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GEM-220 ENVIRONNEMENNT TECHNOLOGIE ET SOCIETE

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CHAPITRE I : ENCADREMENT DE LA PROFESSION D’INGENIEUR

1.1. Le système professionnel

La profession, du latin professio («déclaration, déclaration publique, action de se donner comme»)


est le métier exercé par une personne. Soit une activité manuelle ou intellectuelle procurant un
salaire, une rémunération, des revenus à celui qui l'exerce.

Par extension, la profession désigne le métier appartenant à un secteur d'activité particulier. On parle
ainsi de profession agricole, commerciale, médicale, artisanale, de la magistrature, de
l'enseignement, du bâtiment, de l'industrie.

De nos jours la profession rassemble aussi bien des savoir-faire ancrés dans l'histoire des travailleurs
et des organisations professionnelles dans l'objectif de produire un bien ou proposer un service.

Les compétences et leurs évolutions rapides sont en interaction avec l'économie. Cette dernière se
caractérise de nos jours notamment par une mondialisation de plus en plus poussée.

Le code des professions fait partie des Lois refondues et règlements du pays et encadre le système
professionnel. Ce système est composé du gouvernement , de l'Assemblée nationale, des ordres
professionnels, de l'Office des professions et du Conseil interprofessionnel .

1.1.1. Le Gouvernement

Le Gouvernement à travers son président de la République qui est le chef de l‟État, veille à la
stabilité de l‟État dont il nomme les plus hauts représentants civils ou militaires, et il est le chef
suprême des armées. Dans des circonstances exceptionnelles qui menacent l‟État, la Constitution
l‟autorise à assumer les pleins pouvoirs, c‟est-à-dire qu‟il peut gouverner sans l‟avis des autres
institutions.

Il nomme un Premier ministre, avec lequel il partage le pouvoir exécutif. Il s‟assure de la bonne
exécution des lois. Il date et signe les lois nouvellement votées par le Parlement (on dit qu‟il les
promulgue) et s‟engage à les faire appliquer.

1.1.2. L’Assemblée Nationale

C‟est au Parlement qu‟appartient le pouvoir législatif, c‟est-à-dire le pouvoir de voter les lois.

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Les députés sont les représentants du peuple au niveau national. À l‟occasion des élections des
députés, les élections législatives, la Guinée est partagée en circonscriptions électorales ; chacune
d‟elles, désigne un représentant.

À l‟Assemblée, les députés discutent des propositions de lois présentées par un ou plusieurs députés
et des projets de lois provenant du gouvernement, qui a aussi l‟initiative des lois. La loi est ensuite
votée une première fois, puis elle doit être relue afin de proposer des modifications (appelées des
amendements), qui sont ensuite adoptées. En effet les députés ont toujours le dernier mot car ils sont
élus directement par les citoyens.

Par le vote du budget de l‟État, ils accordent ou non à chaque ministère les moyens financiers de
mettre en œuvre la politique que le gouvernement souhaite mener.

Les parlementaires peuvent aussi constituer des commissions d‟enquête afin de vérifier par exemple
l‟utilisation qui est faite de l‟argent public, la juste application de la loi ou encore la bonne
administration d‟une Région.

1.1.3. Office des professions

L‟Office des professions, est un organisme qui veille à ce que les professions s‟exercent et se
développent en offrant au public une garantie de compétence et d‟intégrité.

À cette fin, l‟Office s‟assure :

 que les ordres professionnels détiennent les moyens appropriés à leur mandat ;
 conseille le gouvernement sur les orientations permettant l‟amélioration constante du système
professionnel ;
 veille à l‟adaptation de l‟encadrement juridique du système professionnel ;
 favorise l‟efficacité des mécanismes établis au sein des ordres ;
 voit à ce que le public soit informé et représenté dans les ordres.
 informe le public sur les questions qui touchent le système professionnel et s‟assure qu‟il soit
représenté au sein des ordres.

Par l‟ensemble de ses interventions, l‟Office, de concert avec les ordres professionnels et le Conseil
interprofessionnel, contribue à développer la confiance du public et des institutions envers le système
professionnel.

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L‟Office exerce des fonctions de surveillance et de contrôle de même que des fonctions
réglementaires. Toutefois, l‟Office n‟a aucun pouvoir décisionnel lui permettant de statuer sur des
droits; il ne peut pas intervenir dans les dossiers des particuliers. Enfin, bien que l‟Office ne puisse
intervenir dans les dossiers des particuliers, il est toutefois tenu d‟informer le public sur ses droits et
recours.

L‟Office, un organisme gouvernemental à la recherche de l'excellence, encourage l‟innovation, la


créativité, la valorisation de ses ressources humaines et le travail en équipe. En concertation avec ses
partenaires, l‟Office vise la cohérence dans son action.

1.1.4. Le Conseil interprofessionnel

Le Conseil interprofessionnel est le regroupement des ordres professionnels d‟un pays. Cette entité
est constituée légalement par le Code des professions.

Le Conseil a pour mission :

 de procurer des occasions d'échange et d'entraide aux ordres professionnels

 d‟intervenir, lorsque opportun, comme lieu de mobilisation et voix collective des ordres
professionnels sur des dossiers d'intérêt commun

 d‟agir comme unité de services aux ordres professionnels, selon les mandats et budgets
adoptés

 de servir comme référence auprès des publics concernés, selon une approche d'information
sur la valeur du statut et du système professionnels et la promotion de l'intérêt public qui en
découle

Certaines interventions du Conseil sont requises par la loi. Il peut s'agir d'une demande du
gouvernement ou du ministre à laquelle la loi exige une réponse ou encore d'une étape de
consultation prévue à la loi. Le Conseil peut également, de sa propre initiative et après consultation
de ses membres, effectuer d'autres interventions. Ainsi, le Conseil émet des avis sur différents projets
relatifs à des actions gouvernementales et législatives qui ont un impact sur la finalité, la cohérence
et l'efficacité du système professionnel. Enfin, le Conseil contribue à des débats sur des dossiers
importants pour la société, dans une perspective large de l'intérêt public.

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1.1.5. Ordre des ingénieurs

Un ordre professionnel est un organisme regroupant, sur un territoire donné, l'ensemble des membres
d'une même profession, qui généralement peut être exercée de manière libérale, et qui assure une
forme de régulation de la profession en question.

Contrairement à un syndicat, qui reste chargé de négocier et de faire appliquer la convention


collective de la profession, l'appartenance à l'ordre professionnel n'est pas une faculté mais une
obligation pour le professionnel, l'inscription au sein de l'ordre étant une condition nécessaire à
l'exercice de la profession. Il peut exercer une régulation de l'accès à la profession (vérification de
la qualification professionnelle, éventuellement validation de diplômes, tenue de registres
d'immatriculation des membres). Il peut contribuer à la formation permanente ou être simplement
chargé de s'assurer du respect de l'obligation de formation continue. Il est également chargé d'assurer
la concurrence entre ses membres sur une base équitable, non vénale et respectueuse des règles de
l'art, tout en limitant les concentrations et les positions dominantes. Il joue souvent un rôle arbitral ou
disciplinaire à l'égard de ses membres et éventuellement dans les relations entre ces derniers et leurs
clients. À ce titre, il peut infliger des sanctions à ses membres voire les exclure de la profession. Il
joue encore un rôle de représentation de la profession à l'égard des pouvoirs publics.

Les professions les plus souvent concernées par l'existence d'un ordre professionnel sont les
professions de santé, certaines professions judiciaires, des professions de conception comme
architecte ou ingénieur. Les ordres professionnels bénéficient souvent de la personnalité morale.
Chaque ordre professionnel enregistre ses membres personnes physiques et les sociétés civiles
professionnelles, il fait appliquer et fait évoluer le Code de déontologie correspondant. Il est doté
d'une fonction juridictionnelle avec un Conseil disciplinaire où siège un conseiller d'État et dont les
décisions sont sous appel des juridictions administratives. Ces décisions peuvent être des
recommandations, un avertissement, un blâme, une suspension, une radiation, la liquidation et la
mise sous administration ordinale. Il est doté aussi d'une fonction arbitrale pour régler les conflits
d'interprétation portant sur les conventions entre un professionnel et son client sur la base des
documents qu'il préconise, ou entre deux membres.

L'ordre des ingénieurs est l'ordre professionnel mandaté par le gouvernement afin d'encadrer la
pratique du génie. Le Code des professions prévoit que les ingénieurs occupent une profession à titre
réservé et à exercice exclusif. Ainsi, seuls les ingénieurs inscrits au tableau de l'Ordre et titulaires

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d'un permis d'ingénieur décerné par l'Ordre sont autorisés à poser en exclusivité les actes réservés à
la profession et à porter le titre d'ingénieur.

1.2. Lois Sur Les Ingénieurs

Le Ministère des Postes, de Télécommunications et de l‟Economie Numérique est chargé de


l‟encadrement de la profession des ingénieurs de télécommunications. Elle a créée à son sein une
Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) qui a proposé plusieurs lois et
décisions pour la réglementation du secteur. Parmi ceux-ci, nous avons :

1. La Loi N° L/2005/018/AN du 08 septembre 2005, adoptant et promulguant la Loi portant


modification des dispositions de la Loi L/92/016/CTRN du 02 juin 1992, relative à la
Réglementation Générale des Télécommunications ;
2. la Loi N° L/2005/019/AN du 08 septembre 2005 portant modification des dispositions de la
Loi L/95/018/CTRN du 18 Mai 1995 portant Réglementation des Radiocommunications en
République de Guinée;
3. le Décret N° D/198/PRG/CNDD/SG/PRG/2009 en date du 05 septembre 2009 nommant les
membres du Conseil National de Régulation des Postes et Télécommunications ;
4. le Décret N° D/ 029/CNDD/SGPRG/2009 en date du 25 Mars 2010, nommant le Président du
Conseil National de la Régulation des Postes et Télécommunications ;
5. le Décret N° D/2011/075/PRG/SGG du 09 Mars 2011 portant nomination du Directeur Général
de l‟Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications ;
6. l‟Arrêté A/2010/356/SGG/MTNTI/2010 relatif aux Fréquences et Bandes de Fréquences
Radioélectriques, aux Appareils Radioélectriques et aux Opérateurs de ces Equipements ;
7. la loi L/2015/018/AN du 13 Août 2015 relative aux Télécommunications et aux Technologies
de l‟Information
8. la loi L/2016/035/AN du 28 Juillet 2016, relative aux transactions électroniques en République
de Guinée
9. La Décision A/N°001/ARPT/CNRPT/2017, portant procédures d‟acquisition des agréments
des installateurs, importateurs et d‟homologation des équipements et terminaux de
télécommunications
10. La Décision D/N°004/ARPT/CNRPT/2017 du 14 Mai 2017 relative à la désignation des
opérateurs dominants
11. Un document de base de référence Principales Normes et Standards des TIC en Guinée

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1.3. Code de déontologie de l’ingénieur

Un code de déontologie régit un mode d'exercice d'une profession (déontologie professionnelle) ou


d'une activité en vue du respect d'une éthique. C'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent
une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le
public. Elle fait référence à l‟ensemble de principes et règles éthiques qui gèrent et guident une
activité professionnelle. Ces normes, sont celles qui déterminent les devoirs minimums exigibles par
les professionnels dans l‟accomplissement de leur activité.

De nos jours, pratiquement toutes les professions ont développé leurs propres codes et, dans ce sens,
on peut parler de déontologie professionnelle journalistique, régie par la charte de Munich, de
déontologie professionnelle médicale du Serment d'Hippocrate, de déontologie professionnelle des
avocats, etc. Le contenu du code de déontologie se résume en trois types de comportement à savoir :
le comportement personnel, le comportement professionnel et le comportement social.

a). Comportement personnel

L‟ingénieur maintenant sa culture et sa compétence, en fonction de l‟évolution des techniques. Il ne


se limite pas aux seuls domaines techniques de sa compétence ; il élargit ses connaissances en
intégrant celles d‟autres disciplines lui permettant d‟améliorer les services qu‟il rend.

L‟Ingénieur fait preuve d‟une haute conscience professionnelle, fondée sur l‟honnêteté, l‟intégrité et
le sens des responsabilités. Il maîtrise ses comportements dans tous ses domaines d‟activités.

L‟Ingénieur n‟exerce son métier que dans le cadre d‟un statut professionnel reconnu. Il n‟utilise que
les titres et qualités auxquels il a officiellement droit.

b). Comportement professionnel


L‟Ingénieur n‟accepte d‟exercer ses fonctions ou de remplir ses missions que dans les limites de sa
compétence. Au-delà, il sollicite les concours nécessaires.

L‟Ingénieur est responsable de l‟organisation et de l‟exécution des missions qui lui sont confiées,
tout en prenant en charge les intérêts légitimes de son employeur – pour un Ingénieur salarié – ou de
son client – pour un Ingénieur indépendant – dans le respect des Règles de l‟Art de sa profession.

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L‟Ingénieur s‟attache à produire le meilleur résultat, au meilleur coût, dans les meilleures conditions
et dans le délai imparti.

L‟Ingénieur assume la responsabilité de l‟organisation qu‟il met en place pour exécuter la mission
qui lui est confiée et celles des collaborateurs pour lesquels il a eu la possibilité de définir, suivre et
contrôler les tâches, dans le cas contraire, il a l‟obligation de déléguer la mission complète avec tous
les moyens nécessaires pour l‟assumer.

L‟Ingénieur tient compte dans ses analyses et ses décisions des conséquences de toutes natures qui
peuvent en résulter sur les personnes et les biens.

L‟Ingénieur prend sans délai les mesures d‟urgence nécessitées par les circonstances, lorsqu‟une
difficulté imprévue exige une action immédiate et avise au plus tôt son employeur, ou son client des
mesures définitives à prendre.

L‟Ingénieur doit recevoir une rémunération en rapport avec sa fonction ou des missions et selon les
responsabilités qu‟il assume : il n‟accepte aucune rémunération et avantages hors ceux qui ont été
régulièrement convenus.

L‟ingénieur est lié en conscience par tout engagement professionnel de confidentialité qu‟il a accepté
librement.

L‟Ingénieur est objectif et sincère, dans les avis qu‟il donne et les décisions qu‟il prend en exerçant
sa fonction ou en remplissant ses missions.

c). Comportement social


Dans sa fonction ou ses missions, l‟Ingénieur prend en compte la sécurité et l‟hygiène des personnes
et la protection raisonnée de l‟environnement.

Dans son rôle social, l‟ingénieur respecte la personnalité et les droits professionnels de ses
supérieurs, de ses collègues et de ses subordonnés.

Tout en respectant ses obligations de réserves, l‟Ingénieur contribue à la diffusion d‟informations,


claires, objectives et sûres dans les domaines de sa compétence. Il aide à promouvoir à la

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compréhension des problèmes techniques et scientifiques, en participant, notamment, aux
Associations d‟Ingénieurs et Scientifiques.

L‟Ingénieur participe dans la mesure de ses capacités au développement harmonieux de la Société


dans laquelle il vit.

1.4. L’ingénieur et la décision d’éthique

L‟éthique du latin ethicus, la morale) est une discipline philosophique pratique et normative dans un
milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se
comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entoure. Notre époque vit un développement de
l´éthique appliquée en rapport avec des préoccupations environnementales et sociales. Dans les
activités professionnelles et la gouvernance, la déontologie établit des codes de comportements.

Les impacts négatifs de l'application de connaissances, ainsi que les avancements technologiques et
scientifiques posent aujourd‟hui la question de l‟éthique sous l‟angle de la responsabilité individuelle
et sociale par rapport à l'habitat des espèces, aux pollutions humaines et à la pérennité des
générations futures avec : les risques industriels dans les secteurs de la bio-ingénierie, de la chimie,
de l‟industrie pétrolière, de l‟énergie nucléaire, de l‟alimentation, des transports ; l‟usage des
technologies de l'information, développement des réseaux et sécurisation de l‟information. Il s‟agit
également d‟adopter une attitude de prudence par rapport aux impacts des techniques. En l‟absence
de certitude scientifique, il s‟agit donc d‟appliquer le principe de précaution. Pour René Dubos, faire
face à ces enjeux globaux nécessite de « penser global, et d‟agir (d‟où le néologisme « glocal »).

Sous l'angle de l‟environnement humain, on parle de développement durable et sous l‟angle des
entreprises, on parle de responsabilité sociétale des entreprises. De façon générale, on parle de
l'organisation d'un système de gouvernance éthique qui repose sur trois piliers. Cette gouvernance de
l'environnement humain repose alors sur le pilier économique, le pilier écologique et le pilier social.

Traduites par l‟éthique environnementale et associées aux trois piliers du développement durable les
nombreuses études d‟évaluation des impacts environnementaux servent à une compréhension et à
l'orientation d'activités humaines. Non seulement dans les pays développés, mais aussi dans les pays
en développement, les traditionnels modèles de fonctionnement locaux évoluent vers une perception
éthique et globalisée de l'environnement. C'est dans une perspective d'adaptation que les activités
industrielles et culturelles polluantes reconnaissent l'éthique de l'environnement. Ainsi, dans son

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contexte civil et sociétal, la compréhension des enjeux de la mondialisation est employée pour
expliquer et identifier les activités humaines éthiques avec l‟environnement biophysique.

CHAPITRE II : LE DEVELOPPEMENT DURABLE

Introduction

Dans les années 70, un grand nombre d‟experts et de scientifiques tirent la sonnette d‟alarme quant
à l‟impact de l‟activité des hommes sur la planète. Depuis la révolution industrielle, notre société a
connu un développement sans précédent mais sans toujours mesurer les conséquences de l‟évolution
de son mode de vie. A cela s‟est ajoutée l‟accélération des échanges avec le reste du monde (la
mondialisation), l‟accroissement des inégalités entre pays riches et pays pauvres et les prévisions de
croissance démographiques qui visent 9 milliards d‟habitants sur la planète d‟ici 2050.

Comment assurer demain un accès à l‟alimentation et à l‟eau potable, à la santé et à l‟éducation pour
tous ? Comment assurer la protection de la biodiversité et lutter contre le changement climatique? Il
est urgent de trouver un nouveau modèle pour que les générations de demain puissent continuer à
vivre mieux sur une seule planète en bonne santé et le Développement Durable est une des solutions
pour répondre à toutes ces problématiques.

2.1. Définition du développement durable et des principes associés

Le développement durable (traduction de Sustainable development) est une nouvelle conception de


l'intérêt public, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l'échelle mondiale afin de
prendre en compte les aspects environnementaux généraux d'une planète globalisée.

Selon la définition proposée en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le


développement dans le rapport Brundtland, le développement durable est : « Un développement qui
répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures
à répondre aux leurs ». Le développement durable doit être à la fois économiquement efficace,
socialement équitable et écologiquement tolérable. Le social doit être un objectif, l‟économie un
moyen et l‟environnement une condition.

Le développement est « durable » s‟il est conçu de manière à en assurer la pérennité du bénéfice pour
les générations futures.

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Le développement durable peut également se définir par une série de grands principes qui constituent
sa charte :
1. La gestion intégrée : gestion globale qui tient compte de toutes les relations et interactions
existant entre les systèmes. Elle se traduit par l‟adoption d‟une démarche transversale (plutôt que
sectorielle), multi partenariale et interdisciplinaire ;

2. La gouvernance : elle implique des approches rationnelles de la décision, basées sur des
indicateurs et des évaluations ;
3. Le long terme : réflexion des actions et projets sur une échéance supérieure à 4 ou 5 ans ;
4. La précaution : maintien d‟un certain nombre d‟options possibles ouvertes lorsque subsiste
un doute ou une incertitude ;
5. La prévention : choix des solutions limitant au minimum les impacts, afin de réduire les
actions correctives après la mise en œuvre des projets ;
6. La responsabilité : engagement global et universel qui renvoie à la responsabilité
individuelle et locale. Elle débouche sur le principe de pollueur-payeur qui stipule que les
responsables des pollutions et nuisances sont ceux qui assument les coûts ;
7. La subsidiarité : principe de travail à l‟échelon de décision le mieux approprié pour agir
efficacement en faveur de l‟intérêt général ;
8. La solidarité : notion de reconnaissance d‟intérêts communs entre personnes, entreprises,
États, etc., impliquant pour les uns l‟obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur
porter assistance.
Les conditions nécessaires du développement durable sont les suivantes : la conservation de
l‟équilibre général et de la valeur du patrimoine naturel ; une distribution et une utilisation des
ressources équitables entre tous les pays et toutes les régions du monde ; la prévention de
l‟épuisement des ressources naturelles ; la diminution de la production de déchets (qui inclut la
réutilisation et le recyclage des matériaux) ; la rationalisation de la production et de la consommation
d‟énergie.

Les 3 piliers du développement durable

 Efficacité économique, il s‟agit d‟assurer une gestion saine et durable, sans préjudice pour
l‟environnement et pour l'homme.

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 Equité sociale, il s‟agit de satisfaire les besoins essentiels de l‟humanité en logement,
alimentation, santé et éducation, en réduisant les inégalités entre les individus, dans le respect
de leurs cultures.

 Qualité environnementale, il s‟agit de préserver les ressources naturelles à long terme, en


maintenant les grands équilibres écologiques et en limitant des impacts environnementaux.

On représente ces 3 piliers, par ce schéma : trois cercles entremêlés avec en leur centre, le «durable».

Défis écologiques

Sur le plan écologique, il apparaît de plus en plus clairement qu'un large pan de notre industrie, y
compris les secteurs de l'agriculture et de l'exploitation des ressources naturelles renouvelables et
non, n'est pas durable. Là où elle ne périclite pas, la pêche décline rapidement; les forêts naturelles
sont détruites et les sols fertiles érodés ou perdus par effet de la salinisation et de la désertification.
La qualité de l'air ou plutôt sa mauvaise qualité atteint des seuils menaçants pour la santé humaine
dans un grand nombre de zones urbaines. La biodiversité, matière première des processus d'évolution
et des biotechnologies, est mise à mal et les impacts humains sur l'atmosphère, qui sont la principale
cause du réchauffement planétaire et de l'appauvrissement de la couche d'ozone, ont entamé un des
systèmes qui sont au fondement même de la vie...

Défis économiques

Sous l'aspect économique, nous assistons à une mutation extrêmement rapide et à la disparition
aujourd'hui quasi totale des économies dirigées; à une tendance puissante en faveur du jeu
autorégulateur des forces mondiales du marché; à une intégration économique globale consécutive à

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la libéralisation du commerce mondial; enfin, à l'émergence d'un marché mondial des capitaux
caractérisé par des flux financiers qui tendent à se substituer aux échanges de biens et services.

Défis politiques et sociaux

La gouvernance et d'autres structures sociales sont soumises à un stress sans précédent. Dans nombre
de sociétés industrielles centrées sur le marché, le degré de méfiance, d'aliénation et même de
répugnance à l'endroit des pouvoirs publics va croissant. Cela va de pair avec l'incapacité de freiner
par des réformes ou par la mobilisation publique la détérioration sociale due au crime, à la drogue, à
la pauvreté, au chômage et à l'exclusion. Un tel sentiment d'aliénation risque de grandir sous la
poussée d'une demande de réduction du fardeau fiscal et des conflits naissant de la dette, conjuguée
au désir de préserver les programmes de protection sociale et de l'environnement. Il s'ensuit un déclin
de la société civile et, dans les banlieues et les quartiers délabrés des villes, une descente vers
l'ingouvernable.

2.2. Mesurer la durabilité

Le développement durable est la façon dont les sociétés contemporaines tentent de le mettre en
œuvre. Mais comment savoir si nos actions sont bénéfiques ou néfastes, ou totalement inefficaces ?
Parmi nos activités et les produits que nous fabriquons, lesquels sont les plus durables ? Comment
savoir si une ville, une région ou un pays, progresse sur la voie du développement durable ?
Comment calculer nos besoins actuels et mesurer si nous faisons des progrès pour les combler plus
efficacement ? Et comment connaître l‟effet de nos décisions sur notre propre futur et celui de nos
enfants ? Pour répondre à ces questions, il faut avant tout décider de l‟essentiel : qu‟est-ce qui est
important pour nous ? Quelles ressources devons-nous surveiller ? Quels facteurs contribuent à notre
« qualité de vie » et à notre bien-être ?
Comment combler durablement nos besoins, c‟est-à-dire aujourd‟hui et dans l‟avenir ? Nous devons
savoir ce que nous possédons, ce que nous consommons, mais aussi quelles sont les ressources
disponibles et celles qui peuvent être régénérées ou remplacées. Pour nous engager sur le chemin du
développement durable, il est essentiel de mesurer et d‟estimer avec précision le « capital » naturel,
social et économique, dont nous disposons. Nous sommes souvent amenés à faire ce type de calcul
dans notre vie quotidienne.

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Tout cela repose sur des calculs, une planification et des estimations raisonnables. L‟essentiel
consiste à mesurer notre réserve de « ressources » et, en fonction de son évolution, à établir des
priorités parmi tout ce que nous devons faire et ce que nous aimerions faire, d‟où des choix parfois
difficiles. Autrement dit, nous avons tous un système d‟information (même s‟il est informel) qui
nous permet de savoir où nous en sommes actuellement, nous faisons des prévisions sur ce que nous
serons en mesure de faire dans le futur et nous évaluons si, oui ou non, nous vivons au-dessus de nos
moyens. Il faut tenir compte de toute une panoplie de facteurs qui apportent chacun une pierre
importante, souvent essentielle, à l‟édifice de notre « succès » : l‟accès à l‟éducation, les soins de
santé, des écosystèmes en bon état, la liberté, la justice et l‟expression culturelle. Mesurer ces
objectifs avec précision et exactitude nous permet de bâtir une base de connaissances plus solide et
plus sophistiquée et peut aussi nous aider à faire des progrès plus rapides pour les atteindre.

Évaluer la durabilité : que mesurer et quand ?

Les critères et indicateurs sont justement destinés à donner une définition claire et commune à la
gestion durable. Les données obtenues pourront servir à développer des politiques acceptables de
gestion et à cibler la recherche de façon à améliorer les technologies et les connaissances. Ensemble,
ils fournissent un cadre pour décrire et mesurer : l'état des lieux; les valeurs associées; les pratiques
de gestion; les progrès en matière de gestion durable .

Un critère comprend un ensemble de facteurs qui caractérisent le milieu et qui permettent d'évaluer
l'aménagement durable. Chaque critère est associé à un ensemble d'indicateurs précis qui permettent
d'évaluer le changement.

Un indicateur est une variable mesurable (quantitative) ou descriptive (qualitative) qui permet
d'observer, dans le temps, les tendances dans l'évolution d'un critère.

Pour conclure qu'un aménagement est durable, il faut considérer chaque critère et indicateur en
relation avec tous les autres critères et indicateurs et non séparément.

Le PIB

Le produit intérieur brut (PIB), est un indicateur économique permettant d‟évaluer la production d‟un
pays. le PIB vert est son équivalent qui tient compte de la production réelle de richesse, mais aussi du
bien-être, grâce à d‟autres critères de mesure.

L’indice de développement humain (IDH)


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L‟IDH a été créé par le programme des nations unies pour le développement (PNUD) en 1990. Il
mesure le niveau de développement humain sur des critères autres que la seule production
économique, comme le taux d‟éducation, l‟espérance de vie, le niveau de vie, etc. il s‟agit
aujourd‟hui du principal indicateur utilisé pour mesurer le bien-être individuel et collectif dans une
région donnée.

L’empreinte écologique

Il s‟agit de l‟estimation de nos besoins humains (logement, énergie, consommation, alimentation,


etc.) par rapport aux capacités de la terre à y répondre à long terme tout en tenant compte de la
surface d‟accueil et des ressources naturelles disponibles, calculées en « hectares globaux
disponibles ». Lorsque les besoins de l‟humanité dépassent les capacités de la terre, les écosystèmes
et les ressources naturelles ne sont plus capables de se régénérer pleinement. Cela entraîne leur
dégradation, leur raréfaction, voire leur disparition. Dès lors, l‟humanité puise dans des réserves qui
ne seront plus disponibles aux générations futures.

On considère aujourd‟hui qu‟il faudrait 1,7 terre pour répondre durablement aux besoins actuels de
l‟humanité. Notre modèle actuel est fondé sur :- des ressources naturelles ;- des consommations
d‟énergie élevées ; - une croissance économique nécessaire pour être à l‟équilibre du système.

Mais avec :

- des écarts de richesse croissants : haussent des inégalités


- des impacts environnementaux qui s‟aggravant : climat et biodiversités
- des défis humains et écologiques majeurs.

Les instruments macroéconomiques classiques (PIB par exemple) s'avèrent déficients pour mesurer
le développement durable : la croissance économique apparaît ainsi comme déconnectée, voire
opposée aux objectifs du développement durable.

Il s'agit donc de construire un indice agrégé qui permet de rendre compte au mieux de l'efficacité
d'une politique de développement durable. Plusieurs indices ont été établis, qui concernent chacun un
ou plusieurs « piliers » du développement durable :

 Sur le plan économique, il est possible de donner une valeur monétaire à l'environnement (on
parle alors de capital naturel ou de PIB vert

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 Sur le plan environnemental, on peut parler d'index de durabilité environnementale
(environmental sustainability), de bilan carbone ou de tonnes de CO2 émises (bilan carbone
personnel pour les particuliers), de consommation énergétique, d'empreinte écologique...
 Sur le plan social, on parle d'indice de développement humain (qui mesure la richesse, le taux
d'alphabétisation et la santé d'une population), de coefficient de GINI, d'indice de bien être
durable ou d'indicateur de progrès véritable...

Outils de questionnement et d’aide à la décision pour le développement durable (OQADD)

L‟OQADD, Outil de Questionnement et d‟Aide au Développement durable, est une grille de


questionnement permettant de susciter des débats sur les problématiques relatives au développement
durable, en mettant en avant les points-clefs d'un projet. Ils se réclament à la fois de l‟évaluation des
politiques et de l‟analyse multicritère, mais sont plutôt utilisés pour questionner des politiques ou des
projets au regard des critères de développement durable. Ce sont des grilles de critères en
arborescence, déclinants les principales dimensions du développement durable (économie, écologie,
social, gouvernance…).

Cet outil peut être soumis aux différents acteurs intervenant dans la mise en place d‟un nouveau
projet : des élus, des industriels, des associations de défense de l‟environnement, des syndicats.

Indicateurs de reporting et normes

L'OCDE a effectué des travaux importants sur les indicateurs environnementaux, et a développé pour
cela le modèle Pression État Réponse. Les principales normes et certifications à appliquer sont la
norme environnementale ISO 14001, la norme sur la qualité ISO 9001, la certification OHSAS
18001 sur la santé et la sécurité au travail, et le standard SA 8000 sur l'éthique et le social. Une
nouvelle norme sur la responsabilité sociétale des entreprises l'ISO 26000, intègre la responsabilité
sociale, la gouvernance et l'éthique d'une manière plus élargie. Par ailleurs, les entreprises peuvent
être notées par des agences de notation sociétale, qui prennent en compte dans leur notation des
critères extra-financiers (environnementaux et sociaux). Les entreprises sont jugées par ces agences
sur la base de leurs rapports de développement durable, ou de tout document permettant d'apprécier
les performances économiques, environnementales et sociales. La notation sociétale est ensuite
utilisée par les investisseurs pour constituer des portefeuilles de valeurs appelés Investissements
Socialement Responsables (ISR).

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2.3. L’Entreprise et le développement durable

Les entreprises sont au cœur des problématiques de développement durable. Quel que soit leur
activité, elles consomment des ressources naturelles et des matières premières, de l'eau, de l'énergie,
utilisent des moyens de production, de transport, génèrent des rejets dans l'environnement... et
emploient des hommes et des femmes pour effectuer un travail. Leur fonctionnement, leur
consommation, le cycle de vie des produits qu'elles fabriquent, les services qu'elles proposent, les
conditions de travail qu'elles offrent à leurs employés, ont des répercussions sociales,
environnementales et économiques importantes. Les entreprises qui décident de s'orienter vers le
développement durable le font pour des raisons diverses : généralement, elles souhaitent minimiser
leur impact environnemental, et veulent s'impliquer dans une politique de ressources humaines
soucieuse du bien-être de ses employés. Les degrés d'implication dans une démarche de
développement durable sont très variés : cela peut aller d'une intégration des valeurs du
développement durable à la stratégie de l'entreprise, à la mise en place d'un système de management
environnemental ou d'une démarche de responsabilité sociale d'une entreprise (RSE), ou la mise en
œuvre de quelques actions environnementales ou sociales ponctuelles... jusqu'à une communication
environnementale abusive, qui ne reflète pas les engagements de l'entreprise. L'objectif d'une
entreprise qui intègre le développement durable à sa stratégie et son fonctionnement est d'assurer un
développement maintenu dans le temps, respectueux d‟un système de valeurs sociales et
environnementales, dans une logique de progrès continu, tout en impliquant des acteurs internes et
externes à l'entreprise. L'entreprise va mettre en œuvre une démarche de développement durable
pour de nombreuses raisons :

 Prévenir et maîtriser les risques environnementaux et sociaux

 Innover, dégager un avantage de marché, une différenciation et une augmentation de la valeur


de la marque

 Prendre en compte les besoins des clients/consommateurs de manière plus globale et plus
pérenne

 Anticiper ou se conformer aux contraintes réglementaires

 Réduire ses coûts

 Valoriser son image et préserver son crédit dans la société

 Mobiliser le personnel pour s‟engager dans une démarche volontaire et responsable

 Répondre aux attentes et renforcer ses relations avec ses parties prenantes

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 Réduire la pression citoyenne, des ONG et associations

 Innover, être performante etc.

Dans une perspective de développement durable, l'entreprise va prendre en compte ses enjeux
sociaux en étant attentive au bien-être de ses salariés, et en s'appuyant sur une politique de ressources
humaines motivante afin d'accroître leur productivité. Les enjeux environnementaux de l'entreprise
seront également privilégiés, afin d'inscrire l'entreprise dans une préoccupation environnementale
constante, pour minimiser son impact et privilégier son développement de façon durable.

Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)

Pour le respect d'objectifs de développement durable par les entreprises, spécifiquement on parle de
responsabilité sociale des entreprises. C‟est un concept par lequel les entreprises intègrent les
préoccupations sociales, environnementales, voire de bonne gouvernance dans leurs activités et dans
leur interaction avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. En effet, à côté des obligations
réglementaires et législatives, existe tout un champ d'actions possibles sur la base du volontariat et
qui peut s'appuyer notamment sur des normes qui incitent les entreprises cotées en bourse à inclure
dans leur rapport annuel une série d'informations relatives aux conséquences sociales et
environnementales de leurs activités. Les entreprises doivent se dotées de Directions du
développement durable et engagé des politiques souvent ambitieuses pour faire évoluer les
comportements internes et incarner de manière tangible leurs responsabilités sociale et
environnementale.

CHAPITRE III : TECHNOLOGIE ET SOCIETE

Les évolutions scientifiques et techniques affectent profondément nos sociétés, aussi bien sur le plan
social, que politique, éthique, économique ou culturel. Les choix de recherche et les technologies
sont des choix humains et cristallisent certaines structures de relations entre les humains (comme
entre ceux-ci et leur environnement), les font perdurer, en favorisent de nouvelles tout en en écartant
d‟autres. Elles jouent donc un rôle clé dans l'exploration de différents futurs possibles, et dans la
maîtrise d‟un devenir collectif au sein des sociétés démocratiques. Il est donc crucial qu'elles
enrichissent la démocratie et que la démocratie soit capable de les maîtriser.

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Pourtant, la dimension sociale (au sens large) de cette exploration reste souvent implicite et les
politiques relatives aux sciences et technologies sont généralement hors du champ d'intervention des
citoyens. Les grandes orientations scientifiques et technologiques sont influencées par les lois du
marché, puis par les chercheurs eux-mêmes et enfin, par des « décideurs «, et les décisions sont
souvent prises dans les angles morts et les points aveugles de nos systèmes démocratiques.

3.1. La technologie : problème ou solution?

Si humanité actuelle jouit aujourd‟hui des richesses économiques et des progrès techniques et
scientifiques légués par les civilisations précédentes c‟est grâce à l‟accumulation des efforts et des
savoirs que chacune de ces civilisations, et selon les moyens de son époque, a pu acquérir par
l‟apprentissage et l‟entreprenariat. Il s‟en suit que toutes les sociétés avant nous ont généré de
l‟information et celle-ci a toujours été valorisée et considérée comme un bien précieux de
consommation qui s‟achète et se vend et confère le pouvoir à celui qui le détient. Ainsi, Il est
aujourd‟hui unanimement admis que l‟information est devenue un bien économique au même titre
que l‟or et le pétrole. Cette tendance est fortement encouragée par les développements
technologiques des supports qui ont donné naissance à internet, aux réseaux d‟information
multimédia et aux technologies numériques. Science et technologie sont les meilleures choses que la
société ne pourrait jamais demander. Les infrastructures dans la société ont augmenté avec l'aide de
la science et la technologie. Les modes de transport comme des lignes de chemin de fer électronique
ont été réalisés et ces effectivement bénéficié la société en leur offrant un meilleur moyen de
transport. Dans le passé, presque tout était analogique, mais merci à la science et la technologie nous
sommes maintenant numérisés à la journée. L'invention du téléphone et des services de radio a élargi
la communication humaine.

3.1.1. Impacts positifs

Puisque les TIC se situent à tous les niveaux de l‟activité humaine, elles contribuent à l‟amélioration
de la vie sociale, au développement de l‟économie, au progrès de l‟apprentissage et à l‟assistance
médicale.

Impact social : L‟avènement des nouvelles technologies représente une formidable mutation pour
notre société en ce sens qu‟elle permet entre autres de s‟instruire, s‟informer, se divertir, ou de
communiquer dans de meilleures conditions en abolissant toute notion de distance et de frontière. On

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assiste donc à une transformation radicale du comportement des hommes que ce soit dans les milieux
: professionnel, familial, pédagogique ou dans les relations sociales en général.

Les réseaux sociaux : Au niveau international, l‟impact des réseaux sociaux est important dans
toutes les activités humaines, notamment avec le développement des NTIC. Cependant, un réseau
social n‟est influent et crédible que par la qualité de ses membres et non par leur quantité. Les
réseaux prennent différentes formes. Ils peuvent être établis autour d‟un éthos commun ou dans un
but précis, conçus pour optimiser la prestation de services ou pour accroître l‟influence politique, ils
peuvent être centralisés ou centrifuges, permanents ou temporaires. Ce qu‟ils partagent normalement,
c‟est la conviction que l‟on peut faire davantage par une action et une analyse collectives que ce que
pourraient faire les organisations membres agissant seules.

Le E-gouvernement : Etant la plate-forme universelle pour la prestation électronique de services


publics et pour l‟élaboration d‟importants processus d‟affaires au sein des gouvernements, Internet
permet de transformer la manière dont le gouvernement communique avec les citoyens et les
entreprises afin d‟offrir à chacun, des services personnalisés transparents et de qualité. Ce qu‟on
désigne par e-gouvernement ou cyber gouvernement. Il s‟agit d‟un moyen efficace et efficient pour
fournir des services publics de meilleure qualité à savoir : réduire les délais d‟attente et les coûts,
augmenter la productivité, améliorer la transparence et la responsabilité des institutions publiques.
Dalleurs, partout dans le monde, une meilleure transparence contribue énormément à la lutte contre
la corruption et la fraude. Le cyber gouvernement consiste en la transformation des relations internes
et externes de la fonction publique par des opérations basées sur l‟Internet, la technologie de
l‟information et des communications afin d‟optimiser la prestation des services gouvernementaux et
l‟art de gouverner.

Impact sur l’économie : Selon Nathalie Kosciusko-Morizet « Les technologies de l’information et


de la communication se développent à une vitesse vertigineuse et prennent une place capitale dans
notre économie»

les TIC représentent un très large éventail de produits créés pendant une longue période : téléphone,
radio, télévision, satellites, fibres optiques, ordinateurs sont les exemples les plus connus, mais il faut
ajouter tous les appareils du multimédia : appareils photos, caméras, jeux électroniques, bornes
informatiques, disques analogiques ou digitaux, modems, toute la variété des terminaux
informatiques et tous les appareillages à fonctionnement électronique à utilisation industrielle ou
domestique. En termes économiques, les TIC correspondent à quatre grands secteurs : les

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télécommunications, l‟électronique, l‟informatique et les mass média. On oublie malheureusement
trop souvent que la plupart de ces technologies sont liées à des services bien précis (service pris au
sens de la science économique) et que l‟on ne peut les dissocier sans prendre le risque de n‟avoir
qu‟une vue très partielle de la situation.

Le e-commerce : Après une phase d‟euphorie et de l‟éclatement de la bulle d‟internet, les entreprises
ont progressivement utilisé ce réseau afin de développer leurs activités. C‟est ce qu‟on appelle le e-
business. Ainsi, Internet s‟est progressivement transformé en un canal de distribution électronique au
sein duquel les entreprises et les consommateurs échangent, commercialisent des biens et des
services. Conçu à des fins militaires, puis universitaires, le réseau internet n‟a pas été prévu en
première intention pour réaliser des transactions commerciales. Cette transformation d‟internet en un
espace économique a été très rapide et il constitue désormais un espace marchand incontournable. Le
commerce électronique est une réalité complexe à appréhender de par sa portée mondiale et sa
structure en réseau.

Le Télétravail : Une nouvelle forme d‟organisation du travail gagne du terrain dans le monde, du
fait des progrès réalisés dans le domaine des nouvelles technologies de l‟information et de la
communication. Le principe de cette forme de travail est de fixer, grâce à internet l'activité des
personnes à leur domicile ou à proximité immédiate de celui-ci (dans des lieux spécialisés). Mais le
télétravail ne présente pas les mêmes avantages ni les mêmes inconvénients pour tous les partenaires
concernés. Pour l'État, il s'agit de jouer sur la courbe du chômage, en permettant à des personnes de
travailler à temps partiel, par exemple. Pour les entreprises, il s'agit d'économiser l'infrastructure
immobilière (location du local, son entretien, son équipement), de diminuer l'absentéisme et les
accidents du travail et éventuellement d'augmenter le rendement en même temps que la motivation.
Pour les salariés, le gain de temps de transport aurait pour contrepartie le sentiment d'isolement et de
perte d'appartenance à une équipe. Le télétravail peut s'effectuer depuis le domicile, un télé centre ou
dans des lieux de travail différents selon l'activité à réaliser. Le télétravail combine l‟utilisation des
TIC avec la notion de flexibilité du lieu du travail.

Impact sur la santé : Les TIC de pointe et particulièrement les équipements médicaux perfectionnés
reposant sur ces nouvelles technologies sont des outils importants dans un certain nombre de
domaines de la santé : la Télémédecine, les grandes bases de données de patients et ce dans la
mesure où elles offrent une meilleure information sur les traitements et une meilleure coordination de
ces derniers. Du point de vue de l‟individu, l‟internet peut être une importante source d‟informations
sur sa santé. On peut penser que les TIC ont aussi des effets négatifs sur la santé, tels que les lésions
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dues au travail répétitif sur ordinateur. La télémédecine est une remarquable application des
nouvelles technologies de l'information visant à améliorer l'accessibilité aux soins de santé, qui va
des transferts de données (imagerie médicale, enseignement à distance, données sur des patients) à
l'action directe du praticien sur le malade.

Impact sur l’éducation : Au XXIe siècle, l‟une des grandes priorités de l‟éducation est de préparer
les populations à une économie fondée sur le savoir, notamment à ses perspectives sociales et
culturelles. Pour l‟organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture
(UNESCO), l‟apprentissage électronique est la clé de voûte de la construction de sociétés du savoir
inclusives. La contribution de l‟Unesco a incorporé les dimensions éthique, juridique et
socioculturelle de la société de l‟information et a permis de formuler les opportunités offertes par les
TIC dès lors que l‟individu est placé au centre du potentiel qu‟elles représentent. Et, afin de
permettre aux enseignants de s‟approprier les TIC et d‟en posséder les compétences en vue de les
transmettre aux apprenants, elle a mis au point en 2008, „‟ Le référentiel de compétences pour les
enseignants en matière de TIC (ICT-CFT)‟‟. Ce dispositif est destiné à informer les responsables de
l‟élaboration des politiques éducatives, les formateurs d‟enseignants, les prestataires de formation
professionnelle et les enseignants, du rôle que jouent les TIC dans la réforme de l‟éducation. Dans sa
deuxième version (2.0) d‟octobre 2011, ce Référentiel, s'articule autour de trois stades d'utilisation
des TIC dans l'éducation : l‟alphabétisation technologique, l‟approfondissement des connaissances et
la Création des connaissances.

3.1.2. Impacts négatifs

Alors que les Technologies jouent un rôle de plus en plus important dans les vies professionnelles et
personnelles de chacun, elles n‟ont pas toujours une empreinte peinte en rose ou en vert
respectivement sur la société et l‟environnement. Ainsi, certains usagers très doués dans le domaine
(hackers) utilisent ces TIC pour violer les secrets des gouvernements, des sociétés, des banques et
des personnes. Mais l‟impact négatif qui touche humanité entière est l‟impact sur l‟environnement.

La cybercriminalité : fait partie des conduites les plus odieuses que l‟on ait pu imaginer. Hélas,
l‟apparition de nouvelles technologies comme celle de l‟internet a permis l‟amplification de ce
phénomène insupportable, au point que cette infraction est devenue l‟une des sources majeures de
profits pour les organisations criminelles. L‟anonymat que procure le cyberespace, la vulgarisation
des techniques d‟attaques, l‟adoption à grande échelle du web 2.0 ont accéléré la croissance des actes

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cybercriminels. Les facettes les plus répandues sont le phishing, l‟escroquerie (la fraude à la carte
bancaire), le blanchiment d‟argent, le cyber terrorisme, la pédophilie sur l‟internet, le piratage....

L’environnement : les TIC ont été pendant longtemps considérées comme une industrie propre, et
se retranchent derrière des slogans tels que produits immatériels, industrie du silicium, zéro papier,
télétravail, commerce électronique, etc. Or, selon les écologistes, leur impact sur l‟environnement
s‟avère négatif (changement climatique, épuisement des métaux et des ressources fossiles). En effet,
la fabrication d‟un PC nécessite 1500 litres d‟eau, 240 kg d‟énergie fossiles et 22 kg de produits
chimiques. L‟accroissement du nombre des équipements informatiques augmente l‟impact sur
l‟environnement : Tension sur les ressources naturelles, Consommation énergétique en hausse
constante, Emploi de substances dangereuses, Production de déchets de plus en plus élevée.

3.2. L’innovation technologique

L‟innovation technologique qui est née à partir de l‟expansion des TIC n‟a pas conduit à un village
global, comme le prophétisait Marshall Mac Luhan61, mais bien plutôt a généré un grand village
entrepreneurial, dans lequel la production et le marketing à échelle mondiale conçoivent le monde
comme un grand marché unique.

Innover : Introduire de la nouveauté dans ce qui a été fait

Innovation : c‟est l‟action d‟innover c‟est-à-dire l‟action d‟ajouter la nouveauté

Technologie : c‟est l‟étude des outils, des procédés et des méthodes employées dans les diverses
branches de l‟industrie

Technologique c‟est ce qui appartient à la technologie

L’innovation technologique est l‟action d‟ajouter de la nouveauté dans les études des outils, des
procédés et des méthodes employées dans des diverses branches de l‟industrie. C‟est un processus,
dans lequel les technologies constituent un élément particulier, quoique souvent essentiel.

D‟une manière très générale, l‟innovation peut porter sur le produit, le procédé, l‟organisation ou le
marché d‟une entreprise.

L’innovation de produit : concerne la conception d‟un bien – matériel, équipement, instrumentation,


fournitures, produits – ou d‟un service, qui est nouveau ou amélioré sur le plan technologique.

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L’innovation de procédé : a trait aux processus de production ou de distribution du bien ou du
service.
L’innovation organisationnelle désigne les changements organisationnels dans la réduction de biens
ou de services, de même que les comportements innovants.
L’innovation de marché : concerne la percée sur de nouveaux marchés ainsi que les modifications
des relations que l‟entreprise entretient avec son environnement (fournisseurs, concurrents, pouvoirs
publics, investisseurs).

Les critères et les catégories d’Innovation


Afin de mieux identifier la valeur créée, il est nécessaire de catégoriser et de caractériser l‟innovation
en fonction de 3 critères que l‟on va croiser : Nature, Objet, Intensité.

Les natures d’innovation sont: Technologique, Usage, Sociale, Autre Nature

- L’innovation technologique consiste à créer ou à intégrer une technologie nouvelle ou


améliorée, ou une combinaison de technologies, avec pour objectif de répondre à un besoin du
marché ou anticiper sur des besoins actuels ou futurs.
- L’innovation d’usage est le changement introduit dans la manière d‟utiliser le produit ou de
consommer le service. La mise en place d‟une nouvelle facilité d‟usage pour répondre à des besoins
du marché ou anticiper sur des futurs besoins
- L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux
nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en
impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et
usagers. Ces innovations concernent aussi bien le produit ou service, que le mode d‟organisation, de
distribution, dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la
lutte contre la pauvreté, l‟exclusion, les discriminations…

Les natures d'innovations peuvent être très diverses. L'état de l'art actuel distingue principalement :
l'innovation technologique, l'innovation d'usage et l'innovation sociale. Il est rare que l'objet
d'innovation ne soit pas en relation avec l'une de ces trois natures alors qu'il créée de la valeur
supplémentaire et apporte un avantage concurrentiel. Pour ne pas se fermer à d‟autres natures
d‟innovation, et même si elle n'est pas recommandée, la nature "autre" a été créée. IL s'agit le plus
souvent d'innovations créatives et artistiques (recettes, concept, look and feel, mode, goûts
alimentaires, loisirs, architecture, métiers d‟art, ...)

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Les Objets d’innovation sont: Produits (ou services), Procédés (ou processus), Marketing (ou
commercialisation), Organisation.

- L’innovation de produits ou services est la création ou l‟amélioration d'un produit ou offre


d'une prestation de services qui crée une valeur nouvelle ou supplémentaire pour le marché.

Exemples : Le premier ordinateur personnel Macintosh, l‟iPad, la voiture hybride, le stylo à bille
Bic,...

- L’innovation de procédés ou processus correspond à la mise en œuvre de nouvelles


techniques ou l‟amélioration des techniques pour la production de biens ou la réalisation de
prestations de services. Elle intègre la mise au point ou l'adoption de méthodes de production, de
servuction, mais aussi de logistique, nouvelles ou améliorées.

Exemples : La gestion de production assistée par ordinateur (G.P.A.O.), la culture hors-sol


(production de certains légumes toute l‟année), le self-service dans la restauration (Mc Donald), le
système de traçabilité des marchandises par code à barres.

- L'innovation marketing ou de commercialisation implique des changements significatifs


dans la conception/design, dans le conditionnement/packaging du produit ou du service, dans son
mode de commercialisation, sa promotion, son modèle économique ou sa tarification..

Exemples : Les offres fidélité (achat des vêtements à moindre coût grâce à un abonnement), le
système de fidélisation client par carte magnétique…

- L'innovation organisationnelle consiste à introduire une nouvelle méthode ou une méthode


améliorée dans les pratiques de management de l'entreprise, l'organisation du travail ou les relations
extérieures (coopération, stratégie d‟alliance etc.). L‟innovation d‟organisation est liée aux aspects
humains/managériaux de l‟entreprise.

Exemples : La nouvelle organisation matricielle de Renault qui a permis la création de la Twingo, la


stratégie d‟alliance « Star Alliance » regroupant pour la 1ère fois des compagnies aériennes, et qui a
ainsi permis de proposer aux clients une gamme d‟offres plus élargie,...

Les Intensités d’innovation : Rupture, Incrémentale, Assemblage, Adaptation

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- L’innovation de rupture est la modification profonde de l‟état de la technique et/ou des
conditions d‟usage par le marché ou d‟une nouveauté sociale majeure. L‟innovation de rupture
permet un changement majeur de l‟état de l‟art par rapport à la concurrence pour créer de nouveaux
marchés et/ou modifier les comportements de consommation. Elle peut avoir un caractère radical
voire révolutionnaire. Le niveau de risque et d‟incertitude est très élevé voire parfois total. Le
marché est souvent à créer.

Exemples : Passage de la Cassette VHS au DVD, passage de la location du DVD à la VOD, création
du téléphone mobile, les verres de contact, le premier hôtel de glace, le Mc Drive qui permet de
commander au volant et manger dans la voiture,...

- L’innovation incrémentale ne bouleverse pas les conditions d‟usage et l‟état de la technique


ou de l‟offre sociale, mais y apporte une amélioration sensible. Le niveau de risque et d‟incertitude
est élevé à modéré. Le marché est souvent concurrentiel (concurrence directe ou indirecte)

Exemples : Remplacement des souris à bille par des souris optiques, remplacement des verres de
contact par des lentilles de contact, évolutions successives du téléphone portable (2G, 3G,…),…

- L’innovation d’assemblage associe plusieurs offres ou innovations existantes pour en créer


une nouvelle. L‟association de deux ou plusieurs composants d‟un produit ou service peut amener à
une innovation caractérisée d‟assemblage. C‟est la combinaison des composants qui permet une
amélioration du produit ou service et/ou de nouvelles performances. Le niveau de risque et
d‟incertitude est modéré. Le marché peut être à créer.

Exemples : Les mas up web 2.0 assemblant l‟API Google maps avec l‟API Microsoft Virtual earth,
les premières offres packagées dans le tourisme (hôtels, golf, spa, découverte,…).

- L’innovation d’adaptation consiste à dupliquer ou à adapter une innovation d‟un secteur


vers un autre secteur, ou d‟un usage vers un autre usage. C‟est l‟adaptation d‟une solution
précédemment connue sur un secteur mais comportant les modifications nécessaires pour son
application dans d‟autres conditions, notamment son adaptation aux conditions locales. Le niveau de
risque et d‟incertitude est relativement faible. Le marché est souvent concurrentiel.

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3.3. Conception et Développement Durable

Si le concept de développement durable est aujourd‟hui largement accepté au sein de la collectivité


par les valeurs qu‟il promeut, il n‟en demeure pas moins que les conditions de sa mise en œuvre
restent difficiles à appréhender. Aussi, les auteurs d‟« organiser le développement durable » récusent
l‟intérêt de se demander si le développement durable n‟est qu‟un simple effet de mode ou une
nouvelle donne. Pour eux l‟idée est entendue : il convient donc de s‟attacher aux conditions de son
opérationnalisation en entreprise.
Créer une entreprise relèverait-il de l‟inné, d‟une inscription génétique en quelque sorte qui
conduirait inexorablement le porteur de ces gènes de la création à la réalisation du comportement et
au passage à l‟acte.
La conception est celle de l‟entrepreneur comme initiateur d‟un processus complexe de détection et
d‟exploitation d‟opportunité : initiateur car il est celui qui est à l‟origine, qui ouvre une voie nouvelle
pour montrer l‟importance du temps et le caractère organisé des phénomènes en jeu ; complexe, pour
faire ressortir la grande variété des éléments à considérer et leur interdépendance ; opportunité, car
c‟est le fait d‟avoir repéré, d‟avoir identifié avant les autres un espace libre dans le marché

3.4. La technologie pour le Développement Durable

La quête d‟un développement durable est usuellement comprise comme la prise en compte intégrée
de trois exigences : le développement économique, la viabilité environnementale et l‟équité sociale.
Elle conduit à se soucier des implications des décisions locales à court et moyen terme pour les
équilibres planétaires et à plus long terme, allant jusqu‟au temps intergénérationnel, de façon à
“ répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre
à leurs propres besoins ” selon la célèbre formule retenue en 1987 par le rapport Brundtland de la
Commission de l‟ONU sur l‟environnement et le développement. Mais comment faire pour que le
souci du long terme planétaire trouve écho et influence dans la vie quotidienne des agents
économiques ?
Les États sont en première ligne, ayant le devoir de relayer sur leur territoire souverain les objectifs
et obligations définis par la communauté internationale, même si chaque État voit la part qui lui
incombe modulée en fonction de ses capacités et de son rôle dans la création des problèmes.
Cependant, l‟époque n‟est plus celle où toute la charge du souci pour le bien commun était imputable
à l‟État et où ce dernier était le siège principal sinon unique de l‟impulsion du développement
économique de la société. Les organisations non gouvernementales, les citoyens, les consommateurs,

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mais aussi les entreprises, revendiquent aujourd‟hui la thématique du développement durable afin
d‟orienter ou de positionner leurs actions. Il faut donc donner une intelligibilité à l‟existence d‟autres
relais que ceux que mettent en place les gouvernements, tout particulièrement dans le cas des
entreprises.
On songe par exemple à un mécanisme économique classique : la réponse à la demande. L‟entreprise
se soucierait de développement durable, parce qu‟elle serait confrontée à une demande effective en
ce sens de la part de ses divers partenaires : les actionnaires, les banquiers, les assureurs, la
distribution, les consommateurs et d‟autres encore seraient demandeurs de développement durable,
contraignant les entreprises à s‟adapter. Ce serait finalement les relations économiques ordinaires qui
véhiculeraient les exigences du développement durable au travers du tissu des relations
contractuelles et des échanges de biens et services. Cette réponse déplace la question plus qu‟elle n‟y
répond : comment la grâce du développement durable serait-elle tombée sur ces différents
partenaires ? Elle soulève également des difficultés techniques. Les relations économiques ordinaires
ont pour support des conditions précises sur la nature des biens échangés et sur les conditions de
l‟échange. Comment ces relations peuvent-elles directement intégrer ces préoccupations étrangères à
l‟univers économique ordinaire et plutôt indéterminées, compte tenu de l‟horizon spatio-temporel où
elles prennent racine, qui sont celles du développement durable ? On sent bien la nécessité de relais
et de médiations, mais cette explication n‟en propose pas. L‟existence d‟un segment encore réduit de
consommateurs finaux à ce point demandeurs de produits “ verts ” ou “ écologiques ” qu‟ils sont
prêts à les payer plus cher, sans même obtenir d‟avantages sur la qualité des produits à la
consommation, n‟est pas à la hauteur du phénomène et n‟explique pas les stratégies d‟entreprises qui
ne sont pas en contact direct avec le consommateur final.

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