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UNIVERSITE MARIEN NGOUABI

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FACULTE DE DROIT
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DEPARTEMENT DES MASTERS
ET DES FORMATIONS DOCTORALES
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MASTER 1
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RECHERCHE DROIT PUBLIC
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DROIT PUBLIC DES AFFAIRES
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TRAVAUX DIRIGES

EXPOSE :
L’AGENCE DE REGULATION DE
TRANSFERT DE FONDS
(ARTF)

SOUS LA DIRECTION DE :


Docteur Aimé BALOKI BANZOUZI

PRESENTE PAR :

EMENDY MABONDZO Jeany Exauce

NDOULOU MAHOUNGOU Sahira Dave Riche

TAMBA Jesse Dieuvi


ANNEE ACADEMIQUE 2021-2022

INTRODUCTION

L’Etat libéral est un Etat régulateur, un Etat horloger, qui donne le coup de
doigt nécessaire pour rétablir l’équilibre quand les plateaux de la balance
s’écartent trop. 1 Ce coup de doigt dont Minard fait prévaloir l’Etat, est le
symbolisme même de la régulation au travers duquel celui-ci peut rétablir
l’équilibre économique soit par une régulation générale soit par une régulation
sectorielle. La clarté de cette thèse pousse à définir le concept “régulation”. Celui-ci
se définit par un ensemble de règles, de pratiques et d’encadrement des activités
financières dont les objectifs prioritaires sont le bon fonctionnement du marché
(transparence et intégrité), la protection de l’épargnant, la stabilité du système
financier. 2 Dit autrement, la régulation constitue l’ensemble des techniques qui
permettent d’instaurer et de maintenir un équilibre économique optimal qui serait
requis par un marché qui n’est pas capable, en lui-même, de produire cet équilibre. 3
C’est ainsi, dans le souci de réguler le secteur de transfert de fonds, le législateur
congolais, au travers de la loi n°7-2012 du 04 avril 2012, a institué l’Agence de
Régulation de Transfert de Fonds (ARTF). Ce régulateur sectoriel est la résultante
de plusieurs mutations. En effet, la dissolution de la Direction Générale du Crédit et
des Relations Financières a entrainé la naissance de la Direction Générale de la
Monnaie et du Crédit, qui à son tour s’est éclatée en deux institutions distinctes : la
Direction Générale de la Monnaie et des Relations Financières avec l’Extérieur et
l’Agence de Régulation de Transfert de Fonds (ARTF). Débutant ses activités en
2015, cette dernière institution se veut être un puissant outil d’anticipation des
enjeux et défis d’un secteur sensible de l’économie d’une part et être une force de
proposition en matière de définition des politiques et des stratégies de
développement qualitatif de l’activité de transferts de fonds. L’ARTF assiste donc
le Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public dans l’exercice de

1
Propos tenus par Minard
2
Ajout par Jesse
3
Bertrand du Marais
2
ses attributions dans l’orientation et le contrôle des activités en matière de transferts
de fonds à l’intérieur comme à l’extérieur du Congo. La pertinence de ce sujet
s’appréhende au travers du particularisme de la régulation opérée par l’ARTF. A ce
titre, il renseigne sur la manière dont l’Etat s’est juridiquement pourvu d’une
institution chargée d’organiser, d’encadrer et de contrôler le secteur de transferts de
fonds. De même, il permet d’étudier la façon dont l’Etat agit sur l’économie dans la
perspective de ce secteur d’activité, qui ne saurait être abandonné aux hypothèses
aléatoires de la théorie de la main invisible 4. A cet effet, quelle est le statut
juridique de l’ARTF ? Comment s’organise-t-elle ? Bien que les missions,
l’organisation et le fonctionnement de l’ARTF (II) soient déterminants, il n’en est
pas moins de son statut juridique (I).

I- Le statut juridique de l’ARTF


De nos jours, l’Administration n’est plus une structure monolithique hiérarchisée et
centrée sur elle-même, mais elle est aussi constituée des institutions spécialisées
ayant une organisation propre : le cas des Autorités Administratives indépendantes
et des Autorités Publiques indépendantes. Nous nous appesantirons sur la deuxième
institution qui constitue la nature juridique de l’ARTF.

A- Une autorité publique indépendante


Qu’est ce qui justifie que l’ARTF soit qualifié d’autorité publique administrative ?
1- Autorité
L’ARTF n’est qu’une extension de l’administration centrale dans un domaine de
compétence spécifique. Son caractère administratif s’apprécie du fait qu’elle
dispose d’un régime exorbitant du droit commun et du fait des prérogatives de
puissance publique qui lui sont reconnu.
2-publique
Un Établissement public (article 1er de la loi n°7-2012 du 04 avril 2012 portant
création de l’ARTF)
La protection et le maintien de l’ « ordre publique » sont assurés par des organes
administratifs dont la loi attribue la compétence dans le secteur économique de
transferts de fonds
L’ARTF est au service de l’ « intérêt général » car elle protège les opérateurs de
transferts de fonds en garantissant un équilibre concurrentiel entre toutes les

4
Théorie de l’économiste Adam Smith qui proscrit l’intervention de l’Etat dans l’économie. Selon lui,
le marché a cette faculté de s’autoréguler. Au contraire, l’intervention de l’Etat fausse le jeu de la
concurrence.
3
entreprises privées de transferts de fonds prévenant les abus de position dominantes
qui seraient désavantages pour la clientèle.

3 -Indépendante :
L’indépendance de l’ARTF se justifie par le fait qu’elle dispose contrairement aux
AAI d’une personnalité juridique propre (ester en justice, conclure des contrats,
responsabilité personnelle).
Elle n’obéit pas principe de hiérarchie auquel sont soumises les structures de
l’administration centrale.
Elle est un organisme autonome : autonomie fonctionnelle 5 et financière.
Autonomie limitée par la tutelle du Ministère des Finances du Budget et du
Portefeuille Publique.
B- Un régulateur sectoriel
La notion d’ordre publique est intimement liée à la fonction de régulateur. Ceci
s’explique par le fait que le maintien de l’ordre publique que renferme le bon ordre,
la sûreté, la sécurité, sont les impératifs que l’ARTF entend défendre dans le
secteur de transferts de fonds.
L’ARTF dispose d’un pouvoir de police administratif exclusivement en matière de
transfert de fonds, autrement dit, l’on lui reconnaît une police spéciale qui lui
permet d’intervenir dans son domaine de compétence, sans attendre l’autorisation
de l’administration centrale.
La fonction de régulateur sectoriel implique deux réalités :
L’ARTF a un pouvoir de prescription c’est-à-dire qu’elle a le pouvoir de
sanctionner, interdire ou autoriser, contrôler, encadrer tous les transferts
monétaires tant dans le circuit interne, qu’externe de l’Etat congolais aux termes de
l’article 6 de la loi portant sa création. Le non-respect d’une injonction expose la
société de transferts de fonds aux sanctions suivantes : l’avertissement, le blâme, la
suspension et le retrait de l’agrément. Outre ces sanctions disciplinaires, le
contrevenant peut-être astreint au paiement d’une amende. 6
Elle dispose aussi de la capacité de produire des normes au travers des actes
administratifs auxquels les sociétés de transferts de fonds et leur clientèle devront
se conformer. C’est ainsi que l’ARTF va procéder au recouvrement de la redevance
sur les transactions électroniques (MoMo et Airtel Money), une taxe qui viendra
réglementer ladite transaction et combattre la concurrence déloyale qui prédominait
le secteur de transferts de fonds.
5
Article 3 loi n°7-2012 du 4 avril 2012
6
Décret n°2015-248 du 04 février 2015 portant réglementation de l’activité de transferts intérieurs de
fonds par les sociétés de transferts de fonds
4
II- La mission, l’organisation et le fonctionnement de l’ARTF
L’Agence de Régulation de Transferts de Fonds, créée par la loi n°7-2012 du 04
avril 2012 est complétée par plusieurs instruments juridiques notamment le décret
n°2015-248 du 04 février 2015 portant réglementation de l’activité de transfert
intérieur de fonds par les sociétés de transfert de fonds ; le décret n°2019-88 du 09
avril 2019 portant approbation des statuts de l’Agence de Régulation de Transferts
de Fonds ; l’arrêté n°15899 du 05 septembre 2019 relatif aux mécanismes de mise
en application de la redevance sur les transactions électroniques ; l’instruction
n°001/ARTF/2020 relative aux modalités de déclaration et de recouvrement de la
redevance sur les transactions électroniques.

A- Les missions de l’ARTF


La nécessité de protéger le consommateur en particulier et le public en général
s’impose à l’évidence et conduit tout naturellement à des réglementations étatiques
spécifiques.7 A ce titre, l’ARTF est chargée, notamment, de :
- réguler les activités relatives aux transferts de fonds ;
- contribuer à l’élaboration de la balance de paiements ;
- suivre la constitution et la liquidation des investissements directs étrangers ;
- veiller au bon fonctionnement des sociétés de transferts de fonds ;
- étudier et mettre en œuvre les mesures visant à stimuler et à mieux réguler le
secteur des sociétés de transferts de fonds ;
- contribuer à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du
terrorisme. 8
De par sa dénomination, l’ARTF laisse déjà deviner que sa mission n’est autre que
la régulation, une régulation sectorielle précisément tournée vers les transferts de
fonds. A cela, elle « oriente et contrôle l’ensemble des activités en matière de
transferts de fonds tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».9

B- L’organisation et le fonctionnement de l’ARTF


Le titre III de la loi n°7-2012 du 04 avril 2012 établit l’organisation et le
fonctionnement de l’ARTF. Il y est clairement défini que l’ARTF est administré
par un Comité de direction et gérée par une direction générale.
- Le comité de direction étant l’organe délibérante et dirigé par un Président, a
entre autre le pouvoir d’approuver et d’adopter les statuts, l’organigramme,

7
Droit international économique, Dominique Carreau, Patrick Juillard, 3 e Edition, Précis, Dalloz
8
Loi n°7-2012 du 04 avril 2012 portant création de l’Agence de Régulation de Transferts de Fonds
9
Décret n°2019-88 du 09 avril 2019 portant approbation des statuts de l’Agence de Régulation de
Transferts de Fonds 
5
les programmes de recrutement et de licenciement, les comptes
administratifs et financiers.
- La direction générale est l’organe de gestion. Elle exerce ses attributions en
toute circonstance au nom de l’agence.10 Elle est gérée et animée par un
directeur général nommé en conseil de ministres. 11 Elle comprend également
des directions techniques qui l’accompagnent dans ses attributions.
L’article 7 de la loi susmentionné dispose que « les ressources de l’ARTF
comprennent :
- la commission sur les transferts de fonds (y compris électroniques) ;
- les recettes de services ;
- les produits des amendes et des pénalités ;
- les dons et legs ».

10
Article 22 de la loi n°7-2012 du 04 avril 2012
11
Article 23 de la loi n°7-2012 du 04 avril 2012
6

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