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MASTER II PROFESSIONNEL

JURISTE CONSEIL D’ENTREPRISE


PROMOTIONS 2021-2022 et 2022-2023

COURS DE TECHNIQUES SOCIETAIRES II

Pr. MODI KOKO BEBEY Henri


Agrégé des Facultés de Droit
Assisté du
Pr. MPONDO MBOKA Guy
Agrégé des Facultés de Droit

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Trois modules seront abordés pour se perfectionner en techniques sociétaires. Il sera ici
question de s’appesantir sur le droit des investissements, le droit du crédit et la
défaillance d’entreprise et enfin le droit public des affaires.
Il sera donc respectivement abordé :
-Module 1 : le droit des sociétés et investissements
-Module 2 : le droit des sociétés, le droit du crédit et la défaillance d’entreprise
-Module 3 : le droit des sociétés et le droit public des affaires (les contrats de partenariat
public-privé).

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MODULE 1 : DROIT DES SOCIETES ET INVESTISSEMENTS

Trois sous-modules seront abordés, à savoir :


-sous-module 1 : L’encadrement juridique des participations dans les sociétés à risque limitée
-sous-module 2 : La réglementation des investissements au Cameroun
-sous-module 3 : Les privatisations au Cameroun

SOUS-MODULE 1 : ENCADREMENT JURIDIQUE DES PARTICIPATIONS DANS


LES SOCIETES A RISQUE LIMITEE

Les modalités juridiques de l'opération d'investissement sont relativement encadrées


par l'AUSDGIE révisé le 30 janvier 2014. Cet acte présente une réelle opportunité pour les
investisseurs et contribue au développement du capital-investissement dans la zone OHADA.
Concernant le cas spécifique des prises de participations, celui-ci peut être réalisé par
la détention de valeurs mobilières offrant un accès immédiat ou différé au capital de la société
financée.
S'inspirant du modèle français qui a abandonné les actions de priorité en 2004,
l'OHADA à introduit la possibilité d'émettre des actions de préférence à côté des actions
ordinaires, qui peuvent être mises en place lors de la constitution de la société, ce qui est
encourageant pour le capital-risque, ou en cours d'existence lors d'une augmentation de
capital.
De plus, des droits de toute nature attachés aux actions de préférence peuvent être
statutairement aménagés (droits de vote double ou droit à dividende prioritaire) ; les actions
pouvant être émises avec ou sans droit de vote, simple ou double, à titre permanent ou
temporaire.
L'AUSGIE révisé prévoit également l'émission par les sociétés par actions de valeurs
mobilières donnant accès à terme au capital, sous quelle que forme que ce soit, qui peuvent
être utilisées pour récompenser le risque pris par le capital-investisseur en lui conférant le
droit d'acquérir ultérieurement des titres.
En outre, le capital-investisseur aura le loisir d'utiliser des valeurs mobilières
composées pour inciter les managers de la société financée. Il peut s'agir d'actions à bons de
souscription d'actions ordinaires ou de préférence (ABSA) pour l'investisseur ou de bons de
souscription d'actions (BSA) pour les managers. Il s'agit là pour les investisseurs d'un réel
atout qui leur permet d'attirer des professionnels qualifiés dans la société financée.
(source: afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2017-11-24/le-cadre-juridique-embryonnaire)

P1/-Les actions de préférence

D’une manière générale, les actions de préférence peuvent être créées lors de la
constitution de la société ou au cours de son existence. Les principaux avantages attachés à ces
catégories d’actions sont les suivants :
-Une part supérieure dans les bénéfices ou le boni de liquidation
-Un droit de priorité dans les bénéfices : les titulaires de ces actions sont parmi les premiers
servis. Cette priorité est d’une importance capitale dans les périodes où les affaires ne sont pas
prospères. Si les bénéfices sont insuffisants pour servir tous les actionnaires, ils mangeront le
gâteau avant les autres.
-Dividendes cumulatifs : c’est la possibilité de reporter le droit aux dividendes l’année suivante,
lorsque l’exercice écoulé n’est pas bénéficiaire.

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En guise de prime de fidélité, une société peut créer des actions à dividende prioritaire
sans droit de vote. Les actions de préférence sont appelés à se substituer à cette catégorie
d’actions.
Après avoir constitué les réserves, le bénéfice distribuable est affecté d’abord aux
actions privilégiées et aux actions à dividende prioritaire sans droit de vote. Il est sans doute
plus intéressant pour un investisseur de recevoir des droits pécuniaires que d’exercer le droit de
vote au sein des assemblées générales.

De manière spécifique, selon l’AUDSCGIE, lors de la constitution de la société ou au


cours de son existence, il peut être créé des actions de préférence avec ou sans droit de vote
assorties de droits particuliers de toute nature, à titre temporaire ou permanent.
Conformément à l’article 778-2, seule l’assemblée générale extraordinaire est
compétente pour décider l’émission, le rachat et la conversion des actions de préférence au vu
du rapport présenté par le conseil d’administration ou par l’administrateur générale, et d’un
rapport spécial des commissaires aux comptes.
Pour que le rachat soit valable, il doit avoir été expressément prévu dans les statuts si
non, la décision de rachat est nulle.
Les actions de préférence peuvent être converties en actions ordinaires ou en actions de
préférence d’une autre nature. Lorsque l’assemblée générale extraordinaire doit se prononcer
sur la conversion des actions de préférence, le rapport du conseil d’administration ou de
l’administrateur général indique les conditions de celle-ci, les modalités de calcul du rapport de
conversion et les modalités de sa réalisation ainsi que les incidences de l’opération sur la
situation des titulaires de capital et de valeurs mobilières donnant accès au capital.
Si la conversion aboutit à une réduction du capital social non motivée par les pertes, les
créanciers peuvent exercer leur droit d’opposition comme dans le cadre d’une réduction
normale de capital.

A-Les différentes catégories d’actions de préférence

-Action de préférence à droit de vote double : un droit de vote double de celui conféré aux
autres actions peut être conféré aux actions de préférence ;
-Actions de préférence donnant droit à un dividende majoré préciputaire (payé avant celui
des actionnaires ordinaires), actions de préférence à dividende cumulatif. Dans ce système, on
reporte le dividende prioritaire non payé l’année N à l’année N+1. On peut aussi imaginer des
actions à dividende progressif ou régressif en tenant compte des fluctuations que subit une
société selon qu’elle est en bonne ou mauvaise santé.
-Actions de préférence au droit de vote aménagé : l’action de préférence peut être totalement
ou partiellement privée du droit de vote. Aux termes de l’article 778-1 alinéa 3AUDSCGIE, le
droit de vote peut être aménagé pour un délai déterminé ou déterminable. Le texte ajoute que
ce droit de vote peut être suspendu pour une durée déterminée ou déterminable ou supprimé. Il
est donc concevable d’émettre des actions de préférence avec un droit de vote temporaire,
périodique, limitées à certains événements.
-Actions de préférence sans droit de vote assorties de droits financiers limités : il peut être
émis des actions de préférence sans droit de vote auxquelles un droit limité de participation aux
dividendes, aux réserves ou au partage du patrimoine en cas de liquidation. Ces dernières
catégories d’actions de préférence sont suivant l’alinéa 5 de l’article 778-1, et par dérogation
aux articles 573 et 822-1 de l’AUDSCGIE, privées de droit préférentiel de souscription pour
toute augmentation de capital en numéraire, sous réserve des clauses contraires des statuts.

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NB : Les actions de préférence sans droit de vote ne peuvent représenter plus de la moitié du
capital social, et dans les sociétés dont les actions sont admises aux négociations sur une bourse
des valeurs, plus du quart du capital social (art. 778-1 alinéa 4 AUDSCGIE).

B-Les précisions sur la portée de la « préférence »

L’action de préférence peut être désavantagée et le mot préférence ne doit pas être pris
dans le sens courant ; en fait l’action de préférence est une action à droits particuliers. Cela
est spécialement visible au regard du droit de vote puisque l’action de préférence peut être
dépourvue, totalement ou partiellement du droit de vote. Il est vrai que la loi limite leur ampleur
(voir NB précédent). Au-delà de cette limite, de nombreuses variations sont envisagées : droit
de vote temporaire, périodique (en fonction de la survenance de certains événements
financiers), limité à certaines décisions ou à certaines assemblées.
L’action de préférence peut également restreindre les prérogatives financières de
l’actionnaire en prévoyant un droit limité de participation aux dividendes aux réserves ou au
partage du patrimoine en cas de liquidation (art.778-1 in fine).

C-L’inutilité des certificats d’investissement et des certificats de droit de vote

La création des actions de préférence en France a entraîné la suppression des actions à


dividende prioritaire sans droit de vote, et à l’extinction progressive des certificats de droit de
vote et des certificats d’investissement ainsi que des actions de priorité. A l’instar de la
législation française, l’introduction des actions de préférence en droit africain aura les mêmes
conséquences sur ces titres qui devront donc disparaître de la palette des valeurs mobilières.
Pour mémoire, les certificats d’investissement et les certificats de droit de vote résultent d’un
fractionnement des droits attachés aux actions. Les certificats d’investissement concernent les
droits pécuniaires de l’action, tandis que les certificats de droit de vote correspondent aux
prérogatives politiques.
Ces titres de nature particulière ont pour avantage pour la société émettrice d’avoir des
investisseurs privés du pouvoir de gestion. Cela peut être utile dans le cadre des sociétés
nationalisées.
Les certificats d’investissement dont la nature est discutée, sont des titres négociables
dont l’émission doit être réglementée. Celle-ci résulte soit d’une scission d’action, soit d’une
augmentation du capital. La décision relève de la compétence de l’assemblée générale
extraordinaire.
Les certificats de droit de vote permettent à leur titulaire de voter au sein des assemblées
générales. Ils sont convoqués au même titre qu’un actionnaire. Chaque certificat de droit de
vote correspond à un certificat d’investissement. La cession de ce titre est possible mais
conditionnée.
En effet, pour permettre la reconstitution de l’action, un certificat de droit de vote ne
peut être cédé qu’accompagné d’un certificat d’investissement. Dès que l’action est ainsi
reconstituée de plein droit, elle retrouve ses prérogatives pécuniaires et politiques à condition
que le porteur déclare cette reconstitution.

EXEMPLE CONCRET

Dans le cadre du plan de renforcement du capital des banques, l’assemblée générale de


BNR Paribas a décidé, le 27 mars 2009, l’émission d’actions de préférence réservées à la
Société de Prise de Participation de l’Etat, laquelle souscrit pour 5 milliards d’euros ; grâce aux

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actions souscrites, la SPPE a franchi le seuil de 17% du capital social du BNP Paribas. Les
caractéristiques de ces actions de préférence étaient les suivantes :
-absence de droit de vote ;
-faculté pour la société de racheter les actions à tout moment selon un prix déterminable et
plafonné (par ex. le plafond était de 160% si le rachat intervenait après le 1er juillet 2022.
-dividende croissant en fonction des années, ce qui était destiné à encourager le rachat anticipé
des actions de préférence (105% du dividende des actions ordinaires au titre de l’exercice 2009,
110% pour l’exercice 2010 …et 125% à partir de l’exercice 2018), le tout avec un plancher
évoluant lui aussi dans le temps (de 7,65% en 2009 jusqu’à 8,90% pour les exercices 2014 et
suivants), ce qui supposait bien entendu qu’il y ait des bénéfices à distribuer.
Dès octobre 2009, les actions de préférence ont été remboursées par la société grâce à
une augmentation de capital.

P2/-Les valeurs mobilières donnant accès à terme du capital

On distinguera les valeurs mobilières composées et les valeurs mobilières complexes.

A-Les valeurs mobilières composées

Il ressort de l’article 822 de l’AUDSCGIE que les sociétés par actions peuvent émettre
des valeurs mobilières donnant accès au capital ou donnant droit à l’attribution de titres de
créance. Sont ainsi visés, des titres de diverse nature, composites ou autonomes, donnant on
non accès à terme au capital de la société. Ces titres peuvent être émis par les SA et les SAS.
C’est une reconnaissance explicite par le droit OHADA des valeurs mobilières composées.
Les titres composites sont constitués d’un élément primaire qui peut être un titre de
créance ou un titre de capital, auquel est amarré un titre secondaire qui permet d’accéder à terme
au capital social : ainsi par exemple d’une obligation à bons de souscription d’action dans le
premier cas ou d’une action ordinaire à bon de souscription d’action de préférence dans le
second cas.
Le titre autonome est celui qui donne accès par lui-même, mais à terme, au capital
social : il est en quelque sorte orphelin puisque non rattaché à une action ou à une obligation.
L’exemple le plus caractéristique est celui du bon autonome de souscription, appelé encore
« bon sec ».
L’objectif visé par le législateur est de donner la liberté aux entreprises de créer des
instruments sur mesure comme les valeurs mobilières convertibles, échangeables ou
remboursables en actions. Les sociétés par actions africaines peuvent désormais, comme en
droit français, émettre des titres appelés « bons autonomes », ou « bons secs ». Mais ils peuvent
être attachés à des actions ou à des obligations. C’est un mode de financement futur. Ils ne
donnent pas de droit actuel à leur titulaire dans la gestion de la société. En effet, il peut souscrire
à une future augmentation de capital social. C’est lui qui décide librement de la période de cette
souscription. Les actionnaires d’une société émettant des valeurs mobilières donnant accès au
capital ont proportionnellement au montant de leurs actions, un droit de préférence à la
souscription de ces valeurs mobilières.
La décision d’émission de ces titres revient à l’assemblée générale extraordinaire
puisqu’ils permettent l’acquisition d’une partie du capital social. Ces bons peuvent également
servir à souscrire des titres obligataires.

1-Condition d’émission

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C’est l’AGE qui est compétente pour décider de l’émission des valeurs mobilières
donnant accès au capital ou droit à l’attribution de titres de créances (art. 822-5 AUDSCGIE).
Cette assemblée se prononce selon le cas, sur rapport du conseil d’administration ou du
président de la SAS, ou de l’administrateur général, et sur rapport spécial du commissaire aux
comptes de la société.
Par ailleurs, selon l’article 822-6 AUDSCGIE, une société anonyme peut émettre des
valeurs mobilières donnant accès au capital de sa société mère. Dans cette hypothèse, la validité
de l’opération exige une condition supplémentaire : une décision de l’assemblée générale
extraordinaire de la société mère qui émettra ces valeurs mobilières sous la forme par exemple
de Bons de Souscription d’Actions (BSA) sera également nécessaire sous peine de nullité.
Cette émission de valeurs mobilières donnant accès au capital de la société mère par la filiale
doit donc être autorisée par l’assemblée générale extraordinaire des deux sociétés. A défaut de
cette double autorisation, l’émission est nulle.
En cas d’émission des valeurs mobilières composées, les actionnaires en place
bénéficient d’un droit préférentiel de souscription sur ces titres, proportionnellement au
montant de leurs actions.
Certaines mesures de sécurité ont été prises en faveurs des porteurs des valeurs
mobilières donnant accès au capital tant que ces valeurs n’ont pas encore été exercées.
Ainsi à dater de l’émission, la société appelée à attribuer ces titres ne peut modifier sa
forme ou son objet social, à moins d’y être autorisée par le contrat d’émission. Toute
délibération en violation de cette règle est nulle. Il est également interdit de changer les règles
de répartition des bénéfices sauf si cela a été prévu dans le contrat d’émission (art. 822-7 et
822-8 AUDSCGIE). Elle ne peut pas non plus créer des actions de préférence, réduire le capital
social, sauf si la réduction est motivée par des pertes ou procéder à une augmentation de capital
sans préalablement prendre des mesures de protection des porteurs des valeurs mobilières.
Selon l’art. 822-13 AUDSCGIE, des garanties sont prévues en cas de remboursement
ou de rachat des valeurs mobilières. Il résulte de ce texte que, sauf stipulations contraires du
contrat et hors le cas de dissolution anticipée ne résultant pas d’une scission ou d’une fusion, la
société ne peut imposer aux titulaires de valeurs mobilières donnant accès à son capital le rachat
ou le remboursement de leurs droits. Toute décision contraire est frappée de nullité.
Comme les obligataires, les porteurs de valeurs mobilières donnant accès à terme au
capital sont groupés de plein droit, pour la défense de leurs intérêts communs, en une masse qui
jouit de la personnalité civile (art. 822-14 AUDSCGIE). Cette masse se réunit en assemblées
générales des porteurs de ces valeurs mobilières. Ces assemblées générales sont compétentes
pour autoriser toutes modifications au contrat d’émission et à statuer sur toute décision touchant
aux conditions de souscription ou d’attribution de titres de capital déterminées au moment de
l’émission.

B-Les valeurs mobilières complexes

Les sociétés par actions peuvent désormais, en plus des actions ordinaires, des actions
de préférence, des obligations ordinaires, émettre des valeurs mobilières complexes.

1-Les obligations complexes

Les valeurs mobilières composées permettent un rapprochement entre les statuts de


simples obligataires et celui de l’actionnaire. Le nouvel article 822 AUDSCGIE dispose que les
sociétés par actions peuvent émettre des valeurs mobilières donnant accès au capital ou donnant
droit à l’attribution de titres de créance. L’objectif visé par la réforme est de laisser un plus

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grand espace de liberté permettant de structurer des instruments sur mesure répondant aux
besoins spécifiques de financement des entreprises. Les émissions de valeurs mobilières
donnant accès au capital ou donnant accès aux titres de créances sont autorisées par l’AGE (art.
822-5 AUDSCGIE). Toute délibération prise en violation de cette disposition est nulle.
Cette prise en compte des valeurs mobilières composées en droit OHADA est illustrée
par les articles 747-1 et suivants de l’AUDSCGIE. En dehors de l’action et des obligations
ordinaires, d’autres types de titres correspondant à des besoins spécifiques de financement sont
envisageables. Il n’est donc pas surréaliste de supposer que les sociétés par actions en Afrique,
outre l’émission d’actions ou d’obligations, suivront la pratique déjà en vigueur dans plusieurs
législations modernes qui ont créé des valeurs mobilières composées.
Au nom de cette liberté, plusieurs combinaisons sont désormais possibles : la société
peut émettre des obligations convertibles ou échangeables en actions, ou des obligations avec
bons de souscription d’actions et les obligations remboursables en actions.

1-1-Les obligations convertibles en actions

L’épargnant qui détient les obligations a peut-être intérêt à un moment donné à


transformer son titre en action pour pouvoir participer à la prospérité de l’entreprise. Le titulaire
de l’obligation peut convertir son obligation en action selon une parité et des délais prévus dans
le contrat d’émission. Toutes ces obligations convertibles en actions sont émises sur décision
de l’assemblée générale extraordinaire parce que leur conversion à une incidence sur le capital
social.
Les modalités de conversion sont strictement énoncées. La société peut émettre soit des
obligations convertibles à tout moment, soit des obligations convertibles à un moment donné.
Dans le premier cas, les titulaires des obligations peuvent à tout moment dans les
conditions fixées par le contrat d’émission, devenir des actionnaires. En contrepartie de cette
liberté laissée aux obligataires, la société peut proposer un taux d’intérêt réduit.
Dans le second cas, la conversion peut avoir lieu à un moment donnée dans les
conditions fixées par le contrat d’émission. A la différence du premier cas, la faculté est laissée
à l’obligataire au terme d’un délai fixé par le contrat d’émission, d’exercer une option entre
conserver sa qualité de simple créancier ou convertir son titre en action.

1-2-Les obligations échangeables en actions

Les conditions et technique d’émission sont strictement encadrées. En effet, les actions
échangeables ne peuvent être émises que par des sociétés cotées en bourse.
A la différence des obligations convertibles, les obligations échangeables peuvent
permettre de procéder à une seule augmentation du capital social.
La technique est la suivante : la société émet des obligations et en même temps des
actions correspondant à ces obligations. Un établissement souscrit les actions émises et
s’engage à les échanger contre ces obligations sur simple demande des obligataires. Il est alors
remboursé par la société émettrice des sommes versées pour souscrire les actions ainsi qu’une
commission. L’opération s’accompagne d’une augmentation de capital, mais toute la difficulté
est de trouver un intermédiaire qui accepte de jouer le jeu. D’où la préférence marquée pour les
obligations avec bons de souscription d’actions.
Autrement dit, lors de l’émission des obligations des actions ont été souscrites par un
tiers échangiste (une banque par exemple) qui s’est engagé à échanger, selon une parité définie
à l’origine, les actions contre les obligations dites échangeables. L’échange comme la
conversion est facultatif ; il est au gré de l’obligataire ; il se fait aux conditions définies dans le
contrat d’émission.

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1-3-Les obligations avec bons de souscription d’actions (OBSA)

C’est une variété d’obligations qui confèrent à leurs titulaires le droit de souscrire des
actions de la société émettrice. A la différence des autres obligations composées, les bons sont
détachables de l’obligation et négociables indépendamment de l’obligation.
L’obligation à bon de souscription présente deux produits financiers en un : une
obligation ordinaire et bon de souscription d’action. Le bon est émis avec l’obligation ; mais il
est détachable de celle-ci et peut donc être l’objet d’une cession séparée. A l’échéance, le
souscripteur possède à la fois une obligation et un droit qui peut être détachable et vendu en
bourse. Ce droit parfois appelé warrant est un titre sans valeur nominale mais donnant à son
titulaire le droit de souscrire une ou plusieurs actions par versement de soulte. Financièrement,
l’obligation à bon de souscription d’actions (ou OBSA) est intéressante pour la société
émettrice : le bon crée un espoir de plus-value, qui justifie un moindre taux d’intérêt pour
l’obligation.
Les OBSA sont émises également sur autorisation de l’assemblée générale
extraordinaire des actionnaires délibérant sur le rapport des organes dirigeants et sur le rapport
spécial des commissaires aux comptes. La même assemblée se prononce aussi sur les modalités
de l’émission (le prix de souscription, le montant maximum des actions à souscrire, etc…).

1-4-Les obligations remboursables en actions (ORA)

Au lieu d’être remboursé en numéraire, cette obligation (qualifiée ORA) est remboursée
en actions. Ici, le prêteur se mue en associé/actionnaire, mais il n’a pas le choix comme dans
l’obligation convertible ou échangeable ; il ne recevra en tout état de cause que des actions, sauf
à vendre son obligation avant l’échéance à une personne à qui ce mode de remboursement
convient. Cependant, avant le remboursement, il est obligataire.

2-Les autres titres dérivés l’obligation

2-1-Les bons de caisse

Il s’agit de titres négociables dont les intérêts sont payables d’avance.


C’est en connaissance de cause que l’article 783 AUDSCGIE ne précise pas la nature
de l’assemblée qui autorise l’émission des obligations. Cette assemblée peut être ordinaire ou
extraordinaire en fonction de la catégorie des obligations en cause.

2-2-Les valeurs mobilière subordonnées

L’article 747-1 AUDSCGIE indique que lors de l’émission de valeurs mobilières


représentatives de créances sur la société émettrice ou donnant droit de souscrire ou d’acquérir
une valeur mobilière, il peut être stipulé que ces valeurs mobilières ne sont remboursées
qu’après désintéressement des autres créanciers. Et même dans cette catégorie de valeurs
mobilières, un ordre de priorité des paiements peut être stipulé dans le contrat d’émission.

C-Les valeurs mobilières résultant de la liberté créatrice

Il faudra s’attendre à d’autres catégories de valeurs mobilières compte tenu de la liberté


laissée par la loi aux SA d’émettre toute valeur mobilière donnant droit par conversion, échange,
ou tout autre procédé, à l’attribution de titres représentant une quotité de capital social. Toute

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combinaison sera possible : des actions avec bons de souscription d’actions (ABSA), bons à
souscription d’obligation convertibles en actions, bons à souscription d’obligation convertibles
en certificats d’investissement.
Tout dépendra de la fertilité avec laquelle les financiers vont imaginer des solutions aux
besoins de financement des épargnants. L’article 760 AUDSCGIE envisage de manière
implicite la négociation de promesses d’actions négociables, généralement appelés bons secs.
En effet, ce texte dispose que « la négociation de promesse d’actions négociables est interdite
à moins qu’il ne s’agisse d’actions à créer à l’occasion d’une augmentation de capital d’une
société dont les anciennes actions sont déjà inscrites à la cote officielle d’une bourse de valeurs
d’un ou de plusieurs Etats membres ». En ce cas, la négociation n’est valable que si elle est
effectuée sous la condition suspensive de la réalisation de l’augmentation de capital. A défaut
d’indication expresse, cette condition est présumée.
Toutes ces solutions favorisent des variations du capital social.

P4-Le pacte d’actionnaire


(Voir cours techniques sociétaires I)
Les capital-investisseurs dans l'espace OHADA trouveront dans la société par actions
simplifiée l'opportunité d'aménager librement, par exemple, le fonctionnement de la société
financée, d'encadrer les décisions importantes qui ne pourront être prises sans leur accord, se
protégeant ainsi de tout abus de majorité et des risques de mauvaise gestion.
Si pour d'autres raisons ils optaient pour une autre forme de société, leurs relations
avec les associés historiques ou l'entrepreneur pourront être aménagées au sein d'un pacte
d'actionnaires dont la validité est consacrée par l'article 2.1 de l'AUSGIE. Ce pacte ne pourra
toutefois pas déroger aux dispositions impératives de l'AUSGIE.
(source: afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2017-11-24/le-cadre-juridique-embryonnaire)

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SOUS-MODULE 2 : LA REGLEMENTATION DES INVESTISSEMENTS AU
CAMEROUN

Les pays en développement se sont dotés d’un droit des investissements qui s’efforce
d’assurer à la fois les intérêts des investisseurs étrangers soucieux de rentabilité et de sécurité
et leurs préoccupations nationales d’indépendance économique et politique. Des mécanismes
juridiques ont été institués pour atteindre ces objectifs.
Ce sont principalement les codes d’investissements dont l’objet est de redéfinir les
secteurs prioritaires, dont l’agriculture, les transports, l’industrie lourde…, et de déterminer les
conditions que doit remplir l’investisseur pour obtenir agréments et diverses garanties. Ces
conditions varient, mais on y retrouve des dénominateurs communs ;
-importance de l’investissement, création d’emplois nouveaux, insertion de l’investissement
dans le programme de développement national…
-les conventions d’investissement (ou d’établissement), contrats de nature mixte conclus entre
l’Etat récepteur et l’investisseur. Selon les pays, ils sont ratifiés par un décret ou par une loi.
Leur objet est de fixer et de garantir les conditions de création et de fonctionnement de
l’entreprise envisagée. Le droit applicable est déterminé par les parties. La technique du contrat
(convention d’établissement) supplante obligatoirement celle de l’adhésion au code et de
l’agrément dans les contrats d’importance exceptionnelle.
L’investisseur dûment agréé obtient un certain nombre de garantie et de privilèges
(exemptions fiscales, suppression ou diminution de taxes, possibilité de rapatriement de
bénéfices, non-ingérence dans la gestion…). Leur importance est fonction de l’intérêt que
présente l’activité de l’entreprise pour l’économie du pays d’accueil. Ces avantages peuvent
être multipliés si l’investisseur réinvestit en tout ou partie ses propres bénéfices.
Quatre thèmes seront donc évoqués :
Thème 1 : Le régime des investissements au Cameroun
Thème 2 : Les incitations fiscales à l’investissement
Thème 3 : La contraction du temps de la création d’entreprise
Thème 4 : Les mesures protectrices des investissements étrangers

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SOUS MODULE 2 - THEME 1 : LE REGIME DES INVESTISSEMENTS

(source essentielle : Agence de Promotion des Investissements au Cameroun : Lois et


règlements - API (investincameroon.net))

La notion d’investissement est diffuse. Chaque instrument, chaque Etat, chaque région
propose sa définition de l’investissement. La définition peut ainsi être étroite ou large,
analytique ou synthétique.
Au Cameroun, les définitions de l’investissement sont tirés des différents textes en
vigueur ou convention. Si on se réfère à la définition figurant dans la convention bilatérale
d’investissement entre le Cameroun et les Etats-Unis, l’investissement se définit de la manière
suivante :

« "Investment" means every kind of asset in the territory of either Party, owned or controlled
directly or indirectly by nationals or companies of either party, including equity, debt, service
and investment contracts ; and includes
:
- i) tangible and intangible property, including rights, such as mortgages, liens and pledges ;
- ii) all or part of the shares of stock or other interests in a company or interests in the assets
thereof ;
- iii) a claim to money or a claim to performance having economic value, and associated with
an investment ;
- iv) intellectual and industrial property rights, including rights with respect to copyrights,
patents, trademarks, trade names, industrial designs, trade secrets and know-how, and
goodwill ; and
- v) any right conferred by law or contract and all permits and licenses »

La définition figurant dans l’accord entre le Canada et la République du Cameroun


concernant la promotion et la protection des investissements considère :

« « investissement » s’entend :
a) d’une entreprise;
b) d’une action ou d’un autre type de participation au capital social d’une entreprise;
c) d’une obligation, d’une obligation non garantie ou d’un autre titre de créance d’une
entreprise;
d) d’un prêt à une entreprise;
e) nonobstant les sous-paragraphes c) et d) de la présente définition, un prêt ou un titre de
créance consenti par une institution financière est un investissement uniquement s’il est
considéré comme capital réglementaire par la Partie sur le territoire de laquelle l’institution
financière est située;
f) d’un droit de participation aux revenus ou aux bénéfices d’une entreprise;
g) d’un droit de participation au partage d’actifs d’une entreprise en cas de dissolution;
h) d’actifs liés à une activité économique exercée sur le territoire d’une Partie et financée par
des capitaux ou d’autres ressources engagés sur ce territoire, par exemple au titre :
i) d’un contrat qui suppose la présence de biens de l’investisseur sur le territoire de cette Partie,
y compris d’un contrat clés en main, d’un contrat de construction ou d’une concession,
ii) d’un contrat dont la rémunération dépend en grande partie de la production, du chiffre
d’affaires ou des bénéfices d’une entreprise;
i) d’un droit de propriété intellectuelle;

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j) de tout autre bien corporel ou incorporel, meuble ou immeuble, et de tout droit de propriété
connexe acquis ou utilisé dans le but de réaliser un bénéfice économique ou à d’autres fins
commerciales,

à l’exclusion :
k) d’une créance découlant exclusivement :
i) soit d’un contrat commercial pour la vente d’un produit ou d’un service par un ressortissant
ou une entreprise qui se trouve sur le territoire d’une Partie à une entreprise qui se trouve sur
le territoire de l’autre Partie,
ii) soit de l’octroi de crédits dans le cadre d’une opération commerciale, comme le financement
commercial;
l) de toute autre créance relative à des sommes d’argent,

lorsqu’elle ne se rapporte pas aux catégories d’avoirs visés aux sous-paragraphes a) à j); »

La loi camerounaise en vigueur définit l’investissement de la manière suivante : « actif


détenu et/ou acquis par un investisseur (entreprise, actions, parts de capital, obligations,
créances monétaires, droits de propriété intellectuelle, droits au titre des contrats, droits
conférés par la loi et les règlements, tout autre bien corporel ou incorporel, meuble ou
immeuble, tous droits connexes de propriété »
L’investisseur est « toute personne physique ou morale camerounaise ou étrangère,
résidente ou non résidente, qui acquiert un actif au titre de l’exercice de ses activités en
prévision d’un rendement ».

Le cadre légal des investissements au Cameroun se compose de différents textes de loi


qu’un investisseur gagnerait à connaître avant toute implantation ou restructuration. Par ordre
chronologique, on distingue ainsi :

1-L’ordonnance n°90/001 du 29 janvier 1990 relative au régime de la Zone Franche


Industrielle, ratifiée par la loi n°90/023 du 10 août 1990

Ce texte offre des avantages fiscaux et douaniers à l’export (notamment l’exonération


des droits de sorties pour les produits transformés exportés) et à l’import (en particulier
l’exonération des droits et taxes de douane à l’importation des produits destinés à être
transformés) ;
Le régime spécifique de la zone franche industrielle complète le code des
investissements et concerne les entreprises tournées vers l’exportation. Sur le plan législatif et
réglementaire, le régime de zone franche industrielle est organisé par l’Ordonnance n°90/001
du 29 janvier 1990, ratifiée par la loi n°90/023 du 10 août 1990. L’arrêté n°51/MINDIC/IGI du
28 décembre 1990 détermine les modalités d’application.

A- Critères d’éligibilité
Sont admissibles à ce régime :
-Toutes les entreprises à vocation exportatrice, c’est-à-dire produisant des biens et services
destinés exclusivement à l’exportation ;
-Ces entreprises doivent produire des biens et services sains pour l’environnement, se
conformer aux lois relatives à la santé publique et à la sécurité.
-le promoteur, l’opérateur d’une ZFI ou d’un PFI (point franc industriel) peut être une personne
physique ou morale de droit public ou privé.

B- Acquisition du statut de zone franche industrielle ou point franc


13
L’office Nationale des Zones Franches Industrielles (ONZFI)
C’est un organisme multiservices qui diligente l’approbation des investissements et les
procédures douanières afin de répondre rapidement aux sollicitations des investisseurs pour une
bonne gestion et exécution du programme de zones franches industrielles.
L’Office :
-reçoit et examine les demandes de statut de promoteur de zone franche industrielle (ZFI),
entreprise de la zone franche ou point franc industriel ;
-délivre tous les permis, licences ou autres autorisations aux entreprises ou promoteurs ayant
obtenu le statut de ZFI ;
-aide les investisseurs, en conjonction avec le Centre de Promotion des Investissements, à tous
les stades du processus de création et de mise en place des activités.
Procédure d’octroi du statut
Procédures administratives rationalisées avec un système de guichet unique.
Le dossier de demande est soumis à l’Office National des Zones Franches Industrielles
(ONZFI), seul habilité à le recevoir.
L’Office délivre s’il y a lieu un certificat de conformité au requérant et soumet le dossier
au MINDIC.
Le permis de promoteur ou opérateur doit être délivré au demandeur dans un délai de
30 jours. Le cas échéant, la demande est réputée approuvée.

C- Avantages liés au régime


1- Avantages fiscaux et douaniers
-Exonération total de tout impôt et taxes sur une période de 10 ans à partir du début des
activités ;
-Imposition à un taux global de 15 % sur les bénéfices à partir de la 11è année ;
-Exonération à perpétuité de tous impôts et taxes de douane.
2- Avantages commerciaux
-Exonération de toutes licences, autorisation ou limitation de quotas à l’export comme à
l’import,
-Absence de contrôle des prix et marges bénéficiaires
3- Avantages en matière de transaction financière
-Possibilité d’ouvrir des comptes en devises étrangères
-Absence de restriction sur les opérations de vente, d’achat de devises étrangères, droit de
transfert vers l’étranger des bénéfices réalisés. Toutefois, 25% doivent être réinvestis au
Cameroun
4- Concessions liées au Travail
-Non-assujettissement au barème des salaires qui peuvent être arrêtés selon la productivité ;
-droit à la négociation libre des contrats de travail
-droit d’acquisition automatique des permis de travail pour les travailleurs expatriés (25% des
salaires doivent cependant être payés aux nationaux).
5- Autres avantages
-Possibilité d’exploiter un réseau privé d’électricité et de télécommunication dans la zone franc
industrielle.

2-La loi n°2002/004 du 19 avril 2002, modifiée par la loi n°2004/020 du 22 juillet 2004 et
par l’ordonnance n°2009/001 du 13 mai 2009 portant Charte des Investissements.

Ces textes définissent le cadre de promotion des investissements conformément à la


stratégie globale de développement qui vise l’amélioration, la pérennisation de la croissance, la

14
création d’emplois dans tous les secteurs d’activités économiques et le bien-être social des
populations. Elle définit également les rôles respectifs de l’Etat et du secteur privé en matière
économique ;

3-La loi n°2006/012 du décembre 2006 portant régime fiscal des contrats de partenariat
public-privé

Cette loi offre des facilités fiscales aux entreprises dans le cadre de la réalisation de
grands projets infrastructurels en partenariat avec une personne morale de droit public ;

4-La loi n°2012/006 du 19 avril 2012 portant Code gazier au Cameroun

Cette loi régit le secteur gazier aval qui comprend notamment les activités de transport,
de distribution, de transformation, de stockage, d’importation, d’exportation et de vente de gaz
naturel et ses produits dérivés sur le territoire national. La loi a pour visée la promotion du
développement du secteur gazier aval au Cameroun.

5-La loi n°2013/004 du 18 avril 2013, modifiée par la loi n°2017/015 du 12 juillet 2017
portant sur les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun

Ces lois ont pour objectifs de favoriser, de promouvoir et d’attirer les investissements
productifs en vue de développer des activités orientées vers la promotion d’une croissance
économique forte, durable et partagée, ainsi que de l’emploi.
Leurs mises en application sont cadrées par des instruments règlementaires, tels que :
*Arrêté N°00000366/MINFI/SG/DGI/DGD du 19 Novembre 2013 précisant les modalités de
mise en œuvre des avantages fiscaux et douaniers de la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant
les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun
*Arrêté N°004263/MINMIDT du 03 juillet 2014 fixant la composition du dossier d’agrément
aux avantages prévus par la loi n° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à
l’investissement privé en République du Cameroun.

NB : Il convient de préciser que la loi n° 2013/004 du 13 Avril 2013 fixant des incitations
aux investissements privés en République du Cameroun. Ce texte venait abroger la loi
n°90/007 du 29 Janvier 1990 portant code des investissements et la loi n° 2002/004 du 19
Avril 2004 portant charte des investissements applicables au Cameroun.

L’un des attraits de ces lois réside dans la diversité des incitations prévues pour les
investisseurs. Ces incitations donnent la possibilité pour les investisseurs nationaux et étrangers
d’accéder sans discrimination, au bénéfice des incitations d’ordre fiscal, douanier financier et
administratif. Il est donc distingué les incitations communes et les incitations spécifiques.

LOI DE 2013

*S’agissant des incitations communes :

En matière des incitations Fiscales et Douanière :


Plusieurs incitations de cette nature sont accordées aux investisseurs pendant une durée de
quinze (15) ans dont cinq (5) pour la phase d’installation et dix (10) ans pour la phase
d’exploitation.

En phase d’installation (5 ans) l’investisseur bénéficie des exonérations suivantes :

15
 Droits d’enregistrement des opérations liées à l’implantation du projet
 TVA à l’importation des matériels
 taxes et droits de douane sur tous les équipements et matériels liés au programme
d’investissemen

En phase d’exploitation (10 ans) l’investisseur peut également bénéficier des exemptions ou
réductions :

 sur les impôts nets sur les bénéfices


 des droits de douane, ainsi que tous frais et taxes de services applicables à l’importation
d’équipements
 de toutes taxes sur le transfert, l’achat ou la vente de devises et de toutes taxes indirectes à
la consommation
 Administratives et financières
 Les incitations spécifiques

En matière des incitations administratives

Il peut être énoncé :

 La mise en place d’un visa spécifique que l’investisseur étranger peut obtenir facilement
sur simple requête auprès de l’API
 L’Opérationnalisation de Guichets d’Accueil des investisseurs dans les aéroports
internationaux du Cameroun
 L’Opérationnalisation de Guichets Uniques des Investisseurs auprès des deux (02) organes
en charge de la promotion des investissements (API et APME).

En matière des incitations financières

Il peut être énoncé :

 Droit d’ouvrir en République du Cameroun et à l’étranger des comptes en monnaie locale


et en devise et d’y effectuer des opérations
 Droit d’encaisser et de conserver librement et à l’étranger les fonds acquis ou empruntés à
l’étranger et d’en disposer librement
 Droit de transférer librement les dividendes et le produit de la cession d’actions et de payer
les fournisseurs non-résidents

*S’agissant des incitations spécifiques :

Elle s’applique à deux niveaux d’une part, aux entreprises exerçant dans la promotion des
secteurs prioritaires et d’autre part, au développement des entreprises existantes

En ce qui concerne les secteurs prioritaires

Les incitations spécifiques sont accordées aux entreprises qui réalisent des investissements
permettant d’atteindre les objectifs prioritaires ci-après:

 Développement de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage, des activités d’emballage et de


stockage des produits d’origine végétale, animale ou halieutique;

16
 Développement de l’offre touristique et des loisirs, de l’économie sociale et de l’artisanat;
 Développement de l’habitat et du logement social;
 Promotion de l’agro-industrie, des industries manufacturières, de l’industrie lourde, des
matériaux de construction, de la sidérurgie, de la construction métallique, des activités
maritimes et de navigation;
 Développement de l’offre de l’énergie et de l’eau;
 Encouragement du développement des régions et de la décentralisation;
 Lutte contre la pollution et la protection de l’environnement, promotion et transfert des
technologies innovantes et de la recherche-développement;
 Promotion des exportations;
 Promotion de l’emploi et formation professionnelle.

En ce qui concerne les incitations spécifiques accordées

 Incitations particulières
 Exonération de TVA sur les crédits relatif au programme d’investissement
 Exonération de la taxe foncière sur les immeubles bâtis ou non, faisant partie du site dédié
de l’unité de transformation et de tous prolongement immobiliers par destination
 Enlèvement directe à la demande de l’investisseur et Enlèvement au droit fixe
 Admission temporaire spéciale
 Exonération des droits de sortie pour les entreprises exportatrices

Du développement des entreprises existantes


Il s’agit des entreprises engagées dans un programme d’investissement visant l’extension de
production, le renouvellement de ses actifs, ou l’accroissement de ses performances. Durée des
bénéfices peut atteindre les 05 ans :

 Réduction des droits de douane


 Réduction de l’impôt sur les sociétés

Toutefois, il est à noter que la présente loi ne s’applique pas aux investissements dans les
secteurs qui sont régis par des codes particuliers, à l’instar du pétrole, du gaz, des mines, des
PPP.

LOI DE 2017
La loi de 2017 a tenu à apporter des modifications notables pour améliorer les
investissements au Cameroun. Deux axes se dégagent d’une part, l’obtention facilitée de
l’agrément pour tout investisseur et d’autre part, les nouveaux avantages accordés à
l’investisseur agréé (source : Analyse de la Loi n° 2017/015 du 12 juillet 2017 sur les incitations
à l’investissement privé au Cameroun – E Mining Venture And Advisory (emva-cm.com)

1. UNE OBTENTION FACILITEE DE L’AGREMENT POUR L’INVESTISSEUR


1.1. La déconcentration de l’organe délivrant l’agrément

Suivant les dispositions de l’article 19 de la loi n° 2017/015 du 12/07/2017 modifiant et


complétant les dispositions de la loi n°2013/004 relative aux incitations à l’investissement privé
en République du Cameroun : « L’agrément est accordé à l’investisseur par l’organisme en
charge de la promotion des investissements ou des petites et moyennes et entreprises, après
avis du Ministre en charge des finances, dûment annexé à l’agrément. (…). »

17
En effet, contrairement à l’ancienne disposition de la loi sur les incitations aux
investissements privés, qui conférait le pouvoir de délivrance de l’agrément au Ministre en
charge des investissements (Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement
Technologique) ; l’agrément est désormais délivré par l’Agence de Promotion des
Investissements ou des Petites et Moyennes Entreprises. Il s’agit donc de la résolution du
problème de lenteur et lourdeur procédurales, qui était engendré par la loi modifiée.

1.2. L’allègement de la procédure d’obtention de l’agrément

Conformément aux dispositions des articles 18 et 19 nouveau de la loi suscitée, la


procédure d’agrément débute par le dépôt d’un dossier auprès du Guichet Unique. Il dispose
d’un délai de cinq (05) jours pour l’examen du dossier et le transmettre au Ministre des Finances
pour avis.
Le Ministre en charge des Finances dispose d’un délai de quinze (15) jours pour donner
son avis. Le silence gardé par celui-ci vaut avis favorable. En cas d’avis favorable du Ministre
en charge des finances, l’organisme en charge de la délivrance de l’agrément dispose d’un délai
de trois (03) jours pour délivrer l’agrément.
L’on peut donc noter à travers cette loi réformatrice, une certaine rallonge de deux jours
du délai de délivrance de l’agrément. En effet, en vertu de la loi ancienne, le délai d’examen du
dossier par le guichet unique était de trois (03) jours.

2. LES AVANTAGES ACCORDES A L’INVESTISSEUR AGREE


2.1. Le bénéfice des exonérations fiscales et douanières

Conformément aux dispositions des articles 5, 6, 7 et 8, les titulaires disposant d’un


agrément au régime des incitations aux investissements privés peuvent bénéficier pendant les
phases d’installation (période ne pouvant excéder 5 ans et correspondant à la période de mise
en place de l’unité de production) ou d’exploitation (période n’excédant pas 10 ans et
correspondant à la phase de réalisation effective des activités de production. Elle débute pour
les nouveaux investisseurs dès la fin de la phase d’installation ou avant la fin de celle-ci dès la
commercialisation des produits constatés par l’Agence de Promotion des Investissements ou
l’Agence en charge de la promotion des petites et moyennes entreprises. Pour les investisseurs
déjà installés dès la mise en service des nouveaux investissements constatée par les organes ci-
dessus indiqués), des exonérations fiscales et douanières ci-après :

2.1.1. Les exonérations fiscale et douanière pendant la phase d’installation


Pendant la phase d’installation, l’investisseur bénéficie des avantages suivants :
 Exonération des droits d’enregistrement des actes de création ou d’augmentation de
capital ;
 Exonération des droits d’enregistrement des baux d’immeubles à usage professionnel
faisant partie du programme d’investissement ;
 Exonération des droits de mutation sur l’acquisition des immeubles, terrain et bâtiments
indispensables à la réalisation du programme d’investissement ;
 Exonération des droits d’enregistrement des contrats de fourniture des équipements et
de construction des immeubles et installations nécessaires à la réalisation de leur
programme d’investissement ;
 Déduction intégrale des frais d’assistance technique au prorata du montant de
l’investissement réalisé déterminé en fonction du montant global de l’investissement ;
 Exonération des droits d’enregistrement des contrats de concession ;
 Exonération de la patente ;

18
 Exonération des droits et taxes de douanes sur tous les équipements et matériels liés au
programme d’investissement ;
 Exonération de la TVA due à l’importation des équipements et matériels liés au
programme d’investissement ;
 Enlèvement direct des équipements et matériels liés au programme d’investissement
lors des opérations de dédouanement.

2.1.2. Les exonérations fiscale et douanière pendant la phase d’exploitation


Pendant la phase d’exploitation, l’investisseur peut bénéficier des exemptions ou réductions au
paiement des droits, taxes et impôts notamment :

 Le minimum de perception, l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les bénéfices
 Les droits d’enregistrement relatifs aux prêts, emprunts, avances en compte courant,
cautionnement, augmentation, réduction, remboursement et liquidation du capital social
ou à un quelconque transfert d’activités, de droits de propriété ou de jouissance
immobilière, de baux ou d’actions.
 Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers à l’occasion de la distribution de revenus ;
 La taxe spéciale sur le revenu en phase de développement de projet et de construction
sur les paiements effectués à des sociétés de produits pétroliers

En outre il peut bénéficier :

 Du report des déficits jusqu’au cinquième exercice suivant celui de leur survenance ;
 L’exemption au paiement de droits, taxes et redevances de douane sur les importations
de biens d’équipement destinés à être affectés et utilisés pour son programme
d’investissement.
Enfin, l’investisseur peut bénéficier d’un crédit d’impôt à la condition de remplir l’un des
critères ci-après :

 Embaucher au moins cinq (05) jeunes diplômés de l’Enseignement supérieur par an ;


 Lutter contre la pollution ;
 Développer des activités sportives, culturelles ou sociales ;
 Développer des activités d’intérêt public dans les zones rurales.

2.2. Le bénéfice des incitations financières et administratives

Bien que soumis à la réglementation financière en vigueur au Cameroun, les investisseurs


disposant d’un agrément au régime des incitations aux investissements privés
peuvent bénéficier des avantages ci-après :
 Le droit d’ouvrir au Cameroun et à l’étranger des comptes en monnaie locale et en
devises et d’y effectuer des opérations ;
 Le droit d’encaisser et de conserver librement à l’étranger des fonds acquis ou
empruntés à l’étranger et d’en disposer librement ;
 Le droit d’encaisser et de conserver librement à l’étranger les recettes liées à leurs
opérations, des dividendes et produits de toute nature des capitaux investis, ainsi que les
produits de la liquidation ou de la réalisation de leurs avoirs ;

19
 Le droit de payer directement à l’étranger les fournisseurs non-résidents de biens et
services nécessaires à la conduite de leurs activités ;
 Le libre transfert des dividendes et du produit de la cession d’action en cas de
désinvestissement.
 Le personnel expatrié employé par l’investisseur et résidant au Cameroun bénéficie de
la libre conversion et du libre transfert dans son pays d’origine, de tout ou partie des
sommes qui lui sont dues.

6-La loi n° 2013/011 du 16 décembre 2013 régissant les zones économiques en République
du Cameroun

Cette loi fixe le cadre général de la création, de l’aménagement et la gestion des zones
économiques, ainsi que les modalités d’admission des entreprises désireuses de s’y installer.
Elle constitue un outil d’incitation et/ou de promotion de l’investissement, des exportations, de
la compétitivité, de l’emploi, de la croissance économique et de l’aménagement du territoire ;

7-La loi n° 2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier

Cette loi régit les activités minières et promeut les investissements dans le secteur minier
en République du Cameroun. Elle vise à favoriser et à encourager la recherche et l’exploitation
des ressources minières nécessaires au développement économique et social du Cameroun ainsi
qu’à la lutte contre la pauvreté ;
Il existe un régime spécifique des investissements au secteur minier. Les mesures
incitatives prévues dans la loi n° 2016/017 du 14 décembre 2016 portant Code minier ont été
améliorées afin de promouvoir ce secteur au Cameroun.
D’importants avantages fiscaux et douaniers sont offerts aux entreprises de recherche
ou d’exploitation minière, notamment, l’exonération de la patente, l’enregistrement gratis des
actes de la société, l’exonération de la TVA sur les achats locaux et sur les importations des
matériels et équipements miniers figurant sur la liste minière, l’admission au régime temporaire
de douane pour les équipements et machines miniers, etc.
Ce code offre également des garanties de change pour les investisseurs et travailleurs
étrangers de ce secteur. En plus, il prévoit deux mécanismes susceptibles d’inciter les
camerounais à s’impliquer davantage et à développer l’industrialisation dans ce domaine, dont
l’obligation au société de droit camerounais de détenir au moins 51% de parts nationaux
et la garantie exprimé par l’Etat de la disponibilité de la matière première pour les entreprises
de transformation locale des substances minérales issues de l’exploitation artisanale et/ ou semi
mécanique.

8-La loi du 25 avril 2019, portant sur le nouveau code pétrolier

Cette loi vise à promouvoir les opérations pétrolières sur l’ensemble du territoire
camerounais. Elle fixe les modalités de prospection, de recherche, d’exploitation et de transport
des hydrocarbures, détermine le régime juridique, fiscal et douanier et de change des opérations
pétrolières, et fixe les droits et obligations liés aux opérations pétrolières ;
Il existe un régime spécifique des investissements au secteur des hydrocarbures. En
effet, la loi du 25 avril 2019, portant sur le nouveau code pétrolier en vigueur au Cameroun
octroie des mesures d’incitation de toutes natures. Ces incitations contribuent à mitiger les
risques pris par les investisseurs dans le secteur pétrolier et améliorent l’économie de leurs
projets.

20
Au plan fiscal, ce code pétrolier offre notamment des mesures de consolidation fiscale,
des périodes d’exonérations d’impôts, un taux d’imposition revu à la baisse à 35%, des
incitations à l’acquisition de données sismiques, l’exonération du paiement de bonus de
signature, etc. Le texte précise également que les programmes d’investissement spécifiques,
destinés à augmenter la production, comme la récupération tertiaire, peuvent bénéficier des
incitations.

21
SOUS MODULE 2 - THEME 2 : LES INCITATIONS FISCALES A
L’INVESTISSEMENT AU CAMEROUN
(Source MINFI : Incitations fiscales à l’investissement au Cameroun – MINFI)

NB : IL VOUS REVIENT CHAQUE ANNEE DE CONSULTER LA LOI DE FINANCES


CAMEROUNAISES POUR CONNAITRE LES EVENTUELS CHANGEMENTS.

Dans le souci de promouvoir et soutenir l’investissement, la législation fiscale en vigueur au


Cameroun a aménagé un certain nombre de régimes incitatifs.

Les incitations de portée générale

Le régime du réinvestissement

Ce régime vise essentiellement à encourager les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices
dans le renouvellement de leur outil de production. Seuls sont concernées les entreprises
opérant dans les secteurs industriel, agricole, forestier, touristique, minier ou des NTIC.

Pour être éligible, les réinvestissements doivent être réalisés sous l’une ou l’autre des formes
ci-après :

 construction ou extension d’immeubles bâtis en matériaux définitifs ;


 acquisition de matériel scellé au fonds à perpétuelle demeure, de matériel mécanique
lourd, d’engins lourds de transport ;
 acquisition de matériel spécialisé d’exploitation non susceptible d’un autre emploi
pour les entreprises relevant du secteur des nouvelles technologies de l’information et
de la communication ;
 acquisition, renouvellement ou installation des équipements de production,
transformation, conditionnement et conservation dans les activités agro-alimentaires ;
 dépenses de préparation du sol, d’ensemencement de plantations, à l’exclusion des
dépenses d’entretien, pour le secteur agricole ;
 tout réinvestissement à caractère social.

Les avantages fiscaux accordés sont :

 la réduction d’impôt sur la base de 50 % des réinvestissements admis, et sans pouvoir


dépasser la moitié du bénéfice déclaré au cours de l’année fiscale considérée. En cas
d’insuffisance pour un exercice, le report est autorisé sur les exercices suivants dans la
limite de trois exercices clos ;
 pour les entreprises du secteur des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, la réduction est accordée sur la base de 25% des réinvestissements
admis, sans dépasser le quart du bénéfice déclaré au cours de l’année fiscale
considérée ;
 en ce qui concerne les contribuables soumis au minimum de perception sur le chiffre
d’affaires, la réduction est accordée dans la limite de 50 % de l’impôt minimum.

Le régime fiscal du secteur boursier

Ce régime vise à encourager les entreprises à aller sur le marché financier afin de favoriser :

22
 la modernisation et la transparence des entreprises ;
 la mobilisation d’une épargne pour le financement long de l’économie.

Les avantages fiscaux accordés sont :

 pour les entreprises du marché des actions (art 108), réduction différenciée du taux de
l’IS de 35 % à :
 20% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux augmentations de
capital représentant au moins 20% du capital ;
 25% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux cessions de titres
à hauteur de 20% du capital social ;
 28% pendant trois ans pour les entreprises qui procèdent aux augmentations et
cessions d’actions inférieures au seuil de 20% du capital social.
 la réduction à 30% du taux de l’IS pour les entreprises qui interviennent sur le marché
obligataire et pour celles qui sont réputées faire appel public à l’épargne (article 109 et
109 bis) ;
 l’exonération des droits d’enregistrement sur les conventions et actes portant cession
de titres cotés en bourse (article 112) ;
 l’exonération de l’IRCM sur les plus-values nettes réalisées sur le marché boursier ;
 le cumul possible du régime boursier avec les autres régimes tels que le
réinvestissement, les projets structurants, le partenariat public/privé.

Le régime fiscal particulier des projets structurants

Ce régime particulier vise les entreprises qui interviennent dans des secteurs bien définis
(industriel, agricole, touristique et habitat social).

Pour être éligible, les entreprises doivent :

 être générateurs d’emplois ;


 constituer un pôle de développement économique et social ;
 donner lieu à des investissements de l’ordre de cinq (05) milliards de F CFA au
minimum pour les grandes entreprises, et 500 millions pour les PME.

Les avantages fiscaux accordés sont :

 l’exonération de la patente au titre des deux premières années d’exploitation ;


 l’enregistrement au droit fixe de 50 000 F CFA des actes et mutations immobilières
directement liés à la mise en place du projet ;
 l’exonération de la TVA sur les achats locaux de matériaux de construction et sur les
importations destinées à la mise en place du projet ;
 l’application de l’amortissement accéléré au taux de 1,25% du taux normal pour les
immobilisations spécifiques acquises pendant la phase d’installation ;
 la rallonge de la durée du report déficitaire de quatre (04) à cinq (05) ans.

Les régimes du code des investissements et des zones franches

Ces régimes réservent un traitement fiscal préférentiel aux entreprises agréées qui réalisent
des investissements productifs au Cameroun.

23
Les avantages consacrés ici sont :

 l’exonération des droits d’enregistrement et de mutation ;


 la réduction de 50% de l’Impôt sur les Sociétés (IS), de l’IRPP et de l’IRCM ;
 le report sur les résultats des 05 exercices suivants, du déficit résultant de l’imputation
des amortissements normalement comptabilisés pendant les trois (03) premiers
exercices ;
 la réduction d’un montant non reportable égal à 0,5% de la valeur FOB des produits
manufacturés.

Les incitations sectorielles

Le régime fiscal des contrats de partenariat public-privé

Ce régime offre des facilités fiscales aux entreprises dans le cadre de la réalisation de grands
projets infrastructurels d’envergure en partenariat avec une personne morale de droit public.

Les avantages fiscaux accordés dans le cadre des contrats de partenariat public-privé sont :

 prise en charge par le budget de la personne publique cocontractante de la Taxe sur la


Valeur Ajoutée (TVA) relative aux importations et aux achats locaux de matériels liés
au projet ;
 enregistrement gratis des conventions et actes passés par le cocontractant de la
personne publique.
 décote de cinq (5) points en principal sur le taux de l’impôt sur les sociétés durant les
cinq (05) premières années d’exploitation ;
 enregistrement gratis des conventions et actes passés par le cocontractant de la
personne publique durant les cinq (05) premières années d’exploitation ;
 rallonge de la durée du report déficitaire de quatre (04) à cinq (05) ans ;
 application de l’amortissement accéléré consistant en la majoration de 25 % du taux
normal d’amortissement à pratiquer.

Les régimes des codes sectoriels :

Ces différents régimes s’inscrivent dans le cadre de la promotion des activités du secteur
extractif. Il s’agit plus précisément des avantages visés dans les différents codes dudit secteur
de l’économie extractive, que sont :

 le régime du code minier ; qui accorde des avantages à toute entreprise ou société de
recherche ou d’exploitation minière qui exerce ses activités en conformité avec les
dispositions du Code minier ;
 le régime du code pétrolier ; qui confère des mesures fiscales incitatives aux
entreprises pétrolières pour leurs activités de recherche, d’exploration et de production
;
 le régime du code gazier ; qui reconnaît aux opérateurs des activités du secteur
d’importants avantages fiscaux dans leur phase d’installation et dans leur phase
d’exploitation.

Les avantages octroyés par ces régimes sont essentiellement :

24
 exonération de patente durant les deux premières années ;
 réduction progressive du taux de l’Impôt sur les sociétés des entreprises concernées ;
 réduction d’impôt sur le revenu ;
 consécration d’un amortissement accéléré pour les immobilisations ;
 exonération de TVA pour les matériels acquis sur le marché local ;
 exonération des droits d’enregistrement sur les actes et conventions ;
 exonération de TVA sur les activités de recherche et de production en matière
pétrolière ;
 exonération des dividendes versés aux associés des sociétés pétrolières.

25
SOUS MODULE 2 - THEME 3 : LA CONTRACTION DU TEMPS DANS LA
CREATION D’ENTREPRISE

LA CREATION D’ENTREPRISE AU CAMEROUN (SARL)


(Source CFCE : Espace de création d’entreprise en république du Cameroun – MINFI) création
d’entreprise en république du Cameroun
Tout savoir sur la création des sociétés à responsabilité limitée et sur les établissements
auprès des Centres de Formalités de Création d’Entreprises (CFCE)

Le CFCE en bref
Le Centre de Formalités de Création d’Entreprises (CFCE) est une organisation publique
existante au Cameroun. Il en existe une représentation dans chaque région. Ils sont en
général logés dans les mêmes locaux que la Délégation Régionale du Ministère des Petites et
Moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’Artisanat, leur département ministériel de
tutelle. Son premier rôle est de conduire le processus administratif de création de nouvelles
entreprises. Ainsi, l’usager qui veut créer un Etablissement (entreprise individuelle),
une Société à Responsabilité Limitée (personne morale), la bonne adresse est le CFCE situé
dans la région dans laquelle il souhaite implanter son affaire.

Activités/Prestations
 Accompagnement administrative de la création d’entreprise
 Publication des annonces légales des entreprises
 Publication de marchés publics
 Conseils et assistance pour les PME et TPE

Modalités de création
Liste des pièces à fournir pour la création d’une Société à Responsabilité Limitée
(SARL)
 05 + N exemplaires de statuts sous-seing privé (N= nombre des associés) ;
 05 + déclaration de régularité et de conformité ;
 02 extraits de casier judiciaires de chaque associé et gérant ou au cas échéant une déclaration
sur l’honneur ;
 01 photocopie de la Carte Nationale d’Identité (CNI) de chaque associé ;
 02 photocopies de la CNI du gérant si associé si non, 01 photocopie ;
 01 plan de localisation de l’entreprise ;
 01 boite postale ;
 01 contact téléphonique ;
 Frais de création 41 500 FCFA ;
 Frais d’annonce légale 13 125 FCFA ;
 Frais de timbre (dépendant du nombre des pages du statut)

Liste des pièces pour la création d’un établissement


 02 photocopies de la Carte Nationale d’Identité (CNI) ou Acte de naissance (pour les
nationaux) ;
 02 photocopies passeport ou carte de séjour (pour étranger) ;

26
 01 photocopie acte de mariage ;
 01 extrait de casier judiciaire ou au cas échéant, une simple déclaration sur l’honneur à remplir
au service d’accueil ;
 01 plan de localisation de l’entreprise ;
 01 chemise cartonnée ;
 Frais de création : 41 500 FCFA

Documents officiels délivres par le CFCE


 01 Registre de commerce ;
 01 carte de contribuable ;
 01 attestation de création.

NB : le délai de création d’une entreprise est de 72 heures.


Pour la création en ligne ou pour toute autre information supplémentaire, cliquez sur le
lien : www.yaounde.eregulations.org.

Contacts
(+237) 222 20 45 88
(+237) 674 38 58 36
(+237) 694 54 27 37

27
SOUS MODULE 2 - THEME 4 : LES MESURES DE PROTECTION DES
INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS AU CAMEROUN

(Source : LES MESURES DE PROTECTION DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS AU


CAMEROUN – CCERE (ccere-cameroun.com) )

L’investissement étranger est protégé grâce à l’adhésion de Cameroun aux différentes


conventions internationales en matière de garantie et de protection des investissements, et la
signature de plusieurs accords bilatéraux concernant les investissements étrangers, notamment
au moins 46 conventions d’encouragement et de protection réciproque des investissements.
• Traitement juste et équitable au regard des droits et obligations attachés aux investissements
réalisés par les personnes physiques et morales étrangères
• Intangibilité des avantages acquis en cas de changement du cadre légal
• Protection de la propriété industrielle (marques, brevets d’invention, dessins et modèles,
appellations d’origine, schémas de circuits intégrés).
• Protection contre les réquisitions administratives.
• Admission en tant qu’apports extérieurs, des réinvestissements en capital des bénéfices et
dividendes déclarés transférables.
• Possibilité de transfert de capitaux et de revenus, sous réserve des dispositions réglementaires
en la matière
• Possibilité de cession des actifs composant le capital technique, acquis, sous avantages
• Automaticité des avantages

L’étudiant devra lire quelques conventions bilatérales d’investissement conclues par le


Cameroun.

28
SOUS-MODULE 3 : LES PRIVATISATIONS AU CAMEROUN

Les privatisations ont été et sont encore un trait important de la gestion du secteur public
dans de nombreux pays et principalement au Cameroun. En effet, la privatisation, comme outil
de la réforme du secteur des entreprises publiques, est alors apparue en définitive comme la
seule option possible. Les objectifs espérés ou annoncés relevaient généralement de trois
préoccupations majeures:
-réduire les déficits budgétaires et alléger la dette publique;
-stimuler le secteur privé, chargé dorénavant d'être l'outil dynamique du développement et de
l'emploi;
-promouvoir une démocratie plus affirmée par le désengagement de l'Etat et une confiance
nouvelle dans les forces de la société civile.
Ainsi, dans le cadre du programme de redressement économique et financier, le
gouvernement a entrepris de rationaliser la gestion des entreprises du secteur public et
parapublic à travers une vaste action de réformes qui implique la restructuration de certaines
entreprises, la liquidation et la privatisation d’autres.
L’un des moyens est le désengagement progressif et méthodique des secteurs productifs
à travers une politique de privatisation. A cet effet, le Cameroun s’est doté d’un cadre juridique
global et cohérent pour régir les opérations ainsi que les mesures préparatoires et
d’accompagnement.

Plusieurs textes réglementaires définissent les modalités juridiques, financières et les


techniques de privatisation. Il s’agit
-de l’ordonnance n°90/004 du 22 juin 1990 relative à la privatisation des entreprises publiques
et para-publiques telle que ratifiée par la loi n°90/070 du 19 décembre 1990 et de son décret
d’application n°90/1257 du 30 août 1990,
-du décret n°94/125 du 14 juillet 1994 portant admission de certaines entreprises du secteur
public et para-public à la procédure de privatisation et celui en date du 22 septembre 1999,
-du décret n°95/056 du 29 mars 1995 portant réorganisation de la mission de réhabilitation des
entreprises du secteur public et para-public et du décret n°97/001 du 3 janvier 1997 modifiant
certaines des dispositions précitées.
-du décret n°97/003 du 3 janvier 1997 portant organisation et fonctionnement de la commission
technique de privatisation et des liquidations..

Définition de la privatisation

Il convient donc, en Afrique particulièrement, de considérer le concept de privatisation


dans ses multiples composantes. Même réduite à son sens économique, la privatisation recouvre
des notions distinctes:
- il s'agit en premier lieu et au sens le plus strict de transférer à des actionnaires privés une partie
ou la totalité de la propriété et de la gestion d'entreprises appartenant à l'Etat et de les soumettre
au droit commun des sociétés;
- il peut s'agir aussi d'aménager les règles de gestion des secteurs publics et para-publics de
manière à rendre plus compétitives les entreprises maintenues dans le patrimoine de l'Etat:
remise en cause de certains monopoles, modification des statuts du personnel, renforcement de
l'autonomie financière, allègement des tutelles, mise en place de nouveaux systèmes
d'évaluation des performances...
- enfin, il s'agit encore de favoriser l'essor du secteur privé en créant un environnement juridique
et économique plus adapté à l'initiative privée.

29
Au Cameroun, la privatisation se définit, selon l’ordonnance (art1 al.1), comme
l’opération par laquelle l’Etat ou un organisme public ou para-public se désengage totalement
ou partiellement au profit du secteur privé des entreprises quelle que soit leur forme juridique
(établissement public, société d’Etat, société d’économie mixte ou autre), dans lesquelles il
détient tout ou partie du capital. Autrement dit, il s’agit d’un désinvestissement consistant à
diminuer, par des cessions, l’actif d’une entreprise publique ou para-publique, voire à céder
l’entreprise elle-même. En réalité privatiser signifie, de la part des pouvoirs publics,
abandonner le contrôle d’une entreprise publique ou para-publique en cédant des actions ou
d’autres titres de participation dans ces entreprises mais également cela consiste à conserver
la propriété de l’entreprise et à en confier la gestion au secteur privé.
La privatisation implique une catégorie précise de personnes. Il s’agit, selon
l’ordonnance (art 1 al.2), outre les opérateurs privés nationaux, des fonctionnaires et agents de
l’Etat, des personnels relevant des entreprises publiques et para-publiques et enfin des
investisseurs étrangers suivant les modalités qui seront définies par des textes particuliers. Les
textes utilisent indistinctement les groupes nominaux « secteur privé » et « personnes physiques
ou morales de droit privé ».
Par souci de simplification, le mot « Etat » recouvrera également organismes publics,
établissement public, société d’Etat, société d’économie mixte ou autre.

On se focalisera sur les modes ou les techniques de privatisation énumérées dans


l’ordonnance du 22 juin 1990 et mise en application par le décret n°90/1257 du 30 août 1990
(thème 1) et sur les acteurs de la privatisation (thème 2)

30
SOUS MODULE 3 - THEME 1 : LES TECHNIQUES DE PRIVATISATION
Les textes fixent 6 modalités de privatisations :
- la cession totale ou partielle d’actions ou d’actifs ou toute autre technique de cession reconnue.
Il faut préciser que ces cessions « peuvent être réalisées dans le cadre de la liquidation d’une
entreprise ou peuvent être suivies éventuellement de dissolution ou de la liquidation de
l’entreprise.
- l’entrée au capital de ces entreprises des personnes physiques ou morales de droit privé ou de
l’augmentation de leur participation au capital de ces entreprises
- la location ou la location-gérance des actifs et/ou des fournitures de commerce de l’entreprise
à privatiser
- la signature d’un contrat de gestion
- la scission
- la fusion/absorption.

Il est intéressant de relever qu’il s’agit d’une liste non exhaustive des modes de
privatisation. La finalité étant le désengagement de l’Etat, tous les moyens juridiques,
permettant d’atteindre cet objectif, sont susceptibles d’être retenus.

Il faut aussi bien comprendre que ces techniques tiennent compte des caractéristiques
propres à l’entreprise, au secteur où celle-ci opère et à la structure de son marché et surtout
répondent à des préoccupations et à des situations spécifiques. En effet, les textes distinguent
plusieurs hypothèses : l’entreprise à privatiser a un capital social reparti en action ou non,
l’entreprise a une situation financière fortement déséquilibrée ou bien l’Etat désire conserver la
propriété de l’entreprise à privatiser. A chaque situation correspond une technique de
privatisation.

On peut tenter d'analyser différentes modalités de privatisation en les classant par


commodité dans quatre ensembles distincts:
-la vente partielle ou totale des actifs des entreprises: c'est la formule de la dénationalisation;
-la sous-traitance au secteur privé existant. C'est la formule de désétatisation: l'Etat reste
propriétaire mais la gestion devient privée, ce qui requiert un investissement du secteur privé
relativement modeste. Il s'agit souvent d'un régime de transition vers un désengagement
définitif de l'Etat. Ce type de désengagement ne signifie pas pour autant l'abandon du contrôle
de l'Etat: le système des concessions, par exemple, autorise à la fois le retrait financier de l'Etat
et le maintien de son initiative;
-la libéralisation de certains secteurs d'activités des entreprises publiques en les plaçant dans un
environnement concurrentiel: il s'agit d'alléger ou de supprimer certains monopoles. C'est la
formule de la déréglementation.
-le démembrement de l'entreprise publique, qui peut aller jusqu'à la liquidation. C'est une
procédure parfois inévitable, qui s'apparente dans ses effets aux solutions précédentes.

1 La vente des entreprises publiques

La vente aux enchères de la totalité ou d'une partie du capital est le procédé le plus
courant en Afrique francophone. Le marché s'effectue le plus souvent de gré à gré ou selon la
procédure de l'offre publique de vente qui peut être limitée aux nationaux, internationale ou
mixte.
Il peut s’agir d’une cession d’actions comme d’une cession d’actifs.
S’agissant de la cession d’actions, Elle intervient lorsque l’entreprise à privatiser a un
capital reparti en action. Cependant, deux paramètres sont à prendre en considération : la

31
hauteur de la participation de l’Etat dans le capital social et sa volonté de se désengager
partiellement ou totalement de l’entreprise à privatiser.
La technique de la cession totale d’action, à une ou plusieurs personnes physiques ou
morales de droit privé, sera adoptée généralement lorsque l’Etat détient la totalité des actions
et qu’il désire se désengager totalement de l’entreprise.
La technique de la cession partielle d’action, à une ou plusieurs personnes physiques ou
morales de droit privé, interviendra lorsque l’Etat ne détient qu’une partie des actions. En
d’autres termes, il appartiendra à l’Etat de déterminer un nombre requis d’action à céder.
S’agissant de la cession d’actifs, il faut comprendre par actif, l’ensemble des biens
mobiliers et immobiliers des créances et sommes d’argent que possède une entreprise qui
figurent dans la partie gauche du bilan.
C’est une technique de privatisation qui a pour domaine de prédilection les entreprises
qui n’ont pas de capital reparti en actions ou celle dont la situation financière est fortement
déséquilibrée. A ce titre, le redressement de l’entreprise nécessite des moyens importants. La
privatisation porte sur la cession d’unités autonomes d’exploitation.
Aussi la cession des actifs, à une ou plusieurs personnes physiques ou morales de droit
privé, peut être totale ou partielle. Elle constitue, en fait, une étape vers une privatisation
complète.
A ce titre, l’entreprise est préparée effectivement en vue de la privatisation notamment
modification des statuts afin de repartir le capital social en actions et de lui appliquer les règles
des sociétés privés.

Exemples concrets

Cas du Cameroun
Le Cameroun, par exemple, a procédé ainsi au début de 1995 pour la privatisation de
Chococam, une usine de chocolat. C'était la sixième société à privatiser sur une liste de 115
entreprises publiques ou parapubliques, selon le programme engagé depuis 1989. L'Etat, qui
détenait 12 pour cent du capital de Chococam a vendu sa part au groupe Barry qui possédait
déjà 56 pour cent des actions de la société d'économie mixte. On a pu constater à l'occasion de
cette privatisation le manque apparent d'intérêt du grand public pour le rachat des actions: plus
de 9.000 actions de la Chococam furent mises en vente; un peu plus de 1.800 ont pu être
écoulées. En l'absence de bourse des valeurs, les actions paraissent difficilement négociables et
sont donc de peu d'attrait.
L'avantage des procédures des marchés de gré à gré n'est pas seulement celui de la
facilité: il permet aux pouvoirs publics d'intervenir dans l'émergence ou le développement
d'entreprises privées stables et performantes.
Au Cameroun également, la privatisation de la gestion des aéroports illustre
particulièrement bien l'opportunité des marchés gré à gré. L'Etat a organisé la recherche de
partenaires aux compétences complémentaires et a effectué, comme l'auraient fait des
investisseurs privés, des montages complexes. Jusqu'en 1993, les sept aéroports camerounais
étaient gérés par l'Asecna, une société étatique multinationale dont le siège est à Dakar. Le
gouvernement a constitué une nouvelle société de droit national, Aéroport du Cameroun (ADC),
dont le capital a été réparti entre plusieurs professionnels: Aéroport de Paris (34 pour cent),
Asecna (20 pour cent), la compagnie Cameroon Airlines (8 pour cent), la compagnie UNITAIR
(3 pour cent), la banque BICIC (3 pour cent), la Chambre du commerce et d'industrie (3 pour
cent). L'Etat a conservé 20 pour cent de participation.
En même temps, le Ministre de l'Economie et des Finances faisait publier dans les revues
nationales et internationales une lettre d'invitation " aux acquéreurs potentiels intéressés par la

32
privatisation de la CAMSUCO à lui soumettre une offre de rachat de cette société". La
Cameroon Sugar Company dispose d'une concession de 12.000 hectares et d'une usine capable
de produire 50.000 tonnes de sucre par an. C'est une offre publique de vente à des entreprises
existantes, selon la procédure la plus habituelle au Cameroun.

2 La sous-traitance au secteur privé ou la délégation de service public

Cette technique permet à l’Etat désireux de ne pas céder la propriété de l’entreprise à


privatiser, d’en confier l’exploitation à des personnes physiques ou morales de droit privé ou
bien de louer les actifs. Elle peut, à ce sujet, épouser plusieurs formes : la concession,
l’affermage et location-gérance.
Ces procédés de privatisation consistent à confier par contrat au secteur privé la gestion
d'une entreprise publique ou l'exécution d'un service public ou la réalisation d'investissements
relevant des attributions gouvernementales.
En réalité, il y a plusieurs formules, parmi lesquelles, la sous-traitance, le contrat de
gestion, la location-gérance, l'affermage, la concession ... Leur point commun est qu'il s'agit
d'une action de privatisation indirecte par la technique contractuelle, l'Etat restant propriétaire
du patrimoine.

Le système de location-gérance a été largement utilisé dans la plupart des pays de


l'espace francophone pour la reprise de nombreux hôtels appartenant à l'Etat, à l'exemple de ce
qui est pratiqué à grande échelle au Maroc: 35 hôtels sur une liste de 37 établissements hôteliers
privatisables ont été vendus (sept) ou transférés à la gestion privée.

Le contrat de gestion est le transfert de la gestion d'une entreprise publique à un groupe


privé, l'Etat restant propriétaire du patrimoine pour lequel il reçoit une redevance supposée
représenter une participation à l'amortissement des immobilisations. C'est une formule assez
souvent utilisée en Afrique francophone et notamment lorsque les investissements ont été trop
lourds pour pouvoir intéresser un repreneur privé: c'est le système le plus souvent envisagé pour
la privatisation des compagnies de chemins de fer.

Le régime des concessions est un peu différent en ce sens qu'il ne s'applique


généralement pas à une entreprise publique existante. Il s'agit, le plus souvent, d'éviter de
nouveaux engagements de l'Etat tout en lui laissant l'initiative des investissements sans en avoir
la charge. La concession (de service public est un mode de gestion d’un service public
consistant à confier la gestion à un concessionnaire recruté contractuellement agissant à ses
risques et rémunéré par des perceptions prélevées sur les usagers) est une technique qui
consiste en un transfert de la gestion et de l’exploitation d’une activité traditionnellement
assurée par une entité publique à une personne ou entité privée et ce pour une période
déterminée. Elle peut également prendre la forme d’une ouverture à l’initiative privée de
certaines activités ou secteurs auparavant assurée exclusivement par le secteur public.

Le régime de l’affermage. L'affermage (est un mode de gestion des services publics


dans lequel une personne privée (fermier), physique ou morale traite à forfait avec la
collectivité publique qui reçoit une somme fixée à l’avance, le fermier conservant le surplus des
recettes qu’il réalise ou supportant les pertes éventuelles) n'est qu'une variété de la concession
de service public. L'affermage n'est qu'une variété de la concession de service public : en
conséquence le fermier est soumis aux mêmes obligations que le concessionnaire. Seul le
mécanisme de financement des investissements permet de distinguer la concession de
l'affermage. Dans ce dernier cas, en effet, les investissements (en particulier les travaux de
premier établissement) sont financés par la collectivité publique qui les met à la disposition du

33
fermier moyennant la perception d'une redevance. En d'autres termes, les circuits de
financement des investissements sont en principe, dans ces deux contrats, les suivants :
- en cas de concession, il appartient au concessionnaire de mobiliser les fonds permettant de
payer les investissements à charge pour lui de les récupérer sur les usagers par la perception du
prix du service,
- en cas d'affermage, c'est la collectivité publique qui mobilise les fonds destinés à payer les
investissements et qui les facture au fermier sous forme de redevance pour leur mise à
disposition : le fermier refacture cette charge aux usagers.
Comme tous principes, ceux-ci souffrent d'exceptions que la pratique a largement
confirmées : c'est ainsi, par exemple, que la redevance exigée du fermier peut parfaitement
n'être pas représentative de la charge réelle de financement des investissements (étant
notamment rappelé que l'obligation fiscale ne porte que sur une redevance correspondant à
l'amortissement linéaire des investissements).
Il faut aussi noter que la distinction entre concession et affermage est moins nette qu'il
n'y paraît à la lecture de ces principes : il est très fréquent, dans un seul et même contrat, que
certains biens soient mis à la disposition du concessionnaire par la collectivité et qu'il ait
l'obligation d'en financer d'autres. Comme l'affermage n'est, encore une fois, qu'une variété de
la concession, ce dernier terme sera fréquemment retenu pour dénommer le contrat conclu.

Les formes indirectes de privatisation sont sans doute appelées à un important


développement en Afrique, compte-tenu de la pénurie de capitaux nationaux et institutionnels.
Elles sont souvent mieux acceptées politiquement et idéologiquement car le patrimoine national
est conservé par l'Etat.
Ce sont aussi des solutions pratiques, souvent plus faciles à mettre en oeuvre que la
vente des actifs des entreprises publiques. Les problèmes d'évaluation préalable sont réduits.
Mais ces modalités exigent des agents de l'Etat des compétences nouvelles pour bien négocier
les contrats avec des partenaires rompus aux montages financiers complexes. On reproche aussi
en Afrique à ces solutions d'être coûteuses car elles ont souvent nécessité la venue de nouveaux
expatriés.

3 La libéralisation de l'économie et la dérèglementation.

Le moyen le plus utilisé en la matière a été la suppression des monopoles d'exploitation


de certains services publics. C'est aussi une méthode douce, efficace et au deuxième degré, pour
organiser le désengagement de l'Etat. On parle alors de privatisation d'un secteur, plutôt que de
privatisation d'une ou de plusieurs entreprises, même si les effets à terme sont identiques. Il
s'agit, en effet d'ouvrir à l'initiative privée un secteur économique antérieurement exploité d'une
manière monopolistique par l'Etat.
La technique de l’ouverture de capital permet d’atteindre cet objectif. Elle peut prendre
la forme d’une entrée au capital des entreprises des personnes physiques ou morales de droit
privé ou de l’augmentation de leur participation au capital des entreprises publiques ou para-
publiques. Cette technique de privatisation a pour objectif de permettre à l’Etat de s’assurer
l’appui d’un partenaire à haut potentiel, soit financier, soit technique afin de dynamiser le
marché financier et de promouvoir l’actionnariat populaire.
Dans le souci d’encourager le secteur privé à prendre des participations plus
importantes dans les entreprises publiques ou para-publiques, l’Etat à la faculté d’abandonner
le droit préférentiel de souscription (le DPS est comme la prime d’émission (somme exigée des
souscripteurs à une augmentation de capital, en plus de la valeur nominal de l’action), un
moyen de sauvegarder les droits des actionnaires anciens dans la société. Toute augmentation

34
de capital en numéraire ouvre aux actionnaires, proportionnellement au montant de leurs
actions, un droit de préférence à la souscription des actions nouvelles) au profit de ces
personnes dans le cas d’un augmentation de capital ou tout simplement accepter une
restructuration du capital par transformation des créances au profit de ces personnes.

4 Le démembrement des entreprises publiques et la liquidation.

Il est parfois nécessaire ou opportun de fragmenter une entreprise publique en plusieurs


activités indépendantes ou "compartiments" pour la vendre plus facilement à des investisseurs
privés. On peut aussi vouloir par exemple isoler de l'exploitation telle ou telle activité non
rentable et qui sera ultérieurement liquidée.
Un tel démembrement peut s'opérer selon plusieurs cas de figure. L'ancienne société
peut continuer à exister sous forme publique ou privée mais avec des activités moins
nombreuses ou on peut encore constituer plusieurs entreprises autonomes.
Deux techniques permettent d’atteindre cet objectif : la fusion et la scission. Il s’agit des
dernières techniques de privatisation énumérées par les textes. La technique de la scission
intervient lorsque l’Etat dans le but de faciliter la mise en œuvre de la privatisation, partage ou
scinde le patrimoine de la société à privatiser entre plusieurs sociétés existantes ou nouvelles
(art 190 AUDSC). Quant à la technique de la fusion, c’est l’opération par laquelle 2 sociétés
se réunissent pour n’en former qu’une seule, soit par la création d’une société nouvelle soit par
l’absorption de l’une par l’autre (art 189 AUDSC).
Avant d’approfondir mes explications, il est important de préciser certains points. Les
sociétés à capital public, ayant l’Etat comme unique actionnaire ou des sociétés d’économie
mixte dont le capital est partiellement détenu par l’Etat, sont régies par l’Acte Uniforme (art1).
Ce qui implique qu’elles sont soumises au droit applicable aux restructurations notamment les
fusions et les scissions. Ensuite, une société dissoute ou en cours de liquidation peut certes
participer à une opération de fusion (art 189) mais elle ne pourra qu’être absorbée et en aucun
cas être la société absorbante.
Précisons que lors de ces opérations de restructurations, toutes les dispositions du droit
du travail et notamment celles relatives à la protection des intérêts et à la consultation des
salariés devront être respectées. La protection des salariés aura pour forme la continuité
automatique des contrats de travail. Ainsi, la société absorbante est considérée comme étant le
nouvel employeur.
La liquidation est aussi une forme primitive de la privatisation. On y a eu fréquemment
recours en Afrique dans la première phase des programmes de privatisation pour supprimer des
activités de l'Etat jugées définitivement non rentables et n'appartenant pas aux secteurs
stratégiques.
Notons aussi que la liquidation des entreprises publiques est parfois une forme de
restructuration juridique nécessairement préalable à la privatisation.

35
SOUS MODULE 3 - THEME 2 : LES ACTEURS DE LA PRIVATISATION
Source : Commission Techniques de Privatisation et des Liquidations – MINFI

Commission Techniques de Privatisation et


des Liquidations
Pour mener à bien le processus de privatisation, le Cameroun s’est doté d’un cadre juridique
global et cohérent pour en régir les opérations. Les organes chargés de la mise en oeuvre de la
privatisation au Cameroun sont :

 le Comité interministériel, organe de décision co-présidée par le Ministre des Finances et


le Ministre de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire ;
 la Commission Technique de Privatisation et des Liquidations, organe technique.

Historique de la Commission

La Commission Technique de privatisation et de liquidation (CTPL) est l’organisme


responsable de l’exécution du programme de privatisation du pays

Le cadre réglementaire pour la privatisation a d’abord été établi en vertu de l’Ordonnance


relative à la privatisation des Entreprises publiques et parapubliques (Ordonnance N° 90/004
22 Juin 1990).

Par la suite, plusieurs décrets ont été adoptés pour clarifier le cadre initial. Il s’agit du :

 Décret portant application de l’ordonnance relative à la privatisation des Entreprises


publiques et parapubliques (Décret N° 90/1257 du 30 août 1990) ;
 Décret portant Réorganisation de la Mission de Réhabilitation des Entreprises du Secteur
Public et parapublic (Décret N° 95/056 du 29 Mars 1995) ;
 Décret MODIFIANT CERTAINES dispositions du décret portant Réorganisation de la
Mission de Réhabilitation des Entreprises publiques et parapubliques (Décret N° 97/001
du 3 Janvier 1997) ;
 Décret portant organisation et fonctionnement de la Commission Technique de
privatisation et des liquidations des Entreprises du secteur public et parapublic (Décret
N° 97/003 du 3 Janvier 1997).

Rôle de la Commission

La Commission Technique de Privatisation et des Liquidations est chargée d’étudier, de


préparer et de suivre les mesures inhérentes à la conduite du processus de privatisation au
Cameroun.

Elle a notamment pour mission de :

 réaliser toutes les études préalables jugées nécessaires pour la préparation Technique de
la privatisation ;
 faire procéder à l’évaluation de chaque entreprise à privatiser ;

36
 conseiller le Comité Interministériel dans le choix de la stratégie et du mode de
privatisation ;
 procéder à la mise en place des mesures préparatoires éventuelles ;
 proposer les mesures d’accompagnement des opérations de privatisation ;
 lancer les appels d’offres et recevoir les offres ;
 dépouiller et évaluer les offres reçues ;
 négocier avec les adjudicataires ;
 préparer le closing des transactions ;
 faire le suivi post-transaction.

Organisation de la Commission

La CTPL est placée sous la supervision du Ministre des Finances. Elle comprend :

 un Président
 un Vice-président
 des experts

Selon la Commission Technique de Privatisation et des Liquidations (CTPL, 2003), l’on


peut considérer que la mise en œuvre du programme de privatisation au Cameroun s’est
effectuée en trois phases :
– La première phase du programme
Le démarrage du programme a lieu avec la publication de la première liste des entreprises à
privatiser par le décret N° 90/1423 du 03 Octobre 1990 portant privatisation de certaines
entreprises du secteur public et parapublic. Il s’agit d’une quinzaine d’entreprises évoluant dans
des secteurs divers tels l’agro-industrie (OCB et CAMSUCO), l’industrie du bois (COCAM et
SOFIBEL), l’imprimerie (CEPER et Imprimerie Nationale), l’élevage (ONDAPB). A ce jour,
l’Etat s’est désengagé de la quasi-totalité des entreprises à privatiser de la première liste à
l’exception de l’Imprimerie Nationale qui a été retirée du programme de privatisation en Juin
1994, à cause de son caractère particulier d’entreprise de service public.
– La deuxième phase du programme
La liste qui illustre la deuxième vague d’entreprises à privatiser est publiée par le décret N°
94/125 du 14 Juillet 1994. Cette deuxième phase marque l’entrée en scène des grandes
entreprises de l’économie camerounaises dont la CDC, la SOCAPALM, la SODECOTON, la
REGIFERCAM et la CAMAIR. A ce jour, seule la SODECOTON, la CAMTEL et dans une
moindre mesure la CAMAIR (dont la décision finale n’a pas encore été prise malgré des
avancées considérables du processus de privatisation) parmi ces entreprises n’ont pas encore
été privatisées.
– La troisième phase du programme
Celle-ci intervient avec le discours du chef de l’Etat le 1er Juin 1995 et connaît l’introduction
des grandes entreprises pourvoyeuses de services publics dans la liste des sociétés à privatiser.
On peut citer la SONEL, INTELCAM et la SNEC. Finalement, le décret 99/012 du 22
Septembre 1999 précisera formellement la liste des autres entreprises à intégrer dans le
processus. Outre les entreprises productrices de services publics, on y retrouve la CIMENCAM
et la SCDP.
Ainsi, les secteurs concernés et qui étaient jusque là monopolistiques ont connu de profondes
réformes avec notamment la création d’organes de régulation (ART pour les
télécommunications ou ARSEL pour l’électricité).

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Article de presse

Cameroun : 12 sociétés d'Etat sur 28 en difficulté (latribune.fr)

Cameroun : 12 sociétés d'Etat sur 28 en difficulté


La Tribune Afrique
04 Févr 2017, 12:07
(Crédits : Reuters)

Les sociétés d'Etat au Cameroun sont en difficulté. Sur les 28 entreprises gérées par l'Etat et
répertoriées, et dont les résultats ont été présentées dans la loi de finances 2017, douze
présentent des comptes déficitaire.
Les deux dernières années n'ont pas été roses pour les sociétés d'Etat au Cameroun. Selon le
Quotidien de l'Economie, sur les deux dernières années, 12 sociétés d'Etat sur 28 présentent
des bilans déficitaires. Ce quotidien faisant référence aux statistiques contenues dans les
annexes de la loi de Finances 2017 a réussi à démontrer l'incohérence entre les
investissements et les entrées de ces entreprises. Par exemple, l'Agence Nationale des Forêts
(ANAFOR), qui en 2015 a un déficit net de 31 millions de Fcfa. L'exercice précédent était
pire avec un déficit de 132 millions de Fcfa.
Quant à la compagnie aérienne nationale (Camair-Co), elle a accusé un déficit de 10 milliards
de Fcfa en 2015 et d'un peu moins de 17 milliards de FCFA en 2014. La Cameroon postal
services (CAMPOST) de son côté, est déficitaire d'un montant de 1,271 milliards de Fcfa
contre 2,9 milliards en 2014. L'agro-industriel, deuxième employeur après l'Etat, la Cameroon
development cooperation (CDC) présente aussi un déficit. Un chiffre négatif de 10,53
milliards de Fcfa en 2015 contre 5,4 milliards de Fcfa en 2014. Au cours de ces deux dernières
années, aucun dividende n'a été reversé à l'Etat, apprend-on. Mais le drame ne s'est pas arrêté
là.
La société Electricity development corp (EDC), maître d'ouvrage du barrage réservoir de Lom
Pangar, a accusé un déficit de 2,92 milliards en 2015. En 2014, elle était en perte avec 3,5
milliards. Pendant ce temps, l'Imprimerie enregistre un déficit de 328 millions de Fcfa en
2015, pour 495 millions un an plus tôt. Quant au Laboratoire national vétérinaire
(LANAVET), il affiche un résultat net déficitaire de 772,7 millions de Fcfa contre 250
millions l'année précédente. La Société d'Expansion et de Modernisation de la Riziculture de
Yagoua (SEMRY), fera encore montée le déficit avec 914,9 millions de Fcfa en 2015 contre
899 millions de Fcfa en 2014. Et chaque milliard de déficit en appelant un autre.
La société Immobilière du Cameroun (SIC) fera le plafond en affichant un résultat net d'un
déficit record de 2,124 milliards en 2015, alors qu'en 2014, ce résultat était positif à hauteur
de 1,232 milliard de Fcfa.

Une solution de sortie de crise proposée par le FMI

Bien avant le Quotidien de l'Economie, c'est le Fonds monétaire international (FMI), qui
dénonçait dans un rapport rendu public, cette situation dramatique. Pour permettre au
Cameroun de rendre productives ses entreprises, le l'FMI a suggéré à l'Etat camerounais de
supprimer ses subventions à leur avantage, ou alors de conditionner son aide par une gestion
plus rigoureuse. Aussi pour arrêter le gâchis, une liste des sociétés publiques ou parapubliques
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devant faire l'objet d'une privatisation a été arrêtée de commun accord avec le FMI. Liste déjà
bien longue (près d'une trentaine au total), contenue dans un portefeuille d'entreprises à
privatiser.
Le pays est sous ajustement et il lui est prescrit de se désengager d'un ensemble de secteurs
en cédant ses parts à des privés. Entre temps, c'est la directrice du FMI elle même, Christine
la Garde, chef de la mission conjointe FMI / Banque mondiale qui s'était déplacé pour
s'assurer que le Cameroun suivait le chronogramme de la mise en œuvre de la privatisation
de ces entreprises.

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MODULE 2 : DROIT DES SOCIETES, DROIT DU CREDIT ET
DEFAILLANCE D’ENTREPRISE
Une des finalités principales des procédures collectives d'apurement du passif est la
préservation des intérêts des créanciers. Il se trouve cependant, paradoxalement, que l'ouverture
d'une telle procédure entraîne plutôt une réduction des droits de ces derniers.
L'explication de cette situation est simple; elle est liée au fait qu'on tient à traiter de
manière égalitaire et juste les créanciers dont les droits sont nés antérieurement à la décision
d'ouverture. En effet, en instituant entre les différents créanciers une discipline collective, les
procédures collectives établissent par la même occasion une certaine égalité et par là même une
certaine solidarité dans le malheur.
Il ne s'agit toutefois, comme le soulignent certains auteurs, que d'une égalité et d'une
solidarité relative. En effet, les créanciers munis de sûretés sont en quelque sorte plus égaux
que les autres ; ils ont en effet de meilleures chances de désintéressement ou de paiement.
Un auteur a d'ailleurs, pour souligner la précarité de la situation des créanciers
chirographaires, comparer ces derniers à de « misérables fantassins par rapport aux blindés
représentés par les créanciers munis de sûretés».
La question est alors ici de savoir quel est exactement le sort réservé aux sûretés dont
bénéficient certains créanciers lorsqu'il y a ouverture d'une procédure collective ?
Avant d’aborder les différentes situations des créanciers titulaires de sûretés notamment
les sûretés résistantes aux procédures collectives, le sort des sûretés personnelles dans les
procédures collectives, le sort des sûretés réelles classiques dans les procédures collectives, il
convient au préalable de s’appesantir sur la situation générales des créanciers dans les
procédures collectives.

NB : L’objectif ici est de cibler les sûretés permettant de garantir un taux de recouvrement
particulièrement important. Les sociétés commerciales doivent être sensibles à cette
problématique.

CHAPITRE 1 : SITUATION GENERALE DES CREANCIERS ET DES


CONTRACTANTS DANS LES PROCEDURES COLLECTIVES

Section 1 : Modifications générales apportées à la situation des créanciers et


cocontractants

Si l’on procède à un examen de la situation de l’ensemble des créanciers et des


cocontractants de l’entreprise en difficulté, envisagés d’une manière générale, trois grandes
tendances peuvent être notées au sein des modifications apportées à leur situation par le nouvel
AUPC : tout d’abord, un net accroissement de leur protection à l’encontre d’une utilisation
frauduleuse par le débiteur des procédures d’apurement du passif, ensuite, une volonté de leur
assurer un traitement plus égalitaire et, enfin, une diminution des restrictions apportées à leurs
droits.

P1/-Protection des créanciers contre une utilisation frauduleuse des procédures


d’apurement du passif

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On a bien souvent reproché à l’ancien AUPC de favoriser des fraudes au détriment des
créanciers, et ce notamment dans le cas de l’ancienne procédure de règlement préventif parfois
considérée comme une faveur octroyée à un débiteur in bonis, afin de lui permettre de ne pas
payer certains de ses créanciers pendant un temps plus ou moins long selon la complaisance de
la juridiction compétente. Le nouvel AUPC s’est donc efforcé de lutter contre de tels
comportements frauduleux.
Il l’a fait, tout d’abord, en créant une nouvelle forme de procédure préventive, la
conciliation (AUPC, art. 5-1 et s.), qui, à la différence du règlement préventif, n’entraîne pas
la suspension des poursuites individuelles et, de ce fait, ne peut donc pas constituer une
manœuvre dilatoire pour le débiteur.
Il l’a fait également en encadrant strictement les délais des nouvelles procédures
collectives, de telle sorte que si les créanciers y participent volontairement, ou s’ils y sont
soumis, cela ne retarde pas d’une manière excessive leur possibilité d’agir en paiement contre
le débiteur dans l’hypothèse où, finalement, le redressement de l’entreprise en difficulté ne
pourrait pas être obtenu.
-C’est ainsi que la procédure de conciliation voit sa durée maximale limitée
à quatre mois et qu’une nouvelle procédure de conciliation ne peut pas être ouverte si une autre
est déjà en cours ou avant l’expiration d’un délai de trois mois après l’échec d’une précédente
tentative de conciliation (AUPC, art. 5-3).
-De même, dans le cas de la nouvelle procédure de règlement préventif, la
suspension provisoire des poursuites individuelles en résultant voit également sa durée
maximale limitée à quatre mois (AUPC, art. 9) et il est impossible de demander l’ouverture
d’un nouveau règlement préventif si un concordat de règlement préventif est en cours
d’exécution ou avant l’expiration d’un délai de trois ans à compter de l’homologation d’un
précédent concordat, ou encore avant l’expiration d’un délai de dix-huit mois à compter de la
fin d’un règlement préventif n’ayant pas abouti à un concordat préventif (AUPC, art. 6).
-De même, également, une procédure de redressement judiciaire ne peut
durer plus de neuf mois sans être automatiquement convertie en liquidation des biens par
la juridiction compétente, et ce d’office ou à la demande de tout intéressé (AUPC, art. 33,
al. 6).
Il faut ajouter ici que le nouvel AUPC a, en outre, fait en sorte que les créanciers
puissent recouvrer plus rapidement leur droit de poursuite individuelle. Tel est notamment
le cas au sein d’une procédure de règlement préventif en cas de non-respect des brefs délais
imposés pour le dépôt du rapport de l’expert au règlement préventif (AUPC, art. 13) ou pour
que la juridiction compétente prenne la décision d’homologuer ou non le concordat (AUPC,
art. 14). Bien évidemment, la suspension des poursuites individuelles prend également fin en
cas d’annulation ou de résolution du concordat préventif ou du concordat de redressement
judiciaire, lesquelles permettent alors aux créanciers de réaliser leurs sûretés réelles (AUPC,
art. 18, al. 2, et 134, al. 4).
Le nouvel AUPC poursuit également cet objectif de moralisation des procédures
collectives en décidant que, désormais, l’ouverture de la procédure de règlement préventif
emportera, en elle-même, la suspension des poursuites individuelles pour toutes les créances
antérieures à cette ouverture, à l’exception des seules créances salariales et d’aliments (AUPC,
art. 9), et non plus seulement à l’égard des seuls créanciers visés par la requête du débiteur, ce
qui était une source de fraude, mais ici la protection contre les manoeuvres frauduleuses rejoint
un autre aspect des évolutions générales des droits des créanciers, à savoir le renforcement de
leur traitement égalitaire

P2/ -Renforcement du traitement égalitaire des créanciers

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La volonté de placer sur un pied d’égalité tous les créanciers ou cocontractants se
trouvant dans des situations similaires se manifeste à plusieurs reprises au sein du nouvel
AUPC.
Parfois, cela se fait au détriment des créanciers :
- C’est ainsi que le nouvel AUPC consacre, en matière de conciliation, la
possibilité pour le juge de suspendre les poursuites d’un créancier qui profiterait des
négociations pour essayer de gagner du temps par rapport aux autres créanciers en exerçant
immédiatement une action en paiement ou en diligentant une mesure d’exécution (v. AUPC,
art. 5-7, inspiré de C. com. français, art. L. 611-7, al. 5).
- De même, on peut constater, en matière de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens et dans le nouvel article 75, alinéa 2 de l’AUPC (inspiré de C. com.
français, art. L. 622-21, II), une extension du domaine d’application de la suspension des
voies d’exécution à « toute procédure de distribution n’ayant pas produit un effet attributif
avant la décision d’ouverture », ce qui implique non seulement que la suspension s’applique
dans le cas d’un séquestre conventionnel investi avant l’ouverture de la procédure collective
d’une mission de distribution de fonds provenant de la vente d’un bien appartenant au débiteur,
mais aussi que l’élément de référence pour savoir si une procédure de saisie est ou non
suspendue soit désormais la date de répartition du prix de vente entre les créanciers et non plus
la date à laquelle le bien saisi est sorti du patrimoine du débiteur
Parfois, au contraire, le renforcement du traitement égalitaire profite aux
créanciers ou aux cocontractants.
-Ainsi, le nouvel AUPC étend à tous les garants de la dette d’autrui la
possibilité, antérieurement uniquement prévue dans le cas des cautions, de reprendre des
poursuites après la clôture d’une liquidation des biens pour insuffisance d’actif (AUPC, art.
174).
-De même, le report du point de départ du délai de production d’une
créance à la date de réception d’un avertissement personnel d’avoir à produire donné par
le syndic, qui ne concernait antérieurement que les créanciers titulaires d’une sûreté publiée,
s’applique désormais également à tous les cocontractants ayant publié leur contrat conclu avec
le débiteur en difficulté (AUPC, art. 79, al. 1er), ce qui correspond également à une volonté
législative plus générale de diminution des restrictions apportées aux droits des créanciers et
des cocontractants du débiteur.

P3/ -Diminution de certaines des restrictions apportées aux droits des créanciers

Certaines des modifications apportées à l’AUPC sont importantes.


- Tel est notamment le cas de la modification de la sanction du défaut de
production de créance en temps utile, le législateur OHADA ayant ici suivi l’exemple du
législateur français et abandonné cette sanction excessive, que constituait l’extinction de la
créance non produite, pour une simple inopposabilité à la masse et au débiteur pendant la
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, ainsi que pendant la période
d’exécution d’un éventuel concordat de redressement judiciaire (AUPC, art. 83). Un tel
changement est important et a, par exemple, pour conséquence qu’en cas de liquidation des
biens le créancier négligent pourra agir en paiement contre la caution.
- Tel est également le cas du nouveau régime juridique de la continuation
des contrats en cours à propos duquel il est bien précisé qu’il ne s’applique pas à la
continuation du bail consenti à l’entreprise en difficulté (AUPC, art. 97, al. 2), laquelle fait
l’objet de dispositions spécifiques, et où l’alignement sur le droit français se traduit notamment
par une meilleure protection du cocontractant puisqu’il est désormais précisé que le contrat est
continué aux conditions en vigueur au jour de l’ouverture de la procédure collective (AUPC,

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art. 108, al. 3) et que le contrat est résilié de plein droit si le syndic ne répond pas à la mise en
demeure de prendre parti adressée par le cocontractant ou s’il ne fournit pas la prestation
promise (AUPC, art. 109).

Section 2 : la création d’un privilège du « new money »

L’exemple français a été suivi et même très largement amplifié par le nouvel AUPC
puisqu’un privilège de « new money » similaire y a été créé au profit de ceux qui consentent à
apporter de l’argent frais ou de nouveaux biens ou services à l’entreprise en difficulté, et ce non
seulement lors d’une procédure de conciliation (AUPC, art. 5-11), mais aussi à l’occasion d’un
règlement préventif (AUPC, art. 11-1) ou même d’un redressement judiciaire (AUPC, art. 33-
1).
En outre, ce privilège de « new money » se voit ici doté d’un rang nettement meilleur
que celui que lui confère le droit français, puisqu’il l’emporte sur toute autre sûreté, y compris
le superprivilège des salariés et le privilège des frais de justice, selon le classement établi par
les nouveaux articles 166 et 167 de l’AUPC.
En revanche, deux autres différences par rapport au droit français viennent amoindrir,
quelque peu, l’intérêt de ce nouveau privilège de « new money » :
-d’une part, ce privilège ne peut être invoqué, selon l’AUPC, qu’en cas
d’ouverture subséquente d’une procédure de liquidation des biens. et l’on peut ici s’interroger
sur la logique de l’exclusion de son application lors de l’ouverture subséquente d’un
redressement judiciaire, et cela d’autant plus que lorsqu’un débiteur ayant antérieurement
bénéficié d’un accord de conciliation ou d’un concordat préventif demande l’ouverture d’un
redressement judiciaire, il doit fournir une attestation indiquant « le montant des créances
restant dues aux créanciers bénéficiant du privilège de l’article 5-11 et de l’article 11-1 (...)
ainsi que leurs noms et domiciles » (AUPC, art. 26, 8º). Il est vrai, toutefois, qu’en pratique il
sera sans doute très exceptionnel qu’un redressement judiciaire soit ouvert après une
conciliation ou un règlement préventif dans lesquels un apport d’argent frais aura été effectué,
l’échec de la tentative de sauvetage de l’entreprise se traduisant, le plus souvent, par l’ouverture
d’une liquidation des biens. En outre, le sort des apporteurs d’argent frais à l’occasion d’une
procédure de redressement judiciaire n’est pas totalement ignoré au sein de cette même
procédure puisque le concordat de redressement judiciaire ne pourra être homologué que si les
créanciers bénéficiaires du privilège énoncé par l’article 33-1 de l’AUPC, et les montants qui
sont ainsi garantis, sont expressément mentionnés au sein du concordat (AUPC, art. 127) ;
-d’autre part, le nouvel AUPC ne consacre pas au profit des bénéficiaires du
privilège de « new money » un droit au paiement à l’échéance, ce qui réduit quelque peu l’intérêt
de cette sûreté en pratique, puisque les créanciers dont les créances seront nées après l’ouverture
de la liquidation judiciaire pourront, eux, être payés à l’échéance et l’emporter, de facto, sur les
bénéficiaires de ce privilège de « new money ».

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CHAPITRE 2 : LES SURETES RESISTANTES AUX PROCEDURES COLLECTIVES

La résistance d’une sûreté face à la procédure collective indique une réaction à


l’encontre d’une tension. Il s’agit d’une altération du droit des contrats en général, lequel est
subordonné à l’impératif de sauvegarde économique de la société en procédure collective
comme à la nécessité d’imprimer une discipline collective au sein des créanciers dans le cadre
des répartitions de l’actif du débiteur
On remarque une résistance totale à la procédure collective par certaines sûretés réelles
conventionnelles. Il s’agit des sûretés conférant un droit d’exclusivité au créancier ou encore
dénommée propriété-sûreté (propriété retenue ou cédée à titre de garantie).
La révision de l’AUS a créé un nouveau chapitre qui d’une part intègre une
réglementation en partie renouvelée de la réserve de propriété et d’autre part consacre la validité
la propriété cédée à titre de garantie. L’AUS admet désormais deux formes possibles de
propriétés-sûretés : la propriété retenue à titre de garantie et la propriété cédée à titre de garantie
(article 71).

Section 1 : La propriété retenue à titre de garantie : la réserve de propriété.

Selon l’article 72 de l’AUS, le créancier titulaire d’une clause de réserve de propriété


demeure propriétaire du bien meuble transféré à son cocontractant tant que l’obligation qui
constitue la contrepartie du transfert n’a pas été intégralement payée au cédant. En ce sens elle
est une technique originale d’affectation du bien en garantie puisque le créancier est
propriétaire ab initio dudit bien et qu’elle opère en tant que mécanisme suspensif de l’exécution
du contrat, le transfert de propriété étant retardé jusqu’à l’exécution de l’obligation. Cette
suspension n’empêche pas le débiteur d’être en possession du bien réservé.
Par ailleurs, la réserve de propriété peut se reporter, si à l’ouverture de la procédure
collective le bien ne se trouve plus en nature dans le patrimoine du débiteur, sur le prix de
cession perçu par le débiteur si ce dernier a cédé le bien réservé ou sur le prix de cession que le
sous-acquéreur doit verser au débiteur si ce dernier n’a pas payé son co-contractant
Cette sûreté n’est opposable aux tiers qu’après publication au RCCM (article 74).
Efficacité face à la procédure collective du contractant
En cas de procédure collective, peuvent être revendiqués les marchandises et les objets
mobiliers faisant l’objet d’une réserve de propriété.
À l’ouverture de la procédure collective du débiteur, le créancier titulaire de la réserve
de propriété pourra l’opposer à la procédure à condition que soient respectées les conditions
des articles 73 et 74 de l’AUS (la réserve de propriété doit faire l’objet d’un écrit, signé au
plus tard au jour de livraison du bien réservé). L’efficacité de la sûreté est ensuite sujette à
l’issue de la revendication par le créancier de la propriété du ou des biens meubles présents
dans le patrimoine du débiteur ou de toute autre personne les détenant pour son compte.
La revendication s’effectue dans un délai de trois mois à compter de l’ouverture de la
procédure (article 103 alinéa 3 AUPCAP) à moins qu’il n’en soit dispensé ce qui est le cas si le
contrat comprenant la clause de réserve de propriété a été valablement publié avant le jugement
d’ouverture de la procédure collective ((article 101-3 AUPCAP nouveau). Dans ce cas, le
créancier peut demander la restitution « expresse » dans les conditions de délai fixées. C’est
une dispense de revendication.

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Section 2 : La propriété cédée à titre de garantie : la cession à titre de garantie et le
transfert fiduciaire d’une somme d’argent.

P1/-La cession de créance à titre de garantie (articles 80 à 86)

Une créance détenue sur un tiers peut être cédée à titre de garantie de tout crédit consenti
par une personne morale nationale ou étrangère, faisant à titre de profession habituelle et pour
son compte des opérations de banque ou de crédit.
Le transfert immédiat de la propriété de la créance cédée, quelle que soit la date de
naissance, d’échéance ou d’exigibilité, emporte des conséquences importantes en cas de
procédures collectives du cédant.
Efficacité face à la procédure collective du cédant débiteur
La cession de créances à titre de garantie est une sûreté efficace face à la procédure
collective du débiteur du cessionnaire. La créance cédée étant « sortie » du patrimoine du
cédant, et ce transfert de propriété étant opposable aux tiers, autre que le débiteur cédé, dès
l’inscription au RCCM, les effets protecteurs de la procédure collective sur le patrimoine du
débiteur n’entravent pas le recouvrement de la créance garantie entre le cessionnaire et le cédé
puisque le règlement de la dette est assuré par le cédé.
En effet, lorsqu’une créance née d’un contrat à exécution successive (par exemple une
créance de loyers) est cédée à titre de garantie et que par la suite le cédant fait l’objet de
l’ouverture d’une procédure collective, cette ouverture ne remet pas en cause l’efficacité de
la cession puisque la propriété de la créance cédée est déjà sortie du patrimoine du cédant.
NB : Revoir de la différence entre l’absence de notification, la notification et
l’acception du débiteur cédé.
On comprend que l’atout majeur de la cession à titre de garantie réside dans la possibilité
d’obtenir paiement d’une créance par un tiers, le cédé, en remplacement du paiement de la
créance du débiteur originel, le cédant.
En ce sens la procédure collective du cédant est indolore pour le cessionnaire puisqu’il
perçoit le paiement de sa créance malgré l’interdiction des paiements ou des poursuites
bénéficiant au cédant. En cela la cession à titre de garantie résiste totalement à la procédure
collective du débiteur

P2/-Le transfert fiduciaire d’une somme d’argent (articles 87 à 91)

Le transfert fiduciaire d’une somme d’argent est la convention par laquelle un


constituant cède des fonds en garantie de l’exécution d’une obligation. Ces fonds doivent être
inscrits sur un compte bloqué, ouvert au nom du créancier de cette obligation, dans les livres
d’un établissement de crédit habilité à les recevoir.
Il s’agit d’une véritable sûreté fiduciaire transférant la propriété des fonds affectés en
garantie au créancier bénéficiaire de cette sûreté.
L’opposabilité aux tiers du transfert fiduciaire d’une somme d’argent se fait dès la date
de notification à l’établissement teneur du compte. Il n’y pas lieu de procéder à une inscription
au RCCM.
Efficacité face à la procédure collective du constituant débiteur
Le compte bloqué ouvert est bien au nom du créancier qui est seul propriétaire de ces
fonds (ou plus exactement de la créance de restitution desdits fonds à l’encontre de
l’établissement de crédit qui en est le dépositaire). Il n’est plus nécessaire que le constituant ou
ses créanciers ne peuvent retirer les fonds ou qu’une procédure collective ouverte à l’encontre
du constituant ne remet pas en cause l’efficacité de cette sûreté. Ces différentes conséquences
se déduisent du seul fait que le constituant n’est pas le titulaire dudit compte.

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Section 3 : Protection générale des sûretés fondées sur l’exclusivité

P1/-Généralités

L’introduction par le nouvel AUS des propriétés-sûretés au sein des sûretés réelles a
rendu nécessaire la modification des textes qui, antérieurement, visaient les sûretés réelles sans
distinction, lorsque leur application n’a pas de sens s’agissant des sûretés fondées sur l’octroi
ab initio d’une situation d’exclusivité.
Ainsi, dans le cas du règlement préventif, les sûretés réelles visées par la suspension des
poursuites font désormais l’objet d’une énumération limitative, laquelle ne comprend que les
sûretés réelles traditionnelles et non les propriétés-sûretés (AUPC, art. 9, al. 3).
De même, l’article 134, alinéa 4, de l’AUPC, relatif aux effets du concordat judiciaire à
l’égard des créanciers titulaires de sûretés, a pris soin de réserver la possibilité pour ces
créanciers d’agir contre un tiers afin de préserver leurs droits, ce qui peut notamment
s’appliquer dans le cas d’une action en paiement exercée à l’encontre du débiteur d’une créance
nantie ou cédée à titre de garantie (la logique voudrait que cette règle s’applique également dans
le cas du concordat de règlement préventif, bien que l’article 18 de l’AUPC n’ait rien prévu à
ce propos).

P2/- Le droit de rétention

De même encore, Le droit de rétention n’est pas affecté par les procédures
collectives. Le législateur OHADA a dû, au sein de l’article 149 de l’AUPC, ajouter le droit de
rétention conventionnel à l’énumération des sûretés pour lesquelles le syndic peut payer le
créancier pour retirer le bien concerné et, logiquement, cette règle devrait s’appliquer également
en cas de redressement judiciaire en dépit du silence de l’AUPC à ce propos.
Enfin, il a été nécessaire de prendre en compte la réforme de l’AUS au sein des nouveaux
articles 166 et 167 de l’AUPC énonçant les classements des droits de préférence pour en exclure
expressément les sûretés bénéficiant d’un droit de rétention et les propriétés-sûretés.
Inversement, il a pu paraître logique de se référer de manière générale à la catégorie des sûretés
réelles lorsqu’il était opportun qu’un article de l’AUPC s’appliquât désormais également dans
le cas des propriétés-sûretés. C’est la raison pour laquelle le nouvel article 68, 5º, de l’AUPC,
relatif aux inopposabilités de droit de la période suspecte ne contient plus une énumération de
sûretés réelles traditionnelles mais vise d’une manière plus générale « toute sûreté réelle
conventionnelle constituée à titre de garantie d’une dette antérieurement contractée, à moins
qu’elle ne remplace une sûreté antérieure d’une nature et d’une étendue au moins équivalente
ou qu’elle soit consentie en exécution d’une convention antérieure à la cessation des paiements
». Cette dernière réserve permettant notamment de protéger les cessions de créance à titre de
garantie qui ont été effectuées en application d’une convention-cadre signée avant la cessation
des paiements de l’entreprise.

P3/-Le nantissement de créance : le droit exclusif au paiement

Des remarques identiques doivent être formulées sur le nantissement de créance


qui instaure un droit exclusif au paiement. Il s’agit d’un mécanisme assurant au créancier la
garantie d’être payé de sa créance au moyen du nantissement. Contrairement à la cession à titre
de garantie qui repose sur le droit de propriété pour s’opposer au droit des procédures
collectives, le nantissement de créance est déterminant en matière de procédures collectives dès
lors qu’il y a eu une notification expresse au débiteur de la créance nantie. L’effet de cette
notification est le même que pour la cession à titre de garantie : elle interdit au débiteur de payer

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quelqu’un d’autre que le créancier nanti. Le texte est clair sur la portée du mécanisme : seul le
créancier reçoit valablement paiement de la créance (article 132 alinéa 2 nouveau), ce qui
signifie que ni le créancier d’origine ni aucun de ses autres créanciers ne peuvent recevoir le
paiement. Il s’agit d’un droit exclusif au paiement dont les effets sont reconnus aussi bien à
l’article 226 de l’AUS qu’à l’article 167 de l’AUPCAP. Il permet au bénéficiaire, le créancier
nanti d’échapper au classement des sûretés en cas de distribution des deniers dans l’hypothèse
d’une réalisation. Cela implique le nantissement ait fait l’objet d’une inscription au RCCM car
à défaut, il ne serait pas opposable aux tiers de même que le droit exclusif au paiement qui lui
est attaché en cas de notification).

P4/- Le créancier revendiquant (propriétaire du bien)

La révision a considérablement amélioré la situation du créancier revendiquant :


Tout d’abord, le dernier alinéa modifié de l’article 63 de l’AUPC contient désormais
une précision nouvelle selon laquelle « l’absence d’inventaire ne fait pas obstacle à l’exercice
des actions en revendication ou en restitution ».
Ensuite, on remarquera la suppression de l’avant-dernier alinéa de l’ancien article 78 de
l’AUPC qui imposait au créancier revendiquant de produire sa créance. Cette suppression est
heureuse s’agissant des actions en revendication en général, mais dans le cas particulier de la
propriété-sûreté, elle laisse à la jurisprudence le soin de décider si, dans le silence des textes, le
caractère accessoire de la sûreté impose une production de la créance ou pas. Il s’agit de savoir
si le droit de propriété est ou non affecté.
Enfin, le nouvel AUPC simplifie la procédure de revendication en permettant au syndic
d’acquiescer à la demande amiable qui lui est faite (AUPC, art. 101 et s.). Le nouvel AUPC
prévoit désormais que le revendiquant doit adresser une demande amiable au syndic dans un
délai de quatre-vingt-dix jours suivant la deuxième insertion de la décision d’ouverture de la
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens dans un journal d’annonces
légales de l’État partie concerné. Si le syndic refuse ou s’il ne répond pas à cette demande
amiable dans un délai de trente jours courant à compter de la réception de la demande, le
revendiquant peut alors saisir le juge-commissaire d’une action en revendication dans un délai
de trente jours qui court, lui, « à compter de l’expiration du premier délai ou de ce refus ».
Le revendiquant est dispensé du respect de ces délais si le contrat ayant pour objet
le bien revendiqué a été publié. Cette dispense s’appliquera systématiquement dans le cas
de la réserve de propriété puisque celle-ci doit nécessairement être publiée pour être
opposable aux tiers (AUS, art. 74).

47
CHAPITRE 3 : LE SORT DES SURETES PERSONNELLES DANS LES
PROCEDURES COLLECTIVES

A titre de rappel, l’ouverture d’une procédure collective consacre une impossibilité du


débiteur principal de faire face à ces engagements. Il peut s’agir ainsi soit de difficultés de
paiement soit d’une cessation de paiements. La défaillance du débiteur étant constatée, le
créancier devrait être en droit de poursuivre la caution immédiatement. Le risque pour lequel il
s’est préventivement garanti est en effet survenu. Mais faut-il pour autant ignorer dans un tel
cas la règle de l’accessoire du cautionnement ? En effet, celle-ci postule que la caution ne soit
pas tenue plus sévèrement que le débiteur principal. Or le droit des entreprises en difficulté ou
des procédures collectives semble protéger plus le débiteur principal que la caution.
La situation de la caution dans les procédures collectives est guidée par deux grandes
idées d’une part la différence de traitement entre le débiteur principal et la caution et la faculté
donnée au créancier de poursuivre la caution malgré l’ouverture d’une procédure collective.
Toutefois, la révision de l’AUPCAP a instauré un statut spécial aux garants personnes
physiques, équilibrant de ce fait, le rapport entre le débiteur principal et le garant.

P1/-Régime général du garant

A-Dans le cadre d‘une procédure de conciliation

Les personnes consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en
garantie et les coobligés peuvent se prévaloir des dispositions de l’accord (article 5-12 alinéa
2). Les créanciers parties à l’accord ne peuvent pas poursuivre les garants en paiement de leur
créance.

B-Dans le cadre d‘une procédure de règlement préventif

Les garants personnes morales notamment les coobligés et les personnes ayant consenti
une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie ne peuvent se prévaloir
des dispositions relatives à l’ouverture du règlement préventif (article 9 alinéa 5 lecture a
contrario) notamment la suspension ou l’interdiction de toutes poursuites individuelles tendant
à obtenir paiement des créances nées antérieurement à cette décision.
Les garants qui a été actionné par le créancier pour une créance née antérieurement à la
décision de suspension ne pourra pas obtenir remboursement du débiteur principal. En effet,
l’article 11 alinéa 2 de l’AUPC modifié dispose que « Il est également interdit au débiteur de
désintéresser les coobligés et les personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant
affecté ou cédé un bien en garantie lorsqu’elles ont acquitté des créances nées antérieurement
à la décision d’ouverture ». Le garant qui a payé prend la place du créancier. C’est donc
logiquement que le garant ne pourra pas se faire rembourser.
Une fois le concordat préventif homologué, la situation de la caution demeure
inchangée. En effet, l’article 18 alinéa 3 dispose que «…les coobligés ou les personnes ayant
consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie du débiteur ne
peuvent se prévaloir des délais et remises du concordat préventif ». Cela signifie que les garants
peuvent être immédiatement poursuivis pour le tout alors qu’eux-mêmes, lorsqu’ils exercent
leurs recours contre le débiteur, devront respecter les dispositions concordataires.
Ainsi pour se résumer, les garants personnes morales du débiteur ne peuvent se prévaloir
du concordat amiable pour obtenir une remise de dette ou des délais de paiement des dettes
qu’elles garantissent. Les garants ne peuvent pas non plus se retourner contre le débiteur après

48
avoir payé le créancier au titre du cautionnement accordé. Elles sont, au contraire, comme les
autres créanciers, tenues par les termes du concordat amiable.

C-Dans le cadre du redressement judiciaire et de la liquidation des biens

Il arrive souvent que le créancier d'une personne physique ou morale bénéficie d'une
garantie personnelle. Autrement dit, qu'il ait face à lui un ou plusieurs coobligés et personnes
ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie. Il s'agit de
toutes les hypothèses dans lesquelles un tiers est plus ou moins tenu au même engagement que
le débiteur en difficulté. Cela peut résulter d'une délégation imparfaite, d'une obligation
solidaire souscrite par deux ou plusieurs personnes, de l'engagement solidaire comme l'aval
d'un effet de commerce, d'un cautionnement solidaire ou de 1'obligation de garantie du garant
dans la garantie et contre-garantie autonomes.
La décision d’ouverture de la procédure de liquidation des biens rend immédiatement
exigible les dettes non échues à l’égard du débiteur seulement (article 76 AUPC). Cela
signifie que les coobligés et les personnes ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté
ou cédé un bien en garantie continuent de bénéficier des termes convenus. La différence de
traitement est favorable aux coobligés et aux personnes ayant consenti une sûreté personnelle
ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie par rapport au débiteur principal.
L'acte uniforme de l'OHADA sur les procédures collectives d'apurement du passif
aménage aux créanciers bénéficiant d'une telle garantie personnelle, notamment dans ses
articles 91 à 94, une position favorable. Le créancier dans la masse, qui a face à lui une ou
plusieurs cautions ou des coobligés in bonis ou solvables peut en effet produire pour le montant
de sa créance dans le redressement judiciaire ou la liquidation des biens et demander en même
temps paiement intégral à la caution ou au coobligé. En effet, ce dernier (personne morale) ne
bénéficie ni de la suspension des poursuites, ni de 1'arrêt du cours des intérêts. Il faut tout de
même souligner qu'il n'y a pas de déchéance du terme à l'égard de la caution ou du coobligé du
seul fait de l'ouverture de la procédure collective. Le créancier devra attendre l’échéance de la
créance avant d’actionner la caution ou le coobligé.
Par ailleurs, dans 1'hypothèse où les coobligés se retrouvent également en état de
cessation de paiement et qu'une procédure collective est ouverte à leur encontre, le créancier
dont la créance est assortie d'une garantie personnelle peut produire dans toutes les masses pour
le montant intégral de sa créance et participer aux distributions jusqu'au parfait paiement s'il n'a
reçu aucun paiement partiel avant la cessation des paiements.
Il faut enfin souligner que malgré 1'adoption du concordat, les créanciers conservent
leurs actions pour la totalité de leur créance contre les cautions et les coobligés de leur débiteur.
Ce qui revient à dire que le concordat ne leur profite pas.
Il faut préciser que le concordat peut être annulé ou résolu. L’annulation du concordat
libère, de plein droit, les personnes ayant consenti un cautionnement ou ayant affecté ou cédé
un bien en garantie du concordat sauf si celles-ci avaient connaissance du dol lors de leurs
engagements (article 140 alinéa 2 AUPC modifié). L’annulation d‘un concordat homologué ne
peut intervenir que pour cause de dol résultant d’une dissimulation d’actif ou d’une exagération
de passif découvert après homologation du concordat de redressement. La résolution peut
intervenir pour de nombreuses causes : en cas d’inexécution par le débiteur de ses engagements,
lorsque le débiteur est frappé d’interdiction, lorsque les dirigeants malgré une interdiction
continue de diriger la société (article 139 AUPC).
Contrairement à l’annulation, « la résolution du concordat ne libère pas les cautions
qui sont intervenues pour en garantir l’exécution totale ou partielle » (article 139 in fine).

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NB : Distinction entre la résolution et l’annulation. Elles produisent toutes les deux des effets
quasi identiques, à savoir qu’il est rétroactivement mis fin au concordat. Cependant, la
différence réside au niveau de leurs causes. Les causes de l’annulation sont liées à la formation
du concordat tandis que celles de la résolution tiennent à son inexécution.

P2/-Régime spécial du garant

On constate un renforcement de la protection des garants personnes physiques.


En pratique, les procédures d’apurement du passif ne peuvent être couronnées de succès
que si elles sont ouvertes le plus tôt possible, dès les premières difficultés financières des
entreprises.
Il faut donc encourager le chef d’entreprise à y avoir recours très tôt et, à tout le moins,
faire en sorte que sa fréquente qualité de caution des dettes de son entreprise ne l’en dissuade
pas en lui faisant craindre que ses créanciers agissent alors immédiatement contre lui en
paiement.
À cette fin, le législateur OHADA a adopté, au sein de l’AUPC, de nouvelles
dispositions qui viennent protéger le chef d’entreprise diligent garantissant les dettes de sa
société, et ce en le qualifiant sous la dénomination générique de « personne physique coobligée
ou ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien à titre de garantie »,
ce qui a l’avantage d’englober tous les cas de garantie de la dette d’autrui, à l’exception toutefois
de la garantie autonome puisqu’une personne physique ne peut souscrire une telle garantie en
droit OHADA (AUS, art. 40, al. 1er).
Tout d’abord, le garant personne physique va bénéficier de la suspension des
poursuites individuelles en cas de règlement préventif (AUPC, art. 9, al. 5) ou de
redressement judiciaire, y compris pendant la période d’exécution du concordat
judiciaire (AUPC, art. 75-1 nouveau), mais non dans le cas d’une liquidation des biens (le
chef d’entreprise n’ayant pas été suffisamment diligent se trouvant ainsi sanctionné en sa
qualité de garant).
Ensuite, le garant personne physique bénéficie de la règle de l’arrêt du cours des
intérêts, non pas en cas de règlement préventif, car cette règle n’existe pas alors (AUPC,
art. 10), mais en cas de redressement judiciaire et aussi, curieusement, en cas de
liquidation des biens, l’article 77 de l’AUPC, prévoyant ce bénéfice, étant commun à ces
deux procédures.
Enfin, les garants personnes physiques bénéficient des dispositions de l’accord de
conciliation (AUPC, art. 5-12, al. 2, qui octroie également ce bénéfice aux garants
personnes morales) et du concordat préventif homologué (AUPC, art. 18, al. 3). En
revanche, le fait d’attendre la cessation des paiements fait théoriquement perdre au chef
d’entreprise cet avantage puisque les garants sont exclus du bénéfice

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CHAPITRE 4 : LE SORT DES SURETES RELLES CLASSIQUES DANS LES
PROCEDURES COLLECTIVES

Section 1 : La consécration du pacte commissoire et le droit des entreprises en difficultés

Une seule question s’impose : le pacte commissoire est-il efficace en cas de survenance
d’une procédure collective ? On remarque une limitation partielle de l’efficacité du pacte
commissoire. Le champ du pacte commissoire concerne les sûretés suivantes : le gage, le
nantissement de créance, l’hypothèque.
Le législateur OHADA a essayé de limiter son efficacité en cas d’ouverture d’une
procédure collective, mais il ne l’a fait que dans le cas de la procédure de règlement préventif
(ce en quoi on peut l’approuver car la survenue de la cessation des paiements fait douter d’une
réelle possibilité de sauver l’entreprise et donc de la nécessité de paralyser le jeu du pacte
commissoire) et en énonçant au sein de l’alinéa 2 de l’article 9 de l’AUPC que « la suspension
des poursuites individuelles concerne aussi bien les voies d’exécution que les mesures
conservatoires, y compris toute mesure d’exécution extrajudiciaire ».
Le créancier n’ayant pas de poursuite à exercer pour que le pacte commissoire se réalise
en matière mobilière, la mise en œuvre de ce pacte n’est pas restreinte en cas d’ouverture d’un
redressement judiciaire ou d’une liquidation de biens. En effet, l’article 75 de l’AUPC ne
contient aucune disposition similaire à l’alinéa 2 de l’article 9.
Mieux encore, sa mise en œuvre semble expressément réservée par le nouvel article 150
de l’AUPC selon lequel « les ventes d’immeubles ont lieu suivant les formes prescrites en
matière de saisie immobilière, sauf dans le cas où ladite saisie est soumise à une clause
d’exécution extrajudiciaire conformément à l’Acte uniforme portant organisation des sûretés
». En outre, le nouvel article 154-1 de l’AUPC, prévoit la possibilité pour le syndic d’être
subrogé dans les droits du créancier saisissant dont la voie d’exécution immobilière a été
suspendue par l’ouverture de la procédure, et envisage également le cas d’une exécution
extrajudiciaire.

Section 2 : Les sûretés traditionnelles et le droit des procédures collectives

Cette hypothèse correspond plus exactement à la situation où on est en présence des


créanciers munis de sûretés ayant pour assiette un bien déterminé du patrimoine du débiteur,
qu'il s'agisse d'un meuble (droit de rétention, gage, nantissements sans dépossession, privilèges
spéciaux) ou d'un immeuble (hypothèques conventionnelles, hypothèques forcées légales ou
judiciaires).
Malgré leurs sûretés, ces créanciers se voient appliquer les règles de la discipline
collective.

P1/-Les sûretés suspectes

Les alinéas 5 et 6 de l'article 68 de l' A.U. visent deux catégories de sûretés qui, dés lors
qu'elles sont constituées par le débiteur ou obtenues par le créancier en période suspecte
rompent 1'égalité entre les créanciers.
-Les sûretés réelles conventionnelles constituées à titre de garantie d'une dette
antérieurement contractée, à moins qu’elle ne remplace une sûreté antérieure d’une
nature et d’une étendue au moins équivalente ou qu’elle soit consentie en exécution d’une
convention antérieure à la cessation des paiements.

51
L'hypothèse envisagée est simple : le débiteur incapable de payer ses créanciers est
contraint par l'un d'eux de lui consentir une sûreté réelle sur l'un de ses biens en garantie d'une
dette antérieurement contractée. C'est cette absence de coïncidence entre le crédit alloué et la
constitution de la sûreté pendant la période suspecte qui révèle le comportement anormal du
débiteur rendant vraisemblable la fraude et donc sa volonté de retarder sa chute devenue
inévitable. En effet, le débiteur octroie cette sûreté en pure perte, sans en retirer un quelconque
avantage puisque par hypothèse, il a déjà bénéficié du crédit qu'elle est censée garantir.
La date en prendre en considération c'est celle de la constitution de la sûreté et non celle
de sa publicité. Celle-ci peut valablement intervenir pendant la période suspecte si la
constitution de la garantie est antérieure à la date de la cessation des paiements.
Dans tous les cas, il appartient au syndic d'établir l'antériorité de la dette garantie par
rapport à la constitution de la sûreté. L'appréciation de cette antériorité a posé problème dans
l'hypothèse d'une sûreté garantissant le solde débiteur d'un compte courant en cours de
fonctionnement entre le débiteur et son banquier par exemple.

- Les inscriptions provisoires d’hypothèque judicaire conservatoire ou de nantissement


judiciaire conservatoire.
Cette inopposabilité ne peut utilement frapper que les sûretés provisoires conservatoires
notamment le nantissement de droits sociaux (article 142 AUS), le nantissement du fonds de
commerce (article 164 AUS), l’hypothèque judiciaire (article 213 à 221). L’inopposabilité se
justifie car l’inscription provisoire permet à des créanciers dont les droits ne sont pas encore
judiciairement reconnus de s’octroyer une sûreté garantissant leur paiement.

P2/- Les sûretés non suspectes

Les créanciers munis de sûretés ont des droits spécifiques et des obligations générales.

A-Les obligations générales

-l'obligation de production ou de déclaration de la créance et de la sûreté


L’article 78 le rappel précisément. Tous les créanciers chirographaires ou munis de
sûretés composant la masse : les créanciers dont la créance est antérieure au jugement
d’ouverture et dont le paiement définitif n'est pas intervenu à cette date ; qu'elle soit civile ou
commerciale, constatée par acte authentique ou sous seing privé.
L'obligation de production s'impose aussi bien aux chirographaires qu'aux créanciers
titulaires de sûretés réelles spéciales. Seule exception les créanciers d’aliments.
-l’assujettissement à la suspension des poursuites individuelles
Autrement dit, comme pour tous les autres créanciers, leurs droits de poursuite
individuelle sont suspendus aussi bien en cas de redressement judiciaire que de liquidation des
biens.

B-Les droits des créanciers munis de sûretés réelles spéciales

Il s’agit des créanciers munis de sûretés ayant pour assiette un bien déterminé du
patrimoine du débiteur, que ce soit un meuble ou un immeuble.
De manière générale, malgré leurs sûretés, les créanciers munis de sûretés réelles
spéciales se voient appliquer les règles de la discipline collective, l’objectif étant de favoriser
le redressement de l’entreprise, d’égaliser dans une certaine mesure la condition juridique des
créanciers et de contrôler la fiabilité des droits dont les créanciers se prétendent titulaires.

52
Comme pour les autres créanciers, leurs droits de poursuite individuelle sont suspendus
aussi bien en cas de redressement judiciaire que de liquidation des biens.
Toutefois, il convient de distinguer selon le terme de la liquidation.
S’agissant de la clôture de l’union, qui intervient de plein droit soit lorsque les
opérations de liquidation sont terminées, soit lorsque le délai de 18 mois + 6 mois est expiré,
les créanciers recouvrent l’exercice de leurs droits uniquement sur les actifs qui n’ont pas
pu être réalisés durant la liquidation des biens (article 170 AUPCAP).
S’agissant de la clôture pour insuffisance d’actif, les créanciers ne recouvrent plus
l’exercice individuel de leurs actions. Le nouvel article 174 a posé le principe contraire : le
principe de non reprise en cas de clôture pour insuffisance d’actif et l’admission de quelques
exceptions. La reprise des poursuites s’effectue dans quelques cas limités et prévoit afin de
décourager les faillites frauduleuses et de promouvoir la seconde chance que le prononcé d’une
sanction notamment entraînerait automatiquement la reprise des poursuites individuelles contre
le débiteur. Il en va de même lorsque la procédure collective est ouverte à l’encontre d’un
dirigeant à titre de sanction ou lorsqu’un dirigeant condamné en comblement du passif est lui-
même soumis à une liquidation des biens, à la faillite personnelle, la banqueroute.
Toutefois en cas de liquidation des biens, le droit de poursuite est suspendu seulement
jusqu'à l'expiration d'un délai de trois mois suivant le jugement qui prononce la liquidation des
biens. Cette suspension permet au syndic de réaliser efficacement et rapidement l’actif mobilier
et immobilier. Passé ce délai, de trois mois, si le syndic n’a pas réalisé les biens concernés, les
créanciers gagistes, nantis ou hypothécaires ou bénéficiant d’un droit de rétention
conventionnel peuvent exercer ou reprendre l’exercice de leurs droit de poursuite individuelle
à charge d’en rendre compte au syndic (articles 149 et 150 de l’AUPC). Il faut bien préciser
que ces dispositions concilient le souci de permettre au syndic de réaliser l’ensemble de l’actif
dans les meilleures conditions sans livrer les créanciers munis de telles sûretés à l’inertie ou à
l’attentisme prolongé du syndic.

Concernant le concordat, les créanciers munis de sûretés réelles spéciales sont consultés
sur le point de savoir s’ils acceptent les propositions concordataires (délais/remises) ou s’ils
entendent consentir des délais et/ou des remises différents. Précisons que ces créanciers sont
personnellement avertis par lettre recommandée avec accusé de réception (article 119 et 120
AUPC). Les créanciers titulaires d’une sûreté spéciale qui n’ont pas fait la déclaration prévus à
l’article 120 peuvent prendre part au vote sans renoncer à leur sûreté et consentir des délais et
remises différents de ceux proposés par le débiteur (article 125 alinéa 2 AUPC). Les créanciers
qui n’ont pas fait la déclaration prévue à l’article 120 sont présumés accepter le concordat si,
dûment appelés, ils ne participent pas au vote de l’assemblée concordataire (article 125 alinéa
3 AUPC).

NB :
De manière spécifique, en ce qui concerne les sûretés spéciale mobilières, il apparaît
que ce sont les sûretés comportant droit de rétention en l’occurrence le gage et le droit de
rétention, qui semblent être celles qui confèrent le plus de garanties quant au paiement ponctuel.
En effet, le créancier peut retenir la chose tant qu’il n’est pas payé et diligenter la vente forcée.
L’Acte uniforme révisé portant organisation des sûretés du 15 décembre 2010 a modifié le droit
de rétention (articles 67 à 70). Il reste cependant une sûreté d’application générale parfaite et
achevée. En ce qui concerne les sûretés immobilières ce sont celles qui sont soumises à
publicité qui l’emportent sur celles qui ne sont pas publiées. Lorsque plusieurs sûretés sont
publiées, l’ordre est fonction de l’antériorité de la publication.

53
C-Les droits des créanciers munis de sûretés réelles spéciales en période de
liquidation des biens

Lors de la disparition de l’entreprise, la réalisation de l’actif apparaît comme l’opération


la plus importante de la liquidation des biens. A ce titre, il existe des règles particulières aux
créanciers munis de sûretés réelles.
Les intérêts des créanciers munis de sûretés sont protégés. En effet, d’une part, le syndic
ne peut retirer au profit de la masse le gage ou le nantissement constitué sur un bien du débiteur
qu’en remboursant la dette au créancier gagiste ou nanti sur autorisation du juge-commissaire.
Cette solution est applicable au droit de rétention qui est devenu une sûreté complète.
Cependant cette opération n’aura un intérêt pour la masse et ne risque de se produire que si le
bien servant d’assiette à la sûreté a une valeur sensiblement supérieure au montant de la dette.
D’autre part, le créancier gagiste ou nanti peut exercer ou reprendre son droit de poursuite
individuelle à charge d’en rendre compte au syndic si, dans le délai de trois mois suivant la
décision de liquidation des biens, le syndic n’a pas retiré le gage ou le nantissement ou entrepris
la procédure de réalisation du gage ou du nantissement.

P3/-Le classement des créances dans les procédures collectives

En effet le classement des créances établi par les articles 166 (pour les immeubles) et
167 (pour les meubles) de l'acte uniforme sur les procédures collectives d'apurement du passif
se décline comme suit: (lire Acte uniforme).
Pour l'ordre en matière immobilière, les seuls changements notables résident d’une
part, dans l’attribution du premier rang aux créanciers bénéficiant du privilège de new
money prévu aux articles 5-11, 11-1 et 33-1 AUPCAP et d’autre part dans l’éclatement en
deux rangs des créanciers chirographaires selon qu’ils sont munis ou non d’un titre
exécutoire.
Pour l'ordre en matière mobilière, les seuls changements notables résident d’une
part sur la primauté de l’exercice éventuel d’un droit de rétention ou d’un droit exclusif
au paiement, d’autre part, dans l’attribution du premier rang aux créanciers bénéficiant
du privilège de new money prévu aux articles 5-11, 11-1 et 33-1 AUPCAP et enfin dans
l’éclatement en deux rangs des créanciers chirographaires selon qu’ils sont munis ou non
d’un titre exécutoire.

NB :
Il faut enfin souligner, pour terminer, que certains créanciers, bénéficiant parfois de
garanties de nature particulière, ont la possibilité d'échapper à la discipline collective.
En premier lieu, il y a les créanciers qui peuvent se prévaloir de la propriété d'un bien
qui apparemment appartient au débiteur. Ce peut être le cas du crédit-bail, de la location-vente,
de la vente avec réserve de propriété. De tels créanciers peuvent en effet reprendre leurs biens
en exerçant 1' action en revendication et éviter ainsi de subir la loi du concours qui caractérise
les procédures collectives.
En second lieu, on peut signaler le cas des créanciers qui agissent non pas contre le
débiteur, mais contre un tiers. On peut en particulier souligner l'action exercée contre une
compagnie d'assurance si le débiteur a causé un préjudice couvert par une assurance avant le
jugement d'ouverture. La victime pourra en effet, dans une telle hypothèse, être totalement
indemnisée par la compagnie d'assurance et n'aura pas, de ce fait, besoin de participer à la
procédure collective.

54
MODULE 3 : DROIT DES SOCIETES ET DROIT PUBLIC DES
AFFAIRES : LES CONTRATS DE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE

L’idée première qui sous-tend l’éclosion des contrats de partenariat public-privé réside
dans le fait de trouver un moyen de réduire les coûts et d’obtenir de meilleur résultat de la chose
publique. Autrement dit, il s’agit d’une solution efficace à la réalisation du service public dans
les Etats qui ne disposent pas toujours des moyens suffisants pour réaliser des investissements
importants pour la satisfaction de ses missions d’intérêt général.

Trois interrogations guideront notre développement, à savoir


-Qu’est-ce que le contrat de partenariat public-privé
-Comment est-il formé et exécuté ?
-Quand et comment prend-t-il fin ?

Bibliographie sélective
-CARPA (Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats de partenariat), Cadre juridique des
contrats de partenariat au Cameroun : Lois et textes d’application, édition 2013

-CHVIKA Eran, NKOYOK Dominique et CHARLOIS Aurélien, Adaptation du cadre


contractuel des partenariats public-privé (PPP) en période de pandémie : Recommandations
pratiques dans l’espace OHADA, www.ohada.com : Ohadata D-20-45

-DOH GALABE Ferdinand, Cadre juridique et institutionnel des contrats de partenariat


privés-publics au Cameroun, CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DES CONTRATS DE
PARTENARIAT PRIVÉS-PUBLICS AU CAMEROUN - Dayspring Law Firm

-FOBASSO William, Les partenariats public-privé au Cameroun : Comment assurer une


meilleure gestion des infrastructures sportives ?, International Journal of Progressive Science
and Technologies, volume 24, n°1, December 2020, pp.457-462
- KALIEU-ELONGO Yvette, Cameroun : l’encadrement juridique des contrats de partenariat
public-privé, 2018, Cameroun : L’encadrement Juridique Des Contrats De Partenariat Public-privé |
Actualités Du Droit | Wolters Kluwer France (actualitesdudroit.fr)

- KALIEU-ELONGO Yvette, Les contrats de partenariat public-privé : 10 questions, 10


réponses, 2018, Les contrats de partenariat public-privé : 10 questions, 10 Réponses – Pr Yvette
Rachel KALIEU ELONGO (kalieu-elongo.com)

- NGUIMDO DONGMO Raymond, Initiation à la compréhension des contrats de partenariat


public-privé, 2016

P1/-LE CADRE JURIDIQUE

Le cadre juridique applicable aux CPPP ne se limite pas à un encadrement légal somme
toute nécessaire et primordial des contrats, il va-delà pour prendre également en compte les
aspects fiscaux, douaniers et comptables de cette opération en ce qu’il s’agit parfois aussi
d’attirer les investisseurs privés tant nationaux qu’internationaux.
55
A-Textes spécifiques

Le cadre juridique comprend pas moins de quinze (15) instruments juridiques incluant
la loi de 2006 fixant le régime général des CP et son décret d’application de 2008 complété par
un décret de 2012 qui précise les modalités d’application de cette loi. Une autre loi de 2008 fixe
le régime fiscal, financier et comptable applicable aux CP et un décret de 2014 organise la
maîtrise d’œuvre technique dans la réalisation des projets d’infrastructures.
- la loi n° 2006/012 fixant le régime général des contrats de partenariat dont les modalités
d’application sont prévues par le décret n° 2008/0115/PM du 24 janvier 2008 ;
- la loi n° 2008/009 du 16 juillet 2008 fixant le régime fiscal, financier et comptable applicable
aux contrats de partenariat ;
- du décret n° 2008/035 du 23 janvier 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
d’appui à la réalisation des contrats de partenariat tel que modifié par le décret n° 2012/148 du
21 mars 2012 ;
- de l’arrêté n° 186/CAB/PM du 15 novembre 2011 fixant les taux et les modalités de perception
des frais exigibles au titre des contrats de partenariat ;
- et enfin de la circulaire n° 002/PM du 15 février 2012 portant instructions relatives aux
modalités de promotion de la sous-traitance en matière de contrats de partenariat et de contrats
négociés dans le cadre de l’application des autres régimes d’incitation à l’investissement
(l’ensemble des textes est disponible sur le site http://www.ppp-cameroun.cm).

B-Textes généraux et sectoriels

Le contrat de partenariat public-privé évolue dans un environnement juridique


déterminé, devant tenir compte des textes généraux et des textes sectoriels tels que :
-Le code des marchés publics,
-celui qui promeut les PME au Cameroun ;
-les textes sectoriels (pétrolier, gazier, minier, télécommunication, etc.) ;
-la loi sur la concurrence ;
-les instruments juridiques sur l’environnement ;
-les instruments sur le droit foncier et domanial ;
-la loi sur le statut général des établissements publics et les entreprises du secteur public et
parapublic ;
-le Code Général des impôts ;
-le Code des Douanes ;
-l’acte uniforme OHADA sur la comptabilité ;
-le Règlement des changes CEMAC ;
-le Code du travail ;
-le Code de l’Urbanisme, etc.

P2/-NOTION DE CONTRAT DE PARTENARIAT PUBLIC-PRIVE

A-Définition légale

Au terme de l’article 2 alinéa 1 de la loi n°2006/012 du 29 décembre 2006 fixant le


régime général des contrats de partenariat, « le contrat de partenariat régit, dans le cadre des
projets d’une grande envergure technique et financière, les relations de partenariat entre : les

56
personnes publiques et une ou plusieurs autres personnes publiques ; les personnes publiques
et une ou plusieurs personnes privées ».
Il est alors définit dans l’alinéa 2 du même article comme : « un contrat par lequel l’Etat
ou l’un de ses démembrements confie à un tiers, pour une période déterminée, en fonction de
la durée d’amortissement des investissements ou des modalités de financement retenues, la
responsabilité de tout ou partie des phases suivantes d’un projet d’investissement : la
conception des ouvrages ou équipements nécessaires au service public ; le financement ; la
transformation des ouvrages ou des équipements ; l’entretien ou la maintenance ; l’exploitation
ou la gestion ».
Ainsi, le contrat de partenariat public privé (Contrat de PPP) peut être défini comme un
contrat de longue durée passé entre un État, une collectivité territoriale ou, de manière générale,
une personne publique et une personne privée, afin de réaliser une mission globale comprenant
la conception, le financement, la construction, la réhabilitation, la transformation, l’entretien,
l’exploitation ou la gestion d’investissements qui concourent à l’exercice de missions de service
public.
Le Contrat de PPP participe des formes de contrats qui permettent aux personnes
publiques de réaliser des prestations avec un tiers sans subir les contraintes des contrats de
marchés publics classiques. Faisant partie des contrats de commande publique, il se situe donc
entre le marché public et la privatisation.
Le Contrat de PPP est à la fois une opération complexe et un contrat global qui fait
intervenir différents acteurs (État ou ses démembrements, investisseurs, prêteurs et
consommateurs). Ces intervenants ont des attentes différentes mais qui doivent être conciliés
dans le cadre du projet à réaliser.
Au regard de cette définition, on peut se rendre compte que les contrats de partenariat
se distinguent des autres types de contrats conclus par les personnes publiques entre elles ou
entre elles et les personnes privées.

B-Distinctions de la notion de contrat de partenariat public-privé de notions voisines

1-Le contrat de PPP et les marchés publics

Il se distingue des marchés publics sur au moins deux points : la rémunération et la


durée.
Dans les marchés publics, le paiement est fait après la réalisation de la prestation. Il n’y
a pas de report de paiement. Dans les contrats de PPP, le partenaire est rémunéré en partie ou
totalement selon les termes du contrat sur la gestion qu’il fait de l’investissement. Les premiers
s’exécutent sur une période relativement courte, tandis que les seconds s’exécutent sur une
période plus longue (10 ans, 20 ans…).

2-Le contrat de PPP et les délégations de services public

Il se distingue également des délégations de service public sur trois points principaux.
-Tout d’abord dans les délégations de service public, le projet est financé par la personne
publique qui en confie simplement la gestion à son cocontractant dans les contrats de ppp, le
financement est fait en tout ou partie par le cocontractant.
- Ensuite, dans les contrats de délégation, il n’y a aucun partage des risques. Ils sont entièrement
de la responsabilité, sauf exception du délégataire. Le CPPP vise à réaliser un partage optimisé
des risques. Il permet d’allouer les responsabilités à la partie qui sera à même de les assumer le
plus efficacement.

57
- Enfin, il ouvre la possibilité d’avoir comme client principal du service fourni, une collectivité
publique et de ne plus être ainsi tenu de tirer une part essentielle de ses ressources des paiements
directs des usagers.

3-Le contrat de PPP et le bail emphytéotique administratif

Le contrat de partenariat se distingue aussi du bail emphytéotique administratif. En effet,


ce dernier permet essentiellement le transfert de droits à construire à un partenaire privé sur un
terrain public et a en conséquence pour domaine de prédilection la construction, l’exploitation
étant la plupart du temps limitée à la gestion de la maintenance et des installations. En outre, le
bail emphytéotique administratif offre moins de flexibilité pour les recettes annexes, provenant
des utilisateurs, et les financements innovants.

C-Les types de contrats de partenariat public-privé

Concernant la typologie des contrats de partenariat public-privé, elle varie en fonction


du critère retenu.
Il peut s’agir notamment du degré de participation de l’autorité publique au financement
initial ou ultérieur du projet, de la durée et de la nature du contrat qui lie l’autorité publique au
partenaire privé du PPP, du partage des risques entre le secteur privé et le secteur public, des
tâches qui composent le projet, des montages financiers ou le ratio entre projets en site vierge
et projets de reprise.
Il n’est pas facile de classer les PPP en catégories homogènes car chaque projet se
caractérise par de nombreuses particularités qui le rendent unique.
Par exemple, sur le critère du degré de participation de l’autorité publique au
financement initial ou ultérieur du projet, on a le BOT (Build-operate-Transfert) (ou contrat
construction, exploitation et transfert).
Ainsi, il existe une variété de BOT. On a :
• la Concession à péages de type BOT avec subventions publiques : l’autorité publique
subventionne en partie l’exploitation en fonction du volume de trafic. Bien que cela augmente
son exposition financière dans le cadre du projet, c’est le partenaire privé qui continue
d’assumer la plupart des risques ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec apport de fonds publics : l’autorité publique
contribue à l’investissement initial. Dans ce cas, le niveau d’exposition financière de l’autorité
publique est semblable au cas de figure précédent, à ceci près que cette approche diminue le
capital initial que doit mobiliser le partenaire privé et donc réduit son risque ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec emprunt d’Etat : l’autorité publique fournit
une partie du capital requis sous forme de prêts assortis de conditions préférentielles. Ces prêts
doivent être remboursés à un moment ou à une autre pendant la durée du projet ;
• la Concession à péages (de type BOT) avec caution de l’Etat : ce montage est structuré
comme une concession de type BOT classique, mais l’autorité publique se porte caution pour
l’emprunt contracté par le partenaire privé du PPP ;
• le DBFO (Design-Build-Finance an Operate ou péages fictifs) : ces systèmes peuvent être
considérés comme des cas extrêmes de concessions à péages subventionnées de type BOT dans
le cadre desquelles l’autorité publique paie 100% du péage ;
• le Financement par le constructeur : Il s’agit de contrats de construction pour lesquels
l’autorité publique effectue un seul versement pour régler l’infrastructure une fois que les
travaux sont terminés.
• Délégation de la gestion : l’autorité publique signe un contrat avec une société privée qu’elle
charge d’assurer l’exploitation pour son compte, mais sans cession ou bail des actifs.

58
NB : Les concessions et affermages établis pour la plupart avant l’avènement du nouveau cadre
juridico-institutionnel des CP, se situent actuellement dans les lois sectorielles, et non sous le
régime des CP au Cameroun. Les concessions sont généralement des conventions concluent de
manière exclusive, de gré à gré, entre l’Etat et un opérateur permettant à ce dernier d’exploiter
le domaine public sur une zone géographique précise et une durée déterminée en vue d’assurer
une activité de service public sur la base d’un cahier de charges. La plupart de ces contrats
étaient conclus avant que le législateur Camerounais ne mette en place un cadre général fixant
le régime des CP. Il s’agit notamment des concessions et affermages passés dans les secteurs
d’électricité, pétrolier, gazier, de l’eau, minier, et télécommunications, etc. Dans ce cadre les
personnes publiques peuvent et ont recours directement aux concessions/affermages, sans
passer par la procédure de passation des CP. La délégation de services publics, échappe, elle
aussi, au régime des CP puisque le décret sur les marchés publics le définit comme la délégation
de la gestion d’un service public à un tiers dont la rémunération est substantiellement liée au
résultat de l’exploitation du service. Elle est soumise au régime des marchés publics.

D-Les domaines des contrats de partenariat public-privé

Tous les domaines peuvent être couverts par les contrats PPP : santé, social, éducation,
infrastructures, projets industriels.
Transports : ex : financement, construction, gestion et entretien d’une route, d’un aéroport, d’un
péage
Energie et eau : construction de Centrale électrique Ex. centrale au gaz naturel de Kribi (
Cameroun)
Santé : construction de centres hospitaliers, acquisition d’équipements médicaux.
Autres : construction, gestion et maintenance des logements sociaux ou de cités universitaires,
des marchés, etc. Mais, en général, il ne peut être recouru au CPPP qu’en cas de la complexité
technique ou financière du projet, ou lorsque le projet présente un caractère d’urgence.

P3/-LE CADRE INSTITUTIONNEL DES CONTRATS DE PARTENARIATS AU


CAMEROUN

Le Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats de Partenariat (CARPA)

Créé en 2008 et rendu opérationnel l’année suivante, le Conseil d’Appui à la Réalisation


des Contrats de Partenariat (CARPA) est la principale institution publique et l’organisme expert
chargé des contrats de partenariat privés-publics (CP/PPP) au Cameroun.
Le CARPA a pour mission de contribuer, par son expertise, à la création et au
renouvellement des infrastructures et équipements publics, ainsi qu’à l’amélioration de la
qualité du service public dans le cadre des projets de grande envergure technique et financière
à réaliser à travers un CP.
Dans le cadre de cette mission, le CARPA se charge notamment de :
-Elaborer le mécanisme de mise en œuvre des CP au Cameroun ;
-Evaluer la faisabilité et négocier des projets en mode CP ;
-Contrôler et suivre l’exécution des CP ;
-Examiner les questions relatives aux projets à réaliser en CP ;
-Promouvoir le concept de gestion publique par CP ;
-Promouvoir les meilleures pratiques (best practices) dans les CP ;

59
-Mettre au point les instruments techniques et juridiques nécessaires à la bonne
application des CP ;
-Former et développer l’expertise nationale en matière des CP ;
-Elaborer des instruments juridiques et techniques d’analyse des projets, de la
sélection des partenaires de la personne public, et de la contribution à la sélection de celui-ci.
Concrètement, le CARPA intervient dans un certain nombre d’étapes dans le processus
de passation des PPP :
-l’évaluation préalable de l’étude de faisabilité,
-la validation des dossiers de consultation,
-la participation aux travaux des commissions ad hoc, non-objection du CARPA
à l‘Appel à Manifestation d’Intérêt (APMI) préparé par le partenaire public, non-objection du
CARPA à l’Appel d’Offres Restreint (AOR),
-la participation du CARPA au dialogue de pré-qualification, non-objection du
CARPA au projet de CPPP et son accompagnement pendant sa durée de vie (mise en place,
suivi du contrat et des performances et enfin réception).

Les Autres Intervenants dans le Processus des Contrats de Partenariat

En plus du CARPA, d’autres institutions interviennent dans le processus des CPPP,


notamment :
 L’entité et partenaire public qui identifie le projet et prépare son étude de
faisabilité, et l’Appel à Manifestation d’Intérêt (APMI) ;
 Agence des Normes et de la Qualité au Cameroun (ANOR) ;
 Ministère des Finances (MINFI) est sollicité par le partenaire public pour son
avis sur la soutenabilité budgétaire du projet ;
 Ministère de l’économie (MINEPAT), qui chapeaute le cadre institutionnel et
institue une Commission Spéciale des CP en charge d’établir un rapport
d’analyse en retenant un maximum de cinq (05) candidats puis réduit à trois (03)
candidats ;
 Ministère de l’économie qui donne également son avis d’approbation des
résultats de la Commission Spéciale avant publication de l’adjudicataire, avant
la dernière phase de la négociation du contrat PPP et de sa réalisation.

En plus des intervenants sus-évoqués, d’autres entités interviennent dans le processus


des CPPP telles que :
 le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (étude d’impact
environnementale et social),
 le Premier Ministère (expropriation) et Ministère des Domaines, du Cadastre et
des Affaires Foncières dans le cadre des CPPP qui requiert l’acquisition de la
propriété foncière.
 les collectivités territoriales telles que les communautés urbaines ou les mairies
interviennent dans l’attribution des permis de construire/bâtir.

Il faut noter que le Cameroun possède un dispositif de promotion et de surveillance de


la concurrence qu’est principalement la Commission Nationale de la Concurrence, institution
quasi-judiciaire, qui est sous la tutelle du Ministère du Commerce ; les régulateurs sectoriels ;
l’adjudicataire (sur le respect du règlement de la concurrence uniquement), et les juridictions
compétentes.
Force est de constater que les CPPP au Cameroun, contrairement aux marchés publics,
n’ont pas fait l’objet de contentieux, rendant les CPPP plus attractifs que les MP sur le plan

60
juridique en tant que mode de commande publique. Il faut quand même même noter que l’Etat
et les partenaires privés font de plus en plus recours aux modes alternatifs de règlement des
litiges, ce qui pourrait expliquer, en partie, l’absence des litiges relatifs aux CPPP.

P4/-LE REGIME GENERAL DU CONTRAT

A-Les parties au contrat

Le contrat PPP est généralement conclu entre un Etat, une collectivité territoriale ou de
manière générale une personne publique et une personne privée.
Pourtant, la législation camerounaise autorise, contrairement à la plupart des
législations, la conclusion de contrats PPP entre des personnes morales de droit public ce qui
peut paraître contraire à l’esprit même des PPP qui impliquent la présence d’un partenaire privé
dans l’opération.

B-Les conditions du contrat

1-Les conditions préalables du contrat

Elles sont indiquées à l’article 6 de la loi de 2006 disposant que :


« (1) Le contrat de partenariat ne peut être conclu que pour la réalisation de projets pour
lesquels, une évaluation effectuée par la personne publique avant le lancement de la procédure
de passation :
- montre que, compte tenu de la complexité du projet, la personne publique n’est pas en mesure
de définir seule et à l’avance les moyens techniques pouvant répondre à ses besoins ou d’établir
le montage financier ou juridique du projet, ou bien que le projet présente un caractère
d’urgence ;
- expose avec précision les motifs de caractère économique, financier, juridique et
administratif, qui l’ont conduite, après une analyse comparative notamment en termes de coût
global, de performance et de partage des risques, de différentes options, à retenir le projet
envisagé et à décider de lancer une procédure de passation d’un contrat de partenariat.
(2) La procédure d’appel à concurrence est nécessairement précédée par l’avis motivé du
Ministre en charge des finances ».

Elles sont également indiquées à l’article 3 du Décret n°2008/0115/PM du 24 janvier 2008


précisant les modalités d’application de la loi n°2006/012 du 29 décembre 2006 fixant régime
général des contrats de partenariat disposant que :
« (1) Le contrat de partenariat ne peut être conclu que si l’évaluation du projet, effectuée en
vue de son éligibilité au régime des contrats de partenariat démontre, sans préjudice d’autres
critères éventuels, son caractère complexe et l’urgence de sa réalisation.
2) Le caractère complexe d’un projet s’apprécie comme l’incapacité objective de la personne
publique de définir, par elle-même, les moyens aptes à satisfaire ses besoins ou d’évaluer ce
que le marché peut offrir en terme de solutions techniques et/ou de solutions financières ou
juridiques.
(3) L’urgence est un motif d’intérêt général résultant de la nécessité socioéconomique de
rattraper un retard affectant particulièrement la réalisation d’équipements collectifs ou
d’accélérer la croissance, dans un secteur ou une zone géographique déterminée ».

Ainsi, selon la loi, tandis que les marchés publics sont le mode traditionnel de la
commande publique, le recours aux CP constitue un mode dérogatoire de la commande

61
publique. En effet le partenaire public initiateur d’un projet identifié doit effectuer une étude
d’évaluation, transmettre le projet au MINFI pour l’évaluation de la cohérence du projet avec
le budget d’investissement public (BIP), connue sous le nom de soutenabilité budgétaire. Le
projet est ensuite transmis au CARPA pour l’évaluation préalable qui se portera sur quatre
critères clés.
Ces critères alternatifs comprennent : la complexité du projet,
l’urgence, l’opportunité économique, financier, juridique du projet par rapport au MP
(comparateur), ainsi que l’évaluation et le partage des risques faisant également partis du
rapport d’évaluation préalable du CARPA.
Tandis que la complexité renvoie aux capacités limitées de la personne publique à
évaluer techniquement, financièrement et juridiquement le projet, l’urgence se rapporte à un
motif d’intérêt général qui résulte de la nécessité socio-économique de rattraper un retard dans
la réalisation d’équipements collectifs ou encore d’accélérer la croissance dans un secteur ou
dans une zone donnée.
La loi n’ayant pas indiqué que les critères d’éligibilité sont cumulatifs, le CARPA est
en droit de ne retenir qu’un seul des critères pour justifier l’éligibilité d’un projet au régime de
CP.

2-Les conditions liées aux parties (directes et indirectes)

a-La partie contractante

La loi de 2006 précise en son article 11 les personnes inéligibles à la conclusion d’un
contrat de PPP. En effet, il est indiqué :
« (1) Ne peuvent soumissionner à un contrat de partenariat :
- les personnes morales dont les dirigeants ont fait l’objet, depuis moins de cinq ans, d’une
condamnation définitive, pour crime ou délit ;
- les personnes morales en état de liquidation judiciaire ou admise au redressement judiciaire
ou ayant fait l’objet de procédures équivalentes régies par un droit étranger ;
- les personnes morales qui, au 31 décembre de l’année précédent celle au cours de laquelle a
lieu le lancement de la consultation, ne se sont pas acquittées de leurs obligations fiscales et
sociales.
(2) Les dispositions du présent article sont applicables aux personnes morales qui se portent
candidates ainsi qu’à celles qui sont membres d’un groupement de candidats ».

b-Le sous-traitant

Il existe une contrainte de sous-traitance en contrats de partenariat à prendre ne compte.


En effet, il est important de souligner l’existence d’un régime de promotion des PME au
Cameroun au travers un mécanisme de sous-traitance en CP qui est encadré par une circulaire
du Premier Ministre qui date de Février 2012. Ainsi, cette circulaire rend obligatoire
l’utilisation de la sous-traitance, à hauteur de 30 % au moins des travaux et services en phase
d’installation, pour des projets dont le total des investissements est supérieur ou égal à 1,5
milliard de Francs CFA.
Pour participer dans la sous-traitance des CP, les PME doivent toutefois être inscrites
au Fichier National des PME et avoir au moins 51% de leur capital détenus par des nationaux

3-Les conditions liées à la conclusion du contrat

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Les principales étapes de conclusion d’un PPP sont les suivantes :
-Identification du projet : Sélectionner et définir le projet dans ses grandes lignes
-Etude de faisabilité : Identification des risques opérationnels , techniques et financiers à
transférer ; évaluation de la capacité de l’Etat à financer l’infrastructure ou les services
envisagés ( soutenabilité budgétaire) , examen de la pertinence financière du recours au
partenaire privé.
-Réalisation de l’appel d’offre avec une importante accordée au dialogue de préqualification
-Attribution du marché
-Mobilisation des financements par le partenaire privé
-Exécution du marché

C-La teneur du contrat

1-Les clauses impératives

Il est indiqué à l’article 5 de la loi de 2006 que le contrat doit nécessairement comporter des
clauses sur la/le/les:

 Durée ;
 Partage des risques ;
 Critères de performances et résultat ;
 Rémunération du cocontractant ;
 Engagement de respect des exigences de service public par le cocontractant ;
 Suivi de l’exécution du contrat ;
 Engagement de promotion de la sous-traitance dans le cadre du contrat ;
 Clauses en cas de manquement aux obligations contractuelles ;
 Conditions de modification des clauses ou résiliation par la personne publique,
 Défaillance ;
 Conditions de contrôle par la personne publique en cas de cession totale ou partielle ;
 Modalités de transfert des ouvrages ;
 Couverture des risques par assurance ;
 Préservation des sites et étude d’impact ;
 Conséquence de la fin du contrat sur la propriété des ouvrages ;
 Règlement des litiges ;
 Transfert de technologie ;
 Formation et l’emploi de la main d’œuvre camerounaise ; et
 Conditions de validité et d’entrée en vigueur du contrat.

NB : S’agissant de l’allocation des risques dans le contrat de partenariat, un principe


cardinal de l’allocation de risques est que chaque risque doit être pris en charge par la personne
qui peut mieux gérer ce risque, d’un point de vue technique, économique et financier.
L’expérience du Cameroun démontre que le partenaire public supporte les risques politiques,
juridiques, et fonciers tandis que le partenaire privé supporte les risques financiers,
commerciaux, technologiques, d’incendies et la sous-estimation des coûts.
Les risques encourus en vertu du contrat de partenariat au titre des travaux, de l’exploitation et
de la maintenance sont à la charge du partenaire privé et les contrats exigent à ce dernier de
souscrire et de maintenir en cours de validité pendant la durée du contrat de partenariat des
polices d’assurances auprès des compagnies d’assurances agréées au Cameroun.

63
En principe, aucune partie n’encourt de responsabilité en cas de survenance de circonstances
imprévisibles ou de force majeure.

NB : S’agissant de la garantie des contrats de partenariat, la caractéristique essentielle


d’un tel contrat étant l’investissement des fonds privés dans le service public, les bailleurs de
fonds exigent des garanties pour sécuriser leurs financements du projet PPP. Au Cameroun,
seul l’Etat (MINFI) est compétent pour délivrer ces garanties dans le cadre des contrats
de partenariat. Cette garantie de type souveraine est généralement constituée sous forme de
cautionnement de la personne publique auprès des créanciers de la société de projet.
Le cadre juridique actuel de la dette tourne autour du Comité National de la Dette Publique au
Cameroun (CNDP) et la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) qui se retrouvent auprès
du MINFI et lui émettent des avis quant aux garanties, aval et rétrocession de la dette.

2-La nature particulière du contrat de partenariat

Les Contrats PPP faisant intervenir au moins une personne publique et visant
directement la réalisation d’une mission de service public se retrouve sous l’empire du régime
du contrat administratif.
Ils contiennent ainsi des clauses exorbitantes de droit commun à savoir le pouvoir de
modification unilatérale (Fait du prince) des contrats et le pouvoir de sanction. Ils peuvent,
ainsi, faire l’objet de modification unilatérale par l’administration sous certaines réserves et
des modifications bilatérales c’est-à-dire par accord des deux parties. Celle-ci peut être justifiée
par les changements de circonstances intervenues après la signature du contrat tels que
l’évolution des besoins de la personne publique, les innovations technologiques ou les
modifications dans les conditions de financement obtenues par le cocontractant.
Ce statut des Contrats PPP met le partenaire privé dans une position précaire, raison
pour laquelle ce risque est systématiquement pris en charge par la personne publique dans le
cadre des contrats.

3-La forme particulière du contrat

L’article 32 du décret n° 2008/0115/PM du 24 janvier 2008 précisant les modalités


d’application de la loi n° 2006/012 du 29 décembre 2006 fixant régime général des contrats de
partenariat, précise que le contrat de partenariat est constitué d’un document unique rédigé
recto verso. Y sont annexées toutes pièces contractuelles prévues par le règlement de la
concurrence.

4-La fin du contrat

a-La fin normale

Le contrat de partenariat peut prendre fin lorsque, au bout du temps déterminé dans le
contrat, chacune des parties à respecter ses engagements. C’est la fin normale ou naturelle du
contrat de partenariat.
La fin du contrat de partenariat est tributaire de sa nature. Il s’inscrit presque toujours
dans une logique de longue durée, parce que la prise en charge de la gestion d’ensemble d’un
service public suppose le plus souvent la réalisation, par le cocontractant d’investissements
matériels ou immatériels qu’il doit pouvoir amortir dans le cadre de l’exécution du contrat.

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La durée de la concession constitue donc un élément important de la rémunération du
cocontractant. Par ailleurs, la fin du contrat doit composer avec la nécessaire continuité du
service public.
Lorsque le terme arrive, la personne publique prend les dispositions pour assurer la
continuité du service public. L’expiration de la durée stipulée dans le contrat entraîne
normalement de plein droit l’extinction du contrat.

b-La fin à l’initiative de la personne publique

C’est l’hypothèse de la sanction de l’administration qui peut résilier le contrat avec son
partenaire. Elle est prévue à l’article 39 du décret n°2008/0115/PM, qui dispose que « le contrat
de partenariat peut être résilié (…) par la personne publique concédante, soit pour faute grave
du cocontractant, soit pour des motifs d’intérêt général. Dans ce dernier cas, une indemnité
couvrant les charges d’investissement est versée au cocontractant ».
Dans cette hypothèse, il est prévu à l’article 40 que la personne publique concédante
doit prendre « des mesures pour assurer la continuité du service public ou des travaux. Elle
peut, à cet égard, faire appel au candidat le mieux classé à l’issue du dialogue de pré-
qualification ou alors assurer la continuité des travaux en régie ».

Rappelons que les contrats de PPP sont des contrats administratifs du fait de leur objet.
Ils peuvent être annulés pour atteinte à la légalité. Donc, en cas de litige et de saisine des
tribunaux, la compétence est en principe celle des tribunaux administratifs. Mais dans certains
cas (fiscal, atteinte au droit de propriété, droit pénal), le juge judiciaire peut être saisi.

c-La fin à l’initiative du cocontractant de la personne publique

C’est également l’article 39 du décret n°2008/0115/PM qui fixe le cadre de la cessation


du contrat de partenariat public-privé par le juge. Il dispose que « le contrat de partenariat peut
être résilié par le juge compétent, à la demande du cocontractant de la personne publique ».
Le juge compétent peut être précisé dans le contrat de partenariat. Si ce n’est pas le cas,
c’est le droit commun des contrats administratifs qui s’applique. Cela signifie que dans le cas
où un juge n’est pas désigné dans la convention, compétence revient naturellement au juge
administratif.

5-Le règlement de litige

En vertu de l’article 37 du décret de 2008, le règlement des litiges passe par la phase
amiable et/ou l’arbitrage selon l’accord des parties. Sauf dérogation découlant du contrat, ceux-
ci n’ont aucune incidence sur la procédure de droit commun.
Les parties peuvent ainsi recourir à l’arbitrage.

65
ARTICLES DE PRESSE

12 contrats de partenariat public-privé en cours d'exécution au Cameroun (prc.cm)

Parmi les 4 contrats figure la construction, la gestion et la maintenance d'une cité


universitaire d'une capacité de 2500 lits à l'université d'Etat de Buea, chef-lieu de la région du
sud-ouest Cameroun. Il a été noué avec des partenaires sud-africains et camerounais qui vont
mobiliser 12,1 milliards de FCFA (près de 24 millions USD) et exploiteront cette cité pendant
15 ans. Deux autres contrats déjà en cours d'exécution concernent la construction, la gestion et
la maintenance pour une durée de 5 ans du complexe commercial Bonamoussadi de Douala
(capitale économique basée dans la région du Littoral) doté de 1200 boutiques et du marché
Congo dans la même ville qui comptera 1000 boutiques. Pour ces deux projets, des partenaires
camerounais ont consenti un investissement d'environ 25 millions USD et près de 14 millions
USD respectivement. Le dernier partenariat lie l'hôpital général de Douala à des partenaires
allemands qui ont investi 760 millions de FCFA ( environ 1,52 million USD) pour l'acquisition
de 20 générateurs de dialyse.
Pour l'année 2013, le gouvernement camerounais a rendu publique le 7 janvier une liste
de 21 projets d'envergure susceptibles d'intéresser des investisseurs nationaux et internationaux.
Il s'agit, entre autres, dans le domaine de l'énergie de l'aménagement hydroélectrique de Njock
(dans le Centre du Cameroun) d'une puissance de 117 MW pour un coût d'environ 316 millions
USD), de la construction de logements universitaires ou sociaux, des terminaux spécialisés du
port en eau profonde de Kribi dans le sud. Si la représentante de la coopération allemande s'est
réjouie que « au Cameroun, le rapprochement public-privé devient de plus en plus fort », en
revanche, a regretté Justin Ntsama, le coordonnateur technique camerounais du CARPA, «le
Cameroun est encore loin de profiter suffisamment du potentiel qu'offre le partenariat avec le
secteur privé».
Le gouvernement du Cameroun envisage de tirer un plus grand avantage des
opportunités offertes par les partenariats public- privés (PPP), afin de mobiliser les ressources
nécessaires au financement de sa stratégie de développement consignée dans le Document de
stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE) adopté en 2009. Aussi, le ministère de
l'Economie, de la Planification et de l' Aménagement du territoire a commandé cette étude. Elle
vise à rendre le gouvernement plus efficace dans le développement des partenariats visant
l'atteinte des objectifs inscrits dans le DSCE, qui doit conduire le Cameroun vers son émergence
à l'horizon 2035. Cette étude a été menée par le Conseil d'appui à la réalisation des contrats de
partenariats (CARPA), organisme-expert mis en place en 2006 par le gouvernement
camerounais pour son encadrement dans les partenariats, avec l'appui technique et financier de
la coopération allemande (GIZ).

Péage routier automatisé : le contrat désormais en vigueur


Michèle FOGANG
Cameroon Tribune, 13 juin 2022

L’ingénieur de l’Etat et l’entreprise TOLLCAM ont signé vendredi dernier à Yaoundé


l’accord de partenariat qui marque le lancement de la phase d’exécution du projet.
Le contrat de partenariat entre l’Etat du Cameroun et l’entreprise TOLLCAM portant
sur la construction de 14 postes de péages routiers automatiques au Cameroun est officiellement
entré en vigueur vendredi dernier. Au cours d’une cérémonie tenue en présence du Ministre des
Finances, le Ministre des Travaux Publics et Philippe SERAIN, Président de TOLLCAM qui
devra en charge de l’exécution des travaux ont signé les documents relatifs à ce projet.

66
A travers cette signature, l’entreprise TOLLCAM se voit confier le financement, la
conception, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance des 14 postes de
péage automatiques à savoir : Nsimalen, Mbankomo, Tiko, Edéa, Boumnyebel, Nkometou,
Bahia, Mbanga, Bandja, Matezem, Foumbot, Dschang. Des ouvrages devant moderniser le
système de péage automobile et favoriser la sécurisation des recettes.

Autoroute Kribi-Lolabe : le premier péage routier automatique construit à Mbeka’a


Publié : 26 Juin 2022 à Mis à jour : 26 Juin 2022 par Alain Nwaha 7 commentaires
Autoroute Kribi-Lolabe : le premier péage routier automatique construit à Mbeka’a
(actucameroun.com)

C’est l’ouvrage témoin des 14 péages automatiques à construire par l’entreprise


Tollcam.
Il sera opérationnel fin juin courant, selon le ministre des Travaux publics (Mintp),
Emmanuel Nganou Djoumessi. Le premier péage automatique est déjà construit à Mbeka’a, sur
l’autoroute Kribi-Lolabe (38,5 km) dans le département de l’Océan (Sud). Sa mise en service
marque un coup d’accélérateur pour la construction de 14 unités de péage modernes, initié par
l’Etat depuis 2009.
Après plusieurs années de silence, un accord direct de déblocage des fonds et la
convention de collecte ont été signés le 10 juin 2022, entre l’entreprise Tollcam, représentée
par Philippe Serain, le Président de Tollcam, et le Mintp. Le financement, la conception, la
construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance de ces 14 postes de péage routiers
automatiques sur certains axes routiers du Cameroun, est passé de 31,2 milliards de FCFA à 36
milliards de FCFA. Soit une hausse de 5,8 milliards de FCFA. Augmentation justifiée, d’après
les responsables du Mintp, par «la conjoncture économique et financière internationale du
moment».
Peu avant, l’État du Cameroun et Tollcam (groupement Razel BEC-Egis Projects S.A),
entreprise de droit camerounais ont paraphé le 18 mai 2020 sous mode partenariat public-privé
jusqu’à 2039, la convention portant sur la construction des postes de péage automatiques à
Nsimalen, Mbankomo, Tiko, Edea, Boumnyebel, Nkometou, Bayangam, Bafia, Mbanga,
Manjo, Matezem, Foumbot, Dschang, et Bandja.
D’après cette convention, le projet de construction des 14 péages routiers automatiques
devraient générer 300 emplois, 7 milliards de recettes dès la première année d’exploitation, et
53,59 milliards de FCFA de recettes prévisionnelles jusqu’en 2039, sur la base d’un tarif unique
de 500 FCFA. La quote-part à percevoir par l’Etat du Cameroun est évaluée à 5,482 milliards
de FCFA, dès la première année d’exploitation, et environ 49 milliards de FCFA en 2039.

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