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Université de la Manouba

ISCAE 2020-2021
Gestion Bancaire
Niveau : M2. IFB
Responsable : Mme ZIADI Latifa

Rappels sur les marchés des capitaux

Ce chapitre constitue la seconde partie du document destiné à synthétiser les sources


de financement de l’économie tunisienne. Il est consacré à la présentation des
marchés de capitaux, qui se distinguent par leur terme : le marché monétaire est le
marché des capitaux à court terme et le marché financier est le marché des capitaux à
long terme.

Section I. Le marché monétaire

C'est le lieu de rencontre des offreurs et demandeurs de liquidités à court terme.


Ce marché était réservé, depuis sa création, aux banques et aux entreprises personnes
morales. A partir de l'année 2005, il a été, désormais, ouvert aussi aux personnes
physiques. Sur ce marché de nombreuses opérations peuvent avoir lieu en fonction
des intervenants et des compartiments.
I. Organisation
Le marché monétaire est constitué d’un marché interbancaire, d’un compartiment
ouvert et d’un marché monétaire en devises.

Ainsi, le marché interbancaire abrite les échanges de liquidités entre banques qui
s'effectuent dans le cadre de lignes de crédit qu'elles peuvent s'accorder mutuellement
au moyen d'achat ferme ou de prise en pension d'effets publics ou privés ou de tout
autre support convenu entre les parties. D’après la circulaire aux Etablissements de
Crédit n° 2009-07 du 19/02/2009, les banques doivent à cet effet afficher en continu
leurs conditions d’offre et de demande de liquidité sur le marché interbancaire.
L’affichage doit s’effectuer au moyen d’un réseau d’information partagé par
l’ensemble des banques et répondant aux normes de sécurité et de fiabilité usuelles.
Quant aux emprunts des établissements de crédit auprès des personnes morales de
droit public ou de droit privé ou auprès des personnes physiques, ils s'effectuent au
sein du compartiment ouvert du marché monétaire au moyen de titres de créances
nominatifs négociables par transfert de compte à compte, dénommés certificats de
dépôts. En outre, les échanges de liquidités entre les entreprises ou avec les personnes
physiques, qui ne peuvent avoir lieu que par l'intermédiaire des banques, se font au
moyen de titres de créances nominatifs négociables par transfert de compte à compte,
dénommés billets de trésorerie. La Banque Centrale interviendra ensuite pour
réguler la liquidité en procédant soit à des injections soit à des ponctions.
Le marché monétaire en devises, créé en 1989, est réservé aux échanges de
liquidités en devises entre banques résidentes et non-résidentes installées en Tunisie
sous forme de prêts qu'elles s'accordent mutuellement.

II. Les intervenants et les instruments

De ce qui précède, il convient de retenir que les intervenants sur le marché monétaire
sont :
- des agents structurellement excédentaires en liquidités tels que les compagnies
d’assurance, les acteurs de la sécurité sociale et les personnes physiques par
l’intermédiaire de leurs banques en vue de souscrire aux titres de créances ;
- des agents structurellement déficitaires en liquidités : c’est le cas de la majorité
des banques commerciales et du Trésor public qui se refinance grâce à l’intervention
de la banque centrale pour placer ses valeurs ;
- des agents tantôt excédentaires tantôt déficitaires : il s’agit principalement des
grandes entreprises ;
- la banque centrale qui est l’organe de tutelle du marché monétaire.

Chaque intervenant déficitaire émet un titre en vue de solliciter les capitaux auprès
des agents excédentaires ; ainsi les banques commerciales émettent des certificats de
dépôt, les grandes entreprises émettent des billets de trésorerie et le Trésor met en
circulation des Bons de Trésor à court terme.
1. Les certificats de dépôts :
Les certificats de dépôt ne peuvent être émis que par les établissements de crédit et
doivent :
- être nominatifs et émis au pair ;
- avoir un montant minimum nominal représentant un multiple de cinq cent (500)
mille dinars ;
- avoir une échéance fixe ;
- être d’une durée égale à dix (10) jours au moins et cinq (5) ans au plus. Cette durée
doit être un multiple de dix (10) jours, de mois ou d’années.

2. Les billets de trésorerie1 :


Ils sont des titres de créances émis sur le marché monétaire par de grandes
entreprises et souscrits par tout intervenant au marché y compris les personnes
physiques par l’intermédiaire de leurs banques. Ils doivent :
- être nominatifs et émis au pair ;
- avoir un montant minimum nominal représentant un multiple de cinquante (50) mille
dinars ;
- avoir une échéance fixe ;
- être d’une durée égale à dix (10) jours au moins et cinq (5) ans au plus. Cette durée
doit être un multiple de dix (10) jours, de mois ou d’années ;
- faire l’objet d’une rémunération à taux fixe, librement déterminée lors de l’émission
pour les durées inférieures ou égales à un an, et à taux fixe ou variable pour les durées
supérieures à un an.

3. Les bons de trésor à court terme


C’est un instrument de financement de la trésorerie de l’État créé par le décret n°99-
1782 du 09/08/1999 (modifié par le décret n°2006-1208 du 24-04-2006).
- Les BTCT sont des titres de créance pour une durée déterminée.
- Il s’agit des titres dématérialisés, en effet, les BTC sont souscrits dans des
comptes ouverts auprès des SVT et des banques.
- Les bons du trésor à court terme ont une valeur nominale de 1000 dinars et
sont émis par voie d’adjudication hebdomadaire.
- La maturité de ces bons varie entre 13, 26 et 52 semaines.
1
Article 6 de la circulaire aux établissements de crédit N° 2005 – 09 du 14 juillet 2005
- Les BTCT sont émis à taux fixes, les intérêts sont précomptés et calculés sur
la base du taux arrêté à l’adjudication.

III. Les interventions de la Banque Centrale

Afin de réguler la liquidité bancaire et d’orienter les taux d’intérêt à court terme
conformément à l’objectif de la stabilité des prix. La Banque Centrale de Tunisie
(BCT) intervient sur le marché monétaire dans le carde des opérations suivantes ;
- Les opérations d’appel d’offres : la BCT intervient pour injecter des
liquidités. En contrepartie les banques livrent des titres publics et des titres de
créances saines détenus sur leurs clientèles entreprises ou particuliers. Cette
opération d’appel d’offre se fait sur la base d’un taux d’intérêt directeur
(4,25% en juillet 2016) ;
- Les opérations d’open market : initiées en 2003, ces opérations constituent
des achats fermes (injections de liquidités) ou des ventes fermes (ponctions de
liquidités) des titres du Trésor à des taux fixés par la BCT. Cette technique
constitue le mode principal de refinancement des banques commerciales après
les appels d’offres ;
- Les opérations de pension livrée : les banques en besoin de liquidités cèdent
provisoirement des valeurs mobilières et des effets de commerce à la BCT, à
un prix convenu à l’avance et s’engagent à priori à les racheter à une date
ultérieure, également convenue d’avance. Pendant les pensions, la BCT jouit
totalement de tous les droits de propriété des valeurs livrées.
- Les opérations ponctuelles : il s’agit des opération ou de ponction de
liquidités sur un horizon de 24 heures effectuées en fin de journée dans un
souci d’équilibrer le marché monétaire.

Les interventions de la BCT se font à des taux différenciés (taux d’appel d’offre, taux
de mise en pension…). Cependant, une moyenne mensuelle est calculée sur la base
des taux quotidiens du marché monétaire : le TMM ou taux moyen du marché
monétaire, qui est de 4,32% en juillet 2016.
Section II. Le marché financier

Le marché financier est le marché sur lequel sont échangés des capitaux à long terme
(d’une durée supérieure à sept ans). Les échanges sont matérialisés par des valeurs
mobilières : des titres de créance ou des titres de capital. Ces titres sont par nature peu
ou pas liquides. En d’autres termes, ces titres ne peuvent pas être convertis à priori en
monnaie sauf quand ils sont admis sur le marché boursier. En effet, le marché
financier est composé de deux compartiments : le marché primaire, lieu de l’émission
des titres neufs ; et le marché secondaire qui est le lieu des négociations des titres
d’occasion.

I. Le marché primaire

Les agents ayant un besoin de financement s’adressent au marché primaire pour


émettre des titres en contrepartie des capitaux sollicités. Cette opération d’émission
est autorisée aux entreprises faisant appel public à l’épargne telles que définies
par le chapitre 1 de la loi N° 94-117 du 14 novembre 1994 . Sont réputés sociétés ou
organismes faisant appel public à l'épargne.
II. Le marché secondaire

Source : http://www.tribuforex.fr/Apprendre-Bourse.php

D’après Bally (2010)2, le marché secondaire est celui des négociations sur lequel
s’échangent des titres préalablement émis sur le marché primaire. On parle aussi du

2
Bally JL. et al. (2010), « économie monétaire et financière ». Collection Grand Amphi, édition Bréal.
marché des titres d’occasion. Il permet une certaine liquidité des titres et du marché,
et la mobilité de l’épargne.

L’accès au marché secondaire est assuré grâce à l’introduction en bourse qui requiert
des conditions spécifiques (voir tableau en dessous). Le marché secondaire (boursier)
est composé de deux compartiments des négociations : le marché principal ou cote
de la bourse réservé aux grandes entreprises et le marché alternatif qui accueillent
des entreprises de taille moindre ; Quel que soit le marché, une société qui s’introduit
en bourse doit obtenir une visa auprès du conseil du marché financier.

Les conditions spécifiques requises pour une introduction en bourse

Marché principal ou cote de la bourse Marché alternatif


Les deux derniers exercices bénéficiaires. La condition de bénéfices n’est pas
exigée.
Répartition des titres de la société Répartition des titres de la société
détenus par le public entre 200 détenus par le public entre 100
actionnaires au moins, au plus tard le actionnaires au moins ou 5 actionnaires
jour de l’introduction. institutionnels au plus tard le jour de
l’introduction.
Avoir un capital minimum de 3MD le La condition de capital minimum n’est
jour d’introduction. pas exigée.
Source : BVMT, Guide-de-introduction-des-sociétés-en-Bourse

III. Les organes du marché financier tunisien

Le marché financier tunisien est un réseau d’institutions ayant chacune des missions
spécifiques :

1. Le conseil du marché financier (CMF) est l’organe de tutelle du marché financier


qui prendre des règlements régissant les marchés et les divers intervenants relevant de
son autorité. Ces règlements concernent:

- L'organisation et le fonctionnement des marchés placés sous son autorité en


particulier l'admission, la négociation et la radiation des valeurs mobilières ainsi que
les conditions dans lesquelles sont réalisées les opérations d'offres publiques.
- Les règles de pratiques professionnelles qui s'imposent: aux personnes faisant appel
public à l'épargne, aux intermédiaires en bourse et aux différents intervenants dans
des opérations de contrôle comptable ou de montage juridique ou financier sur des
titres ou produits financiers placés par appel public à l'épargne.

2. La bourse des valeurs mobilières de Tunis (BVMT) :

La BVMT a pour mission de gérer le marché des valeurs mobilières, ce qui inclut les
opérations de négociation et d'enregistrement. Ce choix vise avant tout de permettre
au marché d'être géré par des professionnels. Il appartient à la BVMT:

- D'établir ses propres règlements de parquet.


- De choisir elle-même ses systèmes, supports, et modes de cotation.
- De se prononcer sur l'admission, la suspension ou la radiation des valeurs et
produits financiers sur ses marchés.

4. Tunisie Clearing :

Tunisie clearing est un Dépositaire Central des Titres et Gestionnaire du Système de


Règlement/Livraison des titres. Elle a été créée le 28 décembre 1993 sous la
dénomination de STICODEVAM dont le nom change depuis 2014 et devient
désormais Tunisie Clearing. Ses actionnaires sont les intermédiaires en bourse et sept
banques de la place. Ils participent à parts égales au capital. Elle assure les missions
principales suivantes :
- Recevoir en dépôt des valeurs mobilières.
- Tenir des comptes au profit des émetteurs, des intermédiaires en bourse et des
propriétaires de valeurs mobilières.
- Assurer le dénouement des opérations de compensation et le règlement des
opérations.

4. Le fonds de garantie du marché (FGM) : Ce fonds, constitué par les


intermédiaires en bourse, est destiné à garantir la bonne fin des opérations négociées
sur le marché, en cas de défaillance dans le règlement ou la livraison.
IV. Les titres du marché financier

Les intervenants au marché financier échangent des valeurs mobilières définies selon
le législateur tunisien comme suit :

1. L’action ordinaire : Les actions sont les titres des actionnaires d’une société
anonyme ou d’une société en commandite par actions. L’action est la contrepartie de
l’apport souscrit par l’actionnaire. Elle représente une fraction du capital social. Elle
attribue à son détenteur des droits :
- Droit aux dividendes distribués par la société : La part de chaque actionnaire dans
les bénéfices est déterminée proportionnellement à sa participation dans le capital
social ;
- L’actionnaire a un droit de vote et de participation dans les décisions collectives : Ce
droit est proportionnel à la quotité du capital souscrit. Tout actionnaire peut voter par
correspondance ou se faire représenter par toute personne munie d'un mandat spécial.

2. L’action à dividende prioritaire sans droit de vote : Les titulaires d'ADPSDV


bénéficient des mêmes droits reconnus aux titulaires d'actions ordinaires à l’exception
du droit de participer et de voter aux assemblées générales des actionnaires de la
société du fait de leur qualité de titulaires d'actions à dividende prioritaire. (article 349
du CSC). On distinguera entre droits pécuniaires et extra pécuniaires :
- les titulaires d'ADPSDV ont droit à un dividende prioritaire, Le dividende prioritaire
est prélevé sur le bénéfice distribuable avant toute autre affectation ;
- Les titulaires d'ADPSDV bénéficient des mêmes droits reconnus aux titulaires
d'actions ordinaires à l’exception du droit de participer et de voter aux assemblées
générales. Ainsi ils ont le droit de négocier leurs titres, de bénéficier de leur
liquidation…

3. L’obligation : les obligations sont des valeurs mobilières négociables qui


représentent un droit de créance (dette) qui se traduit par un versement d’intérêts et le
remboursement à l’échéance de la somme prêtée. Contrairement à l'actionnaire,
l'obligataire n'a pas de droit politique, il ne peut donc ni voter ni discuter la qualité de
la gestion de la société.
4. Les bons de trésor Assimilables :
Initiés en 2006, les BTA sont des titres à moyen et long terme émis pour une durée
supérieure ou égale à 2 ans par voie d’adjudication. La valeur nominale du BTA est
de 1000 dinars cette valeur sert d’assiette pour calculer les montant des intérêts. Les
intérêts sont calculés sur la base d’un taux fixe, payés annuellement à terme échu et
calculés sur la base du nombre réel de jours rapportés à une année de 365 jours.

L’émission des BTA répond à un double objectif : elle vise à créer un encours plus
important par ligne pour assurer une meilleure liquidité des titres sur le marché
secondaire, elle permet en outre d’étaler les émissions dans le temps.

5. Les bons de trésor à zéro coupon :


Egalement créés en 2006, l’émission des BTZc s’inscrit dans le cadre de la poursuite
de la modernisation du marché des titres de l’Etat et l’élargissement de la base des
investisseurs dans ces titres.

Les Bons du Trésor à zéro coupon BTZc sont émis mensuellement par voie
d'adjudication pour un nominal de 1000 D, pour une durée égale ou supérieure à 2
ans. Ils sont remboursés en une seule fois à l'échéance et les intérêts y afférents sont
précomptés.

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