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Bulletin de psychologie

L'alexithymie : interaction entre cognition et émotions


Jean-Louis Pedinielli

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Pedinielli Jean-Louis. L'alexithymie : interaction entre cognition et émotions. In: Bulletin de psychologie, tome 39 n°377, 1986.
Psychologie clinique VIII. pp. 955-961;

https://www.persee.fr/doc/bupsy_0007-4403_1986_num_39_377_12846

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BULLETIN DE PSYCHOLOGIE
Tome XXXIX, n° 377

L’alexithymie

interaction entre cognition et émotions

Jean-Louis PEDINIELLI

et de Psychologie
Chercheur Médicale
CNRS.
C.H.U.Service
80030
(Pr J.Amiens
deDelahousse).
Psychiatrie
Cédex

« mode » conceptuelle, d'une possible pertinence


clinique du terme, mais aussi de l'existence de
« lacunes » dans les outils utilisés en psycho¬
pathologie pour isoler certains faits et penser
certains comportements.
1) La définition «historique» du terme est
due à P.E. Sifneos (22) et à J.C. Nemiah (20).
Elle décrit l’alexithymie par un ensemble de
« traits », sans pour autant fournir l'équivalent
d’une liste de critères précis. La définition est
avant tout clinique et brosse, en fait, un « por¬
trait » général. Un patient « alexithymique » se
caractérise par : des difficultés, voire une im¬
possibilité, à décrire ses état émotionnels, ses
sentiments, ses états affectifs, une capacité limi¬
tée de rêver, de fantasmer, des relations inter¬
personnelles stéréotypées, un recours à T « agir »
pour éviter ou résoudre les conflits, une pensée
à contenu pragmatique, non symbolique. Cette
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En la lisant, le clinicien en perçoit l’exactitude
et la pertinence clinique car elle le renvoie im¬
médiatement à un certain nombre de situations
ou de patients coïncident très directement
avec le « portrait » proposé ; en ce sens, elle
possède un pouvoir évocateur spontané indé¬
niable et permet de relier des phénomènes dis¬
parates. En la relisant, nul ne peut manquer
d’être frappé par son imprécision, son manque
de rigueur descriptive et ses incertitudes. Les
termes employés désignent des catégories géné¬
rales dont le sens demande à être précisé, les
éléments qui composent la définition désignent
des phénomènes très différents et surtout des
registres distincts, les critères supposent une
interprétation préalable complexe du matériel
(la notion de fantasme, par exemple, est loin
de constituer une catégorie précise applicable
aux données immédiates de l'expérience). Dans
son contenu, cette conception de l'alexithymie
se rapproche étroitement de la notion de « pen-
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sée opératoire» (23) à laquelle les auteurs qui mène réside dans l'absence de possibilité de
travaillent
citement. Ce sur rapprochement
l’alexithymie se etréfèrent
la relation
expli¬ verbalisation desassocié
irrévocablement émotions,
à unece limitation
noyau semble
de la
d'équivalence qui en découle, montrent plus production imaginaire, mais aussi à un certain
clairement où se situe le paradoxe de la défi¬ mode représentation des autres et à une forme
nition de l'alexithymie : elle désigne aussi bien de résolution de conflits par la « mise en acte ».
un phénomène spécifique (impossibilité de ver¬ Le problème est alors de savoir quelles rela¬
baliser les émotions) qu’une catégorie de sujets verbalisation
tions peuvent des
exister
émotions
entre la etsuppression
les autresdeélé¬
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dont le discours — entendu à travers la « grille »
psychanalytique
nomènes radicalement
— révèledifférents
un ensemble
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re¬ ments. Doit-on considérer que ces éléments sont
étroitement associés et que cette association
trouvés chez les névrosés. est l'indice d’une relation fondamentale entre
émotion, altérité, phénomènes imaginaires et
La définition classique a d’ailleurs été préci¬ « agir » ? Ou peut-on considérer que chacun de
sée dans ce sens par Apfel et Sifneos (1) qui ces éléments est la manifestation spécifique et
opposent terme à terme les caractéristiques autonome d'un processus unique ? Ou encore,
alexithymiques aux caractéristiques névrotiques la relation entre ces différentes composantes
selon une démarche d’exclusion réciproque. du comportement alexithymique est-elle inexis¬
Cette nouvelle définition en 13 points présente tante, chacune correspondant à un processus
la même particularité que la définition origi¬ spécifique ?
naire en établissant les profils différentiels des
sujets alexithymiques et des sujets névrosés ; 2) Le domaine clinique d’application du con¬
ce faisant, les auteurs assignent à l’alexithymie cept rend difficile une réponse aux questions
un ensemble de traits qui dépassent le phéno¬ posées. En effet, « l’ascendance psychosomati¬
mène spécifique («without words for feelings »). que » du terme implique certaines positions
Les sujets alexithymiques se caractérisent par théoriques préalables qui appellent discussion.
une description sans fin des symptômes physi¬ Les phénomènes alexithymiques ont d'abord
ques, un ensemble de plaintes comme tension, été mis en évidence chez des sujets atteints de
irritabilité, ennui, vide, nervosité, une absence maladies « psychosomatiques » et considérées
frappante de fantasmes, une description élabo¬ comme spécifiques à ce type de patient (22,19).
rée des détails triviaux, des difficultés à trouver La littérature ultérieure a le plus souvent repris
les mots appropriés pour décrire les sentiments, cette liaison en établissant des rapports étio¬
la rareté des rêves, une tendance à l’action im¬ logiques ou des équivalences de termes ou
pulsive, des relations interpersonnelles pauvres encore des relations de subordination univo¬
avec une tendance à la dépendance ou une pré¬ ques. Une telle liaison ne va cependant pas sans
férence pour la solitude ; par ailleurs, ces sujets poser une série de problèmes théoriques :
suscitent chez l'interlocuteur des réactions con¬ qu’entendre par « maladie psychosomatique »,
tre-transférentielles particulières comme le sen¬ l'alexithymie se manifeste-t-elle préférentielle¬
timent d'être ennuyé, lassé par le patient. Le pa¬ ment chez ces malades, peut-on inférer un rap¬
tient névrosé apparaît comme l’antithèse de ce port de type étiologique entre les deux phéno¬
portrait : il décrit de manière élaborée ses dif¬ mènes ?
ficultés psychologiques, sa vie imaginaire est
riche, il exprime ses fantasmes et décrit ses Les études cliniques semblent infirmer la rela¬
sentiments en termes éloquents, et ses affects tion univoque établie spontanément par les
sont « appropriés » aux situations ou au con¬ théoriciens entre l'alexithymie et l’existence
texte. d'une maladie appartenant à la liste classique
Quelle que soit la pertinence clinique de telles — et particulièrement contestable — des trou¬
élaborations et oppositions, la spécificité du bles psychosomatiques (asthme, hypertension,
concept d’alexithymie semble se dissoudre. Si ulcère, R.C.H...). Les travaux de différents au¬
certains ont évoqué à son propos la notion de teurs montrent en effet que l'alexithymie ne se
«style cognitif» (17) ou de «style de commu¬ retrouve pas chez tous les malades psychoso¬
nication » (25), la plupart des autres utilisateurs matiques (24,15), qu'elle est présente dans d’au¬
mettent en place, à propos de ce concept, des tres troubles organiques considérés comme
phénomènes assez différents. La prise en comp¬ n'étant pas psychosomatiques (13), que l’alexi¬
te de l’alexithymie comme d’un « style cognitif » thymie se retrouve dans plusieurs types de
s'avère particulièrement intéressante à condi¬ troubles à composante somatique (troubles so-
tion, toutefois, d’avoir pu éclaircir certaines matoformes, douleur psychogène...) ou sans
questions. Pour cerner ce style, il convient composante somatique (toxicomanie, névroses
d'abord de passer de la forme « adjective » du de caractère, perversions) (25). Par ailleurs, et
concept à la forme nominale et d’isoler, à par¬ ce fait est d’une très grande importance, on
tir du discours des sujets alexithymiques, la a pu noter une ressemblance entre les phéno¬
combinaison d’éléments qui définit le phéno¬ mènes alexithymiques et les troubles présentés
mène alexithymie. Or, lorsqu'on essaie d’ex¬ dans certaines atteintes neurologiques (lésions
traire les invariants constitutifs de l'alexithy¬ du corps calleux, déconnexion inter-hémisphé¬
mie, on ne peut qu'être frappé par leur appa¬ rique, lésions de l’hémisphère non-dominant)
rente hétérogénéité. Si le « noyau » du phéno¬ (5,11).
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Ces différents travaux qui modèrent les con¬ 4) Le phénomène alexithymique doit être con¬
ception visant une stricte association alexithy¬ sidéré comme une réalité clinique qui tire son
mie-psychosomatique montrent que la réparti¬ importance actuelle de ses rapports supposés
tion clinique du phénomène est assez particu¬ avec l’apparition ou l’évolution de certaines ma¬
lière puisqu’il semble s'agir d’un état « traver¬ ladies organiques. Mais les contradictions ren¬
sant » certaines pathologies — non névrotiques contrées dans les différents travaux et les diffi¬
et non psychotiques — sans s'associer à une cultés de mesure et/ou d’objectivation du phé¬
entité spécifique. En ce sens on peut parler de nomène invitent à donner à l’alexithymie le sta¬
l'alexithymie comme d’un phénomène « trans¬ tut d'une notion plutôt que celui d'un concept
versal », mais aussi se demander s’il n’est pas précis. Toutefois, cette notion désigne un dou¬
souhaitable, au vu des différentes formes de ble phénomène qui permet d'approcher concrè¬
pathologie incriminées, de parler de différentes tement la question des conduites émotionnelles.
formes d’alexithymie. Dans cette perspective, et L'alexithymie regroupe autour de l'absence de
gardant la définition originaire du concept verbalisation des émotions d'autres faits de lan¬
Freyberger (9) a proposé de distinguer alexi¬ gage tenant à la fois à l’utilisation d’un lexique
thymie primaire et secondaire, le premier con¬ particulier et à un style spécifique. Toutefois,
cept désignant un facteur qui touche à l’éclosion la notion d’alexithymie souligne, tout en le lais¬
et à l’évolution d’un trouble somatique, le se¬ sant irrésolu, le problème complexe de la pré¬
cond définissant un ensemble de traits appa¬ sence ou de l'absence du phénomène émotionnel
raissant chez des patients présentant un trouble entendu comme ensemble de réactions physio¬
organique chronique et constituant un facteur logiques. En ce sens, si l'alexithymie se mani¬
protecteur
de la maladie.
contre' la signification émotionnelle feste avant tout comme une difficulté d’inter¬
prétation des événements internes et/ou exter¬
nes et comme une limitation de l'élaboration
3) Si le phénomène peut être considéré isolé¬ verbale de certains phénomènes, elle pose aus¬
ment, c'est-à-dire sans référence automatique et si, du fait des rapprochements possibles avec
quasi obligatoire à pathologie psychosomatique, certains troubles organiques, la question de la
sa mise en évidence par des procédés quanti¬ nature des modifications corporelles. Ainsi, les
tatifs devrait permettre un repérage plus fiable phénomènes circonscrits par le terme d’alexi¬
de ses sites préférentiels. Or les quelques outils thymie peuvent-ils constituer une voie origi¬
à notre disposition manquent de fiabilité et de nale pour tenter de se représenter certaines
validité. Mais surtout ils se distinguent très stratégies d’interprétation et certaines struc¬
peu, dans leur contenu, de la définition clinique tures cognitives à partir de phénomènes néga¬
et, corrélativement, leurs résultats permettent tifs. D’autre part, l'existence du phénomène
plus un jugement clinique que la mise en évi¬ en dehors de pathologies spécifiques invite à
dence de certains processus. Les deux outils saisir les processus non pas en relation avec
principaux sont constitués par le Beth Israel une étiologie précise mais, comme une articu¬
Hospital Psychosomatic Questionnaire (BIQ) lation spécifique de mécanismes dépendants
(1), échelle d'appréciation à 17 items remplie de plusieurs niveaux de production.
par le clinicien, et la Scalling-Sifneos Persona¬
lity Scale (1), échelle d’auto-évaluation à 20
items. En complément, certains travaux ont dé¬ Conditions de production des phénomènes
veloppé une échelle d’alexithymie fondée sur le alexithymiques.
MMPI (14) et comportant 22 items, ou utilisé
le A79, test projectif qui mesure la fonction L’alexithymie a suscité plusieurs modèles
symbolique (6, 7). permettant d'expliquer les conditions d'appa¬
rition du phénomène et les différents proces¬
L’utilisation des différents outils confirme la sus qui le sous-tendent. Bien que ces modèles
pertinence clinique des descriptions originaires et ces élaborations théoriques soient nom¬
et les comparaisons entre les scores alexithymi¬ breuses et contradictoires, il est possible de
ques et les résultats à d’autres échelles (mesu¬ ne retenir que deux problématiques. La pers¬
rant la dépression, l'anxiété...) montrent que la pective psychanalytique a tenté de donner un
S.S.P.S. mesure un phénomène spécifique (3). statut théorique au phénomène en utilisant la
Toutefois, la relation entre les résultats aux démarche clinique. Les travaux neuro-physio¬
différentes échelles n'est pas toujours cohérente logiques ont proposé plusieurs hypothèses, en
(16) et la principale conclusion à tirer des résul¬ se référant parfois aux concepts psychanaly¬
tats réside dans l’existence d’une spécificité des tiques, démarche à la fois séduisante et in¬
certaine.
phénomènes mesurés et dans la découverte d’in¬
dices permettant d’assurer le jugement clinique.
Mais l’absence de validation rigoureuse des dif¬ 1) Les travaux psychanalytiques ont centré
férentes échelles rend les résultats sujets à cau¬ leur réflexion sur la relation entre phénomè¬
tion, d’autant que le BIQ — qui semble le nes alexithymiques et troubles psychosomati¬
plus utilisé — est en fait une liste de critères ques, analysant ainsi un élément particulier.
qui ne permet que de noter la présence ou l'ab¬ La plupart des études visent à expliquer l’ap¬
sence de certains signes contenus dans la défi¬ parition de l’alexithymie dans sa relation aux
nition originaire du phénomène. mécanismes inconscients : fixation et régres-
958 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

sion, mécanismes propres à la position schizo- mène. Mais dans la plupart d’entre elles nous
paranoïde, impossibilité de constitution d’un retrouvons la même liaison entre alexithymie
objet transitionnel, prédominance du déni et et psychosomatique et, chez certains auteurs,
de l’isolation, arrêt du développement affectif. une tentative d'explication tenant compte des
Mais le but principal de ces travaux n’est pas données neurophysiologiques et des théories
de formuler un modèle de l'alexithymie mais psychanalytiques (10). Deux modèles princi¬
un modèle de compréhension des troubles psy¬ paux retiennent l’attention : la transmission
chosomatiques ou de la somatisation. En ce de l’information vers le cortex et le modèle de
sens, l’analyse de J. McDougall (18) est exem¬ la spécialisation hémisphérique.
plaire. En reprenant une analyse qui vise à L’hypothèse originaire de Nemiah (21) ten¬
retrouver l'ancien dans le comportement ac¬ tait d’expliquer l'alexithymie par un défaut de
tuel et à assigner une fonction au symptôme, transmisison des informations émanant du
elle fournit une construction particulièrement système limbique à destination du néo-cortex.
intéressante. Elle avance une perspective éco¬ Le rôle de modulation du striatum est alors
nomique en évoquant la notion de « forclusion directement en cause. Toutefois, cette inter¬
de la représentation de l’affect » qui rappro¬ prétation qui se rapproche beaucoup des con¬
che le mécanisme alexithymique de celui ren¬ ceptions psychosomatiques demeure invérifiée
contré dans les psychoses. Par ailleurs elle expérimentalement. D'autre part, elle met sur¬
propose de rapprocher les phénomènes alexi¬ tout l'accent sur la transmission hiérarchique
thymiques de la condition originaire de l'in- de l'information et non pas sur le problème de
fans (qui est incapable de se représenter psy¬ l’interprétation des phénomènes et sur leur
chiquement ce qu'il éprouve). L’alexithymie verbalisation.
d'un sujet adulte pourrait ainsi correspondre
au maintien d’une dimension archaïque dans A ce modèle « vertical » s’oppose le modèle
la personnalité adulte. Ce maintien serait en « latéral » issue d'observations cliniques et d’ex¬
rapport avec une perturbations des relations périmentations et rapportant l’alexithymie à
précoces mère-enfant : l’inconscient maternel une prédominance de l'hémisphère gauche
refusant la spontanéité et les élans de l’enfant, (11,12). Cette hypothèse prend appui sur une
celui-ci en viendrait à considérer certaines constatation clinique et sur deux types d'expé¬
parties de son corps comme ne relevant pas riences. La ressemblance entre le comporte¬
de sa responsabilité personnelle. Par ailleurs, ment émotionnel des malades alexithymiques et
elle souligne que, comme tout symptôme, celui de sujets atteints de lésions cérébrales
l’alexithymie possède une fonction protectrice. droites rend possible une interprétation par
L’aménagement alexithymique permettrait de analogie. Deux expériences semblent confirmer
se défendre contre une « angoisse d’implosion » cette analogie. Les travaux de Kaplan et Wo-
(peur d’être envahi, possédé, détruit par l’au¬ gan (12) sur la douleur montrent que celle-ci est
réduite dans les cas où une fantasmatisation
tre), ce qui suggère l'existence d’une incerti¬
tude quant à l’altérité inaliénable et une est possible. Or, dans cette étude expérimentale,
confusion inconsciente des limites du corps et la mobilisation de l'activité imaginaire corres¬
du moi. L'émotion ressentie comme mena¬ pond à une activation de l’hémisphère non-do¬
çante pour l'intégrité du sujet — intégrité minant, l’hémisphère gauche étant associé à la
formulation de l'accroissement de la douleur.
dont la mère est garante — est alors exclue.
L’alexithymie, qui se caractérise par des phé¬
La démarche de J. McDougall vise ainsi à nomènes opératoires, analytiques et une limi¬
faire de l'alexithymie le produit d'un système tation de la fantasmatisation, pourrait être as¬
de défense portant sur l'affect considéré com¬ sociée à une réponse exagérée de l’hémisphère
me potentiellement dangereux par le sujet. gauche. On pourrait ainsi avancer que la pré¬
Or cette dangerosité ne peut être comprise sence d’alexithymie est un bon indice de la non-
qu’en regard de l'organisation du Moi du su¬ activation de l'hémisphère droit, mais aussi que
jet pour lequel les craintes infantiles archaï¬ l’exposition prolongée à des stimulation dou¬
ques demeurent actuelles. Par certains côtés loureuse intenses, sans possibilité de médiation
les patients alexithymiques peuvent être rap¬ imaginaire entraîne l'apparition d'un discours
prochés des patients psychotiques : ils sem¬ alexithymique. Toutefois, ce modèle séduisant
blent en proie aux mêmes angoisses et se n’explique pas l’origine de cette incapacité à
défendent par des processus proches mais spé¬ traiter les stimuli douloureux par l’hémisphère
cifiques. L'alexithymie constitue un système droit. Les observations sur les commissuroto¬
de défense produit par une attaque contre la mies cérébrales complètes et les lésions du
capacité de penser, une perte de sens et la corps calleux (11) fournissent un début d’expli¬
scission entre représentation de mots et re¬ cation du phénomène.
présentation de choses. En quelque sorte,
l’émotion est identifiée à la présence d’un Dans les cas de commissurotomie chirurgi¬
Autre menaçant en soi et la « destruction alexi- cale (épilepsies) ou d’agénésie du corps calleux
thimique » correspond à l'édification d’un rem¬ s’observent des comportements alexithymiques
part contre cet Autre. (mis en évidence par le BIQ, la technique
d’anamnèse associative et l’étude de la produc¬
2) Les études neurophysiologiques ont pro¬ tion onirique). L'analogie entre alexithymie psy¬
posé plusieurs types d’explication du phéno¬ chosomatique et comportement émotionnel de
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ces patient pousse Hoppe à postuler l’existence L’alexithymie, comme toute notion clinique,
d’une « commissurotomie fonctionnelle » chez pose le problème des rapports entre la défi¬
le patients alexithymiques (terme qui ne va nition explicite et l’utilisation implicite. Or, si
pas sans rappeler la notion de « lésion fonc¬ la définition reste claire — bien que certains
tionnelle » proposée par Charcot pour rendre aspects puissent être rediscutés — l’utilisation
compte des phénomènes hystériques). Selon semble poser un tout autre problème que celui
Hoppe on pourrait avancer que les patients psy¬ de l'expression verbale. Aussi, le concept d'alexi¬
chosomatiques — présentant des signes d'alexi¬ thymie doit-il être constitué sous une forme
thymie — seraient porteurs d’une commissu¬ différente. La production de l’alexithymie com¬
rotomie fonctionnelle dont le rôle consisterait me désignant un phénomène transversal (ne
dans l’impossibilité de verbalisation par l’hé¬ correspondant pas à une entité pathologique
misphère gauche de certaines émotions et per¬ précise dont il est étroitement dépendant) peut
ceptions émanant de l’hémisphère droit. Ces être les
sur réalisée
résultats
à partir
de différentes
d’une distinction
études. Unefondée
sé¬
émotions impossibles à verbaliser, contenues
dan l’hémisphère droit, conduiraient à une re¬ paration peut être opérée entre l'alexithymie
somatisation de l’affect (théories de M. Schur) considérée comme un style cognitif spécifique
et à la maladie psychosomatique. Cette seconde associé ou non à certaines pathologies et l’alexi¬
conception qui tente de mettre en rapport mé¬ thymie rencontrée dans certaines situations pa¬
tapsychologie psychanalytique et données neu¬ thologiques. Cette dernière pourrait être située
rophysiologiques n’est pas contradictoire avec comme un cas particulier et exemplaire du
la précédente. Cependant, elle souligne avant phénomène. Une telle distinction vise à dégager
tout les effets d'une déconnexion hémisphéri¬ le concept de sa filiation « psychosomatique »
que et confère à l'hémisphère droit un rôle de façon à éviter la réduction du phénomène
beaucoup plus important puisque son action est à la somatisation. En effet, ce type de démar¬
loin d'être inexistante ; il est, en effet, le lieu che limite l’alexithymie à sa fonction d'indice
des informations mais ne peut transmettre d'un processus pathologique dont l’explication
celles-ci au programme d’exécution. répond à une tout autre dynamique, puisque le
3) Trois modèles principaux tentent de ren¬ problème
des sentiments
n’est plus
mais l’impossible
l’économie d'un
verbalisation
trouble
dre compte de l’alexithymie comme d'un pro¬ organique.
duit : effet de mécanismes de défense proté¬
geant contre une série d’angoisses suscitées par 2) Considérer l’alexithymie comme un « style
l'émotion, effet du blocage de la transmission cognitif transversal » nécessite aussi que soient
de certaines informations, effet de l’action au¬ précisées les particularités de ce style. Or, pour
tonome de l’hémisphère gauche. Ces modèles des raisons liées à la pratique clinique, la défi¬
posent directement la question de la traduction nition du concept associe des invariants dont
psychique, de l’élaboration des phénomènes nous avons relevé l’apparente hétérogénéité.
émotionnels. La démarche analogique employée Bien que féconde, cette hétérogénéité doit être
par chaque modèle n’explique pas directement choix
discutée,desenindices.
particulier
La relation
du fait des
entreoutils
les etdiffé¬
du
l’alexithymie, mais s'appuie sur sa présence
dans certains faits pathologiques pour donner à rents invariants de la notion n’étant pas encore
l’alexithymie la valeur d’un indice et, surtout, précisée, il semble nécessaire de considérer
définir sa relation avec certains processus en l’alexithymie, surtout lorsqu’on s’intéresse à
laissant de côté l’analyse du phénomène isolé. l'émotion, comme pourvue d'un centre (impos¬
Ces modèles invitent donc à un double travail : sibilité de verbalisation) et de phénomènes as¬
d'une part, la pertinence de ces modèles doit sociés. Toute étude doit se donner la possibilité
être examinée en dehors du contexte alexithy¬ de situer la nature et la fréquence des relations
mie/psychosomatique,
de rechercher l’existence
d’autre
d'unepart,
association
il convient
en¬ entre l’alexithymie proprement dite et les au¬
tres aspects (relation d’objet, tendance à l’agir,
tre alexithymie et phénomènes connus pour éléments de comportements). La constitution
avoir une origine ou un mécanisme semblable de ces deux niveaux, séparés mais articulables
(présence d’autres signes renvoyant à un dys¬ permettrait de distinguer les phénomènes cogni¬
fonctionnement de l’hémisphère droit par exem¬ tifs tenant à l'émotion et ceux renvoyant au
ple). comportement sans pour autant réduire le con¬
cept à une abstraction dépourvue de toute réa¬
lité clinique.
Notion ? clinique, concept opératoire ou pro¬
cessus 3) L'absence de validation des différentes
échelles de mesures et leurs contradictions
Les obscurités qui entourent la notion clini¬ n’enlèvent pas au concept sa valeur opératoire
que d’alexithymie invitent à s’interroger sur le dans un travail de recherche. Ils sont en effet
statut théorique qui peut lui être conféré et cohérents avec la définition clinique de l’alexi¬
sur son utilité dans l’étude des phénomènes thymie : le BIQ répète sous forme d’une liste
émotionnels. Il semble possible de fonder sur de critères cette définition, la SSPS propose
cette notion certains espoirs, à condition de des formules qui constituent des indices de la
procéder à un travail épistémologique, métho¬ définition. En ce sens le problème posé n'est
dologique et conceptuel préalable. pas celui de la reconnaissance de l'alexithymie
960 BULLETIN DE PSYCHOLOGIE

chez le patient mais celui de l’atiitude de l’ex¬ être conçue comme présentant certaines carac¬
périmentateur (BIQ) ou du patient (SSPS) de¬ téristiques : distance envers l’interlocuteur et
vant la tâche. La question est d’abord celle du envers son propre discours, décalage entre la
jugement clinique et des stéréotypes diagnos¬ forme du discours (désaffectivé, dévitalisé) et
tics (BIQ) ou des perceptions du patient la situation proposée (parler de ce qui ne va
(SSPS). La mise en évidence de l’alexithymie pas). Mais la recherche d'indices de l’énoncia¬
chez les sujets peut être facilitée — dans l'état tion pourrait être poussée plus avant et l'étude
actuel — par l'utilisation de biais : utilisation de la modalisation, de la tension et des inter¬
systématique des deux échelles, avec pour la férences lexicales devrait permettre de décrire
BIQ la présence de plusieurs juges et la justifi¬ certaines modalités verbales de l'alexithymie.
cation par item de la réponse. Par ailleurs, la Si l’énonciation alexithymique apparaissait
mise en évidence de l'alexithymie gagnerait à comme présentant une spécificité au regard des
être « doublée » par une technique d'analyse du indices, il serait peut-être possible de s’interro¬
discours des sujets permettant de préciser les ger sur la participation du procès d’énonciation
différents éléments du récit. En particulier, à la production de l’émotion ; l’étude de la
dans le cas de malades organiques, l'analyse des modalisation et de la tension, en particulier, de¬
propos des sujets lorsqu'ils décrivent leur mala¬ vrait être une approche féconde.
die et leurs symptômes est particulièrement in¬ Si l’alexithymie est bien un style cognitif et
téressante car offrant les stratégies cognitives si, à partir des faits de langage, on peut définir
d’adaptation («
truction. coping with ») ou de recons¬ des conditions de production de l’émotion, il est
possible de faire plusieurs hypothèses. Selon
4) Si l'alexithymie est bien un style cognitif les thèses de Schachter (4), la reconnaissance
et/ou un mode de communication objectivable, de l’émotion dépend de l'éveil physiologique et
son étude peut susciter plusieurs hypothèses des indices socio-cognitifs disponibles. Dans
qui copcernent les conditions de production de l'alexithymie, il faudrait alors concevoir soit
l’émotion. La particularité principale de ce con¬ une disparition de l’éveil physiologique, soit une
cept est de proposer une démarche à partir du une indisponibilité des cognitions permettant
« travail du négatif », c’est-à-dire en partant de l’interprétation de cet éveil, soit une « distor¬
l'absence du phénomène. La seconde particu¬ sion » de ces cognitions. Il y aurait une oppo¬
larité réside dans le fait que l’alexithymie est sition entre un programme cognitif disponible
une forme de discours. Et, bien qu'une telle dé¬ (description, actes, détails) et un programme
marche puisse être difficile à justifier au plan indisponible (autre, émotion, sentiment). La dis¬
épistémologique, l’étude de ce concept permet parition des « opérateurs » permettant l’inter¬
des confrontations entre problématique psycha¬ prétation n’est toutefois pas expliquée. A titre
nalytique et approche cognitiviste, approche d'hypothèse organisatrice, on pourrait se réfé¬
souvent ignorée par les travaux sur l’alexithymie. rer aux travaux de H. Atlan (2) et concevoir
L’alexithymie est avant tout un discours qui que, si l’interprétation est la projection de
possède comme caractéristiques un hyper-réa¬ l’imaginaire sur le réel, nous avons ici un phé¬
lisme, une disparition de l’affect et une activité nomène inverse. Or l'interprétation est ce qui
centrée sur la description. En termes psycha¬ permet d’intégrer les éléments nouveaux au con¬
nalytiques, ce discours porterait la marque tenu de notre connaissance mis en mémoire et
d’une dé-métaphorisation, d’une objectivation et elle correspond à la construction de nouveaux
d’un rejet de l’affect, ce qui permet de conce¬ patterns. Dans l’alexithymie on pourrait envi¬
voir le processus alexithymique comme un des sager une « défaillance » sélective des méca¬
nismes auto-organisateurs de fabrication de
avatars de
sidérer le l’introjection.
discours selonMaisdeux
on peut
modalités
aussi con¬: sens. A la place de l’affichage des patterns per¬
comme énoncé et comme énonciation. Or l’alexi¬ mettant la reconnaissance des émotions, il y
thymie se caractérise à la fois par des énoncés aurait utilisation de patterns correspondant à
dépourvus de références à la sphère émotion¬ l’interprétation d’autres stimuli.
nelle ou faisant apparaître des termes inappro¬ Si un tel traitement du concept s'avère possi¬
priés sans formules de rhétorique et par un acte ble et peut s’associer à des travaux ayant pour
d'énonciation. A cet égard une analyse du point de départ la clinique, l'alexithymie pour¬
phénomène alexithymique considéré comme rait être considérée — du fait de son aspect
énonciation devrait tenir compte de la situation « négatif
voie de recherche
» en regardfructueuse
de l’émotion
dans
— le
comme
domaine
une
de discours, de l’attitude envers l’interlocuteur
et de la position du sujet à l'égard de son énon¬ de l’analyse des conditions de production des
cé. L'énonciation alexithymique pourrait alors émotions.

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