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FINANCIER ALGERIEN
Avril 2005
Document réalisé par les experts MEDA dans le cadre du programme d’assistance technique
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Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier
Algérien
Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
SOMMAIRE
INTRODUCTION.................................................................................................................... 4
PRESENTATION DES METHODES ................................................................................... 8
EXPOSITION A LA SINISTRALITE PASSEE (CHAIN LADDER) ........................................................ 8
Présentation théorique de la méthode ................................................................................. 8
Types de données ............................................................................................................... 10
Limites de ces méthodes. ................................................................................................... 11
Autres types de données : les IBNR ................................................................................... 12
METHODES AVEC EXPOSITION AU RISQUE ET MIXTES ............................................................. 12
Préalable : construction d’un index des S/P ..................................................................... 12
Méthode 4 : rapport sinistres à primes attendu ................................................................ 14
Méthode Bornhutter – Fergusson...................................................................................... 14
Méthode 7 : Ajustement logarithmique ............................................................................. 15
Limites de ces méthodes .................................................................................................... 16
APPLICATION DES METHODES – DIFFICULTES ...................................................... 17
ANOMALIES DES TRIANGLES DE LIQUIDATION........................................................................ 17
Problématique ................................................................................................................... 17
Exemple ............................................................................................................................. 18
CADENCES LENTES ................................................................................................................. 22
Problématique ................................................................................................................... 22
TESTS DE CREDIBILISATION DES METHODES RETENUES.................................. 27
TEST EN AMONT ..................................................................................................................... 27
Rapport des montants des sinistres payés sur les charges de sinistres par année de
survenance et par période de développement.................................................................... 27
Nombre de sinistres liquidés.............................................................................................. 27
Dégagements historiques de boni/mali de provisions ....................................................... 27
Evolution au cours du temps de la part de sinistres sans suite dans le total des sinistres
déclarés.............................................................................................................................. 27
TEST EN AVAL ........................................................................................................................ 28
Coûts moyens finaux estimés ............................................................................................. 28
S/P estimés......................................................................................................................... 28
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Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
Conclusion ......................................................................................................................... 28
Ce guide a été rédigé pour les actuaires des compagnies algériennes, dans le cadre du
Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier Algérien mission d’assistance
technique (Lot 2) rédigé par :
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INTRODUCTION
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Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
Les méthodes sont présentées dans le présent document en fonction de leur degré
d’exposition au risque assuré, ou à la sinistralité passée.
Les méthodes existantes sont presque infiniment nombreuses, mais les méthodes
effectivement appliquées sont en pratique relativement limitées. Dans la suite de ce guide,
nous nous restreignons aux méthodes qui, en plus d’une acceptation très large par la
communauté internationale des assureurs, offrent des modalités pratiques assez facilement
maîtrisables et ne nécessitent pas des développements informatiques coûteux.
Famille Méthode
Cadences de développement CHAIN LADDER
Mixtes BORNHUETTER-FERGUSON
Mixtes Ajustement logarithmique
Loss Ratio Rapport "Sinistres à Primes" attendu
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PROGRAMME D’APPUI A LA MODERNISATION DU SECTEUR FINANCIER ALGERIEN
Exposition
SINISTRALITE RISQUE
PASSEE
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Ces différentes méthodes ont pour objet de cerner du mieux possible les engagements futurs
probables de l’assureur. La pratique conduit à calculer les engagements en appliquant
plusieurs de ces méthodes, de façon à déterminer un montant de provisions aussi fiable que
possible. On peut effectivement considérer que si plusieurs méthodes donnent des résultats
convergents, ces résultats donnent une bonne approximation du montant des engagements de
la compagnie.
Les méthodes choisies sont applicables à l’analyse des triangles de liquidation tels que
présentés ci-dessous :
Année d’inventaire
0 1 j j+1 n-i n-1 n
0 Co , o Co ,1 Co, j Co , j +1 C0, n − i Co , n − i Co , n
Co , o
Année de survenance
i-1
i Co , o Ci, j Ci , j +1 Ci , n − i
e
i+1
Co , o Ci +1, j Ci +1, j +1 dair
n
c ale
née
An
Cn −1, o Cn −1,1
n-1
Cn , o
n
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Modèle
La méthode Chain Ladder, qui est la méthode la plus utilisée dans le monde, est fondée sur
l’utilisation de link - ratios, ou coefficients de passage, entre les différentes années de
développement.
La méthode standard de Chain Ladder consiste à supposer que les (Cij) j=1,..,n sont liés par
un modèle de type de la forme :
j j+1 n
i Ci , n − 1 Ci , n − i
n − j −1
∑C
i =0
i , j +1
n − j −1
n ∑C0
i, j
Et à partir de ces coefficients de passage, il est alors possible d’obtenir une estimation
des montants de provisions, en prenant :
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n +1− k
∑C
i =0
i,k
Ĉi,k+1 = n +1− k
* Cik
∑C
i =0
i,k −1
j j+1 k n
i Ci , n − 1 Ci , n − i ˆ
C ˆ
C
i ,k i ,k
(H1) que les années de survenance sont indépendantes entre elles. Cette hypothèse
H1 signifie que les sinistres survenus au cours d’une année de survenance donnée
n’ont aucune influence sur les sinistres pouvant survenir l’année suivante. Cette
hypothèse est en général vérifiée dans la plupart des domaines de l’assurance.
(H2) que les années de développement sont les variables explicatives du
comportement des sinistres futurs. Cette hypothèse H2 signifie que la seule
explication de l’évolution du montant des sinistres au cours des années de
développement est la durée de ce développement. Cela signifie que sont occultés par
la méthode entre autres phénomènes, les modifications de la politique de recrutement
des contrats, les modifications d’organisation de la compagnie.
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TYPES DE DONNEES
Principe
La méthodes de cadence de développement des charges de sinistres est fondée sur l’hypothèse
que la variation relative d’une charge de sinistres d’une année de survenance donnée, d’une
date d’inventaire à une autre, est similaire à la variation relative de la charge de sinistres au
cours de la même période pour les années de survenance passées.
Ces outils sont utiles pour qualifier les méthodes de détermination des engagements du passé,
ainsi que la qualité des estimations dossier par dossier par exemple.
Test N°2 : Analyse du rapport des montants des sinistres payés sur les charges de
sinistres par année de survenance et par période de développement
Principe
Cette méthode est similaire dans son application à la méthode précédente mais elle diffère par
le fait que les montants projetés sont des montants de sinistres payés, les provisions dossier /
dossier de la compagnie étant exclues des charges.
Avantages et inconvénients
Cette méthode présente l’inconvénient d’ignorer les informations données par les estimations
de sinistres à payer.
En revanche, elle a l’avantage d’éviter les distorsions observées dans la méthode des cadences
de développements des charges de sinistres, dues à des mouvements anormaux (augmentation
ou diminution) sur les provisions sinistres dossier / dossier.
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Hypothèse sous jacente et test de crédibilisation
Test N°1 : Analyse du rapport des montants des sinistres payés sur les primes :
Test N°2 : Analyse du rapport des montants des sinistres payés sur la réserve
d’ouverture :
Cette étude permet de valider d’une part la qualité et la suffisance des réserves à l’ouverture
avec la réalité du coût des sinistres. On peut compléter cette étude par celle du ratio entre les
provisions techniques à la fin de l’exercice n-1 avec les paiements et la réserve calculée à la
fin de l’exercice "n".
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Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
En effet les hypothèses visant à supposer que rien ne change ne sont pas réalistes. En effet,
nous savons que le futur ne se découvre pas en regardant dans un rétroviseur.
Pour une compagnie d’assurances, la politique commerciale, le niveau des tarifs, l’évolution
des marchés ont une influence sur le risque assuré, et il est fréquent de constater une évolution
du comportement du portefeuille dans le temps, qui ne peut pas être pris en compte par ces
méthodes seules.
- La détermination des IBNR est une phase important de l’évaluation des engagements
de la compagnie.
- Leur évaluation correcte ne peut que reposer sur l’expérience des gestionnaires et un
outil statistique adapté, lié au méthode de suivi et d’enregistrement des flux
administratifs.
- En effet, ces données ne peuvent que provenir du constat a posteriori des sinistres
enregistrés postérieurement à la date de clôture, et qui doivent être considérés comme
réalisés avant ladite date. Ces observations doivent bien sûr être réalisées pour chaque
type de contrats, les habitudes et comportements pouvant être différents.
- Ces méthodes de dénombrement et d’estimation sont bien sûr suivies dans le temps
pour vérifier la permanence des comportements des assurés et des intermédiaires, si
une partie de la gestion sinistres est déléguée. De même, des événements extérieurs,
comme une grève de la poste par exemple, doivent être pris en considération pour
aménager les méthodes retenues.
- Ces méthodes doivent faire l’objet d’une description précise, et doivent être pérennes
dans le temps. Les éventuelles modifications font nécessairement l’objet d’une note
les justifiant, car les principes comptables rendent obligatoires la permanence des
méthodes, en vue de garantir la comparabilité des résultats dans le temps.
La valeur et l’évolution du coût moyen des sinistres doit faire l’objet d’un suivi statistique, de
façon à pouvoir prendre en compte les variations dues à l’évolution du marché, des garanties
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et des comportements. Ces études peuvent être conduites sur la base d’échantillonnages si la
masse de données à traiter est trop importante.
Les coûts moyens retenus doivent bien évidemment être en relation directe avec la
segmentation du marché de la compagnie, et l’on doit s’assurer en permanence de la
pertinence des observations que l’on pratique.
La fréquence des sinistres a un impact sur la profitabilité des contrats. Il faut donc suivre avec
attention ces fréquences, les comparer aux fréquences théoriques qui ont servi au calcul des
primes, afin de détecter d’éventuelles modifications de comportement.
De même une analyse précise des fréquences par région ou par intermédiaire doit être mise en
place afin de détecter d’éventuelles anti-sélections ou des pratiques non conformes à
l’éthique.
Test de crédibilisation
Ces tests doivent répondre aux questions concernant le moment où une fréquence ou bien une
moyenne est devenue significativement différente de celle ayant servi à la tarification et aux
méthodes de détermination des provisions.
Analyse de l’évolution au cours du temps de la part de sinistres sans suite dans le total
des sinistres déclarés
Cette analyse permet de se faire une idée du niveau des valeurs moyennes de sinistre dans le
temps en fonction de la variation de la part de sinistres sans suite, ou avec des paiements nuls.
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METHODE 4 : RAPPORT SINISTRES A PRIMES ATTENDU
Principe
Avec cette méthode, la charge finale prévisible est estimée à partir d’une mesure à priori de la
sinistralité.
C’est une approche qui relève plus de l’actuariat de la détermination des tarifs que du constat
des réalités du portefeuille. On peut penser qu’elle sera plus pertinente pour un nouveau
produit en phase de lancement, plutôt que pour un produit ayant déjà un historique dans la
compagnie.
Principe
La méthode de BORNHUETTER FERGUSSON (sur les sinistres payés ou sur les charges de
sinistres) conjugue :
la méthode des cadences : prise en compte de la sinistralité passée,
la méthode du rapport de sinistres à primes attendu : prise en compte de la tarification et
de l’exposition au risque.
Elle pondère chacune des estimations selon l’importance de la part des payés / encourus de la
survenance considérée :
Pour une survenance récente : si la cadence de déclaration (ou paiement) est rapide, la
valeur obtenue par la méthode de cadences sera prépondérante.
Dans le cas d’un déroulement long, la méthode du rapport de sinistralité aura le plus
d’influence dans le résultat.
Trois types de données sont nécessaires à l’utilisation de cette méthode :
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Les ratio S/P attendus,
Le montant des primes émises ou acquises,
La cadence de développement des sinistres et des règlements.
Avantages
Cette approche est robuste, elle donne des résultats satisfaisants pour :
des produits à développement long
ou des situations dans lesquelles le niveau de sinistralité enregistré à la date d’inventaire
est très faible et ne revêt pas un degré de crédibilité suffisant à l’utilisation d’autres
méthodes telles que celles des cadences.
Type de données
Principe
Cette méthode détermine, compte tenu de ce que l’on sait de l’évolution des paramètres
propres à la compagnie, le niveau attendu du rapport sinistres à primes pour l’exercice de
survenance à venir.
Le principe général consiste à observer l’évolution du ratio de sinistres à primes pour chaque
exercice de survenance au fur et à mesure du temps.
Sur la base de ces observations, on construit une courbe ajustée traduisant la montée en
puissance du ratio, au fur et à mesure du développement de l’exercice de survenance donnant
ainsi le niveau escompté du ratio pour les années futures.
Assez fréquemment, la courbe d’ajustement est une courbe de type exponentielle négative.
Nous proposons une méthode adaptée de celle de Craighead avec une courbe d’ajustement
logarithmique à la place de l’ajustement exponentiel négatif.
Modèle
Le graphique suivant illustre cette approche.
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90,00%
y = 0,321Ln(x) + 0,2186
R2 = 0,9883
80,00% Première année
60,00%
Troisième année
50,00%
Quatrième année
40,00%
Cinquième année
30,00%
Logarithmique (Première
y = 0,3325Ln(x) + 0,2001
20,00%
2
R = 0,9925
année)
Logarithmique
10,00%
(Deuxième année)
0,00%
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Les données sinistres payés cumulés par exercice de survenance sont divisées par le montant
des primes perçues pour chaque exercice de survenance, ce qui permet de donner un ratio
sinistres à primes par survenance.
On peut noter que les courbes d’ajustement par la méthode des moindres carrés sur la base
d’une courbe logarithmique permettent d’obtenir de bonnes approximations des valeurs
observées.
Le coefficient de détermination R² traduit la qualité de l’ajustement. Dans notre exemple
celui-ci ressort à plus de 0,99 ce qui correspond à une très bonne qualité de l’ajustement.
Si l’on retient la courbe d’ajustement comme estimateur de l’évolution du ratio S/P,
connaissant le montant des primes, on est capable de calculer les S/P probables des années les
plus récentes, et ainsi de déterminer le montant des provisions à constituer sur la période de
développement..
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APPLICATION DES METHODES – DIFFICULTES
Les modèles mathématiques actuariels et statistiques évoluent dans un monde parfait, ou les
lois de probabilité sont parfaitement respectées par des variables aléatoires bien obéissantes et
qui ne se marchent pas sur les pieds les unes les autres (on dit qu’elles sont indépendantes)
Les écarts suivent "bien sagement" des lois normales…
Mais le monde réel est différent, notamment dans un marché de l'assurance encore peu mature
comme l'est l’Algérie : les variables ne sont pas complètement indépendantes, les séries ne
sont pas complètes, les valeurs ne sont pas toujours fiables, les écarts ne sont pas gaussiens,
…. Il faut donc essayer de composer avec la dure réalité et malgré tout arriver à proposer des
estimations pertinentes et plausibles, malgré les imperfections observées.
Dans les méthodes que nous avons vus précédemment, les triangles de liquidation jouent un
rôle central et déterminant.
Nous allons traiter ci-après les principaux problèmes rencontrés dans l'analyse des provisions
techniques en Algérie et l'attitude à adopter dans ces cas là par les actuaires, puisque
l’imperfection des données ne permet alors pas aux méthodes classiques de s’appliquer. Il
faudra donc faire preuve de créativité pour essayer d’obtenir des estimations plausibles des
engagements futurs. Ces problèmes classiques se regroupent en deux catégories, qui visent les
deux grandes hypothèses d'application des méthodes classiques :
Le premier problème, que l'on appelle "anomalies dans les triangles de liquidations", fait
référence à tous les phénomènes qui nuisent à la régularité des triangles de liquidation :
problèmes de données non fiables, d'erreurs de saisie ou d'aberrations de marchés, de
discontinuités de séries, etc.
La seconde famille de problème a trait à la seconde hypothèse : la relative rapidité de la
cadence de règlement. Nous traiterons donc ici du problème, propre à tous les marchés en
phase de maturité, des cadences de règlements excessives.
PROBLEMATIQUE
Les triangles de liquidation sont l'expression de la régularité supposée du développement du
phénomène de liquidation des sinistres. Cette régularité est le fondement de la méthode de
calcul des provisions. Évidemment, lorsque les triangles présentent des anomalies, de trop
fortes irrégularités, le procédé d'estimation des provisions techniques devient impossible ou
difficile. Parmi les anomalies que l’on peut relever et qui doivent être intégrées dans l’analyse
actuarielle, les plus importantes sont les suivantes :
Présence de valeurs aberrantes : elles sont dues à des événements exceptionnels qui
sont particulièrement nombreux dans des branches telles que la responsabilité civile.
Les triangles peuvent être incomplets : si la société a décidé de ne pas souscrire de
contrats sur un marché difficile pendant certaines périodes, il n’y aura pas de données
sur ces exercices. Les changements se systèmes informatiques peuvent également
générer des absences de données.
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Faible homogénéité des triangles : l’environnement de l’assurance évolue rapidement
pour des raisons légales, jurisprudentielles, économiques… Les développements ne
sont pas les mêmes par exercice. Ceci explique que la “ partie supérieure1 ” du triangle
ne soit pas toujours exploitable.
Calcul d’un coefficient de queue : dans certains cas, le développement peut se prolonger
au-delà du triangle. Il peut être intéressant d’évaluer le coefficient par lequel il faudrait
multiplier le montant de la dernière année pour connaître le montant réellement
liquidé.
EXEMPLE
Les données ci-après proviennent de compagnies d’Europe centrale pour lesquelles nous
avons dû fournir une évaluation des provisions techniques. Ces compagnies proposent des
assurances automobiles, dans un pays qui a connu une période d’inflation très importante dans
le passé, et sur un marché caractérisé par des cadences de liquidation des sinistres très
longues.
Un autre exemple permet de visualiser les effets d’une très forte inflation sur les informations
disponibles pour déterminer les engagements de la compagnie.
18
1
Par partie supérieure du triangle, on entend les exercices antérieurs au premier exercice de
survenance pour lequel le développement complet est supposé connu. En plus de la question
d’homogénéité des triangles, l’information concernant les données de ces exercices est plus
difficile à obtenir que pour le triangle.
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PROGRAMME D’APPUI A LA MODERNISATION DU SECTEUR
FINANCIER ALGERIEN
Dans cet exemple, on constate sur la partie la plus ancienne, les effets d’une inflation
galopante qui ne permet pas de retenir ces données pour calculer les provisions techniques
ultérieures. On peut également s’étonner des valeurs des trois premières diagonales, qui
représentent chacune un même exercice civil, et pour lesquels on note des distorsions dans les
données. Cela est une preuve supplémentaire que ces données n’ont pas une grande
pertinence.
Des méthodes alternatives ont dû être utilisées, qui sont présentées dans le tableau de la page
suivante :
Evaluation à l’aide des coûts moyen des sinistres ;
Détermination de l’évolution du rapport "sinistres à primes" dans le temps.
Evaluation des nombres de sinistres
Comparaison globale du volume des provisions techniques aux primes encaissées.
Comparaison du volume des provisions au montant des sinistres réglés au cours de
l’année.
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29 661 8
1992.
83 915 474 2 829
10 685 8
1993.
7 765 032 666 726 723
8 056 10
1994.
17 605 2
7 348 22
1995.
33 197 5 19 508 170,17% 218
8 645 133
1996.
45 471 5 114 142 39,84% 1 988
Exercice de 7 128 1 188
1997.
survenance 57 950 8 105 082 55,15% 31 370 38 016
6 552 1 310
1998.
71 911 11 173 171 41,53% 75 284 72 072
5 282 1 321
1999.
115 803 22 175 132 66,12% 33 059 174 306
7 083 2 361
2000.
223 425 32 452 448 49,38% 161 156 528 864
9 914 4 957
2001.
389 280 39 1 450 279 26,84% 843 457 1 546 584
8 853 8 853
2002.
391 899 44 1 616 725 24,24% 982 317 3 505 788
2 126 643 5 867 836
Ration sinistres à primes à priori 85%
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CADENCES LENTES
PROBLEMATIQUE
De la même façon que les méthodes d'estimation des provisions techniques reposent sur l'idée
d'une régularité dans le processus de déroulement du processus de règlement des sinistres, ces
méthodes sont aussi directement dépendantes de la rapidité du processus. Plus le processus est
lent, plus la prévision est fragile dans son montant et dans son principe même.
A l'extrême, lorsque la situation se caractérise par une cadence lente (par exemple 10% de
règlement la première année seulement et encore 25% à régler au bout de 5 ans), totalement
irrégulière d’une année sur l’autre et aboutit à un coût total estimé extrêmement erratique, il
va de soi que toute évaluation prospective n’a guère de sens :
30
25
20
2003
1996
15
1995
10 1994
n
Près de 70% des sinistres 5
non encore réglés 2
n+ 0
4
n+ 1995
6
n+ 2003
8
n+
Le premier problème est lié au fait que la partie du coût total - qui est effectivement liquidée
au bout de 5 ou 6 ans - est très faible. A contrario, la partie qui reste à liquider est importante ;
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or c'est justement la partie sur laquelle porte l'incertitude et qu'il faut donc prévoir au travers
de la provision.
Un exemple numérique simple permet de bien illustrer ce phénomène. Supposons une
branche de risque caractérisée par une charge sinistres constante (par hypothèse fixée à 100)
et un processus de liquidation sur deux année : 80% la première année (année de déclaration)
et 20% l'année suivante. En rythme de croisière, cette compagnie règle, chaque année, 100 de
sinistres (80 de l'année en cours et 20 de l'année précédente) et elle inscrit 100 en charge
sinistre (80 en décaissement et 20 en dotation aux provisions techniques). Supposons que son
profit net soit de 5% de sa charge sinistre : elle réalise donc un résultat de 5. En fin d'année,
elle inscrit 20 de provision pour sinistres à payer. Une erreur de 10% sur la provision a un
impact de 2 sur le résultat final.
Supposons maintenant que son processus de liquidation soit modifié ainsi : 50% l'année de
survenance, 30% l'année suivante et le solde la troisième année. Ceci ne modifie rien à la
charge sinistre, mais modifie les provisions : à la fin d'une année, la compagnie doit inscrire la
charge sinistre non liquidée de l'année courante, qui représente 50 (30 pour l'année à venir et
20 pour l'année suivante) plus la dernière année de liquidation de l'année de survenance
précédente (20), soit une PSAP de 70. Ce simple changement de cadence a donc pour impact
de plus que tripler la provision technique. Et une erreur de 10% sur la même provision ne
représente plus 2 mais … 7 !
Le second problème provient de l’anarchie apparente des cadences de règlements entre des
années différentes. L’expert qui souhaite recalculer les provisions d’une compagnie a besoin
de pouvoir appliquer, à la matière première brute des séries passées, une "loi" quelconque,
que celle ci soit statistique, qu’elle se fonde sur une comparaison avec la moyenne du marché
ou tout autre principe. Dès lors que la matière première des chiffres manifeste une très forte
irrégularité, il devient impossible de prolonger le passé pour en déduire le futur.
De plus, il faut souligner que l’allongement de la cadence de règlement a pour conséquence
de soumettre les données obtenues à un aléa croissant du fait des changements de méthodes
ou de pratiques de règlement. Lorsque le règlement d’une année de survenance s’étale sur
15 ans, le département “ Sinistres ” de la compagnie aura connu plusieurs Directeurs,
plusieurs “ chargés de règlements ”, aura supporté plusieurs changements de politique de
règlement. Il sera alors difficile de plaquer sur la cadence obtenue une loi statistique, n’ayant
pas la stabilité indispensable à l’exercice.
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Si le décaissement de première année représente 14,4% du coût total, cela signifie que la
provision à fin de première année est de 85,6% (100-14,4%). En conséquence, la provision de
fin de première année représente bien 5,9 fois le décaissement de première année (85,6 /
14,4).
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PROGRAMME D’APPUI A LA MODERNISATION DU SECTEUR FINANCIER ALGERIEN
N N+1 N+2 N+3 N+4 N+5 N+6 N+7 N+8 N+9 N+10
142 90 44 37 32 25
1992.
7 700 011 5 184 149 4 321 041 8 846 513 13 159 068 13 124 881
87 74 37 26 23 27
1993.
2 821 041 5 379 195 2 921 631 7 051 979 5 965 829 14 597 546
104 60 44 27 28 28
1994.
2 963 077 2 633 684 4 057 511 4 717 049 9 244 629 8 187 688
232 107 59 42 51 39
1995.
2 820 239 3 419 488 5 322 284 5 833 720 10 975 776 8 528 085
3 623 1 642
2001.
106 184 405 89 796 221
3 505
2002.
106 925 554
Pour chaque année de survenance Première ligne : Nombre de sinistres Deuxième ligne : Montant réglé
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On voit sur ce premier exemple d’une part la durée de liquidation des prestations qui sur ce
document s’étalent sur 11 ans, avec des montants significatifs au delà de la troisième ou
quatrième année.
On constate également une absence de données pour plusieurs années de survenance et
plusieurs exercices de développement.
Le cumul de ces deux difficultés, ne permet pas d’utiliser la méthode d’évaluation des
provisions techniques Chain Ladder. Il est donc indispensable de trouver d’autres approches
pour évaluer les provisions techniques.
Dans ce cas également, plusieurs approches ont été testées :
Evaluation à l’aide des coûts moyen des sinistres ;
Détermination de l’évolution du rapport sinistres à primes dans le temps.
Evaluation des nombres de sinistres
Comparaison globale du volume des provisions techniques aux primes encaissées.
Comparaison du volume des provisions au montant des sinistres réglés au cours de
l’année.
Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier
Algérien
Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
TEST EN AMONT
RAPPORT DES MONTANTS DES SINISTRES PAYES SUR LES CHARGES DE SINISTRES
PAR ANNEE DE SURVENANCE ET PAR PERIODE DE DEVELOPPEMENT
Elle permet de se faire une idée du niveau des valeurs moyennes de sinistre dans le temps en
fonction de la variation de la part de sinistres sans suite, ou avec des paiements nuls.
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Programme d’Appui à la Modernisation du Secteur Financier
Algérien
Compte-rendu de mission d’assistance technique (Lot 2)
TEST EN AVAL
De la même façon, il est utile de procéder en aval (une fois les projections réalisées) à certains
tests sur les résultats obtenus, dans le but de crédibiliser ces derniers :
S/P ESTIMES
Analyser l'évolution au cours du temps des taux S/P finaux estimé des différentes années des
survenances et vérifier la tendance observée par rapport à celle attendue.
Vérifier le montant incrémental de sinistres payés au cours d’une période (année) par rapport
à celui attendu compte tenu des cadences projetées antérieurement.
CONCLUSION
Tous ces tests ont pour objet de valider la qualité des estimations effectuées avec les
méthodes retenues. Leur nécessité vient de ce qu'il ne suffit pas d’appliquer une méthode de
détermination des provisions techniques reconnue par la communauté actuarielle : encore
faut-il s’assurer de sa pertinence au regard des spécificités de la compagnie, de ses
portefeuilles et de ses capacités de gestion administrative.
Ces contrôles doivent aussi s’assurer que les hypothèses fixées dans les modèles théoriques
sont bien respectées lorsque l’on applique la méthode.
Par exemple, si l’on souhaite déterminer avec la méthode Chain Ladder le montant des
provisions pour un risque dont on sait que les modalités de recrutement du portefeuille ont
complètement été modifiées par un changement de positionnement marketing, il y a de fortes
chances que les résultats soient décevants. En effet, l’une des hypothèses les plus forte (H2 :
les années de développement sont les variables explicatives du comportement des sinistres
futurs) risque de ne pas être vérifiée ! En effet les années de développement des exercices de
survenance passées ne recouvrent pas les mêmes risques que les nouvelles, et il y a donc un
risque de modification des comportements des assurés.
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