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GROUPE ESC CLERMONT

MGE 2IF

DROIT DE L’INGÉNIERIE FINANCIÈRE

Chapitre I : Les pactes d’actionnaires

1
Fabrice Bien
Introduction (1)

- Dans le cadre de la structure juridique qu'ils ont adoptée, et pour


optimiser les mécanismes de transmission qu'ils ont choisis, les
chefs d'entreprise sont souvent amenés à adapter à leur cas
particulier les dispositifs de droit commun relatifs à la gestion de la
société : étendue et répartition des pouvoirs conférés aux dirigeants
; exercice des droits de vote pour les prises de décisions,
notamment en assemblée ; droit d'information des associés ou
actionnaires, etc.

- De façon plus générale, peu de sociétés sont constituées sans que


la forme sociale ne soit aménagée grâce à des conventions
particulières.
= Cette multiplication des aménagements contractuels se constate
depuis plusieurs décennies, mais elle a été favorisée ces dernières
années par la présence accrue, dans les sociétés françaises,
d'intervenants anglo-saxons (fonds de pensions, investisseurs,
sociétés de capital-risque) plus habitués à la rédaction contractuelle
2
qu'à l'utilisation de formes sociales rigides.
Introduction (2)

- Ils se sont développés dans un contexte bien précis :


= Pour l’essentiel, leur utilisation s’est accrue à partir des années
1990 avec la recrudescence de la concentration des entreprises, de
la restructuration des groupes, de la coopération entre les sociétés,
de la dilution de capital des grands groupes et de la diversification
des sources de financement des entreprises, qui ont de plus en plus
fait appel aux apports en fonds propres des sociétés de capital-
investissement.
= Par ailleurs, la constitution de « noyaux durs » dans les
entreprises privatisées, et plus largement dans les grandes sociétés
cotées dont le capital est dilué, a conduit à la conclusion de pactes
originaux, inspirés des traditionnelles conventions de vote.
➱Toutes ces opérations ont nécessité des accords complémentaires
entre associés en dehors des stipulations statutaires traditionnelles
: en raison de la complexité et la diversité des rapports juridiques
établis entre eux qui justifient ce développement et de la rigidité du
droit français des sociétés, incapable de servir d’instrument
3
juridique d’adaptation, qui permet d’expliquer la recrudescence des
pactes d’actionnaires.
Introduction (3)

- Derrière un pactes d’actionnaires, se cache l’idée de


contractualisation, centrale en droit de nos jours.
= La contractualisation doit être encouragée pour deux raisons :
d'une part, elle correspond à l'application de l'un des principes
fondamentaux de notre droit, celui de l'autonomie de la volonté et,
d'autre part, elle rétablit en droit des sociétés une flexibilité qui
permet d’adapter la forme sociale au projet envisagé ou au projet
décidé en cours de vie sociale.

- Elles sont très fréquentes dans la vie des affaires, notamment


lorsque des titres font l'objet d'une cession ou d'un projet de
cession.
= Plusieurs situations peuvent être distinguées : soit deux sociétés
décident d'acquérir conjointement une société tierce, soit des
actionnaires souhaitent céder leurs participations, soit est mise en
place une opération de LBO (où des investisseurs financiers
prennent le contrôle d'une entreprise en profitant d'un effet de levier
4
financier.
Introduction (4)

- Le plus souvent, les majoritaires sont à l'origine des stipulations


organisant les cessions ou les acquisitions de titres.
= Des conventions sont également parfois conclues par des minoritaires
afin d'améliorer la liquidité de leurs titres sur le marché ou pour chercher à
maintenir la cohérence d'un bloc d'actionnaires, notamment dans l'attente
d'une meilleure offre en période d'offre publique ou de garantie de cours.
= Elles sont également parfois conclues entre les actionnaires et des
créanciers ou entre les actionnaires et la société lorsqu'il s'agit d'une
société dont les titres sont inscrits sur un marché réglementé.
= Les stipulations aménageant les cessions de titres cohabitent et sont
souvent combinées avec d'autres conventions relatives au pouvoir dans les
sociétés.

- La pratique utilise fréquemment le terme « pacte » pour qualifier les


accords originaux aux contours parfois imprécis créés au nom de la liberté
contractuelle.
= Il n’a pas de signification technique précise. Il sert généralement à
désigner une convention.
= Le pacte d’actionnaires est donc un contrat particulier, au regard des
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effets, mais c’est un contrat comme un autre, donc soumis au droit commun
des contrats.
Introduction (5)

- Au-delà de la souplesse qu’ils procurent, ces pactes ont pour


avantage, du moins pour les sociétés non cotées, d’assurer une
certaine discrétion puisqu’ils ne donnent lieu à aucune publicité,
contrairement aux statuts.

- Ils peuvent être définies comme les conventions, accords et


clauses conclus entre deux, plusieurs ou tous les associés d'une
société et qui ont pour objet de permettre à ses signataires tantôt de
prendre ou de conserver le pouvoir, tantôt d'organiser le pouvoir au
sein de la société.

- Pour autant, la pratique des pactes d’actionnaires montre qu’ils


sont très divers ; ils doivent donc être étudiées en trois temps :
* la distinction des pactes statutaires des pactes extrastatutaires
;
* les principales clauses des pactes d’actionnaires ;
* le régime juridique des pactes d’actionnaires.
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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 1 : Généralités

- Ils peuvent être insérés :


* tant dans les statuts ;
* que dans des conventions annexes.

- Le choix des uns ou des autres étant principalement déterminé par


leur périmètre d’application, à savoir tous les associés en ce qui
concerne les clauses statutaires, ou certains d’entre eux seulement
pour ce qui est des pactes extrastatutaires.

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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 2 : Les pactes statutaires
I. Notion de pactes statutaires

- Les parties peuvent insérer des clauses particulières dans les


statuts.
= Les statuts formalisent la volonté des créateurs de la société.
= Ils sont primordiaux pour définir avec précision les règles du
fonctionnement social.

- lls devront être établis sous forme d'un écrit (C. civ., art. 1835)
signé par chacun des associés.

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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 2 : Les pactes statutaires
II. Utilité d’un pacte statutaire (1)

- Pour les associés, insérer des règles d'organisation dans les statuts
présente de nombreux avantages :
* Les clauses statutaires jouissent d'une bonne pérennité, car leur
modification sera soumise à un formalisme lourd et à des règles de
majorités strictes.
* Les clauses statutaires ont des effets importants, car elles
s'imposent à tous les associés, présents et futurs.
* Les clauses statutaires sont efficaces grâce au régime applicable
en cas de violation.
= Ce régime sera différent suivant que l'acte violant une clause
statutaire est ou non une délibération sociale

- Mais il présente également des inconvénients :


* l’introduction de clauses de ce type dans les statuts en cours de
vie sociale nécessite la convocation d’une AGE en ce qu’il y a une
modification des statuts ; donc vote à une majorité renforcée ; 9
* l’introduction de clauses de ce type dans les statuts en cours de
vie sociale peut nécessiter un vote à l’unanimité pour qu’une ou des
clauses augmentent les engagements des associés.
Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 2 : Les pactes statutaires
II. Utilité d’un pacte statutaire (2)

* Dans les sociétés par actions, si la clause est appelée à ne


profiter qu'à certaines personnes ou si elle constitue un avantage
attaché à des actions de préférence réservées à certains
actionnaires nommément désignés, la procédure des avantages
particuliers devra être respectée (intervention d'un commissaire aux
avantages particuliers ; interdiction pour les bénéficiaires de
participer au vote).
* L'introduction des clauses dans les statuts, comme leur
modification ou leur suppression, doivent faire l'objet de mesures de
publicité : insertion dans un journal d'annonces légales ; dépôt au
greffe.
* la liberté est moindre car les statuts doivent contenir des
mentions obligatoires.

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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 3 : Les pactes extrastatutaires
I. La notion de pacte extrastatutaire

- Les pactes sont des conventions signées par les associés


essentiellement pour organiser le pouvoir et les cessions de titres.

- Leur valeur est infrastatutaire, ce qui entraîne deux conséquences


principales.
= En premier lieu, ces conventions n'ont pas la même portée que les
statuts.
= En second lieu, leur inexécution « se résout en dommages et
intérêts ».

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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 3 : Les pactes extrastatutaires
II. Utilité du pacte extrastatutaire (1)

- Le recours à une convention extrastatutaire s'explique par les divers


avantages du pacte :
* limitation de l'accord à certains associés seulement ;
* souci de discrétion : il est possible de renforcer leur caractère
confidentiel par la signature par les membres du pacte d’une clause de
confidentialité aux termes de laquelle ils s’interdisent de divulguer à des
tiers le contenu voire l’existence du pacte ;
* caractère complexe des obligations respectives des parties;
* durée limitée de la convention ;
* sanctions particulières ;
* pas de mentions obligatoires ;
* il permet de s’affranchir de certaines règles légales : par exemple la
procédure relative aux avantages particuliers prévus dans les statuts ne
s’applique pas aux avantages prévus dans un pacte extrastatutaire.
* ils peuvent contenir des clauses qui ne pourraient pas être
valablement stipulées dans les statuts.
= Par exemple une clause léonine.
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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 3 : Les pactes extrastatutaires
II. Utilité du pacte extrastatutaire (2)

- Mais, il présente également des inconvénients :


* contrairement aux statuts, le pacte ne s'applique pas aux
associés qui ne l'ont pas signé, sauf ratification par eux.
= En effet, les clauses du pacte ne lient que les signataires ; elles
sont inopposables aux tiers et à la société, sauf si elle est signataire.
* en cas de contradiction entre une disposition des statuts et une
clause d'un pacte, celui-ci peut se trouver privé d'effet.
* la modification d’une des clauses du pacte nécessite l’accord
unanime des signataires du pacte.

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Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 4 : L’articulation entre les statuts et un pacte extrastatutaire

- Il est fréquent dans la pratique qu’un pacte extrastatutaire


contiennent des obligations que les statuts ne prévoient pas.
= Dans ce cas, le pacte extrastatutaire s’appliquera en plus des
statuts pour les seuls membres du pacte extrastatutaire.

- Il arrive également qu’il existe une contradiction entre un pacte


statutaire et un pacte extrastatutaire.
= En principe, il est considéré que les statuts devraient primer sur le
pacte extrastatutaire (Cass. com., 15 février 1994, n° 92-12.330 ;
Cass. 1re civ., 13 juin 1995, n°93-16.535 ; Cass. com., 7. janvier 2004,
n° 00-11.692 ; Cass. com., 5 juin 2019, n°17-18.967).
= Mais, certains universitaires et certaines décisions
jurisprudentielles considèrent à l’inverse qu’il n’existe pas de réelle
hiérarchie entre statuts et pacte extrastatutaire.
= Afin d’éviter des divergences d’interprétation, il faut prévoir
contractuellement les règles d’interprétation et/ou de hiérarchie que
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les parties souhaitent voir appliquer.
Section 1 : Pactes statutaires et pactes extrastatutaires
§ 4 : L’articulation entre les statuts et un pacte extrastatutaire

- Enfin, il est admis que les associés d’une société peuvent déroger
aux statuts d’une société par l’établissement d’actes postérieurs, à
condition que tous les associés y consentent (Cass. com., 12 mai
2015, n°14-13.744 ; Cass. com., 20 janvier 2020, n°18-15.179…).

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 0 : Généralités

- Les principales clauses des pactes d’actionnaires peuvent être


regroupées en plusieurs catégories :
* celles relatives à la géographie du capital ;
* celles relatives à la rémunération du capital ;
* celles relatives au pouvoir ;
* celles relatives à la situation des associés et des dirigeants.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
I. Généralités

- Les plus fréquentes, ces clauses relatives à la géographie du


capital peuvent être regroupées en plusieurs catégories :
* les clauses qui maintiennent l’équilibre ou les équilibres
existants ;
* les clauses d’évolution contrôlé de la géographie du capital ;
* les clauses relatives à la sortie du capital.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
A. Objectifs de ces clauses

- La conclusion entre actionnaires de pactes tendant à maintenir les


équilibres existants dans la répartition du capital vise à éviter le
risque de dilution des participations des parties au pacte à
l'occasion d'une opération en capital ou de mutations affectant les
actions.

- L'objectif recherché est celle d'une stabilité dans la part prise par
chaque associé dans le capital social.
= Ils sont souvent conclus à l'occasion de prise de participation par
des sociétés de capital-risque afin de s'assurer de la présence de
certains actionnaires dans le capital le temps de l'investissement,
preuve de la résurgence de l'intuitu personae dans les sociétés
anonymes.
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
1. Clause anti-dilution et pari passu (1)

- Dans l’hypothèse d’une augmentation de capital, par exemple, les


actionnaires jouissent en principe d’un droit préférentiel de
souscription leur permettant de maintenir leur participation à leur
niveau d’origine en souscrivant proportionnellement à toute
émission nouvelle.
= Or, un actionnaire peut ne pas être intéressé par l’augmentation de
capital projetée, ou encore l’augmentation de capital peut avoir été
réservée à un tiers, sans que l’intéressé ait pu s’y opposer faute
d’avoir atteint la minorité de blocage.

- La clause d’anti-dilution ou de pari passu va permettre à


l’actionnaire qui ne participe pas à l’augmentation de capital de ne
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pas voir son pouvoir diluer.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
1. Clause anti-dilution et pari passu (1)

- Par cette clause, les signataires s’engagent à ne pas procéder à


des acquisitions au-delà d’un certain plafond de participation.

- Ces clauses s’analysent juridiquement comme des promesses


unilatérales de vente sous condition suspensive d’un événement
déterminé (augmentation de capital immédiate ou différée, fusion,
etc.).
= Autrement dit, par cette clause, les actionnaires majoritaires
s’engagent à céder aux actionnaires minoritaires, généralement des
investisseurs, le nombre de titres nécessaires, pour que, ajoutés à
ceux déjà détenus par les investisseurs, le total représente le
pourcentage de capital qu’ils détenaient avant l’augmentation de
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capital notamment.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
1. Clause anti-dilution et pari passu (3)

- La clauses peut être rédigée ainsi :


« Pour le cas où l’actionnaire majoritaire déciderait d’augmenter le
capital social de la société, soit directement par l’émission d’actions
nouvelles ordinaires ou de préférence, soit indirectement par
l’émission d’obligations donnant droit à une quote-part du capital
social par conversion, échange, remboursement, bon de
souscription ou tout autre moyen, celui-ci s’engage à maintenir le
pourcentage de capital actuellement détenu par l’actionnaire
minoritaire en lui cédant le nombre d’actions nécessaire pour un prix
égal au prix d’émission des nouveaux titres ».

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
2. Clause d’interdiction d’acquérir (1)

- Cette clause oblige un ou plusieurs actionnaires à ne pas


augmenter sa participation dans le capital de cette société.

- Cette clause doit être délimitée dans le temps ; à défaut, elle serait
résiliable unilatéralement à tout moment.

- Elle s’analyse juridiquement comme une simple obligation de ne


pas faire.

- La clause de non-acquisition ne saurait toutefois faire échec à


l’obligation légale où peut se trouver un actionnaire de devoir
déclencher une offre publique d’achat.
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
2. Clause d’interdiction d’acquérir (2)

- Elle peut être rédigée de la façon suivante :


« L’actionnaire majoritaire s’interdit d’augmenter sa participation
dans le capital de la société, soit directement, soit indirectement,
pendant toute la durée de l’investissement, sauf accord préalable de
l’actionnaire minoritaire. »

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
a. Objet et intérêts de la clause (1)

- La clause d'inaliénabilité a pour objet d'interdire la cession ou la


transmission des droits sociaux sur lesquels elle porte.

- La clause d'inaliénabilité peut être modulée, les statuts prévoyant


qu'elle ne visera que certaines opérations (cession à tel ou tel tiers
déterminé, notamment)

- Elle peut être combinée avec d'autres clauses, et en particulier une


clause d'agrément, permettant ainsi d'interdire la cession de parts
ou actions à certains associés ou actionnaires ou à des tiers
pendant une période déterminée et de soumettre à agrément les
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cessions qui ne sont pas interdites par la clause d'inaliénabilité.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
a. Objet et intérêts de la clause (2)

- Dans le cadre d'une transmission d'entreprise, la clause


d'inaliénabilité présente un intérêt lorsque le chef d'entreprise, qui
envisage de donner (ou léguer) un même nombre de parts ou
d'actions à ses enfants, souhaite stabiliser la situation de celui
d'entre eux qu'il a choisi pour lui succéder en empêchant les autres
de céder leur participation peu de temps après la donation (ou le
décès en cas de legs).
= La clause doit alors être insérée dans les statuts avant la donation
(ou le décès).

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
b. Validité de la clause
1°) Les sociétés concernées
a°) Dans la SAS

- La clause d'inaliénabilité ne peut être adoptée ou modifiée qu'à


l'unanimité des associés (C. com. art. L 227-19).
= Il en va de même en cas de suppression de la clause.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
b. Validité de la clause
1°) Les sociétés concernées
b°) Dans les autres sociétés

- Les statuts peuvent valablement prévoir une clause interdisant à un


associé ou un actionnaire de céder ses parts ou actions dès l'instant
que, conformément au régime de droit commun des clauses
d'inaliénabilité.
= Cette interdiction est limitée dans le temps et qu'elle est justifiée
par un intérêt légitime.
= La durée de l'inaliénabilité doit être raisonnable.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
b. Validité de la clause
2°) Les personnes visées

- L'interdiction porte généralement sur l'intégralité des droits


sociaux détenus par l'ensemble des associés ou actionnaires.

- Mais il n'est pas interdit de la moduler en fonction des objectifs


poursuivis et d'en limiter l'application à certains titres ou à certains
associés ou actionnaires seulement.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
b. Validité de la clause
3°) Les opérations concernées

- La clause constitue une atteinte au droit des associés ou


actionnaires de disposer de leurs parts ou actions : elle doit donc
être interprétée strictement.
= Ainsi, si elle vise la cession des parts ou actions sans autre
précision, l'interdiction ne s'applique pas, à notre avis, en cas de
cession de la nue-propriété ou de l'usufruit des droits sociaux.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
c. Mise en œuvre de la clause

- Pendant toute la durée prévue pour l'application de la clause, les


associés ou actionnaires dont les titres sont visés par cette clause ont
l'interdiction de les transmettre.

- Le point de départ du délai d'inaliénabilité correspond en principe à la


date de signature des statuts ou à la date de leur modification en cas
d'adoption de la clause en cours de vie sociale.

- Ils peuvent toutefois demander au juge l'autorisation d'en disposer si


l'intérêt qui avait justifié la clause a disparu ou si un intérêt plus
important l'exige, par application des dispositions de droit commun de
l'article 900-1, al. 1 du Code civil. 30
= Mais cette solution n’est pas applicable aux SAS dans la mesure où
cette clause peut y être insérée sans qu'il soit nécessaire de justifier
d'un intérêt légitime.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
d. Sanction de la violation de la clause

- Dans la SAS, toute cession effectuée au mépris d'une clause


d'inaliénabilité statutaire est nulle (C. com. art. L 227-15).

- Dans les autres sociétés, toute cession consentie en violation


d'une clause d'inaliénabilité statutaire est inopposable à la société et
le bénéficiaire de la clause ne peut exercer qu'une action en
responsabilité contre le cédant.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
3. Clause d’inaliénabilité
e. Exemple de rédaction dans une SAS

« ARTICLE "Numéro" - Inaliénabilité des actions


Pendant une durée de "Nombre d'années » (La durée doit être de 10 ans au
maximum" ans) à compter de la date d'immatriculation de la Société, les
associés ne pourront céder leurs actions, ainsi que tout droit de
souscription, d'attribution ou autre ayant pour objet ou pour effet de
conférer directement ou indirectement un droit quelconque sur tout ou
partie du capital et/ou des droits de vote de la Société.
Par exception à l'inaliénabilité ci-dessus, le Président doit lever
l'interdiction de cession des actions dans les cas suivants :
- exclusion d'un associé dans les conditions fixées à l'article "Numéro" des
statuts ;
- modification dans le contrôle d'une société associée dont il résulterait la
suspension de ses droits de vote et son exclusion dans les conditions 32
fixées à l'article "Numéro" des statuts ;
- révocation d'un dirigeant associé. »
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
4. Clause de tontine
a. Intérêt de la clause

- La clause de tontine permet à un groupe de personnes de constituer


ensemble un capital destiné à être réparti entre les survivants à l'échéance
convenue.
= Le principal avantage est financier puisque la tontine permet au chef
d'entreprise de transmettre ses parts sociales à un successeur ne disposant
d'aucune trésorerie.

- Exemple : un père de famille souhaite transmettre son entreprise à un


collaborateur ; à cette fin, il constitue avec lui une SARL à laquelle il apporte
l'entreprise, le collaborateur réalisant un apport en numéraire.
= Au décès de ce chef d'entreprise, et par l'effet de la clause de tontine, le
collaborateur détient rétroactivement la propriété de l'ensemble des parts de
la SARL, qui est réputée unipersonnelle depuis l'origine. 33
= Les héritiers du chef d'entreprise n'ont droit à aucune indemnité puisque
ce dernier est censé n'avoir jamais été propriétaire des parts qu'il a
souscrites.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
4. Clause de tontine
b. Validité de la clause

- La clause de tontine n'est pas un pacte sur succession future


prohibé par l'article 1130, al. 2 du Code civil).
= La prohibition du pacte sur succession future signifie qu'un futur
"de cujus" ne peut pas organiser par contrat la transmission à venir
des biens et des dettes qui ne composeront sa succession qu'au
jour de son décès.

- La clause de tontine ne doit pas avoir pour effet de permettre une


fraude aux droits des créanciers de l'un des associés.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
4. Clause de tontine
b. Effets de la clause

- La clause de tontine a pour objet et pour effet d'attribuer, par le jeu


d'une condition résolutoire de prédécès et d'une condition
suspensive de survie, la propriété exclusive des parts ou actions à
ou aux associés survivants.

- La clause de tontine rend indisponibles les parts sur lesquelles elle


porte qui, de ce fait, deviennent insaisissables et inaliénables
jusqu'à ce que survienne l'événement permettant l'attribution de leur
propriété.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
II. Les clauses relatives au maintien de l’équilibre ou des équilibres
existants
B. Inventaire des clauses
4. Clause de tontine
c. Exemple rédigé d’une clause de tontine

- « Les associés conviennent à titre aléatoire que le premier mourant


d'entre eux sera considéré comme n'ayant jamais eu la propriété des
parts sociales qui lui ont été attribuées en contrepartie de son (ses)
apport (s) actuel(s) ou futur(s), lesquelles parts sociales sont
censées avoir toujours appartenu au survivant (ou aux survivants
s'ils sont plusieurs à proportion de leur capital dans la société).
Chacun des associés sera donc propriétaire de ses parts sociales
sous condition suspensive de sa survie et sous condition
résolutoire de son prédécès.
En vertu de la rétroactivité de cette dernière condition, le(s)
survivant(s) sera (seront) réputé(s) être propriétaire(s) des parts
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sociales du prédécédé, représentatives des biens apportés à la
société depuis leur apport à la société. »
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
A. Objectifs de ces clauses

- Si les actionnaires ne peuvent pas toujours s'opposer à toute


modification dans la géographie du capital, ils peuvent en revanche
utilement chercher à contrôler la manière dont évolue la répartition
du capital soit en contrôlant les qualités des nouveaux entrants, soit
en obtenant le bénéfice d'une proposition préférentielle de faire
évoluer sa propre participation à l'occasion de tout ou partie des
mutations affectant les titres de la société.

- Cela sera possible par le recours aux clauses suivantes :


* Les clauses d’agrément ;
* Les clauses de préemption ;
* Les clauses de préférence.
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
a. Intérêts de la clause

- Les clauses d'agrément permettent de filtrer l'entrée d'associés ou


d'actionnaires potentiels au sein de la société et d'écarter des
personnes dont la présence est, pour une raison quelconque, jugée
indésirable.

- Elles permettent aussi de stabiliser l'actionnariat et d'organiser la


transmission du pouvoir.

38
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause

- La faculté de prévoir des clauses d'agrément est plus ou moins


étendue selon la forme de société en cause et selon que l'agrément
concerne les transmissions entre associés ou à des tiers étrangers à
la société.

- Dans les sociétés en nom collectif (SNC), l’agrément est obligatoire


pour les cessions de parts de SNC ; les parts sociales ne peuvent
donc être cédées qu'avec le consentement de tous les associés,
toute clause contraire étant réputée non écrite (C. com. art. L 221-
13).
39
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
1) Dans la société en nom collectif

- Dans les sociétés en nom collectif (SNC), l’agrément est obligatoire


pour les cessions de parts de SNC ; les parts sociales ne peuvent
donc être cédées qu'avec le consentement de tous les associés,
toute clause contraire étant réputée non écrite (C. com. art. L 221-
13).

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
2) Dans la société en commandite simple

- Dans la sociétés en commandite simple (SCS), en principe, les parts


sociales ne peuvent être cédées, même entre associés, qu'avec le
consentement de tous les associés (C. com. art. L 222-8, I).
= Toutefois, les statuts peuvent valablement stipuler (C. com. art. L 222-
8, II) :
* que les parts des commanditaires sont librement cessibles entre
associés ;
* que les parts des commanditaires peuvent être cédées à des tiers
étrangers à la société avec le consentement de tous les commandités et
de la majorité en nombre et en capital des commanditaires ;
* qu'un commandité peut céder une partie de ses parts à un 41
commanditaire ou à un tiers étranger à la société dans les conditions
prévues au * ci-dessus.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
3) Dans la société à responsabilité limitée (1)

- Dans la société à responsabilité limitée (SARL), il faut distinguer entre trois


situations :

* La cession à des tiers : Les parts sociales ne peuvent être cédées à


des tiers étrangers à la société qu'avec le consentement de la majorité des
associés représentant au moins la moitié des parts sociales, à moins que
les statuts ne prévoient une majorité plus forte (C. com. art. L 223-14, al. 1).

* La cession à un conjoint : Les parts sont en principe librement


cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants (C. com. art. L
223-13, al. 1).
= Toutefois, les statuts peuvent déroger à ce principe et prévoir que le
conjoint, un ascendant ou un descendant ne peut devenir associé qu'après
avoir été agréé dans les conditions prévues à l'article L 223-14. 42
= L'agrément ne peut s'appliquer que si l'ascendant, le descendant ou le
conjoint n'a pas déjà la qualité d'associé.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
3) Dans la société à responsabilité limitée (2)

* La cession entre associés : les parts sociales sont en principe librement


cessibles entre associés (C. com. art. L 223-16, al. 1).
= Toutefois, les statuts peuvent contenir une clause limitant cette cessibilité.

- Dans les sociétés anonymes (SA), les actions peuvent en principe être librement
cédées aussi bien à des tiers étrangers à la société qu'entre actionnaires.
= Toutefois, les statuts peuvent déroger à ce principe en soumettant les cessions
d'actions à agrément en ce qui concerne les sociétés non cotées(C. com. art. L 228-
23, al. 1).
= Les clauses d’agrément sont, à l’inverses, interdites dans les sociétés cotées.
= Les clauses d'agrément peuvent également viser les valeurs mobilières donnant
accès au capital (C. com. art. L 228-23, al. 1), y compris donc lorsque les valeurs
mobilières en cause sont des titres de créance tels qu'obligations convertibles,
échangeables ou remboursables en actions, ou obligations avec bons de souscription
d'actions.
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
4) Dans la société anonyme (1)

- Dans les sociétés anonymes (SA), les actions peuvent en principe être librement
cédées aussi bien à des tiers étrangers à la société qu'entre actionnaires.

- Toutefois, les statuts peuvent déroger à ce principe en soumettant les cessions


d'actions à agrément en ce qui concerne les sociétés non cotées (C. com. art. L 228-
23, al. 1).
= Cela peut concerner les cessions aux tiers, mais aussi les cessions entre
actionnaires.

- Les clauses d’agrément sont, à l’inverses, interdites dans les sociétés cotées.

- Les clauses d'agrément peuvent également viser les valeurs mobilières donnant
accès au capital (C. com. art. L 228-23, al. 1), y compris donc lorsque les valeurs
mobilières en cause sont des titres de créance tels qu'obligations convertibles,
échangeables ou remboursables en actions, ou obligations avec bons de souscription
d'actions. 44
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
4) Dans la société anonyme (2)

- Cependant, la clause d'agrément est écartée en cas de liquidation du régime


matrimonial ou de cession, soit à un conjoint, soit à un ascendant ou à un descendant
(C. com. art. L 228-23, al. 3) : une clause d’agrément ne peut donc pas s’appliquer aux
cessions entre membres de la famille du cédant (conjoint, descendants,
descendants), quelle qu’en soit la nature : vente, donation, liquidation de
communauté, succession par exemple).

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
5) Dans la société par actions simplifiée

- Dans la société par actions simplifiée (SAS), Les statuts peuvent soumettre toute
cession d'actions à l'agrément de la société (C. com. art. L 227-14), ce qui donne toute
liberté aux associés pour déterminer le champ d'application de l'agrément : cession à
des tiers étrangers à la société ; cession entre associés ; cession au conjoint, à un
ascendant ou à un descendant ; création de deux catégories d'actions, les premières
dont la cession est libre, les secondes dont la cession est soumise à agrément ;
application de la clause à certains associés seulement...

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
b. Validité de la clause
6) Dans la société en commandite par actions

- Dans la société en commandite par actions (SCA), en ce qui concerne les


commandités, la cession des droits d’un commandité nécessite, en principe,
l’accord préalable de tous les commandités et, en principe, de tous les
commanditaires.

- La cession des actions des commanditaires est soumise aux règles


prévues pour la cession des actions dans les SA : liberté de cession sauf
clause statutaire prévoyant un agrément en cas de cession à des tiers
étrangers à la société ou entre actionnaires ; clause inapplicable en cas de
cession au conjoint, à un ascendant ou à un descendant (sauf cas d'actions
réservées aux salariés).
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
c. Mise en œuvre de la clause (1)

- La procédure d'agrément fait l'objet d'une réglementation plus ou


moins stricte selon la forme de la société émettrice des parts ou
actions dont la cession est envisagée ; mais elle suppose en
pratique :
* une notification du projet de cession et
* une décision prise par l'organe compétent,
* ainsi que, dans les SARL et dans les sociétés par actions, une
issue pour l'associé ou actionnaire cédant en cas de refus
d'agrément.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
c. Mise en œuvre de la clause (2)

- Dans les SAS, la liberté d'agréer les cessions d'actions est totale ;
mais, en contrepartie, il est obligatoire de recueillir l'unanimité pour
introduire la clause d'agrément dans les statuts ou pour la modifier
ou encore, à notre avis, pour la supprimer.
= Outre la détermination des cessions soumises à agrément, les
statuts déterminent les conditions d'obtention de l'agrément.
= Dans le silence des statuts sur les modalités de l'agrément, ce sont
les règles de droit commun concernant les cessions d'actions (C.
com. art. L 228-24) qui s'appliquent.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
d. Sanction du non-respect de la clause

- Légalement, toute cession intervenue en violation d’une clause


statutaire d’agrément est nulle dans les SA, SAS et SCA.

- Dans les SNC, les SCS et la SARL, la cession effectuée en violation


de la clause statutaire d’agrément est inopposable à la société et aux
associés.

- La nullité est également encourue lorsque des acquéreurs


cherchent à entrer par fraude dans la société en échappant à la
procédure d'agrément.
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
1. Clause d’agrément
e. Exemple de clause d’agrément dans une SA

- « Toute transmission d'actions à des tiers/même entre actionnaires,


à quelque titre que ce soit (à titre gratuit ou onéreux, y compris par
voie d'apport, d'échange, de fusion, de scission ou d'apport partiel
d'actif soumis au régime des scissions, ou encore d'adjudication
volontaire ou forcée), et alors même que cette transmission ne
porterait que sur la nue-propriété ou l'usufruit des actions, doit, pour
devenir définitive, être autorisée par l'assemblée générale
ordinaire/le conseil d'administration ou le conseil de surveillance/un
comité spécialisé (….) dans les conditions suivantes… ».

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
a. Intérêts de la clause (1)

- Les clauses de préemption assurent aux associés ou actionnaires


en place la possibilité d'augmenter leur participation dans la société
si l'un d'entre eux désire se retirer en réservant à une catégorie
déterminée d'associés ou actionnaires ou à tous les associés ou
actionnaires la possibilité d'acheter par priorité toutes les parts ou
actions dont la cession est envisagée.

- Elle est aussi très utile en matière de transmission de l’entreprise :


* Droit de préemption au profit d'une personne déterminée : un
père de famille possède une entreprise à transmettre ; parmi ses
trois enfants, un seul est intéressé par l'affaire et il constitue avec
52
celui-ci une société à laquelle il apporte son entreprise.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
a. Intérêts de la clause (2)

* Droit de préemption au profit de l'ensemble des membres d'une


famille : la clause de préemption peut contribuer à maintenir un
équilibre au sein même de la famille qui détient le contrôle de la
société.
* Droit de préemption et ouverture du capital : pour verrouiller le
contrôle d'une société de famille sans la priver des ressources
financières qui lui sont indispensables, les associés, qui bénéficient
d'un droit de préemption, font entrer un investisseur dans la société
par le biais d'une augmentation de capital qui lui est réservée.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
b. Validité de la clause (1)

- Les statuts peuvent valablement prévoir une clause de préemption.


= La validité de cette clause n'a jamais été mise en doute pour les
cessions de parts sociales, aucune règle d'ordre public ne s'y
opposant.
= Les tribunaux ont reconnu la validité d'une clause de préemption
statutaire dans les sociétés par actions.

- La clause ne doit pas avoir pour effet d'empêcher les associés ou,
surtout, les actionnaires de céder leurs parts ou actions.
= Elle doit en particulier prévoir pour le déroulement de la procédure
des délais qui ne soient pas d'une durée telle qu'ils conduisent à
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empêcher toute cession ; elle doit aussi réserver un juste prix au
cédant.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
b. Validité de la clause (2)

- Les clauses de préemption constituent une restriction à la liberté


pour les associés ou actionnaires de céder leurs titres.
= Elles doivent donc être interprétées restrictivement : par exemple,
si la clause ne vise que les cessions entre associés, elle ne peut pas
être mise en œuvre en cas de cession à un tiers et, inversement, si
elle ne vise que les cessions aux tiers, elle n'est pas applicable en
cas de cession entre associés.

- La clause peut viser aussi bien les cessions entre associés ou


actionnaires que les cessions à un tiers étranger à la société voire
aux conjoints, ascendants ou descendants.
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= Rien ne s'oppose à ce qu'elle limite le champ d'application du droit
de préemption.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
c. Mise en œuvre de la clause (1)

- La plupart des clauses de préemption prévoient l'obligation pour le


cédant de notifier aux autres associés ou actionnaires (ou encore au
gérant, au président ou au conseil d'administration ou au conseil de
surveillance) non seulement les modalités de la cession envisagée -
nombre de parts ou actions à céder, prix et autres conditions de la
cession envisagée - mais aussi le nom de l'acquéreur pressenti.

- La clause statutaire doit prévoir tant la forme de la notification que


les délais d’exercice du droit de préemption.

- La clause de préemption doit réserver un « juste prix » au cédant :


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le plus souvent, il est stipulé que la préemption s'exercera aux
mêmes prix et conditions que ceux contenus dans le projet de
cession notifié aux associés ou actionnaires.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
c. Mise en œuvre de la clause (2)

- Contrairement aux règles applicables aux clauses d'agrément, le


cédant ne peut pas se prévaloir d'un droit de repentir et renoncer à
la cession au cas où les bénéficiaires du droit de préemption
manifesteraient l'intention d'exercer ce droit.

- L'associé ou actionnaire qui envisage de céder ses parts ou


actions doit les proposer aux autres associés ou actionnaires.
= Si ces derniers n'exercent pas leur droit de préemption, le cédant
peut vendre ses parts ou actions à l'acquéreur de son choix.

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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
d. Sanction du non-respect de la clause

- Dans la SAS, toute cession effectuée au mépris d'une clause de


préemption statutaire est nulle (C. com. art. L 227-15).

- Dans les sociétés autres que les SAS, en l'absence de collusion


frauduleuse entre le cédant et l'acquéreur, la violation de la clause
de préemption statutaire n'emporte pas par elle-même nullité de la
cession conclue entre actionnaires (Cass. com. 11 mars 2014 n°13-
10.366).
= Le bénéficiaire de la clause ne peut exercer qu'une action en
responsabilité contre le cédant.
= La cession est néanmoins inopposable à la société qui peut donc
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valablement refuser de procéder au virement des parts ou actions du
compte du cédant à celui de l'acquéreur.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
2. Clause de préemption
e. Exemple de clause de préemption dans une SAS

- « Article 17. Droit de préemption


Chaque associé bénéfice d’un droit de préemption sur toutes les
cessions d’actions, y compris celles entre associés.
Afin de permettre l’exercice de ce droit, le cédant doit notifier au
(président ou : comité de direction) et à chacun des associés son
intention de céder tout ou partie de ses actions, ces notifications
doivent impérativement être effectuées le même jour.
La date de ces notifications fait courir un délai de <nombre> mois
pendant lequel chaque associé peut exercer son droit de
préemption, ce délai étant dénommé « délai n° 1 »... ».
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Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
3. Clause de préférence (1)

- C'est la clause au terme de laquelle le minoritaire bénéficie d'une


priorité en cas de nouvelle émission de titres, les majoritaires
s'engageant dans cette occurrence à proposer en priorité au
bénéficiaire de la clause, la faculté de souscrire par préférence à tout
autre investisseur.

- Le recours à des tiers n'interviendra que dans l'hypothèse où le


bénéficiaire aurait renoncé à exercer son droit de préférence.

- Elle peut être complétée par une clause dite de l’associé le plus
favorisé aux termes de laquelle les majoritaires s’engagent, par
avance, à étendre au minoritaire tous avantages ou privilèges qu’ils
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pourraient accorder dans le futur à un nouvel entrant.
Section 2 : Les principales clauses des pactes d’actionnaires
§ 1 : Les clauses relatives à la géographie du capital
III. Les clauses relatives à l’ évolution contrôlé de la géographie du
capital
B. Les clauses usuelles
3. Clause de préférence (2)

- Exemple de clause :
= « Pour le cas où une augmentation de capital ou une émission de
valeurs mobilières donnant accès au capital serait envisagée par les
actionnaires A, et pour le cas où les actionnaires B en feraient la
demande, les actionnaires A s'engagent à faire bénéficier les
actionnaires B d'un droit de préférence par rapport à un ou des tiers,
nonobstant le droit au maintien de leur quote-part de participation
ainsi qu'il est dit ci-dessus ».

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