Vous êtes sur la page 1sur 26

BIP n°46

Juillet Août 1995

LA CONSTITUTION DE LA SOCIETE ANONYME


SELON LE PROJET DE REFORME

INTRODUCTION :

Comme nous l'avons annoncé dans notre précédent numéro, le projet de réforme
des sociétés anonymes s'annonce lourd de changements.

Seule une étude approfondie permet de comprendre les nouveaux mécanismes que
se propose d'introduire le législateur d'aujourd'hui.

Procédant par étapes, nous avons choisi de limiter le présent exposé à la


présentation des nouvelles conditions et modalités de constitution d'une société
anonyme .

Dans nos prochains numéros, nous aborderons, à travers des études détaillées les
thèmes relatifs à la gestion des sociétés anonymes, le financement particulier des
sociétés anonymes, les modifications du capital et les transformations des sociétés
ainsi que les opérations de dissolution et de liquidation.

En préliminaire à la présente étude, un bref rappel est nécessaire pour décrire


ce que représente la constitution d'une société anonyme aujourd'hui.

Le lecteur trouvera à la fin de cet exposé, des fiches résumant l'essentiel des
dispositions du nouveau projet sur la réglementation de la constitution.

Le projet de loi, dans son article 1er, définit la société anonyme comme :

" Une société commerciale à raison de sa forme et quelque soit son objet et dont le
capital est divisé en actions négociables représentatives d'apports en numéraires, à
l'exclusion de tout apport en industrie, et constituée entre trois actionnaires au moins
qui ne supportent les pertes qu'à concurrence de leurs apports et dont les engagements
ne peuvent être augmentés si ce n'est de leur propre consentement ".

1
BIP n°46
Juillet Août 1995
Cette définition explicite n'existe pas dans la législation actuelle.

Ä Caractéristiques de la société anonyme :

La société anonyme est toujours commerciale, quelque soit son objet (article 1er du
projet).

Elle est le type même de la société de capitaux regroupant des associés qui ne peuvent
se connaître et dont la participation à la société est fondée sur les capitaux qu'ils ont
investis dans la société.

Le capital des sociétés anonymes est divisé en actions. Par rapport à la part sociale
(qui représente les droits des associés dans les sociétés en nom collectif, en
commandite simple ou à responsabilité limitée) l'action a le double avantage de la libre
cessibilité puisque l'accord des autres associés n'est pas nécesssaire en cas de cession et
de la négociabilité puisqu'elle peut se transmettre par simple virement de comptes à
comptes.

Sur de nombreux points la réglementation applicable aux formalités de constitution et


aux modalités de fonctionnement des sociétés anonymes varie selon que celles-ci font
ou non publiquement appel à l'épargne.

Ä Actionnaires :

La situation des actionnaires des sociétés anonymes est dominée par les
caractéristiques suivantes :

- Les actionnaires ne sont pas commerçants.

- Leur responsabilité est limitée au montant de leurs apports.

- Le principe est théorique pour des raisons de fait;en effet, que ce soit dans les petites
ou moyennes sociétés anonymes, les banques exigent souvent pour la garantie des
prêts qu'ils accordent à la société, l'engagement personnel des administrateurs et des
principaux actionnaires.

- Les actionnaires ont le droit d'être informés dans des conditions soigneusement
précisées par les textes, de la marche de la société, ils délibèrent sur les comptes
sociaux au cours d'une assemblée annuelle, après auditions de rapports présentés par
l'organe de gestion et par les commissaires aux comptes.

- Les actionnaires peuvent en toute hypothèse quitter la société, même lorsque la


cession des actions est subordonnée à agrément.

2
BIP n°46
Juillet Août 1995

Ä Gestion :

Du point de vue de leur mode de gestion, il existe désormais deux types de sociétés
anonymes:

1. Société anonyme de type classique :

Dans ce cas la société est gérée par un Conseil d'Administration, choisi parmi les
actionnaires, qui désigne un Président obligatoirement personne physique, chargé de
la direction de la société et, éventuellement un ou plusieurs directeurs généraux, eux
aussi personnes physiques, ayant pour mission d'assister le Président.

2. Sociétés anonymes de type nouveau :

Les articles 77 à 106 du projet de loi offrent aux sociétés anonymes la possibilité de
recourir à un système de gestion, inspiré du droit allemand qui comprend :

d'une part, un Directoire, composé de personnes physiques, actionnaires ou non,


chargé de l'administration et de la direction de la société ;

d'autre part, un Conseil de Surveillance, groupant des personnes physiques ou


morales, obligatoirement actionnaires et dont le rôle essentiel est de nommer les
membres du Directoire et de contrôler sa gestion.

3. Appel public à l'épargne :

Aux termes de l'article 9 du projet de loi : "est réputée faire publiquement appel à
l'épargne:

- toutes sociétés dont les titres sont inscrits à la côte de la Bourse des Valeurs, à
dater de cette inscription.

- toutes sociétés qui, pour le placement des titres qu'elle émet, a recours soit à des
sociétés de Bourses, à des banques ou à d'autres établissements financiers, soit au
démarchage ou à des procédés de publicité quelconque.

- toutes sociétés qui compte plus de 300 actionnaires".

Actuellement, la notion d'appel public à l'épargne est fixée par l'article 3 du Dahir du
11 Août 1922 (qui transpose la loi française du 30 Janvier 1867), et qui soumet l'offre
de titres par voie d'émission à certaines mesures de publicité .

3
BIP n°46
Juillet Août 1995

Ä Conséquences de l'appel public à l'épargne :

Les sociétés qui font publiquement appel à l'épargne sont soumises à une
réglementation particulière quant à leur organisation et à leur fonctionnement.

Les points particuliers à souligner sont :

- le capital minimal : il est de 2.000.000 de dirhams pour les sociétés faisant


publiquement appel à l'épargne alors que le minimum est de 300 000 dirhams pour
les autres sociétés anonymes;

- la constitution : les formalités de constitution sont plus complexes en cas d'appel


public à l'épargne ;

- les mesures de publicité :

Toute émission de valeurs mobilières avec appel public à l'épargne entraine l'obligation
pour la société émettrice d'établir une note d'information soumise au visa préalable du
Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (art.13 du dahir portant loi n°1-93-212
du 21 septembre 1993, relatif au CDVM et aux informations exigées des personnes
morales faisant appel public à l'épargne).

Par ailleurs, lorsqu'elles font publiquement appel à l'épargne, les sociétés sont tenues à
des mesures de publicité particulières en de multiples occasions : convocation à des
assemblées générales, augmentation et réduction du capital, émission de valeurs
mobilières, fusions, scissions, liquidation.

- Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (Dahir portant loi n° 1-93-212


du 21 Septembre 1993) :

Les sociétés faisant publiquement appel à l'épargne sont soumises au contrôle du


Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM).

Le CDVM est chargé de veiller à la protection de l'épargne investie en valeurs


mobilières et de proposer à cette fin les mesures nécessaires.

A ce titre, le CDVM contrôle que l'information devant être fournie par les personnes
morales faisant appel public à l'épargne, aux porteurs de valeurs mobilières et au public
est établie et diffusée conformément aux lois et règlements en vigueur.

4
BIP n°46
Juillet Août 1995
Le CDVM veille au bon fonctionnement des marchés de valeurs mobilières et assiste
le gouvernement dans l'exercice de ses attributions en matière de réglementation de ce
marché.

Il s'assure du respect par les personnes morales faisant appel public à l'épargne, des
obligations d'information préconisées par la loi (cf. infra).

A cette fin, le CDVM, vise les notes d'informations et peut demander toutes
explications ou justification sur le contenu des notes d'information visées à l'article 20
du dahir 21 Septembre 1993.

Lorsqu'il constate des pratiques contraire à la loi, le CDVM peut d'une part enjoindre
aux auteurs de ces pratiques d'y mettre fin, d'autre part saisir le Procureur du Roi,
compétent pour la sanction des infractions que le CDVM aura relevé , ou dont il aura
eu connaissance.

Le CDVM est habilité à recevoir de tout intéressé et de toutes associations de porteurs


de valeurs mobilières régulièrement constituées, les réclamations ou plaintes qui
entrent, par leur objet, dans sa compétence.

Par ailleurs, le secret professionnel ne peut être opposé ni au CDVM ni à l'autorité


judiciaire agissant dans le cadre d'une procédure pénale.

Le CDVM dispose de larges pouvoirs d'enquête et d'investigations lui permettant


d'accéder à tous locaux à usage professionnels et se faire communiquer tous pièces et
documents qu'il estime utiles et en obtenir copie et ce, par tous agents assermentés et
spécialement commissionnés à cet effet.

Le CDVM est doté de la personnalité morale.

Ä Critères de l'appel public à l'épargne :

Les obligations particulières relatives à l'information des actionnaires sont pour la


plupart, assorties de sanctions pénales. Il est donc nécessaire que les sociétés puissent
déterminer en vertu de critères précis et clairs, si elles sont ou non assujetties au régime
des sociétés faisant publiquement appel à l'épargne.

En vertu de l'article 9, une société est réputée faire publiquement appel à l'épargne dès
l'instant où l'une des conditions suivantes est remplie :

5
BIP n°46
Juillet Août 1995
1. Inscription des titres à la côte de la Bourse des Valeurs :

La société dont les titres sont inscrits à la côte de la Bourse des Valeurs est réputée
faire publiquement appel à l'épargne à compter du jour de son inscription : peu importe
la nature des titres côtés : actions, obligations, certificats d'investissements.

Ainsi, en principe, une société dont seules les obligations sont côtées relèvent des
sociétés faisant publiquement appel à l'épargne, même si ses actions,elles, ne sont pas
côtées.

2. Recours à des sociétés de Bourse, banques, ou autres établissements financiers

Une société est également réputée faire publiquement appel à l'épargne lorsque, pour le
placement des titres quels qu'ils soient (actions, obligations, certificats
d'investissement), elle a recours à un établissement de crédit (banque ou société
financière notamment) ou à une société de Bourse.

L'article 9 envisage seulement le cas où l'intervention des intermédiaires est sollicitée


par la société elle-même.

Dès lors, le fait qu'un actionnaire d'une société non inscrite à la côte officielle
s'adresse à une banque ou à une société de Bourse pour acheter ou vendre des titres,
n'a pas nécessairement pour conséquence de placer la société sous le régime des
sociétés faisant publiquement appel à l'épargne.

3. Recours à des procédés de publicité quelconques

L'appel public à l'épargne peut résulter aussi du recours par la société à des procédés de
publicité pour le placement de leurs titres quels qu'ils soient.

Cette publicité peut consister en annonces diffusées dans la presse, en affiches


placardées dans des lieux publics, en communiqués à la radio ou à la télévision, etc...

Bien entendu, la publicité prescrite par les lois et règlements ne constitue pas, par elle
même, un appel public à l'épargne.

4. Recours au démarchage :

Il y a appel public à l'épargne lorsque la société a recours au démarchage pour le


placement de ses titres.

6
BIP n°46
Juillet Août 1995
Un problème se pose toutefois pour l'interprétation de ce critère car, contrairement au
législateur français, le législateur marocain ne définit pas le démarchage ni ne
réglemente ce mode de placement des valeurs mobilières.

5. Toute société qui compte plus de 300 actionnaires :

Enfin, il y a appel public à l'épargne lorsque la société compte plus de 300 actionnaires.
Le législateur introduit une présomption légale d'appel public à l'épargne prenant en
considération l'étendue de la diffusion des titres dans le public.

Ainsi, une société peut être soumise aux règles des sociétés faisant publiquement appel
à l'épargne par le seul fait que ses titres sont diffusés dans le public, même s'il n'est pas
établi qu'elle ait utilisé l'un des moyens visés par l'article 9.

Toutefois, le CDVM ne fait pas de distinction suivant que le public se compose, ou


non, de salariés de l'entreprise ou d'autres personnes. Cette assimilation méconnait
ainsi l'existence de liens plus personnels entre les salariés et surtout dans les petites et
moyennes sociétés anonymes.

Le risque est que ces sociétés écartent alors tout projet de faire participer leurs salariés
dans leur capital social, par crainte d'être considérées comme faisant publiquement
appel à l'épargne.

De ces éléments découle la nécessité d'opérer une réflexion avant l'adoption de la


forme de la société anonyme.

Ä Motifs pouvant inspirer l'adoption de la forme de société anonyme :

La société anonyme s'impose pour les sociétés importantes dont les besoins en
capitaux ne peuvent être assurés par un petit nombre de personnes. Elle permet de
rechercher les capitaux en faisant appel au public et en offrant aux épargnants, en
échange de leurs investissements des titres (actions ou obligations) facilement
négociables surtout si la société est côtée en Bourse, par ailleurs générateurs de profits
(dividendes ou plus-values de cession), tout en limitant leur responsabilité au montant
des sommes engagées pour souscrire ou acheter les titres.

Toutefois, même peu usitée, la société en commandite par actions permet d'obtenir le
même résultat.

En revanche, pour les sociétés petites et moyennes auxquelles la forme de société en


nom collectif ou en commandite simple ne convient pas, la société anonyme n'est pas
nécessairement la forme adéquate. Dès lors, les entrepreneurs doivent soigneusement

7
BIP n°46
Juillet Août 1995
comparer les mérites de la société anonyme avec ceux de la société à responsabilité
limitée.

Le projet de Code des sociétés anonymes introduit , outre des innovations sur le fond,
une amélioration de la présentation avec des titres spécifiques concernant des
dispositions générales, de la constitution et immatriculation, administration et direction
des sociétés anonymes, des assemblées d'actionnaires, de l'information des
actionnaires, du contrôle des sociétés anonymes, des modifications du capital social,
etc..., soit 450 articles spécifiques à la société anonyme édictés par le projet au lieu de
27, édictés par le Dahir du 11 Août 1922 (et complétés désormais par le dahir portant
loi n° 1-93-212 du 21 septembre 1993).

I. LES CONDITIONS DE FOND :

Antérieurement à l'introduction du projet les conditions de fond étaient contenues


d'une part dans le droit commun de base qui régit tout type de sociétés au Maroc,
d'autre part, par un texte spécifique à la société anonyme : le dahir du 11 août 1922;
d'autres textes épars venant compléter ces dispositifs ( dahir du 10 août 1955 sur le
droit préférentiel de souscription, dahir du 25 juillet 1970 relatif à l'information des
actionnaires et du public notamment).

Le projet permet désormais de centraliser la source des textes applicables à la société


anonyme. Cependant les règles relatives aux consentement, capacité et objet sont
restées identiques.

Ä Consentement :

Comme toute autre forme de société le consentement doit correspondre à une volonté
réelle d'entrer en société et doit être exempt de vices.

Les vices du consentement tels le dol, l'erreur ou la violence peuvent entraîner la


nullité de la société (conformément à l'article 39 du Code marocain des obligations et
des contrats).

L'action en nullité se prescrit par un an.

Ä Capacité :

Conformément à l'article 3 du Code des obligations et des contrats, la capacité civile de


l'individu est régie par la loi qui régit son statut personnel.

8
BIP n°46
Juillet Août 1995
Sauf interdictions ou incompatibilités, il n'est pas nécessaire que les actionnaires
d'une société anonyme aient la capacité requise pour être commerçants. Il en découle
les conséquences suivantes :

ç Mineurs :

Le mineur, peut souscrire des actions par l'intermédiaire de son représentant légal.

ç Les majeurs protégés par la loi: les incapables peuvent souscrire des actions par
l'intermédiaire de leur représentant légal.

ç Epoux : en principe chaque époux, mari ou femme, peut librement devenir membre
d'une société en faisant apport des biens dont son régime matrimonial lui permet de
disposer.

ç Etranger : un étranger peut faire partie d'une société anonyme sous réserve des
conditions d'autorisation de résidence en vigueur.

ç Incompatibilités et interdictions(article 38) : les personnes déchues du droit


d'administrer ou de gérer une société ou auxquelles l'exercice de ces fonctions est
interdit, ne peuvent fonder une société anonyme.

ç Personnes morales : les personnes morales peuvent être associées d'une société
anonyme.

Ä Objet :

La société anonyme est commerciale par sa forme et quelque soit son objet, civil ou
commercial.

Comme pour toute autre société, cet objet doit être licite. Est nulle de plein droit en
vertu de l'article 985 du Code des Obligations et des contrats, la société ayant un but
contraire aux bonnes moeurs, à la loi ou à l'ordre public ou ayant pour but des choses
qui ne sont pas dans le commerce.

A ces règles générales, il faut ajouter les quelques dispositions spéciales aux sociétés
anonymes suivantes :

Activités interdites aux sociétés anonymes :

C'est le cas notamment pour l'exercice des professions :

Ÿ d'agents d'affaires (Dahir du 12 Janvier 1945)

9
BIP n°46
Juillet Août 1995
Ÿ d'intermédiaires en Bourse (Décret Royal du 14 Novembre 1967) et pour
Ÿ l'exploitation des propriétés agricoles (Dahir du 29 Avril 1975).

Activités réservées aux sociétés anonymes :

Doivent nécessairement revêtir la forme de sociétés anonymes :

Ÿ les entreprises de banque (Décret Royal du 21 Avril 1967) ;


Ÿ les sociétés d'investissement (Décret Royal du 22 Octobre 1966) ;
Ÿ les sociétés de crédit immobilier (Décret Royal du 17 Décembre 1968).

Ä Nombre d'associés :

Principe :

Une société anonyme ne peut être constituée valablement que si elle comprend au
moins trois associés (article 1er du projet).

La loi actuelle prévoit un nombre qui ne peut être inférieur à 7 (article 23 du Dahir 11
Août 1922).

Il n'est pas fixé de maximum au nombre des actionnaires.

Sanctions :

Une société dont le nombre des associés est inférieur à trois s'expose à la nullité.

Le projet permet la régularisation du nombre des actionnaires en cours de vie


sociale (article 49) : si durant le cours de la société, le nombre d'actionnaires est
devenu inférieur au minimum légal, les administrateurs restreints doivent convoquer
immédiatement l'assemblée générale ordinaire en vue de compléter l'effectif du Conseil
d'Administration.

Lorsque le Conseil d'Administration néglige de procéder aux nominations requises, ou


de convoquer l'assemblée, tout intéressé peut demander au Président du Tribunal de 1er
Instance, statuant en référé, la désignation d'un mandataire chargé de convoquer
l'assemblée générale , à l'effet de procéder aux nominations ou de ratifier les
nominations provisoires si le nombre d'actionnaires est devenu inférieur au minimum
statutaire sans être inférieur au minimum légal (art.49 al.5).

Ä Capital social :

Capital minimal : le capital minimum est fixé :

10
BIP n°46
Juillet Août 1995

Ÿ à 300.000 dirhams pour les sociétés anonymes ne faisant pas appel public à
l'épargne ;

Ÿ à 2.000.000 de dirhams pour les sociétés anonymes faisant appel public à


l'épargne.

Activités réglementées :

Par dérogation au principe général, le capital doit être supérieur au montant minimum
légal selon le cas, en vertu de dispositions législatives ou réglementaires applicables
aux sociétés exerçant certaines activités :

Ÿ 2.000.000 de dirhams pour les sociétés de crédit foncier ;


Ÿ 20.000 de dirhams par les sociétés d'habitation ;
Ÿ Capital arrêté par le Ministère des Finances : sociétés de banque.

Capital variable :

Le Dahir du 11 Août 1922 permet de stipuler dans les statuts de toute société que le
capital social sera susceptible d'augmentation par des versements sucessifs faits par des
associés ou l'admission d'associés nouveaux, et de diminution par la reprise totale ou
partielle des apports effectués.

Remarque : il ne semble pas que ce principe de variabilité du capital de la société


anonyme soit remis en cause par le projet.

Publicité du capital social :

L'indication du montant du capital social doit figurer dans les statuts de la société
(art.2).

En outre, cette indication doit accompagner celles relatives à la forme de la société et à


la dénomination sociale dans tous actes et documents émanant de la société et destinés
aux tiers (article 4).

Ä Apports :

Les apports peuvent être effectués soit en numéraire, soit en nature.


Les apports en industrie ne peuvent être représentés par des actions (art.1); ils ne
peuvent donner la qualité d'associé dans une société anonyme.

11
BIP n°46
Juillet Août 1995
Ä Actions :

Valeur nominale :

La valeur des actions est librement fixée par les statuts ( art 12 ).
Les sociétés ne sont pas autorisées à emettre des actions sans valeur nominale.

Sanctions pénales (article 380 du projet )

"Seront punis d'un emprisonnement de trois mois à un an et/ ou d'une amende de 2 000
à 30 000 dhs les fondateurs, les membres des organes d'administration de direction ou
de gestion d'une société anonyme ainsi que les titulaires ou porteurs d'actions qui,
sciemment, auront négocié des actions sans valeur nominale".

Souscription intégrale des actions :

Les actions créés lors de la constitution de la société doivent être souscrites en totalité
(art21)

Emission des actions :

Les actions ne peuvent pas être émises avant l'immatriculation de la société au


registre du commerce et des sociétés.

Sanctions pénales ( art 377):

" Seront punis d'une amende de 2 000 à 20 000dhs, les fondateurs, les membres des
organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société anonyme qui auront
émis des actions, soit avant l'immatriculation de ladite société au registre de
commerce, soit à une époque quelconque, si l'immatriculation a été obtenue par
fraude, soit encore sans que les formalités de constitution de ladite société aient été
régulièrement accomplies".

Un emprisonnement de trois mois à un an pourra, en outre être prononcé si les actions


ont été émises sans que les actions de numéraire aient été libérées à la souscription
d'un quart au moins ou sans que les actions d'apport aient été intégralement libérées
antérieurement à l'immatriculation de la société au registre du commerce.

Ä Participation aux résultats de l'exploitation :

12
BIP n°46
Juillet Août 1995
Comme dans toute société, les actionnaires doivent tous participer aux bénéfices (ou
aux économies) et aux pertes, étant précisé que cette participation n'est pas
obligatoirement proportionnelle aux apports.

Cependant, la contribution de chaque actionnaire aux pertes sociales ne peut excéder sa


part dans le capital social (article 1er).

Ä Dénomination sociale :

La société anonyme doit être désignée par une dénomination sociale, ce qui exclut la
seule utilisation du nom d'une ou plusieurs actionnaires suivie des mots "et cie" (raison
sociale).

Cependant, il est parfaitement licite d'inclure le nom d'un associé dans la dénomination
sociale.

Ä Publicité :

Les actes et documents émanant de la société et destinés aux tiers, notamment les
lettres, factures, annonces et publications diverses, doivent indiquer la dénomination
sociale, précédée ou suivie immédiatement et lisiblement des mots "société anonyme"
ou des initiales S.A , et de l'énonciation du montant du capital social (article 4).

Si la société anonyme est dotée d'un Directoire et d'un Conseil de Surveillance, la


forme sociale doit être indiquée par les mots : "société anonyme à Directoire et à
Conseil de Surveillance" (article 77).

Sanctions pénales ( article 376)

Les membres des organes d'administration, de direction ou de gestion d'une société qui
auront omis de mentionner, sur tous actes ou sur tous documents émanant de la société
et destinés aux tiers, l'indication de la dénomination sociale précédée de suivie
immédiatement des mots "société anonyme" ou des initiales "S.A" et de l'énonciation
du montant du capital sont passibles d'une amende de 2.000 à 10.000 DHS.

Ä Durée :

La durée de la société anonyme ne peut pas excéder 99 ans, maximum autorisé par la
loi (article 3).

La durée de la société court à compter de l'immatriculation de la société au registre


du commerce (article 3).

13
BIP n°46
Juillet Août 1995
II. LES CONDITIONS DE FORME ET DE PUBLICITE :

Les conditions de forme à respecter pour la constitution de la société anonyme varient


selon que la société fait appel public à l'épargne ou non. Nous observerons que le projet
subordonne la validité de la constitution à la date de signature des statuts et non plus à
la date de tenue de l'assemblée constitutive, laquelle est envisagée dans les sociétés
anonymes faisant appel public à l'épargne.

Le régime de la constitution sans appel public à l'épargne est fixé dans une large
mesure, par référence à celui de la constitution avec appel public à l'épargne.

Le projet ne sanctionne pas l'inobservation d'un certain nombre de formalités par la


nullité de plein droit.
Le principe est désormais celui de la régularisation ( il est nécessaire de conférer une
sécurité juridique aux partenaires externes de la société), l'exception étant la nullité
pouvant être invoquée si aucune régularisation n'est possible.

ð LA CONSTITUTION D'UNE SOCIETE NE FAISANT PAS APPEL PUBLIC A L'EPARGNE :

L'article 17 du projet dispose que la société anonyme est constituée à l'issue du dernier
des quatres actes ci-après :

Ÿ signature des statuts par tous les actionnaires; à défaut la réception par le ou les
fondateurs du dernier bulletin de souscription ;

Ÿ la libération de chaque action de numéraire d'au moins le quart de sa valeur


nominale ;

Ÿ le transfert à la société en formation des apports en nature près leur évaluation


conformément à la procédure décrite ci-après ;

Ÿ l'accomplissement des formalités de publicité.

En conséquence, la procédure de constitution d'une société anonyme ne faisant pas


appel public à l'épargne se déroule comme suit .

1. Etablissement d'un projet de statuts

2. Formation du capital

3. Dépôt des fonds

4. Etablissement d'un certificat par le dépositaire des fonds (attestation de blocage)

14
BIP n°46
Juillet Août 1995

5. Déclaration notariée de souscription et de versement

6. Déclaration de conformité

7. Signature des statuts

8. Désignation des organes de direction

9. Retrait des fonds correspondant aux apports en numéraire.

10. Formalités de publicité

Nous exposons ci-après chacune de ces différentes étapes.

1. Etablissement du projet de statuts :

Fondateurs :

Certaines personnes, qualifiées de fondateurs par le projet (article 31 et 35), prennent


l'initiative de la constitution pour faire établir le projet des statuts et veiller à
l'accomplissement de toutes les formalités requises pour parvenir à la réalisation
définitive de cette constitution.

Projet de statuts :

Le projet de réforme n'exige pas de projet de statuts qu'il s'agisse de constituer une
société anonyme avec ou sans appel public à l'épargne.

En pratique, cette rédaction s'impose car les futurs actionnaires remettant des fonds
représentatifs de leurs apports en numéraire ne s'engageront qu'en connaissance des
clauses essentielles des statuts.

Le plus souvent, le projet de statuts est rédigé de telle sorte qu'il puisse, sauf
rectifications mineures, constituer le texte définitif qui devra être signé par les
souscripteurs.

2. Formation du capital :

Réglementation administrative :

15
BIP n°46
Juillet Août 1995
Les constitutions de sociétés anonymes peuvent être réalisées quelque soit le montant
du capital, sans autorisation préalable du Ministre des Finances.

Investissement étrangers au Maroc :

Les investissements réalisés au Maroc par des "non résidents" ou par des sociétés
marocaines "sous contrôle étranger" doivent en principe, faire l'objet d'une déclaration
préalable au Ministère des Finances.

Souscription du capital :

Le capital social doit être intégralement souscrit (article 21) ; c'est à dire que toutes les
actions composant le capital social doivent être réparties entre les divers souscripteurs.

Le capital social à prendre en considération est celui fixé dans les statuts définitifs
signés par les souscripteurs.

Si un ou plusieurs futurs actionnaires sont défaillants, rien ne s'oppose à la réduction du


montant du capital initialement dans le projet de statuts (à condition qu'il reste au
moins égal au minimum de 300.000 DHS).

Constatation des souscriptions :

Il n'y a pas lieu, dans la procédure de constitution d'une société anonyme sans appel
public à l'épargne, d'établir des bulletins de souscription.L'engagement des
souscripteurs résulte désormais de la seule signature des statuts.

Sanctions pénales (article 378)

Aux termes du projet seront punis d'un emprisonnement de 1 à 5 ans et/ou de 2.000 à
40.000 dhs :

1. "Ceux qui sciemment, pour l'établissement du certificat du dépositaire constatant


les souscriptions et les versements auront affirmé sincères et véritables des
souscriptions qu'ils savaient fictives ou auront déclaré que les fonds, qui n'ont pas
été mis définitivement à la disposition de la société ont été effectivement versés, ou
auront remis au dépositaire une liste des actionnaires mentionnant des
souscriptions fictives ou le versement de fonds qui n'ont pas été mis définitivement
à la disposition de la société.

2. Ceux qui, sciemment, par simulation de souscription ou de versements ou par


publication de souscription de versement qui n'existent pas, ou de tous autres faits
faux, auront obtenu ou tenté d'obtenir des souscriptions ou des versements.

16
BIP n°46
Juillet Août 1995

3. Ceux qui sciemment, pour provoquer des souscriptions ou de versements, auront


publié les noms de personnes désignées contrairement à la vérité comme étant ou
devant être attachées à la société à un titre quelconque".

Apports en numéraire :

Les souscripteurs d'actions de numéraire doivent effectuer les versements


correspondant à la fraction du capital qui doit être libérée au moment de la constitution
de la société.

Cette fraction est déterminée d'un commun accord entre les futurs actionnaires. Elle ne
peut pas être inférieure au quart du montant nominal des actions de numéraire
(article 17).

La libération du surplus doit intervenir, en une ou plusieurs fois, dans un délai de 5 ans
à compter de l'immatriculation de la société , sur décision du Conseil d'Administration
ou du Directoire (article 21 alinéa 2).

Sanctions pénales (art.377al. 2)

Les fondateurs, les membres des organes d'administration, du directoire ou de gestion


d'une société anonyme qui auront émis des actions, sans que les actions de numéraire
aient été libérées à la souscription d'un quart au moins ou sans que les actions d'apport
aient été intégralement libérées antérieurement à l'immatriculation de la société au
registre de commerce seront passibles d'un emprisonnement de 3 mois à 1 an.

Versement des fonds :

Les versements sont faits entre les mains des fondateurs qui doivent dans ce cas les
déposer dans une banque.

Les versements peuvent être faits en espèces, par chèque ou par virement bancaire ou
postal, le paiement n'étant réputé effectué que lors de l'encaissement du chèque ou de la
réalisation du virement.

En revanche, on peut admettre que n'est pas valable tout paiement qui n'entraîne pas la
mise à disposition immédiate des sommes dues : il en est ainsi de la remise d'un billet à
ordre ou d'une lettre de change.

17
BIP n°46
Juillet Août 1995
Apports en nature :

En cas d'apports en nature, il est parfois conclu entre les apporteurs et les autres
souscripteurs un traité d'apport réglant les conditions et les modalités de l'apport.

Le projet édicte que les dispositions relatives aux apports en nature doivent être
incluses dans le projet des statuts (article 24 alinéa 3).

La description et l'évaluation des apports en nature doivent figurer dans les statuts
définitifs soumis à la signature des futurs actionnaires (article 24).

Pour éclairer la décision des associés, le projet prévoit l'intervention d'un commissaire
aux apports, chargé d'établir un rapport sur l'évaluation des apports en nature.

Désignation d'un commissaire aux apports :

Le commissaire aux apports est choisi parmi les personnes habilités à exercer les
fonctions de commissaire aux comptes.

Afin de préserver l'indépendance des commissaires aux apports, le projet ( art.25)


soumet ces derniers aux mêmes situations d'incompatibilités que celles des
commisssaires aux comptes, sachant que ne peuvent être désignés comme tels :

1. Les fondateurs, apporteurs en nature, bénéficiaires d'avantages particuliers et


administrateurs de la société ou de ses filiales.

2. Les conjoints, parents ou alliés de ces personnes.

3. Ceux qui reçoivent des personnes visées en 1 ci-dessus de la société ,ou de ses
filiales, une rémunération quelconque à raison de fonctions susceptibles de porter
atteinte à leur indépendance.

4. Les sociétés d'experts comptables dont l'un des associés se trouve dans l'une des
situations prévues aux paragraphes précédents.

Si l'une des causes d'incompatibilité ci-dessus survient en cours de mandat, l'intéressé


doit cesser immédiatement d'exercer ses fonctions et en informer le Conseil
d'Administration ou le Conseil de Surveillance au plus tard 15 jours après la
survenance de cette incompatibilité (art.160).

18
BIP n°46
Juillet Août 1995
Sanctions pénales (article 382) :

"Toute personne qui, sciemment, aura accepté d'exercer les fonctions de


commissaires aux apports, nonobstant les incompatibilités et interdictions légales sera
punie d'un emprisonnement de 2 à 6 mois et /ou d'une amende de 2.000 à 40.000
DHS".

Mission du commissaire aux apports :

Le commissaire doit établir, sous sa responsabilité un rapport sur l'évaluation des


apports (article 24).

Dans son rapport, le commissaire doit décrire chacun des apports, indiquer le mode
d'évaluation adapté, les raisons pour laquelle il a été retenu et, affirmer que la valeur
nominale des apports correspond au moins à la valeur des actions à émettre (article
25).

Pour l'accomplissement de sa mission, le commissaire peut se faire assister par un ou


plusieurs experts de son choix. Les honoraires de ces experts sont à la charge de la
société (article 25 alinéa 2).

Le rapport des commissaires aux apports est déposé au greffe du Tribunal et est tenu à
la disposition de futurs actionnaires qui peuvent en prendre copie.

Responsabilité du commissaire aux apports :

Le commissaire aux apports est responsable des fautes qu'il aurait pu commettre dans
l'exercice de ces fonctions.

Il encourt également une responsabilité pénale en cas de majoration franduleuse des


apports en nature.

Sanctions pénales (article 378 alinéa 4)

"seront punis d'un emprisonnement de 1 an à 5 ans et/ou d'une amende de 2.000 à


4.000 DHS ceux qui, frauduleusement, auront fait attribuer à un apport en nature une
évaluation supérieure à sa valeur réelle".

Régime des actions d'apports :

Les actions représentatives d'apports en nature sont désormais libérées intégralement


lors de leur émission (article 21).

19
BIP n°46
Juillet Août 1995
Ces actions sont désormais comme les actions de numéraire, négociables dès
l'immatriculation de la société au Registre du Commerce (article 246).

Stipulation d'avantages particuliers :

En cas de stipulation d'avantages particuliers au profit de personnes associées ou non,


une procédure identique à celle exposée ci-dessus à propos des apports en nature
doit être suivie (article 24 alinéa 2).

L'avantage particulier doit s'entendre en pratique de toute faveur de nature pécuniaire


ou autre, attribuée à titre personnel à un associé ou à un tiers.

Le cas type est l'émission d'actions privilégiées réservées à certains actionnaires (en
effet, une telle émission auxquelles tous les associés auraient la possibilité de souscrire
ne constitue pas un avantage particulier).

3. Dépôt des fonds et de la liste des souscripteurs :

Obligation de dépôt :

Les personnes qui ont reçu les fonds correspondant aux apports en numéraire sont
tenues de les déposer, pour le compte de la société en formation dans un compte
bancaire bloqué.

Les versements sont accompagnés d'une liste des souscripteurs, indiquant les sommes
versées par chacun d'eux (article 29 alinéa 1).

Délai de dépôt :

Le dépôt doit être fait dans le délai de 8 jours à compter de la réception des fonds.

Remarque : Il semble qu'aucune sanction n'ait été prévue par le législateur en cas de
violation des dispositions.

Communication de la liste de souscripteurs :

Le dépositaire des fonds est tenu jusqu'au retrait de ceux-ci, de communiquer la liste
des souscripteurs à tout souscripteur qui justifie de sa souscription.

20
BIP n°46
Juillet Août 1995

Le souscripteur peut prendre connaissance de la liste des souscriptions et même en


obtenir à ses frais la délivrance d'une copie (article 22 alinéa 3).

Indisponibilité des fonds déposés :

Les fonds déposés sont indisponibles. En conséquence, ils ne peuvent pas en principe
faire l 'objet d'une compensation avec une dette de l'apporteur à l'égard du dépositaire
des fonds ou avec un compte destiné à enregistrer les opérations passées au nom de la
future société.

4. Déclaration notariée de souscription et de versement :

La liste des souscriteurs et les versements sont constatés par une déclaration des
fondateurs dans un acte notarié (art. 23).

Le notaire vérifie la conformité de la déclaration des fondateurs aux documents qui lui
sont présentées sur présentation de la liste des souscripteurs et d'un certificat de
banque.

A la déclaration sont annexés la liste des souscripteurs, l'état des versements effectués
par chacun d'eux et un exemplaire ou une expédition des statuts.

5. Attestation de blocage :

Constatation des versements :

Les versements correspondant aux apports en numéraire doivent être constatés par une
attestation de la banque dépositaire.

Il s'agit d'une simple constatation matérielle. Le dépositaire n'est pas tenu de vérifier
l'identité et la capacité des futurs actionnaires, ni la sincérité des souscriptions, ni
même que le capital est intégralement souscrit.

Sanctions pénales : (art 378, al 2)

"Les personnes qui, sciemment, auront remis au dépositaire une liste des actionnaires
mentionnant des souscriptions fictives ou le versement de fonds qui n'ont pas été mis
définitivement à la disposition de la société, sont punies d'un emprisonnement de 1 an
à 5 ans et/ou d'une amende de 2.000 à 40.000 dirhams".

21
BIP n°46
Juillet Août 1995
6. Déclaration de conformité :

Les fondateurs et les premiers membres des organes d'administration sont tenus de
déposer au greffe une déclaration dans laquelle ils relatent toutes les opérations
effectuées en vu de la constitution de la société, et par laquelle affirme nt que cette
constitution a été réalisée en conformité avec la loi et les règlements (art 31).

Sanctions (art 31):

L'absence de dépôt au greffe de la déclaration de conformité constitue une cause


d'irrecevabilité de la demande d'immatriculation de la société.

7. Signature des statuts :

La signature des statuts est l'étape la plus importante de la constitution d'une société
anonyme sans appel public à l'épargne.

C'est à partir de la date de cette signature que la société est désormais réputée
constituée, réserve faite qu'elle ne jouira de la personnalité morale et donc la pleine
capacité juridique,
qu'à compter du jour où elle sera immatriculée au Registre du Commerce et des
sociétés (article 7).

Forme des statuts :

Les statuts de la société doivent être établis par écrit (article 11).

Ils peuvent être établis par acte sous seing privé. En pratique, l'intervention du notaire
pour l'établissement des statuts s'impose compte tenu de la sécurité juridique que
confère l'acte notarié.

Contenu des statuts :

Les statuts forment le contrat de société, ils seront donc plus au moins détaillés selon le
souhait des actionnaires.

Cependant, le législateur rend obligatoire l'insertion de certaines mentions qui sont les
suivantes (article 2 et12) :

Ÿ la forme juridique adoptée (au cas d'espèce : la société anonyme) ;


Ÿ la durée de la société ;
Ÿ la dénomination sociale ;

22
BIP n°46
Juillet Août 1995
Ÿ le siège social ;
Ÿ le montant du capital social ;
Ÿ le nombre d'actions émises et leur valeur nominale, en distinguant le cas échéant
les différentes catégories d'actions créées ;
Ÿ la forme, soit exclusivement nominative, soit nominative ou au porteur des
actions ;
Ÿ en cas de restriction à la libre négociation ou cession des actions, les conditions
particulières auxquelles est soumis l'agrément des cessionnaires ;
Ÿ l'identité des apporteurs en nature, l'évaluation de l'apport effectué par chacun
d'eux et le nombre d'actions remises en contrepartie de l'apport ;
Ÿ l'identité des bénéficiaires d'avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
Ÿ les clauses relatives à la composition, au fonctionnement et aux pouvoirs des
organes de la société ;
Ÿ les dispositions relatives à la répartition des bénéfices, à la constitution de réserves
et à la répartition du boni de liquidation.

Remarque :

Curieusement, et sans doute provenant d'un oubli, le législateur ne fait pas obligation
expresse de mentionner l'identité de toutes les personnes signataire des statuts.

On déduira de l'énonciation de l'article 12 "et sans préjudice de toutes autres


mentions utiles" qu'une telle obligation existe bel et bien .

Sanction des omissions dans les statuts :

La seule sanction est que tout intéressé est recevable à demander en justice que soit
ordonnée sous astreinte la régularisation de la constitution si les statuts ne contiennent
pas toutes les énonciations exigées par la loi et les règlements.

Cette action se prescrit par 3 ans à compter, soit de l'immatriculation de la société au


Registre du Commerce, soit de l'inscription modificative à ce registre et du dépôt, en
annexe, des actes modifiant les statuts.

Nombre d'originaux :

Lorsque les statuts sont établis par acte sous seing privé, il est dressé autant d'originaux
qu'il est nécessaire pour le dépôt d'un exemplaire au siège social et l'exécution des
diverses formalités requises (article 11 alinéa 2).

23
BIP n°46
Juillet Août 1995
Pièces annexées aux statuts :

En pratique seront annexés aux statuts :

Ÿ le rapport du commissaire aux apports en cas d'apport en nature ;

Ÿ l'état des actes accomplis pour le compte de la société en formation avec


l'indication pour chacun d'eux, de l'engagement qui en résulterait pour la société
(article 29).

Actes passés pour le compte de la société non encore immatriculée :

La société n'acquiert la jouissance de la personnalité morale qu'à compter de son


immatriculation au Registre du Commerce et des sociétés.

Jusqu'à cette date, les personnes agissant pour le compte de la société sont
responsables solidairement et indéfiniment des actes ainsi accomplis au nom de la
société à moins que la première assemblée générale de la société régulièrement
constituée et immatriculée ne reprenne les engagements souscrits.

Les engagements sont alors réputés avoir été souscrits dès l'origine par la société
(article 27)

8. Désignation des membres des organes de direction :

Après la signature des statuts, les personnes désignées pour être administrateurs sont
habilitées à nommer le Président du Conseil d'administration et sur propositions
éventuelle de celui-ci les directeurs généraux (article 20).

Il en est de même le cas échéant, des personnes désignées pour être membre du Conseil
de Surveillance auxquelles il appartient de désigner les membres du directoire ou le
directeur général unique.

Ces désignations permettront l'accomplissement des formalités de publicité.L'entrée en


fonction des membres des organes de direction ne devient effective qu'à compter de
l'immatriculation de la société.

24
BIP n°46
Juillet Août 1995
9. Retrait des fonds :

Retrait après immatriculation de la société :

Les fonds correspondants aux apports en numéraire, déposés dans les conditions ci-
dessus exposées ne peuvent être retirés qu'après l'immatriculation de la société au
Registre du Commerce et des sociétés.

Ce retrait est accompli par le mandataire du Conseil d'Administration contre remise


du Certificat du Greffe du Tribunal compétent attestant l'immatriculation de la
société au Registre du Commerce.

Retard dans la constitution :

En cas de non constitution de la société dans un délai de six mois après le dépôt des
fonds, les fondateurs sont tenus de les restituer aux souscripteurs.

La société est réputée n'avoir pas été constituée dans le délai de six mois lorsque
l'ensemble des actes (signature des statuts, libération d'au moins le quart des actions,
apports en nature et accomplissement des formalités de publicité n'ont pas été
accomplis.
Dans le cas où, pour quelque raison que ce soit, la société n'a pas été constituée, les
fondateurs n'ont pas de recours contre les souscripteurs du fait des engagements
souscrits ou des dépenses faites, sauf en cas de dol ou de non respect de leurs
engagements par les souscripteurs, si la société n'a pas été constituée par leur faute
(article 28

10. Formalités de publicité :

Comme pour toutes les sociétés commerciales, la constitution d'une société anonyme
donne lieu, indépendamment de l'enregistrement des statuts aux formalités de
publicité suivantes:

1. Certificat négatif

2. Enregistrement des statuts

3. Dépôt au Greffe du Tribunal de Première Instance du lieu du siège social de deux


exemplaires des statuts, des actes de nomination des membres des organes de
direction, de l'attestation de blocage des fonds comportant en annexe la liste des
souscripteurs, du rapport du commissaire aux apports (en cas d'apports en d'octroi
d'avantages particuliers) et de la déclaration de conformité.

25
BIP n°46
Juillet Août 1995
4. Publicité légale dans un journal d'annonces légale ;

5. Immatriculation de la société au Registre du Commerce et des sociétés ;

6. Insertion au Bulletin Officiel des annonces commerciales, cette insertion incombant


au Greffe du Tribunal (article 32) dans les conditions prévues par la législation
relative audit registre.

26

Vous aimerez peut-être aussi