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DEDICACE
REMERCIEMENTS
des personnes ayant une grande personnalité, arrosées d’éloge pour la considération dans la
contribution de la science et de la manière dont il le transmette.
iv
PRINCIPAUX SIGLES
INTRODUCTION
I. Motivation
Etant une discipline ayant pour objet l’ordre juridique qui régi le milieu
marin et leur divers utilisation dont il est susceptible. Le droit maritime fait partie du
droit commercial et constitue une branche du droit de transport qui s’applique aux
rapports naissant entre ceux qui exploitent le navire, ceux qui en usent et plus
spécialement les contrat qui en sont l’accessoire6.
1
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, article 1
2
Convention internationale pour l’unification de certaines règles sur la saisie conservatoire des navires de mer
Conclue à Bruxelles, le 10 mai 1952
3
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999
4
Réglement n°03/01-UEAC-088-CM-06 portant adoption du code communautaire révisé de la marine
marchande du 3 aout 2001
5
Acte Uniforme portant Organisation des Procédures Simplifiées d’Apurement du Passif et Voies d’Exécution,
en ligne sur www.ohada.com, consulté le 10 novembre 2020.
6
J. Loko, droit maritime, note de cours 3ème graduat, UNIKIN, Kinshasa, 2017-2018.
2
II. Problématique
Déjà la saisie est une voie d’exécution forcée par laquelle un créancier
fait mettre sous mais de la justice les biens de son débiteur, en vue de le faire vendre
aux enchères publiques et se faire payer sur le prix 11. Une saisie dans une voie
d’exécution forcée, qu’elle soit, ne peut donc s’appliquer que sur un bien qu’il soit
mobilier ou immobilier, corporel ou incorporel12 ; Tandis que, la saisie conservatoire
est une procédure dont l’objet est de placer sous-main de la justice des biens du
débiteur, afin que celui-ci n’en dispose pas ou ne les fasse pas disparaitre 13. C’est ainsi
que l’objet sur lequel porter la saisie de notre cadre analytique est le navire. Cet objet
est au cœur du droit maritime et est un instrument de navigation indispensable à toute
activité en mer. Le navire est le fruit de l'ingéniosité de l'Homme, construit pour faire
8
ASSONTSA (R.), op.cit., p. 107
9
NDZUENKEU (A.), L'OHADA et la réforme des procédures civiles d'exécution en droit africain : l'exemple du
Cameroun, Juridis Périodique n° 50, Avril-Mai-Juin 2002, P.114 et ss
10
Christian Valdano KOJOUO « La saisie des navires en droit positif camerounais »,
https://www.memoireonline.com/04/15/9125/La-saisie-des-navires-en-droit-positif-camerounais.html#fnref12,
consulté le 12 mai 2021
11
Guillen R. et Vincent J, « lexique des termes juridiques », 14ème édition Dalloz 2003, p. 518
12
Guillen R. et Vincent J, idem
13
Guillen R. et Vincent,J, ibidem
4
21
GUINCHARD (S.) et MOUSSA (T.), Droit et pratique des voies d'exécution, Paris, Dalloz 2001-2002, p 416
22
GUINCHARD (S.) et MOUSSA (T.), idem
23
Il s'agit de la Convention internationale pour l'unification de certaines règles sur la saisie conservatoire des
navires de mer du 10 Mai 1952 adoptée à Bruxelles
6
Une telle étude pourrait aussi s’avérer importante sur un tout autre
terrain car un navire est toujours beau ; plus exactement, aucun navire ne manque
jamais d’exercer sur qui aime l’élément marin un pouvoir intense de fascination que
l’on imagine lié à la principale fonction du navire : permettre aux homme d’ouvrir les
portes du monde qui leur sont inconnues, de l’autre côté du rivage ou jusqu’aux
confins du monde ; cette fascination a sans doute incité les gens de mer à attribuer au
bâtiments de mer, selon la formule adoptée par le maritime français, un caractère qui
lui est propre, une personnalité, un nom. Cependant, un navire est également une
chose, un bien meuble susceptible de faire l’objet d’une évaluation financière et qui
représente souvent une valeur économique important, voire colossale. Dès lors, la
valeur marchande du navire attire immanquablement mais à juste titre, l’intérêt pour
ne pas dire la convoitise des personnes physiques ou morales à la recherche du
désintéressement des créances dont elles peuvent être titulaires. Gage de recouvrement
des créances, la valeur économique d’un navire est par ailleurs un gage d’autonomie
dudit navire lancé dans périple, sa traversée, dans son aventure maritime. En effet, la
valeur d’un navire détermine le crédit que peuvent lui accorder les éventuels
avitailleurs ou prestataires de services, dont l’intervention permettra au navire
d’arriver au terme de l’expédition maritime. Quan il quitte son port d’attache, le navire
fait route vers des ports dans lesquels il fera escale et à proximité desquels demeurent
les personnes qui ont pu permettre l’accomplissement de son précédent voyage. Dès
lors qu’ils ne sont pas désintéressés de leurs créances, les créances auprès d’armateur
ou affréteurs situées à l’étranger et dont la solvabilité et même l’identité peuvent être
inconnues. La pratique maritime a donc imagé très tôt des solutions afin de permettre
aux créanciers du navire d’exercer leurs droits ou de se faire attribuer un gage sur le
navire. Tendant à conférer aux germanique et anglo-saxonne, la théorie du patrimoine
d’affectation est ignorée du droit français. La notion même de patrimoine d’affectation
ne peut qu’être qualifiée d’aberration juridique au regard du droit français qui ne
reconnait au patrimoine qu’un caractère personnel24, unique25 et indivisible26. Or,
l’analyse des origines d’institutions fondamentales du droit maritime telles que la
limitation de responsabilité du propriétaire de navire et celle du transporteur maritime
révèle qu’à maints égard, le navire constitue un patrimoine exploitant du navire ne
saurait assumer seul l’ensemble des risque induits par l’aventure maritime qui doivent
24
Seule une personne peut détenir un patrimoine
25
On ne peut détenir qu'un seul patrimoine
26
On ne peut scinder son patrimoine au gré des affectations des éléments qui le composent
7
dès lors être partagés par tous ceux qui trouvent un intérêt à l’accomplissement du
voyage. A l’origine, le risque que subissait l’armateur était limité au navire ;
l’armateur pouvait perdre son navire ou sa valeur au gré des aléas rencontrés lors de
l’expédition maritime. Si face à l’augmentation de la valeurs des navires, la pérennité
du transport maritime a exigé d’abandonner un système de limitation à hauteur de la
valeur du navire, la limitation de la responsabilité de l’armateur fait encore
aujourd’hui référence à la jauge du navire, de même que la limitation de la
responsabilité du transporteur maritime puisqu’elle est calculée selon le poids des
marchandises chargées à bord ou selon le nombre de colis embarquées. Les marchands
et autres négociants acceptaient quant à eux de perdre le solde de leurs créances
puisqu’ils s’interdisaient d’en poursuivre le règlement sur les autres biens composant
le patrimoine de l’armateur27. Ainsi, comme nous aurons à le voir par la suite, la
convention de Bruxelles de 10 mai 1952, pour l’unification de certaines règles sur la
saisie conservatoire des navires de mer et le code communautaire de la marine
marchande dans ses disposition sur la saisie de navires, permettent donc de saisir un
navire à titre conservatoire afin d’obtenir la garantie d’une créance maritime se
rapportant au navire. La convention confère ainsi une action contre le navire, une
action in rem, institution fondamental du droit anglo-saxon. Or, de même qu’il ignore
la théorie du patrimoine d’affectation, le droit français ne permet pas d’exercer un
quelconque droit contre une chose mais seulement contre les une personne (action in
personam). C’est ainsi que des disparités naitront lorsque la nécessité sera pour nous
d’examiner les conditions d’ouverture de la saisie des navires qui revêt un intérêt tout
à fait particulier par rapport au droit interne des saisies des biens meubles corporels
dont aurait pu faire partie la saisie des navires.
a. Intérêt intellectuel.
28
PARADESSUS in « in collection des lois maritime antérieures au 18ème siècle », paris, 1828-1835
9
ce qui est la participation d’un nouvel acteur économique se fassent plus présents en
son application, qu’être spéculative.
b. Intérêt pratique.
IV. Hypothèse
a. Méthodes
10
Cette méthode vise à éclairer les lois par l’histoire et l’histoire par les
lois. En effet, « pour comprendre une règle de droit, il est nécessaire de savoir
comment elle est née »33.
b. Technique
29
VERHAEGEN, Méthodologie et problématique de l’histoire immédiate, in cahier économique ; vol3, Sep
1997, p. 472
30
Idem, p173
31
MWANZO Eddy, Méthodologie Juridique, éd2, PUK, Kinshasa, 2015, p71
32
MWANZO Eddy, Cours de méthodologie juridique, juce, Kinshasa, 2017, p73
33
MAZEAUD. J et DE JUGLARD. M, Leçons de droit civil, Paris, Mont-chrétien, 1981, p35
34
MWANZO. E, Op. Cit, p75
11
35
Ordonnance-loi n°66-98 du 14 mars 1966, portant code de la navigation maritime, article 2 et 531 du décret du
30 juillet 1888
12
Or en droit maritime, seul le navire est susceptible d’être saisi selon les
règles qui en sont issues, ce qui est fondé l’originalité quant aux biens susceptibles de
donner lieu à la saisie des navires (§1), laquelle saisie ne pourrait être enclenchée que
pour une créance propre au domaine maritime et que l’on appelle créance maritime ;
cette créance maritime, en fonction de la législation applicable devrait paraître ou pas
36 Article 54 de l'AUPSRVE
13
§1. L’originalité quant aux biens susceptibles d’ouverture de saisie des navires
Tout aussi, la saisie conservatoire des navires telle qu’elle organisée par
les textes nous fait ressortir une originalité aussi remarquable due à l’étendue des
navires pouvant être saisie (B) car outre le navire fautif ou causal, l’on se rendra
compte de la possible de saisir d’autres navires dans certaines conditions bien précises.
Comme il a été signalé dans nos propos introductifs, le navire est une
notion très difficile à cerner ; cela est très nettement perceptible à travers l’absence de
définition concordante sur le plan international. Ceci dit, ni la convention de
Bruxelles, ni celle à venir de Genève ne donnent de définition du navire sur lequel sera
appliquée la saisie conservatoire qui forme pourtant leur objet. En l’absence d’une
telle définition, le droit interne les définit « Sont considérés comme navires pour
l’application du présent Code, tous bâtiments d’au moins 25 tonneaux de jauge, qui
font ou sont destinés à faire habituellement en mer, le transport des personnes ou des
choses, la pêche, le remorquage ou toute autre opération de navigation 37», mais aussi
37
Ordonnance-loi n°66-98 du 14 mars 1966, portant code de la navigation maritime, article 1
14
le CCMM CEMAC vient en appui. Ceci étant, le droit maritime de la CEMAC entend
par navire tout « bâtiment ou engin flottant de nature mobilière, quel que soit son
tonnage ou sa forme, avec ou sans propulsion mécanique, et qui effectue à titre
principal une navigation maritime38». Cet article, tout en définissant le navire, fixe ses
critères déterminants, et rompt avec les définitions qui prennent en compte le tonnage
du navire39. Ce qui n’est pas le cas du droit interne. Qui lui soutient le jaugeage, de sa
définition se dégage 4 élément : la capacité minimum ; navigation en mer ; nature des
opérations visées ; et opération de navigation40.
38
Art. 2(37) CCMM
39
Tel est le cas du Petit Larousse illustré, qui considère comme navire tout «bâtiment ponté, d'assez fort tonnage,
et destiné à la navigation en pleine mer ». V. Petit Larousse illustré, 1983. Face à l'absence de définition, la Cour
de cassation française rejettera le critère de tonnage retenu par la Cour d'appel de Grenoble pour qualifier l'engin
en cause. Bien que les deux Cours s'accordent pour refuser la qualité de navire à l'engin considéré, la Cour de
cassation se fonde plutôt sur l'inadéquation de l'engin à la navigation maritime. v. Cass. Civ. 6 décembre
1976, www.plevsi.com/jurisprudence.maritime, note de Cédric GROS.
40
Sébastien LESSEDJINA « droit maritime et les éléments de droit fluvial », presse universitaire du Congo,
Kinshasa, 2003, p. 27
41
Batiment de plaisance, bateau dont l’utilisation relève du domaine du loisir et de la détente pour les particuliers
autrement dit l bateau accueillant des passagers payant pour un séjour en mer, le nombre de passagers ne dit pas
dépasser douze. Le bateau peut etre à moteur (yatch) ou à voile, linternaute.fr consulté le 21 mars 2021
42
Sébastien LESSEDJINA, op. cit., p.30
43
JAMBU-MERLIN (R.), Le navire, hybride de meuble et d'immeuble ?, Études offertes à Jacques FLOUR,
Paris, Répertoire du Notariat Défrénois, 1979, p. 305
44
LANGAVANT (E.), « Droit de la mer : les moyens de la relation maritime », Paris, Cujas, tome3, 1983, p. 10
45
RODIERE (R.), « Traité général de droit maritime, Introduction, l'armement », Paris, Dalloz, tome 1, 1976,
pp. 217 et s
15
son argumentaire sur une jurisprudence constante qui prend en considération non les
aptitudes nautiques de l’engin, mais la réalité de son affectation 46. En effet, selon le
doyen RODIERE, le navire se définit comme un engin flottant de nature mobilière,
affecté à une navigation qui l’expose habituellement aux risques de la mer. Cette
définition exclut d’emblée du champ d’application les bateaux de rivière soumis à une
réglementation spécifique. Sont exclus par ailleurs les engins flottant tels que les
plates-formes pétrolières, ponton fixes, Challans, usines ou hôtel flottants 47. L’on s’est
aussi demandé si le navire doit perdre sa qualité et échapper à son statut quand, venant
de la mer, il pénètre profondément dans les terres, ou quand celui-ci ne navigue plus
(stationné au port) ou n’est plus en état de naviguer (épave). Pour LANGAVANT, tant
que le navire conserve son aptitude à prendre la mer, c’est-à-dire à effectuer une
navigation maritime, celui-ci conserve aussi sa qualité de navire 48. De même,
l’affectation du navire à une activité quelconque n’a aucune incidence et il peut s’agir
d’un navire de commerce, de pêche, de navigation sportive, de plaisance ou de
recherche scientifique49.
On peut conclure que si tous les navires sont des bâtiments de mer, tous
les bâtiments de mer ne sont pas des navires à cause du critère d’aptitude à la
navigation maritime. Il se pose donc par la suite la problématique de l’application des
règles de la saisie conservatoire des navires à la saisie des accessoires du navire.
46
« La destination de bâtiment de mer ne résulte pas de la destination qu'a pu envisager à l'origine le
propriétaire ou le constructeur, ni des mesures qu'ils auraient pu prendre à ce moment ; c'est à la nature de la
navigation que sont attachés le droit de suite et les privilèges de l'article 191 ». Req. 22 juillet 1896, D. 1896. 1.
560 ; S. 1897. 1. 81, note Blondel ; - BRUZIN (A.), NECTOUX (J.), Jurisprudence française de 1807 à 1952,
Paris, éd techniques. C'est en application de ce critère que la Cour de cassation qualifie de navire, parce qu'il
effectuait une navigation en mer et n'était destiné qu'à cela, un bateau de type Zodiac malgré son très faible
tonnage (Cass. Com. 27 nov. 1972, Gipsy II, DMF, 1973, 160, note PLUREAU ; SCAPEL, 1973, 4.
47
Béatrice FAVAREL-VEIDIG, La saisie conservatoire des navires en droit français, Gazette du Palais du 28 et
29 Septembre 2005
48
LANGAVANT (E.), op.cit., p.14
49
HESSE (Ph.J.), BEURRIER (J-P), CHAUMETTE (P.), TASSEL (Y.), MESNARD (A.-H.) et REZENTHEL
(R.), « Droits maritimes, mer, navire et marins », tome 1, juridis service, 1995, p. 271.
16
Le juge suprême s’est donc retrouvé en face d’un dilemme : d’une part,
il s’agissait de savoir pour la cour de cassation si les disposition du décret du décret du
27 octobre 196755 pouvaient être étendues à la saisie conservatoire des créances de
fret ; d’autre part et principalement, la cour devait connaitre du statut juridique des
soutes, et dire si la saisie conservatoire des soutes devrait obéir ou non aux mêmes
règles de compétence que la saisie conservatoire de navire déterminée par l’article 29
du décret du 27 octobre 196756, réglant ainsi un problème de compétence.
54
Le juge de la Cour d'appel de Rouen en l'espèce, aurait souhaité l'application du décret n°92/755 du 31 Juillet
1992 instituant de nouvelles règles relatives aux procédures civiles d'exécution pour l'application de la loi
n°91/650 du 09 Juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution, faisant office de droit commun
des procédures civiles d'exécution. Ceci étant, au lieu de l'intervention du président du tribunal de commerce
comme cela a été dans le cas d'espèce, il légitime plutôt le juge de l'exécution en vertu de l'article 211 du décret
de 1992 ci-dessus cité qui dispose : « Le juge compétent pour autoriser une mesure conservatoire est le juge de
l'exécution du lieu où demeure le débiteur ».
55
Le décret français n°67/967 du 07 Octobre 1967 portant statut des navires et autres bâtiments de mer, fait
office de droit interne français de la saisie des navires, qu'il s'agisse de saisie conservatoire ou de saisie-
exécution des navires.
56
L'article 29 du décret français susdit dispose en effet : « La saisie conservatoire est autorisée par ordonnance
rendue sur requête par le président du tribunal de commerce ou, à défaut, par le juge d'instance », parlant ainsi
de la saisie conservatoire des navires.
18
Dans son arrêt, la cour de cassation adopte une solution inverse comme
nouveau fondement et vient censurer la solution de la cour d’appel en énonçant que les
soutes d’un navire sont un élément de celui-ci et relèvent par conséquent des mêmes
règles de compétence que la saisie du navire lui-même, qu’en conséquence,
conformément à l’article 29 du décret du 27 octobre 1967, le président du tribunal de
commerce est compétent pour l’autoriser.
si les soutes ne font pas matériellement partie intégrante du navire, elles sont
néanmoins utiles à sa navigabilité au sens nautique, et constituent avec lui en « unité
juridique ». La difficulté réside dans leur nature fongible et consomptible. Ainsi, il
serait inopportun de les classer dans la catégorie des agrès et apparaux. Les professeur
RODIERE et Du PONTAVICE s’opposaient au rattachement des avitaillements en
général. Les soutes sont néanmoins des « accessoires nécessaires » au bon
fonctionnement du navire constituant avec lui une « unité juridique ».
Pour en conclure, il faut retenir tout d’abord que c’est la première fois
que la cour de cassation la compétence du tribunal de commerce dans un contentieux
relatif à la saisie des soutes ; ensuite, l’intérêt de l’arrêt est d’exclure désormais les
exigences du droit commun issues des textes de 1991-1992 portant réforme des
procédures civiles d’exécution ; enfin, la saisie conservatoire des soutes étant soumise
aux mêmes règles que celles de la saisie des navires, celles-ci ne peuvent recevoir
application que si c’est ensemble du navire qui se trouve soumis à la procédure de
saisie ; cela sous-entend que les soutes ne seront que rarement saisissable ut singuli59.
59
C'est-à-dire la saisie conservatoire des soutes du navire à titre individuel ; par opposition à la saisie ut
universi qui renvoie à la saisie conservatoire des soutes du navire concomitamment à la saisie conservatoire du
navire auquel elles renvoient.
20
Les textes sur la saisie conservatoire des navires sont unanimes sur le
fait que ladite saisie peut être pratiquée soit sur le navire auquel se rapporte la créance
(1), soit sur tout autre navire appartenant à celui qui était au moment où est née la
créance maritime, propriétaire du navire auquel se rapporte la créance 60 (2).
Sur le plan interne, la saisie peut être pratiquée sur n’importe quel
navire appartenant à celui qui est, au moment où est née la créance maritime,
propriétaire du navire auquel se rapporte cette créance 61. Cette formule rejoint
également celle retenue sur le plan international. C’est ainsi que la convention
actuellement applicable sur la sphère internationale à savoir la convention de
Bruxelles du 10 mai 1995 pour l’unification de certaines règles sur la saisie
conservatoire des navires de mer62 dispose que le demandeur peut saisir tout navire
auquel la créance maritime se rapporte. Cette faculté accordée au créancier constitue
un exemple typique d’application directe de l’action in rem puisqu’elle exclut toute
référence au propriétaire du navire et élude par la même occasion la question de
l’obligation du propriétaire à la l’origine de la demande de saisie, question qui aurait
été un préalable nécessaire à la saisie du droit OHADA. Selon la convention, le navire
seul est « débiteur » de la créance maritime puisque sa naissance est liée au navire ou
à son exploitation, ce qui justifie sa saisie63.
que la dette ait été contractée par une personne autre que le propriétaire en
l’occurrence l’affrètement. Ainsi, là l’effet de cette disposition, le créancier bénéficie
en principe d’un droit personnel contre le navire, qualifiée de « maritime lien »64. La
convention précise en outre en son article 3 paragraphe 4 alinéa 1 er que le créancier de
l’affréteur coque nue du navire « peut saisir ce navire »65, et l’article 3 paragraphe 4
alinéa 2 ajoute que cette règle « s’applique également à tous les cas où une personne
autre que le propriétaire est tenue d’une créance maritime ».
64
GUINCHARD (S.) et MOUSSA (T.), Droit et pratique des voies d'exécution, Paris, Dalloz, 2001-2002, p. 432
65
C'est-à-dire celui auquel se rapporte sa créance
66
Affrètement coque-nue : « se définit comme le contrat par lequel le fréteur met à disposition de l'affréteur un
navire sans armement, ni équipement ou avec un équipement et un armement incomplets, cela en contrepartie
d'un fret, moins important que celui demandé pour l'affrètement à temps », https://www.glossaire-
international.com/pages/tous-les-termes/affretement.html, consulté le 5 mai 2020
67
Affrètement à temps: « se définit comme le contrat par lequel le fréteur met à la disposition de l'affréteur un
navire armé, équipé et doté d'un équipage complet pour un temps défini par la charte-partie, cela en
contrepartie d'un fret », https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/affretement.html,
consulté le 5 mai 2020
68
Affrètement au voyage : « se définit comme le contrat par lequel le fréteur s'engage, en contrepartie d'un fret,
à mettre à disposition un navire armé tout en conservant la gestion nautique et commerciale : il reçoit dans ce
cas la marchandise de l'affréteur à bord de son navire qu'il déplace d'un port maritime à un autre. Il ne faut pas
confondre l'affrètement au voyage et le contrat de transport maritime, le premier est une mise à disposition de
matériel et le second une prestation de service ; cela est différent même s'il y a des similitudes »,
https://www.glossaire-international.com/pages/tous-les-termes/affretement.html, consulté le 5 mai 2020
22
L’article 3 paragraphe 1 précise par ailleurs que seul peut être saisie le
navire auquel se rapportent les créances relatives à la propriété contestée du navire 73, à
la copropriété contestée d’un navire, à sa possession, son exploitation, ou les droits
aux produits d’exploitation d’un navire en copropriété 74, ainsi qu’aux hypothèques
maritimes75. A contrario, s’il allègue une autre créance maritime, le demandeur peut
saisir un navire qui n’a aucun lien avec la créance à garantir ; l’unique élément de
rattachement tient à la personne du propriétaire du navire auquel la créance se
rapporte.
Sur le plan interne78, aussi le CCMM, en son article 114 dispose que :
« la saisie peut être (…) sur tout autre navire appartenant à celui qui était, au moment
où est née la créance maritime, propriétaire du navire auquel cette créance se
rapport ». emboitant le pas du CCMM, la convention de Bruxelles dispose que « …
tout demandeur peut saisir (…) tout autre navire appartenant à celui qui était, au
moment où est née la créance maritime, propriétaire du navire auquel cette créance se
rapport alors même que le navire saisie est prêt à faire voile 79 ». Dans l’un comme
73
Convention international de Bruxelles du 10 mars 1952 pour l’unification de certaines règles sur la saisie
conservatoire des navires de mer, article 1 paragraphe 1 (o)
74
Idem, article 1 paragraphe 1 (p)
75
Ibidem, article 1 paragraphe 1(q)
76
Ordonnance-loi n°66-98 du 14 mars 1966, portant code de la navigation maritime, article 110 alinéa 2
77
Il convient toutefois de noter qu'en droit interne français, et avec son attachement à la conception personnaliste
en la matière, découlant de la consécration de l'action in personam de la saisie conservatoire du navire, le
créancier peut sans aucun doute saisir tout autre navire du débiteur autre que celui auquel la créance se rapporte,
dès lors que la créance invoquée paraît fondée dans son principe (article 29 alinéa 2 du décret n°67-967 du 07
Octobre 1967 portant statut des navires et autre bâtiments de mer). Voir également HESSE (Ph.J.), BEURRIER
(J.-P.), CHAUMETTE (P.), TASSEL (Y.), MESNARD (A.-H.) et REZENTHEL (R.), op.cit., p.273 ; également
MOULET (J.), op.cit., p. 14
78
Ordonnance-loi n°66-98 du 14 mars 1966, portant code de la navigation maritime,article 109
79
Convention international de Bruxelles du 10 mars 1952 pour l’unification de certaines règles sur la saisie
conservatoire des navires de mer, article 3 paragraphe 1
24
dans l’autre cas, il s’agit des formules identiques qui dérogeraient en quelque sorte à la
conception de l’action in rem telle que saisie ci-dessus telle que consacrée et
rejoindrait la conception in personam ; ce qui permettrait au créancier de l’obligation
de ne plus s’attaquer uniquement au navire débiteur à travers la possibilité à lui offerte
de saisir les autres navires qui appartenaient au débiteur au moment où la créance
maritime est née. La formulation ainsi exprimée est à relativiser dans la mesure où
dans certains cas, on ne devrait saisir que le navire auquel la créance se rapport : c’est
dans cette hypothèse que la convention prévoit qu’aucun navire ne pourra être saisi
pour une créance prévue aux alinéas (o), (p) ou (q) de l’article premier à l’exception
du navire même que concerne la réclamation80.
80
Il s'agit des cas suivants : la propriété contestée du navire, à la copropriété contestée d'un navire, à sa
possession, son exploitation, ou les droits aux produits d'exploitation d'un navire en copropriété ainsi qu'aux
hypothèques maritimes.
81
GOUILLOUD (R.), L'émanation maritime-pour sortir de la clandestinité, DMF 1992 p.451, cité par HESSE
(Ph.J.), BEURRIER (J.-P.), CHAUMETTE (P.), TASSEL (Y.), MESNARD (A.-H.) et REZENTHEL
(R.), op.cit., p.273
82
Encore dénommées single ship companies ou one ship companies
83
HESSE (Ph.J.), BEURRIER (J.-P.), CHAUMETTE (P.), TASSEL (Y.), MESNARD (A.-H.) et REZENTHEL
(R.), op. cit., p. 273
84
JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op.cit. P 523
25
partie du même groupe, pour démontrer cette fictivité 85. Cette jurisprudence, plus
empreinte de droit des sociétés que de droit maritime, est directement inspirée de celle
ayant cours en matière d’extension d’une procédure collective ouverte à l’encontre
d’une société, à une autre société.
85
Cass.com., 21 janvier 1997, n°94-19.585, DMF 1997, p.612, Note VIALARD, arrêt dans lequel le fait que la
société possédant le navire et celle débitrice appartiennent au même groupe, n'a pas été jugé suffisant ; cité par
JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op.cit. p. 523
86
Cass.com., 23 novembre 1999, Bull. civ IV, n°204, Droit Maritime Français 2000, obs. MOLFESSIS.
26
moins des difficulté87. Elle ne conduit pas à une impasse contrairement à ce que l’on
pourrait penser, par ce que s’il est vrai que celui contre lequel la saisie est poursuivie
n’est pas débiteur et ne le devient pas du fait de la saisie, la garantie donnée par le
propriétaire non débiteur du navire saisi englobera l’armateur débiteur. C’est alors en
tant que souscripteur de cette garantie donnée pour le compte de ce débiteur que celui
est propriétaire du navire sera assigné et condamné.
87
Nous pensons cependant qu'en droit interne français et avec sa prise en considération de l'obligation in
personam qui voudrait que le débiteur engage ses biens, tous ses biens et rien que ses biens, le créancier ne
pourrait pas saisir le navire qui est passé en d'autres mains que celles du débiteur. Cependant, si le créancier fait
valoir une créance privilégiée, la solution inverse pourra s'imposer, et dans la limite de l'opposabilité aux tiers de
ce privilège maritime. Voir en ce sens, CA de Pau, 6 décembre 1984, navire « spartan », DMF 1985, p.589 ; voir
également, VIALARD, La saisie conservatoire du navire pour dettes de l'affréteur à temps, DMF 1985, p.579.
27
Pour que cette convention soit applicable, il faut d’abord que la saisie
soit pratiquée dans un des Etats contractants 89. Tout Etat peut y adhérer en notifiant
son adhésion au Ministère des affaires étrangères de Belgique. L’adhésion engage
l’Etat adhérent à l’expiration d’un délai de 6 mois 90. La France ayant rendu cette
Convention applicable à ses colonies (parmi lesquelles le Cameroun), territoires
d'Outre-mer entre autres, depuis le 23 avril 1958, conformément à l'article 18
paragraphe (a) de ladite Convention 91. Le Zaïre, actuelle République Démocratique du
Congo a adhéré quelques années après son indépendance92.
n’a semble-t-il plus cours depuis un arrêt du 30 octobre 2000 94. Pour comprendre la
portée de cette importante décision, il convention de rappeler qu’aux termes de
l’article 8 de la convention de Bruxelles du 10 mai 1952, « chaque Etat contractant
peut refuser tout ou en partie des avantages de la présente convention à tout Etat non
contractant et à toute personne qui n’a pas, au jour de la saisie, sa résidence
habituelle ou son principal établissement dans un Etat contractant ». C’est par
l’application littérale de ce texte que la cour de cassation française considère
désormais, que la convention de Bruxelles soit applicable à la saisie conservatoire
pratiquée en France même sur un navire d’un Etat non contractant, en l’espèce « le
panama », dès lors que cette saisie est au moins pratiquée pour recouvrer une créance
maritime. Seul l’Etat et non par le juge ou le créancier peut priver un Etat non
contractant du bénéfice de tout ou partie des dispositions de la convention de
Bruxelles, dans l’exercice de son pouvoir normatif réglementaire ou législatif.
94
Cass. Com., 30 octobre 2000, Bull. civ. IV, n° 168, DMF décembre 2000, p. 1012, obs. J.-P. Rémery, et sur
renvoi après cassation, CA Montpellier, 1ère ch., sect. AS, 1er décembre 2003, n° 01 /00384, DK Line
c /Petredec Ltd, navire « Sargasso »
95
Rappelons cependant que cette définition restrictive de la notion de créance maritime n'avait pas cours, lorsque
le juge, avant l'arrêt du 30 octobre 2000, pouvait faire application de la convention de Bruxelles ou du droit du
for à son choix, c'est-à-dire, lorsque le navire bat pavillon d’un État étranger non partie à la convention de
Bruxelles. Comme nous l'avons vu, cette solution n'aura donc désormais plus cours, que lorsque l'État, et non
plus le juge ou le créancier, aura refusé à tout État non contractant, dans le cadre de son pouvoir normatif
réglementaire ou législatif, en application de l'article 8 alinéa 3 de la convention de Bruxelles du 10 mai 1952, le
bénéfice de tout ou partie des dispositions de ladite convention. Dans ce cas, et désormais dans ce cas seulement,
il y a lieu de considérer que la saisie peut être pratiquée pour toute créance, telle que définie par le droit interne
du for, solution d'autant plus favorable au créancier saisissant que le droit interne applicable sera moins restrictif
que le droit conventionnel en matière de définition de la créance saisissable.
96
Formulation que l’ordonnance-loi du 14 mars 1966 portant code de la navigation maritime
30
capitaine et ceux effectués par les chargeurs, les affréteurs ou les agents pour le
compte de navire ou de son propriétaire ; la propriété contestée d’un navire ; la
copropriété d’un navire ou sa possession ou son exploitation, ou les droits aux produits
d’exploitation d’un navire en copropriété ; toute hypothèque maritime et tout mort-
gage.
La future convention de Genève, sur la même question apporte plus des précisions, ce qui
rendra forcément son application moins malaisée.
97
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999
98
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999, article 12 :
« La présente Convention est ouverte à la signature des États au Siège de l'Organisation des Nations Unies, à
New York, du 1er septembre 1999 au 31 août 2000. Elle reste ensuite ouverte à l'adhésion » Article 14 : « La
présente Convention entre en vigueur six mois après la date à laquelle 10 États ont exprimé leur consentement à
être liés par elle ». v. Berlingreri, Analyse de la convention du 12 mars 1999 sur la saisie conservatoire des
navires, DMF 1999, p.403 ; CMI newsletter n°1, 1999.
99
Il s'agit de l'Estonie, la Lettonie, la Bulgarie, la Syrie et l'Espagne.
100
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999, article 8
alinéa 1 : « La présente Convention est applicable à tout navire relevant de la juridiction d'un État partie, quel
qu'il soit, et battant ou non pavillon d'un État partie »
101
convention de Bruxelles de 10 mai 1952 pour l’unification de certainses règles sur la saisie conservatoire des
navires de mer, Article 8
102
convention de Bruxelles de 10 mai 1952 pour l’unification de certainses règles sur la saisie conservatoire des
navires de mer, Article 8
31
il bat pavillon, par un créancier établi dans cet Etat, révèle du droit du for c’est-à-dire
du droit interne de ce même Etat103 ; deuxièmes, chaque Etat signataire peut préciser
lors de son adhésion à la convention, que celle-ci ne s’applique qu’aux navires battant
pavillon de l’un des Etats signataires104.
106
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999, article
1er paragraphe 1(q)
107
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999, article
1er paragraphe 1(r)
108
La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la du 12 mars 1999, article
1er paragraphe 1(d)
33
Les créances maritimes découlant de cette convention ont été pour ainsi
dire, pour la plupart reprises dans le contexte CEMAC par le CCMM qui a d’ailleurs
fait un renvoi exprès à cette convention.
Le CCMM
111
Réglement n°03/01-UEAC-088-CM-06 portant adoption du code communautaire révisé de la marine
marchande du 3 aout 2001, article 120 alinéa 2 : « elle peut être accordée dès lors qu'il est justifié d'une créance
maritime... ».
112
Réglement n°03/01-UEAC-088-CM-06 portant adoption du code communautaire révisé de la marine
marchande du 3 aout 2001, article 119 du CCMM
35
Que faut-il entendre par créance maritime ? la loi précise qu’il faut
entendre par cette expressions l’allégation d’un droit yant l’une des causes suivant114 :
113
Un exemple patent est le cas de l'hypothèque qui figure dans le texte de référence à savoir la convention de
Genève de 1999 (et même aussi dans celle de Bruxelles de 1952) mais qui ne figure pourtant pas dans le
CCMM.
114
Une formulation faite par la convention de Bruxelles
36
Et de même l’on constate que parmis les causes qui donneraient accès à
une quelconque saisie conservatoire sont majoritairement reprises par la loi national,
saut deux allégations116.
115
1. Les dispositions de la présente Convention sont applicables dans tout Etat Contractant à tout navire battant
pavillon d’un Etat Contractant. 2. Un navire battant pavillon d’un Etat non Contractant peut être saisi dans l’un
des Etats Contractants, en vertu d’une des créances énumérées à l’art. 1, ou de toute autre créance permettant la
saisie d’après la loi de cet Etat. 3. Toutefois, chaque Etat Contractant peut refuser tout ou partie des avantages
de la présente Convention à tout Etat non Contractant et à toute personne qui n’a pas, au jour de la saisie, sa
résidence habituelle ou son principal établissement dans un Etat Contractant. 4. Aucune disposition de la
présente Convention ne modifiera ou n’affectera la loi interne des Etats Contractants en ce qui concerne la saisie
d’un navire dans le ressort de l’Etat dont il bat pavillon par une personne ayant sa résidence habituelle ou son
principal établissement dans cet Etat. 5. Tout tiers, autre que le Demandeur originaire qui excipe d’une créance
maritime par l’effet d’une subrogation, d’une cession ou autrement, sera réputé, pour l’application de la présente
Convention, avoir la même résidence habituelle ou le même établissement principal que le créancier originaire.
116
Convention international de Bruxelles du 10 mars 1952 pour l’unification de certaines règles sur la saisie
conservatoire des navires de mer, article 1 (h) Prêt à la grosse et (q) tout mort-gage
117
Petit Larousse illustré, 1983
37
123
Par exemple, à l'alinéa d du paragraphe 1 de l'article 1er qui couvrait les créances relatives à l'environnement,
on avait ajouté les « dommages, coûts ou pertes de nature similaire à ceux qui sont indiqués dans le présent
alinéa d »
124
KODJO GNINTEDEM (M.-D.), L'hypothèque maritime dans le Code CEMAC de la Marine Marchande,
mémoire pour l'obtention du master en droit, université de Yaoundé II, février 2008, p 58
125
KODJO GNINTEDEM (M.-D.), L'efficacité des sûretés maritimes, op.cit., p 221
39
garantie (c’est-à-dire soit le navire en soit le fret, soit la cargaison, soit deux d’entre
ces trois éléments, soit les trois), arrive à bon port 126(Le prêt à la grosse, en anglais
bottomry, ne se fait en droit anglais qu’en cas de nécessité survenant en cours de
route ; il faut que le capitaine se trouve dans une situation telle qu’il n’ait aucun
moyen de se procurer les fonds nécessaires à la poursuite du voyage) 127. Cependant,
Tel on l’aura remarqué, le prêt à la grosse se présente comme une combinaison de
contrat d’association, de crédit et d’assurance128.
Par cette attention que nous affirmerons à notre humble avis que les
hypothèques maritimes font partie des créances maritimes.
126
Sébastien LESSEDJINA, op. Cit., p. 54
127
Idem
128
Sébastien LESSEDJINA, op. Cit., p. 54
129
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, Article 109 (p)
40
droit international la convention de Bruxelles 130. Ceci est un originalité qui déroge
fondamentalement au droit commun de la saisie conservatoire mobilière 131 qui exige
pour ce faire, tout simplement une créance paraissant fondée dans son principe 132.
Cette exigence nous fait nécessairement ressortir quelques remarques.
136
CA de Noumea, 14 octobre 2010, navire « King Tamatoa », obs. P. DELEBECQUE, DMF, janvier 2011. Cité
par Christian V. K. note 106, Christian V.K, « la saisie de navire en droit positif camerounais »,
https://www.memoireonline.com/04/15/9125/La-saisie-des-navires-en-droit-positif-camerounais.html#fnref87,
consulté le 27 février 2021
137
PTPI-Bonanjo, ordonnance de référé n°299 du 12 Avril 2007, affaire Salam international transport and
trading Co. Ltd contre A/S Dan Bunkery Ltd, navire « Salam 4 » (inédit). Cité par Christian V. K. note 107
Christian V.K, « la saisie de navire en droit positif camerounais »,
https://www.memoireonline.com/04/15/9125/La-saisie-des-navires-en-droit-positif-camerounais.html#fnref87,
consulté le 27 février 2021
138
KODJO GNINTEDEM (M.-D.), L'efficacité des sûretés maritimes, op.cit., p 231
139
Cependant, en droit français, et comme l'a rappelé la Cour de cassation, une telle saisie n'est autorisée que pour
les créances privilégiées, à l'exclusion des autres créances maritimes, et en raison du fort droit de suite attaché
aux privilèges maritimes. Cf. Cass.com, 4 octobre 2005, navire « Renaissance One », www.lexinter.net.
42
Le droit interne CEMAC dispose à travers son CCMM : « elle (la saisie
conservatoire des navires) peut être accordée dès lors qu’il est justifié d’une créance
maritime paraissant fondée dans son principe »140. Contrairement à ce qu’on aurait pu
penser à travers nos analyses précédemment exprimées, le CCMM ne se contente pas
uniquement de mentionner pour l’ouverture d’une saisie conservatoire des navires,
l’existence d’une créance maritime car il requiert la justification d’une « créance
maritime paraissant fondée dans son principe ». Au regard de cette formulation, l’on
constate la souplesse du législateur communautaire et par là même la flexibilité et
l’accessibilité de la saisie conservatoire de navires dans l’espace CEMAC. Ainsi,
comme le droit commun de la saisie des biens meubles, la créance doit paraitre fondée
dans son principe141 mais à la différence du droit commun, l’existence de circonstances
de nature à menacer le recouvrement de cette créance n’est pas requise 142. Une simple
apparence de créance maritime répond à l’exigence requise.
s'agir d'une créance conditionnelle ou d'une créance à terme ; il se peut aussi que le
montant de la créance ne soit pas encore déterminé en argent. L'essentiel est que la
personne qui a recours à la saisie puisse légitimement se prétendre créancière étant
donné que le créancier n'a pas besoin d'attendre que sa créance soit certaine, liquide et
exigible. Cependant, l'exigence d'une créance paraissant fondée dans son principe ne
devrait pas être prise pour une exigence exclusive car même si une créance fondée en
son principe suffit pour pratiquer une saisie conservatoire, a fortiori une créance
certaine, liquide et exigible peut également constituer la cause d'une saisie
conservatoire143.
143
ASSI-ESSO (A.-M), DIOUF (N.), OHADA, recouvrement des créances, Bruxelles, Bruylant, coll. Droit
uniforme africain, 2002, p 76.
144
Voir JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op.cit., p 534, d'où il ressort que la convention internationale de
Bruxelles demeure inapplicable si la saisie est effectuée dans un port français sur un navire battant pavillon
français par un créancier résidant en France. Dans ce cas de figure, c'est la loi n°67/5 du 3 janvier 1967 et son
décret d'application n°67/967 du 27 octobre 1967 portant statut des navires et autres bâtiments de mer qui
demeurent applicables
145
Article 29 alinéa 2 du décret de 1967 précité : « L'autorisation peut être accordée dès lors qu'il est justifié
d'une créance paraissant fondée dans son principe ».
44
146
Cass. Com. 12 janvier 1988, DMF 1992, somm. Comm. p.134.
147
Aix-en-Provence, 2ème ch., 6 décembre 1995, navire « Friday Star », DMF 1996, n° 572, p. 591 et s., obs.
TASSEL (Y.).
45
pratiquée148, et les pouvoirs du juge se trouvent en même temps diminués étant donné
qu’il n’aura plus qu’à vérifier l’appartenance de la créance alléguée à celles figurant
dans ladite liste.
Etant donné que l’allégation d’une créance paraissant fondée dans son
principe découle du droit interne permet de rendre moins aisée la saisie des navires en
Afrique centrale, nous pourrons insinuer a contrario que l’absence d’une telle
formulation dans les conventions internationales rend plutôt souple l’exercice d’une
telle saisie car le créancier saisissant n’a pas forcément à démontrer qu’il est un
créancier inéluctable.
conservatoire des navires que l'on analysera dans le déroulement de ladite saisie
(paragraphe 2).
§1. L'originalité des personnes impliquées dans les opérations de saisie conservatoire des
navires
Pour l'exercice d'une saisie conservatoire des navires, les textes tant
internationaux que communautaires sont unanimes sur le fait qu'il faudrait forcément
l'intervention de l'autorité judiciaire compétente (A) qui devrait rendre pour la
circonstance une ordonnance après avis de l'autorité maritime compétente (B).
152
Ceci résulte de l'imprécision de l'article 49 de l'AUPSRVE qui dispose : « La juridiction compétente pour
statuer sur tout litige ou toute demande relative à une mesure d'exécution forcée ou à une saisie conservatoire
est le président de la juridiction statuant en matière d'urgence ou le magistrat par lui délégué »
153
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, article 108
154
Article 4 de la convention de 1952
47
est pratiquée »155, étant donné que le tribunal au sens de cette convention est l'autorité
judiciaire compétente de l'État156.
2. Le mode de saisine
155
Article 2 de la convention de 1999
156
Article 1er paragraphe 5 de la convention de 1999
157
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, Article 114 et 115
158
Loi n°002/2001 du 03 juillet 2001 portant création,organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce, article 17
159
Article 30 du NCPC français
160
Jean VINCENT et Serge GUICHANRD, procédure civile, 23ème édition, Paris, Dalloz, 1994 cité par J.M
MULENDA KIPOKE, procédure civile, Kinshasa, Maison Béni Collections, février 2018
48
est le droit de saisir le juge, la demande en justice est la manière dont s'exerce ce
droit ; elle est donc l'acte de procédure 161 par lequel une personne exerce ce droit, se
fait entendre sur le fond de la prétention dont elle saisit le juge pour qu'il la dise bien
ou mal fondée162.
161
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, Article 108
162
TCHOU-BAYO (J.-P.), Cour magistral des voies d'exécution, master 1, année académique 2009-2010
163
Article 120 du CCMM
164
convention de Bruxelles de 10 mai 1952 pour l’unification de certainses règles sur la saisie conservatoire des
navires de me, Article 6 paragraphe 2: « Les règles de procédure relatives à la saisie d'un navire, à l'obtention
de l'autorisation (...) sont régies par la loi de l'État contractant dans lequel la saisie a été pratiquée ou
demandée » ; dans le même sens, l'article 2 paragraphe 4 de la convention de Genève dispose : « Sous réserve
des dispositions de la présente convention, la procédure relative à la saisie d'un navire (...) est régie par la loi
de l'État dans lequel la saisie est pratiquée ou demandée ».
49
introduite dans les ordonnances sur requête, étant donné que l'opposition et l'appel
ne lui sont pas propices car l'exercice de ces voies de recours ordinaires suppose que la
personne qui les intente ait été partie ou représentée en instance 165. Signalons que
l’ordonnance sur requête s’insère dans un contentieux ; souvent elle est dirigée contre
un adversaire virtuel qui, sans figurer dans la procédure sera appelé à conséquence de
la décision prise ; l’intéressé qui n’a pas été entendu et qui s’estime lésé par
l’ordonnance, a la possibilité d’exercer le recours en rétractation, ce qui a élevé le
contentieux166. Du fait que l’ordonnance sur requête est prise sur demande unilatérale
d’un requérant sans que le juge ne doive entendre les parties auxquelles sa décision
peut éventuellement faire découler que ces ordonnances n’ont pas l’autorité d’un
jugement ; n’étant pas rendu après un débat contradictoire, l’ordonnance ne prétend
pas arrêter la vérité judiciaire, ni vidé le litige en disant le droit167.
Par contre une requête devant le tribunal de grande instance suffit pour
opérer l’éventuel saisie de navire.
168
Article 146 CCMM
169
Article 2 alinéa 11 du CCMM
170
Ordonnance-loi n°66-98 du 14 mars 1966, portant code de la navigation maritime, article 108
171
NGAMKAN (G.), op.cit., p 113
172
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, Article 108
51
toute autre autorité Judiciaire compétente de l’Etat Contractant dans lequel la saisie est
pratiquée »173.
Étant donné que nous sommes ici dans une matière qui requiert
discrétion et célérité, si d'aventure, l'armateur était informé de ce qu'une saisie était
projetée, le navire risquerait certainement de filer entre les mailles des rets du
créancier saisissant et de prendre le large, le navire étant par définition « un objet
particulièrement vagabond doué d'une faculté poussé d'évanouissement dans la
nature »176. Il faut donc agir vite et par surprise ; c'est pourquoi, sous peine de manquer
son but, la saisie conservatoire doit obéir à des règles plus souples.
créances non maritimes. L'argument est assez fallacieux dès lors qu'il appartient au
juge d'apprécier l'opportunité de la saisie et notamment la nature maritime de la
créance d'une part, et que comme nous le verrons, le saisissant engage nécessairement
sa responsabilité si la saisie s'avère abusive, s'il a agi avec une légèreté blâmable, dans
un but vexatoire ou s'il a fait preuve de malignité d'autre part.
Ceci étant, et malgré tous les reproches qui sont apportés à cette
véritable institution originale de droit maritime liée à la saisie conservatoire des
navires, il n'y a pas lieu de s'alarmer outre mesure car il existe des leviers pour
désamorcer l'institution. L'on peut arguer par exemple que l'autorité maritime n'émet
qu'un avis et non une autorisation 177, lequel avis par hypothèse ne lie pas le juge qui
reste libre d'y passer outre. Aussi bien, le texte n'indique même pas dans quel sens cet
avis doit être donné178, ce qui prouve que le juge n'est pas lié par celui-ci. Cet avis
n'aurait pu s'imposer au juge que s'il était mentionné au Code que la saisie est
subordonnée à l'avis « favorable » de l'autorité maritime compétente, ce qui serait pis
encore, puisque le juge serait pratiquement à la dévotion de l'autorité maritime
compétente179 qui deviendrait par conséquent le véritable maître de la saisie
conservatoire des navires.
177
L'autorité maritime n'émet qu'un simple avis. C'est en fait le PTPI qui autorise la saisie conservatoire du
navire.
178
En effet, l'article 118 du CCMM dispose que « L'avis de l'autorité maritime compétente (...) a un caractère
consultatif et ne lie pas le juge ». Cette disposition ne doit pas nous fourvoyer car ledit article précise qu'il s'agit
des avis résultant des articles 116 et 117 sur l'autorisation de départ du navire et sur le délai dans lequel le navire
doit regagner le port, et non sur l'article 120 sur l'autorisation de saisie
179
NGAMKAN (G.), op.cit. p 115
53
typique ladite saisie ; les règles applicables au déroulement de cette saisie répondent
aussi à ce souci.
La saisie conservatoire des navires telle qu'elle est organisée par les
différents textes se démarque très nettement de la saisie conservatoire des biens
meubles telle qu'elle est organisée par l'AUPSRVE ; ceci se manifeste à plusieurs
180
Mutuelle d'armateur
54
égards dont l'un des plus révélateurs se situe dans les effets de ces différentes saisies
conservatoires. Pendant que l'AUPSRVE reconnaît comme effet à la saisie
conservatoire des biens meubles, l'indisponibilité181, les textes particuliers
réglementant la saisie conservatoire des navires lui reconnaissent plutôt comme effet
l'immobilisation (a) ; cependant, au regard des effets liés à cette immobilisation,
surtout aux rondelets coûts que ladite immobilisation est susceptible d'engendrer au
port d'immobilisation, l'on se doit d'examiner les effets nocifs que cette inactivité est
susceptible de susciter au port victime de la saisie (b). Toutefois, cette immobilisation
n'a pas forcément un caractère définitif car étant dans une situation de précarité,
certaines circonstances pourraient permettre au juge d'accorder une autorisation de
départ dudit navire (c). Aussi convient-il d'examiner la problématique de la garde du
navire qui aurait été immobilisé du fait de la saisie (d).
cependant le propriétaire des biens saisis puisque la saisie n'a pas pour effet d'entraîner
un transfert de propriété des biens saisis du débiteur au créancier saisissant 184. Par
conséquent, les risques demeurent à la charge du débiteur saisi jusqu'à l'adjudication
éventuelle ou la mainlevée de la saisie. Mais tout en demeurant propriétaire des biens
saisis, le débiteur saisi ne peut ni les aliéner à titre gratuit ou onéreux, ni les constituer
en gage ou les prêter185.
184
Cependant, en matière de saisie-attribution, la créance, objet de la saisie est attribuée au créancier saisissant
dès l'exploit de saisie
185
ASSI-ESSO (A.-M.), DIOUF (N.), OHADA, Recouvrement des créances, Bruxelles, Bruylant, Coll. Droit
uniforme africain, 2002, p 6
186
Telle est la même formulation en droit interne français de l'article 30 du décret du 27 octobre 1967 précité
56
C'est pour cette raison parmi tant d'autres que, dans certaines
conditions, le navire immobilisé pourrait être autorisé à partir.
187
PRINTEMS (F.), L'immobilisation du navire dans un port suite à une décision judiciaire de saisie conservatoire
ou la notion de port victime, revue juridique NEPTUNUS
188
Par conséquent une libération immédiate des mêmes quais à la fin des opérations
189
Cette dernière répondant aux besoins de l'existence d'une autorité pour faire respecter les règles découlant de
l'activité du port
57
autorisation, le requérant doit fournir une garantie suffisante »190. C'est donc dire que
le saisi, propriétaire ou non du navire, et son propriétaire, débiteur personnel ou non
peuvent demander l'autorisation de départ du navire saisi et immobilisé pour un ou
plusieurs voyages déterminés contre constitution d'une garantie suffisante. Il
appartient donc au tribunal compétent qui, à défaut de précision par le CCMM, serait
logiquement le juge des référés191, après avis de l'autorité maritime compétente de
fixer le délai dans lequel le navire devra regagner le port de saisie, étant donné qu'il
peut ultérieurement modifier ce délai pour tenir compte des circonstances et, le cas
échéant, autoriser le navire à faire des voyages 192. Si à l'expiration du délai fixé, le
navire n'a pas rejoint son port, la somme déposée en garantie est acquise aux
créanciers, sauf le jeu de l'assurance en cas de sinistres couverts par la police193.
190
Article 116 du CCMM.
191
À l'instar du droit interne français qui prévoit à l'article 27 du décret de 1967 précité que : « Nonobstant toute
saisie, le président du tribunal de grande instance statuant en la forme des référés peut autoriser le départ du
navire pour un ou plusieurs voyages déterminés. Pour obtenir cette autorisation, le requérant doit fournir une
garantie suffisante ».
192
Article 117 alinéa 1 du CCMM.
193
Article 117 alinéa 2 du CCMM.
194
Voir l'article 5 de la convention de Bruxelles et l'article 4 de la convention de Genève.
58
Cette question se pose avec une grande acuité lorsque le navire fait l'objet d'une saisie
conservatoire au sein des zones cycloniques et qui occasionne des dommages aux
installations portuaires au cours de son immobilisation qui peut parfois s'étendre sur
une période de plusieurs mois.
l'obligation de moyens comme une obligation en vertu de laquelle le débiteur n'est pas
tenu d'un résultat précis ; le créancier d'une telle obligation ne peut mettre en jeu la
responsabilité de son débiteur que s'il prouve que ce dernier a commis une faute ou n'a
pas utilisé tous les moyens promis 200. Plus précisément, l'autorité maritime compétente
ne verra sa responsabilité engagée qu'en cas de faute ou lorsqu'il n'a pas fait
loyalement ce qu'il avait promis de faire.
200
Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14ème éd, 2003, pp 398-399
60
immatriculé. Cette inscription est requise dans un délai de sept jours à compter de la
date du procès-verbal. Ce délai est augmenté de vingt jours si le lieu de la saisie et le
lieu où le registre des immatriculations est tenu, ne sont pas situés dans le même État
de la CEMAC201. Il est à noter que les mentions contenues dans le procès-verbal de
saisie conservatoire des navires, sans être totalement différentes de celles contenues
dans le procès-verbal de saisie conservatoire des biens meubles corporels 202 s'en
rapprochent néanmoins ; les particularités des mentions de la première saisie tenant
forcément à la singularité du navire.
201
Article 122 du CCMM
202
Apparaissant à l'article 64 de l'AUPSRVE
203
Article 125 du CCMM
204
Article 61 de l'AUPSRVE : « Si ce n'est dans le cas où la saisie conservatoire a été pratiquée avec un titre
exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit ladite saisie, à peine de caducité, introduire une procédure ou
accomplir les formalités nécessaires à l'obtention d'un titre exécutoire ».
205
Article 60 de l'AUPSRVE : « L'autorisation judiciaire est caduque si la saisie conservatoire n'est pas
pratiquée dans un délai de trois mois à compter de la décision autorisant la saisie ».
61
1. La mainlevée de la saisie
Dans notre contexte, l'on entend par mainlevée, l'acte par lequel le juge
ou une partie arrête les effets de la saisie conservatoire des navires ; c'est donc dire que
la mainlevée peut être aussi bien amiable (a) que judiciaire (b).
a. La mainlevée amiable
b. La mainlevée judiciaire
214
Protection and indemnity club, ce sont les associations de protection et d'indemnisation d'armateurs qui
s'assurent mutuellement contre les risques de responsabilité qu'ils encourent vis-à-vis des tiers lors de
l'exploitation des navires et contre quelques responsabilités contractuelles découlant de la gestion et de
l'exploitation des navires
65
est la solution retenue par le PTPI de Bonanjo dans l'affaire « Salam 4 » ci-dessus. En
effet, le créancier saisissant n'ayant pas à temps enrôlé son assignation pour l'obtention
du titre exécutoire devant le TGI du Wouri, la partie saisie, nantie d'un certificat de
non enrôlement délivré par le greffier en chef dudit TGI a assigné la partie saisissante
en restitution de la garantie devant le PTPI de Bonanjo statuant en matière de référé
d'heure à heure, lequel PTPI a ordonné la restitution immédiate et sans condition de la
garantie faisant ainsi suite favorablement aux desiderata de la partie saisie.
216
Article 126 du CCMM, inspiré de l'article 6 paragraphe 2 de la convention de Genève
67
C'est ainsi que dans un premier temps, le navire, étant considéré comme
ayant une nature juridique mobilière corporelle219, il sera soumis au régime de la saisie
conservatoire dont l'adaptation des règles qui en découlent sera faite avec celles
découlant de la saisie conservatoire des biens meubles corporels (section 1).
217
Aussi bien la saisie des biens meubles que celle des biens immeubles
218
Aussi bien la saisie conservatoire que la saisie-exécution des navires
219
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime, Article 2
220
Étant donné que les immeubles ne peuvent être conservatoirement saisis
68
Section 1. L'adaptation des règles de la saisie conservatoire des biens meubles corporels
à la saisie conservatoire des navires
cette autorisation, pourrait déboucher à une suite qui n'est pas autre chose que le
recours reconnu au saisissant contre ladite décision de refus (2).
peut être pratiqué de saisie conservatoire d'un navire sans l'autorisation préalable du
juge et qu'à défaut, la saisie est nulle »229. Dans la présente espèce, la société Recofi
était créancière de la société de droit angolais Important en vertu d'un jugement du
tribunal de commerce de Paris rendu le 13 octobre 1992. Afin de contraindre la
débitrice de payer la somme due, elle a fait saisir conservatoirement le navire « Secil
Angola », appartenant à la société de droit angolais Secil Maritima. Dans la présente
espèce, la saisie était pratiquée sans l'autorisation préalable du juge, sur le seul vu du
jugement de condamnation et elle était valide selon les juges du fond. La Cour de
cassation a jugé qu'une autorisation du juge était nécessaire, l'absence de celle-ci
entraîne l'annulation de la saisie. Cette solution semble logique pour plusieurs
arguments : en premier lieu, il s'agit d'une condition qui ressort du texte même du
décret interne français de 1967 : « La saisie conservatoire est autorisée par
ordonnance... ».
232
Cet article dispose : « Une autorisation judiciaire préalable de la juridiction compétente n'est pas nécessaire
lorsque le créancier se prévaut d'un titre exécutoire. Il en est de même en cas de défaut de paiement, dûment
établi, d'une lettre de change acceptée, d'un billet à ordre, d'un chèque, ou d'un loyer impayé après
commandement dès lors que celui-ci est dû en vertu d'un contrat de bail d'immeuble écrit »
233
Article 49 : « La juridiction compétente pour statuer sur tout litige ou toute demande relative à une mesure
d'exécution forcée ou à une saisie conservatoire est le président de la juridiction statuant en matière d'urgence
ou le magistrat délégué par lui.
Sa décision est susceptible d'appel dans un délai de quinze jours à compter de son prononcé.
Le délai d'appel comme l'exercice de cette voie de recours n'ont pas un caractère suspensif, sauf décision
contraire spécialement motivée du président de la juridiction compétente »
234
En droit congolais, c’est le tribunal de commerce, article 17 Loi n° 002/2001 du 03 juillet 2001 portant
création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce. En cas éventuel, c’est le tribunal de paix tel
que libélé par l’article 111 de la loi n°13/011 – B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétence de juridiction de l’ordre judiciaire
72
voie de recours, précise l'alinéa 3, n'ont pas un caractère suspensif, sauf décision
contraire spécialement motivée du président de la juridiction compétente.
235
Article 50 de l'AUPSRVE
236
Article 10 de la loi du 20 juillet 1973 : « Les biens de l’Etat qui sont affectés à un usage ou à un service
public sont hors commerce, tant qu’ils ne sont pas régulièrement désaffectés »
237
RODIÈRE (R.), Droit maritime, Le navire, Paris, Dalloz, t.1 1980, n°190 : il faut entendre par « navire prêt à
faire voile », celui qui a « reçu ses expéditions pour le départ, congé, patente de santé », c'est-à-dire que le
navire est prêt à appareiller
73
faire voile. Cette règle a été écartée expressément par la Convention de 1952 238. Elle
ne figure pas non plus dans la loi de 1967. Désormais, la saisie des navires prêts à
faire voile tend à devenir la règle. Toutefois, étant donné l'importance des préjudices
occasionnés par cette saisie, le juge se livre à un contrôle en tenant compte de la valeur
des intérêts en jeu. Dans cette affaire, les juges de la Cour d'appel d'Aix en Provence
ont estimé que la saisie pratiquée sciemment et sans nécessité un vendredi en fin de
matinée, sur un navire en partance et en charge de ses passagers et véhicules, dépassait
la fin légitime d'une saisie conservatoire et exerçait une pression quasi intolérable sur
le débiteur239.
Il est de règle générale que lorsque les biens du débiteur ont déjà fait
l'objet d'une première saisie, d'autres saisies ultérieures ne peuvent plus être pratiquées
sur ces mêmes biens ; la première saisie ayant déjà rendu ces biens indisponibles.
Telle est la signification de la règle selon laquelle, « saisie sur saisie ne vaut ». Cette
règle interdisait au second créancier de saisir une seconde fois les mêmes biens.
Toutefois, il lui était loisible de se joindre aux poursuites déjà engagées en établissant
un procès-verbal de récolement241.
238
convention de Bruxelles de 10 mai 1952 pour l’unification de certainses règles sur la saisie conservatoire des
navires de me, Article 3 dont il ressort que le créancier peut saisir le navire qui serait prêt à faire voile.
239
GEORGIEVA (R.), La saisie conservatoire des navires (Étude comparative en Droit Français et en Droit
International), Mémoire pour le Master 2 « Droit Maritime et des Transports », Université PAUL CÉZANNE
d'Aix-Marseille III, année universitaire 2010-2011, p 30
240
Cet article dispose : « Les biens et droits insaisissables sont définis par chacun des États parties »
241
ASSI-ESSO (A.-M.), DIOUF (N.), op.cit., p 58.
74
242
La future convention de Genève reprend en son article 5 les exigences de la convention de Bruxelles de
1952mais avec plus de souplesse et de tolérance puisque cet article dispose : « 1. Lorsque, dans un État, un
navire a déjà été saisi et libéré ou qu'une sûreté a déjà été constituée pour garantir une créance maritime, ce
navire ne peut ensuite faire l'objet d'aucune saisie fondée sur la même créance maritime, à moins que :
a) La nature ou le montant de la sûreté concernant ce navire déjà constituée en vertu de la même créance ne soit
pas suffisant, à condition que le montant total des sûretés ne dépasse pas la valeur du navire; ou
b) La personne qui a déjà constitué la sûreté ne soit ou ne paraisse pas capable d'exécuter tout ou partie de ses
obligations; ou
c) La mainlevée de la saisie ou la libération de la sûreté ne soit intervenue :
i) soit à la demande ou avec le consentement du créancier agissant pour des motifs raisonnables,
ii) soit parce que le créancier n'a pu par des mesures raisonnables empêcher cette mainlevée ou cette libération.
2. Tout autre navire qui serait autrement susceptible d'être saisi en vertu de la même créance maritime ne peut
être saisi à moins que :
a) La nature ou le montant de la sûreté déjà constituée en vertu de la même créance ne soit pas suffisant; ou
b) Les dispositions du paragraphe 1 b) ou c) du présent article ne soient applicables »
243
Cass.com, 8 mars 2011, Société Indian Empress Limited c/ Société Nautical Technologies, navire « Indian
Empress »
75
244
Sur l'arrêt d'appel, V. Aix-en-Provence, 12 nov. 2009, DMF 2010. 52, obs. RÉMOND-GOUILLOUD
245
On précisera qu'en matière de saisie conservatoire de navire, ce n'est pas le juge de l'exécution qui est
compétent, mais le président du tribunal de commerce ou à défaut celui du tribunal d'instance, statuant également
par voie d'ordonnance ; V. décret n° 67-967 du 27 octobre 1967, article 29 -- V. Racine, Rép. com., v° Navire
[Saisie et vente publique], mai 2008, nos 26 s
76
pour la même créance maritime. Cette règle est en vertu du même texte étendue à tous
les navires appartenant au débiteur.
Tels sont les cas d'insaisissabilités que l'on retrouve en matière de saisie
conservatoire mobilière de droit commun et qui sont dans le contexte camerounais
contenus dans les articles 327 et suivants du CPCC. Ces insaisissabilités devraient à
notre sens recevoir application en matière de saisie particulière de navire ; mais, étant
donné le caractère particulièrement général de ces insaisissabilités, seuls quelques cas
seulement méritent une adaptation à la saisie conservatoire des navires, les autres cas
s'avérant inappropriés à l'objet que constitue le navire.
77
A. Quant au saisissant
246
Trib. Com Montpellier, 19 octobre 1978, navire « PHOEBUS », DMF 1979, p.336
247
Idem
78
Le créancier saisissant est celui qui est titulaire du droit de saisir ; mais
en réalité, il n'exerce pas toujours ce droit lui-même. C'est donc dire que la qualité de
saisissant, si elle est principalement réservée au créancier originel (1), il est des cas où
celui-ci ne peut agir et par conséquent, d'autres personnes auront cette qualité (2).
1. Le créancier originel
La définition lapidaire qui est donnée au terme « créancier » est qu'il est
un « titulaire d'un droit de créance »248. C'est cette qualité qui confère à toute personne
le droit de saisir en matière de droit commun de la saisie puisque l'AUPSRVE dispose
que : « À défaut d'exécution volontaire, tout créancier peut (...) pratiquer une mesure
conservatoire pour assurer la sauvegarde de son droit »249. Il s'agit là en quelque sorte
du fondement de la qualité pour agir en saisie conservatoire. C'est donc en principe le
créancier originel qui a qualité pour agir ; il s'agit du créancier qui est personnellement
en relation avec le débiteur.
Étant donné la vacuité des textes particuliers sur la saisie des navires, le
créancier, à l'image du droit commun peut être un créancier chirographaire ou
privilégié. Dans la même logique, et dans la même lancée d'adaptation de la saisie
conservatoire de droit commun à la saisie conservatoire des navires, si la créance
alléguée par le créancier n'est pas hypothécaire ou privilégiée, l'exécution doit être
poursuivie en premier lieu sur les biens meubles et en cas d'insuffisance, sur les
immeubles252. Pratiquement, il s'agit de dire qu'étant donné la nature juridique
248
GUILLIEN (R.) et VINCENT (J.), op.cit., p 178
249
Article 28 alinéa 1 de l'AUPSRVE
250
convention de Bruxelles de 10 mai 1952 pour l’unification de certainses règles sur la saisie conservatoire des
navires de me, Article 3: « ... tout demandeur peut saisir... ». Au sens de cette convention, le terme demandeur
renvoie à une « personne, invoquant à son profit, l'existence d'une créance maritime » (article 1 paragraphe 4)
251
Le CCMM se contente uniquement de l'allégation d'une créance maritime paraissant fondée dans son principe,
même si cela renvoie à la qualité de créancier
252
Ceci en vertu de l'article 28 alinéa 2 de l'AUPSRVE qui dispose : « Sauf s'il s'agit d'une créance hypothécaire
ou privilégiée, l'exécution est poursuivie en premier lieu sur les biens meubles et, en cas d'insuffisance de ceux-
ci, sur les immeubles »
79
mobilière conférée au navire253, celui qui allègue une créance maritime chirographaire
ne pourra saisir un immeuble du débiteur qu'en cas d'insuffisance des navires et des
autres meubles pour régler la totalité de la créance 254. Il en est de même si le créancier
a une hypothèque ou un privilège sur le navire, auquel cas il ne pourra saisir un
immeuble du débiteur que si le navire couvert par l'hypothèque ou par le privilège s'est
avéré insuffisant.
C'est donc dire que dans les cas où la loi ne l'y autorise pas, la mineur
non émancipé ne serait pas fondé à intenter par lui-même des saisies mobilières. Tout
de même, si les saisies mobilières étaient considérées purement et simplement comme
des actes de disposition, le mineur non émancipé ne serait pas admis auxdites saisies ;
dans ces deux cas comme dans bien d'autres, d'autres personnes seront appelées à agir.
253
Article 1 du code de la navigation maritime congolaise
254
Ce sont des situations rarissimes et même inexistantes car il est illogique que le navire, au regard de sa valeur
colossale ne suffise pas à désintéresser les créanciers maritimes.
255
Voy. l'article 26 de la loi française du 9 juillet 1991, lequel prévoit que « sauf disposition contraire, l'exercice
d'une mesure d'exécution ou d'une mesure conservatoire est considéré comme un acte d'administration sous
réserve des dispositions du Code civil relatives à la réception des deniers »
80
La question des autres personnes pouvant saisir se pose lorsqu'il est question de parler du
pouvoir de saisie ; celui-ci est soulevé lorsque la saisie est pratiquée au nom d'une personne
autre que le créancier saisissant lui-même. Il peut s'agir soit d'un ayant cause du créancier
saisissant (a), soit du représentant de celui-ci (b).
256
L'ayant cause universel est celui qui détient la totalité des biens du de cujus (le défunt) à cause de mort ; c'est
le cas de l'héritier légal. L'ayant cause à titre universel ne détient qu'une quote-part seulement des biens du de
cujus. L'ayant cause à titre particulier ne détient qu'un bien ou un droit particulier : par exemple, le cessionnaire
d'une créance ou un légataire particulier
81
En dehors du décès, le droit de saisir peut être transmis par la volonté même du créancier à un
représentant.
Une distinction doit être faite entre les représentants légaux et les
représentants conventionnels. Les pouvoirs des représentants légaux pour effectuer
une saisie, dépendent de la nature de la saisie. En tant que mandataires, les
représentants légaux peuvent accomplir les actes d'administration. Par conséquent, ils
peuvent pratiquer des saisies mobilières, lesquelles sont par nature des actes
d'administration. En revanche, les représentants légaux du créancier saisissant ne
peuvent pratiquer une saisie immobilière, acte virtuel de disposition, sans pouvoir
spécial. Toute saisie nécessite le recours à un représentant conventionnel. Le créancier
saisissant, quelle que soit sa profession, ne peut pratiquer lui-même la saisie ; ce
représentant conventionnel, selon l'AUPSRVE, sera soit un huissier de justice 257, soit
un agent d'exécution258 dans les États parties où la profession d'huissier n'est pas
réglementée.
257
Les huissiers de justice sont des officiers ministériels qui bénéficient en principe d'un monopole en matière de
saisie. Les fonctions d'huissier de justice sont réglementées par les lois nationales de chaque État partie. C'est par
conséquent cette loi nationale qui détermine si un huissier peut instrumenter ou non en dehors de son ressort
territorial. De manière générale, la remise à l'huissier d'un titre en vue de la saisie emporte élection de domicile
en son étude pour toutes notifications relatives à cette saisie. Si ce mandat général est suffisant pour les saisies
mobilières, la saisie immobilière exige la remise à l'huissier d'un pouvoir spécial (article 254 de l'AUPSRVE)
258
En dehors des huissiers de justice, l'Acte uniforme cite comme personnel de la saisie les agents d'exécution.
Cette appellation désigne à notre avis les personnes physiques ou morales qui, d'une manière habituelle ou
occasionnelle procèdent au recouvrement des créances pour le compte d'autrui notamment dans les États où la
profession d'huissier n'existe pas où n'est pas réglementée. Cette dénomination pourrait concerner les agents
huissier du trésor, les agents de poursuite, les agents des douanes, les ingénieurs et agents techniques des eaux et
forêts, les commissaires-priseurs
82
Cet état de choses nous conduira certainement à étendre le caractère supplétif de l'AUPSRVE
au sujet passif de la saisie que constitue le saisi.
B. Quant au saisi
259
Voy. l'article 122 du CCMM déjà analysé plus haut dans le cadre des diligences à observer.
83
pratique recommande pour l'opposabilité aux tiers, que la saisie soit également
dénoncée à la conservation des hypothèques maritimes260.
Cette situation n'a pas été organisée par les textes particuliers régissant
la saisie des navires car les conventions internationales sur la saisie des navires et le
CCMM n'ont manifestement et techniquement envisagé qu'un seul cas de figure : la
saisie pratiquée directement entre les mains du propriétaire du navire. Or il n'est pas
inconcevable qu'au moment où le créancier désire faire saisir le navire, celui-ci soit
entre les mains d'un tiers261. Les principales hypothèses sont celle du contrat
d'affrètement dans lequel le navire est mis à la disposition d'un affréteur et celle du
chantier naval à qui tel navire est confié pour entretien et réparation. Ces tiers ont en
commun de ne pas être propriétaires du navire ; cette détention du navire par un tiers
induit-elle des modalités spécifiques de saisie ? On sait en effet que dans toutes les
autres procédures, en pareil cas, la saisie est pratiquée entre les mains du tiers puis
dénoncée au propriétaire du bien ; doit-il en être de même concernant la saisie
conservatoire de navires ? La solution la plus simple à notre avis serait de faire recours
aux règles supplétives posées par le droit commun des saisies conservatoires. À cet
effet, l'article 50 de l'AUPSRVE dispose : « Les saisies peuvent porter sur tous les
biens appartenant au débiteur alors même qu'il seraient détenus par des tiers... ».
Conséquemment, cette situation nécessitera l'accomplissement des trois formalités
suivantes : la signification au débiteur d'un procès-verbal de saisie 262, la dénonciation
de la saisie au débiteur et la dénonciation au commandement du port263.
260
JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op.cit., pp 542 et 543
261
Cette possibilité a été admise en pratique : CA de Rennes, 16 juin 1968, DMF 1969, p 741, note Bokobza-
Boquet ; CA d'Aix-en-Provence, 25 février 1986, DMF 1987, p 164, note Pestel-Debord
262
Ce procès verbal de saisie pourrait être vraisemblablement celui de l'article 122 du CCMM et déjà analysé
263
Voir article 122 du CCMM
84
Sur le plan interne, le CCMM dispose à cet effet que, « Les navires
appartenant à un État, ou exploités par lui, ne peuvent être saisis si, au moment où la
créance est née, ils étaient affectés exclusivement à un service gouvernemental et non
commercial »264.
264
Article 114 alinéa 2 du CCMM
85
265
JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op.cit., pp 520 et 521
266
JULIEN (P.) et TAORMINA (G.), op. cit. p 521
267
Cass.com, 23 novembre, Bull.civ. IV, n°204, DMF 2000, p.719, obs. N. MOLFESSIS
268
Qu'il est proposé d'appeler saisie-vente dans le projet de révision du CCMM, initié en 2010
86
269
Article 127 à 133 du CCMM
270
Ceci peut s'analyser à travers la lecture de l'article 128 du CCMM
271
Article 120 alinéa 2 du CCMM
272
Article 125 du CCMM
273
Constatant une créance pas forcément maritime.
87
uniforme ont voulu protéger. On se rend compte alors qu'il y a deux séries de
conditions : d'une part, les conditions destinées d'abord à éviter l'utilisation arbitraire
de cette procédure et ensuite, à éviter le recours à cette procédure pour saisir et faire
vendre les biens qui échappent au droit de poursuite des créanciers ; ce sont les
conditions objectives (A) ; d'autre part, les conditions qui sont destinées à éviter une
procédure initiée par une personne qui ne justifie pas d'un droit de créance ou dirigée
contre une personne qui n'est pas tenue envers le créancier ; ce sont les conditions
subjectives liées à la saisie des navires (B).
274
Cet article énonce en effet : « Lorsqu'elle n'est pas précédée d'une saisie conservatoire, la saisie-exécution est
demandée au juge du fond dans les conditions et selon la procédure en vigueur pour les saisies immobilières. Un
procès-verbal est dressé et un gardien est désigné dans les mêmes conditions qu'en matière de saisie
conservatoire »
88
dans lequel ce titre est invoqué ; les procès-verbaux de conciliation signés par le juge
et les parties ; les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ; les décisions
auxquelles la loi nationale de chaque État partie attache les effets d'une décision
judiciaire ».
Différents titres ont donc la nature de titre exécutoire. Il en est ainsi des
actes judiciaires des juridictions nationales et ceux émanant de juridictions étrangères.
Seules les décisions des juridictions nationales revêtues de la formule exécutoire sont
considérées comme des titres exécutoires. Cette formule ordonne aux huissiers de
justice de mettre à exécution l'acte contenant ladite formule et à la force publique de
leur prêter main forte lorsqu'elle en sera légalement requise. Cette formule contient
généralement les termes suivants : « en conséquence, la République mande et ordonne
à tous les huissiers de justice, à ce requis, de mettre ledit jugement ou arrêt à
exécution, aux procureurs généraux, d'y tenir la main, à tous les commandants et
officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu'ils en seront légalement
requis ». En plus de la formule exécutoire, la décision juridictionnelle nationale doit
contenir la condamnation du débiteur, avoir été régulièrement signifiée et être passée
en force de chose jugée275. Par les termes « décision juridictionnelle nationale revêtue
de la formule exécutoire », aussi bien l'Acte uniforme que le CCMM vise également
les décisions qui sont exécutoires sur minute.
Les textes ci-dessus cités assimilent aux actes judiciaires les procès-
verbaux de conciliation signés par le juge et les parties. Ces procès-verbaux sont des
actes judiciaires mais ils ne sont pas pour autant des décisions de justice. Il en est ainsi
du procès-verbal de conciliation dressé par la juridiction saisie sur opposition au cours
de la procédure d'injonction276.
275
Article 34 AUPSRVE (solution implicite)
276
Article 12 alinéa 7 et 26 de l'AUPSRVE
89
Le principe est que tous les navires sont saisissables (a) mais il y a des restrictions à ce
principe (b).
En principe tous les navires sont saisissables ainsi que leurs accessoires
appartenant au débiteur. Contrairement à ce qui a cours en matière de saisie-
conservatoire de navire281, le créancier qui voudrait saisir-exécuter le navire devra
s'attaquer au navire appartenant au véritable débiteur.
conservation des hypothèques maritimes après y avoir été autorisé par décision du
président de la juridiction compétente de la situation des biens, rendue sur requête non
susceptible de recours. À peine de nullité, le commandement ne peut être signifié
qu'après le dépôt de la réquisition d'immatriculation et la vente ne peut y avoir lieu
qu'après la délivrance du numéro d'immatriculation.
283
Article 71 du CCMM : « Si une saisie porte sur des parts représentant plus de la moitié du navire, la vente
sera étendue à tout le navire, sauf opposition des autres copropriétaires pour des motifs reconnus sérieux et
légitimes. »
92
284
Article 265 de l'AUPSRVE
93
Relevons tout de même qu'il ne suffit pas d'être créancier pour pouvoir
pratiquer une saisie-exécution de navire ; il faut aussi avoir la capacité d'ester en
justice. En effet, la possibilité d'une intervention du tribunal ne doit jamais être
écartée, compte tenu des incidents qui peuvent être soulevés. L'éventualité de
l'intervention du tribunal fait que, même si l'Acte uniforme ne l'a pas expressément
prévue, le créancier saisissant doit avoir la capacité d'ester en justice. Par conséquent,
ne peuvent pratiquer elles-mêmes une saisie-exécution de navire, les personnes
frappées d'incapacité d'exercice, c'est-à-dire les personnes auxquelles la loi a enlevé le
droit de participer au commerce juridique pour les protéger, soit contre leur
inexpérience (les mineurs), soit contre la défaillance de leurs facultés mentales ou
incorporelles (majeurs incapables).
94
Quoi qu'il en soit, les poursuites sont dirigées contre une personne bien
précise.
Ce sont les défendeurs à la saisie que l'on appelle encore les saisis.
286
Article 22 de l'Acte uniforme portant organisation des sûretés adopté le 15 décembre 2010 : « La caution peut
garantir son engagement en consentant une sûreté réelle sur un ou plusieurs de ses biens »
96
deux procédures sont dominées par les règles en vigueur en matière de saisie
immobilière de droit commun.
procédé à la vente du navire saisi. Si le propriétaire n'est pas domicilié dans le ressort
du tribunal, les signification et citations lui sont données en la personne du capitaine
du bâtiment saisi, ou, en son absence, en la personne de celui qui représente le
propriétaire ou le capitaine. Le délai de trois jours est augmenté de trente jours si le
destinataire demeure hors du territoire de la C.E.M.A.C. S'il est étranger, hors du
territoire C.E.M.A.C. et non représenté, les citations et significations sont données
selon les voies de droit commun ».
situation. On peut les regrouper autour de trois idées : d'abord, l'interdiction des actes
de disposition ; à compter de son inscription, le débiteur, bien qu'étant toujours
propriétaire de son navire, ne peut plus l'aliéner ou le grever de droit réel ou charge.
Que se passera-t-il si le débiteur accomplit des actes de disposition en violation de
cette règle ? L'Acte uniforme ne prévoit pas expressément de sanction. On peut
cependant déduire celle-ci de la rédaction de l'article 262 alinéa 4. Ce texte commence
par poser le principe de l'interdiction des aliénations et constitutions de droit réels
ainsi que l'obligation pour le conservateur de refuser toute nouvelle inscription. Il
prévoit ensuite une exception au principe en considérant comme valables les
aliénations et constitutions de droits réels dans l'hypothèse où l'acquéreur ou le
créancier (bénéficiaire de l'acte) consigne une somme suffisante pour acquitter en
principal, intérêts et frais ce qui est dû aux créanciers inscrits et au saisissant. Cela
veut dire a contrario, qu'à défaut de consignation, les actes d'aliénation et les
constitutions de droits réels ne sont pas valables. La nullité des actes de disposition
s'explique aisément : les tiers ont été informés ou devaient être informés de la saisie
pratiquée ; il n'y a donc aucune raison de leur accorder une protection spéciale.
Ensuite, la limitation au droit d'administration et de jouissance. Certes, le débiteur
reste jusqu'à l'adjudication, en possession du navire si celui-ci n'est pas affrété, mais
c'est en qualité de séquestre judiciaire ; cela signifie qu'il devra gérer le navire en bon
père de famille, qu'il sera comptable des fruits et qu'il devra rendre compte de sa
gestion. L'article 263 alinéa 2 in fine prévoit sur ce point qu'il peut en être décidé
autrement, à la demande du ou des créanciers, par le président de la juridiction
compétente. Enfin, l'immobilisation des fruits ; à compter du commandement, les
fruits sont immobilisés pour être distribués avec le prix du navire et il n'y a pas lieu de
distinguer selon qu'il s'agit de fruits industriels ou civils. Les fruits recueillis sont
déposés à la caisse des dépôts et consignations ou entre les mains d'un séquestre
désigné par le président de la juridiction compétente.
poursuivant de faire sommation aux personnes qui peuvent être intéressées de prendre
communication du cahier des charges et d'y insérer leurs dires.
295
Article 297 alinéa 1er de l'AUPSRVE
102
c. L'audience éventuelle
Cette audience éventuelle ne peut avoir lieu moins de trente jours après
la dernière sommation. Ce délai de trente jours est fixé pour permettre aux créanciers
inscrits et au saisi de disposer du temps nécessaire pour préparer leurs argumentations.
Il faut rappeler que la sommation doit indiquer la date retenue pour la tenue de cette
audience. Cette date ne peut en principe être modifiée. Toutefois, il peut y avoir
remise de l'audience éventuelle dans deux cas : premièrement, s'il y a des causes
graves et dûment justifiées ; deuxièmement, si la juridiction saisie exerce d'office son
contrôle sur le cahier des charges dans les conditions prévues par la loi296.
296
Article 273 de l'AUPSRVE
297
L'article 272 alinéa 1er rappelle d'ailleurs expressément que cet échange doit être fait dans le respect du
principe du contradictoire
298
Article 275 alinéa 2 de l'AUPSRVE
103
Pour ce qui est des délais, la publicité ne doit avoir lieu ni trop tôt 300 ni
trop tard301. C'est ce qui explique les délais fixés par l'article 276. Ce texte prévoit que
la publicité doit avoir lieu trente jours au plus tôt et quinze jours au plus tard avant
l'adjudication302.
2. L'adjudication du navire
299
Il s'agit de : 1) les noms, prénoms, professions, domiciles ou demeures des parties et de leurs avocats ;
2) la désignation des navires saisis telle qu'elle est insérée dans le cahier des charges ;
3) la mise à prix ;
4) l'indication des jour, lieu et heure de l'adjudication, de la juridiction compétente ou du notaire convenu devant
qui elle se fera
300
Car les intéressés peuvent oublier la vente
301
Car il ne faut pas que les intéressés soient obligés de se décider dans la précipitation
302
L'article 297 de l'AUPSRVE prévoit que le non-respect des délais prévus par l'article 276 est sanctionné par la
déchéance. Cette règle est curieuse. On peut en effet se demander comment sanctionner par la déchéance celui
qui a accompli plus tôt que prévu la formalité requise. Il nous semble que celui qui a accompli les mesures trop
tôt et qui s'en rend compte peut parfaitement les refaire
104
a. Le moment de l'adjudication
b. Le déroulement de l'adjudication
303
L'interdiction d'enchérir en ce qu'elle concerne les personnes notoirement insolvables est sans intérêt. En effet,
il y a une formule que l'on retrouve presque dans tous les cahiers des charges et qui apparaît comme une clause
de style « nul ne peut enchérir sans versement préalable d'une caution égale au montant de la mise à prix sauf
dispense de l'avocat poursuivant »
304
Article 282 alinéa 3 de l'AUPSRVE : « Les offres sont portées par ministère d'avocat ou par les enchérisseurs
eux-mêmes ; le même avocat peut représenter plusieurs enchérisseurs lorsque ceux-ci désirent se porter co-
adjudicataires »
106
Pour ce qui est des obligations de l'adjudicataire, il est tenu de toutes les
obligations stipulées dans le cahier des charges 311 et spécialement l'obligation de payer
le prix. L'inexécution de ces obligations entraîne un certain nombre de conséquences :
tout d'abord les créanciers colloqués pourront recourir aux voies d'exécution. Ensuite,
le greffier ou le notaire pourra refuser de délivrer l'expédition de la décision ou du
procès-verbal312. Cela résulte de l'article 290 alinéa 2 de l'AUPSRVE selon lequel le
greffier ou le notaire délivre l'expédition après paiement du prix d'adjudication et des
frais de poursuite et après l'accomplissement des obligations du cahier des charges.
Cela veut dire que la délivrance ne pourra intervenir avant l'exécution de telles
obligations. Enfin, la revente sur folle enchère pourra être poursuivie. En effet, l'article
290, dernier alinéa de l'AUPSRVE indique clairement que le défaut de production
311
Ces obligations doivent être exécutées dans les vingt jours de l'adjudication
312
C'est une sorte d'exception d'inexécution
108
313
Cette règle a déjà été observée lorsqu'il s'agissait de parler de la saisie conservatoire des navires
109
révélés314. Il faut dire que cette situation ne constitue pas véritablement un incident ; en
effet, non seulement, elle n'implique pas l'intervention d'un tribunal, mais en plus, elle
n'est pas traitée dans les dispositions consacrées aux incidents. En matière de pluralité
de saisies, l'Acte uniforme n'envisage que deux situations consécutives d'incidents : la
première correspond à celle où deux ou plusieurs créanciers ont fait publier des
commandements relatifs à des navires différents appartenant au même débiteur et dont
la saisie est poursuivie devant la même juridiction315 ; dans une telle hypothèse, les
poursuites sont réunies à la requête de la partie la plus diligente 316 et continuées par le
premier saisissant317. La seconde situation correspond à celle où le second
commandement englobe, outre le navire de la première saisie, d'autres navires. Dans
ce cas, le deuxième saisissant est tenu de dénoncer son commandement 318 au premier
saisissant, et alors, de deux choses l'une : soit les deux procédures sont au même état,
alors le premier saisissant poursuit les deux saisies ; soit elles ne sont pas au même
état ; dans ce cas, le premier saisissant sursoit à sa saisie et poursuit la deuxième afin
de la mettre au même niveau ; les deux saisies seront alors réunies devant la juridiction
de la première saisie.
314
Article 260 de l'AUPSRVE
315
Article 302 de l'AUPSRVE
316
Le tribunal ne peut ordonner d'office la jonction ; il faut nécessairement une requête de l'une des parties
317
L'alinéa 2 de l'article 302 apporte une importante précision permettant de déterminer le premier saisissant.
Selon ce texte, « si les commandements ont été publiés le même jour, la poursuite appartient au créancier dont
le commandement est le premier en date et si les commandements sont de même jour, au créancier le plus
ancien ». L'expression « créancier le plus ancien » est cependant énigmatique. En France, il est question de
l'avocat le plus ancien, cela se comprend puisque l'ancienneté de l'inscription confère certains droits. Si on peut
s'appuyer sur les dates d'inscription pour déterminer l'ancienneté des avocats, un tel critère ne peut
manifestement être utilisé pour des créanciers. L'Acte uniforme veut-il se référer à la date de la créance ? Nous le
pensons
318
Ce commandement est publié pour les biens non compris dans le premier commandement
110
dénoncée s'abstient de diriger les poursuites ; dans ce cas, le second saisissant peut,
par un acte écrit adressé au conservateur, demander la subrogation. Le second cas de
subrogation est prévu par l'article 305 ; ce texte autorise la demande en subrogation s'il
y a collusion, fraude, négligence ou toute autre forme de retard imputable au
saisissant. En cas de subrogation, la poursuite est reprise par le subrogé qui la continue
à partir du dernier acte utile ; il ne la recommence pas.
Il existe deux cas de nullité ; d'une part, les nullités pour vice de fond ;
d'autre part, les nullités pour vice de forme qui sanctionnent les actes irrégulièrement
accomplis.
Il faut combiner les articles 299 et 311 alinéa 1er de l'AUPSRVE pour
avoir une idée du délai dans lequel les moyens de nullité doivent être soulevés.
tard avant la date fixée pour cette audience ; il n'en serait autrement que si la cause de
nullité était découverte postérieurement à cette audience.
Un cas particulier est visé par l'article 313 de l'AUPSRVE, mais on peut
se demander s'il s'agit réellement d'un incident, car il concerne une demande introduite
après l'adjudication : c'est la demande en nullité de la décision judiciaire ou du procès-
verbal notarié d'adjudication. Une telle demande peut être faite par voie d'action
principale en nullité portée devant la juridiction compétente dans le ressort de laquelle
l'adjudication a été faite. Cette demande doit être présentée dans le délai de quinze
jours à compter de l'adjudication.
Si la demande en nullité n'est pas justifiée et que l'adjudication a eu lieu, l'adjudicataire est
astreint à certaines formalités sous peine de revente du navire par la procédure de folle
enchère.
d. la folle enchère
La folle enchère est donc ouverte dans deux cas : premièrement lorsque
l'adjudicataire ne justifie pas dans les vingt jours suivant l'adjudication qu'il a payé le
prix, les frais, et satisfait aux conditions du cahier des charges ; deuxièmement lorsque
l'adjudicataire ne fait pas publier la décision judiciaire ou le procès-verbal notarié
d'adjudication à la conservation des hypothèques maritimes dans le délai de deux mois
à compter de la décision.
Ces quatre cas sont prévus par l'AUPSRVE et sont propres aux voies
d'exécution. Cependant, à la lecture de l'AUPCAP, l'on se rend compte qu'il pourrait
avoir collision entre les procédures collectives et les voies d'exécution, toutes deux
ouvertes à l'encontre d'une personne. Dans cette situation, l'AUPCAP prévoit dans
certains cas la suspension des poursuites individuelles, donc des voies d'exécution,
d'où la considération selon laquelle l'ouverture d'une procédure collective pourrait
constituer un incident de saisie-exécution des navires.
320
L'article 75 de l'AUPCAP dispose : « La décision d'ouverture suspend ou interdit toutes les poursuites
individuelles tendant à faire reconnaître des droits et des créances ainsi que toutes les voies d'exécution tendant
à en obtenir le paiement, exercées par les créanciers composant la masse sur les meubles et immeubles du
débiteur »
321
Article 76 et suivants de l'AUPCAP
114
322
Article 149 et 150 de l'AUPCAP
323
L'article 298 alinéa 1er de l'AUPSRVE utilise l'expression « requête avec assignation » ; c'est étonnant
puisque la requête et l'assignation constituent deux modalités différentes de saisine d'une juridiction. Cette
formule ne s'explique que si l'appel est dirigé à la fois contre des parties ayant constitué avocat et d'autres qui ne
l'auraient pas fait
324
En France non plus, aucun délai n'est fixé ; c'est ce qui explique qu'on ait pu qualifier cette règle de simple
recommandation faite au tribunal
115
des règles très strictes. En effet, il n'admet l'appel que lorsque la décision statue sur le
principe même de la créance ou sur des moyens de fond tirés de l'incapacité de l'une
des parties, de la propriété, de l'insaisissabilité ou de l'inaliénabilité des biens saisis.
L'appel doit donc être déclaré irrecevable lorsque le jugement attaqué a statué sur des
incidents concernant la régularité formelle de la procédure de saisie de navires. Dans
les cas où l'appel est recevable, l'intéressé doit respecter les règles du droit commun ;
c'est ce qui résulte de l'article 300 alinéa 4 de l'AUPSRVE selon lequel l'appel est
exercé selon les conditions du droit. Quelques règles particulières résultent de l'article
301. Ce texte fait obligation à l'appelant de notifier l'acte d'appel à toutes les parties en
cause à leur domicile réel ou élu et au greffier de la juridiction compétente. La
juridiction d'appel, lorsqu'elle est régulièrement saisie, doit statuer dans la quinzaine
de l'appel
116
CONCLUSION
Ainsi, il a été observé d'une part, que le navire est un objet mobilier
« pluriel » car derrière le navire, se cachent plusieurs autres objets qui participent à sa
raison d'être au point où il eut été nécessaire que nous analysassions les objets
susceptibles d'être soumis au régime de la saisie conservatoire des navires. Ceci dit,
nous avons constaté qu'outre le navire qui est d'emblée admis à cette saisie, d'autres
accessoires, bien que détachables, mais qui participent à son existence et à son
fonctionnement tels les soutes se voient aussi appliquer ce régime mais à l'occasion
d'une saisie globale du navire. D'autre part, le principe est que seul le navire qui est à
l'origine de la créance maritime devrait seul souffrir de l'ouverture d'une saisie
conservatoire, ce qui a donné lieu à la conception de « navire-débiteur » même s'il
n'appartient plus au véritable débiteur personne physique ; à coté de ce navire, d'autres
navires sont également saisissables, il s'agit des navires appartenant au propriétaire du
navire auquel la créance se rapporte.
325
Convention internationale pour l’unification de certaines règles sur la saisie conservatoire des navires de mer
Conclue à Bruxelles, le 10 mai 1952
117
l'ouverture d'une saisie conservatoire des navires n'est possible que pour la garantie
d'une créance maritime, qui doit paraître fondée en son principe, ou pas forcément,
selon que le texte à appliquer est le CCMM ou les conventions internationales.
Ceci étant, tout au long de cette première partie, nous nous sommes
attelés à déceler les particularités de la saisie conservatoire des navires par rapport à la
saisie conservatoire de droit commun des biens meubles. Ces particularités se
manifestent tant en ce qui concerne l'ouverture de la saisie conservatoire des navires
qu'en ce qui concerne la mise en oeuvre de ladite saisie.
Nonobstant ces singularités, il est des cas où d'une part, l'on observe des
rapprochements entre les règles de la saisie des navires en particulier et celles de la
saisie de droit commun en général, et où d'autre part l'on se verra pour une raison ou
pour une autre, appliquer les règles découlant du droit commun des procédures civiles
d'exécution, ce qui pose le problème de l'adaptation des règles de la saisie de droit
commun à la saisie des navires
La saisie-exécution des navires n'a point été prévue par les textes
internationaux, ceci est dû à notre avis à la disette d'une telle saisie. Seul le code de
navigation maritime dans notre contexte en parle et en distingue deux types : la saisie-
exécution du navire précédé d'une saisie conservatoire dudit navire, et la saisie-
exécution du navire non précédée d'une saisie conservatoire de ce navire. En ce qui
concerne le régime d'une telle saisie, ce texte renvoie pour la plupart aux règles issues
du droit commun de la saisie immobilière telles que prévues par l'AUPSRVE. Ce
renvoi concerne aussi bien les conditions d'ouverture que la procédure de cette saisie
d'où l'adaptation au droit maritime qui a nécessité un travail d'envergure
326
Ordonnance-loi n°66-98 du 14/3/1966 portant code de la navigation maritime
119
voies d'exécution n’a pas prévue la saisie de navire mais plutôt, sur le plan
international par la convention internationale de Bruxelles sur l'unification de certaines
règles sur la saisie conservatoire des navires de mer du 10 mai 1952, destinée à être
remplacée par la convention internationale de Genève sur la saisie conservatoire des
navires du 12 mars 1999. Notre analyse se trouve confortée par l'article 8 paragraphe 4
de la convention de Bruxelles, texte qui énonce : « Aucune disposition de la présente
Convention ne modifiera ou n'affectera la loi interne des États Contractants en ce qui
concerne la saisie d'un navire dans le ressort de l'État dont il bat pavillon par une
personne ayant sa résidence habituelle ou son principal établissement dans cet État ».
BIBLIOGRAPHIE
I. TEXTES JURIDIQUES
A. Internationaux
1. Traité de l’OHADA de Port-Louis du 17 octobre 1993. In Journal Officiel
OHADA, secrétariat permanent, Yaoundé, Cameroun, 1993
2. Convention internationale pour l’unification de certaines règles sur la saisie
conservatoire des navires de mer Conclue à Bruxelles, le 10 mai 1952
3. La convention internationale de Genève sur la saisie concervatoire des navires la
du 12 mars 1999
4. Réglement n°03/01-UEAC-088-CM-06 portant adoption du code communautaire
révisé de la marine marchande du 3 aout 2001
5. Acte uniforme portant organisation des procédure simplifiées des recouvrement et
des voies d’exécution. Acte adopté le 10 avril 1998 et paru au JO OHADA n°6 du
1er juillet 1998
B. Nationaux
1. La constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la constitution
de la RDC du 18 février 2006. In Journal Officiel de la RDC n° spécial du 05
février 2011
121
8. Loi française n°91-650 du 09 Juillet 1991 portant réforme des procédures civiles
d'exécution.
9. Décret français n°92-755 du 31 Juillet 1992 instituant de nouvelles règles relatives
aux procédures civiles d'exécution pour l'application de la loi n° 91-650 du 9 juillet
1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution.
10. Loi française n°67-5 du 03 Janvier 1967 portant statut des navires et autres
bâtiments de mer.
11. Décret français n°67-967 du 07 Octobre 1967 portant statut des navires et autre
bâtiments de mer
II. DOCTRINES
A. Ouvrages
3. GUILLEN (R.) et VINCENT (J.), Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz,
14ème éd, 2003, 618 P.
4. Encyclopédie Universalis.
5. Encyclopédie Wikipédia.
6. GUINCHARD (S) et MOUSSA (T), droit et pratique des voies d'exécution,
Dalloz, Paris, 2002, 1667p.
C. SITE INTERNET
1. https://www.linternaute.fr
2. https://www.glossaire-international.com
3. https://www.memoireonline.com
4. https://www.cabinet-ngamkan.com
5. https://www.ohada.com
6. https://www.plevsi.com
7. https://www.lexinter.net.
125
119
ANNEXE
LISTE DES DISPOSITIONS ABROGEES DU DROIT CONGOLAIS
Article 2 (abrogé)
Article 3 Délivrance d’un extrait du Aucune disposition. Contraire en ce qu’il impose une
livre d’enregistrement et procédure supplémentaire non prévue par
constat de l’AUPSRVE : l’obtention auprès du
l’immatriculation. Conservateur des titres foncier, d’un
extrait du livre d’enregistrement
constatant que l’immeuble est inscrit au
nom du débiteur avant tout expropriation.
Abrogation de l’article 3.
NB 1 : cet article permet néanmoins de
constater que le terme « titre
immobilier » est également utilisé en
RDC et que la fonction de
« Conservateur des titres
immobiliers » est aussi réglementée en
RDC sous la même appellation.
NB 2 : cet article permet également de
confirmer que le droit congolais impose
l‘immatriculation des immeubles à la
Conservation foncière.
121
Désignation d’un
administrateur des biens dans
Maintien de l’article 4 bis en ce qu’il
Article 4 bis l’hypothèse où le propriétaire Aucune disposition.
complète l’AUPSRVE.
ne peut être atteint par un
acte de procédure.
Si le débiteur possède
plusieurs immeubles dont une
partie seulement a été saisie,
le créancier peut être Maintien de l’article 12 qui est
Article 12 Aucune disposition.
contraint par ordonnance du compatible avec l’esprit de l’AUPSRVE.
juge de saisir également les
autres immeubles dont le
débiteur est propriétaire.
Article 16 (abrogé)
NB : L’AUPSRVE indique expressément que les saisies peuvent porter sur tous les biens - mobiliers corporels ou incorporels ou immeubles -
appartenant au débiteur alors même qu’ils seraient détenus par des tiers, sauf s’ils ont été déclarés insaisissables par la loi nationale de
chaque Etat partie (article 50 de l’AUSPRVE combiné notamment avec les articles 54, 91 et 246). Par ailleurs, l’AUPSRVE précise que
ces mesures d’exécution peuvent être engagées quelle que soit la nature de la créance.
L’AUPSRVE contient des dispositions générales à propos des différentes procédures de saisie mais aussi des dispositions particulières
limitativement énumérées relatives à la saisie conservatoire des droits des associés et des valeurs mobilières, la saisie la saisie des
rémunérations, la saisie appréhension et la saisie-revendication des biens meubles corporels.
Ainsi, l’AUPSRVE ne prévoit pas de procédure spécifique liée à la saisie des navires qui est de ce fait, régie par le régime général des
mesures d’exécution.
Toute disposition de droit interne relative à cette matière doit ainsi être abrogée conformément à l’article 336 de l’AUPSRVE.
127
128
Saisie conservatoire -
Maintien de l’article 109 en ce qu’il
Article 109 Définition de la créance Aucune disposition.
définit les créances maritimes.
maritime.
129
130
Saisie conservatoire -
Identification du navire
saisissable : celui auquel la
créance se rapporte ou tout
Maintien de l’article 110 qui indique
navire appartenant à celui
Article 110 Aucune disposition. les navires saisissables conformément à
qui était au moment où est
l’article 51 de l’AUPSRVE.
née la créance maritime,
propriétaire du navire
auquel cette créance se
rapporte.
Saisie conservatoire -
Maintien de l’article 111 en ce qu’il
Article 111 Affrètement d’un navire et Aucune disposition.
complète utilement l’AUPSRVE.
saisie.
Saisie conservatoire -
Articles 64 et 65 et 99 Identité d’objet et dispositions contraires.
Articles 118 et 119 Procès-verbal de saisie et
à 103. Abrogation des articles 118 et 119.
signification.
Saisie conservatoire -
Inscription des saisies au
Articles 120 à 126 Aucune disposition. Maintien des articles 120 à 126.
registre matricule des
hypothèques maritimes.
DEDICACE.................................................................................................................................i
REMERCIEMENTS...................................................................................................................ii
PRINCIPAUX SIGLES.............................................................................................................iv
INTRODUCTION......................................................................................................................1
I. Motivation...........................................................................................................................1
II. Problématique..................................................................................................................2
III. Objet et intérêt de l’étude.............................................................................................8
a. Intérêt intellectuel............................................................................................................8
b. Intérêt pratique.................................................................................................................8
IV. Hypothèse.....................................................................................................................9
V. Méthodes et techniques du travail....................................................................................9
a. Méthodes..........................................................................................................................9
b. Technique.......................................................................................................................10
CHAPITRE I. L’ORIGINALITE DE LA SAISIE DE NAVIRE.............................................11
Section I. L’ouverture de la saisie conservatoire des navires...................................................12
§1. L’originalité quant aux biens susceptibles d’ouverture de saisie des navires....................12
A. La détermination de l’assiette de la saisie des navires...................................................12
1. La détermination évidente de l’assiette de la saisie : le navire, seul bien susceptible de
saisie......................................................................................................................................13
2. La problématique de l’application des règles de la saisie des navires à la saisie des
accessoires du navire.............................................................................................................15
A. L’étendue des navires susceptibles d’être saisis................................................................19
1. Le navire auquel la créance se rapporte.............................................................................19
2. Les autres navires appartenant au propriétaire du navire auquel la créance se rapporte
22
§2. L’originalité quant à la créance susceptible d’ouverture de la saisie conservatoire des
navires...................................................................................................................................25
A. Les conditions relatives à la créance à garantir.............................................................25
1. L’allégation d’une créance maritime.............................................................................25
a. Définition de la créance maritime selon la doctrine......................................................26
b. Les créances maritimes au sens des conventions internationales sur la saisie
conservatoire des navires......................................................................................................26
La convention de Bruxelles du 10 mai 1952.................................................................26
La convention de Genève du 12 mars 1999...................................................................28
Le CCMM......................................................................................................................31
132
2. L'adjudication du navire.................................................................................................98
a. Le moment de l'adjudication..........................................................................................98
b. Le déroulement de l'adjudication...................................................................................99
c. Les effets de l'adjudication..........................................................................................101
B. Les incidents de la saisie des navires...........................................................................102
a. Les incidents nés de la pluralité des saisies : les oppositions......................................102
b. Les demandes en distraction........................................................................................104
c. Les demandes en annulation........................................................................................104
d. la folle enchère.............................................................................................................106
2. Les règles communes à tous les incidents....................................................................108
CONCLUSION.......................................................................................................................110
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................114
TABLE DES MATIERES......................................................................................................131