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DECEMBRE 2021

Séminaire :
L’AUTOCONTRÔLE

Préparé par : RAOUDHA DHAOUI et NAJOUA HANNACHI


Encadré par : SANA EL EUCH

1
SOMMAIRE

I. Le principe : L’interdiction de l’autocontrôle ................................................................................. 6


A) L’interdiction d’ordre général : ................................................................................................... 6
B) L’interdiction de la participations réciproques : ........................................................................ 8
II. Les exceptions de principe : .......................................................................................................... 11
A- Le rachat en vue d’annuler ses actions : ................................................................................... 11
B- Le rachat en vue de réguler les cours des actions : .................................................................. 12

2
Introduction

Il n’est guère contestable que si le législateur estime qu’un intérêt doit être protégé, il
édictera une règle imposant son respect. Le respect de cette règles légales fera que tout
agissement qui lui est contraire sera interdit.

Dans ce cadre, le législateur a interdit l’opération d’autocontrôle.


Le verbe contrôler et en principe un verbe transitif qui appelle l’existence d’un contrôleur et
un contrôlée. On parle d’autocontrôle lorsqu’il y a identité entre contrôleurs et le contrôlé.
L'opération peut être curieuse puisque la société émettrice se comporte à l’égard d’elle-
même comme étant un tiers et convoite son propre contrôle.1
En principe, Il y a une interdiction pour la société d’acheter ses propres actions, principe
qu’aucun texte ne pose de façon générale pour toutes les sociétés, mais qui est une
application de l’interdiction du contrat avec soi-même.
En France, la procédure de rachat d’actions a été définie initialement par l’article 217-2 de la
loi du 24 juillet 1966 sur les sociétés commerciales qui prohibait l’achat par une société de
ses propres actions soit directement, soit par une personne agissant en son propre nom,
mais pour le compte de la société, ce principe général d’interdiction était assorti de
quelques dérogations qui était toutefois limité et mal adapté à une gestion dynamique du
capital des sociétés.
« Une société ne pouvait être à la fois créancière et débitrice d’elle-même sans porter
atteinte à l’intangibilité du capital social, seul gage des créanciers sociaux ». Il fallait attendre
la loi numéro 98-546 du 2 juillet 1998 pour que le principe d’interdiction soit définitivement
levé. Depuis cette date, le rachat d’actions est considérablement développée en France.2
Inspiré du modèle français, La réglementation du rachat par la société de ses propres actions
est relativement récente en Tunisie, le code de commerce à garder le silence sur la question.
Ce n’est qu’à partir de 1994 que notre droit s’en est préoccupé. En effet, pour répondre aux
besoins de développement économique des pays, une réforme majeure a été adopté avec la
promulgation de la loi numéro 94-117 du 14 novembre 1994 portant réorganisation du
marché financier tunisien. En ce sens, l’article 88 de ladite loi interdit expressément dans son
premier alinéa le rachat par la société de ses propres actions et le permet ensuite
exceptionnellement.

1( S) El Euch, le contrôle et le droit de la société anonyme ,thèse pour l’obtention de doctorat en droit privé
,Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis,2019_2020
2 (I) . Triki, le rachat par la société de ses propres actions, mémoire en vue de l’obtention du mastère en droit

privé, faculté de droit de sfax , 2013/2014

3
Les opérations de rachat d’actions ont connu une ampleur considérable à l’étranger au cours
de ces dernières années, elles demeurent inconnues de la plupart des entreprises
tunisiennes, probablement en raison des freins liés à la législation.
Cette rigueur de loi apparaissait aux yeux de beaucoup d’auteurs comme excessive et
dépassée par l’évolution du marché international.

Face à cette réalité et à la modernisation du droit que connaît la majorité des législations, il
semble regrettable que là notre garde toujours une certaine méfiance. Cette donnée ne peut
être justifiable dans la mesure où étant « un pays ouvert, en phase du développement et de
forte croissance, la Tunisie a toujours essayé d’intégrer le droit des sociétés dans une
synergie de développement économique. »3

Le rachat de la société de cette action a des avantages. Certains de ces avantages intéressant
directement la question de pouvoir ainsi les actions auto-détenues peuvent renforcer le
poids des actionnaires stables en évitant une très grande dispersion des titres et en
réduisant le nombre de voix nécessaires à la majorité. En outre en augmentant son
autocontrôle, la société participe à la raréfaction de ses actions, accroît leur coût et se
trouve ainsi plus protégé en cas d’une tentative de rachat hostile. De même, ces actions auto
détenues constituent une réserve du titre qui peuvent faciliter certaines opérations
financières. On peut imaginer l’utilité de l’opération pour la croissance externe de la société
qui peuvent à son tour avoir le contrôle d’une autre société.4
Malgré ses avantages certains, l’opération de l’achat d’actions peut s’avérer dangereuse et
redoutable pour la société, pour ses actionnaires ou même pour ses créanciers. Elle l'est
pour la société elle-même. Des achats démesurés, non financés par des réserves libres,
peuvent mettre gravement en cause l’équilibre de la société. Celle-ci peut être amené à
revendre ses titres dans des conditions peu avantageuses en raison des aléas du marché
financier.
En outre, l’intérêt d’une telle opération n’est pas évidée pour la société dans la mesure ou la
sortie de liquidité risque de diminuer les possibilités d’investissement et donc de freiner
éventuellement sa croissance.
Au surplus, il semble qu’une telle opération crée une certaine fictivité du capital dans la
mesure ou les mêmes bien figure à l’actif de la société et à son passif au poste capital. Elle
est d’ailleurs contraire au principe d’intangibilité du capital, en ce sens que les fonds sociaux
ne sont pas faits pour acheter des actions de la société, c’est-à-dire pour finalement
permettre le remboursement d’actionnaires. 5
Dès lors le rachat par la société de ses propres actions a été considéré comme une opération
parfois utile, mais toujours dangereuse pour les créanciers sociaux et les actionnaires.

3 (Farhat Toumi), Le droit des sociétés en Tunisie : un droit moderne en plein mutation, 1998
4 Ibid
5 (Jean Deveze, Alain Couret, Thierry Poulain-Rehm), « lamy droit du financement »,2000

4
Partant de ce constat, la question qui se pose est celle de savoir dans quelle mesure le
législateur va-t-il adopté l’idée de l’auto-détention d’une société de ses propres actions ?

5
I. Le principe : L’interdiction de l’autocontrôle
Le législateur est intervenu dans deux endroits différents, pour interdire l’opération
d’autocontrôle. D’abord, il met une interdiction d’ordre général (A) ensuite, il interdit les
participations réciproques (B).

A) L’interdiction d’ordre général :


Cette sous partie, se divise en deux paragraphes : L’interdiction à la société de détenir son
propre capital dans les sociétés isolées d’une part (a) et les interdictions en matière de
groupe de sociétés d’autre part (b).
a) L’interdiction à la société de détenir son propre capital dans les sociétés isolées :
Le législateur énonce le principe de L’interdiction de l’auto détention par la société de ses
propres actions dans le cadre de l’alinéa 1 de l’article 88 de la loi n°94-117 portant
réorganisation du marché financier, en ces termes : » Sont interdits la souscription et l’achat
par la société de ses propres actions »
Cet alinéa premier dédite article exige deux idées principales :

• La première intéresse les sociétés concernées :

Bien que cet article semble, de par son rattachement formel à la loi organisant le marché
financier, intéresser principalement les sociétés faisant appel public à l’épargne, certains
auteurs6 soutient que son application devrait s’étendre aux sociétés fermées.
Ce point de vue nous semble justifié. D’abord parce que cette loi réglemente dans certains
de ses dispositions les transactions conclues par les sociétés fermées.7
Ensuite parce que les dangers attachés à l’auto-détention de titres et notamment la fictivité
du capital social sont les mêmes pour toutes les sociétés anonymes qu’elles soient ouvertes
ou fermées.8
La deuxième intéresse la forme de l’auto-détention interdite :
L’interdiction s’applique aux actions auto-détenues directement ou indirectement.
Cette affirmation s’infère de l’article 72 du règlement du CMF relatif a l’appel public à
l’épargne.
Ce dernier article dispose que « Les dispositions du présent titre sont applicables aux
sociétés dont les titres de capital sont admis à la cote de la bourse et qui réalisent

6(C.Labatie-Dahdouh et H.Dahdouh) ,Droit commercial,vol.2 règles particulières ,IHE éd.1ére éd.2007


7V°.art 71 de la loi sur l’obligation d’enregistrer les transactions sur titres des sociétés ne faisant pas appel
public a l’épargne .
8 (S.EL EUCH) thèse précitée

6
directement ou par personne interposée un programme de rachat de leurs titres en
application de l’article 19 nouveau et l’article 88 de la loi n°94-117 du 14 Novembre 1994.
Elles s’appliquent aux interventions des dirigeants de la personne morale concernée sur les
titres et pour le compte de celle-ci ».
Ce dernier article précise les informations, à diffuser á l’occasion du rachat exceptionnel par
la société cotée de ses propres titres s’appliquent à tout programme de rachat 9 , qu’il se
réalise « directement ou par personne interposée ».
L’interdiction s’étend ainsi á l’autocontrôle indirecte c’est-à-dire par les sociétés interposées
ou par prête nom.10
Le principe de L’interdiction de l’opération d’autocontrôle touche aussi le groupe de
sociétés.

b) Les interdictions en matière de groupe de sociétés :


Il semble logique si non nécessaire, d’agir conformément à la loi.

Cette interdiction d’ordre général semble découler naturellement du caractère obligatoire


de la règle du droit. Portant l’interdiction d’agir dans un but « contraire á la loi » a été
utilisée de façon expresse par le législateur dans un domaine qui n’est pas étranger à la
notion du contrôle : le groupe de sociétés.11

Dans ce sens l’article 464 c.s.c dispose que « Le groupe de sociétés ne peut avoir de finalité
contraire à la loi, telle que celle d’éluder l’impôt ou l’atteinte aux règles de la concurrence ».
On conclure d’après les termes de ce dernier article que le caractère général de cette
interdiction justifie l’absence de précision législative quant au caractère contraire à la loi
d’une finalité. Seuls deux exemples soient cités à titres illustratif… » telle que celle d’éluder
l’impôt ou l’atteinte aux règles de la concurrence. Ainsi que cette interdiction n’est pas suivie
d’une sanction.
L’exercice du contrôle d’une société mère sur sa filial ne saura ainsi avoir une finalité
« contraire à la loi ».

En effet, il est vrai qu’il est utile pour un texte de loi de rappeler qu’il faut agir
conformément à la loi, L’article 539 c.o.c dispose dans ce contexte que « Lorsque la loi
défend formellement une chose déterminée, ce qui est fait contrairement à la loi ne peut
avoir aucun effet. »

9En application de l’article 19 et 88 de la loi n°94-117


10Il s’agit d’éviter de contourner la loi et « d’empêcher de faire détenir des actions par des sociétés écrans sans
autonomie juridique »,Y.Guyon,Droit des affaires ,n°587.
11 (S.EL EUCH )thèse précitée .

7
Ce texte se justifie néanmoins par la spécificité de la matière. S’il est surabondant de
rappeler à une société de se conformer à la loi ,ce rappel pour un groupe dépourvu de
personnalité morale est utile.12
Ensuite, pour ce qui concerne l’absence de la sanction et même si l’article 464 c.s.c ne la
prévoit pas dans ce cas, il renvoi à d’autres textes qui le font dès qu’il s’avéré que la finalité
du groupe lui est contraire.
Enfin, le conseil de la concurrence a eu ainsi l’occasion, de faire référence à l’article 464 c.s.c
pour sanctionner un agissement anticoncurrentielle,13 au sens de l’article 5 alinéa 1 de la loi
n° 2015-36 du 15 Septembre 2015 relative à la réorganisation de la concurrence et des prix .
En plus de L’interdiction de l’opération d’autocontrôle d’ordre général, les participations
réciproques sont aussi prohibés.

B) L’interdiction de la participations réciproques :


Il y a participation réciproques quant une société détient totalement ou partiellement le
capital d’une autre société par laquelle possède directement ou bien indirectement une
portion du capital de la première.
Il résulte de cette définition que de telles combinaisons financières s’établissent entre deux
sociétés, comme elles peuvent se nouer entre plusieurs sociétés. 14

Cette situation entraîne le même danger lié à la détention par la société de son propre
capital, à savoir la fictivité du capital Si les participations réciproques sont importantes, elles
peuvent aboutir à un autre risque, celui de se retrouver avec les mêmes personnes qui
contrôlent les deux sociétés.

Les dirigeants communs pourront ainsi par le vote de l’autre société garantir leur réélection
dans chacune des sociétés. C’est ce que la pratique financière appelle « le verrouillage »15 de
la direction qui aboutit à ce que « les dirigeants sociaux deviennent pratiquement
irrévocables »
Le législateur est donc intervenu, par la loi du 6 septembre 2001,16 pour réglementer les
participations réciproques dans les articles 466 à 468 c.s.c .
Pratiquement, le législateur tunisien revient pour les besoins de cette réglementation, à la
classification classique des sociétés salon qu’elles soient « des sociétés par actions ou « des
sociétés autres que des sociétés par actions ».

Il distingue selon que cet échange mutuel, équivalent ou pas des participations, ait lieu entre
deux sociétés par action17 , ou entre une société autre qu’une société par action mais qu’il

12 (S.EL EUCH )thèse précitée.


13 Voir décision rendue sous le n°91201 du 12 Mars 2015 à propos d’un appel d’offre ayant pour objet
l’acquisition d’équipement médical
14 (A.Mamlouk )thèse le capital social gage des créanciers,1998-1999
15 (Y.Guyon) Droit des affaires ,n°587.
16 loi n° 2001- 117 du 6 décembre 2001, complétant le code des sociétés commerciales, Jort, 2001 n°98, p 4091.
17 article 466

8
porte sur des actions d’une société par action 18 ou enfin, entre deux sociétés autres que
des sociétés par actions.19
En d’autres termes, lorsque les participations réciproques intéressent des sociétés par
actions, ou lorsque la participation émane d’une société d’une société, autre qu’une société
par actions, et vise une société par action détenant plus de 10% de son capital, le législateur
pose le même principe d’interdiction : « La société (par actions ou autres …) ne
peut posséder des actions dans le capital d’une société par action si celle -ci détient une
fraction de capital supérieur à 10 % ».
La limitation du taux des participations réciproques a 10 % protégé les créanciers contre une
altération excessive de la substance du capital social.

Toutefois, cette garantie est relative, car le droit français n’interdit que les participations
réciproques directe, à l’exclusion des participations réciproques circulaires qui constituent le
plus souvent un détournement de l’interdiction légale.
En outre, les participations réciproques directes entre deux sociétés qui ne sont pas des
sociétés par actions ne sont pas réglementée. Le taux d’intérêt que ces opérations
financières présentent pour les sociétés de personnes ne justifier pas la négligence des
SARL.20
Sur le plan de la technique juridique, cette insuffisance semble d’autant plus curieuse que le
législateur a pris soin de présenter, dans l’article 465 du c.s.c. C’est -à-dire juste avant les
articles consacrés à la réglementation des participations réciproques, les participations selon
une certaine typologie. Il distingue ainsi en définissant, les participations directes, des
participations indirectes et des participations réciproques.

L’évitement du verrouillage de la direction d’une société anonyme, aurait été assuré de


façon plus claire et efficace, si un principe général d’interdiction des participations
réciproques était formulé de la façon suivante : « une société par actions ou, une société
autre qu’une société par actions, ne peut posséder directement ou indirectement d’action
d’une société par action, si celle-ci détient directement ou indirectement, une fraction de
son capital supérieur à dix pour cent. Cette interdiction s’applique à toute société
concernée, qu’elle ait son siège sur le territoire national ou non.
On peut également de façon plus concrète, penser à analyser la situation à l’aune de
l’approche qualitative du pouvoir et la considérer comme une situation d’autocontrôle de
sociétés prête nom situées sur le territoire national ou à l’étranger. Mais le législateur n’a
pas encore emprunté ce chemin. Il prévoit juste une interdiction des participations
réciproques et offre même une possibilité de régulation . 21

18 article 467 c.s.c


19 (S.EL Euch) , thèse précitée .
20 (A.Mamlouk), thèse précitée.
21 (S.EL Euch) thèse , précitée.

9
Conclusion
Le législateur tunisien, à interdit l’opération d’autocontrôle pour les sociétés qui veulent
détenir son propre capital dans les sociétés isolées d’une part, et en matière du groupe de
sociétés d’autre part (les articles 466-467-468).
Cette interdiction de l’autocontrôle englobe aussi les participations réciproques.
Les participations réciproques prudent également être distinguées d’après leur formations.
Elles sont alors originelles ou subséquentes. Ces dernières découlent d’un achat réciproque
d’actions, tandis que les premières résultent d’une souscription mutuelle à une
augmentation de capital.
Ces relations financières concernant généralement des sociétés d’un même groupe, mais
rien n’empêche qu’elles se nouent entre des sociétés indépendantes.
Comme toute principe, ce principe dispose des exceptions.

10
II. Les exceptions de principe :
Le rachat par une société de ses propres actions est exceptionnel, il n’est licite que dans des
cas limités par la loi. Elle doit se faire dans l’intérêt de ses actionnaires 22 et en vue de
satisfaire à trois finalités : Assurer la liquidité du marché du titre concerné ou réduire les
fluctuations excessives de son cours ou annuler les actions.23
Ces finalités recouvrent deux hypothèses prévues par le législateur dans deux endroits
différents. Le rachat en vue d’annuler ses actions (A) Et le rachat en vue de réguler les cours
de ses actions(B).

A- Le rachat en vue d’annuler ses actions :


L’article 88 de la loi de 1994 apporte une exception à cette interdiction de principe. Savoir
l’acquisition d’actions pour la réduction de capital.
Il est à remarquer que L’interdiction prévue à l’article 88 alinéa 1 s’étend à l’autocontrôle en
général en visant l’achat et la souscription. L’exception ne concerne que l’achat et non la
souscription. Le principe d’interdiction demeure intact pour la souscription. Souscrire des
actions lors d’une augmentation du capital pour ensuite les annuler et le réduire et revenir
au point de départ n’est en effet d'aucun intérêt. Le principe d’interdiction de souscription
reste de ce fait absolu. 24
L’Alenia 2 de cet article dispose que : « Toutefois, l'assemblée générale extraordinaire qui
décide une réduction de capital non motivée par des pertes, peut autoriser le Conseil
d’administration pendant une période déterminée, à acheter un nombre d’actions en vue de
leur annulation. »
Cet article précise les conditions et les modalités de l’exercice de ce rachat :

_La dérogation concerne le cas de réduction du capital en l’absence de pertes. Décision


fondée sur la protection de l’intérêt social. Il fait longtemps que le capital ne correspond pas
aux besoins financiers de l’entreprise, il constitue une lourde charge financière pour la
société.25
_L’Assemblée générale extraordinaire est seule compétente pour autoriser. En effet, c’est
une décision de toute importance dans la vie de la société, emportant réduction de son
capital social, elle doit donc être de toute logique du ressort exclusif de cette Assemblée.

22 La diversité des catégories des actionnaires mis en doute l’existence d’un intérêt commun
23 Article 73 du règlement du CMF relatif à l’appel public à l’épargne
24 (S) El Euch thèse précité
25Au cours de l’existence de la société, le capital peut parfois s’avérer trop important pour les besoins et la
bonne marche des affaires. Il demeure alors l’inemployé ou immobilisé dans un établissement bancaire et
devient ainsi une charge financière aussi couteuse qu’inutile puisque le capital surabondant doit être rétribué
dans les mêmes conditions que le capital productif.

11
Une fois acheté, une seule issue est possible. Une seule sorte est réservé à ces actions, c’est
l’annulation. Cette annulation aboutit à une réduction du capital qui correspond aux actions
effectivement achetées.
_Les actions rachetées doivent être annulées dans un délai de 3 mois à partir de la date de
l’achèvement de l’opération d’achat. Cette courte durée vise à s’assurer que ce rachat ne
soit pas détourné de sa finalité. Ce rachat ne doit aucunement aboutir à l’exercice d’un
quelconque pouvoir sur la marche de la société.
Il convient enfin de remarquer que la procédure de rachat reste soumise à une large
information. Ainsi, il est fait mentionné de cette annulation sur les registres de transfert et
sur les comptes ouverts auprès des dépositaires. Lorsque les titres de la société sont admis à
la côte de la Bourse, cette opération est également soumise au contrôle de CMF. Le même
contrôle est prévu lorsque le rachat se fait par la société en vue de réguler les cours de
l’action.

B- Le rachat en vue de réguler les cours des actions :


Le législateur tunisien a instauré une procédure très finalisée du rachat en bourse des
actions propres. En effet, l’article 19 nouveau de la loi de 1994 et le chapitre 4 du règlement
de CMF, relative à l’appel public à l’épargne, n’évoque que deux finalités de rachat :
réglementer le cours de la société et assurer la liquidité du marché. Or, la limitation du
rachat à ces 2 finalités risque d’aboutir à ne reconnaître aucune utilité des actions rachetées.
L’article 19 nouveaux utilise le terme « revente » à L’exclusion de toute autre modalité de
rétrocession ce qui atteste encore une fois de la restriction du domaine d’application du
rachat et des fins pour lesquelles il peut être mis en œuvre.
Or, la Libéralisation effective de rachat et l’ouverture d’autres finalités que la seule
régulation de cours ou l’amélioration de la liquidité ne peut s’effectuer avec une restriction
pareille, il faut permettre la pluralité des modalités de rétrocession.26
La rétrocession doit pouvoir se réaliser par cession ou par transfert des actions racheter. La
cession vise la vente et le transfert vise tous les autres procédés de rétrocession : l’échange,
L’apport, la donation ou encore le prêt de consommation.
L'Assemblée générale demeurera chargée de définir les modalités de ces cession et
transfert, comme elle l’est maintenant pour la revente.

La diversité des modalités de rétrocession est le premier pas à permettre le rachat pour
toute fin utile.
Dans ce cadre, on ne peut qu’affirmer la très grande diversité des finalités envisageables et
l’impossibilité d’en dresser une liste limitative.

26(Y) Hammami, le rachat par la société de ses propres actions, mémoire pour l’obtention du mastère en droit
des affaires , faculté de droit et des sciences économiques et politiques de Sousse

12
En effet, les finalités et les utilités de ce type d’opération n'ont de limites que celles de
l’imagination.27
La société pourrait user de ses actions rachetées pour les rétrocéder aux salariés ou
dirigeant de l’entreprise. Ceci ira avec le courant actuel, encourageant les entreprises à
participer leur personnel dans la vie sociale. Une telle participation est parfois avantageuse
pour une société dont le personnel est plus à même de veiller à la bonne marche de ses
affaires que des actionnaires désintéressés de la vie sociale. 28.
Cette norme prévoit d’une manière générale l’achat avec et sans réduction de capital. En
omettant d’en spécifier les cas.29
Une autre utilité du rachat suivi d’une rétrocession n’est pas moins attirante, qu'est le
paiement du dividende en actions.
Des actions auto-détenues par la société et acquise dans le cadre d’un programme peuvent
parfaitement être employée aux paiement des dividendes.30
Aussi, une société pourrait spéculer sur ses propres actions, c’est-à-dire les racheter dans
l’espoir de les revendre à un prix supérieur, après un délai de conservation variable.
Pourrait aussi être conçu comme une nouvelle modalité dans les emprunts remboursés en
capital.31
En principe chaque fois qu’un emprunt est remboursé en capital, c’est de titres nouveaux
issus d’une augmentation de capital qu’il s’agit.
Avec le mécanisme de rachat d’actions, les titres attribués aux obligataires pourraient être,
non plus des actions nouvelles, mais des actions déjà émises, acheté à cet effet.
D’autre part, le fait pour la société de remettre aux obligataires des actions rachetées
permettait de faire l’économie des lourdeurs administratives de l’augmentation de capital.32

27 (J) Giraudoux : « le droit est la plus puissante des écoles de l’imagination »


28 Malgré la négligence de rédacteur de l’article 19 nouveaux du rachat en vue de l'intéressement du personnel,
cette hypothèse est à première vue admise par la norme comptable N°2 relatives aux capitaux propres. Cette
norme, approuvé par arrêté du ministre des Finances du 31 décembre 1996 portant approbation des normes
comptables, constituent une partie intégrante du système comptable des entreprises, qui fait l’objet de la loi
numéro 96-112 du 30 décembre 1996 relative au système comptable des entreprises, JORT, 1996, n° 105
29 Une norme ayant la valeur juridique, ne saurait logiquement contredire un texte légal. C’est pourquoi on ne

pourrait pas se baser sur cette norme pour admettre un rachat ouvert à toute finalité.
30 ®. Gentilhomme, droit des sociétés, avril 1992
31 (N) .Ankri, le rachat Comme nouvelle modalités dans les emprunts remboursés en capital , petite affiche ,
17avril 2000.
32 Selon Monsieur Renaud Mortier, cet avantage vaut aussi pour la réalisation d’une fusion- absorption. Selon

lui, une société, en absorbant une autre, pourrait utiliser les actions rachetées pour les remettre en échange
aux actionnaires de la société absorbée. Ce qui permettait à la société absorbante de régler le problème lié à la
détention de ces actions. Tout en évitant les lourdeurs administratives de l’augmentation de capital. En droit
tunisien l’article 411 code des sociétés commerciales met obstacle à une telle modalités de fusion absorption
puisque cet article dispose clairement que cette fusion engendre nécessairement une augmentation de capital.

13
Inspiré par la loi française de 1966, le législateur tunisien évoque le principe selon lequel
seules les sociétés cotées sont autorisées à racheter leur propre action, sans être obligées de
le faire suivre d’une réduction du capital. Ce principe est affirmé une part par l’article 19
nouveaux de la loi de 1994 autorisant les sociétés admises à la côte de la Bourse de racheter
les actions qu’elles émettent. Ce principe est affirmé, d’autre part, par le règlement du CMF,
relative à l’appel public à l’épargne, qui conserve son titre à 4 ou société dont les titres de
capital sont admis à la côte de la Bourse et qui réalisent directement aux par personnes un
programme de rachat de titres en application de l’article 19 nouveau.
Ainsi, il ressort de cette limitation légale que les sociétés anonymes ne faisant pas appel
public à l’épargne ne peuvent procéder au rachat de leurs propres actions que dans un but
structurel. Pour ces derniers, le rachat d’actions demeure donc inséparable d’une réduction
de capital social.
Il y a lieu de s’interroger sur l’utilité de la limitation du rachat aux sociétés cotées. S’il semble
aussi dangereux, pourquoi ne pas l’interdire tout simplement à tous les sociétés et ne le
permettent que pour réduire le capital social ?

La réponse à cette question exige l’évocation de 2 volets. Le premier est relatif aux utilités
du rachat pour les sociétés cotées et ses effets sur le marché. Le 2e volet, en relation avec la
défiance du législateur face a ce type de rachat. En effet, quand le législateur a permis le
rachat pour réduire le capital, il était certain que le régime producteur de la réduction de
capital protégera les intérêts menacés par la technique de rachat et que les principes
d’égalité et de protection des créanciers sociaux seront respecté. De même, la confiance du
législateur en droit boursier, en ses dispositifs protecteur et son pouvoir régulateur, à allégé
ses méfiances concernant le rachat non lié à une réduction de capital, c’est ce qui lui a
permis ainsi d’autoriser le rachat pour répondre aux besoins des sociétés cotées et aux
marchés financiers.33
Selon l’article 19 de la loi numéro 94-117, l'Assemblée générale ordinaire autorisé
expressément le Conseil d’administration de la société à racheter ses propres titres, mais
également leurs ventes. Cette autorisation ne peut être accordée pour une durée supérieure
à 3 ans. C’est ensuite au Conseil d’administration de fixer des conditions d’achat et de vente,
mais également le nombre maximum d’actions à acquérir. Celui-ci ne peut en aucun cas
aboutir à ce que la société détienne plus de 10% des actions en circulation et déposé auprès
de la société de dépôt. Et même à l’intérieur de ces limites, les titres détenus sont dépourvus
des droits rattachés généralement à l’action et notamment du droit de vote. Les actions
auto-détenues perdent ainsi tout intérêt en termes de pouvoir. 34
Ce rachat se fait sous l’œil de l’autorité de régulation ainsi, le contrôle de CMF.

33 (I) Triki, mémoire précité


34 (S) El Euch, thèse précité

14
Le CMF doit être informé préalablement au lancement du programme de rachat de la
répartition initiale du capital de la finalité de la part maximale du capital que la société
projette d’auto-détenir, du nombre maximal de titres que l’émetteur se propose d’acquérir
et de leurs caractéristiques. De même, le CMF doit être informé de la durée et du calendrier
du programme.

Le CMF, veillera, entre autres, à ce que l’opération de rachat ne puisse être réalisée par
transaction de bloc ou sur un grand nombre d’actions. Cette technique ne peut donc en
aucun cas, servir de procéder pour que la société devienne son propre contrôlaire.

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Conclusion

L’article 19 nouveau modifiée par la loi numéro 99-92 relative à la relance du marché
financier permet aux sociétés admises à la côte de la bourse d’acheter les actions qu’elles
émettent en vue de réguler leur cours sur le marché. On est donc passé d’un régime
d’interdiction pure et simple à un régime d’interdiction avec des dérogations bien encadré.
Mais on est encore loin du standard international qui autorisent cette pratique.
L’article 19 nouveau et 88 de la loi numéro 94-117 prévoient dans leur disposition l’usage de
cette technique uniquement dans le cadre de la régulation des cours ou encore de réduction
de capital non motivée par des pertes.

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages :

C.Labatie-Dahdouh et H.Dahdouh ,Droit commercial,vol.2 règles particulières ,IHE éd.1ére


éd.2007

(F) Toumi, Le droit des sociétés en Tunisie : un droit moderne en plein mutation, 1998

(J) Deveze, (A) Couret, (T) Poulain-Rehm), « lamy droit du financement »,2000

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Thèses et mémoires :

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(I) Triki, le rachat par la société de ses propres actions, mémoire en vue de l’obtention du
mastère en droit privé, faculté de droit de sfax , 2013/2014

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Sousse

Articles :

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petite affiche , 17avril 2000.

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