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Matière Grande Doctrine Juridique

Sujet : La justice et le droit

« La justice n’existe que lorsque les Hommes sont aussi liés par la loi » d’après Aristote
dans Ethique à Nicomaque. Le droit est un phénomène social et se compose du droit
naturel et du droit objectif. Ce dernier est avant tout un ensemble de règles visant à
organiser la conduite de l’Homme dans une société et dont le respect est assuré par une
autorité publique. Le droit naturel, quant à lui est formé de prérogatives dont une personne
ou un groupe de personne est titulaire en vertu d’une règle juridique. Nous détenons donc
très liés.

Ce pendant, la notion de droit n’a pas de définition unique. On se rattache ainsi à la règle de
droit pour définir cette notion et cela reste une vision juste mais tronquée. Aussi, d’une
part, la justice désigne ce qui est juste. Elle est dite distributive lorsqu’elle a pour but de
répartir entre les personnes les biens, les droits et les devoirs en fonction des besoins de
chacun et de son rôle dans la société. En revanche la justice commutative vise l’égalité
arithmétique dans les échanges. D’autre part, elle désigne l’ensemble des juridictions d’un
pays donné. Le mot droit provient du latin « jus » qui a par la suite donné « juste ». Le juste
découlerait donc du droit. Le droit correspond à ce qu’il faut respecter, il dépend de la
justice puisqu’il l’instaure. Aussi, la justice dépend du droit au sens où c’est le respect de
celui-ci qui permet la justice. Le droit à une valeur légale, il est objectif et majoritairement
écrit tandis que la justice est morale et subjective en fonction des Hommes et des sociétés.
En somme, le droit doit réaliser la justice mais quels sont les liens entre le droit et la
justice ?

Pour répondre à cette question nous verrons donc dans un premier temps les rapports
étroits entre le droit et la justice (I) et dans un second temps nous étudierons les
fondements du droit juste et ses limites (II).

ETOUOLO Fred Loïck Etudiant Chercheur en Droit Public et Etudiant Chercheur


en Master I en Histoire-Géographie à l'ENS. Page 1
I. Les rapports étroits entre le droit et la justice

Sous cette approche nous analyserons d’abord, le droit au service de la justice (A), ensuite
la distinction entre le droit naturel et le droit positif (B).

A. Le droit au service de la justice

Tout d’abord, le droit se rattache à la notion de règle de droit. Une règle de droit se doit
donc d’être permanente et stable afin de proposer un modèle de comportement aux
individus et qu’ils puissent s’y référer. Elle doit être fiable et prévisible. Aussi, elle se doit
d’être générale et impersonnelle afin de garantir à tous l’égalité. En effet, d’après le
philosophe Alain dans propos d’un Normand déclare : Qu’est ce que le droit ? C’est
l’égalité ». Cela permet donc de faire « triompher » la justice. Puisque le droit est le même
pour tous, on peut dire qu’il est juste. Ensuite, la règle de droit a pour but de réglementer
la vie en société. Le droit est le défenseur d’un certain nombre de valeurs ce qui permet
d’obtenir un socle solide sur lequel on se base. Par exemple, la justice. Il a pour objectif
d’assurer la cohésion sociale des individus dans une société donnée. «  Mais qu’est ce
qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi n’est
injuste. La loi est faite par le souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est
cautionnée et reconnu pour sien chaque membre du peuple » d’après Hobbes, philosophe
anglais. Ainsi, on peut dire que le droit est l’art du bien et du juste. Chaque règle de droit
est conçue en fonction d’exigences d’équités afin d’obéir à un idéal de justice.
Précédemment bous avions vu qu’il était soit question de justice distributive ou soit de
justice commutative. En effet, la première se concentre sur les rapports entre l’Etat et les
individus et vise à établir l’égalité entre les membres d’une société, ce qui est une forme de
justice. L’égalité délimite ce qui relève de l’arbitraire et de la justice. La justice commutative
concerne les rapports horizontaux, entre individus et cherche à établir un déséquilibre. On
peut illustrer ceci par le droit de responsabilité civile.

B. Une distinction entre le droit naturel et le droit positif

Premièrement, le droit se compose du droit naturel et du droit positif. Le droit naturel est
formé de prérogatives estimées comme légitimes et qui ont été posées par le droit positif
ou objectif. Elles sont donc dites justes et lorsque ces dernières ne sont pas respectées ont
peut ressentir un sentiment d’injuste. « Chacun de nous sait fort bien que, dans nos
sociétés étatiquement organisées, il n’y a, en fait de droit, précis, ferme, et assuré, sur
lequel les individus puissent effectivement compter (…), que celui qui a été consacré par
une disposition ou une décision formelles, émanées des détenteurs qualifiés et autorisés
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de la puissance publique » d’après Carre de Malberg dans la Réflexions très simple sur
l’objet de la science juridique. Ensuite, nous pouvons parler des doctrines du jus
naturalisme. D’après ce courant de pensée idéaliste, il existerait au dessus du droit objectif
écrit, droit non écrit immuable et universel. Le droit positif devrait d’ailleurs s’inspirer de ce
droit naturel, considéré comme un principe supérieur de justice et qui découlerait de la
nature des choses, de l’Etat de nature. On peut ici citer Aristote dans Rhétorique, I, 13 
déclare: « en effet, il y’a un juste et un injuste communs de par la nature, et que tout le
monde reconnaît par une espèce de divination, lors même qu’il n’y a aucune
communication, ni convention mutuelle » Aristote parle également d’Antigone de
Sophocle. La sépulture de Polynice pose question. En effet, pour Antigone son frère y a
droit de par le « jux », le droit naturel, mais Créon s’y oppose de par « lex », la loi.

Le droit objectif a ainsi posé le droit subjectif afin que les individus soient égaux devant la
loi.

II. Les fondements du droit juste et ses limites

Dans cette partie il sied d’évoquer primo, les doctrines positivismes (A), et secundo la
subjectivité du droit en fonction des Hommes et ses limites (B).

A. Les doctrines positivismes

Les doctrines positivistes permettent au droit objectif d’être légitime par lui-même, sans
conformité supérieure. C’est le cas lorsqu’il émane de l’Etat, c’est le positivisme étatique.
En effet, d’après Kelsen, chaque norme trouve sa conformité dans la norme
immédiatement supérieure. Il a ainsi fait une représentation pyramidale en hiérarchisant
les normes. De cette façon, la norme fondamentale ou Grundnorm serait en haut de cette
pyramide et la constitution en tirerait sa légitimité et valabilité. Dans cette vision il n’est
alors plus question de droit naturel mais de norme fondamentale. On peut citer Jean XXIII,
dans Encyclique Pacem in terris de 1963 affirme que : « La législation humaine ne revêt le
caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison ; d’où il appert qu’elle tient
sa vigueur de la loi éternelle ». En effet, de ce point de vue, le droit objectif tire sa
conformité d’une norme supérieure, fondamentale et dans cet exemple divine. Le droit
juste est alors basé sur des normes fondamentales ou divines selon les théories.

Lorsque le droit objectif provient de l’état des mœurs d’une société il s’agit de positivisme
sociologique. Durkheim a par exemple mis en avant l’existence d’une raison collective. Le
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groupe, la société, suivrait ainsi cette conscience et aurait basé le droit écrit dessus.
Montesquieu démontre d’ailleurs cette théorie : » Les êtres particuliers intelligents
peuvent avoir des lois qu’ils ont faites », « avant qu’il y eût des lois faites, il y avait des
rapports de justice possibles », ce philosophe montre donc que le droit positif provient
des sociétés, que les lois résultent de justices antérieures. La solidarité sociale serait au
fondement de la règle de droit.

B. La subjectivité du droit en fonction des Hommes et ses limites

Tout d’abord, les règles juridiques ne sont pas les seules règles de conduites que les
Hommes respectent dans une société, il existe également la morale. Cicéron nous
indique dans De legibus : « Ce qu’il y a de plus insensé, c’est de croire que tout ce qui
est réglé par les institutions ou les lois des peuples est juste. Quoi ! Même les lois des
tyrans ? ». En effet, la conscience et la morale sont à l’origine de nombreuses règles de
droit mais cela reste subjectif. Une loi édictée dans une société donnée, paraissant
morale à celle-ci peut choquer une autre société qui de par sa culture ne correspondra
pas à sa morale. On peut également parler des conventions sociales qui inspirent le droit
et qui, dans le même cadre que la morale sont propres à un groupe d’individus donné.

Enfin, on peut évoquer les limites des doctrines du droit naturel. Encore une fois, en
fonction des sociétés et des époques les droits subjectifs peuvent changer et évoluer. On
peut ainsi se demander si le droit naturel existe vraiment. D’après Blaise PASCAL, dans
Pensées N°294 : « sur quoi (le souverain) la fondera-t-il, l’économie du monde qu’il
veut gouverner ? Sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? Quelle confusion ! »,
« Trois degrés d’élévation du pôle renversent la jurisprudence, un méridien décide de
la vérité ; en peu d’années de possession, les lois fondamentales changent ; le droit a
ses époques ». Pascal approuve donc le droit évolue, change avec le temps et l’espace.

Le droit naturel est donc subjectif et le droit positif écrit qui s’appuie sur ce dernier est
donc voué à changer. C’est d’ailleurs pour cela que les lois naissent et meurent.

En sommes, le droit de la justice possède des rapports très étroits puisqu’ils s’associent
l’un à l’autre afin de créer une société la plus juste possible. Le droit est indispensable au
groupe afin de permettre la cohésion sociale. Et ce droit se base sur des principes de
droits naturels et poursuit un idéal de justice.

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