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Mémoire de Fin d’Etudes

Présenté en vue de l’obtention de Master en Economie

Appliquée

L’impact des barrières non tarifaires sur le commerce extérieur marocain :


étude empirique à l’aide d’un modèle de gravité

Encadré par : Présenté par :

Pr. MOUFDI Nada BAKKALI Nouhaila

Soutenu le 27 Novembre 2020

Membres de jury :
Pr. MOUFDI Nada Professeur Habilitée FSJES-Fès
Pr. ELAMRI Khadija Professeur de l’Enseignement Supérieur Assistant FSJES-Fès
Pr. BENALI Mimoun Professeur de l’Enseignement Supérieur ENCG-Fès

Année universitaire 2019/2020


Dédicace

Je dédie ce modeste travail à :

À mes parents qui par leur affection, leur soutien indéfectible et leur confiance
m'ont permis de poursuivre mes études. Je leur dédie ce travail en témoignage de mon
immense reconnaissance et de mon amour.

À tous les enseignants du Master Economie Appliquée, qui nous ont suivis durant
ces deux années de formation.

À mes ami(e)s et à toutes les personnes qui ont apporté leur aide, leur soutien et
leur intérêt à mon travail de recherche.

Ce travail est le fruit de votre soutien infaillible,

Merci d’être toujours là pour moi.

1
Remerciements

Louange à ALLAH pour ses bienfaits innombrables, pour ses dons abondants
dont il m’a comblé, du plus profond de moi, je remercie notre grand seigneur ALLAH,
Exalté soit-il, qui m’aide à avancer dans ma vie.

La réalisation et l’achèvement de ce travail a nécessité l’implication et le


soutien de nombreuses personnes que je souhaite remercier vivement.

Mes remerciements les plus sincères vont tout d’abord à mon encadrante
Madame MOUFDI Nada, pour la confiance qu’elle m’a prodigué tout au long de ce
projet, pour le précieux temps qu’elle m’a consacré, sans oublier d’indiquer
l’indispensabilité de ses conseils et ses remarques qui m’ont été d’une grande utilité.

Je tiens à exprimer mes sincères gratitudes à Monsieur le Professeur TOUIJAR


Driss, grâce à qui ce master a pu être concrétisé.

Je souhaite aussi exprimer ma gratitude à l'ensemble des membres du Jury, pour


avoir accepté d'évaluer ce travail.

Je remercie également toute l’équipe pédagogique de la FSJES Fès et les


intervenants professionnels responsables de ma formation, pour leurs soutiens, leurs
conseils et leurs entières collaborations.

Enfin, je remercie toute personne ayant contribué de près ou de loin à la


réalisation de ce travail.

À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma


gratitude.

2
Sommaire

Introduction générale

Partie I : Echanges commerciaux et barrières non tarifaires

Chapitre 1 : Protectionnisme et barrières non tarifaires : Une revue de littérature

Section 1 : Les nouvelles mesures protectionnistes

Section 2 : Aperçu général sur les barrières non tarifaires

Section 3 : Formes et classification des barrières non tarifaires

Chapitre 2 : Le commerce international et l’ouverture du Maroc

Section 1 : La politique commerciale extérieure Marocaine : vers une


libéralisation des échanges

Section 2 : Problèmes du commerce extérieur marocain


Section 3 : l’influence des mesures non tarifaires sur le commerce extérieur

Partie II : L’impact des BNT sur le commerce extérieur Marocain


Chapitre 1 : Analyse des mesures non tarifaires imposées aux échanges extérieurs du Maroc

Section 1 : Les entreprises marocaines affectées par des MNT contraignantes

Section 2 : Nature et origine des mesures non tarifaires restrictives

Section 3 : Classement des mesures non tarifaires par secteurs exportateurs

Chapitre 2 : Etude économétrique de l’impact des mesures non tarifaires sur le commerce
extérieur du Maroc

Section 1 : Méthodologie utilisée et source de données

Section 2 : Estimation du modèle et analyse des résultats

Conclusion générale

3
Liste des abréviations

BNT Barrières non tarifaires


CCI Centre du Commerce International
CEPII Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales
CNUCED Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement
EACCE Établissement autonome de contrôle et de coordination des
exportations
FMI Fonds Monétaire International
GATT Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce
GNTB Groupe de Personnes Eminentes sur les Barrières Non Tarifaires
IDE Investissement Direct Etranger
ISI Industrialisation par substitution aux importations
MAST Multi-Agency Support Team
MCG Moindres Carrés Généralisées
MCO Moindres Carrés Ordinaires
MMM Métiers mondiaux du Maroc
MNT Mesures Non Tarifaires
NPF Nation la Plus Favorisée
OLS Ordinary Least Squares
OMC Organisation Mondiale du Commerce
ONSSA Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires
OP Obstacles procéduraux
OTC Obstacles Techniques au Commerce
PAS Programme d’ajustement structurel
PIB Produit Intérieur Brut
PPML Poisson pseudo-maximum likelihood
RVE Restrictions volontaires à l’exportation
SPS Mesures Sanitaires et Phytosanitaires
TRAINS Trade Analysis Information System
UE Union Européenne
VER Voluntary Export Restraints
WITS World Integrated Trade Solution

4
Résumé
L'économie mondiale est encore loin du modèle idéal d'un marché sans barrières, libéré de
toute entrave au commerce. Dans ce mémoire, nous tenterons d'analyser l'impact des mesures non
tarifaires sur les exportations marocaines. L'analyse de la littérature montre que l'effet des mesures
non tarifaires sur le commerce international dépasse les mesures tarifaires. Afin d'analyser
empiriquement l'impact des mesures non tarifaires sur le commerce extérieur marocain, nous avons
utilisé une équation gravitationnelle estimée pour un échantillon de 12 pays de différents niveaux de
développement sur une période de 2000-2015. Les résultats obtenus montrent que les mesures non
tarifaires ont un effet négatif sur le commerce extérieur marocain. Ces mesures impactent
différemment les secteurs exportateurs et conduisent à des pertes considérables pour les
exportateurs marocains de marchandises.

Mots clés : Barrières non tarifaires, tarifs douaniers, équation de gravité, commerce international,
données de panel.

Abstract
The global economy is still far from the ideal model of a barrier-free market, free of trade
barriers. In this brief, we will attempt to analyze the impact of non-tariff measures on Moroccan
exports. The literature review shows that the effect of non-tariff measures on international trade
exceeds that of tariff measures. To empirically analyze the impact of non-tariff measures on
Moroccan foreign trade, we used a gravity equation estimated for a sample of 12 countries at
different levels of development over the period 2000-2015. The results show that non-tariff
measures have a negative effect on Moroccan foreign trade. These measures impact exporting
sectors differently and lead to considerable losses for Moroccan merchandise exporters.

Keywords: Non-tariff barriers, tariffs, gravity equation, international trade, panel data.

5
Introduction générale

« Non seulement ces mesures sont devenues plus visibles du fait que les droits ont
baissé sensiblement dans le cadre des négociations commerciales multilatérales successives,
mais elles sont également utilisées plus largement par les gouvernements pour atteindre
les objectifs protectionnistes qui étaient autrefois atteints grâce aux droits de douane1».

a mondialisation croissante de l’économie, à la faveur de la division internationale des

L processus de production et à l’essor sans précédent de l’innovation technologique, a fait


du commerce extérieur un pilier central de la croissance et de la libéralisation
commerciale à l’échelle internationale, un choix irréversible.

Pour s’inscrire dans ce processus de la mondialisation, le Maroc a fait de l’ouverture sur


l’extérieur un choix stratégique. Dans ce cadre, les efforts menés dans la voie de la libéralisation de
l’économie particulièrement au cours des années 80 et 90 se sont notamment soldés par la signature
d’accords et de Conventions avec différents pays que ce soit au niveau bilatéral, régional ou
multilatéral. Ce changement dans la structure de la politique commerciale du Maroc et des autres
Etats, est influencé par un mouvement international de libéralisation commerciale prôné par l’OMC,
et qui stipule que la croissance économique est le résultat du libre-échange. En revanche, les
résultats de la conclusion d’accords ne correspondent pas aux attentes des entreprises exportatrices
et importatrices marocaines. Le constat est que la libéralisation commerciale internationale n’a
touché qu’à la baisse des droits de douane, donnant naissance à de nouvelles formes de
protectionnisme basées essentiellement sur des barrières non tarifaires (BNT) contraignantes et
restrictives au commerce.

Ces formes de protectionnismes sont accusées de diminuer significativement les


exportations des Etats les moins développés et les activités des entreprises d’envergure modeste. De
même, leur effet sur le bien-être du consommateur et la protection réelle de l’économie nationale et
de ses entreprises et employées reste floue.

Les barrières non tarifaires sont devenues au cœur des politiques commerciales étatiques, ce
qui leurs donne une marge de manœuvre pour pouvoir agir sur le volume des importations et des
exportations surtout pour les produits sensibles. Les entreprises marocaines souffrent de plus en
plus de ce type d’obstacles déguisés sous le drapeau de la protection de la santé humaine, animale et
de la protection de l’environnement.

1
Robert Baldwin, Recent Issues and Initiatives in U.S. Trade Policy, Cambridge, MA, 1984.

6
Le rapport de l’OMC de 2012 met l’accent sur l’importance des BNT comme étant de
véritables défis à la libéralisation commerciale, en insistant sur les pays qui souffrent le plus de ce
type de mesures, le Maroc figure dans la liste de ces pays. Selon l’OMC, les mesures non tarifaires
constituées entre autres par des normes techniques et des normes sanitaires, ne doivent en aucun cas
être utilisées pour un but autre que leur objectif légitime qui est la protection de la vie humaine et
animale ainsi que la protection de l’environnement.

Les barrières non tarifaires (BNT) dont souffrent les exportations marocaines sont
constituées essentiellement par des mesures techniques et d’autres non techniques, ainsi que des
mesures à l’exportation. Les mesures techniques sont liées principalement à des normes sanitaires et
phytosanitaires (SPS), et des normes constituant des obstacles techniques au commerce (OTC). Les
mesures d’ordre non technique sont liées généralement à des mesures d’inspection avant expédition
très exagérées et des mesures liées aux règles d’origine chez les partenaires commerciaux.

Les barrières non tarifaires deviennent donc une alternative intéressante pour protéger les
producteurs nationaux ou les industries naissantes. L’expérience a montré que beaucoup de pays
développés sont passés par cette étape, que LIST (1789-1846) dénomme de protectionnisme
éducateur, pour protéger leurs industries naissantes face à la concurrence étrangère. C’est le cas de
l’Allemagne au 19ème siècle face aux exportations anglaises, qui à l’époque, étaient moins chères
et de meilleure qualité. Dans le contexte actuel, aussi bien les pays développés que les pays en
développement mettent en place des mesures non tarifaires injustifiées, d’où l’importance du
nombre de notifications reçues par l’Organe de règlements des différends de l’OMC : entre 1995 et
2007, 363 différends ont été signifiés dont 58 ont conduit à une solution mutuellement convenue.

Ainsi, les BNT sont très diverses, leur repérage et le calcul de leur incidence sur les
échanges internationaux sont difficiles à mener. Ces difficultés sont en partie dues à la difficulté de
collecter des informations fiables d’une part et à l’absence d’une méthodologie unifiée de calcul de
leur incidence sur les échanges d’autre part.

Le présent travail, et via une analyse de la situation du commerce extérieur national, de la


politique commerciale marocaine, et de l’historique de l’apparition des mesures non tarifaires dans
le commerce international, tente de répondre à la problématique principale suivante :

Quel est l’impact des barrières non tarifaires sur le commerce extérieur

Marocain ?

7
En se basant sur les travaux de Walter (1971), Baldwin (1989), Deardorff et Stern (1997),
Anderson et Neary (1992, 1994, 1996, 2003 et 2004), Anderson (1999), Beghin et Bureau (2001),
Gebrehiwet, Ngqangweni et Kirsten (2007), Sandrey et al. (2008), Anderson (2010), Tralac (2010),
Steele (2012), et Gourdon et Nicita (2013), nous pouvons supposer l’existence d’un impact négatif
des mesures non tarifaires sur les exportations marocaines. De ce fait, les hypothèses de la
recherche sont formulées comme suit :

Hypothèse 1 : les barrières non tarifaires ont un impact restrictif sur les exportations
Marocaines.

Hypothèse 2 : les barrières non tarifaires appliquées aux exportations Marocaines sont plus
restrictives que les tarifs douaniers.

Ces hypothèses sont l’objet de l’étude économétrique de ce travail afin de pouvoir les
confirmer ou les infirmer à la fin de la recherche.

Afin de répondre à cette problématique, le travail a été scindé en deux parties, chacune
contenant deux chapitres.

La première partie sera consacrée à l’analyse du contexte générale du commerce extérieur


marocain, la littérature de l’émergence du néoprotectionnisme et de l’application des mesures non
tarifaires dans le commerce mondial, et ce dans le but de mieux comprendre les défaillances de la
nouvelle politique commerciale nationale et de ces nouvelles tendances. Ainsi, nous portons une
attention particulière à l’histoire de l’apparition des mesures non tarifaires dans le commerce
mondial et leur impact sur le commerce des pays en développement, avant de présenter une
classification des mesures non tarifaires.

Quant à la deuxième partie de ce travail, elle sera dédiée à l’analyse des mesures non
tarifaires contraignantes pour chaque secteur exportateur. Cela se fera dans un premier temps par
l’analyse des différents pays et institutions qui sont à l’origine des obstacles que rencontre le
commerce extérieur marocain. Par la suite, une étude sectorielle des MNT restrictives sera
présentée pour tenter d’évaluer les effets négatifs pour chaque secteur du tissu économique national.
À la fin de cette partie, l’intérêt est d’étudier empiriquement l’impact des mesures non tarifaires sur
les exportations marocaines et à valider les hypothèses émises au début de cette recherche à l’aide
d’un modèle gravitationnel en utilisant les données de panel.

8
Partie I :
Echanges
commerciaux et
barrières non
tarifaires

9
Depuis le XVIIIème siècle, deux visions n’ont cessé de se contredire : ceux qui sont pour le
libre-échange et d’autres qui préfèrent protéger leurs économies, par des mesures protectionnistes ;
celles-ci se montrent sous plusieurs formes et elles ont évolué sans cesse à travers le temps. Le
constat est que durant le dernier siècle, le mouvement de libération internationale s’est intensifié
pendant l’ère du GATT et actuellement pendant l’ère de l’OMC. Cependant, la libéralisation ne
touche que la partie tarifaire des obstacles au commerce. En outre, le protectionnisme est toujours
présent dans les politiques commerciales des Etats.

Les taux des droits de douane n’ont cessé de baisser grâce aux huit cycles de négociations
commerciales multilatérales, ce qui a accru l’importance relative des obstacles non tarifaires tant
comme instrument de protection que comme instrument de réglementation des échanges.

En effet, Les bénéfices provenant de la libéralisation du commerce et de l’élimination de


restrictions d’équivalent tarifaire peuvent être facilement compensés par des barrières non tarifaires
(BNT) importantes.

La première partie de notre étude est axée sur deux chapitres :

Le premier chapitre dresse un aperçu sur les nouvelles tendances du protectionnisme


contemporain en mettant l’accent sur l’histoire du commerce international. Le deuxième chapitre
sera consacré à l’analyse du contexte générale du commerce extérieur marocain, et ce dans le but de
mieux comprendre les défaillances de la nouvelle politique commerciale nationale et de ces
nouvelles tendances.

10
Chapitre 1 :
Protectionnisme et
barrières non
tarifaires : Une
revue de
littérature

11
Pendant des années, les droits de douane ont constitué la forme la plus simple et la plus
transparente des politiques commerciales parce qu'ils sont aisément quantifiables et agissent
directement sur les prix. Cependant, grâce aux accords commerciaux multilatéraux, bilatéraux et
régionaux de ces dernières années, les tarifs douaniers appliqués par les pays ont considérablement
chutés à un taux historiquement bas. Ce qui a conduit à une augmentation rapide des mesures non
tarifaires comme un instrument de protectionnisme efficace dans le commerce international.

Le but de notre chapitre est d’introduire les mesures non tarifaires dans le commerce
mondial. Dans un premier temps, nous examinons l’histoire de l’émergence des BNT comme
nouveaux instruments de protectionnisme, ensuite nous présentons un aperçu général des barrières
non tarifaires, leur traitement dans les négociations du commerce international et enfin nous
concluons le chapitre par une analyse de la classification des mesures non tarifaires selon la
classification de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement
(CNUCED).

Section 1 : Les nouvelles mesures protectionnistes

1.1 L’émergence des MNT comme nouveaux instruments de protectionnisme

Le protectionnisme est une politique interventionniste menée par un Etat en vue de protéger
son économie interne de la concurrence d’autres Etats2. Il s’agit d’une politique économique qui a
pour but principal d’équilibrer la balance commerciale d’un pays lorsque ses importations sont trop
importantes et risquent de nuire à la production locale3. Les mesures protectionnistes consistent
essentiellement à freiner les importations et à encourager les exportations. Des institutions
internationales comme le GATT puis l'OMC ont été créées afin d’abaisser les barrières
protectionnistes et en limiter autant que possible l'usage.

Les premières politiques protectionnistes datent du 16ème siècle et des Mercantilistes, qui
tentent de restreindre la sortie d’or du pays en limitant les importations.
Au 19ème siècle, règne un libre-échange relatif : à l’exception du Royaume-Uni qui pratique
un libre-échange total entre 1850 et 1914, tous les grands pays (Allemagne, Russie, France, Etats-
Unis) mettent en place un système de protection commerciale afin de protéger leur industrie
nationale4.

2
S. ZLEPTING, Non-Economic Objectives in WTO Law, Justification Provisions of GATT, GATS, SPS and TBT Agreements,
Leiden and Boston, Martinus Nijhoff, 2010, pp. 21 et 23.
3
J, BHAGWATI, Protectionnisme, Paris, Dunod, 1990.
4
S. D’AGOSTINO, Libre-échange et protectionnisme, Thèmes &Débats, Paris, Bréal, 2003

12
Ainsi, la montée en puissance des économies « neuves » (États-Unis, Argentine, Australie,
Russie, etc.), accompagnée d’une dépression économique, avait conduit les pays d’Europe
continentale à prendre des mesures protectionnistes avec, en 1892, l’adoption par la France de la loi
Méline visant à protéger l’agriculture. De même, en 1930, la loi Smoot-Hawley5 qui augmentait les
droits de douane des États-Unis déclenchait une vague protectionniste dans le monde. Le
protectionnisme des années 1930, comme réponse à la dépression, est ainsi devenu une référence
incontournable de tout discours relatif au libre-échange.

Depuis 1947 et la signature par 23 pays d’un traité promouvant le libre-échange – le «


General Agreement on Tariffs and Trade » (GATT), la tendance est à la réduction des politiques
protectionnistes. Toutefois, les barrières à l’échange continuent d’exister : on désigne par
« néoprotectionnisme » le recours aux pratiques non-tarifaires depuis la fin des Trente glorieuses 6.

La réflexion des économistes sur les avantages et les coûts de la protection fait en effet
apparaître la complexité de la question, qui nécessite de préciser les conditions dans lesquelles
s'effectuent les choix, en termes d'évolution des coûts à long terme, en termes de structure des
marchés (concurrentielle ou oligopolistique), et en termes de stratégies (non coopération ou
coopération).

Entre les années 1960 et 1980 par exemple, des pays en voie de développement d’Amérique
latine ont mis en place des politiques d’industrialisation par substitution aux importations (ISI).
Le but était d’être indépendant vis-à-vis des produits manufacturés venant du Nord. Il fallait donc
industrialiser le pays. Par des politiques protectionnistes, on protégeait le marché et favorisait la
production locale et donc l’industrialisation.

1.2 Le protectionnisme et la crise financière

Les récessions et leurs conséquences font le lit du protectionnisme. Quand la production


baisse et que le chômage augmente, l’idée que les échanges avec l’étranger y sont pour quelque
chose est séduisante. La tentation grandit d’exporter le chômage en bloquant les importations et en
subventionnant les industries nationales, même si de telles mesures sont manifestement contre-
productives.

La crise financière qui sévit à l’heure actuelle est généralement considérée comme la pire
calamité économique que le monde ait connue depuis les années 30 7. Les marchés financiers se sont

5
Une loi mettant en œuvre des politiques commerciales protectionnistes en imposant des tarifs à l’importation très
élevés à plus de 20000 produits importés.
6
http://wp.unil.ch/bases/2013/06/protectionnisme/
7
Christian Henn et Brad McDonald « Éviter le protectionnisme », Finances & Développement, FMI, mars 2010, pp. 20-
23
13
figés. La production s’est effondrée, surtout dans les pays avancés. Le commerce mondial s’est
contracté dans les derniers mois de l’année 2008. Les dirigeants disent avoir tiré les leçons de la
grande crise des années 30 et s’être engagés à résister aux pressions protectionnistes.

Suite à la crise économique et de l’effondrement du commerce international, les


organisations internationales et les sommets du G20 ne manquaient pas une occasion de mettre en
garde contre les dangers d’un retour au protectionnisme. Pourtant, contrairement à ce qui a pu être
observé lors des crises économiques passées, il reste aujourd’hui très difficile de mettre en évidence
une rupture avec la tendance de long terme à la libéralisation commerciale.

Il est généralement admis que les tensions protectionnistes sont associées à la conjoncture
économique, particulièrement lorsque de nouveaux concurrents considérés comme « déloyaux »
remettent en cause la compétitivité de pans entiers de l’activité.

En 2008-2009, lorsque la croissance mondiale s’est effondrée et que le chômage a


commencé à exploser dans la plupart des anciens pays industriels, on pouvait donc s’attendre à une
dérive protectionniste8. L’affirmation des nouveaux concurrents émergents, moins atteints et qui
connaîtront une reprise rapide et soutenue, était une autre raison pour attiser les conflits
commerciaux. Dans le même temps, le commerce mondial chutait de 40 % en valeur, chiffre inédit
depuis la crise de 1929 qui avait engendré une baisse certes plus forte, mais étalée sur plusieurs
années. Pourtant, et malgré une situation a priori propice, le protectionnisme ne peut être mis en
cause ni dans la diffusion de la crise ni dans l’effondrement du commerce.

En tout cas, les mesures commerciales prises face à la crise pourraient avoir faussé les règles
du jeu sur certains marchés. Il se peut que les renflouements financés par les contribuables et
l’augmentation des subventions aient modéré les pressions en faveur de mesures plus
préjudiciables, mais ils ont eu tendance à favoriser les entreprises nationales, en particulier dans les
secteurs financiers et manufacturiers. La multiplication des marchés publics privilégiant les
entreprises nationales a aussi désavantagé les concurrents et diminué l’effet des mesures de relance
sur la croissance mondiale. Parmi les autres réactions feutrées à la crise figurent les obstacles non
tarifaires, par exemple l’introduction de procédures restrictives d’autorisation des importations ou
de formalités douanières plus lourdes, ou encore la multiplication des normes réglementaires
applicables aux produits. Enfin, au second semestre de 2009, quand le commerce a redémarré, les

8
Siroën, J.-M, Crise économique, globalisation et protectionnisme, Politique étrangère, Institut Français des Relations
internationales, 2012.

14
différents secteurs d’activité se sont mis à réclamer des mesures antidumping à un rythme plus
soutenu (Bown, 2009)9.

Le protectionnisme n’est envisageable que s’il s’applique à des produits dont la nationalité
peut être clairement établie. Or pour un nombre de plus en plus élevé de produits, des automobiles
aux téléphones portables, la valeur ajoutée –donc l’emploi– est trop dispersée pour identifier cette
nationalité. Se protéger contre des importations peut ainsi conduire à ne protéger qu’un nombre
d’emplois limités, à pénaliser la production et les exportations des biens et services qui les utilisent
et, parfois, à taxer indirectement des exportations nationales.

Plus récemment, la crise financière de 2008 a provoqué, selon l’OMC, une augmentation des
mesures protectionnistes de plus de 50% entre 2010 et 2011 dans le monde (Etwareea, 2011).

Section 2 : Aperçu général sur les barrières non tarifaires

2.1 Définitions des concepts

Il n’est pas toujours facile d’identifier ou de définir les barrières non tarifaires, ni d’être
certain de leur objet. Celles-ci pourront avoir des effets sur les prix, les quantités ou sur le bien-être
social du pays importateur tout comme du pays exportateur. Elles peuvent constituer un obstacle
majeur aussi bien pour les exportateurs qui tentent d’accéder aux marchés étrangers que pour les
importateurs qui doivent se conformer à un large éventail d’exigences du marché domestique.

D’une manière générale, les barrières non tarifaires sont définies comme étant des mesures
restrictives qui peuvent être appliquées en remplaçant ou en complétant les tarifs douaniers et qui
sont susceptibles de limiter ou de fausser indûment le commerce international.

Le rapport réalisé par l’organisation mondiale du commerce en 2012, souligne que les
barrières non tarifaires englobent toutes les mesures ayant une incidence sur le commerce autres que
les droits de douane. Mais comme la plupart des mesures réglementaires prises par les
gouvernements peuvent, du moins en principe, avoir une influence sur le commerce, le champ des
BNT possible est vaste et ses limites sont floues 10.

Selon la Commission du Commerce International, les barrières non tarifaires sont des
mesures ou des politiques gouvernementales autres que les tarifs douaniers qui limitent ou faussent

9
Bown, Chad, “The Global Resort to Antidumping, Safeguards, and other Trade Remedies amidst the Economic
Crisis,”2009.
10
OMC, Rapport sur le commerce mondial 2012, p.38.

15
indûment le commerce international. Il peut s’agir de politiques qui restreignent ou empêchent les
importations (notamment par des restrictions quantitatives, des contingents tarifaires et des licences
d’importation), qui imposent des prélèvements variables, des surtaxes ou des taxes discriminatoires
sur les importations, qui exigent des dépôts préalables à l’importation, qui subventionnent la
production et les exportations ou qui restreignent les exportations 11.

Dans le même sens, La Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le


Développement (CNUCED) décrit les barrières non tarifaires comme « des mesures politiques
autres que les tarifs douaniers et qui peuvent éventuellement avoir un effet économique sur le
commerce international des marchandises, en modifiant les quantités échangées ou les prix ou les
deux » (2012, p.1).

Baldwin (1970, p.5), définit les MNT comme étant « toute mesure (privée ou publique) qui
provoque une répartition des biens et services faisant l’objet d’échanges internationaux ou de
ressources consacrées à la production de ces biens et services qui se traduit par une réduction du
revenu mondial potentiel en termes réels ».

Une autre définition des barrières non tarifaires, est donnée par Carrère & De Melo (2009,
p.7), c’est toute mesure qui entraîne une distorsion des échanges, mais n'est pas un tarif selon lequel
une distorsion existe lorsque le prix intérieur diffère du prix à la frontière. Il s'agit notamment des
restrictions à l'exportation et aux subventions à l'exportation.

Également, Deardroff et Stern (1997)12 pensent qu’il est très difficile de donner une
définition exacte des MNT puisque le terme est utilisé pour désigner toutes mesures ayant une
interférence sur le commerce y compris celles pouvant stimuler le commerce. Ces mesures peuvent
avoir des effets de distorsion ou bien affecter d’une façon ou d’une autre le prix ou la quantité des
biens échangés. Dans ce cas, aucune typologie complète des mesures non tarifaires n’est possible.
Pour contourner le problème que pose l’établissement d’une définition précise, ils recensent un
certain nombre de caractéristiques des MNT comme la réduction des quantités importées,
l’augmentation du prix des importations, la modification de l’élasticité de la demande
d’importation, la variabilité des MNT, les incertitudes liées aux MNT, etc. Dans leur étude, ils
distinguent les obstacles formels ou légitimes au regard des législations officielles et ceux informels
découlant des politiques gouvernementales, des règlements, des procédures administratives, de la
structure du marché, des institutions sociales, politiques ou culturelles.

11
(CCI, 2005).

12
A. Deardorff et R. Stern, « The Measurement of Non-Tariff Barriers », OCDE, Paris, 1998.
16
L’Equipe MAST13 et le Groupe de Personnes Eminentes sur les Barrières Non Tarifaires
(GNTB) considèrent que les BNT représentent une catégorie de MNT ayant « un but protectionniste
ou discriminatoire »14.

2.2 Traitement des barrières non tarifaires dans les cycles de négociations
commerciales multilatérales

Les négociations menées sous les auspices du GATT et de l’OMC au cours des 60 dernières
années ont permis une réduction multilatérale substantielle des obstacles tarifaires grâce à la
signature d’accords par lesquels les pays membres se sont engagés à respecter les consolidations
tarifaires négociées, c’est-à-dire le plafonnement des droits de douane appliqués. Si les pays
appliquent des droits plus élevés, cela peut donner lieu à un différend coûteux avec un autre
membre. Les autres mesures de politique commerciale sont aussi soumises à des contraintes du
même ordre Par exemple, les mesures non tarifaires comme les contingents d’importation ou
d’exportation et les subventions à l’exportation sont généralement interdites bien que, dans certains
cas, leur utilisation soit autorisée pour des raisons « légitimes »15.

Le tableau ci-dessous présente les décisions prises et les différents domaines couverts au
cours de ces huit cycles de négociations.

13
Multi-Agency Support Team : groupe formé de huit organisations multilatérales, a été mandaté en 2006 par la
CNUCED pour élaborer une classification détaillée des MNT.
14
Equipe Multi-Agence de Soutien (2009).
15
OMC, Rapport sur le commerce mondial 2012, p.69.

17
Tableau 1: Les cycles de négociations multilatérales de GATT de 1947 à 1994

Année Lieu/ Domaines couverts Pays


Appellation participants
1947 Genève Droits de douane 23

1949 Annecy Droits de douane 13

1951 Torquay Droits de douane 38

1956 Genève Droits de douane 26

1960-1961 Genève Droits de douane 26


(Dillon Round)
1964-1967 Genève Droits de douane et mesure 62
Antidumping
(Kennedy
Round)

1973-1979 Genève Droits de douane, mesures non tarifaires et 102


accords-cadres
(Tokyo Round)
1986-1994 Genève Droits de douane, mesure non tarifaire, 123
(Uruguay règles, services, propriété intellectuelle,
règlement des différends, textiles,
Round)
agriculture, établissement de l’OMC…

Source : Organisation Mondiale du Commerce, 2005

Les cinq premiers cycles de négociations commerciales multilatérales ont été courts, avaient
essentiellement comme objectif principal la réduction progressive des droits de douane. Bien que
ces cycles de négociations aient abouti à des réductions considérables de droits tarifaires mais
l’ouverture des économies à l’international a été toujours affaiblie par le recours aux barrières non
tarifaires, Ceci a suscité l’intérêt de faire la distinction entre les BNT protectrices et les BNT
protectionnistes.

Lors du sixième cycle les négociations devenaient plus longues, la pression montait pour
examiner de nombreuses barrières non tarifaires, notamment, les restrictions quantitatives, les
mesures anti-dumping, les marchés publics et l’évaluation en douane. La conclusion par un accord
anti-dumping et de l’abaissement de douane, par contre aucun changement réel n’a été apporter en
ce qui concerne les barrières non tarifaires.

18
Le cycle de Tokyo Round fut le premier où l’objectif était centré sur la négociation des
règles élargies sur les BNT en les diminuant ou voir de les supprimées, le succès a été constaté,
mais seul quelques pays signataires ont adhéré à cet accord.

Le cycle d’Uruguay avait pour but de développer ce qui a été réalisé lors du cycle précédent.
La déclaration de Punta Del Este16 prévoyait un vaste mandat, avec comme sujet les barrières non
tarifaires.

Ce cycle était le plus Long jamais mené dans l’histoire de la GATT, il a permis de réaliser
les plus grands progrès dans la libéralisation commerciale internationale depuis la création du
GATT. Après ces différents cycles de négociations, en 2001, l’OMC lance un nouveau cycle de
négociation multilatérale à Doha, celle-ci révèle que les progrès de négociation se heurtent à de
nombreux obstacles.

Section 3 : Les formes et classification des barrières non tarifaires

Les barrières non tarifaires peuvent prendre différentes formes. Elles n’ont pas le même
degré d’incidence et elles ne s’appliquent pas de la même manière. C’est pour cela que plusieurs
classifications ont été préposées en tenant compte de leur degré d’impact.

3.1 Les formes de barrières non tarifaires

Il existe trois formes de barrières autres que tarifaires destinées à protéger la production d’un
pays17.on distingue :

3.1.1 Les restrictions quantitatives :

Les restrictions quantitatives font partie des barrières non-tarifaires, donc des barrières qui
restringent le commerce sans utiliser des tarifs. Dans ce qui suit, les deux formes principales des
restrictions quantitatives seront traitées : les quotas et les restrictions volontaires à l’exportation
(RVE). Ces deux types de barrières au commerce constituent une réduction directe de la quantité
importée d’un bien d’importation18.

16
La déclaration de Punta Del Este : a permis en 1986 de lancer le cycle d’Uruguay spécifiquement pour négocier les
barrières non tarifaires et élargir les règles multilatérales à différents domaines.
17
Michelle J.L et Mayor.T. ((Economie international)). Edition Dalloz. Avril2005.Page 318.
18
Cf. Krugman, Paul R. /Obstfeld, Maurice (2006) : Internationale Wirtschaft, München : Pearson, p. 254 et 257.
19
 Les quotas ou contingentements :

Un quota est une restriction quantitative, imposée et gérée par le pays importateur, qui
représente une limitation sur la quantité importée : « A l’extrême, [un quota] peut empêcher toute
importation d’un produit. »19 Généralement, les quotas sont utilisés dans les cas où un produit est
considéré comme dangereux pour des raisons variées. Souvent, des motifs pour établir un système
de quotas, sont la protection de la production domestique ou des raisons sanitaires.

 Les restrictions volontaires aux exportations :

(Voluntary Export Restraints), mesure protectionniste non tarifaire déguisée, le VER est une
restriction quantitative des exportations négocié entre deux pays. Ce "quota" négocié permet de se
soustraire aux dispositions de l'OMC, qui s'oppose aux barrières qui limitent les échanges
internationaux.

3.1.2 Les mesures monétaires, financières, fiscales et budgétaires :

a) Les subventions à la production et à l’exportation (ou les monopoles nationaux) :

Ce sont des aides financières étatiques à une industrie destinées à accroître sa production
locale ou à favoriser ses exportations en vendant à l’étranger à un prix inférieur au prix national.
L'Article XVI de l’OMC reconnaît que l'octroi de subventions à l'exportation, par l'une des parties
contractantes, risquait d'avoir des conséquences préjudiciables pour les autres signataires de
l'Accord, jusqu'au Cycle d'Uruguay, les subventions à l'exportation de « produits primaires » étaient
permises, sous réserve de ne concerner qu'une part « équitable » du commerce mondial. Le terme «
équitable » étant difficile à définir dans la pratique, les subventions à l'exportation de produits
agricoles ont proliféré et ont été à l'origine de la plupart des différends commerciaux internationaux.
Contrairement aux droits de douanes, l’OMC considère que les subventions sont beaucoup plus
dangereuses et moins tolérées dans les échanges internationaux

b) Les régimes de licences d’importation : bien qu’ils soient aujourd’hui moins largement
utilisés que par le passé, les régimes de licences d’importation sont soumis aux disciplines de
l’OMC. L’Accord sur les procédures de licences d’importation. Ces régimes doivent être simples,
transparents et prévisibles.

c) Les taxes diverses : elles peuvent être considérées comme des systèmes tarifaires mais
leur philosophie de mise en place diffère. Ces taxes se rajoutent aux coûts variables des

19
De Melo, Jaime/Grether, Jean-Marie (2000) : Commerce international. Théories et applications, Paris : De Boeck &
Larcier, p. 424.
20
marchandises et sont prétextées dans le cadre d’une politique douanière, visant à rétablir un
déséquilibre constaté par un pays, c’est le cas du droit antidumping et le droit compensateur ;

 Le droit antidumping est un droit prélevé sur des importations d’un produit particulier en
provenance d’un pays déterminé afin d’éliminer tout préjudice susceptible d’être causé par
le dumping dans la branche de production nationale du pays importateur ;

 Le droit compensateur qui est un droit spécial prélevé aux fins de contrebalancer toute prime
ou subvention accordées, directement ou indirectement, à la fabrication, production ou
exportation de toute marchandise.

d) Les mesures administratives :

d.1. Les marchés réservés : ils correspondent à une interdiction pour des entreprises
étrangères d’exporter leurs produits quand ceux-ci appartiennent à un secteur particulier.

d.2. Les obligations administratives ou pratiques spécifiques : elles représentent une


forme de protectionnisme très subjective et floue. Il s’agit d’imposer des règles administratives à un
pays ou plus généralement à un type de denrée afin de rendre l’importation difficile.

3.1.3 Les normes et règlementations.

Les normes de produit spécifient ou déterminent les caractéristiques de celui-ci. Ces


caractéristiques peuvent être la conception, la taille, le poids, la sécurité, le rendement énergétique,
les émissions polluantes, l’interopérabilité, le matériau et même le procédé de production …etc.

C’est un moyen puissant pour créer de la protection en raison de leur grand nombre, et
souvent utilisé par les pays développés et dont on ne citera que quelques exemples caractéristiques :

Les normes techniques sur un produit qui sont extrêmement nombreuses et portent sur l’ensemble
des caractéristiques des produits ;

 Les normes de contenu local qui exigent aux usines étrangères implantées dans un pays
l’achat ou la production sur place de certains des composants de leur production ;
 Les normes d’origine qui sont destinées à éviter les manœuvres de contournement des
barrières protectionnistes grâce au transit par un pays tiers ;
 Les normes sanitaires qui se focalisent les propriétés sanitaires et phytosanitaires des
produits ;

21
 Les normes environnementales qui sont en progression constante en particulier dans les pays
industrialisés. Leur but est de s’assurer que l’environnement est respecté durant le processus
de fabrication des produits ;
 Les normes du travail qui se rapprochent d’une vision éthique des conditions de travail dans
les pays exportateurs.

3.2 Classification internationale des barrières non tarifaires

La CNUCED a engagé depuis longtemps la lutte contre les BNT qui affectent les pays en
développement. Depuis longtemps, la CNUCED collecte, organise et diffuse aussi des données sur
les MNT. Elle a effectué la première classification complète des MNT et, dès le début des années
1990, elle a collecté et organisé les données sur les MNT.

En fait, la classification la plus récente est celle réalisée par le MAST (L’équipe d’appui
multi organisations) en 2012. Elle présente une nomenclature de toutes les mesures jugées
pertinentes dans l’état actuel du commerce international.

Cette classification possède en tout 16 chapitres allant de la lettre A à la lettre P. Elle


distingue parmi eux des mesures à l’importation (Chapitres A à O) imposées par le pays importateur
et des mesures à l’exportation (Chapitre P) appliquées par le pays exportateur lui-même. Les
mesures à l’importation se catégorisent ensuite en deux grands groupes, les mesures techniques et
les mesures non techniques.

 Les mesures techniques (Chapitres A, B et C) : portent sur les propriétés spécifiques des
produits c’est-à-dire leurs caractéristiques, leurs spécificités techniques et leur processus de
production. Elles incluent également les procédures d’évaluation de la conformité aux
spécificités requises. Ces règlements techniques ont généralement pour but de garantir la
qualité des produits, de réduire les risques pour la santé et la sécurité des consommateurs, la
sécurité nationale et de protéger l’environnement, la faune et la flore. Elles comprennent,
enfin, les mesures relatives à l’inspection avant expédition et les autres formalités d’entrée
qui regroupent tous les autres contrôles et exigences d’entrée des marchandises.

 Les mesures non techniques (Chapitres D à O) : ne sont pas liées aux spécificités des
produits ni leur inspection technique ou physique mais plutôt à leur commercialisation d’une
manière générale, telles que les règles commerciales, les dispositions fiscales en vigueur,
etc.

De plus, la classification introduit le concept d’obstacles procéduraux (OP) qui


représentent les contraintes auxquels sont confrontées les entreprises lorsqu’elles doivent se

22
conformer aux différents règlements imposés. Les OP sont des problèmes pratiques rencontrés au
niveau de l’administration ou au niveau logistique tels que des retards lors de l’inspection ou la
certification des produits, des installations inadéquates, le manque d’informations, etc…

Les chapitres de la classification sont illustrés au tableau ci-après :

Tableau 2 : Classification des MNT selon MAST


Code Descriptions des MNT
A Mesures sanitaires et phytosanitaires
Mesures
techniques B Obstacles techniques au commerce
C Inspections avant expédition et autres formalités
D Mesures de circonstance visant à protéger le commerce

Mesures non E Régime de licences non automatiques, contingents, interdictions et mesures de


techniques contrôle quantitatif autres que pour des raisons SPS ou OTC
F Mesures de contrôle des prix, y compris droits et taxes additionnels
Importations

G Mesures financiers
H Mesures anticoncurrentielles
I Mesures concernant les investissements relatives au commerce
J Restrictions de la distribution
K Restriction sur les services après-vente

L Subventions
M Restrictions visant les marchés publics
N Propriété intellectuelle
O Règles d’origine
Exportations P Mesures liées à l’exportation

Source : CNUCED, 2012

Selon cette classification, deux types de mesures sont d’un intérêt particulier, à savoir des
mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et des obstacles techniques au commerce (OTC) parce
qu’elles sont les plus utilisées (voir figure 1).

23
Figure 1 : Les mesures non tarifaires (MNT) au Maroc, par type

Maroc
1% 0%
Mesures liées à l'exportation [P]
1%
11%
2% Autres mesures [G, H, I, J, K, L, M, N,
O]

24% inspections avant expédition [C]


9%

Mesures de contrôle des prix [F]

Mesures de contrôle des quantités


[E]
SPS [A]
52%

OTC [B]

Mesures de circonstance visant à


protéger le commerce [D]

Source : CNUCED - Base de données TRAINS

A. Mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS)

Ce sont des mesures de nature technique mais qui peuvent inclure des interdictions, des
règlements sur la qualité, l’hygiène, le processus de production et les procédures d’évaluation de la
conformité.

Les mesures SPS sont généralement mises en œuvre pour :

 Protéger la vie humaine et animale des éventuels risques associés aux


additifs, contaminants, toxines ou organismes pathogènes présents dans les produits
alimentaires ;
 Protéger la vie humaine des maladies véhiculées par les plantes ou animaux ;
 Préserver les animaux ou les végétaux des parasites, maladies ou organismes
pathogènes ;
 Empêcher ou limiter les autres dangers induits par l’entrée ou la propagation
de parasites, et protéger la biodiversité. Il s'agit notamment de mesures prises pour protéger
la santé des poissons et de la faune sauvage ainsi que des forêts et de la flore sauvage.
 Ces dispositions comprennent les interdictions à l’exportation, les
autorisations, les limites de tolérance, les exigences en matière d’hygiène, d’étiquetage et de

24
marquage ainsi que les évaluations de conformité telles que les analyses, la certification et
les procédures de mise en quarantaine.

B. Les Obstacles techniques au commerce (OTC)

Ces mesures se rapportent aux exigences techniques et aux procédures d’évaluation de la


conformité des produits vis-à-vis des règlements et normes techniques en vigueur, à l'exclusion des
mesures régies par l'Accord SPS.

Les règlements OTC fixent les caractéristiques des produits ou leurs procédés et méthodes
de production, y compris les dispositions administratives auxquelles il est obligatoire de se
conformer. Ils peuvent inclure ou traiter exclusivement des dispositions sur la terminologie, les
symboles, l'emballage, le marquage ou l'étiquetage, appliqués à un produit, un procédé ou méthode
de fabrication.

Les OTC couvrent également l'évaluation de la conformité, c’est-à-dire toute procédure


utilisée directement ou indirectement, afin de déterminer que les règlements techniques sont
respectés. L’évaluation de la conformité peut inclure, entre autres :

 Les procédures d'échantillonnage, d'essai et d’inspection ;


 L'évaluation, la vérification et la certification ;

25
Conclusion du chapitre 1

Ce chapitre, nous a permis de présenter un aperçu théorique du protectionnisme


contemporain caractérisé principalement par l’application de mesures non tarifaires restrictives au
commerce. La crise de 2008 et ses répercussions ont en effet exacerbé les tensions internationales :
les pays durement affectés par la récession et le chômage risquent de chercher à se protéger de la
concurrence.
Suivant différentes sources, nous avons tenté d’identifier ces barrières en les définissants
sous différents angles. Ceci, nous a permis de les classifier en fonction de leur méthode
d’application et leur incidence économique.

Ainsi, il apparaît que la prolifération des barrières non tarifaires et des mesures de protection
appliquées parallèlement à des réductions de droit de douane peuvent être l’indice d’une protection
permanente. En effet, la réduction de ce type de protection peut avoir pour effet qu’elles
réapparaissent sous une autre forme. Il ne s’agira dès lors pas d’une montée mais plutôt d’un
déplacement du protectionnisme
Nous notons également que les barrières non tarifaires font encore l’objet d’une attention
accrue dans les travaux de l’OMC, mettant ainsi en exergue la complexité et le caractère restrictif
de ces barrières pour le système commercial multilatéral.

26
Chapitre 2 : Le
commerce
international et
l’ouverture du
Maroc

27
Le Maroc a fourni un effort considérable pour s’ouvrir à l’extérieur et tenter de profiter des
effets positifs de la libéralisation commerciale. De ce fait, la situation économique et commerciale a
connu de nombreux changements suite à l’ouverture.

Le commerce extérieur marocain souffre d’un certain nombre de problèmes qui entravent
son développement et la possibilité de profiter du système commercial multilatéral. Le résultat de la
signature des accords de libre-échange avec plusieurs partenaires n’est pas favorable à l’économie
marocaine qui n’est pas encore prête pour faire face aux défis de l’ouverture. Le déficit commercial
national s’est amplifié d’une manière à menacer les industries domestiques de différents secteurs.

Dans ce chapitre consacré au choix stratégique du Maroc en faveur de l’ouverture et de la


libéralisation de son économie, nous allons examiner dans un premier temps les nouvelles tendances
de la politique commerciale marocaine pour dans un deuxième temps traiter les difficultés et les
entraves qui touchent aux exportations et aux importations de produits causées par des obstacles au
commerce notamment l’application de mesures non tarifaires (MNT). Enfin, nous présentons un
aperçu sur l’influence de ces mesures sur le commerce extérieur.

Section 1 : La politique commerciale extérieure Marocaine : vers une


libéralisation des échanges

1.1 La situation économique et commerciale Marocaine

Les statistiques de la Banque mondiale montrent que la croissance du PIB réel du Maroc est
établie en moyenne à 4,48 % sur la période 2000-2018, avec une croissance de 5,59 % en
2018 contre 1,59 % en 2000. Malgré une croissance économique sinusoïdale sur la période 2000-
2018, l’économie marocaine demeure résiliente. Le niveau de croissance économique moyen est
resté au-dessus de celui des pays d’Afrique du Nord notamment la Tunisie et de l’ensemble des
pays d’Afrique, flottant entre 1.5% et 7.7% depuis 2000. Le pays a donc réalisé des performances
remarquables au cours de ces dernières années.

Selon les estimations du FMI, bien qu’un léger ralentissement soit survenu en 2009 et en
2010 à cause de la crise économique et financière, la croissance du PIB marocain devrait se
stabiliser dans les années à venir.

28
Figure 2 : Taux de croissance du PIB marocain entre 2000 et 2018

10

-2

-4
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Monde Afrique Maroc

Source : CNUCED, 2018


La croissance du produit intérieur brut (PIB) n'a pas opéré fondamentalement de
changements de la structure de l'appareil productif du pays entre 2000 et 2018 (Tableau 3).

Compte tenu de la richesse du sol marocain, l'économie est dominée par le secteur agricole.
Ce secteur emploie près de 37,9% de la population active et contribue à 12,3% du PIB. En 2018,
l’agriculture a progressé de 2,7%. L'orge, le blé, les agrumes, le raisin, les légumes, les olives, le
bétail et le vin sont les principales cultures du pays. La croissance économique repose fortement sur
ce secteur. Un nouveau barrage dans la région d’Essaouira va permettre aux agriculteurs de
bénéficier d’un meilleur système d’irrigation et d’améliorer leur production.

Le Maroc possède une quantité relativement faible de ressources minérales, les phosphates
étant sa principale source de richesse. L’industrie représente 25,9% du PIB et emploie 21,6% de la
main d’œuvre. Les principaux secteurs sont le textile, les articles en cuir, l’agroalimentaire, le
raffinage du pétrole et l’assemblage électronique. Cependant, de nouveaux secteurs sont en plein
essor : la chimie, les pièces automobiles, les ordinateurs, l’électronique et l’aérospatiale.
L'émergence de nouveaux secteurs devrait permettre au pays de réduire sa dépendance au secteur
agricole. Le secteur industriel a progressé de 3% en 2018.
Le secteur des services représente un peu moins de la moitié du PIB (49,5%) et emploie 40,5% de la
population active. Ce secteur a progressé de 2,7% en 2018. Il est porté par l'immobilier et le
tourisme, qui reste très dynamique (8,5% d’augmentation sur une année glissante en novembre

29
2018). Outre l'attribution de concessions pour de nombreux services publics dans les grandes villes,
les politiques de tarification du pétrole et du gaz et la réglementation de l'exploration sont
libéralisées depuis 2015. Les procédures d'appels d'offres sont devenues de plus en plus
transparentes.

Tableau 3 : Contribution des principaux secteurs aux PIB et à l’emploi en 2018

Répartition de l'activité économique par secteur Agriculture Industrie Services

Emploi par secteur (en % de l'emploi total) 37,9 21,6 40,5

Valeur ajoutée (en % du PIB) 12,3 25,9 49,5

Valeur ajoutée (croissance annuelle en %) 2,7 3,0 2,7

Source : Banque Mondiale

1.2 L’évolution et la structure du commerce de marchandises

1.2.1 Les principaux partenaires commerciaux


L’analyse du profil commercial du Maroc sur la période 2000-2018 peut être effectuée par
rapport aux niveaux d’importation et d’exportation. En procédant à une classification en termes des
meilleurs importateurs de produits marocains et fournisseurs du Maroc, l’Espagne se retrouve en
tête avec 23,60 % d’importation de produits marocains contre 15,82 % d’exportation vers le Maroc.
La France arrive en deuxième position des pays importateurs de produits Maroc avec une part de
21,76%.

Dans la même orientation, la grande part des produits marocains exportés sont destinés vers
les autres pays d’Europe. Les pays membres de l’Union Européenne sont les principaux
importateurs européens, ils importent notamment des produits manufacturés comme le textile et le
matériel électrique, ainsi que les produits agricoles frais notamment les poissons ou les tomates20.

Le reste des exportations marocaines est destiné particulièrement aux pays de l’Afrique du
Nord, aux pays d’Amérique, notamment les Etats-Unis et le Brésil qui importent du matériel
électrique et des fruits marocains.

20
Office des Changes, 2015
30
Figure 3 : Principales destinations et provenances des produits marocains

Importations Exportations
Autre pays… Arabie saoudite
Afrique
Portugal
Turquie
Inde Etats-Unis
Etats-Unis
France
France
Espagne Espagne

0.00% 10.00% 20.00% 30.00% 0.00% 10.00% 20.00%

Source : Banque mondiale, 2018

Néanmoins, le résultat a été une hausse du taux d’ouverture de l’économie nationale qui est
passé de 59,16% à 77,2% entre 2000 et 2018 (figure 4), ce qui indique une plus forte insertion dans
l’économie mondiale. Cette ouverture croissante de l’économie nationale, a connu un tassement à
partir de 2009 sous l’effet de la crise économique et financière, mondiale, avec une reprise depuis
pour retrouver le niveau antérieur à la crise.

Par ailleurs, comparativement à d’autres pays émergents ou à revenus intermédiaires,


l’économie marocaine est plus ouverte que le Brésil (ratio de 29%), l’Algérie (56%), la Turquie
(60%), mais moins que la Tunisie (99%) et se situe presque à la moyenne du monde arabe (89%).

31
Figure 4 : Evolution comparée de la part du Maroc dans le commerce mondial

140

120

100

80

60

40

20

Maroc Turquie Tunisie Algérie Brésil

Source : Banque mondiale

La structure des exportations marocaines a connu des changements significatifs au profit de


produits à contenu technologique légèrement plus élevé réalisant parfois des sauts qualitatifs
notamment pour le secteur automobile. Ainsi, grâce à l’investissement de Renault dans la zone
franche de Tanger Med, ce secteur a vu sa part dans les exportations croitre 9% en 2008 à 23,7% en
2018 devenant ainsi le premier secteur exportateur du pays (figure 5). Cette tendance sera
certainement renforcée avec l’entrée en production de la nouvelle usine de Peugeot qui ambitionne
un taux d’intégration de 80% et la destination d’une forte part de la production à l’exportation.

D’autres secteurs ont également renforcé leur part dans les exportations marocaines dont
notamment ceux de l’aéronautique ainsi que l’agriculture et l’agroalimentaire. Ces secteurs,
convient-il de le rappeler sont tous encadrés par des stratégies sectorielles initiées et mises en œuvre
par les pouvoirs publics.

Les exemples les plus marquants sont le plan Maroc Vert pour le développement du secteur
agricole, Halieutis qui vise la dynamisation du secteur de la pêche maritime, la Vision 2020 pour
doubler le nombre de touristes visitant le pays en 2020, et finalement le programme Maroc Numeric
visant la promotion des activités informatiques et numériques 21.

21
Fond Monétaire International (2008)
32
Figure 5 : Evolution de la structure des exportations Marocaines, par secteur

Industrie pharmaceutique 0.3 0.5

Electrique 4 3.6

Textiles et cuir 20 14

Autres 13.7 3.1

Automobile 9 23.7

Phosphates et dérivés 33 18.8

Agriculture et agroalimentaire 18 21.2

Aéronautique 2 5.1

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

2008 2018

Source : Office des Changes, 2018

Depuis que le Maroc commerce à l’international, le déficit est omniprésent. Ce constat


témoigne de ce que les politiques d’ajustement structurel (PAS) dictées par le FMI au début des
années 1980, axées sur la promotion des exportations marocaines, n’ont pas apporté les résultats
escomptés, permettant de créer les conditions d’une réforme structurelle aboutie de l’économie
marocaine. Le tissu productif marocain reste relativement faible par rapport à son plein potentiel et
le pays demeure en partie vulnérable aux chocs macroéconomiques exogènes.

La figure 6 retrace l’évolution de la balance commerciale marocaine. Il en ressort qu’en


dépit des performances relatives des exportations, le niveau des importations demeure élevé et ne
permet pas de soulager le déficit commercial ou au moins le contenir dans un niveau soutenable qui
limiterait ses effets négatifs sur la croissance et l’emploi.

En effet, ce déficit, qui était de 21 milliards dirhams en 2000, a été multiplié par six pour
atteindre 124,72 milliards dirhams en 2018. Cette augmentation s’explique par plusieurs effets
combinés notamment les effets des marges tarifaires accordées dans le cadre des accords de libre-
échange et des accords préférentiel qui renforcent l’attractivité-prix des importations au détriment
de celle de la production locale mais permettent également de renforcer la compétitivité à
l’exportation de la production locale.

Paradoxalement, on constate que l’aggravation du déficit commercial au milieu des


années 2000 coïncide avec une meilleure insertion du Maroc dans la chaîne mondiale de valeur,

33
notamment dans les secteurs dits « métiers mondiaux du Maroc » (MMM) ayant entraîné une
transformation profonde de la nature des biens exportés.

Figure 6 : Evolution de la balance commerciale des biens et services (Milliards de DH)

700 100%

600 90%

500 80%
( En milliards de DH)

70%
400
60%
300
50%
200
40%
100
30%
0 20%
-100 10%

-200 0%

Exportations Importations Solde de la balance commerciale Taux de couverture

Source : Banque mondiale

2.1.2 Les accords commerciaux au cœur de la politique commerciale au Maroc

Le Maroc s’est orienté depuis plusieurs années vers l’ouverture de son économie. Il s’agit en
premier lieu de l’adhésion et la participation au système commercial multilatéral. Deuxièmement, la
signature des accords commerciaux avec des partenaires commerciaux les plus puissants tels que
l’accord avec l’UE et celui avec les Etats-Unis. Troisièmement, une volonté de renforcer les
relations commerciales avec les pays du Sud : Accord de libre-échange avec la Turquie visant à
dynamiser le commerce régional en Méditerranée ; Accord d’Agadir avec la Tunisie, l’Egypte et la
Jordanie, créant un espace sous-régional à grand potentiel ;

Et enfin le développement des relations commerciales avec des regroupements régionaux en


Afrique : Union Economique et Monétaire Ouest-Africain (UEMOA) et la Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Central (CEMAC) ;

Néanmoins, les résultats économiques de ces accords sont loin d’être bénéfiques pour le
Maroc.

34
Figure 7 : Cartographie des accords préférentiels signés par le Maroc

Source : Institut Royal des Etudes Stratégiques, 2013

a) Accord d’association Maroc-Union européenne

Les liens entre le Maroc et la Communauté européenne ont été renforcés en 1996 par
l’Accord d’Association, entré en vigueur le 1er mars 2000. Il constitue la base juridique des relations
liant les deux partenaires. Cet Accord vise à instaurer progressivement le libre échange des produits
industriels, auxquels l’Union européenne a déjà accordé le libre accès, tandis que le Maroc s'est
engagé à opérer un démantèlement tarifaire progressif sur une période de 10 ans. En ce qui
concerne les produits agricoles, de nouvelles concessions commerciales réciproques sont entrées en
vigueur en janvier 200422.

La liberté d’entrée et de sortie de marchandises a été progressivement introduite durant un


certain nombre d’années, pour atteindre le niveau de libéralisation total en mars 2012. D'ailleurs, le
champ d’application de l’accord ne concerne que les produits industriels, tandis que les produits de
nature agricoles faisaient l’objet d’un autre protocole signé en 2003, visant la libéralisation basée
sur la réciprocité entre les deux parties

Bien que l’accord de libre-échange comprend des dispositions relatives à la libéralisation


des services, cependant le démantèlement tarifaire des services n’a pas pu atteindre le même niveau

22
Ministère de l'économie et des finances, « La politique commerciale extérieure du Maroc », 2007
35
que celui des marchandises vu la sensibilité de secteur dans la plupart des pays membre de l’Union
Européenne.

Les marchandises qui bénéficient de cet accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union
Européenne sont classées selon les dispositions du protocole dans les catégories suivantes : les biens
d'équipement et certaines pièces de rechange, les matières premières et intrants non fabriqués
localement, certains véhicules automobiles, et les produits agricoles transformés.

L’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union Européenne, s’est accompagné d’un


programme appelé MEDA qui a comme objectif principal, l’appui à l’ajustement structurel, afin
d’octroyer un soutien budgétaire aux finances publiques marocaines, et d’atténuer les conséquences
sociales des réformes entreprises pour s’adapter à l’ouverture commerciale optée depuis plusieurs
années par les décideurs marocains.

Le programme MEDA vise par un ensemble d’aides financières à soutenir le secteur privé
marocain afin d’assurer son développement continu, cela s’est fait entre autres, par la réforme du
secteur financier national, et l'amélioration de la formation professionnelle. Le renforcement de
l’équilibre socioéconomique est un appui majeur de ce programme qui accompagne l’accord le
libre-échange avec l’UE 23.

Au niveau industriel, l’accord a des conséquences positives sur certaines industries, qui
bénéficient bien de la libéralisation commerciale avec l’UE. En revanche, d’autres secteurs
souffrent de la concurrence massive des industries très développées de pays de l’Europe. En ce qui
concerne les produits agricoles, la libéralisation partielle ne touche que les produits moins sensibles
pour les pays de l’Europe, malgré que le Maroc puisse bénéficier du privilège accordé aux
exportations marocaines de nature agricole.

L’accord de libre-échange est favorable à l'industrie de la pêche maritime, qui a été pendant
longtemps un pilier important de l'économie marocaine. Le pays est considéré comme le plus grand
marché de poissons en Afrique. Le secteur de la pêche maritime représente environ 3% du PIB et le
gouvernement marocain évalue à environ 400 000, le nombre d'emplois directs et indirects qu'il
génère. L’accord devrait permettre à ce secteur de se développer et de réaliser plus de bénéfices, et
par conséquent une création remarquable de l’emploi, et une contribution à l’accroissement des
exportations marocaines vers l’Union Européenne.

23
Commission Européenne, « Etude Diagnostique du Commerce Extérieur au Maroc », 2008.
36
b) L’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis

La conclusion d'un accord de libre-échange avec les Etats-Unis d'Amérique24 s'inscrit dans
la stratégie globale de l'ouverture de l'économie marocaine sur le marché mondial. Ayant une
vocation exclusivement économique et commerciale, l'accord du libre-échange avec les Etats-Unis
a pour objectif d'organiser le développement des échanges de biens et services entre les deux pays.
Il vise à consolider le processus de réforme et de modernisation économique engagé par le Maroc
depuis plusieurs années.

Les relations économiques entre les deux pays s’étalent sur plusieurs années, et l’accord de
libre-échange vise l’instauration d’une zone au sein de laquelle les barrières tarifaires au commerce
et aux investissements seront progressivement éliminées, concrétisant la volonté des deux pays de
renforcer leurs relations bilatérales.

Après l’entrée en vigueur en 2006, les échanges commerciaux liés à l’accord ont connu une
croissance nette au cours des dernières années, tout en continuant de présenter des perspectives de
développement significatives pour certains secteurs exportateurs marocains. Cet accord donne lieu à
l’existence de multiples opportunités à saisir pour l’économie marocaine, vu l’ampleur du marché
américain.

Contrairement à l’accord de libre-échange avec l’Union Européenne, l’accord avec les Etats-
Unis peut être qualifié de global, puisqu’il touche aux produits industriels, au textile, et aux produits
agricoles. Les produits industriels et les produits agricoles marocains bénéficient d’un traitement
avantageux à l’entrée au marché américain. Le Maroc et vu le rapport de force, a libéralisé le
secteur des marchés publics, ainsi que la majorité des services et du commerce électronique.

Le Maroc est le seul pays africain qui a signé un accord de libre-échange avec les Etats-
Unis, cependant il faut signaler que les deux économies sont incomparables, le poids de l’économie
américaine est loin d’être égal à celui de l’économie marocaine. La suppression progressive des
droits de douane entre les deux pays peut constituer une menace pour le tissu industriel marocain,
ainsi que le commerce de services peut être touché par l’invasion des produits américains.

Les Etats-Unis n’est pas un client de grande importance pour l’économie marocaine vu la
distance séparant les deux pays, aussi les importations américaines en provenance du Maroc ne sont
pas d’une grande portée. Malgré cela, le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et Etats-
Unis a connu une croissance constante, et les prévisions sont optimistes au fur et à mesure de la
libéralisation totale qui n’est pas encore réalisée.

24
Accord signé le 2 mars 2004 et il a entré en vigueur le premier janvier 2006, pour une période transitoire totale de
25 ans.
37
Les produits agricoles américains constituent une menace sérieuse pour l’agriculture
marocaine non compétitive, ils sont de très bonne qualité et d’un coût moins cher. Ainsi, ils
profitent énormément d’un ensemble de subventions publiques, ce qui les rend très concurrentiels
sur le marché marocain25.

L’impact positif de l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis d'Amérique se matérialise


dans la possibilité d’offrir un accès en franchise de droits de douane à un marché américain de 300
millions de consommateurs, stimulant fortement les exportations marocaines. Cette expansion
devrait concerner principalement l’industrie du textile et de l’habillement, qui est la principale
activité industrielle au Maroc.

c) L’accord d’Agadir

L’accord d’Agadir 26 entre le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, et la Jordanie, visant l’instauration


d’une zone de libre-échange, s’inscrit dans le cadre de la ta tentative marocaine à développer les
échanges commerciaux et à promouvoir l’intégration Sud-Sud. Signé en 2004 et entré en vigueur en
2007, l’accord stipule la libéralisation du commerce des produits industriels, agricoles et des
services.

Les quatre pays membres de l’Accord d’Agadir sont appelés à entreprendre des mesures
pour l’harmonisation des règlementations régissant les politiques sectorielles, dans les domaines du
commerce, de l’industrie, de la fiscalité, des services et des douanes. Cela devrait permettre le
Maroc de profiter des niveaux de développement des autres pays, qui semblent avoir les mêmes
potentialités.

Les opportunités de l’Accord d’Agadir pour l’économie marocaine sont multiples. Cet
accord doit contribuer à la dynamisation des échanges Sud-Sud et par conséquent une croissance
des exportations marocaines vers les pays membres. Ainsi, l’accord peut participer au
développement du tissu industriel ce qui permettra la promotion de l’activité économique et la
création d’emploi, et par conséquent à l’amélioration de la productivité et le niveau de vie de la
population marocaine.

Malgré le niveau de développement économique semblable entre tous les pays membres de
l’accord, le Maroc n’en tire pas profit. La balance commerciale marocaine est toujours déficitaire
avec la Tunisie et l’Egypte, à l’exception de la Jordanie avec qui le Maroc a une balance

25
Abdelkhalek TOUHAMI, « Libéralisation commerciale et pauvreté au Maroc », 2007.
26
Signé le 25 février 2004 à Agadir-Maroc, et entré en vigueur en mars 2007 après la publication des circulaires de la
douane des quatre pays membres.
38
commerciale excédentaire27. Le pays peut profiter d'un énorme potentiel de partenariat dans le
domaine du textile et habillement.

L’accord d’Agadir donne également l’opportunité au Maroc d’accroitre son potentiel en


matière d’attractivité des investissements directs étrangers (IDE). L’usine Renault-Nissan à Tanger
est un exemple récent des opportunités offertes par l’Accord d’Agadir aux entreprises
transnationales, qui veulent investir dans des marchés plus ouverts à l’extérieur.

Le Maroc exporte un nombre limité de produits vers l’Egypte, la Tunisie et la Jordanie,


néanmoins les industriels marocains sont pénalisés par les importations massives de produits en
provenance des pays membres.

Section 2 : Problèmes du commerce extérieur marocain

Le problème majeur que rencontre le commerce extérieur national est l’apparition de


nouvelles formes de protectionnisme chez les principaux partenaires commerciaux qui bénéficient
de l’écart du niveau de développement qu’ils ont avec le Maroc. Les mesures non tarifaires (MNT)
se matérialisent généralement sous forme de lourdeurs administratives et des exigences en rapport à
la fois avec les normes sanitaires et phytosanitaires et avec des règles d’origine contraignantes.

2.1 Résultat néfaste des accords de libre-échange

Le nombre important d’accords de libre-échange qu’à signé le Maroc ces dernières années
devait permettre à l’économie marocaine de profiter du commerce international qui semble l’un des
moteurs de la croissance économique. Les résultats de la libéralisation commerciale ne sont pas à la
hauteur, vu que le déficit commercial ne cesse de s’amplifier au fil des années, et que les
exportations et les importations ont connu des changements de structure défavorables, ce qui
menace le tissu économique national et remet en cause la compétitivité des entreprises marocaines
face à la concurrence étrangère.

Le déficit de la balance commerciale du Maroc ne cesse de se creuser, après la série


d’accords de libre-échange qu’a signé le royaume avec un certain nombre de pays. L’exemple de la
France a été choisi pour illustrer le cas d’un pays de l’Union Européenne qui est le principal
partenaire commercial du Maroc. Les mesures non tarifaires (MNT) prennent une grande part dans
les exigences et les obligations qui entravent la croissance positive des exportations marocaines.

27
Selon les statistiques données par l’Office des changes marocain.
39
Cas de la France :

Le commerce bilatéral entre le Maroc et la France a pris un nouveau tournant après la


signature de l’accord de libre-échange Maroc-Union Européenne. Après l’entrée en vigueur de
l’accord, le déficit commercial du Maroc s’est amplifié d’une manière très inquiétante, et surtout
pour les exportations et importations de produits industriels. Le déficit commercial avec la France
n’échappe pas à cette règle, vu que les exportations du Maroc vers la France n’ont pas connu une
évolution significative, tandis que les importations ont augmenté d’un volume très important.

Les résultats souhaités de la signature de cet accord de libre-échange ne sont pas réalisés
d’une manière efficace. L’industrie du textile et de l’habillement par exemple, est l’une des plus
importantes manufactures au Maroc et les entreprises de cette industrie emploient près de 200000
personnes. Pourtant, les exportations marocaines du textile vers le France n’ont pas augmenté
durant les 10 dernières années, et même il est très remarquable que les exportations ont chuté entre
2005 et 2010. Ce secteur devait profiter de la libéralisation commerciale, mais il fait face à une
concurrence massive des produits chinois dans le marché français, ce qui montre que l’industrie
textile nationale n’est pas en mesures de suivre les tendances mondiales et surtout au niveau des
prix, qui demeurent chers en comparaison avec les prix des produits chinois.

Les exportations et les importations de produits agricoles et agroalimentaires sont presque


égales durant la période s'étalant de 2000 à 2012 avec des fluctuations peu importantes. En
revanche, pour ce qui est des produits industriels autre que le textile, le déficit commercial s’est
accru durant la même période d’étude. Ce déficit de plus en plus important est le résultat de
plusieurs causes primordiales, dont les mesures non tarifaires contraignantes.

Le premier constat est que le tissu industriel marocain n’est pas en mesure de faire face à
l’industrie française développée et mieux préparée à l’ouverture. Les exportations marocaines ne
peuvent pas faire face à la concurrence des produits français sur le marché domestique français. Le
deuxième constat, et qui concerne à la fois les produits industriels et les produits agricoles et
agroalimentaires, c’est que ces deux secteurs font face à de nouvelles formes de protectionnisme
déguisées sous le drapeau de mesures non tarifaires (MNT) restrictives au commerce.

La majorité des mesures non tarifaires appliquées aux produis industriels marocains par
l’autorité française concerne, des mesures de contrôle lourdes et répétitives provoquant des retards
et des frais supplémentaires. Les exportations industrielles souffrent également de mesures
restrictives en matière des règles d’origine et de preuve de la nationalité marocaine pour les produits

40
exportés, ainsi que des normes techniques exigées par la France et portants sur l’étiquetage et
l’emballage des produits28.

Pour ce qui est des exportations de produits agricoles et agroalimentaires, elles souffrent de
mesures restrictives en rapport avec les normes sanitaires et les normes visant la protection de
l’environnement. La France est le premier pays appliquant des MNT restrictives aux exportations
agricoles marocaines29. Il faut noter que les exportations marocaines vers la France font face aussi
des restrictions rencontrées au niveau national, ce qui montre la nécessité de procéder à des
réformes pour la facilitation du commerce pour le Maroc.

Figure 8 : Evolution du commerce de marchandises Maroc-France entre 2002 et 2012 en


milliers €

1600000

1400000

1200000

1000000

800000

600000

400000

200000

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018

Importations de produits textiles


Exportations de produits textiles
Importations de produits agricoles et agroalimentaires
Exportations de produits agricoles et agroalimentaires

Source : CNUCED, 2018

2.2 L’émergence des mesures non tarifaires

Les mesures non tarifaires (MNT) sont considérées comme une stratégie contemporaine de
détournement, et qui présentent généralement des arguments déguisés et destinés à cacher leur
véritable raison d’être. Ces mesures de protection sont souvent appelées barrières « douces », mais
malgré leur appellation, ces obstacles au commerce n’ont rien de mesures douces. Elles peuvent être

28
http://www.asmex.org/
29
Ministère de l’Economie et des Finances, « La politique commerciale extérieure du Maroc », 2008
41
d'une redoutable efficacité, bien que leur degré d’affectation du commerce soit difficile à évaluer
précisément.

Après la signature d’accords de libre-échange avec le Maroc, les partenaires commerciaux


du pays ne font plus recourir aux droits de douane sur les importations comme ce fut le cas
auparavant. Les pays avec qui le Maroc établit des échanges commerciaux, appliquent aux
exportations marocaines des mesures et des normes diverses qui paraissent justifiées sur le plan
intérieur mais qui relèvent d'un protectionnisme déguisé. La panoplie des mesures protectionnistes
actuelles comprend une vaste gamme d’autres moyens tels que les normes techniques, les règles de
sécurité, les règles d’hygiène et les normes sanitaires, l'exclusion des entreprises étrangères des
marchés publics ainsi que les lourdeurs administratives.

2.2.1 Remplacement des barrières tarifaires par des MNT chez les partenaires

La forte baisse des tarifs douaniers durant ces dernières années ne signifie pas la fin des
barrières et entraves commerciales, mais leur forme a juste évolué. En effet, la politique
commerciale actuelle des pays avec qui le Maroc entretient des échanges commerciaux, repose
principalement sur des mesures restrictives bien plus complexes que ceux utilisées auparavant 30.
Comme ils utilisent de moins en moins les droits de douane et d'autres mesures commerciales, ces
partenaires font recourt à des mesures non tarifaires (MNT) restrictives, pour influer le commerce.

Les mesures non tarifaires dites douces, sont un élément de base de la version moderne du
repli sur soi et du protectionnisme des partenaires du Maroc. Elles viennent donc en remplacement
des mesures tarifaires et des mesures non tarifaires dures (ex : les restrictions quantitatives), qui
pour leur part n’ont pas totalement disparu des pratiques commerciales des Etats, surtout pour les
pays de l’Union Européenne et des Etats-Unis. Si les entreprises nationales du même secteur
trouvent du mal à faire face à la concurrence, ces pays n’hésitent pas d'imposer des règlements
techniques plus rigoureux sur les importations d’un secteur donné.

Les données empiriques disponibles indiquent que les mesures non tarifaires (MNT) sont
davantage utilisées lorsque le recours aux droits de douane est limité par des accords de libre-
échange ou des accords de préférence économique31. C’est les cas des accords de libre-échange
entre le Maroc et un certain nombre de pays dont les Etats-Unis, la Turquie, l’Egypte, et enfin le
principal partenaire commercial l’Union Européenne.

Les MNT appliquées aux exportations marocaines sont constituées d’une panoplie
d’instruments et d’un arsenal de moyens de protection considérablement enrichi. Les nouvelles

30
Gonzalo ESCRIBANO & Alejandro LORCA, « La politique commerciale du Maroc, entre libéralisme et modernisation »
31
OMC, Rapport sur le Commerce Mondial 2012, p.6.
42
formes de protection, mobilisées par les Etats actuellement, sont le résultat des difficultés
économiques et des bouleversements au sein de l’économie mondiale notamment l’émergence de
nouvelles puissances industrielles et du changement technologiques. La plupart des interventions
gouvernementales concernent des MNT restrictives comme des aides à l'exportation, des quotas
d'importation, des restrictions volontaires d'exportation, des normes techniques sévères, et enfin des
lourdeurs administratives.

Les partenaires commerciaux du Maroc n’utilisent que peu les droits de douanes comme
moyen de protection, leurs instruments de politique commerciale repose principalement sur des
licences difficiles à obtenir, des règles et des normes techniques ainsi que des normes d’ordre
administratif, juridique, ou environnemental pour se protéger de la concurrence étrangère. Ces
mesures non tarifaires sont en partie influencées par le poids des grandes entreprises fortes qui
exercent une pression sur les gouvernements pour influer les décisions en matière d’imposition de
mesures restrictives32.

La réduction ou la suppression des droits de douane ne font pas disparaître les politiques et
les sentiments protectionnistes. Elles les obligent seulement à trouver de nouvelles façons de se
manifester. Quand les partenaires commerciaux du Maroc ont diminué leurs droits de douane, ils
ont opté pour des obstacles non tarifaires.

2.2.2 Les lourdeurs administratives

En moyenne, une transaction commerciale internationale suppose la participation de 27 à 30


parties différentes, une quarantaine de documents, plus de 200 éléments d'information et la
réintroduction de 60 à 70% de toutes les données au moins une fois. D’autres problèmes s’ajoutent
à cela notamment une bureaucratie excessive, un cadre réglementaire qui ne reflète pas l’évolution
des techniques ni celles des pratiques commerciales et un manque de transparence dans les
formalités administratives33.

Les gouvernements agissent ainsi pour protéger le marché local. En conséquence, les frais
supplémentaires et la lourdeur administrative affaiblissent la compétitivité des exportateurs à
l’échelle régionale et mondiale. Les fabricants locaux sont aussi touchés étant donné que le coût de
leurs entrants importés sont trop élevés et l'imprévisibilité de l'offre signifie qu'ils sont obligés de
tenir inutilement des inventaires élevés et coûteux. Les consommateurs à leur tour sont perdants
parce que les coûts de transaction élevés se reflètent inévitablement sur le prix des produits.

32
Centre du Commerce International, 2012.
33
OMC, « Rapport du l’OEPC sur le Maroc », 2004.
43
En 2018, le Maroc a enregistré un déficit commercial de 18 milliards de dirhams (environ
1,8 milliard $) dans ses relations commerciales avec la Turquie. Principalement, en raison des
différents obstacles commerciaux auxquels fait face le Maroc dans l’application de cet accord. Il
s’agit notamment des lourdeurs administratives, et des lois entravant l’entrée des produits
marocains sur le marché turc.

Section 3 : L’influence des mesures non tarifaires sur le commerce


extérieur

Chaque Etat instaure des restrictions à l’entrée pour plusieurs motifs. Le motif essentiel est
sans doute la protection du consommateur, mais ces dernières peuvent affecter positivement ou
négativement plusieurs angles d’un pays et être nocive.

3.1 Avantages et inconvénients des MNT

3.1.1 Les bienfaits des Barrières non tarifaires.

Puisque l'objectif principal des MNT est le protectionnisme, les avantages des MNT seront
aussi principalement ceux du protectionnisme. Les barrières non tarifaires contribuent à protéger le
développement de nouvelles industries contre les rivaux étrangers. Si les industries étrangères sont
en concurrence avec des industries nationales qui ne sont pas encore assez développées ou assez
grandes pour profiter d'économies d'échelle, les BNT, telles que les quotas d'importation, peuvent
protéger l'industrie "naissante" contre une concurrence trop forte pendant sa phase de maturation
jusqu'à ce qu'elle puisse être compétitive par elle-même.

De même, les MNT offrent également une protection à certaines économies contre les pays
étrangers qui souhaitent commercer avec elles uniquement parce qu'ils savent que les économies
nationales ne pourront pas faire face à leur concurrence et finiront par s'effondrer, leur laissant le
monopole du marché intérieur. Le "dumping" est un exemple de ce type de commerce déloyal. Les
obstacles au commerce protègent les économies nationales de ces pays en leur conférant un
avantage relatif injuste.

On pense que l'utilisation des BNT peut entraîner une augmentation de l'emploi intérieur.
Étant donné que les entreprises étrangères créent des emplois à l'étranger, les BNT telles que les
quotas d'importation, réduisent les importations, font plutôt augmenter la production nationale et
créent ainsi des emplois nationaux. De plus, en réduisant les importations en provenance de pays où
la main-d'œuvre est moins chère, la concurrence par rapport aux salaires plus élevés qui sont payés
pour la production locale.

44
De plus, en réduisant les importations, les BNT aident les pays à stimuler les industries
locales qui sont concernées par la sécurité nationale ainsi que les industries qui contribuent à
l'indépendance économique du pays.

Les barrières non tarifaires ont un rôle de régulateur du marché national, avec le libre-
échange et les accords multilatéraux et régionaux, les droits de douane ne sont plus une option de
protection.

3.1.2 Inconvénients des BNT

Le principal inconvénient des MNT est qu'elles entravent le libre-échange et les avantages
qui l'accompagnent. L'aspect protectionniste des BNT décourage la concurrence des grandes
industries et aussi des pays étrangers. Si cela peut aider les entreprises et les industries nationales à
se développer au début, à long terme, cela freine en fait la croissance future. En effet, en raison du
manque de concurrence, les entreprises nationales peuvent alors se permettre de proposer un choix
restreint de produits aux clients, de réduire la qualité des produits et d'augmenter leurs prix. En
raison de cette production inefficace, les entreprises ne sont plus incitées à rechercher l'innovation
et l'excellence en permanence. Ainsi, en fin de compte, les BNT ne contribuent pas à la croissance
future des entreprises.

Il existe une autre façon dont les BNT font augmenter les prix des biens dans l'économie
nationale. En limitant l'accès aux pays étrangers où les marchandises pourraient être fabriquées à
moindre coût, il faut employer plus de ressources au niveau national même pour fabriquer les
mêmes marchandises à un prix plus élevé.

En outre, si le libre-échange permet aux pays de bénéficier du concept d'avantage


comparatif, l'utilisation des MNT les empêche de profiter de ces avantages. Si les pays se
spécialisent uniquement dans la production de biens pour lesquels ils disposent d'un avantage
concurrentiel, cela permet à chaque pays de produire aux prix minimums. Cette efficacité de la
production profite à toutes les parties au commerce. Toutefois, les MNT, en limitant les échanges,
ne contribuent pas à atteindre cet objectif.

L'utilisation des BNT peut également entraîner des guerres commerciales. En élevant des
barrières commerciales contre un pays étranger, ce dernier peut décider de faire de même en guise
de représailles. Les importations et les exportations des deux pays sont ainsi restreintes, ce qui
réduit considérablement les marchés qui leur sont ouverts, diminuant leurs possibilités de croissance
et d'efficacité. Si de nombreux pays du monde entier s'engagent dans ces guerres commerciales, le
commerce et l'activité économique mondiaux en pâtiront fortement. Ces représailles peuvent

45
également s'étendre rapidement au-delà de la source du conflit et affecter les autres politiques
économiques des pays comme moyen de riposte.

On peut constater que tous les participants peuvent tirer profit du libre-échange grâce à
l'efficacité du marché, par exemple, en augmentant le choix et en réduisant les prix. Toutefois, les
mesures non tarifaires ont également leur utilité et sont nécessaires dans certaines conditions. Il doit
y avoir un équilibre entre la recherche de gains d'efficacité et l'utilisation d'obstacles aux échanges.

3.2 Effets des mesures non tarifaires

Les barrières non tarifaires influentes directement sur le commerce, ces mesures ont pour
objectifs de limier les quantités importées ou même encore poussées les investisseurs étrangers à
s’exceller en ce qui concerne la qualité de leurs produits et doivent être diététique et tous sa a un
prix raisonnable.

3.2.1 Mesure quantitative

Les mesures quantitatives réduisent les niveaux des importations. Leur utilisation peut être
justifiée selon certaines circonstances sous la forme par exemple : de coûts d’information élevés.
Dans le cas d’une protection des industries naissantes, un contingent d’importation (l’une des
formes de mesures quantitatives) est préférable à une subvention. Le recours au contingent est
justifié, étant donné qu’il permet d’ajuster le niveau de protection à la branche naissante à mesure
que ses coûts diminuent. Dans le même contexte, il est possible de préférer des mesures
quantitatives telles que le contingent d’importation à des droits de douane. A titre d’exemple, si la
demande augmente en raison de l’augmentation des revenus ou de la population, les importations
augmenteront avec les barrières tarifaires, mais pas avec un contingent. Notons qu’un contingent
procure une rente contingentaire aux importateurs, alors que les barrières tarifaires procurent des
recettes douanières à l’Etat.

3.2.2 Mesures sur le prix


Les mesures fondées sur le prix comme une subvention à l’exportation pourraient être
utilisées pour remédier aux problèmes de l’asymétrie informationnelle comme le confirme Feenstra
(1986). L’incertitude dans le pays importateur concernant la qualité des produits étrangers peut agir
comme un obstacle au commerce. La subvention à l’exportation permet aux producteurs étrangers
de fournir un produit de qualité aux consommateurs du pays importateur à un prix plus bas.

L’expansion du commerce sera conjuguée à un gain de bien-être pour le pays importateur.


Dans le cas d’une industrie naissante, une subvention à la production réduira les importations, mais
améliorera l’efficacité économique en donnant aux entreprises naissantes le temps d’acquérir une

46
expérience. Leur apprentissage profitera à l’industrie dans son ensemble. Au cas où une taxe est
appliquée aux entreprises moins écologiques pour lutter contre la pollution dans le pays, la
production domestique dépasse le niveau optimal et il y a très peu de commerce étant donné que le
marché n’inclut pas dans le prix le dommage environnemental causé par les producteurs locaux. La
taxe aurait pour effet l’augmentation à la fois des importations et du bien-être du pays importateur.
Ainsi, les mesures fondées sur le prix telles que la taxe intérieure, la subvention à la production ou
la subvention à l’exportation peuvent être utilisées pour remédier aux défaillances du marché.

3.2.3 Mesure sur la qualité


Les mesures fondées sur la qualité telles que les mesures SPS/OTC peuvent accroître les
coûts commerciaux des exportateurs et réduire leurs perspectives d’exportation, étant donné que ce
sont des mesures qui exigent de modifier les caractéristiques techniques des produits importés.
Néanmoins, elles suppriment l’incertitude quant à la qualité et la sécurité du produit importé. Ceci
contribue à l’amélioration du bien-être du consommateur et à l’augmentation de la demande,
procurant ainsi un bénéfice pour les exportateurs. Les effets d’une mesure qualitative sur le
commerce ou le bien-être dépendent donc de la capacité à remédier à de véritables défaillances du
marché.

Par exemple, s’il n’y a pas de défaillances du marché, et que le pays importateur exige des
mesures de conformité, les coûts commerciaux augmenteront du fait de cette obligation de respecter
la réglementation du pays importateur. L’augmentation des coûts pour l’entreprise exportatrice aura
pour effet : la réduction du volume des exportations pour des entreprises qui peuvent survivre et un
arrêt total de l’activité pour les entreprises exportatrices les moins efficientes

Ceci aura également un effet négatif sur le bien-être du pays importateur du fait de la
diminution des variétés mises sur le marché et le prix élevé des produits disponibles. Tandis que si
les mesures appliquées remédient réellement aux défaillances du marché liées à l’asymétrie
informationnelle par exemple, la mise en conformité augmente certes le coût de production des
entreprises exportatrices, mais les consommateurs du pays importateur seront certains de la sécurité
du produit étranger. Le fait de dissiper cette incertitude dans l’esprit du consommateur, permet aux
entreprises exportatrices de gagner des parts de marché supplémentaires en raison de la demande
accrue.

Enfin, les mesures fondées sur la qualité appliquées en vue d’une réglementation exigeante
auront des effets ambigus sur le commerce et le bien-être ; des effets qui dépendent de l’importance
relative des facteurs agissant sur les consommateurs et sur les producteurs nationaux.

47
Les règlements exigeants entrainent des coûts de mises en conformité pour les exportateurs
étrangers qui devraient générer une augmentation de la production domestique. Alors que pour les
consommateurs, le prix du produit augmente certes, mais il est de meilleure qualité.

48
Conclusion du chapitre 2

A travers ce chapitre, nous avons constaté que le déficit commercial du Maroc ne date pas
d’aujourd’hui. Il est structurel depuis le milieu des années 60. Il résulte de plusieurs facteurs
endogènes et exogènes. Le choix de l’ouverture du Maroc et la signature de nombreux accords de
libre- échange, Nord -Sud et Sud -Sud, ont aggravé ce déficit et impliqué une insertion de
l’économie marocaine, dans le marché mondial, davantage par les importations que par les
exportations

L’analyse du cas de la France montre que le déficit connu s’amplifie dans des secteurs
sensibles pour l’économie nationale. De plus, le changement de la structure des exportations et des
importations menace plusieurs secteurs qui devaient être les plus exportateurs pour le pays

Enfin, le problème majeur que rencontre le commerce extérieur marocain est l’apparition de
nouvelles formes de protectionnisme chez les principaux partenaires commerciaux. Les mesures
non tarifaires se matérialisent généralement sous forme de lourdeurs administratives et des
exigences en rapport à la fois avec les normes sanitaires et phytosanitaires et avec des règles
d’origine contraignantes.

49
Conclusion de la première partie

Dans la première partie, nous avons essayé de mettre l’accent sur l’histoire de l’apparition
des mesures non tarifaires comme un moyen efficace de protectionnisme. Les mesures non tarifaires
peuvent être définies comme toutes politiques ou pratiques gouvernementales autres que les tarifs
douaniers, visant à limiter le volume, la direction ou la composition des importations. Elles peuvent
avoir un impact économique sur le commerce international des marchandises, en modifiant les
quantités échangées ou les prix ou les deux en même temps.

Les obstacles techniques au commerce et les mesures sanitaires et phytosanitaires sont les
mesures les plus restrictives pour le commerce des pays en développement.

L’analyse nous a appris que les restrictions quantitatives étaient le problème le plus pressant
pour les premiers négociateurs du GATT du fait que les pays tardaient à supprimer les contrôles
instaurés durant la guerre et que l’Europe était préoccupée par des problèmes de balance des
paiements.

Le deuxième chapitre de cette partie s’intéresse à l’analyse des problèmes rencontrés par le
Maroc dans ses échanges extérieurs en analysant la situation actuelle du commerce de
marchandises. Pourtant, malgré la signature d’accords de libre-échange, les partenaires
commerciaux du Maroc appliquent des mesures non tarifaires restrictives aux exportations
marocaines. En effet, les normes européennes et américaines semblent très contraignantes surtout
pour les produits agricoles et agroalimentaires. De ce fait, l’analyse des différentes entraves aux
exportations marocaines et liées à l’utilisation des mesures non tarifaires restrictives s’avère
nécessaire

50
Partie II : Etude
économétrique de
l’impact des BNT
sur le commerce
extérieur
Marocain

51
Introduction de la deuxième partie

Dans la première partie, nous avons essayé de présenter un aperçu théorique du


protectionnisme contemporain caractérisé principalement par l’application de mesures non tarifaires
restrictives au commerce.

La deuxième partie de notre travail est traitée en deux phases, nous commençons par une
analyse des mesures non tarifaires contraignantes pour chaque secteur exportateur. Cela se fera dans
un premier temps par l’analyse des différents pays et institutions qui sont à l’origine des obstacles
que rencontre le commerce extérieur marocain. Par la suite, une étude sectorielle des MNT
restrictives sera présentée pour tenter d’évaluer les effets négatifs pour chaque secteur du tissu
économique national.

Dans le deuxième chapitre, l’intérêt est d’étudier empiriquement l’impact des mesures non
tarifaires sur les exportations marocaines et à valider les hypothèses émises au début de cette
recherche. Nous portons une attention particulière au modèle de gravité. Nous présentons par la
suite quelques fondements théoriques au fur et à mesure de la construction du modèle
économétrique adopté. Après avoir rappelé les fondements théoriques du modèle de gravité et les
différentes spécifications, nous passerons à la formulation du modèle et aux différentes méthodes
d’estimation.

En fin de chapitre, nous passerons aux tests d’hypothèse et à l’estimation des paramètres du
modèle. Nous finirons par la présentation et l’analyse des résultats.

A l’issue de la deuxième partie, nous présentons une conclusion des différents résultats
obtenus. Ceci nous permettra d’avoir une image claire sur les motifs de confirmation ou
d’infirmation des hypothèses de recherche.

52
Chapitre 1 :
Analyse des
mesures non
tarifaires imposées
aux échanges
extérieurs du
Maroc

53
Les entreprises marocaines les plus affectées par des mesures non tarifaires (MNT)
contraignantes sont généralement des petites entreprises non préparées aux défis du commerce
international et aux défis de l’ouverture à l’extérieur. Les différents secteurs domestiques ne sont
pas touchés de la même façon par les MNT restrictives. Les secteurs les plus affectés sont
généralement ceux sensibles pour les pays importateurs de produits marocains, comme les produits
agricoles et les produits de textiles et d'habillement.

Les importations du Maroc souffrent moins davantage de mesures non tarifaires


contraignantes que les exportations vers les pays partenaires. Ceci est le résultat de l’écart entre les
niveaux de développement entre le pays et ces principaux partenaires commerciaux. Ces derniers
appliquent des MNT différentes aux exportations, chaque pays met en place des obstacles
spécifiques à ses besoins. De ce fait, l’analyse de ces différents obstacles rencontrés aux
exportations et aux importations marocaines s’avère nécessaire avant de présenter les principaux
pays qui appliquent des MNT contraignantes aux exportations marocaines.

Section 1 : Les entreprises marocaines affectées par des MNT


contraignantes

1.1 Principales caractéristiques des entreprises affectées

Les grandes entreprises exportatrices trouvent relativement moins de MNT contraignantes et


d’autres obstacles au commerce que les plus petites entreprises exportatrices. Il semble que les
grandes entreprises bénéficient de meilleures conditions à l’exportation que les autres entreprises.

D’ailleurs, les grandes entreprises disposent principalement de l’expérience et des


compétences nécessaires pour se conformer aux règlements des marchés extérieurs ainsi qu’aux
procédures d’exportation qui leur sont imposées. Pour faire face à ces problèmes, quelques
entreprises optent à créer un service spécialisé dont la mission est de veiller sur l’analyse des
procédures douanières et commerciales des pays destinataires de leurs produits. À l'encontre des
grandes entreprises exportatrices, les entreprises de petite taille disposent globalement moins de
moyens consacrés à la commercialisation de leurs produits à l’international.

Les petites entreprises ne disposent pas des mêmes capacités et connaissances pour mener
efficacement leurs opérations d’exportation et d’importation que les grandes entreprises 34.

34
http://www.asmex.org/ (Association Marocaine des Exportateurs).
54
Figure 9 : Taille des entreprises affectées par des mesures non tarifaires

Entreprises exportatrices Entreprises importatrices


5% 4%

21% 18%
47%

44%
27% 34%

Micro Petites Moyennes Grandes

Source : Centre du Commerce International, 2012


L’impact du positionnement géographique des entreprises exportatrices est pareillement très
important sur la conception des mesures non tarifaires et sur les autres obstacles au commerce, en
particulier chez les petits exportateurs. La région du grand Casablanca, ainsi que la région de
Tanger dans une mesure moins importante, sont les régions qui bénéficient de meilleurs moyens et
dispositifs pour répondre aux éventuelles mesures non tarifaires rencontrées. Ces deux régions
bénéficient des infrastructures logistiques et administratives robustes et nécessaires à la facilitation
de l’exportation35. Les exportateurs installés dans les autres régions moins bien équipées souffrent
davantage des obstacles au commerce. Les entreprises d’autres régions moins bien équipées comme
celle d’Agadir, de Fès ou de Marrakech semblent souffrir davantage des obstacles au commerce.

1.2 Principaux secteurs affectés par les MNT

À l’exportation, les produits agricoles et alimentaires sont plus exposés aux obstacles non
tarifaires que les produits manufacturés en raison de la variété des mesures qui sont imposées par
les pays importateurs sur ces produits, compte tenu de leur nature périssable et du risque qu’ils
représentent pour la santé des consommateurs. La proportion des entreprises affectées par des MNT
et autres obstacles au commerce est en revanche plus faible dans le secteur du textile, de
l’habillement et des cuirs comme dans tous les autres secteurs manufacturiers à l’exception des
machines et produits électroniques. Les exportations de produits chimiques sont relativement peu
entravées par des MNT ou d’autres obstacles au commerce. Ces produits sont bien souvent utilisés

35
Centre du commerce international ,2012
55
comme biens intermédiaires dans les pays importateurs dont l’Union européenne, les États-Unis ou
encore l’Inde.

À titre d’exemple, le Maroc est un producteur important de phosphate qui est en grande
partie exporté et généralement utilisé dans la production d’engrais pour l’agriculture.

Figure 10 : Secteur d’activité des entreprises affectées par des mesures non tarifaires

Entreprises exportatrices Entreprises importatrices

21% 15% 10%


6% 43% 18%

10%
36%
17%
12%
5% 7%

nnj

Aliments frais et matières premières agricoles Aliments préparés et produits agricoles

Textiles, habillements et cuirs Produits chimiques

Machines et produits manufacturés Autres produits manufacturés

Source : Centre du Commerce International, 2012

La part des entreprises importatrices affectées par des MNT contraignantes et d’autres
obstacles au commerce varie sensiblement selon les secteurs ainsi que le type d’activité des
entreprises. Il existe d’autre part une grande différence entre les entreprises productrices, qui
importent des biens intermédiaires ou des matières premières, et les entreprises non productrices qui
importent des biens pour le compte d’un revendeur ou d’un fabricant, ou encore pour la revente sur
le marché domestique ou la réexportation. Ces dernières sont communément appelées des
entreprises transitaires car les biens ne font que transiter sans subir aucune transformation. Ce type
d’entreprise semble rencontrer plus fréquemment des obstacles relatifs aux MNT.

56
Section 2 : Nature et origine des mesures non tarifaires restrictives

2.1 Nature des MNT contraignantes

Les entreprises marocaines rencontrent dans la majorité des cas, des mesures non tarifaires
contraignantes auxquelles elles doivent se conformer pour exporter ou importer leurs biens. Les
exportateurs rencontrent relativement plus de mesures contraignantes que les importateurs.

Ce qui rend les MNT contraignantes (du point de vue des entreprises), ce sont soit leur
nature trop rigoureuse et difficile à respecter (obstacles règlementaires), soit les pratiques connexes
(obstacles procéduraux) qui rendent difficiles le respect de ces MNT, soit les deux raisons à la fois.

Les enquêtes de l’ITC36 ont indiqué que plus de trois quarts des cas reportés concernent des
obstacles procéduraux au commerce (figure 11). Ceux-ci comprennent des procédures complexes et
des installations inadéquates liées à la certification, des changements impromptus de la
réglementation, ainsi que des retards dans l'octroi de permis et aux douanes 37.

Figure 11 : Type d’obstacles relatifs aux mesures non tarifaires

100.00%
90.00%
80.00%
MNT contraignantes en raison
70.00%
d'obstacles procéduraux
60.00%
50.00% MNT trop strictes en soi
40.00%
30.00%
20.00%
10.00%
0.00%
Exportation Importation

Source : Centre du Commerce International, 2012

36
Le Centre du commerce international (CCI, ou International Trade Centre, ITC) est une agence conjointe de
l’Organisation mondiale du commerce et de l'Organisation des Nations unies fondée en 1964.
37
http://www.intracen.org/contenu/La-facilitation-des-echanges-et-les-mesures-non-tarifaires/
57
a) Principales MNT contraignantes à l’exportation

Environ deux tiers des exportateurs au Maroc sont affectés par des MNT contraignantes et
d’autres obstacles au commerce 38. Les obstacles rencontrés proviennent principalement de la
rigueur des règlements étrangers. Il s’agit notamment de règlements techniques et d’exigences
relatives à l’évaluation de la conformité qui représentent ensemble 47% des cas de mesures
étrangères contraignantes rapportées par les exportateurs. Les exigences techniques concernent les
propriétés spécifiques des produits ou du processus de production. Elles sont légalement fixées par
le pays vers lequel un produit est exporté (ou en provenance duquel il est importé). Les procédures
d’évaluation de la conformité visent à déterminer si le produit ou le procédé de production
correspond aux exigences techniques spécifiées.

Pour ces raisons, les produits agricoles et alimentaires sont particulièrement affectés par de
telles mesures dont le niveau d’exigences est relativement élevé dans les pays développés,
notamment dans l’Union européenne et aux États-Unis.

Ces revendications réglementaires s’inscrivent dans le cadre (SPS) et des obstacles


techniques au commerce (OTC) qui bénéficient tous les deux d’un cadre formel au sein de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les accords sur les SPS et les OTC signés par les
membres de l’OMC visent à établir des règles internationales pour l’application de ce type de
mesures et en éviter toute utilisation protectionniste et non conforme aux règles du commerce
mondial.

Figure 12 : Mesures contraignantes aux exportateurs

Règlements techniques

12% Evaluation de la conformité


27%
14%
Inspection avant expédition et
autres formalités
Règles d’origine
15%
20%
Autres mesures à l'importation
10%
Inspection à l'exportation
1% Enregistrement à l'exportation
1%
Autres mesures à l'exportation

Source : Centre du Commerce International, 2012

38
Commission Européenne, « Obstacles au Commerce et à l’Investissement », Rapport 2011.
58
Les obstacles procéduraux reviennent encore comme principaux motifs de la perception
contraignante des MNT appliqués dans le pays exportateur. Ils sont également représentés dans la
figure 13. Ces OP sont engendrés majoritairement durant la phase d’inspection et au stade de
l’enregistrement des produits avant leur exportation. Le constat majeur qui en ressort est que les
contraintes liées au temps dans les agences marocaines constituent le premier obstacle procédural
évoqué par les entreprises et représentent 25% et 45% des cas d’obstacles respectivement à
l’exportation et à l’importation.

Egalement, les charges administratives comme le nombre important ou la complexité des


documents à fournir, et des retards dans les procédures entravent l’obtention de permis ou licences
d’exportation. Enfin, le manque d'installations ou d’équipements spécifiques handicape les
certifications d'exportation, compte tenu des exigences techniques sur certains produits.

Figure 13 : Obstacles procéduraux aux exportations


2%
Obstacles procéduraux au
26% 4% 7% 25% 13% 21% 2%
Maroc
2%
Obstacles procéduraux dans les
pays 36% 9% 4% 45% 5%
partenaires

Problèmes administratifs
Problèmes d’information / de transparence
Comportement incohérent / discriminatoire des officiels
Contraintes liées au temps
Problèmes relatifs au paiement
Défis liés aux infrastructures
Contraintes légales
Autres obstacles

Source : Centre du Commerce International, 2012

b) MNT contraignantes et obstacles aux importations

Les entreprises importatrices marocaines, qu’elles soient productrices ou transitaires, ont


rapporté faire face à trois principales mesures appliquées par le Maroc (figure 14). La mesure la
plus importante parmi les MNT est celle relative à l’inspection et le contrôle automatique des
marchandises au Maroc (48% des MNT contraignantes rapportées). Elle concerne les procédures de
vérification, de chargement, de suivi et de contrôle des marchandises avant ou à l’entrée au Maroc,

59
comme l’inspection physique des marchandises permettant d’établir la nature des marchandises
importées.

Plus du quart des MNT évoquées (30%) concernent l’évaluation de la conformité et plus
spécifiquement les exigences en matière d’essai et d’inspection du produit. Les redevances, taxes et
autres mesures para-tarifaires ont été évoquées dans plus de 15% des cas de MNT contraignantes. Il
s’agit principalement des droits de douane pour inspection et des frais de manutention ou
d’entreposage des marchandises.

Figure 14 : MNT contraignantes pour les importations

3%
4% Règlements techniques
15%
30%
Evaluation de la conformité

Inspection avant expédition et


48% autres formalités
Redevances, taxes et autres
mesures para-tarifaires
Autres mesures à l'importation

Source : Centre du Commerce International, 2012

Une part non négligeable des obstacles procéduraux aux importations se déroule au niveau
national vu que les vérifications, les essais et la certification des produits se font au Maroc pour les
biens importés. La majorité des problèmes rencontrés par les entreprises importatrices est
étroitement lié à l’insuffisance ou à la futilité des infrastructures et aussi du retard des procédures.

Les entreprises exportatrices souffrent également de problèmes procéduraux semblables.


L’une des difficultés qu’ont connues les importateurs est la mise en œuvre d’un système informatisé
de dédouanement qui est récent, et dont les pannes et arrêts fréquents à son lancement formaient des
entraves considérables et immenses pour les entreprises importatrices.

L’environnement des affaires au Maroc constitue de sa part une source d’obstacles pour les
entreprises importatrices. L’environnement des affaires à l’importation souffre d’une diversité de
problèmes qui impactent négativement les importateurs. Ces derniers supportent particulièrement
des frais excessifs et exagérés exigés obligatoirement dans les agences et les établissements
impliqués dans le processus d’importation. Parmi les préoccupations et inquiétudes principales des

60
entreprises importatrices sont les défis liés aux infrastructures et les retards des procédures mise en
place39.

Figure 15 : Obstacles aux importations

Problèmes relatifs à l'environnement


11% 7% 41% 6% 15% 18% 1%
des affaires au Maroc

Obstacles procéduraux au Maroc 7% 10% 11% 4% 28% 40% 1%

Problèmes administratifs

Comportement incohérent / discriminatoire des officiels

Problèmes relatifs au paiement

Problèmes d’information / de transparence

Contraintes liées au temps

Défis liés aux infrastructures

Autres obstacles
Source : Centre du Commerce International, 2012

2.2 L’origine des obstacles non tarifaires au commerce

L’Europe constitue actuellement, de loin, le principal partenaire des entreprises exportatrices


marocaines mais aussi la première région appliquant des mesures non tarifaires contraignantes à ces
entreprises. Ces mesures représentent une part importante des MNT appliquées par l’ensemble des
partenaires.

Au premier rang, la France et l’Espagne sont considérées parmi les principaux pays
appliquant des MNT contraignantes aux exportations marocaines. Proportionnellement à ses
exportations, l’Italie est pareillement la source d’un grand nombre de MNT rencontrées par les
entreprises exportatrices. Il existe d'ailleurs des procédures spécifiques à chaque pays en plus de
règles européennes communes aux pays membres, ce qui représente des entraves additionnelles
pour les exportateurs marocains vers l’UE.

La deuxième région qui applique des mesures non tarifaires aux entreprises exportatrices est
la région des pays arabes, bien que les exportations vers cette région représentent moins de 5% du

39
GONZALO Escribano, ALEJANDRO Lorca, « La politique commerciale du Maroc : entre libéralisation et mondialisation
», Trade and Développement Report, 2002.
61
total des exportations marocaines et bien qu’il existe de nombreux accords de facilitation et de
libéralisation du commerce entre les pays de la région.

Le premier pays arabe qui applique des MNT aux exportations marocaines est l’Algérie.
Une part très importante des exportations vers l’Algérie est sensiblement entravée par des MNT
imposées par ce pays.

Les autres pays d’Afrique appliquent relativement moins de mesures imposées aux
exportations marocaines, simplement 6% des MNT appliquées par un pays partenaire sont à
l’origine de ces pays.

Figure 16 : Part des MNT appliquées par les partenaires commerciaux

25%

20%

15%

10%

5%

0%

Source : Centre du Commerce International, 2012

Les obstacles procéduraux au Maroc résident principalement au niveau des opérations de la


douane, puisque les principales formalités sont effectuées lors du franchissement en douane, en
partant du contrôle des documents de l’opération d’exportation ou d’importation, jusqu’au contrôle
physique des produits, ce qui engendre des problèmes liés à des délais additionnels.

Pour les entreprises exportatrices, elles rencontrent des problèmes et des obstacles avec
l’Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), qui est
particulièrement chargé d’examiner la conformité des marchandises destinées à l’export, ainsi que
des problèmes avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), qui
s’occupe de la vérification des produits alimentaires. Pareillement, la douane rassemble la majorité

62
des problèmes rencontrés par des entreprises importatrices. Les importateurs considèrent également
que les frais imposés par Marsa Maroc40, sont excessifs.

Figure 17 : Principales entités marocaines impliquées dans les obstacles procéduraux

OP au cours des importations

OP au cours des exportations

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Douane
Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations(EACCE)
Laboratoires universitaires
Laboratoire public d’essais et d’études(LPEE)
Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires(ONSSA)
Direction provinciale d’agriculture(DPA)
Office National des Pêches (ONP)
Ministère de la pêche
Marsa Maroc
Compagnies maritimes
Ministère de l’industrie, du commerce et des nouvelles technologies (MICNT)
Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses(ONICL)
Fournisseurs européens

Source : Centre du Commerce International, 2012

Section 3 : Classement des mesures non tarifaires par secteurs


exportateurs

L’intensité des mesures non tarifaires varie fortement selon les secteurs d’activité des
entreprises. Pour les entreprises exportatrices, le secteur des produits agricoles et alimentaires est
beaucoup plus affecté que les autres branches d’activité, notamment les produits chimiques qui
figurent dans la catégorie des marchandises les moins entravés. Dans la même logique, le type de
mesures contraignantes pour les exportateurs est très différent selon les secteurs (figure 18).

40
Marsa Maroc (anciennement ODEP, Office D'Exploitations des Ports) est une entreprise marocaine spécialisée dans
l'exploitation de terminaux et quais portuaires, créée en 2006.
63
Figure 18 : MNT contraignantes pour les exportations, selon les secteurs

Produits agricoles Textiles, habillement Autres produits


et alimentaires et cuirs manufacturés

2%
4%
10% 7% 8% 12%
23% 9%
12% 47% 24%
12% 22%

5%
27%
44%
32%

Règlements techniques Inspection à l’exportation

Évaluation de la conformité Enregistrement à l’exportation

Règles d’origine Autres mesures à l'exportation

Autres mesures à l’importation

Source : Centre du Commerce International, 2012

3.1 Produits agricoles et alimentaires

Les exportations agricoles sont constituées principalement des légumes et de leurs


préparations notamment les tomates, les poissons, les crustacés, ainsi que les fruits et en particuliers
les agrumes.

Les entreprises exportatrices de produits agricoles et alimentaires rencontrent des problèmes


très spécifiques selon la nature de chaque produit exporté. Ces problèmes concernent
essentiellement des mesures appliquées par les principaux partenaires commerciaux, notamment
pour les exportations de fruits et légumes.

Les principaux partenaires commerciaux qui appliquent des obstacles non tarifaires aux
exportations agricoles marocaines, sont les marchés traditionnels de l’Union Européenne aussi que
les marchés nouveaux comme la Chine et la Russie.

Les problèmes donc rencontrés par les exportateurs de produits agricoles sont en rapport
avec les exigences relatives aux particularités des biens, comme les limites de tolérance de résidus,
les revendications en matière d’étiquetage qui touchent essentiellement les légumes et leurs
préparations. Ces obstacles non tarifaires concernent également les procédures de certification
64
généralement contraignantes pour les exportateurs de fruits et leurs préparations et les restrictions
quantitatives qui ont essentiellement été rencontrées dans la filière halieutique.

Figure 19 : MNT appliquées par les partenaires aux exportations de produits agricoles et
alimentaires

Légumes et ses Fruits et ses


Produits de la mer
préparations préparations
7%
12%
18%
22%
40% 36%
16%

7% 64%
12%
46%
20%

Règlements techniques : Limites de tolérance pour résidus et restriction de l’utilisation de substances

Étiquetage, marquage et emballage

Prohibitions des importations ou restrictions imposées à des produits ou des substances

Autres règlements techniques

Évaluation de la conformité :

Procédures d’évaluation de la conformité

Information en matière de traçabilité

Source : Centre du Commerce International, 2012

3.2 Autres produits manufacturés

Les mesures non tarifaires contraignantes pour les exportations de produits manufacturés
sont généralement appliquées par les pays principaux partenaires traditionnels du pays, à savoir les
pays de l’Union Européenne et les États-Unis, principaux importateurs de produits industriels
marocains. D’autres partenaires commerciaux, surtout des pays arabes dont l’Arabie saoudite et
l’Algérie, et des pays africains dont le Mali et la Côte d’Ivoire appliquent de leur part des obstacles
non tarifaires aux exportations manufacturières nationales. Les exportations de produits
manufacturés vers ces partenaires se font dans le cadre d’accords commerciaux préférentiels
administrés par l’OMC portant sur l’abaissement des droits de douane et des MNT.

65
Figure 20 : ONT appliqués par les partenaires aux exportations industrielles marocaines

OP à l'étranger et appliqués par les partenaires 42% 42% 6% 6% 4%

OP au Maroc et appliqués par les partenaires 33% 17% 17% 33%

Problèmes administratifs Contraintes liées au temps Problèmes d'information

Problèmes relatifs au paiement Comportement incohérent Autres obstacles

Source : Centre du Commerce International, 2012

La majorité des MNT qui affectent les exportations industrielles marocaines concerne
essentiellement les exigences relatives aux règles d’origine et les méthodes d’examen de la
conformité des marchandises. Le constat est que les exportateurs marocains trouvent que
l’obtention de l’attestation d’origine est particulièrement une opération difficile, résultat de la
complexité des renseignements et la lourdeur de l’administration pour la livraison du certificat
d’origine.

66
Conclusion du chapitre 2

Ce chapitre a permis l’identification des principales mesures non tarifaires contraignantes de


sorte à analyser les obstacles et les entraves qui y sont liés, ainsi que les partenaires commerciaux et
les organismes qui sont engagés ; dans cette pratique.

Les exportateurs font face à des règlementations nationales surtout en matière d’inspection
physique et de l’enregistrement des marchandises exportées. Les entraves originaires des MNT
proviennent essentiellement des difficultés administratives et des délais exagérés, et c’est à la fois
au Maroc, ainsi que chez ses partenaires commerciaux.

Les entreprises exportatrices marocaines font face généralement à des MNT contraignantes
différentes en fonction de la nature des produits. Les exportations de produits agricoles et
alimentaires souffrent de plusieurs obstacles liés à des MNT. Les entreprises opérantes dans ce
secteur font face à de nombreux problèmes pour satisfaire les normes et se conformer aux
différentes règlementations techniques étrangères, surtout les exigences techniques spécifiques aux
produits, imposées par des pays comme l’Union Européenne ou encore les Etats-Unis. Les
exportations de produits frais comme les poissons, les fruits et les légumes, sont soumises à de
nombreuses réglementation, vu les éventuels risques que représentent ces produits fragiles et
périssables pour les consommateurs.

67
Chapitre 2 :
Etude
économétrique de
l’impact des
mesures non
tarifaires sur le
commerce extérieur
du Maroc
68
Pour étudier les questions relatives au commerce international, notamment l’effet des
accords régionaux, l’effet de la frontière, l’effet d’une union monétaire ou l’effet d’une politique
commerciale sur le volume des échanges, plusieurs auteurs ont fait recours aux modèles de gravité.
Ces modèles ont connu des évolutions dans le temps et présentent des avantages qui justifient leurs
utilisations dans les études.

Ce chapitre a permis de présenter la méthodologie qui sera adoptée dans cette étude, en
l’occurrence le modèle de gravité. L’accent a été mis sur les fondements théoriques, la formulation
du modèle et les méthodes d’estimation qui seront utilisées.

Section 1 : Méthodologie utilisée et source de données

1.1 Le modèle de gravité

1.1.1 Fondements théoriques et spécifications du modèle de gravité

Le modèle de gravité tire son origine de la théorie gravitationnelle de Newton selon laquelle
les planètes s’attirent mutuellement en fonction de leur taille et de leur proximité. Des auteurs ont
essayé de faire l’analogie avec le volume des échanges entre deux pays. Il a été depuis longtemps
un modèle empirique qui permet d’expliquer les flux commerciaux, les flux de capitaux et les flux
migratoires entre les pays. Les modèles de gravité expliquent les échanges commerciaux
positivement par l’importance de la taille des économies partenaires et négativement par les coûts
de transport souvent approximés par la distance géographique. Tinbergen (1962) fut le premier à
utiliser le modèle de gravité pour expliquer les flux de commerce entre les pays. Le modèle de
gravité standard est spécifié comme suit :

𝜷 𝜸
𝒀𝒊 𝒀𝒋
𝑿𝒊𝒋 = 𝑨
𝑫𝜹𝒊𝒋

Où 𝑿𝒊𝒋 est la valeur des exportations du pays i vers le pays j, 𝒀𝒊 et 𝒀𝒋 sont respectivement les
revenus nationaux de i et j. 𝑨 représente une constante économique, autrement dit, un échange
minimal entre les pays. 𝑫𝒊𝒋 est une mesure de la distance bilatérale entre les deux pays, 𝛽 et 𝛾, 𝛿
sont des paramètres et a priori (𝛽 et 𝛾 positifs, et 𝛿 négatif). En prenant le logarithme de l’équation
du modèle de gravité on obtient la forme linéaire du modèle estimable correspondante comme suit :

𝒍𝒏 𝑿𝒊𝒋 = 𝜶𝟎 + 𝜷 𝒍𝒏 𝒀𝒊 + 𝜸 𝒍𝒏 𝒀𝒋 − 𝜹 𝒍𝒏𝑫𝒊𝒋 + 𝜺𝒊𝒋 (1)

69
1.1.2 Présentation du modèle et choix des variables

Quelle que soit l’approche théorique considérée, les modèles de gravité diffèrent par les
grandeurs macroéconomiques retenues pour mesurer la taille du pays (PIB, Population, Superficie),
la richesse du pays (PIB par habitant), les coûts commerciaux (distance, barrières tarifaires, non
tarifaires et autres variables dummies). Pour ce faire nous allons travailler avec les variables
suivantes :

𝑿𝒊𝒋𝒕 ∶ Est la valeur des exportations du pays i vers le pays j à la période t.

𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 , 𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 : Du point de vue économique l’utilisation des modèles de gravité dans
l’analyse du commerce international est basée sur la logique selon laquelle les flux d’échanges entre
deux pays dépendent positivement de leurs « masses économiques » mesurées par leurs Produits
Intérieurs Bruts (PIB) et dépendent inversement de la distance séparant ces deux pays. Ainsi, notre
équation gravitationnelle inclut les variables explicatives qui tiennent compte des variables
standards du modèle gravitationnel à savoir : les PIB et la distance géographique.

𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 : La distance géographique entre le Maroc (i) et son partenaire commercial (j) s'agit
de la distance entre les principales villes des deux partenaires commerciaux pondérée par la part de
chaque ville dans la population totale du pays.

𝑻𝒂𝒓𝒊𝒇_𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 : Représentant les droits tarifaires, de type la nation la plus favorisée


(NPF)41, appliqués sur les produits en provenance du Maroc (i) vers les partenaires (j).
L’introduction de cette variable nous permet de calculer l’impact des droits de douane sur le volume
des importations des partenaires commerciaux.

𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 : Elle nous permet de mesurer le rôle des mesures non tarifaires dans le commerce
extérieur du Maroc. Elle nous permettra d’estimer l’impact des MNT sur les importations des pays
partenaires (j) en provenance du Maroc (i). Les statistiques utilisées inclus les catégories suivantes :
Mesures Antidumping, Entreprises commerciales d'État, Mesures Compensatoires, Obstacles
techniques au commerce, Restrictions Quantitatives, Mesures de Sauvegarde, Mesures Sanitaires et
Phytosanitaires, Contingents tarifaires, et finalement Subventions à l'exportation.

𝒄𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 , 𝒄𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 : Sont des variables indicatrices égales à l’unité si les deux pays
ont respectivement le même colonisateur et la même langue. Elles nous permettront d’évaluer si le

41
La clause de la nation la plus favorisée est une clause fréquente des traités de commerce international « par laquelle
chaque État signataire s'engage à accorder à l'autre tout avantage qu'il accorderait à un État tiers »

70
fait de partager une langue ou d’avoir un historique colonial, peut influencer positivement sur les
échanges bilatéraux.

D’autre part, La méthode d’estimation appropriée pour estimer l’impact des Mesures non
tarifaires sur les exportations du Maroc, est celle des données de panel connait aussi comme les
données longitudinales. Ce type de données se caractérise par leur double dimension : une
dimension individuelle et une dimension temporelle.

L’estimation des paramètres de notre modèle de gravité a été faite sur la période 2000- 2015,
pour laquelle nous disposons une base de données concernant 12 pays : France, Espagne, Pays-bas,
Portugal, Turquie, Tunisie, Allemagne, Jordanie, Egypte, Royaume-Uni, République tchèque, Italie.

En s’appuyant sur les considérations théoriques du modèle gravitationnel et en s’inspirant de


la méthodologie d’Anderson & Van Wincoop (2003, 2004), nous proposons une estimation du
modèle gravitaire suivant :

𝑳𝒏 𝑿𝒊𝒋𝒕 = 𝜶𝟎 + 𝜶𝟏 𝒍𝒏 𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 + 𝜶𝟐 𝒍𝒏 𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 + 𝜶𝟑 𝒍𝒏 𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 + 𝜶𝟒 𝒍𝒏 𝑻𝒂𝒓𝒓𝒊𝒇 𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 +


𝜶𝟓 𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 + 𝜶𝟔 𝒄𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 + 𝜶𝟕 𝒄𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 + 𝜺𝒊𝒋𝒕 (2)

Avec :

i = Maroc (fixe)

j = 1, ..., 12

𝑿𝒊𝒋𝒕 : exportations du Maroc ou les importations du partenaire commercial ;

𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 , 𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 : sont les produits intérieurs bruts respectifs en Dollars US des pays i et j ;

𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 : la distance géographique entre le Maroc et son partenaire commercial ;

𝑻𝒂𝒓𝒊𝒇_𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 : les droits tarifaires de type la nation la plus favorisé (NPF) ;

𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 : le nombre de MNT appliquées par le pays j sur les exportations Marocaines ;

𝒄𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 , 𝒄𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 : sont des variables muettes qui capturent la présence,


respectivement, la même langue et le même colonisateur.

71
𝜶𝒊 : représente les paramètres de capture d’effet des différentes variables ;

𝜺𝒊𝒋𝒕 : est le terme d'erreur.

1.1.3 Signes des coefficients attendus

Les signes attendus des variables décrivent leurs effets sur les flux commerciaux et leurs
coefficients nous permettent d’appréhender les proportions dans lesquelles elles affectent les
variations de ces flux. La présence des logarithmes dans ces équations linéaires offre l’avantage
d’interpréter leurs coefficients comme des élasticités, d’où leur choix dans la construction du
modèle.

Le signe attendu du PIB est positif, car plus les économies sont développées et plus elles
auront tendance à commercer, 𝛼1 et 𝛼2 devraient être donc de signe positif.

La distance, les mesures non tarifaires et les tarifs douaniers sont considérés comme des
coûts à l’importation donc ils ont tendance à réduire la valeur des exportations.

Le partage d’une langue officielle permet également de réduire fortement les obstacles aux
échanges. Cette facilité à communiquer doit par conséquent se refléter positivement sur les flux de
commerce. Nous anticipons alors un signe positif pour la variable 𝒄𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 .

Les liens coloniaux ont aussi tendance à faciliter les échanges entre certains pays et le plus
souvent positivement, notamment les relations entre colonies et métropoles (Eichengreen &
Douglas A. Irwin, 1998).

Nous présentons ci-dessous un tableau contenant la nature de l’impact de chaque variable


explicative sur la variable à expliquer 𝑿𝒊𝒋𝒕.

72
Tableau 4 : Signes attendus des variables explicatives

Variables Signes attendus

Distance -

PIB importateur +

PIB exportateur +

Tarifs douaniers -

Mesures non tarifaires -

Langue commune +

Lien colonial +

2.1 Description et sources des données

Les données sur les pays concernés couvrent la période 2000-2015 et sont essentiellement
des données issues de différentes sources, voir le tableau ci-dessous

73
Tableau 5 : Sources des données des variables de l’étude

Données Unité Source

Exportations du Maroc $US courants UN comtrade42

PIB $US courants Banque Mondiale


Distance géographique Km CEPII43
Tarifs douaniers Pourcentage WITS44
Mesures non tarifaires - TRAINS
Langue Dummy CEPII
Dummy
Lien colonial
CEPII

Source : Elaboration de l’auteur

Durant la période 2000-2015, les exportations annuelles Marocaines sont en moyenne de


763,400millions de dollars US. Le partenaire commercial le plus proche du Maroc selon les
statistiques du Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII) est situé à
environ 716.6 kilomètres et le plus éloigné à environ 3974.6 kilomètres. Le produit intérieur brut
moyen du Maroc, sur la période, est de 7.738.106 millions de Dollars US, et celui de ses partenaires
commerciaux montrant qu’il y a une grande différence entre les différents pays introduits dans
l’analyse, est de 1.027.1012.

La moyenne des mesures non tarifaires appliquées aux exportations marocaines est de 6.026
avec un écart-type de 12.47, le coefficient de variation est égal à 207.007% ce qui veut dire qu’il y a
une grande différence entre les pays et entre les années en matière d’application des mesures non
tarifaires. Le nombre maximal détecté en matière de mesures non tarifaires est de 82 mesures
appliquées par la Jordanie en 2012.

De sa part, nous remarquons une différence des tarifs douaniers NPF entre les pays de
l’étude appliqués aux exportations marocaines. Le tarif maximal observé durant la période d’étude
était celui de l’Egypte en 2004, il s’élève à 40.91%.

42
https://comtrade.un.org/
43
http://www.cepii.fr/
44
https://wits.worldbank.org/

74
Tableau 6 : Statistiques descriptives des variables de l’étude

Variables Moyenne Ecart-type Valeur minimale Valeur maximale


Exportations 7.634e+08 1228942701 9.982e+05 5.206e+09
PIB j 1.027e+12 1.044631e+12 8.579e+09 3.880e+12
PIB i 7.738e+10 24600121853 3.886e+10 1.100e+11
Distance 2279.2 981.3027 716.6 3974.6
NPF (%) 5.639 6.631034 2.090 40.910
MNT 6.026 12.47424 0.000 82.000
Source : Elaboration de l’auteur

Section 2 : Estimation du modèle

Après un bref rappel de la formulation du modèle de gravité, nous passerons aux tests
d’hypothèse et à l’estimation des paramètres du modèle. Nous finirons par la présentation et
l’analyse des résultats.

2.1 Méthodes d’estimation

2.1.1 Les moindres carrés ordinaires (OLS)

L'approche la plus populaire pour estimer le modèle de gravité, en utilisant des données de
panel est la méthode des MCO.

Cependant, cette approche peut poser le problème dans la mesure où le logarithme ne


s’applique pas aux flux nuls. Pour éviter ce problème, plusieurs méthodes ont été proposées : la
première consiste à considérer les valeurs des exportations positives. L’inconvénient de cette
méthode est la perte d’information qui résulte de la non-prise en compte des « zéro ». Une autre
méthode proposée consiste à ajouter un à la valeur des importations de sorte qu’on retrouve 0 en
linéarisant. Ceci permet de résoudre le problème de la perte d’information puisque la base n’est plus
restreinte. Cependant en ajoutant une constante à la variable dépendante, on modifie la distribution
des données. De plus en cas d’hétérocédasticité, les estimations obtenues par la méthode des MCO
sont biaisées.

De ce fait, la littérature du commerce international et de l’application des modèles de gravité


fournit d'autres techniques d’estimation qui permettent de résoudre ces problèmes (Burger et al,
2009 ; Santos Silva et Tenreyro, 2006).

75
2.1.2 Modèle de Poisson (PPML)

Pour corriger le problème de l’hétéroscédasticité45 assez courant dans les modèles log-
linéaire, Santos Silva et Tenreyro (2006) suggère l’utilisation des modèles de comptage. Ils
proposent l’estimateur du pseudo maximum de vraisemblance du modèle de Poisson 46 qui permet
de tester 𝑿𝒊𝒋 (à la place de ln𝑿𝒊𝒋 ). Ces auteurs ont montré que le PPML présente les caractéristiques
nécessaires pour bien estimer les élasticités des équations de gravité.

Supposons l’équation spécifiée en (2), en utilisant les vecteurs de variables, on a :

𝒍𝒐𝒈𝑿𝒊𝒋𝒕 = 𝜷𝒁𝒊𝒋𝒕 + 𝜺𝒊𝒋𝒕 (3)

Où 𝑿𝒊𝒋𝒕 est la variable dépendante, 𝒁𝒊𝒋𝒕 le vecteur des variables explicatives en logarithme et
𝜺𝒊𝒋𝒕 le terme d’erreur de spécification du modèle.

Ainsi, le modèle de poisson est spécifié comme suit :

𝑬(𝑿𝒊𝒋𝒕 /𝒁𝒊𝒋𝒕 ) = 𝒆𝒙𝒑(𝜷𝒁𝒊𝒋𝒕 ) (4)

Il convient de noter qu’avec l’approche PPML-Maximum Likelihood, trois problèmes sont


traités simultanément :

1. Les effets fixes induisent un problème de paramètres de nuisance dans un modèle non
linéaire, ce qui est résolu en calculant une vraisemblance conditionnelle ;

2. Les flux nuls peuvent être inclus dans la régression puisque la variable dépendante n’est pas
exprimée en logarithme ;

3. L’hétéroscédasticité dans le terme d’erreur en niveau est prise en compte.

2.2 Validité du modèle d'estimation

Afin de réaliser une bonne estimation du modèle présenté plus haut, et dans le souci
d’obtenir des résultats assez robustes, nous procédons selon la méthodologie ci-après.

45
En statistique, le concept d’hétéroscédasticité désigne que la variance des erreurs du modèle n’est pas la même
pour toutes les observations.
46
Des simulations de Monte-Carlo permettent aux auteurs de montrer la supériorité de cet estimateur et les sévères
biais des MCO.
76
La première régression (équation (1)) en coupe instantanée faite sur les données empilées
(Pooled Least Squares) donne des résultats d’ensemble satisfaisants dans la mesure où ces derniers
sont en concordance avec les signes attendus et qu’ils sont significatifs. Nous l’appliquons ensuite à
l’équation (2) avec des résultats presque similaires.

Avec un coefficient de détermination R2 = 0.61 les variations des exportations sont


expliquées à 61% par les variables explicatives du modèle (voir annexe 1). Ces résultats nous
permettent de poursuivre la régression avec l’estimateur des effets fixes.

L’estimateur « within » des effets fixes calcule la matrice de variance-covariance en fixant


les erreurs de l’équation (2). Ainsi les effets individuels et temporels sont supposés constants et
retenus dans la constante 𝛼0 . Il est à noter que l'un des inconvénients de cet estimateur est qu'il ne
prend pas en considération les variables invariantes dans le temps comme la distance d'où la non
prise en compte des autres variables de l'équation.

De ce fait, nous allons utiliser l’estimateur des effets aléatoires « between » qui utilise les
moindres carrés généralisés pour palier à cette insuffisance de la méthode des effets fixes. À cela, il
est à ajouter que le pouvoir explicatif du modèle à effets aléatoires dans notre étude est plus fort que
celui du modèle à effets fixes. Avec un R2between = 0.6707 pour le premier modèle et R2within =
0.4487 pour la seconde chose qui renforce notre choix du modèle à effets aléatoires.

Ainsi, nous procédons aux différents tests statistiques tels que celui de Hausman pour
vérifier la pertinence du choix entre le modèle à effets fixes et le modèle à effets aléatoires, le test
de Breusch-Pagan pour l’hétéroscédasticité.

a) Test d’Hausman

Les effets individuels peuvent être fixes ou aléatoires. À ce niveau, il est question de
spécifier quel modèle adopter. Les modèles à effets fixes et à effets aléatoires permettent de prendre
en compte l'hétérogénéité des données. Néanmoins, les hypothèses sur la nature des effets
spécifiques diffèrent d'un modèle à l'autre.

En effet, Il s’avère intéressant de savoir quel est le modèle le plus approprié pour notre
échantillon : un modèle à effets aléatoires ou un modèle à effets fixes. On procède à l’application
d’un test de spécification des effets individuels : le test de Hausman (1978).

L’hypothèse testée est liée à la corrélation entre les variables explicatives et les effets
individuels, le principe de ce test est présenté ainsi :

77
𝑯𝟎 : 𝑬(𝜶𝒊 \ 𝐗 𝐢𝐣 ) = 𝟎
{≠
𝑯𝟏 : 𝑬(𝜶𝒊 \ 𝐗 𝐢𝐣 ) ≠ 𝟎

Sous H0, le modèle peut être estimé avec des effets individuels aléatoires (on doit retenir
l’estimateur des MCG : estimateur BLUE). Sous H1, le modèle doit être spécifié avec des effets
individuels fixes (on doit retenir l’estimateur Within : estimateur non biaisé).

Les résultats obtenus dans l’annexe 4 à l’issue de ce test ne permettent pas de rejeter
l’hypothèse nulle pour les deux estimations. Ce qui signifie que le modèle à effets aléatoires est
préférable au modèle à effets fixes.

On doit cependant vérifier s’il n’y a pas de corrélation entre les effets individuels et les
variables explicatives.

b) Test de Breush pagan d’hétéroscédasticité

Pour s'assurer de l'absence de corrélation, on applique le test de Breusch-Pagan (1979) qui


est généralement utilisé pour vérifier la présence de plus d’une source d’hétéroscédasticité. Pour
cela deux hypothèses sont formulées :

𝑯𝟎 : 𝑽 (𝜺𝒋 ) = 𝛔𝟐 (homoscédasticité)
{≠
𝑯𝟏 : 𝑽 (𝜺𝒋 ) ≠ 𝛔𝟐 (hétéroscédasticité)

La statistique suit la loi de chi-deux avec K degré de liberté qui représente le nombre des
variables explicatives utilisées dans le modèle. Par conséquent, la p-value associée au test
d’hétéroscédasticité se trouve généralement en dessous du seuil de 0,05, on pourra dire les données
s’écartent significativement de l’homoscédasticité, donc on rejette l’hypothèse nulle (voir annexe
5).

2.3 Présentation et discussion des résultats

Le tableau 7 présente les résultats de l’estimation du modèle de gravité suivant différentes


techniques d’estimation. La première colonne décrit l’estimation des moindres carrés ordinaires
(MCO) en considérant les exportations positives, la deuxième colonne est l’estimation avec
l’estimateur PPML.

78
Tableau 7 : Estimation des paramètres de l’équation commerciale

Variable dépendante
Variables 𝒍𝒐𝒈𝑿𝒊𝒋𝒕 𝑿𝒊𝒋𝒕
indépendantes MCO P-value PPML P-value
𝒍𝒏 𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 0.2331776 0.37731 0.142646 0.414

𝒍𝒏𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 0.6024865 2.2e-16 *** 0.603839 2.99e-14 ***

𝒍𝒏𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 -1.3066393 1.994e-08 *** -10.061867 2e-16 ***

𝒍𝒏𝑻𝒂𝒓𝒓𝒊𝒇_𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 -1.2100197 2.042e-07 *** -1.098845 1.16e-07 ***


𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 0.0049632 0.52595 -0.001688 0.721

𝑪𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 1.5453372 4.266e-07 *** 1.193265 2e-16 ***


𝑪𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 0.9491278 0.03935 * 0.439367 0.506
Constante 8.1246455 0.22590 21.228468 6.48e-06 ***
Source : Elaboration de l’auteur

Note : *** significatif à 1%, ** significatif à 5%, * significatif à 10%

Les estimations obtenues avec le PPML révèlent que l’élasticité estimée des mesures non
tarifaires est de -0.001688 ce qui prouve l’impact restrictif des mesures non tarifaires sur les
exportations marocaines vers les pays objet de l’étude. En revanche, quand les pratiques néo-
protectionnistes augmentent pour un secteur donné, les exportations marocaines ont tendance à
baisser.

Ces résultats confirment les études faites par le Centre du Commerce International, (2012)
sur le cas du Maroc, et les travaux de Walter (1971), Baldwin (1989), Deardorff et Stern (1997),
Anderson et Neary (1992, 1994, 1996, 2003 et 2004), qui ont mis l’accent sur l’impact des mesures
non tarifaires sur le commerce des pays en développement.

Les mesures non tarifaires présentent donc un impact négatif sur les exportations
marocaines. Plus le nombre de mesures non tarifaires utilisé par le partenaire commercial est
important, moins les exportations marocaines sont importantes. En revanche, les mesures non
tarifaires sont devenues un instrument efficace de politiques commerciales, qui visent à réduire le
volume d’importation et dans certains cas à bloquer et à supprimer carrément l’échange. Le
développement des mesures techniques et des mesures sanitaires et phytosanitaire (SPS) a pour but
de faire face à la baisse des tarifs douaniers suite à l’amplification du nombre d’accord de libre-
échange signés dans le cadre de l’OMC.

79
Conformément à la littérature de commerce international, le tarif douanier présente
également une entrave aux exportations marocaines. En effet, nous avons obtenu un signe négatif et
significatif du paramètre dédié à la capture d’impact des tarifs NPF. Les exportateurs marocains
préfèrent exporter vers des marchés là où les tarifs douaniers sont bas ou nuls. Ce résultat semblable
à celui des travaux de Haveman et Hummels (2001) et Disdier et al (2008), indique que le volume
des exportations marocaines est fortement lié aux tarifs douaniers imposés par les pays destinations
des produits.

La distance est un facteur statique qui est ici utilisée comme proxy pour tenir compte de
l’effet des coûts de transport et autres coûts de transaction. Le coefficient associé à cette variable est
négatif et statistiquement significatif avec l’estimateur PPML Il indique que la valeur des
exportations décroît de façon plus que proportionnelle par rapport à la distance.

Conformément aux résultats classiques des modèles de gravité, la taille du pays partenaire
est très déterminante sur la valeur des échanges. En effet, l’estimation des paramètres montre que
quand les PIB des deux partenaires augmentent, les échanges bilatéraux augmentent aussi.

Quant à la variable correspondant à la langue commune, comme attendu, elle est positive et
significative. Ce signe positif confirme que l’existence d’une langue commune entre le Maroc et les
partenaires commerciaux est susceptible de favoriser les échanges. Ceci correspond à l’importance
des facteurs culturels dans la facilitation et l’évolution des échanges commerciaux.

Les théories du commerce international expliquent que deux pays auront tendance à
échanger plus quand ils ont une histoire coloniale commune (commerce entre le pays et son ancien
colonisateur ou le commerce entre des pays qui avaient le même colonisateur). Ainsi, l’impact
positif de la principale variable historique 𝑪𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 sur les exportations marocaines peut être
expliqué par la contribution de l’existence des liens coloniaux entre les deux partenaires au
développement des échanges commerciaux.

En vue de valider la performance de notre modèle et la robustesse de nos résultats obtenus,


nous analysons le facteur d’inflation de la variance qui donnera une idée sur la présence ou non de
multicolinéarité. Ici, ce critère semble respecté, ce qui nous permet d’être confiants sur l’absence
de multicolinéarité (voir le tableau 8).

80
Tableau 8 : Le facteur d’inflation de la variance

Variables indépendantes VIF

𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 1.178025

𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 1.239308

𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 2.031224

𝑻𝒂𝒓𝒓𝒊𝒇_𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 2.903926

𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 1.408464

𝑪𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 2.067824

𝑪𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 2.467812

Source : Elaboration de l’auteur

Après validation des résultats de l’estimation des paramètres, l’équation finale qui présente
les facteurs déterminants des exportations marocaines se présente comme suit :

𝑿𝒊𝒋 = 21.22 + 0.14 𝒍𝒏𝑷𝑰𝑩𝒊𝒕 + 0.60 𝒍𝒏𝑷𝑰𝑩𝒋𝒕 − 10.06 𝒍𝒏𝑫𝒊𝒔𝒕𝒊𝒋 −


1.09 𝒍𝒏𝑻𝒂𝒓𝒓𝒊𝒇_𝑵𝑷𝑭𝒊𝒋𝒕 − 0.001 𝑴𝑵𝑻𝒊𝒋𝒕 + 1.19 𝑪𝒐𝒎_𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 + 0.43 𝑪𝒐𝒎_𝒄𝒐𝒍𝒊𝒋 + 𝜺𝒊𝒋𝒕 (5)

Ces résultats permettent donc, d’une part, de valider :

Hypothèse 1 : les barrières non tarifaires ont un impact restrictif sur les exportations
marocaines.

Ceci indique que les mesures non tarifaires sont considérées comme des substituts aux droits
de douane. Ainsi, les mesures non tarifaires peuvent réduire, voire annuler l’effet des réductions
tarifaires faites par les partenaires commerciaux du Maroc et avoir des effets négatifs sur les
exportations.

D’autre part, les résultats l’estimation des paramètres de la recherche permettent de


confirmer :

Hypothèse 2 : les barrières non tarifaires appliquées aux exportations marocaines sont plus
restrictives que les tarifs douaniers.

81
Les mesures non tarifaires sont plus restrictives que les tarifs douaniers, et par conséquent
nous concluons que les barrières appelées douces sont en réalité de véritables entraves aux échanges
commerciaux. Ces mesures sont en effet une véritable alternative aux tarifs douaniers en baisse
constante suite au mouvement de libéralisation multilatérale prônée par l’OMC. L’impact des
mesures non tarifaires dépasse largement celui des tarifs douaniers.

82
Conclusion du chapitre 2

La méthodologie poursuivie dans ce travail de recherche a consisté dans un premier lieu à


développer un modèle de gravité adéquat au cas marocain. Cette méthode largement utilisée dans la
littérature du commerce international donne des résultats satisfaisant et proche de la réalité. Nous
avons ajouté des variables qui englobent d’une part des variables classiques que nous avons retenu
du modèle de gravité et d’autres variables que nous avons intégrées pour vérifier leur impact sur le
commerce. En revanche, le modèle de recherche économétrique développé a été appliqué sur un
échantillon de 12 pays de différents niveaux de développement.

Les mesures non tarifaires (MNT) représentent une source majeure d’obstacles au commerce
international et un défi particulier pour les exportateurs et les importateurs des pays en
développement. En effet, le commerce extérieur marocain souffre de plusieurs obstacles liés
directement à la présence de mesures non tarifaires chez ses partenaires commerciaux. Ces mesures
sont généralement mises en œuvre pour des raisons de protection de l’économie, et elles ont un effet
négatif sur le volume des exportations marocaines. Généralement mises en œuvre pour des raisons
légitimes, elles ont bien souvent un effet négatif sur les exportations marocaines.

Aussi, notre modèle économétrique nous a montré que les résultats obtenus avec
l’estimateur PPML nous apprennent que les tarifs douaniers, les coûts de transport qui sont mesurés
par la distance sont susceptibles d’influencer le développement des exportations Marocaines.

83
Conclusion de la deuxième partie

Dans la deuxième partie de notre travail, nous avons tenté d’analyser les mesures non
tarifaires pour chaque secteur exportateur. En revanche, la plupart des entreprises marocaines qui
travaillent dans des secteurs d’importation ou d’exportation font face à des mesures non tarifaires
contraignantes et aux autres obstacles du commerce. La part des entreprises impactées varie
fortement en fonction du type d’activités et de la nature des produits exportés ou importés. Les
entreprises exportatrices sont clairement plus affectées que les entreprises importatrices. De
nombreuses différences existent selon le secteur d’activité, la localisation géographique ou encore
la taille des entreprises.

Les obstacles au commerce que rencontrent les entreprises exportatrices et importatrices


marocaines, sont liés aux règlements techniques et aux normes qui déterminent les caractéristiques
nécessaires d’un produit pour qu’il puisse pénétrer un marché. Ces mesures restrictives rencontrées
prennent des arguments parfois déguisés, comme la protection de l’environnement ou de veiller à la
santé et à la sécurité des personnes, et sont imposées surtout par les grands marchés importateurs de
produits marocains.

Le deuxième chapitre, s’est attachée à une analyse empirique de l’impact des mesures non
tarifaires restrictives sur le commerce extérieur du Maroc et à la validation des hypothèses de
recherche formulées au départ.

Les pays de destinations des produits marocains appliquent des mesures non tarifaires
restrictives pour protéger leurs économies. Ceci montre l’impact restrictif des mesures non tarifaires
sur le développement des exportations marocaines, à travers la multiplicité des normes techniques,
la lourdeur des procédures douanières et administratives ou encore les restrictions quantitatives.

Dans le même cadre, la comparaison des résultats d’estimation prouve que les mesures non
tarifaires sont beaucoup plus restrictives que les barrières tarifaires mises par les partenaires
commerciaux.

La distance géographique influe par sa part sur les exportations du Maroc, ce dernier
échange moins avec les pays éloignés géographiquement. Ce résultat est conforme avec la
littérature qui traite les modèles de gravité, et il présente des preuves empiriques du rôle négatif de
la distance sur le commerce malgré le développement du transport international maritime, qui
constitue le principal moyen dans les échanges internationaux.

84
Conclusion générale

Les mesures non tarifaires sont l'un des principaux problèmes entravant la libéralisation du
commerce mondial. Ces mesures font partie d'une série de mesures protectionnistes commerciales
visant à protéger les réductions tarifaires internationales. Étant donné que le Maroc est l'un des pays
en développement qui souffre de problèmes liés aux mesures non tarifaires dans le commerce
international, notre travail a tenté de répondre à la problématique principale suivante : Quel est
l'impact des mesures non tarifaires sur le commerce extérieur marocain ?

Ce travail de recherche a porté principalement sur un cadrage théorique et ce à travers


l’étude de la littérature du néoprotectionnisme et de l’émergence des MNT dans le commerce
mondial, tout en se focalisant sur le contexte marocain en vue de mieux cerner les défis de
l’ouverture du royaume

La doctrine du libre-échange a favorisé la création d’un cadre multilatéral en 1947 avec


l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) puis avec l’Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) en 1995. Le système commercial multilatéral avait pour objectif de stimuler
le commerce international. Il a mis en place un cadre transparent, à l’intérieur duquel les barrières
aux échanges seraient progressivement réduites par voie de négociations commerciales.

Sous l’égide du GATT, les négociations commerciales multilatérales appelées « Cycle ou


Round » ont abouti à un abaissement progressif des droits de douane au niveau mondial, soit 39%
de réduction de droit de douane sur les produits industriels et 36% sur les produits agricoles lors de
l’Uruguay Round, dernier cycle de négociations commerciales du GATT. Or, devant la diminution
progressive des droits de douane, un fort accroissement des barrières dites non tarifaires (BNT)
apparaissait.

Ces barrières non tarifaires, ayant des effets imprévisibles sur le commerce, viennent
compléter, voire remplacer les droits de douane et peuvent réduire, voire annuler la valeur des
consolidations tarifaires. De plus, les barrières dites non tarifaires sont deux fois plus restrictives
que les droits de douane, CNUCED, (2005) et elles limitent nettement plus l’accès aux marchés que
les droits tarifaires, CNUCED, (2012).

Par ailleurs, les barrières non tarifaires peuvent prendre différentes formes, elles n’ont pas le
même degré de restrictivité et ne s’appliquent pas de la même méthode. Elles varient en fonction
des pays et des produits et correspondent à différents objectifs.

Pour répondre à notre problématique, il a été question de présenter un modèle gravitationnel


en utilisant les données de panel afin de tenir compte des dimensions temporelle et individuelle. Ce
85
modèle est largement utilisé dans la littérature du commerce international, donne des résultats
satisfaisant et proche de la réalité D’après les résultats obtenus avec l’estimateur PPML, les
barrières non tarifaires semblent affecter négativement le volume d’exportations. Ceci montre
l’impact restrictif des BNT sur le développement des flux des échanges. Autrement dit, Les pays
avec qui le Maroc établit des échanges commerciaux, appliquent aux exportations marocaines des
mesures et des normes diverses qui paraissent justifiées sur le plan intérieur mais qui relèvent d'un
protectionnisme déguisé.

Enfin, les autres variables explicatives (PIB, lien colonial, langue commune et distance)
introduites dans l’estimation, nous ont permis de conclure que la taille économique des deux
partenaires impacte positivement le volume d’importations ; alors que la distance géographique
(proxy des coûts de transport) agit négativement sur le commerce extérieur du Maroc.

86
Références bibliographiques :

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89
Table des matières
Dédicace ..................................................................................................................................... 1
Remerciements............................................................................................................................ 2
Sommaire .................................................................................................................................... 3
Liste des abréviations .................................................................................................................. 4
Résumé ....................................................................................................................................... 5
Introduction générale................................................................................................................... 6
Partie I : Echanges commerciaux et barrières non tarifaires .................................................................... 9
Chapitre 1 : Protectionnisme et barrières non tarifaires : Une revue de littérature ......................................... 11
Section 1 : Les nouvelles mesures protectionnistes .................................................................... 12
1.1 L’émergence des MNT comme nouveaux instruments de protectionnisme ....................... 12
1.2 Le protectionnisme et la crise financière .......................................................................... 13
Section 2 : Aperçu général sur les barrières non tarifaires .......................................................... 15
2.1 Définitions des concepts .................................................................................................. 15
2.2 Traitement des barrières non tarifaires dans les cycles de négociations commerciales
multilatérales ......................................................................................................................... 17
Section 3 : Les formes et classification des barrières non tarifaires ............................................ 19
3.1 Les formes de barrières non tarifaires .............................................................................. 19
3.1.1 Les restrictions quantitatives : ................................................................................... 19
3.1.2 Les mesures monétaires, financières, fiscales et budgétaires :.................................... 20
a) Les subventions à la production et à l’exportation (ou les monopoles nationaux) : .... 20
b) Les régimes de licences d’importation : ..................................................................... 20
c) Les taxes diverses : .................................................................................................... 20
d) Les mesures administratives : ................................................................................... 21
3.1.3 Les normes et règlementations. ................................................................................. 21
3.2 Classification internationale des barrières non tarifaires ................................................... 22
A. Mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) .......................................................... 24
B. Les Obstacles techniques au commerce (OTC) ..................................................... 25
Conclusion du chapitre 1 ........................................................................................................... 26
Chapitre 2 : Le commerce international et l’ouverture du Maroc ................................................................ 27
Section 1 : La politique commerciale extérieure Marocaine : vers une libéralisation des échanges
.................................................................................................................................................. 28
1.1 La situation économique et commerciale Marocaine ........................................................ 28
1.2 L’évolution et la structure du commerce de marchandises .............................................. 30
1.2.1 Les principaux partenaires commerciaux................................................................... 30
2.1.2 Les accords commerciaux au cœur de la politique commerciale au Maroc ................ 34
a) Accord d’association Maroc-Union européenne.............................................................. 35
b) L’accord de libre-échange entre le Maroc et les Etats-Unis .............................................. 37

90
c) L’accord d’Agadir ........................................................................................................ 38
Section 2 : Problèmes du commerce extérieur marocain ............................................................ 39
2.1 Résultat néfaste des accords de libre-échange .................................................................. 39
2.2 L’émergence des mesures non tarifaires ........................................................................... 41
2.2.1 Remplacement des barrières tarifaires par des MNT chez les partenaires .................. 42
2.2.2 Les lourdeurs administratives .................................................................................. 43
Section 3 : L’influence des mesures non tarifaires sur le commerce extérieur ............................ 44
3.1 Avantages et inconvénients des MNT .............................................................................. 44
3.1.1 Les bienfaits des Barrières non tarifaires. .................................................................. 44
3.1.2 Inconvénients des BNT ........................................................................................... 45
3.2 Effets des mesures non tarifaires ...................................................................................... 46
3.2.1 Mesure quantitative ................................................................................................. 46
3.2.2 Mesures sur le prix.................................................................................................... 46
3.2.3 Mesure sur la qualité ............................................................................................... 47
Conclusion du chapitre 2 ........................................................................................................... 49
Conclusion de la première partie ............................................................................................... 50
Partie II : Etude économétrique de l’impact des BNT sur le commerce extérieur Marocain .......................... 51
Introduction de la deuxième partie............................................................................................. 52
Chapitre 1 : Analyse des mesures non tarifaires imposées aux échanges extérieurs du Maroc ............................ 53
Section 1 : Les entreprises marocaines affectées par des MNT contraignantes ........................... 54
1.1 Principales caractéristiques des entreprises affectées ........................................................ 54
1.2 Principaux secteurs affectés par les MNT ........................................................................ 55
Section 2 : Nature et origine des mesures non tarifaires restrictives ........................................... 57
2.1 Nature des MNT contraignantes ...................................................................................... 57
a) Principales MNT contraignantes à l’exportation ................................................... 58
b) MNT contraignantes et obstacles aux importations ............................................... 59
2.2 L’origine des obstacles non tarifaires au commerce ......................................................... 61
Section 3 : Classement des mesures non tarifaires par secteurs exportateurs .............................. 63
3.1 Produits agricoles et alimentaires ..................................................................................... 64
3.2 Autres produits manufacturés .......................................................................................... 65
Conclusion du chapitre 2 ........................................................................................................... 67
Chapitre 2 : Etude économétrique de l’impact des mesures non tarifaires sur le commerce extérieur du Maroc ..... 68
Section 1 : Méthodologie utilisée et source de données .............................................................. 69
1.1 Le modèle de gravité ....................................................................................................... 69
1.1.1 Fondements théoriques et spécifications du modèle de gravité .............................. 69
1.1.2 Présentation du modèle et choix des variables ........................................................... 70
1.1.3 Signes des coefficients attendus ................................................................................ 72
2.1 Description et sources des données .................................................................................. 73
91
Section 2 : Estimation du modèle .............................................................................................. 75
2.1 Méthodes d’estimation..................................................................................................... 75
2.1.1 Les moindres carrés ordinaires (OLS) .................................................................... 75
2.1.2 Modèle de Poisson (PPML) ...................................................................................... 76
2.2 Validité du modèle d'estimation ....................................................................................... 76
a) Test d’Hausman....................................................................................................... 77
b) Test de Breush pagan d’hétéroscédasticité ..................................................................... 78
2.3 Présentation et discussion des résultats ............................................................................ 78
Conclusion du chapitre 2 ........................................................................................................... 83
Conclusion de la deuxième partie .............................................................................................. 84
Conclusion générale .................................................................................................................. 85
Références bibliographiques :.................................................................................................... 87
Table des matières ..................................................................................................................... 90
Liste des illustrations ................................................................................................................. 93

92
Liste des illustrations

Liste des tableaux

Tableau 1: Les cycles de négociations multilatérales de GATT de 1947 à 1994 ............................. 18


Tableau 2 : Classification des MNT selon MAST .......................................................................... 23
Tableau 3 : Contribution des principaux secteurs aux PIB et à l’emploi en 2018 ........................... 30
Tableau 4 : Signes attendus des variables explicatives ................................................................... 73
Tableau 5 : Sources des données des variables de l’étude .............................................................. 74
Tableau 6 : Statistiques descriptives des variables de l’étude ......................................................... 75
Tableau 7 : Estimation des paramètres de l’équation commerciale................................................. 79
Tableau 8 : Le facteur d’inflation de la variance ............................................................................ 81

93
Liste des figures

Figure 1 : Les mesures non tarifaires (MNT) au Maroc, par type ................................................... 24
Figure 2 : Taux de croissance du PIB marocain entre 2000 et 2018 ............................................... 29
Figure 3 : Principales destinations et provenances des produits marocains ..................................... 31
Figure 4 : Evolution comparée de la part du Maroc dans le commerce mondial ............................. 32
Figure 5 : Evolution de la structure des exportations Marocaines, par secteur ................................ 33
Figure 6 : Evolution de la balance commerciale des biens et services (Milliards de DH) ............... 34
Figure 8 : Evolution du commerce de marchandises Maroc-France entre 2002 et 2012 en milli ..... 41
Figure 9 : Taille des entreprises affectées par des mesures non tarifaires ....................................... 55
Figure 10 : Secteur d’activité des entreprises affectées par des mesures non tarifaires ................... 56
Figure 11 : Type d’obstacles relatifs aux mesures non tarifaires .................................................... 57
Figure 12: Mesures contraignantes aux exportateurs ...................................................................... 58
Figure 13 : Obstacles procéduraux aux exportations ...................................................................... 59
Figure 14 : MNT contraignantes pour les importations .................................................................. 60
Figure 15 : Obstacles aux importations .......................................................................................... 61
Figure 16 : Part des MNT appliquées par les partenaires commerciaux.......................................... 62
Figure 17 : Principales entités marocaines impliquées dans les obstacles procéduraux ................... 63
Figure 18 : MNT contraignantes pour les exportations, selon les secteurs ...................................... 64
Figure 19 : MNT appliquées par les partenaires aux exportations de produits agricoles et
alimentaires ........................................................................................................................... 65
Figure 20 : ONT appliqués par les partenaires aux exportations industrielles marocaines .............. 66

94
Liste des annexes

Annexe 1 : Estimation par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) ............................... 89
Annexe 2 : Estimateur « within » des effets fixes .......................................................................... 96
Annexe 3 : Estimateur des effets aléatoires « between » ................................................................ 97
Annexe 4 : Test Hausman ............................................................................................................. 97
Annexe 5 : Test de Breush-Pagan .................................................................................................. 97
Annexe 6 : Estimateur du pseudo maximum de vraisemblance du modèle de Poisson ................... 98
Annexe 7 : Le facteur d’inflation de la variance ............................................................................ 98

95
Annexe 1 : Estimation par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO)

Annexe 2 : Estimateur « within » des effets fixes

96
Annexe 3 : Estimateur des effets aléatoires « between »

Annexe 4 : Test Hausman

Annexe 5 : Test de Breush-Pagan

97
Annexe 6 : Estimateur du pseudo maximum de vraisemblance du modèle de Poisson

Annexe 7 : Le facteur d’inflation de la variance

98

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