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Trois modules seront abordés pour se perfectionner en techniques sociétaires. Il sera ici
question de s’appesantir sur le droit des investissements, le droit du crédit et la
défaillance d’entreprise et enfin le droit public des affaires.
Il sera donc respectivement abordé :
-Module 1 : le droit des sociétés et investissements
-Module 2 : le droit des sociétés, le droit du crédit et la défaillance d’entreprise
-Module 3 : le droit des sociétés et le droit public des affaires (les contrats de partenariat
public-privé).
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MODULE 1 : DROIT DES SOCIETES ET INVESTISSEMENTS
D’une manière générale, les actions de préférence peuvent être créées lors de la
constitution de la société ou au cours de son existence. Les principaux avantages attachés à ces
catégories d’actions sont les suivants :
-Une part supérieure dans les bénéfices ou le boni de liquidation
-Un droit de priorité dans les bénéfices : les titulaires de ces actions sont parmi les premiers
servis. Cette priorité est d’une importance capitale dans les périodes où les affaires ne sont pas
prospères. Si les bénéfices sont insuffisants pour servir tous les actionnaires, ils mangeront le
gâteau avant les autres.
-Dividendes cumulatifs : c’est la possibilité de reporter le droit aux dividendes l’année suivante,
lorsque l’exercice écoulé n’est pas bénéficiaire.
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En guise de prime de fidélité, une société peut créer des actions à dividende prioritaire
sans droit de vote. Les actions de préférence sont appelés à se substituer à cette catégorie
d’actions.
Après avoir constitué les réserves, le bénéfice distribuable est affecté d’abord aux
actions privilégiées et aux actions à dividende prioritaire sans droit de vote. Il est sans doute
plus intéressant pour un investisseur de recevoir des droits pécuniaires que d’exercer le droit de
vote au sein des assemblées générales.
-Action de préférence à droit de vote double : un droit de vote double de celui conféré aux
autres actions peut être conféré aux actions de préférence ;
-Actions de préférence donnant droit à un dividende majoré préciputaire (payé avant celui
des actionnaires ordinaires), actions de préférence à dividende cumulatif. Dans ce système, on
reporte le dividende prioritaire non payé l’année N à l’année N+1. On peut aussi imaginer des
actions à dividende progressif ou régressif en tenant compte des fluctuations que subit une
société selon qu’elle est en bonne ou mauvaise santé.
-Actions de préférence au droit de vote aménagé : l’action de préférence peut être totalement
ou partiellement privée du droit de vote. Aux termes de l’article 778-1 alinéa 3AUDSCGIE, le
droit de vote peut être aménagé pour un délai déterminé ou déterminable. Le texte ajoute que
ce droit de vote peut être suspendu pour une durée déterminée ou déterminable ou supprimé. Il
est donc concevable d’émettre des actions de préférence avec un droit de vote temporaire,
périodique, limitées à certains événements.
-Actions de préférence sans droit de vote assorties de droits financiers limités : il peut être
émis des actions de préférence sans droit de vote auxquelles un droit limité de participation aux
dividendes, aux réserves ou au partage du patrimoine en cas de liquidation. Ces dernières
catégories d’actions de préférence sont suivant l’alinéa 5 de l’article 778-1, et par dérogation
aux articles 573 et 822-1 de l’AUDSCGIE, privées de droit préférentiel de souscription pour
toute augmentation de capital en numéraire, sous réserve des clauses contraires des statuts.
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NB : Les actions de préférence sans droit de vote ne peuvent représenter plus de la moitié du
capital social, et dans les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur une bourse
des valeurs, plus du quart du capital social (art. 778-1 alinéa 4 AUDSCGIE).
L’action de préférence peut être désavantagée et le mot préférence ne doit pas être pris
dans le sens courant ; en fait l’action de préférence est une action à droits particuliers. Cela
est spécialement visible au regard du droit de vote puisque l’action de préférence peut être
dépourvue, totalement ou partiellement du droit de vote. Il est vrai que la loi limite leur ampleur
(voir NB précédent). Au-delà de cette limite, de nombreuses variations sont envisagées : droit
de vote temporaire, périodique (en fonction de la survenance de certains événements
financiers), limité à certaines décisions ou à certaines assemblées.
L’action de préférence peut également restreindre les prérogatives financières de
l’actionnaire en prévoyant un droit limité de participation aux dividendes aux réserves ou au
partage du patrimoine en cas de liquidation (art.778-1 in fine).
EXEMPLE CONCRET
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actions souscrites, la SPPE a franchi le seuil de 17% du capital social du BNP Paribas. Les
caractéristiques de ces actions de préférence étaient les suivantes :
-absence de droit de vote ;
-faculté pour la société de racheter les actions à tout moment selon un prix déterminable et
plafonné (par ex. le plafond était de 160% si le rachat intervenait après le 1er juillet 2022.
-dividende croissant en fonction des années, ce qui était destiné à encourager le rachat anticipé
des actions de préférence (105% du dividende des actions ordinaires au titre de l’exercice 2009,
110% pour l’exercice 2010 …et 125% à partir de l’exercice 2018), le tout avec un plancher
évoluant lui aussi dans le temps (de 7,65% en 2009 jusqu’à 8,90% pour les exercices 2014 et
suivants), ce qui supposait bien entendu qu’il y ait des bénéfices à distribuer.
Dès octobre 2009, les actions de préférence ont été remboursées par la société grâce à
une augmentation de capital.
Il ressort de l’article 822 de l’AUDSCGIE que les sociétés par actions peuvent émettre
des valeurs mobilières donnant accès au capital ou donnant droit à l’attribution de titres de
créance. Sont ainsi visés, des titres de diverse nature, composites ou autonomes, donnant on
non accès à terme au capital de la société. Ces titres peuvent être émis par les SA et les SAS.
C’est une reconnaissance explicite par le droit OHADA des valeurs mobilières composées.
Les titres composites sont constitués d’un élément primaire qui peut être un titre de
créance ou un titre de capital, auquel est amarré un titre secondaire qui permet d’accéder à terme
au capital social : ainsi par exemple d’une obligation à bons de souscription d’action dans le
premier cas ou d’une action ordinaire à bon de souscription d’action de préférence dans le
second cas.
Le titre autonome est celui qui donne accès par lui-même, mais à terme, au capital
social : il est en quelque sorte orphelin puisque non rattaché à une action ou à une obligation.
L’exemple le plus caractéristique est celui du bon autonome de souscription, appelé encore
« bon sec ».
L’objectif visé par le législateur est de donner la liberté aux entreprises de créer des
instruments sur mesure comme les valeurs mobilières convertibles, échangeables ou
remboursables en actions. Les sociétés par actions africaines peuvent désormais, comme en
droit français, émettre des titres appelés « bons autonomes », ou « bons secs ». Mais ils peuvent
être attachés à des actions ou à des obligations. C’est un mode de financement futur. Ils ne
donnent pas de droit actuel à leur titulaire dans la gestion de la société. En effet, il peut souscrire
à une future augmentation de capital social. C’est lui qui décide librement de la période de cette
souscription. Les actionnaires d’une société émettant des valeurs mobilières donnant accès au
capital ont proportionnellement au montant de leurs actions, un droit de préférence à la
souscription de ces valeurs mobilières.
La décision d’émission de ces titres revient à l’assemblée générale extraordinaire
puisqu’ils permettent l’acquisition d’une partie du capital social. Ces bons peuvent également
servir à souscrire des titres obligataires.
1-Condition d’émission
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C’est l’AGE qui est compétente pour décider de l’émission des valeurs mobilières
donnant accès au capital ou droit à l’attribution de titres de créances (art. 822-5 AUDSCGIE).
Cette assemblée se prononce selon le cas, sur rapport du conseil d’administration ou du
président de la SAS, ou de l’administrateur général, et sur rapport spécial du commissaire aux
comptes de la société.
Par ailleurs, selon l’article 822-6 AUDSCGIE, une société anonyme peut émettre des
valeurs mobilières donnant accès au capital de sa société mère. Dans cette hypothèse, la validité
de l’opération exige une condition supplémentaire : une décision de l’assemblée générale
extraordinaire de la société mère qui émettra ces valeurs mobilières sous la forme par exemple
de Bons de Souscription d’Actions (BSA) sera également nécessaire sous peine de nullité.
Cette émission de valeurs mobilières donnant accès au capital de la société mère par la filiale
doit donc être autorisée par l’assemblée générale extraordinaire des deux sociétés. A défaut de
cette double autorisation, l’émission est nulle.
En cas d’émission des valeurs mobilières composées, les actionnaires en place
bénéficient d’un droit préférentiel de souscription sur ces titres, proportionnellement au
montant de leurs actions.
Certaines mesures de sécurité ont été prises en faveurs des porteurs des valeurs
mobilières donnant accès au capital tant que ces valeurs n’ont pas encore été exercées.
Ainsi à dater de l’émission, la société appelée à attribuer ces titres ne peut modifier sa
forme ou son objet social, à moins d’y être autorisée par le contrat d’émission. Toute
délibération en violation de cette règle est nulle. Il est également interdit de changer les règles
de répartition des bénéfices sauf si cela a été prévu dans le contrat d’émission (art. 822-7 et
822-8 AUDSCGIE). Elle ne peut pas non plus créer des actions de préférence, réduire le capital
social, sauf si la réduction est motivée par des pertes ou procéder à une augmentation de capital
sans préalablement prendre des mesures de protection des porteurs des valeurs mobilières.
Selon l’art. 822-13 AUDSCGIE, des garanties sont prévues en cas de remboursement
ou de rachat des valeurs mobilières. Il résulte de ce texte que, sauf stipulations contraires du
contrat et hors le cas de dissolution anticipée ne résultant pas d’une scission ou d’une fusion, la
société ne peut imposer aux titulaires de valeurs mobilières donnant accès à son capital le rachat
ou le remboursement de leurs droits. Toute décision contraire est frappée de nullité.
Comme les obligataires, les porteurs de valeurs mobilières donnant accès à terme au
capital sont groupés de plein droit, pour la défense de leurs intérêts communs, en une masse qui
jouit de la personnalité civile (art. 822-14 AUDSCGIE). Cette masse se réunit en assemblées
générales des porteurs de ces valeurs mobilières. Ces assemblées générales sont compétentes
pour autoriser toutes modifications au contrat d’émission et à statuer sur toute décision touchant
aux conditions de souscription ou d’attribution de titres de capital déterminées au moment de
l’émission.
Les sociétés par actions peuvent désormais, en plus des actions ordinaires, des actions
de préférence, des obligations ordinaires, émettre des valeurs mobilières complexes.
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grand espace de liberté permettant de structurer des instruments sur mesure répondant aux
besoins spécifiques de financement des entreprises. Les émissions de valeurs mobilières
donnant accès au capital ou donnant accès aux titres de créances sont autorisées par l’AGE (art.
822-5 AUDSCGIE). Toute délibération prise en violation de cette disposition est nulle.
Cette prise en compte des valeurs mobilières composées en droit OHADA est illustrée
par les articles 747-1 et suivants de l’AUDSCGIE. En dehors de l’action et des obligations
ordinaires, d’autres types de titres correspondant à des besoins spécifiques de financement sont
envisageables. Il n’est donc pas surréaliste de supposer que les sociétés par actions en Afrique,
outre l’émission d’actions ou d’obligations, suivront la pratique déjà en vigueur dans plusieurs
législations modernes qui ont créé des valeurs mobilières composées.
Au nom de cette liberté, plusieurs combinaisons sont désormais possibles : la société
peut émettre des obligations convertibles ou échangeables en actions, ou des obligations avec
bons de souscription d’actions et les obligations remboursables en actions.
Les conditions et technique d’émission sont strictement encadrées. En effet, les actions
échangeables ne peuvent être émises que par des sociétés cotées en bourse.
A la différence des obligations convertibles, les obligations échangeables peuvent
permettre de procéder à une seule augmentation du capital social.
La technique est la suivante : la société émet des obligations et en même temps des
actions correspondant à ces obligations. Un établissement souscrit les actions émises et
s’engage à les échanger contre ces obligations sur simple demande des obligataires. Il est alors
remboursé par la société émettrice des sommes versées pour souscrire les actions ainsi qu’une
commission. L’opération s’accompagne d’une augmentation de capital, mais toute la difficulté
est de trouver un intermédiaire qui accepte de jouer le jeu. D’où la préférence marquée pour les
obligations avec bons de souscription d’actions.
Autrement dit, lors de l’émission des obligations des actions ont été souscrites par un
tiers échangiste (une banque par exemple) qui s’est engagé à échanger, selon une parité définie
à l’origine, les actions contre les obligations dites échangeables. L’échange comme la
conversion est facultatif ; il est au gré de l’obligataire ; il se fait aux conditions définies dans le
contrat d’émission.
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1-3-Les obligations avec bons de souscription d’actions (OBSA)
C’est une variété d’obligations qui confèrent à leurs titulaires le droit de souscrire des
actions de la société émettrice. A la différence des autres obligations composées, les bons sont
détachables de l’obligation et négociables indépendamment de l’obligation.
L’obligation à bon de souscription présente deux produits financiers en un : une
obligation ordinaire et bon de souscription d’action. Le bon est émis avec l’obligation ; mais il
est détachable de celle-ci et peut donc être l’objet d’une cession séparée. A l’échéance, le
souscripteur possède à la fois une obligation et un droit qui peut être détachable et vendu en
bourse. Ce droit parfois appelé warrant est un titre sans valeur nominale mais donnant à son
titulaire le droit de souscrire une ou plusieurs actions par versement de soulte. Financièrement,
l’obligation à bon de souscription d’actions (ou OBSA) est intéressante pour la société
émettrice : le bon crée un espoir de plus-value, qui justifie un moindre taux d’intérêt pour
l’obligation.
Les OBSA sont émises également sur autorisation de l’assemblée générale
extraordinaire des actionnaires délibérant sur le rapport des organes dirigeants et sur le rapport
spécial des commissaires aux comptes. La même assemblée se prononce aussi sur les modalités
de l’émission (le prix de souscription, le montant maximum des actions à souscrire, etc…).
Au lieu d’être remboursé en numéraire, cette obligation (qualifiée ORA) est remboursée
en actions. Ici, le prêteur se mue en associé/actionnaire, mais il n’a pas le choix comme dans
l’obligation convertible ou échangeable ; il ne recevra en tout état de cause que des actions, sauf
à vendre son obligation avant l’échéance à une personne à qui ce mode de remboursement
convient. Cependant, avant le remboursement, il est obligataire.
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combinaison sera possible : des actions avec bons de souscription d’actions (ABSA), bons à
souscription d’obligation convertibles en actions, bons à souscription d’obligation convertibles
en certificats d’investissement.
Tout dépendra de la fertilité avec laquelle les financiers vont imaginer des solutions aux
besoins de financement des épargnants. L’article 760 AUDSCGIE envisage de manière
implicite la négociation de promesses d’actions négociables, généralement appelés bons secs.
En effet, ce texte dispose que « la négociation de promesse d’actions négociables est interdite
à moins qu’il ne s’agisse d’actions à créer à l’occasion d’une augmentation de capital d’une
société dont les anciennes actions sont déjà inscrites à la cote officielle d’une bourse de valeurs
d’un ou de plusieurs Etats membres ». En ce cas, la négociation n’est valable que si elle est
effectuée sous la condition suspensive de la réalisation de l’augmentation de capital. A défaut
d’indication expresse, cette condition est présumée.
Toutes ces solutions favorisent des variations du capital social.
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SOUS-MODULE 2 : LA REGLEMENTATION DES INVESTISSEMENTS AU
CAMEROUN
Les pays en développement se sont dotés d’un droit des investissements qui s’efforce
d’assurer à la fois les intérêts des investisseurs étrangers soucieux de rentabilité et de sécurité
et leurs préoccupations nationales d’indépendance économique et politique. Des mécanismes
juridiques ont été institués pour atteindre ces objectifs.
Ce sont principalement les codes d’investissements dont l’objet est de redéfinir les
secteurs prioritaires, dont l’agriculture, les transports, l’industrie lourde…, et de déterminer les
conditions que doit remplir l’investisseur pour obtenir agréments et diverses garanties. Ces
conditions varient, mais on y retrouve des dénominateurs communs ;
-importance de l’investissement, création d’emplois nouveaux, insertion de l’investissement
dans le programme de développement national…
-les conventions d’investissement (ou d’établissement), contrats de nature mixte conclus entre
l’Etat récepteur et l’investisseur. Selon les pays, ils sont ratifiés par un décret ou par une loi.
Leur objet est de fixer et de garantir les conditions de création et de fonctionnement de
l’entreprise envisagée. Le droit applicable est déterminé par les parties. La technique du contrat
(convention d’établissement) supplante obligatoirement celle de l’adhésion au code et de
l’agrément dans les contrats d’importance exceptionnelle.
L’investisseur dûment agréé obtient un certain nombre de garantie et de privilèges
(exemptions fiscales, suppression ou diminution de taxes, possibilité de rapatriement de
bénéfices, non-ingérence dans la gestion…). Leur importance est fonction de l’intérêt que
présente l’activité de l’entreprise pour l’économie du pays d’accueil. Ces avantages peuvent
être multipliés si l’investisseur réinvestit en tout ou partie ses propres bénéfices.
Quatre thèmes seront donc évoqués :
Thème 1 : Le régime des investissements au Cameroun
Thème 2 : Les incitations fiscales à l’investissement
Thème 3 : La contraction du temps de la création d’entreprise
Thème 4 : Les mesures protectrices des investissements étrangers
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SOUS MODULE 2 - THEME 1 : LE REGIME DES INVESTISSEMENTS
La notion d’investissement est diffuse. Chaque instrument, chaque Etat, chaque région
propose sa définition de l’investissement. La définition peut ainsi être étroite ou large,
analytique ou synthétique.
Au Cameroun, les définitions de l’investissement sont tirés des différents textes en
vigueur ou convention. Si on se réfère à la définition figurant dans la convention bilatérale
d’investissement entre le Cameroun et les Etats-Unis, l’investissement se définit de la manière
suivante :
« "Investment" means every kind of asset in the territory of either Party, owned or controlled
directly or indirectly by nationals or companies of either party, including equity, debt, service
and investment contracts ; and includes
:
- i) tangible and intangible property, including rights, such as mortgages, liens and pledges ;
- ii) all or part of the shares of stock or other interests in a company or interests in the assets
thereof ;
- iii) a claim to money or a claim to performance having economic value, and associated with
an investment ;
- iv) intellectual and industrial property rights, including rights with respect to copyrights,
patents, trademarks, trade names, industrial designs, trade secrets and know-how, and
goodwill ; and
- v) any right conferred by law or contract and all permits and licenses »
« « investissement » s’entend :
a) d’une entreprise;
b) d’une action ou d’un autre type de participation au capital social d’une entreprise;
c) d’une obligation, d’une obligation non garantie ou d’un autre titre de créance d’une
entreprise;
d) d’un prêt à une entreprise;
e) nonobstant les sous-paragraphes c) et d) de la présente définition, un prêt ou un titre de
créance consenti par une institution financière est un investissement uniquement s’il est
considéré comme capital réglementaire par la Partie sur le territoire de laquelle l’institution
financière est située;
f) d’un droit de participation aux revenus ou aux bénéfices d’une entreprise;
g) d’un droit de participation au partage d’actifs d’une entreprise en cas de dissolution;
h) d’actifs liés à une activité économique exercée sur le territoire d’une Partie et financée par
des capitaux ou d’autres ressources engagés sur ce territoire, par exemple au titre :
i) d’un contrat qui suppose la présence de biens de l’investisseur sur le territoire de cette Partie,
y compris d’un contrat clés en main, d’un contrat de construction ou d’une concession,
ii) d’un contrat dont la rémunération dépend en grande partie de la production, du chiffre
d’affaires ou des bénéfices d’une entreprise;
i) d’un droit de propriété intellectuelle;
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j) de tout autre bien corporel ou incorporel, meuble ou immeuble, et de tout droit de propriété
connexe acquis ou utilisé dans le but de réaliser un bénéfice économique ou à d’autres fins
commerciales,
à l’exclusion :
k) d’une créance découlant exclusivement :
i) soit d’un contrat commercial pour la vente d’un produit ou d’un service par un ressortissant
ou une entreprise qui se trouve sur le territoire d’une Partie à une entreprise qui se trouve sur
le territoire de l’autre Partie,
ii) soit de l’octroi de crédits dans le cadre d’une opération commerciale, comme le financement
commercial;
l) de toute autre créance relative à des sommes d’argent,
lorsqu’elle ne se rapporte pas aux catégories d’avoirs visés aux sous-paragraphes a) à j); »
A- Critères d’éligibilité
Sont admissibles à ce régime :
-Toutes les entreprises à vocation exportatrice, c’est-à-dire produisant des biens et services
destinés exclusivement à l’exportation ;
-Ces entreprises doivent produire des biens et services sains pour l’environnement, se
conformer aux lois relatives à la santé publique et à la sécurité.
-le promoteur, l’opérateur d’une ZFI ou d’un PFI (point franc industriel) peut être une personne
physique ou morale de droit public ou privé.
2-La loi n°2002/004 du 19 avril 2002, modifiée par la loi n°2004/020 du 22 juillet 2004 et
par l’ordonnance n°2009/001 du 13 mai 2009 portant Charte des Investissements.
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création d’emplois dans tous les secteurs d’activités économiques et le bien-être social des
populations. Elle définit également les rôles respectifs de l’Etat et du secteur privé en matière
économique ;
3-La loi n°2006/012 du décembre 2006 portant régime fiscal des contrats de partenariat
public-privé
Cette loi offre des facilités fiscales aux entreprises dans le cadre de la réalisation de
grands projets infrastructurels en partenariat avec une personne morale de droit public ;
Cette loi régit le secteur gazier aval qui comprend notamment les activités de transport,
de distribution, de transformation, de stockage, d’importation, d’exportation et de vente de gaz
naturel et ses produits dérivés sur le territoire national. La loi a pour visée la promotion du
développement du secteur gazier aval au Cameroun.
5-La loi n°2013/004 du 18 avril 2013, modifiée par la loi n°2017/015 du 12 juillet 2017
portant sur les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun
Ces lois ont pour objectifs de favoriser, de promouvoir et d’attirer les investissements
productifs en vue de développer des activités orientées vers la promotion d’une croissance
économique forte, durable et partagée, ainsi que de l’emploi.
Leurs mises en application sont cadrées par des instruments règlementaires, tels que :
*Arrêté N°00000366/MINFI/SG/DGI/DGD du 19 Novembre 2013 précisant les modalités de
mise en œuvre des avantages fiscaux et douaniers de la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant
les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun
*Arrêté N°004263/MINMIDT du 03 juillet 2014 fixant la composition du dossier d’agrément
aux avantages prévus par la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à
l’investissement privé en République du Cameroun.
NB : Il convient de préciser que la loi n° 2013/004 du 13 Avril 2013 fixant des incitations
aux investissements privés en République du Cameroun. Ce texte venait abroger la loi
n°90/007 du 29 Janvier 1990 portant code des investissements et la loi n° 2002/004 du 19
Avril 2004 portant charte des investissements applicables au Cameroun.
L’un des attraits de ces lois réside dans la diversité des incitations prévues pour les
investisseurs. Ces incitations donnent la possibilité pour les investisseurs nationaux et étrangers
d’accéder sans discrimination, au bénéfice des incitations d’ordre fiscal, douanier financier et
administratif. Il est donc distingué les incitations communes et les incitations spécifiques.
LOI DE 2013
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Droits d’enregistrement des opérations liées à l’implantation du projet
TVA à l’importation des matériels
taxes et droits de douane sur tous les équipements et matériels liés au programme
d’investissemen
En phase d’exploitation (10 ans) l’investisseur peut également bénéficier des exemptions ou
réductions :
La mise en place d’un visa spécifique que l’investisseur étranger peut obtenir facilement
sur simple requête auprès de l’API
L’Opérationnalisation de Guichets d’Accueil des investisseurs dans les aéroports
internationaux du Cameroun
L’Opérationnalisation de Guichets Uniques des Investisseurs auprès des deux (02) organes
en charge de la promotion des investissements (API et APME).
Elle s’applique à deux niveaux d’une part, aux entreprises exerçant dans la promotion des
secteurs prioritaires et d’autre part, au développement des entreprises existantes
Les incitations spécifiques sont accordées aux entreprises qui réalisent des investissements
permettant d’atteindre les objectifs prioritaires ci-après:
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Développement de l’offre touristique et des loisirs, de l’économie sociale et de l’artisanat;
Développement de l’habitat et du logement social;
Promotion de l’agro-industrie, des industries manufacturières, de l’industrie lourde, des
matériaux de construction, de la sidérurgie, de la construction métallique, des activités
maritimes et de navigation;
Développement de l’offre de l’énergie et de l’eau;
Encouragement du développement des régions et de la décentralisation;
Lutte contre la pollution et la protection de l’environnement, promotion et transfert des
technologies innovantes et de la recherche-développement;
Promotion des exportations;
Promotion de l’emploi et formation professionnelle.
Incitations particulières
Exonération de TVA sur les crédits relatif au programme d’investissement
Exonération de la taxe foncière sur les immeubles bâtis ou non, faisant partie du site dédié
de l’unité de transformation et de tous prolongement immobiliers par destination
Enlèvement directe à la demande de l’investisseur et Enlèvement au droit fixe
Admission temporaire spéciale
Exonération des droits de sortie pour les entreprises exportatrices
Toutefois, il est à noter que la présente loi ne s’applique pas aux investissements dans les
secteurs qui sont régis par des codes particuliers, à l’instar du pétrole, du gaz, des mines, des
PPP.
LOI DE 2017
La loi de 2017 a tenu à apporter des modifications notables pour améliorer les
investissements au Cameroun. Deux axes se dégagent d’une part, l’obtention facilitée de
l’agrément pour tout investisseur et d’autre part, les nouveaux avantages accordés à
l’investisseur agréé (source : Analyse de la Loi n° 2017/015 du 12 juillet 2017 sur les incitations
à l’investissement privé au Cameroun – E Mining Venture And Advisory (emva-cm.com)
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En effet, contrairement à l’ancienne disposition de la loi sur les incitations aux
investissements privés, qui conférait le pouvoir de délivrance de l’agrément au Ministre en
charge des investissements (Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement
Technologique) ; l’agrément est désormais délivré par l’Agence de Promotion des
Investissements ou des Petites et Moyennes Entreprises. Il s’agit donc de la résolution du
problème de lenteur et lourdeur procédurales, qui était engendré par la loi modifiée.
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Exonération des droits et taxes de douanes sur tous les équipements et matériels liés au
programme d’investissement ;
Exonération de la TVA due à l’importation des équipements et matériels liés au
programme d’investissement ;
Enlèvement direct des équipements et matériels liés au programme d’investissement
lors des opérations de dédouanement.
Le minimum de perception, l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les bénéfices
Les droits d’enregistrement relatifs aux prêts, emprunts, avances en compte courant,
cautionnement, augmentation, réduction, remboursement et liquidation du capital social
ou à un quelconque transfert d’activités, de droits de propriété ou de jouissance
immobilière, de baux ou d’actions.
Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers à l’occasion de la distribution de revenus ;
La taxe spéciale sur le revenu en phase de développement de projet et de construction
sur les paiements effectués à des sociétés de produits pétroliers
Du report des déficits jusqu’au cinquième exercice suivant celui de leur survenance ;
L’exemption au paiement de droits, taxes et redevances de douane sur les importations
de biens d’équipement destinés à être affectés et utilisés pour son programme
d’investissement.
Enfin, l’investisseur peut bénéficier d’un crédit d’impôt à la condition de remplir l’un des
critères ci-après :
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Le droit de payer directement à l’étranger les fournisseurs non-résidents de biens et
services nécessaires à la conduite de leurs activités ;
Le libre transfert des dividendes et du produit de la cession d’action en cas de
désinvestissement.
Le personnel expatrié employé par l’investisseur et résidant au Cameroun bénéficie de
la libre conversion et du libre transfert dans son pays d’origine, de tout ou partie des
sommes qui lui sont dues.
6-La loi n° 2013/011 du 16 décembre 2013 régissant les zones économiques en République
du Cameroun
Cette loi fixe le cadre général de la création, de l’aménagement et la gestion des zones
économiques, ainsi que les modalités d’admission des entreprises désireuses de s’y installer.
Elle constitue un outil d’incitation et/ou de promotion de l’investissement, des exportations, de
la compétitivité, de l’emploi, de la croissance économique et de l’aménagement du territoire ;
Cette loi régit les activités minières et promeut les investissements dans le secteur minier
en République du Cameroun. Elle vise à favoriser et à encourager la recherche et l’exploitation
des ressources minières nécessaires au développement économique et social du Cameroun ainsi
qu’à la lutte contre la pauvreté ;
Il existe un régime spécifique des investissements au secteur minier. Les mesures
incitatives prévues dans la loi n° 2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier ont été
améliorées afin de promouvoir ce secteur au Cameroun.
D’importants avantages fiscaux et douaniers sont offerts aux entreprises de recherche
ou d’exploitation minière, notamment, l’exonération de la patente, l’enregistrement gratis des
actes de la société, l’exonération de la TVA sur les achats locaux et sur les importations des
matériels et équipements miniers figurant sur la liste minière, l’admission au régime temporaire
de douane pour les équipements et machines miniers, etc.
Ce code offre également des garanties de change pour les investisseurs et travailleurs
étrangers de ce secteur. En plus, il prévoit deux mécanismes susceptibles d’inciter les
camerounais à s’impliquer davantage et à développer l’industrialisation dans ce domaine, dont
l’obligation au société de droit camerounais de détenir au moins 51% de parts nationaux
et la garantie exprimé par l’Etat de la disponibilité de la matière première pour les entreprises
de transformation locale des substances minérales issues de l’exploitation artisanale et/ ou semi
mécanique.
Cette loi vise à promouvoir les opérations pétrolières sur l’ensemble du territoire
camerounais. Elle fixe les modalités de prospection, de recherche, d’exploitation et de transport
des hydrocarbures, détermine le régime juridique, fiscal et douanier et de change des opérations
pétrolières, et fixe les droits et obligations liés aux opérations pétrolières ;
Il existe un régime spécifique des investissements au secteur des hydrocarbures. En
effet, la loi du 25 avril 2019, portant sur le nouveau code pétrolier en vigueur au Cameroun
octroie des mesures d’incitation de toutes natures. Ces incitations contribuent à mitiger les
risques pris par les investisseurs dans le secteur pétrolier et améliorent l’économie de leurs
projets.
20
Au plan fiscal, ce code pétrolier offre notamment des mesures de consolidation fiscale,
des périodes d’exonérations d’impôts, un taux d’imposition revu à la baisse à 35%, des
incitations à l’acquisition de données sismiques, l’exonération du paiement de bonus de
signature, etc. Le texte précise également que les programmes d’investissement spécifiques,
destinés à augmenter la production, comme la récupération tertiaire, peuvent bénéficier des
incitations.
21
SOUS MODULE 2 - THEME 2 : LES INCITATIONS FISCALES A
L’INVESTISSEMENT AU CAMEROUN
(Source MINFI : Incitations fiscales à l’investissement au Cameroun – MINFI)
Le régime du réinvestissement
Ce régime vise essentiellement à encourager les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices
dans le renouvellement de leur outil de production. Seuls sont concernées les entreprises
opérant dans les secteurs industriel, agricole, forestier, touristique, minier ou des NTIC.
Pour être éligible, les réinvestissements doivent être réalisés sous l’une ou l’autre des formes
ci-après :
Ce régime vise à encourager les entreprises à aller sur le marché financier afin de favoriser :
22
la modernisation et la transparence des entreprises ;
la mobilisation d’une épargne pour le financement long de l’économie.
pour les entreprises du marché des actions (art 108), réduction différenciée du taux de
l’IS de 35 % à :
20% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux augmentations de
capital représentant au moins 20% du capital ;
25% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux cessions de titres
à hauteur de 20% du capital social ;
28% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux augmentations et
cessions d’actions inférieures au seuil de 20% du capital social.
la réduction à 30% du taux de l’IS pour les entreprises qui interviennent sur le marché
obligataire et pour celles qui sont réputées faire appel public à l’épargne (article 109 et
109 bis) ;
l’exonération des droits d’enregistrement sur les conventions et actes portant cession
de titres cotés en bourse (article 112) ;
l’exonération de l’IRCM sur les plus-values nettes réalisées sur le marché boursier ;
le cumul possible du régime boursier avec les autres régimes tels que le
réinvestissement, les projets structurants, le partenariat public/privé.
Ce régime particulier vise les entreprises qui interviennent dans des secteurs bien définis
(industriel, agricole, touristique et habitat social).
Ces régimes réservent un traitement fiscal préférentiel aux entreprises agréées qui réalisent
des investissements productifs au Cameroun.
23
Les avantages consacrés ici sont :
Ce régime offre des facilités fiscales aux entreprises dans le cadre de la réalisation de grands
projets infrastructurels d’envergure en partenariat avec une personne morale de droit public.
Les avantages fiscaux accordés dans le cadre des contrats de partenariat public-privé sont :
Ces différents régimes s’inscrivent dans le cadre de la promotion des activités du secteur
extractif. Il s’agit plus précisément des avantages visés dans les différents codes dudit secteur
de l’économie extractive, que sont :
le régime du code minier ; qui accorde des avantages à toute entreprise ou société de
recherche ou d’exploitation minière qui exerce ses activités en conformité avec les
dispositions du Code minier ;
le régime du code pétrolier ; qui confère des mesures fiscales incitatives aux
entreprises pétrolières pour leurs activités de recherche, d’exploration et de production
;
le régime du code gazier ; qui reconnaît aux opérateurs des activités du secteur
d’importants avantages fiscaux dans leur phase d’installation et dans leur phase
d’exploitation.
24
exonération de patente durant les deux premières années ;
réduction progressive du taux de l’Impôt sur les sociétés des entreprises concernées ;
réduction d’impôt sur le revenu ;
consécration d’un amortissement accéléré pour les immobilisations ;
exonération de TVA pour les matériels acquis sur le marché local ;
exonération des droits d’enregistrement sur les actes et conventions ;
exonération de TVA sur les activités de recherche et de production en matière
pétrolière ;
exonération des dividendes versés aux associés des sociétés pétrolières.
25
SOUS MODULE 2 - THEME 3 : LA CONTRACTION DU TEMPS DANS LA
CREATION D’ENTREPRISE
Le CFCE en bref
Le Centre de Formalités de Création d’Entreprises (CFCE) est une organisation publique
existante au Cameroun. Il en existe une représentation dans chaque région. Ils sont en
général logés dans les mêmes locaux que la Délégation Régionale du Ministère des Petites et
Moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat, leur département ministériel de
tutelle. Son premier rôle est de conduire le processus administratif de création de nouvelles
entreprises. Ainsi, l’usager qui veut créer un Etablissement (entreprise individuelle),
une Société à Responsabilité Limitée (personne morale), la bonne adresse est le CFCE situé
dans la région dans laquelle il souhaite implanter son affaire.
Activités/Prestations
Accompagnement administrative de la création d’entreprise
Publication des annonces légales des entreprises
Publication de marchés publics
Conseils et assistance pour les PME et TPE
Modalités de création
Liste des pièces à fournir pour la création d’une Société à Responsabilité Limitée
(SARL)
05 + N exemplaires de statuts sous-seing privé (N= nombre des associés) ;
05 + déclaration de régularité et de conformité ;
02 extraits de casier judiciaires de chaque associé et gérant ou au cas échéant une déclaration
sur l’honneur ;
01 photocopie de la Carte Nationale d’Identité (CNI) de chaque associé ;
02 photocopies de la CNI du gérant si associé si non, 01 photocopie ;
01 plan de localisation de l’entreprise ;
01 boite postale ;
01 contact téléphonique ;
Frais de création 41 500 FCFA ;
Frais d’annonce légale 13 125 FCFA ;
Frais de timbre (dépendant du nombre des pages du statut)
26
01 photocopie acte de mariage ;
01 extrait de casier judiciaire ou au cas échéant, une simple déclaration sur l’honneur à remplir
au service d’accueil ;
01 plan de localisation de l’entreprise ;
01 chemise cartonnée ;
Frais de création : 41 500 FCFA
Contacts
(+237) 222 20 45 88
(+237) 674 38 58 36
(+237) 694 54 27 37
27
SOUS MODULE 2 - THEME 4 : LES MESURES DE PROTECTION DES
INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS AU CAMEROUN
28
SOUS-MODULE 3 : LES PRIVATISATIONS AU CAMEROUN
Les privatisations ont été et sont encore un trait important de la gestion du secteur public
dans de nombreux pays et principalement au Cameroun. En effet, la privatisation, comme outil
de la réforme du secteur des entreprises publiques, est alors apparue en définitive comme la
seule option possible. Les objectifs espérés ou annoncés relevaient généralement de trois
préoccupations majeures:
-réduire les déficits budgétaires et alléger la dette publique;
-stimuler le secteur privé, chargé dorénavant d'être l'outil dynamique du développement et de
l'emploi;
-promouvoir une démocratie plus affirmée par le désengagement de l'Etat et une confiance
nouvelle dans les forces de la société civile.
Ainsi, dans le cadre du programme de redressement économique et financier, le
gouvernement a entrepris de rationaliser la gestion des entreprises du secteur public et
parapublic à travers une vaste action de réformes qui implique la restructuration de certaines
entreprises, la liquidation et la privatisation d’autres.
L’un des moyens est le désengagement progressif et méthodique des secteurs productifs
à travers une politique de privatisation. A cet effet, le Cameroun s’est doté d’un cadre juridique
global et cohérent pour régir les opérations ainsi que les mesures préparatoires et
d’accompagnement.
Définition de la privatisation
29
Au Cameroun, la privatisation se définit, selon l’ordonnance (art1 al.1), comme
l’opération par laquelle l’Etat ou un organisme public ou para-public se désengage totalement
ou partiellement au profit du secteur privé des entreprises quelle que soit leur forme juridique
(établissement public, société d’Etat, société d’économie mixte ou autre), dans lesquelles il
détient tout ou partie du capital. Autrement dit, il s’agit d’un désinvestissement consistant à
diminuer, par des cessions, l’actif d’une entreprise publique ou para-publique, voire à céder
l’entreprise elle-même. En réalité privatiser signifie, de la part des pouvoirs publics,
abandonner le contrôle d’une entreprise publique ou para-publique en cédant des actions ou
d’autres titres de participation dans ces entreprises mais également cela consiste à conserver
la propriété de l’entreprise et à en confier la gestion au secteur privé.
La privatisation implique une catégorie précise de personnes. Il s’agit, selon
l’ordonnance (art 1 al.2), outre les opérateurs privés nationaux, des fonctionnaires et agents de
l’Etat, des personnels relevant des entreprises publiques et para-publiques et enfin des
investisseurs étrangers suivant les modalités qui seront définies par des textes particuliers. Les
textes utilisent indistinctement les groupes nominaux « secteur privé » et « personnes physiques
ou morales de droit privé ».
Par souci de simplification, le mot « Etat » recouvrera également organismes publics,
établissement public, société d’Etat, société d’économie mixte ou autre.
30
SOUS MODULE 3 - THEME 1 : LES TECHNIQUES DE PRIVATISATION
Les textes fixent 6 modalités de privatisations :
- la cession totale ou partielle d’actions ou d’actifs ou toute autre technique de cession reconnue.
Il faut préciser que ces cessions « peuvent être réalisées dans le cadre de la liquidation d’une
entreprise ou peuvent être suivies éventuellement de dissolution ou de la liquidation de
l’entreprise.
- l’entrée au capital de ces entreprises des personnes physiques ou morales de droit privé ou de
l’augmentation de leur participation au capital de ces entreprises
- la location ou la location-gérance des actifs et/ou des fournitures de commerce de l’entreprise
à privatiser
- la signature d’un contrat de gestion
- la scission
- la fusion/absorption.
Il est intéressant de relever qu’il s’agit d’une liste non exhaustive des modes de
privatisation. La finalité étant le désengagement de l’Etat, tous les moyens juridiques,
permettant d’atteindre cet objectif, sont susceptibles d’être retenus.
Il faut aussi bien comprendre que ces techniques tiennent compte des caractéristiques
propres à l’entreprise, au secteur où celle-ci opère et à la structure de son marché et surtout
répondent à des préoccupations et à des situations spécifiques. En effet, les textes distinguent
plusieurs hypothèses : l’entreprise à privatiser a un capital social reparti en action ou non,
l’entreprise a une situation financière fortement déséquilibrée ou bien l’Etat désire conserver la
propriété de l’entreprise à privatiser. A chaque situation correspond une technique de
privatisation.
La vente aux enchères de la totalité ou d'une partie du capital est le procédé le plus
courant en Afrique francophone. Le marché s'effectue le plus souvent de gré à gré ou selon la
procédure de l'offre publique de vente qui peut être limitée aux nationaux, internationale ou
mixte.
Il peut s’agir d’une cession d’actions comme d’une cession d’actifs.
S’agissant de la cession d’actions, Elle intervient lorsque l’entreprise à privatiser a un
capital reparti en action. Cependant, deux paramètres sont à prendre en considération : la
31
hauteur de la participation de l’Etat dans le capital social et sa volonté de se désengager
partiellement ou totalement de l’entreprise à privatiser.
La technique de la cession totale d’action, à une ou plusieurs personnes physiques ou
morales de droit privé, sera adoptée généralement lorsque l’Etat détient la totalité des actions
et qu’il désire se désengager totalement de l’entreprise.
La technique de la cession partielle d’action, à une ou plusieurs personnes physiques ou
morales de droit privé, interviendra lorsque l’Etat ne détient qu’une partie des actions. En
d’autres termes, il appartiendra à l’Etat de déterminer un nombre requis d’action à céder.
S’agissant de la cession d’actifs, il faut comprendre par actif, l’ensemble des biens
mobiliers et immobiliers des créances et sommes d’argent que possède une entreprise qui
figurent dans la partie gauche du bilan.
C’est une technique de privatisation qui a pour domaine de prédilection les entreprises
qui n’ont pas de capital reparti en actions ou celle dont la situation financière est fortement
déséquilibrée. A ce titre, le redressement de l’entreprise nécessite des moyens importants. La
privatisation porte sur la cession d’unités autonomes d’exploitation.
Aussi la cession des actifs, à une ou plusieurs personnes physiques ou morales de droit
privé, peut être totale ou partielle. Elle constitue, en fait, une étape vers une privatisation
complète.
A ce titre, l’entreprise est préparée effectivement en vue de la privatisation notamment
modification des statuts afin de repartir le capital social en actions et de lui appliquer les règles
des sociétés privés.
Exemples concrets
Cas du Cameroun
Le Cameroun, par exemple, a procédé ainsi au début de 1995 pour la privatisation de
Chococam, une usine de chocolat. C'était la sixième société à privatiser sur une liste de 115
entreprises publiques ou parapubliques, selon le programme engagé depuis 1989. L'Etat, qui
détenait 12 pour cent du capital de Chococam a vendu sa part au groupe Barry qui possédait
déjà 56 pour cent des actions de la société d'économie mixte. On a pu constater à l'occasion de
cette privatisation le manque apparent d'intérêt du grand public pour le rachat des actions: plus
de 9.000 actions de la Chococam furent mises en vente; un peu plus de 1.800 ont pu être
écoulées. En l'absence de bourse des valeurs, les actions paraissent difficilement négociables et
sont donc de peu d'attrait.
L'avantage des procédures des marchés de gré à gré n'est pas seulement celui de la
facilité: il permet aux pouvoirs publics d'intervenir dans l'émergence ou le développement
d'entreprises privées stables et performantes.
Au Cameroun également, la privatisation de la gestion des aéroports illustre
particulièrement bien l'opportunité des marchés gré à gré. L'Etat a organisé la recherche de
partenaires aux compétences complémentaires et a effectué, comme l'auraient fait des
investisseurs privés, des montages complexes. Jusqu'en 1993, les sept aéroports camerounais
étaient gérés par l'Asecna, une société étatique multinationale dont le siège est à Dakar. Le
gouvernement a constitué une nouvelle société de droit national, Aéroport du Cameroun (ADC),
dont le capital a été réparti entre plusieurs professionnels: Aéroport de Paris (34 pour cent),
Asecna (20 pour cent), la compagnie Cameroon Airlines (8 pour cent), la compagnie UNITAIR
(3 pour cent), la banque BICIC (3 pour cent), la Chambre du commerce et d'industrie (3 pour
cent). L'Etat a conservé 20 pour cent de participation.
En même temps, le Ministre de l'Economie et des Finances faisait publier dans les revues
nationales et internationales une lettre d'invitation " aux acquéreurs potentiels intéressés par la
32
privatisation de la CAMSUCO à lui soumettre une offre de rachat de cette société". La
Cameroon Sugar Company dispose d'une concession de 12.000 hectares et d'une usine capable
de produire 50.000 tonnes de sucre par an. C'est une offre publique de vente à des entreprises
existantes, selon la procédure la plus habituelle au Cameroun.
33
fermier moyennant la perception d'une redevance. En d'autres termes, les circuits de
financement des investissements sont en principe, dans ces deux contrats, les suivants :
- en cas de concession, il appartient au concessionnaire de mobiliser les fonds permettant de
payer les investissements à charge pour lui de les récupérer sur les usagers par la perception du
prix du service,
- en cas d'affermage, c'est la collectivité publique qui mobilise les fonds destinés à payer les
investissements et qui les facture au fermier sous forme de redevance pour leur mise à
disposition : le fermier refacture cette charge aux usagers.
Comme tous principes, ceux-ci souffrent d'exceptions que la pratique a largement
confirmées : c'est ainsi, par exemple, que la redevance exigée du fermier peut parfaitement
n'être pas représentative de la charge réelle de financement des investissements (étant
notamment rappelé que l'obligation fiscale ne porte que sur une redevance correspondant à
l'amortissement linéaire des investissements).
Il faut aussi noter que la distinction entre concession et affermage est moins nette qu'il
n'y paraît à la lecture de ces principes : il est très fréquent, dans un seul et même contrat, que
certains biens soient mis à la disposition du concessionnaire par la collectivité et qu'il ait
l'obligation d'en financer d'autres. Comme l'affermage n'est, encore une fois, qu'une variété de
la concession, ce dernier terme sera fréquemment retenu pour dénommer le contrat conclu.
34
de capital en numéraire ouvre aux actionnaires, proportionnellement au montant de leurs
actions, un droit de préférence à la souscription des actions nouvelles) au profit de ces
personnes dans le cas d’un augmentation de capital ou tout simplement accepter une
restructuration du capital par transformation des créances au profit de ces personnes.
35
SOUS MODULE 3 - THEME 2 : LES ACTEURS DE LA PRIVATISATION
Source : Commission Techniques de Privatisation et des Liquidations – MINFI
Historique de la Commission
Par la suite, plusieurs décrets ont été adoptés pour clarifier le cadre initial. Il s’agit du :
Rôle de la Commission
réaliser toutes les études préalables jugées nécessaires pour la préparation Technique de
la privatisation ;
faire procéder à l’évaluation de chaque entreprise à privatiser ;
36
conseiller le Comité Interministériel dans le choix de la stratégie et du mode de
privatisation ;
procéder à la mise en place des mesures préparatoires éventuelles ;
proposer les mesures d’accompagnement des opérations de privatisation ;
lancer les appels d’offres et recevoir les offres ;
dépouiller et évaluer les offres reçues ;
négocier avec les adjudicataires ;
préparer le closing des transactions ;
faire le suivi post-transaction.
Organisation de la Commission
La CTPL est placée sous la supervision du Ministre des Finances. Elle comprend :
un Président
un Vice-président
des experts
37
Article de presse
Les sociétés d'Etat au Cameroun sont en difficulté. Sur les 28 entreprises gérées par l'Etat et
répertoriées, et dont les résultats ont été présentées dans la loi de finances 2017, douze
présentent des comptes déficitaire.
Les deux dernières années n'ont pas été roses pour les sociétés d'Etat au Cameroun. Selon le
Quotidien de l'Economie, sur les deux dernières années, 12 sociétés d'Etat sur 28 présentent
des bilans déficitaires. Ce quotidien faisant référence aux statistiques contenues dans les
annexes de la loi de Finances 2017 a réussi à démontrer l'incohérence entre les
investissements et les entrées de ces entreprises. Par exemple, l'Agence Nationale des Forêts
(ANAFOR), qui en 2015 a un déficit net de 31 millions de Fcfa. L'exercice précédent était
pire avec un déficit de 132 millions de Fcfa.
Quant à la compagnie aérienne nationale (Camair-Co), elle a accusé un déficit de 10 milliards
de Fcfa en 2015 et d'un peu moins de 17 milliards de FCFA en 2014. La Cameroon postal
services (CAMPOST) de son côté, est déficitaire d'un montant de 1,271 milliards de Fcfa
contre 2,9 milliards en 2014. L'agro-industriel, deuxième employeur après l'Etat, la Cameroon
development cooperation (CDC) présente aussi un déficit. Un chiffre négatif de 10,53
milliards de Fcfa en 2015 contre 5,4 milliards de Fcfa en 2014. Au cours de ces deux dernières
années, aucun dividende n'a été reversé à l'Etat, apprend-on. Mais le drame ne s'est pas arrêté
là.
La société Electricity development corp (EDC), maître d'ouvrage du barrage réservoir de Lom
Pangar, a accusé un déficit de 2,92 milliards en 2015. En 2014, elle était en perte avec 3,5
milliards. Pendant ce temps, l'Imprimerie enregistre un déficit de 328 millions de Fcfa en
2015, pour 495 millions un an plus tôt. Quant au Laboratoire national vétérinaire
(LANAVET), il affiche un résultat net déficitaire de 772,7 millions de Fcfa contre 250
millions l'année précédente. La Société d'Expansion et de Modernisation de la Riziculture de
Yagoua (SEMRY), fera encore montée le déficit avec 914,9 millions de Fcfa en 2015 contre
899 millions de Fcfa en 2014. Et chaque milliard de déficit en appelant un autre.
La société Immobilière du Cameroun (SIC) fera le plafond en affichant un résultat net d'un
déficit record de 2,124 milliards en 2015, alors qu'en 2014, ce résultat était positif à hauteur
de 1,232 milliard de Fcfa.
Bien avant le Quotidien de l'Economie, c'est le Fonds monétaire international (FMI), qui
dénonçait dans un rapport rendu public, cette situation dramatique. Pour permettre au
Cameroun de rendre productives ses entreprises, le l'FMI a suggéré à l'Etat camerounais de
supprimer ses subventions à leur avantage, ou alors de conditionner son aide par une gestion
plus rigoureuse. Aussi pour arrêter le gâchis, une liste des sociétés publiques ou parapubliques
38
devant faire l'objet d'une privatisation a été arrêtée de commun accord avec le FMI. Liste déjà
bien longue (près d'une trentaine au total), contenue dans un portefeuille d'entreprises à
privatiser.
Le pays est sous ajustement et il lui est prescrit de se désengager d'un ensemble de secteurs
en cédant ses parts à des privés. Entre temps, c'est la directrice du FMI elle même, Christine
la Garde, chef de la mission conjointe FMI / Banque mondiale qui s'était déplacé pour
s'assurer que le Cameroun suivait le chronogramme de la mise en œuvre de la privatisation
de ces entreprises.
39
MODULE 2 : DROIT DES SOCIETES, DROIT DU CREDIT ET
DEFAILLANCE D’ENTREPRISE
Une des finalités principales des procédures collectives d'apurement du passif est la
préservation des intérêts des créanciers. Il se trouve cependant, paradoxalement, que l'ouverture
d'une telle procédure entraîne plutôt une réduction des droits de ces derniers.
L'explication de cette situation est simple; elle est liée au fait qu'on tient à traiter de
manière égalitaire et juste les créanciers dont les droits sont nés antérieurement à la décision
d'ouverture. En effet, en instituant entre les différents créanciers une discipline collective, les
procédures collectives établissent par la même occasion une certaine égalité et par là même une
certaine solidarité dans le malheur.
Il ne s'agit toutefois, comme le soulignent certains auteurs, que d'une égalité et d'une
solidarité relative. En effet, les créanciers munis de sûretés sont en quelque sorte plus égaux
que les autres ; ils ont en effet de meilleures chances de désintéressement ou de paiement.
Un auteur a d'ailleurs, pour souligner la précarité de la situation des créanciers
chirographaires, comparer ces derniers à de « misérables fantassins par rapport aux blindés
représentés par les créanciers munis de sûretés».
La question est alors ici de savoir quel est exactement le sort réservé aux sûretés dont
bénéficient certains créanciers lorsqu'il y a ouverture d'une procédure collective ?
Avant d’aborder les différentes situations des créanciers titulaires de sûretés notamment
les sûretés résistantes aux procédures collectives, le sort des sûretés personnelles dans les
procédures collectives, le sort des sûretés réelles classiques dans les procédures collectives, il
convient au préalable de s’appesantir sur la situation générales des créanciers dans les
procédures collectives.
NB : L’objectif ici est de cibler les sûretés permettant de garantir un taux de recouvrement
particulièrement important. Les sociétés commerciales doivent être sensibles à cette
problématique.
40
On a bien souvent reproché à l’ancien AUPC de favoriser des fraudes au détriment des
créanciers, et ce notamment dans le cas de l’ancienne procédure de règlement préventif parfois
considérée comme une faveur octroyée à un débiteur in bonis, afin de lui permettre de ne pas
payer certains de ses créanciers pendant un temps plus ou moins long selon la complaisance de
la juridiction compétente. Le nouvel AUPC s’est donc efforcé de lutter contre de tels
comportements frauduleux.
Il l’a fait, tout d’abord, en créant une nouvelle forme de procédure préventive, la
conciliation (AUPC, art. 5-1 et s.), qui, à la différence du règlement préventif, n’entraîne pas
la suspension des poursuites individuelles et, de ce fait, ne peut donc pas constituer une
manœuvre dilatoire pour le débiteur.
Il l’a fait également en encadrant strictement les délais des nouvelles procédures
collectives, de telle sorte que si les créanciers y participent volontairement, ou s’ils y sont
soumis, cela ne retarde pas d’une manière excessive leur possibilité d’agir en paiement contre
le débiteur dans l’hypothèse où, finalement, le redressement de l’entreprise en difficulté ne
pourrait pas être obtenu.
-C’est ainsi que la procédure de conciliation voit sa durée maximale limitée
à quatre mois et qu’une nouvelle procédure de conciliation ne peut pas être ouverte si une autre
est déjà en cours ou avant l’expiration d’un délai de trois mois après l’échec d’une précédente
tentative de conciliation (AUPC, art. 5-3).
-De même, dans le cas de la nouvelle procédure de règlement préventif, la
suspension provisoire des poursuites individuelles en résultant voit également sa durée
maximale limitée à quatre mois (AUPC, art. 9) et il est impossible de demander l’ouverture
d’un nouveau règlement préventif si un concordat de règlement préventif est en cours
d’exécution ou avant l’expiration d’un délai de trois ans à compter de l’homologation d’un
précédent concordat, ou encore avant l’expiration d’un délai de dix-huit mois à compter de la
fin d’un règlement préventif n’ayant pas abouti à un concordat préventif (AUPC, art. 6).
-De même, également, une procédure de redressement judiciaire ne peut
durer plus de neuf mois sans être automatiquement convertie en liquidation des biens par
la juridiction compétente, et ce d’office ou à la demande de tout intéressé (AUPC, art. 33,
al. 6).
Il faut ajouter ici que le nouvel AUPC a, en outre, fait en sorte que les créanciers
puissent recouvrer plus rapidement leur droit de poursuite individuelle. Tel est notamment
le cas au sein d’une procédure de règlement préventif en cas de non-respect des brefs délais
imposés pour le dépôt du rapport de l’expert au règlement préventif (AUPC, art. 13) ou pour
que la juridiction compétente prenne la décision d’homologuer ou non le concordat (AUPC,
art. 14). Bien évidemment, la suspension des poursuites individuelles prend également fin en
cas d’annulation ou de résolution du concordat préventif ou du concordat de redressement
judiciaire, lesquelles permettent alors aux créanciers de réaliser leurs sûretés réelles (AUPC,
art. 18, al. 2, et 134, al. 4).
Le nouvel AUPC poursuit également cet objectif de moralisation des procédures
collectives en décidant que, désormais, l’ouverture de la procédure de règlement préventif
emportera, en elle-même, la suspension des poursuites individuelles pour toutes les créances
antérieures à cette ouverture, à l’exception des seules créances salariales et d’aliments (AUPC,
art. 9), et non plus seulement à l’égard des seuls créanciers visés par la requête du débiteur, ce
qui était une source de fraude, mais ici la protection contre les manoeuvres frauduleuses rejoint
un autre aspect des évolutions générales des droits des créanciers, à savoir le renforcement de
leur traitement égalitaire
41
La volonté de placer sur un pied d’égalité tous les créanciers ou cocontractants se
trouvant dans des situations similaires se manifeste à plusieurs reprises au sein du nouvel
AUPC.
Parfois, cela se fait au détriment des créanciers :
- C’est ainsi que le nouvel AUPC consacre, en matière de conciliation, la
possibilité pour le juge de suspendre les poursuites d’un créancier qui profiterait des
négociations pour essayer de gagner du temps par rapport aux autres créanciers en exerçant
immédiatement une action en paiement ou en diligentant une mesure d’exécution (v. AUPC,
art. 5-7, inspiré de C. com. français, art. L. 611-7, al. 5).
- De même, on peut constater, en matière de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens et dans le nouvel article 75, alinéa 2 de l’AUPC (inspiré de C. com.
français, art. L. 622-21, II), une extension du domaine d’application de la suspension des
voies d’exécution à « toute procédure de distribution n’ayant pas produit un effet attributif
avant la décision d’ouverture », ce qui implique non seulement que la suspension s’applique
dans le cas d’un séquestre conventionnel investi avant l’ouverture de la procédure collective
d’une mission de distribution de fonds provenant de la vente d’un bien appartenant au débiteur,
mais aussi que l’élément de référence pour savoir si une procédure de saisie est ou non
suspendue soit désormais la date de répartition du prix de vente entre les créanciers et non plus
la date à laquelle le bien saisi est sorti du patrimoine du débiteur
Parfois, au contraire, le renforcement du traitement égalitaire profite aux
créanciers ou aux cocontractants.
-Ainsi, le nouvel AUPC étend à tous les garants de la dette d’autrui la
possibilité, antérieurement uniquement prévue dans le cas des cautions, de reprendre des
poursuites après la clôture d’une liquidation des biens pour insuffisance d’actif (AUPC, art.
174).
-De même, le report du point de départ du délai de production d’une
créance à la date de réception d’un avertissement personnel d’avoir à produire donné par
le syndic, qui ne concernait antérieurement que les créanciers titulaires d’une sûreté publiée,
s’applique désormais également à tous les cocontractants ayant publié leur contrat conclu avec
le débiteur en difficulté (AUPC, art. 79, al. 1er), ce qui correspond également à une volonté
législative plus générale de diminution des restrictions apportées aux droits des créanciers et
des cocontractants du débiteur.
P3/ -Diminution de certaines des restrictions apportées aux droits des créanciers
42
art. 108, al. 3) et que le contrat est résilié de plein droit si le syndic ne répond pas à la mise en
demeure de prendre parti adressée par le cocontractant ou s’il ne fournit pas la prestation
promise (AUPC, art. 109).
L’exemple français a été suivi et même très largement amplifié par le nouvel AUPC
puisqu’un privilège de « new money » similaire y a été créé au profit de ceux qui consentent à
apporter de l’argent frais ou de nouveaux biens ou services à l’entreprise en difficulté, et ce non
seulement lors d’une procédure de conciliation (AUPC, art. 5-11), mais aussi à l’occasion d’un
règlement préventif (AUPC, art. 11-1) ou même d’un redressement judiciaire (AUPC, art. 33-
1).
En outre, ce privilège de « new money » se voit ici doté d’un rang nettement meilleur
que celui que lui confère le droit français, puisqu’il l’emporte sur toute autre sûreté, y compris
le superprivilège des salariés et le privilège des frais de justice, selon le classement établi par
les nouveaux articles 166 et 167 de l’AUPC.
En revanche, deux autres différences par rapport au droit français viennent amoindrir,
quelque peu, l’intérêt de ce nouveau privilège de « new money » :
-d’une part, ce privilège ne peut être invoqué, selon l’AUPC, qu’en cas
d’ouverture subséquente d’une procédure de liquidation des biens. et l’on peut ici s’interroger
sur la logique de l’exclusion de son application lors de l’ouverture subséquente d’un
redressement judiciaire, et cela d’autant plus que lorsqu’un débiteur ayant antérieurement
bénéficié d’un accord de conciliation ou d’un concordat préventif demande l’ouverture d’un
redressement judiciaire, il doit fournir une attestation indiquant « le montant des créances
restant dues aux créanciers bénéficiant du privilège de l’article 5-11 et de l’article 11-1 (...)
ainsi que leurs noms et domiciles » (AUPC, art. 26, 8º). Il est vrai, toutefois, qu’en pratique il
sera sans doute très exceptionnel qu’un redressement judiciaire soit ouvert après une
conciliation ou un règlement préventif dans lesquels un apport d’argent frais aura été effectué,
l’échec de la tentative de sauvetage de l’entreprise se traduisant, le plus souvent, par l’ouverture
d’une liquidation des biens. En outre, le sort des apporteurs d’argent frais à l’occasion d’une
procédure de redressement judiciaire n’est pas totalement ignoré au sein de cette même
procédure puisque le concordat de redressement judiciaire ne pourra être homologué que si les
créanciers bénéficiaires du privilège énoncé par l’article 33-1 de l’AUPC, et les montants qui
sont ainsi garantis, sont expressément mentionnés au sein du concordat (AUPC, art. 127) ;
-d’autre part, le nouvel AUPC ne consacre pas au profit des bénéficiaires du
privilège de « new money » un droit au paiement à l’échéance, ce qui réduit quelque peu l’intérêt
de cette sûreté en pratique, puisque les créanciers dont les créances seront nées après l’ouverture
de la liquidation judiciaire pourront, eux, être payés à l’échéance et l’emporter, de facto, sur les
bénéficiaires de ce privilège de « new money ».
43
CHAPITRE 2 : LES SURETES RESISTANTES AUX PROCEDURES COLLECTIVES
44
Section 2 : La propriété cédée à titre de garantie : la cession à titre de garantie et le
transfert fiduciaire d’une somme d’argent.
Une créance détenue sur un tiers peut être cédée à titre de garantie de tout crédit consenti
par une personne morale nationale ou étrangère, faisant à titre de profession habituelle et pour
son compte des opérations de banque ou de crédit.
Le transfert immédiat de la propriété de la créance cédée, quelle que soit la date de
naissance, d’échéance ou d’exigibilité, emporte des conséquences importantes en cas de
procédures collectives du cédant.
Efficacité face à la procédure collective du cédant débiteur
La cession de créances à titre de garantie est une sûreté efficace face à la procédure
collective du débiteur du cessionnaire. La créance cédée étant « sortie » du patrimoine du
cédant, et ce transfert de propriété étant opposable aux tiers, autre que le débiteur cédé, dès
l’inscription au RCCM, les effets protecteurs de la procédure collective sur le patrimoine du
débiteur n’entravent pas le recouvrement de la créance garantie entre le cessionnaire et le cédé
puisque le règlement de la dette est assuré par le cédé.
En effet, lorsqu’une créance née d’un contrat à exécution successive (par exemple une
créance de loyers) est cédée à titre de garantie et que par la suite le cédant fait l’objet de
l’ouverture d’une procédure collective, cette ouverture ne remet pas en cause l’efficacité de
la cession puisque la propriété de la créance cédée est déjà sortie du patrimoine du cédant.
NB : Revoir de la différence entre l’absence de notification, la notification et
l’acception du débiteur cédé.
On comprend que l’atout majeur de la cession à titre de garantie réside dans la possibilité
d’obtenir paiement d’une créance par un tiers, le cédé, en remplacement du paiement de la
créance du débiteur originel, le cédant.
En ce sens la procédure collective du cédant est indolore pour le cessionnaire puisqu’il
perçoit le paiement de sa créance malgré l’interdiction des paiements ou des poursuites
bénéficiant au cédant. En cela la cession à titre de garantie résiste totalement à la procédure
collective du débiteur
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Section 3 : Protection générale des sûretés fondées sur l’exclusivité
P1/-Généralités
L’introduction par le nouvel AUS des propriétés-sûretés au sein des sûretés réelles a
rendu nécessaire la modification des textes qui, antérieurement, visaient les sûretés réelles sans
distinction, lorsque leur application n’a pas de sens s’agissant des sûretés fondées sur l’octroi
ab initio d’une situation d’exclusivité.
Ainsi, dans le cas du règlement préventif, les sûretés réelles visées par la suspension des
poursuites font désormais l’objet d’une énumération limitative, laquelle ne comprend que les
sûretés réelles traditionnelles et non les propriétés-sûretés (AUPC, art. 9, al. 3).
De même, l’article 134, alinéa 4, de l’AUPC, relatif aux effets du concordat judiciaire à
l’égard des créanciers titulaires de sûretés, a pris soin de réserver la possibilité pour ces
créanciers d’agir contre un tiers afin de préserver leurs droits, ce qui peut notamment
s’appliquer dans le cas d’une action en paiement exercée à l’encontre du débiteur d’une créance
nantie ou cédée à titre de garantie (la logique voudrait que cette règle s’applique également dans
le cas du concordat de règlement préventif, bien que l’article 18 de l’AUPC n’ait rien prévu à
ce propos).
De même encore, Le droit de rétention n’est pas affecté par les procédures
collectives. Le législateur OHADA a dû, au sein de l’article 149 de l’AUPC, ajouter le droit de
rétention conventionnel à l’énumération des sûretés pour lesquelles le syndic peut payer le
créancier pour retirer le bien concerné et, logiquement, cette règle devrait s’appliquer également
en cas de redressement judiciaire en dépit du silence de l’AUPC à ce propos.
Enfin, il a été nécessaire de prendre en compte la réforme de l’AUS au sein des nouveaux
articles 166 et 167 de l’AUPC énonçant les classements des droits de préférence pour en exclure
expressément les sûretés bénéficiant d’un droit de rétention et les propriétés-sûretés.
Inversement, il a pu paraître logique de se référer de manière générale à la catégorie des sûretés
réelles lorsqu’il était opportun qu’un article de l’AUPC s’appliquât désormais également dans
le cas des propriétés-sûretés. C’est la raison pour laquelle le nouvel article 68, 5º, de l’AUPC,
relatif aux inopposabilités de droit de la période suspecte ne contient plus une énumération de
sûretés réelles traditionnelles mais vise d’une manière plus générale « toute sûreté réelle
conventionnelle constituée à titre de garantie d’une dette antérieurement contractée, à moins
qu’elle ne remplace une sûreté antérieure d’une nature et d’une étendue au moins équivalente
ou qu’elle soit consentie en exécution d’une convention antérieure à la cessation des paiements
». Cette dernière réserve permettant notamment de protéger les cessions de créance à titre de
garantie qui ont été effectuées en application d’une convention-cadre signée avant la cessation
des paiements de l’entreprise.
46
quelqu’un d’autre que le créancier nanti. Le texte est clair sur la portée du mécanisme : seul le
créancier reçoit valablement paiement de la créance (article 132 alinéa 2 nouveau), ce qui
signifie que ni le créancier d’origine ni aucun de ses autres créanciers ne peuvent recevoir le
paiement. Il s’agit d’un droit exclusif au paiement dont les effets sont reconnus aussi bien à
l’article 226 de l’AUS qu’à l’article 167 de l’AUPCAP. Il permet au bénéficiaire, le créancier
nanti d’échapper au classement des sûretés en cas de distribution des deniers dans l’hypothèse
d’une réalisation. Cela implique le nantissement ait fait l’objet d’une inscription au RCCM car
à défaut, il ne serait pas opposable aux tiers de même que le droit exclusif au paiement qui lui
est attaché en cas de notification).
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CHAPITRE 3 : LE SORT DES SURETES PERSONNELLES DANS LES
PROCEDURES COLLECTIVES
Les personnes consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en
garantie et les coobligés peuvent se prévaloir des dispositions de l’accord (article 5-12 alinéa
2). Les créanciers parties à l’accord ne peuvent pas poursuivre les garants en paiement de leur
créance.
Les garants personnes morales notamment les coobligés et les personnes ayant consenti
une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie ne peuvent se prévaloir
des dispositions relatives à l’ouverture du règlement préventif (article 9 alinéa 5 lecture a
contrario) notamment la suspension ou l’interdiction de toutes poursuites individuelles tendant
à obtenir paiement des créances nées antérieurement à cette décision.
Les garants qui a été actionné par le créancier pour une créance née antérieurement à la
décision de suspension ne pourra pas obtenir remboursement du débiteur principal. En effet,
l’article 11 alinéa 2 de l’AUPC modifié dispose que « Il est également interdit au débiteur de
désintéresser les coobligés et les personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant
affecté ou cédé un bien en garantie lorsqu’elles ont acquitté des créances nées antérieurement
à la décision d’ouverture ». Le garant qui a payé prend la place du créancier. C’est donc
logiquement que le garant ne pourra pas se faire rembourser.
Une fois le concordat préventif homologué, la situation de la caution demeure
inchangée. En effet, l’article 18 alinéa 3 dispose que «…les coobligés ou les personnes ayant
consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie du débiteur ne
peuvent se prévaloir des délais et remises du concordat préventif ». Cela signifie que les garants
peuvent être immédiatement poursuivis pour le tout alors qu’eux-mêmes, lorsqu’ils exercent
leurs recours contre le débiteur, devront respecter les dispositions concordataires.
Ainsi pour se résumer, les garants personnes morales du débiteur ne peuvent se prévaloir
du concordat amiable pour obtenir une remise de dette ou des délais de paiement des dettes
qu’elles garantissent. Les garants ne peuvent pas non plus se retourner contre le débiteur après
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avoir payé le créancier au titre du cautionnement accordé. Elles sont, au contraire, comme les
autres créanciers, tenues par les termes du concordat amiable.
Il arrive souvent que le créancier d'une personne physique ou morale bénéficie d'une
garantie personnelle. Autrement dit, qu'il ait face à lui un ou plusieurs coobligés et personnes
ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie. Il s'agit de
toutes les hypothèses dans lesquelles un tiers est plus ou moins tenu au même engagement que
le débiteur en difficulté. Cela peut résulter d'une délégation imparfaite, d'une obligation
solidaire souscrite par deux ou plusieurs personnes, de l'engagement solidaire comme l'aval
d'un effet de commerce, d'un cautionnement solidaire ou de 1'obligation de garantie du garant
dans la garantie et contre-garantie autonomes.
La décision d’ouverture de la procédure de liquidation des biens rend immédiatement
exigible les dettes non échues à l’égard du débiteur seulement (article 76 AUPC). Cela
signifie que les coobligés et les personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté
ou cédé un bien en garantie continuent de bénéficier des termes convenus. La différence de
traitement est favorable aux coobligés et aux personnes ayant consenti une sûreté personnelle
ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie par rapport au débiteur principal.
L'acte uniforme de l'OHADA sur les procédures collectives d'apurement du passif
aménage aux créanciers bénéficiant d'une telle garantie personnelle, notamment dans ses
articles 91 à 94, une position favorable. Le créancier dans la masse, qui a face à lui une ou
plusieurs cautions ou des coobligés in bonis ou solvables peut en effet produire pour le montant
de sa créance dans le redressement judiciaire ou la liquidation des biens et demander en même
temps paiement intégral à la caution ou au coobligé. En effet, ce dernier (personne morale) ne
bénéficie ni de la suspension des poursuites, ni de 1'arrêt du cours des intérêts. Il faut tout de
même souligner qu'il n'y a pas de déchéance du terme à l'égard de la caution ou du coobligé du
seul fait de l'ouverture de la procédure collective. Le créancier devra attendre l’échéance de la
créance avant d’actionner la caution ou le coobligé.
Par ailleurs, dans 1'hypothèse où les coobligés se retrouvent également en état de
cessation de paiement et qu'une procédure collective est ouverte à leur encontre, le créancier
dont la créance est assortie d'une garantie personnelle peut produire dans toutes les masses pour
le montant intégral de sa créance et participer aux distributions jusqu'au parfait paiement s'il n'a
reçu aucun paiement partiel avant la cessation des paiements.
Il faut enfin souligner que malgré 1'adoption du concordat, les créanciers conservent
leurs actions pour la totalité de leur créance contre les cautions et les coobligés de leur débiteur.
Ce qui revient à dire que le concordat ne leur profite pas.
Il faut préciser que le concordat peut être annulé ou résolu. L’annulation du concordat
libère, de plein droit, les personnes ayant consenti un cautionnement ou ayant affecté ou cédé
un bien en garantie du concordat sauf si celles-ci avaient connaissance du dol lors de leurs
engagements (article 140 alinéa 2 AUPC modifié). L’annulation d‘un concordat homologué ne
peut intervenir que pour cause de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une exagération
de passif découvert après homologation du concordat de redressement. La résolution peut
intervenir pour de nombreuses causes : en cas d’inexécution par le débiteur de ses engagements,
lorsque le débiteur est frappé d’interdiction, lorsque les dirigeants malgré une interdiction
continue de diriger la société (article 139 AUPC).
Contrairement à l’annulation, « la résolution du concordat ne libère pas les cautions
qui sont intervenues pour en garantir l’exécution totale ou partielle » (article 139 in fine).
49
NB : Distinction entre la résolution et l’annulation. Elles produisent toutes les deux des effets
quasi identiques, à savoir qu’il est rétroactivement mis fin au concordat. Cependant, la
différence réside au niveau de leurs causes. Les causes de l’annulation sont liées à la formation
du concordat tandis que celles de la résolution tiennent à son inexécution.
50
CHAPITRE 4 : LE SORT DES SURETES RELLES CLASSIQUES DANS LES
PROCEDURES COLLECTIVES
Une seule question s’impose : le pacte commissoire est-il efficace en cas de survenance
d’une procédure collective ? On remarque une limitation partielle de l’efficacité du pacte
commissoire. Le champ du pacte commissoire concerne les sûretés suivantes : le gage, le
nantissement de créance, l’hypothèque.
Le législateur OHADA a essayé de limiter son efficacité en cas d’ouverture d’une
procédure collective, mais il ne l’a fait que dans le cas de la procédure de règlement préventif
(ce en quoi on peut l’approuver car la survenue de la cessation des paiements fait douter d’une
réelle possibilité de sauver l’entreprise et donc de la nécessité de paralyser le jeu du pacte
commissoire) et en énonçant au sein de l’alinéa 2 de l’article 9 de l’AUPC que « la suspension
des poursuites individuelles concerne aussi bien les voies d’exécution que les mesures
conservatoires, y compris toute mesure d’exécution extrajudiciaire ».
Le créancier n’ayant pas de poursuite à exercer pour que le pacte commissoire se réalise
en matière mobilière, la mise en œuvre de ce pacte n’est pas restreinte en cas d’ouverture d’un
redressement judiciaire ou d’une liquidation de biens. En effet, l’article 75 de l’AUPC ne
contient aucune disposition similaire à l’alinéa 2 de l’article 9.
Mieux encore, sa mise en œuvre semble expressément réservée par le nouvel article 150
de l’AUPC selon lequel « les ventes d’immeubles ont lieu suivant les formes prescrites en
matière de saisie immobilière, sauf dans le cas où ladite saisie est soumise à une clause
d’exécution extrajudiciaire conformément à l’Acte uniforme portant organisation des sûretés
». En outre, le nouvel article 154-1 de l’AUPC, prévoit la possibilité pour le syndic d’être
subrogé dans les droits du créancier saisissant dont la voie d’exécution immobilière a été
suspendue par l’ouverture de la procédure, et envisage également le cas d’une exécution
extrajudiciaire.
Les alinéas 5 et 6 de l'article 68 de l' A.U. visent deux catégories de sûretés qui, dés lors
qu'elles sont constituées par le débiteur ou obtenues par le créancier en période suspecte
rompent 1'égalité entre les créanciers.
-Les sûretés réelles conventionnelles constituées à titre de garantie d'une dette
antérieurement contractée, à moins qu’elle ne remplace une sûreté antérieure d’une
nature et d’une étendue au moins équivalente ou qu’elle soit consentie en exécution d’une
convention antérieure à la cessation des paiements.
51
L'hypothèse envisagée est simple : le débiteur incapable de payer ses créanciers est
contraint par l'un d'eux de lui consentir une sûreté réelle sur l'un de ses biens en garantie d'une
dette antérieurement contractée. C'est cette absence de coïncidence entre le crédit alloué et la
constitution de la sûreté pendant la période suspecte qui révèle le comportement anormal du
débiteur rendant vraisemblable la fraude et donc sa volonté de retarder sa chute devenue
inévitable. En effet, le débiteur octroie cette sûreté en pure perte, sans en retirer un quelconque
avantage puisque par hypothèse, il a déjà bénéficié du crédit qu'elle est censée garantir.
La date en prendre en considération c'est celle de la constitution de la sûreté et non celle
de sa publicité. Celle-ci peut valablement intervenir pendant la période suspecte si la
constitution de la garantie est antérieure à la date de la cessation des paiements.
Dans tous les cas, il appartient au syndic d'établir l'antériorité de la dette garantie par
rapport à la constitution de la sûreté. L'appréciation de cette antériorité a posé problème dans
l'hypothèse d'une sûreté garantissant le solde débiteur d'un compte courant en cours de
fonctionnement entre le débiteur et son banquier par exemple.
Les créanciers munis de sûretés ont des droits spécifiques et des obligations générales.
Il s’agit des créanciers munis de sûretés ayant pour assiette un bien déterminé du
patrimoine du débiteur, que ce soit un meuble ou un immeuble.
De manière générale, malgré leurs sûretés, les créanciers munis de sûretés réelles
spéciales se voient appliquer les règles de la discipline collective, l’objectif étant de favoriser
le redressement de l’entreprise, d’égaliser dans une certaine mesure la condition juridique des
créanciers et de contrôler la fiabilité des droits dont les créanciers se prétendent titulaires.
52
Comme pour les autres créanciers, leurs droits de poursuite individuelle sont suspendus
aussi bien en cas de redressement judiciaire que de liquidation des biens.
Toutefois, il convient de distinguer selon le terme de la liquidation.
S’agissant de la clôture de l’union, qui intervient de plein droit soit lorsque les
opérations de liquidation sont terminées, soit lorsque le délai de 18 mois + 6 mois est expiré,
les créanciers recouvrent l’exercice de leurs droits uniquement sur les actifs qui n’ont pas
pu être réalisés durant la liquidation des biens (article 170 AUPCAP).
S’agissant de la clôture pour insuffisance d’actif, les créanciers ne recouvrent plus
l’exercice individuel de leurs actions. Le nouvel article 174 a posé le principe contraire : le
principe de non reprise en cas de clôture pour insuffisance d’actif et l’admission de quelques
exceptions. La reprise des poursuites s’effectue dans quelques cas limités et prévoit afin de
décourager les faillites frauduleuses et de promouvoir la seconde chance que le prononcé d’une
sanction notamment entraînerait automatiquement la reprise des poursuites individuelles contre
le débiteur. Il en va de même lorsque la procédure collective est ouverte à l’encontre d’un
dirigeant à titre de sanction ou lorsqu’un dirigeant condamné en comblement du passif est lui-
même soumis à une liquidation des biens, à la faillite personnelle, la banqueroute.
Toutefois en cas de liquidation des biens, le droit de poursuite est suspendu seulement
jusqu'à l'expiration d'un délai de trois mois suivant le jugement qui prononce la liquidation des
biens. Cette suspension permet au syndic de réaliser efficacement et rapidement l’actif mobilier
et immobilier. Passé ce délai, de trois mois, si le syndic n’a pas réalisé les biens concernés, les
créanciers gagistes, nantis ou hypothécaires ou bénéficiant d’un droit de rétention
conventionnel peuvent exercer ou reprendre l’exercice de leurs droit de poursuite individuelle
à charge d’en rendre compte au syndic (articles 149 et 150 de l’AUPC). Il faut bien préciser
que ces dispositions concilient le souci de permettre au syndic de réaliser l’ensemble de l’actif
dans les meilleures conditions sans livrer les créanciers munis de telles sûretés à l’inertie ou à
l’attentisme prolongé du syndic.
Concernant le concordat, les créanciers munis de sûretés réelles spéciales sont consultés
sur le point de savoir s’ils acceptent les propositions concordataires (délais/remises) ou s’ils
entendent consentir des délais et/ou des remises différents. Précisons que ces créanciers sont
personnellement avertis par lettre recommandée avec accusé de réception (article 119 et 120
AUPC). Les créanciers titulaires d’une sûreté spéciale qui n’ont pas fait la déclaration prévus à
l’article 120 peuvent prendre part au vote sans renoncer à leur sûreté et consentir des délais et
remises différents de ceux proposés par le débiteur (article 125 alinéa 2 AUPC). Les créanciers
qui n’ont pas fait la déclaration prévue à l’article 120 sont présumés accepter le concordat si,
dûment appelés, ils ne participent pas au vote de l’assemblée concordataire (article 125 alinéa
3 AUPC).
NB :
De manière spécifique, en ce qui concerne les sûretés spéciale mobilières, il apparaît
que ce sont les sûretés comportant droit de rétention en l’occurrence le gage et le droit de
rétention, qui semblent être celles qui confèrent le plus de garanties quant au paiement ponctuel.
En effet, le créancier peut retenir la chose tant qu’il n’est pas payé et diligenter la vente forcée.
L’Acte uniforme révisé portant organisation des sûretés du 15 décembre 2010 a modifié le droit
de rétention (articles 67 à 70). Il reste cependant une sûreté d’application générale parfaite et
achevée. En ce qui concerne les sûretés immobilières ce sont celles qui sont soumises à
publicité qui l’emportent sur celles qui ne sont pas publiées. Lorsque plusieurs sûretés sont
publiées, l’ordre est fonction de l’antériorité de la publication.
53
C-Les droits des créanciers munis de sûretés réelles spéciales en période de
liquidation des biens
En effet le classement des créances établi par les articles 166 (pour les immeubles) et
167 (pour les meubles) de l'acte uniforme sur les procédures collectives d'apurement du passif
se décline comme suit: (lire Acte uniforme).
Pour l'ordre en matière immobilière, les seuls changements notables résident d’une
part, dans l’attribution du premier rang aux créanciers bénéficiant du privilège de new
money prévu aux articles 5-11, 11-1 et 33-1 AUPCAP et d’autre part dans l’éclatement en
deux rangs des créanciers chirographaires selon qu’ils sont munis ou non d’un titre
exécutoire.
Pour l'ordre en matière mobilière, les seuls changements notables résident d’une
part sur la primauté de l’exercice éventuel d’un droit de rétention ou d’un droit exclusif
au paiement, d’autre part, dans l’attribution du premier rang aux créanciers bénéficiant
du privilège de new money prévu aux articles 5-11, 11-1 et 33-1 AUPCAP et enfin dans
l’éclatement en deux rangs des créanciers chirographaires selon qu’ils sont munis ou non
d’un titre exécutoire.
NB :
Il faut enfin souligner, pour terminer, que certains créanciers, bénéficiant parfois de
garanties de nature particulière, ont la possibilité d'échapper à la discipline collective.
En premier lieu, il y a les créanciers qui peuvent se prévaloir de la propriété d'un bien
qui apparemment appartient au débiteur. Ce peut être le cas du crédit-bail, de la location-vente,
de la vente avec réserve de propriété. De tels créanciers peuvent en effet reprendre leurs biens
en exerçant 1' action en revendication et éviter ainsi de subir la loi du concours qui caractérise
les procédures collectives.
En second lieu, on peut signaler le cas des créanciers qui agissent non pas contre le
débiteur, mais contre un tiers. On peut en particulier souligner l'action exercée contre une
compagnie d'assurance si le débiteur a causé un préjudice couvert par une assurance avant le
jugement d'ouverture. La victime pourra en effet, dans une telle hypothèse, être totalement
indemnisée par la compagnie d'assurance et n'aura pas, de ce fait, besoin de participer à la
procédure collective.
54
MODULE 3 : DROIT DES SOCIETES ET DROIT PUBLIC DES
AFFAIRES : LES CONTRATS DE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE
L’idée première qui sous-tend l’éclosion des contrats de partenariat public-privé réside
dans le fait de trouver un moyen de réduire les coûts et d’obtenir de meilleur résultat de la chose
publique. Autrement dit, il s’agit d’une solution efficace à la réalisation du service public dans
les Etats qui ne disposent pas toujours des moyens suffisants pour réaliser des investissements
importants pour la satisfaction de ses missions d’intérêt général.
Bibliographie sélective
-CARPA (Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats de partenariat), Cadre juridique des
contrats de partenariat au Cameroun : Lois et textes d’application, édition 2013
Le cadre juridique applicable aux CPPP ne se limite pas à un encadrement légal somme
toute nécessaire et primordial des contrats, il va-delà pour prendre également en compte les
aspects fiscaux, douaniers et comptables de cette opération en ce qu’il s’agit parfois aussi
d’attirer les investisseurs privés tant nationaux qu’internationaux.
55
A-Textes spécifiques
Le cadre juridique comprend pas moins de quinze (15) instruments juridiques incluant
la loi de 2006 fixant le régime général des CP et son décret d’application de 2008 complété par
un décret de 2012 qui précise les modalités d’application de cette loi. Une autre loi de 2008 fixe
le régime fiscal, financier et comptable applicable aux CP et un décret de 2014 organise la
maîtrise d’œuvre technique dans la réalisation des projets d’infrastructures.
- la loi n° 2006/012 fixant le régime général des contrats de partenariat dont les modalités
d’application sont prévues par le décret n° 2008/0115/PM du 24 janvier 2008 ;
- la loi n° 2008/009 du 16 juillet 2008 fixant le régime fiscal, financier et comptable applicable
aux contrats de partenariat ;
- du décret n° 2008/035 du 23 janvier 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
d’appui à la réalisation des contrats de partenariat tel que modifié par le décret n° 2012/148 du
21 mars 2012 ;
- de l’arrêté n° 186/CAB/PM du 15 novembre 2011 fixant les taux et les modalités de perception
des frais exigibles au titre des contrats de partenariat ;
- et enfin de la circulaire n° 002/PM du 15 février 2012 portant instructions relatives aux
modalités de promotion de la sous-traitance en matière de contrats de partenariat et de contrats
négociés dans le cadre de l’application des autres régimes d’incitation à l’investissement
(l’ensemble des textes est disponible sur le site http://www.ppp-cameroun.cm).
A-Définition légale
56
personnes publiques et une ou plusieurs autres personnes publiques ; les personnes publiques
et une ou plusieurs personnes privées ».
Il est alors définit dans l’alinéa 2 du même article comme : « un contrat par lequel l’Etat
ou l’un de ses démembrements confie à un tiers, pour une période déterminée, en fonction de
la durée d’amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues, la
responsabilité de tout ou partie des phases suivantes d’un projet d’investissement : la
conception des ouvrages ou équipements nécessaires au service public ; le financement ; la
transformation des ouvrages ou des équipements ; l’entretien ou la maintenance ; l’exploitation
ou la gestion ».
Ainsi, le contrat de partenariat public privé (Contrat de PPP) peut être défini comme un
contrat de longue durée passé entre un État, une collectivité territoriale ou, de manière générale,
une personne publique et une personne privée, afin de réaliser une mission globale comprenant
la conception, le financement, la construction, la réhabilitation, la transformation, l’entretien,
l’exploitation ou la gestion d’investissements qui concourent à l’exercice de missions de service
public.
Le Contrat de PPP participe des formes de contrats qui permettent aux personnes
publiques de réaliser des prestations avec un tiers sans subir les contraintes des contrats de
marchés publics classiques. Faisant partie des contrats de commande publique, il se situe donc
entre le marché public et la privatisation.
Le Contrat de PPP est à la fois une opération complexe et un contrat global qui fait
intervenir différents acteurs (État ou ses démembrements, investisseurs, prêteurs et
consommateurs). Ces intervenants ont des attentes différentes mais qui doivent être conciliés
dans le cadre du projet à réaliser.
Au regard de cette définition, on peut se rendre compte que les contrats de partenariat
se distinguent des autres types de contrats conclus par les personnes publiques entre elles ou
entre elles et les personnes privées.
Il se distingue également des délégations de service public sur trois points principaux.
-Tout d’abord dans les délégations de service public, le projet est financé par la personne
publique qui en confie simplement la gestion à son cocontractant dans les contrats de ppp, le
financement est fait en tout ou partie par le cocontractant.
- Ensuite, dans les contrats de délégation, il n’y a aucun partage des risques. Ils sont entièrement
de la responsabilité, sauf exception du délégataire. Le CPPP vise à réaliser un partage optimisé
des risques. Il permet d’allouer les responsabilités à la partie qui sera à même de les assumer le
plus efficacement.
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- Enfin, il ouvre la possibilité d’avoir comme client principal du service fourni, une collectivité
publique et de ne plus être ainsi tenu de tirer une part essentielle de ses ressources des paiements
directs des usagers.
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NB : Les concessions et affermages établis pour la plupart avant l’avènement du nouveau cadre
juridico-institutionnel des CP, se situent actuellement dans les lois sectorielles, et non sous le
régime des CP au Cameroun. Les concessions sont généralement des conventions concluent de
manière exclusive, de gré à gré, entre l’Etat et un opérateur permettant à ce dernier d’exploiter
le domaine public sur une zone géographique précise et une durée déterminée en vue d’assurer
une activité de service public sur la base d’un cahier de charges. La plupart de ces contrats
étaient conclus avant que le législateur Camerounais ne mette en place un cadre général fixant
le régime des CP. Il s’agit notamment des concessions et affermages passés dans les secteurs
d’électricité, pétrolier, gazier, de l’eau, minier, et télécommunications, etc. Dans ce cadre les
personnes publiques peuvent et ont recours directement aux concessions/affermages, sans
passer par la procédure de passation des CP. La délégation de services publics, échappe, elle
aussi, au régime des CP puisque le décret sur les marchés publics le définit comme la délégation
de la gestion d’un service public à un tiers dont la rémunération est substantiellement liée au
résultat de l’exploitation du service. Elle est soumise au régime des marchés publics.
Tous les domaines peuvent être couverts par les contrats PPP : santé, social, éducation,
infrastructures, projets industriels.
Transports : ex : financement, construction, gestion et entretien d’une route, d’un aéroport, d’un
péage
Energie et eau : construction de Centrale électrique Ex. centrale au gaz naturel de Kribi (
Cameroun)
Santé : construction de centres hospitaliers, acquisition d’équipements médicaux.
Autres : construction, gestion et maintenance des logements sociaux ou de cités universitaires,
des marchés, etc. Mais, en général, il ne peut être recouru au CPPP qu’en cas de la complexité
technique ou financière du projet, ou lorsque le projet présente un caractère d’urgence.
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-Mettre au point les instruments techniques et juridiques nécessaires à la bonne
application des CP ;
-Former et développer l’expertise nationale en matière des CP ;
-Elaborer des instruments juridiques et techniques d’analyse des projets, de la
sélection des partenaires de la personne public, et de la contribution à la sélection de celui-ci.
Concrètement, le CARPA intervient dans un certain nombre d’étapes dans le processus
de passation des PPP :
-l’évaluation préalable de l’étude de faisabilité,
-la validation des dossiers de consultation,
-la participation aux travaux des commissions ad hoc, non-objection du CARPA
à l‘Appel à Manifestation d’Intérêt (APMI) préparé par le partenaire public, non-objection du
CARPA à l’Appel d’Offres Restreint (AOR),
-la participation du CARPA au dialogue de pré-qualification, non-objection du
CARPA au projet de CPPP et son accompagnement pendant sa durée de vie (mise en place,
suivi du contrat et des performances et enfin réception).
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juridique en tant que mode de commande publique. Il faut quand même même noter que l’Etat
et les partenaires privés font de plus en plus recours aux modes alternatifs de règlement des
litiges, ce qui pourrait expliquer, en partie, l’absence des litiges relatifs aux CPPP.
Le contrat PPP est généralement conclu entre un Etat, une collectivité territoriale ou de
manière générale une personne publique et une personne privée.
Pourtant, la législation camerounaise autorise, contrairement à la plupart des
législations, la conclusion de contrats PPP entre des personnes morales de droit public ce qui
peut paraître contraire à l’esprit même des PPP qui impliquent la présence d’un partenaire privé
dans l’opération.
Ainsi, selon la loi, tandis que les marchés publics sont le mode traditionnel de la
commande publique, le recours aux CP constitue un mode dérogatoire de la commande
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publique. En effet le partenaire public initiateur d’un projet identifié doit effectuer une étude
d’évaluation, transmettre le projet au MINFI pour l’évaluation de la cohérence du projet avec
le budget d’investissement public (BIP), connue sous le nom de soutenabilité budgétaire. Le
projet est ensuite transmis au CARPA pour l’évaluation préalable qui se portera sur quatre
critères clés.
Ces critères alternatifs comprennent : la complexité du projet,
l’urgence, l’opportunité économique, financier, juridique du projet par rapport au MP
(comparateur), ainsi que l’évaluation et le partage des risques faisant également partis du
rapport d’évaluation préalable du CARPA.
Tandis que la complexité renvoie aux capacités limitées de la personne publique à
évaluer techniquement, financièrement et juridiquement le projet, l’urgence se rapporte à un
motif d’intérêt général qui résulte de la nécessité socio-économique de rattraper un retard dans
la réalisation d’équipements collectifs ou encore d’accélérer la croissance dans un secteur ou
dans une zone donnée.
La loi n’ayant pas indiqué que les critères d’éligibilité sont cumulatifs, le CARPA est
en droit de ne retenir qu’un seul des critères pour justifier l’éligibilité d’un projet au régime de
CP.
La loi de 2006 précise en son article 11 les personnes inéligibles à la conclusion d’un
contrat de PPP. En effet, il est indiqué :
« (1) Ne peuvent soumissionner à un contrat de partenariat :
- les personnes morales dont les dirigeants ont fait l’objet, depuis moins de cinq ans, d’une
condamnation définitive, pour crime ou délit ;
- les personnes morales en état de liquidation judiciaire ou admise au redressement judiciaire
ou ayant fait l’objet de procédures équivalentes régies par un droit étranger ;
- les personnes morales qui, au 31 décembre de l’année précédent celle au cours de laquelle a
lieu le lancement de la consultation, ne se sont pas acquittées de leurs obligations fiscales et
sociales.
(2) Les dispositions du présent article sont applicables aux personnes morales qui se portent
candidates ainsi qu’à celles qui sont membres d’un groupement de candidats ».
b-Le sous-traitant
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Les principales étapes de conclusion d’un PPP sont les suivantes :
-Identification du projet : Sélectionner et définir le projet dans ses grandes lignes
-Etude de faisabilité : Identification des risques opérationnels , techniques et financiers à
transférer ; évaluation de la capacité de l’Etat à financer l’infrastructure ou les services
envisagés ( soutenabilité budgétaire) , examen de la pertinence financière du recours au
partenaire privé.
-Réalisation de l’appel d’offre avec une importante accordée au dialogue de préqualification
-Attribution du marché
-Mobilisation des financements par le partenaire privé
-Exécution du marché
Il est indiqué à l’article 5 de la loi de 2006 que le contrat doit nécessairement comporter des
clauses sur la/le/les:
Durée ;
Partage des risques ;
Critères de performances et résultat ;
Rémunération du cocontractant ;
Engagement de respect des exigences de service public par le cocontractant ;
Suivi de l’exécution du contrat ;
Engagement de promotion de la sous-traitance dans le cadre du contrat ;
Clauses en cas de manquement aux obligations contractuelles ;
Conditions de modification des clauses ou résiliation par la personne publique,
Défaillance ;
Conditions de contrôle par la personne publique en cas de cession totale ou partielle ;
Modalités de transfert des ouvrages ;
Couverture des risques par assurance ;
Préservation des sites et étude d’impact ;
Conséquence de la fin du contrat sur la propriété des ouvrages ;
Règlement des litiges ;
Transfert de technologie ;
Formation et l’emploi de la main d’œuvre camerounaise ; et
Conditions de validité et d’entrée en vigueur du contrat.
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En principe, aucune partie n’encourt de responsabilité en cas de survenance de circonstances
imprévisibles ou de force majeure.
Les Contrats PPP faisant intervenir au moins une personne publique et visant
directement la réalisation d’une mission de service public se retrouve sous l’empire du régime
du contrat administratif.
Ils contiennent ainsi des clauses exorbitantes de droit commun à savoir le pouvoir de
modification unilatérale (Fait du prince) des contrats et le pouvoir de sanction. Ils peuvent,
ainsi, faire l’objet de modification unilatérale par l’administration sous certaines réserves et
des modifications bilatérales c’est-à-dire par accord des deux parties. Celle-ci peut être justifiée
par les changements de circonstances intervenues après la signature du contrat tels que
l’évolution des besoins de la personne publique, les innovations technologiques ou les
modifications dans les conditions de financement obtenues par le cocontractant.
Ce statut des Contrats PPP met le partenaire privé dans une position précaire, raison
pour laquelle ce risque est systématiquement pris en charge par la personne publique dans le
cadre des contrats.
Le contrat de partenariat peut prendre fin lorsque, au bout du temps déterminé dans le
contrat, chacune des parties à respecter ses engagements. C’est la fin normale ou naturelle du
contrat de partenariat.
La fin du contrat de partenariat est tributaire de sa nature. Il s’inscrit presque toujours
dans une logique de longue durée, parce que la prise en charge de la gestion d’ensemble d’un
service public suppose le plus souvent la réalisation, par le cocontractant d’investissements
matériels ou immatériels qu’il doit pouvoir amortir dans le cadre de l’exécution du contrat.
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La durée de la concession constitue donc un élément important de la rémunération du
cocontractant. Par ailleurs, la fin du contrat doit composer avec la nécessaire continuité du
service public.
Lorsque le terme arrive, la personne publique prend les dispositions pour assurer la
continuité du service public. L’expiration de la durée stipulée dans le contrat entraîne
normalement de plein droit l’extinction du contrat.
C’est l’hypothèse de la sanction de l’administration qui peut résilier le contrat avec son
partenaire. Elle est prévue à l’article 39 du décret n°2008/0115/PM, qui dispose que « le contrat
de partenariat peut être résilié (…) par la personne publique concédante, soit pour faute grave
du cocontractant, soit pour des motifs d’intérêt général. Dans ce dernier cas, une indemnité
couvrant les charges d’investissement est versée au cocontractant ».
Dans cette hypothèse, il est prévu à l’article 40 que la personne publique concédante
doit prendre « des mesures pour assurer la continuité du service public ou des travaux. Elle
peut, à cet égard, faire appel au candidat le mieux classé à l’issue du dialogue de pré-
qualification ou alors assurer la continuité des travaux en régie ».
Rappelons que les contrats de PPP sont des contrats administratifs du fait de leur objet.
Ils peuvent être annulés pour atteinte à la légalité. Donc, en cas de litige et de saisine des
tribunaux, la compétence est en principe celle des tribunaux administratifs. Mais dans certains
cas (fiscal, atteinte au droit de propriété, droit pénal), le juge judiciaire peut être saisi.
En vertu de l’article 37 du décret de 2008, le règlement des litiges passe par la phase
amiable et/ou l’arbitrage selon l’accord des parties. Sauf dérogation découlant du contrat, ceux-
ci n’ont aucune incidence sur la procédure de droit commun.
Les parties peuvent ainsi recourir à l’arbitrage.
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ARTICLES DE PRESSE
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A travers cette signature, l’entreprise TOLLCAM se voit confier le financement, la
conception, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance des 14 postes de
péage automatiques à savoir : Nsimalen, Mbankomo, Tiko, Edéa, Boumnyebel, Nkometou,
Bahia, Mbanga, Bandja, Matezem, Foumbot, Dschang. Des ouvrages devant moderniser le
système de péage automobile et favoriser la sécurisation des recettes.
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