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I

LES OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE SONT PROPRES À SON AUTEUR


II

DEDICACES

-A mon père M. MBIANDJA Joseph

-A ma mère PAMI Julienne

-A Mon oncle M NJAMFA Roger

-A NYADJAM Alain Péguy

-A NJANTOU Raoul

- A NYA Symphorien Borel

-A KUIGOUA Aurélie

-A KUIGOUA Ebeauni

-A toute ma famille

-A la famille DIFFO

-A mes amis
III

REMERCIEMENTS

Que tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à l’élaboration de ce travail trouvent
ici l’expression de ma profonde gratitude.

Nous voulons remercier particulièrement :

-Le Professeur Jean-Marie TCHAKOUA qui a accepté de diriger ce travail avec


attention.

-Mme DIFFO Justine pour son assistance tant morale que documentaire.

-M. TIMTCHUENG Moïse, enseignant à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


de l’université de Dschang, pour ses multiples conseils.

-Tout le personnel de l’Institut de Formation et de Coopération pour le Développement


(IFCD) pour leur soutien.

-Tout le personnel de la Direction des Affaires Juridiques et des Contrats de la Banque


des Etats de l’Afrique Centrale pour leurs conseils pratiques et leur disponibilité.

-Mon grand frère NYA Symphorien et sa femme qui ont su créer les conditions idoines
pour la réalisation de ce travail

-Mes amis KITIO TSAGUE Steve, KEUFACK Hugues, DOGMO Alain, FONKUI
Fernand, BELMBOCK Hubert, AZEUFACK Gatien, AZEUFACK Gaston, PANGOP
Gatien, FANSI Paul, KOUAM Siméon Patrick pour leur assistance morale.
IV

TABLE DES ABREVIATIONS

Art. : Article
AU : Acte Uniforme
Bull. Civ. : bulletin civil
CA : Cour d’Appel.
CS : Cour Suprême
CPCC : Code de Procédure Civile et Commerciale
CCJA : Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.
C. civ. : Code Civil
Cass. : Cour de cassation
D: Dalloz
DP : Dalloz Périodique
Edt. : Éditions
Gaz. Pal. : Gazette du palais
JCP : Jurisclasseur périodique
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique
PSRVE : procédure simplifiée de recouvrement et voies d’exécution
PUA : Presses Universitaires d’Afrique
RCD : Revue Camerounaise de Droit
RJCCA : Recueil Jurisprudentiel de la Cour Commune D’arbitrage d’Abidjan
RDB : Revue de droit Bancaire
RCDIP : Revue critique de droit international privé
RGDP : Revue Générale de Droit Public
RJCCA : Revue de jurisprudence de la cour commune de justice et d’arbitrage
D’Abidjan
RTD com. : Revue Trimestrielle de Droit Commerciale
s. : Suivant
Somm. : Sommaire
V

RESUME

La législation antérieure soumettait les sommes d’argent entre les mains des banques à

la procédure de saisie arrêt. Elle était critiquée pour sa lourdeur ; le législateur communautaire

intégrant ces critiques a alors prévu deux types de procédures qui pourraient être utilisées par

les créanciers afin de sécuriser leur investissement ; ils pouvaient utiliser alors soit la saisie

conservatoire des comptes, soit la saisie attribution des comptes. Ces saisies recèlent

plusieurs particularités qui fondent leurs spécificités.

Elles sont particulières car mises en œuvre sur des biens incorporels qui sont

matérialisés par un simple jeu d’écritures sur un compte. Elles le sont également parce que

celles-ci se dénouent chez une personne qui est tiers à l’opération cause de la procédure. Il

convient de préciser que sur cette personne pèsent des obligations qui lui font rompre le secret

des affaires qui entourent sa profession. Toutes ces particularités font de cette procédure l’une

des plus difficiles à opérer pourtant tel n’était pas l’objectif du législateur. Il était donc

nécessaire de faire une analyse des particularités de cette voie d’exécution qui devrait être la

procédure d’exécution par excellence car déjudiciarisée.


VI

ABSTRACT

The former legislation subjected the money in the hands of the banks to the common

procedure of seizure. It was criticized for its heaviness so the OHADA legislation integrating these

criticisms then envisaged two types of procedures, which could be used by the creditors in order to

make safe their investment. They could then use either the garnishment of the accounts or the seizure

attribution of the accounts. Those procedures are particular for many reasons: They put in place

procedure on intangible goods that are materialized by an entry on an account. But also because that

are untied at a person who is not a parties to the operation which causes the procedure. Especially

that on this person weighs obligations, which make him break the professional secret, which surrounds

its profession.

All these characteristics make this procedure however one of most difficult to operate unless

the effort of the legislator to make it simple. From there it was necessary to make an analysis of the

characteristics of this way of execution, which is one of the most used in the economic sector. Those

particularities can be found in the procedure to be used or in the contestation, which can be elevated

because of the procedure


V

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE

TITRE 1 : LES REGLES SPECIFIQUES A LA MISE EN ŒUVRE DE LA SAISIE DES

SOMMES D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES

CHAPITRE 1 : LES SPECIFICITES LIEES A LA NATURE TRIANGULAIRE DE

L’OPERATION.

CHAPITRE2 : LES SPECIFICITES LIEES A LA NATURE DES BIENS SAISIS

TITRE 2 : LE CONTENTIEUX SPECIFIQUE A LA SAISIE DES SOMMES

D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES

CHAPITRE1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR LE SOLDE SAISIS

CHAPITRE 2 : LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE COMPORTEMENT DES

ACTEURS DE LA SAISIE

CONCLUSION GENERALE
Introduction

Le droit des voies d’exécution constituait jusqu’à une époque récente, « un îlot

archaïque»1 dans les systèmes juridiques de la plupart des Etats parties au traité OHADA

(Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique)2. Au Cameroun en

particulier, il demeurait soumis, dans les provinces d’expression et d’inspiration juridique

française, à une législation bicentenaire découlant pour l’essentiel du livre IV du code de

procédure civile et commerciale de 1806 applicable au Cameroun depuis l’arrêté du 16

décembre 1954 portant codification et réglementant la procédure en matière civile et

commerciale devant les tribunaux français du Cameroun. Dans les provinces du Nord-ouest et

du Sud-ouest de tradition juridique anglo-saxonne, il y avait lieu de se reporter aux

dispositions du <<sheriffs and civil process ordinance>> applicable en vertu des articles 70(1)

et 86 (1) du <<magistrates court ordinance>> de 1948 et 73(1) du <<magistrate Court’s

Law>> de 1955. A ces textes limités du colonisateur et qui constituaient la base des voies

d’exécution, il faut ajouter deux textes du Cameroun indépendant, notamment la loi n°89/020

du 29 décembre 1989 fixant certaines dispositions relatives à l’exécution des décisions de

justice modifiée par la loi n° 97/018 du 07 août 1997 et la loi n° 89/019 du 29 décembre 1989

modifiant et complétant l’ordonnance n° 72/04 du 26 août 1972 portant organisation judiciaire

1
DZUENKEU (A) : L’OHADA et la reforme des procédures civiles d’exécution en droit africain : l’exemple
du Cameroun revue juridis avril mai juin 2002 p113
2
Pour des informations complètes sur l’institution, voir POUGOUE (P, G) Présentation générale et procédure en
droit OHADA PUA, 1998
de l’Etat. Ces lois que nous avions héritées de la colonisation pour la plupart étaient déjà

dépassées et avaient fait l’objet de reforme chez nos inspirateurs3. Cette obsolescence des

textes rebutait les opérateurs économiques et n’encourageait pas le crédit ; or le but premier

des voies d’exécution est de mettre à leur disposition des moyens leur permettant de rentrer en

possession de leur investissement rapidement en cas de crise de confiance avec son partenaire

économique.

C’est dans le but de doter les Etats membres d’un droit moderne qu’est né l’OHADA.

Le souci premier du législateur fut de doter les Etats parties d’un droit des affaires harmonisé,

simple, moderne et adapté à l’Afrique. Mais la sécurité juridique était loin d’être atteinte si le

législateur OHADA s’en était tenu à une reforme du droit matériel. En effet, comme le

précisent les Pr. ANOUKAHA F. et TJOUEN A. D. quelques réfléchies soient les règles

adoptées, leur valeur et leur efficacité dépendent en dernière analyse de la souplesse ou alors

de rigidité des dispositions permettant leur mise en oeuvre4.

Les procédures civiles d’exécution ne pouvaient dès lors échapper au vaste chantier de

réforme du droit des affaires entrepris par les Etats parties au traité OHADA. Le législateur a

concrétisé cela par l’entré en vigueur de l’Acte Uniforme portant voies d’exécution. En effet

il ne servirait à rien d’assurer une bonne administration de la justice si les décisions rendues

ne pouvaient être exécutées car « l’exécution participe désormais de la sécurité juridique »5 .

Il était donc du devoir des Etats d’assurer aux justiciables des voies et moyens leur

permettant de voir leurs droits accéder à la vie.

3
Voir dans ce sens la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991portant réforme des procédures civiles d’exécution et son
décret d’application du 31 juillet 1992
4
Les auteurs parlaient alors de la nécessaire efficacité des textes dans ce domaine V. ANOUKAHA (F) et
TJOUEN (A. D) Les procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution en OHADA
PUA 1999, p .3
5
POUGOUE (P, G) et KOLLOKO (F, T) la saisie attribution dans l’espace OHADA
Si dans l’ensemble, la loi nouvelle reprend dans ses grandes lignes des dispositions

déjà connues6, ces points de stabilités ne sauraient nous berner car le droit OHADA opère une

profonde réforme du droit des voies d’exécution dans les Etats parties ; le droit matériel ne

trouvant vie que dans les règles procédurales7. Le législateur communautaire a réorganisé les

saisies tant mobilières qu’immobilières reprenant là la distinction opérée par le code de

Procédure Civile et Commerciale. Si du point de vue procédural, il n’existe en matière

immobilière qu’un seul type de saisie, en matière mobilière, et en raison de la variété des

catégories de biens, il a été organisé plusieurs types de saisies, que l’on peut classer selon

qu’elles sont diligentées à des fins simplement conservatoires ou à des fins d’exécutions. A

cette classification, l’on peut ajouter une autre qui distingue selon qu’il s’agit de biens

meubles corporels ou alors de biens meubles incorporels. C’est dans ce domaine que le

législateur OHADA a accompli une avancée particulière, notamment dans le domaine

bancaire où il était désormais crucial d’élaborer des règles spécifiques et précises concernant

la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques d’où notre sujet la saisie des

sommes d’argent entre les mains des banques.

Cette réforme était nécessaire car à l’évolution sociale le droit se devait de répondre.

En effet, les conditions sociales et économiques ont beaucoup évoluées ; la consistance des

patrimoines n’est plus la même qu’à l’époque de la codification napoléonienne, du moins

pour ce qui en reste8. Au porte-monnaie classique se sont ajoutés les porte-monnaie

électroniques. La monnaie scripturale a pris le pas sur la monnaie fiduciaire jugée très lourde

et source de tracasserie de tout genre. Ainsi l’argent qualifié de « nerf de la guerre » dans

certains milieux est ici plus qu’ailleurs visé. L’argent en compte est liquide et permet au

créancier une fois qu’il l’aura recouvré de couvrir rapidement des dépenses. L’usage des
6
L’A.U. ne vient pas supprimer la législation antérieure dans toutes ses dispositions mais la modifie pour la
rendre plus adapté aux besoins des opérateurs économiques.
7
ANOUKAHA (F) et TJOUEN (A. D) op. Cit. p.3
8
Il faut noter que ces textes font de plus en plus l’objet de reforme. Le législateur camerounais dotant le
Cameroun progressivement de texte de loi nouveau
comptes bancaires est, on peut le dire, généralisé dans le milieu des affaires de la plupart des

Etats parties au traité OHADA. Il est alors naturel pour un particulier d’avoir un ou plusieurs

comptes en banques. L’argent est dans les Etats parties devenu monnaie scripturale, du moins

pour ce qui est des opérateurs économiques9. Il convient de relever ici que les deux fonctions

de la monnaie, à savoir, paiement et épargne sont concentrées dans les comptes entre les

mains des banques. Les comptes en banque reçoivent l’argent destiné au paiement, d’où il est

distribué soit au travers des chèques soient par le biais des cartes de crédit. Les comptes sont

également le réceptacle fréquent de la seconde fonction de la monnaie : la thésaurisation. Il

est donc clair que c’est « entre les mains des banques qu’il faut aller chercher l’argent des

débiteurs rétifs >>10. Il était donc urgent d’organiser des procédures simples, rapides et

efficaces afin d’aider les créanciers à recouvrer l’argent qui était versé dans les comptes de

leur débiteur en banque.

Ainsi, le législateur communautaire a procédé à un réaménagement de la saisie des

avoirs bancaires en droit OHADA rompant ici avec la législation antérieure qui soumettait

ces biens à une seule procédure : la saisie arrêt11. Il faut noter que le code de procédure civile

et commerciale n’avait pas pris le soin d’édicter une procédure particulière pour les saisies

entre les mains des banques des sommes d’argent déposés sur les comptes de leurs clients. Ce

n’est que de manière incidente qu’à son article 310, il faisait allusion aux comptes en banque.

Ainsi, sous l’empire de ce texte, l’adaptation des règles de saisie-arrêt aux particularités des

comptes bancaires était essentiellement l’œuvre de la jurisprudence aidée par la doctrine12.

9
Il convient tout de même de relever que si l’on a noté une percé des banques sur la sous région, le taux de
bancarisation demeure très faible
10
MOULY (C), Les saisies des comptes bancaires, Les petites affiches, 26 mai 1993.
11
Elle comportait alors deux procédures très lentes et gênantes notamment lorsque le débiteur était muni d’un
titre exécutoire
12
FONKOU (J, A) L’article 161 de l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement des voies d’exécution Mémoire DEA droit communautaire Université de Dschang, juillet
2001,p.50
Avec la législation OHADA, apparaissent des règles spécifiques aux comptes bancaires13 . Il

a pour cela prévu deux procédures de saisies pour les comptes bancaires l’une conservatoire,

l’autre attributive.

La saisie des sommes d’argent entre les mains des banques est toute opération de

saisie pouvant affecter l’<<élément d’actif correspondant pour une personne à une somme

d’argent que lui doit une personne avec laquelle elle est en compte à l’issue d’une ou

plusieurs opérations et que celle –ci, ici le banquier, conserve entre ses mains comme sommes

à valoir dans les règlements d’une opération ultérieure >>.14 Cette définition demeure

imprécise car la saisie des comptes bancaires se décline en deux variantes. Dont l’une est

conservatoire et l’autre attributive Ainsi, il faudrait plutôt entendre par saisie des comptes

bancaires : soit l’opération de saisie qui permet au créancier non encore titulaire d’un titre

exécutoire15, s’il justifie des circonstances de nature à en menacer le recouvrement, de faire

mettre sous main de justice les avoirs bancaires de son débiteur afin de se les faire attribuer

ultérieurement une fois munis d’un titre exécutoire : il s’agit alors de la saisie conservatoire

des avoirs bancaires ; soit la saisie qui permet au titulaire d’un titre exécutoire de saisir et de

se faire attribuer à concurrence de sa créance, le solde du compte bancaire de son débiteur

directement chez son banquier et se la faire attribuer16 : c’est la saisie attribution. Dans

l’ensemble, la procédure des saisies conservatoires des comptes bancaires est plus proche de
13
Il convient de remarquer alors que si la saisie attribution de droit commun a pour objet les créances de
sommes d’argents, la saisie des avoirs bancaires porte sur les comptes bancaires plus précisément sur les soldes
de comptes bancaires.
14
CORNU (G) vocabulaire juridique 4 Edt PUF, P.99
15
Décision de justice ou acte judiciaire comportant la formule exécutoire. Le titre revêtu
de la formule exécutoire qui permet au créancier qui en dispose de saisir les biens de son
débiteur.
Constituent des titres exécutoires :
- Les décisions de justice ayant force exécutoire (force de chose jugée) ;
- Les actes notariés revêtus de la formule exécutoire ;
- Les extrais de procès – verbaux de conciliation signés par le juge et les parties ;
- Les jugements étrangers et les sentences arbitrales revêtus de l’exequatur ;
- Le titre délivré par l’huissier en cas de non – paiement d’un chèque.
16
Article 154 de l’AU. Pour une définition dans ce sens V. BITSAMANA (H, A) Dictionnaire
de droit OHADA trouvé sur www.ohada.com rubrique doctrine
celle de la saisie attribution que de celle de la saisie conservatoire de droit commun17 . Le

législateur a procédé ici à une unification des règles y relatives, car ces deux procédures

portent sur des biens particuliers et il était nécessaire de tenir compte des particularités

bancaires dans l’aménagement de la procédure.

De cette distinction, l’on perçoit que le législateur a voulu rendre cette procédure de

saisie des comptes simple, rapide et dépouillée de tout formalisme excessif18. Un formalisme

qui la rendait difficile à exécuter pour les non initiés par le passé. Eu égard à la nouveauté de

cette procédure dans l’espace OHADA et à la spécificité de celle ci, il était important que l’on

procède à une analyse de cette procédure dont le particularisme ne cesse alors de s’affirmer

en pratique.

La saisie des comptes bancaires est une opération triangulaire ; elle s’opère entre trois

parties : le créancier, le banquier tiers saisi et le débiteur. Le créancier qui selon le type de

procédure engagée doit être muni d’un titre exécutoire ou non. Le débiteur qui doit devoir de

l’argent. Le tiers saisi qui est un établissement bancaire ou financier 19 et la personne entre les

mains de laquelle est effectuée la saisie des biens du débiteur. Elle doit, d’une part avoir la

qualité de tiers à l’égard du saisi20, d’autre part, elle doit être débitrice envers lui.

La saisie des sommes d’argent entre les mains des banques porte sur des créances de

sommes d’argent. Ainsi l’on distingue : la créance cause de la saisie qui doit remplir les

conditions de certitude, de liquidité et d’exigibilité21 ; la créance objet de la saisie qui doit

encore se trouver dans le patrimoine du débiteur qui est celle sur laquelle porte effectivement

la saisie. La procédure, que la saisie soit conservatoire ou attributive commence toujours par
17
L’AU prévoit que les dispositions de l’Article 161 et suivant sont applicables en matière de saisie
conservatoire des créances voir pour cela l’article 74 de l’AU.
18
BEBOHI EBONGO (S) la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA mémoire de DEA droit
privé 2001-2002, université de Yaoundé –II SOA
19
Pour une définition voir le décret n°90/1469 du 9 novembre1990 portant définition des établissements de
crédit in Juridis infos n°5 Janv-Fev-Mars 1991
20
Ce qui suppose l’existence d’un pouvoir autonome et l’absence d’un lien de subordination
21
CCJA Arrêt n°.32 du 04 novembre 2004 affaire Société EBURNEA contre Compagnie d'Assurances les
Tisserins SATCA.
un exploit d’huissier signifié au banquier tiers saisi, sur qui pèse, à compter de cette

signification, l’obligation de déclarer au créancier saisissant <<l’étendue de ses obligations à

l’égard du débiteur >>.22 Il faut dire que les articles 161 à 163 de l’Acte uniforme sur les

procédures simplifiées de recouvrement et les voies d’exécution (AU sur les PSRVE) qui

constituent le droit commun de la saisie des comptes bancaires est un aménagement des règles

de la saisie attribution des créances aux comptes bancaires. C’est ce qui en fait la spécificité,

spécificité sur laquelle nous mettrons l’accent au cours de notre travail. Les autres aspects de

la procédure ayant déjà eu à faire l’objet d’études.

Des premières études qui ont été faites sur cette procédure23, il ressort que la saisie des

avoirs bancaires24 suscite encore beaucoup d’interrogations de la part des acteurs de la vie

judiciaire pour ce qui est du contentieux25 et des acteurs de la vie économique pour ce qui est

de la pratique. Cette saisie nouvelle allie les spécificités de la pratique bancaire avec les

méthodes des voies d’exécution dans un domaine où le silence est la règle. Cet état de chose

le sentiment de flou qui entoure cette procédure. D’où il était intéressant de s’interroger sur

les spécificités de la saisie des comptes bancaires. S’interroger sur leur impact sur la

procédure de saisie des comptes bancaires.

Nous nous attellerons dans le cadre de notre travail à faire ressortir les spécificités de

la saisie des comptes bancaires tant au niveau de la mise en œuvre qu’au niveau du

contentieux auquel elle peut conduire. Spécificité s’entendant des aspects procéduraux qui la

singularise des aux autres saisies pouvant être mise en œuvre sur des biens meubles. En effet

22
Article 156 de l’AU
23
Voir les mémoires de BEBOHI EBONGO (S) : la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA
mémoire DEA droit privé 2001-2002 ; DZUENKEU (A) le contentieux des saisies mobilières au Cameroun
depuis la reforme OHADA mémoire DEA droit privé, mai 2001 ; de BILONG BILONG (l) Le contentieux de
l’exécution au Cameroun selon l’acte uniforme OHADA relatif aux voies d’exécution mémoire de DEA droit
privé 2002-2003 tous soutenues à l’université de Yaoundé II- SOA.
24
Il convient de relever que ces études étaient consacrées uniquement à la saisie attribution.
25
DZUENKEU (A) op. Cit. L’auteur relève à ce sujet que suite à des écarts entre la législation et la pratique se
développe un contentieux parasite ce qui est contraire aux prescriptions du législateur qui voulait d’une saisie de-
judiciarisée.
elle est spécifique car il s’agit de biens incorporels et surtout de biens incorporels détenus par

un tiers chez qui se déroulera toute la procédure contrairement à la saisie mobilière de droit

commun; mais également parce qu’elle a donné naissance à un contentieux spécifique

tributaire de ces particularités et qui mérite donc qu’on y prête attention. Nous organiserons

notre travail autour de deux grandes idées. A savoir :

TITRE1 : Les règles spécifiques à la mise en œuvre de la saisie des sommes d’argent

entre les mains des banques.

TITRE 2 : Le contentieux spécifique à la saisie des sommes d’argent entre les mains des

banques
TITRE I

LES REGLES SPECIFIQUES A LA MISE EN

ŒUVRE DE LA SAISIE DES SOMMES

D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES

La saisie des comptes bancaires, comme nous l’avons déjà relevé plus haut, était sous

l’empire de la législation antérieure soumise à la procédure de saisie arrêt et aux dispositions

particulières liées aux opérations de banques élaborées par la jurisprudence. Le législateur a

tenu compte de ces particularités dont les jalons ont été posés par la jurisprudence dans son

travail de reforme du droit des voies d’exécution. Ces particularités sont de deux ordres :

l’une a trait à la présence dans la procédure d’une troisième personne en la qualité de banque
tiers saisi chez qui va se dérouler toute la procédure avec toutes les obligations qui en

découlent; la seconde a trait au domaine de la saisie même qui est particulière des lors qu’il

s’agit de la saisie des comptes bancaires. Afin de percevoir l’originalité de cette procédure, il

faudrait que l’on examine tour à tour les particularités liées à la nature triangulaire de

l’opération (CHAPITRE 1) et ensuite que l’on procède à un examen des spécificités découlant

de la nature des biens saisis (CHAPITRE 2)

CHAPITRE 1

LES PARTICULARITÉS LIEES A LA NATURE

TRIANGULAIRE DE L’OPERATION

Les voies d’exécutions sont des procédures ayant pour objectif principal d’imposer

l’exécution d’un jugement ou d’un engagement. De manière générale, elles sont initiées par

le créancier à l’encontre de son débiteur récalcitrant et peuvent alors porter sur n’importe

lequel des éléments de son patrimoine,26 quel que soit l’endroit où il se trouve. Il peut arriver

que certains éléments du patrimoine du débiteur ne soit plus en sa possession sans être

toutefois sorti de sont patrimoine ; alors le litige qui concernait le débiteur et son créancier à

26
Les articles 2092et 2093 du c.civ. Précisent en effet que le patrimoine du débiteur sert de gage général à ses
créanciers.
l’origine devient celui de trois personnes. Tel est le cas dans la procédure de saisie des

sommes d’argent entre les mains des banques.

Le tiers est ici la banque chez qui les clients viennent ouvrir des comptes. La

procédure de saisie initiée par le créancier dans le but de rentrer en possession de ces biens du

débiteur est alors modifiée dans son schéma classique. Si à l’origine seul le débiteur et son

créancier étaient les acteurs à la procédure tel n’est plus le cas ici. D’où la nécessité

d’examiner les spécificités liées à la nature triangulaire de l’opération. Ces spécificités ont

trait aux obligations qui pèsent sur le tiers saisi27 et qui sont liées au rôle crucial que lui fait

jouer le législateur dans le cadre de cette voie d’exécution.

Il convient de distinguer pour ce faire les obligations du tiers au déclenchement de la

saisie et qui se résument en une obligation de coopération (SECTION 1) et celles qui

pèsent sur lui une fois la saisie pratiquée qui constitue le devoir de règlement du banquier

dans la procédure. (SECTION2)

SECTION 1 : LE DEVOIR DE COOPERATION DU

BANQUIER TIERS SAISI

Dans le cadre de la saisie des comptes bancaires, il pèse sur le banquier au

déclenchement de la saisie des obligations qui découlent principalement de l’article 156 de

l’AU. Il doit <<déclarer au créancier l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur ainsi

que les modalités qui pourraient les affecter et s’il y’a lieu les cessions de créance,

délégation ou saisies antérieures Iil doit communiquer copie des pièces justificatives>>.28 Il

27
En effet ce sont les mêmes obligations qui pèsent sur les autres protagonistes dans le cadre de la saisie
attribution de droit commun qui sont reprises ici.
28
L’article 156 de l’AU reprend ici des dispositions du droit antérieurement applicable (CPCC).
découle de cet article que le législateur met à la charge du banquier deux catégories

d’obligations : une obligation de déclaration (PARAGRAPHE 1) et une obligation de

communication des pièces justificatives (PARAGRAPHE 2).Tout ceci laisse penser que c’est

une véritable délation institutionnelle qui est désormais mise à la charge du banquier dont la

profession est pourtant entourée du secret des affaires.29

PARAGRAPHE 1 : L’INSTITUTION D’UNE OBLIGATION DE DECLARATION

ROMPANT LE SECRET BANCAIRE

Instrument de préservation des droits des créanciers, certaines mesures d’exécution

forcées telle la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques remettent

fondamentalement en cause le secret des affaires30. Si la question s’était posée de savoir si le

banquier pouvait invoquer le secret bancaire pour empêcher l’efficacité de ces mesures

d’exécutions, l’AU répond à la question par la négative en son article 156 alinéa 1 qui

dispose que : <<Le banquier comme tout tiers saisi est tenu de déclarer au créancier

l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur, ainsi que les modalités qui pourraient les

affecter>>. Ainsi la banque n’est pas fondée à opposer le secret professionnel à la demande du

créancier tendant à connaître la nature et <<la position>> des comptes ouverts dans <<ses

livres au nom du débiteur>>.31 Une fois cette question résolue, il faudrait analyser cette

obligation de déclaration pesant sur le banquier, tant en ce qui concerne la déclaration de

l’ensemble des comptes ouverts au nom du débiteur dans ses livres (A) que l’obligation qui

29
NGO (N) Le secret des affaires dans les pays de l’espace OHADA et en France. Thèse doctorat d’Etat,
Université d’Evry, Paris 2005, p.307n°453.
30
NGO (N) op. cit. p.307
31
Paris, 11 janvier 1985.gaz.pal.1985 .287. Lyon, 16 juin 1994, banque et droit .1994, n°38, p.32, note
GUILLOT (J-L).
lui est faite de déclarer toutes les modalités qui affecteraient ce compte au jour de la saisie.

(B)

A- LA DECLARATION DES COMPTES DETENUS POUR LE COMPTE DU

DEBITEUR :

Une fois l’acte de saisie servi par l’huissier instrumentaire, le banquier doit procéder à

l’énumération des comptes ouverts au nom du débiteur dans ses livres.32 Cette déclaration, on

aurait pu le penser, ne porte pas seulement sur le compte dont le créancier aurait connaissance

et pour lequel il pratique la saisie mais sur tous les comptes détenus par le banquier pour le

compte du débiteur. Le banquier sera ainsi tenu d’indiquer, le solde des divers comptes

ouverts par le débiteur saisi, s’il existe une convention de fusion de compte ou de

compensation et de préciser si la saisie porte sur un compte joint ainsi que les noms et

adresses des titulaires.33 Seulement, il convient de s’interroger sur la portée d’une telle

34
déclaration car l’AU met à la charge du banquier une déclaration sur <<le champ>> à

l’huissier de l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur.

Dans la pratique, cette déclaration n’est pas aisée, notamment lorsque l’acte de saisie

n’est pas servi à l’agence de la banque qui gère le compte en question. Et lorsque tel est le cas,

les banques ayant plusieurs succursales sur l’étendu du territoire, celles-ci ne sauraient sur-le-

champ, déterminer avec exactitude l’ensemble des comptes détenu pour le compte du

débiteur et encore moins savoir si ce dernier a ouvert un compte dans une autre succursale.

Beaucoup objecteront alors que la jurisprudence des GARES PRINCIPALES35 permettrait a

32
C.A. Caen, 21 février 1995 ; Gaz. Pal. , 25 –29 août 1995, p.5 comm. EDU Dusquez, BRDA.95, 21, P.13.
33
C.A. Lyon, 3 dec.1997, D, Affaires 1998, p.155, obs. J. F. CREDOT ; JCP G 1999, IV, 1438; RGDP 1998, 524,
obs. PUTMAN (E).
34
Article 156 de l’AU sur les Procédures Simplifiées de Recouvrement et des Voies d’exécution (PSRVE).
35
Cette jurisprudence récuse totalement pour les personnes morales le principe de l’unicité du domicile Civ. 4
mars 1857 ; DP 1857, 1,124
priori de résoudre la question mais elle ne résout le problème que d’un point de vue théorique.

Du point de vue pratique, elle se heurte à deux obstacles importants :

Un obstacle technique et financier tout d’abord : les immenses progrès qu’autorisent

les progrès techniques sont contrariés par la science elle-même, mais et surtout par celle du

coût des investissements considérables que supposent les installations nécessaires à la

détermination de l’ensemble des comptes tenus pour le compte du débiteur. A l’heure actuelle,

les banques sont peu enclines à investir dans des secteurs ne leur rapportant pas directement

de l’argent.

Un obstacle juridique ensuite. En effet, parmi les conséquences de la théorie de

l’identité de la personne morale, on relève celle relative à son domicile36. C’est le siège social

de la société, c’est-à-dire le lieu de son principal établissement, qui constitue le domicile de

celle-ci permettant par-là de déterminer en cas de litige le tribunal territorialement compétent.

Toutefois, la jurisprudence a été amenée à consacrer la théorie des gares principales dans

l’intérêt du demandeur. Seulement, cette même jurisprudence y a apporté quelques

tempéraments.

Ainsi, il faut tout d’abord, que l’établissement concerné ait un pouvoir ou une

autonomie suffisante et soit dirigé par un préposé disposant des pouvoirs nécessaires37. Il faut

également que le litige soit né à l’occasion, soit d’une affaire traitée par la succursale, soit

d’une faute dommageable commise dans l’aire géographique de son activité 38. Ainsi il serait

judicieux de n’admettre la saisie que dans les succursales ayant un rapport direct avec le

débiteur ou alors à défaut elle devra être pratiquée au siège social de la banque. La déclaration

sur-le-champ aurait alors une portée plus vraisemblable car elle sera faite par l’établissement
36
DELLECI (J. M) la saisie attribution son application aux opérations de banque : 2 Edt, p.224.
37
Cass.soc.10 février 1991, Bull. civ, V.n°99 p.81 ; TGI paris 18.07.1980, gazette du palais 1981 somm.p.197 ;
TGI Nantes 20.01.1983, revue banque 1983, notes Martin L.M.
38
TGI de la Seine.29 avril 1966, D.S. 1966, 2, p.752 où les juges avaient décidé que le fait qu’existe dans le
ressort de n’importe quel tribunal un établissement quelconque de la société ne suffit pas à justifier l’adversaire
de cette dernière à saisir arbitrairement cette juridiction
opérant pour le compte du débiteur (il s’agit alors de l’hypothèse où la saisie est pratiquée à

l’agence où le débiteur a effectivement ouvert un compte) ou du siège social de la banque.

Telle est déjà la solution retenue en France et il serait judicieux de la reprendre ici dans le

silence de l’acte uniforme. Cette solution viendrait alors rendre plus efficiente cette procédure

que la doctrine n’a pas manquée de qualifier de clé de voûte des voies d’exécution.

Sur le plan international, il demeure également une question non tranchée par l’acte

uniforme celle de savoir si une saisie signifiée au siège social de la banque est de nature à

avoir des répercussions sur les comptes du débiteur tenu par une filiale ou une succursale

étrangère

La solution lorsque les comptes sont tenus par une filiale étrangère de la banque est,

compte tenu de la neutralité de la filiale par rapport à la société mère, l’absence d’une

obligation de déclaration. La filiale est une personne morale distincte de la maison mère, ne

saurait être concernée par une saisie signifiée à cette dernière39.

Par contre lorsque c’est une succursale étrangère de la banque, celle –ci n’est pas distincte de la maison mère. Il se pose alors

deux questions : l’une de savoir si une fois que la procédure est engagée en vertu d’un titre exécutoire dans l’un des pays

membres, elle peut être poursuivie dans un autre sans qu’il soit nécessaire de demander l’exequatur ? Certainement que tel sera

le cas car il en va de la crédibilité des procédures OHADA. L’autre interrogation est celle de savoir si une saisie pratiquée selon

le droit OHADA peut trouver application dans un pays non-membre où se trouve l’un des comptes du débiteur. Dans le silence

de la loi et en l’absence de position de la part de notre jurisprudence, nous nous inspirerons de celle de la Cour de Cassation

française qui face à une telle demande avait relevé <<qu’en dehors de la voie de l’exequatur une telle demande n’était pas

40
recevable sans porter atteinte au principe de l’indépendance et la souveraineté respective des Etats >> . Seulement cette solution

39
Sur la position contraire voir arrêt cour de cassation 2 ch. Civ. ,30 janvier 2002 où les juges ont déclaré<<Mais
attendu que c'est sans excéder ses pouvoirs ni violer le principe de la territorialité des procédures d'exécution que
la cour d'appel a retenu que la banque, tiers saisi, devait déclarer l'ensemble des sommes dues au débiteur dès
lors que celles-ci sont dues par la personne morale elle-même, peu important la localisation en France ou à
l'étranger des succursales, elles-mêmes non constituées en sociétés distinctes, dans lesquelles les comptes sont
tenus>>
40
Cass. Civ. 12 mai 1931, D.P.1933, 1, P.60 note de E.SILZ. Voir également dans le même sens Cass.civ.1, 4 mai
1976 RCDIP 1977 jurisprudences, p.352 note D Mayer. En l’espèce la cour a considéré qu’un tribunal français
ne pouvait paralyser les actes d’exécution exercée sur le territoire d’un Etat étranger avec l’autorisation des
juridictions compétente de l’Etat concerné.
ne vaut qu’au niveau de la poursuite de l’exécution et ne saurait jouer au moment du recouvrement effectif Ainsi le banquier

41
est tenu de déclarer même les comptes tenus par les succursales même à l’étranger .

Une fois la déclaration de l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur effectuée, il reste au banquier de préciser quelles

modalités affectent les soldes des comptes énumérés.

B- DECLARATION DES MODALITES AFFECTANT LE SOLDE DES COMPTES DU DEBITEUR

Une fois que le banquier aura déterminé avec exactitude quels sont les comptes ouverts au nom débiteur dans son

42
établissement, il lui restera à établir leur solde et à déclarer les modalités qui affectent ces comptes à l’huissier instrumentaire.

Le législateur communautaire a été très précis sur la question en énumérant ces modalités. Elles sont de diverses natures. Il

s’agit notamment des cessions de créances, des délégations ou de toute saisie antérieure qui aurait été opérée sur les comptes du

débiteur.

Ainsi il y a cession de créance lorsque le débiteur avait cédé sa créance à l’égard du banquier à un autre de ses

créanciers. Le créancier poursuivant ne pourra plus la faire saisir car celle-ci n’est plus dans le patrimoine de son débiteur qui

43
par l’acte de cession en transfère la propriété . Il y a délégation lorsque le débiteur aurait été invité par l’un de ses créanciers à

payer par le truchement de son compte une de ses dettes.

Le banquier est également tenu de préciser à l’huissier instrumentaire l’existence de saisies antérieures et également

de préciser le montant pour lequel elles ont été pratiquées. C’est une obligation classique qui prend une importance particulière,

car un effet attributif est attaché à la saisie pratiquée sur les comptes bancaires.

44
Le législateur met également à la charge du banquier de déclarer le solde exact du ou des comptes du débiteur . Le banquier

fera alors une présentation séparée du solde de chacun des comptes dans le cas où le débiteur aurait plusieurs comptes. Une

modalité sur laquelle il faudrait apporter des précisions : c’est celle de savoir si les conventions de compensation de compte

45
jouent de plein droit en droit OHADA . En effet lorsque deux comptes viennent en compensation, leur solde est toujours

déterminé cumulativement sur la base des informations tirées des deux comptes. Il est certain que la présentation de leur solde se

fera cumulativement eu égard à la force exécutoire des conventions. A défaut, la banque pourrait se retrouver avec un découvert

41
Cass.Com.30 mai1985, RCDIP 1986, jurisprudence, note Henri BATIFFOL.p.329.
42
V.infra Chapitre 2.
43
Voir code civil article 1689 et s.
44
Article 161 de l’AU PSRCVE <<L’établissement est tenu de déclarer la nature du ou des comptes du débiteur
ainsi que leur solde au jour de la saisie. >>.
45
Cette solution était déjà appliquée à l’époque de la saisie arrêt par la jurisprudence et a été confirmé en France
par la cour de cassation Cass.2.civ., 5 juillet 2000,Bull. civ. II, n°113 ; D.2000, IRp.239, obs. DERRUPE ;
PERROT et THERY, Saisie attribution ; la situation du tiers saisi(les arrêts du 5 juillet 2000), D.2001, p.715,
n°5.
sur un compte qui était pourtant en compensation avec un autre au terme d’une procédure de saisie notamment si celle–ci

couvre tous les fonds du compte créditeur. Dans tous les cas, la présentation séparée du solde de chacun des comptes ne reflétera

pas la réalité. Il est certain que dans une telle hypothèse, le banquier cherchera toujours d’abord à se faire payer et fera jouer la

compensation. Ceci pourrait être une cause de litige et nous pensons que le législateur pour éviter cet état de chose se devrait de

reprendre la position ancienne où tel était déjà le cas.

Une fois ces déclarations faites, le créancier peut désormais poursuivre l’exécution. Afin de permettre au créancier d’être

rassuré au sujet des déclarations qui lui sont faites. Le législateur a également mis à la charge du banquier ; l’obligation de

fournir au créancier les pièces justificatives de ses déclarations.

PARAGRAPHE 2 : L’INSTITUTION D’UNE OBLIGATION DE COMMUNICATION DES PIECES JUSTIFICATIVES

Les établissements de crédits et les fonctionnaires sont tenus au secret professionnel aussi ils n’ont pas le droit de communiquer

pièces ou documents concernant leur client ou les usagers de leur service. Ce secret qui pèse sur le banquier tombe toutefois

lorsqu’il s’agit d’une saisie des comptes bancaires.

L’article 156 de l’AU institue une obligation pour le tiers saisi : de <<communiquer copie des pièces justificatives…sur-le-

champ>>. Le législateur a institué pareille obligation de communication des pièces justificatives sur place, pour deux raisons :

d’une part, c’est dans le but d’éviter une éventuelle collusion frauduleuse entre le débiteur et son banquier car la déclaration à

elle seule ne suffirait pas à rassurer le créancier sur la véracité des informations qui lui ont été données par le banquier. On le

sait il existe une véritable confiance entre les banquiers et leur clientèle celle-ci n’allant que là où elle sent que leurs économies

jouissent d’une parfaite sécurité ; d’autre part, c’est dans le but d’éviter toute manipulation des articles figurant au compte

Cette obligation de communication prend alors plusieurs formes. Il a été ainsi jugé qu’une banque devrait <<communiquer

46
pièces justificatives d’une convention de compte courant>> entre elle et son client. Cette communication vient (comme le

précisait la Cour d’appel de Montpellier dans une espèce) <<conforter et étayer et permettre de vérifier la sincérité et l’exactitude

47
de la déclaration du tiers saisi >>.

Tout comme nous l’avons relevé pour ce qui est de l’obligation de déclaration de l’étendu de ses obligations à l’égard de son

client, le tiers saisi peut être confronté à des problèmes de même ordre lors de l’exécution de son obligation de communication

des pièces. Il peut se trouver dans l’impossibilité de donner des pièces justificatives de sa déclaration sur-le-champ surtout qu’il

s’agit de compte et non des créances entre simples particuliers où les créances sont généralement matérialisées par des titres ou

reconnaissances de dette qui peuvent facilement être présentés. Dans cette hypothèse, il s’agit surtout de pièces comptables qui

peuvent en cas de pluralité de comptes être disséminés sur toute l’étendue du territoire et dans cette hypothèse il est alors

difficile de rassembler sur place des éléments de preuve de ce que l’on avance. Dans ces conditions il aurait été plus juste de ne

46
C.A. de Lyon, 20 janvier 1999, SA ERNOVAL c/ Lyonnaise des banques, registre n° 97/03162, inédit citée par
S. GUINCHARD et T. MOUSSA, droit et pratique des voies d’exécution, Dalloz 2004-2005, p.640.
47
C.A. de Montpellier, 10 janvier 2000, revue droit bancaire et financier 2000, p.179, obs. J-M DELLICI.
mettre cette obligation de communication sur place qu’à la charge que des particuliers et permettre aux banques de bénéficier

48
du répit de <<cinq jours >> qui leur est accordé lorsque la dénonciation n’est pas faite à personne . L’on nous objectera

certainement de faire abstraction du fait que ces banques pourraient effectuer des achats ou des améliorations dans la gestion de

leur clientèle, ce qui permettrait d’éviter des déclarations erronées source d’un contentieux dont ces institutions voudraient bien

se passer et faciliter ainsi la procédure mais dans ce cas cet argument ne vaudra pas.

Il va s’en dire que ces obligations de renseignement sont très importantes dans la mesure où elles influencent directement la

poursuite de la procédure engagée. Celle-ci s’arrêterait si le tiers saisi venait, par exemple, à se déclarer non-détenteur de

sommes pour le compte du débiteur saisi.

Comme le déclarait Maître Roland SOULARD, <<l’obligation faite au tiers saisi de fournir sur-le-champ à l’huissier de justice

les renseignements nécessaires prévus à l’article 44 de la loi de juillet 1991, soit l’étendue de ses obligations vis-à-vis de son client

ainsi que les actes qui pourraient les affecter ne nécessite pas la fourniture, par le tiers saisi, d’un relevé de compte et de la copie de

ses actes. Le renseignement verbal, indiqué dans un acte authentique, doit suffire à lui-même. Il suffit que le tiers

saisi ‘’communique ‘’ les pièces justificatives, c’est-à-dire qu’il laisse à l’huissier de justice la possibilité d’en prendre

49
connaissance>>.

En effet, cette solution devrait entre reprise par le législateur OHADA. Au travers de cette obligation de déclaration ce dernier

n’entend pas mettre à la charge du tiers saisi la déclaration de la nature des opérations qui ont affecté le compte depuis son

ouverture mais en donner la situation au moment où l’on procède à la saisie ainsi que les derniers mouvements de fonds sortants

ou entrant en compte. Cette information pourrait donc tenir en une simple déclaration revêtant par exemple le cachet de la

banque dont émane les renseignements ou encore en une simple déclaration qui pourrait alors être consigné par l’huissier

instrumentaire. Ce dernier en sa qualité d’officier public dressera alors un acte authentique. D’ailleurs l’AU prévoit la possibilité

50
de dénonciation verbale de la saisie au débiteur pourquoi ne peut–il pas en être le cas en matière de déclaration du solde qui

51
on le sait est d’ailleurs provisoire .

Une fois que le banquier a satisfait à ces obligations qui sont à sa charge la procédure enclenchée ; il demeure astreint à un

certain nombre d’obligations qui lui sont imposées par le législateur communautaire après la saisie. Ces obligations se résument

en une obligation de règlement qui pèse sur le banquier.

48
Voir dans ce sens l’article 156 de l’AU <<ces communications et déclarations doivent être faites sur-le-
champ…. ou, au plus tard, dans les cinq jours si l’acte n’est pas signifié à personne. >>.
49
LANDZE (R. D) Le concours du tiers saisi dans la saisie attribution de l’OHADA article trouvé sur
www.ohada.com, rubrique doctrine.
50
V. l’article 157 de l’AU
51
Ce solde est susceptible d’être influencé par des opérations non encore enregistrées au jour de la saisie.
SECTION 2 : LE DEVOIR DE REGLEMENT DU BANQUIER

APRES LA SAISIE

Une fois la saisie déclenchée, l’on ne saurait dire que le rôle du banquier dans cette

procédure comme tout tiers saisi s’achève : son rôle se poursuit au travers du devoir de

règlement qui pèse encore sur lui. En effet si pareille procédure a été entamée, c’est afin de

voir ces fonds dont étaient encore propriétaire le débiteur récalcitrant passer dans le

patrimoine de son créancier. Ce devoir de règlement passe par l’obligation pour le banquier de

conserver les fonds qui sont mis à sa disposition (PARAGRAPHE 1) d’une part, et, d’autre

part par une obligation pour ce dernier de payer les fonds dès le dénouement de la procédure

(PARAGRAPHE2)

PARAGRAPHE 1 : L’OBLIGATION DE CONSERVATION DES FONDS RENDUS

INDISPONIBLES

L’obligation de conservation ressort de l’AU qui énonce en son article 154 alinéa 2

que << les sommes saisies sont rendues indisponibles par l’acte de saisie>>. Ces fonds sont

bien entendu conservés par le banquier; en effet même si la possibilité a été offerte aux autres

tiers saisis de déposer ces fonds chez un séquestre, dans la pratique bancaire tel n’est pas le

cas car le tiers saisi est de part sa nature la personne la mieux indiquée pour conserver ces

fonds, sauf cas particulier52 . Cet argent est certainement plus en sécurité chez ce dernier.

Ceci se justifie par la présomption de sécurité des transactions dont jouissent les

établissements bancaires. Ainsi, le banquier est donc tenu de bloquer les fonds saisis (A) mais

il est également comptable de ces sommes envers le créancier. (B)

52
Voir dans ce sens l’article 166 de l’AU qui dispose qu’ << en cas de contestation, toute partie peut demander à
la juridiction compétente, sur requête, la désignation d’un séquestre, à qui on versera les sommes saisies >>.
A- L’OBLIGATION DE BLOQUER LES FONDS SAISIS

Cette obligation n’est pas expressément édictée par l’AU. Elle découle de la nature

même de la saisie53 Aux termes de l’article 154 de l’AU, <<l’acte de saisie emporte, à

concurrence des sommes pour lesquelles elle est pratiquée ainsi que tous ses accessoires,

mais pour ce montant seulement, attribution immédiate au profit du saisissant de la créance

saisi, disponible entre les mains du tiers. Ces sommes saisies sont rendues indisponibles par

l’acte de saisie…>>. De cette disposition l’on perçoit que les fonds saisis sont rendus

indisponibles et il est judicieux, dans l’éventualité de l’intervention de circonstances de nature

à remettre les parties en l’état, de confier la garde de ces fonds au tiers saisi. Ceci se

comprend car il faut que la période de quinze jours selon qu’il n’y ait pas d’effets de

commerce à escompter ou un mois selon qu’il y ait des effets de commerce à escompter soit

expirée ou qu’intervienne une décision de la juridiction compétente tranchant les éventuelles

contestations de manière définitive.

Ainsi, ni le tiers ni le débiteur ne peuvent avoir accès à ces fonds en dehors de ces

délais stricts fixés par la loi. D’ailleurs l’AU fait du tiers saisi un gardien des fonds saisis

envers le créancier54 .

B- LE TIERS SAISI EST COMPTABLE DES FONDS SAISIS

Le tiers saisi est tenu de conserver les sommes saisies dont il est également comptable

envers le créancier en cas de distraction de ces fonds. Cette obligation est ferme chez le

législateur OHADA qui le réaffirme en son article 154 alinéa 3. << cet acte (saisie) rend le

53
LANDZE (R, D) le concours du tiers saisi dans la saisie attribution de l’OHADA op. cit.
54
Voir dans ce sens l’article 157 alinéa 4 qui dispose à cet effet que l’acte de saisie doit contenir à peine de
nullité la mention selon laquelle <<le tiers saisi est personnellement tenu envers le créancier saisissant et …il lui
est fait défense de disposer des sommes saisies dans la limite de ce qu’il doit au débiteur>>.
tiers personnellement débiteur des causes de la saisie >>. Si sous l’empire de l’ancienne

saisie arrêt, un tel paiement était inopposable au créancier, désormais la solution est

différente. L’acte de saisie rend le tiers saisi débiteur du créancier saisissant en lieu et place de

son client débiteur saisi.55 Dans tous les cas, si le banquier se libère des fonds56 avant la fin de

la période prescrite, ce paiement n’est pas libératoire. La CCJA s’est prononcé sur la question

57
dans un arrêt où l’auguste chambre précise clairement que le tiers saisi est tenu de

conserver les fonds et qu’en se déchargeant de tout ou partie, il viole les textes. En l’espèce, la

banque Of Africa Côte d’Ivoire avait déclaré détenir pour le compte de la société GEO

BETON un compte dont le solde s’élevait à 20.000.000 F. Mais au moment de payer, elle ne

lui a versé qu’une partie du montant qu’elle avait déclaré détenir pour le compte de la société

GEO BETON.

Par ailleurs, l’acte uniforme en son article 168 prévoit qu’<<en cas de refus de

paiement par le tiers saisi des sommes qu’il a reconnu devoir ou dont il a été jugé débiteur, la

contestation est portée devant la juridiction compétente qui peut délivrer un titre exécutoire

contre le tiers saisi. >>. Autrement dit, sa responsabilité sera engagée en cas de désaccord

ultérieur. Tel fut d’ailleurs le cas dans la décision précitée. Une fois que la procédure se sera

achevée, le banquier est tenu de payer les fonds à la personne appropriée.

PARAGRAPHE 2 : L’OBLIGATON DE PAIEMENT DU BANQUIER EN CAS DE

SAISIE DES COMPTES BANCAIRES

Si le paiement ne peut intervenir dans le cadre de la saisie conservatoire des comptes

bancaires qu’elle vise avant tout à sécuriser le recouvrement futur, le paiement marque la fin

de la procédure de saisie attribution des comptes bancaires et permet au créancier de goutter

55
THERY (P) et PERROT (R): procedures civiles d’ éxecution Dalloz 2000.
56
Entre les mains de l’une des parties.
57
CCJA, arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Cote
d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.
aux fruits de l’action qu’il a entreprise. Cette obligation de paiement des fonds au terme de la

saisie qui pèse sur le banquier découle de l’obligation de conserver les fonds saisis qui pèse

sur ce dernier. Le paiement intervient dans plusieurs hypothèses (A) qu’il convient d’analyser

avant de voir comment s’opère effectivement la libération des fonds saisis. (B)

A-LES HYPOTHESES DONNANT LIEU A PAIEMENT

Nous l’avons vu le banquier est tenu de ne pas se libérer des fonds saisis à peine de

devoir payer deux fois. Une fois à son client, une autre fois au créancier de son client envers

qui il est comptable des fonds saisis58 . Il ne doit se libérer aux termes de l’AU qu’au

dénouement de la procédure. Le législateur a déterminé les circonstances dans lesquelles il

peut libérer les fonds. On distingue alors selon que la procédure s’est achevée sans

contestation (1) et selon que la procédure a donné lieu à contestation (2)

1-LE PAIEMENT IMMEDIAT EN L’ABSENCE DE CONTESTATION

Le paiement sans contestation intervient dans les conditions établies par l’article 164

de l’AU sur les PSRVE qui dispose avec une certaine élégance que les <<tiers saisis

procèdent au paiement sur présentation d’un certificat du greffe attestant qu’aucune

contestation n’a été formée dans le mois suivant la dénonciation de la saisie >> ou alors

<<si le débiteur a déclaré par écrit ne pas contester la saisie>>.

Ainsi, d’une part le paiement n’intervient que s’il est produit acte du greffe attestant

l’absence de contestation dans le délai minimum d’un mois suivant la dénonciation de la

saisie au débiteur. En l’absence d’un tel certificat, le refus de se libérer des sommes saisis ne

peut engager la responsabilité du banquier. Dans un arrêt n° 015/2004 du 29 avril 2004,affaire

société ENERGIE DU MALI dite EDM-SA C/ JEAN DRISS KOITA59, la haute juridiction

communautaire cassant un arrêt de la cour d’appel de Bamako précise << qu’en accordant
58
Le paiement fait la première fois ne sera pas libérateur. Article 1239 du code civil.
59
RJCCA n°3, JANVIER JUIN 2004, p.112
.
aux banques, tiers saisis, de payer les sommes qu’elles ont reconnu devoir, alors que les

parties saisissantes n’avaient présenté ni un certificat du greffe attestant qu’aucune

contestation n’avait été formée dans le délai d’un mois… tel qu’exigé par l’article 164 de

l’AU, la cour d’appel de Bamako a violé par refus d’application, ledit article et son arrêt

encourent cassation>> cette décision vient alors confirmer la force obligatoire de l’article

164 de l’AU. Il aurait également été à notre avis pertinent de préciser que ce délai court dès

la dénonciation60 de la saisie au débiteur saisi et non à la banque.

Dans la seconde hypothèse, le paiement est facilité par le débiteur qui donne par écrit

son accord pour le paiement au créancier. Le paiement dans cette hypothèse intervient un peu

plus tôt avant l’expiration du délai prévu pour l’élévation de contestation. Tel n’est

généralement pas le cas, le monde des affaires regorge de débiteurs de mauvaise foi qui ne

consentent que très difficilement à payer leurs dettes. Mais il peut également arriver que le

débiteur juge abusive la saisie qui est pratiqué sur son compte et qu’il saisisse le juge de

l’urgence statuant comme juge de l’exécution61.

2- LE PAIEMENT DIFFERE EN CAS DE CONTESTATION

60
Il faut préciser que la dénonciation c’est le fait de porter à la connaissance d’une personne un acte
juridictionnel voir dans ce sens CORNU (G) vocabulaire juridique et qu’une simple énonciation du terme
dénonciation peut être porteuse de confusion en effet, la saisie est dénoncée à deux personne le banquier et le
débiteur
61
Nous adoptons ici la position de la doctrine majoritaire pour laquelle << le juge de l’article 49 est le juge de
l’urgence statuant comme juge de l’exécution ce qui justifierait sa capacité à statuer au fond>> (voir dans ce sens
ANA MBO la nouvelle juridiction présidentielle dans l’espace OHADA: l’endroit et l’envers d’une reforme
multiforme RCDA n°3 avril juin 2000 pp.9 et s. dans le même sens les professeurs MODI KOKO BEBEY IN
l’identification de la juridiction compétente de l’article 49 de l’AUPSRVE ,séminaire international sur le
recouvrement des créances GICAM Douala,5-6 octobre 2004 ET JOSEPH ISSA SAYEGH in quelques aspects
techniques de l’intégration juridique : l’exemple des actes uniformes de l’OHADA trouvé sur Internet( page
d’accueil du site d’UNIDROIT) pour la tendance contraire voir les professeurs TJOUEN A. D. dans son ouvrage
paru aux éditions PUA : les procédures simplifiées de recouvrement des créances et voies d’exécution en
OHADA et POUGOUE P. G. et Me TEPI KOLLOKO dans leur toute récente publication. Une tendance
minoritaire est menée par DZUENKEU Alexis, Les nouvelles règles de compétence juridictionnelle en matière
de saisie mobilières: regards sur l’article 49 de l’AU OHADA sur les procédures simplifiées de recouvrement et
des voies d’exécution Annales de la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université de Dschang, tome
6,2002,p.47 ; Henry TCHANTCHOU : le contentieux de l’exécution et de saisie dans le nouveau droit OHADA,
juridis périodique n°46 pp.98 et s. et Maurice SOH les saisies des avoirs bancaires, mémoire auditeur de justice,
ENAM, Yaoundé juillet 1999.
La saisie attribution est une opération triangulaire où se trouve impliqué des

intérêts multiples et divers qui peuvent donner lieu à contestation. Les contestations peuvent

ainsi provenir aussi bien du débiteur que du tiers saisi ou alors du créancier saisissant. Elles

émanent surtout dans ce cas du débiteur car c’est sur des éléments de son patrimoine que

porte la saisie. Le paiement est alors différé à la date du règlement des contestations

L’article 164 de l’AU dispose alors que le paiement des sommes saisis ne peut

s’opérer dans cette hypothèse que << sur présentation de la décision exécutoire de la

juridiction rejetant la contestation>>. Dans ce cas, le débiteur fait usage des voies de recours

que lui reconnaît la loi afin de protéger son patrimoine d’une atteinte injustifiée. En présence

de contestation l’attribution sera maintenue mais le paiement sera différé au jour où toutes les

contestations auront été réglées. Il peut arriver que le juge fasse droit à la demande du

débiteur et lorsque tel est le cas la procédure se poursuivra par la libération des fonds qui

faisaient l’objet d’une indisponibilité entre les mains de la personne appropriée. Ce sera alors

selon le cas soit le débiteur si la procédure est exagérée ou alors le créancier si l’action était

fondée tout au moins en partie.

B- LA LIBERATION DES FONDS SAISIS.

Le paiement s’opère contre quittance entre les mains du créancier saisissant ou de son

mandataire justifiant d’un pouvoir spécial qui doit en informer immédiatement son

mandataire. Ce paiement vaut libération à hauteur de la créance cause de la saisie sur la

créance objet de la saisie. La question s’est posée de savoir si le paiement effectué entre les

mains de l’huissier instrumentaire ne justifiant pas d’un mandat spécial de la part du créancier

saisissant62était valable. Dans une espèce la cour d’appel d’Abidjan à la suite du tribunal

d’instance répond par la positive en déclarant que l’<< huissier de justice, de par son statut,

n’a pas besoin de statut spécial pour percevoir le montant des condamnations dès lors qu’il

62
C.A. Abidjan arrêt n°248 du 7 mars 2003 Epoux KOMENAN C/ BICICI, décision trouvée sur
www.ohada.com , rubrique jurisprudence.
est porteur de la grosse de la décision. Il est donc manifeste que les dispositions de

l’article165 de l’AU concernent les personnes autre que les huissiers de justice >>.63. Cette

solution pourrait comme le pense par ailleurs les Pr. P.G. POUGOUE et Me F. T. KOLLOKO

64
être appliquée aux avocats, sous réserve d’une objection du client qui peut en décider

autrement.

Ce paiement éteint à concurrence des sommes versées l’obligation du débiteur envers

son créancier. En cas de pluralité de comptes. Il est effectué en prélevant en priorité les fonds

disponibles à vue, à moins que le débiteur ne prescrive le paiement d’une autre manière. 65

.L’acte uniforme précise en son article 39 que le débiteur ne peut forcer le créancier à recevoir

un paiement partiel même s’il s’agit d’une dette divisible. Ainsi le banquier ne se libérera que

contre quittance et pour toute la somme qu’il a affirmé détenir pour le compte du débiteur

sans aucune autre formalité qui pourrait en différer le paiement ou le rendre difficile. Plus

complexe est l’hypothèse où le banquier veut obliger le créancier à percevoir les fonds par

fractions. Le texte est très clair sur la question et autorise ce dernier à refuser tout paiement

par fractions s’il le désire sauf autorisation du juge. En cas de paiement partiel, le créancier

peut se voir condamné au paiement des causes de la saisie conformément à l’AU66.

Il convient à présent le droit commun présenté d’apporter des précisions sur un cas

spécifique : celui où le compte qui fait l’objet de saisie est alimenté de manière périodique.

Dans cette hypothèse, le tiers saisi se libère (bien entendu sur présentation du certificat de

non-contestation pour ce qui est du premier versement la présentation valant pour les autres

63
Tel fut également le cas dans l’espèce CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 Compagnie Camerounaise
d’Assurances et de Réassurances dite CCAR C/Ayants droit WOROKOTANG MBATANG Pius- Ayants
droit MUCHING David. Op.cit
64
POUGOUE (P, G) et. KOLLOKO (F, T) La saisie attribution des créances OHADA.PUA 2005 p.45.
65
Ces dispositions reprennent le principe de l’affectation prioritaire des comptes à vue pour assurer le paiement
de la créance cause de la saisie. .
66
CCJA, Arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002. Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de l’habitat Côte
d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.
fois) au fur et à mesure des échéances entre les mains du créancier saisissant ou de son

mandataire qui lui en donne chaque fois quittance et en informe le débiteur. Les dispositions

ci-dessus ont en droit français donné lieu à une demande d’avis de la part de la Cour de

Cassation à propos des effets de la saisie des comptes alimentés par des créances à exécution

successive en cas de survenance d’un jugement d’ouverture de redressement ou de liquidation

judiciaire. Selon la haute cour, << une saisie attribution des créances à exécution successive

pratiquée à l’encontre de deux époux communs en biens et co-débiteur solidaire,

antérieurement à la mise en liquidation judiciaire de l’un d’eux sur les loyers d’un immeuble

dépendant de la communauté poursuit ses effets sur les loyers échus après le jugement de

liquidation>>.67 Ceci vient en effet conforter le caractère attributif reconnu à la saisie

attribution des comptes bancaires. Ceci nous amène à nous interroger sur la question de savoir

si la solution est la même en cas de saisie conservatoire de compte ? Certainement que tel sera

le cas, dans la mesure où car l’effet attributif est également attaché à la saisie conservatoire,

surtout si le créancier pense à la convertir en saisie attribution.

67
Cass.civ.16 décembre 1994.JCP1995, Ed. E. II, n°686, p. 98, com. Raymond MARTIN
CONCLUSION CHAPITRE 1

Nous avons vu que la particularité liée à la nature triangulaire de l’opération est

l’édiction d’obligations pesant sur le tiers saisi. Ces obligations diffèrent selon que l’on se

situe au déclenchement ou au dénouement de la procédure. Au déclenchement il s’agit des

obligations de déclaration et de communication. Au dénouement de l’obligation de règlement

qui pèse sur le banquier tiers saisi. Ces obligations ne constituent pas les seules spécificités de

la procédure. Elles ont également trait à la nature particulière des biens concernés.
CHAPITRE 2

LES SPÉCIFICITÉS LIEES A LA NATURE

DES BIENS SAISIS

Lorsque la saisie porte sur des biens meubles corporels, celle-ci est simplifiée car les

biens concernés par la saisie sont facilement identifiables. Tel n’est pas le cas dans la saisie

des comptes bancaires où les biens sont matérialisés par <<un simple jeu d’écritures>> ce qui

en complique le suivi. Le législateur en son article 161 sur la saisie attribution organise toute

la procédure applicable en matière de saisie des comptes.

Ce texte, suivant les pistes élaborées par la jurisprudence, organise une procédure

particulière liée à la nature des biens objet de la saisie. En effet la dynamique du compte

bancaire, qui est d’enregistrer des opérations créditrices ou débitrices de manière successives,

en rend la saisie difficile. Ces opérations n’étant pas enregistrées en temps réel, cette situation

en perturbe le suivi. Ils appellent donc un régime spécial (SECTION 2) Il est nécessaire avant
d’analyser ce régime de revenir sur les comptes et éléments susceptibles d’être saisis

(SECTION1)

SECTION 1 : LES COMPTES ET ELEMENTS SUSCEPTIBLES

D’ETRE SAISIS.

En matière de saisie des comptes bancaires, les procédures d’exécution de l’acte

uniforme sont plus orientées vers la monnaie scripturale et plus particulièrement vers son

moyen d’expression qui est le compte. Il convient donc de déterminer les comptes visés par

l’article 161 de l’AU (PARAGRAPHE 1) avant de voir les éléments de ces comptes

susceptibles de faire l’objet de saisie (PARAGRAPHE 2)

PARAGRAPHE 1 : LES COMPTES VISES PAR L’ARTICLE 161 DE L’AU SUR LES

PSRVE

Les comptes visés par l’article 161 de l’AU sont tous les comptes de sommes d’argent

que le banquier détient pour le compte du débiteur. Cet article dispose que <<L’établissement

est tenu de déclarer la nature du ou des comptes du débiteur ainsi que leur solde >>. En droit

bancaire, l’on distingue plusieurs types de compte que l’on peut regrouper en compte de dépôt

ou en compte courant. Cette saisie concerne tous les comptes enregistrant des espèces
domiciliées dans une banque ou un établissement assimilé.68 Nous ne nous aventurerons pas à

dresser une liste exhaustive des comptes de dépôt car l’imagination est grande chez les

financiers pour attirer l’épargne par des formules sans cesse renouvelées.69

L’AU précise qu’il s’agit de tous les comptes de sommes d’argent, dans la réalité il

existe des comptes qui ne peuvent faire l’objet de saisie. Certains de ces comptes ne peuvent

faire l’objet de saisie parce qu’ils font déjà l’objet de saisie et de ce fait sont sortis du

patrimoine du débiteur. D’autres par contre ne peuvent être saisis car ils ne sont pas tenus

directement par l’établissement bancaire, c’est le cas des comptes détenus par les filiales et les

succursales à l’étranger70 ; d’autres encore ne le seront pas eu égard à leur nature: c’est le cas

des ouvertures de crédits qui ne peuvent faire l’objet de saisie. La question de leur

saisissabilité a soulevé des débats en doctrine et en jurisprudence car bien que l’ouverture de

crédit donne naissance, au profit de son bénéficiaire, à une créance contre le banquier ; une

partie de la doctrine et la jurisprudence sont hostiles à une telle saisie 71. Néanmoins, nous

pensons que ceux-ci devraient être saisissables du moins lorsque la créance cause de la saisie

est née au cours de l’opération justifiant l’ouverture de crédit. Tel pourrait être le cas d’un

fournisseur qui fera saisir ces fonds s’il n’est pas payé lorsque l’ouverture de crédit garantie

par exemple la construction d’un immeuble. La Cour criminelle, percevant d’ailleurs la

possibilité pour le débiteur d’user de manière frauduleuse cette protection en laissant le

72
débiteur dans une situation indésirable, en a décidé la saisissabilité, ceci malgré la position

contraire de la doctrine. En effet cette insaisissabilité couvre le bénéficiaire qui peut paralyser

68
Voir loi n°85/02 du 31 août 1985 relative à l’exercice de l’activité des établissements de crédit in Journal
Officiel De la République du Cameroun n°17 du 15 septembre 1985, tome2, p.3179 et le décret n°90/1469 du 9
novembre 1990 portant définition des établissements de crédit juridis-infos n°5, janv-fev-mars; p.25.
69
Pour une énumération des comptes saisissables C.A. Paris, 27 juin 1996, motifs, juris-data n°024109.
70
Cass.Com.30 mai1985, RCDIP 1986, jurisprudence, notes Henri BATIFFOL.p.329.
71
Paris 16 nov.1983, Banque 1985.525, note RIVES-LANGES; D.1985, IR 339.
72
Bull. Crim. n°194; RTD civ. 1985, p.220 obs. R. Perrot; Banque 1984, p.1202 obs. RIVES-LANGES.
toute mesure d’exécution tout en continuant à utiliser l’ouverture de crédit au profit d’autres

créanciers.

Il convient de revenir tout de même sur la saisie de certains comptes présentant des

particularités. Ce sont les comptes courants (A), les comptes à termes (B), les comptes de

garantie (C).

A- LA SAISISABILITE DU COMPTE COURANT :

Le compte courant peut se définir comme la convention par laquelle <<deux

personnes qui sont périodiquement créancières et débitrices réciproques font figurer leurs

créances et dettes en articles de compte indivisible, seul le solde étant du après la

clôture>>73.

Au contraire du compte de dépôt où les remises sont unilatérales, le compte courant a

vocation à enregistrer des remises réciproques entre le client et le banquier. Il s’établit par

conséquent une relation de compte bilatéral dont le solde n’est en principe destiné à être

dégagé que par la balance des articles du compte à la clôture de celui-ci. C’est ce qui

explique l’indivisibilité du compte courant.74 Cette indivisibilité a longtemps fait obstacle à la

saisissabilité du compte avant la clôture75. Ainsi la jurisprudence a longtemps estimé que <<<

les opérations d’un compte courant, se succédant les unes aux autres jusqu’au règlement

définitif, forment un tout indivisible qu’il n’est pas permis de décomposer ni de scinder : tant

que le compte reste ouvert, il n’y a ni créance, ni dette mais seulement des articles de crédit

et de débit et c’est par la balance finale que se détermine le solde à la charge de l’un ou de

l’autre des cocontractants et par conséquent les qualités de créancier et de débiteur, jusque là

en suspens>>.76 .

73
GUILLIEN (R) et VINCENT (J) ; Lexique des termes juridiques, p.125 13 Edt. Dalloz 2001.
74
PUTMAN (E) : Droit des affaires, Tome 4 : Moyens de paiement et de crédit, PUF.1995n°155.
75
Cass. Civ. ; 23 janvier 1922 D. 1925, 5, 1923 citée par POUGOUE P. G. et TEPI. K F. op. cit.
76
Cass. Civ. I 20 avril 1983 Gaz. Pal.1983 n°272.
Cette indivisibilité du compte courant implique l’impossibilité d’en extraire un article,

malgré que la logique qui la sous-tend, était susceptible de générer des abus en tant qu’elle

conduisait à son insaisissabilité au cours du fonctionnement. En effet, le débiteur pouvait

après la saisie, vider son compte de manière à ne lui laisser qu’un solde nul à la clôture. Une

atténuation a été portée à la rigueur de l’indivisibilité du compte courant à travers la notion

de solde provisoire. On a ainsi estimé qu’à un moment donné du fonctionnement de ce

compte, il était possible de ressortir sa situation provisoire afin de déterminer qui du banquier

ou du client est à ce moment le créancier de l’autre. Ce solde provisoire ne devant avoir

qu’une existence comptable sans conséquences juridiques77 ; Seul le solde définitif devant

constituer une créance avec les prérogatives que cela implique pour son titulaire.

Dans la même logique, la chambre commerciale de la cour de cassation française a

dans un arrêt de principe rendu le 13 novembre 1973 admis qu’un compte courant pouvait être

saisi à tout moment de son fonctionnement sans attendre la clôture du compte pour en

déterminer le solde exigible. Pour déterminer l’assiette de la saisie, la haute juridiction invite

les juges du fond << à rechercher les disponibilités du compte au jour de la saisie>>78

C’est donc à juste titre que les dispositions de l’article 161 doivent être applicables au

solde provisoire d’un compte courant. L’équité qui est à la base de cette solution aurait dû

amener le législateur communautaire à l’admettre de façon expresse. Il aurait suivi le bon

exemple du code de commerce allemand et du code civil italien qui admettent la saisie du

compte courant au cours de son fonctionnement79.

Le législateur reste également muet sur la question de la saisissabilité des comptes à terme.

B LA SAISISABILITE DES COMPTES A TERME

77
PUTMAN(E) op. cit. n°181.
78
Gaz. Pal.1974, I, 154 obs. BLANCHER ; RTD.com 1974, 130, obs. CABRILLAC et RIVES LANGE.voir
également RIVES LANGE (J. L.) : La saisissabilité du compte courant. D.1974. Chron. 101.
79
JUGLART (M., De) et IPPOLITO (B) : Traité de droit commercial, tome 7 : Banques et Bourses. 3 Edt. par
Lucien M. MARTIN. Montchrestien, 1991, n°193.
Les comptes à terme comme les comptes courants rentrent dans le champ

d’application de l’article 161 de l’AU. L’on se pose la question de savoir si ce terme qui

affecte la créance du débiteur saisi sur le banquier est opposable au créancier saisissant. La

réponse semble positive au regard de l’article 156 alinéa 1 qui invite le tiers saisi à déclarer

l’ensemble des modalités qui affectent ses obligations à l’égard du débiteur. Cette solution est

reprise par la majorité de la doctrine qui pense que le placement à terme est un choix que l’on

ne peut modifier sans enfreindre gravement le droit de propriété que la protection des

créanciers ne saurait justifier.80

Cette saisissabilité nous semble cependant opportune parce que plus juste et plus

équitable. En effet, l’opposabilité du terme des comptes au saisissant viendrait porter un coup

à l’équilibre recherché par la législation OHADA sur les voies d’exécution entre les intérêts

des créanciers et ceux du débiteur. En clair, l’attente de l’échéance du terme pourra causer au

créancier saisissant un préjudice économique ; sa créance (dont le débiteur peut avoir besoin

dans la réalisation d’un investissement ponctuel) étant immobilisée par le terme qui fait

obstacle à son recouvrement. A l’opposé, la rémunération du compte continue à grossir l’actif

du débiteur dont la gestion des affaires ne souffre point de son indélicatesse A notre sens, une

créance qui pressente les caractères de certitude lorsqu’il est indélicat ou tout simplement

rétif, doit en perdre le bénéfice pour ne pas permettre au créancier d’en souffrir. Ceci rendrait

l’application de l’article 161 aux comptes à terme moins difficile qu’aux comptes de garantie.

C -LES PARTICULARITES DU COMPTE DE GARANTIE ET SA

SAISISABILITE

Le compte de garantie peut se définir comme un compte bloqué dont le solde,

créditeur pour le client, est affecté en garantie du paiement du solde d’un autre compte solde

80
MOULLY (C) Les saisies des comptes bancaires, Les petites affiches, 26 mai 1993 n°19.
par hypothèse, créditeur pour le banquier81 Il peut également s’analyser comme un gage sur

des espèces82 dans la mesure où le banquier transfert les fonds du client sur un compte

spécial bloqué. On peut également y voir un nantissement des créances dans la mesure où ce

qui est donné en garantie est un solde créditeur du client, c’est-à-dire une créance sur le

banquier lui-même.

Mais les banquiers préfèrent souvent recourir à une convention de compensation qui,

lorsqu’elle n’intervient pas en période suspecte, permet au banquier de compenser à tout

moment le solde créditeur d’un compte du client avec le solde d’un autre. Mais plus astucieux

encore sont ceux des banquiers qui font recours à la lettre de fusion ou d’unité de compte qui

permet aux parties de n’avoir en fait, juridiquement, qu’un seul compte ; celui-ci devant

comporter, d’un point de vue comptable, des rubriques des <<sous comptes>>. Dès lors, non

seulement les soldes des sous comptes vont se compenser entre eux, mais la sûreté

garantissant l’un des sous-comptes garantit aussi l’autre83.

La question qui se pose alors en matière de saisie est de savoir si un seul de ces

comptes peut faire l’objet de saisie sans tenir compte du solde de l’autre compte. La doctrine

répond par la négative.84Certes, la saisie attribution rend indisponible l’ensemble des comptes

du débiteur et l’article 161 alinéa 1 invite le banquier par ailleurs à déclarer tous les soldes

ainsi que les modalités qui peuvent les affecter ; il est clair que le législateur OHADA a

entendu par-là également que le banquier se devrait de dire si le compte fait l’objet de

convention où s’il sert de garantie à un autre. Par ailleurs, l’article 154 al.2 pose clairement le

principe selon lequel le créancier n’est tenu que << dans la limite de son obligation>>. Ainsi

81
PUTMAN (E) Droit des affaires : moyens de paiement et de crédit tome 4, PUF, 1995.n°155.
82
CABRILLAC (M) : Les sûretés conventionnelles sur l’argent, Mélanges DERUPPE, n°333.
83
RIVES-LANGES et RAYNAUD (C) : Droit bancaire, précis Dalloz 5 Edt. , n°186.
84
MARTIN (L, M), cité par PUTMAN (E) : op. cit.
le banquier ne sera tenu à l’égard du débiteur qu’à hauteur du solde du compte de garantie tel

q’il est stipulé dans leur convention. Seul celui-ci peut alors faire l’objet de saisie.

Une fois ces précisions concernant les comptes spécifiques pouvant faire l’objet de

saisie déterminée, il est intéressant de préciser que plus que sur des comptes, la saisie porte en

priorité sur le solde des comptes. Il convient donc de déterminer quels éléments de ces

comptes sont saisissables.

PARAGRAPHE 2 : LES ELEMENTS SAISISSABLES

Quels sont les éléments saisissables d’un compte ? C’est selon l’article 161 alinéa 1 de

l’AU, le solde disponible au jour de la saisie. C’est la raison pour laquelle il a institué une

obligation pour le banquier de préciser l’étendue de ses obligations à l’égard du débiteur en

précisant aussi le solde de son compte au jour de la saisie. En principe tous les soldes

créditeurs sont saisissables seulement les comptes sont devenus du moins pour ceux qui en

disposent le passage obligé de tous leurs revenus. Là se pose le problème des créances

insaisissables versées en compte.

En raison de la fongibilité de l’argent, dès son entrée en compte, la créance devrait

perdre sa nature et partant son caractère insaisissable. Dans le souci d’équilibre entre les

intérêts du créancier et les besoins du débiteur, le législateur a tout de même prévu des

dérogations, des aménagements à la procédure.85 Ainsi il consacre en son article 52

l’insaisissabilité des créances insaisissables versées sur un compte86. L’on peut donc dire que

par principe le solde du compte est saisissable (A) mais il est des éléments de ce dernier qui

de par leur nature, ne peuvent faire l’objet de saisie eu égard à leur caractère humanitaire (B)

et sont directement mis à la disposition du débiteur.

A- LE SOLDE DU COMPTE EST SAISISSABLE

85
Cass. Com., 9 octobre 2001, Dalloz, n°39 p.3191 obs. Xavier DELPECH.
86
Article 52 AU <<les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte demeurent insaisissables.
La saisie porte sur tous les comptes du débiteur nous dit le législateur mais cette

énonciation pourrait être interprétée autrement ; car la saisie ne porte effectivement que sur le

solde de ceux –ci dont les comptes sont l’expression visible. Le solde du compte seul fera

effectivement l’objet de saisie c’est-à-dire le résultat du compte au jour de la saisie. Ainsi si

une convention de garantie existe entre deux comptes, le solde sera le résultat de la différence

entre par exemple le solde débiteur du compte A et le solde créditeur du compte B.L a saisie

ne portera alors que sur ce résultat là car le fonctionnement du compte en soi n’est pas affecté.

L’article 161, impose au banquier de déclarer les soldes sans distinguer selon qu’ils sont

créditeurs ou débiteurs. Le législateur confirme là une solution de la cour de cassation 87 qui

reste largement ignorée dans la pratique, le banquier ne communiquant généralement pas le

solde du compte lorsqu’il celui-ci est débiteur.

Il convient également de préciser que le solde concerné ici est le solde du ou de

chacun des comptes du débiteur au jour de la saisie. Ce solde peut comprendre en son sein

des éléments qui de part leur caractère humanitaire ne sauraient faire l’objet de saisie.

B -LES ELEMENTS SAISISSABLES DU COMPTE

Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, le solde du compte ou des comptes du

débiteur est saisissable. Ceci n’est valable que dans son principe ; en effet, désormais par le

compte transite la majeure partie des revenues des débiteurs. Il est donc essentiel de leur

assurer un minimum pour leur survie en laissant à la disposition du débiteur une fraction de ce

solde qui lui permettra de survivre. Ces sommes sont dites insaisissables car elles sont

considérées comme primordiales à la survie du débiteur. Le législateur communautaire dans

son œuvre en a tenu compte. Rompant ici avec l’idée selon laquelle la fongibilité faisait

perdre aux créances insaisissables une fois qu’elles sont entrées en compte leur nature

particulière88. Celui-ci en son article 52 précise qu’elles conservent leurs particularités. Sinon
87
Com., 6 mai 1981 : D .1982, 33, note M. VASSEUR.
88
ASSI-ESSO (A, M) et NDIAW (D) Recouvrement des créances Bruylant Juriscope 2002 p.166 n°355.
cette protection perdrait sa raison d’être dès leurs entrés en compte. Deux catégories de biens

sont protégés dans le cadre de la saisie des comptes bancaires : les sommes provenant de

créances insaisissables et versées au compte (1) qui appartiennent en propre au débiteur et les

gains et salaires de l’époux commun en biens (2).

1-LE SORT DES SOMMES PROVENANT DES CREANCES INSAISISSABLES

Le législateur OHADA reste muet sur la question de leur détermination. Il laisse le

soin à chaque Etat partie de déterminer quelle créance est insaisissable ou pas89.

Il s’agit ici de comptes alimentés par les salaires, les pensions de retraite, les sommes

payées à titre d’allocations familiales90 , de toutes sommes ayant un caractère alimentaire ou

provenant de créances insaisissables. Pour ces montants le débiteur peut demander la mise à

disposition immédiate à hauteur de ces créances insaisissables, déduction faite des opérations

en cours depuis le dernier versement.

La question s’est posée de savoir si cette insaisissabilité n’était pas limitée dans le

temps. Nous pensons que non ; en effet comme le précise le Pr. Philipe SIMLER91 parlant de

la procédure en droit français, <<cette mise à disposition est limitée au dernier versement>>

92
.Cette solution est d’ailleurs conforme à l’article 53 de l’AU qui traite de la mise à

disposition des fonds provenant des gains et salaires d’un époux commun en biens versés au

compte.

2-L’INSAISISSABILITE PARTIELLE DES GAINS ET SALAIRES D’UN EPOUX

COMMUN EN BIENS.

89
Article 52 de l’AU << les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte demeurent
insaisissables>>.
90
TGI de Lyon, 15 mars 1989, Gazette du palais, 19 septembre 1989, p.16 dans le même sens Cass. Civ.2, 28
mars 1994 ; Gazette du palais, 25-29 aout1995 p.18 somm. Michel VERON qui cite à ce titre : le minimum
inter–professionnel, les bourses d’étudiant et les prestations compensatoires.
91
SIMLER (P) : De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité des revenus des
époux en régime de communauté Droit et Actualité. Etudes offertes à J. BEGUIN Edt. Lexisnexis, p 692.
92
Article D 45 de la loi du 9 juillet 1991.
Généralement, les ménages ont tendance à n’ouvrir qu’un seul compte vers lequel est

orienté l’ensemble des revenues du ménage. Lors de la saisie de ce compte, les créanciers ne

distinguent pas toujours parmi les fonds en compte ceux du conjoint. La procédure est

orientée vers les revenus du débiteur et non vers ceux du conjoint qui n’est pas partie à

l’opération donnant lieu à la saisie. Ceci est une violation de ses droits. Le législateur du code

civil avait déjà perçu la nécessité de protéger les gains et salaires de l’époux. En effet,

l’article 1414 dispose que <<les gains et salaire d’un époux ne peuvent être saisi par le

créancier de son conjoint que si l’obligation a été contractée pour l’intérêt du ménage ou

l’éducation des enfants>>, Il s’agit là d’une sorte de protection autour des biens du conjoint

commun en biens. Cette solution était la bienvenue en Afrique où l’homme conserve

contrairement aux normes de la Convention sur l’Elimination de toues les Formes de

Discriminations à l’Egard des Femmes (CEDEF) la puissance maritale et gère de main de fer

les biens de la famille

Le législateur OHADA, percevant la nécessité de protéger ces gains et salaires, a

prévu en son article 53 un mécanisme permettant au conjoint de récupérer une part des biens

qui sont saisis à l’occasion de la procédure. Il dispose à cet effet que <<lorsqu’un compte

même joint, alimenté par les gains et salaires d’un époux commun en biens, fait l’objet d’une

mesure d’exécution forcée ou d’une saisie conservatoire pour le paiement ou la garantie du

paiement d’une créance née du chef du conjoint, il est laissé immédiatement à la disposition

de l’époux commun en biens une somme équivalent, à son choix, au montant des gains et

salaires versés au cour du mois précédant la saisie ou au montant moyen mensuel des gains

et salaires versés dans les douze- mois précédents la saisie>>. Si l’on reproche à cette

solution son manque de fondement raisonnable car elle expose le créancier aux abus du

débiteur dont le conjoint dira qu’il n’a pas encore utilisé son salaire versé sur le compte alors
qu ‘il l’a déjà fait. Il convient de remarquer que celle ci vient apporter un peu de justice dans

un domaine où les droits des conjoints notamment féminins sont souvent lésés.

A notre avis, cette solution est salutaire mais appelle quelques réflexions. En effet cette

limitation de la saisie à une fraction au choix du conjoint n’est pas à notre sens complète car,

il est nécessaire de préciser qu’une grande partie de ses revenues feront l’objet de saisie. Il

faudrait comme le propose le Pr. SIMLER de ramener le montant mis à la disposition du

conjoint à l’équivalent de trois mois de salaires93car ce sont ses économies à lui qui sont

ainsi mis à la disposition du créancier de son époux.

Une fois les biens saisissables déterminés, il est nécessaire de procéder à un examen de

règles qui organisent le fonctionnement des fonds frappés de saisie.

SECTION 2 : LE REGIME JURIDIQUE DES BIENS SAISIS

Une fois la saisie pratiquée, les biens tombent sous un régime tout autre que celui auquel ils

étaient soumis. Le législateur uniforme organise ce régime en son article 154. Cet article

dispose que ces fonds sont frappés d’une indisponibilité (PARAGRAPHE 1) et font également

l’objet d’une attribution immédiate au profit du créancier (PARAGRAPHE 2)

PARAGRAPHE 1 : L’INDISPONIBILITE DES AVOIRS SAISIS

Le Pr. Jean Marie DELLICI dans un article paru aux petites affiches parle de la mise

en<< indisponibilité>> comme une des obligations qui pèse sur le banquier. Cette

indisponibilité entraîne une immobilisation du solde du compte quelle que soit la

disproportion entre le montant de solde et celui de la créance cause de la saisie. La saisie

93
SIMLER (P) « De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité des revenues des
époux en régime de communauté ». Droit et actualité. Etudes offertes à J.BEGUIN p.689 et s.
opérée auprès des établissements bancaires englobe donc tous les comptes libellés en argent.

L’acte de saisie entraîne une indisponibilité du solde du compte du debiteur (A) ; cette

indisponibilité peut être perturbée par le dénouement des opérations en cours. (B)

A- L’INSTITUTION D’UNE INDISPONIBILITE TOTALE

Contrairement au principe qui voudrait que l’acte de saisie rende « les sommes saisies

indisponibles» mais seulement pour le montant pour lequel elle est pratiquée ainsi que tous

ces accessoires, en matière de saisie des sommes d’argent entre les mains des banques,

l’indisponibilité concerne tout le solde des comptes du débiteur. L’article 161 précise les

modalités et la durée de l’indisponibilité.

L’article 161 détermine un délai de liquidation dont la durée varie de 15 jours à 1 mois

suivant la signification de la saisie, période pendant laquelle les sommes en compte son

rendues indisponibles afin de permettre la liquidation des opérations en cours et la

détermination du solde exact du compte.

L’on pourrait penser que la saisie, portant sur le solde d’un compte bancaire, ne s’exerçait

que sur la fraction du solde nécessaire au règlement du montant de la saisie, et qu’elle laissait

disponible les sommes excédant ce montant. Les partisans français de cette interprétation, se

fondaient alors sur l’idée que l’avant dernier alinéa de l’article 47 de la loi du 9 juillet 1991

semblait opérer une distinction entre le solde saisi attribué et les sommes non frappées de la

saisie. Ce serait risquer de laisser les fonds non frappés sans contrôle et faire courir un risque

élevé au créancier de voir les fonds saisis disparaître puisqu’ils peuvent être affectés par les

opérations en cours sur le compte. Si en droit français des débats doctrinaux ont animé la

scène juridique sur la question de la portée de l’indisponibilité, la législation OHADA a

tranché et a clairement posé le principe de l’indisponibilité des fonds saisis c’est-à-dire du

solde du ou des comptes. Dans une formulation indirecte il précise que « le solde saisi n’est
affecté par ces éventuelles opérations de débit et de crédit que dans la mesure ou leur résultat

négatif cumulé est négatif et supérieur aux sommes non frappées par la saisie au jour de leur

règlement »

Le seul reproche que l’on pourrait faire au législateur est celui de la durée de

l’indisponibilité. En effet le compte est généralement la pierre angulaire du fonctionnement

des « cellules économiques ». A notre avis, ce délai est très long et défavorable aux opérations

économiques où l’instantanéité s’est érigée en règle dans l’exécution des opérations. Nous

proposons que ce délai soit ramené à 15 jours sans soucis de mimétisme comme en droit

français. Certains objecteront que ce délai ne passe à 30 jours que s’il y a des effets de

commerce à escompter mais on peut le ramener à 15 jours sans porter atteinte à la garantie qui

couvre les effets de commerce. Dans tous les cas, cette indisponibilité est justifiée car des

opérations en cour pourraient venir modifier le solde saisi soit positivement soit négativement.

B- LE DENOUEMENT DES OPERATIONS EN COURS

LA DÉCLARATION FAITE PAR LE BANQUIER AU MOMENT DE LA SAISIE

N’EST PAS, IL CONVIENT DE LE RAPPELER, DÉFINITIVES. EN EFFET, FAITE

SUR-LE-CHAMP, ELLES NE SAURAIENT REFLÉTER, COMME NOUS LE

FAISIONS DÉJÀ REMARQUER, L’ÉTAT RÉEL DU COMPTE AU MOMENT DE LA

SAISIE. CE SOLDE PEUT ÊTRE SUPÉRIEURE COMME INFÉRIEURE AU

MONTANT RÉEL DU SOLDE DU COMPTE AU JOUR DE LA SAISIE. C’EST

D’AILLEURS POUR CETTE RAISON QUE LES BANQUES SONT TENU DE

DÉCLARER LE SOLDE DU COMPTE MÊME S’IL EST DÉBITEUR. IL POURRAIT

AU TERME DES OPÉRATIONS DE LIQUIDATION REDEVENIR CRÉDITEUR.

CECI JUSTIFIE LE FAIT POUR LE LÉGISLATEUR DE PRÉVOIR DES

DISPOSITIONS PARTICULIÈRES AFIN DE FAIRE VÉRIFIER QUE LE SOLDE

PROVISOIRE DÉCLARÉ EST BIEN RÉEL. A CET EFFET, L’ARTICLE 161


ORGANISE LA PÉRIODE ET DÉTERMINE LES OPÉRATIONS DONT IL FAUT

TENIR COMPTE.

L’ARTICLE 161 DÉTERMINE ÉGALEMENT DANS QUELLES CONDITIONS

LE SOLDE SAISI PEUT ÊTRE MODIFIÉ. A CET EFFET IL PRÉVOIT QU’IL PEUT

Y AVOIR DES OPÉRATIONS CRÉDITRICES OU DÉBITRICES À CONDITION

QU’ELLES AIENT ÉTÉ RÉALISÉES ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE. IL

CONVIENT DONC DE LES EXAMINER ET DE VOIR COMMENT ELLES SONT

IMPUTÉES SUR LE SOLDE SAISI.

1) LES OPÉRATIONS EN COURS POUVANT AFFECTER L’ASSIETTE DE LA SAISIE.

IL PEUT S’AGIR SELON LE CAS D’OPÉRATIONS CRÉDITRICES (A) OU

ALORS D’OPÉRATIONS VENANT AU DÉBIT DU SOLDE SAISI (B).

A- LES OPÉRATIONS CRÉDITRICES

IL S’AGIT DES REMISES FAITES ANTÉRIEUREMENT, EN VUE DE LEUR

ENCAISSEMENT, DE CHÈQUES OU D’EFFETS DE COMMERCE, NON ENCORE

PORTÉES AU COMPTE. LA DATE EST DONC L’ÉLÉMENT DÉTERMINANT DU

RÉGIME DE CELLES-CI. ANTÉRIEURE À LA SAISIE, LA REMISE EST UNE

OPÉRATION EN COUR AFFECTANT L’ASSIETTE DE LA SAISIE À L’AVANTAGE

DU SAISISSANT. POSTÉRIEURE À LA SAISIE, LA REMISE EST DISPONIBLE AU

COMPTE DU CLIENT ALORS IL S’AGIT « D’ARGENT FRAIS ».CES FONDS NE

RENTRENT PAS ALORS DANS L’ASSIETTE DE LA SAISIE ET LE CRÉANCIER

NE SAURAIT AVOIR DES PRÉTENTIONS SUR CES SOMMES À MOINS POUR

LUI EN CAS D’INSUFFISANCE DES FONDS SAISIS AU TERME DE LA

PROCÉDURE DE PROCÉDER À NOUVEAU À UNE AUTRE SAISIE. CES FONDS

PEUVENT PAR AILLEURS FAIRE L’OBJET DE RETRAIT.


EN EFFET, IL S’ÉCOULE TOUJOURS UN TEMPS ENTRE LE DÉPÔT À LA

CAISSE D’UN CHÈQUE ET L’INSCRIPTION DE LA VALEUR ÉQUIVALENTE SUR

LE COMPTE DU DÉBITEUR. TRÈS SOUVENT LES OPÉRATIONS EN COURS

AFFECTERONT NÉGATIVEMENT LE SOLDE DU COMPTE ON PARLE ALORS

D’OPÉRATIONS DÉBITRICES.

B- LES OPÉRATIONS DÉBITRICES

L’ARTICLE 161 ALINÉAS 2 ÉNUMÈRE LES OPÉRATIONS SUIVANTES

COMME VENANT AU DÉBIT DU COMPTE.

-L’IMPUTATION DES <<CHÈQUES REMIS À L’ENCAISSEMENT OU PORTÉ AU

CRÉDIT DU COMPTE ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE ET REVENUS

IMPAYÉS ».IL S’AGIT ICI DES CHÈQUES QU’A REÇU LE DÉBITEUR ET QU’IL A

DÉPOSÉ À L’ENCAISSEMENT DANS SA BANQUE ET QUI SONT REVENUS

IMPAYÉS. DÈS LORS QUE LES CHÈQUES SONT DÉPOSÉS À L’ENCAISSEMENT

CHEZ LE BANQUIER PAR LE DÉBITEUR, IL Y A UNE AUGMENTATION DU

SOLDE DU COMPTE PROPORTIONNELLE À LEUR MONTANT IL EST DONC

NORMAL QUE CE MONTANT SOIT DÉDUIT DU MONTANT DU SOLDE AU JOUR

DE LA SAISIE SI CELUI REVIENT IMPAYÉ. A DÉFAUT, IL GONFLERA LES

RÉSULTATS DU COMPTE POURTANT IL N’Y AURA PAS LA PROVISION

ÉQUIVALENTE.

-<<LES RETRAITS PAR BILLETTERIE EFFECTUÉS ANTÉRIEUREMENT À LA

SAISIE ET LES PAIEMENTS PAR CARTE, DÈS LORS QUE LEURS BÉNÉFICIAIRES

ONT ÉTÉ EFFECTIVEMENT CRÉDITÉS ANTÉRIEUREMENT À LA SAISIE>>. IL

EST CLAIR QUE CEUX-CI DEVRAIENT ÊTRE DÉDUIT DU COMPTE CAR CES

FONDS N’EXISTENT PLUS DANS LE PATRIMOINE DU DÉBITEUR. LES

RETRAITS PEUVENT DÉSORMAIS ÊTRE FAIT À TOUT MOMENT PAR LE


DÉBITEUR AU MOYEN DES CARTES DE CRÉDITS. LEUR IMPUTATION SUR LE

SOLDE PEUT ÊTRE DIFFÉRÉE. IL EST DONC NORMAL QUE CEUX-CI

VIENNENT EN DIMINUTION DU SOLDE SAISI.

-<<LES EFFETS DE COMMERCE QUI REMIS À L’ESCOMPTE ET NON PAYÉS À

LEUR PRÉSENTATION OU LEURS ÉCHÉANCES>>. LORSQUE LA REMISE DE

L’EFFET DE COMMERCE EST ANTÉRIEURE À LA SAISIE, CELUI-CI PEUT

ÊTRE CONTRE-PASSÉ DANS LE DÉLAI D’UN MOIS À COMPTER DE LA SAISIE.

IL CONVIENT À PRÉSENT CES ÉLÉMENTS RÉPERTORIÉS, DE VOIR

COMMENT SONT IMPUTÉES CES OPÉRATIONS SUR LE COMPTE.

2- L’IMPUTATION DES RÉSULTATS DE LA LIQUIDATION SUR LE COMPTE SAISI

CETTE IMPUTATION, LORSQU’ELLE ÉMANE DES OPÉRATIONS DE

CRÉDIT NE POSE AUCUN PROBLÈME CAR ELLE VIENT EN AUGMENTATION

DU SOLDE DU COMPTE. TEL N’EST PAS LE CAS LORS QU’ILS DÉCOULENT

D’OPÉRATIONS DÉBITRICES. LA QUESTION S’EST ALORS POSÉ EN

DOCTRINE DE SAVOIR SUR QUELS FONDS DEVAIENT S’IMPUTER LES

OPÉRATIONS DÉBITRICES. EST –CE SUR LES FONDS EN COMPTE AU JOUR

DE LA SAISIE OU ALORS SUR LES FONDS EN COMPTE AU JOUR DE LEUR

LIQUIDATION QUE DOIVENT S’IMPUTER CES OPÉRATIONS ?

SELON LE PR. CHRISTIAN MOULLY94, L’IMPUTATION DES RÉSULTATS

DES OPÉRATIONS EN COUR NE PEUT ÊTRE FAITE QUE SUR DES SOMMES

SAISIS – ATTRIBUÉS ET JAMAIS SUR « L’ARGENT FRAIS », PROVENANT DES

REMISES POSTÉRIEURES À LA SAISIE. CETTE THÈSE QUI NE CADRE PAS

AVEC LA LOGIQUE DU DROIT BANCAIRE N’A PAS ÉTÉ RETENUE PAR LE

LÉGISLATEUR COMMUNAUTAIRE. L’ARTICLE 161 DE L’AU DISPOSE À CET

94
MOULLY (C) : les saisies des comptes bancaires, les petites affiches, 26 mai 1993, n°73 ; voir également du
même auteur Procédure d’exécution civiles et droit bancaire RTD civ. 1993 n° spécial la reforme des procédures
civiles d’exécution sous la direction de Roger Perrot.
EFFET QUE : « LE SOLDE SAISI N’EST AFFECTÉE PAS CES ÉVENTUELLES

OPÉRATIONS DE DÉBIT ET DE CRÉDIT, QUE DANS LA MESURE OU LEURS

RÉSULTATS PUBLIÉS EST NÉGATIF ET SUPÉRIEUR AUX SOMMES NON

FRAPPÉES PAR LA SAISIE, AU JOUR DE LEUR RÈGLEMENT ».

COMMENTANT L’ACTE UNIFORME, LE PR. ANNE-MARIE ASSI ESSO 95

ÉCRIVAIT ALORS QUE LORSQUE LE RÉSULTAT CUMULÉ « DES OPÉRATIONS

EN COURS », SE TRADUIT PAR UN DÉBIT, CELUI-CI DEVRA ÊTRE IMPUTÉ

PAR PRÉFÉRENCE SUR LA PARTIE DES SOMMES QUI, DANS LE SOLDE AU

JOUR DE LA SAISIE, EXCÉDAIENT LE MONTANT DE LA CRÉANCE CAUSE DE

LA SAISIE. CECI JUSTIFIERAIT À SON AVIS L’OBLIGATION QUI EST FAITE À

LA BANQUE DE FOURNIR PAR LETTRE RECOMMANDÉE AVEC AVIS DE

RÉCEPTION OU TOUT MOYEN LAISSANT TRACE ÉCRITE ADRESSÉE AU

CRÉANCIER, AU PLUS TARD HUIT JOUR APRÈS LE DÉLAI DE CONTRE

PASSATION UN RELEVÉ DEPUIS LE JOUR DE LA SAISIE INCLUSIVEMENT.

L’ON PERÇOIT DE CES DEUX THÈSES QUE LA NOTION D’ « ARGENT

FRAIS » NE FAIT PAS ENCORE L’UNANIMITÉ EN DOCTRINE. L’ON PEUT DIRE

QUE L’<<ARGENT FRAIS>> DANS LA PROCÉDURE DE SAISIE DES SOMMES

D’ARGENT ENTRE LES MAINS DES BANQUES C’EST << L’ARGENT

PROVENANT DES REMISES POSTÉRIEURES À LA SAISIE>>. DIRE ALORS QUE

LES OPÉRATIONS EN COURS S’IMPUTENT D’ABORD SUR LE SOLDE SAISI ET

NON SUR CES FONDS EST LOIN D’ASSURER AU CRÉANCIER DE RECOUVRER

SA CRÉANCE OR TEL EST L’OBJECTIF AVOUÉ DU LÉGISLATEUR. IL EST

DONC PRÉFÉRABLE, AFIN D’ACCORDER UN MINIMUM DE SÉCURITÉ AUX

CRÉANCIERS DE PERMETTRE QUE LE SOLDE DÉBITEUR DES OPÉRATIONS

EN COUR SOIT REPORTÉ D’ABORD SUR CET << ARGENT FRAIS >>ET QU’EN
95
ASSI-ESSO (A, M) et NDIAW (D) recouvrement des créances Bruylant Juriscope 2002.
CAS D’INSUFFISANCE SEULEMENT L’ON REPORTE LE RESTE SUR LES

FONDS SAISIS. EN EFFET IL EST POSSIBLE QU’AU JOUR OU LA SAISIE SOIT

PRATIQUÉE LE COMPTE SOIT CRÉDITEUR ET QUI SUITE À LA

LIQUIDATION DES OPÉRATIONS EN COUR IL DEVIENNE DÉBITEUR.

POURTANT, LORSQUE LE LENDEMAIN DE LA SAISIE LE COMPTE SAISI EST

CRÉDITÉ, CES FONDS NE PEUVENT PAS ÊTRE UTILISÉS POUR SATISFAIRE

LE CRÉANCIER SAISISSANT CAR CET ARGENT N’ÉTAIT PAS ENCORE EN

COMPTE AU JOUR DE LA SAISIE. EST-IL DONC JUSTE DE LAISSER LE

CRÉANCIER SANS RESSOURCE PENDANT QUE SUR LE COMPTE DE SON

DÉBITEUR IL Y’A DE L’ARGENT FRAIS. DE MÊME COMMENT ADMETTRE

QUE SEUL LE SOLDE DÉBITEUR DES OPÉRATIONS EN COURS SOIT

IMPUTABLE SUR LE SOLDE SAISI ET QUE LORSQU’IL EST CRÉDITEUR QU’IL

NE PUISSE PAS BÉNÉFICIER AU CRÉANCIER NOTAMMENT LORSQUE LE

SOLDE AU JOUR DE LA SAISIE ÉTAIT INFÉRIEUR AU MONTANT DE LA

CRÉANCE CAUSE DE LA SAISIE. LÀ SONT DES INTERROGATIONS SUR

LESQUELS ONT PENSE QUE LE LÉGISLATEUR DEVRAIT PLANCHER.

SI LE DÉBITEUR EST, AU JOUR DE LA PÉRIODE PRÉVU POUR LA

LIQUIDATION DES OPÉRATIONS EN COURS, CRÉDITEUR DANS LES LIVRES

DU BANQUIER, LA DÉCLARATION DÉFINITIVE EMPORTE CANTONNEMENT

DE LA SOMME OBJET DE LA SAISIE DANS LA LIMITE DISPONIBLE ENTRE

LES MAINS DU TIERS. L’AUTRE EFFET ATTACHÉ À CETTE SAISIE SOMME

TOUTE PARTICULIÈRE EST L’EFFET ATTRIBUTIF.

PARAGRAPHE 2 : L’ATTRIBUTION IMMEDIATE DES FONDS SAISIS

Dès que la saisie est signifiée, elle entraîne aux termes de l’article 154 alinéa 1

<<attribution immédiate au profit du saisissant de la créance saisie disponible entre les


mains du tiers>>. Il ne faut cependant pas se méprendre sur le sens de l’expression

<<attribution immédiate >>. Il est judicieux de revenir d’abord sur cette expression qui a fait

couler beaucoup d’encre tant en doctrine qu’en jurisprudence (A). Ce qui est nécessaire si l’on

veut comprendre la raison d’être de son impact qu’est l’inefficacité du concours de saisie dans

cette hypothèse (B)

A- précision autour de la notion d’<<attribution immédiate >>

Dans l’ancienne saisie arrêt, le créancier n’acquérait de droit exclusif sur la créance

qu’avec la signification d’un jugement de validité. Ce qui permettait à d’autres créanciers de

saisir à leur tour la créance et de venir en concours avec le premier saisissant sur celle-ci.

Avec les nouvelles règles de procédure, le créancier premier saisissant bénéficie désormais

d’un droit exclusif sur la créance. Se pose alors la question de savoir si le créancier saisissant

en devient propriétaire dès la signification ? Le mécanisme de l’attribution immédiate dont

parle le législateur peut être trompeur car si on parle d’attribution immédiate il s’agit en fait

d’une fiction juridique (1) car le créancier n’exerce qu’une propriété conditionnelle sur le

solde saisie (2).

1-L’attribution immédiate une fiction juridique

L’affectation au saisissant est opérée par deux techniques différentes selon la

procédure initiée. Dans la saisie conservatoire, le privilège et le droit de rétention du créancier

gagiste transfèrent au créancier la valeur du solde. Dans la saisie attribution, la propriété du

solde (monnaie scripturale) lui est transmise dès la signification de la saisie.

Même si le législateur rejoignant la doctrine française96 parle de transmission ou

attribution immédiate, il faudrait tout de même nuancer cette affirmation. La créance ne

rentre pas directement dans le patrimoine du créancier. Elle n’est sortie que virtuellement du

patrimoine du débiteur en vue de la préserver des velléités des créanciers qui pourraient
96
Dans ce sens voir : DONNIER (M), voies d’exécution et procédure de distribution, Litec, 1996, n°846 ;
Miguet, Jurisclasseur Procédure civile, Fascicule 2250, n°82 et s PERROT et THERY, option cité n°361.
éventuellement chercher à la saisir. Le créancier n’aura la propriété de ces fonds qu’une fois

97
qu’ils lui seront payés par le tiers saisi. Maurice SOH analysant ce mécanisme particulier à

la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques conclut que <<la somme saisie

attribuée serait dans une situation de flottaison d’appartenance entre l’acte de saisie et

l ‘expiration du délai imparti pour contester, car, extraite du patrimoine du débiteur, elle n’est

pas encore effectivement entrée dans le patrimoine du créancier, le paiement étant différé et

le banquier étant demeuré le gardien>>

C’est cette doctrine qui devrait faire l’unanimité car s’il s’agissait d’une réelle attribution

celle-ci ne saurait faire l’objet d’une quelconque remise en cause par les éventuelles

opérations en cours car la propriété que le créancier a sur la créance saisie est conditionnelle.

2- La créance attribuée : une propriété conditionnelle pour le créancier.

L’article 154 de l’AU dispose que « l’acte de saisi emporte…attribution immédiate au

profit de saisissant de la créance saisi ». Il pose là l’idée selon laquelle dès que la saisie est

pratiquée la propriété de la créance objet de la saisie est transférée. Seulement, à l’analyse, il

ne s’agit pas d’un transfert instantané. La propriété est conditionnée car le créancier doit

98
attendre que le délai prescrit pour la liquidation des opérations en cour soit passé .Le

législateur précise bien que ce délai peut varier de 15 jours à un mois selon qu’il y ait ou non

des effets de commerce à escompter.

Le créancier doit attendre un mois depuis la signification de la saisie au débiteur pour

dire qu’il est désormais le propriétaire de la créance de son débiteur chez le banquier tiers

saisi.

Cette attribution ne joue également pas de plein droit lorsque la créance objet de la saisie

est à échéance périodique car comme le précisait le Pr. Paul ANCEL, <<les principes

généraux du droit des obligations amènent à faire une distinction, quant au moment de l’effet
97
SOH (M) les saisies des avoirs bancaires, mémoire d’auditeur de justice, ENAM Yaoundé, juillet 1999, p.33.
98
Pour le créancier ayant pratiqué une saisie conservatoire, il se doit de la transformer en saisie attribution dans
le délai d’un mois.
attributif, entre les différentes créances >>.99 En effet la créance à exécution successive se

régénère à chaque échéance or la saisie ne peut être opérée que sur un bien présent dans le

patrimoine du débiteur; tel n’est pas le cas pour les créances à échéances périodiques non

encore échues.

Cet effet <<attributif essentiel et instantané>>100qui permet au créancier d’être à l’abris de

tout concours avec les créanciers privilégiés a été confirmé par la CCJA dans l’affaire Dame

KHOURI Marie c/ SGBCI où statuant, elle décide que <<l’effet attributif immédiat de la

saisie attribution entraînant transfert instantané de la créance saisie disponible dans le

patrimoine du saisissant, le juge de l’exécution ne peut pas suspendre les effets de ladite

saisie–attribution en accordant des délais de paiement>>101. Se basant également sur cet

effet, la haute juridiction a déclaré que la saisie simultanée de plusieurs comptes d’un débiteur

n’est pas permise si les fonds déposés sur les premiers comptes saisis constituent un solde

suffisant102 pour désintéresser le créancier. Si l’attribution est une des innovations du

législateur sur la question, plus originale est celle relative à l’inefficacité du concours entre

créanciers dans ce cas.

B- l’inefficacité du concours en cas de pluralité de saisie

La règle de l’attribution immédiate de la créance du débiteur au profit de son créancier

à hauteur de la créance disponible combinée à l ‘article 155 alinéa 2 de l’AU qui prévoit que

<< la signification ultérieure d’autre saisie ou de toute autre mesure de prélèvement, même

émanant de créanciers privilégiés ne remettent pas en cause cette attribution>> institut un

véritable <<super privilège >>au profit du créancier premier saisissant. En effet aucun autre

99
ANCEL (P), note sous cass. civ. 2,10 juillet 1996 ; D.1996, p.625 et s. spécialement p.628.
100
ETOUNDI (O, F) : La pratique de la saisie attribution à la lumière de la jurisprudence de la CCJA de
l’OHADA. Edition Numerix, Mars 2006, p.50.
101
Décision citée par Felix Onana ETOUNDI op. cit, p.50.
102
Arrêt n° 27/2004 du 15 juillet 2004, affaire Mobil Oil C/Les Centaures Routiers, Compagnie Ivoirienne
d’Electricité dite CIE&SCB décision trouvé sur www.juriscope.org.
créancier ne peut prétendre à des droits sur le solde une fois que celui-ci est saisi. Ce qui lui

évite l’un des principaux incidents des saisies mobilières : le concours de saisie. Comme le

précise le Pr. Anne Marie ASSI-ESSO il n’y aura concours que sur la fraction de la créance

non attribuée entre les créanciers ultérieurs.

Seulement des interrogations subsistent selon que l’on est dans une hypothèse de pluralité de

saisies réalisées toutes par des particuliers (1) et selon que l’on n’a à faire à une procédure de

saisie et un acte administratif (2)

1-En cas de concours de saisie entre particuliers

L’on peut dire qu’à travers l’article 155 alinéa 2 de l’AU, le législateur a résolu la question

mais il ne pose que des principes qu’il faut appliquer. La seule hypothèse de concours qui a

été maintenu dans la matière est celle des créanciers ayant signifié simultanément leurs actes

au cours de la même journée. Les divers actes de saisie <<sont réputés faits simultanément>>

et là si les sommes saisies disponibles ne permettent pas de les désintéresser, ceux-ci seront

payés au marc le franc c’est-à-dire au pro-rata.

D’après l’acte uniforme, le créancier premier saisissant ne peut pas être inquiété s’il a

procédé à une saisie attribution. Mais alors si c’est une saisie conservatoire jouira-t-il des

mêmes privilèges face aux autres créanciers ? Une lecture de l’acte uniforme nous laisse

croire que tel sera également le cas; l’article 57 dispose clairement que <<lorsque la saisie

porte sur une créance ayant pour objet une somme d’argent …elle confère au saisissant un

droit de gage>>, le même article dispose que les dispositions de l’article 161 sont applicables

en la matière. Toute chose qui porte à croire que le créancier saisissant même

conservatoirement bénéfice d’un privilège sur le solde saisie à hauteur de la créance cause de

la saisie. Quel sera dès lors le sort du particulier qui rencontre l’administration dans son

opération ?

2-En cas de concours entre un avis à tiers détenteur et une saisie des comptes
Il peut arriver qu’alors qu’un créancier signifie un acte de saisie le même jour soit émis un

avis à tiers détenteur par l’administration. L’avis à tiers détenteur primera-t-il sur la procédure

civile engagée ? Il faudrait procéder à une définition de l’avis à tiers détenteur avant de voir

les solutions envisageables.

L’avis à tiers détenteur est aux termes de l’article L71 du livre deuxième du code général

des impôts103 un acte par lequel <<les dépositaires, détenteurs ou débiteurs de sommes

appartenant ou devant revenir au redevable d’impôts, de pénalités et de frais accessoires

dont le recouvrement est garanti par le privilège du trésor sont tenus, sur demande qui leur

en est faite sous forme d’avis à tiers détenteur… à concurrence des impositions dues par les

redevables>>. L’article L72 lui confère un effet attributif tout comme la saisie des comptes

bancaires. Cette définition faites, il convient de rechercher la procédure qui primera entre les

deux dans la mesure où l’article L82 prévoit que le <<privilège du trésor porte sur tous les

biens … et prime sur les autres privilèges mobiliers généraux ou spéciaux>>.

Face au silence du texte, l’on peut s’inspirer de la doctrine 104 qui a pris position pour une

interprétation proche de celle de la CCJA.105La cour déclare alors qu ‘il y a une disparition de

la prévalence de l’avis à tiers détenteur sur le privilège du premier saisissant. Ceci se

comprend car comme le précise l’AU, l’acte de saisie entraîne une attribution au profit du

créancier saisissant de la créance de son débiteur chez le tiers saisi. En effet même si c’est une

sortie fictive du patrimoine du débiteur, cette créance sort effectivement du patrimoine du

débiteur et ne saurait donc plus faire l’objet de prétention de la part du trésor et en cas de

signification faite le même jour, ils viennent en concours et se partageront les fonds au marc

le franc comme de simple particulier.

103
Loi n°2002/03 du 19 avril 2002 portant code général des impôts de la république du Cameroun.
104
SOH (M), mémoire précité p.103, MABINGO (E) le privilège du trésor accordé à la société.
de recouvrement des créances du Cameroun (SRC), mémoire, ENAM, Yaoundé 1998.
105
Avis n° 001/2001/EP du 30 avril2001, RJCCA n° spécial, janvier 2003, p.74.
Saisi sur la question par une demande d’avis sur le point de savoir quel est le sort des

procédures fiscales contentieuses par rapport à l’effet abrogatoire des dispositions 336 de

l’A.U sur les P.S.R.V.E106, la CCJA émit l’avis suivant<<le droit fiscal ne fait pas partir à ce

jour des matières rentrant dans le domaine du droit des affaires harmonisé tel que défini par

l’article 2 du traité OHADA. Toutefois, si les procédures fiscales postérieures à la date

d’entrée en vigueur de l’acte uniforme concerné mettent en œuvre des mesures

conservatoires, mesures d’exécution forcée et procédures de recouvrement déterminées par

ledit acte uniforme, ces procédures fiscales doivent se conformer aux dispositions de celui-

ci>>. Tirant une conclusion de la réflexion du juge communautaire à travers cet avis Félix

Onana ETOUNDI et Jean Michel MBOCK disent que l’on pourrait parler d’une sorte de

banalisation ou de relativisation des effets de l’avis à tiers détenteur107.

Au total il est clair que si l’avis à tiers détenteur est signifié simultanément ou après une

saisie attribution ; il est traité au même titre qu’une autre saisie attribution ceci malgré que

l’avis à tiers détenteur soit doté de l’effet attributif.

CONCLUSION CHAPITRE 2
Tout au long de ce chapitre consacré aux particularités de la saisie des sommes d’argent
entre les mains des banques liées aux biens, l’on s’est rendu compte que ces particularités
ont trait tantôt aux biens visés tantôt au régime de ces biens, une fois que ceux –ci sont
saisis. Nous avons pu constater un manque de précision de la part du législateur dans son
énonciation des comptes concernés mais également qu’au niveau du régime des biens
concernés des précisions sont nécessaires afin d’éclairer les justiciables sur certains points
que nous n’avons pas manqués de soulever.

106
Avis précité
107
ONANA (F, E) et MBOCK(J, M), Cinq ans de jurisprudence commentée de la CCJA de l’OHADA 1999-
2004,Presse de l’AMA, Yaoundé, 1 ère édition, p.204
CONCLUSION

DU TITRE I

Au terme du premier mouvement de notre analyse, nous avons pu constater combien la

saisie des sommes d’argent auprès des banques tel qu’organisées par le législateur OHADA

regorge de particularités. Ces particularités constituent des innovations qui organisent une

mini législation sur la saisie entre les mains des banques. Elles ont traient à l’institution

d’obligations pesant sur le tiers saisi ; mais également à la nature particulière des biens qui

font l’objet de cette procédure. Ces particularités ne s’arrêtent pas à la mise en œuvre de la

saisie elles s’étendent également au niveau du contentieux qu’elle peut générer.


TITRE 2

LE CONTENTIEUX SPECIFIQUE A LA

SAISIE DES SOMMES D’ARGENT

ENTRE LES MAINS DES BANQUES

La saisie des comptes bancaires qu’elle soit conservatoire ou attributive donne souvent

lieu à contentieux. En effet, ces sommes peuvent être le fruit de longues années d’économie

ou alors tout simplement le revenue du débiteur. Ce dernier a donc tout intérêt à ce que tout se

déroule dans les normes. Le créancier quant à lui veut veiller sur les éléments de l’actif de son
débiteur surtout quant on sait la complicité qui règne entre le banquier et ses clients. Le

banquier quant à lui doit veiller à ce que les opérations se déroulent bien surtout que pèse sur

lui des obligations qualifiées d’exorbitantes surtout qu’en contrepartie la procédure ne leur

permet pas toujours de réaliser des profits. Elle peut d’ailleurs déboucher sur une perte de

clientèle. Il est donc nécessaire d’examiner le contentieux lié au comportement des parties au

procès notamment celui du créancier et celui du banquier qui sont ici l’originalité (Chapitre1).

Eu égard à la spécificité des biens sur lesquels porte la saisie, il est intéressant de s’attarder

sur le contentieux particulier à ces biens (Chapitre2).

CHAPITRE 1

LES CONTESTATIONS PORTANT SUR

LES SOMMES SAISIES

Une fois la saisie opérée, les fonds sont rendus indisponibles. Le créancier peut alors

attendre que s’écoule le délai prévu pour opérer des contestations avant de rentrer en

possession des fonds saisis. Dans la pratique, tel n’est malheureusement pas toujours le cas.

En effet les fonds saisis sont en général l’ensemble et les seules ressources du débiteur. Ce

dernier va tout faire pour les préserver d’une quelconque atteinte. A l’opposé, le créancier

voudra préserver ces fonds qu’il considère déjà comme les siens eu égard à l’effet attributif

que lui reconnaît l’AU. L’existence de ces intérêts divergents dans la procédure aboutit en
général à un contentieux qui peut naître à n’importe quelle étape de la procédure et peut être

mis en œuvre par n’importe laquelle des parties à la procédure. L’AU enferme cette

contestation dans le délai d’un mois suivant la signification de la saisie au débiteur. En

général, les contestations porteront sur l’assiette de la saisie (SECTION 2) ou seront liées à

l’origine des fonds qui sont ici frappés par la saisie. (SECTION 1).

SECTION 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR

L’ORIGINE DES FONDS SAISIS

Le compte bancaire est pour leur titulaire ce qu’une caisse est pour un magasin de

commerce. C’est par le compte que passe la plupart des revenus de leur titulaire. Cet état de

chose est de nature à en perturber la saisie, surtout que parmi ces sommes il y’en a qui sont

frappées d’une insaisissabilité qui peut être soit totale soit partielle. En jurisprudence la saisie

des comptes sur lesquels sont versés les salaires a donné lieu à un contentieux spécifique.

(PARAGRAPHE 1) A coté de ce contentieux spécifique il est d’autres contentieux qui

pourraient naître de l’origine des fonds frappés par la saisie. (PARAGRAPHE 2)


PARAGRAPHE 1 : LES FONDS PROVENANT DES SALAIRES

Une fois la saisie est signifiée au tiers saisi, ses effets peuvent s’étendre sur l’ensemble

du compte ou des comptes du débiteur. Sur ces comptes, il peut se trouver que seraient virés

les salaires du débiteur. Ceux-ci rentreront alors dans l’assiette de la saisie. C’est ce qui donne

généralement lieu à contentieux, car les salaires font l’objet d’un régime de protection et ne

peuvent, aux termes de l’article 174 de l’AU108, faire l’objet de saisie qu’après une tentative

de conciliation devant la juridiction compétente du domicile du débiteur conformément à la

procédure de saisie des rémunérations. Cette situation a donné lieu en jurisprudence à la

consécration des comptes dits de virement bancaire dont les juges camerounais notamment

ont eu à consacrer l’insaisissabilité (A) suivant un raisonnement dénué de tout fondement. (B)

A- LE REJET EN JURISPRUDENCE DE LA SAISISSABILITE DES

COMPTES DITS DE <<VIREMENT BANCAIRE>>

La saisie des comptes bancaires vers lesquels sont virés les salaires de leurs titulaires

peut –elle emporter saisie des rémunérations et être par conséquent subordonnée au respect du

principe de conciliation préalable tel que l’organise l’article 174 de l’AU ? Telle était la

question posée aux juges nationaux dans trois espèces où ceux-ci ont fait face à des

prétentions où les demandeurs prétendaient que les comptes saisis par leurs adversaires étaient

en réalité les comptes vers lesquels étaient virés leurs salaires.109 A la lecture de celles-ci, on

perçoit qu’il n’est pas du tout aisé de faire une distinction entre ces deux procédures

108
Article 174 AU <<la saisie des sommes dues à titre de rémunérations, quel qu’en soit le montant, à toutes les
personnes salariées ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un ou plusieurs
employeurs, ne peut être pratiquée qu’après une tentative de conciliation devant la juridiction compétente du
domicile du débiteur>>.
109
Ordonnance de référé n°218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM FOTSO Alice
c/NGNINTEDEM Bavoua Joseph – BICEC ; ordonnance de référé n°489 /c du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE
Gilbert c/ NJIKE Betoni Sylvie et BICEC, ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA
Gabriel c/ BAYEMI marie madeleine.
notamment lorsque les fonds sont virés sur le compte par l’employeur.110 De ces décisions, il

ressort qu’il y a saisie déguisée des salaires lorsque le débiteur apporte la preuve du dépôt sur

ledit compte de son salaire111alors qu’en l’absence d’une telle preuve, on ne saurait confondre

la saisie des sommes d’argent entre les mains d’une banque et la saisie des rémunérations112.

Les juges dans ces espèces consacraient ainsi un type de comptes qui n’existait pas

jusqu’alors : les comptes dits de virement de salaires. Ceci avec pour corollaire la

subordination de toute saisie sur ces biens au préalable de la conciliation qui est alors un

préalable obligatoire au sens de l’article 174 de l’AU. A notre avis un tel raisonnement est

sans fondement raisonnable.

B-L’INSAISISSABILITE DES COMPTES DITS DE <<VIREMENT DE SALAIRES>>

UNE SOLUTION SANS FONDEMENT

A notre avis, si le souci des juges est louable parce que conforme à l’idée selon

laquelle les salaires doivent faire l’objet de protection, le contexte des décisions le justifiait

car comme l’affirme Me IPANDA, il <<s’agit de renforcer judiciairement la protection légale

du salaire en mettant à l’abri des saisies ordinaires, en quelques mains que ce soit, les

rémunérations du travail>>.113 Seulement une telle décision est incohérente car, d’un point

de vue bancaire et juridique, elle présente des incompatibilités.

La première incohérence concerne la fongibilité des sommes versées sur le compte

bancaire. L’économie de ce principe est d’éviter toute classification à l’intérieur du compte en


110
Ainsi contrairement à ce qu’affirme BEBOHI EBONGO Sylvie dans son mémoire( la saisie attribution dans la
jurisprudence de l’espace OHADA) le juge de l’espèce ne dit nullement que la saisie d’un compte alimenté par
les salaires est possible car pratiquée entre les mains du banquier et non de l ‘employeur mais au contraire on
pourrait déduire de son considérant que << la saisie attribution querellée, pratiquée sur un compte bancaire
dont le demandeur ne prouve du reste pas qu’il est alimenté par son salaire, est une mesure d’exécution forcée
complètement distincte de la saisie des rémunérations du travail et qui n’est soumise à aucune tentative de
conciliation préalable>>. Si le débiteur réussissait à prouver que ce compte qui fait l’objet de saisie était
alimenté par son salaire, son compte aurait certainement échappé à la saisie attribution.
111
Ordonnance de référé n° 218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM FOTSO Alice
c/NGNINTEDEM BAVOUA Joseph – BICEC.
112
Ordonnance de référé n°489 /C du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE Betoni Sylvie et BICEC,
ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA Gabriel c/ BAYEMI marie madeleine.
113
Maître IPANDA note sous décisions du TPI précitée, Revue Camerounaise de Droit N° 2 2000 p.41 et s.
fonction de l’origine des remises114. En effet, une fois que les sommes sont versées sur le

compte, elles perdent leur individualité et ne sauraient plus faire l’objet d’individualisation.

On ne peut donc, une fois la créance enregistrée au crédit du compte continuer à croire que

celle-ci conserve ses caractères primitifs par exemple une insaisissabilité. La jurisprudence

française qui s’est déjà prononcée sur la question a décidé par application du principe de la

fongibilité que les salaires versés par l’employeur dans un compte de dépôt ouvert par le

salarié, perdent dès leur entrée en compte le caractère d’insaisissabilité dont ils jouissaient

avant leur entrée en compte.115 En effet la protection accordée par le législateur ne couvre les

salaires que lorsque ceux ci se trouvent entre les mains de l’employeur ; or dans le compte,

ces fonds ne sont plus entre les mains de l’employeur et peuvent dès lors faire l’objet d’une

saisie conservatoire ou d’une saisie attribution.116

La deuxième incohérence est le fait que les juges donnent naissance ici à une catégorie

de comptes jusqu’alors inconnue. Le droit bancaire classique ignore en effet ce type de

compte. Ce qui a pour grand désavantage d’introduire en voies d’exécution une catégorie que

le législateur n’avait pas prévue dans la classification des saisies. Non seulement elle rend

impossible une saisie conservatoire de ces fonds mais également elle rend la saisie attribution

subsidiaire à la saisie des rémunérations car celles-ci seront exercées sous condition

résolutoire.117

D’un point de vue juridique, il y a comme un oubli de la part des juges car le contrat

qui lie le débiteur à son banquier est loin d’être un contrat de travail et est dénué de tout

rapport de subordination. De même, dès que ces fonds entrent en compte, ils cessent d’être

des salaires pour devenir des économies et sont administrés par le banquier.
114
GAVALDA (C) et STOUFFLET (J), Droit de la banque édition PUF 1974 ; voir également Rives Langes (J,
L) La saisissabilité du compte courant Dalloz 1974 chronique p.101.
115
TGI de Lilles, 04 décembre 1961 Banque 1962, p. 855.obs. Marin ; paris, 4 décembre 1971, Gazette du palais
1972, I. , P.400.
116
Ordonnance de référé n°489 /c du 23 Mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE BETONI Sylvie et BICEC.
117
Me IPANDA op.cit.
L’on peut dire que même si en jurisprudence les comptes sur lesquels sont virés les

salaires font l’objet d’une protection. A l’analyse, la saisie des comptes sur lesquels sont virés

les salaires est possible. Les créanciers des salariés peuvent donc les faire saisir.118Les salaires

ne sont pas les seules sommes qui, versées sur les comptes en banque, en compliquent la

saisie.

PARAGRAPHE 2 : LES FONDS PROVENANT D’AUTRES CREANCES

INSAISISSABLES

Le développement du recours aux banques a fait apparaître les limites de

l’insaisissabilité : en effet le paiement, qui éteint la créance, fait disparaître l’insaisissabilité

qui y était attachée. Cette situation n’avait guère d’inconvénient lorsque ces créances étaient

payées directement chez le débiteur. Mais tel n’est plus le cas maintenant ? Du moins pour

ceux qui sont titulaires de comptes bancaires. Juridiquement paralysé avant le paiement, le

créancier ne pouvait guère espérer appréhender ensuite les fonds versés à son débiteur. Cette

situation a changé avec l’importance accrue des banques dans la vie juridique des personnes

ayant ouvert des comptes chez elles. Ces sommes payées sont alors déposées chez le banquier

et enregistrées en compte, ce qui ouvre la voie à la saisie et un créancier pouvait sans gêne

procéder à une saisie.

Le législateur communautaire, cernant la nécessité de protéger ces fonds, énonce en

son article 52 que << les créances insaisissables dont le montant est versé sur un compte,

demeurent insaisissables. >>. Le législateur permet alors au débiteur de saisir le juge afin de

voir ces fonds mis à sa disposition. Seulement il est mis à la charge du débiteur l’obligation de

justifier l’origine des fonds dont il déclare l’insaisissabilité. A cette condition, s’ajoute le fait

qu’il soit obligé de demander la mise à disponibilité avant que le créancier ne demande le
118
Pour des précisions sur la question voir SOH (M ) L a situation des créanciers du salarié dans les procédures
d’exécution de l’OHADA ou le difficile équilibre entre les intérêts en présence, Juridis Périodique n°49 janvier
-février- mars 2002 p.104.
paiement au tiers saisi. Il est également nécessaire de préciser que lorsque ces créances sont

versées à échéances périodiques, il y aura report de l’insaisissabilité à chaque fois que ces

fonds seront versés en compte. La question qui se pose est celle de savoir si la protection

couvre toutes les sommes insaisissables une fois qu’elles sont entrées en compte ou alors si

cette protection disparaît après un certain laps de temps. L’on peut penser, en s’inspirant du

cas des salaires du conjoint commun en biens, que cette protection ne portera que sur le

dernier versement effectué sur le compte du débiteur. L’on pense que si cette protection

couvre toutes ces sommes découlant de créances insaisissables sans limite, ce serait léser les

intérêts du créancier. Celles-ci peuvent, au bout d’un certain temps, devenir des économies et

il serait injuste de ne pas permettre au créancier de les saisir.

Il en résulte que si législateur a bien fait de prévoir une protection pour les sommes

insaisissables versées sur le compte, cette protection gagnerait en crédibilité si celui-ci

essayait de les limiter sinon il les viderait de leur substance.

SECTION2 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR

L’ASSIETTE DE LA SAISIE

Des contestations peuvent en général s’élever concernant le montant pour lequel est

pratiquée la saisie. Il est très tentant pour un créancier de se faire payer plus qu’il ne lui est dû

par son débiteur. Le législateur a prévu afin d’éviter une injustice des hypothèses de

contestation. Ces contestations peuvent porter soit sur toute l’assiette de la saisie, soit sur une

partie de celle-ci. Il faudrait déjà rappeler que lorsque la contestation porte sur toute l’assiette

de la saisie, l’on a recours aux règles posées par les articles 54 et 91 de l’AU.119 Mais en

119
Ces articles déterminent avec précision les critères que doit remplir une créance pour que soit poursuivie une
procédure d’exécution à l’encontre du débiteur. (Liquide, certaine et exigible).
général, la contestation portera sur une fraction de la créance cause de la saisie

(PARAGRAPHE 1) ou alors dans un cas spécifique aux saisies des comptes bancaires sur le

paiement des intérêts et des accessoires de la créance cause de la saisie (PARAGRAPHE 2)

PARAGRAPHE 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR UNE PARTIE DE LA

CREANCE CAUSE DE LA SAISIE

Ces types de contestations sont en général élevées par le débiteur qui trouve non

fondée une partie de la créance pour laquelle on procède à une saisie de ses avoirs. Le

législateur a prévu que lorsque la contestation porte sur une partie de la créance120le juge peut

autoriser que la saisie prenne effet pour la partie non contestée de la créance (A) mais soumet

l’exécution pour ce qui est de la partie contestée à des préalables. (B) Cette solution est

largement reprise par la jurisprudence.121

A – LA PRISE D’EFFET DE LA SAISIE POUR LA PARTIE NON-CONTESTEE DE

LA SAISIE.

Il peut arriver que le débiteur conteste le bien fondé d’une partie de la créance sur la

base de laquelle est pratiquée la saisie sur ses comptes. Cette contestation peut intervenir soit

parce qu’il a déjà payé pour cette fraction, soit parce que celle-ci n’est pas fondée dans son

principe.122

La question qui se pose est celle de savoir si cette contestation paralyse la saisie qui a

déjà été pratiquée, même pour la partie de la créance non contestée ? Ce serait injustifié car

ce serait exposer le créancier ingénieux qui a eu l’idée de faire saisir les biens de son débiteur

à un retour des autres créanciers de son débiteur créanciers ameutés par la procédure engagée

120
Article 171 AU sur les PSRVE << la juridiction compétente donne effet à la saisie pour la fraction non
contesté de la dette. >>.
121
Les dispositions de l’acte uniforme sur la question sont écris sans ambiguïté et ne sauraient donner lieu à
interprétation.
122
ONANA (E, F) la pratique de la saisie attribution des créances à la lumière de la jurisprudence de la CCJA
de l’OHADA p.65.
par lui. Prenant cela en compte, le législateur communautaire a prévu en son article 171 que

<< la juridiction compétente donne effet à la saisie pour la fraction non contestée de la dette.

Sa décision est exécutoire sur minute>>.123 Ainsi le juge autorisera-t-il que l’on poursuive la

saisie pour la partie non contestée de la créance. Tel fut le cas dans l’arrêt de la CCJA

n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de

Réassurance dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG Puis 124 où les juges

ont annulés une saisie pratiquée en violation de l’article 157 alinéa 3 de l’AU en partie et

partant la confirmait pour ce qui était de l’autre fraction. La solution est tout autre lorsqu’il

s’agit de la partie contestée de la créance cause de la saisie.

B- LA POSSIBLE EXECUTION PROVISOIRE DE LA PARTIE CONTESTEE DE LA

SAISIE

Dès lors que le débiteur conteste une partie de la créance cause de la saisie, la situation

diffère de celle décrite plus haut. Le législateur a prévu que lorsque tel est le cas,

<<l’exécution peut se poursuivre mais à condition que ni le montant de la créance du

saisissant ni la dette du tiers saisi ne soient sérieusement contestable >>125 l est tout de même

important de remarquer que si le texte est clair sur la question, en jurisprudence, l’exécution

provisoire est généralement refusée.126 Ainsi dans l’espèce ayants droits WOROKOTANG et

Autres, la haute juridiction annule le procès verbal de la saisie attribution <<pratiquée en

partie sur des sommes non prévues par l’arrêt de condamnation ayant servi de base à la

saisie et ne contenant pas le décompte distinct des sommes réclamées et le principal, frais et

intérêts échus en violation de l'art 154 de l’AU >>. On pourrait trouver des justificatifs à

cette solution des juges. En général les créanciers saisissants ne fournissent pas de garantie
123
Article 171 de l’AU sur les PSRVE.
124
Op. cit.
125
Article 171 de l’AU sur les PSRVE.
126
CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances
dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG et Autres, op.cit.
suffisante pour une restitution des fonds sur lesquels on leur a accordé une exécution

provisoire.

L’on peut dire que lorsque la créance cause de la saisie fait l’objet de contestation,

l’exécution se poursuivra ; ce qui à notre sens est une solution innovante car elle évite au

créancier de devoir recommencer une autre procédure avec les risques que cela comporte ; et

l’exécution provisoire est en général refusée pour ce qui est de la quotité contestée par le

débiteur notamment lorsque les conditions fixées par l’AU sur les PSRVE ne sont pas

respectées.

PARAGRAPHE 2 : CONTESTATION PORTANT SUR LES ACCESSOIRES DE LA

CREANCE CAUSE DE LA SAISIE

L’article 154 de l’AU dispose clairement que l’acte de saisie <<emporte attribution à

concurrence des sommes pour lesquelles elle est pratiquée ainsi que ses accessoires, mais

pour ce montant seulement …>>. A l’analyse, il ressort de la première branche de cet article

que le montant global est constitué du principal et des accessoires de ce principal. En général,

le paiement du principal ne pose pas de problème car c’est la source de l’exécution forcée. Le

sort des accessoires de la créance cause de la saisie font l’objet d’une controverse quant à leur

détermination. (A) D’où le recours aux juridictions pour l’élaboration des principes de

détermination. (B) des accessoires.

A – LA CONTROVERSE AUTOUR DE LA DETERMINATION DES ACCESSOIRES

DE LA CREANCE CAUSE DE LA SAISIE

Une créance est toujours constituée d’un principal et de ses accessoires. Ainsi lorsque l’on

procède à la saisie de ce principal les accessoires subissent le même sort.127 Au sens du

législateur communautaire, les accessoires du principal sont les intérêts qui continuent de

courir et les frais de procédure. Les intérêts constitués sont ceux qui continuent de courir

dans la limite du mois qui suit la signification de la saisie. Les frais de procédure sont les
127
On dit alors que l’accessoire suit le principal.
dépenses faites par le créancier en vue de la réalisation de la saisie. En pratique des problèmes

surviennent au moment de déterminer quels accessoires entrent dans le montant global de la

saisie. Il s’agit des intérêts qui continuent de courir jusqu’au paiement effectif128qui est censé

intervenir dans le délai d’un mois si tout se passe bien, des honoraires des huissiers et de tous

les autres frais de procédure que justifie la saisie.

La question des honoraires a été réglée par le législateur communautaire à travers

l’article 47 de l’AU129. Leur paiement s’impute en général sur le montant global ; les

honoraires sont des accessoires qui aux termes de l’acte uniforme entre dans le montant global

pour lequel la saisie est pratiquée.

La question des intérêts à échoir a également fait l’objet de réglementation. Ils

n’entrent dans le montant global que s’ils sont effectivement à la charge du débiteur.130 Ils

sont limités dans leur calcul car, seuls ceux qui sont à échoir dans le délai d’un mois suivant la

saisie feront l’objet d’une prise en compte. Malgré cette précision du législateur, en pratique,

on rencontre sur la question des interrogations de divers ordres : la première a trait aux

intérêts qui seront dû au-delà de la période légale d’un mois prévue par le législateur en effet

les renvoies devenus récurrents des dossiers pendants devant le juge de l’exécution au

ministère public pour ses réquisitions induisent en effet des prolongements de procédure plus

ou moins longs131.

Une autre interrogation est celle de l’anatocisme des intérêts générés. En effet si

l’article 1154 du code civil impose qu’ils soient demandés aux juges, ceux-ci à notre avis ne

seront pas nécessairement productifs d’intérêts après le premier paiement .Comme le précise

128
Me Douala MOUTOME Quelques aspects relatifs au tiers saisi actes du séminaire international sur le
recouvrement simplifié des créances et des voies d’exécution GICAM, Douala, 5-6 octobre 2004.
129
<<Les frais d’exécution forcée sont à la charge du débiteur …>> Article47 AU sur les PSRVE.
130
Tel était le cas dans l’espèce de la CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise
d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG, décision trouvée
sur www.juriscope.org.
131
Me Douala MOUTOME op. cit.
Me MOUTOME dans son intervention, appliquée à des montants dérisoires, cette question

peut paraître sans importance. Mais en tenant compte des principes et des cas où on est en

présence de montant plus élevé, elle peut présenter un intérêt certain.132

Une autre interrogation porte sur les accessoires qui doivent entrer dans le montant

global de la saisie. Le législateur ne les ayant pas déterminé. Tel était le cas dans l’espèce

Compagnie Camerounaise d’Assurance et de Réassurances dite CCAR C / Ayants droits

WOROKOTANG MBATANG et Autres 133objet de l’arrêt de la CCJA n°007/2002 du 21 mars

2002. En l’espèce, les juges étaient saisis d’une contestation qui portait sur les intérêts à payer

découlant du principal ; la CCAR a contesté ladite saisie non sur le principe des frais réclamés

en principal pour lesquels elle avait d’ailleurs fait une offre de paiement mais sur des éléments

qui ne devraient pas rentrer dans le solde saisi. Ses contestations portaient sur une somme

(13.700.000 francs CFA) qui avait été considérée par les saisissants comme un accessoire

devant rentrer dans le montant global à saisir. Or pour la CCAR, cette somme constituait des

intérêts qui incombait selon l’article 268 du code CIMA à l’assureur du véhicule à bord

duquel les victimes avaient pris place. La CCAR pensait donc que conformément aux articles

154 al.1 et 157 al 2(3) de l’AU sur les PSRVE, les intérêts à considérer comme accessoires

devaient être ceux découlant de l’arrêt de condamnation du 02 juin 1998 et non ceux résultant

d’une quelconque offre d’indemnité. Ce qui à leur sens constituait une surévaluation du

montant global résultant d’une confusion des accessoires.

B -LA NECESSAIRE DETERMINATION DES ACCESSOIRES DU MONTANT

GLOBAL À SAISIR

Le législateur communautaire seul est à blâmer sur la question de la détermination

des accessoires car il aurait dû les déterminer. La jurisprudence qui aurait dû le suppléer ne l’a

pas fait. En effet, le juge communautaire avait eu là l’occasion de déterminer ce que l’on peut

132
Les intérêts d’un milliard sont d’une telle consistance qu’il serait intéressant de savoir si on peut les recouvrer.
133
Op. cit.
entendre par accessoire de la créance cause de la saisie. Malheureusement comme le précise

BEBOHI EBONGO Sylvie, <<la cour n’a vraiment pas pu dire ce qu’il faut entendre par

accessoires du montant global à saisir>>.134 Néanmoins, il est une certitude. Les accessoires

sont des sommes qui sont liées au principal et qui, bien que distinctes du principal, en

dépendent, ou sont générés par lui.135 Il s’agira alors de tous les frais que la saisie engendrera.

Ceci bien entendu hors mis les dépenses effectuées par le débiteur non muni de titre

exécutoire. Tel qui est généralement le cas136 lorsque le créancier procède à une saisie

conservatoire des comptes bancaire de son débiteur.

CONCLUSION CHAPITRE 1

En conclusion, l’on peut dire que les éléments qui composent la créance cause de la

saisie n’ont pas été bien déterminés par le législateur. Ce qui justifie le contentieux y relatif

qui ne cesse de se développer tant pour ce qui est de la nature des créances cause de la saisie

que pour ce qui est des éléments qui doivent entrer dans le montant global de la saisie. Le

contentieux peut également résulter des parties qui, eu égard à leur comportement, peuvent

voir leur responsabilité établie et des sanctions prises à leur encontre.

134
BEBOHI EBONGO Sylvie la saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.58.
135
Voir pour une définition dans ce sens CORNU (G) vocabulaire juridique.
136
Article 47 de l’AU sur le PSRVE.
CHAPITRE 2

LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE

COMPORTEMENT DES ACTEURS DE

LA SAISIE

La saisie des comptes bancaires, parce qu’elle porte sur des sommes d’argent, donne

généralement lieu à contentieux. Ce contentieux est tributaire du comportement des acteurs de

la saisie. Plus qu’un contentieux, ce sont des difficultés d’exécution qu’il s’agit. Le législateur
a mis à la charge des parties des obligations qui lorsqu’elles ne sont pas respectées,

compliquent la poursuite de l’exécution. Si dans le cadre de la saisie, le contentieux est lié au

premier chef au comportement du débiteur, la spécificité ici est le fait que le comportement

des autres acteurs que sont le créancier et le tiers saisi est également susceptible d’entraîner

des difficultés d’exécution. Il est donc intéressant d’examiner comment le comportement du

créancier saisissant peut donner lieu à des difficultés d’exécution (SECTION 1) et de

s’intéresser ensuite aux conséquences dommageables que pourrait avoir le comportement

fautif du tiers saisi. (SECTION 2) Nous analyserons bien entendue les éléments constitutifs de

la faute et la sanction qui lui est attachée.

SECTION 1 : LES DIFFICULTES D’EXECUTION LIEES AU

COMPORTEMENT DU CREANCIER SAISISSANT

Le comportement du créancier est susceptible d’entraîner des difficultés d’exécution.

Tel est le fait pour ce dernier d’être inactif ou négligent une fois qu’il a engagé la procédure

(PARAGRAPHE 1) ce qui est sanctionné par une perte de droit conformément à l’article 61

de l’acte uniforme sur les PSRVE (PARAGRAPHE 2)

PARAGRAPHE1 : LA DISCONTINUATION FAUTIVE DE SAISIE

Une fois que le débiteur a déclenché la procédure, il est tenu de la poursuivre jusqu’à

son terme sinon il perdrait alors les droits acquis dans le patrimoine de son débiteur. Son
inaction est appréciée différemment selon que l’on se situe dans le cadre d’une saisie

conservatoire (A) et selon que l’on se situe dans le cadre d’une saisie attribution (B).

A-L’INACTION DU CREANCIER DANS LA SAISIE CONSERVATOIRE DES

COMPTES BANCAIRES

L’inactivité du créancier peut s’apprécier dans le cadre de la saisie conservatoire des

comptes bancaires de deux points de vue :

D’une part, lorsque ce dernier une fois l’autorisation du juge obtenue, ne procède pas à

la saisie137dans les délais prescrits par l’acte uniforme. Cette attitude du créancier est

sanctionnée par l’article 60 qui dispose à cet effet que : <<l’autorisation de la juridiction

compétente est caduque si la saisie conservatoire n’a pas été pratiquée dans un délai de trois

mois à compter de la décision autorisant la saisie>>. Ce délai est institué car les créanciers

véreux pourraient en user afin d’exercer une pression psychologique sur le débiteur et le

pousser à poser des actes qui lui seraient préjudiciables.

D’autre part, lorsque ce dernier ne transforme pas sa saisie conservatoire en saisie

attribution. Dès lors que le créancier a procédé à une saisie conservatoire sur les comptes de

son débiteur, ces comptes sont bloqués et sont rendues indisponibles.138 Ce dernier est alors

tenu d’introduire une procédure de conversion en saisie attribution, ou d’accomplir les

formalités nécessaires à l’obtention d’un titre exécutoire139. Car la conversion en saisie

attribution est conditionnée à l’obtention d’un titre exécutoire et que la plupart du temps, les

créanciers qui procèdent à la saisie conservatoire n’en ont pas, ce délai est constamment

largement dépassé par les créanciers inactifs ou ignorants. Ce qui peut donner lieu à des

contestations rendant ainsi l’exécution difficile. C’est le cas bien souvent lorsque les

137
Bien entendu, il s’agit ici alors exceptionnellement du créancier non muni d’un titre exécutoire.
138
Article 154 alinéa 2 de l’AU sur les PSRVE.
139
Article 61 de l’AU sur les PSRVE <<si ce n’est dans les cas où la saisie conservatoire a été pratiquée avec un
titre exécutoire, le créancier doit, dans le mois qui suit ladite saisie, à peine de caducité, introduire une procédure
ou accomplir les formalités, nécessaire à l’obtention d’un titre exécutoire>>.
créanciers inactifs veulent procéder à la conversion de leur saisie conservatoire déjà caduque

en saisie attribution.

L’inaction est alors caractérisée ici par le fait pour le créancier de ne pas avoir été

assez diligent dans la transformation de sa saisie conservatoire en saisie attribution. Cette

solution est somme toute logique, car le créancier ne saurait bloquer les fonds de son débiteur

de manière fantaisiste. Ces fonds constituant en général l’essentiel des revenus des débiteurs

qu’ils soient des opérateurs économiques ou pas. Le manque de diligence n’est pas caractérisé

de la même manière lorsqu’il s’agit de la saisie attribution.

B- L’INACTION DU CREANCIER DANS LA SAISIE ATTRIBUTION

Une fois qu’il a procédé à la saisie des comptes bancaires de son débiteur, le créancier

doit prendre toutes les mesures pour se faire payer par le tiers saisi. Ainsi en cas de non-

paiement résultant du manque d’initiative de la part du créancier, tel peut être par exemple le

cas d’une banque qui se reconnaît détentrice de fonds pour le compte du débiteur et qui un an

plus tard tombe en faillite. Dans notre exemple le tiers saisi a bel et bien reconnu détenir des

fonds pour le compte du débiteur et les a déjà fait sortir du patrimoine de ce dernier et a

bloqué les fonds. Le créancier qui n’a pas été prompt à se faire payer doit être sanctionné. Il

est donc anormal de lui faire bénéficier de l’avantage d’avoir deux débiteurs d’une part son

débiteur sur qui pèse la créance cause de la saisie et le tiers saisie qui est le détenteur de la

créance objet de la saisie. En effet l’article154 alinéa 4 précise que l’acte de saisie rend le tiers

personnellement débiteur des causes de la saisie dans la limite de son obligation, ce qui fait

qu’en procédant à la saisie il y a eu libération à concurrence des fonds saisie libération du

débiteur. Le tiers saisi en payant se libère par rapport au débiteur et libère le débiteur par

rapport à son créancier. Cette attitude du créancier fait l’objet en jurisprudence d’une sanction

stricte.

PARAGRAPHE 2 : SANCTION DE L’INACTION DU CREANCIER


Conscient du fait que pareille attitude de la part d’un créancier est susceptible de nuire

à la santé financière du débiteur, le législateur a prévu une sanction : la perte de ses droits à

l’égard du débiteur à hauteur de la créance entre les mains du tiers saisi (A); il est également

intéressant de préciser que dans le cadre de la non-utilisation de l’autorisation du juge dans les

délais prescrits par l’AU sur les PSRVE, celle-ci devient caduque. Mais à l’analyse de la

jurisprudence, cette solution mérite d’être appliquée au cas par cas (B)

A – LA PERTE DE SES DROITS A L’EGARD DU DEBITEUR A HAUTEUR DE LA

CREANCE ENTRE LES MAINS DU TIERS SAISI

Dans l’hypothèse où le créancier saisissant n’a pas été payé par le tiers saisi, et

où la saisie ne produit pas son plein effet, il conserve ses droits contre le débiteur. Si ce

défaut n’est pas imputable à sa négligence. Si tel est le cas, <<il perd ses droits à concurrence

des sommes dues par le tiers saisi>> ; c’est à dire qu‘il ne pourra poursuivre le débiteur que

140
pour ce qui reste de sa créance. Un arrêt de la deuxième chambre de la cour de cassation

du 21 octobre 2004 l’illustre bien141. En l’espèce, une banque avait saisi attribué les loyers

dus à une société immobilière. Cette banque n’obtint pas paiement au bout de plusieurs mois

et saisit le juge. La société immobilière arguât alors que si la banque n’avait pas eu gain de

cause, c’est parce que celle –ci avait été négligente. La cour de cassation française, cassant la

décision d’appel qui avait mal qualifié la négligence donnant lieu à l’absence de paiement,

décidait à cet effet que << d’avril à novembre 2000, (le créancier n’avait avisé la SCI

débitrice ni des paiements effectués au fur et à mesure des échéances, ni des défauts de

paiement et qu’il n’avait entrepris aucune initiative pour mettre en œuvre une action contre

les tiers saisis(…) que la négligence du créancier saisissant était caractérisée >>.142 Il

140
COUCHEZ (G). , voies d’exécution, A. Collin, 7 Edt, 2003, n°271, p.138.
141
Cass.2 civ.21 octobre 2004, RTD civ. 20005, p.189, obs. Perrot R.
142
CASS 2. civ. Décision précitée.
convient donc de relever143que cette conception de la négligence du créancier est beaucoup

plus exigeante que celle des juges du fond, dans la mesure où ce qui est attendu du créancier

ce n’est pas d’avoir laissé échapper le paiement à une époque où le tiers saisi était encore

solvable, c’est, et même avant le défaut de paiement du tiers saisi soit avéré, de prendre toutes

les <<initiatives >> pour l’éviter, ce qui va du simple rappel à la mise en demeure et si

nécessaire à l’<<action>> que lui reconnaît l’article 64 du décret de 1992144 ; ce qui à notre

avis est équilibré car avant de chercher à faire renaître la créance qui était censée éteinte, le

créancier doit avoir déjà épuisé toutes les voies et moyens qui lui auraient permis de se faire

payer145. Certainement que cette solution sera adoptée par le juge communautaire.

Il convient tout de même de préciser que si telle solution est adoptée, elle ne doit pas être

systématisée car en pratique la donne est différente.

B -UNE SOLUTION A APPLIQUER AU CAS PAR CAS

La solution gagne peut être à être appliquée; mais doit-on sacrifier sur l’autel de l’efficacité

des procédures et la célérité dans les affaires, les intérêts d’un créancier face à un débiteur

qui pourrait user de tous les avantages que la loi lui reconnaît pour empêcher à son

créancier inexpérimenté de parvenir à ses fins ? Il serait alors très préjudiciable au

créancier qui est bloqué par les lenteurs judiciaires de se retrouver dans une pareille

situation, d’autant plus que dans l’espèce précitée, l’on avait déjà remarqué que la décision

était d’une rigueur exagérée. On pourrait penser que l’inactivité ne devrait pas s’entendre

du fait pour le créancier de n’avoir pas multiplié les requêtes en paiement chez le tiers saisi

car tel n’est pas à notre avis le but de la procédure. Nous pensons donc que l’on devrait

ramener cette obligation de diligence à la charge du créancier, au fait pour ce dernier de

143
Voir dans ce sens le Lamy droit de l’exécution forcée saisie attribution droit commun étude 405 -180 Lamy
SA –Novembre 2005 vol.1.
144
Cet article correspond en droit uniforme à l’article 168 de l’AU sur les PSRVE.
145
PERROT (R), procedures, 2005, n°37, p.12.
n’avoir pas réagi promptement dès lors que les fonds étaient bloqués afin de se faire payer

ou alors que ce dernier n’ait pas procédé aux formalités de conversion de la saisie

conservatoire en saisie attribution une fois qu’il a entamé la procédure d’obtention du titre

exécutoire.

L’on peut dire que le créancier à chaque fois qu’il aura engagé une procédure de saisie

des comptes de son débiteur devrait de se montrer très expéditif dans la mise en œuvre des

droits qu’il tire de la procédure; sinon cela pourrait les faire disparaître. Le comportement du

débiteur n’est pas le seul à influencer la procédure de saisie des comptes. Il y a aussi et surtout

le comportement du tiers saisi qui au delà des difficultés d’exécution que posent celui du

débiteur aboutit en général à un contentieux.

SECTION 2 : LE CONTENTIEUX LIE AU COMPORTEMENT

FAUTIF DU TIERS SAISI

Le législateur communautaire met à la charge du tiers saisi plusieurs obligations. Si pour

certains d’entre eux ces obligations sont simplifiées, 146elles sont des plus contraignantes pour

le banquier tiers saisi. Ainsi aux termes de l’acte uniforme, le tiers saisi ne saurait faire

obstacle à la procédure de saisit 147 mais en plus, le tiers saisi est tenu d’apporter son concours

lorsqu’il est requis et on le sait dans le cadre de la saisie des comptes bancaires le législateur

lui impose deux principales obligations une de déclaration et une autre de communication.

Leur non-respect constitue des attitudes fautives du tiers saisi (PARAGRAPHE 1) auxquelles

le législateur a associé des sanctions très précises (PARAGRAPHE 2)

PARAGRAPHE 1 : LES ATTITUDES FAUTIVES DU TIERS SAISI


146
Voir dans ce sens LANDZE (R, D) op.cit.
147
Article 38 de l’AU sur les PSRVE <<les tiers ne peuvent faire obstacle aux procédures en vue de l’exécution
ou de la conservation des créances... >>.
Le tiers saisi peut voir son comportement qualifié de fautif dans deux hypothèses. Il

pèse sur lui des obligations positives ou négatives : tel est le cas de manière générale lorsque

ce dernier fait obstacle à la poursuite de l’exécution (A) et de manière spécifique à la saisie

des comptes bancaires le non-respect des obligations que lui impose le législateur (B)

A- LA RUPTURE DE SON OBLIGATION D’ABSTENTION

Le tiers apparaît de manière classique comme un troisième personnage dans la saisie

des comptes bancaires. L’acte uniforme en son article 38 pose clairement que ce dernier ne

saurait faire obstacle à la saisie, qu’elle soit conservatoire ou attributive. Cet article 38 de

l’AU prévoit que le tiers saisi est tenu d’une obligation d’abstention148. Constitue donc une

attitude fautive le fait pour le débiteur de s’opposer à ce que la saisie se poursuive

paisiblement ou suive son court normal. Ainsi, pourront être considérés comme des actes

d’obstruction le fait pour le tiers saisi de ne pas laisser accès à ses locaux aux huissiers de

justice ou à tout autre agent d’exécution ou encore le fait pour le tiers saisi de ne pas se

montrer coopérant.

De même, le fait pour le débiteur de manipuler le solde du compte saisi constitue

également un frein à l’exécution ; car en le faisant, le tiers saisi est susceptible de freiner la

poursuite de la procédure.149 Tel était le cas dans l’espèce de la CCJA en date du 10 janvier

2002, Banque of Africa Côte d’Ivoire dite BOA contre la Banque de l’Habitat cote d’ivoire

dite BCHI où lors de la signification du procès verbal de la saisie- attribution, avait déclaré

détenir pour le compte de la société GEOBETON un compte courant débiteur de 302085 CFA

et un compte à terme créditeur de 20.000.000 de francs. Mais au moment du paiement la BOA

n’avait finalement versé à la BHCI que 2.697.915 francs déclarant que ces sommes

constituaient le solde du compte de la société GEOBETON << après avoir passé les

148
ASSI ESSO (A-M) et NDIAW (D) op. cit. P.49.
149
Voir article de LANDZE (R, D) op.cit. P.2.
écritures des opérations en cours au jour de la saisie>>. Ce qui n’est pas faux, mais alors

comment savoir s’il n’y a pas eu manipulation des fonds par le tiers saisi.

Constitue également des obstructions le fait pour le débiteur d’exercer un contrôle sur

les documents qui lui sont remis par le créancier saisissant. En effet, le législateur ne dit pas

si le tiers a un pouvoir de contrôle poussé sur les documents ou alors si ce dernier n’a qu’à se

conformer à une régularité formelle.150 .

A coté de cette obligation, le législateur l’astreint au respect d’obligations diverses.

B- LE NON-RESPECT DES OBLIGATIONS POSEES PAR L’ARTICLE 156

DE L’AU

Si le droit antérieur imposait au débiteur des obligations plus nombreuses 151, le

législateur communautaire lui a simplifié la tâche et ramène ces obligations au nombre de

deux : l’une concerne l’obligation de renseignement du tiers saisi et l’autre la conservation

des fonds saisis dont il est comptable152.

Le tiers saisi est donc tenu d’indiquer à l’huissier instrumentaire le solde des comptes

du débiteur qu’il détient pour le compte du débiteur. Il est par ailleurs tenu de lui faire cette

déclaration sur place et lui communiquer des pièces justificatives. Mais également constitue

le non-respectt de ses obligations le fait pour le tiers saisi de se libérer des fonds alors que

ceux –ci font déjà l’objet de saisie. Ces abstentions de la part du tiers saisi constituent à n’en

point douter des causes de sanctions telles qu’elles sont prévues par le législateur

communautaire.

150
Ceci se comprendrait d’ailleurs car sur ces derniers pèsent des obligations contractuelles concernant ces
sommes qui lui sont remisent par le débiteur et il serait malheureux de devoir payer alors que cela aurait ou être
évité s’il avait été un tout peu plus diligent.
151
Dans la saisie arrêt, le tiers saisi était tenu d’une obligation de renseignement à deux stades : lors de la
signification de l’exploit de saisie arrêt et lors de l’assignation en déclaration affirmative. Droit et pratique des
voies d’exécution sous la direction de GUINCHARD (S) et MOUSSA (T) Dalloz 2004 p.639 n°821.40.
152
Sur la question voir chapitre 1.
PARAGRAPHE 2 : LES CONSEQUENCES ATTACHEES A LA FAUTE DU TIERS

SAISI

La sanction du tiers saisi dépendra, selon qu’il s’agit d’une condamnation aux

causes de la saisi ou alors que la juridiction le condamne à payer des dommages intérêts aux

créanciers à qui il aura certainement causé des dommages. (A) Mais à la lecture des textes qui

gouvernent la procédure, on se rend bien compte que ces solutions sont inopérantes envers

certains tiers saisis. (B)

A- LA SANCTION DU COMPORTEMENT FAUTIF DU TIERS SAISI

Ces sanctions visent à contraindre le tiers saisi à s’exécuter. Elles sont pour la plupart

prévues par le législateur communautaire. D’autres résultent tout simplement de la pratique

judiciaire.153 Il s’agit de la condamnation aux causes de la saisie (1) qui s’accompagne du

prononcé d’astreinte (2) afin de pousser le tiers saisi à s’exécuter.

1- LA CONDAMNATION AU PAIEMENT DES CAUSES DE LA SAISIE ET AUX

DOMMAGES ET INTERETS

L’acte uniforme pose en son article 156 le principe des sanctions. Il dispose à cet

effet que <<… toute déclaration inexacte, incomplète ou tardive expose le tiers saisi à être

condamné au paiement des causes de la saisie, sans préjudice d’une condamnation au

paiement de dommages intérêts. Ce texte ne pose cependant aucune sanction en cas de non-

communication des pièces, alors que cette obligation vient compléter et crédibiliser les

informations données par le tiers saisi.

Généralement c’est le non-respect de son obligation de déclaration qui est

sanctionné chez le tiers saisi. C’est la sanction qui intervient en cas de mauvaise foi du tiers

saisi dans l’exécution de son obligation d’information. Par exemple, une déclaration

153
BEBOHI (E, S) La saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.60 mémoire précité.
mensongère ou inexacte.154 Ceci nous amène à nous interroger sur la portée de cette

condamnation que les juridictions ne manquent pas d’appliquer155. En droit français la

condamnation porte sur toute la créance cause de la saisie. Ainsi la condamnation entraîne

paiement par le tiers saisi, << à la demande du créancier des sommes dues à ce dernier>> 156

et non pas seulement des <<causes de la saisie dans la limite des sommes dont le tiers saisi

est redevable envers le débiteur>>157. Nous pensons et telle est la position adoptée par les

juridictions communautaire158 que cette solution française est très sévère et qu’il faudrait que

l’on limite la sanction à hauteur de la créance entre les mains du tiers saisi 159. Ainsi dans une

espèce, la Standard Chartered Bank avait refusé de faire des déclarations et communication

des pièces justificatives requises conformément à l’article 156 alinéa 1 de l’acte uniforme sur

les voies d’exécution. La cour d’appel condamna celle-ci solidairement avec le débiteur au

paiement des causes de la saisie. Ceci est à saluer car le juge répond ici à un besoin exprimé

par les justiciables face à la mauvaise foi des tiers saisis qui se croyaient à l’abri des foudres

de la justice.

Une question demeure celle de savoir quelle sanction appliquer en cas de refus

de communiquer les pièces comme cela est prévu à l’article 156 alinéa 2.Il ne ressort nul part

de l’AU qu’une sanction peut être prise à l’encontre du tiers saisi en cas de manquement à

cette obligation. Dès lors on peut penser que le législateur a entendu laisser la liberté au tiers

de fournir ou non les documents qui pourraient éventuellement être demandé par le créancier

154
Une circulaire du ministère de la justice au Cameroun précisait que lorsqu’il est prouvé que le tiers saisi a fait
une déclaration mensongère (par exemple pour dire qu’il ne détient aucune somme appartenant au débiteur saisi
alors que c’est tout le contraire), il doit être condamné au paiement des causes der la saisie, sans autre forme de
procès.
155
CCJA 19 juin 2003 Affaire SOCOM c/Société Générale des Banques au Cameroun et BEAC décision trouvée
sur le site www.juriscope.org .
156
TGI de Cherbourg, Jex, 8 déc. 1993, D.1994, 291, note R. Martin ; cit. .1994, P.687, obs. Perrot ;
Rev.huissiers1994, 1425.
157
TGI Lyon, Jex, 7 déc.1993, JCP E 1994, PAN .673.
158
TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun
en liquidation contre Standard Chartered Bank.
159
CCJA arrêt n° 1 du 08 janvier 2004, Affaire SGBC c/ Hollywood Hôtel.
saisissant. Les juridictions nationales font application de la même sanction qu’en cas de non-

déclaration ou de déclaration inexacte160 . En droit français la non-communication ne peut

donner lieu qu’au paiement de dommages et intérêts. Ainsi, la cour de cassation française a

censuré une décision d’une cour d’appel qui a jugé que le défaut de fourniture des pièces

justificatives, sans motifs légitimes, entraîne condamnation du tiers saisi au paiement des

sommes dues au créancier.161 Mais que le manquement à l’obligation de fournir les pièces

justificatives ne peut donner lieu qu’au paiement, s’il y a lieu, de dommages –intérêts.162

Nous pensons que telle devrait également être la solution à retenir par les juges

communautaires. En cas de réticence de la part du tiers saisi, le juge peut assortir sa décision

d’astreinte.

2- LE PRONONCE DE L’ASTREINTE

L’astreinte est un procédé destiné à obtenir l’exécution d’une décision de justice.

C’est une mesure de contrainte utilisée de manière fréquente par les juges afin de contraindre

le tiers saisi à s’exécute. Elle consiste pour le juge, à condamner une personne à une somme

d’argent à raison de tant par jour (ou semaine ou mois) de retard163 .

Selon BEBOHI EBONGO Sylvie, ont constate que les astreintes <<sont prononcées en

l’absence de toute résistance et elles accompagnent de plus en plus les ordonnances de saisie

attribution pour briser les velléités d’inexécution surtout envers les banques >>.164 On peut

citer à titre d’illustration l’espèce Société des Hospices du Cameroun contre Standard

Chartered Bank où le juge face à la réticence de la banque à s’exécuter a accompagné sa


160
TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun
en liquidation contre Standard Chartered Bank précité où la banque avait refusé de faire des déclarations et
communications des pièces justificatives requises conformément à l’article 156 alinéa 1 de l’AU sur les PSRVE.
161
C.A. Montpellier, 10 janv.2000, RD Bancaire et financier 2000, p.179, obs. DELLICI (J, M).
162
Cass. 2 civ. ,20 déc. 2001, Bull. civ. II, n°205 ; RD Bancaire et Financier 2002, n°67, obs. DELLICI (J, M) ;
JCP G 2002, IV, 1214.
163
GUILIN (R) et Vincent (J) Lexique des termes juridiques 13 Edt. 2001 p.53.
164
BEBOHI (E, S) La saisie attribution dans la jurisprudence de l’espace OHADA p.65 mémoire précité
décision d’une astreinte <<200.000 F par jour de retard à compter de sa signification>> 165 .

Tel était également le cas dans l’espèce SGBC c/Hollywood Hôtel où les juges

communautaires ont déclaré inutile le prononcé d’une astreinte alors que le tiers avait déjà

accepté de se libérer des fonds.

On constate de plus en plus que les astreintes sont prononcées de manière exagérée

au point où leur montant en cas d’inexécution peuvent concurrencer voir dépasser le montant

pour lequel la saisie est pratiquée. Tel était déjà le cas dans l’espèce Sech Hollywood Hôtel

contre la succession Paul SOPPO PRISO où l’astreinte avait été prononcée à un des taux les

plus élevés dans la jurisprudence (614.000.000 F CFA), tout cela pour sanctionner le refus de

restituer un chèque de cinq millions de francs. D’avis avec Me IPANDA, nous pensons qu’il

serait intéressant et souhaitable que le législateur freine << la hardiesse des décisions prises

par nos tribunaux et cours en matière d’astreinte pour que ce domaine très sensible ne

dépende plus de la longueur des pieds des magistrats selon la juste expression du professeur

Malaurie>>.166

Même si ces solutions sont très efficaces, elles sont inopérantes face à certain tiers saisi.

B –UNE SOLUTION INOPERANTE ENVERS LA BANQUE CENTRALE

Ces solutions sont inopérantes lorsque l’on se trouve en face d’une banque centrale

notamment lorsque celle-ci fait l’objet de condamnation aux causes de la saisie. L’AU lui-

même précise en son article 30 que << l’exécution forcée et les mesures conservatoires ne

sont pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité d ‘exécution>>. Tel est le

cas des banques centrales. Non seulement il est impossible de procéder à une saisie

conservatoire sur des comptes qu’elles détiennent pour le compte des débiteurs mais

165
TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des Hospices du Cameroun
en liquidation contre Standard Chartered Bank précité.
166
Me IPANDA, obs. sur les arrêts de la C.A. du littoral ,arrêt n° 118 /Ref du 27 sept 1999 Célestin BALENG
Maah contre Hollywood Hôtel ;n° 16/Ref du 25 oct.1999 Célestin BALENG Maah contre Hollywood Hôtel ;
citées par BEBOHI EBONGO op. cit.
également on ne peut la condamner aux causes de la saisie car elle jouit de l’immunité

d’exécution.

Les banques de second ordre sont tenues d’ouvrir des comptes à la banque centrale. Ce qui

fait que celle-ci se retrouve constamment dans la qualité de tiers saisi. Lorsqu’elles sont tiers

saisis notamment lorsque l’on procède directement à une saisie sur les comptes de ces

banques auprès de celles-ci, les banques centrales ne respectent pas toujours les règles

prescrites par le législateur communautaire et font très souvent l’objet de condamnation aux

causes de la saisie. Seulement, les banques centrales ne sauraient en vertu de la législation

167
communautaire elle-même faire l’objet de condamnation ou de saisie de toute forme. Elle

prévoit en son article 30 alinéa 2 que l’exécution forcée et les mesures conservatoires ne sont

pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité d’exécution. L’immunité

d’exécution est une faveur exceptionnelle de la loi en vertu de laquelle certains débiteurs ne

peuvent faire l’objet d’une exécution forcée. Il convient de préciser qu’elle se distingue de

l’insaisissabilité qui est le caractère de ce qui ne peut faire l’objet de saisie. L’immunité

empêche le déclenchement de toute procédure d’exécution forcée à l’encontre du débiteur,

alors que l’insaisissabilité, empêche seulement le créancier d’aller jusqu’au bout de son

entreprise.168 Si l’immunité est une mesure particulière aux saisies en général, elle prend un

rôle particulier dans le cadre de la saisie des comptes d’argent notamment lorsque s ‘agit

d’une banque centrale que l’on condamne aux causes de la saisie. En vertu de son statut par

exemple la BEAC ne saurait pour ainsi dire être condamnée au paiement des causes de la

saisie efficacement car s’il est possible de saisir les avoirs des banques de second ordre

lorsqu’elles sont réticentes à s’exécuter tel ne sera pas le cas des banques centrales qui

excipent souvent leur immunité de juridiction. Cette condamnation lorsqu’elle intervient

n’aboutira certainement pas au paiement à moins que la banque elle-même y consente. Celle-
167
Article 30 précitée.
168
SOH (M), insaisissabilité et immunités d’exécution dans la législation OHADA ou le passe droit de ne pas
payer ses dettes, Juridis périodique n°5, juillet – août- septembre 2002, p.89 et s.
ci excipera ses accords de siège afin de ne pas souffrir de devoir exécuter de sanction. Nous

pensons donc qu’il serait intéressant que le législateur intervienne afin de remettre de l’ordre

dans ce domaine où on le sait des sommes énormes sont en jeu.

Nous pouvons dire que si en vue de préserver le secteur bancaire, les banques

centrales sont amenées à protéger les banques envers lesquelles des voies d’exécution sont

dirigées, celle ci ne saurait engager sa responsabilité même si elle bénéficie d’une immunité

d’exécution ; sinon elle conforterait les banques secondaires dans l’idée selon laquelle les

avoirs qu’elles déposent à la banque centrale bénéficient également des immunités or tel n’est

pas le cas. Cette immunité ne préservant que les biens et avoirs de la banque elle-même.

CONCLUSION CHAPITRE 2

Au terme de ce chapitre nous nous sommes rendu compte que lors de la saisie le

comportement des acteurs à la procédure peut donner lieu à sanction selon qu’il exécute

conformément à la législation les obligations à leur charge ou pas. Seulement nous pensons

qu’il serait intéressant que le législateur interviennent à nouveau pour ce qui est de l’astreinte

qui nous l’avons fait remarquer, est mal utilisée par la jurisprudence.
CONCLUSION GENERALE

Au terme de notre étude sur la saisie des sommes d’argent entre les mains des

banques, il apparaît que cette saisie est spécifique à plus d’un titre. Cette spécificité se ressent

tant au niveau de la mise en œuvre que du contentieux.

Au niveau de la mise en œuvre, l’on a perçu des particularités de deux ordres qui

tranchent avec les autres types de saisies. La première particularité est l’éventail de

responsabilités qui sont mises à la charge du tiers saisi alors que par définition, il est étranger

à la procédure. A l‘analyse, les obligations qui sont mises à la charge du banquier le pousse à

rompre l’obligation de réserve qui entoure la profession qu’il exerce. Ce qui fait dire à

certains que le législateur communautaire a institué là une véritable délation officielle en

matière de saisie bancaire. Il serait d’ailleurs à notre avis judicieux de la part du législateur de

recadrer cette obligation qui ne manque pas de donner lieu à des dérives auxquelles le

législateur ne s’attendait pas.

La deuxième particularité est celle qui porte sur les biens qui sont visés par la

procédure de saisie. Ceux ci sont des biens meubles mais ils sont incorporels et sont

matérialisés par un simple jeu d’écriture chez le banquier. Cet état de chose est de nature à en

rendre la saisie difficile et l’impossibilité de les percevoir entraîne des risques de

manipulation frauduleuse. Problème auquel l’acte uniforme n’a pas manqué d’apporter des

solutions. Ainsi, le législateur, vu le rôle accru que jouent les comptes en banque dans la vie

des personnes qui en ont, a –t-il pris le soin de déterminer quels biens peuvent faire l’objet de

saisie. Seulement il faudrait que ce dernier suppléé par la haute juridiction communautaire

apporte des précisions sur la saisissabilité de certains biens tel les ouvertures de crédits.
L’autre volet spécifique à cette forme de saisie se retrouve au niveau du contentieux

né à l’occasion de la saisie des sommes d’argent entre les mains des banques. Ces

particularités sont liées soit aux biens soit au comportement des acteurs à la procédure.

Pour ce qui est des biens, le contentieux est lié à l’origine des fonds saisis, porte sur

les fonds saisis eux-mêmes. Pour ce qui est de l’origine des fonds saisis, l’on peut relever que

les comptes reçoivent plusieurs types de biens ayant une importance particulière dans la vie

du débiteur tel son salaire. Cet état de chose a donné naissance en jurisprudence

communautaire à un type nouveau de compte, les comptes dits de virements de salaires qui

ne sauraient à leur avis faire l’objet de saisie. A notre avis tel ne doit pas être la solution, car

ce serait restreindre le domaine de la saisie des comptes bancaires.

Pour ce qui est du comportement des acteurs à la procédure, nous avons vu que leur

comportement peut également donner lieu à contentieux selon qu’ils respectent ou non les

obligations mises à leur charge par le législateur communautaire. Le non-respect de ces

obligations donne lieu en jurisprudence à une application stricte des sanctions légales voire à

un usage abusif au niveau du prononcé des astreintes en jurisprudence.

L’on se rend bien compte des avancées dans l’organisation de la procédure de

saisie des comptes d’argent entre les mains des banques. Mais comme toute œuvre humaine,

nous pensons qu’il y a encore des choses sur lesquelles le législateur devrait revenir et y

apporter des précisions afin de rendre à la saisie des comptes d’argent entre les mains des

banques l’efficacité recherchée. En pratique, celle ci demeure complexe d’où le contentieux

parasite qui se développe autour de cette procédure.


ANNEXES

----- Ordonnance de référé n°29 du 25 janvier 2002 ,TPI de Bafoussam, Affaire CAMTEL c/

FOKAM KAMGA Frank, BICEC, NDJIONDJIOP Christine, KAPPI Charlotte.

-----Ordonnance de référé n°57 du 5 avril 2002, TPI de Bafoussam. Société Générale de

Banque au Cameroun c/ banque des Etats de l’Afrique Centrale et succession YEMTSA

Moussa.

-----CCJA, Arrêt n°004 : 2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Côte d’Ivoire dite BOA c/

Banque de l’Habitat de Cote d’Ivoire dite BHCI.


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MARSAL (H, F) Le rôle du banquier tiers saisi face à la saisie attribution petites affiches

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PUTMAN(E) Retour sur le droit de ne pas payer ses dettes RRJ 1994

SIMLER (P) De quelques lacunes du dispositif législatif relativement à la saisissabilité

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V - CODES

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BOURDIN.

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RGDP 1998, 524, obs. PUTMAN (E).
C.A. de Lyon, 20 janvier 1999, SA ERNOVAL c/ Lyonnaise des banques, registre n°
97/03162, inédit citée par S. GUINCHARD et T. MOUSSA, droit et pratique des voies
d’exécution, Dalloz 2004-2005, p.640.

Ordonnance de référé n°218 du 16 décembre 1999 affaire Dame TAGNY née KAMDEM
FOTSO Alice c/NGNINTEDEM Bavoua Joseph – BICEC ;

ordonnance de référé n°489 /c du 23 mars 2000 Affaire NJIKE Gilbert c/ NJIKE Betoni
Sylvie et BICEC,

Ordonnance de référé n° 403/C du 02 mars 2000 Affaire NEMBA Gabriel c/ BAYEMI marie
madeleine.

TPI de Douala, ordonnance de référé n° 225 du 29 décembre 2000 affaire société des
Hospices du Cameroun en liquidation contre Standard Chartered Bank.

CCJA arrêt n°007/2002 du 21 mars 2002 affaire Compagnie Camerounaise d’Assurance et de


Réassurances dite CCAR C / Ayants droits WOROKOTANG MBATANG et Autres, op.cit.

CCJA, arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002.Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de


l’habitat Cote d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.

CCJA, Arrêt n°004/2002 du 10 janvier 2002. Banque of Africa Cote d’Ivoire c/ Banque de
l’habitat Côte d’Ivoire in juridis périodique n°54 Avril-Mai-Juin 2003 p.115.

C.A. Abidjan arrêt n°248 du 7 mars 2003 Epoux KOMENAN C/ BICICI, décision trouvée sur
www.ohada.com..

CCJA 19 juin 2003 Affaire SOCOM c/Société Générale des Banques au Cameroun et BEAC
décision trouvée sur le site www.juriscope.org .

CCJA, Arrêt n° 27/2004 du 15 juillet 2004, affaire Mobil Oil C/Les Centaures Routiers,
Compagnie Ivoirienne d’Electricité dite CIE&SCB décision trouvé sur www.juriscope.org.

CCJA arrêt n° 1 du 08 janvier 2004, Affaire SGBC c/ Hollywood Hôtel..

AVIS DE LA CCJA :
Avis n° 001/2001/EP du 30 avril 2001, RJCCA n° spécial, janvier 2003, p.74.
INDEX ALPHABETIQUE

A
Accessoires: 60, 62, 65 60, 62, 65

Attribution : 45, 46, 47, 53, 82

Astreinte : 77

Avis à tiers détenteur : 48, 49, 51

B
Banque centrale : 78

Blocage :21

C
Concours de saisie : 45, 48, 49

Compte courant : 31, 32

Compte à terme : 33

Compte joint : 12

Compte de garantie :34

Créances: 37, 38

Condamnation (aux causes de la saisie) : 75, 76, 78

Contre passation : 43

E
Execution provisoire: 61, 62

I
Indivisibilité : 31

Insaisissable : 57, 58, 59

Indisponibilité :40, 54

Intérêts : 60, 62

Imputation :43, 44
L
Liquidation : 40, 41

P
Paiement : 22, 23, 25, 26, 46

Provisoire ( solde) : 57, 58, 59

R
Reforme (des voies d’exécutions) : p.2, 3, 9

S
Saisie :
-Conservatoire : 2, 49, 53

-attribution : 2, 53, 82

Saisissabilité :31 ,33, 34, 56

Solde :35, 36, 42, 43

Signification:54

T
Titre (exécutoire) : 5
TABLE DES MATIERES

DEDICACES…………………………………………………………………………...II

REMERCIEMENTS…………………………………………………………………...III

SOMMAIRE…………………………………………………………………………...IV

RESUME…………………………………………………………………………….….V

ABSTRACT …………………………………………………………………………....VI

INTRODUCTION GENERALE…………………………………………………………1

TITRE I : Les règles spécifiques à la mise en œuvre de la saisie des avoirs bancaires …9

CHAPITRE 1 : Les particularités liées à la nature triangulaire de l’opération…………10

SECTION 1 : Le devoir de coopération du banquier tiers saisi…………………………11

PARAGRAPHE 1 : L’institution d’une obligation déclaration rompant le secret bancaire11

A-la déclaration des comptes tenus pour le compte du débiteur…………………….. ….12

B-la déclaration des modalités affectant le solde des comptes du débiteur……………….15

PARAGRAPHE 2 : L’institution d’une obligation de communication des pièces

justificatives……………………………………………………………………………….17

SECTION 2 : Le devoir de règlement du banquier après la saisie………………………. 20

PARAGRAPHE 1 : L’obligation de conservation des fonds rendus indisponibles…………20

A- L’obligation de bloquer les fonds saisis…………………………………………………21

B- Le tiers saisi est comptable des fonds saisis………………………………………… …21

PARAGRAPHE 2 : L’obligation de paiement du banquier en cas de saisie des comptes

bancaires………………………………………………………………………………. …..22

A- L es hypothèses donnant lieu à paiement……………………………………………. …23

1- Le paiement immédiat en l’absence de contestation…………………………………….23


2- Le paiement différé en cas de contestation………………………………………………24

C- La libération des fonds saisis……………………………………………………25

Conclusion chapitre1………………………………………………………………..28

CHAPITRE 2 : Les spécificités liées à la nature des biens saisis…………………………...29

SECTION1 : Les comptes et éléments susceptibles d’être saisi……………………….……30

PARAGRAPHE1 : Les comptes visés par la loi……………………………………….…….30

A- La saisissabilité du compte courant……………………………………………………….31

B- La saisissabilité des comptes à terme……………………………………………………..33

C-les particularités du compte de garantie…………………………………………………...34

PARAGRAPHE2 : Les éléments saisissables………………………………………….…….35

A- Tout le solde du compte est saisissable……………………………………………….…..36

B- Les éléments saisissables du compte……………………………………………………...36

1- Le sort des sommes provenant des créances insaisissables……………………………….37

2-L’insaisissabilité partielle des gains et salaires d’un époux commun en biens…………….38

SECTION 2 : Le régime juridique des biens saisis…………………………………………39

PARAGRAPHE 1 : L’indisponibilité des avoirs saisis………………………………..….…40

A- L’institution d’une indisponibilité totale…………………………………………….……40

B- Le dénouement des opérations en cour…………………………………………………...41

1-les opérations en cours………………………………………………………………….….42

a- Les opérations créditrices…………………………………………………………………42

b-Les opérations débitrices……………………………………………………………….….43

2-L’imputation des résultats de la liquidation sur le compte saisi……………………………43

PARAGRAPHE 2 :L’attribution immédiate des fonds saisis………………………………..45

A- Le sens de la notion <<d’attribution immédiate>>…………………………………….45

1-L’attribution immédiate une fiction juridique…………………………………………….46


2- La créance attribuée : une propriété conditionnelle pour le créancier……………………46

B- L’inefficacité du concours en cas de pluralité de saisies…………………………………48

1-En cas de concours de saisie entre particuliers………………………………………….48

2- En cas de concours entre un avis à tiers détenteur et une saisie des comptes bancaires49

Conclusion chapitre2…………………………………………………………………….51

CONCLUSION TITRE…………………………………………………………
………52
TITRE II : Le contentieux spécifique à la saisie des sommes d’argent entre les mains des

banques …………………………………………………………………………………..54

CHAPITRE 1 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR LES SOMMES SAISIS…….54

SECTION 1 : Les contestations portant sur l’origine des fonds saisis…………………...55

PARAGRAPHE 1 : Les fonds provenant des salaires ……………………………………55

A- Le rejet en jurisprudence de la saisissabilité des comptes dits de <<virements de salaires

>>………………………………………………………………………………………………56

B- L’insaisissabilité des comptes dits de <<virement de salaires >> une solution sans

fondement…………………………………………………………………………………….…57

PARAGRAPHE 2 : Les fonds saisis provenant d’autres créances insaisissables ………….58

SECTION 2 : LES CONTESTATIONS PORTANT SUR UNE PARTIE DE L’ASSIETTE DE

LA SAISIE………………………………………………………………………………60

PARAGRAPHE 1 : La contestation portant sur une partie de la créance…………………...60

A – La prise d’effet immédiat de la saisie pour la fraction non contestée de la créance….…61

B- La possible exécution provisoire pour la tranche contestée………………………………61

PARAGRAPHE 2 : Contestation portant sur les intérêts et accessoires de la créance cause de

la saisie……………………………………………………………………………………….62

A – La controverse autour de la détermination des accessoires de la créance cause de la

saisie………………………………………………………………………………………….63
B – La nécessaire détermination des accessoires du montant global…………………………65

Conclusion chapitre1……………………………………………………………
………….66
CHAPITRE 2 : LE CONTENTIEUX PORTANT SUR LE COMPORTEMENT DES

ACTEURS DE LA SAISIE…………………………………………………………………67

SECTION 1 : LES DIFFICULTÉS D’EXECUTION LIEES AU COMPORTEMENT DU

CREANCIER SAISISSANT……………………………………….………………………68

PARAGRAPHE 1 : La discontinuation fautive de la saisie………………………………..68

A- L’inaction du créancier dans la saisie conservatoire des comptes bancaires……………68

B- L’inaction du créancier dans la saisie attribution……………………………………….69

PARAGRAPHE 2 : Sanction de l’inaction du créancier………………………………….70

A- La perte de ses droits à l’égard du débiteur à hauteur de la créance entre les mains du

Tiers saisi……………………………………………………………………………………70

B- Une solution à appliquer au cas par cas………………………………………………….71

SECTION 2 : LE COMPORTEMENT FAUTIF DU TIERS SAISI……………………….72

PARAGRAPHE 1 Les attitudes fautives du tiers saisi ……………………………………..73

A- La rupture de son obligation d’abstention………………………………………..……...73

B-L e non-respect des obligations posées par l’article 156 de l’AU………………………….74

PARAGRAPHE 2 : Les conséquences attachées à la faute du tiers saisi ………………….75

A- La sanction du comportement fautif du tiers saisi…………………………………………75

1- La condamnation aux causes de la saisie et aux dommages intérêts…………………

…………………………………………………………..75

2- Le prononcé de l’astreinte………………………………………………………...77

B- Une solution inopérante envers la banque centrale………………………………………..78

Conclusion chapitre2……………………………………………………………...80
CONCLUSION GENERALE……………………………….81

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