonction de la probabilité de non remboursement ;
 l’inflation : entre la date de prêt et la date de remboursement, la valeur de la
somme prêtée peut diminuer à la suite d’une érosion monétaire connue
également sous le nom d’inflation. Le prêteur peut donc exiger une
rémunération pour compenser cet effet.
c. Intérêts simples et intérêts composés
Un placement est dit à intérêts simples lorsque les flux provenant du placement ne sont pas
replacés et portent pas eux-mêmes intérêt. Les intérêts simples sont calculés sur le capital
initial et versés périodiquement.
Un placement est dit à intérêts composés lorsque les flux provenant du placement sont eux-
mêmes replacés et portent intérêts. Les intérêts sont ajoutés au capital initial et portent
intérêts à partir de leur capitalisation.
Sauf si on précise qu’il est à intérêts simples, un placement ou un emprunt sera toujours
considéré comme étant à intérêts composés.
2.2.2. Capitalisation et actualisation
a. Principe
D’après ce qui précède, le taux d’intérêt apparaît comme le taux de transformation de
l’argent dans le temps. Cette relation entre temps et taux d’intérêt signifie que deux
sommes d’argent ne sont équivalentes que si elles sont égales à la même date.
Dès lors, pour pouvoir comparer deux ou des sommes disponibles à différentes dates, le
passage par les techniques de calcul actuariel (capitalisation et actualisation) devient
nécessaire.

Konan Eugène KOUADIO 38 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

b. Valeur acquise
i. Valeur acquise d'un capital C
La valeur acquise Cn par un capital C placé au taux annuel i pendant n années est la valeur
de ce capital majoré des intérêts successifs des n années.
Elle se calcule par la formule suivante :
o Intérêts simples : Cn = C0 ∗ (1 + n ∗ i)
o Intérêts composés : Cn = C0 ∗ (1 + i)n
ii. Valeur acquise d'une annuité certaine
Notations :
a = montant (constant) de chaque versement
i = taux annuel
n = nombre de versements
La valeur acquise d'une annuité est la somme des valeurs acquises de chaque terme de
l'annuité.
L'annuité est dite payable d'avance lorsque chaque versement a lieu en début de période.
On démontre que la valeur acquise d’une annuité payable d’avance est donnée par :
(1 + i)n − 1
a(1 + i)
i
L'annuité est dite à terme échue lorsque chaque versement a lieu en fin période.
On démontre que la valeur acquise d’une annuité payable à terme échue est donnée par :
(1 + i)n − 1
a
i
c. Valeur actuelle
i. Valeur actuelle d'un capital C
La valeur actuelle d'un capital futur C disponible dans n années est le capital C0 qu'il faut
placé à la date d'aujourd'hui à un taux d'intérêt i pour obtenir le capital C au bout des n
années.
Elle se calcule par la formule suivante :
o Intérêts simples : C0 = C ∗ (1 + n ∗ i)−1
o Intérêts composés : C0 = C ∗ (1 + i)−n
ii. Valeur actuelle d'une annuité certaine
La valeur actuelle d'une annuité est la somme des valeurs actuelles de chaque terme de

Konan Eugène KOUADIO 39 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

l'annuité. On montre que :


o la valeur actuelle d’une annuité certaine payable d'avance est
1 − (1 + i)−n
a(1 + i)
i
o la valeur actuelle d’une annuité certaine payable à terme échu est :
1 − (1 + i)−n
a
i
d. Taux proportionnel et taux équivalent
Les taux d’intérêt sont généralement exprimés en taux annuels. Mais, on peut considérer
une période plus courte que l’année, par exemple, le semestre, le trimestre, le mois ou le
jour. De même, les intérêts peuvent être capitalisés chaque semestre, chaque trimestre,
chaque mois ou chaque jour. Ainsi, lorsque le taux d’intérêt est annuel et l’on considère une
période inférieure à l’année, le taux d’intérêt prévalant pour cette période devra être
calculé. Pour ce faire, on emploie l’un des deux taux suivants :
o le taux proportionnel ;
o le taux équivalent.
i. Taux proportionnel
Le taux proportionnel au taux i pour une sous-période est le taux qui, appliqué à intérêts
simples sur toutes les sous-périodes composant la période, aboutit à la même valeur
acquise que celle obtenue en appliquant le taux i sur la période.
Soient :
i = taux annuel
p = le nombre de périodes dans l’année
ip = taux proportionnel par période
En plaçant le capital C0 à intérêts simples au taux ip pendant p sous-périodes, on obtient la
valeur acquise C0 ∗ (1 + p ∗ ip ).
En plaçant le capital C0 pendant une période au taux i, on obtient la valeur acquise
C0 ∗ (1 + i).
Par définition du taux proportionnel, il doit y avoir égalité de ces deux valeurs acquises,
donc C0 ∗ (1 + p ∗ ip ) = C0 ∗ (1 + i).

Puisque C0 ∗ (1 + p ∗ ip ) = C0 ∗ (1 + i)
On déduit 1 + p ∗ ip = 1 + i
D’où p ∗ ip = i

Konan Eugène KOUADIO 40 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

i
Et enfin ip =
p
i
Le taux proportionnel au taux i pour une période divisée en p sous-périodes est ip = .
p

ii. Taux équivalent ou actuariel


Le taux équivalent au taux i pour une sous-période est le taux qui, appliqué à intérêts
composés sur toutes les sous-périodes composant la période aboutit à la même valeur
acquise que celle obtenue en appliquant le taux i sur la période.
Notons :
i = taux annuel
p = le nombre de périodes dans l’année
ip = taux équivalent par période
En plaçant le capital C0 à intérêts simples au taux ip pendant p sous-périodes, on obtient la
valeur acquise C0 ∗ (1 + ip )p .
En plaçant la capital C0 pendant une période au taux i, on obtient la valeur acquise
C0 ∗ (1 + i).
Par définition du taux équivalent, il doit y avoir égalité de ces deux valeurs acquises, donc
C0 ∗ (1 + ip )p = C0 ∗ (1 + i).
Puisque C0 ∗ (1 + ip )p = C0 ∗ (1 + i)
On déduit (1 + ip )p = (1 + i)
1
D’où 1 + ip = (1 + i)p
1
Et enfin ip = (1 + i)p − 1
1
Le taux équivalent à i pour une période divisée en p sous-périodes est ip = (1 + i)p − 1.
Remarque :
1
i
On a toujours (1 + i)p < 1 + de sorte que le taux équivalent est toujours inférieur au taux
p
proportionnel (toute chose égale par ailleurs).
2.2.3. Obligations à taux fixes
a. Définition
Une obligation est un titre de dette qui matérialise l’engagement d’un emprunteur (société
ou Etat) envers un prêteur, avec les caractéristiques suivantes :
o nominal ou principal : montant emprunté ;

Konan Eugène KOUADIO 41 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o taux nominal, taux facial ou taux de coupon : taux d'intérêt ;


o échéance ou maturité : durée de l’emprunt obligataire ;
o prix d'émission, qui peut différer du nominal ;
o valeur de remboursement, qui peut différer du nominal ;
o coupons : modalité de paiement des intérêts ;
o amortissement : modalité de remboursement du capital.
Lorsque l’émission ou le remboursement se fait à la valeur nominale, c’est une émission ou
un remboursement au pair.
Les principaux types de remboursement sont :
o zéro-coupon : paiement du capital et des intérêts à la maturité ;
o remboursement in fine : paiement des intérêts à la fin de chaque période et un
remboursement du capital en totalité à la maturité ;
o remboursement par annuités constantes : paiement à chaque période de la même
somme, constituée du remboursement et de l’intérêt.
b. Valorisation
Soit une obligation à taux fixe qui possède les caractéristiques suivantes :
V = valeur de l’obligation
N = nominal
c = Taux de coupon de l’obligation
C = coupon annuel servi au taux d’intérêt nominal (C = c*N)
R = valeur de remboursement de l’obligation
n = maturité de l’obligation
i = taux du marché
La valeur (ou le prix) de l’obligation est donnée par :
n
Ft
V=∑ , où Ft est le flux généré à la date t
(1 + i)t
t=1

Dans le cas d’une obligation in fine, le lien entre le taux de coupon de l’obligation et son prix
est donné comme suit en fonction du (des) taux du marché i et de sa maturité n :
𝑛
c∗N R
V=∑ +
(1 + i)t (1 + i)n
t=1

Il est supposé ici que le taux d’actualisation i reste constant dans le temps. Dans le cas

Konan Eugène KOUADIO 42 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

contraire, il faudrait utiliser successivement plusieurs taux d’actualisation.


En réalité, le taux d’intérêt est différent selon la maturité de l’obligation. Une courbe des
taux (ou structure par termes des taux d’intérêt) est la relation qui unit, à une date précise,
le taux de rendement interne (ou taux actuariel) d’une obligation à sa maturité.
Le taux de rendement actuariel représente le taux de rentabilité obtenu par l’acheteur de
l’obligation, s’il conserve l’obligation jusqu’à son remboursement. Ce qui suppose que les
intérêts versés soient réinvestis à ce même taux actuariel.
La courbe des taux la plus commune, et qui sert de référence à l’ensemble du marché
obligataire d’un pays donné, est celle des emprunts d’Etat.
La courbe des taux peut prendre cinq formes différentes en fonction des événements de
marché. La forme croissante est la courbe couramment obtenue, mais elle peut également
être quasi-plate, décroissante, décroissante sur le court terme, puis croissante, ou
croissante sur le court terme, puis décroissante.

Courbe des taux zéro coupon en France au 31/12/2016


3,50

3,00

2,50

2,00

1,50

1,00

0,50

0,00 100
1
4
7

19
10
13
16

22
25
28
31
34
37
40
43
46
49
52
55
58
61
64
67
70
73
76
79
82
85
88
91
94
97

-0,50

-1,00

Source : Institut des Actuaires de France

Généralement considéré comme un actif non risqué, l’obligation est pourtant soumise à
deux types de risques :
o le risque de défaut de l’emprunteur, qui se trouve dans l’incapacité d’honorer ses
engagements de payer les intérêts et/ou de rembourser l’obligation à l’échéance. La
valeur des obligations diminue donc lorsque le risque de défaillance de l’émetteur
augmente ;
o le risque de fluctuation du taux d’intérêt : la valeur des obligations à taux fixe
diminue lorsque les taux montent et augmente lorsque les taux diminuent. En effet,

Konan Eugène KOUADIO 43 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

le réinvestissement des coupons diminue le rendement du portefeuille en cas de


baisse des taux. En cas de hausse des taux, une vente avant terme de l’obligation
entraîne la réalisation d’une moins-value.
Remarque :
Le 14 décembre 2016, BOA Capital a lancé en partenariat avec BMCE Capital le premier
indice obligataire de référence pour le marché financier de l’UEMOA, dénommé WBI (West
African Econimic and Monetary Union Bon Index).
Cet indice accompagné de sous-indice servira à mesurer, par tranche de maturité ou
globalement, les performances des titres souverains, à taux fixe, ayant un encours
suffisamment significatif leur assurant une bonne liquidité.
c. Mesure du risque de taux : variation, sensibilité et duration
Se basant sur l’expression simplifiée de la valeur d’un titre à taux fixe en fonction du taux
d’actualisation unique r :
n
Ft
V=∑
(1 + r)t
t=1

La variation de la valeur pour une variation du taux d’actualisation est donnée par le calcul
de la dérivée première :
n
dV(r) Ft
= ∑ −t ∗
dr (1 + r)t+1
t=1

dV(r)
s’appelle la variation du titre.
dr
dV(r)
Notons − la variation approximative en pourcentage de V induite par une variation
dr
absolue de 1% de r.
n
dV(r) 1 t ∗ Ft
Nous obtenons la formule : S = − = ∗∑
Vdr V (1 + r)t+1
t=1

dV(r)
S=− s’appelle la sensibilité du titre. Elle est une mesure de risque de taux.
dr
∆V
La variation induite par une variation ∆r non infinitésimale du taux est alors appréciée
V
à l’aide de la relation approximative :
∆V dV(r)
= ∆r = −S∆r
V Vdr
Lorsque les flux sont tous positifs, la sensibilité de la valeur actuelle aux variations du taux
d’actualisation est nécessairement positive. Il en est bien sûr ainsi dans le cas des
obligations, dont la valeur de marche baisse quand les taux montent et réciproquement.

Konan Eugène KOUADIO 44 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

Elle représente le pourcentage de perte qu’enregistre la valeur du titre en cas de hausse


des taux de 1% (en valeur absolue).
1
En reprenant la formule de S et en mettant en facteur , on obtient:
1+r
n
1 t ∗ Ft
S= ∗∑
1+r V(1 + r)t
t=1

La duration du titre est donnée par :


n
t ∗ Ft
D=∑
V(1 + r)t
t=1

Elle s’interprète comme une durée moyenne. En effet, D est égal à la moyenne pondérée des
durées t correspondant aux différentes échéances. Le coefficient de pondération relatif à
Ft
l’échéance t est . Ce coefficient est égal à la contribution relative du flux Ft à la
V(1 + r)t
valeur V du titre, l’échéance t pesant d’autant plus lourd que le flux actualisé
Ft
correspondant est important.
(1 + r)t
La duration correspond donc à la position moyenne (centre de gravité ou barycentre) des
flux actualisés sur la flèche du temps.
La sensibilité et la duration d’une série de flux fixes sont donc reliées par la relation
D = S(1+r).
La sensibilité au taux d’un flux s’avère bien autant plus forte que sa durée moyenne est
élevée.
La sensibilité n’est applicable qu’aux flux fixes et n’a pas une utilisation en dehors de
l’évaluation du risque de taux.
Elle donne la sensibilité globale de l’instrument à une translation de la courbe des taux et
c’est seulement sous l’hypothèse de translation uniforme de la courbe des taux qu’on peut
généraliser cette sensibilité à des taux de diverses maturités.
Quelques propriétés de la sensibilité et de la duration :
o la sensibilité et la duration diminuent quand les taux augmentent : intuitivement, il
est clair qu’une hausse du taux d’actualisation réduit davantage le poids des flux
éloignés dans le temps que celui des flux rapprochés et de ce fait rapproche le centre
de gravité des flux actualisés ;
o dans la classe des titres à remboursement in fine, à durée donnée, la sensibilité et la
duration diminuent avec le taux facial (taux du coupon). En effet, le centre de gravité
des flux est d’autant plus proche de 0 sur la flèche du temps que le taux de coupon
est élevé.
Konan Eugène KOUADIO 45 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances
Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

CHAPITRE III : FONDAMENTAUX DE L'OPERATION D'ASSURANCE


3.1. COMPENSATION STATISTIQUE DES RISQUES
L’assurance a été établie de sorte que la perte pèse légèrement sur beaucoup plutôt que
lourdement sur peu. Le rôle de l’assureur revient à répartir sur tous les assurés les
conséquences des sinistres qui surviennent à quelques-uns. On parle de mutualisation des
risques.
3.1.1. Nécessité d’une mutualisation
Le principe fondamental de l’assurance repose sur la loi des grands nombres. Considérons
par exemple le risque associé aux dégâts qui peuvent être causés à un véhicule au cours
d’une année (vol, accident, vandalisme,...) Pour un individu donné, la perte financière
associée à un tel risque peut être représentée par une variable aléatoire. Avec une assez
forte probabilité, le véhicule ne subit aucun dégât, et la variable aléatoire représentant la
perte est donc nulle dans ce cas. Avec une probabilité très faible, le véhicule est volé ou
complètement détruit, ce qui représente une perte financière importante, mais peu
probable. De petits dégâts, représentant une perte moindre, possèderont une probabilité
plus importante. Globalement, ceci se traduit par le fait que l’espérance de la perte possède
une valeur faible en comparaison des pertes considérables qu’occasionnerait un dégât
sérieux.
Réduite à un seul contrat avec un assuré unique, l’opération d’assurance ne serait qu’un
pari pour l’assureur. En effet, la prime est certaine et connue d’avance. En l’encaissant,
l’assureur s’engage à verser une prestation dont il ignore le montant. Cette prestation n’est
versée que s’il y a sinistre. Elle est donc aléatoire. Si le risque ne se réalise pas l’assureur
fait un bénéfice au niveau du montant de la prime. Dans le cas où le risque se réalise, il fait
une perte importante, voire insupportable pour lui selon l’ampleur des dommages.
Pour une police d’assurance automobile tous risques couvrant l’assuré par exemple, la
garantie est illimitée par principe. Pour une prime de l’ordre de 1 200 000 F CFA, le sinistre
peut atteindre des milliards de francs CFA. Supposons par exemple que la voiture assuré
cale sur un passage à niveau et fait déraillé un train. L’assureur prendra en charge les
dommages au véhicule assuré, ceux subis par le train et les voies ferrées, mais aussi les
dommages causés aux chargements des rames. Ce qui peut atteindre facilement le milliard
de F CFA de dommages. Pour pouvoir payer ce sinistre, l’assureur doit avoir encaissé des
primes sur de nombreux contrats sur lesquels aucun sinistre n’est enregistré. En supposant
que l’assureur n’a connu qu’un seul sinistre de 1 200 000 000 F CFA par exemple,
l’assureur doit avoir souscrit au moins 1 000 contrats.
Pour que chaque opération d’assurance ne soit pas un pari entraînant la faillite de
l’assureur dès lors qu’un sinistre survient, l’assureur doit réunir un grand nombre
d’assurés de manière à ce qu’ils se compensent au sein d’une mutualité. Par ce mécanisme,
l’assureur transforme les aléas de chaque risque en certitude pour l’ensemble grâce à la

Konan Eugène KOUADIO 46 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

mutualisation. Il paie les indemnités à verser aux sinistrés avec les primes reçues de tous
les assurés.
C’est la loi des grands nombres qui permet à l’assureur de pouvoir organiser la mutualité
afin de pouvoir tenir son engagement.
3.1.2. Assurance et loi des grands nombres
Notons n le nombre d’assurés de la mutualité, πi la prime payé par le ième assuré et Xi la
prestation que peut recevoir un assuré i. La prestation Xi peut être nulle ou positive en cas
de sinistre. C’est donc une variable aléatoire.
n

L’assureur encaisse la somme connue d’avance ∑ πi


i=1
et
n

versera la somme des prestations aléatoires ∑ Xi


{ i=1
Le rôle originel de l’actuariat était de prévoir cette charge de prestation avec le maximum
de précision.
La question qui se pose est de savoir si la situation de l’assureur s’est améliorée par
rapport à celui qui n’aurait qu’un seul contrat. La loi des grands nombres affirme que la
mise en commun des risques permet de réduire les fluctuations financières.
Sous certaines conditions, plus on a un grand nombre d’observations d’un phénomène
statistique, plus la moyenne des observations se rapproche de la probabilité théorique
qu’un événement soit réalisé. Autrement dit, plus le nombre d’observations augmente, plus
la différence entre la fréquence observée d’un événement et la probabilité de survenance
de cet événement tend vers zéro.
De même, la différence entre la gravité moyenne (coût moyen d’une perte) observée d’un
événement et sa gravité espérée tend vers zéro lorsque le nombre d’observations
augmente. C’est-à-dire, plus le nombre de risques assurés est élevé plus l’incertitude sur le
montant total de prestations diminue et se rapproche de l’espérance mathématique :
n

E (∑ Xi ) qui n′ estpas une variable aléatoire.


i=1
Dans sa plus pure forme, le risque d’assurance tend à suivre une distribution binomiale où
on a seulement deux probabilités :
o p = on a un sinistre ;
o q = on n’a pas de sinistre.
Plus N est grand, plus la somme de N variables ayant une même distribution binomiale
tend à suivre une distribution normale. On peut donc plus facilement calculer une prime
d’assurance.

Konan Eugène KOUADIO 47 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

Pour que la mutualité des assurés réponde aux caractéristiques d’un portefeuille sain, elle
doit obéir aux conditions d’application de la loi des grands nombres. Les risques doivent
être identiques et indépendants les uns des autres. La loi des grands nombres est valable
pour des risques assez homogènes et assez indépendants.
Les risques sont homogènes s’ils sont de même nature (fréquence et intensité du risque de
même ordre) et de montants comparables. L’assureur doit donc effectuer une sélection des
risques qu’il accepte.
Exemple : Temporaire décès.
Capital en cas de décès : K = 10 millions FCFA, n = 10 000 assurés, p = 1% (probabilité de
décéder dans l’année). On note N le nombre de décès dans l’année.
Quelle est la loi suivie par N ?

Calculer E(N), V(N),  ( N) et donner un intervalle de N à 99,8%. Valeur correspondante de


𝒩(0,1) est 3,1.
Réponse :
N est le nombre de décès dans l’année. N suit une loi binomiale de paramètres :
(N, p). En effet on peut écrire :
n

N = ∑ Xi
i=1

Xi = 1 avec la probabilité p
Où { et
Xi = 0 avec la probabilité 1 − p
N est donc la somme d’une loi de Bernoulli.
E(N) = n ∗ p = 100
V(N) = n ∗ p ∗ (1 − p) = 100 × 0,99 = 99

σ(N) = √n ∗ p ∗ (1 − p) = √99 = 9,95


Intervalle de confiance de Nd à 99,8%, t = 3,1 :
N − E(N)
suit une loi Normale de paramètres (0,1). On sait que si la variable aléatoire
σ(N)
U suit 𝒩 (0,1) alors −3,1 ≤ U ≤ 3,1 à 99,8%
N − E(N)
Soit − 3,1 ≤ ≤ 3,1
σ(Nd )
−3,1 ∗ σ(N) ≤ N − E(N) ≤ 3,1 ∗ σ(N)
E(N) − 3,1 ∗ σ(N) ≤ N ≤ E(N) + 3,1 ∗ σ(N)

Konan Eugène KOUADIO 48 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

A.N :
100 − 3,1 ∗ 9,95 ≤ N ≤ 100 + 3,1 ∗ 9,95
100 − 3,1 ∗ 9,95 ≤ N ≤ 100 + 3,1 ∗ 9,95
69,16 ≤ N ≤ 130,85
Il y a 99,9% de chance que N appartienne à l’intervalle [69; 131].
30,85
L’incertitude relative sur le nombre de décès est de = 31%.
100
On peut montrer que si on multiplie le nombre d’assurés par 100, l’incertitude relative est
de l’ordre 3,1%.
Un intervalle de confiance de N est toujours de la forme [E(N) − a; E(N) + a]. Avec un tel
intervalle, l’incertitude dans la détermination de N est de l’ordre de a.
On voit qu’en multipliant le nombre d’assurés par 100, on a divisé l’incertitude relative par
10.
Plus généralement, si on multiplie le nombre de risques par a, l’incertitude absolue est
multipliée par √a et l’incertitude relative divisée par √a.
Lorsque les risques sont identiques et indépendants, la loi des grands nombres dit, sous
certaines conditions, que le montant aléatoire des prestations à payer par l’assureur peut
être d’autant mieux prévu que le nombre d’assurés est plus grand.
La loi des grands nombres permet donc de diminuer l’incertitude relative qui pèse sur les
comptes de l’assureur.
Quand l’assureur couvre un grand nombre d’assurés, il n’y aura pas trop de variation
relative dans le nombre de sinistrés estimé initialement.
Remarques :
L’impératif d’homogénéité, notamment sur la valeur des risques, exige que l’assureur fixe
un montant maximum qu’il peut garantir par risque pour rester dans les normes de ses
prévisions statistiques.
Si les risques assurés ne sont pas suffisamment nombreux, homogènes et indépendants
pour que l’assureur puisse prévoir correctement la somme des sinistres, en d’autres
termes, si la loi des grands nombres ne peut pas s’appliquer, l’assureur ne refuse pas pour
autant de souscrire le risque.
Pour assurer l’homogénéité de son portefeuille, l’assureur dispose de deux techniques, la
coassurance et la réassurance.
Lorsque le montant à garantir sur un risque dépasse la valeur moyenne des risques de son
portefeuille de contrats, l’assureur a deux possibilités. Soit il se contente de souscrire une
fraction du risque, le reste étant garanti par d’autres assureurs, soit il souscrit la totalité du

Konan Eugène KOUADIO 49 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

risque et place le montant excédentaire auprès d’un réassureur.


3.2. MOYENS DE NIVELLEMENT DU RISQUE
3.2.1. Coassurance
La coassurance consiste à partager le risque en un certain nombre de parts, égales ou non,
réparties entre plusieurs assureurs.
Dans cette opération, l’assuré est juridiquement lié à chacun des coassureurs. En effet, la
police unique est signée de chacun d’eux. Chaque coassureur est garant de la part qu’il a
acceptée, sans solidarité avec les autres coassureurs. Il en perçoit une prime
correspondante.
En pratique, les coassureurs choisissent l’un d’entre eux pour régler toutes les questions
avec l’assuré. Celui-ci, appelé apériteur, établit la police, les quittances, encaisse les primes
et les répartit entre les coassureurs. Il reçoit pour ce faire une commission d’apérition.
3.2.2. Réassurance
Selon les caractéristiques propres de son portefeuille de contrats, l’assureur va chercher à
se prémunir contre :
o le sinistre de montant exceptionnellement élevé (en distinguant les cas où le
montant maximum est connu ou inconnu) ;
o l’écart entre le résultat possible et le résultat attendu (mutualisation insuffisante ou
insuffisance de fonds propres) ;
o le risque de cumul.
Ainsi les entreprises d’assurance bâtissent-elles, en fonction des caractéristiques propres à
leur activité (début d’activité, branches pratiquées, …), leur programme de réassurance.
Celui-ci consiste en la combinaison de plusieurs traités de réassurance de différentes sortes
et de facultatives (accords ponctuels de réassurance pour certaines affaires ne rentrant pas
dans le cadre défini par les traités et nécessitant une couverture spéciale).
L’assureur, ou entreprise cédante, se réassure donc auprès d’une ou plusieurs entreprises
cessionnaires, ou réassureurs. Eux-mêmes peuvent rétrocéder une partie des risques qu’ils
ont pris en charge à d’autres réassureurs, qualifiés alors de rétrocessionnaires.
a. Définition
Un contrat de réassurance (ou traité de réassurance) est un contrat par lequel un
réassureur (cessionnaire) s'engage moyennant rémunération à prendre en charge tout ou
partie des risques garantis par un assureur (cédante).

Konan Eugène KOUADIO 50 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Une partie des primes


Primes

Contrat d'assurance Traité de réassurance


ASSURE ASSUREUR REASSUREUR

Prestations Une partie des prestations


et des commissions de
Remarques : réassurance

o Le seul responsable vis-à-vis de l'assuré est l'assureur ;


o Une affaire cédée par l'assureur constitue une acceptation pour le réassureur ;
o Lorsque le risque est cédé est 100%, on parle de fronting.
On distingue classiquement les traités de réassurance dits proportionnels des traités non
proportionnels.
b. Réassurance proportionnelle
L'assureur cède au réassureur une fraction des primes en échange de la prise en charge par
le réassureur d'une même fraction du montant des sinistres. Deux types de traités
proportionnels sont rencontrés :
o les traités en quote part ;
o les traités en excédent de plein.
i. Réassurance en quote part
C’est la forme la plus simple de la réassurance. Le réassureur prend en charge sur tous les
risques du portefeuille une proportion constante de ceux-ci. En échange de ce service, il
reçoit la même proportion de primes.
L’assureur cédant la même part sur des risques faibles et des risques plus importants, on
constate que le profil de portefeuille conservé par l’assureur est semblable :
o au portefeuille initial ;
o au portefeuille accepté par le réassureur.
Seul le niveau des engagements a été alors modifié.
Soit θ le taux de rétention du risque par l'assureur dans un traité de réassurance quote-
part.
π′′ (1 − θ)π′′

ASSURE ASSUREUR REASSUREUR

X (1 − θ)X
Avec un traité de réassurance proportionnelle, le sort de l'assureur et du réassureur sont
liés. Ils courent les mêmes risques, l'assureur prenant à sa charge une fraction θ de ces

Konan Eugène KOUADIO 51 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

risques et le réassureur une fraction (1 − θ).


L′ assureur cède une fraction (1 − θ) de l’ensemble des primes, soit ∶
n

(1 − θ) ∑ π′′
i=1
Il cède donc une fraction (1 − θ) du chargement de gestion inclus dans la prime
commerciale,
n

soit (1 − θ)g ∑ π′′ où g est le chargement de gestion.


i=1
Comme les frais de gestion de l'assureur ne sont pas diminués par la réassurance, il est
normal que le réassureur rembourse une partie des chargements cédés.
Il est donc d’usage que le réassureur reverse à l'assureur, une commission de réassurance
notée :
n

Cr (1 − θ) ∑ π′′ où Cr est le taux de commission de réassurance.


i=1
n

Si Cr = g, la commission de réassurance vaut (1 − θ)g ∑ π′′ .


i=1
Le réassureur rembourse exactement à l'assureur la fraction des primes commerciales
correspondant aux chargements de gestion.
ii. Excédent de plein (ou excédent de capitaux)
Le traité en excédent de plein peut s’appréhender comme une quote part appliquée risque
par risque. L’assureur définit pour chaque catégorie d’assurances son plein de
conservation. Le réassureur prend en charge uniquement la portion des risques dépassant
le plein de conservation dans la limite de la capacité du traité fixé en nombres de pleins
(plein de conservation et capacité donnent le plein de souscription). En échange de ce
service le réassureur reçoit, sur chaque risque concerné, la proportion de prime
correspondant à la proportion de capital accepté. En cas de sinistre, la répartition de
l’indemnité se fait à l’aide de la clé qui à servir à répartir les capitaux et la prime.
c. Réassurance non proportionnelle
Dans un traité de réassurance non proportionnel, le réassureur prend l’engagement de
prendre en charge le sinistre ou la perte à partir d’un certain seuil. En contrepartie, le
réassureur perçoit une prime pour compenser le risque qu’il prend.
Les traités non-proportionnels sont :
o les traités en excédent de sinistre
o les traités en excédent de perte

Konan Eugène KOUADIO 52 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

i. Réassurance en excédent de sinistre (Excess of loss)


L’excédent de sinistre est défini par une priorité ou franchise et un plafond. Le réassureur
prend en charge la partie de tout sinistre qui excède la priorité du traité et dans la limite de
la portée ou capacité du traité (différence entre le plafond et la priorité). Ce qui est traduit
par la notation : Portée XS Franchise (P XS F).
Cette notation signifie que dès que l’événement dépasse le niveau indiqué par la priorité, le
réassureur prend à sa charge ce qui dépasse ce niveau. Mais sa prise en charge sur cet
événement ne peut pas être supérieure à la portée.
Pour chaque sinistre X, le réassureur n'intervient que si X>F et dans la limite de la portée P.
Exemple. X=500 000, priorité =400 000, capacité =50 000
Le réassureur n'intervient que sur la fraction du sinistre qui excède la priorité c'est-à-dire
sur X-F = 100 000. De plus, il n'intervient que dans la limite de la portée c'est-à-dire qu'il
verse à l'assureur au maximum un montant P par sinistre. Dans l'exemple, il versera 50 000
à l'assureur.
Généralement, les plans de réassurance sont composés d’un empilement de plusieurs
traités en excédent de sinistres comportant plusieurs tranches où la dernière peut être
illimitée.
Le traité en excédent de sinistre existe sous deux formes : le traité en excédent de sinistres
par risque et le traité en excédent de sinistre par événement (ou catastrophe).
ii. Réassurance en excédent de perte annuelle
Le traité en excédent de perte annuelle prévoit l’intervention du réassureur lorsque la
charge annuelle globale de sinistres sur une branche donnée dépasse un seuil déterminé :
ce seuil est défini comme un montant (aggregate loss) ou comme un niveau
S S
(𝑠𝑡𝑜𝑝 𝑙𝑜𝑠𝑠). Ces traités ont également une portée limitée ( maximum).
P P

3.3. CADRE JURIDIQUE ET REGLEMENTAIRE


3.3.1. Contrat d’assurance
a. Définition
Le produit d'assurance est vendu par les entreprises d'assurance sous la forme d'un
contrat passé généralement entre l'assureur et l'assuré. Toutefois, ce contrat peut faire
intervenir d'autres parties, tant en ce qui concerne sa formation que son exécution. Comme
tout contrat, il exprime l'accord de volonté entre les différentes parties.
Avec Christian SAINRAPT3 on peut donner à l’assurance la définition suivante :
« L'assurance est une convention ou un contrat de caractère synallagmatique et aléatoire
selon les termes duquel une partie appelée assureur s'engage en échange du paiement
3 Christian Sainrapt, Dictionnaire Général de l'Assurance, Arcature, 91130 Ris-Orangis, 1996

Konan Eugène KOUADIO 53 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

d'une prime ou cotisation, unique ou périodique, à fournir à une autre partie appelée
assuré, une prestation spécifique en cas de survenance d'un événement déterminé tel que
décrit par le contrat »
On peut schématiser l’assurance comme suit :
Assuré

Paie la prime Contrat paie la prestation en cas de


survenance d’un sinistre
Assureur
b. Caractéristiques juridiques du contrat d'assurance
Le contrat d'assurance revêt les caractéristiques de diverses conventions prédéterminées
par le droit civil. C’est un contrat :
o synallagmatique : conférant à chacune des parties contractantes des droits et
obligations réciproques. L'assuré à l’obligation de payer la prime et l'assureur de
payer les prestations en cas de survenance du risque assuré.
o à titre onéreux : il n'est ni gratuit pour l'assureur, ni gratuit pour l'assuré. Il est
conclu moyennant une contrepartie financière réciproque.
o aléatoire : Ce caractère est celui qui particularise le contrat d'assurance. L'aléa
n'intervient pas pour l'assuré qui engage une dépense certaine (prime), prix de sa
sécurité, sans jamais pouvoir s'enrichir par le jeu de l'assurance. Ce qui est différent
de la position de l'assureur qui présente un risque de gain ou de perte
caractéristiques des contrats aléatoires.
o Successif : il se renouvelle en général chaque année. En tout état de cause, le contrat
d’assurance ne peut être annulé avec effet rétroactif mais simplement résilié, c'est-à-
dire, annulé pour l'avenir. Ce caractère successif constitue le fondement de la
divisibilité de la prime.
o solennel : il nécessite un écrit, un certain formalisme. Le document remis à l'assuré
est un moyen de preuve de l'accord intervenu, mais n'est aucunement une condition
d'existence d'un tel contrat ;
o consensuel : sa conclusion est parfaite dès l'accord des parties sur les
caractéristiques du risque garanti et sur le montant de la prime à payer. Mais ce
caractère tend à s'estomper du fait de l'exigence d'un écrit (article 7 du code des
assurances CIMA).
o d'adhésion : Les parties au contrat d'assurance ne définissent pas ensemble et à
armes égales les termes du contrat. Ceux-ci sont parfaitement connus de l'assureur.
Quant à l'assuré, il ne peut qu'y adhérer ou non.

Konan Eugène KOUADIO 54 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o de bonne foi : l'assureur a confiance en l'assuré. Aussi accepte-t-il d'établir le contrat


d'assurance sur la base des déclarations de celui-ci. En acceptant de payer la prime
en contrepartie de la promesse que lui fait l'assureur de régler les sinistres qui
pourraient survenir, l'assuré exprime également sa confiance en l'assureur. La
bonne foi est donc fondamentale pour la conclusion du contrat d'assurance.
c. Documents contractuels
Comme toute convention, le contrat d’assurance est parfait dès l’accord des parties sur son
objet et ses modalités. Même conclu verbalement, le contrat d’assurance pourrait engager
l’assureur et l’assuré, mais la preuve des engagements réciproques serait difficile à établir.
C’est pourquoi le législateur exige que les contrats d’assurances fassent l’objet d’un écrit :
Article 7 du code des assurances : « Le contrat d'assurance est rédigé par écrit dans la ou
les langues officielles de l'Etat membre de la CIMA en caractères apparents… ».
i. Notice d’information
L'assureur est tenu avant la conclusion du contrat de fournir une fiche d'informations sur
le prix, les garanties et les exclusions (article 6 du code des assurances).
ii. Proposition d’assurance
C’est un document écrit par lequel le futur souscripteur ou proposant demande à l’assureur
de garantir le risque dont les caractéristiques sont précisées. Dans la pratique, la
proposition est un pré-imprimé comportant des questions sur les caractéristiques du
risque nécessaires pour l’évaluation et la tarification par l’assureur. Il est établi par
l’assureur au proposant qui le remplit et le signe.
La proposition d'assurance n'engage ni l'assuré, ni l'assureur, seule la police ou la note de
couverture constate leurs engagements réciproques (article 6 du code des assurances).
iii. Conditions générales
Les conditions générales regroupent l’ensemble des dispositions communes à tous les
assurés pour un type de contrat. Elles décrivent les garanties proposées ainsi que les
obligations de l’assuré et de l’assureur.
L’article 8 du code des assurances prescrit les mentions obligatoires à faire figurer dans le
contrat d’assurance. Les conditions générales définissent en particulier les risques
couverts, les exclusions, les obligations des parties, les dispositions relatives aux sinistres
ainsi que les règles de compétence et de la prescription en cas de litige.
iv. Conditions particulières
C’est un document signé conjointement par l’assureur et l’assuré. Il est la preuve de
l’engagement des parties et partant de l’existence du contrat.
Les conditions particulières sont spécifiques à chaque assuré. Elles précisent la situation et
les choix de l’assuré (risque souscrit, renseignements concernant l’assuré, garanties

Konan Eugène KOUADIO 55 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

choisies, cotisation, durée du contrat…).


Elles peuvent comporter des clauses qui dérogent aux conditions générales, sauf aux
dispositions impératives d’ordre public imposées par la réglementation des assurances
(article 2 du code des assurances).
v. Note de couverture
C’est un document qui constate une garantie provisoire accordée par l’assureur et pour une
durée limitée, en attendant que le contrat définitif soit rédigé et signé.
vi. Attestation d’assurance
L’attestation d’assurance est un document remis à l’assuré et qui lui permet de justifier sa
couverture en cas de besoin. L’application la plus usuelle se fait en assurance automobile
où l’assurance est obligatoire. Pour ne pas avoir à circuler avec l’ensemble de son contrat,
l’automobiliste reçoit une attestation d’un format et au contenu réglementé qui lui permet
d’apporter la preuve de son assurance en cas de contrôle.
La détention d’une attestation d’assurance fait présumer la souscription d’une garantie
d’assurance, mais n'implique pas une obligation de garantie de la part de l'assureur, qui
peut faire valoir la nullité ou la résiliation en cas de non-paiement des primes et de fraude à
la souscription par exemple.
3.3.2. Définitions de quelques termes usuels
a. Assuré
C’est celui dont la personne ou les biens sont exposés au risque, c'est-à-dire qui a recours
au contrat d'assurance pour garantir sa vie, ses actes ou ses biens. C’est lui qui le plus
souvent paie la prime et reçoit les prestations en cas de survenance du risque.
Cette hypothèse est la plus simple car, la plupart du temps, trois personnes pouvant être
confondues, interviennent à la souscription et dans la vie du contrat :
o l’assuré, dont les biens ou la personne sont exposés au risque ;
o le souscripteur : C’est celui qui signe le contrat et s’engage envers l’assureur à payer
les primes ;
o le bénéficiaire : C’est celui qui perçoit la prestation en cas de réalisation du risque.
b. Assureur
L'assureur est celui qui s'oblige à payer la prestation prévue au contrat. L'assureur est, en
règle générale, une personne morale (société anonyme ou société à forme mutuelle ou
mutuelle), mais ce peut être aussi un groupement de personnes physiques, tel le Lloyd'S de
Londres.
En zone CIMA, la forme des entreprises d'assurance est définie par l'article 301 du code des
assurances qui précise : « Toute entreprise d'assurance d'un Etat membre … doit être

Konan Eugène KOUADIO 56 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

constituée sous forme de société anonyme ou de société d'assurance mutuelle ».


c. Prime ou cotisation
C'est le prix de l'assurance, la somme payée par l'assuré en contrepartie des garanties
accordées par l'assureur. La somme des primes émises au cours d’un exercice constitue le
chiffre d’affaires de la société d’assurance.
Prime et cotisation ont la même signification sauf que les sociétés par action ont adopté le
vocable prime alors que dans les mutuelles on lui a préféré cotisation.
L'échéance est la date à laquelle il faut payer la prime d'assurance. La prime peut être
unique et payée une seule fois ou périodique (annuelle, semestrielle, trimestrielle ou
mensuelle).
d. Police
La police d'assurance est le document contractuel qui constate l’engagement réciproque de
l’assureur et de l’assuré (ou souscripteur) et régit leurs relations. Elle constitue la preuve
matérielle du contrat passé entre l'assureur et l'assuré.
Elle est composée au moins des conditions générales et des conditions particulières et
avenants éventuels.
e. Avenant
Un avenant au contrat d’assurance est un acte juridique qui vient modifier les conditions et
les modalités des engagements qui figurent dans le contrat initial en accord avec les
parties (assureur, assuré, voir les bénéficiaires).
L'avenant, tout comme le contrat initial, doit être signé par toutes les parties au contrat, car
il représente une preuve de la modification du contrat.
f. Sinistre
C'est la réalisation de l'événement dommageable (incendie, décès, naufrage du navire, etc.)
qui a motivé la souscription du contrat d'assurance et susceptible d'entraîner la garantie de
l'assureur.
Pour les assureurs de responsabilité civile, il n'y a sinistre que si la victime réclame un
dédommagement au responsable assuré.
Toutefois, le code des assurances précise en son article 231 qu’« indépendamment de la
réclamation que peut faire la victime, l'assureur qui garantit la responsabilité civile du fait
d'un véhicule terrestre à moteur est tenu de présenter dans un délai maximum de douze
mois à compter de l'accident une offre d'indemnité à la victime qui a subi une atteinte à sa
personne ».

Konan Eugène KOUADIO 57 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

g. Dommage
Il s’agit d’une perte, d’une destruction, d’une atteinte corporelle, d’un manque à gagner. Le
dommage peut être de trois ordres :
o dommages matériels : dégâts causés à des immeubles, à des objets, à des substances
ou à des animaux ;
o dommages corporels : atteinte corporelle à la suite d'un accident, et leurs
conséquences ;
o dommages immatériels : tous les dommages autres que corporels ou matériels. Ils
désignent notamment les préjudices économiques, financiers et moraux. On
distingue habituellement :
 les dommages immatériels consécutifs qui sont ceux consécutifs à
un sinistre causant un dommage matériel ou corporel garanti ;
 les dommages immatériels non consécutifs qui sont, soit ceux qui font suite à un
dommage matériel ou corporel non garanti, soit ceux qui surviennent en
l'absence de tout dommage matériel ou corporel.
h. Contrat collectif ou contrat groupe
C’est un contrat d’assurance souscrit par une personne morale, ou par un chef d’entreprise,
qui a alors la qualité de souscripteur, au profit d’un groupe d’adhérents et de leurs
éventuels bénéficiaires. Il doit exister un lien de même nature entre les adhérents et le
souscripteur.
Le contrat d’assurance pourra être modifié entre le souscripteur et l’assureur, sans avoir à
solliciter l’accord individuel des adhérents.
i. Intermédiaires
Les intermédiaires sont des personnes physiques ou morales qui présentent les contrats
d’assurance au public. Au nombre des intermédiaires figurent :
o l’agent général : C’est une personne physique ou morale nommée au travers d’un
traité par la compagnie pour être son mandataire auprès des assurés. Les rapports
entre l’assureur et son agent général sont régis par la règle d’exclusivité qui oblige
l’agent général à réserver l’exclusivité de sa production à l’assureur qui l’a nommé ;
o le courtier d’assurance ou assureur conseil : Il peut être une personne physique ou
une personne morale. C’est un commerçant qui exerce son activité en dehors de tout
lien d’exclusivité contractuelle avec une ou plusieurs entreprises d’assurance.
Mandataire de ses clients, en cas de faute, il engage en principe sa responsabilité
professionnelle ;
o le mandataire non salarié : Entre dans cette catégorie la personne physique non
salariée ou personne morale, autre qu’agent général d’assurances, mandatée par une

Konan Eugène KOUADIO 58 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

entreprise d’assurances avec ou sans lien d’exclusivité contractuelle.


L’activité d’intermédiaires d’assurances est réglementée par le code des assurances des
Etat membres de la CIMA en son livre V.
Pour vendre des contrats d’assurance, le courtier a l’obligation de disposer d’un agrément,
de souscrire une assurance de responsabilité civile professionnelle et de justifier d’une
garantie financière auprès d’une banque ou d’une société d’assurance.
L’agent général ou le mandataire non salarié doit, préalablement à la présentation des
opérations d’assurances, disposer d’une carte professionnelle délivrée par le Ministre en
charge du secteur des assurances. Comme le courtier, l’agent général doit justifier
également d’une garantie financière.
Les agents mandataires et les personnes habilitées à présenter des opérations d’assurance
dans les guichets des banques, établissements financiers, institutions de micro finance
agréées, les caisses d'épargne et la poste doivent disposer d’une carte professionnelle
délivrée par le Ministre en charge des assurances.
3.3.3. Typologie des garanties en assurance
On distingue fondamentalement deux catégories d’assurances selon l’objet sur lequel porte
le risque : les assurances dommages et les assurances de personnes.
a. Assurances dommages
Elles ont pour but d’indemniser l’assuré contre les pertes ou les dommages subis par ses
biens. L’assureur de dommages garantit, sous les conditions du contrat, qu’après
survenance du sinistre, le patrimoine de l’assuré sera reconstitué en valeur comme si le
sinistre n’avait pas eu lieu.
Les assurances de dommages reposent sur le principe indemnitaire.
Elles se subdivisent en deux grandes catégories :
o les assurances de choses qui garantissent les biens appartenant directement à
l’assuré ;
o les assurances de responsabilités civiles qui garantissent les dommages que l’assuré
ou les personnes dont il répond pourraient causer à d’autres personnes. Tout fait
quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer (article 1382 du code civile).
b. Assurances de personnes
Elles ont pour objet le versement de prestations forfaitaires en cas d’événement affectant la
personne même de l’assuré. Les assurances de personnes se subdivisent également en deux
grandes catégories :
o si le risque est la maladie ou l’accident on parle d’assurance dommage corporel ;

Konan Eugène KOUADIO 59 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o si le risque est la survie ou le décès, on parle d’assurance vie.


Le principe indemnitaire ne s’applique pas dans le cas des assurances survie ou décès mais
s’applique en cas de maladie.
En assurance vie, la prestation est forfaitaire dans la mesure où le montant versé, le cas
échéant, par l’assureur est fixé au contrat. L’idée du principe forfaitaire est que la vie
humaine n’a pas de prix.
3.3.4. Typologie des sociétés et principe de spécialisation
La réglementation des assurances en zone CIMA distingue deux grands ensembles
d’opérations d’assurances directes :
o les opérations d’assurances dommages de toutes natures (y compris la maladie et
l’accident), communément désignées sous le terme Incendie, Accident et Risques
Divers (IARD) ou d’assurances non vie (1) ;
o les opérations d’assurances vie (2).
Le législateur, dans le but de protéger les intérêts des assurés relevant d’engagements de
nature très différente, a interdit à une même entreprise de pratiquer à la fois des
opérations d’assurances relevant de la rubrique 1 et celles relevant de la rubrique 2.
Les entreprises d’assurance, qu’elles aient le statut de société anonyme ou de société
d’assurance mutuelle ne peuvent donc prendre que l’une des formes suivantes :
o les sociétés d'assurance vie et capitalisation, appelées sociétés vie ;
o les sociétés d'assurance non vie IARD ou sociétés dommages.
La raison de cette spécialisation tient au fait que le contrat vie court le plus souvent sur une
longue période et les contrats dommages sont le plus souvent annuels. Il faut empêcher
que l’assureur paie les prestations dommages avec les primes des garanties sur la vie.
3.3.5. Répartition et capitalisation
Pour être en mesure de tenir son engagement de payer aux assurés les prestations prévues
dans les contrats, l’assureur utilise deux techniques de gestion : la répartition ou la
capitalisation.
a. Technique de répartition
Dans la gestion en répartition, la masse des primes payées par la mutualité des assurés au
cours d’une période donnée est répartie entre les sinistrés. La gestion de la mutualité se fait
donc par année d’assurance.
Peuvent être gérés selon la technique de répartition, les risques présentant les
caractéristiques suivantes :
o le risque doit être constant : constance de la probabilité de réalisation, si la
probabilité de réalisation peut connaître des variations saisonnières, elle reste

Konan Eugène KOUADIO 60 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

sensiblement identique au cours d’une période de temps ;


o la constance de la prime : les risques sont couverts moyennant une prime constante
pour une courte période, l’année en général ;
o l’indemnisation est quasi immédiate et se fait en un versement unique.
Ce schéma idéal de la répartition ne se rencontre qu’exceptionnellement (les caisses de
sécurité sociales étatiques en général). Dans la pratique des reports de ressources et de
charges sont effectués entre les exercices :
o pour les contrats allant au-delà de la fin de l’exercice, l’assureur doit affecter à
l’exercice suivant la part de prime de la période restant à courir pour lui permettre
de tenir ses engagements.
o si certains sinistres peuvent être payés immédiatement (dommages matériels,
maladie, etc.), la liquidation d’autres sinistres peut prendre du temps (pollution,
accident corporel,…). Pour pouvoir payer ces sinistres en suspens, l’assureur doit
constituer des provisions.
b. Technique de capitalisation
Certaines catégories d’assurances ne peuvent pas être gérées à l’intérieur d’une mutualité
annuelle. Les engagements y relatifs sont de long terme. Ils peuvent porter sur un aspect
d’épargne plutôt que de risque et le risque lui-même varie tout au long de la durée du
contrat. La probabilité de décès par exemple augmente avec l’âge de la personne assurée au
fur et à mesure que sa probabilité de survie lui décroit.
Le risque étant variable, la prime devrait en principe varier d’une année sur l’autre. Ce qui
serait commercialement difficile à faire accepter par l’assuré. Il est peu agréable pour lui,
pour une couverture en cas de décès, de se voir réclamer une prime plus élevée chaque
année sous prétexte que sa probabilité de décès augmente régulièrement. Au lieu donc
d’une prime variable, l’assureur uniformise la prime en demandant à l’assuré un montant
constant ou moyen. On parle alors de nivellement de la prime. Ce qui signifie qu’à certains
moments l’assuré paie une prime supérieure au montant correspondant à son risque et
qu’à une autre période il paie une prime inférieure à ce qu’il devrait acquitter compte tenu
de la nature de son risque. Ainsi, lorsque le risque croit avec l'âge, l'assureur doit mettre de
côté une fraction des primes des premières années pour compenser l'insuffisance de la
prime nivelée en fin de contrat (provision mathématique).
Pour réaliser l'équilibre de ses recettes et de ses dépenses l'assureur doit effectuer :
o une compensation individuelle (contrat par contrat dans le temps) : L'assureur
provisionne le trop perçu des premières années, et comme il s'agit des sommes
importantes et d'un nombre élevé d'années, il doit créditer ce dépôt d'un intérêt. Les
excédents ainsi provisionnés combleront en fin de contrat l'insuffisance de la prime
moyenne ;

Konan Eugène KOUADIO 61 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o soit une compensation collective : Au sein d'une collectivité dont l'âge moyen varie
peu, l'assureur répartit la charge du groupe au prorata des capitaux assurés, ce qui le
conduit à réclamer une prime plus élevée pour les éléments les plus jeunes du
groupe et une prime moins élevée pour les éléments les plus âgés du groupe.
3.4. CADRE COMPTABLE ET REGIME FINANCIER DES ENTREPRISES
D’ASSURANCE
Les activités de la société d’assurance s’exercent dans un cycle de production inversé. Elle
encaisse les primes avant de fournir les prestations, longtemps après, si le risque assuré se
réalisait. Contrairement à une entreprise classique, la société d’assurance ne connaît donc
pas son prix d’achat (le montant des sinistres qui surviendront) au moment où elle fixe son
prix de vente (le montant de la prime payée par les assurés).
La gestion comptable et financière de l’entreprise d’assurance exige par conséquent qu’elle
soit toujours en mesure de tenir ses engagements envers les assurés et bénéficiaires de
contrats.
Aussi, pour assurer la protection des assurés et bénéficiaires de contrats, le Législateur a
enserré les opérations d’assurances dans un ensemble de réglementations en vue de
garantir une plus grande sécurité.
La société d’assurance se voit donc imposer un cadre comptable et un régime financier qui
visent sa sécurité financière et sa solvabilité. En effet, il est important de s’assurer que la
société est solvable actuellement et qu’elle le restera jusqu’à ce qu’elle ait fini de remplir
ses engagements en cours.
Les règles régissant la comptabilité et le régime financier particuliers applicables aux
sociétés d’assurance sont édictées par les Livre IV et Livre III, Titre III du code des
assurances CIMA.
3.4.1. Principes généraux
L'information la plus complète et la plus fiable d’une entreprise est donnée par la
comptable. Pour ce faire, elle doit répondre à des normes et fournir une image fidèle de
l’activité.
Du fait de son cycle de production inversé qui induit des risques particuliers, le législateur
a défini un plan comptable spécifique qui fixe les normes d’enregistrement des différentes
opérations résultant de l’activité des sociétés d’assurance. En plus des états de synthèse
annuels classiques, les entreprises d’assurance doivent établir des états statistiques
d’analyse portant sur les différents aspects de leurs activités. L’ensemble du dossier
composé de ces éléments, complétés par des informations administratives et des rapports
sur la gouvernance, sont transmis annuellement aux autorités de contrôle. Il sert de base au
contrôle sur pièces.
La réglementation des assurances a adopté l’approche du prix d’achat ou coût historique

Konan Eugène KOUADIO 62 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

pour l’évaluation des éléments d’actifs.


En ce qui concerne l'objectif de restitution d'une image fidèle, il faut retenir que l'assurance
a une comptabilité dite de « droits constatés », ce qui veut dire qu'elle enregistre dès leur
naissance les engagements donnés, et qu'au surplus elle doit pouvoir montrer que
l'assureur est en état de faire face à ces promesses.
En ce qui concerne le passif, la nature aléatoire des engagements de l'assureur, ainsi que
leur durée parfois très longue, sont deux caractéristiques qui peuvent complexifier l’arrêté
des chiffres. En effet, s’il est facile d'enregistrer le montant d'un paiement effectué, il est
beaucoup plus difficile d'évaluer des paiements futurs lorsque l'événement qui les
provoquera est incertaine et que les montants sont entachés d'aléas. Pour apporter la
preuve que les engagements seront tenus, il faut pouvoir anticiper à la fois les charges
futures et les recettes futures. Pour ce faire des techniques actuarielles spécifiques doivent
être utilisées, avec un souci de prudence et une nécessité de transparence pour le choix des
hypothèses.
La difficulté de la tâche et sa technicité peu accessible est à la base de l'intervention du
contrôle sous la surveillance de l'Etat.
3.4.2. Inversion du cycle de production et traduction comptable de l’opération
d’assurance
Comme toute entité économique, un assureur est tenu de retracer ses opérations sous
forme d’une comptabilité dont l’un des aspects est d’être patrimonial. Lors de chaque
arrêté des comptes, il faut recenser l’ensemble des actifs et des passifs de l’assureur. La
différence constitue sa richesse propre (capitaux propres ou situation nette). Le tout est
représenté sous forme d’un bilan.

Actif Passif
A = Valeurs de ce que la société Situation nette = A-B
possède (immeubles, obligations,
B = Valeurs des dettes
actions, trésorerie)
Total Bilan Total Bilan

L’inversion du cycle de production modifie dans une certaine mesure la perception du bilan
de la société d’assurance. Le bilan montre comment l’assureur couvre ses engagements
envers les assurés (les prestations à payer) par des placements en investissant les primes
fixées à priori et encaissées. L’actif d’une entreprise d’assurance est donc composé
essentiellement des placements effectués avec les primes collectées.
Le passif réel (dettes contractées envers les tiers) est constitué essentiellement des
provisions dites techniques, correspondant aux engagements contractés envers les assurés.
La situation nette est la différence entre actif et passif réel. Ce sont les fonds propres de
l’assureur. La situation nette doit être positive, sinon, l’entreprise est en situation de faillite
virtuelle ou insolvable (elle ne peut plus honorer ses dettes exigibles avec la trésorerie

Konan Eugène KOUADIO 63 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

disponible).
Les fonds propres s’accroissent avec les bénéfices et diminuent avec les pertes. Leur niveau
garantit donc, dans une certaine mesure, la solvabilité de l’assureur.
La variation de la situation nette sur une période (généralement année civile), appelée
exercice, forme le résultat de l’exercice. Le compte de résultat permet d’expliquer la
formation de ce résultat. Il est constitué de compte de charges et de produits. Le résultat de
l’assureur provient de la différence entre les produits de (essentiellement les primes
émises) et les charges (essentiellement les sinistres payés ou à payer).
En zone CIMA, le résultat de la société d’assurance est résumé au travers du compte
d’exploitation générale, qui permet de dégager le résultat d’exploitation, et du compte de
perte et profits qui, à partir du résultat d’exploitation, évalue les opérations hors
exploitation pour dégager le résultat patrimonial net.
3.4.3. Contrôle et régime financier des sociétés d’assurance
L’inversion du cycle de production fait que l’assuré, quand il paie sa prime, ne sait pas si
l’assureur sera en mesure de respecter son engagement ou pas. Il achète une promesse et
ne peut en général contrôler la solvabilité de l’assureur. Or, il existe un risque que
l’assureur fasse faillite et n’honore pas les engagements pris dans le cadre des contrats
souscrits par les assurés et déjà payés.
C’est pour lutter contre ces risques que les pouvoirs publics ont réglementé l’activité
d’assurance (existence d’une réglementation spécifique à cette activité, le code des
assurances CIMA) et soumettent les sociétés d’assurance à un contrôle permanent (assuré
par la Commission Régionale de Contrôle des Assurances dans la zone CIMA), de manière à
assurer le bon fonctionnement du secteur.
L’exercice de l’activité d’assurance est subordonné à l’obtention préalable d’une
autorisation administrative, l’agrément. Cet agrément peut être retiré à tout moment dès
lors que l’autorité juge que la société n’est plus apte à faire face à ses engagements.
L’objectif principal du contrôle est la sauvegarde des intérêts des assurés et bénéficiaires
de contrats.
Les éléments examinés par le contrôle constituent ce qui est convenu d’appeler les trois
piliers de la solvabilité des sociétés d’assurances :
o la suffisance des provisions techniques : les provisions techniques doivent être
prudemment calculées, suffisantes pour le règlement intégral des engagements
envers les assurés ou bénéficiaires de contrat (article 334 du code des assurances) ;
o la qualité des placements : les actifs admis en représentation des engagements de
l’assureur doivent être sûrs (pas de risque de dépréciation), liquides (faciles à
vendre en cas de nécessité), rentables et congruents (exprimés dans la même devise
que les engagements) (article 335 du code des assurances) ;

Konan Eugène KOUADIO 64 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o la marge de solvabilité : la société d’assurance se doit de disposer des fonds propres


de niveau suffisant, supérieurs en tout état de cause à un minimum réglementaire
exigé (article 337 du code des assurances).
3.4.4. Opérations d’inventaires et de fin d’exercice
a. Engagements envers les assurés : les provisions techniques
Les engagements de l’assureur envers les assurés au titre des contrats en cours qui n’ont
pas été réglés doivent être évalués au moment de l’inventaire. Ils sont inscrits au passif du
bilan sous le nom de provisions techniques.
Les provisions techniques généralement inscrites dans les comptes des sociétés
d’assurance de la zone CIMA et qui doivent être couvertes par des placements sont :
i. Sociétés d’assurance dommages (article 334-8 du code des
assurances) :
o provision pour risques en cours (PREC) : provision destinée à couvrir les risques et
les frais généraux afférents, pour chacun des contrats à prime payable d'avance, à la
période comprise entre la date de l'inventaire et la prochaine échéance de prime, ou
à défaut, le terme fixé par le contrat. L’article 334-10 du code des assurances pose
les principes de calcul de cette provision et fixe son montant minimum ;
o provision pour sinistres à payer (PSAP) : valeur estimative des dépenses en
principal et en frais, tant internes qu'externes, nécessaires au règlement de tous les
sinistres survenus et non payés, y compris les capitaux constitutifs des rentes non
encore mises à la charge de l'entreprise. Cette provision doit être évaluée dossier
par dossier (article 334-12 du code des assurances), inclure un chargement de
gestion (article 334-13 du code des assurances) et une estimation des sinistres
tardifs non encore déclarés.
L’assureur doit également constituer une provision pour annulation de primes (PAP), qui
n’est pas considérée comme un engagement réglementé. Elle vient corriger le chiffre
d’affaires de l’entreprise des émissions qui seront annulées dans le futur. Elle se calcule
statistiquement, à partir de l’historique des annulations du passé (Circulaire
N°00090/CIMA/CRCA/PDT/2006 du 14 juillet 2006).
Avec les nouvelles dispositions de l’article 13, qui interdisent la souscription de contrat
dont la prime n’est pas payée, cette provision devrait être sans objet à l’avenir.
On regroupe sous le vocable « provision de primes », la dotation au titre de la provision
pour risque en cours et de la provision pour annulation de primes.
ii. Sociétés d’assurance vie (article 334-2) :
o provision mathématique (PM) : différence entre les valeurs actuelles des
engagements respectivement pris par l'assureur et par les assurés (article 338 du
code des assurances) ;
Konan Eugène KOUADIO 65 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances
Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o provision pour participation aux bénéfices (PB) : montant des participations aux
bénéfices attribuées aux bénéficiaires de contrats (articles 81 et suivants du code
des assurances) lorsque ces bénéfices ne sont pas payables immédiatement après la
liquidation de l'exercice qui les a produits. Le code des assurances fixe un délai de
trois ans aux sociétés d’assurance pour les attribuer aux contrats.
b. Notions comptables de prime
i. Primes acquises
La notion de prime acquise peut être mise en exergue au niveau du compte d’exploitation
générale ou des états statistiques (états CIMA) :
o Primes acquises à un exercice comptable : Elle ressort du compte d’exploitation
générale et résulte de la correction des émissions nettes d’annulations par la
variation des provisions de primes :
Primes acquises comptables = Primes et accessoires, nets d’annulation (tous
exercices) + PREC et PAP à l’ouverture de l’exercice-PREC et PAP à la clôture.
Les primes acquises à un exercice comptable ressortent au crédit du compte
d’exploitation générale sous la rubrique « primes de l’exercices ». Elles sont
rapprochées des prestations et frais de l’exercice pour déterminer le taux de
S
sinistres à primes, noté , de l’exercice comptable.
P
o Primes acquises à un exercice de compétence ou de référence : On parle aussi de
primes acquises statistiques, elles sont obtenues à travers le tableau A de l’état
statistique C10b. Elles sont calculées comme suit :
Primes acquises à un exercice de compétence =Primes reportées de l’exercice
précédent + Primes payables d’avance émises dans l’exercice + primes payables à
terme échu + primes à émettre – PAP de l’exercice courant et primes à reporter de
l’exercice courant.
ii. Primes acquises et non émises (PANE)
Ce sont des primes qui auraient dû être émises au cours de l’exercice et qui ne le seront
effectivement qu’au cours de l’exercice suivant. Elles résultent de contrats dont les primes
sont calculées à partir d’éléments qui ne sont connus avec exactitude qu’à la fin de l’année :
masses salariales, chiffres d’affaires, …, et dont les déclarations ne parviennent à la société
d’assurance qu’au mois de janvier de l’exercice suivant. Elles peuvent aussi provenir des
omissions des centres de production ou des retards administratifs. Elles peuvent être
obtenues également au travers d’une évaluation statistique.
En tout état de cause, le montant définitif à comptabiliser devra tenir compte de la PREC, de
la commission d’acquisition et des éléments de cession en réassurance.

Konan Eugène KOUADIO 66 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

c. Notions de charge de sinistres


i. Définitions
La charge de sinistres représente le coût pour l’assureur de l’indemnisation des assurés.
C’est la somme des éléments suivants :
o règlements (sommes versées à l’assuré) ;
o provision pour sinistres à payer (PSAP) ;
o frais (frais divers de l’assureur pour la gestion des sinistres).
La charge de sinistres peut être calculée brute de recours ou nette de recours :
o recours : somme perçue des tiers responsables (subrogation de l’assureur dans les
droits de l’assuré indemnisé contre les tiers à l’origine du sinistre) ;
o prévisions de recours : estimation de la somme restant à recevoir des tiers
responsables.
De même, la charge de sinistres peut être calculée brute ou nette de réassurance :
o sinistres cédés : somme reçue de la part des réassureurs au titre des sinistres en
application des traités de réassurance ;
o part des réassureurs ou cessionnaires dans la provision pour sinistres à payer :
estimation de la somme restant à recevoir de la part des réassureurs au titre des
sinistres en application des traités de réassurance.
Le code des assurances prescrit la comptabilisation distincte :
o des PSAP brutes de recours et de réassurance ;
o des prévisions de recours ;
o de la part des cessionnaires dans les PSAP.
ii. Charge de sinistres de l’exercice comptable
Elle ressort au débit du compte d’exploitation générale. La charge de sinistres s’obtient en
ajoutant aux prestations et frais payés, nets de recours de l’exercice, la variation des
provisions de sinistres :
Charge de sinistres N = Prestations et frais payés, nets de recours en N + PSAP nets de
prévisions de recours fin N – PSAP nets de prévisions de recours fin N-1.
iii. Charge de sinistres d’un exercice de compétence
Il s’agit d’une charge de sinistres statistique, obtenue à travers le tableau F de l’état
statistique C10b :
Charge de sinistres = prestations et frais payés au cours des exercices précédents au titre
de l’exercice de compétence + prestations et frais payés dans l’exercice inventorié et se

Konan Eugène KOUADIO 67 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

rapportant à l’exercice de compétence + provisions pour sinistres à payer à la clôture de


l’exercice inventorié au titre des sinistres de l’exercice de compétence.
iv. Liquidation des sinistres : boni et mali de liquidation
Les boni/mali de liquidation sont la variation, pour un même exercice de survenance, de la
charge de sinistres entre deux dates de vision.
On parle de boni de liquidation lorsque la charge de sinistres d’un exercice de compétence
vue fin N-1 est supérieure à la charge de sinistre de cet exercice vue à fin N. Ce qui revient
au même de dire que la PSAP à fin N-1 est supérieure à la somme des règlements en N et de
la PSAP à fin N.
L’étude des boni et mali de liquidation des sinistres permet :
o d’apprécier ex post si les PSAP étaient suffisantes ou non pour éventuellement
corriger les méthodes de provisionnement ;
S
o de suivre l’évolution de la sinistralité ( ) par exercice de règlement.
P
La charge de sinistre d'un exercice comptable peut se décomposer ainsi :
Charge comptable = charge de l'exercice courant - boni/mali sur exercices antérieurs.
d. Ratio combiné
Le ratio combiné est une composante essentielle pour appréhender la performance des
sociétés d’assurance. Il permet de mesurer la rentabilité technique de l’activité d'assurance.
Le ratio combiné s'obtient en calculant le rapport des prestations et frais de l’exercice et
des frais généraux sur les primes émises :
Charges de sinsitres de l′exercice Commission + Autres charges
Ratio combiné = +
Primes acquises Primes émises
Ce ratio est très proche du résultat que l’on obtiendrait en adoptant un dénominateur
commun égal aux primes acquises.
Cette définition classique est discutable :
o la charge des sinistres se compare bien aux primes acquises ;
o par contre, dans les frais d’exploitation, les commissions sont calculées
proportionnellement aux primes émises, alors que les frais généraux de l’exercice
doivent être financés par les primes acquises.
Si le ratio combiné dépasse 100 %, cela signifie que les dépenses sont supérieures aux
recettes. L'assureur peut toutefois compenser ses pertes techniques par ses bénéfices
financiers (produit des placements disponibles entre le moment où sont encaissées les
primes et celui où les éventuels sinistres sont indemnisés).

Konan Eugène KOUADIO 68 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

3.4.5. Représentation des dettes privilégiées


En cas de mise en liquidation d’une société, ses actifs sont cédés pour régler les dettes
subsistantes.
Pour le cas particulier des sociétés d’assurance, leurs placements sont affectés par un
privilège général pour le règlement de leurs engagements envers les assurés et
bénéficiaires de contrats et certains autres engagements dits privilégiés. En cas de
liquidation, ces créanciers privilégiés sont remboursées avant les autres. Les créanciers
privilégiés en assurance sont les assurés, l’Etat et le personnel de la société. On désigne ces
engagements privilégiés sous les termes engagements réglementés.
Ainsi aux termes de l’article 334 du code des assurances, les engagements réglementés
dont les entreprises d’assurance doivent, à toute époque, être en mesure de justifier
l'évaluation sont les suivants :
o les provisions techniques suffisantes pour le règlement intégral de leurs
engagements envers les assurés ou bénéficiaires de contrats ;
o les postes du passif correspondant aux autres créances privilégiées (Etat,
personnel) ;
o les dépôts de garantie des agents, des assurés et des tiers, s'il y a lieu ;
o les provisions de prévoyance en faveur des employés et agents destinées à faire face
aux engagements pris par l'entreprise envers son personnel et ses collaborateurs.
Les engagements réglementés doivent à toute époque être représentés à l’actif par des
placements équivalents localisés dans le pays du risque. Ces placements doivent être sûrs,
liquides, rentables, congruents. Ils peuvent être localisés dans d’autres Etats membres de la
CIMA dans la quotité d’au plus 50 % des actifs représentatifs des engagements
réglementés.
Comme les autres actifs au bilan des sociétés d’assurance, le mode d'évaluation retenu par
la réglementation de la zone CIMA pour les placements admissibles est l’approche
comptable traditionnelle du coût historique. Elle présente l'avantage de ne pas prêter à
discussion, même si elle a l’inconvénient de ne pas suivre l'évolution des marchés, et
encore moins de l'anticiper. En moyenne, lorsque l'achat est ancien, on est en droit de
penser que le prix de vente des actifs sera supérieur à leur valeur comptable, c’est le cas
des actifs faisant l’objet d’une dépréciation comptable annuelle comme les immeubles par
exemple. Aussi, la réglementation ouvre la possibilité pour les sociétés d’assurance de faire
procéder à la réévaluation par une expertise de la valeur de tout ou partie de leurs actifs,
sous réserve de l’accord de la Commission Régionale de Contrôle des Assurances.
Les articles 335-1 et 335-4 du code des assurances définissent les classes d’actifs
admissibles pour la représentation des engagements réglementés et les limites de
détention par classe d’actifs et par émetteur (règles de limitation et de dispersion).

Konan Eugène KOUADIO 69 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

a. Règle de dispersion (article 335-4)

Types d'actifs Représentation maximale

5%, toutefois elle peut atteindre 10% pour les


Valeurs émises ou prêts obtenus par un titres d'un même émetteur à condition que la
même organisme valeur des titres de ce groupe d'émetteurs
n'excède pas 40% des engagements réglementés
Droits réels immobiliers d’une même
15%
société immobilière ou foncière
Actions non cotées émises par la même
2%
entreprise

Il faut ajouter qu’une entreprise d’assurance ne peut affecter à la représentation de ses


engagements réglementés plus de 50% des actions émises par une même société.
b. Règle de limitation globale (articles 335-1 et 335-2 du code des
assurances)

Représentation Représentation
Types d'actifs
minimale maximale

Valeurs d'Etat et
15% 50%
assimilés

Autres obligations
- 40%
et actions

Droits réels immobiliers - 40%

Prêts garantis par un


- 20%
Etat membre de la CIMA

Autres prêts garantis - 10%

Trésorerie (dépôts en 40% (société dommages)


10%
banque et espèce) ou 35% (société vie)

En plus des actifs définis ci-dessus, sont aussi admises en représentation des engagements
réglementés des entreprises d’assurance une proportion des arriérés de primes et des
avances sur contrats, les recours et les créances sur les réassureurs avec des limitations
fixées par les articles 335-2, 335-3 et 335-10 du code des assurances.

Konan Eugène KOUADIO 70 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

3.4.6. Marge de solvabilité


Aux termes de l’article 337 du code des assurances CIMA, les sociétés d’assurance doivent
justifier de l’existence d’une marge de solvabilité suffisante, relative à l’ensemble de leurs
activités. Il s’agit de s’assurer que la société d’assurance dispose de fonds propres
suffisants pour soutenir son activité et faire face aux imprévus inhérents à l’opération
d’assurance :
o insuffisance des tarifs résultant de frais généraux plus importants ou d’une
fréquence plus importante de sinistres que celle ayant servi à établir le tarif ;
o dépréciation des placements par suite de circonstances imprévues telles qu’une
crise économique ;
o insuffisances des provisions techniques par suite d’une inflation, de la survenance
d’un sinistre exceptionnel, d’une hausse de la base d’évaluation du sinistre comme le
SMIG en automobile par exemple ;
o réassurance défectueuse.
La marge de solvabilité d’une société d’assurance est constituée essentiellement par les
fonds propres de la société, après retraitement.
a. Eléments constitutifs de la marge disponible
La marge de solvabilité est essentiellement constituée de la somme des éléments suivants :
o capital social effectivement versé (ou fonds d’établissement) ;
o 50 % du capital (ou fonds d’établissement) non versé ;
o réserves libres de toute nature ;
o bénéfices reportés ;
o déduction des actifs incorporels ;
o titres subordonnés (considérés comme des « quasi – fonds propres »), admissibles à
hauteur de 50 % de la marge de solvabilité, dont 25 % seulement pour les titres à
durée indéterminée ;
o sur autorisation de la Commission de contrôle, les plus-values latentes d’actif et de
passif.
b. Exigence minimale
En partant du niveau de l’activité de l’entreprise, qui ressort dans les provisions techniques
ou le chiffre d’affaires, le législateur a défini une marge minimale. Le calcul de la marge de
solvabilité minimale diffère selon la nature de l’activité de la société.
i. En assurance non-vie
L’exigence minimale est le plus élevé des deux résultats suivants :

Konan Eugène KOUADIO 71 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o Calcul basé sur les primes :


MS1 = 20 % ∗ primes émises de l’exercice ∗ Max (50% ; taux de rétention)
Charge de sinistres nette de réassurance
Taux de retention =
Charge totale de sinistres
o calcul fondé sur les sinistres :
MS2 = 25 % * moyenne de la charge de sinistres nets de recours sur les trois derniers
exercices * Max (50% ; taux de rétention).
Le montant minimal de la marge de solvabilité est donc égal à Max(MS1 ; MS2 ).
En zone CIMA, au regard de la faiblesse des charges de sinistres, la méthode des primes
donne en général un résultat plus élevé.
ii. En assurance vie
L’exigence de marge de solvabilité des sociétés d’assurance vie se fonde sur le niveau des
provisions mathématiques :
MS = 5% * PM * Max (85% ; taux de rétention).
Provision mathématique nette de réassurance
Taux de retention =
Provision mathématique totale
Le montant obtenu devra être complété le cas échéant par le montant correspondant aux
garanties accessoires relevant des branches non vie (dommages corporels), calculées selon
les règles applicables aux assurances non vie.
La société est tenue de couvrir l’exigence minimale de marge de solvabilité avec les
éléments constitutifs, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’au retrait d’agrément.
Cependant, une couverture de 100% de la marge n’est pas un gage absolu de solvabilité,
une couverture beaucoup plus supérieure est recommandée. On fixe généralement la
norme à trois fois la marge minimale réglementaire.
3.5. MESURES DE L’ACTIVITE D’ASSURANCE
Trois indicateurs sont habituellement utilisés pour apprécier la position macroéconomique
du secteur de l’assurance :
o le volume du chiffre d’affaires ;
o la densité de l'assurance ;
o le taux de pénétration de l'assurance.
3.5.1. Volume des primes émises
L’économie mondiale a connu une nouvelle année de croissance modérée en 2015. Le
produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 2,5 % à l’échelle mondiale. Il y a eu une
amélioration dans les économies avancées, mais un ralentissement dans les marchés

Konan Eugène KOUADIO 72 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

émergents, ou de nombreux pays majeurs ont subi les conséquences de l’instabilité


politique et de la baisse des prix des matières premières. L’environnement
d’investissement est reste globalement difficile, compte tenu de l’incertitude entourant la
politique restrictive aux Etats-Unis et de la persistance de taux d’intérêt très bas dans les
économies avancées pour une année supplémentaire. A l’exception de certains marchés
émergents, l’inflation a été faible dans la plupart des pays, sous l’influence des bas prix des
matières premières.
Malgré cet environnement difficile, les primes originales émises vie et non vie ont cru de
3,8 % en pour se situer à 4 554 milliards de $ US (2 839 055 milliards de F CFA), ce qui
revient à une baisse de 4,2 % en termes nominaux par rapport à l’année précédente, due à
une dépréciation significative des monnaies face au dollar américain (USD).
Les primes originales émises en assurance vie dans le monde se sont élevées à 2 534
milliards USD en 2015 (1 579 746 milliards de F CFA), soit une baisse de 4,6 % en termes
nominaux mais une hausse de 4,0 % en termes réels après un gain réel de 4,3 % en 2014.
Le secteur mondial de l’assurance non-vie a de nouveau progressé en 2015, avec des
primes en hausse de 3,6 % en termes réels à 2 020 milliards USD (1 259 308 milliards de
F CFA), soit une croissance supérieure à aux 2,4 % enregistres en 2014. Toutefois, en
termes nominaux (USD), les primes ont cédé 3,8 % à la suite de dépréciations des
monnaies locales face au dollar.
La part de l’Afrique dans l’assurance mondiale reste marginale avec une émission d’environ
70 milliards de $ US, soit environ 43 639 milliards de F CFA. Ce qui représente 1,41% du
volume mondial des primes émises du secteur. La production africaine est dominée par
l’Afrique du Sud qui représente à elle seule 72% de la production avec un niveau
d’émissions qui se situe à 51 milliards de $ US, soit environ 3 430 milliards de F CFA.
Les principaux indicateurs de la zone CIMA au cours de l’exercice 2015 se présentent ainsi
qu’il suit :
o l’activité globale du marché est marquée par la progression du chiffre d’affaires qui
passe de 940,33 milliards de F CFA en 2014 à 1 030,12 milliards de F CFA, soit une
progression de 9,5%. Ainsi, après vingt et un (21) années d’exercice, la production
de la zone CIMA a augmenté de 350,4% passant de 228,71 milliards de F CFA en
1995 à 1 030,12 milliards de F CFA en 2015, soit une progression annuelle moyenne
de 7,8% ;
o les primes émises s’élèvent à 734,62 milliards de F CFA en assurances non vie contre
670,80 milliards de F CFA en 2014, soit un accroissement de 9,5%. En assurances vie
et capitalisation, elles se chiffrent à 295,49 milliards de F CFA (représentant 28,7%
de la production globale) contre 269,53 milliards de F CFA en 2014, soit une
augmentation de 9,6%.

Konan Eugène KOUADIO 73 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

3.5.2. Densité de l’assurance


La densité de l'assurance est la part du revenu consacré annuellement par un habitant d'un
pays pour sa consommation d'assurance (production d’assurances rapportée à la
population totale).
Pour l’exercice 2015, la prime par tête est de 6 319 F CFA en zone CIMA. Elle est faible
comparativement à la moyenne mondiale qui est de 621 $ US (387 144 F CFA), à celle de
l’Afrique du Sud estimée à 843 $ US (525 543 CFA), de l’Ile Maurice 589 $ US (367 194
CFA), de la Namibie 373 $ US (232 536 CFA) et du Maroc 91 $ US (56 731 CFA ).
Cet indicateur doit être manipulé avec précaution du fait de sa sensibilité au nombre
d'habitants d’un pays et à la nature des risques.
3.5.3. Taux de pénétration de l’assurance
Le taux de pénétration de l'assurance dans une économie est la part que représente ce
secteur dans le PIB (Produit Intérieur Brut). Plus particulièrement, c’est la part du PIB qui
sera allouée à l’achat du produit assurance.
En zone CIMA, le taux de pénétration reste très faible à environ 1,06% en 2015, au regard
des données observées sur d’autres marché : monde (8,12%), Afrique du Sud (14,69%),
Namibie (6,98%) Ile Maurice (6,43%), Maroc (3,05%), Kenya (2,98%) et Tunisie (1,91%).
3.5.4. Autres statistiques de la zone CIMA
Les entreprises du secteur de l’assurance emploient 7 166 salariés en 2015, dont 5 620
exerçant dans la branche non vie et 1 546 en assurances vie et capitalisation, contre 7 016
salariés en 2014.
Les intermédiaires (courtiers, agents généraux et autres) sont estimés à 2 346 agents, dont
1 233 en assurances non vie et 1 113 en vie et capitalisation.
La masse salariale distribuée est estimée à environ 87 milliards de F CFA en 2015, soit une
rémunération annuelle moyenne de 12 millions de F CFA par employé.
Les placements réalisés par l’ensemble des entreprises opérant dans l’espace CIMA
s’élèvent à 1 792,86 milliards de F CFA en 2015 contre 1 659,64 milliards de F CFA en
2014, soit une progression de 8,0%.
En assurances non vie, ils se situent à 766,23 milliards de F CFA en 2015 contre 718,69
milliards de F CFA en 2014, soit un accroissement de 6,6%.
En assurances vie et capitalisation, ils s’élèvent à 1 026,63 milliards de F CFA en 2015
contre 940,96 milliards de F CFA en 2014 soit une hausse de 9,1%.
Les dépôts bancaires dans l’ensemble représentent 37,4% du portefeuille des placements
vie et non vie.

Konan Eugène KOUADIO 74 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

CHAPITRE IV : INTRODUCTION A L’ACTUARIAT


4.1. TARIFICATION EN ASSURANCE NON VIE
4.1.1. Tarification simple
En assurance, la tarification répond à plusieurs enjeux :
o Prévoir à l’avance la probabilité de survenance et le montant des sinistres à
indemniser ;
o S’appuyer sur un historique de données statistiques suffisamment long et précis
pour fonder les prévisions ;
o Lutter contre l’antiselection et l’aléa moral ;
o Permettre à l’assureur de payer les frais généraux nécessaires à son bon
fonctionnement, et notamment la rémunération des apporteurs d’affaires ;
o Limiter le risque de ruine en prévoyant une marge de sécurité dans le tarif ;
o Rémunérer les actionnaires pour les fonds propres immobilisés ;
o Respecter les contraintes commerciales posées par la concurrence afin que les
variations de tarif soient acceptées par les assurés sans bouleverser la base de la
mutualisation.
a. Principe de calcul de la prime pure
La prime pure est le prix du risque. C’est le montant du sinistre moyen auquel devra faire
face l'assureur pour le risque couvert. Il s’agit du montant dont doit disposer l’assureur
pour dédommager (en moyenne) les assurés suite aux sinistres survenus, sans excédent, ni
déficit. La totalité des primes pures collectées sur l’ensemble des assurés en portefeuille
doit donc permettre à l’assureur de remplir ses obligations de garantie.
Soient :
o un ensemble homogène de N contrats d’assurances offrant quelque soit le contrat les
mêmes garanties en contrepartie d’une prime identique ;
o n le nombre de sinistres survenus pendant l’exercice ;
o 𝜋 la prime pure du contrat ;
o Xi le coût du sinistre pour le ième assuré, i = 1, … , N ;
L’assureur reçoit une prime pure globale égale à N ∗ π et le coût global des sinistres est
N

de ∑ Xi .
i=1

Selon le principe de la prime pure, la différence entre le coût global et la prime pure globale
est supposée nulle. On a alors :

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Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

N ∗ π = ∑ Xi
i=1

Ainsi, la prime pure entrainant un résultat technique nul pour l’assureur vaut :

∑N Xi si Xi > 0
i=1 X i
π= → E(Xi ) avec Xi = {
N
0 sinon
Cette équation s’interprète :
Prime pure = coût moyen par contrat dans le portefeuille.
n ∑Ni=1 X i
On peut aussi écrire π = ∗ .
N n
Ce qui s’interprète :
Prime pure = fréquence ∗ coût moyen, où :
n
fréquence = = nombre moyen de sinistres par contrat
N
et
N
∑i=1 Xi
coût moyen = = coût moyen par sinistre
{ n
Remarques :
o Lorsque la prime d’assurance est tout juste égale à l’espérance d’indemnité, on dit
que la prime est actuariellement équitable ou actuarielle. C'est le « juste prix » du
risque, c’est-à-dire le prix proportionnel au risque transféré ;
o C’est un résultat asymptotique : n doit être grand ;
o Cette approche ne marche que pour les risques indépendants, elle n’est pas valide
pour les catastrophes naturels ;
o Homogénéité des risques : nécessité de segmenter le portefeuille et établir un tarif
segmenté ;
b. Insuffisance de la prime pure : chargement de sécurité et prime de risque
Soit un portefeuille composé de n assurés et Xi une suite de variables aléatoires,
indépendants et identiquement distribués, de paramètres (𝜇, 𝜎 2 ) et décrivant le coût du
sinistre. Si l’assureur n’encaisse que la prime pure, le théorème de la limite centrale
implique que la loi du résultat d’exploitation
n

(nμ − ∑ Xi ) converge vers une loi Normale 𝒩 (0, nσ2 ), d’où :


i=1
n
1
P(déficit) = P [(nμ − ∑ Xi ) < 0] =
2
i=1

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En moyenne, l’assureur fait donc une perte une année sur deux.
Si l’assureur encaisse par police une prime πinf < μ, alors :
n
∑ni=1 Xi
P(déficit) = P [(nπinf − ∑ Xi ) < 0] = P [(πinf − ) < 0]
n
i=1

∑ni=1 Xi
P(déficit) = P [(μ − ) < μ − πinf ]
n

√n ∑ni=1 Xi √n
P(déficit) = P [ (μ − )< (μ − πinf )] ≅ 1
σ n σ
Pour améliorer sa solvabilité, l’assureur peut demander aux assurés un peu plus que le prix
du risque.
La prime de risque πr s’obtient par chargement (safety loading) de la prime pure. Le
chargement de sécurité ρ vient pour se faire s'ajouter à la prime pure. Il permet à l'assureur
de pouvoir résister à la volatilité naturelle des sinistres en corrigeant les écarts entre la
réalité observée et l’approximation induite par la loi des grands nombres. Le niveau du
chargement de sécurité dépend du principe de calcul de prime retenu par la compagnie.
Classiquement, le chargement de sécurité est exprimé sous forme d’un pourcentage de la
prime pure, de sorte que :
πr = (1 + ρ)π = (1 + ρ)E(X).
C’est le principe de l’espérance.
En reprenant notre modèle ci-avant, on a :

√n ∑ni=1 Xi √n
P(déficit) = P [ (μ − )< (μ − (1 + ρ)π)]
σ n σ
On sait que π = μ, donc :
√n ∑ni=1 Xi √n
P(déficit) = P [ (μ − )<− ρπ] = 0
σ n σ
Le chargement selon le principe de l’espérance est le plus simple, mais il n’apporte aucune
information sur les fluctuations de la distribution du coût du sinistre autour de sa
moyenne. Ce qui peut être dangereux pour l’assureur.
De même pour des sinistres dont le montant est constant, on s’attend à ce que la prime de
risque soit égale au montant du sinistre. Ce qui n’est pas le cas ici.
On pourrait donc lui préférer le chargement selon le principe de l’écart-type :
πr = π + ρσ(X)

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c. Détermination de la prime commerciale


Si l’assureur tarifait à la prime pure, il ne pourrait pas couvrir ses frais de fonctionnement,
à savoir :
o Frais d’acquisition (commissions à verser au réseau de distribution, frais des
services chargés de la conception des contrats, marketing et publicité) ;
o Frais de règlement des sinistres (frais des services chargés de la gestion des
sinistres, frais des contentieux et des recours) ;
o Frais d’administration (frais des services comptables, actuariat, juridique, direction
générale, etc.) ;
o Frais des placements (honoraires de gestion, frais de courtage)
L’assureur doit donc majorer la prime pure à l’aide des chargements nécessaires à la
couverture de ses frais de fonctionnement.
L’assuré paie donc une prime totale ou prime commerciale, qui est la somme de la prime
pure et des chargements :
Prime commerciale = prime pure + chargements
π′′ = π + CH
Les chargements sont calculés comme une proportion de la prime commerciale. Avec g le
taux de chargements, on obtient :
CH = g ∗ π′′ où g est le taux de chargements appliqué.
On peut ainsi écrire ;
π′′ = π + g ∗ π′′
π′′ − g ∗ π′′ = π
π′′ (1 − g) = π
π
π′′ =
1−g
4.1.2. Modélisation du montant cumulé des prestations
Dans les développements précédents, nous sommes partis de l’hypothèse que, en l’absence
d’erreurs de tarification, il était possible de déterminer la prime pure sous la forme :
Prime pure = Espérance (charge annuelle aléatoire des prestations d’un assuré).
En pratique, un assuré peut être à l’origine de 0, un ou plusieurs sinistres. La charge totale
aléatoire pour l’assureur est la somme des sinistres imputables à chacun des assurés. Elle
peut s’appréhender de deux manières :
o en distinguant les prestations dues à chaque assuré : modèle individuel ;

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o globalement, sans distinguer les assurés auxquels se rapportent les sinistres :


modèle collectif.
a. Modèle individuel
Considérons un portefeuille composé de na assurés. Le modèle individuel se place au
niveau de la police pour distinguer les prestations dues à chaque assuré i dans la charge
totale relative au portefeuille. Notons :
o Yij le coût du jème sinistre de l’assuré i, variables supposés indépendantes mais pas
forcément de même loi. Ce qui permet de tenir compte de l’hétérogénéité du
portefeuille et d’une éventuelle segmentation a priori ;
o Xi la charge annuelle pour l’assuré i, variable aléatoire positive ou nulle ;
o Ni le nombre de sinistres pour cet assuré.
Le montant cumulé (éventuellement nul) des sinistres payé à l’assuré i au cours de l’année
s’écrit alors :
Xi = Yi1 + Yi2 + Yi3 + … + YiNi
Le nombre Ni est une variable aléatoire, de même que les coûts Yij sont des variables
aléatoires. Autrement dit, les prestations versées sont la somme d’un nombre aléatoire de
sinistres, de montants eux-mêmes aléatoires.
La charge totale aléatoire pour l’assureur est la somme des sinistres imputables à chacun
des assurés. La charge totale des sinistres des na assurés du portefeuille de l’assureur dans
le modèle individuel, qu’on peut noter X ind , vaut alors :
na na Ni

X ind = ∑ Xi = ∑ ∑ Yij
i=1 i=1 j=1

Si les variables aléatoires Xi sont indépendantes, la prime unitaire est égale à l’espérance
de la charge totale de sinistre divisée par le nombre de contrats :
E(X ind )
π=
na
Ainsi, la prime pure demandée à chaque assuré pour couvrir la charge globale de sinistre
sur la période de garantie est égale à la moyenne, par contrat, du coût de sinistre.
b. Modèle collectif
Le modèle collectif ne prend plus les polices individuellement mais le portefeuille dans son
ensemble. On considère qu’il y a au cours de la période d’assurance un nombre aléatoire N
de remboursements de sinistres, on note Xi le ie remboursement, sans tenir compte de
l’assuré concerné. La charge globale de sinistres va être exprimée en fonction du montant
de chaque sinistre et non plus en fonction du montant total (éventuellement nul) des

Konan Eugène KOUADIO 79 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

sinistres générés par chaque police. Le modèle collectif voit le portefeuille comme un tout,
comme un collectif de risques.
Les coûts des sinistres touchant le collectif de risques sont modélisés par des variables
positives, indépendantes et de même loi. L’identique distribution des coûts dans le modèle
collectif s’explique par le fait qu’on ne cherche pas à savoir quelle assuré a causé le sinistre
et on supprime donc les différences de sinistralité existant entre les assurés du portefeuille.
En posant N = N1 + N2 + N3 + … Nna où na représente le nombre d’assurés. On peut
alors écrire :
na N

X coll = ∑ Xi = ∑ Yl
i=1 l=1

Remarque :
Le modèle individuel est équivalent au modèle collectif lorsqu’on représente la charge
annuelle des sinistres pour l’assuré i par :
Nl

Yl = ∑ Ylj
j=1

na na Ni N1 N na N
ind
X = ∑ Xi = ∑ ∑ Yij = ∑ Y1j + ⋯ + ∑ Ynaj = ∑ Yl = X coll
i=1 i=1 j=1 j=1 j=1 l=1

c. Décomposition fréquence-coût
Comme vu précédemment, démontrons dans le cadre du modèle du montant cumulé des
sinistres également que la prime pure est égale au produit de la fréquence probable par le
coût probable (moyen)des sinistres.
Si les variables Yij sont indépendantes entre elles pour tous i et tous j, identiquement
distribuées sachant Ni et si les variables Ni sont identiquement distribuées et
indépendantes entre elles pour tous i, alors on a :
na na Ni N

E (∑ Xi ) = ∑ ∑ Yij = E (∑ Yl )
i=1 i=1 j=1 l=1

na N N

E (∑ Xi ) = E (∑ Yl ) = E [E (∑ Yl |N)] = E[NE(Yl |N)]


i=1 l=1 l=1

na

E (∑ Xi ) = E[NE(Yl )] = E(N)E(Y) où Y suit la même loi que Yl .


i=1

Konan Eugène KOUADIO 80 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

Par conséquent, on a :
Prime pure = Espérance (charge annuelle aléatoire des prestations d’un assuré).
n
E[(∑i=1
a
Xi )] E(N)E(Y) N
π= = = E ( ) E(Y)
na na na
La prestation probable par assuré (prime pure) est le produit du nombre probable des
sinistres par assuré (ou fréquence probable) par le coût probable d’un sinistre.
Aussi :
π = E(Ni )E(Y)
On montre également que :
na N

V (∑ Xi ) = V (∑ Yl ) = E(N)V(Y) + V(N)[E(Y)]2
i=1 l=1

Cas particulier : Le nombre de sinistre sur un risque est distribué suivant une Loi de
Poisson de paramètre λ.
D’après les propriétés de la Loi de Poisson, N suit une Loi de Poisson de paramètre na λ avec
E(N) = V(N) = na λ.
Ainsi l’espérance et la variance de la charge de sinistres sur l’ensemble du portefeuille est
donnée par :
na N

E (∑ Xi ) = E (∑ Yl ) = E(N)E(Y) = na λE(Y) et donc la prime pure π = λE(Y).


i=1 l=1

na N

V (∑ Xi ) = V (∑ Yl ) = E(N)E(Y 2 ) = na λE(Y 2 )
i=1 l=1

Remarques :
Les hypothèses du modèle permettant d’obtenir ces caractérisations sont que les sinistres
Yi sont des variables indépendantes et identiquement distribuées et indépendantes des
variables N décrivant le nombre de sinistres :
o l’hypothèse d’indépendance entre les sinistres peut ne pas être vérifiée pour
certaines branches d’assurance comme l’assurance tempête, l’assurance inondation,
etc…, lorsque les sinistres sont causés par un même fait générateur ;
o sur une longue période, l’hypothèse de lois identiques pour les sinistres n’est pas
toujours valide. Il faut, par exemple, rajouter des coefficients d’actualisation qui
peuvent être compensés ou non par des effets d’inflation ;

Konan Eugène KOUADIO 81 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o l’hypothèse d’indépendance entre le nombre des sinistres et le montant des sinistres


peut également être remise en question dans certaines branches d’assurance,
comme c’est le cas en assurance dommage automobile. En effet, en zone rurale, la
fréquence des sinistres est plus faible, mais les coûts généralement plus importants.
A l’inverse en zone urbaine, les fréquences sont plus importantes, mais les coûts plus
petits. Il faut alors considérer des classes de polices homogènes en segmentant les
populations à risque ;
o les sinistres peuvent avoir des distributions discrètes ou continues. Pour les
données réelles il est plus naturel de supposer que les montants ont des
distributions continues, mais les distributions discrètes peuvent être utilisées
comme approximation dans le cas où il y a des arrondis monétaires. Mais NS , le
nombre de sinistres, est toujours discret.
4.1.3. Asymétrie d’information et tarification
La fréquence et le coût moyen des sinistres doivent être estimés à partir de l’historique des
observations sur les exercices antérieurs. Il est souvent nécessaire d’utiliser des modèles
statistiques, afin d’estimer les paramètres des lois usuelles suivies par les variables
aléatoires.
Cette estimation à priori de variables aléatoires est rendue difficile par l’asymétrie
d’information entre l’assureur et l’assuré :
o l’assuré a une meilleure connaissance que l’assureur de son profil de risque
(probabilité de survenance du sinistre) et ne le dévoile pas en général ;
o l’assuré peut modifier la probabilité de survenance d’un sinistre en modulant ses
efforts de prévention et de prudence (efforts futurs non dévoilés).
L’assureur fixant ses primes à priori (en vertu de l’inversion du cycle de production), il ne
peut pas tarifer en fonction d’informations ou d’efforts futurs que l’assuré ne lui a pas
dévoilés au moment de la souscription.
Remarques :
o la réticence ou la fausse déclaration intentionnelle entraîne la nullité du contrat sans
remboursement des primes (article 18 du code des assurances) ;
o la fausse déclaration non intentionnelle entraine la réduction proportionnelle de
l’indemnité versée (règle proportionnelle) ou la résiliation du contrat (article 19 du
code des assurances).
a. Antiselection et segmentation tarifaire
L'expression antisélection désigne les dysfonctionnements des marchés d'assurance qui
résultent de l'information cachée dont les assurés peuvent disposer sur leurs propres
risques et qui n'est pas accessible aux assureurs. L'assureur n'est alors pas en mesure de
différencier les primes en fonction du profil des risques. Les primes demandées refléteront

Konan Eugène KOUADIO 82 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

donc le coût moyen des sinistres des individus ayant souscrit le contrat en question.
Un phénomène d’anti-sélection apparaît lorsque les conditions d’assurance, le tarif ou le
mode de commercialisation conduisent à rendre la souscription plus attractive pour les
clients présentant un risque aggravé et moins attractive pour les clients présentant un
risque faible ou moyen.
En fixant un tarif moyen π pour l’ensemble des contrats, les bons risques subventionnent
les mauvais risques. Pour des individus à bas risque, c'est-à-dire dont le coût moyen des
sinistres est faible, la prime demandée apparaîtra élevée par rapport à la prime actuarielle
(ou prime pure), tandis qu'elle sera considérée comme relativement faible par les hauts
risques. En présence d'information cachée sur les risques, les hauts risques seront donc
particulièrement demandeurs d'assurance, d'où l'expression antisélection. Quant aux bons
risques, ils peuvent être conduits à demander moins d'assurance, voire même à annuler
totalement leur demande d'assurance.
Si un assureur concurrent parvient à distinguer les assurés et propose un tarif π1 < π pour
les bons risques et un tarif π2 > π pour les mauvais risques, les bons risques vont quitter le
premier assureur. Le premier assureur va voir la proportion de mauvais risques dans son
portefeuille augmenter, entraînant une sous-tarification et des résultats négatifs.
Si le premier assureur réajuste à la hausse le tarif moyen π sans parvenir à distinguer les
assurés, l’incitation des bons risques à le quitter va encore augmenter.
La question se pose donc de savoir comment segmenter la population assurable et quels
critères de tarification retenir, et comment construire la grille tarifaire résultant de ce
découpage, sachant que :
o présenter un seul tarif à tous les assurés induit des risques d’antisélection, qui
justifient la nécessité d’une segmentation la plus fine possible de la population
assurable ;
o plus le découpage est fin, moins les observations effectuées pour chacune des classes
de la grille tarifaire sont statistiquement significatives (la loi des grands nombres).
La construction d’une grille de tarification nécessite de définir des classes de risques
suffisamment homogènes. Pour cela, on dispose de deux types de variables (appelées
critères de tarification) :
o de variables exogènes observables de l’individu et des biens assurés, qui apportent
des informations relatives au risque (sexe, âge, activité professionnelle, catégorie de
véhicule, zone géographique du risque, etc…) ;
o des variables endogènes, qui apportent des informations sur les réalisations
individuelles passées du risque : ces informations sont obtenues en interrogeant
l’assuré, notamment dans le formulaire de déclaration du risque (article 7 du code
des assurances).

Konan Eugène KOUADIO 83 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

Ces données permettent de :


o proposer des tarifs ajustés à chaque type de population (ou segment de clientèles),
et non pas de manière globale ;
o choisir les variables de classification en fonction des tests de significativité
(régression de la sinistralité par les moindres carrés ordinaires) et des paramètres
utilisés par la concurrence.
b. Aléa moral et tarification avec franchise
Le fait d’être assuré influence le comportement en matière de risque. La prise en charge
des risques par l’assureur peut en effet diluer les responsabilités individuelles et
décourager la prévention. Quelqu’un qui est couvert par un contrat d’assurance maladie
par exemple sera enclin à se faire hospitaliser pour subir un traitement qui n’est pas
strictement nécessaire ou plus onéreux. Ainsi, à côté du risque normal assuré, naît un
risque supplémentaire, le risque ou aléa moral.
Plusieurs solutions s’offrent à l’assureur pour prévenir le risque moral :
o mettre en place des franchises en cas de sinistre, afin que les assurés aient une
incitation économique à limiter la fréquence des sinistres et aussi la fréquence de
déclaration (on parle de moralisation du risque) : le niveau des franchises doit être
fixé selon la nature de la garantie, en gardant un juste équilibre entre un montant
minimum (efficacité de l’incitation) et un montant maximum (acceptabilité par les
assurés) ;
o mettre en place un système de modulation des primes pour chaque assuré, afin
d’intégrer l’information sur la sinistralité passée dans la tarification et d’affiner la
prévision de la sinistralité future : en assurance automobile par exemple, des
coefficients de bonus-malus sont prévus et en assurance maladie les contrats
prévoient en général un réajustement automatique de la prime en fonction de la
sinistralité constatée.
Soit Xi , i = 1, … , n, le montant du ième sinistre. En cas d’application de franchise uniforme
de montant F, le coût du ième sinistre à charge de l’assureur vaut :
0 si Xi < F
{
Xi − F si Xi > F
Avantages de l’application d’une franchise :
o les sinistres d’un montant inférieur à la franchise ne sont pas déclarés à l’assureur,
limitant les frais de gestion ;
o l’assuré est incité à prévenir les sinistres (efficacité du point de vue de la lutte contre
l’aléa moral).

Konan Eugène KOUADIO 84 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Inconvénients de l’application d’une franchise :


o l’assuré n’est pas couvert à 100%, puisque le montant de la franchise reste à sa
charge après chaque sinistre (non optimalité du point de vue de l’aversion au risque
de l’assuré) ;
o la franchise diminue les indemnités versées par l’assureur et par voie de
conséquence les primes collectées.
Par rapport au calcul standard, l’application d’une franchise revient à évaluer la prime
pure selon le même principe fréquence ∗ coût moyen sous les réserves suivantes :
o la fréquence de sinistre reste identique, en supposant que les assurés déclarent tous
les sinistres, y compris ceux dont le coût est inférieur au montant de la franchise ;
o le coût moyen par sinistre est abaissé d’une certaine quantité qui dépend de 2
paramètres : d’une part de la répartition statistique des montants de sinistres Xi ,
d’autre part du montant de la franchise F.
4.2. EVALUATIONS DES PROVISIONS EN ASSURANCE NON VIE
4.2.1. Provision pour risques en cours
Elle est déterminée selon plusieurs méthodes :
o la règle réglementaire des 36% : Le montant minimal de la provision pour risques en
cours s'obtient en multipliant par le pourcentage de 36 % les primes ou cotisations
de l'exercice inventorié, non annulées à la date de l'inventaire, et déterminées
comme suit :
 primes ou cotisations à échéance annuelle émises au cours de l'exercice ;
 primes ou cotisations à échéance semestrielle émises au cours du deuxième
semestre ;
 primes ou cotisations à échéance trimestrielle émises au cours du dernier
trimestre ;
 primes ou cotisations à échéance mensuelle émises au cours du mois de
décembre.
Les primes ou cotisations à terme échu sont exclues du calcul. Les primes ou cotisations
payables d'avance s'entendent y compris les accessoires et coûts des polices.
o la règle du prorata temporis : En cas d'inégale répartition des échéances de primes
ou fractions de primes au cours de l'exercice, le calcul de la provision pour risques
en cours peut être effectué par une méthode de prorata temporis. La provision est
alors égale à la portion de la prime émise correspondant à la durée de garantie
restant due, calculée prorata temporis, multipliée par un coefficient de 72 %, selon la
méthode de calcul du code CIMA. Si la sinistralité et le taux de frais généraux
observés dans une branche donnent un coefficient supérieur à 72%, c’est ce ratio
Konan Eugène KOUADIO 85 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances
Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

réel que l’on utilise à la place de 72 %.


4.2.2. Provision pour sinistres à payer
a. Evaluation des sinistres déclarés
La PSAP est fondée sur le calcul dossier par dossier de la charge de sinistre restant à payer.
Dès la déclaration d’un sinistre (dans les cinq jours ouvrés selon le délai minimum
réglementaire), l’assureur ouvre un dossier et doit effectuer son évaluation en principal et
en frais, tant internes qu’externes, nécessaires au règlement du sinistre. Cette évaluation
est affinée régulièrement au cours de l’avancement du dossier. Si la méthode réglementaire
est l’inventaire permanent, les sociétés prévoient en général deux inventaires complets par
an pour une révision globale des dossiers de sinistres en vue de la mise à niveau des
provisions.
Pour chaque dossier, la différence entre l’évaluation totale et les règlements effectués
correspond au montant restant à payer. La somme de ces montants sur tous les dossiers de
sinistres non clos constitue la PSAP calculée selon la méthode dossier par dossier (méthode
réglementaire).
Par dérogation, l'entreprise peut, avec l'accord de la Commission Régionale de Contrôle des
Assurances, utiliser des méthodes statistiques (pour l'estimation des sinistres survenus au
cours des deux derniers exercices) :
o la méthode des cadences de règlement, qui repose sur l'idée que le rythme des
paiements, exprimé en pourcentage de la charge finale de sinistres, est stable d'une
année de survenance à l'autre. Dès lors, les paiements effectués suffisent à faire une
évaluation des provisions pour sinistres à payer ;
o la méthode du coût moyen, qui fait l'hypothèse que les coûts moyens des sinistres
sont prévisibles (évolution régulière, selon un indice externe etc.). Dès lors, il suffit
de multiplier le nombre de sinistres de l'année (après avoir évalué le nombre de
sinistres survenus mais non déclarés) par le coût moyen retenu pour l'année ;
o les méthodes liquidatives, qui sont utilisées lorsque l'on a des raisons de penser que
la liquidation d'une charge de sinistres présente toujours un profil du même type
par suite d'habitudes permanentes des évaluateurs. On peut alors reproduire dans le
futur les boni ou mali de liquidation observés sur les exercices passés.
Les méthodes de calculs statistiques des provisions consistent pour l’essentiel à se servir
de l’expérience passée pour déterminer l’évolution future des sinistres. L’hypothèse de
base est que le futur évoluera comme le passé.
La principale difficulté d’application de ces méthodes provient du manque d’informations :
o nouvelle branche ne disposant pas de statistiques ;
o modifications (au niveau de l’enregistrement des sinistres, de la modification du
portefeuille,…) survenues d’une année à l’autre, faisant que les statistiques passées

Konan Eugène KOUADIO 86 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

ne reflètent plus les évolutions futures.


Par ailleurs, elles ont des limites qu'il convient d'avoir toujours à l'esprit.
En premier lieu, ces méthodes doivent être appliquées à des ensembles de sinistres dont on
aura écrêté les sinistres trop élevés. Les sinistres importants vont en effet créer des
distorsions sur les coûts moyens, les cadences de règlement et les profils de liquidation.
En deuxième lieu, toutes les méthodes sont sensibles à l'hypothèse selon laquelle les
exercices de survenance anciens, qui servent de référence, sont exactement connus. Une
erreur dans la charge de sinistres d'un exercice ancien est démultipliée par les méthodes
statistiques.
Enfin, chaque méthode dépend de la qualité de certains paramètres :
o les méthodes de coût moyen sont sensibles à la qualité du dénombrement des
sinistres (et à la permanence des règles utilisées pour effectuer ce dénombrement).
Elles sont donc généralement peu fiable du fait des différentes notions de nombre de
sinistres pouvant être retenues, variable selon les gestionnaires ;
o les méthodes de cadences sont très sensibles au montant des règlements cumulés,
surtout pour les branches à déroulé long ( RC corporels, RC générale, etc…) et pour
les exercices immédiatement postérieurs à l’exercice de survenance. Elles doivent
donc être utilisées avec précaution dans les branches à cadence de règlement lente.
En effet, toute variation d'une cadence faible a des effets fortement amplifiés sur
l'évaluation de la charge totale ;
o les méthodes liquidatives sont généralement fiables, tant que les procédures en
vigueur dans les services de gestion des sinistres sont stables et respectées. Elles
seront donc impuissantes à détecter une erreur si celle-ci n'est pas habituelle ;
o plus la branche est à déroulé long, plus l’inflation doit être prise en compte dans le
provisionnement ;
o actuellement, la réglementation non vie ne prévoit pas l’actualisation des PSAP à
l’aide d’un taux d’escompte afin de ne pas anticiper de produits financiers.
Néanmoins, plus la branche est a déroulé long, plus les produits financiers alloués à
la branche sont importants.
i. Méthode des cadences de Chain Ladder
Le principe consiste à construire des triangles des paiements où figurent les paiements
effectués, par année de survenance du sinistre, en tenant compte du délai écoulé. Ces
triangles permettent d’établir un entre les règlements cumulés après n+1 années et les
règlements cumulés après n années, appelé coefficient de passage. On applique de manière
itérative ces coefficients de passage aux règlements cumulés par exercice de survenance.
Pour chaque exercice de survenance, la PSAP à constituer est égale à la différence entre
l’estimation de la charge finale de sinistres et les règlements cumulés à la date d’inventaire.

Konan Eugène KOUADIO 87 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

La méthode de Chain Ladder s’appuie sur un tableau où sont consignés les paiements de
sinistres Cij cumulés pour l’exercice de survenance i à l’inventaire j :

Année de Année de déroulement


Provisions
survenance 0 1 … j … n-i … n-1 n
0 C0,0 C0,1 … C0,j … C0,n−i … C0,n−i C0,n ̂0
R
1 C1,0 C1,1 … C1,j … C1,n−i … C1,n−i Ĉ1,n ̂1
R
… … … … … … … … … … …
… … … … … … … … … … …
i Ci,0 Ci,1 … Ci,j … ̂
Ci,n−i … Ĉi,n−i ̂Ci,n ̂i
R
… … … … … … … … … … …
… … … … … … … … … … …
n-1 Cn−1,0 Cn−1,1 … ̂Cn−1,j … ̂
Cn−1,n−i … Ĉn−1,n−i Ĉn−1,n ̂ n−1
R
n Cn,0 Ĉn,1 … Ĉn,j … Ĉn,n−i … Ĉn,n−i Ĉn,n ̂n
R

Pour chaque exercice de déroulement est calculé un coefficient de passage fj indépendant


de i tel que Cij+1 = fj ∗ Cij .
Le coefficient de passage fj est estimé par :

∑n−j−1
i=0 Ci,j+1
̂fj = , j = 0, … , n
∑n−j−1
i=0 Ci,j
Pour l’exercice de survenance de survenance i :
o la charge de ultime est estimée par Ĉi,n = Ci,n−i ∗ ∏n−1 ̂
j=n−i fj ;

̂ i = Ĉi,n − Ĉi,n−i ;
o la provision R
̂ = ∑ni=1 R
o la provision totale à comptabiliser R ̂i

Cette technique de provisionnement simple suppose que le rythme des paiements


rapportés à la charge soit stable d’une année de survenance sur l’autre. En effet, les
données doivent être homogènes. Les sinistres exceptionnels doivent être extraits et traités
à part.
Elle est adaptée aux branches d’assurance à liquidation assez rapide pour lesquelles la
cadence a du sens.
Une variante consiste à prendre en compte l’inflation. Les paiements annuels sont convertis
en monnaie constants par application d’un index d’inflation, avant l’application de la
méthode des cadences.
ii. Méthode des cadences de règlement
La méthode des cadences de règlement s’appuie sur l’observation du rythme de paiement
des sinistres d’un ou des exercice(s) donné(s) et d’en déduire les résultats futurs.
Elle révèle deux informations importantes sur la liquidation des sinistres :

Konan Eugène KOUADIO 88 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o le nombre d’années nécessaires pour la liquidation de la totalité des sinistres


concernés ;
o le pourcentage de paiements des sinistres pour chaque année de développement,
calculé sur la charge total de sinistres dudit exercice. Le pourcentage peut être
calculé à partir du paiement de l’exercice ou du montant cumulé des paiements.
Le pourcentage des indemnités payées, le montant des indemnités payées (cumulé le cas
échéant) et l’année de développement par rapport à l’année de référence constituent les
données nécessaires pour le calcul de la provision pour sinistres à payer de l’exercice
inventorié.
Si on considère par exemple que le rythme de paiements des sinistres observé pour
l’exercice de survenance 0 du triangle des paiements ci-dessus se maintient les années
suivantes, la provision pour un exercice de survenance i donné est estimée comme suit :
C0,j
Ci,j ∗ (1 − ) C0,n − C0,j C0,n
C0,n
̂i =
R = Ci,j ∗ ∗ , i = 1, … , n
C0,j C0,n C0,j
C0,n
C0,n
̂ i = Ci,j ∗ (
R − 1) , i = 1, … , n
C0,j
Si on dispose de k exercice de survenance dont les charges sont parfaitement connues, il
peut être plus fiable de faire les estimations à partir de la moyenne des pourcentages des
indemnités payées à chaque année de développement :
Cl,j
∑kl=0
Cl,n
Ci,j ∗ (1 − ) Cl,j
k
k − ∑kl=0
Cl,n k
̂i =
R = Ci,j ∗ ∗ , i = k + 1, … , n
C k C
∑kl=0 l,j ∑ki=0 l,j
Cl,n Cl,n
k

k
̂ i = Ci,j ∗
R − 1 , i = k + 1, … , n
C
∑kl=0 l,j
( Cl,n )
Rappelons qu’il existe une correspondance entre les coefficients de passage et les cadences
de règlements des sinistres :
1
Cadencej =
fj ∗ … ∗ fn−1
Pour son efficacité, la méthode des cadences de règlement exige :
o un calcul par branche, le rythme de liquidation varie d’une branche à l’autre. De

Konan Eugène KOUADIO 89 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

quelques mois à une année maximale en assurance maladie, il peut être de plusieurs
années pour les assurances de responsabilités civiles ;
o la permanence des procédures de gestion et de paiement des sinistres ;
o le paiement régulier des sinistres conformément aux clauses contractuelles ;
o des statistiques robustes, basées sur des exercices dont la charge est parfaitement
connue.
iii. Méthode des coûts moyens
Cette méthode consiste à appliquer aux sinistres connus en nombre un coût moyen estimé
à partir des données de la compagnie. Dans l’hypothèse où les coûts sont prévisibles, la
charge de sinistres est égale au nombre de sinistres, déclarés et non déclarés, que multiplie
le coût moyen.
Au fur et à mesure de la liquidation des sinistres d’un exercice de survenance, on a une
meilleure connaissance de la charge et du nombre de sinistres.
En conséquence, le coût moyen à retenir est celui des dossiers définitivement réglés, ce qui
constitue bien une estimation des engagements probables de la compagnie :
o les coûts moyens doivent être suffisamment diversifiés pour tenir compte des
différents types de risques couverts (bris de glace, matériel,…) ;
o ils doivent être actualisés (variation des coûts de réparation, inflation,…) pour
intégrer le fait qu’il s’agit d’estimations du passé appliquée à des charges futures
probables.
La méthode des coûts moyens suppose une bonne qualité du dénombrement des sinistres
et une définition rigoureuse de celui-ci. Il doit être précisé par exemple le traitement des
cas où le sinistre conduit à une prestation nulle (inférieure à la franchise par exemple).
b. Sinistres tardifs
Par définition, les sinistres tardifs sont inconnus de l’assureur. Leur évaluation est donc
statistique, fondée sur l’observation du taux de sinistres tardifs enregistrés sur les
exercices antérieurs (Circulaire N° 00230/CIMA/CRCA/PDT/2005). Elle se fait en quatre
étapes :
o élaboration des statistiques de déclaration des sinistres de la société, par exercice de
survenance, à partir des différents tableaux C des états C10b :
o calcul des cadences de tardifs : elle s’obtient en faisant la moyenne arithmétique des
cadences de tardifs par rapport aux déclarations de l’exercice de survenance ;
o nombre de tardifs par exercice de survenance : Le nombre de tardifs à inscrire à la
fin de l'exercice d'inventaire, sera l'estimation de tous les sinistres qui seront
déclarés selon les différents exercices de survenance, en fonction de la durée des
déclarations tardives qui ressort des statistiques de déclaration ;

Konan Eugène KOUADIO 90 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

o calcul de la provision pour tardifs : Pour connaître la provision correspondante, il


suffit de multiplier le nombre de tardifs estimé pour chaque exercice de survenance
par le coût moyen des sinistres déclarés, vu à la fin de l'exercice d'inventaire. Les
sinistres déclarés s'entendent hors estimation de tardifs.
c. Frais de gestion
La provision obtenue à l’issue de l’inventaire dossier par dossier ou estimée par les
méthodes statistiques doit être majorée du montant nécessaire pour couvrir les frais de
gestion.
Le code des assurances prévoit que ce montant doit être au moins égal à 5 % des PSAP.
4.3. ELEMENTS D’ACTUARIAT VIE
4.3.1. Paramètres techniques
Le calcul de tarifs et de provisions mathématiques en assurance vie fait intervenir un taux
d’actualisation des garanties (taux technique) et les probabilités de vie ou de décès des
assurés.
La prudence du tarif réside dans le choix de la table de mortalité et du taux technique.
a. Taux d’intérêt technique et risques financiers
En assurance vie, il existe un délai important entre le début de versement des primes et la
date de paiement des prestations par l'assureur. L'assureur va donc placer les primes
reçues sur les marchés financiers. Ce placement produira des intérêts qui doivent profiter
aux assurés. Pour cela, le calcul de la prime et des provisions techniques doit intégrer ces
intérêts par la prise en compte d'un taux d'intérêt. Ce taux est appelé taux d'intérêt
technique. C’est le taux garanti par l’assureur dans les contrats d’assurance vie et de
capitalisation.
Dans la pratique, compte tenu de la durée très longue des contrats vie, les assureurs
garantissent en général à leurs assurés un taux assez faible pour être sûr de le couvrir en
permanence par le rendement financier des placements qu’ils ont en portefeuille. De ce fait,
il peut arriver que lors de la souscription du contrat, le taux d’intérêt garanti par l’assureur
soit inférieur aux taux pratiqués par les banques ou les marchés financiers. Cet écart
constitue une marge de sécurité nécessaire pour l’assureur qui n’a, en principe, aucune
certitude sur le rendement que lui procurera le placement des primes futures. Les assurés
ne sont pas lésés pour autant. Le taux d’intérêt technique est le taux de rendement
minimum que l’assureur anticipe sur les placements qu’il va réaliser en investissant les
primes encaissées. L’assureur s’oblige en quelque sorte à obtenir de ses placements un
rendement annuel au moins égal au taux d’intérêt technique
La prudence tarifaire est complétée ex post par le mécanisme de la participation aux
bénéfices (PB).
Deux risques sont attachés à l’utilisation d’un taux d’actualisation pour la tarification des
Konan Eugène KOUADIO 91 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances
Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

contrats d’assurance vie et capitalisation :


o risque de baisse des taux du marché : si les taux du marché baissent en dessous du
taux utilisé pour sa tarification, l’assureur enregistrera une perte ;
o risque de hausse des taux du marché et le risque de rachat : si les taux du marché
augmentent, l’assuré aurait intérêt à investir son argent sur les marchés pour en
tirer un rendement plus élevé. Il rachètera donc son contrat pour investir sur les
marchés.
Le code CIMA prévoit que le taux technique du tarif ne peut être supérieur à 3,5 % dans le
cas général (article 338 du code des assurances). Le taux d’intérêt garanti par l’assureur
dans les contrats d’assurance vie et de capitalisation est donc fixé librement par celui-ci,
dans la limite du plafond défini par la réglementation.
Sous certaines conditions, les contrats de rente viagère immédiate souscrits par des
personnes âgées d'au moins 65 ans, ainsi que les contrats vie et capitalisation à prime
unique d'une durée maximale de dix ans, peuvent être établis d'après un taux d'intérêt
supérieur au taux de 3,5% (article 338-2 du code des assurances). Pour chaque tarif
concerné, l’assureur doit cependant respecter les règles suivantes :
o l’actif représentatif des engagements correspondant à ces contrats doit être isolé
dans la comptabilité de l’entreprise ;
o cet actif doit pouvoir procurer un taux de rendement supérieur d’au moins un tiers
au taux d’intérêt du tarif. Lorsque cette règle n’est plus respectée pour les nouveaux
placements effectués au cours de l’exercice, ces contrats cessent d’être présentés au
public.
b. Tables de mortalité
En assurance vie, l’aléa repose sur la durée de la vie humaine. Il est donc important de
pouvoir la modéliser. Il faut notamment pourvoir estimer les probabilités de décès ou de
survie des assurés entre deux dates. En pratique, ces probabilités sont estimées à partir des
tables de mortalité.
Une table de mortalité se présente comme la donnée, pour chaque âge, de la probabilité de
décès annuelle. Elle est établie d’après les statistiques de la population. Dans la pratique, on
utilise des nombres de vivants au lieu de taux. On suit une population virtuelle depuis la
naissance (âge 0) jusqu’au décès. Partant d’un nombre standard d’individus, on donne,
année après année, le nombre d’individus encore en vie, appelé nombre de vivants à l’âge x
et noté lx .
Le nombre de décès annuel sur cette population est noté dx et s’obtient comme la
différence entre le nombre de vivants d’âge x et le nombre de vivants d’âge x + 1 :
dx = lx – lx+1 .
Le taux de mortalité annuel à l’âge x est donnée par ∶

Konan Eugène KOUADIO 92 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

dx
qx = . Il s’agit de la probabilité qu’une personne d’âge x décède dans l’année.
lx
La probabilité pour une personne d’âge x d’être encore en vie à l’âge x+k est donnée
lx+k
par k px = .
lx
lx+1
La probabilité de survie à un an est notée par abréviation ∶ px =
lx
La probabilité pour une personne d’âge x de décéder entre les âges x+k (inclus) et x+k+k’
(exclu) est :
lx+k − lx+k+𝑘′
k|𝑘 ′ q x =
lx
La probabilité annuelle de décès est notée par abréviation, comme on l’a vu :
lx − lx+1 dx
0|1 q x = = .
lx lx
Pour la tarification des contrats d’assurance vie, le code des assurances CIMA met à la
disposition des assureurs deux tables de mortalité, une table établie d’après la mortalité
masculine, et une table établie d’après la mortalité féminine. Jusqu’en 2012, ces tables
étaient une reprise pure et simple de tables élaborées à partir de la population française
entre 1960 et 1964.
Les statistiques de mortalité disponibles indiquent que la mortalité des femmes est
sensiblement inférieure à celle des hommes. La réglementation des assurances prend en
compte ce constat. Le code des assurances impose, en son article 338, l’usage de tables de
mortalité différentes pour les assurances en cas de décès et les assurances en cas de vie :
o pour les assurances en cas de décès ou les contrats mixtes, la table de mortalité de la
population masculine doit être utilisée, indépendamment du sexe de l’assuré ;
o pour les assurances en cas de vie, les assureurs doivent utiliser la table de mortalité
de la population féminine, sans tenir compte du sexe de l’assuré.
La mortalité des hommes étant supérieure à celle des femmes, la première table de la
population masculine surestime les décès sur une population mixte. Dans les mêmes
conditions, la table de la population féminine surestime la longévité. La réglementation
oblige ainsi les assureurs à établir leurs tarifs en se basant sur des hypothèses pessimistes.
Dans les deux cas de figure, assurance en cas de décès et assurance en cas de vie, le tarif qui
en résulte est le plus élevé. Il s’agit d’une mesure de prudence. Au plan actuariel, cette
prudence revient à intégrer de fait une marge technique dans les tarifs des assureurs. Ce
chargement de sécurité implicite permet de protéger l’assureur contre une évolution
défavorable de la mortalité (contrats en cas de décès) ou contre un allongement de
l’espérance de vie (contrats en cas de vie). Pour rétablir l’équité entre l’assureur et l’assuré,
les résultats techniques excédentaires au constat sont pris en compte dans le calcul de la

Konan Eugène KOUADIO 93 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

participation aux bénéfices (PB).


Néanmoins, deux facteurs de discordance existent entre la mortalité de l’ensemble de la
population utilisée pour établir les tarifs et la mortalité de la population des assurés. Il
s’agit :
o de l’amélioration dans le temps de la longévité depuis l’établissement de la table ;
o de la meilleure longévité de la population assuré : sélection de l’assuré en cas de
décès par l’assureur et autosélection par l’assuré en cas de vie.
Pour l’assurance en cas de décès, ces deux facteurs vont dans le sens de la sécurité, mais
au-delà de ce qu’exige une prudence raisonnable. Ils conduisent donc à un tarif trop cher
par rapport au risque couvert.
Pour les contrats en cas de vie, au contraire, les deux facteurs jouent contre l’assureur qui
prend une prime qui ne pourra lui permettre de faire face à ses engagements.
Pour y remédier, certaines législations autorisent aux assureurs d’établir des tables
prospectives et d’expérience validées par des actuaires agréés.
Au cours de sa session d’octobre 2012, le Conseil des Ministres des assurances a adopté de
nouvelles tables de mortalité d’expérience construites pour la zone CIMA et baptisées table
CIMA H et table CIMA F. A compter de la date de publication du règlement portant adoption
de ces nouvelles tables de mortalité, les compagnies d’assurance doivent :
o les utiliser dans la tarification des nouvelles affaires et les renouvellements des
contrats annuels par tacite reconduction ;
o lors de l’arrêté des comptes, calculer les provisions mathématiques en cours de
service et les droits en cours de constitution au titre de tous les contrats, en retenant
ces nouvelles tables ;
o conserver les anciennes primes jusqu’à leur échéance pour les polices à primes
périodiques souscrites avant la date d’application des nouvelles tables de mortalité
et qui sont toujours en cours.
c. Périodicité de la prime
Le contrat d’assurance vie peut être payé soit par une prime unique versée à la
souscription, soit par une série de versements périodiques.
Dans ce dernier cas, le versement de toutes les primes prévues n’est pas certain, puisque
l’assuré peut décéder avant la dernière échéance. Il conviendra donc de tenir compte de
cette incertitude dans le calcul de la valeur actuelle probable de l’engagement de l’assuré :
le versement d’une prime annuelle pendant n années par l’assuré tant qu’il est en vie est un
engagement de rente viagère limitée à n années envers l’assureur.

Konan Eugène KOUADIO 94 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

4.3.2. Calcul de la prime pure


La prime pure est le montant que doit verser l’assuré pour que l’assureur puisse couvrir le
risque qui lui a été transféré. Elle correspond à une tarification au juste prix, c’est-à-dire en
faisant à la fois abstraction des chargements de gestion, d’acquisition et de sécurité.
a. Valeur actuelle probable et principe de calcul de la prime
Pour tarifer le contrat ou calculer la provision représentant son engagement envers
l’assuré, l'assureur vie doit pouvoir déterminer à la date de souscription du contrat la
valeur de sa prestation dont le versement est aléatoire. Pour cela on utilise la notion de
valeur actuelle probable qui intègre à la fois la notion de valeur actuelle et la probabilité
que le versement ait lieu.
La valeur actuelle probable d'un flux est définie comme le produit de la valeur actuelle de
ce flux et la probabilité de versement du flux.
En assurance vie, le principe général de détermination de la prime pure est le suivant :
VAP (engagement assureur en début de contrat) = VAP (engagement assuré en début de
contrat).
L’engagement de l’assuré est de payer les primes prévues au contrat et celui de l’assureur
de payer les prestations en cas de vie ou en cas de décès.
VAP (flux) = montant du flux*facteur d’actualisation*probabilité (survie ou décès)
b. Engagements élémentaires en cas de vie
i. Capital différé
L’assureur s’engage à verser à l’assuré un capital K si celui-ci est en vie dans n années. On
considère un assuré d’âge x à la souscription du contrat.
Prime unique :
Quelle prime pure unique l’assuré doit-il verser à l’assureur ?
VAP (Assuré à la souscription) = πu ∗ 1(facteur d’actualisation)
Probabilité de survie de l’assuré = probabilité que l’assuré atteigne l’âge x+n sachant qu’il
a atteint l’âge x.
1 lx+n
D′ où VAP (Assureur à la souscription) = K ∗ ∗
(1 + i)n lx
1 lx+n
L’expression ∗ est notée nEx et désigné par capital différé de n années.
(1 + i) n lx
On a donc πu = K ∗ nEx
A.N :
K = 100 000

Konan Eugène KOUADIO 95 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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X = 40 ans
N = 8 ans
I = 3%
1 933 923
πu = 100 000 ∗ ∗ = 77 429
(1 + 0,03)8 952 159
Prime périodique :
n−1
1 lx+k
VAP(assuré) = πp ∗ ∑ ∗
(1 + i)k lx
k=0

On note :
n−1
1 lx+k
|nä x = ∑ ∗ et on le désigne par annuité temporaire payable d′avance
(1 + i)k lx
k=0

Par suite on a :

nEx
πp = K ∗
|nä x

ii. Rente viagère différée


L’assureur s’engage à verser à l’assuré une rente d’arrérage annuel a aussi longtemps que
l’assuré est en vie et avec un différé de n années.
souscription souscription + n années

assuré d’âge x verse l’assureur verse un arrérage


une prime unique π à l’assuré si celui est encore en vie
Prime unique :
VAP (assuré) = πu

1 lx+k
VAP (assureur) = a ∗ ∑ ∗
(1 + i)k lx
k=n

On note :

1 lx+k
n|ä x = ∑ ∗ et on le désigne par annuité viagère de différé n payable
(1 + i)k lx
k=n
d’avance.
Soit πu = a ∗ n|ä x

Prime périodique :

Konan Eugène KOUADIO 96 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

n|ä x
πp = a ∗
|nä x

c. Engagements élémentaires en cas de décès


i. Temporaire décès
L’assureur s’engage à payer un capital C aux bénéficiaires si l’assuré décède entre les âges
(x+n) et (x+m), m>n.

souscription n années après souscription m années après souscription

assuré d’âge x verse période de garantie


la prime π à l’assureur assuré âgé de x+n assuré âgé de x+m
L’assureur verse sa prestation au moment du décès de l’assuré. Ce décès peut intervenir à
tout moment. Par simplification on fait l’hypothèse que l’assuré ne peut décéder qu’en
milieu d’année : aucun décès avant et après le 30 juin.
1
Le premier décès peut intervenir quand l’assuré atteint l’âge (x + n + ) et la
2
dernière date possible de décès de la période de garantie intervient à l′ âge
1
(x + m − )
2
Comme les prestations sont versées au moment du décès, elles interviennent également en
milieu d’années.
VAP(assuré) = πu
m−1
1 dx+k
VAP(assureur) = C ∗ ∑ 1 ∗
lx
k=n (1 + i)k+2
En écrivant l’égalité des VAP des engagements de l’assuré et de l’assureur au moment de la
souscription du contrat, on obtient :
m−1
1 dx+k
πu = C ∗ ∑ 1 ∗
lx
k=n (1 + i)k+2
Si n = 0, alors on note :
m−1
1 dx+k
|mAx = ∑ 1 ∗ qu′ on désigne par temporaire décès de durée m années
lx
k=0 (1 + i)k+2
On obtient donc :

Konan Eugène KOUADIO 97 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

πu = C ∗ |mAx

|mAx
πp = C ∗
{ |nä x

ii. Vie entière


Lorsque m tend vers l’infini, on obtient un contrat vie entière tel que :
πu = C ∗ A x
et
Ax
πp = C ∗
{ |nä x

1 dx+k
Où Ax = ∑ 1∗ et est appelé capital vie entire
lx
k=0 (1 + i)k+2
4.3.3. Provisions mathématiques
Ce sont les provisions que doit constituer l’assureur pour tenir ses engagements relatifs
aux garanties en cas de vie et aux garanties en cas de décès.
Pour tarifer le contrat d’assurance vie, on a écrit :
VAP (Assuré à la souscription)= VAP (assureur à la souscription)
Par contre, à une date quelconque, t après la souscription du contrat, on peut avoir et on a
dans le cas général :
VAP (assuré ) ≠ VAP (assureur ) sur la durée résiduelle du contrat.
La VAP (assuré) diminuant plus vite que la VAP (assureur), on en général :
VAP (assureur) ≥ VAP (assuré)
La provision mathématique à la date t est égale à :
PMt = VAPt (assureur) − VAPt (assuré)
4.3.4. Participation aux bénéfices
Les opérations d’assurance vie sont des opérations de très long terme. Aussi, la
réglementation impose un tarif prudent à travers la limitation du taux technique et l’usage
de tables de mortalités qui ont tendance à surestimer le risque. Ce qui conduit à surestimer
les charges futures et sous-estimer les produits financiers futurs. Dans la mesure où
l’assureur exécute sa prestation longtemps après que les assurés aient réglé leurs
cotisations, il est en général amené à réaliser des bénéfices plus ou moins importants, aussi
bien financiers que techniques auxquels il faille associer les assurés.
Pour donner une sorte de contrepartie à l’assuré des avantages que tire l’assureur de
l’application des règles prudentielles imposées par la réglementation et rendre plus

Konan Eugène KOUADIO 98 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

intéressant financièrement les produits d’assurance vie, qui sont souvent des moyens
d’épargne, le législateur impose à l’assureur de rendre aux assurés une grande partie des
bénéfices qu’il a ainsi réalisés. C’est la participation aux bénéfices. Elle consiste à
ristourner :
o une partie des revenus de placements : les taux d’intérêts des placements dépassent
généralement le taux d’intérêt technique et l’assureur réalise des bénéfices
financiers ;
o une partie des cotisations de risque qui n’a pas été utilisée pour payer les sinistres.
Les tables utilisées prévoyant en général plus de décès ou de survie que la réalité,
l’assureur réalise un bénéfice de mortalité ;
o une partie des chargements théoriques pris en compte dans le calcul des cotisations
qui n’a pas servi à la couverture des dépenses effectives de l’assureur. C’est le
bénéfice de gestion.
Le code des assurances impose aux assureurs non seulement la pratique de la participation
aux bénéfices, mais fixe également un montant minimum déterminé globalement pour
l’ensemble des contrats concernés. L’assureur doit en effet distribuer annuellement aux
assurés au moins : 90 % du bénéfice technique (bénéfices de mortalité et bénéfice de
gestion des contrats) plus 85 % des produits financiers (y compris les intérêts techniques
garantis au contrat).
Cette distribution ne s’opère pas individuellement pour chaque contrat mais globalement,
pour l’ensemble des assurés. La répartition des bénéfices entre les contrats est laissée à la
seule discrétion de l’assureur, si elle n’est pas précisément stipulée par les contrats. La
distribution de la participation bénéficiaire calculée peut être immédiate, sous forme
d’augmentation des garanties, ou différée. Avec la dernière option, le montant de la
participation aux bénéfices reporté est doté à la « provision pour participation aux
excédents » pour être distribué dans les trois (3) ans de sa dotation.
4.3.5. Droit à rachat
La réglementation prévoit que lorsque le contrat ne présente pas un risque d’anti-sélection
(comportement de l’assuré contraire à l’intérêt de l’assureur, par exemple volonté de
résilier – contre compensation - une rente viagère par un assuré estimant n’avoir plus
beaucoup de temps à vivre), l’assuré a droit à tout moment au rachat du contrat, c’est-à-
dire à la résiliation de ce contrat en contrepartie du versement à l’assuré de la provision
mathématique constituée dans les comptes de l’assureur. Ce droit de rachat concerne donc
les contrats vie entière, par exemple, ou encore les contrats de capital différé avec contre-
assurance en cas de décès (contrats d’épargne).
L'assureur ne peut refuser le rachat lorsque 15 % des primes prévues au contrat ou au
moins deux primes annuelles ont été versées (article 74 du code des assurances).

Konan Eugène KOUADIO 99 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

4.4. MODELE SIMPLE DE L’ASSURANCE


4.4.1. Hypothèses du modèle et notations
On considère un assureur qui commercialise des contrats d’assurance annuel à n assurés.
Pour chaque assuré i (i = 1,…, n), l’assureur garantit le paiement d’une prestation Xi en cas
de sinistre dans l’année.
La prime commerciale payée par l’assuré i est noté 𝜋𝑖′′ .
On suppose que les n risques assurés sont indépendants et identiquement distribués, c’est-
à-dire suivent la même loi.
On considère que E(Xi ) l’espérance mathématique de la prestation aléatoire Xi relative à
chaque assuré i est connue ex ante. Par hypothèse E(Xi ) = E(Xj ) ∀ i ≠ j.
On a également E(Xi ) = πi = prime pure et π′′
i = πi + chargements.

4.4.2. Etude générale


a. Charge de prestations
On cherche à écrire le résultat de l'assureur. Pour cela on s'intéresse aux produits qu'il a
encaissés au cours de l'exercice et aux charges auxquelles il a dû faire face.
Dans l’année, l’assureur encaisse :
o primes émises = n ∗ π′′
i ;

o les produits financiers (PF).


Il supporte en charge :
o les prestations : ∑ni=1 Xi ;
o les frais généraux (FG).
Son résultat R est donc donné par :
n
′′
R = n ∗ π + PF − (∑ Xi + FG)
i=1
On suppose que les produits financiers et les frais généraux sont connus et on notera :
FG – PF = FNG, Fonds net de gestion
On a alors :
n
′′
R = n ∗ π − ∑ Xi − FNG
i=1
n

Dans cette modélisation, R et ∑ Xi sont des variables aléatoires et n ∗ π′′ et FNG


i=1

Konan Eugène KOUADIO 100 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

sont supposés connus.


n

On s’intéresse à la somme des prestations ∑ Xi .


i=1
Ses paramètres caractéristiques (espérances mathématiques, variances et écarts types)
sont donnés comme suit :
n n

E (∑ Xi ) = ∑ E(Xi ) = n ∗ E(X)
i=1 1

n n

V (∑ Xi ) = ∑ V(Xi ) = n ∗ V(X)
i=1 1

n n

σ (∑ Xi ) = √V (∑ Xi ) = √n ∗ V(X) = √n√V(X) = √nσ(X)


i=1 i=1
{
Avec X la variable aléatoire distribuée suivant la même loi que les Xi .
En appliquant le théorème de la limite centrale, on a :
∑ni=1 Xi − E(∑ni=1 Xi ) ∑ni=1 Xi − n ∗ E(X)
= → 𝒩 (0, 1)
σ(∑ni=1 Xi ) √nσ(X)
n

Déterminons un intervalle de confiance de ∑ Xi à 98% en fonction de n, E(X)et σ(X).


i=1

A partir de la table de la loi 𝒩 (0, 1), on obtient l’intervalle


[n ∗ E(X) − 3,1 ∗ √n ∗ σ(X); n ∗ E(X) + 3,1 ∗ √n ∗ σ(X)]
b. Décomposition de la prime
n

R = n ∗ π′′ − ∑ Xi − FNG
i=1
n

⇒ n ∗ π′′ = ∑ Xi + FNG + 𝑅
i=1

On peut ainsi décomposer la prime commerciale en trois termes :


n

1) ∑ Xi = sommes des prestations


i=1

C'est donc aussi, l'engagement pris par l'assureur pour couvrir les risques des n assurés.
n

Par définition, ∑ Xi correspond à la somme des primes pures versées par les n assurés.
i=1

Konan Eugène KOUADIO 101 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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2) FNG = Frais de gestion nets de produits financiers


Il correspond aux chargements de gestion. Donc :
o chargements de gestion = Frais de gestion - Produits financiers
o frais de gestion = Chargements de gestion + Produits financiers
En pratique, dans ce modèle, l'assureur couvre ses frais de gestion :
o en prélevant un chargement de gestion qui vient s'ajouter à la prime pure ;
o avec des produits financiers, qu'il a accumulés au cours de l'exercice.
3) Le terme R correspond au chargement de sécurité que l'assureur prélève sur la prime
commerciale.
Pour un contrat, le chargement de sécurité vient s'ajouter à la prime pure et est payé par
l'assuré.
Hypothèses :
o l'assureur prélève un chargement de sécurité proportionnel à la prime pure. Pour
chaque contrat, ce chargement s'écrit: ρπ. Donc pour l'ensemble des n contrats, le
chargement de sécurité prélevé par l'assureur vaut : n ∗ρ∗ π.
o on suppose que les FNG sont proportionnelle à la prime commerciale payée par
l'assuré. Pour chaque contrat, ce chargement s'écrit: gπ′′ . Donc pour l'ensemble des
n contrats, le chargement de gestion prélevé par l'assureur vaut : ngπ′′ , g < 1 Ainsi,
pour un contrat unique, on a :
(1 + ρ)π
π′′ = π + ρπ + gπ′′ , soit π′′ =
1−g
c. Résultat de l’assureur
n

Le résultat de l′ assureur est donné par la formule R = n ∗ π′′ − ∑ Xi − FNG


i=1
Avec les hypothèses faites ci-avant, on peut réécrire :
n

R = nπ + nρπ + ngπ′′ − ∑ Xi − ngπ′′


i=1

Soit :
n

R = n(1 + ρ)π − ∑ Xi
i=1

n(1 + ρ)π étant une constante, la seule variable aléatoire dans cette expression
n

de R est ∑ Xi .
i=1

Konan Eugène KOUADIO 102 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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On en déduit les caractéristiques de R qui sont donnés comme suit :


E(R) = n(1 + ρ)π − nE(X) = nρπ

V(R) = nV(X)

{ σ(R) = √nσ(X)
En appliquant le théorème central limite au résultat, on obtient que :
R − E(R)
→ 𝒩 (0, 1)
σ(R)
4.4.3. Risque de perte de l’assureur
On appelle risque de perte de l'assureur au cours d'un exercice considéré, la probabilité
que le résultat de l'assureur soit négatif.
Par définition, le risque de perte de l'assureur est donc P(R<0). En appliquant le théorème
de la limite centrale, on a :
R − E(R) −E(R)
P(R < 0) = P(R − E(R) < −E(R)) = P ( < )
σ(R) σ(R)

Or E(R) = nρπ et σ(R) = √nσ(X), on obtient donc ∶


R − E(R) −nρπ R − E (R ) E(X)
P(R < 0) = P ( < ) ⇒ P(R < 0) = P ( < −√nρ )
σ(R) √nσ(X) σ(R) σ(X)
L'assureur cherche à avoir un risque de perte aussi petit que possible. On suppose les
caractéristiques du risque assuré connues (c'est-à-dire que E(X) et σ(X) sont connues).
E(X)
Pour que le risque de perte soit faible, il faut que − √nρ soit aussi petit que possible
σ(X)
E(X)
C′est − à − dire que √nρ soit le plus grand possible.
σ(X)
Or, E(X) et σ(X) sont supposés fixés, l'assureur ne peut donc jouer que sur le nombre n et ρ
(taux prélevé sur la prime pure pour le chargement de sécurité).
On en déduit que pour minimiser le risque de perte l'assureur a intérêt à :
o augmenter le nombre de ses assurés ;
o augmenter le taux 𝜌 qui caractérise le chargement de sécurité.
Comme on l’a vu plus haut, si l'assureur ne prélève pas de chargement de sécurité (ρ = 0) :
R − E(R) 1
P(R < 0) = P ( < 0) =
σ(R) 2
Un risque de perte de 50% est beaucoup trop élevé pour un assureur. D’où l'intérêt de
prélever un chargement de sécurité ρ >0, sur chaque contrat.

Konan Eugène KOUADIO 103 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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4.4.4. Risque de ruine de l’assureur


Le risque de ruine de l'assureur est la probabilité qu'il réalise au cours d'un exercice donné
une perte d'un montant supérieur à ses réserves ou fonds propres (FP).
Par définition, l’assureur est en ruine si (R + FP < 0) avec R < 0 et FP > 0. Ce qui signifie
que les réserves constituées par l'assureur ne suffisent pas à compenser la perte qu'il a
réalisée au cours de l'exercice considéré.
Remarque :
La probabilité de perte d'un assureur est toujours supérieure à sa probabilité de ruine. En
effet, deux cas sont possibles si l'assureur réalise une perte :
o ou bien le montant de la perte peut être compensé par les réserves de l'assureur,
R + FP ≥ 0 ⇒ FP ≥ −R ≥ 0 ;
o ou bien le montant de la perte ne peut pas être compensée par les réserves
constituées par l'assureur, et dans cette hypothèse il y a ruine R+FP<0
Par définition, le risque de ruine de l'assureur est P(R+FP<0). En appliquant le théorème
de la limite centrale, on a :
R − E(R) −FP − E(R)
P(R + FP < 0) = P(R < −FP) = P ( < ) , soit ∶
σ(R) σ(R)
R − E(R) FP + nρE(X)
P(R + FP < 0) = P ( <− )
σ(R) √nσ(X)
Dans le cas général, le risque de ruine s’écrit :
R − E(R) FP + nρE(X)
P( < −β) , où β = est appelé coefficient de sécurité de l′ assureur.
σ(R) √nσ(X)
L'assureur cherche à réduire son risque de ruine. Pour cela il cherche à avoir un coefficient
de sécurité β aussi grand que possible.
Remarque :
β est toujours positif (β>0) pour un assureur. En effet si β≤0 alors le risque de ruine de
l'assureur serait supérieur 50%, qui est trop élevé.
On souhaite limiter le risque de ruine à 0,1%. Quelle est la valeur de β qui peut être tolerée ?
R − E(R)
On veut P ( < −β ) ≤ 0,1%.
σ(R)
R − E(R) R − E(R)
On sait que P ( < −β ) = 1 − P ( < β ).
σ(R) σ(R)
En utilisant la table de la loi normale centrée réduite, on obtient β≥3,1.
Le risque de ruine d'un assureur est 0,1% si son coefficient de sécurité est de β≥3,1.

Konan Eugène KOUADIO 104 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Pour réduire le risque de ruine, l'assureur cherche à obtenir un coefficient de sécurité β


aussi grand que possible. E(R) et σ(R) sont fixés, l'assureur ne peut donc que jouer sur le
niveau de ses fonds propres, la taille de son portefeuille et le niveau du chargement de
sécurité.
Pour avoir un β élevé, l’assureur peut soit :
o augmenter ses fonds propres FP, cette façon d’augmenter β a des limites, les
actionnaires ne peuvent indéfiniment injecter des capitaux dans la société et les
capitaux immobilisés par les actionnaires devront être rémunérés ;
o augmenter son chargement de sécurité ρ, il ne peut le faire dans des proportions
importantes sans courir le risque que ses assurés partent à la concurrence ;
o augmenter le nombre de contrats n, permet une meilleure mutualisation des risques,
mais ne doit pas se faire au détriment de la politique de sélection des risques ;
o diminuer la variance des sinistres nécessite d’écrêter les sinistres, soit en fixant des
plafonds d’indemnisation, ce qui limite le niveau de la prime et laisse l’assuré à
découvert, ou en aillant recours à la réassurance, ce qui engendre des coûts.
En pratique, on peut considèrer que β = 3,7 est suffisant car P(𝒩 (0,1) < 3,7 ) = 0,9999
Ce qui correspond à une probabilité de ruine de l’ordre de 0, 0001.
4.4.5. Diminution du risque de ruine par la réassurance
a. Prise en compte de la réassurance dans le modèle
n

R = n ∗ π′′ − ∑ Xi − FNG
i=1
On suppose que l’assureur couvre son portefeuille par un traité en quote part prévoyant un
taux de rétention de θ. Il cède donc une part (1- θ) de ses primes et de ses sinistres et reçoit
une commission de réassurance Cr .

Résultat de l’assureur brut de Résultat de l’assureur net de cessions en


cessions en réassurance réassurance
n n

Primes ∑ π′′
i θ ∑ π′′
i
i=1 i=1
n n

Prestations ∑ Xi θ ∑ Xi
i=1 i=1
n n n

Fonds net de gestion g ∑ π′′


i g ∑ π′′
i − Cr (1 − θ) ∑ π′′
i
i=1 i=1 i=1
n n n n n n n

Résultat ∑ π′′
i − ∑ Xi − g ∑ π′′
i θ ∑ π′′
i − θ ∑ Xi − (g ∑ π′′
i − Cr (1 − θ) ∑ π′′
i )
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1 i=1 i=1

Konan Eugène KOUADIO 105 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Avec la prise en compte de la réassurance, le résultat de l'assureur s'écrit :


n n n n

R net = θ ∑ π′′
i − θ ∑ Xi − g ∑ π′′
i + Cr (1 − θ) ∑ π′′
i
i=1 i=1 i=1 i=1
n n

R net = [θ − g + Cr (1 − θ)] ∑ π′′


i − θ ∑ Xi
i=1 i=1

Si l’on suppose que les chargements sur primes couvrent exactement les charges de
commission et gestion diminuées des produits financiers, soit Cr = g, on a lors :
n n

R net = [θ − g + g(1 − θ)] ∑ π′′


i − θ ∑ Xi , soit ∶
i=1 i=1
n n n n

R net = θ(1 − g) ∑ π′′


i − θ ∑ Xi = θ [(1 − g) ∑ π′′
i − ∑ Xi ]
i=1 i=1 i=1 i=1

Rappel :
n n n n n

Sans réassurance on a: R = ∑ π′′


i − ∑ Xi − g ∑ π′′
i = (1 − g) ∑ π′′
i − ∑ Xi
i=1 i=1 i=1 i=1 i=1

On déduit donc que : R net = θR


Montrons maintenant que la réassurance a diminué le risque de ruine de l'assureur.
On sait que la probabilité de ruine sans réassurance est donnée par :
R − E(R) FP + E(R) R − E(R)
P(R + FP < 0) = P ( <− ) = P( < −β )
σ(R) σ(R) σ(R)
FP + E(R)
Où β =
σ(R)
Calcul du risque de ruine P(R net + FP < O) en prenant en compte la réassurance :
Comme R net = θR, on à :
E(R net ) = θE(R)

V(R net ) = θ2 V(R)

{ σ(R net ) = θσ(R)


R net − E(R net ) FP + E(R net )
P(R net + FP < 0) = P ( <− )
σ(R net ) σ(R net )
R net − E(R net )
P(R net + FP < 0) = P ( < −βnet )
σ(R net )

Konan Eugène KOUADIO 106 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

FP + E(R net )
Avec βnet =
σ(R net )
En utilisant les expressions de E(R net ) et σ(R net ), on peut réécrire :
FP + θE(R)
βnet = .
θσ(R)
Le risque de ruine de l’assureur sera donc d’autant plus faible que βnet est grand.
Pour montrer que la réassurance a permis de réduire le risque de ruine de l’assureur, il
suffit donc de vérifier que βnet > β.
On a 0 < θ < 1, par conséquent FP > θFP et donc :
FP + E(R net ) FP + θE(R) θFP + θE(R) FP + E(R)
βnet = = > = =β
σ(R net ) θσ(R) θσ(R) σ(R)
La réassurance en quote part a donc permis à l'assureur de réduire son risque de ruine.
b. Optimisation de la réassurance
On sait que la réassurance permet de réduire le risque de ruine porté par l’assureur.
L’assureur peut donc être emmené à chercher la bonne couverture en réassurance selon le
niveau du risque qu’il juge acceptable.
On s’intéresse ici à la réassurance par rapport à l’objectif de supprimer (limiter) le risque
de faillite. Par exemple comment faire passer la probabilité de ruine de l’assureur en
dessous de 0,1%, c’est-à-dire :
P(R net + FP < 0) < 0,0001
On sait que dans le cas d’une réassurance proportionnelle :
FP
P(R net + FP < 0) = P(θR + FP < 0) = P (R + < 0)
θ
FP
R − E(R) + E(R)
P(R net + FP < 0) = P ( <− θ )
σ(R) σ(R)

R − E(R)
Soit P(R net + FP < 0) = P ( < − βnet )
σ(R)
FP
+ E(R) FP + E(R net )
Si le coefficient de sécurité βnet = θ = est supérieur ou égal
σ(R) σ(R net )
à 3,7, la probabilité de ruine de l’assureur est inférieure à 0,0001.
Pour trouver le taux de réassurance optimal à cet égard, il suffit de calculer le facteur de
rétention maximal θ𝑜𝑝𝑡 tel que βnet soit égal à 3,7.

Konan Eugène KOUADIO 107 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Soit :
FP
+ E(R)
θ𝑜𝑝𝑡 FP
3,7 = ⇒ 3,1 ∗ σ(R) = + E(R)
σ(R) θ𝑜𝑝𝑡
FP
⇒ 3,7 ∗ σ(R) − E(R) =
θ𝑜𝑝𝑡
FP
et donc θopt =
3,7 ∗ σ(R) − E(R)

Konan Eugène KOUADIO 108 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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ANNEXE 1 : Table de la Loi Normale Centrée Réduite

Fonction de répartition Π de la loi normale centrée réduite.

Probabilité de trouver une valeur inférieure à u.

Π (-u) = 1 - Π (u)

u 0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,08 0,09

0,0 0,50000 0,50399 0,50798 0,51197 0,51595 0,51994 0,52392 0,52790 0,53188 0,53586
0,1 0,53983 0,54380 0,54776 0,55172 0,55567 0,55962 0,56356 0,56749 0,57142 0,57535
0,2 0,57926 0,58317 0,58706 0,59095 0,59483 0,59871 0,60257 0,60642 0,61026 0,61409
0,3 0,61791 0,62172 0,62552 0,62930 0,63307 0,63683 0,64058 0,64431 0,64803 0,65173
0,4 0,65542 0,65910 0,66276 0,66640 0,67003 0,67364 0,67724 0,68082 0,68439 0,68793
0,5 0,69146 0,69497 0,69847 0,70194 0,70540 0,70884 0,71226 0,71566 0,71904 0,72240
0,6 0,72575 0,72907 0,73237 0,73565 0,73891 0,74215 0,74537 0,74857 0,75175 0,75490
0,7 0,75804 0,76115 0,76424 0,76730 0,77035 0,77337 0,77637 0,77935 0,78230 0,78524
0,8 0,78814 0,79103 0,79389 0,79673 0,79955 0,80234 0,80511 0,80785 0,81057 0,81327
0,9 0,81594 0,81859 0,82121 0,82381 0,82639 0,82894 0,83147 0,83398 0,83646 0,83891
1,0 0,84134 0,84375 0,84614 0,84849 0,85083 0,85314 0,85543 0,85769 0,85993 0,86214
1,1 0,86433 0,86650 0,86864 0,87076 0,87286 0,87493 0,87698 0,87900 0,88100 0,88298
1,2 0,88493 0,88686 0,88877 0,89065 0,89251 0,89435 0,89617 0,89796 0,89973 0,90147
1,3 0,90320 0,90490 0,90658 0,90824 0,90988 0,91149 0,91309 0,91466 0,91621 0,91774
1,4 0,91924 0,92073 0,92220 0,92364 0,92507 0,92647 0,92785 0,92922 0,93056 0,93189
1,5 0,93319 0,93448 0,93574 0,93699 0,93822 0,93943 0,94062 0,94179 0,94295 0,94408
1,6 0,94520 0,94630 0,94738 0,94845 0,94950 0,95053 0,95154 0,95254 0,95352 0,95449
1,7 0,95543 0,95637 0,95728 0,95818 0,95907 0,95994 0,96080 0,96164 0,96246 0,96327
1,8 0,96407 0,96485 0,96562 0,96638 0,96712 0,96784 0,96856 0,96926 0,96995 0,97062
1,9 0,97128 0,97193 0,97257 0,97320 0,97381 0,97441 0,97500 0,97558 0,97615 0,97670
2,0 0,97725 0,97778 0,97831 0,97882 0,97932 0,97982 0,98030 0,98077 0,98124 0,98169
2,1 0,98214 0,98257 0,98300 0,98341 0,98382 0,98422 0,98461 0,98500 0,98537 0,98574
2,2 0,98610 0,98645 0,98679 0,98713 0,98745 0,98778 0,98809 0,98840 0,98870 0,98899
2,3 0,98928 0,98956 0,98983 0,99010 0,99036 0,99061 0,99086 0,99111 0,99134 0,99158
2,4 0,99180 0,99202 0,99224 0,99245 0,99266 0,99286 0,99305 0,99324 0,99343 0,99361
2,5 0,99379 0,99396 0,99413 0,99430 0,99446 0,99461 0,99477 0,99492 0,99506 0,99520
2,6 0,99534 0,99547 0,99560 0,99573 0,99585 0,99598 0,99609 0,99621 0,99632 0,99643
2,7 0,99653 0,99664 0,99674 0,99683 0,99693 0,99702 0,99711 0,99720 0,99728 0,99736
2,8 0,99744 0,99752 0,99760 0,99767 0,99774 0,99781 0,99788 0,99795 0,99801 0,99807
2,9 0,99813 0,99819 0,99825 0,99831 0,99836 0,99841 0,99846 0,99851 0,99856 0,99861
3,0 0,99865 0,99869 0,99874 0,99878 0,99882 0,99886 0,99889 0,99893 0,99896 0,99900
3,1 0,99903 0,99906 0,99910 0,99913 0,99916 0,99918 0,99921 0,99924 0,99926 0,99929

Konan Eugène KOUADIO 109 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

ANNEXE 2 : Table de la loi de Poisson


Valeurs de P (X > k) à  = Constante
k\ 1 2 3 4 5 6 7 8
0 0,632 0,865 0,950 0,982 0,993 0,998 0,999 0,999
1 0,264 0,594 0,801 0,908 0,960 0,983 0,993 0,997
2 0,080 0,323 0,577 0,762 0,875 0,938 0,970 0,986
3 0,019 0,143 0,353 0,567 0,735 0,849 0,918 0,968
4 0,004 0,053 0,185 0,371 0,560 0,715 0,827 0,900
5 0,001 0,017 0,084 0,215 0,384 0,554 0,699 0,809
6 0,005 0,034 0,111 0,238 0,394 0,550 0,687
7 0,001 0,012 0,051 0,133 0,256 0,401 0,547
8 0,004 0,021 0,068 0,153 0,271 0,407
9 0,001 0,008 0,032 0,084 0,170 0,283
10 0,003 0,014 0,043 0,099 0,184
11 0,001 0,005 0,020 0,053 0,112
12 0,002 0,009 0,027 0,064
13 0,001 0,004 0,013 0,034
14 0,001 0,006 0,017
15 0,002 0,008
16 0,001 0,004
17 0,002
18 0,001

Konan Eugène KOUADIO 110 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

ANNEXE 3 : Nouvelles tables de mortalité en zone CIMA


TABLE DE MORTALITE CIMA H

lx = nombre de vivants à l âge x dx = nombre de décès entre l’âge x et l’âge x+1


Age Lx dx Age Lx dx
0 1 000 000 5 368 54 868 076 7 712
1 994 632 726 55 860 365 8 066
2 993 906 555 56 852 299 8 425
3 993 351 473 57 843 874 8 941
4 992 878 404 58 834 933 9 531
5 992 474 368 59 825 402 10 282
6 992 105 332 60 815 120 11 025
7 991 773 313 61 804 094 11 914
8 991 460 313 62 792 181 12 791
9 991 147 294 63 779 390 13 653
10 990 853 313 64 765 737 14 647
11 990 541 313 65 751 090 15 611
12 990 228 368 66 735 479 16 578
13 989 860 438 67 718 901 17 371
14 989 422 538 68 701 530 18 178
15 988 884 708 69 683 352 18 989
16 988 176 896 70 664 363 19 811
17 987 279 1 113 71 644 551 20 635
18 986 166 1 319 72 623 917 21 426
19 984 848 1 466 73 602 490 22 188
20 983 382 1 551 74 580 303 22 921
21 981 830 1 603 75 557 382 23 641
22 980 227 1 632 76 533 740 24 351
23 978 596 1 653 77 509 389 25 022
24 976 943 1 681 78 484 367 25 672
25 975 262 1 710 79 458 695 26 347
26 973 552 1 753 80 432 348 27 049
27 971 800 1 795 81 405 299 27 722
28 970 004 1 838 82 377 577 28 259
29 968 166 1 886 83 349 317 28 557
30 966 281 1 926 84 320 761 28 543
31 964 354 1 964 85 292 218 28 247
32 962 390 2 028 86 263 970 27 685
33 960 362 2 118 87 236 285 26 841
34 958 244 2 244 88 209 445 25 718
35 956 000 2 368 89 183 727 24 317
36 953 632 2 515 90 159 409 22 677
37 951 116 2 672 91 136 733 21 960
38 948 445 2 849 92 114 773 21 943
39 945 596 3 057 93 92 830 21 051
40 942 539 3 296 94 71 779 19 222
41 939 243 3 584 95 52 557 16 535
42 935 659 3 877 96 36 022 13 233
43 931 782 4 194 97 22 789 9 705
44 927 588 4 524 98 13 083 6 406
45 923 065 4 866 99 6 678 3 722
46 918 199 5 199 100 2 955 1 855
47 912 999 5 515 101 1 100 768
48 907 484 5 815 102 332 254
49 901 669 6 108 103 78 64
50 895 561 6 395 104 13 12
51 889 166 6 705 105 2 2
52 882 462 7 026 106 0 -
53 875 435 7 359

Konan Eugène KOUADIO 111 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

TABLE DE MORTALITE CIMA F

lx = nombre de vivants à l âge x dx = nombre de décès entre l’âge x et l’âge x+1


Age Lx dx Age Lx dx
0 1 000 000 2 849 54 926 624 4 465
1 997 151 386 55 922 159 4 691
2 996 766 295 56 917 468 4 917
3 996 470 252 57 912 551 5 222
4 996 219 215 58 907 329 5 569
5 996 004 196 59 901 760 6 003
6 995 808 177 60 895 757 6 445
7 995 631 167 61 889 312 6 971
8 995 465 167 62 882 341 7 506
9 995 298 156 63 874 835 8 050
10 995 142 167 64 866 785 8 680
11 994 975 167 65 858 105 9 316
12 994 809 196 66 848 790 9 965
13 994 613 233 67 838 825 10 561
14 994 380 286 68 828 264 11 188
15 994 093 378 69 817 076 11 841
16 993 716 478 70 805 235 12 529
17 993 238 594 71 792 706 13 249
18 992 644 704 72 779 457 13 983
19 991 941 783 73 765 475 14 735
20 991 158 829 74 750 740 15 509
21 990 329 858 75 735 231 16 322
22 989 470 877 76 718 908 17 181
23 988 594 892 77 701 727 18 072
24 987 701 911 78 683 655 19 016
25 986 790 930 79 664 639 20 057
26 985 861 955 80 644 582 21 215
27 984 906 980 81 623 368 22 463
28 983 926 1 006 82 600 905 23 733
29 982 920 1 033 83 577 171 24 943
30 981 887 1 056 84 552 228 26 026
31 980 831 1 078 85 526 202 26 993
32 979 754 1 114 86 499 209 27 844
33 978 640 1 164 87 471 365 28 541
34 977 475 1 236 88 442 823 29 055
35 976 240 1 306 89 413 769 29 338
36 974 934 1 388 90 384 431 29 374
37 973 545 1 477 91 355 057 30 782
38 972 069 1 577 92 324 275 33 753
39 970 492 1 695 93 290 522 36 235
40 968 796 1 831 94 254 287 37 913
41 966 965 1 995 95 216 374 38 456
42 964 970 2 162 96 177 918 37 566
43 962 808 2 344 97 140 351 35 064
44 960 464 2 534 98 105 288 30 973
45 957 930 2 733 99 74 315 25 596
46 955 197 2 928 100 48 718 19 515
47 952 268 3 115 101 29 204 13 498
48 949 153 3 294 102 15 706 8 300
49 945 859 3 471 103 7 406 4 428
50 942 387 3 647 104 2 978 1 991
51 938 740 3 837 105 987 987
52 934 903 4 036 106 0 -
53 930 868 4 244

Konan Eugène KOUADIO 112 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


Généralités et Bases Techniques de l’Assurance MSTA&DESSA 2016-2018

ANNEXE 4 : Expressions des notations actuarielles

Nom Expression

Annuité viagère lx+1 lx+2 lx+k−1


payable d’avance ä x = 1 + (1 + i)−1 ∗ lx
+ (1 + i)−2 ∗ lx
+ ⋯ + (1 + i)−(k−1) ∗ lx
+⋯

Annuité viagère lx+1 lx+2 lx+k


ax = (1 + i)−1 ∗ + (1 + i)−2 ∗ + ⋯ + (1 + i)−k ∗ +⋯
payable à terme échu lx lx lx
Annuité viagère
lx+1 lx+2 lx+n−1
temporaire payable |nä x = 1 + (1 + i)−1 ∗ + (1 + i)−2 ∗ + ⋯ + (1 + i)−(n−1) ∗
lx lx lx
d’avance
Annuité viagère lx+1 lx+2 lx+n
temporaire payable à |na x = (1 + i)−1 ∗ + (1 + i)−2 ∗ + ⋯ + (1 + i)−n ∗
terme échu lx lx lx
Annuité viagère lx+n lx+n+1 lx+n+k−1
différée payable |nä x = (1 + i)−n ∗ + (1 + i)−(n+1) ∗ + ⋯ + (1 + i)−(n+k−1) ∗ +⋯
d’avance lx lx lx
Annuité viagère lx+n+1 lx+n+2 lx+n+k
différée payable à |na x = (1 + i)−(n+1) ∗ + (1 + i)−(n+2) ∗ + ⋯ + (1 + i)−(n+k) ∗ +⋯
terme échu lx lx lx
1 3 1
Capital vie entière Ax = (1 + i)−2q x + (1 + i)−2 pxq x+1 + ⋯ + (1 + i)−(k+2
)
kpx qx+k +⋯
1 3 1
−(n− )
Temporaire Décès |𝑛A x = (1 + i)−2 qx + (1 + i)−2 px qx+1 + ⋯ + (1 + i) 2 n−1px q x+n−1 +⋯
lx+n
Capital différé nEx = (1 + i)−n ∗
lx

1
On note en général v =
(1 + i)
Nombres de commutations :
1) En cas de vie
1
DX = lx ∗ (1+i)x

Nx = ∑ Dx+t
t=0

Sx = ∑ Nx+t
t=0

2) En cas de décès
1
CX = dx ∗ 1
(1+i)x+2

Mx = ∑ Cx+t
t=0

R x = ∑ Mx+t
t=0

Konan Eugène KOUADIO 113 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances


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Notations Nombres de
actuarielles commutations
Dx+n
nEx
Dx
Nx
ä x
Dx
Nx+1
ax
Dx
(Nx − Nx+n )
|nä x
Dx
(Nx+1 − Nx+n+1 )
|na x
Dx
Nx+n
n|ä
Dx
Nx+n+1
n|a x
Dx
Mx
Ax
Dx
(Mx − Mx+n )
|nAx
Dx

Konan Eugène KOUADIO 114 Commissaire Contrôleur en Chef des Assurances

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