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Université de Carthage

Institut des Hautes Etudes Commerciales. Carthage

COURS DE DROIT FINANCIER


AMEL ESSID

LICENCE FONDAMENTALE EN FINANCE


3ème Année Finance

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2023/2024

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Introduction

I- La notion du droit financier


-La notion de droit financier est une notion nouvelle dans notre droit positif. La
réglementation du marché financier en droit tunisien est récente. La BVMT a été
créé en 1969, elle n’a joué qu’un rôle mineur dans la collecte et l’affectation de
l’épargne dans les entreprises tunisiennes. Jusqu’à une époque relativement
récente, le droit financier apparaissait comme une branche du droit public centré
sur les finances publiques.
-En réalité, le droit financier peut être assimilé au droit du financement des
entreprises. Néanmoins, le droit des financements des entreprises est composé
de règles juridiques diverses et disparates qui intéressent tant les sociétés dont
les titres sont cotés sur un marché que celles dont les titres ne le sont pas. Les
deux matières concourent au financement de l’entreprise, mais le droit financier
s’en distingue. Il porte sur le droit des marchés financiers. Le lien du droit
financier avec les marchés financiers est primordial.
-Le marché financier est le lieu où s’effectuent les transactions et où se
rencontrent les acheteurs et les vendeurs. L’objectif étant d’encourager les
entreprises à émettre directement sur les marchés des capitaux, que d’emprunter
auprès des banques.
-Le droit financier correspond au droit des marchés financiers d’ailleurs cette
appellation est dominante chez les professionnels de la finance. Ceci se justifie
par la place centrale qu’occupent les marchés financiers dans l’économie
moderne. L’examen du droit financier conduit à étudier les structures des
marchés, les acteurs du marché, les opérations de marché et la régulation des
comportements sur le marché.
-Plusieurs questions du droit financier ressortissent également du droit des
sociétés commerciales comme le contrôle de la société, l’acquisition de son
capital, les titres émis et négociés sur le marché. De même, les règles de
gouvernement d’entreprise, de « corporate governance ». En effet, les exigences
qui sont à l’origine de leur apparition, viennent des marchés financiers.
L’autorité de régulation, à savoir le conseil du marché financier œuvre pour la
promotion de ces règles qui pour la plupart ne figurent pas dans le code des
sociétés commerciales, mais dans des lois spéciales comme la loi du 18 octobre
2005 relative au renforcement de la sécurité des relations financières et la loi du
29 octobre 2018 relative au registre national des entreprises.
II-Les sources du droit financier
Plusieurs textes règlementaires de la matière, il s’agit essentiellement de :
1- La loi n° 94-117 du 14 novembre 1994, portant réorganisation de marché
financier, telle que modifiée par la loi n° 99-92 du 17 aout 1999 relative à la
relance du marché Financier et la loi n° 2005-96 du 18 octobre 2005 relative au
renforcement de la sécurité des relations financières.
2- Loi n°2000-35 du 21 mars 2000, relative à la dématérialisation des titres.
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3- Le Code des sociétés commerciales
4- Le Code des organismes de placement collectif
5- Loi N° La loi n°2009-64 du 12 août 2009 portant promulgation du code de
prestations des services financiers aux non-résidents
6-Le Décret n°99-2478 du 1er Novembre 1999 portant statut des intermédiaires
en Bourse tel que modifié et complété par le décret n°2007-1678 du 5 Juillet
2007.
7-Règlement général de la bourse des valeurs mobilières de Tunis (approuvé par
l’arrêté du ministre des finances du 15 aout 2019).
III-Les caractéristiques du droit financier
1-Un droit de pratiques
-Le système de marché financier ne peut être perçu que dans un cadre libéral,
c'est-à-dire l’effacement du rôle de l’Etat. C’est la volonté des parties qui est
l’élément principal du marché. Faut-il peut-être donner à chaque secteur
économique le soin de s’autoréguler avec des organes indépendants.
2-Un droit à vocation universaliste
-Les mots clefs dans la finance moderne est la « globalisation » ou encore la
mondialisation. Les valeurs mobilières émises sur le marché doivent permettre
aux entreprises de capter les ressources sur tous les marchés. Ce qui signifie
l’ouverture du marché sur le plan international et non pas seulement sur le plan
interne et ce par l’élimination ou la suppression des frontières entre les marchés
séparés. Ainsi, le droit financier échappe de plus en plus à la notion de la
territorialité.
En somme, le marché financier contribue au financement de l’économie en
mettant à la disposition des sociétés de capitaux, notamment la société anonyme,
une source de financement différente de la source de financement classique qui
consiste dans les crédits bancaires. Pour se financer, la société anonyme a deux
moyens : Elle peut recourir à un financement interne par l’émission de valeurs
mobilières ou encore par appel public à l’épargne.
IV- Objet du droit financier, les valeurs mobilières
L’objet du droit financier porte sur les valeurs mobilières.

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Chapitre préliminaire: Les Valeurs mobilières
I- La notion de valeurs mobilières
-La notion de valeurs mobilières est très ancienne, il s’agit d’une notion
essentielle en droit des sociétés commerciales et en droit financier.
-Les valeurs mobilières sont des biens meubles émis par des personnes morales.
Ces biens sont susceptibles d’être cotées en bourse. Elles sont susceptibles de
procurer des revenus, soit parce que leur titulaire est actionnaire, soit presqu’il
est créancier.
-Elles donnent accès directement ou indirectement, à une quotité du capital de la
société émettrice ou à un droit de créance général sur son patrimoine.
-Les valeurs mobilières sont dématérialisées et représentent un titre de créance
ou de capital.
II- Les caractéristiques spécifiques des valeurs mobilières
1- La forme nominative
-Les Valeurs Mobilières émises sur le territoire tunisien et soumises à la
législation tunisienne doivent revêtir la forme exclusivement nominative, elles
sont en outre dématérialisées. Ces règles sont doublement posées par l’article
314 du CSC et la loi 2000 relative à la dématérialisation des titres.
-Le titre est dit nominatif lorsque le nom du titulaire est connu et porté sur les
registres de la société émettrice.
-Le titre est dit au porteur lorsque le nom du titulaire n’est pas identifié chez la
société. Le titre circule de main en main sans que l’identité du cessionnaire ne
soit connue.
-Le caractère nominatif des valeurs mobilières est intimement lié à leur
dématérialisation.
2-La dématérialisation des valeurs mobilières
-La dématérialisation des VM a pour but de faire l’économie de la gestion du
papier. Elle se caractérise par l’absence de tout titre physique, que ce soit au
moment de l’émission du titre ou lors de la circulation. La dématérialisation des
VM consiste en leur inscription dans des comptes tenus par les personnes
morales émettrices ou par un intermédiaire agréé (article 315 du Code des
sociétés commerciales).
-Ainsi, les VM se transmettent par transfert d’un compte à un autre. Il est à
souligner que l’inscription en compte est conditionnée par l’ouverture d’un
compte auprès de la société anonyme émettrice ou un intermédiaire agréé.
Ne peuvent être intermédiaires agréés pour tenir les comptes des -valeurs
mobilières que les intermédiaires en bourse et les établissements de crédit
habilités à exercer les activités de tenue des comptes des valeurs mobilières
selon le décret de 1999, portant statut des intermédiaires en bourse.
-Les commissaires aux comptes de la société émettrice doivent s’assurer de la
conformité de la tenue des comptes des valeurs mobilières émises par la société
à la réglementation en vigueur. Cette obligation de diligence doit être respectée

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même au cas où la société émettrice mandate un intermédiaire agréé pour la
tenue des comptes.
-Les valeurs mobilières sont inscrites en comptes par catégorie. Ainsi, il y aura
un compte d’actions, un compte d’actions à dividende prioritaire sans droit de
vote etc.
3-La négociabilité des valeurs mobilières
-La négociabilité est un mode de transmission des valeurs mobilières selon les
procédés de droit commercial. Les valeurs mobilières sont négociées par leur
transfert d'un compte à un autre.
-Les modalités de transfert des VM dépendent du statut de l’émetteur. La loi
1994 opère une distinction selon que la société émettrice fait ou non appel
public à l’épargne.
- Négociation obligatoire des VM émises par les sociétés faisant APE
-La négociation est obligatoire sur un marché. Selon l’article 70 de la loi de
1994, les transactions doivent s’effectuer sur un marché de négociation dans les
conditions fixées par le Règlement Général de la BVMT. On entend par
transaction l’opération de vente de VM. La négociation est effectuée par des
intermédiaires en bourse. Le prix est déterminé par le jeu de l’offre et de la
demande sur le marché.
- Négociation facultative des VM émises par les sociétés ne faisant pas APE
-S’agissant des VM émis par une société ne faisant pas APE, l’article 71 de loi
1994 exige que les transactions soient enregistrées auprès de la BVMT. La
transaction est effectuée en dehors du marché aux conditions de prix et de
garantie que les parties auront arrêtées. La procédure d’enregistrement est une
formalité pour permettre à la bourse de vérifier si la transaction est soumise à
une négociation obligatoire sur le marché. Une fois enregistrée, la cession doit
être signifiée à la société émettrice selon l’article 205 du COC.
III- Les principales valeurs mobilières
Les deux principales valeurs mobilières négociées sur le marché financier
tunisien sont les titres de capital et les titres de créance. L’énumération légale
des valeurs mobilières semble ouverte puisque d’autres instruments financiers
négociables sur des marchés organisés sont aussi considérés des VM comme les
parts des fonds communs de placement en VM.
A -Les titres de capital
-Représentent un outil efficace de collecte des capitaux en vue de les utiliser au
profit des projets économiques permettant aux entreprises de diversifier leurs
sources de financement.
Le législateur ne définit pas les titres de capital. On trouve une énumération de
ces titres au sein de l’article 35 du RGBVMT qui dispose que « Sont considérés
comme titres de capital, les actions ordinaires ou privilégiées, les actions à
dividende prioritaire sans droit de vote et les certificats d'investissement ».

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1-Les actions ordinaires
L’action est un titre de capital émis en représentation d’un apport qui contribue
à former le capital social de l’entreprise émettrice. L’apport peut être en
numéraire ou en nature. Il s’agit d’un titre négociable, qui représente le droit de
l’actionnaire à la répartition des bénéfices de la société et du boni de liquidation.
Les actions ordinaires confèrent à leurs titulaires des droits de nature différente.
Il s’agit des droits attachés aux VM (a), et des droits détachés des VM (b).
a- Les droits attachés aux Valeurs mobilières
*Droit à l’information : Permet de se faire une opinion personnelle sur la
gestion de la société en se faisant communiquer un ensemble de documents soit
d’une manière permanente et préalablement aux assemblées générales. Pour les
sociétés faisant APE, l'exercice du droit d'information est renforcé par le
contrôle du Conseil du Marché Financier. Le droit d'être informé sur les comptes
de la société est un droit fondamental des actionnaires, car il leur permet de
voter en connaissance de cause et éventuellement de sanctionner les dirigeants.
*Le contrôle de la gestion dans les SA, tout actionnaire peut poser des
questions écrites. Le conseil d'administration ou le directoire est tenu d'y
répondre par écrit.
*Le droit de participer et de voter aux assemblées générales
+Ce droit est attaché à une action
+Ce droit permet à son détenteur de participer aux principales décisions de
l'entreprise. A travers la participation aux assemblées générales afin de voter les
décisions relatives à la vie de la société. Ce droit est proportionnel à la fraction
du capital dont l’actionnaire est propriétaire.
*Droit aux dividendes : La possession d'actions ouvre un droit sur les bénéfices
de l'entreprise proportionnellement à la part du capital ainsi détenue. Il s'agit du
droit au dividende. Ce droit est variable d'une année à l'autre, découlant
directement des résultats annuels de l'entreprise. Il est distribué à la fin de
chaque exercice comptable. La mise en paiement des dividendes décidée par
l'assemblée générale ordinaire d'une société faisant appel public à l'épargne, doit
avoir lieu dans un délai maximum de trois mois à partir de la décision de
l'assemblée générale. Également, la possession d’action confère un droit
pécuniaire en cas de liquidation de la société. Le boni de liquidation est réparti
entre les associés proportionnellement à leur participation dans le capital social,
après le paiement de tous les créanciers, reprendre les biens meubles ou
immeubles objet de leurs apports, sauf stipulation contraire des statuts.
-En dernier lieu, l’actionnaire a le droit de négocier ses actions. Le principe est
que l’actionnaire ne peut en aucun cas être prisonnier de ses titres. Il peut vendre
ses titres à un autre actionnaire ou à un tiers étranger sans avoir besoin
d’autorisation. Cette règle n’est toutefois pas absolue. La négociation des actions
de numéraires est possible à compter de l’immatriculation de la société. Les
actions en numéraires émises à l’occasion de l’augmentation du capital sont
négociables à partir de la réalisation de celle-ci ( article 320 CSC).
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b- Les droits détachés des titres de capital
Il s’agit des VM accessoires à des VM principales comme droit préférentiel de
souscription ainsi que le droit d’attribution.
Le droit d’attribution est un droit rattaché à toute action lors de sa naissance,
permettant à l’actionnaire d’obtenir lors d’une augmentation de capital sans
recours au marché, des actions nouvellement émises de façon gratuite. Ce droit
devient un droit détaché de l’action et négocié sur le marché dans les conditions
fixées par la Bourse. Il se distingue par la gratuité des actions remises en
échange des droits d'attribution qui est une VM pouvant cédée en bourse.
Quant au droit préférentiel de souscription (DPS), c’est un droit permettant à
un actionnaire de souscrire de nouvelles actions lors d'une augmentation de
capital de manière prioritaire. Le code des sociétés commerciales dispose que
chaque actionnaire a le droit de souscrire à un nombre d’actions déterminé. Les
actionnaires ne sont pas obligés de souscrire aux actions nouvelles auxquelles ils
ont droit. Ils peuvent renoncer individuellement à leur droit préférentiel de
souscription, ainsi ce droit est détachable de l'action et peut ainsi être transféré à
un nouvel investisseur souhaitant acquérir des actions.
2- Les actions à dividende prioritaire sans droit de vote
Les sociétés ont la possibilité, sous certaines conditions, d'émettre ou de créer
des actions à dividende prioritaire sans droit de vote. Elles peuvent le faire lors
d'une augmentation du capital ou dans le cadre d'une opération de conversion
d'actions ordinaires déjà existantes.
-Le particularisme des actions à dividende prioritaire sans droit de vote consiste
en l’absence de droits de vote. Le versement du dividende y afférent s'effectue
en priorité par rapport aux actions ordinaires.
-Ces actions confèrent donc à leur détenteur des droits moins importants, mais
elles sont mieux rémunérées. En renonçant à son droit de vote, le détenteur
d’actions à dividende prioritaire SDV bénéficie en contrepartie d’un dividende
prioritaire. Si le dividende ne peut être versé intégralement (bénéfices
distribuables insuffisants), le solde par rapport au niveau minimum
préalablement fixe est reporté sur les exercices ultérieurs. Dans le cas où cette
situation perdure plus de trois ans, le droit de vote est réintégré et l'action à
dividende prioritaire SDV redevient une action ordinaire.
3- Le certificat d'investissement
Résulte d'une scission de l'action ordinaire en deux titres distincts.
Le certificat d'investissement comporte des droits financiers et notamment le
droit aux dividendes. En tant qu’une VM, le certificat d'investissement confère
des prérogatives pécuniaires à l’actionnaire. La situation des porteurs de
certificat d'investissement est normalement exclusive de prérogatives politiques,
mais il y a lieu de se demander s’ils ne jouissent pas de droits
extrapatrimoniaux. En ce sens, l’article 382 CSC énonce que « Les porteurs de
certificats d'investissement ont le droit d'obtenir communication des documents
sociaux dans les mêmes conditions que les porteurs d’actions ».
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B- Les titres de créances
1-L’obligation représente pour celui qui la détient un titre de créance à
l’encontre d’une société anonyme. Souscrire à une obligation revient donc à
consentir un prêt à un certain taux sur une durée précise (généralement 5 ans, 10
ans, 20 ans…) et connue dès le départ.
Les obligations sont des VM négociables qui représentent un droit de créance
sur la société.
Le CSC distingue deux types d’obligations : les obligations ordinaires 2- et les
obligations convertibles en actions. L’émission d’obligations est soumise
à des conditions de fond et de forme. Elle produit des effets tant sur les
obligataires que sur le fonctionnement de la société.
-Les obligations sont donc des titres négociables, émis par une société qui
emprunte un capital important, généralement à long terme. Chaque obligataire a
une créance ferme contre la société pour le paiement de l’intérêt promis et le
remboursement du capital prêté ; il s’oppose par là à l’actionnaire.
-Les emprunts obligataires présentent divers intérêts, il permet à la société
émettrice de se procurer des sommes d’argent considérables sans subir de
modifications sur sa structure. En effet, l’obligataire n’étant qu’un créancier de
la société, il n’influe pas sur la composition des assemblées générales des
actionnaires. Il constitue une alternative à l’augmentation du capital. En outre,
l’emprunt peut être moins onéreux qu’un prêt bancaire et l’indépendance de la
société est plus facile à préserver face à de multiples obligataires, même
regroupés en masse, plutôt que face à un créancier unique, prêteur professionnel,
le banquier. Pour le souscripteur: D’abord, ce type de VM apparait moins risqué
que les actions puisque leur remboursement est prioritaire à ces derniers. Et il
intervient à une échéance déterminée. Aussi, l’absence d’aléa en ce qui concerne
le revenu de l’obligation. En effet la société émettrice est garante du versement
d’un intérêt et du remboursement du capital prêté même en l’absence de tout
bénéfice. De ce fait, le souscripteur sait d’avance quelle rémunération lui sera
servie indépendamment des aléas de l’entité émettrice. Cependant, le choix
d’acquérir ce type de VM, a pour conséquence pour les obligataires,
l’impossibilité de participer à la vie sociale.
Les obligataires peuvent se réunir en assemblée spéciale, laquelle assemblée
peut émettre un avis préalable sur les questions inscrites à la délibération de
l’assemblée générale ordinaire des actionnaires.
3- Les titres participatifs
Les titres participatifs sont réglementés par les articles 368 à 374 du code des
sociétés commerciales. Ce sont des VM négociables par détermination de la loi.
Les titres participatifs se rapprochent des obligations puisqu’ils constatent un
prêt à la société. Mais la différence avec les obligations se situe au niveau du
régime de leur remboursement et de leur rémunération (leur rémunération
comporte une partie fixe et une partie variable en fonction de la société
émettrice).
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Chapitre I- Les sociétés faisant appel public à l’épargne

L’article premier de la loi du 14 novembre 1994 dispose que sont réputés


sociétés ou organismes faisant appel public à l'épargne les sociétés ou
organismes qui répondent à certains critères posés par ledit article.
Section 1 - Les critères légaux de l’appel public à l’épargne
L’article 1er de la loi pose cinq critères de l’appel public à l’épargne. Il retient
ainsi un critère formel tiré des statuts mêmes de la société la qualifiant
expressément comme société faisant appel public à l’épargne. Il retient
également un critère matériel tiré de l’activité exercée par la société (banque et
assurance). Il retient, enfin, le critère quantitatif de diffusion des titres (société
dont le nombre des actionnaires est égal ou supérieur à 100) et de procédés de
diffusion (admission à la cote de la bourse, placement des titres par recours soit
à des intermédiaires, soit à des procédés de publicité quelconques, soit au
démarchage)
1 -Le critère formel
Ce sont les sociétés qui ont reçu cette appellation dans les statuts (A) et celles
qui sont cotées en bourse (B).
A- Les sociétés qui sont déclarées comme telles par leurs statuts
Il s’agit à la fois d’un critère formel et subjectif. L’énonciation formelle dans les
statuts qu’il s’agit d’une société faisant appel public à l’épargne suffit pour sa
qualification comme société faisant appel public à l’épargne. Il est évident que
ce critère formel traduit une volonté des actionnaires et en cela il est un critère
subjectif, mais il reste à savoir si la modification des statuts emportant
suppression de cette mention est de nature à faire sortir la société de cette
catégorie des sociétés faisant appel public à l’épargne. On trouve dans cette
question la problématique générale de la détermination de l’époque à partir de
laquelle une société perd la qualité de société faisant appel public à l’épargne.
B- Les sociétés dont les titres sont admis à la cote de la Bourse
L’admission à la cote obéit à des règles édictées par le conseil du marché
financier. L’admission à la cote d’un marché boursier est un critère classique par
lequel une société est dite comme faisant appel public à l’épargne. Mais il faudra
se rappeler que toute société faisant appel public à l’épargne n’est pas
nécessairement une société cotée.
2 - Le critère matériel
Ce sont les banques (A) et les sociétés d'assurances (B) quel que soit le nombre
de leurs actionnaires. Il s’agit d’un critère tiré de l’objet social. Le nombre des
actionnaires est indifférent.
a- Les banques
L’expression banque désigne à la fois l’activité et la société qui exerce cette
activité.

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*Les banques sont des établissements de crédit qui exercent toutes les activités
prévues par l’article 5 de la loi du 11 juillet 2016 relative aux banques et aux
établissements financiers comme :
-La réception des dépôts du public quelles qu'en soient la durée et la forme,
-L'octroi de crédits sous toutes leurs formes
*Les établissements financiers peuvent effectuer toutes les opérations
énumérées dans l'article 5 de la loi de 2016. Toutefois, seules les banques sont
habilitées à recevoir du public des dépôts quelles qu'en soient la durée et la
forme.
Exemple des établissements financiers
+Les sociétés de leasing
+Les sociétés de factoring
Les établissements financiers ne sont pas considérés comme des sociétés faisant
appel public à l’épargne en raison de leur objet non bancaire.
b- Les assurances
Les activités d’assurance peuvent être exercées
- Soit par des sociétés anonymes
-Soit par des sociétés anonymes à forme mutuelle (MAE). Une société
d'assurance mutuelle est une société d'assurance régie par le Code des
assurances dont le but est l'assurance complémentaire santé.
-Soit par des caisses mutuelles agricoles (CTAMA). Elles ont pour objet
d’assurer les risques agricoles de toute nature (incendie, accident, etc.). (Régie
par le décret du 26 mars 1931).
Ces sociétés sont constituées selon les textes particuliers les régissant. La
question est de savoir si loi de 1994 les vise toutes. Il ne fait pas de doute.
4- Le critère quantitatif
Ce sont les sociétés dont le nombre d'actionnaires est égal ou supérieur à cent. Il
s’agit d’un critère quantitatif tiré du nombre des actionnaires qui doit être égal
ou supérieur à cent. Il peut s’agir d’une société anonyme ou d’une société en
commandite par actions. Une société à responsabilité limitée dont le nombre
d’associés est égal ou supérieur à 50 doit se transformer en société anonyme.
5- Le critère tiré des procédés de diffusion
Ce sont les organismes de placement collectif (A) et les sociétés qui utilisent des
procédés spécifiques pour le placement de leurs titres (B).
A- Les organismes de placement collectif
Ces organismes sont régis par code des organismes de placement collectif
promulgué en 2001.
Sont considérés comme organismes de placement collectif les organismes de
placement collectif en valeurs mobilières (I) et les fonds communs de créances
(II).
I- Les organismes de placement collectif en valeurs mobilières
Ils comprennent les sociétés d'investissement à capital variable, les fonds
communs de placement en VM et les fonds commun de placement à risque.
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1- Les SICAV
*Cadre juridique
Elles sont régies par les articles 2 à 9 du Code des OPC
*Nature juridique
- Les SICAV sont des sociétés anonymes.
- Il existe des SICAV obligataires et des SICAV mixtes.
*Objet
-Elles ont pour objet unique la gestion d’un portefeuille de valeurs mobilières. -
Cette gestion consiste en l’acquisition des actions de sociétés cotées en bourse et
la souscription aux emprunts obligataires.
-Elles sont soumises à l’agrément du CMF et à son contrôle et régies par le Code
des sociétés commerciales tant qu’il n’y est pas dérogé par le Code des OPC.
-Elles gèrent un seul portefeuille diversifié.
*Actif
-Composé de valeurs mobilières émises et cotées en bourse, de titres émis ou
garantis par l’Etat et de fonds en dépôt. Ainsi, il existe des SICAV obligataires
et des SICAV mixtes.
-Elles bénéficient d’avantages fiscaux importants.
*Capital
-Son capital ne peut être, à la constitution, inférieur à un million de dinars.
- Les statuts des SICAV doivent spécifier expressément que le capital est
susceptible d’augmentation résultant de l’émission d’actions nouvelles et de
réductions. Ils doivent également mentionner que tout actionnaire peut, à tout
moment, obtenir le rachat de ses actions par la société sauf lorsque le capital
atteint 500 000 dinars. Contrairement aux règles du droit des sociétés
commerciales, la variation du capital ne donne pas lieu ici, ni à la modification
des statuts, ni à la réunion d’une AGE, ni à une publicité imposée par la
législation en vigueur pour les autres sociétés.
*Fonctionnement
-Elles peuvent assurer leur propre gestion et décider de l’orientation de leur
placement (comité de gestion composé de trois personnes au moins reconnues
pour leur expérience et leur compétence), soit par l’intermédiaire d’une société
de gestion en vertu d’un contrat de mandat soumis à l’approbation du CMF.
(Art.31 du code OPC)
*Avantages
-Les SICAV permettent aux actionnaires de démarrer avec de petites sommes
avec un minimum de risque.
-Elles sont exonérées de l’impôt sur les sociétés commerciales.

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2- les fonds communs de placement en valeurs mobilières
(FCP/VM)
*Cadre juridique
Ils sont régis par les articles 10 à 22 du Code des OPC.
* Nature juridique
-Ce sont des organismes sans personnalité morale, donc ils ne sont pas des
sociétés. Les règles de la société en participation ne leur sont pas
applicables (ces fonds ne sont pas des organismes occultes et les porteurs de
parts ne risquent pas de voir leur responsabilité indéfinie engagée) ainsi que les
dispositions du code des droits réels relatives à l'indivision (les porteurs de parts
ne peuvent provoquer le partage du fonds).
- Les parts sont libérées totalement à la souscription à l’exception des parts des
FCP. R
-Ce sont des copropriétés de nature particulière, les investisseurs sont des
porteurs de parts et non des actionnaires. Leurs droits portent sur leurs parts
respectives et non sur l’ensemble des actifs composant le fonds.
-Bien qu’ils soient dépourvus de personnalité morale, ces fonds sont dotés de
patrimoine propre distinct de celui des porteurs, de celui de la société de gestion
et de celui du dépositaire. En outre, ils sont titulaires de noms.
* Objet
-Ils ont pour objet la gestion d’un portefeuille diversifié de VM.
-Cette gestion consiste en l’acquisition des actions d’une société cotée en bourse
et la souscription aux emprunts obligataires.
* Fonctionnement
-Leur structure de fonctionnement est très souple (pas de conseil, ni assemblée).
-La gestion du fonds est confié à un gestionnaire qui est soit une banque soit un
intermédiaire en bourse ayant la forme d’une SA soit une société de gestion. On
en déduit qu’une personne physique ne peut pas gérer un FCP.
-Le recours à ce prestataire de service est obligatoire car le FCP/VM n’a pas de
personnalité morale.
-Le gestionnaire doit garder secrètes les informations à caractère confidentiel.
-Il doit promouvoir les intérêts des porteurs de parts, veiller à leur égalité de
traitement et exercer ses activités dans le respect de la transparence et la sécurité
du marché. Bref, il doit être diligent et loyal.
-La conservation des fonds et des titres revenant aux copropriétaires du fonds est
confiée à un dépositaire (peut être une banque ou l’une des PM figurant sur une
liste fixée par arrêté du ministre des finances). Les fonctions de gestionnaire et
du dépositaire ne peuvent être cumulées au titre d’un même OPC/VM.
- Le dépositaire est chargé d’une mission de contrôle de la gestion des fonds et
établit le règlement intérieur du fonds en collaboration avec le gestionnaire.
*Avantages
- Exonérées de l’impôt sur les sociétés commerciales et permettent aux porteurs
de parts de démarrer avec de petites sommes avec un minimum de risque.
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3- Les fonds communs de placement à risque (FCPR)
*Cadre juridique
-Les fonds communs de placement à risque sont régis par la du 19/12/2005
relative à la création des fonds commun de placement à risque, et le décret
d´application du 3/2/2006, modifiant et complétant le code des OPC.
* Nature juridique
- Les fonds communs de placement à risque sont considérés parmi les
organismes de placement en valeurs mobilières (OPCVM)
-Constitués à l'initiative conjointe du gestionnaire et du dépositaire, qui sont
chargés de l’établissement du règlement intérieur. En effet, un FCPR doit
prévoir un règlement intérieur qui fixe les modalités de gestion du fonds et les
conditions de rachat de ses parts. La souscription aux parts d'un FCPR présume
une acceptation de son règlement intérieur après en avoir pris connaissance.
-Un FCPR doit réunir un montant de cent mille dinars, lors de sa constitution.
* Objet
-Le renforcement des opportunités d’investissement et des fonds propres des
sociétés en simplifiant l’accès aux marchés financiers. Il permet aux épargnants
d’investir en bourse à des coûts réduits et sans avoir besoin de connaissances
étendues ou d’expérience dans le domaine boursier. Ils attirent les investisseurs
qui souhaitent participer au développement des jeunes entreprises.
* Fonctionnement
-Le gestionnaire du fonds peut être soit une banque, soit un intermédiaire en
bourse ayant la forme de société anonyme, ou encore la société de gestion visée
à l'article 31 du code des OPC. Ce gestionnaire est tenu, d’assurer la gestion du
fonds pour le compte de porteurs des parts, en conformité avec les dispositions
du code des OPC et du règlement intérieur du fonds. Il doit être diligent et
loyal et garder le secret professionnel. Le gestionnaire est le représentant légal
du fonds, Il représente les porteurs de parts dans toute action en justice, ainsi que
pour tous les actes intéressant leurs droits et obligations.
Le dépositaire peut être : une banque ou une personne morale ayant son siège en
Tunisie. (La liste est fixée par un arrêté du ministre des finances).
- Le dépositaire établi le règlement intérieur du fonds avec le gestionnaire.
-Conserver les comptes titres des porteurs des parts et les fonds monétaires du
fonds et contrôle la gestion du fonds.
*Avantages
-La libération des parts des FCPR peut être faite en fonction des besoins des
projets dans lesquels ces fonds participent. A cela il faut ajouter les avantages
fiscaux accordés à ces FCPR et leurs souscripteurs afin de les encourager
davantage à aider les entreprises qui ne présentent pas forcément une bonne
situation économique et qui ne pourront pas recourir facilement à d’autres
moyens de financement le cas des entreprises qui réalisent de nouveaux
investissements dans les zones de développement ; ou dans les secteurs de la
nouvelle technologie de la communication et de l’information ou les PME.
13
II- Les fonds communs de créances (FCC)
*Cadre juridique ; C’est un OPC soumis au Code des OPC.
* Nature juridique ; C’est une copropriété de créances et non de VM sans
personnalité morale.
* Objet ; En contrepartie de l’acquisition des créances, le FCC émet des parts
représentatives de ces créances. Les parts sont des VM (titres de créances) qui
ne peuvent être rachetés par le FCC. (À l'inverse des OPC.VM)
-Son objet n’est pas la gestion d’un portefeuille de VM, mais l’acquisition de
créances notamment d’origine bancaire. C’est pourquoi il est l’un des supports
juridiques de la titrisation qui est un procédé destiné à élargir les moyens de
financement des banques. En effet, les banques qui consentent des crédits à long
terme, notamment dans le secteur immobilier ont besoin de mobiliser leur
créance hypothécaire. Ils peuvent transformer leurs créances sur les
emprunteurs, en titres pour les céder à des fonds communs dont les parts seront
souscrites par le public. Les créances ne doivent être ni litigieuses ni douteuses.
* Fonctionnement
-Le FCC ressemble par ses caractéristiques d’organisation au FCP puisqu’il est
une copropriété sans personnalité morale qui fait appel pour son fonctionnement
à un gestionnaire et à un dépositaire. Les porteurs de parts ne peuvent réclamer
le rachat de leurs parts sur les actifs du fonds.
-Le fond doit être spécialisé, il ne peut acquérir que des créances résultant
d’opérations de crédit et dont la durée restante est supérieure à trois ans et les
créances acquises ne doivent être ni immobilisées ni douteuses ni litigieuses. La
spécialisation du fond est marquée aussi par l’interdiction de faire des emprunts.
Il a l’obligation de conserver les créances et de ne pas les nantir.
*Avantages
-Favorise la titrisation, pour renforcer les moyens de financement des
banques en mobilisant leurs créances.
B- Les sociétés et organismes utilisant des procédés spécifiques pour le
placement de leurs titres
Ce critère vise les modalités de la diffusion des titres dans le public. « Les
sociétés et les organismes autres que les organismes de placement collectif en
VM qui, pour le placement de leurs titres, recourent soit à des intermédiaires,
soit à des procédés de publicité quelconques, soit au démarchage ». « Le
démarchage s'entend l'activité de la personne qui se rend habituellement à la
résidence de personnes, sur leurs lieux de travail ou dans les lieux publics, en
vue de leur proposer la souscription ou l'acquisition de titres ». « Est également
considéré comme démarchage, l'envoi de lettres, dépliants ou tous autres
documents lorsqu'il est utilisé, de façon habituelle, pour proposer la souscription
ou l'acquisition de titres ».
La notion de démarchage est définie à la fois dans son sens habituel et dans le
fait d’envoyer toute sorte de documents pour proposer la souscription de titres.
Le démarchage doit être habituel. Deux fois font l’habitude.
14
Section 2 - Les sociétés dont les titres sont cotés en bourse – La
cote de la bourse
Les VM sont admises à la cote de la Bourse dans les marchés de titres de capital
(qui comprennent le marché principal et le marché alternatif) ou dans le marché
obligataire ou dans le marché des fonds communs de créances. Il existe des
règles communes à l’admission de toutes les valeurs mobilières à la cote qu’il
faut examiner (1), avant d’étudier les règles particulières à chaque catégorie de
valeurs mobilières (2).
1 Les règles communes à l’admission des valeurs mobilières à la cote
A- La demande d’introduction
-Toute demande d'admission des VM à la cote doit se faire par l'entremise d'un
intermédiaire en Bourse.
-Le dossier d'admission à la cote comporte les documents juridiques,
économiques, financiers, et comptables de la société ou du fonds commun de
créances qui requiert l'admission.
-La liste et la teneur de ces documents sont fixés par la Bourse. Celle-ci est
habilitée à demander, à la collectivité émettrice, la production de toute
information complémentaire.
- La collectivité qui demande l'admission de ses titres à la cote doit
préalablement à l'introduction de ses titres à la négociation :
+Justifier du dépôt des titres à la Tunisie clearing pour la compensation et le
dépôt des VM.
+ Prendre l'accord du CMF en vue de fixer le calendrier d'émission et de
souscription, pour toute opération financière comportant droit de préférence ou
droit de priorité ;
+ Transmettre au CMF et à la Bourse tous les communiqués et avis à caractère
financier et publications à diffuser par la collectivité, ainsi que tout document
d'information économique ou financière que la collectivité serait amenée à éditer
et obtenir l'approbation du CMF pour leur diffusion ;
+ Désigner, en son sein, une structure chargée des affaires des actionnaires et
des relations avec le CMF, la Bourse et la Tunisie clearing.
-Dans l'intérêt du marché et des épargnants, la Bourse peut subordonner
l'admission d'une valeur à toute condition particulière communiquée à la
collectivité requérante.
B- La décision de la bourse sur l’admission
- La Bourse notifie sa décision à la collectivité requérante ou à son intermédiaire
en bourse, au plus tard, dans un délai de trois mois à compter de la réception de
la demande ou, si la Bourse requiert dans ce délai des renseignements
complémentaires, dans un délai d'un mois suivant leur réception.
- La Bourse peut rejeter la demande d'admission d'un titre à la cote, si elle
estime qu'elle est contraire à l'intérêt du marché et des épargnants.
-L'admission d'une VM est annoncée par un avis publié par la Bourse sur son
bulletin, précisant les conditions de négociation, la date de la première cotation
15
et la procédure d'introduction. La Bourse fixe les conditions de négociation et de
cotation des titres nouvellement admis.
-La durée de validité d'une décision d'admission est de quatre mois. A la
demande de la collectivité, la Bourse peut proroger la validité de sa décision, de
deux mois supplémentaires.
2 Les règles spécifiques à l’admission de chaque catégorie de
valeurs mobilières
Les marchés de titres de capital sont ouverts aux sociétés anonymes qui
répondent à des critères d’ouverture au public, de taille, de performance, de
liquidité et de transparence tels que prévus par le RGB (A). Le marché
obligataire est ouvert aux titres de créance émis par l'Etat, ou les collectivités
publiques locales, ainsi qu'à tous autres titres de créance émis par les organismes
de droit privé admis à la négociation sur ce marché (B). Le marché des fonds
communs de créances est ouvert aux titres émis par les fonds communs de
créances (C).
A- L’admission des titres de capital
Les titres de capital peuvent être admis au marché principal (a) ou au marché
alternatif (b).
a) Admission au marché principal
Les conditions de l’admission sont les suivantes :
1-Capital minimum et diffusion des titres : La société doit justifier d’un
capital minimum de trois millions de dinars le jour de l’introduction. Les titres
des sociétés détenus par le public et dont l'admission au marché est demandée,
doivent être répartis entre deux cents actionnaires au moins, au plus tard le jour
de l'introduction.
-Par public, on entend les actionnaires détenant individuellement au plus 0,5 %
du capital et les institutionnels détenant individuellement au plus 5 % du capital.
-Par institutionnel, on entend les Organismes de Placement Collectifs, les
établissements de crédit, les Assurances, les Sociétés d’Investissement à Capital
Fixe, les Sociétés d’Investissement à Capital Risque et les caisses de retraite.
-L'admission au marché implique la diffusion dans le public d'un nombre de
titres représentant 10 % au moins du capital social au plus tard le jour de
l'introduction.
2-Durée d’ancienneté : La société doit avoir publié les états financiers certifiés
des deux exercices précédant la demande d'admission. Toutefois, la Bourse peut
accorder une dérogation pour les sociétés dont l'entrée en activité est inférieure à
2 ans.
3-Informations financière et informations prévisionnelles : La société doit
présenter des informations prévisionnelles sur cinq (5) années assorties des
hypothèses sous-jacentes. Ces informations établies par le conseil
d’administration ou le directoire selon le cas et sous sa responsabilité, doivent
être accompagnées de l’avis du commissaire aux comptes. Cet avis est émis sur

16
la base de l’accomplissement des diligences conformément aux normes
professionnelles en vigueur en matière de vérification d’informations
prévisionnelles. Si, à la date de la décision d'admission, le dernier exercice a été
clôturé depuis plus de huit mois, le conseil d'administration ou le directoire de la
société doit établir et publier, sous sa responsabilité, les comptes du premier
semestre. Ces comptes doivent être accompagnés de l'avis du commissaire aux
comptes. La société dont les titres font l'objet d'une décision d'admission doit
tenir la Bourse informée des cessions ou abandons d'éléments d'actifs
intervenus avant son introduction.
4-Les exercices bénéficiaires : Les deux derniers exercices doivent être
bénéficiaires. La condition de réalisation des bénéfices n’est pas exigée pour la
société qui demande l’admission de ses titres au marché par la procédure
d’inscription directe suite à une augmentation du capital dans le public.
5-Evaluation de la société : La société dont les titres font l'objet d'une demande
d'admission doit présenter un rapport d'évaluation de ses actifs effectué par un
expert membre de l'ordre des experts comptables de Tunisie, autre que le
commissaire aux comptes de la société ou par tout autre expert dont l'évaluation
est reconnue par le CMF.
6-Organisation de la société : La société dont les titres font l'objet d'une
demande d'admission au marché, doit justifier de l'existence :
- D'un manuel de procédure d'organisation, de gestion et de divulgation des
informations financières
- D'une structure d'audit interne qui doit faire l'objet d'une appréciation du
Commissaire aux Comptes dans son rapport sur le système du contrôle interne
de la société ;
- D'une structure de contrôle de gestion ;
b) Admission des titres de capital au marché alternatif
Les dispositions relatives à l’admission au marché principal sont en principe
applicables aux titres de capital admis au marché alternatif. Toutefois, il leur est
apporté les dérogations suivantes :
-Suppression des conditions relatives aux bénéfices, au capital minimum et à
l’ancienneté : Les conditions de bénéfices et de capital minimum ne sont pas
exigées pour la société qui demande l’admission au marché alternatif.
-Répartition du capital : Les titres de la société détenus par le public et dont
l'admission au marché alternatif est demandée, doivent être répartis entre, au
moins, cent actionnaires ou cinq actionnaires institutionnels au plus tard le jour
de l'introduction.
-Evaluation de la société : La société dont les titres font l’objet d’une demande
d’admission au marché alternatif doit présenter un rapport d’évaluation de ses
actifs effectué par un expert-comptable inscrit à l’ordre des experts comptables
de Tunisie ou par tout autre expert dont l’évaluation est reconnue par le CMF, à
condition qu’il ne soit ni son commissaire aux comptes, ni le listing sponsor
prévu par l’article 36 bis du statut des intermédiaires en bourse.

17
-La désignation d’un listing sponsor : La société doit désigner, durant toute la
période de séjour de ses titres au marché alternatif, un listing sponsor. La durée
du mandat conférée au listing sponsor ne doit être inférieure à deux ans.
En cas de résiliation du mandat, pour quelque motif que ce soit, la société doit
sans délai désigner un nouveau listing sponsor. Le CMF doit être informé de
toute désignation.
B- L’admission au marché obligataire des titres de créance émis
par des collectivités tunisiennes de droit privé
- Sont considérés comme titres de créance les obligations, les obligations
convertibles en titres de capital, les titres participatifs, ou tout autre bon donnant
droit à des titres de créance.
-L'encours de l'emprunt obligataire doit être au moins égal à un million de
dinars le jour de l'introduction.
-La garantie de l’émission : La Bourse peut demander, à l'appui de toute
demande d'admission au marché obligataire, la production d'une notation
reconnue par le CMF, concernant l'émission. A défaut, elle peut demander la
production d'une garantie en intérêts et capital.
C- L’admission au marché des fonds communs de créances
-La demande d’admission aux négociations au marché des fonds communs de
créances, porte sur toutes les parts d’un fonds commun de créances. Elle est
présentée par la société de gestion.
-Le jour de la demande d’admission aux négociations, la durée de vie restante à
courir du FCC dont l’admission est demandée est au moins égale à un an.
-La BVMT vérifie que le montant des parts dont l’admission est demandée et
leurs nombres sont suffisants pour assurer la liquidité du marché.
-La société de gestion qui demande l'admission aux négociations des parts d’un
FCC dépose auprès de la BVMT un dossier comprenant les documents suivants:
+Une demande d’admission à la Bourse,
+Un exemplaire du prospectus définitif mentionnant le numéro de visa accordé
par le CMF et un exemplaire du règlement intérieur du fonds.
-Si la société de gestion présente pour la première fois un dossier d’admission
aux négociations des parts d’un FCC, ce dossier comprend en outre les actes
constitutifs de la société.
-La société de gestion est tenue d’informer la BVMT de toute modification
apportée aux actes, documents et données d'information.
-La société de gestion est tenue de communiquer à la BVMT le calendrier de
remboursement du capital et de paiement des coupons d'intérêt du fonds;
- D’informer la BVMT préalablement à chaque échéance:
+ Du montant du coupon d'intérêt payé à chaque part,
+Du montant du remboursement effectué à chaque part,
+ le cas échéant, des nouvelles valeurs nominales des parts après chaque
remboursement, si nécessaire un nouveau calendrier des remboursements
attachés aux parts du fonds admises aux négociations.
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CHAPITRE DEUXIEME : LES PRESTATAIRES DE
SERVICES
SECTION I : LES INTERMEDIAIRES EN BOURSE
Les intermédiaires en bourse sont les agents chargés, à l'exclusion de toute autre
personne, de la négociation et de l'enregistrement des VM à la BVMT, droits s'y
rapportant et des produits financiers. Ils peuvent accomplir en outre, les
opérations qui sont en relation avec ces missions. L'activité d'intermédiaire en
bourse doit être exercée à titre permanent. Elle est incompatible avec toute autre
activité exercée à titre professionnel.
1 - Les conditions d’exercice
-Les intermédiaires en bourse sont agréés par le CMF après avis de l'Association
des Intermédiaires en bourse.
-Le retrait de l'agrément ou sa suspension sont prononcés par le CMF après avis
de l'Association des intermédiaires en bourse.
-Les intermédiaires en bourse doivent être de nationalité tunisienne. Ils peuvent
être soit des personnes physiques soit des sociétés spécialisées de bourse ayant
la forme de société anonyme.
-Les intermédiaires en bourse doivent présenter les garanties suffisantes
notamment en ce qui concerne leur organisation, leurs moyens techniques et
financiers, l'honorabilité et l'expérience de leurs dirigeants ainsi que les
dispositions propres à assurer la sécurité des intérêts de leur clientèle.
-Le décret du 1er novembre 1999 portant statut des intermédiaires en bourse
distingue les conditions applicables aux personnes physiques et celles
applicables aux personnes morales. Il organise une procédure d’agrément en
deux temps.
a- Les personnes physiques
Les personnes physiques désirant exercer l'activité d'intermédiaire en bourse
doivent :
1 -Avoir la nationalité tunisienne,
2 - Avoir leur résidence en Tunisie,
3 - Jouir de leurs droits civiques et politiques,
4 - Etre aptes physiquement et mentalement à accomplir leurs activités,
5 - Avoir une maîtrise ou un diplôme équivalent,
6 - Avoir une expérience professionnelle de 5 ans, au moins, dans le domaine de
l'intermédiaire en bourse,
7 - Subir avec succès, un test d'aptitude professionnelle organisé par un
organisme choisi par le C M F et sous le contrôle de ce dernier,
8 - S'engager à s'adonner à l'activité de négociation et d'enregistrement en bourse
de valeurs mobilières et produits financiers,
9 - Justifier de l'existence de moyens humains et matériels nécessaires à
l'exercice de l'activité d'intermédiaire en bourse et dont la teneur est déterminée
par une décision générale du CMF.

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b- Les personnes morales
Les sociétés anonymes désirant exercer l'activité d'intermédiaire en bourse
doivent :
1 –Avoir la nationalité tunisienne,
2 – Avoir obligatoirement pour objet la négociation et l'enregistrement en
bourse des valeurs mobilières et produits financiers,
3 - Justifier de l'existence de moyens humains et matériels nécessaires à
l'exercice de l'activité d'intermédiaire en bourse et dont la teneur est déterminée
par une décision générale du CMF,
4 –Avoir un capital minimum libéré de 1.000.000 D, si la société demande à être
agréée pour l'exercice des activités de négociation et d'enregistrement en bourse
de valeurs mobilières et produits financiers, de conseil financier, de démarchage
financier, de gestion de portefeuille de VM et de portage d'actions,
- 3.000.000 D, si la société demande à être agréée, outre les activités citées, pour
l'exercice des activités de tenue de marché de garantie de bonne fin d'émissions.
-En outre, le président-directeur général, le directeur général ou le président du
directoire d’une société anonyme d’intermédiation en bourse, doit jouir de ses
droits civiques et politiques, avoir une maîtrise dans un domaine économique ou
financier ou un diplôme équivalent et justifier d'une expérience professionnelle
de cinq ans au moins dans le domaine d'intermédiation financière.
a) Limites de cumul, incompatibilité et interdictions
-Le président-directeur général, le directeur général, le directeur général adjoint,
le président ou un membre du directoire d'un intermédiaire en bourse ne peut
exercer au même temps aucune fonction dans une autre société d’intermédiation
en bourse, dans une société cotée ou dans un établissement de crédit
-Nul ne peut être intermédiaire en bourse:
+ S'il a fait l'objet d'une condamnation pour faux en écriture, pour vol, pour abus
de confiance, pour escroquerie, pour émission de chèque sans provision, pour
recel de choses obtenues à l'aide de ces infractions et pour infraction à la
réglementation des changes, ou pour infraction aux textes législatifs et
réglementaires relatifs à la répression du blanchiment d’argent
+ S'il a fait l'objet d'une condamnation pour un délit intentionnel et pour laquelle
il n'a pas été réhabilité ;
+ S'il tombe sous le coup d'un jugement définitif de faillite.
+ S'il a été administrateur ou gérant de sociétés déclarées en faillite et que cette
faillite lui a été étendue personnellement ou s'il a été condamné en vertu des
articles 288 et 289 du code pénal relatifs à la banqueroute.
b) La procédure d’agrément
-L'agrément des intermédiaires en bourse comporte un agrément de principe et
un agrément définitif délivrés par le CMF. Toutefois, le démarrage effectif des
opérations de négociation et d'enregistrement en BVM et produits financiers
demeure subordonné à des autorisations d'accès à leur système accordé, par la
BVMT.

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-En cas de refus, le CMF notifie au requérant une décision motivée. Le CMF
peut limiter l'agrément de principe à certaines des activités demandées par le
requérant, notamment en raison de ses moyens financiers et techniques et des
garanties présentées. Une telle décision doit être également motivée.
Tout projet d'extension ou de restriction des activités objet de l'agrément délivré
donne lieu à une demande de modification de l'agrément.
2 Les activités de l’intermédiaire en bourse
Les intermédiaires en bourse peuvent, dans les conditions qui sont fixées par
décret, se livrer aux activités suivantes :
 Le conseil financier ;
 Le démarchage financier ;
 La gestion individuelle de portefeuilles ;
 La gestion de portefeuilles au profit d'organismes de placement collectif
en valeurs mobilières ;
 Le placement de valeurs mobilières et de produits financiers ;
 La garantie de bonne fin d'émissions pour les entreprises publiques ou
privées ;
 La tenue de marché ;
 Le portage d'actions.

Section 3- Les obligations collectives des intermédiaires en bourse


1- L’adhésion à l’association professionnelle des intermédiaires en bourse
Les intermédiaires en bourse sont tenus de constituer une association chargée de
les représenter collectivement pour faire valoir leurs droits et intérêts communs
et de donner son avis sur les questions intéressant la profession et de faire toute
proposition concernant le développement du marché financier. Ses statuts sont
préalablement agréés par le ministre des finances après avis du CMF. Cette
association est dénommée "Association des intermédiaires en bourse". Chaque
intermédiaire doit y adhérer.
2 -Les fonds de garantie
a- Le fonds de garantie de la clientèle du marché des valeurs mobilières et
des produits financiers
-Les intermédiaires en bourse doivent constituer un fonds de garantie destiné à
intervenir au bénéfice de la clientèle du marché des valeurs mobilières et des
produits financiers afin de couvrir les risques non commerciaux. Les conditions
de constitution, d'organisation, de fonctionnement et de contribution des
intermédiaires et des intervenants ainsi que les conditions et limites
d'intervention dudit fonds sont précisées par arrêté du ministre des finances.
-Les ressources du « fonds de garantie de la clientèle du marché des valeurs
mobilières et des produits financiers » proviennent de :
+ 5% du montant des commissions perçues par la BVMT

21
+Une contribution annuelle d’un montant de 1000 dinars versée par chaque
intermédiaire en bourse avant la fin du mois de janvier de chaque année.
-Le fonds de garantie de la clientèle du marché des valeurs mobilières et des
produits financiers intervient suite à un avis du collège du CMF constatant la
défaillance d’un intermédiaire en bourse d’honorer ses engagements.
La garantie du fonds de garantie de la clientèle du marché des valeurs mobilières
et des produits financiers ne peut dépasser un montant équivalent aux 2/3 de ses
ressources disponibles. Le montant à servir est réparti entre les clients que la
BVMT a décidé d’indemniser au prorata des droits de chaque client dans la
masse des créances éligibles à l’indemnisation, et ce, dans la limite de 30 mille
dinars pour chaque client.
Ne peuvent bénéficier de la garantie du fonds de garantie de la clientèle du
marché des valeurs mobilières et des produits financiers les intermédiaires en
bourse pour leurs droits propres, les dirigeants de l’intermédiaire en bourse
défaillant, les filiales de l’intermédiaire en bourse défaillant, les conjoints,
ascendants et descendants des dirigeants de l’intermédiaire en bourse défaillant.
b -Le fonds de garantie de marché
Les intermédiaires en bourse doivent constituer un Fonds de garantie de marché
destiné exclusivement à garantir entre eux, la bonne fin des opérations négociées
sur le marché, en cas de défaillance de règlement ou de livraison, et ce, après
épuisement des autres voies et moyens prévus par la réglementation boursière.
Le règlement et l'administration du Fonds sont assurés par l'Association des
Intermédiaires en Bourse et approuvés par le CMF.
Par délégation, la gestion financière du Fonds de garantie de marché est assurée
par la Bourse. Les intermédiaires en bourse qui cessent leurs activités à titre
définitif, pour quelque motif que ce soit, ont droit au remboursement de leurs
contributions, selon les modalités fixées par l'administration du Fonds, après
extinction de tous leurs engagements contractés.
Les contributions financières au Fonds mises à la charge des IB sont :
- La contribution initiale qui est le premier versement effectué par chaque
intermédiaire en bourse et dont le montant est fixé par l'administration du Fonds.
Cette contribution est réajustée, périodiquement, selon les modalités fixées par
l’administration du fonds ou l’institution qui en a la délégation.
- La provision régulière la contribution proportionnelle que doit verser chaque
intermédiaire en bourse, en fonction du risque qu’il fait encourir au marché. Le
taux et les modalités de calcul et de versement de cette contribution sont fixés
par l’administration du fonds.
- La contribution exceptionnelle, celle que doivent verser tous les intermédiaires
en bourse, et dont le montant et la date sont déterminés par l'administration du
Fonds, lorsque le solde de celui-ci n'arrive pas à couvrir la totalité du montant
dû.

22
Section 2 - De la Bourse des valeurs mobilières de Tunis
1 - La constitution de la bourse des valeurs mobilière de Tunis
-La BVMT est régie par les règlements du CMF et par les dispositions du code
de commerce dans la mesure où il n'y est pas dérogé par la présente loi.
-Son capital dont le minimum est fixé par arrêté du Ministre des Finances, est
exclusivement souscrit par les intermédiaires en bourse intégralement libéré en
numéraire.
-En cas de sortie de l'un des intermédiaires de la BVMT, pour quelques motifs
que ce soit, sa part dans le capital est obligatoirement rachetée par les
intermédiaires restants.
-Les prix de souscription et de rachat des actions de la société sont approuvés
par décision du CMF sur rapport d'experts qu'il désigne à cette fin.
-Le projet des statuts de la BVMT, ainsi que les modifications qui y sont
apportées ultérieurement, doivent être approuvés par le Ministre des Finances
après avis du CMF.
-La désignation des administrateurs de la BVMT est soumise à l'approbation du
Ministre des Finances qui peut les démettre sur rapport motivé du commissaire
du gouvernement et pourvoir à leur remplacement, parmi les actionnaires,
jusqu'à élection de nouveaux administrateurs.
-Un commissaire du gouvernement nommé par le Ministre des Finances. Il
exerce ses fonctions auprès de la BVMT de façon permanente à plein temps.
+Il a pour mission de veiller au respect des dispositions légales, réglementaires
ainsi que les statuts de la Bourse.
+Il est convoqué à toutes les réunions des organes de délibération et de gestion
de la BVMT. Il reçoit communication de toutes les décisions prises avant leur
mise en application.
+Il peut suspendre l'exécution de toute décision ou mesure qui lui paraîtrait
contraire à la loi ou aux règlements et en réfère à l'autorité compétente dans un
délai ne dépassant pas trois jours ouvrables.
Passé le délai de trois jours ouvrables, et à défaut pour cette dernière de se
prononcer sur la levée ou le maintien de la suspension pour une nouvelle
période, la décision ou mesure suspendue devient exécutoire.
+Le commissaire du Gouvernement informe l'autorité compétente de toute
carence ou manquement des intervenants sur le marché, dans l'accomplissement
de leurs missions.
-Les intermédiaires en bourse acquittent à la BVMT, au titre de l'utilisation des
services communs, une redevance annuelle proportionnelle au volume des
transactions réalisées par chacun d'entre eux et dont le taux et les modalités de
paiement sont décidés par le conseil d'administration de la Bourse.
-Les opérations négociées par l'entremise des intermédiaires en bourse au profit
de la clientèle donnent lieu au paiement de commissions par le vendeur et
l'acheteur au profit de la BVMT. Le niveau de ces commissions ne peut dépasser
un plafond fixé par arrêté du Ministre des Finances.
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-Les opérations qui ne donnent pas lieu à négociation sur le marché et qui sont
enregistrées par la BVMT donnent lieu au paiement, au profit de celle-ci d'une
commission par le vendeur et l'acheteur dont le barème est fixé par arrêté du
Ministre des Finances.
-La BVMT perçoit sur les VM et produits financiers admis à la cote de la bourse
une commission d'admission et une commission annuelle de séjour acquittées
par les organismes émetteurs et dont les taux et les modalités de paiement sont
fixés par arrêté du Ministre des Finances.
2 - Les missions de la bourse
Outre les missions qui lui sont confiées par les lois, les règlements et par ses
statuts, la BVMT est essentiellement chargée de :
- Mettre en place les structures techniques et administratives nécessaires à
l'installation du marché et qui sont de nature à assurer la sécurité matérielle et
juridique des opérations dans les conditions requises de célérité ;
- Se prononcer sur l'admission et l'introduction des VM et produits financiers à
la cote de la bourse et leur radiation ainsi que sur la négociabilité des produits
financiers sur ses marchés, sauf opposition du CMF ;
- Enregistrer les opérations effectuées et les cours établis sur ses marchés ;
- Suspendre l'ensemble de la cotation ou la cotation d'une VM ou d'un produit
financier chaque fois qu'il y a un risque technique ou un risque en relation avec
l'information financière ou la variation inhabituelle des cours et en informer sans
délai le CMF ;
- Publier les informations relatives aux opérations, les cours, les avis et
communiqués dont la publicité est exigée par les lois et règlements :
- Veiller à la conformité des opérations effectuées sur le marché, à la
réglementation et aux procédures en vigueur ;
- Dénoncer dès qu'elle en a connaissance au CMF les opérations, agissements,
pratiques, documents et faits contraires à la loi ;
- Etablir les règlements de parquet et les soumettre à l'approbation du CMF ;
- Gérer le fonds de garantie;
- Formuler, au CMF, les propositions et avis sur les questions rentrant dans son
objet et relatives au développement du marché.
-Les décisions prises par la BVMT, dans son domaine de compétence, sont
publiées sous forme de Règlements de parquet lorsqu'elles concernent les règles
de négociation. Elles peuvent prendre la forme de mesures d'ordre intérieur
lorsqu'elles concernent les intermédiaires en Bourse ou les collectivités
émettrices. Elles sont prises sous forme d'avis lorsqu'elles intéressent le public.
Les décisions et les avis de la Bourse sont publiés au Bulletin de la Bourse

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Chapitre III- Le conseil du marché financier
Section -1- Présentation du conseil du marché financier
-Le Conseil du marché financier (CMF) a été créé par la loi n° 94-117 du 14
novembre 1994 portant réorganisation du marché financier. Son siège est à
Tunis.
-C’est une autorité administrative indépendante dotée de la personnalité civile et
de l’autonomie financière ce qui garantit sa neutralité et lui confère les
prérogatives de puissance publique lui permettant d’assurer son rôle de
régulateur du marché financier tunisien.
-A ce titre, le CMF dispose de toutes les prérogatives nécessaires pour mener les
missions qui lui sont attribuées en vertu des lois et règlements en vigueur, ainsi
que des prérogatives nécessaires à l’administration des services qu’il crée à cette
fin.
-En tant qu’organe de régulation du marché financier tunisien, le CMF a pour
mission légale de :
- Veiller à la protection de l'épargne investie en valeurs mobilières, produits
financiers négociables en bourse et tout autre placement donnant lieu à appel
public à l'épargne ;
- Organiser et veiller au bon fonctionnement des marchés de valeurs mobilières
et de produits financiers négociables en bourse.
-Il est à noter que, le CMF a été doté de pouvoirs particulièrement étendus qui
confondent, tout à la fois, le « gendarme » et le juge du marché financier,
contrôlant le respect des règles qu’il édicte en vertu de son pouvoir
réglementaire et en sanctionnant la contravention.
-Le CMF a sous son contrôle, principalement :
+La Bourse des valeurs mobilières de Tunis
+ Les intermédiaires en bourse
+Il assure également la tutelle des organismes de placements collectifs en VM
-Toutefois, ne sont pas soumis au contrôle du CMF, les marchés d’instruments
créés en représentation des opérations de banques ou de bons ou billets à court
terme négociables sur les marchés relevant de la Banque Centrale de Tunisie.
Section 2- Composition et ressources du conseil du marché
financier
I - Composition du CMF
-Il est composé d’un président nommé par décret et de neuf membres.
1-Le président du CMF
-Le Président doit déclarer sur l’honneur, au Premier Président de la Cour des
Comptes, les VM et les instruments financiers négociables en Bourse qu’il
détient au moment de son entrée en fonction et ceux qu’il viendra à détenir au
cours de leur mandat.

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- Il ne peut exercer d’autres fonctions incompatibles avec les emplois publics, et
ne peut occuper le poste de directeur général ou d’administrateur dans une
société anonyme.
*Missions du président du CMF
Le président est chargé notamment de :
-Définir et mettre en place les procédures de gestion administrative et financière
et les indicateurs nécessaires au suivi d'activité.
-Elaborer le budget prévisionnel, le présenter collège du CMF et effectuer les
ajustements nécessaires
-Superviser, contrôler la gestion de la trésorerie et émettre des recommandations
sur l'allocation des ressources financières
-Superviser et coordonner le contrôle de gestion et l'audit interne (évaluation des
risques financiers, validation de choix fiscaux, ...)
-Superviser et coordonner l'action des services techniques, des conseils
juridiques en matière de litige et de montages financiers
-Conduire et suivre des fonctions : Comptables, Financières, Logistiques,
Ressources Humaines
-Réaliser des activités : Gestion des relations avec des fournisseurs, les services
fiscaux et les intermédiaires financiers (banques, assurances, ...), Gestion du
patrimoine mobilier et immobilier, Négociation avec des financeurs (exécution
de conventions, ...), Règlement des contentieux
-Superviser la gestion des ressources humaines (paie, formation, recrutement, ...)
-Définir et mettre en place une politique de recouvrement
-Définir les besoins en système d'information et piloter le déploiement de
nouveaux outils informatiques
*Obligations et rémunération
-Le Président du CMF est tenu au secret professionnel. Il doit aussi exercer ses
fonctions de façon permanente sans cumul avec d’autres fonctions. Il est
rémunéré selon le cas sous forme d’indemnités fixées par décret.
2- Les membres du CMF
Certains membres sont permanents et exercent leurs fonctions à plein
temps (Un juge de troisième degré, un conseiller au tribunal administratif, un
membre choisi en raison de sa compétence et de son expérience en matière
d'appel public à l'épargne).
Six membres non permanents appelés à l'occasion des réunions du collège
Un conseiller à la cour des comptes.
Un représentant du ministère des finances.
Un représentant de la banque centrale de Tunisie.
Un représentant de la profession des intermédiaires en bourse.
Deux membres choisis en raison de leur compétence et de leur expérience en
matière d'appel public à l'épargne.

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II- Les principales ressources du CMF
-Le CMF dispose de ressources stables, indépendantes du budget de l’Etat et qui
proviennent notamment de :
+ Une redevance perçue sur la BVMT et calculée sur la base du volume des
transactions qui sont réalisées sur ses marchés ou enregistrées auprès d’elle ;
+ Une redevance perçue sur les Organismes de Placement Collectif en VM et
calculée sur la base des actifs gérés ;
+ Une commission sur les émissions nouvelles de VM et produits financiers
réalisées par appel public à l’épargne ;
+ Une commission sur le visa des publications exigées par la réglementation en
cas d’émission nouvelle, d’admission en Bourse et de lancement d’offres
publiques ;
+Du revenu de ses biens ;
+ Du revenu provenant des prestations de service qui ne rentrent pas dans
l’exercice de ses missions habituelles ;
+Des aides et de dons d’organismes nationaux ou étrangers que le CMF accepte
après approbation de l’autorité compétente ;
- Les taux et les modalités de perception des commissions et redevances sont
fixés par arrêté du Ministre des Finances.
Pour le recouvrement de ses créances, le CMF bénéficie du privilège général
reconnu à l’Etat.
Section 3- Les attributions du Conseil du marché financier
Pour réaliser ses missions, le CMF dispose d'importants pouvoirs qui lui ont été
octroyés par la loi à savoir :
1- Le pouvoir normatif
- Le CMF peut prendre des règlements régissant les marchés et les divers
intervenants relevant de son autorité. Ces règlements concernent :
-L'organisation et le fonctionnement des marchés placés sous son autorité en
particulier l'admission,
-La négociation et la radiation des VM ainsi que les conditions dans lesquelles
sont réalisées les opérations d'offres publiques.
Règlements pris par le CMF est le Règlement Général de la Bourse (RGB) : Ce
règlement est un texte d’application de la loi n° 94-117 du 14 novembre 1994.
Ce règlement concerne l'organisation et le fonctionnement des marchés placés
sous son autorité en particulier l'admission, la négociation et la radiation des VM
ainsi que les conditions dans lesquelles sont réalisées les opérations d'offres
publiques. Les règlements du CMF sont publiés au Journal Officiel de la
République Tunisienne après visa du Ministre des Finances.
-Les décisions générales du CMF sont des textes d’application du RGB. Elles
sont publiées au Bulletin Officiel du CMF après visa du Ministre des Finances.

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2 - Le pouvoir d’intervention
- Le pouvoir d’intervention du CMF consiste en un pouvoir de surveillance et un
pouvoir de contrôle de l’information financière et des intervenants du marché.
A-La surveillance du marché financier
La mission de surveillance exercée par le CMF sur le marché a pour objet de
déceler tout comportement de nature à porter préjudice aux intérêts de
l'épargnant et de rechercher les délits boursiers (délit d'initié, délit de
manipulation de cours ou de diffusion de fausses informations) afin d'assurer la
transparence requise.
B- Le contrôle de l’information financière et des intervenants du marché
La protection de l’épargne investie en VM passe par le contrôle de l’information
fournie aux investisseurs c’est à dire un suivi par le CMF du respect des
obligations d’informations mises à la charge des sociétés émettrices et qui
consistent à fournir à tout moment aux investisseurs une information en matière
économique, financière, comptable nécessaire à tout opérateur pour qu’il puisse
investir ou désinvestir en toute connaissance de cause.
Ce contrôle s’exerce soit :
- De manière occasionnelle à l’occasion d’un évènement social susceptible
d’avoir une influence sur les cours.
- Ou de manière périodique à l’occasion de la tenue d’une AGO, AGE
- Dans le cadre de ses missions, le CMF exerce un contrôle permanent sur la
BVMT, les intermédiaires en bourse et les sociétés de gestion de portefeuille
pour le compte de tiers. Il assure également la tutelle des organismes de
placement collectif en valeurs mobilières.
-Le pouvoir de contrôle confié au CMF s’exerce à travers la détection des
anomalies boursières, mais aussi par le biais de la procédure d’enquête et
d’investigation. Ces investigations sont effectuées par des agents habilités à cet
effet par le CMF. Le secret professionnel ne peut être opposé dans le cadre des
investigations. Les enquêteurs sont autorisés, dans l’accomplissement de leur
mission, à :
1- Visiter, pendant les heures habituelles d’ouverture ou de travail, les locaux
professionnels ;
2- Bloquer les titres et les documents suspectés d’être falsifiés ou non
conformes aux normes et règles en vigueur et ce même entre les mains de leur
détenteur. Les documents et valeurs bloqués sont laissés à la garde de leur
détenteur selon les conditions des articles 97, 98 et 100 du code de procédure
pénale.
3- Faire toutes les constatations nécessaires, se faire produire les documents,
pièces, quel qu’en soit le support, et les registres nécessaires à leurs recherches
et constatations ou à la poursuite de l’enquête et en prendre copie
5- Exiger de l’annonceur d’une information en relation avec la mission du CMF,
la mise à leur disposition de tous les éléments propres à justifier les allégations
et les indications et les méthodes de présentation de la publicité. Ils peuvent

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également exiger de l’annonceur, de l’agence de publicité ou du responsable du
support publicitaire la mise à leur disposition les messages diffusés.
6- Convoquer et entendre toutes les personnes susceptibles de leur fournir des
informations en rapport avec leur mission.
- Ces investigations sont constatées par procès-verbal établi et signé par deux
enquêteurs du CMF. Le procès-verbal doit également mentionner la date, le lieu
et la nature des constatations ou des contrôles effectués et indiquer que la
personne verbalisée a été informée de la date et du lieu de sa rédaction et qu’elle
a été convoquée par lettre recommandée avec accusé de réception, sauf le cas de
flagrant délit. Les procès-verbaux remplissant les conditions ci-dessus énoncées
sont transmis par le CMF au Procureur de la République auprès du tribunal de
première instance de Tunis accompagnés des demandes.
3 - Le pouvoir de contrainte
Le pouvoir de contrainte du CMF peut aller de la simple injonction de procéder
à l'accomplissement de certains actes en vue de régulariser leurs situations ou de
mettre fin à des pratiques contraires aux règlements du CMF et qui sont de
nature à fausser le fonctionnement du marché ou à procurer aux intéressés un
avantage injustifié, à la sanction pécuniaire et disciplinaire qui peut aller jusqu'à
l'interdiction de l'activité, en passant par la saisine des tribunaux compétents,
lorsque les infractions commises sont susceptibles de sanctions pénales.
A- Le pouvoir d’injonction
a- L’injonction indirecte
-L’injonction indirecte trouve son fondement dans l’article 44 de la loi de 1994.
Elle se traduit par la faculté de saisir les autorités judiciaires pour demander
l’ordonnance à toute personne dont les agissements sont contraires aux lois et
règlements et sont de nature à porter atteinte aux droits des épargnants, de mettre
fin à ces agissements.
-Dans ce cadre, le CMF a saisi le juge de réfère pour manquement d’un
intermédiaire en bourse à ses obligations légales, relatives à la tenue des états
sur lesquels il porte par ordre chronologique les ordres d’achat et de vente de
titre. Le CMF peut ordonner par voie de référé, les personnes visées, de faire ce
qu’exigent les lois et les règlements. Il s’agit là d’une obligation de faire. En
effet, toute pratique ou agissement, contraire commis par un intermédiaire en
bourse peut faire l’objet d’une telle injonction. Il s’agit d’expression assez large
permettant d’englober un nombre illimité d’actes susceptibles d’être
sanctionnés.
b- L’injonction directe
-Le CMF constate l’irrégularité des activités et le comportement déloyal et les
sanctionne lui-même. Il s’agit là d’une « arme juridique» que possède le CMF
contre tout manquement aux règles qu’il édicte pour agir rapidement. Au terme
de l’art 40 : « le conseil du marché financier peut ordonner toute personne de
mettre fin aux pratiques contraires à ses règlements lorsque ces pratiques ont

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pour effet de Fausser le fonctionnement du marché ; Procurer aux intéressés un
avantage injustifié qu’ils n’auraient pas obtenu dans le cadre normal du marché ;
Porter atteinte au principe d’égalité d’information ou de traitement des
épargnants ou à leurs intérêts ; Faire bénéficier les émetteurs et les épargnants
des agissements d’intermédiaires contraires à leurs obligations
professionnelles ».
-Toute intermédiaire en bourse qui agit contrairement aux règlements du CMF et
par conséquent porter atteinte aux intérêts des clients sera arrêté par le CMF.
Suite aux termes de l’article 40 deux conditions sont prévues pour que
l’injonction soit mise en œuvre :
1- Les pratiques doivent être contraires aux règlements.
2- Ces derniers doivent produire les effets précités.
La généralité des termes de l’article 40 permet d’étendre le champ d’application
du pouvoir d’injonction. Cette généralité peut être expliquée par la volonté de
permettre au CMF le contrôle de tout comportement irrégulier susceptible de
porter préjudice à l’intérêt des épargnants.
En effet, à travers un tel pouvoir, le CMF apparait comme une « juridiction »
puisqu’il contrôle la bonne application de la règle juridique et veille à la
protection des intérêts des épargnants, la loi 1994 lui attribue un pouvoir de
sanction.
B- Le pouvoir de sanction
La loi de 1994 a octroyé au conseil du marché financier un pouvoir de sanctions
disciplinaires (1) et pécuniaires (2).
1-Les sanctions disciplinaires
- La loi de 1994 a attribué au CMF un large pouvoir de sanctions disciplinaires à
l’égard des intermédiaires en bourse, personne physique ou morale, leurs
dirigeants et les personnes placées sous leur autorité.
-Toute infraction aux lois et au règlement ainsi que tout manquement aux règles
et usages professionnels applicables aux personnes visées à l’article 41 de la loi
1994 donnent lieu à des sanctions par le collège du CMF érigé en conseil de
discipline. Ces sanctions sont annoncées par l’art 42 de la même loi à savoir :
« l’avertissement ou le blâme et l’interdiction à titre temporaire ou définitif de
tout ou partie de l’activité d’intermédiaire en bourse et le cas échéant, le retrait
de l’agrément». Le législateur vise essentiellement la protection des intérêts des
clients. Cette protection nécessite l’élimination des intermédiaires non habilités.
Concernant l’avertissement et le blâme, ils constituent « des sanctions
disciplinaires classiques», ayant « pour fonction d’infliger une sanction
morale ».
-En cas de faute ou de comportement fautif, le CMF peut décider de donner un
avertissement, qui prend la forme d’un document écrit et motivé.
L’avertissement, dans la hiérarchie des sanctions disciplinaires, se situe tout en
bas.

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-Tout comme l’avertissement, le blâme est un rappel à l'ordre. Il consiste en une
lettre écrite par le CMF dans laquelle il rappelle l’intermédiaire en bourse que
les agissements qui lui sont reprochés, et lui demande d'y mettre fin. Le blâme
est en réalité un « dernier avertissement » adressé à l’IB déjà averti, mais qui n'a
pas cessé le comportement fautif.
- Concernant l’interdiction et le retrait d’agrément, ils représentent « des
sanctions graves » car elles aboutissent à la cessation de l’activité qui peut être
temporaire ou définitive. Le CMF est doté à cet effet d’une « échelle de peine »
et il peut infliger celle qui estime correspondre le mieux au manquement
commis. Il jouit dans ce cadre d’un large pouvoir d’appréciation et de décision
pour déterminer s’il y a violation ou non d’une règle de droit.
+L’interdiction : peut-être à titre temporaire ou définitif de tout ou partie de
l’activité de l’intermédiaire en bourse. Néanmoins, il faut distinguer
l’interdiction totale et celle partielle de l’activité. La perte temporaire n’entraîne
pas la suppression totale de la qualité d’intermédiaire en bourse. Dans ce cadre,
en cas d’inobservation par les intermédiaires en bourse des textes législatifs et
règlementaires où les manquements à leurs obligations professionnelles, le
collège du CMF peut décider l’interdiction totale ou partielle de leur activité à
titre temporaire ou définitif dans les conditions prévues par l’article 42 de la loi
du 14 novembre 1994, portante réorganisation du marché financier.
Le retrait d’agrément : Le CMF peut, après avis de l'association des
intermédiaires en bourse, retirer l'agrément d'un intermédiaire en bourse
conformément à l'article 57 de la loi de 1994 lorsque par exemple l'intéressé n'a
pas fait usage de son agrément définitif dans un délai de 12 mois à compter de
son obtention ou lorsqu'il n'exerce plus son activité depuis 6 mois sans accord
préalable du CMF, ou lorsque l'intéressé continue à être en situation de non-
conformité au-delà d'une période de 4 mois,
2-Les sanctions pécuniaires : Le CMF peut prononcer des sanctions
pécuniaires prévues par l’art 40 dont le champ d’incrimination est assez large et
ne se limite pas aux seuls faits des intermédiaires en bourse.
Dans ce cadre, le CMF, peut, après respect des procédures garantissant les
droits de défense, prononcer à l’encontre des auteurs des pratiques une amende
au profit du Trésor Public qui ne peut excéder 20 000 dinars et lorsque des
profits ont été réalisés, cette amende peut augmenter (en fonction de la gravité
des manquements et les avantages ou les profits tirés). Les intéressés peuvent
assister personnellement aux réunions susvisées ou se faire représenter.
Le CMF peut également ordonner aux frais des intéressés la publication de ses
décisions dans les journaux qu’il désigne. Les décisions du CMF sont motivées
et susceptibles d’appel devant la cour d’appel de Tunis. Le paiement de
l’amende au profit du Trésor Public emporte extinction de l’action publique. Le
paiement des amendes se fait au moyen d'état de liquidation dressé par le
président du CMF ou par son mandataire légal et rendu exécutoire par le
président du tribunal de première instance de Tunis.

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