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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

DEDICACE

Aucune dédicace ne saurait exprimer l’amour,


l’estime, le dévouement et le respect que j’ai
toujours
eu pour vous mon père et ma mère.
Rien au monde ne vaut les efforts fournis jour
et
nuit pour mon éducation et mon bien être.
Ce travail est le fruit de vos sacrifices que vous
avez
consentis pour mon éducation et ma formation.
A mes frères et sœurs pour leur encouragement
moral et matériel.
A toi Hanae, pour votre soutien.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

REMERCIEMENT

Louange et merci à dieu.

Ce travail est le fruit de la contribution spirituelle, matérielle, financière, morale et


physique de plusieurs personnes à qui je souhaiterais témoigner ma profonde estime.

Je tiens à remercier le doyen de la faculté des sciences juridiques économiques et sociales


de Fès M. SQUALLI Abdelaziz, le responsable du master banques et marchés financiers
M. AIT OUDRA MOHAMED pour l’image de qualité qu’il apporte à notre formation,
ainsi que l’ensemble du corps professoral du master : banques et marchés financiers de
Fès à qui je témoigne mon profond respect.

Je témoigne ma sincère reconnaissance à mon encadrant M.BENBOUBKER pour ses


conseils, ses recommandations et sa disponibilité.

J’exprime également ma profonde estime pour M.BELLHAJ, professeur à la FSJES de


Fès.

J’exprime ma profonde gratitude à ma famille pour son appui et affectation


inconditionnels et en particulier à ma mère AICHA et mon père MAJIDI MOHAMED, et
mes frères et sœurs.

Je remercie mes amis qui m’ont encouragé et aidé tout au long de ces années de cette
formation, en particulier M. BAKKALI HOSSNI. Aussi à toutes les personnes qui de
près ou de loin ont œuvré à la réalisation de ce travail de recherche, je leur dit
sincèrement merci.

Merci aux membres du jury.

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Table des abréviations

ADF : Augmented Dickey-Fuller PME : Petite et Moyenne Entreprise.

AIC : Akaike Information criterion PMF : Productivité Multifactorielle.

BAM: Banque Al Maghreb PNB : Produit National Brut.

BC: Balance Commerciale PNUD : Programme des Nations Unies

pour le développement

BK : Balance des Capitaux PP : Phillips Perron.

BP : Balance de Paiement PPA : Parité de Pouvoir d’Achat.

BTC : Balance de Transaction Courante R-D : Recherche-Développement.

DEPF : Direction des Etudes et des Prévisions Financiers SC : Schwarz Criterion.

DTFE : Direction du Trésor et des Finances extérieurs TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

FMI : Fonds Monétaires Internationales VAR : Vector Autoregressive

FSC : Fonds des Stabilisations des Changes WDI : Word Developpement Indicators

HCP : Haut Commissariat Au Plan

IBED : Indicateur de Bien-être Durable

IDH : Indice de Développement Humain

IGR : Impôt Général sur le Revenu

IS-LM : Investment,Saving/ Liquidity preference, Money supply

MCE: Model Error Correction

MCO: Moindres Carrées Ordinaires

NAK : Nouvelle Théorie Anti-Keynésienne

OCDE : Organisation de Coopération et de développement économiques

PAS : Programme d’Ajustement Structurel

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Sommaire

INTRODUCTIONGENERALE....................................................................................................................5

CHAPITREI : LA POLITIQUE BUDGETAIRE : SOUBASSEMENT THEORIQUE……….....…....8

Section 1 : les instruments de la politique budgétaire…...........................................................9


Section 2 : l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique...................34

CHAPITRE II: LES POLITIQUES BUDGETAIRES DU MAROC DEPUIS L’INDEPENDANCE.59

Section 1 : Evolution des grandes masses budgétaires au Maroc…………………………………......60


Section 2 : Evaluation des orientations de la politique budgétaire au Maroc………..............86

CHAPITRE III : L’IMPACT DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE SUR LA CROISSANCE


ECONOMIQUE AU MAROC : VERIFICATION EMPIRIQUE......................................................109

Section 1 : présentation des variables et étude de leur stationnarité…………….…………109

Section 2 : l’analyse de l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique

au Maroc par la méthodologie VAR………………………….……………….….……...121

CONCLUSION GENERALE :…………………………………………………….…….……….....…..138

ANNEXES……………………………………………...………………………………… …...……...…140

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………….…...….157

TABLE DES MATIERES…………………………….……………………….……………………...….161

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

INTRODUCTION GENERALE

La définition des objectifs de la politique économique a progressivement émergé des débats


suscités par la grande dépression des années 1930 et ensuite par la diffusion des thèses
keynésiennes.

En effet, d’un point de vue purement théorique et bien qu’ayant figuré dans les analyses
historiques de la pensée économique, la macroéconomie est apparue comme terrain d’analyse
proprement dit avec les politiques keynésiennes. Partant des conséquences économiques et
sociales de la grande dépression de 1929 et de certaines insuffisances de la théorie dans
l’explication de cette crise, notamment quant à la recherche des équilibres des marchés, John
Maynard Keynes a préconisé l’intervention de l’Etat pour la recherche de ces équilibres.

Ainsi, dès les lendemains de la seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1970, un quasi-
consensus existait pour reconnaitre le rôle, voir la responsabilité de l’Etat dans la gestion des
principaux problèmes macroéconomiques. Dès lors, les économistes ont le plus souvent vue la
politique économique comme un choix économique parmi d’autres : il s’agit d’atteindre au
mieux certains objectifs en gérant un certain nombre de contraintes et en utilisant de la façon la
plus efficace possible un certain nombre d’instruments (monnaie, taux d’intérêt, taux de change,
budget de l’Etat…). Du débat théorique sur la nécessité des interventions de l’Etat dans
l’économie nationale, il ressort habituellement quatre objectifs : le plein emploi, le soutien de
l’activité économique ou la croissance, l’équilibre extérieur et la stabilité des prix.

Toutefois, l’Etat constitue actuellement un élément essentiel dans la recherche des solutions à
tous les problèmes économiques. En effet, sortir des crises économiques, éviter les aléas des
mauvaises conjonctures nationales et internationales ou réaliser une croissance durable, sont des
objectifs qui n’échappent plus aux discours économiques des pouvoirs publics des pays
développés et moins développés1.

Si habituellement les objectifs sont unanimes, il n’en est pas de même pour les outils. En
effet, pour la réalisation des objectifs macroéconomiques, l’Etat dispose de deux principaux
instruments à savoir les politiques budgétaire et monétaire. Cependant, contrairement à
l’abondante littérature empirique sur les effets de la politique monétaire, la politique budgétaire
était jusque ces deux dernières décennies, l’objet de moins d’attention de la part des
économistes. Car, bien qu’il existe globalement un consensus sur les effets de la politique
monétaire sur la croissance, la thèse selon laquelle la politique budgétaire est un outil efficace de
la politique économique ne fait pas toujours l’unanimité au sein de la grande famille de la pensée
économique.
1
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.8

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Au Maroc, le budget constitue l’instrument de la politique économique par excellence. Depuis


la mise en œuvre du programme d’ajustement Structurel (PAS) en 1983 et les choix de politique
qui en ont découlé, le budget est devenu la pièce maitrise de l’intervention de l’Etat dans
l’économie.

Ainsi, le rôle de l’Etat dans l’économie est passé par différentes étapes et a connu des
périodes plus intenses en interventions que d’autres2. Tantôt répondant à des contraintes
économiques tantôt à des aspirations idéologiques et parfois à des stipulations extérieures.
Cependant, il existe un dénominateur commun entre ces expériences, en effet, l’intervention
publique provoquait une multiplication des déficits budgétaires, le recours à l’emprunt extérieur
et intérieur et par conséquent un gonflement de la dette publique marocaine.

D’ailleurs, en réaction à la crise financière et économique mondiale déclenchée depuis 2008,


le Maroc a mené une politique budgétaire expansionniste.les finances publiques ont été orientées
vers l’appui de la demande intérieure (augmentation des dépenses de compensation, liée au
renchérissement des matières premières au niveau international, et de la masse salariale). Cette
politique accompagnée d’une décélération de la croissance a contribué au creusement du déficit
budgétaire (le solde budgétaire est passé, ainsi, des excédents de 0,2% du PIB en 2007 et de
0,4% en 2008 à des déficits de 6,9% en 2011 et de 7,6% en 2012)3.

Pourtant, la problématique dont traite le présent travail a pour objet de vérifier, pour le Maroc,
si la politique budgétaire a provoqué une croissance économique forte et durable tout en
respectant la contrainte budgétaire inter-temporelle pendant la période1970-2014.

Précisément, nous nous proposons de mesurer l’impact des politiques budgétaires marocaines,
de la composition du budget et de son allocation sur l’activité et la demande globale. Cela nous
conduira à voir comment ces facteurs ainsi que d’autres ont influencé la durée des ajustements
budgétaires au Maroc. Par ailleurs, nous verrons dans quelle mesure les différents ajustements
opérés par le Maroc lui ont permis de neutraliser les effets de la crise financière de 2008 de
même que les différents chocs externes et internes auquel l’économie marocaine à dû faire face
depuis l’indépendance. Ceci nous amènera à déterminer la nature pro-cyclique ou contra-
cyclique de la politique budgétaire marocaine afin d’aider les autorités compétentes à la
formulation de politique budgétaire efficace et efficiente à même de stimuler la croissance
économique que sociale.

L’hypothèse principale, que je cherche à défendre dans ce travail, c’est que la politique
budgétaire, via ses instruments à l’occurrence les dépenses publiques et les recettes fiscales,
constitue pour le Maroc un outil efficace pour la stimulation et la dynamisation de l’activité
économique, particulièrement à court et moyen terme.

2
Mrabet. N, dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse historique et empirique, thèse de Doctorat,
sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès, 2007, P.6.
3
Bank AL-Maghreb, Rapport annuel, exercice 2012, p. 89. Cf. le site web de BAM : http://www.bkam.ma.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

L’intérêt d’une telle étude est qu’elle va permettre d’explorer une partie importante des
finances publiques marocaines, qui reste souvent ignorée par la recherche dans le domaine de
l’économie financière et qui reste aussi le monopole des spécialistes et des universitaires qui s’y
intéressent. Or, le chercheur dans ce domaine se trouve face à l’indisponibilité de la
documentation de base, car, rares sont les travaux marocains qui traitent d’une manière directe et
ciblée les problèmes des finances publiques.

Pour répondre à cette problématique nous envisageons de suivre la même démarche


scientifique utilisée dans les travaux de recherche, les plus récents, dans le domaine des finances
publiques. Il s’agit de présenter les développements théoriques relatifs à l’efficacité de la
politique budgétaire et de tenter par la suite, à l’aide d’une analyse économétrique (la
modélisation VAR, les tests de stationnarité et de cointégration) de vérifier la validité de ces
théories. Ceci à partir d’un VAR à six variables : quatre variables principales à savoir le taux de
croissance de PIB en%, dépenses publiques, pression fiscale et l’investissement public, et deux
variables de contrôle dont le taux d’inflation et les exportations nettes.

Pour mener à bien notre étude, nous la subdiviserons en trois chapitres : ainsi, le premier
chapitre sera consacré à une revue de littérature, non exhaustive, des principaux travaux
théoriques portant sur l’impact des dépenses publiques sur la croissance économique. Dans le
second chapitre, nous ferons une rétrospective historique et analytique des politiques budgétaires
marocaines depuis l’indépendance jusqu’au nos jours. Pour finir, le dernier chapitre sera
consacré à la vérification empirique, l’analyse et l’interprétation des estimations économétriques.

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CHAPITRE I : LA POLITIQUE BUDGETAIRE : SOUBASSEMENT


THEORIQUE.

Introduction :
Avant d’entamer l’analyse des politiques macroéconomiques dans le domaine budgétaire,
présentant brièvement ce que l’on entend par politique économique.

Aux sources même de la définition de politique économique citons J.Tinbergen (prix Nobel
d’économie en 1969) : « la politique économique consiste dans la manipulation délibérée d’un
4
certain nombre de moyens pour atteindre certains fins » .Toutefois, Tinbergen, dans son livre
intitulé "A propos de la théorie en politique économique", propose une règle universellement
connue sou le nom de« principe de Tinbergen ». Ce principe postule en effet qu’en politique
économique, il faut disposer d’autant d’instruments que l’on a des problèmes et qu’il faut
affecter chaque instrument à la résolution de chacun de ces problèmes. Pour Tinbergen, la
politique budgétaire doit servir à réduire le chômage, la politique monétaire l’inflation et la
5
dévaluation de déficit extérieur .

Cette définition synthétique et opérationnelle pose la distinction entre objectifs et moyens mis
en œuvre autour de la problématique des politiques économiques.

Constitue un objectif toute variable macroéconomique à laquelle les pouvoirs publics


assignent une valeur souhaitable (taux de chômage, taux d’inflation…) et les instruments sont les
variables que les Gouvernements sont en mesure d’influencer pour atteindre un objectif.

Une autre approche des politiques économiques s’intéresse d’avantage à sa cohérence. Ainsi,
on opposera les politiques sectorielles aux politiques vue sous un angle d’ensemble. Les
politiques sectorielles mettent en œuvre l’intervention de l’Etat dans les divers secteurs de
l’activité économique avec une spécificité accordée à chaque secteur : elles seraient de nature
microéconomique ou macroéconomique. La politique économique d’ensemble pour sa part
s’intéresse aux relations existants entre les objectifs et les instruments et touche la globalité
d’une économie nationale : elle est de nature macroéconomique.

Qu’il s’agisse de politiques sectorielles ou globales, de la définition ou de la mise en place


des moyens, la maitrise et la cohérence de la politique économique revient au Gouvernement qui
est le seul en mesure de faire la synthèse, de composer et de pondérer.

4
Le Gall. P « Techniques modernes de la politique économique, livre de Jan Tinbergen », Encyclopædia
Universalis [en ligne], consulté le 22 juillet 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/techniques-
modernes-de-la-politique-economique/
5
Daniel .J.M, la politique économique, novembre 2010, p. 25

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Les définitions précédentes révèlent la complexité et l’étendu des politiques économiques tant
sur le plan analytique que sur celui opérationnel de leur mise en œuvre.

Ainsi, le présent chapitre sera organisé comme suit : Au premier temps, définir globalement la
notion de la politique budgétaire, ses objectifs, aussi que ses instruments d’intervention, leur
efficacité tant qu’en économie fermé qu’ouverte et les principaux critiques théoriques adressées à
l’intervention de l’Etat dans l’économie via la politique budgétaire. Je vais se pencher, par la
suite, à l’analyse rétrospective des soubassements théoriques et empiriques des impacts de la
politique budgétaire sur l’activité économique, après avoir préciser la notion de la croissance
6
économique ainsi que ses déterminants majeurs .

Section 1 : les instruments de la politique budgétaire

L’idée que l’Etat peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande, est ancienne.
Les politiques des grands travaux ont, par exemple, été très utilisées lors de la crise de 1929,
notamment aux Etats-Unis avec la Tennesse Valley Authority de Roosevelt. En effet, en
commandant des travaux à des entreprises désœuvrées, l’Etat injecte du pouvoir d’achat dans
l’économie et les entreprises sont amenées à recruter des salaries qui, à leur tour, dépenseront
plus.

Lorsque la demande semble insuffisante pour absorber la production que fourniraient les
entreprises si elles tournaient à plein régime, une telle intervention de l’Etat relève du simple
bons sens. Cependant, la politique budgétaire n’a acquis de fondement théorique solide qu’à
partir des travaux de John Maynard Keynes. Jusque-là, en effet, le credo des économistes était
que le marché devait pouvoir s’autoréguler, le mouvement des prix ramenant l’équilibre après un
choc l’ayant momentanément déstabilisée.

Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invoqué par les économistes
peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les prévisions pessimistes des
entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’Etat peut rompre cet équilibre de
sous emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée par des dépenses publiques
nouvelles ou par la diminution des impôts. Cette demande supplémentaire a un effet puissant sur
la production, grâce au mécanisme du multiplicateur. Les dépenses publiques engendrent des
revenus pour les entreprises ou les ménages. Ces dépenses entrainent une nouvelle production,
d’où une nouvelle distribution de revenus.

Inversement, une croissance trop rapide qui entraine des tensions inflationnistes peut être
freinée par la hausse des impôts ou par la diminution des dépenses publiques7.

6
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.10.
7
Parienty.A, Alternatives Economiques Poche n° 046 - novembre 2010.URL : http://www.alternatives-
economiques.fr/a-quoi-sert-la-politique-budgetaire_fr_art_964_51542.html

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

La politique budgétaire est, donc, une politique économique qui consiste à utiliser les
variations de l'équilibre budgétaire de l'Etat pour atteindre certains objectifs. Elle s’appuie
principalement sur une gamme des instruments à savoir, les dépenses publiques et les recettes
fiscales.

En somme, la politique budgétaire vise à trouver la formule de mobilisation des ressources


budgétaires et de leur allocation la plus efficace pour atteindre les objectifs de développement du
gouvernement, ainsi qu’à maintenir la discipline budgétaire8.

En suivant la typologie des politiques économiques de Musgrave (allocation, stabilisation et


redistribution) on pourrait assigner trois objectifs principaux à la politique budgétaire.9

 La fonction d'allocation des ressources : consiste à rétablir un usage des ressources


optimal (au sens de Pareto) à chaque fois que le jeu spontané des échanges et des
marchés s'écarte de cet optimum10. De ce fait, l’Etat doit intervenir sur l’allocation des
ressources productives pour atteindre des objectifs jugés économiquement et/ou
socialement plus satisfaisants que ceux qui résultent du marché.

 La fonction de redistribution : La fonction de distribution (ou de répartition), qui est en


fait une fonction de redistribution, vise à corriger la répartition spontanée des revenus et
des richesses en vue d'instaurer ce que la société considère comme une juste répartition.
Au moyen de prélèvements obligatoires, l’Etat modifie la répartition primaire des
revenus dans un sens de justice et la sécurité sociale. Cette dernière a un impact profond
à tous les niveaux de la société. Elle offre aux travailleurs et à leur famille l’accès aux
soins de santé et une protection contre la perte de revenu que celle-ci soit due à de courtes
périodes de chômage, à la maladie ou à la maternité, ou qu’elle soit de plus longue durée
pour cause d’invalidité ou d’accident du travail.

Pour atteindre cet objectif de justice sociale ; l’Etat dispose bien évidemment au premier chef
de la fiscalité. Mais il peut également améliorer la situation des catégories sociales jugées a
priori comme défavorisées en utilisant ses dépenses. Il peut enfin combiner les deux. Par
exemple, en France, la politique d’aide aux handicapés passe par de multiples canaux qui
mobilisent les dépenses au travers du versement de l’allocation aux adultes handicapés et la
fiscalité puisque les entreprises qui n’emploient pas un certain quota d’handicapés doivent verser
une somme compensatoire à l’Etat11.

8
[En ligne]. http://www.melchior.fr/Politique-budgetaire.3932.0.html
9
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.10.
10
Généreux. J, l’économie politique, Larousse Bordas, 1996.
11
Cours de la politique économique : enjeux, objectifs, instruments, professeur : M’HAMDI. M, 2011/2012, p.27

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

 La fonction de stabilisation : correspond à deux objectifs de l'État dans la régulation de


l'économie : le plein emploi des facteurs de production (et en particulier du travail) et la
stabilité des prix. La façon dont Richard Musgrave définit les contours de cette fonction
est conforme à la vision keynésienne alors dominante : il s'agit de stimuler ou, au
contraire, de freiner la demande globale selon que le problème dominant est le chômage
ou l'inflation12.

Dans cette optique, l’Etat doit assurer une croissance économique dans le respect des grands
équilibres (plein emploi, équilibre extérieur et stabilité des prix). Cela suppose la mise en place
de politiques conjoncturelles via la monnaie et le budget.

Cependant, la fonction de stabilisation est nettement différente de celle de deux autres


fonctions car, Son problème n'est pas de répartir des ressources entre besoins collectifs et privés,
ou entre différents besoins privés. Il est plutôt de maintenir un haut niveau d'utilisation des
ressources et la stabilité monétaire. Bien que ce soit le dernier de nos trois services traitant de
politique budgétaire, le service stabilisation a été sous les feux de la rampe au cours des vingt
dernières années. Le problème du financement compensatoire a d'abord été posé par la
dépression des années 30, puis remodelé par la pression inflationniste pendant la guerre et les
années qui ont suivi.

Paragraphe 1: politique budgétaire : les outils d’agir

Le rôle de la politique budgétaire est d’exercer sur l’économie tantôt un effet stimulant tantôt
un effet restrictif en vue d’assurer une expansion sans inflation. Cette action peut être
appréhendée par le biais du solde budgétaire effectif et des soldes budgétaires théoriques13.

A : Solde budgétaire effectif

La définition et la mesure des soldes effectifs différents selon les systèmes de


comptabilisation des opérations budgétaires. On relève ainsi les soldes en terme de lois de
finance selon les principes de la comptabilité publique et les soldes en terme de besoin de
financement selon les principes de la comptabilité nationale.

I : Les soldes budgétaires selon les principes de la comptabilité publique

Les résultats fournis par la comptabilité publique peuvent être classés en distinguant les soldes
des lois de finance et le solde de gestion.

12
Généreux. J, L’économie politique, Larousse, 1996
13
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude de leur efficacité relative au Maroc, Thèse de
Doctorat, sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, P. 15

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

I-1 : Les soldes des lois de finances

Dans le cadre de la loi de finances de l’année et des éventuelles lois de finances rectificatives,
le parlement autorise et approuve annuellement les recettes et les dépenses et par conséquent le
solde. Ce dernier, qui n’est qu’un solde prévu diffère généralement du solde d’exécution des
recettes et des dépenses prévues par le budget en question.

A coté de ces deux soldes, de nature globale, il existe une série de soldes budgétaires partiels
que l’on essaiera de relever.

a) le solde en termes de loi de finances prévisionnelles ou solde budgétaire prévu

D’après l’article 2 du dahir portant loi organique des finances, la loi de finances de l’année14
˝prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des charges de
l’Etat˝. A partir de cette loi de finances on détermine le solde budgétaire prévu correspondant à
la différence entre les ressources prévues et les dépenses prévues.

Dans la mesure où une différence peut exister entre le résultat de l’exécution des recettes et
des dépenses prévues et le solde budgétaire prévu, ce dernier ne peut constituer l’indicateur de
référence permettent d’apprécier les effets de l’action de l’Etat par les biais de la politique
budgétaire. D’où la nécessité de faire appel au solde budgétaire.

b) le solde en terme de loi de règlement ou solde d’exécution budgétaire

La loi de règlement, qui constate les résultats financiers de chaque année civile en approuvant
les différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances de l’année , complétée, le
cas échéant, par des lois de finances rectificatives , fait apparaitre le solde d’exécution
budgétaire.

La différence entre le solde d’exécution budgétaire et le solde prévu peut être due à plusieurs
facteurs dont notamment :

 les lois de finances rectificatives qui donnent lieu à des aménagements des prévisions
initiales en vue de les adapter à des nouvelles orientations du gouvernement et à
l’évolution de la conjoncture15.

 l’impossibilité de prévoir avec précision le montant des recettes fiscales et non fiscales
ainsi que leur date de réalisation.

14
Un budget comprend à la fois la loi de finances de l’année et les lois de finances rectificatives qui l’ont
éventuellement modifiée en cours d’année.
15
Euzérby. A et Herschtel. M.L, Finances publiques, une approche économique, Dunod, Paris, 1999,p. 176

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Le solde de l’exécution budgétaire est qualifié de solde effectif dans la mesure où il est égale
à la différence entre le montant définitif de l’encaissement de recettes et celui des
ordonnancements de dépenses relatifs à une même année, sachant que :
 Les recettes sont rattachés à l’année d’exécution de la de finances qui les a autorisées
quelle que soit la date de leur perception.
 Les dépenses concernent l’année d’exécution de la loi de finances qui les a autorisées
quelle que soit la date de leur engagement16.

C’est pour cette raison que le solde d’exécution budgétaire est appelé aussi solde en exercice
car il concerne les opérations rattachées à l’année d’exécution de la loi de finances qui les a
autorisées quelle que soit la date de leur réalisation.

En France, le solde d’exécution budgétaire est publié dans l’une de ses versions particulières
à savoir :

 Le solde d’exécution budgétaire globale


 Le solde budgétaire hors FMI (Fonds Monétaire International)
 Le solde d’exécution budgétaire hors F.S.C (Fonds de Stabilisation des Changes).

La publication de solde d’exécution budgétaire corrigé en excluant les opérations avec le


F.M.I est justifiée par le fait que les dites opérations correspondent à des dépenses et des recettes
qui sont sans effet sur la liquidité du Trésor public. Par contre, la soustraction des opérations
avec F.S.C vise à ne pas faire avantager (ou désavantager) le gouvernement en place par les
bénéfices ou les pertes de change. Ces derniers ne dépendent pas de la gestion budgétaire mais
plutôt des fluctuations de la valeur de la monnaie.

L’analyse de l’évolution des soldes budgétaires de l’Etat laissent apparaitre d’importants


écarts entre le solde prévu et le solde de l’exécution budgétaire. Ces écarts entre prévisions et
réalisations sont liées à l’évolution de la conjoncture (ralentissement ou expansion de l’activité
économique) et/ ou à une révision des choix budgétaires de l’Etat (dans le sens expansionniste ou
dans le sens restrictif).

L’évaluation de l’incidence de la politique budgétaire, se basant sur le solde prévu et plus


particulièrement sur le solde d’exécution de la loi de finances, peut, par ailleurs, être complétée
par le recours à un ensemble de soldes budgétaires partiels significatifs.

c) les soldes budgétaires partiels

Soulignant au départ que pour dégager ces soldes, on distingue entre les opérations à caractère
définitif et les opérations à caractère temporaire. Pour séparer entre ces deux types d’opérations,
on utilise le terme ligne .

16
Berthier. J. F, Comment l’Etat tient ses comptes, Dunod, Paris, 1999,p. 163

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

En effet, chaque loi de finances se compose de deux soldes :


 Le solde des opérations à caractère définitif, appelé aussi "solde au-dessus de la ligne". Il
correspond à la différence entre les recettes définitives et les dépenses définitifs. On parle
de déficit lorsque ce solde est négatif c'est-à-dire que les recettes définitives ne
parviennent pas à assurer la couverture des dépenses à caractère définitif.
 Le solde des opérations à caractère temporaire, appelé aussi "solde au dessous de la
ligne". il correspond à la différence entre les ressources à caractère temporaire et les
dépenses temporaire.

Le solde des opérations à caractère définitif, ajouté au solde des opérations à caractère
temporaire constitue le solde général de la loi de finances. Lorsque ce solde est négatif, on parle
"d’impasse budgétaire" dans la mesure où la mise en œuvre de son financement revenait à parier
sur la faculté du Trésor de ressembler les ressources nécessaires à l’aide de son propre circuit de
liquidités.

Provenant de la pratique budgétaire française, le terme "d’impasse budgétaire" sera remplacé par
celui de "découvert budgétaire", terme qualifié de noble selon J.M.Cotteret et C.Eméri17.

Hormis ces soldes budgétaires partiels, d’autres encore plus significatifs peuvent être relevés.

I-2 : les soldes budgétaires de gestion

L’adoption du système de l’exercice pour calculer le solde d’exécution budgétaire présente


l’avantage de permettre de connaitre au mieux la situation financière de l’Etat pour une année18.

Or, l’analyse des effets des opérations budgétaires, et donc de leur solde, sur les grandeurs
macro-économiques (production, consommation, investissement…), doit se référer à la période
de réalisation effective de ces opérations. D’où la nécessité d’adopter le système de la gestion
selon lequel les opérations budgétaires (les recettes et les dépenses) sont rattachées à l’année
budgétaire au cours de laquelle elles ont été réalisées (perçues ou payés). Le solde budgétaire qui
en découle, appelé solde budgétaire de gestion, diffère du solde en exercice.

En effet, se ce dernier ne prend en considération que les opérations se référant au budget


courant quelle que soit le gestion en cause, le solde budgétaire de gestion intègre, suivant la
période de l’année , les opérations budgétaires qui concernent deux, voire trois budgets
successifs : budget courant, budget antérieur et budget prochain.

Ainsi, le solde en gestion est égal à la somme :

17
Cotteret. J. M, et Eméri. C, le budget de l’Etat, op, cit, p. 36
18
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p. 18

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n-1" (période complémentaire) ;
- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n" (gestion courante)
- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n+1" (opérations réalisées par anticipation).

Il apparait ainsi que l’optique de financement ne retient que les encaissements et les
décaissements ayant lieu au cours de l’année quel que soit l’exercice budgétaire qui les a
autorisés, et permet, par conséquent de rendre compte du solde à financer. Lorsqu’il est négatif,
ce dernier indique le déficit réel pour le financement duquel le Trésor dans la cadre de sa
stratégie monétaire et financière a effectivement réuni les moyens nécessaires19.

Cependant, l’évolution du solde à financer dépend de la délimitation du budget de l’Etat,


laquelle délimitation résulte de la conception que chaque pays a du secteur public20. Autrement
dit, il s’agit de préciser les composantes du secteur public prises en considération dans le calcul
de cette grandeur.

II : Les soldes budgétaires selon les principes de la comptabilité nationale

Le calcul et la définition d’un solde global consolidé des administrations publiques, sur la
base des concepts de la comptabilité nationale, présente au moins deux avantages :

- Disposer des donnés homogènes, et par conséquent ;


- Opérer une comparaison à l’échelle internationale.

Au sens de la comptabilité nationale, les administrations publiques constituent un secteur


institutionnel composé de trois sous- secteurs21 :

- L’administration centrale
- Les administrations locales
- Les administrations de la sécurité sociale

Le solde consolidé des administrations publiques, qui est obtenu en ajoutant au solde
consolidé de l’Etat les soldes des autres administrations, s’exprime en terme de capacité ou de
besoin de financement des administrations publiques.

Ce solde est l’indicateur de la situation budgétaire d’un pays communément utilisé par le
Secrétariat de l’OCDE22. Car il s’applique à tous les niveaux d’administrations.

19
Aubry. A, Auzon. M, Coudrat. C, Michel. P et Renversez. F ‘’les soldes à financer’’, in P. Llau et F. Renversez,
stratégies de financement des soldes budgétaires. Une comparaison internationale, Economica, Paris, 1989, p.42
20
Boussetta. M, Financement public et soldes budgétaires : le cas du Maroc, Thèse d’Etat, Rabat, 1992, p.47
21
Voir à ce propos : S.Chbaatou, L.Hanane et R.Sbihi, ‘’comptabilité nationale, système marocain’’, cours
polycopié, 1982.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Les soldes budgétaires effectifs (tels qu’ils sont calculés selon les principes de comptabilité
publique ou selon les principes de la comptabilité nationale) sont utilisés comme indicateurs pour
analyser l’influence macro-économique de la politique budgétaire. Cependant, ils ne peuvent
servir d’indicateurs corrects de l’impact de la politique budgétaire et ce en raison de deux
facteurs essentiels :

- Ils accordent la même importance aux variations des dépenses publiques et aux variations
des recettes fiscales. Or, la valeur de multiplicateur simple est supérieure à celle du
multiplicateur fiscal.
- Ils contiennent aussi bien une part résultant des actions délibérées de l’Etat qu’une autre due
aux effets de la conjoncture.

Dés lors, le calcul des soldes théoriques consistant à partager le solde budgétaire en une
composante délibérée et une composante conjoncturelle s’avère utile pour l’analyse.

B : les soldes théoriques

Il existe des relations complexes entre le budget et l’activité économique23, de ce fait, le solde
budgétaire effectif reflète à la fois l’influence de l’économie sur le budget par l’intermédiaire des
effets des stabilisations automatiques et les inflexions éventuelles dans la volonté consciente
d’action des pouvoirs publics24.

Donc, pour apprécier l’effet plus ou moins expansionniste d’une politique budgétaire active, il
faut distinguer, au sein du solde (déficit) budgétaire, entre la partie créée délibérément et la partie
résultant du jeu des stabilisateurs automatiques.

Pour ce faire, l’OCDE. A commencé à calculer depuis des années 80 des soldes théoriques
(structurels) qui ne sont que le prolongement du concept américain de solde de plein emploi.

I : Le solde de plein emploi

Afin d’éliminer l’influence de l’économie sur le budget (effet de stabilisateur automatique),


les économistes américains ont vu nécessaire, et ce depuis le début des années 60, de calculer le
solde de plein emploi appelé aussi solde de haut niveau d’emploi25.

22
Perspectives économiques de l’OCDE, n°52, décembre 1992.
23
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p.20
24
De Boissieu. C, principes de politique économique,, Economica, 1980, p. 383
25
A propos de ces deux concepts, voir en particulier :
-J.M.Weydert, ‘’les motivations conjoncturelles de la politique fiscale américaine’’, colloque Université-
Administration, statistiques et Etudes Financières, Avril 1968
-P.Pascallon, ‘’la nouvelle politique économique américaine’’, Revue de Science Financière, première partie
(janvier 1970) et deuxième partie (juillet-septembre1970).

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Pour l’estimation de ce solde il faut au préalable :

 Evaluer le PNB de plein emploi permettant de calculer les recettes budgétaires de plein
emploi ;
 Connaitre les relations qui existent entre le budget et l’activité économique ;
 Préciser la notion de plein emploi ; ce dernier peut être défini comme étant une situation
caractérisée par un certain taux d’utilisation de la capacité de production considéré
comme valeur-plafond.

Ceci étant, le solde budgétaire de plein emploi s’écrit alors : S.B.P.E = T (Y*) – G (Y*)

Avec :
Y* : le PNB de plein emploi ou PNB potentiel ;
T (Y*) : la fonction de taxation pour Y = Y* ;
G (Y*) : la fonction de dépenses publiques pour Y = Y*

Partant de fait que le niveau des dépenses publiques de plein emploi est à peu près le même
que celui de dépenses effectives, le solde budgétaire de plein emploi ne peut être que supérieur
ou égal au solde effectif, en raison de la croissance automatique des recettes de plein emploi due
à la croissance du PNB potentiel26.

Les relations existant entre le budget de la conjoncture, dont la connaissance est nécessaire
pour évaluer le solde budgétaire de plein emploi, ont été représentées graphiquement de la
manière suivante :

Figure1 : Compensation de trois fonctions hypothétiques de relation entre le solde budgétaire


effectif et le niveau du PIB.

26
Heller. W. W, New dimension of political economy , Harvard University Press 1996,p.181

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Les droits AA, BB et CC représentent des relations linéaires entre le solde budgétaire effectif
et le niveau du PNB, abstraction faite de l’inflation. La position et la pente de ces droites
dépendent de la variation automatique ou discrétionnaire des dépenses publiques et des recettes
fiscales.

En l’absence de mesures prises par les pouvoirs publics en matière budgétaire, le solde
budgétaire va évoluer tout au long de la droite AA en passant d’une situation de déficit à une
autre d’excédent budgétaire. Cette variation est, dans ce cas, due à l’effet de stabilisation
automatique. Ce dernier devient nul au niveau de plein emploi (Y*) qui est considéré comme
situation de référence.

Cependant, toute variation discrétionnaire des recettes fiscales et des dépenses publiques
entrainera un déplacement de cette droite. Si, par exemple, l’Etat décide de diminuer les
dépenses publiques et d’augmenter les impôts, on passera d’AA à BB. De même, si l’Etat opte
pour une structure fiscale plus progressive, on passera d’AA à CC. Les segments ab et ac
mesurent, au niveau hypothétique du PIB supposé correspondre au plein emploi (stabilisation
automatique nulle), l’impact sur le solde de la seule action budgétaire discrétionnaire (ici dans le
sens restrictif).

A tout autre niveau d’activité, la mesure des effets des changements intervenus contient des
éléments endogènes ou de stabilisation automatique27.

Le solde de plein emploi, dont la publication sera interrompue en 1981, fera l’objet d’un
prolongement dans les travaux de l’OCDE.

II : Le solde corrigé des effets de la conjoncture

Optant pour une méthode proche de celle permettent de calculer le solde budgétaire de plein
emploi, l’OCDE a commencé, vers le début des années 80, à publier des soldes théoriques
appelés aussi soldes corrigés des influences conjoncturelles ou soldes structurels28.

Le solde( déficit) structurel est la part de solde( déficit) global résultant des actions délibérées
des pouvoirs publics, considérées comme structurelles, et non pas des variations de l’activité
économique, qualifiées de conjoncturelles. Autrement dit, il s’agit de la part du déficit total qui
n’est pas subie mais au contraire voulue et ne saurait donc disparaitre qu’à la suite d’une action
"délibérée" des secteurs publics.

Cependant, la détermination du solde structurel, qui n’est rien d’autre que la différence entre
le solde budgétaire effectif et le solde budgétaire conjoncturel, exige au préalable :

- La fixation d’un budget de référence ;


27
Auzéby. A, et Herschtel. M. L, Finances publiques, une approche économique, op.cit., p.154
28
EL Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p.22

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

- L’estimation d’un produit de référence ;


- La correction des postes budgétaires (recettes et dépenses) des influences de la conjoncture.
Pour ce qui de choix de budget de référence, on se base généralement sur le budget des douze
mois précédents. Toutefois, l’année de base peut être celle pendant laquelle il y a eu réalisation
d’un équilibre économique global’’ identifiable de façon suffisamment nette, à savoir sans
tensions inflationnistes ni sous- emploi notables.

Quant au produit de référence, il s’agit de la production potentielle. Celle-ci correspond à la


courbe des sommets (pics) successifs du PIB/PNB qui sont caractérisés par ‘’un taux
d’utilisation des capacités assurant une expansion naturelle de l’économie (c'est-à-dire le niveau
de production compatible avec des prix et des anticipations de prix stables et avec un solde
extérieur soutenable. Pour calculer le solde structurel, l’OCDE se réfère à la croissance
tendancielle de la production potentielle déterminée à partir du taux de croissance entre deux
sommets successifs.

Enfin, s’agissant de la correction des postes budgétaires des influences de la conjoncture,


plusieurs techniques peuvent être utilisées. La démarche de l’OCDE consiste en ‘’une simulation
des recettes et des dépenses qui auraient été enregistrées si le PIB/PNB avait progressé à son
taux tendanciel.

Par ailleurs, et dans le cadre du calcul des soldes structurels, l’OCDE estime aussi les
variations des soldes effectifs qu’elle partage en deux parties :

- Les variations de la composante conjoncturelle occasionnée par l’action "contra-cyclique"


du budget ou action des stabilisateurs automatiques, il s’agit, donc, de la part de la variation
subie ;
- Les variations de la composante structurelle qui résulte de l’action délibérée des pouvoirs
publics, il s’agit, donc ; de la part de la variation voulue.

Ces variations peuvent s’écrire :

S1 – S0 = (t (T0 / Y0) – g (G0/Y0)) dY0 +ΔT- ΔG : part due à l’action délibérée

+ m (e- d) Y0 : part due aux stabilisateurs automatiques


Avec :

S1 et S0 : Les soldes budgétaires effectifs respectivement de la période 1 et de la période 0 ;

t(T0 / Y0) dY0 : l’élasticité des impôts par apport à la croissance tendancielle ;

g(G/Y) d Y : l’élasticité des dépenses par apport à la croissance tendancielle du PIB/PNB. (d)

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ΔT et ΔG : les variations respectives du rendement des impôts et des dépenses dues aux
modifications délibérées de la politique budgétaire dans la période 1 ;

m(e- d) Y0 : le taux marginal des impôts et des cotisations sociales nettes des prestations
sociales(m) en fonction de la différence entre la croissance effective (e) et celle tendancielle (d)
de la production.

Le solde structurel, tel que calculé par l’OCDE, constitue ‘’ un indicateur de l’action
délibérée des pouvoirs publics, en ce sens qu’il considère les variations du déficit budgétaire
comme une cause et non comme un effet des fluctuations de l’activité économique. De ce fait, il
peut nous renseigner sur l’orientation restrictive ou expansionniste de la politique budgétaire. En
effet, un solde structurel est le signe d’une impulsion expansionniste sur la demande29.

Paragraphe 2 : L’efficacité de la politique budgétaire: controverses théoriques

Nous allons à présent nous intéresser à l’efficacité de la politique budgétaire. Plaçons nous
dans l’hypothèse que les pays sont dans la capacité d’obtenir des prêts, et posons-nous la
question suivante : la politique budgétaire est-elle généralement efficace, ou faut-il l’éviter parce
qu’elle augmente les pressions inflationnistes et provoque l’éviction des investisseurs privés?30

A : L’analyse keynésienne

L’un des grands principes macroéconomiques est que la politique budgétaire peut servir à
stimuler la demande globale et à relancer une économie stagnante. En effet, en augmentant les
dépenses publiques (ou les réductions d’impôts) cela va conduire à une augmentation de PIB, qui
représente un multiple31 des dépenses d’origine. La plupart des fonds payés par le Gouvernement
sont dépensés à nouveau, et plus les sommes rédépensés sont importantes, plus grand en est
l’effet multiplicateur. Si les taux de l’épargne sont faibles, comme ils le sont souvent dans les
pays très pauvres, la proportion des fonds affectés à la consommation sera considérable, l’effet
multiplicateur sera alors très élevé et les dépenses publiques particulièrement efficaces. Cette
conception keynésienne de l’activisme contra-cyclique est bien enseignée dans les ouvrages
d’initiation en économie. L’explication du rôle expansionniste de la politique budgétaire
s’appuie généralement sur modèle IS-LM qui ressort clairement l’effet multiplicateur suscité par
une augmentation des dépenses publiques ou une baisse des impôts. Sous ce schéma keynésien
s’opposent deux modes d’intervention de l’Etat pour réguler l’activité économique. Ceux-ci
passent par des mesures discrétionnaires ou par la mise sur pied de stabilisateurs automatiques32.

29
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p. 23
30
Spiegel. S, politique macro économique et politique de croissance, New York, 2007, p.
31
Dans le modèle macroéconomique le plus simple, où l'épargne est la seule « fuite » possible au niveau de la
demande globale (par ex., le revenu supplémentaire d’un individu ou d’un ménage qui n’est pas dépensé), l’effet
multiplicateur est de 1/s, où s est le taux d’épargne. Plus généralement, toutes les fuites doivent être incluses : non
seulement l'épargne privée mais également les impôts et les importations.
32
Diane. F et Fall. A, (Direction de la prévision et des études économiques, Quelle a été la contribution de la
politique budgétaire à la croissance économique Du Sénégal, novembre 2007, P. 9

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

I : Le stabilisateur budgétaire automatique

Les recettes et les dépenses publiques exercent spontanément une action contra-cyclique sur
l’activité économique, c'est-à-dire d’atténuation des aléas de la conjoncture économique33.

En effet, si une grande partie des dépenses publiques sont indépendantes des variations à
courte terme de l’activité économique, certains d’entre elles sont, en revanche, mécaniquement
liées à la conjoncture. C’est notamment le cas des dépendes d’indemnisation du chômage ou des
prestations sociales versées sous condition des ressources, qui augmentent quand l’activité
économique se dégrade. On considère ainsi que l’élasticité des dépenses publiques à la
conjoncture est comprise entre 0,1 et 0,3, autrement dit, les dépenses publiques ont tendance à
augmenter spontanément de 0,1 à 0,3 point lorsque la croissance ralentit d’un point.

Lorsque l’activité économique ralentit, les dépenses publiques ont tendance à s’accélérer
tandis que les entrées en recettes ralentissent mécaniquement, ce qui provoque une détérioration
du solde budgétaire. La détérioration de l’activité économique engendre alors un transfert de
revenus des administrations publiques vers les ménages et les entreprises, ce qui atténue
mécaniquement l’effet de ralentissement économique sur les revenus de ces derniers.

A l’inverse, en période de forte expansion économique, les prélèvements fiscaux et sociaux


augmentent mécaniquement, tandis que les dépenses publiques diminuent, ce qui a tendance à
freiner la croissance de la demande intérieure.

Par conséquent, les recettes et les dépenses publiques fonctionnent comme des
« stabilisateurs automatiques » puisqu’elles amortissent les variations conjoncturelles de
l’activité économique. Cependant, ce mécanisme de stabilisation automatique ne fonctionne
pleinement que si les ménages et les entreprises ne modifient pas leur comportement de
consommation, et se les taux d’intérêt ne sont pas affectés par la croissance de la dépense
publique en période de récession.

II : La politique budgétaire volontariste

En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, les Gouvernements peuvent être


tentés de mener une politique budgétaire volontariste. Une telle politique consiste à soutenir
l’activité économique à court terme, en faisant jouer le «multiplicateur keynésien » ; c’est un
mécanisme macroéconomique mis en exergue par Keynes, qui permet de compenser la faiblesse
des dépenses publiques.

En effet, une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui
sont pour partie consommés, pour partie épargnés, et pour partie récupérés par les
administrations publiques sous la forme d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de ces

33
Cours de politique Economique de M. El Hiri, professeur à la FSJES-FES, Année universitaire 2015-2016

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

revenus supplémentaires qui est consommée vienne nourrir la demande intérieure adressée aux
entreprises.ces dernières peuvent dés lors augmenter leurs investissements, leurs emplois, et
distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroit de dépenses publiques provoque par
conséquent un effet cumulatif (un effet multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité
économique que les revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de
consommation s’adresse principalement aux entreprises nationales34.

Les Gouvernements peuvent aussi soutenir l’activité économique en réduisant les charges
fiscales et donc en augmentant le revenu des personnes privées. Cette politique stimule l’activité
économique, mais dans une moindre proportion que la dépense publique, car une partie de ce
revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par les ménages et les entreprises.

B : Le multiplicateur keynésien en économie fermé

I : Le multiplicateur des dépenses publiques

On partant de l’équation selon laquelle : PIB = C + I + G avec :

C : la consommation privée
I : investissement privé
G : dépenses publiques de consommation (cout de fonctionnement des administrations et
services publiques) et d’investissement (équipement et travaux publics)

La consommation varie directement en fonction de PIB (qui est identique au niveau national en
économie fermé)35 :
C = c. PIB

En remplaçant C par c.PIB dans la première équation, on obtient :

PIB = c.PIB + I + G

On soustrait ensuite c.PIB des deux cotés de l’égalité, ce qui donne :

PIB – c.PIB = I + G ou encore : PIB (1- c) = I + G

Et en divisant les deux cotés par (1 - c) on a : PIB = 1 / (1- c). (I – G)

Donc quand les dépenses publiques varient d’un montant quelconque ΔG, la variation du PIB est
égale à :
ΔPIB = 1/ (1- c). ΔG

34
Cours de politiques économiques, M.EL HIRI, professeur fsjes-Fès, année universitaire 2015-2016. P. 14
35
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.35

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

L’effet initial sur le PIB est égal à ΔG (montant de la production supplémentaire de services
publiques ou d’investissements publics). Mais l’effet total sur le PIB (ΔPIB) est égal à l’effet
initial multiplié par le coefficient (1/ (1 – c)) : ce coefficient est le multiplicateur keynésien.

II : Le multiplicateur des transferts et des impôts

Dans le cas d’une augmentation des dépenses publiques, l’effet initial sur le PIB est égal à la
valeur des dépenses publiques supplémentaires parce qu’elles constituent directement une
production supplémentaire (effet initial = ΔG). En revanche, si le gouvernement choisit de
relancer la demande par une hausse des transferts ou une baisse des impôts, l’effet initial est plus
faible parce que ces mesures n’ont pas d’effet direct sur le PIB : elles augmentent le revenu
disponible mais seule une fraction de ce revenu supplémentaire sera consommée et aura donc un
effet sur le PIB. L’effet initial égal à la variation des transferts ou des impôts multipliée par la
propension à consommer.

 Le multiplicateur des transferts publics


L’effet initial sur le PIB est : c.ΔF. L’effet multiplicateur total est donc : ΔPIB = 1/ (1- c). c.ΔF.
Ce qui donne : ΔPIB = c/ (1- c) .c. ΔF.

 Le multiplicateur des impôts

Les impôts comme les transferts modifient le revenu disponible. Le multiplicateur des impôts
a donc la même valeur absolue que celui des transferts mais un signe inverse : l’effet initial
d’une hausse des impôts est une baisse du PIB égale à : c.ΔT.

Et le multiplicateur des impôts est donc : ΔPIB = c / (1- c). c. ΔT

III : Modèle IS-LM : Présentation élémentaire

Proposé par John Hicks (1937) et Alvin Hansen (1938) d’où son autre nom de modèle Hicks-
Hansen36, le modèle IS-LM est avant tout une extension de la « théorie générale de l’emploi, de
la monnaie et de l’intérêt »37 publiée par Keynes en 1936 sous forme d’un modèle
macroéconomique qui raisonne en terme d’agrégats nationaux, comportant deux marchés:
l’équilibre du marché des biens et services exprimé par la courbe IS (investment-saving) et celui
de la monnaie par la courbe LM (liquidity-money)38.

Différent du modèle d’équilibre général classique caractérisé par le principe de dichotomie


entre sphère réelle et monétaire, le modèle IS-LM a instauré une relation d’interdépendance entre

36
D’Arvinenet. P, politique 2conomique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, P 36
37
Abbes. A, efficacité et limites de la politique économique et conjoncture dans un modèle de type « MUNDELL-
FLEMING » étude économétrique sur l’ALGERIE, Thèse de Doctorat en finance, Université ABOU BEKR
BEMKAID/TLEMCEN, faculté des sciences économiques et de gestion, 2014-2015, p. 58
38
De Bornier. J. M, Les modèles macroéconomiques, Document de travail, Université Paul Cézanne, AixMarseille
III, 2002, p 12.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

les deux sphères tout en donnant une grande importance à l’interventionnisme de l’Etat dans la
régulation de l’économie par la mise en œuvre des politiques économiques.

Le modèle est fondé sur les postulats suivants39 :

 L’économie est fermée (aucun échange avec l’extérieur).


 On raisonne à court terme d’où la rigidité des prix (absence d’inflation).
 La monnaie n’est pas neutre et retrouve en plus de sa fonction de transaction d’autres
fonctions de précaution et de spéculation.
 Les entreprises établissent leur offre de biens et par la suite leur demande de travail en
répondant à la demande globale des biens qui s’adresse à elles (principe de demande
effective).

En vertu de la loi psychologique de Keynes, les agents ne consomment pas la totalité de leurs
revenus disponibles. La propension marginale à consommer est donc strictement inférieure à 1.
La fonction de consommation contient également une composante autonome. Il s’agit d’un
niveau de consommation incompressible qui représente un minimum vital pour chaque agent.
L’équation suivante satisfait ses propriétés :

Où C et Y représentent respectivement la consommation et le revenu disponible des ménages


(net d’impôts), a est la propension marginale à consommer (strictement comprise entre 0 et 1), et
b est la consommation autonome (strictement positive).

L'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt :

La demande de monnaie est positivement liée à la production et négativement liée au taux


d’intérêt :

Où γ et μ sont des paramètres positifs. Le premier terme représente le motif de transaction


tandis que le second terme regroupe les motifs de précaution et de spéculation.

L’offre de monnaie, M, et les dépenses publiques, G, sont fixées d’une façon exogène
respectivement par les autorités monétaires et budgétaires40.

L’équilibre de marché des biens est réalisé sur la courbe IS définie comme le lieu des
combinaisons de revenu (Y) et de taux d’intérêt (i) assurant l’équilibre épargne et
investissement. Se pente est négative : une hausse du taux d’intérêt entraine une diminution de
39
Razafindrabe. T, Introduction au modèle IS-LM, Document de travail, Université paris ouest Nanterre La
Défense, 2011, p 08.
40
Ben Mim. S, l’efficacité de la politique économique : le rôle du marché du travail et des marchés financiers, Thèse
de Doctorat en sciences économiques, Université Paris XII VAL DE MARNE, UFR de sciences économiques et de
gestion, 2004, p.25

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

l’investissement laquelle diminue le revenu par le mécanisme du multiplicateur. La pente est


d’autant plus forte (IS verticale) que les dépenses sont moins sensibles aux mouvements de taux
d’intérêt .Une politique budgétaire expansionniste se traduit par un déplacement de IS vers la
droite : à taux d’intérêt donné, le revenu est accru par le jeu du multiplicateur des dépenses (ou
des recettes) publiques.

La courbe LM est le lieu de combinaison (Y, i) qui assurent l’équilibre du marché de la


monnaie.se pente est croissante : une hausse de revenu entrain une augmentation de la demande
de monnaie de transaction, ce qui, à offre de monnaie donné, provoque une hausse de taux
d’intérêt. Une augmentation exogène de l’offre de la monnaie se traduit par un déplacement de
LM vers la droite. Le niveau de taux d’intérêt diminue, ce qui stimule la demande surtout si
celle-ci est sensible au taux d’intérêt41.

La pente de LM dépend des sensibilités de la demande de monnaie au revenu et au taux


d’intérêt ; elle est d’autant plus forte que le revenu est plus élevé et le taux d’intérêt est plus bas.

Figure2: Le schéma IS-LM

Source : D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p 37

L’équilibre E est donné par le point d’intersection d’IS et LM. Il est à la fois l’équilibre du
marché des biens et celui du marché de la monnaie. Rien n’assure qu’il s’agisse d’un équilibre de
plein emploi. Dans une situation de sous-emploi, la politique macroéconomique doit être utilisée
pour stimuler la demande globale ou, au contraire, la freiner en cas de tensions inflationnistes.
Une stimulation budgétaire fait glisser IS vers la droite (d’IS0 à IS1), le supplément de revenu lié
au jeu du multiplicateur standard serait Y2 –Y0. Le retour monétaire limite l’expansion du
revenu à Y1- Y0. Le freinage monétaire peut être éliminé par une politique d’expansion
monétaire (glissement de LM0 à LM1).

Dans le cas où la politique budgétaire est expansive (IS0 IS1) avec une politique monétaire
restrictive (LM0 LM2), le taux d’intérêt augmente à la fois en raison de régulation monétaire
et de l’incidence de la politique budgétaire. Dans le cas contraire, où la politique budgétaire est
restrictive et la politique monétaire accommodante, les taux d’intérêt baissent.

41
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p 37

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Dans ce cas comme dans l’autre, l’impact sur le revenu lié à des forces de sens contraire est
indéterminé42.

La présentation IS-LM standard retenue ici repose sur des hypothèses restrictives (stabilité des
niveaux général des prix, absence d’anticipations, de délai…). L’introduction d’éléments de
dynamique est de nature à rendre l’analyse nettement plus complexe. Pour ne prendre qu’un
exemple, une politique monétaire restrictive aura pour effet de faire « sauter » immédiatement le
niveau de taux d’intérêt d’i0 à i2. Ceux-ci baisseront ensuite le long de LM avec le ralentissement
consécutif de l’activité pour revenir en i1, l’équilibre se situera alors au point C.

On peut résumer ainsi l’enchainement des effets d’une politique budgétaire expansionniste, en
indiquant au dessous si l’effet doit être fort ou faible pour que la politique soit efficace43.

Effet
Politique multiplicateur Hausse de la demande(L1) Hausse de (i) Baisse de (I)
Sur Y
-------------- --------------- ------------ -------------
Fort Faible Faible Faible

C : Le modèle IS-LM- BP de Mundell-Fleming

Le modèle Mundell- Fleming (Robert Mundell, Marcus Fleming, début des années 1960) est
l’extension du modèle IS-LM en économie fermé44.

Il partage avec lui la fixité des prix (hypothèse qui en réalité correspond surtout à dire que
l’ajustement des prix des actifs financiers est plus rapide que celui des biens et services, qui
peuvent donc être considérés comme fixes à courte terme).

Les conséquences de la politique économique, dans ce modèle, dépendent étroitement du


régime de change en vigueur et du degré de mobilité des capitaux. Il convient à cet égard de
distinguer entre régime de taux de change fixe et régime de taux de change flexible et de tenir
compte de l’existence éventuelle de restrictions aux libres mouvements des capitaux (contrôle
des opérations de change). L’analyse de la politique budgétaire en économie ouverte conduit à
prendre en considération la balance des opérations courantes, qu’on assimilera ici à la balance
commerciale (BC) et à la balance des capitaux (BK).

42
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 45
43
Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p.81
44
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 46

Master : Banques et Marchés Financiers Page 26


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

L’analyse des mouvements de la demande globale est modifiée quand on intègre les flux
d’échange avec l’étranger et la liaison entre taux d’intérêt domestique, taux d’intérêt étranger
(i*) et taux de change à l’incertain (e).

L’équilibre emplois-ressources s’écrit, compte tenu des importations (IM) et des exportations
(X) en volume : Y = C + I + G + X – IM

Les importations sont liées au revenu Y et à la compétitivité mesurée par le rapport des prix
domestiques (p) aux prix étrangers (p*) valorisés en monnaie commune par le taux de change.

IM = imY – n.er avec er = p* e / p, n positif, (im) propension à importer (positive). De la


même manière, les exportations dépendent du revenu étranger (y*) et de la compétitivité prix.

X = j Y* + λ er, avec j et λ coefficients positifs.

La pente d’IS en économie ouverte est plus forte qu’en économie fermée en raison de la fuite due
à l’importation.

Où A désigne les éléments de nature exogène (G, T ...).

La courbe LM est affecté par la prise en compte des réserves de change (R). Celles-ci s’ajoutent
à l’offre de monnaie, et l’équilibre du marché de la monnaie s’écrit :

M0 + R = mY – l1 + L0
D’où pour LM:

Sa pente est la même qu’en économie fermée, sa position dépend de R. en régime de change
fixe, une entrée (sortie) de capitaux donne lieu à une hausse (baisse) des réserves puisque le taux
de change doit rester stable. Une hausse (baisse) de R se traduit par un glissement de LM vers la
droite (gauche). En régime de taux de change flottant, au contraire, LM est stable, les réserves
sont stables, n’étant pas affectés par les entrées ou les sorties de capitaux45.

45
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.46

Master : Banques et Marchés Financiers Page 27


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

La courbe BP est le lieu de points de coordonnés (Y, i) qui assure l’équilibre de la balance des
paiements (BP).

La balance de capitaux (simplifiée) dépend de l’écart entre, d’une part, le taux d’intérêt
domestique et, d’autre part, le taux d’intérêt étranger augmenté de l’évolution anticipée du taux
de change (ê).

A l’équilibre, on a : i = i* + ê

L’équilibre de la balance des paiements s’écrit : BP = BC + BK = 0

Soit encore : BP = jY* - imY + (λ- n) er + f (i - i* - ê) = 0

D’où l’on tire l’expression en BP :

La pente de BP (im /f) est positive. Une hausse de Y doit s’accompagner d’une hausse des taux
d’intérêt pour que soit conservé l’équilibre de la balance des paiements.

La détérioration de BC liée à la hausse des revenus doit être compensée par une entrée nette
de capitaux. La pente de BP est d’autant plus faible que les mouvements de capitaux sont plus
sensibles au taux d’intérêt (f élevé), c'est-à-dire très mobiles. Avec l = ∞, BP est verticale46.

En dessous de BP, l’économie connait un déficit de la balance des paiements qui se traduit,
selon le régime de change en vigueur, par une baisse des réserves ou par une dépréciation
monétaire.

Les modifications des variables exogènes Y*, i* …, se traduisent par des déplacements de BP
(une baisse de Y*, une hausse de i* fond glisser BP vers la gauche, c'est-à-dire, resserrent la
contrainte extérieure.

I : IS- LM- BP et la politique budgétaire

En régime de taux de change fixe47, une stimulation budgétaire entraine un déficit de BTC en
stimulant la demande et donc les importations, mais amène en contrepartie un excédent de BK
parce qu’elle fait monter le taux d’intérêt, ce qui attire les capitaux étrangers. Si l’attrait exercé
sur les capitaux étrangers est massif, l’excédent de BK compensera le déficit de BTC et la
politique budgétaire provoquera un excédent de la balance globale. Inversement, si l’attrait

46
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p 47
47
Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105

Master : Banques et Marchés Financiers Page 28


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

exercé sur les capitaux étrangers est limité, la politique budgétaire induira un déficit extérieur.
Nous devons donc distinguer le cas où la mobilité des capitaux est relativement forte et celui où
elle est relativement faible.

Dans le cas où la mobilité des capitaux est forte, la pente de balance de paiement (BP) est
donc assez faible. Une augmentation des dépenses publiques déplace IS en IS1, et l’équilibre
général du point A au point B. au point B, situé à gauche de BP, la balance des paiements est
excédentaire. En effet, la politique expansionniste stimule les importations et dégrade BTC, mais
elle fait monter le taux d’intérêt et attire les capitaux étrangers.

Ces derniers étant très mobiles, ils affluent massivement pour tirer avantage de la hausse de i.
en conséquence, l’excédent de BK dépasse le déficit de BTC, et BP est en excédent. L’excédent
tend à apprécier le taux de change, la banque centrale intervient pour éviter l’appréciation est
transforme toutes les entrées de devises en monnaie nationale à un taux constant. L’offre réelle
de monnaie augmente, LM se déplace vers la droite jusqu’à ce que l’équilibre de la balance des
paiements soit rétabli. On atteint finalement le point C. L’effet initial de l’expansion budgétaire
est renforcé par la création monétaire provoquée par l’excédent extérieur.

Figure 3 : politique budgétaire avec une mobilité relativement forte des capitaux

Source : Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105

Dans le régime de change flexible ; une politique budgétaire expansionniste avec une mobilité
des capitaux relativement faible s’avère efficace. En effet, l’effet initial qui conduit au point B
s’accompagne à présent d’un déficit : B est à droite de BP. Toutefois, les capitaux étant peu
sensibles au taux d’intérêt, le déficit de BTC n’est plus compensé par des entrées de capitaux. La
tendance au déficit provoque une dépréciation du taux de change. La compétitivité des produits
nationaux s’en trouve améliorée, et BP comme IS se déplacent vers la droite. On atteint un
nouvel équilibre au point C. l’effet initial de la politique budgétaire est renforcé par la
dépréciation, qui stimule les exportations.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 29


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Figure 4 : politique budgétaire avec une mobilité des capitaux relativement faible

Source : Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105

II : Le multiplicateur keynésien en économie ouverte

On peut calculer les multiplicateurs de politique budgétaire à partir de la spécification du marché


des biens, du marché de la monnaie et de la balance des paiements48.

En régime de taux de change fixe, les multiplicateurs obtenus ont pour expression :

Par apport à la situation d’économie fermée, les multiplicateurs sont réduits par la fuite due aux
importations (im).

Le multiplicateur budgétaire est d’autant plus élevé que la sensibilité des flux des capitaux au
taux d’intérêt (f) est plus forte : une hausse du revenu, par son impact sur les taux d’intérêt,
entraine des entrées de capitaux qui accroissent les réserves officielles. En l’absence de
stérilisation monétaire, cela revient à une augmentation de l’offre de monnaie qui réduit les taux
d’intérêt et, donc, renforce l’impact de soutien budgétaire. A la limite, si f = 0 (BP verticale), le
multiplicateur se rapproche de sa valeur en économie fermée (au terme (im) près). Si, au
contraire, f = ∞ (BP horizontale), les capitaux sont très mobiles, le multiplicateur prend une
valeur maximale, l’effet de retour monétaire est nul, le taux d’intérêt national s’aligne sur le taux
étranger (i = i*).

En régime de taux de change flexible, le solde de la balance des paiements est nul : BC = - fΔi
48
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 51

Master : Banques et Marchés Financiers Page 30


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

A partir de là, on peut tirer les multiplicateurs de politique économique :

Le multiplicateur budgétaire est d’autant plus faible que les mouvements de capitaux sont
plus sensible au taux d’intérêt, auquel cas les entrées des capitaux entrainent une appréciation de
la monnaie qui abaissent la compétitivité-prix et freine l’activité. A la limite, le multiplicateur est
nul quand f = ∞, il est maximal quand les capitaux sont immobiles (f = 0). On retrouve alors le
multiplicateur en économie fermée.

Au total, se le schéma IS-LM- BP et les multiplicateurs associés constituent un cadre enrichi


pour l’analyse de la politique budgétaire de courte terme, il comprend néanmoins, plusieurs
limites : absence d’effet patrimoine, absence d’anticipations et surtout hypothèse de rigidité des
prix49.

Paragraphe 3 : la politique budgétaire et les critiques néoclassiques

En réaction aux idées keynésiennes, les néo-classiques ont articulé leurs critiques autour de
plusieurs axes à l’occurrence :

A : L’effet d’éviction

L’effet d’éviction est un mécanisme engendré par une hausse de la dépense publique qui
entraine une baisse ou une modération de la demande privée (investissement, consommation).
On distingue plusieurs types d’effets d’éviction : par les transactions, par les comportements de
portefeuille, par les anticipations des ménages, la portée de l’effet d’éviction est étroitement liée
à la situation conjoncturelle ; en particulier, cet effet est inexistant dans les phases de sous-
emploi des ressources.

I : L’éviction par les transactions

Lorsque la demande globale augmente du fait d’une hausse des dépenses publiques (ou d’un
allégement des impôts), qui aboutit à creuser le déficit budgétaire, l’essor consécutif de l’activité
par l’effet de multiplicateur budgétaire entraine une hausse de la demande de monnaie de
transaction. Cette hausse, la masse monétaire étant donnée, provoque une hausse de taux
d’intérêt. Cette dernière est en effet nécessaire pour maintenir l’équilibre sur le marché de la

49
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.52

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

monnaie : en accroissant le cout d’opportunité de la détention de la monnaie pour les agents


économiques, elle entraine une diminution de la demande d’encaisses oisives. Au total, la
hausse de PIB résultant de la politique budgétaire expansionniste sera moins élevée que celle qui
serait engendrée par le multiplicateur keynésien élémentaire. La prise en considération du
marché de la monnaie conduit en effet à un multiplicateur des dépenses publiques d’expression :
K= 1/ (1- c + am /1)

L’effet d’éviction par les transactions est d’autant plus élevé que l’investissement est sensible
au taux d’intérêt (a élevé), que la demande de monnaie de transaction est sensible au revenu (m
élevé) et que le demande d’encaisses oisives (de spéculation au sens de Keynes) est peu sensible
au taux d’intérêt (i faible, cas classique où la demande de monnaie s’exprime comme une
relation stable en fonction de la richesse). Il en va naturellement à l’inverse si la demande de
monnaie est sensible au taux d’intérêt (cas keynésien).

II : Eviction par le change

Si le creusement de déficit budgétaire accroit le taux d’intérêt, il est possible de voir la


monnaie du pays domestique s’apprécier (du moins tant que l’endettement extérieur parait
raisonnable). Il en résulte une baisse de compétitivité qui entrainera une modération de l’activité.
Certes, l’entrée de capitaux limite la hausse des taux d’intérêt par apport au niveau qui serait
observé en économie fermée, ce qui réduit l’éviction sur l’ensemble des agents débiteurs. En
revanche, l’appréciation de la monnaie domestique renforce l’éviction sur le secteur exposé, dont
la compétitivité est touchée.50

B : L'équivalence ricardienne et le revenu permanant du Milton Friedman

Le mode de financement de la dépense publique (par emprunt ou par impôt) est indifférent:
une réduction d'impôt financée par un alourdissement de la dette publique, dans la mesure où elle
ne donnera pas aux agents privés le sentiment que leur richesse nette s'est accrue, ne stimulera
pas la demande globale et donc l'activité. En effet si l’Etat pour financer ses dépenses augmente
les impôts, il ponctionne de façon évidente les agents privés qui, ayant moins à leur disposition
dépenseront moins51.

Toutefois, les ménages augmentent leur taux d’épargne, car, vieillissant, ils souhaitent détenir
plus de dettes publiques. L’État augmente donc sa dette, mais, les ménages, anticipant une future
hausse des impôts, augmentent de nouveau leur épargne, ce qui oblige l’État à augmenter de
nouveau son déficit. Autre cas de figure, les ménages augmentent leur taux d’épargne, l’État
augmente son déficit pour stabiliser l’économie, mais les marchés financiers réclament une
prime de risque pour compenser la hausse de la dette. Là aussi, l’économie entre dans une spirale
infernale : la hausse des taux requis par les marchés oblige l’État à augmenter sa dette pour

50
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod , Paris, 1999, p. 85
51
[En ligne] http://www.melchior.fr/Politique-budgetaire.3932.0.html

Master : Banques et Marchés Financiers Page 32


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

maintenir le plein emploi, ce qui inquiète les marchés et fait augmenter la dette. Dans les deux
cas, l’économie n’est pas stabilisable.52

Friedman avance, de leur coté, l’idée que les agents déterminent leur consommation en
fonction des revenus qu’ils pensent avoir tout au long de leur vie, et non seulement leur revenu
courant. Si la politique budgétaire accroit ponctuellement leur revenu, cela ne change guère leur
revenu ''permanant''. L’impact sur la consommation sera donc faible et difficile à prévoir,
rendant l’effet de multiplicateur de politique budgétaire faible et instable53.

C : La nouvelle théorie anti-keynésienne des finances publiques

Selon la nouvelle théorie anti-keynésienne des finances publiques (NAK), la politique


budgétaire de stabilisation n’a aucun effet favorable sur l’activité. D’une part, les gouvernements
utiliseraient la politique budgétaire à mauvais escient, à des fins électoralistes et non à des fins de
régulation ; les déficits publics seraient généralement trop élevés, conduisant à une trop forte
accumulation de dette publique. D’autre part, les déficits publics seraient nuisibles en induisant
une hausse des taux d’intérêt, en provoquant une baisse de la demande privée (puisque les agents
anticipent les impôts qu’ils devront payer demain) et une baisse de l’offre (en raison de
l’anticipation des effets néfastes des impôts futurs). La seule stratégie macroéconomique efficace
en Europe consisterait à baisser les dépenses publiques, ce qui permettrait une baisse de la
fiscalité, qui provoquerait une hausse de l’offre et de la demande. Les périodes de consolidation
budgétaire (c’est-à-dire de réduction des déficits publics obtenue principalement par baisse des
dépenses), qui conduisent les agents à anticiper un niveau durablement plus faible d’imposition,
auraient des effets favorables sur l’activité54.

En résume, la politique budgétaire, comme moyenne d’intervention de l’Etat dans le domaine


économique, reste un sujet de controverse entre la théorie keynésienne qui soutienne l’efficacité
et la légitimé du rôle de l’Etat, que ce soit ce dernier est en situation d’autarcie ou d’ouverture
sur l’extérieur, et la théorie classique et néoclassique qui avancent de, leur coté, le cout sévère
d’une intervention étatique dans un domaine jugé équilibré automatiquement.

Par ailleurs, cette efficacité avancée par l’école keynésienne doit être approuvée en termes
d’apport, qui peut apporter cette intervention via l’augmentation des dépenses publique ou la
diminution des recettes fiscales, à la croissance de l’activité économique. C’est exactement le
but de la deuxième section.

52
Sterdyniak. H, Réduire la dette publique, une priorité ?, La vie des idées, 5février 2013. ISSN : 2105-3030.URL :
http://www.laviedesidees.fr/Reduire-la-dette-publique, une. Html.
53
Bordes- Marcilloux, marco economie, 1998, p. 136
54
Bruno. J. C, Ducoudré, Mathieu. C et Sterdyniak. H, doit-on oublier la politique budgétaire ?
[En ligne] URL : https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/2-92.pdf

Master : Banques et Marchés Financiers Page 33


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Section 2 : l’impact de la politique budgétaire sur la croissance


économique.

La croissance économique par son importance et termes de création de richesse,


d’amélioration de niveau de vie et de prospérité, a été et continue d’être l’une des préoccupations
majeures de la science économique. C’est dans cette optique que James Tobin affirme : « le
problème de la croissance n’a rien de neuf : les économistes ont toujours tenté de comparer
présente et avenir ». En effet, nombre d’études et travaux publiés sur le sujet témoigne de sa
perpétuelle importance. Les principales questions abordées par cette riche littérature sont liées à
la vitesse de la croissance : qu’est ce qu’explique que certains pays connaissent des taux de
croissance plus élevé que d’autres ? Autrement dit, quels sont les déterminants de la croissance?

Paragraphe 1 : Mesure et déterminants de la croissance

Selon la définition de François Perroux, la croissance économique correspond à


« l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de
dimension pour une nation, le produit globale net en terme réel. » A courte terme, les
économistes utilisent plutôt le terme d’ « expansion » qui s’oppose à la« récession », et qui
indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime
l’écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous
les facteurs de production ; cet écart minimal au plus fort d’une expansion55.

Au sens strict, le terme « croissance » désigne l'augmentation du volume de la production de


biens et de services d'une année sur l'autre. En outre, Les chroniqueurs économiques parlent
ainsi d'accélération ou de ralentissement de la croissance pour caractériser une année particulière.
Toutefois, les économistes préfèrent réserver le terme de croissance à une augmentation
tendancielle de la production par tête, qui entraîne sur une longue période une multiplication du
volume de biens et de services disponibles en moyenne pour un habitant d'un pays. La croissance
décrit ainsi un phénomène plus restreint que le processus de développement, lequel intègre
généralement, au-delà du revenu par tête, l'espérance de vie et le niveau d'éducation. Sur la base
de l'histoire des pays dits développés, la croissance apparaît comme la condition sine qua non du
développement56.

A : Mesure de la croissance

La croissance économique est un phénomène surveillé de près par les analystes économiques,
les responsables politiques, car elle est directement liée au niveau de l’emploi et parce qu'elle

55
Nouetoun Wabo J. S, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire du master en finance
et économétrie, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p. 17
56
Hairault. J. O, « MACROÉCONOMIE - Croissance économique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté
le 11 juin 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/macroeconomie croissance-economique/

Master : Banques et Marchés Financiers Page 34


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

peut assurer une croissance du pouvoir d’achat ou bien-être matériel de la population. On définit
généralement la croissance économique comme l’augmentation durable (sur quelques années
consécutives par exemple) de la production. Pour mesurer la production, on utilise le Produit
Intérieur Brut (PIB).

La croissance économique est alors mesurée par le taux de variation du PIB par les
comptabilités nationales. Celui-ci est défini comme la somme des valeurs ajoutées des
entreprises et administrations résidentes sur un territoire. C’est un indicateur fondé sur un critère
de territorialité et non de nationalité.

Une des difficultés dans la mesure de la production est celle soulevée par la variation des
prix. En cas d’inflation, par exemple, le PIB apparent peut augmenter alors que la production,
comptabilisée en nombre de biens et services, n’augmente pas. Pour résoudre ce problème on
peut «figer» les prix au niveau de ceux d’une année donnée. En pratique on déflate la série du
PIB en divisant le PIB nominal par le coefficient multiplicateur des prix. On obtient alors le PIB
«réel», ou «en volume».

Une seconde difficulté, lorsqu’on compare la production de différents pays en comparant leur
PIB ou PIB/h est que le niveau des prix dans ces pays n’est pas le même. Ainsi dans les pays en
développement, le niveau de vie réel est supérieur au niveau de vie apparent, parce que les prix y
sont plus bas que dans les pays développés. Pour tenir compte de ces différences de niveau de
prix, on utilise la méthode des Parités de Pouvoir d’Achat (PPA) ou standards de pouvoir
d’achat. Cela consiste à convertir les monnaies entre elle au moyen d’un taux de change fictif
(différent de celui du marché) qui assure que les différentes monnaies ont le même pouvoir
d’achat dans les différents pays.

L’IDH, mesure du développement :

Jusque dans les années 1980, l’indicateur principal permettant de mesurer le développement
était le PIB/habitant. En effet ce dernier donne des indications au sujet du bien être matériel de la
population57.

De plus, il est probable qu’une augmentation de la production s’accompagne de


transformations techniques, du progrès des connaissances, des infrastructures. Toutefois, dans les
années 1980, un nouvel indicateur du développement a été élaboré et mis en avant par le PNUD:
l’Indice de Développement Humain (IDH).

L’IDH est un indicateur composite qui fait la synthèse de trois indices:


• un indice reflétant le bien-être matériel, fondé sur le Revenu National Brut par habitant en PPA
• un indice reflétant le niveau d’éducation de la population, fondé sur la durée de scolarisation
• un indice reflétant la santé de la population, fondé sur l’espérance de vie à la naissance.

57
Malrieu. J. P et Saur. R, cours de terminale, Lycée Toulouse-Lautrec, ESPE de Toulouse, p. 3

Master : Banques et Marchés Financiers Page 35


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Bien que fortement corrélé au PIB/habitant, l’IDH a révélé que des pays pouvaient avoir un
PIB/ habitant relativement élevé, mais un IDH plutôt faible. Il a donc permis de mettre en
évidence le phénomène du «mal développement». Il a aussi favorisé la prise de conscience qu’il
ne suffisait pas de faire croître le PIB/habitant pour assurer une meilleure qualité de vie.

Néanmoins. L’IDH n’est pas sans défauts. L’introduction de l’éducation dans l’indice ne le
rend ni très robuste ni très fiable. Des changements de pure forme dans la politique d’éducation
induisent des modifications substantielles des scores de l’IDH58.

Le troisième indicateur, est celui du PIB vert : intégré nouvellement dans la mesure de la
croissance, afin de compléter les lacunes étendant le PIB, en effet, Le PIB ne tient pas compte de
nombreux facteurs essentiels au « bien-être durable »59. Pour diverses raisons : il ne tient pas
compte des impacts écologiques négatifs de certaines activités, ni de contributions aussi
importantes que le travail domestique ou le bénévolat, ni de l’évolution de la santé sociale
(inégalités, pauvreté).

Les concepteurs du PIB vert et de ses variantes (souvent nommées « Indicateurs de Bien-être
Durable, IBED) ont voulu relever ce triple défi, afin de « corriger » et « d’enrichir » le PIB (ou la
consommation finale des ménages) en procédant à une série d’additions, de soustractions et
ajustements relatifs aux principaux facteurs oubliés. Il leur a fallu pour cela exprimer ces
variables constitutives du « bien-être durable » en unités monétaires. Néanmoins, en raison de
deux difficultés liées à savoir le recours à la valorisation monétaire qui n’introduit pas l’effet de
seuil et un repose implicitement sur une hypothèse de substituabilité du capital économique et
des ressources naturelles puisqu’il peut progresser soit parce que le niveau de vie économique
s’élève (sous l’effet du progrès technique pour l’essentiel) soit parce que l’environnement est
mieux préservé ; Cet indicateur se trouve encore moins déterminant60.

B : Les déterminants de la croissance économique

Evidemment, la croissance économique peut être affectée par les politiques économiques
mises en œuvre, par la qualité des institutions qui en ont et de suivi ainsi que par le niveau des
infrastructures disponibles et la qualité du capital humain dont dispose le pays 61.

Bien qu'il puisse y avoir un désaccord sur le choix des politiques les plus favorables à la
croissance ou sur la séquence dans laquelle les changements de politiques devraient être
entrepris, il ne fait aucun doute que les gouvernements peuvent influencer la croissance à long
terme en créant un climat propice à l’investissement, en renforçant le capital humain et en
adoptant des politiques incitatives qui favorisent l’allocation efficiente des ressources.
58
Malrieu. J. P et Saur. R, cours de terminale, Lycée Toulouse-Lautrec, ESPE de Toulouse, p. 5
59
Pour une critique vigoureuse et bien argumentée de cette notion, voir G. Everett et A. Wilks :
www.brettonwoodsprojects.org
60
Gadrey. J, professeur à l’université de Lille 1, auteur (avec F. Jany-Catrice) de Les nouveaux indicateurs de
Richesse (2005).
61
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p. 23

Master : Banques et Marchés Financiers Page 36


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Politiques macro-économiques : Il est admis qu’un déficit budgétaire excessif, une


surévaluation du taux de change réel et un taux d’endettement élevé représentent les symptômes
révélateurs d’une instabilité macroéconomique structurelle. Cette instabilité constitue souvent le
résultat d’une faiblesse de la gestion macroéconomique du développement et d’une
prédominance des actions de politiques économiques à vocation conjoncturelle de court terme.
L’absence de réformes économiques profondes et d’envergure affecte la visibilité des acteurs et
leurs décisions d’investissement et d’épargne, conduisant ainsi, à une allocation inefficiente des
ressources.

La politique budgétaire62 : mise en œuvre au Maroc a, certes, pu contenir les déficits


importants accumulés jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix, mais le profil des finances
publiques reste marqué par plusieurs contraintes. Celles-ci restent liées, d’une part, à la difficulté
de concilier la baisse des recettes douanières due au démantèlement tarifaire et l’extinction à
terme des recettes de privatisation, et d’autre part, à la forte pression d’une demande sociale de
plus en plus exigeante conjuguée à une rigidité à la baisse des dépenses de fonctionnement.

Plus précisément, les finances publiques, instrument privilégié de la politique économique et


sociale de l’Etat, se caractérisent par l’importance des recettes non fiscales à caractère
conjoncturel et par la faible élasticité des recettes fiscales. En outre, la pression fiscale demeure
élevée et essentiellement supportée par les contribuables du secteur organisé. Parallèlement, les
dépenses courantes sont de caractère incompressible, particulièrement les charges de
compensation, peu efficientes, bénéficiant plus aux couches aisées, mettant ainsi en évidence la
faiblesse du ciblage des politiques sociales et le peu d’efficience de la dépense publique. De son
côté, la masse salariale, qui ne cesse d’augmenter sous le poids des revendications catégorielles,
traduit le coût élevé du service public et réduit ainsi la marge de manœuvre de l’Etat en matière
d’investissement.

Conscient des effets négatifs du surendettement, le Maroc a mis en place une politique de
gestion active de la dette extérieure consistant en la conversion de dettes bilatérales en
investissements privés et au remboursement par anticipation des dettes les plus onéreuses.

L’enjeu consiste donc à porter les recettes fiscales à un niveau compatible avec les dépenses
nécessaires au développement tout en allégeant la pression fiscale63 et en remédiant aux
distorsions qui nuisent à l’allocation efficiente des ressources. Il consiste aussi à améliorer
l’efficience de la dépense publique à travers la réforme des mécanismes de planification, de
programmation, de contrôle budgétaire et de décentralisation. L’autre enjeu majeur est
l’établissement d’un système de retraite et d’autres prestations sociales viables.

D’un autre côté, la politique monétaire menée par les autorités marocaines a permis, à
l’instar des autres pays ayant connu des taux d’inflation élevés au cours des années 80 après le
62
Etude thématique Les finances publiques, HCP, 2005.
63
Etude d’impact d’une baisse du taux marginal de l’impôt sur les sociétés (IS), sur la base d’un modèle d'équilibre
général calculable. HCP 2006

Master : Banques et Marchés Financiers Page 37


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

choc pétrolier, de maîtriser la hausse des prix depuis la décennie 90. Cependant, cette politique
reste marquée par des distorsions qui ont limité ses effets sur les mécanismes de financement de
l’économie et partant, sur la croissance économique. La dynamique récente du système financier
et l’autonomisation de l’institut d’émission (Bank Al Maghreb) constituent une première phase
pour pallier aux contraintes dans ce domaine.

Le système financier marocain a fait l’objet d’une profonde réforme, depuis le début des
années 90, à travers le décloisonnement des marchés de capitaux, la réforme du cadre
réglementaire des banques et du marché monétaire et l’établissement d’un marché des
adjudications des valeurs du Trésor et d’un marché de change.

Ainsi une nouvelle loi bancaire a été établie en 1993 et s’est traduite par le désencadrement
du crédit, la suppression progressive des emplois obligatoires, la libéralisation des taux d’intérêts
débiteurs en 1996 et, la même année, le lancement d’un marché des changes interbancaire. Les
dispositions de la loi ont été confortées par l’adoption d’un nouveau plan comptable pour les
établissements de crédit à partir de 2000.

Puis la nouvelle loi bancaire de 14 février 2006 qui est venue se substituer à celle du 1993 et a
introduit quelques aménagements devant accompagner la modernisation du secteur bancaire et
garantir sa stabilité. Ces innovations concernent essentiellement la transparence et le
renforcement de la sécurité des déposants, le contrôle de la gestion des risques, le renforcement
du système de contrôle de BAM…

Cette libéralisation de l’activité bancaire s’est réalisée dans un cadre prudentiel renforcé
(notamment en matière de classification des créances douteuses à provisionner) que le système
bancaire a globalement su intégrer. Ainsi, le Maroc dispose à présent d’un système financier
relativement développé. Les crédits bancaires octroyés au secteur privé représentent plus de 60%
du PIB, niveau comparable à ceux des autres pays de la région. Cette situation est confortée par
une diminution des taux d’intérêt et une maîtrise de l’inflation.

Cependant une grande partie des petites et moyennes entreprises (PME) sont aujourd’hui
confrontées à un quasi-assèchement du crédit, ce qui constitue un obstacle majeur à leur
restructuration64. De même, les placements bancaires restent caractérisés davantage par des
échéances de court terme, alors que ceux de long terme concernent en grande partie les titres du
Trésor, ce qui ne contribue pas efficacement à la promotion de l’investissement privé. Par
ailleurs, le marché de capitaux n’a pas encore atteint les performances requises lui permettant de
constituer un financement alternatif à ces investissements.

L’enjeu pour le secteur financier est la restructuration et le développement de son


compartiment bancaire pour tirer profit de son ouverture sur l’extérieur, et par conséquent
accompagner le développement des entreprises marocaines.

64
Enquête sur le climat d’investissement. Ministère du commerce et de l’industrie 2000

Master : Banques et Marchés Financiers Page 38


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Infrastructure économique : Dans le contexte actuel marqué par la montée de la concurrence,


les infrastructures de base et les activités de transport au Maroc se trouvent au centre des
préoccupations des opérateurs, cherchant à améliorer leur compétitivité. Le niveau de
compétitivité recherché passe par la réduction des coûts de production à travers la structuration
de l’espace, la réduction des disparités régionales et des inégalités entre zones urbaines et rurales
et, par conséquent, l’amélioration du développement humain, élément essentiel de tout
développement durable, à travers la disponibilité et l’amélioration des infrastructures sociales65.

Le système d’infrastructures économiques appelle un renforcement, prenant en considération


les facteurs de diffusion et de redistribution de l’activité économique à travers le territoire. Dans
ce cadre, des modes de financement de partenariat public-privé ainsi que des formules de
concessions et des contrats programmes sont à généraliser pour doter le pays des infrastructures
nécessaires à son développement.

Gouvernance : Au cours des dernières années, certaines approches économiques ont montré que
les différentiels des taux de croissance entre les pays s’expliquent par la qualité de
l’environnement économique dans lequel les agents opèrent. En effet, un environnement qui
fournit une protection adéquate pour les droits de propriété et incite les agents à produire, à
investir et à accumuler des compétences, est un environnement favorable à la croissance. L’étude
empirique consacrée aux sources de croissance de l’économie marocaine a montré que si le
niveau de gouvernance, mesuré par l’efficacité du gouvernement66 atteindrait celui des pays
émergents comme la Malaisie par exemple, l’économie marocaine gagnerait 1,5 point de
croissance.

Conscient de l’importance de la bonne gouvernance dans l’amélioration de l’environnement


des affaires, de la compétitivité et de l’attractivité du pays et de la gestion efficiente du capital
humain, les pouvoirs publics au Maroc ont entamé un ensemble de réformes importantes
concernant la rationalisation des structures administratives et leur déconcentration ainsi que la
transparence de leur mode de fonctionnement et l’amélioration du système de contrôle.

Toutefois, les résultats obtenus montrent que les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pas
encore permis de dynamiser fortement les investissements privés et l’entreprenariat et de les
porter au niveau potentiel de notre économie. Ainsi, il est nécessaire de poursuivre les efforts
dans les domaines qui affectent la bonne gouvernance, à savoir :

 Le non effectivité des lois : les délais entre l’adoption des textes et leur mise en œuvre
sont parfois considérables.
 La réglementation excessive : la persistance des politiques de réglementation
administrative (subventions, protections douanières, rigidité du marché de travail, etc.)

65
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p 30
66
Indice qui mesure les aspects liés à la qualité et la disponibilité du service public, la bureaucratie, la compétence
des fonctionnaires de l’Etat, l’indépendance de l’Administration publique de la pression politique ainsi que la
crédibilité du gouvernement dans ses engagements et ses politiques.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 39


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

constitue un goulot d’étranglement qui handicape les efforts réalisés au niveau du climat
des affaires. Le processus des réformes perd de son efficacité s’il ne constitue pas un bloc
homogène instauré simultanément. A titre d’exemple, la vérité des prix et la concurrence
ne peuvent être opérées tout en maintenant le système de subventions et l’intervention de
l’Etat en faveur de quelques secteurs.

 La lenteur dans l’exécution des décisions de justice : le système judiciaire marocain


souffre de la lenteur dans l’exécution des jugements. Ceci s’explique par l’insuffisance
des efforts déployés en vue de renforcer les compétences des ressources humaines,
l’utilisation encore limitée des technologies de l’information, le manque d’encadrement
des partenaires de la justice et les insuffisances en matière de vulgarisation et de
sensibilisation pour mettre en pratique les dispositions législatives et réglementaires 67.

 La corruption, par ailleurs, continue de représenter un problème majeur pour le Maroc,


car elle nuit à l’efficacité du système de gouvernance et impacte négativement
l’environnement des affaires. Un sondage d’opinion mené par Transparency Maroc a
révélé que 87 % de la population considère la corruption comme le troisième problème le
plus important du pays après le chômage (98%) et le coût de la vie (92%)68.

Capital humain : Le capital humain est un ingrédient important de la croissance à long terme, il
est un facteur essentiel de production, par l’emploi d’une main-d’œuvre bien formée et en bonne
santé. En effet, une population en bonne santé est une population qui peut déployer des efforts et
travailler pour le développement économique, et deuxièmement, l’amélioration des variables
liées à l’éducation et à la connaissance permet d’augmenter la capacité de création, d’absorption
des nouvelles technologies et leur utilisation. Ceci est synonyme d’une augmentation de la
productivité.

L'éducation et la formation du capital humain en général peut contrecarrer les rendements


d’échelle décroissants des autres facteurs accumulables de production - tel que le capital
physique – et pérenniser la croissance à long terme. En dehors de son rôle direct comme un
facteur de production, le capital humain peut servir d'un complément aux autres facteurs et
ressources tels que le capital physique et les ressources naturelles69.

Il est admis que l’enseignement supérieur représente pour la société de la connaissance ce


que représentait l’éducation secondaire aux économies industrialisées, et ce qu’avait été
l’éducation primaire aux sociétés agraires. Pour le Maroc, si l’éducation secondaire semble plus
étroitement corrélée à la croissance économique, il accuse un retard manifeste dans
l’enseignement supérieur ainsi que dans le primaire et préscolaire. L’accès à ce dernier, en raison

67
Rapport d’évaluation du plan 2000-2004, HCP 2005.
68
Critique économique n°8, été-automne 2002.
69
Haut Commissariat au Plan, les sources de la croissance économique au Maroc, septembre 2005, P 32

Master : Banques et Marchés Financiers Page 40


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

de sa dualité, moderne (Garderies) et traditionnelle (Kouttabs), est conditionné par les niveaux de
revenus différenciés des ménages, amplifiant les chances de réussite par la suite70.

L’Innovation : Au niveau macroéconomique, l’innovation contribue aux trois vecteurs de la


croissance de la production : le capital, le travail et la productivité multifactorielle (PMF). Les
pays qui ont connu une croissance supérieure à la moyenne dans les années 90 ont généralement
créé davantage d’emplois, accumulé plus de capital, amélioré la qualité de leur main-d’œuvre et,
dans de nombreux cas, accru leur PMF. On sait depuis longtemps que l’innovation contribue à la
croissance de la PMF : une amélioration de la PMF reflète une plus grande efficience globale
dans l’utilisation de la main-d’œuvre et du capital. Cette amélioration a pour origine des facteurs
technologiques et non technologiques: de meilleures pratiques de gestion, de nouveaux modes
d’organisation et une production plus efficace des biens et services, répondant à l’évolution des
besoins des consommateurs et de la société.

Mais l’innovation crée également de nouveaux produits faisant partie du stock de capital
utilisé par les entreprises pour leur propre production économique. En outre, les dépenses de R-D
peuvent être considérées comme un investissement dans le savoir, qui peut se traduire par de
nouvelles technologies et par des modes plus efficients d’utilisation des ressources existantes. Si
ces résultats sont obtenus, on peut donc penser qu’une augmentation des dépenses de R-D se
traduira par une hausse des taux de croissance71.

Dans l’optique des politiques à mener, il est important de se demander s’il existe entre la R-D
publique et la R-D privée une relation de complémentarité ou une relation de substitution.
Autrement dit, les dépenses publiques de R-D s’ajoutent-elles à l’investissement total dans ce
secteur ou ne font-elles que remplacer des activités que le secteur privé aurait entreprises ? Les
études empiriques disponibles apportent des réponses contradictoires. Certaines confirment
l’hypothèse de la complémentarité, mais d’autres citent des exemples où la R-D à financement
public évince l’investissement privé72.

Paragraphe 2 : Les modèles théoriques de la croissance économique

Face aux problèmes préoccupants que pose l’évolution des pays en voie de développement,
les économistes se sont penchés sur le phénomène de la croissance économique afin de mieux
comprendre les mécanismes par lequel elle s’opère, d’identifier ses principaux déterminants et de
dégager les facteurs qui favorisent la progression des revenus et de la production au sein des
économies nationales. Dans cette sous-section, nous présentons les deux approches qui forment
la base de la théorie économique de la croissance: les modèles néoclassiques et les théories de la
croissance endogène. Cet aperçu nous permettra d’isoler, en fonction des différents modèles, les

70
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p 35
71
OCDE, Tableau de bord de l’OCDE de la science, de la technologie et de l’industrie : vers une économie fondée
sur le savoir, 2001.
72
David, P.A., Hall. B. H et Toole. A. A, « Is Public R&D a Complement or Substitute for Private R&D? A Review
of the Econometric Evidence », NBER Working Papers, n°. 7373. 1999.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 41


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

variables déterminantes de la croissance économique et leur influence respective sur l’évolution


du revenu per capita73.

A : L’approche néoclassique

Le cadre d’analyse néoclassique de la croissance s’est formé à partir des fondements de la


théorie économique classique telle que définie par Smith et Ricardo.

Aussi, ces modèles de la croissance économique se sont-ils basés sur certains concepts clés de
la théorie classique, en particulier l’analyse dynamique de l’équilibre économique et
l’accumulation des facteurs de production. Les auteurs Harrod, Domar et Solow ont apporté des
contributions majeures et leurs modèles constituent des références dans l’étude des perspectives
néoclassiques de la croissance économique.

I : Le modèle de Harrod-Domar

Selon le modèle économique élaboré par Roy Harrod et Evsey Domar dans les années 40, les
économies nationales atteignent un état d’équilibre macroéconomique où•le mouvement des
salaires, des dépenses de consommation, de l’épargne et de l’investissement fait en sorte que les
transferts de ressources entre les entreprises et les ménages sont toujours égaux. Selon cette
analyse classique de l’équilibre dynamique, le revenu des ménages retourne donc aux entreprises
sous la forme de dépenses de consommation et d’investissements générés par l’épargne 74. Alors
que les biens de consommation disparaissent dés qu’ils sont utilisés, l’épargne permet
d’accumuler du capital et favorise ainsi une hausse future des capacités de production des
entreprises. Par ailleurs, le capital est un bien périssable et se déprécie avec le temps à un taux δ.

Dans ce contexte, le stock de capital au sein de l’économie nationale évolue en fonction,


d’une part, du taux d’épargne (s) et, d’autre part, du rythme de dépréciation du capital. De plus,
les deux auteurs postulent que la productivité moyenne du capital est constante, avec le ratio du
capital sur la production totale (K(t)/Y(t)) égal à θ. Ainsi, l’évolution du capital est donnée par la
loi de mouvement :

K(t+1) = (1- δ) K(t) + s Y(t) (1)

Étant donné que θ = K(t)/Y(t), on remplace K(t) et K(t+1) dans l’équation (1) pour obtenir :

Θ Y(t+1) = (1-δ) θ Y(t) + s Y(t) (2)

73
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p. 15.
74
Tiré de Ray, Debraj, Development Economics, Princeton University Press, Princeton (New Jersey), 1998. Pp. 51-
57.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 42


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Ces différentes spécifications permettent d’obtenir une équation qui définit le taux de
croissance d’une économie (g) en fonction des trois variables centrales que nous avons déjà
évoquées, soient le taux d’épargne (s), la productivité moyenne du capital (θ), et son taux de
dépréciation (δ). Ainsi, on obtient l’équation suivante :

Y(t+1) -Y(t)
= g = s / θ -δ (3)
Y(t)

Le modèle Harrod-Domar prédit donc que la production totale d’une économie augmentera,
premièrement, dans la mesure où le taux d’épargne est assez élevé pour compenser le taux de
dépréciation du capital et, deuxièmement, si ce dernier est dirigé vers les secteurs qui offrent des
rendements élevés sur les investissements initiaux en capital (θ faible). Dans ces conditions,
l’économie connait un horizon de croissance infini où le taux de croissance du revenu per capita
progresse à un rythme constant.

Plusieurs critiques du modèle Harrod-Domar ont remis en question la validité de certains


éléments de base de la théorie développée par les auteurs. Ainsi, il est peu probable que, comme
le postule le modèle, la productivité moyenne des capitaux (θ) soit constante dans le temps et
déterminée de façon exogène. Au contraire, tout porte à croire que ce facteur soit réellement
influencé par le taux de croissance lui-même et nécessite de ce fait un traitement spécial au sein
du modèle, cet élément sera repris et corrigé par Solow quelques années plus tard.

- Les enseignements du modèle de Harrod -Domar :

Pour ces deux keynésiens, la croissance économique est un phénomène extrêmement instable.
Le but n'est pas forcément la critique du système capitaliste mais plutôt la recherche de la
justification de l'intervention de l'Etat. La question qui se pose est bien sûr : que peut faire l'Etat
pour empêcher l'économie de rentrer dans la zone de chômage keynésien qui sera
déstabilisatrice? C’est la faiblesse de la demande qui est à l'origine de révisions à la baisse des
anticipations. Il suffit donc que l'Etat créé une demande pour arrêter cette baisse. La fonction de
demande va donc être augmentée des dépenses publiques faites par le gouvernement.

Cette intervention a pour effet de modifier la frontière entre chômage classique et chômage
keynésien. Ainsi l'économie qui se trouve en situation de chômage keynésien revient de façon
systématique dans une zone de chômage classique où les anticipations sont révisées à la hausse.
L'intervention de l'état dans la vie économique par le biais des dépenses publiques peut empêcher
une économie d'être vouée à la ruine.

Pour que la croissance soit équilibrée et stable, il faut que l'augmentation de la demande soit
égale à l'augmentation de l'offre, donc que : ΔYd = ΔYs. Pour maintenir cette égalité, il faut que

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

l’investissement et par conséquent la production croissent à un taux constant et égal au rapport


du taux d’épargne national (s) sur le coefficient du capital (v) ; c'est-à-dire :

Cette dernière équation définit le taux de croissance annuel de l’investissement : s/v nécessaire
au maintien du plein emploi sans gaspillage de capacités de production. Or cette conditions est
extrêmement difficile à réaliser car le taux de croissance de la population, le taux d'épargne et le
coefficient de technologie sont donnés et exogène. Il suffirait de rendre endogène un de ces trois
paramètres pour retrouver une stabilité de la croissance économique75.

Figure 5: Les deux aspects de l'investissement

Source : Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques,
université ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 74.

II : Le modèle de Solow

Solow apporte une modification majeure au modèle de la croissance élaboré par Harrod et
Domar en spécifiant que la productivité du capital n’est pas toujours constante mais dépend de la
disponibilité relative de la main-d’œuvre sur le marché. En termes économiques, le capital (K)
est donc défini comme un facteur de production aux rendements marginaux décroissants. Ainsi,
l’augmentation du capital per capita entraine une diminution de la productivité moyenne de ce
capital en raison d’une pénurie croissante de la main-d’œuvre nécessaire pour utiliser et faire
fonctionner le capital disponible76. De plus, la croissance démographique est intégrée au modèle
de telle sorte que la population (P) croit annuellement à un rythme constant n.

75
Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques, université
ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 74
76
Idem. p. 64-71.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 44


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

A partir de la loi de mouvement du capital spécifiée dans le modèle Harrod- Domar, l’évolution
du capital per capita est définie selon l’équation :

(1+n) k(t+1) = (1-δ) k(t) + s y(t) (4)

Où les minuscules k et y représentent le capital et la production per capita (respectivement K/P et


Y/P).

Tout comme les auteurs Harrod et Domar, Solow en arrive à la conclusion que la croissance
économique dépend du taux d’épargne et du taux de dépréciation du capital.

Toutefois, deux caractéristiques distinguent le modèle proposé par Solow de celui des deux
auteurs. D’abord, la croissance démographique exerce une poussée vers le bas du capital per
capita et limite de ce fait l’accumulation des facteurs de production. Ensuite, la croissance ne
peut être soutenue indéfiniment en raison des rendements décroissants du capital au sein de la
fonction de production. Comme le montre le graphique suivant, la productivité évolue donc selon
une courbe concave.

Figure 6 : Fonction de production aux rendements marginaux décroissants

Source : Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, 2000, p 17.

Ainsi, à mesure que le capital per capita augmente, sa productivité moyenne diminue. A partir
de la loi de mouvement du capital spécifiée en (4), on peut donc représenter graphiquement
l’équilibre entre la croissance démographique, d’une part, et l’accumulation du capital, d’autre
part. Dans le graphique 2, la partie gauche de l’équation (4) est représentée par une ligne droite
alors que la partie droite est une courbe concave, qui ressemble de près à la fonction de
production elle-même.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Figure 7 : le modèle de Solow

A la gauche de k*, l’accumulation du capital est plus rapide que la croissance démographique
de telle sorte que la production per capita augmente. Toutefois, à mesure que le niveau de capital
per capita se rapproche de k*, la croissance démographique et les rendements décroissants
limitent la progression de la production per capita. Ainsi, L’équilibre est atteint à k*. Une fois cet
équilibre atteint, le taux de croissance du revenu per capita se maintient à zéro, toutes choses
étant égales par ailleurs.

Selon le modèle de Solow, l’accumulation de capital permet donc aux forces de production
d’évoluer de concert avec la croissance démographique. Ainsi, à long terme, le revenu per capita
demeure à un niveau d’équilibre optimal malgré l’augmentation constante de la population. Par
ailleurs, le modèle prédit également une convergence à long terme des niveaux de vie entre les
pays qui démontrent des taux d’épargne, de dépréciation et de croissance de la population
identiques. Cet effet de convergence implique que les pays pauvres connaitront une croissance
plus rapide que les pays riches, car plus le stock de capital initial d’une économie est éloigné de
son niveau optimal, k*, plus le revenu per capita croit rapidement pour rejoindre son état
d’équilibre. Ainsi, selon Solow, on devrait observer une corrélation négative entre le niveau
initial de revenu per capita au sein d’un pays et le taux de croissance subséquent de cette
variable77.

III : Le modèle de Ramsey

Les théories de croissance économique s’interrogent sur les fondements de l’amélioration du


niveau de vie, et mettent en avant l’accroissement du produit par tête qui a lieu avec
l’accumulation de capital. Le modèle standard de R. Solow78 (1956), démontre sous certaines
hypothèses que l’épargne réinvestie à chaque période permet d’accumuler du capital par tête,
mais uniquement jusqu’à un certain niveau d’équilibre. L’économie arrive à ce stade sur son

77
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p 17.
78
Solow. R. [1956] « A contribution to economic growth theory » Quaterly Journal of Economics 70, 65-94.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

sentier stationnaire, où le produit agrégé croît simplement au rythme de la population, et où le


progrès technique devient seul déterminant d’une croissance supérieure.

La théorie de la croissance optimale intervient sur la phase transitoire qui précède ce niveau
stationnaire, afin de lever l’hypothèse d’une propension à épargner fixe et exogène dans le
modèle. Elle tente d’apporter des fondements microéconomiques, décrits par Ramsey79 (1928),
qui portent sur la question du choix optimal du niveau de l’épargne dans une économie. Ce choix
résulterait d’un programme d’optimisation résolu du point de vu d’un planificateur social, et
consistant à maximiser la consommation des agents sous une contrainte statique de budget, et
sous une contrainte dynamique d’évolution du capital.

Le modèle de Ramsey (1928) constitue la seconde référence (avec le modèle de Solow) des
modèles de croissance, dans la mesure où il endogénéise le taux d’épargne. Ce taux devient
expliqué par les comportements d’optimisation des agents. Le problème de la croissance est un
problème de choix entre consommation présente et consommation future. Comprendre comment
ce fait ce choix est donc fondamental.

Franck Ramsey a étudié le problème de l’allocation optimale des ressources à travers les
décisions de consommation, d’épargne, d’investissement et d’accumulation du capital. Son
modèle décrit une économie concurrentielle sans incertitude et sans monnaie, dans laquelle les
agents sont homogènes et vivent une infinité de périodes. L’allocation des ressources obtenue du
fait d’un fonctionnement décentralisé de l’économie sera alors la même que celle choisie par un
planificateur qui maximise l’utilité d’un agent représentatif.

La dynamique transitoire du modèle de Ramsey ne fournit pas une nette description de


différents aspects du développement économique. Pour une société qui démarre en dessous de
son état régulier, il prévoit une vitesse de convergence excessive, un taux de croissance
transitoire trop élevé, une diminution du taux d'épargne et un taux d'intérêt et de croissance
élevés également.

Le résultat du modèle de Ramsey est optimiste, puisqu'il signifie que les pays pauvres qui ont
une forte préférence pour le présent sont handicapés par un état de croissance régulier de faible
niveau, mais « privilégiés » par une convergence conditionnelle rapide.

Concrètement le message de politique économique est « qu'ils sont à l'optimum » et qu'il n'y a
pas de politique de développement à mener80.

B : Les théories de la croissance endogène

79
Ramsey F. [1928], « A mathematical theory of savings », Economic Journal 38(152), 543-559
80
Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques, université
ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 107

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Au cours des années 80, certains économistes, en particulier Romer (1986), Lucas (1988) et
Rebelo (1991), ont développé l’idée selon laquelle le capital productif disponible au sein d’une
économie se compose non seulement du capital physique mais également du capital humain.
Ainsi, selon cette approche, les agents économiques peuvent accroitre leurs possibilités futures
de production de plusieurs façons: en achetant des biens tangibles, de la machinerie par exemple,
en payant des taxes pour la provision d’infrastructures publiques, en investissant dans le domaine
de l’éducation ou en se spécialisant. Dans le cadre des théories de la croissance endogène,
l’accumulation quantitative de capital physique ne constitue donc pas la seule source de
croissance car l’augmentation de la qualité des facteurs de production joue également un rôle
déterminant dans ce processus. Malgré l’existence de rendements marginaux décroissants sur le
capital physique, l'inclusion d’un concept de capital plus large au sein du modèle permet
d’obtenir une fonction de production qui démontre des rendements marginaux constants sur la
combinaison des formes physique et humaine du capital81.

D’un autre coté, concernant le rôle de l’intervention de l’Etat dans l’économie, le modèle de
croissance endogène stipule que l’agent représentatif est supposé maximiser sur un horizon infini
l’utilité de sa consommation, sous la contrainte de son revenu y (Pib per capita) dont le taux de
croissance dépend linéairement de la productivité marginale du capital per capita k ; la fonction
de production retenue est du type Ak augmentée des dépenses publiques per capita p, de la
(1- α)
forme (y = Ak . pα). Une augmentation de la "taille de l’Etat" repérée par le paramètre (τ =
p/y) a deux effets sur le taux de croissance g de l’économie82 égale à :

g = (1 /σ) [(1- τ) (1- α) A1/(1- α) (τ)α/ (1- α) – ρ])

Un effet négatif (via le facteur (1- τ) et un effet positif via le facteur ((τ) α/ (1- α)). Rechercher
la taille" de l’Etat qui maximise la croissance appréhendée "à la Barro" revient donc à déterminer
la valeur de τ qui annule la dérivée (dg/dτ); ce calcul donne pour τ la valeur τ*= α. Sous réserve
de la disponibilité des données relatives à y, k et p sur une période de temps suffisamment large,
l’estimation économétrique de la fonction de production de Barro doit permettre d’évaluer α.83

C : Rétrospective des effets de la politique budgétaire sur la croissance

Les implications de la politique budgétaire via de les dépenses publiques sur la croissance de
la production globale ont constitué l’objet des plusieurs travaux. Ce point présente une revue de

81
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p 21

Et donc de la consommation, γ = (1 /σ) [(1- τ)(1- α)A1/(1- α) (τ)α/ (1- α) – ρ] , expression dans laquelle σ et ρ
82

représentent respectivement l’élasticité de substitution de la fonction de consommation de type C.E.S retenue par
l’Auteur et le taux de dépréciation du capital par rapport au temps supposé donné et constant.
83
BERTHOMIEU. C, Dépenses publiques, croissance et soutenabilité des déficits et de la dette extérieure Etude de
cas pour six pays riverains de la Méditerranée : Tunisie, Maroc, Turquie, Liban, Israël, Egypte, Rapport de synthèse,
Université de Nice, France, 2004, p. 7

Master : Banques et Marchés Financiers Page 48


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

littérature théorique et empirique du lien existant entre dépenses publiques et croissance


économique.

La prise en compte des dépenses publiques dans les modèles récents de croissance montre
toute son importance bien que son efficacité ne fasse pas l'unanimité au sein des économistes
(Stiglitz J.E., [2007]) et a donc fait l’objet des plusieurs travaux.

Ce point présente une brève revue de la littérature sur l’impact des dépenses publiques sur la
croissance économique, en partant de l’approche Keynésienne (1936) jusqu’à la prise en compte
d’éventuels non linéarités et donc, de la possibilité d’existence d’effets de seuils des dépenses et
déficits publics, conditionnellement à un niveau d’endettement public (Bertola G. et Drazen A.,
[1993] ; Sutherland, [1997]).

La première orientation s’inspire des travaux d’Haavelmo8485. Cette orientation, bâtie sur la
loi de Wagner, confère un caractère endogène aux dépenses publiques, ces dernières sont
davantage considérées comme une conséquence plutôt qu'une cause du revenu national. Wagner
établit que le développement économique entraîne l'augmentation plus que proportionnelle des
dépenses publiques, l’augmentation du ratio des dépenses publiques par rapport au Produit
Intérieur Brut. Ainsi, plus un pays sera développé et plus sa part de dépenses publiques dans le
PIB sera importante. D’après cette analyse le sens de la causalité va de la croissance vers les
dépenses publiques.

La seconde orientation est une conception Keynésienne, pour Keynes, les gouvernements
doivent dans certains cas, stimuler l’économie par des augmentations des dépenses publiques ou
par des diminutions de taxes : les déficits sont donc une solution permettant d’accélérer la reprise
économique en cas de crise. Les analyses de Keynes reconnaissent le déficit budgétaire qui peut
être comblé soit par l’endettement, soit par la planche à billets, soit encore par les avances au
trésor, comme une des politiques que mène l’Etat en vue d’atteindre ses objectifs de politique
économique pendant une certaine période. C’est ce que Paul Samuelson qualifie de la « politique
budgétaire active»86.

Le déséquilibre économique financé par un endettement peut, dans ce sens, induire une
croissance équilibrée de plein-emploi plutôt qu’un accroissement de l’impôt, lequel a un effet
négatif sur le revenu national. L’équilibre peut s’obtenir avec un budget déséquilibré (recettes <
dépenses) pour lequel les dépenses sont plus en capital et non pas celles dites improductives.

84
Le théorème de Haavelmo : A partir d'un budget équilibré, une hausse égale des dépenses publiques et des recettes
budgétaires se traduisent par une hausse du même montant du revenu national. Donc l'équilibre budgétaire n'est pas
neutre : si le budget augmente, il a un effet expansionniste dont l'effet multiplicateur est égal à k (avec k=1/1-c).
Alors l’action publique agit sur la croissance économique [en économie fermée].
85
(Voir MANKIW.G.1997).
86
Nous l’entendons comme politique budgétaire expansionniste, un processus consistant à manipuler les impôts et
les dépenses publiques aux fins de doper la croissance à long terme par des interventions sporadiques et
conjoncturelles. En d’autres termes, favoriser le maintien d’une économie progressive, maintenir l’économie à son
niveau de plein-emploi, maitriser l’inflation et la déflation.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 49


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Pour Keynes, en jouant sur les dépenses publiques, les agents anticipant une forte demande
appuyée par des commandes publiques vont investir et relancer la machine économique.

En effet, l’endettement entraine la relance de la demande en provoquant ainsi par effet


accélérateur une hausse plus que proportionnelle de l’investissement qui, à son tour, incite une
hausse de la production.

Le raisonnement étant que l’investissement est une composante de la demande et c’est par ce
biais qu’il est facteur de croissance. Dès lors, une augmentation d’une unité des dépenses
publiques induit une variation plus que proportionnelle du revenu, et donc génère la croissance.
Pour cette raison, les dépenses publiques sont une cause plutôt qu'une conséquence du revenu
national.

Certains auteurs notamment Stieglitz et Weiss (1981) ont mis en lumière la place des
dépenses publiques dans la résolution des problèmes d’imperfection de l’information aussi bien
au niveau du marché des capitaux que du marché du travail. Selon ces auteurs, en raison d’un
manque d’information, une banque peut refuser de prêter à des clients pourtant solvables. Au
niveau du marché du travail également, les entreprises ne peuvent évaluer la productivité des
candidats aux emplois. Pour cela, elles ont tendance à relier la productivité au niveau de salaire
demandé. Ainsi, ils aboutissent aux résultats que la dépense publique peut dans ces cas de figures
constituer un instrument valable de rétablissement de l’équilibre entre la demande et l’offre87.

Paragraphe3 : Politique budgétaire et croissance économique : justifications


modernes.

A : Dépenses publiques et marché des capitaux

I : Dépenses publiques et équilibre du marché des capitaux

Dans un modèle de croissance à générations imbriquées sans altruisme intergénérationnel,


T.Diamond88 analyse l’impact de la dette publique sur l’accumulation optimale du capital. En
effet, dans ce modèle et avec un ratio dette par tête constant, l’équilibre du marché des capitaux
est affecté de deux manières : la première à travers le revenu des actifs, et donc l’épargne, qui se
trouve imputée du montant des impôts destinés à couvrir les charges d’intérêt. Lorsque le taux
d’intérêt est inférieur au taux de croissance de l’économie, l’endettement initial donne lieu à long
terme à des réductions d’impôts et par conséquent à une augmentation de l’épargne. La seconde,
dans le cas où les titres de la dette publique se substituent aux titres privés dans le portefeuille
des agents induisant une réduction permanente du stock de capital physique par tête. Les
conséquences du rétablissement de l’équilibre du marché des capitaux (impliquant une

87
Gastonfils LONZO LUBU, les effets non linéaires des dépenses publiques sur la croissance économique en RD
CONGO, 2014, URL : https: //mpra.ub.uni-muenchen.de/60716/
88
Diamond. T,’’National Debt in a Neoclassical Growth Model’’, American Economic Review, 1965

Master : Banques et Marchés Financiers Page 50


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

augmentation du taux d’intérêt) sur la consommation varient en fonction de l’écart entre le taux
d’intérêt et le taux de croissance.

Dans une situation d’équilibre stationnaire où le taux d’intérêt est inférieur au taux de
croissance de l’économie et d’un trop faible préférence des consommateurs pour le présent,
l’émission de titres publics permet de résorber le capital suraccumulé : ‘’la consommation par
tête des générations suivantes augmente. Il existe donc un niveau d’endettement public optimal
non nul : c’est celui qui permet d’atteindre la règle d’or’’89 à savoir un taux d’intérêt inférieur au
taux de croissance de l’économie.

II : Dépenses publiques et résolution des problèmes d’imperfection de l’information

Du fait de l’imperfection de l’information, J.E.Stiglitz et A.Weiss90 ont montré que les


banques peuvent refuser d’accorder des prêts à des emprunteurs parfaitement solvables en raison
du comportement de sélection adverse (éviction d’emprunteurs potentiels) et d’aléa moral
(modification du comportement des emprunteurs). En effet, le niveau du taux d’intérêt offert par
une banque modifie la nature du risque lié au crédit et comme il n’est pas aisé pour une banque
de déterminer les bons emprunteurs, le taux d’intérêt que ceux-ci acceptent de verser représente
pour elle un important indice de choix. Mais, dans la mesure où un taux d’intérêt élevé accroit le
degré de risque lié aux crédits (sachant également que les agents qui acceptent de payer les taux
d’intérêt les plus forts peuvent constituer en moyenne de mauvais "risque"), il en résulte un
processus de sélection adverse et donc une éviction d’emprunteurs potentiels.

De ce fait, un accroissement des taux d’intérêt pousse les demandeurs de prêts à opter les
projets les plus entables et qui sont en même temps les plus risqués (processus d’aléa moral).
Cette modification du comportement des emprunteurs fait que le taux d’intérêt, bien que fixé de
manière concurrentielle, n’est pas un prix d’équilibre car des emprunteurs solvables seront
éliminés. Si la demande excède l’offre, la banque craignant de devoir financer des projets non
rentables ou très risqués, ne satisfera pas la demande excédentaire, même si les emprunteurs
potentiels sont prêts à payer des taux d’intérêt plus élevés.

Cette analyse qui montre que même si les prix sont le résultat d’un processus concurrentiel et
ne réalisent pas l’équilibre sur le marché, peut concerner d’autres types de marchés, et plus
particulièrement le marché du travail. En effet, n’étant pas capable d’apprécier avec exactitude la
productivité des candidats à l’embouche, les entreprises sont amenées à établir une liaison entre
le salaire demandé par les candidats et leur productivité anticipée : dans un tel contexte, une
baisse du salaire réel ne permet donc pas d’accroitre les embouches.

Dans cette optique, les dépenses publiques de formation peuvent permettre de restaurer
l’équilibre entre l’offre et la demande par le biais de l’accroissement du niveau de formation des
responsables au niveau des entreprises
89
Mills. P et Quinet. A, ‘’Dépenses publiques et croissance’’, Revue Française d’Economie, 1992.
90
Stiglitz. J. E et Weiss. A, Credit Rationing in Markets with imperfect information, American Economic
Review,vol 71, juin 1981, pp, 393-410.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 51


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

B : Dépenses publiques et stimulation de la productivité du secteur privé

Dans la théorie traditionnelle de la croissance, l’explication de l’évolution du taux de


croissance s’appuyait sur différents facteurs, en particulier l’accroissement de la production, et le
progrès de la productivité. L’introduction de nouveaux éléments à coté de la progression
quantitative du travail et du capital s’est avérée nécessaire. Il s’agit de "facteurs qui déterminent
les conditions d’une croissance endogène c'est-à-dire auto-entretenue", à savoir les rendements
croissants à l’échelle et certaines externalités qui ne transitent pas par le marché telles que la
recherche et la diffusion de l’innovation d’un secteur à un autre, l’accumulation du capital
humain au sein du système productif, etc.

La question était également de savoir si les dépenses publiques pouvaient promouvoir la


croissance économique en agissant sur les externalités suscitées.

Dans ce cadre, D.A.Aschauer91 a mené une étude aux Etats-Unis, étude qui a révélé qu’un
accroissement de 1% du stock des équipements publics est susceptible de générer une croissance
de la productivité privée, croissance comprise entre 0,38% et 0,56%. Cette étude a suscité une
importante controverse sur la nécessité d’opérer un tri au sein des dépenses, tri permettent de
discerner les dépenses publiques propices à la compétitivité et celles défavorables à la
productivité du secteur privé.

Des études empiriques ont conclu qu’il ya deux sortes de dépenses : les premières qualifiées
de consommation, ont un effet négatif sur la croissance (il s’agit des dépenses de
fonctionnement) ; les secondes, appelées "d’avenir " (telles que les dépenses d’éducation et de
recherche) dont la progression est susceptible d’engendrer celle de la croissance économique.

En effet, la définition de l’investissement public donnée par la comptabilité nationale


(comme étant la valeur des biens durables acquis par les administrations pour être utilisés
pendant plus d’un an à l’exclusion de ceux destinés à produire un service non marchant de
défense nationale) est à la fois incomplète et hétérogène. Mais elle présente un grand intérêt
surtout lorsqu’on s’intéresse au mode de financement des dépenses publiques. Cette définition
est étroitement liée au principe de prudence financière et ne permet pas d’évaluer avec précision
l’apport des dépenses publiques à la croissance économique. C’est que des dépenses publiques
(telles que les dépenses de recherche et celles de formation qui contribuent à accroitre le stock de
capital humain) sont écartées du champ des investissements publics alors qu’elles représentent,
comme dans les modèles de croissance endogènes, des facteurs de croissance économique92.

Par ailleurs, l’investissement public, tel que défini en comptabilité nationale, contient des
travaux qui ne visent pas à améliorer le potentiel d’offre de l’économie dans l’immédiat et d’une

91
Aschauer. D. A, ‘’In Public Expenditure productive?’’, journal of monetary Economics, op, cit.
92
Voir à ce sujet :
Romer. P, Growth Based on increasing Returns due to specialization’’, American Economic Review, Mai 1987.
X.Sala-I-Martin, ‘’five prototype Models of Endogenous Growth’’, NBER, Working paper, n° 3561, 1990.
Lucas. R. E, ‘’on the Mechanics of Economic Development’’, journal of Monetary Economic, n°22, 1988.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 52


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

manière palpable ; il s’agit en particulier notamment de certains investissements d’Etat (tels que
les grands travaux à vocation culturelle) et de beaucoup d’investissement locaux (tels que
terrains de sports et les maisons de troisième âge) qui ne rentrent pas dans la fonction de
production privée. Il à même de favoriser l’accumulation du capital productif et conforme aux
choix de politique budgétaire.

C’est que, l’appréciation de la soutenabilité de la politique budgétaire requiert l’extension de


la notion d’investissement public aux investissements immatériels.

Pour décrire plus fidèlement la contribution publique à l’accroissement de la capacité d’offre


de l’économie, deux indicateurs doivent donc être visés : le premier est relatif aux
investissements publics au sens de la comptabilité nationale, le second concerne les dépenses
d’avenir autrement dit un élargissement de l’investissement public aux investissements
immatériels bruts qui sont considérés par les modèles de croissance endogène comme des
facteurs de croissance économique.

Les effets macroéconomiques des dépenses d’avenir ont été, dans les travaux récents, sous-
estimés. Cette sous-estimation peut s’expliquer par deux facteurs essentiels : le premier est que,
en l’absence de mécanismes de marché, l’évaluation de la rentabilité des dépenses d’avenir se
heurte à un problème de mesure surtout que les motivations de l’investissement privé ne sont pas
aisément transposables à l’investissement public ; le second tient au fait que le calcul
économique, qui est circonscrit aux investissements matériels, n’appréhende que très
sommairement certains effets externes des investissements en particulier sur l’environnement et
l’aménagement du territoire.

Les nouveaux modèles de croissance qui intègrent la croissance de productivité des facteurs
en faisant appel à des externalités ou à des rendements d’échelle croissants au niveau national,
accordent aux dépenses publiques un rôle productif. C’est dans ce sens que R.J.Barro développe
le modèle standard de croissance endogène en tenant compte des dépenses publiques. Ces
dernières interviennent à coté des inputs privés dans la détermination de la production.

Ainsi, un nombre de plus en plus important d’économistes estiment que les théories de la
croissance endogène signifient "un regain en faveur de l’intervention publique". Autrement dit,
on soutient l’idée selon laquelle une augmentation des dépenses publiques peut produire un effet
durable sur la croissance "même si la solvabilité de l’Etat impose que les dépenses
supplémentaires soient compensées par des réactions ultérieurs de dépenses ou par des impôts".

C : Politique budgétaire et croissance économique : quelques études


empiriques

Pour analyser l’effet de la politique budgétaire sur la croissance, les études empiriques se sont
orientées dans trois directions. La première à travers la détection de liens de causalité entre les
dépenses publiques et le revenu ; la seconde en menant une analyse en coupe transversale

Master : Banques et Marchés Financiers Page 53


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

mettant en liaison, pour un ensemble de pays, la part moyenne de dépenses dans la richesse
nationale au revenu pat tète ; la troisième par l’estimation sur séries chronologiques de fonctions
de production augmentées de dépenses publiques.

En effet, l’impact macroéconomique des dépenses publiques peut être mesuré en étudiant les
liens de causalité entre l’évolution de la part des dépenses publiques dans la richesse nationale et
celle de PNB par tête. Dans ce cadre, deux idées s’opposent : la première développée par
Wagner, suppose que les dépenses publiques sont une variable endogène ; c’est que, selon cet
auteur, le développement d’une société entraine à la fois une augmentation de la demande
services collectifs, dont certains tels l’enseignement et la santé, présentent la caractère de biens
supérieurs (élasticité-revenu supérieur à l’unité) et un accroissement des besoins de régulation (
aux fins de correction des externalités négatives notamment). Dans le prolongement de cette loi
de la croissance des dépenses publiques. W.J.Baumol93 avance l’hypothèse que les gains de
productivité du secteur public sont inférieurs à ceux de la sphère privée en raison d’une faible
intensité capitalistique. Puisque où les salaires publics tendent à égaliser les salaires privés, il en
résulte une augmentation de la part des dépenses publiques dans la richesse nationale. La
deuxième idée, qui est d’obédience keynésienne, suppose que les dépenses publiques
représentent une variable exogène de politique économique. En conséquence, la réalisation des
objectifs macroéconomiques requiert une action par le biais des dépenses publiques.

Pour la vérification empirique de ces deux hypothèses alternatives (dépense publique –bien
supérieur versus dépense publique – facteur de croissance), les analystes ont fait appel à la
méthode des tests de causalité dont le plus usuel est celui de W.J.Granger94. D’après cette
méthode, une variable X cause une variable Y si l’introduction des valeurs passées de X
améliore la qualité statistique de la régression de Y sur ses propres valeurs passées. Ces tests ont
débouché sur des résultats mitigés et dans certains cas sur des estimations non significatives,
résultats ne permettant pas de trancher le sens de causalité entre dépenses publiques et croissance
économique.

Dans les analyses en coupes transversales, les résultats sont aussi difficiles à interpréter car
elles amalgament des pays économiquement différents. Grace à l’apport des modèles de
croissance endogène et étant donné le relatif insuccès des tests de causalité, les analystes ont
récemment mené des recherches empiriques dont le fondement théorique est plus riche. Dans ces
modèles, les dépenses publiques sont prises comme facteur de croissance au même titre que le
capital Humain, le capital productif, la recherche-développement, la différenciation des produits,
etc. les plus récents analyses en coupes transversales sont celles de D.Landau95 , R.C.Kormendi
et P.G.Meguire96, R.J.Barro97 ainsi que celle de P.Artus98.

93
Baumol. W. J, Macroeconomics of unbalanced Growth, American Economic Review, Juin 1967, cite in. Mills et
A.Quinet, dépenses publiques et croissance, op, cit, p. 38, 1967
94
Granger. W. J, investigating causal Relations by Economic Models and Cross Spectral Methods, Econometrica,
mai 1964.
95
Landau. D, Gouvernment Expenditure and Economic Growth : a Cross Country Study, Southern Economic
Journal, janvier 1983
96
Kormendi. R. C et Meguire. P. G, Macroeconomic Determinant of Growth, Journal of Monetary Economic,
janvier 1985

Master : Banques et Marchés Financiers Page 54


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Ainsi, travaillant sur 104 pays, D.Landau, a trouvé une corrélation négative entre le taux de
croissance du revenu par tête et la part de la consommation publique dans le PIB.

R.C.Kormendi et P.G.Meguire, ont travaillé sur 47 pays sur la période 1950-1987 et ont trouvé
un impact faiblement positif, mais non significatif, de l’accroissement des dépenses publiques
civiles sur la croissance.

De son coté, P.Artus a travaillé sur 21 pays de l’OCDE sur la période 1980- 1989 et n’a pas
trouvé un effet favorable des dépenses publiques totales sur la croissance. Par contre, les
dépenses publiques de recherche et développement ont un effet positif sur le taux de croissance
de PIB avec un coefficient de 0,0299.

Au total, il ressort de ces travaux économétriques en coupe transversales qu’il est préférable
de distinguer les dépenses publiques de consommation et celle d’investissement. En effet, si les
premières ont un impact négatif sur la croissance, un tel impact n’est pas détecté quand il s’agit
des secondes.

L’impact de dépenses publiques sur la croissance peut également être analysé non par le biais
des flux de ces dépenses mais par le stock de capital public. En effet, ce dernier peut soit
permettre, comme une variable d’environnement, l’amélioration de la productivité du travail et
du capital privés, soit rentré dans la fonction de la production des entreprises comme facteur non
rémunéré à coté des inputs privés100.

Mettant l’accent sur le premier aspect, l’analyse économique traditionnelle ne fait intervenir
le capital public qu’indirectement dans l’opération de production et contribue, parmi les
nombreux autres facteurs, à expliquer le ‘’résidu’’ de la fonction estimée. Se démarquent par
apport à cette analyse, D.Aschauer présente une fonction de production de type Cobb-Douglas
augmentée du stock de capital public non militaire. Exprimée en log, celle-ci s’écrit :

Yt = αt + αi + βgt (1)

Avec :

Y : la production
Α : une mesure du progrès technique non incorporée aux facteurs ;
i : une combinaison pondérée des facteurs de production privés ;
g : le stock de capital public.
97
Barro. G. R, Economic Growth in a Cross Section of Countries, the quarterley journal of Economics, mais 1991
98
Artus. P, Dépenses publiques et croissance, Documents de travail de la caisse de Dépôt et de Consignation,
novembre 1991.
99
El HIRI. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p 219,220
100
EL Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p 221, 222

Master : Banques et Marchés Financiers Page 55


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

En supposant que les rendements d’échelle du secteur privé sont constants (α= 1), la production
globale des facteurs privés (Pt = Yt – it) peut alors s’écrire simplement sous forme :

Pt = αt + βgt (2)
Par contre, si pour l’économie dans son ensemble, les rendements d’échelle sont constants (α + β
= 1), la productivité globale des facteurs privés s’écrit :

Pt = αt + β (gt – it ) (3)

En prenant en considération les fluctuations cycliques de la productivité, captées pat le log


du taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie, D.Aschauer estime une
équation de la forme :
Pt = b0 + b1t + b2 (gt – it) + b3 (4)

Les résultats des tests de cette équation sur les Etats- Unis ont été une élasticité de la
productivité globale des facteurs au stock de capital productif de l’ordre de 0,4 sur la période
1949 -1985. Il en découle que la décélération du stock de capital public au cours des deux
dernières décennies (qui a été de l’ordre de 1,6% en moyenne annuelle sur la période 1971- 1985
contre 4,1% sur la période 1950 -1986) explique en grande partie la dégradation des gains de
productivité globaux (0,8 % en moyenne annuelle sur la période 1971- 1985 contre 2% sur la
période 1950-1986).

Par ailleurs, D.Aschouer établit un modèle d’obédience néoclassique, contenant une équation
d’investissement privé et une autre de rentabilité de capital privé. L’auteur analyse d’un coté
l’effet d’éviction éventuel de l’investissement public en introduisant celui-ci comme argument de
la fonction d’investissement privé, de l’autre, l’impact de capital public sur la rentabilité du
capital privé. Deux conclusions ressortent de l’estimation du modèle sur les Etats – Unis au
cours de la période 1953- 1986 : la première est qu’à court terme, l’investissement public évince
l’investissement privé (coefficient de -0,99) ; la seconde, par contre, est qu’à moyen terme, une
augmentation de 1% du stock de capital public améliore de 0,09 point la rentabilité du capital
privé, ce qui compense largement l’effet d’éviction initial et ce au bout de quatre ans.

Les résultats sur lesquels le modèle de D.Aschouer a débouché sont entérinés par d’autres
études notamment celles de R.Mundell101, J.Fernald102, L.Rubin103, ainsi que celle de R.Ford et
P.Poret. Cependant, ces études émettent un certains nombres de remarques : d’abord, les
équations ne prennent en compte aucune autre explication du ralentissement des gains de
productivité aux Etats – Unis ; ensuite, la productivité marginale des infrastructures calculée
dans ces estimations ‘’parait trop élevée’’ pour être plausible. En effet, étant donné la valeur de

101
Mundell. R, Why Has Productivity Growth Declined? Productivity an public investment, New England Economic
Review, janvier-février, 1990
102
Fernald. J, Is Public Expenditure reality productive? Some Observations, Harvard University, décembre 1990
103
Rubin. L, productivity and the public capital Stock : Another Look, FRB, Working Paper, n° 118, mai 1991

Master : Banques et Marchés Financiers Page 56


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

coefficient du capital public américain (capital public/ PIB), une élasticité de la productivité au
capital public comprise entre 0,3 et 0,4 signifie une rentabilité marginale du capital public allant
de 60% à 80% ; enfin l’élasticité est affectée d’un biais de simultanéité104.

En effet, l’investissement public peut être autant la cause que la conséquence de la croissance
économique105.

Conclusion de chapitre I :

La politique budgétaire, comme un instrument efficace d’intervention publique dans le


domaine économique, n’a vu le jour qu’au lendemain de la précisément, avec les travaux de John
Maynard Keynes sur la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie.

Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invoqué par les économistes
classiques peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable, si les prévisions pessimistes des
entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’Etat peut rompre cet équilibre de
sous emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée par des dépenses publiques
nouvelles ou par la diminution des impôts.

Par ailleurs, pour une économie qui est ouverte sur les capitaux étrangers, l’efficacité de
multiplicateur reste tributaire à un autre facteur, celui de la propension marginale à importer qui
doit être à son minimum.

En outre, l’intervention de l’Etat, théoriquement, est toujours étendue par des critiques
sévères, en effet, ces critiques se conjuguent par plusieurs façons à l’occurrence de l’effet
d’éviction : si l’Etat finance le déficit provoqué par l’augmentation des dépenses publiques, par
l’emprunt auprès de secteur privé, cela engendrera une augmentation des d’intérêt
rémunérateurs, ce qui diminue l’envie d’investissement chez les entrepreneurs privés. En total,
l’investissement public encouragé par l’Etat évince l’investissement privé.

D’autre part, les ménages peuvent être Barro-Recardiens, dans ce cas, les ménages
augmentent leur taux d’épargne, car, vieillissant, ils souhaitent détenir plus de dettes publiques.
L’État augmente donc sa dette, mais, les ménages, anticipant une future hausse des impôts,
augmentent de nouveau leur épargne, ce qui oblige l’État à augmenter de nouveau son déficit.

Toutefois, la légitimité de la politique budgétaire avancée par l’école keynésienne, doit être
approuvée en évaluant ses apports à la croissance économiques.

104
Ibid.
105
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002,p.23

Master : Banques et Marchés Financiers Page 57


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Les études théoriques sur les dépenses publiques ont monté leurs effets positifs que ce soit
sur l’équilibre de marché des capitaux, sur la résolution des problèmes d’imperfection de
l’information ou sur la stimulation de la productivité du secteur privé.

Ainsi, de leurs coté, les travaux empiriques menés par des économistes comme
R.C.Kormendi et P.Artus ; sont arrivé à la conclusion selon laquelle qu’il préférable de
distinguer les dépenses publiques de consommation et celles d’investissement. Aussi, l’impact
des dépenses publiques sur la croissance peut également être analysé non par le biais des flux de
ces dépenses mais par le stock de capital public.

D’autre part, les différents résultats trouvés montrent que l’impact de la politique budgétaire
ne peut être le même partout. Il est fonction du niveau, de la nature et de la répartition des
dépenses et recettes publiques, des structures internes à chaque économie.

Par conséquent, la politique budgétaire doit être adaptée au contexte de chaque pays pour
stimuler la croissance. Pour cela, on doit se précise, en premier lieu, sur l’évolution des masses
budgétaires marocaines, ainsi que sur la conjoncture des politiques budgétaires au fil de temps, et
évaluer ces orientations en deuxième lieu. C’est effectivement l’objet du chapitre qui vient.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 58


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

CHAPITRE II : LES POLITIQUES BUDGETAIRES DU MAROC


DEPUIS L’INDEPENDANCE.

Introduction :

Parmi les politiques macroéconomiques à la disposition de l’État pour conduire et orienter sa


politique économique, la politique budgétaire est incontestablement la plus importante. Cette
politique est menée au moyen du budget de l’État central. Le budget a un rôle essentiel dans la
politique macroéconomique tant par sa masse (en % du PIB notamment), que par sa structure
(structure des dépenses et des recettes), par ses flux (orientation des dépenses et collecte des
recettes), et enfin, par son solde.

Les variations marginales de ces différentes composantes ont autant sinon plus de
signification économique, et sociale, que leurs masses respectives. Mais, il faut aussi noter
l’autre caractéristique budgétaire, à savoir sa relative « rigidité ». Une grande partie des dépenses
et des recettes de l’État est pour l’essentiel renouvelée, et c’est à la marge « quelque fois étroite »
que se situe le degré de manouvre de l’État.

Enfaite, depuis l’accession à l’indépendance, les finances publiques marocaines ont connu
une importante évolution et des mutations profondes et irréversibles. En effet, elles sont passées
par plusieurs phases qui ont forcement marqué la politique budgétaire marocaine et ont
relativement modifié les objectifs et priorité de la dite politique.

Notre analyse se propose dans les sections ci après, d’étudier l’évolution des différentes
masses budgétaires au Maroc depuis 50 ans d’une part et d’autre part, de faire une analyse
conjoncturelle des différentes politiques budgétaires qui ont été pratiquées pendant cette période,
et de se pencher vers une évaluation des orientations de cet instrument de la politique
économique durant la période étudiée.

Pour cela, je vais aborder, en premier lieu, le sujet d’évolution des grandes masses
budgétaires au Maroc depuis 1960 jusqu’au nous jours, et l’analyse conjoncturelle relative aux
politiques budgétaires menées par la Maroc, pour arrivé, en deuxième lieu, à l’évaluation des
orientations budgétaires pratiquées par l’Etat marocain sur cette période.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Section 1 : Évolution des grandes masses budgétaires au Maroc

Depuis l’indépendance, les finances publiques marocaines ont connu une importante évolution
et des mutations profondes et irréversibles. Elles sont passées par plusieurs phases qui ont
fortement marquées la politique budgétaire de l’État et ont relativement modifié leurs objectifs et
leurs priorités106.

En effet, on peut distinguer quatre phases dans l’évolution des grandes masses budgétaires
marocaines : La période 1955-1973 qui peut être elle-même subdivisée en deux sous-périodes :
1955-1965 et 1966-1973, la période 1973-1982 qui comprend-elle aussi deux sous- périodes; une
période d’expansion budgétaire (1973-1977) et une période d’accumulation des déséquilibres
financiers (1978-1982), la période d’austérité budgétaire et d’ajustement structurel 1983-1992, et
enfin la période de l’après ajustement des équilibres budgétaires de 1993 jusqu’à nous jours.

Sur la base d’une analyse descriptive, on va voir ci-après l’évolution des dépenses et des
recettes publiques qui constituent les principaux instruments de la politique budgétaire.

Paragraphe 1 : La structure des dépenses budgétaires

A : 1955-1977 : Hausse des dépenses de fonctionnement et d’investissement

Les dépenses budgétaires sont constituées principalement par trois sortes de dépenses : Les
dépenses de fonctionnement qui comprennent entre autres les dépenses du personnel et du
matériel ainsi que les subventions des prix, les dépenses d’investissement ou d’équipement et les
dépenses de la dette publique (y compris l’amortissement et les intérêts).

I : 1955-1973 : Augmentation des dépenses avec une prédominance des celles de


fonctionnement.

Jusqu’en 1973, ces trois dépenses évoluaient de manière régulière et lente avec un avantage
apparent aux dépenses de fonctionnement suivies des dépenses d’investissement et enfin celles
de la dette publique qui étaient très raisonnables.

On remarquera ainsi une certaine rigidité budgétaire, dès cette première période des cinquante
dernières années. Cette rigidité est d’une façon générale, spécifique aux budgets des États107. En
effet, nous verrons que d’une année à l’autre, la structure budgétaire de départ adoptée par les
gouvernements successifs évoluait lentement, au moins autant que la conjoncture le permet.

106
Sagou. M les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, P. 12
107
Geours. J. S, la politique économique des principaux pays industriels de l’occident, Ed. Sirey, 2e édition, Paris,
1973, p. 166.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Cette structure budgétaire est également bien significative d’un état et d’une structure
économique, sociale et politique du pays108.

Nous verrons ainsi que l’ordre de grandeur amorcé durant la période 1955-1973 et concernant
les différents postes de dépenses budgétaires, évoluait lentement, mais structurellement avec
cette tendance à une augmentation en premier lieu du budget de fonctionnement et de façon
alternative des dépenses d’investissement puis de la dette publique.

II : 1973-1977 : Plan quinquennal 73-77; explosion des dépenses d’investissement

À partir de 1973, les dépenses d’investissement commencent à augmenter de manière


vertigineuse dépassant ainsi les dépenses de fonctionnement en 1976-1977 (entre 1975 et 1977 le
taux de croissance des dépenses d’investissement était de l’ordre de 131 % alors que celui des
dépenses de fonctionnement n’était que de 44%!). Ceci est dû essentiellement à l’exécution du
plan quinquennal 73-77 qui a été marqué par le lancement d’un programme d’équipement
intensif. Cette accélération des dépenses d’investissement concernait surtout les grands travaux
d’infrastructures (Barrages, routes, constructions scolaires et universitaires...). Les dépenses de
fonctionnement ont également sérieusement augmenté (26 % de hausse des salaires dans la
fonction publique), ainsi que les subventions alimentaires (huile, sucre, beurre)109.

Graphique 1 : Évolution des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement entre


1970-1983 (en MDH).

Source : Rapports de BAM

108
J. St Geours, p. 166, op. cit.
109
Sagou. M et Mourji. F, in politiques économiques pour la croissance dans les pays en voie de développement,
Ed. Wallada, Casablanca, 1989, p. 106.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

B : Réduction des dépenses d’investissement et augmentation des celles de la


dette.

I : 1978-1982 : Effort de stabilisation des dépenses

À partir de 1977, on commence à prendre conscience des déséquilibres engendrés par les
dépenses publiques. Aussi, dès 1978, on entame une politique d’austérité et d’assainissement de
la situation financière de l’État. Cette politique a permis de baisser le montant des dépenses
d’investissement de 40 % en 78, mais celles-ci sont restées quand même à un niveau élevé à
cause notamment de la rigidité qui caractérise certains investissements. À cet égard, il faut
préciser que la rigidité budgétaire qui s’impose aux budgets d’équipement est extrêmement
lourde de conséquences110.

Mais, ce qui a marqué cette période, outre que les dépenses d’investissement ont dépassé les
dépenses de fonctionnement, c’est que ces dernières ont aussi continué leur ascension de manière
régulière et progressive.

Nous avons là, une double rigidité qui a marqué pour longtemps notre économie, et dont les
conséquences se font encore sentir aujourd’hui dans les déséquilibres fondamentaux qui
caractérisent les finances publiques marocaines. En fait, les dispositions prises et les
engagements visant à réduire les dépenses de fonctionnement se sont heurtées à un seuil planché.
Ainsi, les indispensables revalorisations des traitements de la fonction publique, les subventions
des prix à la consommation, les impératifs de développement de l’emploi et le souci d’équilibre
social exercent une pression en fil continu, et ceci témoigne des difficultés à comprimer les
dépenses publiques et permet d’observer combien la marge de manouvre du ministère des
finances est limitée surtout quand vient le problème de la gestion de la dette publique.

En effet, depuis 1976, les dépenses de la dette ont enregistré une remarquable ascension qui
est due essentiellement à la réalisation du plan ambitieux 73-77. Ce plan a nécessité la
mobilisation de ressources importantes dépassant largement les ressources ordinaires, ce qui a
logiquement débouché sur un endettement profond de notre économie. D’ailleurs la dette du
gouvernement central par rapport au PIB a plus que doublé entre 1974 et 1981en passant ainsi
de 22,4 % à 53,38 %.

C’est la période ultérieure (1983-1992), c’est à dire celle du Programme d’Ajustement


Structurel (PAS) qui montrera clairement que durant la période de 1973-1983, la politique
budgétaire marocaine, très volontariste, a rencontré plusieurs obstacles internes et externes dans
sa mise en ouvre111.

110
J. St Geours, p. 166, op. cit. Outre cet aspect spécifique aux structures budgétaires, mais aussi aux
comportements des gouvernements en matière de politique budgétaire et de politique économique en général, cette
rigidité exprime aussi des situations acquises, et donc des reconductions automatiques des grandes masses
budgétaires. On a pu calculer durant les années 1960, près de 90 % du budget de dépense devrait être chaque année
reconduit.
111
Cf. supra.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

II : 1983-1992 : Réduction drastique des dépenses d’investissement et augmentation des


dépenses de la dette.

Cette période fut caractérisée par une continuité dans la croissance des dépenses de
fonctionnement. Étant à 16,4 milliards de DH en 1983, elles se retrouvent à plus de 36 milliards
en 1992. En effet, des chapitres entiers de dépenses ont augmenté de manière accélérée comme
les dépenses de compensation et celles des appointements et salaires112.

L’État s’est retrouvé avec un personnel pléthorique. De 1988 à 1992, on prévoyait des
créations d’emplois autour de 15.000 par an contre 40.000 à 50.000 avant 1983.

Ce mouvement de hausse s’explique essentiellement par le caractère incompressible de ces


dépenses. Cependant en pourcentage, les dépenses de fonctionnement ont enregistré une légère
baisse, mais se maintiennent quand même à un niveau élevé. Représentant 16,5 % du PIB en
1983, ces dépenses n’en constituent plus que 14,5 % en 1992.

Graphique 2 : Évolution des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement entre


1984-2003 (en MDH).

Source : Rapports de BAM

Du côté de la dette publique, les résultats sont impressionnants; les montants versés au titre du
service de la dette (amortissements et intérêts) ont augmenté deux fois plus vite que les dépenses
de fonctionnement entre 1983 et 1992. Quant aux versements réalisés au bénéfice exclusif de
l’amortissement de la dette, ils ont connu une progression assez exponentielle durant la période
1983-1989 rattrapant ainsi rapidement la courbe tracée par les dépenses en intérêts de la dette.

De même, les dépenses d’investissement, après avoir enregistré une forte chute passant de
12,5 milliards de DH à 7,3 milliards entre 1982 et 1984 soit de 13,4 % par rapport au PIB à 6,5
%, ont connu une croissance plus ou moins régulière qui se situe autour de 7 et 6% du PIB.

112
Cf. Infra.

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Par ailleurs, une analyse sectorielle montre que si la part de certaines dépenses est restée à
peu près stable, tel le cas de la défense nationale, celle du secteur économique (agriculture,
industrie, transports, commerce) a décru de plus de moitié, passant de 1983 à 1988 de 21,8 % à
13,7 % des dépenses totales. Autre fait marquant; la forte réduction des dépenses à caractère
social, relatives à la fonction (travail, urbanisme, habitat) qui ne représentent plus que 0,4 % du
budget de l’État en 1987 contre 2,2 % en 1983. En ce qui concerne la part relative des dépenses
de santé, elle atteint à peine 3 à 4 %, ce qui reste très faible étant donné les besoins croissant
d’une population à faible revenu.

C : 1992-2014 : Modération des dépenses globales

Cette période est marquée par un accroissement important des dépenses de fonctionnement.
Cette croissance s’est faite au détriment des dépenses d’investissement qui ont été maintenue
autour de 20 milliards depuis 1993. Rapportées au PIB, les dépenses d’investissement sont
passées de 7,8 % en 1993 à 4,8 % en 2003 alors que les dépenses de fonctionnement qui étaient à
15,1 % en 1992 ont atteint 18,2 % en 2003. Une masse salariale excessive (43,6 % des dépenses
totales et 12 % du PIB durant la période 1996-2003) explique en grande partie cette structure des
dépenses. En fait, cette masse salariale, qui représente la moitié des dépenses ordinaires, a plus
que doublé entre 1990 et 2003. De plus, le système de subventions des prix au consommateur
(énergie et produits alimentaires de base) absorbe 6% des dépenses totales. En revanche, les
dépenses de la dette, après une croissance régulière, ont connu un léger recul depuis 2003 en
raison de la baisse des taux d’intérêts et de la conversion de la dette extérieure en financements.

Graphique 3 : Évolution des prévisions des dépenses de la dette publique (en MDH)

Source : Différentes lois de finances

En effet, des efforts appréciables ont été accomplis en matière de réduction de l’endettement
public extérieur. Ramené au PIB, le service de la dette externe (intérêts seulement) est passé de
3,1 % en 1990 à 2,9 % en 1995 et à 0,7 % en 2003. Cette diminution est le résultat conjugué de
la baisse continue du stock de la dette et du taux d’intérêt sur le marché international, ainsi que
de la politique de gestion active de la dette. En revanche, le service de la dette publique
intérieure (intérêts seulement) par rapport au PIB a presque doublé entre les périodes 1980-1989

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

et 1996-2003, passant de 1,7 % à 3,2 %. Il a même dépassé celui de la dette extérieure à partir de
1995 en raison de la croissance soutenue du stock de la dette intérieure.

Graphique 4 : Évolution des dépenses de la dette publique (intérêts seulement) (en MDH)

Source : Rapports de BAM et WDI

Par ailleurs, afin d’accroitre la disponibilité des ressources publiques pour ces investissements
prioritaires, le Maroc a commencé dès 2004 à élaborer une stratégie de consolidation des
finances publiques comportant cinq éléments principaux : réforme de régime fiscal, réduction de
la masse salariale publique, réductions des subventions à la consommation d’énergie,
remplacement des subventions alimentaires par un soutien ciblé aux groupes vulnérables et
élaboration de budgets axés sur la performance. La pratique basée sur une imposition directe
excessive du régime fiscal marocain demeure une contrainte majeure pour la croissance et
l’amélioration de l’environnement des affaires. La Lourdeur de cette imposition directe a été
relativement atténuée à travers les dernières réductions des taux d’impositions frappant les
revenus des individus et des entreprises113.

Parallèlement, la consolidation du processus de modernisation de l’administration publique en


cours consolidera le programme de réforme globale en renforçant sa base institutionnelle. La
réforme progressive du système de subventions, qui la principale vulnérabilité des finances
publique, est depuis l’or on constance évolution. Les incidences budgétaires croissantes de la
hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et pétroliers ont davantage souligné
l’inefficacité et la nature non viable du système de subventions universel du Maroc. Les
dépenses liées aux systèmes de subventions pour les céréales et les carburants ont presque
doublé en 2008 par apport à 2007. Elles sont passées de 2,7% du PIB en 2007 à 4,6% en 2008.
Les subventions auraient été plus importantes sans la baisse des prix mondiaux dans la foulée de
la crise économique globale.

113
Nouetoun Wabo. J. S, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, mémoire du master en
finance et économétrie, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p. 30

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

En outre, pour l’année 2009, les dépenses ordinaires ont baissé de 7,7% en raison du net recul
des charges de compensations. Le solde ordinaire n’a baissé que de 2,3% s’établissant à 35,5
milliards. Cependant, en raison de l’expansion des dépenses d’investissement, le solde global
s’est contracté de 4,6 milliards pour revenir à 3,5 milliards.

Durant l’année 2011 et suite aux exigences sociales apparues dans les circonstances du
printemps arabe, combinées à une crise économique et financière d’ordre mondial, les autorités
marocaines ont augmenté les dépenses publiques relatives au soutien des couches sociales
défavorisées. L’objectif étant le maintien des prix de certaines denrées et du carburant à des
niveaux stables malgré la hausse de leurs cours mondiaux. Cela à entraîné une augmentation des
subventions des produits alimentaires et pétroliers pour atteindre environ 6 % du PIB en 2011,
soit « 4% du PIB » de plus que le niveau inscrit au budget 2011 (2,1 %).

L’effet sur le budget de cette augmentation des subventions a été amplifié par l’augmentation
généralisée des salaires dans le secteur public de l’ordre de 600 DH Conséquences directes,
creusement du déficit budgétaire, augmentation de la masse salariale et finalement
alourdissement du poids de la dette, tous les symptômes d’une crise budgétaire.

Compte tenu de ces faits, les objectifs de l’année budgétaire 2012 étaient déjà fixés. Arrêter la
dégradation des finances publiques passe impérativement par la réduction des dépenses. Les
autorités ont ainsi pris d’importantes mesures compensatoires afin de limiter le déficit budgétaire
à 3 % du PIB sur le moyen terme, ce qui ramènerait le total de la dette publique à environ 50 %
du PIB. Les mesures d’ajustement budgétaire de 2012 les plus importantes étaient
l’augmentation des prix des produits pétroliers dans l’attente d’une restructuration plus globale
de la caisse de compensation, le renforcement de la transparence budgétaire et l’exécution
rationnelle des dépenses publiques. Sans ces mesures il aurait été impossible de garder les
investissements publics dans leur niveau ordinaire qui, après examen de leur historique, étaient
les premiers à être sacrifiés durant les années de crise114.

Après une réduction de 3,1% en 2013, les dépenses globales ont augmenté de 1,8% en 2014 à
285,4 milliards de dirhams, reflétant une progression de 0,3% des charges ordinaires à 232,9
milliards et de 9% des investissements à 52,5 milliards.

114
Mrabet. N, La marge de manœuvre budgétaire au Maroc : analyse en termes de dépenses, [En ligne] URL :
www.academia.edu/8714692/La_marge_de_manoeuvre_budgétaire_au_Maroc_analyse_en_termes_de_dépenses
_par_Najib_MRABET_professeur_de_sciences_Economiques.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 66


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 5 : Evolution des dépenses globales du Trésor

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

Au niveau des dépenses ordinaires, les charges de fonctionnement se sont alourdies de 5,1% à
153 milliards de dirhams. Ainsi, la masse salariale s’est accrue de 2,6% à 101,6 milliards,
conséquence en particulier d’une création nette de plus de 4.600 postes d’emplois et du
relèvement du salaire minimum de 2.800 à 3.000 dirhams par la suppression de l’échelle 5.

Concernant la charge de compensation, elle s’est allégée de 21,5% à 32,6 milliards ou 3,5%
du PIB, sous l’effet de la décompensation du fuel et du super sans plomb, de la réduction
progressive de la subvention unitaire du gasoil, ainsi que de la diminution des cours du pétrole.
Par produit, la compensation a baissé de 44,2% à 8,9 milliards pour le gasoil, de 60,7% à 1,8
milliard pour le fuel, alors qu’elle a légèrement augmenté de 0,6% à 13,2 milliards pour le gaz
butane115.

En outre, la dépense de dette publique, a poursuivi sa tendance haussière entamée en 2010


avec toutefois une atténuation de sa progression en 2014. Son ratio au PIB s’est établi à 63,2%
contre 62,3% en 2013 et 49% en 2010 et son encours à 584,2 milliards de dirhams, en hausse
annuelle moyenne de 11% durant la même période. En revanche, son coût moyen1 a diminué de
5,1% en 2010 à 4,6% en 2013 et à 4,4% en 2014 et sa durée de vie moyenne est passée
respectivement de 5,7 ans à 5,5 ans et à 6,5 ans.

L’analyse de l’évolution de la dette publique directe en 2014 fait ressortir des contributions
de même niveau de ses deux composantes interne et externe. La dette intérieure du Trésor a
augmenté de 2,6% pour s’établir à 443,2 milliards, représentant ainsi 47,9% du PIB, soit le
115
Rapport annuel de DANK ALMAGHREB, Exercice 2014, p. de 57 à 61

Master : Banques et Marchés Financiers Page 67


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

même ratio qu'en 2013. Pour sa part, la dette extérieure du Trésor a enregistré un accroissement
de 8,6% de son encours à 141 milliards et de 0,8 point de pourcentage de son ratio au PIB à
15,7%. La structure de cette dernière par devise montre une prédominance de l’Euro, dont la part
s’est renforcée de 77,2% à 78,8%, tandis que la part du dollar US a augmenté de 0,3 point de
pourcentage à 13,6%.

Graphique 6 : évolution de la dette publique

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

Concernant la dette extérieure garantie, elle a connu une hausse de 30,3% à 136,7 milliards,
représentant 14,8% du PIB contre 11,6% en 2013. Au total, l’encours de la dette publique s’est
accru de 8,2% à 721 milliards1, représentant 78% du PIB au lieu de 74%.

D : Evolution de croissance économique au Maroc

La croissance économique au Maroc a connu trois phases distinctes. Dans un premier temps,
le Maroc a enregistré une accélération de son rythme de croissance au cours des deux décennies
qui suivirent l’indépendance pour atteindre 5,4% de croissance annuelle moyenne au cours des
années 1970. Cette période a été marquée par la mise en œuvre de plans de développement
économique et social visant à renforcer le tissu économique et à accompagner les
transformations sociales du pays. Les plans des années 1960 (1960-1964 ; 1965-1967)
projetaient notamment le développement de l’agriculture et la mise en place d’une industrie de
base, grâce à l’intervention de l’Etat en vue de consolider l’indépendance économique du pays et
de valoriser ses ressources nationales116.

Les années 1970 se caractérisèrent également par un fort interventionnisme de l’Etat visant
deux objectifs principaux, la mise en place d’une politique de substitution aux importations et la
promotion des exportations. Le premier axe d’intervention fut marqué par des investissements
publics conséquents associés à un système de protection de l’industrie marocaine naissante. Le
second axe d’intervention visait à promouvoir les exportations (plan quinquennal 1973-1977).

116
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 118

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Dans cette optique, l’Etat a tenté de mobiliser l’initiative privée, à travers notamment la
promulgation de la loi sur la marocanisation (1973). Toutefois, l’objectif consistant à relancer la
croissance par une contribution plus importante de la demande extérieure n’a pas été atteint, la
part des exportations dans le PIB étant restée inchangée depuis les années 1960.

Dans un second temps, la croissance a décéléré de manière continue, atteignant 2,4% en


moyenne au cours des années 1990, et sa volatilité s’est fortement accrue.

Suite à de nombreux chocs extérieurs (choc pétrolier, baisse des prix du phosphate,
augmentation des taux d’intérêt, sécheresse), la situation macroéconomique du Maroc s’est
nettement dégradée au début des années 1980. Pour faire face à cette situation, le gouvernement
a mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS). C’est ainsi que la politique
budgétaire ait fixé pour objectif le maintien du déficit budgétaire à un niveau inférieur au seuil
de 3% du PIB et par conséquent, la contraction budgétaire s’est érigée par les pouvoirs publics à
une condition nécessaire pour rétablir les perspectives de croissance.

Toutefois, dans sa première phase (1982-1987), la mise en œuvre du PAS a engendré une
contraction de la demande intérieure, un ralentissement de l’activité économique et une
aggravation du chômage. Au cours de la seconde phase du PAS (1988-1995), la situation des
finances publiques et des comptes externes s’est améliorée. Cette période a néanmoins été
marquée par une forte volatilité de la croissance économique comparativement à la période
antérieure, en raison des fréquentes sécheresses. En effet, le secteur agricole représente toujours
à cette période 17% du PIB global, emploie 40% de la population active et constitue 40% des
exportations. De ce fait, les fluctuations de l’activité agricole se répercutent sur l’ensemble de
l’économie nationale compte tenu de l’effet d’entraînement qu’il exerce sur l’ensemble de
l’activité économique par le biais des revenus. Le net ralentissement de la croissance tient
également au fléchissement de l’investissement public et à la baisse de la compétitivité relative
des exportations marocaines par rapport aux autres pays émergents.

Cependant, les mesures draconiennes préconisées par le PAS, n’ont pas endigué
l’augmentation des dépenses de fonctionnement qui vont ensuite s’approcher de la barre des 40
milliards de DH en 1992 contre 16 milliards en 1983. Les exigences de la gestion de la dette117
limitent, par ailleurs, la marge de manœuvre pour l’allocation des ressources entre les différentes
catégories de dépenses. L’effet de contraction budgétaire serait plutôt remarqué au niveau de
l’investissement public dont la part dans le total des dépenses publiques représentait 45% en
1982, a chuté à environ 26% en 1992. Pareille pour les dépenses de subventions et de
compensations qui ont été ramenées de 6,3% du total des dépenses publiques en 1980 à environ
2,44% en 1992.

117
Sa part dans les dépenses publiques totales a grimpé de 16% en 1983 à environ 24% en 1990

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 7: Taux de croissance réel du PIB et taux d’inflation (en%)

Source : données de la Banque mondiale (WDI)

Si le plan d’ajustement structurel a permis relativement de rétablir les équilibres financiers, les
coûts sociaux ont été, par contre, trop lourds. L’accumulation du capital humain et physique est
fortement affectée. Ainsi, la contraction des dépenses sociales et d’investissement public a abouti
à un ralentissement de l’activité économique, à la hausse du chômage et la régression du niveau
de vie d’une large catégorie de citoyens. Certes, à partir de la fin de la période du PAS, les
pouvoirs publics ont commencé à bénéficier d’une certaine autonomie dans l’élaboration des
politiques budgétaires, mais leur marge de manœuvre n’a pas été totalement libérée à cause de
l’incompressibilité des dépenses de fonctionnement et des intérêts de la dette118. L’irrégularité
avait marqué la croissance de la part des dépenses publiques dans le PIB, enregistrant en effet,
tantôt des valeurs positives tantôt des valeurs négatives ; les tendances baissières sont surtout
enregistrées entre les années 2001- 2003 et 2005-2006 ou plus avant entre 1995-1996.

Enfin, sur la période récente, le Maroc est de nouveau entré dans un cycle de croissance
relativement soutenue. En effet, celle-ci s’est notablement renforcée et s’est stabilisée autour de
5% en moyenne au cours de la décennie 2000. La fin des années 1990 marque une rupture avec
la politique économique menée depuis l’indépendance se traduisant par un nouveau régime de
croissance, moins inflationniste que par le passé. Ce nouveau régime se caractérise par une
reprise des investissements public et privé, par la consolidation du PIB non agricole et par une
amélioration des équilibres extérieurs. Toutefois, le rythme de croissance de l’économie
marocaine est demeuré inférieur à la moyenne observée dans les pays émergents et en
développement.

118
Celles-ci ont atteint respectivement 97 milliards de DH et 19 milliards de DH en 2007

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Les dépenses publiques ont fortement progressé depuis le début des années 2000 pour
atteindre 33,9 % du PIB en 2013 après avoir atteint le seuil de 36,1% en 2012. En effet, suite à
l’exigence de la politique de soutien aux facteurs internes de la demande, l’ensemble des postes
de dépense a crû au cours de la dernière décennie.

Mais si l’on se contente uniquement à une présentation de l’évolution des dépenses publiques
dans leur totalité, on risquerait d’occulter les variations susceptibles de se produire au niveau de
la composition budgétaire ainsi que dans les évolutions des parts relatives des dépenses
publiques allouées à chaque secteur notamment les dépenses visant à développer le capital
physique de l’Etat (investissement public), ou développant le capital humain (dépenses de santé
et d’éducation) ou celles agissant sur le capital infrastructurel (dépenses de transport et de
communication).

L’évolution des dépenses publiques en éducation, santé et infrastructure, montre que ces
différentes catégories de dépenses ont vu leurs parts dans le PIB croître de 1970 à 1977. Après
cette période, la tendance va se renverser et on assistera à une baisse graduelle des dépenses
d’infrastructure qui vont les premières entamer leur recule, passant de 4.1% du PIB en 1977 à
environ 1.5% en 1984. Tandis que les dépenses publiques d’éducation ne seront affectées par
cette tendance baissière qu’à partir de 1983 et ce n’est d’ailleurs pas un événement surprenant
car cette même année avait coïncidé avec le début de l’application du programme d’ajustement
structurelle.

Néanmoins, la part des dépenses d’éducation s’était stabilisée au tour de 5% du PIB durant
toute la décennie 1988-1998, après quoi, une reprise sera constatée dans les dépenses de ce
département à partir de 2001 affichant un taux de 7% du PIB en 2007. Les dépenses de santé
publique, quant à elles, sont marquées par leur faible part dans le PIB ainsi que par leurs faibles
variations. Une simple comparaison entre le Maroc et un échantillon de trois pays (Botswana,
Tunisie, Malaisie) qui avaient des niveaux de développement similaire au Maroc dans les années
60- montre que le Maroc maintenant consacre le taux de dépenses publiques par rapport au PIB
le plus inférieur parmi ces pays qui affichent maintenant des taux de croissance nettement
supérieurs.

Bien que l’analyse des dépenses publiques totales dans chaque secteur ait permis
d’appréhender les différences entre les secteurs en matière des ressources financières allouées,
elle ne permet cependant pas de déceler les efforts d’investissement et leur évolution dans le
temps, les dépenses totales contenant également celles dites de fonctionnement qui ne traduisent
pas un effort d’augmentation des capacités productive comme c’est le cas pour l’investissement.
En effet, les pouvoirs publics ont accordé une importance particulière au secteur d’infrastructure
de base dans la période antérieure à l’application du programme d’ajustement structurel par le
fait d’être disposé à consacrer à ce secteur une part non négligeable des dépenses
d’investissement. La part des dépenses publiques d’investissement en infrastructure a été
maintenue jusqu’au 1983 à un niveau supérieur à 2%. Cependant juste après, une baisse

Master : Banques et Marchés Financiers Page 71


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

considérable va changement dans la stratégie d’investissement. Le changement ainsi constaté


peut être exprimé par l’écart entre les moyennes des parts d’investissement entre les périodes119.

Tableau 1 : Comparaison internationales des taux de croissance réels (en%)

Source : FMI (WEO)

Paragraphe 2: Évolution globale des recettes budgétaires

Pour financer ses dépenses, l’État se base sur ses ressources qui sont de trois sortes : Les
recettes fiscales constituées des impôts directs et indirects, droits de douane et des droits
d’enregistrement et de timbre, les recettes non fiscales constituées essentiellement des recettes de
monopole et des domaines ainsi que des recettes de privatisation et enfin les recettes d’emprunts
(intérieurs et extérieurs).

A : 1955-1973 : Croissance régulière des recettes fiscales

Depuis l’indépendance, les recettes fiscales progressaient de manière régulière sauf en 72.
Alors que les recettes non fiscales et les recettes d’emprunts, qui étaient assez proches pendant
cette période, connaissaient une croissance plus ou moins régulière mais dont le montant reste en
dessous de celui des recettes fiscales.

119
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 121

Master : Banques et Marchés Financiers Page 72


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 8 : Évolution des prévisions des recettes budgétaires (en MDH)

Source : Les différentes lois de finances

B : 1973-1982 : Explosion des dépenses; recours aux emprunts extérieurs

Depuis 1973, les recettes fiscales et non fiscales progressaient de manière importante mais
cette augmentation restait insuffisante pour financer les dépenses colossales entamées cette
année là surtout après la baisse du cours des phosphates en 75. En conséquence, le Maroc a été
obligé d’emprunter lourdement à l’extérieur. Il s’agissait d’une période d’accès facile au
financement international notamment à partir du milieu des années 70 « période de l’argent
facile et des pétrodollars »120.

Tableau 2 : Évolution des recettes fiscales et non fiscales entre 1974 et 1982 (en MDH)

Années 1974 1976 1978 1980 1981 1982


Recettes fiscales 4874 6719 10233 13585 15039 18141
Recettes non fiscales 2279 1603 1500 1607 2800 2339

Source : Rapports de BAM

C : 1983-2003 : Accroissement progressif des recettes fiscales et non fiscales

Pendant la période du PAS, les recettes d’emprunts ont continué leur augmentation grâce aux
emprunts contractuels accordés par le Fond monétaire international et la banque mondiale. De
même, les recettes non fiscales, qui étaient moins importantes que les recettes d’emprunts, ont
enregistré une progression régulière jusqu’en 1988. Mais après une légère baisse en 1989, elles
se sont stabilisées autour de 10 milliards de DH.

120
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 20

Master : Banques et Marchés Financiers Page 73


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau 3 : Évolution des recettes fiscales et des recettes non fiscales durant la période 1983-1992
(en MDH)

années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Recettes
19097 21173 23379 27395 30700 37795 40903 48106 50200 57868
fiscales
Recettes
non 1997 2296 3367 5086 6453 10050 8512 10243 9893 10027
fiscales

Source : Rapports de BAM

Comme le montre le tableau 2, les recettes fiscales restent largement dominantes et continuent
toujours leur ascension de manière de plus en plus importante surtout depuis 1987. En fait, le
système fiscal a connu dès la moitié des années 80, une importante réforme dont les effets
commencent à se sentir à partir de 1987.

Les lois de finances depuis 1992, ont été caractérisées par une forte baisse des recettes
d’emprunts, à l’exception de la période entre 1994-1995 où ces recettes ont enregistré une légère
augmentation. Cependant à partir de 1998, les recettes d’emprunts ont commencé à s’accroître
fortement pour se stabiliser autour des 36 milliards de DH depuis 2001. Cette augmentation
provient surtout de la montée des emprunts intérieurs, puisque le Maroc procédait, à cette
période, à la reconversion de la dette extérieure en investissements.

Graphique 9 : Évolution des prévisions de recettes d’emprunts (en MDH)

Source : Les différentes lois de finances

Quant aux recettes non fiscales, elles variaient autour de 10 milliards de DH jusqu’en 1996,
exception faite de l’année 1995 où elles ont enregistré une forte baisse.

Mais depuis, elles connaissent une croissance en forme de dents de scie. Cette croissance est
due essentiellement aux recettes de privatisation. À titre d’exemple, les recettes non fiscales ont
connu, en 1999, avec un montant de plus de 19,1 milliards de DH un quasi-doublement grâce

Master : Banques et Marchés Financiers Page 74


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

aux rentrées de l’ordre de 10,8 milliards de DH au titre de la concession de l’exploitation de la


2e licence GSM, au lieu des 4 milliards inscrits dans la loi de finances121.

Graphique 10 : Évolution des recettes non fiscales depuis 1993 (en MDH)

Source : Rapports de BAM.

En revanche, les recettes fiscales connaissent une augmentation progressive et régulière


atteignant près de 91,2 milliards de DH en 2003. Ainsi, la pression fiscale (la part des recettes
fiscales dans le PIB nominal) a été consolidée se situant à 22,1 % durant la période 1992-2003
contre 19,4 % durant la période 1980-1989. Cependant, cette moyenne cache une tendance
baissière. En effet, cet indicateur s’est limité à 21,8 % en 2003 contre 23,1 % lors de l’exercice
budgétaire 1998-1999.

Graphique 11 : évolution des recettes ordinaires du trésor

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

L’augmentation des ressources ordinaires du Trésor reflète essentiellement la hausse notable


des dons provenant des pays du CCG. En revanche, en raison de la progression limitée des
activités non agricoles, les recettes fiscales n’ont progressé qu’à un rythme limité de 1,6% à près
de 200 milliards, ramenant la pression fiscale2 à 21,6% au lieu de 21,8% en 2013 et de 23,3% en
moyenne entre 2008 et 2012. Les impôts directs se sont légèrement améliorés de 0,3% à 77,6

121
Rapport annuel de Bank Al-Maghreb, exercice 2000, p. 72.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 75


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

milliards après une baisse de 1,9% en 2013. Sous l’effet de l’opération de cession de 53% du
capital de Maroc Telecom par son actionnaire principal, les recettes de l’IS se sont accrues de
2,1% à 41,3 milliards. Hormis cette opération, elles ressortent en baisse de 0,6%. Pour sa part, le
produit de l’IR a totalisé 34,3 milliards, en augmentation de 0,7%, recouvrant en particulier une
diminution de 7,4% des recettes au titre des profits immobiliers et un accroissement de 5,2% de
celles relatives aux salaires publics122.

S’agissant des taxes indirectes, leur produit a augmenté de 0,7% à 98,8 milliards de dirhams,
attribuable essentiellement à la progression des rentrées des TIC de 4,3% à 23,8 milliards, avec
des hausses de 4,5% pour les produits énergétiques et de 5,9% pour les tabacs manufacturés. En
revanche, les recettes de la TVA ont accusé une légère baisse de 0,4% à 75 milliards,
consécutivement au recul de 1,2% de celles de la TVA intérieure à 28,6 milliards. Cette
diminution s’explique en partie par la suppression de la règle de décalage d’un mois en matière
de déductions et l’accélération des remboursements de la TVA au titre des logements sociaux. A
l’inverse, les recettes de la TVA à l’importation se sont accrues de 0,2% à 46,4 milliards et les
droits de douane de 0,7% à 7,7 milliards.

Les rentrées des droits d’enregistrement et de timbre ont progressé de 16,3% à 15,8 milliards,
suite au recouvrement d’une recette de 1,4 milliard liée à la cession d’une partie du capital de
Maroc Telecom, ainsi qu’à l’accroissement du produit de la Taxe spéciale annuelle sur les
véhicules automobiles.

Après un accroissement de 52,4% en 2013, les recettes non fiscales ont progressé de 14,6% à
33,1 milliards de dirhams, soit un taux de réalisation de 135%. Cette amélioration s’explique
principalement par l’encaissement de dons du CCG pour un montant de 13,1 milliards après 5,2
milliards une année auparavant. Hors dons, ces recettes ont accusé une baisse de 15,7%,
recouvrant notamment un repli de 2 milliards des fonds de concours et de 3,6 milliards des
produits de monopoles et participations, ainsi qu’une augmentation de 1,2 milliard des « recettes
en atténuation des dépenses ». Les principaux contributeurs sont l’OCP avec un montant de 3
milliards contre 5 milliards en 2013 et l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du
Cadastre et de la Cartographie avec 2 milliards contre 2,7 milliards. En outre, Maroc Telecom a
versé 1,4 milliard, après 1,8 milliard, et Bank Al Maghreb 628 millions au lieu de 944 millions
un an auparavant.

Paragraphe 3 : Structure et évolution des recettes fiscales

A : Structure des recettes fiscales

Les recettes fiscales sont constituées par les impôts directs qui comprennent entre autres
l’IGR (impôt général sur le revenu) et l’IS (impôt sur les sociétés), les impôts indirects composés
essentiellement des taxes intérieures de consommation, les droits de douanes et enfin les droits

122
Données de la Direction des Dépenses de Personnel relevant de la Trésorerie Générale du Royaume. Celle-ci
centralise près de 89% de la masse salariale de l’administration centrale.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 76


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

d’enregistrement et de timbres. On va retracer ci après, l’évolution des principales recettes


fiscales à savoir les impôts directs et indirects et les droits de douanes123.

Toutefois, Au lendemain de l’indépendance, les impôts indirects et les droits de douanes ont
été les plus prédominants dans la composition des recettes fiscales au détriment des impôts
directs. Depuis, ces dernières ont fortement augmenté mais sont restées quand même en dessous
des impôts indirects. Ceci est dû essentiellement à la politique d’austérité financière poursuivie
par les autorités publiques suite à la crise budgétaire de 1964. Cette politique était accompagnée
par de nombreux relèvement des taux de quelques impôts directs et surtout des droits et taxes à la
consommation. Ainsi, les impôts directs ont été de 730 millions de DH en 1970 et 799 millions
de DH en 1972 alors que les impôts indirects se sont élevés à 1532 millions de DH en 1970 et
1628 millions de DH en 1972. En revanche, les droits de douanes ont eu une progression plus ou
moins régulière avec 513 millions de DH en 1969 et 599 millions de DH en 1970 et 562 millions
de DH en 1972.

B : 1973-1992 : croissance des impôts directs et indirects suite à la réforme


fiscale.

I : 1973-1982 : Croissance progressive des impôts directs et indirects avec prédominance


de ces derniers.

À partir de 1973, les trois recettes fiscales commencent à augmenter significativement.


Toutefois, les droits de douanes se sont accrus plus rapidement que les autres impôts, renforçant
ainsi leur part dans l’ensemble des recettes fiscales au détriment des impôts indirects. La part des
droits de douanes est passée de 17 % à 27 % entre 1974 et 1982 tandis que la part des impôts
indirects a enregistré, durant la même période, un net recul passant ainsi de 50 % à 41 %, la part
des impôts directs a, quant à elle, régressé légèrement passant de 25 % à 23 %. En fait, plusieurs
régimes économiques en douane ont été promulgués en 1973, ce qui explique fortement cette
augmentation des droits de douanes124.

Tableau 4 : Évolution des principales recettes fiscales de l’État (en MDH)

Années 1974 1976 1978 1980 1981 1982


Les impôts indirects 2.137 3.016 4.168 5.467 5.784 7376
Les impôts directs 1.230 1.563 2.625 3.231 3.650 4.120
Les droits de
1.217 1.648 2.568 3.530 4.208 4.943
douanes

Source : Rapports de BAM

123
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 23
124
Bouzidi. M, monnaie et politique monétaire : analyse générale et application au Maroc, 1996, p. 199.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 77


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

II : 1983-1992 : Élargissement relatif de l’assiette fiscale, et remontée des impôts directs


suite à la réforme fiscale

Cette période est marquée par l’institution, à partir de 1986, d’une réforme du système
d’imposition qui s’est traduite par un élargissement de l’assiette fiscale. Cette réforme, amorcée
par la promulgation de la loi cadre en 1984 et concrétisée par l’entrée en vigueur de la TVA en
1986, l’impôt sur les sociétés (IS) en 1987 et l’impôt général sur le revenu (IGR) en 1988, a
affecté inégalement les différentes composantes des recettes fiscales dont la structure s’est
sensiblement modifiée.

Ainsi qu’on peut le remarquer sur le graphique 8 (ci-dessous), les impôts directs ont connu
une croissance importante depuis 1986, et leur part dans les recettes fiscales s’est relevée en
passant de 24,1 % en 1983 à 31,6 % en 1992.

Graphique 12 : Évolution de la structure des plus importantes recettes fiscales (en MDH)

Source : Rapports de Bank Al Maghreb

Au contraire, les impôts indirects ont vu leur part se réduire dans l’ensemble des recettes
fiscales. Depuis 1985, le ralentissement est net; de 44,2 % à 40,6 % en 1992. En effet, malgré
l’augmentation des impôts indirects observée depuis la réforme, celle-ci reste en dessous de la
croissance enregistrée par les impôts directs. En ce qui concerne les droits de douane, leur
évolution a été assez irrégulière. Après une chute de 23,3 % des recettes fiscales en 1983 à 17,7
% en 1987, leur part va connaître une progression sensible une année plus tard. Cette progression
va continuer jusqu’en 1994.

C : 1993-2014 : Baisse des droits de douane et renforcement de la part des


impôts directs dans les recettes fiscales.

Le début de cette période marque un renversement de tendance par rapport à la période


précédente125.

125
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 25

Master : Banques et Marchés Financiers Page 78


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

L’écart qui commençait à se résorber entre les deux impôts directs et indirects, s’est accentué
entre 1993-1998 mais depuis il a commencé à se réduire lentement. En fait, après une forte
croissance en 1993, due essentiellement à un net accroissement des recettes de la TVA, les
impôts indirects connaissent une progression régulière.

À l’inverse, les impôts directs ont connu une véritable baisse en 1993 et 1994 provoquée
principalement par la baisse du taux d’imposition de l’IS. Mais depuis, elles augmentent plus ou
moins régulièrement. C’est ainsi que la part des impôts directs dans les recettes fiscales s’est
sensiblement élevée passant de 26,6% en 1993 à 36,5 % en 2003. Quant aux impôts indirects,
leur part qui était de 47,3 % en 1993 a baissé à 43,2 % en 1998 pour revenir à 46 % en 2003.

De son côté, la part des droits de douane dans les recettes fiscales a régressé de façon
continue, passant de 21,6 % en 1990 à 15,8 % en 1999/2000 et à 11,7 % en 2003. En effet, les
recettes douanières ont enregistré une baisse dès 1995, qui s’est amplifiée en 1998 en raison de la
mise en ouvre de l’accord d’association avec l’Union Européenne. Cet accord a eu pour
conséquence une baisse de la pression fiscale sur les importations, comme en témoigne la baisse
continue du taux apparent des droits de douanes (16 % en 1996, 12 % en 2001, 11 % en 2002 et
9% en 2003). La perte des recettes douanières est estimée à 0,5 % du PIB au titre de l’exercice
2003 contre 0,4 et 0,3 point respectivement pour les exercices 2002 et 2001.

Durant la période allant de 2001 jusqu’en 2008, l’évolution des finances publiques a été
caractérisé par une phase de consolidation des recettes fiscales atteignant un pic de 26% du PIB
en 2008. L’analyse du comportement des recettes fiscales sur cette période a permis de faire
ressortir une sensibilité plus importante à l’activité économique à partir de 2005. L’élasticité est
passée de 0,9 sur la période 2000-2004 à 2,3 durant la période 2005-2008. Cette évolution est
liée au changement de la structure du PIB marqué par l’émergence de secteurs dynamiques
(bâtiments et travaux publics, postes et télécommunications et activités financières et
assurances), ayant enregistré des hausses importantes des profits et par conséquent des recettes.

Graphique 13 : Evolution des recettes fiscales

Master : Banques et Marchés Financiers Page 79


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Toutefois, une certaine instabilité du rythme de progression des recettes fiscales a été
enregistrée entre 2009 et 2012, s’expliquant, principalement, par la conjonction de trois facteurs.
Le premier facteur a trait aux effets de la conjoncture économique sur les différents types
d’impôt126. L’élasticité des recettes fiscales par rapport au PIB est devenue négative en 2009 (-
2,2) après une sensibilité positive de 2,3 durant la période 2005-2008. Ceci est attribuable au
ralentissement de l’activité économique suite, notamment, à la forte récession qu’ont connue les
principaux partenaires économiques du Maroc au lendemain de la crise économique et financière
internationale, notamment la France et l’Espagne. Le deuxième facteur se rapporte à la réduction
des taux de l’Impôt sur les sociétés et de l’Impôt sur le Revenu.127

Le troisième facteur concerne la baisse des recettes douanières en liaison, notamment, avec la
poursuite du démantèlement tarifaire et le comportement baissier des importations taxables.
Ainsi, un fléchissement des taux de progression des droits de douane et de la TVA à
l’importation a été constaté depuis 2009, comparativement aux années antérieures.

Au cours des deux dernières années, et malgré l’effort d’ajustement opéré depuis 2013 par les
pouvoirs publics, les recettes fiscales ont affiché un comportement modéré.

Paragraphe 4 : les cycles budgétaires au Maroc depuis 1955.

Quelle que soit l’importance de l’évolution de la composition des dépenses et des recettes,
c’est par la variation des soldes budgétaires que la politique budgétaire peut influencer en
profondeur les éléments de l’équilibre général.

L’étude des déficits budgétaires qu’a connus l’économie marocaine depuis 1956, nous paraît
indispensable pour cerner l’ampleur de la contribution de l’État au développement économique
et social du pays. Pour cela, on peut distinguer, comme on l’a vu précédemment, quatre cycles
budgétaires : 1956-1973; 1973- 1982; 1983-1992; 1993-2003.

À cet effet, le concept de « cycle budgétaire » que nous utilisons ici, désigne une période plus
ou moins longue, de10 ans en moyenne, et durant laquelle l’État, au sens du gouvernement, ne
semble pas réagir à telle ou telle tendance forte et structurelle des finances publiques. Lorsque
par exemple, les déficits structurels continuent à marquer les budgets durant plusieurs années de
suite, il s’agira d’un cycle budgétaire. Le cycle se termine en général par une crise des finances
publiques et donc par une dépression. On peut alors assister à deux types de mesures anticrise :
Soit l’État subit le cycle budgétaire déficitaire, et prend des mesures à posteriori, et c’est ce qui

126
Projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2016, rapport économique et financier, p. 110
127
En 2009, le taux de l’IS a été réduit de 39,6% à 37% pour les institutions financières et de 35% à 30% pour les
autres secteurs d’activité. Quant à l’IR, le taux marginal a été baissé de 42 à 40% pour s’établir à 38% en 2010. Le
seuil exonéré de l’IR a été relevé à 28.000 DH en 2009 puis à 30.000 DH en 2010 contre 24.000 DH en 2007 et

Master : Banques et Marchés Financiers Page 80


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

arrive en général dans les finances publiques marocaines. Soit l’État voit venir la crise de ses
finances, et anticipe la crise, auquel cas le cycle se termine plutôt128.

A : 1956-1982 : un cycle budgétaire d’expansion-récession après un cycle


relativement contrôlé.

I : 1956-1973 : Un cycle budgétaire relativement sous contrôle

Deux périodes peuvent être distinguées dans ce cycle : La première (1956-1964) et la


deuxième (1965- 1973). La première période allant de 1956 à 1964 correspond aux premières
années après l’indépendance, où le besoin de relancer l’économie s’est fait sentir au détriment du
déficit budgétaire qui était en moyenne de l’ordre de 8,6 % du PIB entre 1960 et 1964. En effet,
la reconstruction de l’économie s’est accompagnée d’un accroissement des dépenses qui n’était
pas suivie d’une augmentation suffisante des recettes129.

La deuxième période, entre 1965 et 1973, où les déficits budgétaires représentaient en


moyenne 3,4 % du PIB, a été au contraire marquée par une politique budgétaire plutôt prudente.
En effet, la préoccupation majeure des autorités publiques pendant cette période, était de limiter
l’accroissement des dépenses publiques et partant, le niveau du déficit.

Tableau 5 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc (1960-1972)

Années 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972

Déficit/PIB
7,5 8,7 8,5 9,5 9 4,8 2,7 4,3 3 4,3 2,9 2,8 3,6
en %

Source : Ministère du plan

II : 1973-1982 : Un cycle budgétaire d’expansion-récession ; la crise des finances publiques


marocaines.

On peut distinguer 2 sous-phases à l’intérieur de cette période : 1973-1977 et 1978-1982.

- 1973-1977 : Le cycle budgétaire d’expansion

La première phase a été caractérisée par une forte progression des recettes et des dépenses
publiques due, entre autres, au triplement des prix des phosphates. Ce qui a marqué une véritable
rupture de la tendance du passé en matière budgétaire. Ainsi, la prudence et l’orthodoxie
budgétaires ont cédé la place à l’activisme budgétaire, ce qui a conduit à des déficits importants.

128
18.000 DH en 1996. Le manque à gagner suite au réaménagement du barème de l’IR était de 0,6% du PIB en
2009 et 0,5% en 2010.
129
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 28

Master : Banques et Marchés Financiers Page 81


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau 6 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc (1973-1982)

Années 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Déficit/PIB en % 1,9 3,8 8,7 16,1 14,6 9,9 9,2 10,1 14,0 12,0

Source : Ministère du plan.

En effet, au terme de cette sous-phase, les déficits budgétaires sont entrés dans un processus
cumulatif et d’auto entretien. Ils sont même devenus une donnée structurelle des finances
publiques marocaines. Ainsi, le déficit budgétaire qui ne représentait que 1,9 % en 1973
atteignait 14,6 % en 1977.

- 1978-1982 : La plus grave dépression économique et financière des cinquante dernières


années.
Cette période peut aussi être divisée en deux sous-périodes : une correspondant au plan de
stabilisation 78-80 et l’autre à une situation de cessation de paiement du pays en 1981 et 1982.

II-1 : 1978-1980 : Le plan de stabilisation

Malgré l’assainissement budgétaire prôné par le plan de stabilisation 78-80, les déficits
budgétaires persistaient durant la deuxième sous-période surtout en 1981 où il représentait 14 %
du PIB. En effet, la baisse des dépenses d’équipement et les divers aménagements fiscaux n’ont
pas permis d’améliorer la situation financière de l’ État. Celle-ci s’est même dégradée à partir de
1980 avec l’apparition des soldes budgétaires ordinaires négatifs.

Tableau 7 : Évolution des dépenses et des recettes ordinaires

Années 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Recettes
4142 7028 8470 8322 10784 11693 13802 15092 17787 20480
ordinaires
Dépenses
3797 6670 7567 8038 9400 11049 13000 16167 20063 21830
ordinaires
Solde
345 358 923 284 1384 644 802 1075 2276 1350
ordinaire

Source : Rapports de Bank Al Maghreb

II-2 : 1981-1982 : Une période de quasi-cessation de paiement du pays

Pour financer ses dépenses et couvrir ses déficits, l’État a eu massivement recours à
l’endettement extérieur. Ainsi, l’encours de la dette extérieure qui n’était que de 12,9 % du PIB
en 1974 s’élevait à 43,8 % en 1982.

Cependant, compte tenu des chocs externes à la fin des années 70 (2e choc pétrolier, hausse
des taux d’intérêts), et vu l’ampleur des déficits jumeaux et la montée des revendications sociales
qui se sont matérialisées au début des années 80, cet endettement excessif et ces déficits sans

Master : Banques et Marchés Financiers Page 82


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

précédents ont débouché sur une situation de cessation de paiement. Ce qui a rendu le
rééchelonnement de la dette extérieure incontournable et l’ajustement indispensable.

Graphique 14: Encours de la dette extérieure en % du PIB

Source : IFS.

B : 1983-1992 : Un nouveau cycle budgétaire sous contrôle; l’ajustement


structurel.

La période 83-92 apparaît comme une période d’assainissement des finances publiques et du
retour aux déficits budgétaires soutenables. En effet, la part de ceux-ci dans le PIB va s’établir
en moyenne à 5,9 %.Cette période correspond au programme d’ajustement structurel mis en
place en juillet 83. Son but était, entre autres, de réduire le montant considérable du déficit à
travers le ralentissement de la progression des dépenses publiques et l’accroissement des recettes
par un aménagement et un renforcement de la fiscalité130.

La politique de redressement des finances publiques, poursuivie tout au long de cette période,
a eu des résultats financiers positifs indéniables. Ainsi, le déficit budgétaire qui représentait 9,2
% du PIB en 83 a baissé progressivement pour se retrouver à 2,2 % du PIB en 1992.

La structure du financement des déficits budgétaires s’est aussi profondément modifiée. Au


lieu des emprunts étrangers, ce sont les sources de financement interne qui ont largement dominé
cette structure depuis la mise en application du PAS, en contribuant en moyenne à la couverture
de 45,5 % des déficits budgétaires entre 1983-1992.

130
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p 30

Master : Banques et Marchés Financiers Page 83


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 15 : Évolution du déficit budgétaire (en % du PIB) entre 1983 et 1992

Source : Calcul basé sur les données publiées par Bank-Al-Maghreb et par la Direction de la Statistique.

Cependant malgré les efforts positifs accomplis, le redressement budgétaire demeure fragile et
les marges de manouvre se rétrécissent de plus en plus.

C : 1993-2015 : un paysage économique contrasté et sujet de la crise


financière internationale.

I : 1993-2004 : Un cycle budgétaire et de croissances économiques contrariées

La période 1993-2004 apparaît comme une période de déficits relativement maîtrisés, mais
cette maîtrise reste fragile. En effet, privé des gains de rééchelonnement, l’État s’est basé depuis
1993 sur les recettes de privatisation pour ramener ses déficits budgétaires à des niveaux
soutenables. Ainsi, grâce à ces recettes exceptionnelles, le déficit budgétaire a reculé,
s’établissant à 3,1 % du PIB en moyenne sur la période 1996- 2003 contre 3,3 % entre 1990 et
1995.

À titre d’exemple, le déficit qui était de l’ordre de 8,4 % en 2001 s’est retrouvé, grâce aux
recettes de cession de 35 % du capital de Maroc Telecom à 2,6 %.

Tableau 8 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc 1993-2003

Années 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Déficit/PIB
2,3 3,3 5,2 3 1,4 3,8 0,9 5,8 2,6 4,3 3,7
en %

Source : Rapports de BAM et HCP

En outre, au delà du caractère en partie conjoncturel du déficit, il y a d’autres facteurs de


tension budgétaire, parmi lesquels la perspective d’une diminution de recettes de l’ordre de 2 %
du PIB à moyen terme, du fait de la mise en œuvre de l’accord d’association avec l’UE.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 84


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

La pression continue de la masse salariale, qui dépasse déjà 12 % du PIB, et la mise en œuvre
éventuelle de la responsabilité financière de l’État au titre des passifs implicites logés dans les
comptes du système bancaire ou dans ceux des caisses de retraite du secteur public, auxquels il
faut désormais ajouter les dépenses de compensation sur les prix de l’énergie et les conséquences
budgétaires des accords sociaux relatifs aux revalorisations des salaires.

Dans ces conditions, les budgets des années 2003 et suivantes sont structurellement
déficitaires, mais conjoncturellement soutenus par les recettes de privatisation.

II : 2004-2015 : un paysage économique contrasté et sujet de la crise financière


internationale.

Après avoir progressé sur la période 2003-2008, les recettes fiscales rapportées au PIB
passant de 17,5% à 24,3%, se sont engagées sur une pente baissière pour ne représenter que
19,8% du PIB en 2013.131

Conséquence des évolutions divergentes des recettes et dépenses de l’Etat, les excédents
budgétaires de 2007 (0,7 % du PIB) et 2008 (0,4 % du PIB) ont laissé la place à des déficits qui
se sont creusés au cours de la période 2009-2012, passant de -2,2 % à -7,0 %.

Tableau 9 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc 2004 – 2015

Années
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Déficit/PIB
3 4 1,7 -0,7 -0,4 2,4 4,6 6,1 7,2 6 4,9 4,3
en %

Source : Différentes lois de finances

En 2013, il a pu, pour la première en 5 ans, inverser la tendance haussière du déficit en faisant
baisser celui-ci de 21,43 % par rapport au niveau de 2012 pour le ramener à 5,5 % du PIB. Pour
cela, il a fallu procéder à des coupes sur le budget d’investissement (15 milliards de dirhams) et
enclencher la réforme de la compensation en procédant à l’indexation partielle des produits
pétroliers. Mieux, pour 2014, le Gouvernement s’est engagé à réduire ce déficit à hauteur de 4,9
% du PIB. Et sur ce point, ne souhaitant pas toucher au Budget des investissements, nécessaires
pour la relance de la croissance, l’Etat a préféré poursuivre la réforme de la Caisse de
compensation en procédant à la décompensation progressive de certains produits pétroliers avec
des résultats tangibles. Reste que même si le déficit budgétaire baisse, son financement demeure
encore problématique dans un environnement marqué par la stagnation des recettes ordinaires. A
titre d’illustration, à fin mai 2014, le déficit budgétaire s’est établi à 33 milliards de dirhams
malgré une baisse de la facture de la compensation de 33,4 % à 13,3 milliards de dirhams. Cette
situation s’expliquant par la contraction de 1 % des recettes ordinaires consécutive à un recul des

131
Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, Rapport économique et financier, p. 104

Master : Banques et Marchés Financiers Page 85


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

revenus provenant de la TVA intérieure de -12,1 % du fait du ralentissement de la consommation


intérieure.

Section2 : Evaluation des orientations de la politique budgétaire au


Maroc.
La maitrise du solde budgétaire qui conditionne la stabilité macroéconomique (compte
courant, inflation, croissance…) est tributaire de la connaissance des causes qui sont à son
origine.une évaluation précise de l’orientation de la politique budgétaire est alors nécessaire.

Il convient de distinguer dans l’évolution des finances publiques ce qui résulte des actions
délabrées des pouvoirs publics de ce qui résulte de conjoncture économique132.

Les méthodes d’évaluation de l’orientation de la politique budgétaire ont l’objet d’une


abondante littérature.les organismes internationaux (FMI et OCDE) ont développé plusieurs
instruments, notamment, des approches basées sur le concept de solde budgétaire structurel.
L’idée fondamentale part du fait que les variations du solde dues aux fluctuations
conjoncturelles sont considérées comme auto-correctrices dans la mesure où elles sont appelées à
disparaitre à long terme avec le retour de l’activité à son niveau potentiel. En revanche, la solde
structurel constitue une mesure pertinente de l’orientation de la politique budgétaire et permet
en plus d’apprécier la soutenabilité à long terme des finances publiques.

Le solde budgétaire est, ainsi, ventilé en deux composantes :

 Une composante conjoncturelle qui représente l’impact du cycle économique sur les
dépenses et les recettes publiques ;
 Une composante structurelle correspondant à ce que serait le solde public si
l’économie se situait à son niveau potentiel.

L’identification des composantes conjoncturelle et structurelle de déficit budgétaire repose


fondamentalement sur l’estimation de PIB potentiel. Ce dernier représente le niveau de
production que l’économie peut soutenir durablement sans faire apparaitre de tension sur les
facteurs de production à savoir le capital et le travail.

La présente note se propose d’évaluer l’ensemble des indicateurs cités ci-dessus et d’en tirer
les enseignements pour la gestion des finances publiques au Maroc au cours de la période 1980-
2014.avant de commenter les résultats obtenus, il sera procédé à une définition de la notion du
solde structurel ainsi que une représentation de la démarche adoptée.

On utilise une approche agrégée pour mesurer le solde budgétaire corrigé des variations
conjoncturelles pour le Maroc et présente, également, un calcul désagrégé du solde structurel.
Selon l’approche ventilée, des élasticités spécifiques sont estimées séparément pour les trois
principaux impôts (impôts sur les sociétés, impôts sur le revenu et la taxe sur la valeur ajoutée)
132
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P 58

Master : Banques et Marchés Financiers Page 86


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

et les autres recettes fiscales sont ajustées par apports à l’écart de production avec une élasticité
de 0,53. De même, il a été procédé à l’évaluation du solde budgétaire structurel exception faite
d’un certain nombre d’éléments à caractère exceptionnel affectant le solde budgétaire.

Afin d’écarter l’effet du cycle agricole, le solde structurel a été évalué en procédant aux
calculs des élasticités par apports au PIB non agricole. En outre, les intérêts de la dette ont été
éliminés pour mesurer le solde primaire structurel.

Paragraphe 1 : Définition et calcul du solde structurel

L’évolution du solde budgétaire reflète à la fois les décisions de la politique budgétaire


(mesures d’économies, de recettes…) et l’impact des évolutions conjoncturelles. En effet,
lorsque le niveau de PIB est inférieur à son niveau potentiel, un déficit de recettes fiscales, ainsi
qu’un surplus de dépenses apparaissent. A l’opposé, lorsque le PIB effectif est supérieur à son
potentiel, un surplus de recettes est enregistré avec des dépenses plus faibles. Aussi, dès lors
qu’on souhaite qualifier l’orientation des politiques budgétaires, il est nécessaire de corriger
l’impact du cycle économique sur les finances publiques.

A : Définition du solde structurel

Le solde structurel ou le solde ajusté du cycle se définit comme étant le solde qui serait
constaté si le niveau de production était égal à son niveau potantiel.il correspond au solde
budgétaire corrigé des effets de cycle économique, soit de la conjoncture, de même que des
mesures exceptionnelles et temporaires. L’utilité de la distinction entre la composante
structurelle et la composante conjoncturelle du solde budgétaire présente l’avantage que le solde
structurel, dans la mesure où il ne dépend pas des fluctuations économiques, est l’indicateur de
l’ajustement budgétaire réel opéré au niveau des finances publiques.

La composante cyclique du solde budgétaire varie avec la position conjoncturelle de


l’économie dans le cycle économique. En effet, les recettes fiscales suivent le mouvement du
cycle de l’activité économique. Ce cycle est défini comme la différence entre le PIB effectif et le
PIB potentiel133.Exprimée en point de pourcentage de ce dernier, ce qu’on appelle communément
écart de production ou output gap134. Il apparait que la natation de solde structurel est fortement
dépendante de celle de PIB potentiel ; ce dernier est évalué selon des méthodes en partie
conventionnelles

La démarche de l’évaluation de la composante structurelle suive ici, conformément à celle


adoptées par les organismes internationaux (commission européenne, FMI, ODCE…) repose sur
le calcul des recettes et des dépenses structurelles. Ces dernières sont estimées en utilisant des
paramètres qui captent la réponse cyclique de ces agrégats à l’écart de production. La

133
Le PIB potentiel désigne le niveau de production soutenable à long terme, eu regard aux facteurs de production
disponibles, sans entrainer une accélération de l’inflation, soit sans créer de tensions excessives sur les marchés des
bien et du travail.
134
Adedeji, O and, Williams. O. H, (2007). « Fiscal reaction functions in the CFA Zone: An Analytical
perspective», IMF Working papers 07/232, international monetary Fund.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 87


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

composante cyclique ou conjoncturelle du solde budgétaire s’obtient par la différence entre le


solde effectif et le solde structurel.

Plus précisément, il est nécessaire d’identifier, dans un premier temps, les recettes et les
dépenses dont le niveau, toutes choses égales par ailleurs, est sensible à la conjoncture. Du coté
des recettes, on considère dans cette analyse que les recettes fiscales sont cycliques alors que les
recettes non fiscales ne le sont pas. Puisque les sensibilités des rentrées fiscales à la conjoncture
est différente d’un ‘impôts à un autre, les recettes structurelles sont obtenues en corrigeant les
recettes effectives des effets du cycle à partir des élasticités estimées des impôts et taxes à l’écart
de production en termes réels. Pour l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, de décalage
d’un an entre la base taxable et la recette effective est pris en considération. Concernant la TVA
et les autres recettes fiscales, il est supposé qu’il n’y a pas de retard entre la recette effective et la
base taxable correspondante. Les élasticités sont obtenues à partir d’estimations économétriques
sur la période 1980-2014. S’agissant des dépenses, ils sont pour une grande partie peu sensible
aux fluctuations de la conjoncture vu qu’elles revêtent globalement un caractère
discrétionnaire135. Les recettes et les dépenses conjoncturelles sont définies comme la différence
entre recettes et dépenses effectives et recettes et dépenses conjoncturelles.

La réaction de ces recettes et de ces dépenses à la conjoncture est ensuite évaluée. Le calcul
de ces élasticités conditionne pour une grande part le résultat final. Une fois ces calculs
effectués, il est alors possible de déduire la proportion de recettes et de dépenses imputables à
l’évolution de la conjoncture. Ainsi, plus le PIB effectif s’écarte de son sentier potentiel, plus la
composante conjoncturelle sera importante. Les résultats obtenus seront donc plus sensibles à
l’hypothèse d’écart du PIB réalisé par apport au PIB potentiel.

Ayant mesuré la composante conjoncturelle des dépenses et des recettes, le solde structurel
s’obtient par différence par apport au solde observé.

B : Calcul du solde structurel

Pour une présentation plus formelle du calcul du solde structurel, on note S le solde
budgétaire, R les recettes et D les dépenses. L’indice c revoie aux valeurs conjoncturelles et
l’indice s aux valeurs structurelles136. Y représente le PIB effectif, Y* le PIB potentiel et

(Y - Y*) / Y* = OG (output gap) ou l’écart de la production.

Pour une recette fiscale donnée, réagissant sans retard à l’activité, son niveau structurel est
défini par :

135
Certaines études suggèrent que les dépenses de santé ou de retraites présentent un certain caractère cyclique.
Cependant, il n’existe pas de consensus sur les causes exactes d’un tel phénomène ou sur son ampleur.
136
DGTPE(2009), « le solde structurel des administrations de sécurité sociale , méthode et évaluation », document
de travail de la DGTPE, n°2009/12.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 88


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Avec θ l’élasticité de cette recette à l’écart de production. On en déduit le niveau conjoncturel de


la recette, Rc :

De façon similaire, pour une dépense réagissant aux variations cycliques de l’activité, notées
Dc, est définie par :

Les soldes conjoncturels et structurels se déduisent des calculs précédents :

Les recettes conjoncturelles sont obtenues en corrigeant les recettes effectives à partir des
élasticités des principaux impôts à l’écart de production. L’élasticité d’une recette à l’écart de la
production mesure la sensibilité de cet impôt aux variations d’activité. L’élasticité n’est la même
pour toutes les recettes137.

Traditionnellement, deux approches sont mises en œuvre pour estimer le potentiel d’offre
d’une économie. Une approche économique qui résulte de l’évaluation d’une fonction de
production agrégée de l’économie. Dans ce cas, le PIB potentiel est défini comme le niveau de
PIB que connaitrait l’économie si les facteurs de production (travail et capital) étaient utilisés de
façon optimale sans faire apparaitre de tensions sur les prix. La croissance potentielle correspond
alors à la croissance de ce PIB potentiel et l’output gap à l’écart entre le PIB effectif et le PIB
potentiel.

137
AKitoby, B. and, al. (2004). «The cyclical and long –term Behavior of Government Expenditure in developing
Countries », IMF Working paper 04/202. Washington, DC, United States: International monetary Fund.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 89


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

La seconde approche, dite statistique, vise à extraire la tendance (la composante structurelle)
de la série de PIB observée à l’aide des filtres statistiques (filtre de Hodrick-Prescott, méthodes
des tendances coudées…).

C : Calcul du solde structurel pour le cas du Maroc

Pour le calcul du solde structurel au Maroc, il a été procédé à différents traitements pour
déterminer la composante structurelle des recettes fiscales, notamment, pour tenir compte de
l’effet décalage entre la recette effective pour certains impôts et la base taxable correspondante.
En outre, le solde budgétaire a été corrigé de quelques éléments exceptionnels relatifs aux
recettes et aux dépenses. L’évaluation du solde structurel est ensuite effectuée en éliminant
l’effet des intérêts de la dette (solde primaire structurel).

Dans la cadre de cette note, la croissance potentielle est approximée par la valeur tangentielle
du PIB. La méthode utilisée est la technique du filtre de Hodrick- Prescott138 qui consiste à
calculer des moyennes mobiles sur la série du PIB pour obtenir une tendance plus lissée. Il est à
noter que les calculs ci-après tiennent compte de la nouvelle base du PIB (2007).

- Sensibilité des recettes fiscales à l’output gap :

La composante structurelle des recettes fiscales (RFs) s’écrit en fonction de l’élasticité (θ) des
recettes fiscales à l’écart de production comme suit :

Où, Y* et Y sont respectivement le PIB potentiel et le PIB effectif.

Pour le cas du Maroc, les tests statistiques effectués pour estimer l’élasticité des recettes
fiscales prises globalement par apport à l’activité économique font ressortir une sensibilité de
0,51. Ainsi, les recettes structurelles sont calculées comme

Où RRNF rreprésentes les recettes non fiscales .

Au niveau des dépenses. Les dépenses au titre des biens et services réagissent aux variations
cycliques de l’activité avec une élasticité de 0,31 à court terme et de 1,24 à long terme.s’agissant
de la charge de compensation et des dépenses d’investissemnt, l’analyse de leur comportement
cyclique fait ressortir que ces deux composantes sont plutôt à prédominance structurelle

138
Hodrick.R.J et Psecott.E.C(1997), « post war U.S. business cycls, an ampirical investigation», Journal of Money,
Credit and Banking n°29,pp. 1-16.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 90


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Où DBS représente les dépenses de biens et services et AD les autres dépenses.

Le solde structurel Ss est alors calculé comme suit :

On en déduit le solde budgétaire conjoncturel SBC : SC = S - SS


Les résultats obtenus des calculs précédents sont illustrés sur le graphique suivant.

Graphique 16 : Décomposition du solde budgétaire (en % du PIB)

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

Il ressort de ce graphique que la composante structurelle explique largement l’évolution du


solde budgétaire. De ce fait, le solde conjoncturel demeure faible et moins volatile. Le solde
budgétaire a été ramené d’un déficit de 12,5% du PIB en 1981 à un excédent de 0,8% du PIB en
1999, soit un ajustement budgétaire de 13,3 points du PIB. Cet assainissement est imputable, en
grande partie, à la composante structurelle du solde budgétaire qui est passée de -11,9% à +0,9%
du PIB potentiel sur la même période, soit une réduction de déficit de 12,8 points de PIB.

Sur la période 2001- 2006, le déficit structurel s’est situé en moyenne à près de 2,6% du PIB,
avec toutefois une tendance globalement baissière. Entre 2007 et 2008, le solde structurel est

Master : Banques et Marchés Financiers Page 91


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

devenu excédentaire, se situant en moyenne à 0,5% du PIB potentiel. A partir de 2009, une
dégradation de 5points du PIB en moyenne à été enregistrée, et le déficit structurel est devenu de
plus en plus important avant d’afficher une amélioration sensible en 2013 et 2014.

Les résultats sont fortement imprégnés par la volatilité de l’output gap observée jusqu’à la fin
des années 90 sous l’effet, notamment, de l’activité agricole et ce, malgré que ce secteur ait été
hors champ de la fiscalité. Il est à noter que l’incidence de la considération de la croissance non
agricole est assez faible sur le calcul du solde structurel139.

- Effet de décalage entre la base taxable et la recette effective :

Le calcul du solde structurel devrait tenir compte de la réaction des différentes recettes fiscales à
l’écart de production et de l’effet du décalage entre la base taxable et la recette effective. Ainsi, pour
l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, un délai d’un an entre l’évolution de la base taxable et
l’impôt perçu est pris en compte.

Les tests statistiques effectués font ressortir :

 Une élasticité de l’impôt sur les sociétés (IS) par apport au PIB retardé d’un an de 0,29 à court
terme et de 0,65 à long terme.
 Une élasticité de l’impôt sur le revenu (IR) par apport au PIB de 0,92 à court terme et de 0,64 par
apport au PIB retardé d’un an.
 Une élasticité de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) par apport au PIB de 0,59 ;
 Une sensibilité des autres recettes fiscales par apport au PIB de 0,51

Dans ce cas, la composante structurelle de l’impôt sur les sociétés (IS) s’écrit :

Et la composante structurelle de l’impôt sur le revenu (IR) s’écrit :

Ainsi, les recettes structurelles sont calculées comme suit :

139
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P 66

Master : Banques et Marchés Financiers Page 92


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Où RARF représente les autres recettes fiscales et RANF les recettes non fiscales.

En représentant l’équation (a) pour la composante structurelle des dépenses, le solde structurel
Ss est calculé comme suit :

On en déduit le solde budgétaire conjoncturel SC : SC = S - SS


Les résultats obtenus des calculs précédents sont illustrés sur le graphique suivant :

Graphique 17 : Décomposition du solde budgétaire (en % du PIB)

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

La prise en considération de la réponse cyclique des différentes recettes fiscales à l’écart de la


production et du l’effet du décalage entre la base taxable et la recette effective affecte
sensiblement l’évaluation du solde structurel (écart variant -0,2% à 2,7% du PIB).

Master : Banques et Marchés Financiers Page 93


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 18 : Evolution du solde structurel140

Source : Données de la Banque mondiale (WDI)

Paragraphe 2 : la décomposition du solde budgétaire : la Prise en compte des


éléments exceptionnels.

La période étudiée se caractérise par un certains nombre d’éléments à caractère exceptionnel


affectant le solde budgétaire. Etant donné que ces éléments ne revêtent pas un caractère
structurel, il convient de procéder à la décomposition du solde budgétaire exception faite de ces
facteurs au lieu du solde budgétaire global. Il s’agit, notamment :

 Des opérations de privatisation qui ont généré pour le budget général un montant de
69,6 milliards de dirhams depuis 1993 ;
 Des charges dues à l’opération de départ volontaire à la retraite pour un montant de 18,9
milliards de dirhams (indemnités et manque à gagner suite à l’opération pour le CMR)
sur la période 2004-2008 ;
 Des arriérés au titre des pensions militaires pour un montant de près de 3,1 milliards de
dirhams sur la période 2004- 2008

La décomposition du solde budgétaire hors ces éléments exceptionnels s’est traduite par une
dégradation du solde structurel sur la période 1993-2004 et une amélioration entre 2005 et 2008
vu l’exclusion des éléments qui ont caractérisé ces deux périodes (48,9 milliards de dirhams de
recette de privatisation et 21,4 milliards de dirhams au titre des charges exceptionnelles
précitées). La période 2011-2014 a enregistré, également, une dégradation du solde structurel
compte non tenu des recettes de privatisation (10,6 Milliards de dirhams) et des dons provenant
des pays du conseil de coopération du Golfe (CCG) de l’ordre de 18,3 milliards de dirhams.

140
Méthode 1 : considération des recettes fiscales totales, Méthode2 : prise en compte de l’effet de décalage entre la
recette effective et la base taxable.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 94


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 19 : Décomposition du solde budgétaire hors éléments exceptionnels

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

Il ressort de ce graphique que la composante structurelle explique largement l’évolution du


solde budgétaire au cours des sous- périodes 1988-1996 et 2008 -2014, alors que la dégradation
du solde budgétaire est largement attribuable à la composante conjoncturelle durant les périodes
1982-1987 et 1997-2007.

La lecture du graphique nous permet de distinguer deux sous-périodes caractérisant le


comportement du solde structurel. Durant la première phase, entre 1980 et 1999, le déficit
structurel s’est situé à des niveaux très élevés en s’inscrivant, toutefois, dans une trajectoire
globalement baissière. La deuxième sous-période allant de 2000 à 2014 se caractérise par des
évolutions contrastées de la composante structurelle traduisant une orientation de la politique
budgétaire vers le soutien de la demande intérieure avant qu’un ajustement budgétaire ne soit
opéré à la fin de la période.

A : 1980-1999 : ajustement budgétaire et consolidation

Le solde budgétaire a été ramené d’un déficit de 12,5% du PIB en 1981 à un excédent de
0,7% du PIB en 1999, soit un ajustement budgétaire de 13,2% points du PIB. Cet assainissement
est imputable aussi bien, à la composante structurelle que celle conjoncturelle du solde
budgétaire141.

141
Rapport annuel de la BANK ALMAGHREB, exercice 2000, p. 105

Master : Banques et Marchés Financiers Page 95


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Le graphique indique que au début des années 80, phase de ralentissement de l’activité
économique, le déficit structurel s’est situé à des niveaux moins importants (moyenne de -3,8
points du PIB potentiel) que le déficit conjoncturel (moyenne de -4,4 points du PIB potentiel).
Cette période a été, en effet, marquée par une détérioration prononcée des équilibres internes et
externes, trouvant sa justification non seulement dans les faiblesses structurelles de l’économie
marocaine, liées à la forte dépendance de la production vis-à-vis les aléas climatiques et à la
vulnérabilité des exportations à l’égard des cours internationaux particulièrement des phosphates,
mais également dans une conjoncture internationale défavorable cours élevé du pétrole ,flambé
du dollar ,hausse des taux d’intérêts…).

Pour faire face à cette crise aigue, un programme d’ajustement structurel a été adopté et
plusieurs réformes ont été engagées, ayant trait notamment aux finances publiques. Dans sa
première phase, la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel (PAS) a engendré une
contraction de la demande intérieure et un ralentissement de l’activité économique. La croissance
économique réelle a affiché un taux de 5,2% en moyenne annuelle entre 1982 et 1987. Le déficit
conjoncturel est passé de 5% du PIB en 1982 à 1,2% en 1987 et le solde structurel a été ramené
de 4,6% du PIB à 3,2% respectivement.

La seconde phase du programme d’ajustement structurel (1988-1995) a été marquée par une
forte volatilité da la croissance économique comparativement à la période antérieure, en raison
des fréquences sécheresses, du ralentissement de l’investissement public et privé, de la
décélération de la demande étrangère adressée au Maroc, principalement européenne, et de la
baisse de compétitivité relative des exportations marocaines par apport aux pays émergents
performants. La détérioration de cette compétitivité relative est imputable à la hausse des couts
de production suite, notamment, à la revalorisation des salaires (SMIG), au renchérissement des
matières premières , en particulier du pétrole, et à l’appréciation du taux de change effectif réel.
Au niveau sectoriel, l’économie marocaine s’est diversifiée à partir du début de la décennie 90
grâce au développement de l’industrie touristique, du secteur textile et des services financiers.

L’effort de ralentissement des finances publiques s’est poursuivi ramenant le déficit structurel
à 2,8% du PIB en moyenne sur la période 1988-1995 (-2,2% du PIB potentiel en 1992 et 1993)
parallèlement à l’amélioration du solde conjoncturel (moyenne de -0,3% du PIB potentiel).pour
accroitre les ressources de l’Etat, une modernisation et une simplification du système fiscal ont
été entreprises, avec l’introduction de la TVA en 1986, de l’impôt sur les sociétés en 1988 et de
l’impôt général sur le revenu en 1990. Cette déforme a été accompagnée par une réduction
graduelle des taux particulièrement pour l’impôt sur les sociétés et pour les tranches supérieurs
de l’impôt général sur le revenu142.

Introduisant une simplification et une modernisation du système d’imposition, la réforme


fiscale a favorisé un accroissement plus rapide, comparativement au PIB, des recettes fiscales du
moins jusqu’en 1992. Cependant, il n’a pas conduit à un élargissement conséquent de la base
imposable. La structure du système fiscal continue, par ailleurs, à se caractériser par la

142
Sagou. M et Mourji. F, in politiques économiques pour la croissance dans les pays en voie de développement,
Ed. Wallada, Casablanca, 1989

Master : Banques et Marchés Financiers Page 96


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

prédominance des impôts indirects, lesquels représentent toujours plus des deux tiers des recettes
fiscales.

Des économies ont été enregistrées, également, au niveau des dépenses de fonctionnement de
l’Etat, grâce à la réduction des subventions et transferts (3 à 1% du PIB entre 1982 et 1994) et à
la maitrise de la masse salariale (10,5% du PIB en 1994 contre 11,2% en 1982) suite au gel des
salaires et au plafonnement des recrutements au sein de la fonction publique, toutefois,
l’essentiel des économies à été réalisé par le biais de la compression du budget d’équipement ou
de l’allègement de la dette suite à son rééchelonnement.

Un nouveau régime de croissance, moins inflationniste que par le passé, a débuté en 1996 se
caractérisant par une reprise des investissements public et privé, par la consolidation du PIB non
agricole. La tendance ascendante du PIB hors agricole a permis d’amortir les fluctuations da la
production agricole et de réaliser sur la période 1996-1999 une croissance moyenne de 5%. Au cours de
cette période, le solde structurel s’est redressé pour se situer à -0,4% du PIB potentiel avant de devenir
excédentaire en 1999 (2,3 points du PIB potentiel) et ce, parallèlement à une amélioration du solde
conjoncturel (-1,5 % du PIB potentiel en moyenne).

La période 2000-2014 ; phase de consolidation des finances publiques et soutien à la demande


intérieure…

Le profil des finances de l’Etat durant la période 2000-2014 s’explique par les évolutions
ayant marqué aussi bien les recettes que les dépenses suivant les phases suivantes :

B : Une phase de consolidation des recettes

A partir de 2001 et jusqu’en 2008, le solde structurel affiche globalement une amélioration et
enregistre un excédent en 2005 (1,9% du PIB potentiel) en même temps que l’économie s’inscrit
dans la phase ascendante du cycle. En moyenne, il se situe à l’équilibre. Lors de cette période, la
composante conjoncturelle explique en grande partie les déficits budgétaires enregistrés.
L’évolution des finances publiques à été, en effet, caractérisée par une phase de consolidation
des recettes fiscales atteignant un pic de 27% de PIB en 2008.

L’analyse du comportement de ces recettes sur cette période a permis de faire ressortir une
sensibilité plus importante à l’activité économique à partir de 2005. L’élasticité est passée de 0,8
sur la période 2000-2004 à 2,1 durant la période 2005 -2008. Cette évolution est liée au
changement de la structure de PIB marqué par l’émergence de secteurs dynamiques (bâtiments et
travaux publiques, postes et télécommunications et activités financières et assurances) 143, ayant
enregistré des hausses importantes des profits et par conséquent des recettes.

143
En moyenne sur la période 2005-2008, le secteur bâtiments et travaux publics, a représenté 6,5% du PIB, celui
des postes et télécommunications a représenté 3,5% du PIB et celui des activités financières et assurances a
représenté 6,1% du PIB.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 97


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 20 : Plus-value des recettes fiscales par rapport aux prévisions de la Loi de Finances

Source : différents lois de finances

Le développement des recettes fiscales a été accompagné par des transformations profondes au
niveau de leur structure en faveur des impôts directs dont la structure a été marquée par une
mutation en faveur de l’IS. Plusieurs facteurs expliquent ce dynamisme dont, notamment, la
croissance économique, le dynamisme particulièrement marqué des bénéfices des grandes
sociétés ainsi que la croissance de nombre d’entreprises s’acquittant de leurs obligations
fiscales, fruits des efforts de modernisation de l’administration fiscale dans la collecte de impôt
et du renforcement du contrôle. Ainsi, les impôts directs ont représenté 11,9% du PIB en 2008
contre 6,8% du PIB en 2002, soit cinq points du PIB en plus en l’espace de 6ans. Cette mutation
de la fiscalité directe a été suffisante pour compenser largement le recul observé des recettes
douanières qui sont passées de 2,7% à 2% du PIB sur la même période.

Cependant, cette consolidation de la position budgétaire de l’Etat à travers l’amélioration des


recettes n’a pas suffisamment été accompagnée par un effort de réduction des dépenses qui ont
poursuivi leur trend haussier avec une moyenne annuelle de 8%.la structure est restée
caractérisée par la prédominance des dépenses au titre des biens et services avec une part de 60%
en moyenne dans le total des dépenses y compris celles relatives à l’investissement. La masse
salariale est restée relativement élevée bien que son poids ait été ramené à 10,2% du PIB, contre
11,2% du PIB en 2004, et ce, en liaison avec l’opération de départ volontaire à la retraite menée
en 2005. L’évolution des dépenses a, également, été marquée par une forte pression à la hausse
exercée sur les charges de compensation, notamment, en 2007 et 2008, dépassant même les
prévisions initiales. Ils se sont situés à 2,7% et 4,6% du PIB, respectivement, contre 1,7% du
PIB en 2001.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 98


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

C : Une phase de baisse des recettes fiscales accompagnée d’une hausse


continue des dépenses

Sur la période 2009-2012, bien que la croissance soit légèrement supérieure à son niveau
potentiel, une dégradation du solde structurel est enregistrée parallèlement à une amélioration du
solde conjoncturel. Il se situe en moyenne à -6,7 points du PIB potentiel après un équilibre
enregistré sur la période 2001-2008. Cette aggravation de la composante structurelle est
imputable aux différents facteurs ayant marqué le comportement des recettes et des dépenses au
cours de cette période

En ce qui concerne les recettes, une certains instabilité du rythme de progression des recettes
fiscales a été enregistrée en raison de la conjonction des trois facteurs suivants :

Le premier facteur a trait aux effets de la conjoncture économique sur les différents types
d’impôt. L’élasticité des recettes fiscales par apport au PIB est devenue négative en 2009 (-1,6)
après une sensibilité positive de 2,3 durant la période 2005-2008. Ceci est attribuable au
ralentissement de l’activité économique et la forte récession qu’ont connu les principaux
partenaires économiques du Maroc au lendemain de la crise économique et financière
internationale, notamment, la France et l’Espagne.

Le deuxième facteur se rapporte à la réduction des taux de l’impôt sur les sociétés et de
l’impôt sur le revenu144145.

L’évolution de l’IS, de l’IR et de la TVA a pâti de ces deux facteurs et ont en enregistré des
taux de progression inférieurs à ceux observés durant les années antérieures à 2009. En effet,
après avoir connu des taux d’augmentation continue à deux chiffres entre 2001 et 2008, les
recettes de l’IS et de L’IR ont enregistré des baisses ou des hausses très modérées entre 2009 et
2012. Les recettes générées par la TVA à l’intérieur ont baissé en 2009 et les taux de progression
entre 2010 et 2012 sont nettement inférieurs à ceux des années 2006 et 2008.

Le troisième facteur concerne la baisse des recettes douanières en liaison, notamment, avec la
poursuite du démantèlement tarifaire et le comportement baissier des importations taxables.
Ainsi, on constate un fléchissement des taux de progression des droits de douane et de la TVA à
l’imploration depuis 2009, comparativement aux années 2008 et antérieures.

Cette période a été, également, marquée par l’absence d’opérations importantes de


privatisation comparativement au début de la décennie 2000.

Parallèlement à la baisse du rendement des recettes fiscales à partir de 2009, les dépenses de
l’Etat se sont inscrites dans un trend haussier. Les évolutions conjoncturelles caractérisant le
contexte national et international ont accentué les pressions exercées sur certain catégories des

144
En 2009, le taux de l’IS a été réduit de 39,6% à 37% pour les institutions financières et de 35% à 30% pour les
autres secteurs d’activité. Quant à l’IR, le taux marginal a été baissé de 42% à 40% pour s’établir à 38% en 2010. Le
seuil exonéré de l’IR a été relevé à 28000 DH en 2009 puis 30000 DH en 2010 contre 24000 DH en 2007 et 18000
DH en 1996.
145
Le manque à gagner en pourcentage du PIB généré par le réaménagement du barème de l’IR était de 0,6% en
2009 et 0,5% en 2010.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 99


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

dépenses, notamment celles afférentes aux subventions des produits pétroliers et aux transferts
aux établissements et entreprises publiques. A ces dépenses, s’ajoute le poids des dépenses de
personnel qui a poursuivi son rythme de progression en lien, notamment, avec l’impact des
revalorisations salariales dans le cadre du dialogue social qui ont fait supporter le budget de
l’Etat un cout de 32,2 milliards de dirhams sur la période 2008-2011.

En conséquence, les dépenses de l’Etat ont affiché entre 2009 et 2012 une progression
annuelle moyenne de 10%. Pour le seul exercice 2012, ces dépenses ont enregistré une
aggravation de 24 milliards de dirhams comparativement aux prévisions de la loi de finances,
principalement imputable à l’augmentation de la charge de compensation (+22,3 milliards de
dirhams).

Cette situation s’est traduite par un solde ordinaire devenu négatif à partir de 2011, marquant
une rupture avec l’évolution longtemps positive observée depuis 1987, exception faite de
l’exercice 2005 suite à l’impact de l’opération de départ volontaire à la retraite.

Graphique 21 : Evolution du solde ordinaire (en Mds DH)

Source : rapports de BAM et de HCP

En conséquence, l’Etat a du recourir à l’emprunt pour financer, non seulement


l’investissement, mais aussi une partie des dépenses alourdies par les charges de compensation
des produits pétroliers et de certains produits de base. Le taux de couverture des dépenses par les
facettes fiscales est passé en moyenne à 71,4% sur la période 2009-2012 contre 83,2% en 2005-
2008.

Paragraphe 3 : Prémices d’un redressement budgétaire

La tendance baissière des recettes fiscales ainsi que les pressions exercées sur les dépenses,
particulièrement observées depuis 2011, ont entrainé un rétrécissement des marges budgétaires

Master : Banques et Marchés Financiers Page 100


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

de l’Etat. Face à cette situation, un ajustement budgétaire a été opéré à partir de 2013, déduisant
le déficit budgétaire (hors privatisation) de 2,1 et 0,2 points du PIB en 2013 et 2014
respectivement. En conséquence, le solde ordinaire est redevenu positif en 2014, marquant un
retournement de situation.

Cette ajustement budgétaire est imputable en premier lieu à l’amélioration du solde structurel
et, dans une moindre mesure, à l’effet positif de la conjoncture. L’atténuation du déficit
structurel s’est opérée grâce aux mesures prises aussi bien au niveau des dépenses que des
recettes. Des dons ont, également, été mobilisés auprès des pays du conseil de coopération du
Golfe pour une recette totale de 18,3 milliards de dirhams sur ces deux dernières années146.

S’agissant des recettes, des mesures fiscales ont été introduites et portent essentiellement sur
la création de nouveaux impôts et taxes ou sur l’augmentation des taux de ceux déjà existants.

Il s’agit, principalement, de l’institution d’une taxe spéciale sur le sable (50dhs / m3) pour le
sable des dunes, de dragage et des oueds, 20dhs/ m3 sur le sable de concassage), dans le but de
contribuer à l’alimentation du Fonds spécial routier et, l’institution d’une taxe sur le fer à béton
(0,10 DH / Kg) dont le produit est affecté au Fonds de solidarité habitat et intégration urbaine et
enfin l’institution d’une taxe écologique sur la plasturgie (1,5% sur la vente sortie usine et à
l’importation), applicables sur les matières plastiques et les ouvrages en ces matières. En en
remplacement de la TVA sur la livraison à soi-même de construction pour l’habitation
principale, il a été institué une contribution de 60 DH / m2 couvert au profit du Fonds d’Appui
à la cohésion sociale. Ce a bénéficié, en outre, d’une nouvelle recette au titre de la contribution
sociale de solidarité sur les bénéfices et revenus prélevée sur l’IS et l’IR.

En plus, il a été décidé dans le cadre de la LF de 2014 d’appliquer un droit proportionnel


déterminé selon la valeur hors taxe du véhicule, en sus des droits de timbre relatifs à la première
immatriculation des véhicules au Maroc et d’instituer un taxe aérienne sur les billets d’avion,
supportée par les voyageurs, de 100dhs pour les billets de la classe économique et de 400dhs
pour les billets de la première classe/ classe affaires.

Quant aux changements de taux opérés, il a été procédé en 2013 à l’augmentation du taux de
l’IS ou l’IR retenu à la source de 10% à 15% sur le montant des produits des actions, parts
sociales et revenus assimilés ainsi que le tarif sur la taxe spéciale annuelle sur les véhicules
automobiles pour les véhicules dont la puissance fiscale est supérieure ou égale à 11 CV . La
quotité de la taxe intérieure de consommation applicable aux vins a connu, de même, une
augmentation en 2014.147

Néanmoins, ces actions, notamment celles portant sur les recettes du budget général, ont eu
des effets limités puisqu’on constate que les recettes fiscales ont affiché un comportement
modéré au cours des deux dernières années.

146
Elmokri K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 75
147
De 500 DH à 700 DH / hectolitres

Master : Banques et Marchés Financiers Page 101


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

En ce qui concerne les dépenses, leur rythme de progression a été maitrisé dès 2013 grâce aux
décisions prises au niveau de la compensation et des transferts aux EEF. En effet, face à la
hausse conséquente de la charge de compensation et l’accumulation d’arriérés qui en découle, le
Gouvernement a mis en place, à partir de 16 octobre 2013, un système d’indexation partielle des
prix des produits pétroliers. Il ya lieu de rappeler qu’auparavant, en juin 2012, il a été procédé au
relèvement des prix à la pompe, en répercutent partiellement la hausse du prix de pétrole sur les
prix intérieurs de certains produits énergétiques (essence, Gasoil et Fuel). Et au début de l’année
2014148 il a été décidé de réduire progressivement la subvention du gasoil et de procéder à la
décompensation totale du super et du Fuel industriel.

Grace à ces mesures, la charge de compensation est passé de 56,6 milliards de dirhams en
2012 à 42,4 milliards de dirhams en 2013 puis à 32,7 milliards de dirhams en 2014. Comme il est
illustré ci-dessous.

Graphique 22 : Evolution de la charge de compensation totale (Mds DH)

Source : ministère de l’économie et de finances

A noter que la réforme du système de compensation des produits pétroliers a permis d’une
part, d’éviter le dépassement des plafonds arrêtés par les lois de finances, et d’autre part,
d’apurer les arriérés cumulés lors des années antérieures au titre de la compensation.149

Cet effort budgétaire de l’ordre de 1,9 et 1,2 points de PIB, respectivement en 2013 et 2014,
explique en grande partie la réduction de déficit budgétaire au cours de ces deux dernières
années.

Par ailleurs, le suivi de l’exécution de budget au cours de l’année 2013 a révélé, dès le premier
trimestre, une accélération au niveau de l’exécution des dépenses contre une diminution dans le
recouvrement des recettes, chose qui pouvait ramener, en cas de non prise de mesures
immédiates, au creusement de déficit budgétaire après le niveau de 7% du PIB enregistré en
2012. Pour pallier cette situation, il a été décidé en avril 2013 de donner la priorité dans
l’exécution des dépenses d’investissement, à l’assainissement des crédits reportés pesant
lourdement sur le budget de l’Etat, en procédant à la coupe de 15milliards de dirhams des crédits

148
Arrêté du chef de Gouvernement numéro 3.01.14 du 15 janvier 2014
149
Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, rapport sur la compensation, p. 16

Master : Banques et Marchés Financiers Page 102


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ouverts au titre de la loi de finances 2013, tout en tenant compte de la capacité de gestion des
ordonnateurs et des priorités des projets en cours de réalisation.

Cette décision de gel d’une partie des crédits d’investissement a été accompagnée d’une autre
mesure prise en fin d’année fixant le délai d’acceptation des propositions d’engagement, au titre
des crédits d’investissement du budget général et des budgets des services de l’Etat gérés de
manière autonome et comptes spéciaux du trésor, à la date de 31 octobre 2013

En outre, il a été procédé à la rationalisation des transferts aux Etablissements et entreprises


publics des transferts budgétaires en terme de délai et de volume en tenant compte de leur
trésorerie et de leurs besoins de paiement

Grace à ces mesures, les dépenses de l’Etat ont enregistré un repli de 3,4% en 2013 et une
progression modérée de 2% en 2014, traduisant un effort de maitrise comparativement à la
progression annuelle moyenne affichée sur la période 2009-2012 soit 10,3%.

A : Impulsion budgétaire

Pour déterminer le comportement de la politique budgétaire (pro-cyclique ou contra-cyclique),


il convient d’analyser la variation du solde structurel qui donne une information sur l’orientation
de la politique discrétionnaire poursuivie par les pouvoirs publics150.

Tableau 10 : Décomposition de l’évolution du solde budgétaire

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

L’impulsion budgétaire, c'est-à-dire les mesures spécifiques de politique budgétaire prises,


peut être mesurée par l’opposée de la variation du solde structurel. Elle doit être positive en
période de basse conjoncture et négative en période de haute conjoncture. Si l’impulsion est
positive, la politique budgétaire est expansive et inversement.

150
Projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2016, rapport économique et financier, P. 109

Master : Banques et Marchés Financiers Page 103


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 23 : Impulsion budgétaire en % du PIB potentiel

Source : rapports de BAM et de HCP

Au cours des années 80 et jusqu’au milieu des années 90, l’impulsion budgétaire affiche une
volatilité par apport à l’écart de production. Les actions de l’Etat, tant au niveau des recettes que
des dépenses, étaient régies lors de cette période par la nécessité de rétablir l’équilibre
budgétaire. Au cours des premières années de la décennie 2000 correspondant au début d’une
phase de ralentissement, le Maroc a mené une politique budgétaire restrictive. A partir de 2006 et
jusqu’en 2012, la politique budgétaire a été expansive bien que la croissance est en dessus de sa
tendance de long terme. Ceci s’explique par l’intensification de l’effort de l’investissement au
cours de cette période à laquelle s’ajoute le poids des subventions ayant pris un caractère
structurel.

En 2013 et 2014, la politique suivie était plutôt restrictive et vise à freiner la dégradation du
déficit budgétaire.

B : Solde structurel primaire

Afin de permettre au solde structurel de renseigner plus adéquatement sur le politique


discrétionnaire des pouvoirs publics, les calculs précédents pourraient être affinés davantage en
écartant les charges en intérêts de la dette des dépenses structurelles. On obtient dès lors une
évaluation du solde structurel primaire. Ceci repose sur le fait que ces charges ne peuvent pas
être considérées come un élément discrétionnaire dans la mesure où elles représentent le cout des
déficits antérieurs et donc des décisions discrétionnaires antérieures.

Le graphique suivant montre que l’évaluation du solde primaire structurel présente la même
tendance que la composante structurelle totale.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 104


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique 24 : Solde structurel et solde structurel primaire

Source : rapports de BAM et de HCP

En outre, le non prise en compte des charges en intérêts de la dette ne change en rien la lecture
faite de l’orientation de la politique budgétaire pratiquement sur toute le période sous revue,
étant donné que la variation du solde structurel total et primaire, ont le même sens, positif ou
négatif151.

Tableau n°11 : Décomposition de l’évolution des soldes budgétaire et primaire

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

151
Le «Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union Economique et Monétaire», du 30
janvier 2012 a introduit une règle d’équilibre structurel des budgets des administrations publiques : le déficit
structurel, corrigé des variations de la conjoncture, ne devra pas excéder 0,5% du PIB sur le cycle économique

Master : Banques et Marchés Financiers Page 105


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

C : Limites de la notation du solde structurel

La mise en place d’une règle budgétaire sur la base d’un solde budgétaire ou primaire
structurel se heurte à plusieurs limites.

La notation de « solde structurel » telle qu’a été détaillé ci-dessus ne présente pas une mesure
pertinente de l’orientation de la politique budgétaire. En effet, la mesure du solde structure est
sujette à caution pour de nombreuses considérations. La première réside dans la sensibilité du
solde structurel à la mesure de la position de l’économie dans le cycle. Comme l’hypothèse
retenue en supposant que les recettes fiscales évoluent sensiblement à l’activité économique
n’est pas vérifiée à court terme, l’évaluation du solde structurel ne permet pas alors de retracer
parfaitement la part de l’évolution du solde budgétaire imputable aux décisions discrétionnaires
des pouvoirs publics. En effet, les hypothèses d’évaluation sous-jacentes consistent à répercuter
les fluctuations de court terme des élasticités des recettes fiscales entièrement en variations du
solde structurel alors que celles-ci ne relèvent pas d’une décision discrétionnaire, c'est-à-dire
elles ne sont pas contrôlées par les autorités budgétaires.

A cela s’ajoute un éventuel biais dans le calcul même de ces élasticités dans la mesure où les
recettes recouvrées pourraient intégrer des rentrées au titre des exercices antérieurs et donc non
rattachées au niveau de la base taxable de l’exercice en question.

Il en résulte que l’approche du solde structurel ne renseigne pas suffisamment sur la


durabilité de l’amélioration de la situation des finances publiques. L’actualisation à la baisse des
recettes fiscales pour l’exercice budgétaire 2009 et les perspectives de tassement des recettes à
moyen terme ont mis à l’épreuve la caractérisation de la politique budgétaire appréciée à travers
le solde structurel. Ceci impose une relecture de la situation des finances publiques sur la base
d’indicateurs plus appropriés fondés sur l’évolution structurelle liée à l’élargissement de
l’assiette et à l’effort des réformes.

Les évolutions tendancielles (hors mesures) des dépenses peuvent progresser sur des
tendances plus rapides que le potentiel d’offre de l’économie, ce qui participe mécaniquement à
la dégradation structurelle du solde. Par ailleurs, à court terme, les élasticités utilisées entre les
recettes et activité ne sont pas toujours vérifiées. Pour ces raisons, le solde structurel est une
mesure imparfaite de l’effort discrétionnaire lié aux décisions de la politique économique152.

Afin de mieux cerner l’impulsion discrétionnaire donnée aux finances publiques, il est
proposé de tenir compte des mesures nouvelles en recettes et en dépenses, ce qui permet
d’estimer l’effort de redressement dans la variation du solde structurel. Le résidu entre le solde
structurel et l’effort de redressement mesure dès lors les fluctuations du solde structurel qui
échappent, par nature, au contrôles des autorités budgétaires et ne relèvent donc pas d’une
décision discrétionnaire (effet d’élasticité, revalorisations…).

152
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P.79

Master : Banques et Marchés Financiers Page 106


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

La seconde limite de la notion du solde structurel est lée aux incertitudes qui entourent les
évaluations de croissance potentielle et de l’output gap pour le cas du Maroc. La détermination
de la composante tendancielle de la croissance de l’économie marocaine, selon l’approche
statistique, fait apparaitre les effets des grands chocs sur la croissance et souligne les différentes
modes de croissance durant la période étudiée. Cependant, l’opacité économique des méthodes
statistiques utilisées nécessite une approche économique da la croissance tendancielle. La
difficulté principale de l’approche « structurelle » qui repose sur une fonction de production
concerne le traitement des facteurs potentiels de production, travail et capital, et l’évaluation de
la tendance potentielle de la production globale des facteurs.

Pour résumer, la crise financière internationale et les répercutions qui en ont découlée,
notamment sur les finances publiques, ont amené les pouvoirs publics des différents pays à
repenser les règles budgétaires en vigueur, portant uniquement sur le solde budgétaire et la dette
publique généralement. Celles-ci ont, en effet, montré leurs limites quant au respect de la
discipline budgétaire qu’elles imposent aux états. En conséquence, certains pays ont adopté le
solde structurel comme règle d’équilibre budgétaire, en plus d’un seuil pour la dette publique, tel
est le cas pour les pays de l’Union Européenne153. Cette règle d’équilibre structurel impose un
équilibre sur l’ensemble du cycle économique, les excédents des années de forte croissance
compensant les déficits des années de faible croissance.

Concernant le Maroc, les évaluations faites dans la cadre de ce travail montrent que la
considération du solde structurel comme règle budgétaire pousse à réfléchir sur la capacité de
l’Etat à profiter de la phase de haute du cycle pour réduire le déficit et, par conséquent, la datte.
A cela s’ajoutent les limites relatées ci-dessus qui caractérisent cette évaluation de la composante
structurelle du solde budgétaire.

Conclusion de chapitre II :

Pour conclure, depuis ces cinquante dernières années, les grandes masses budgétaires que sont
les recettes et dépenses de l’Etat ont subi une évolution contrastée et périodique, imputable aux
différents plans de relance et d’austérité de même qu’à la conjoncture économique nationale et
internationale. En effet, ces évolutions ont débuté par une augmentation progressive des
dépenses avec une prédominance des dépenses de fonctionnement, en suite, et dans le but de
réaliser un décollage économique, le Maroc a adopté un plan quinquennal qui a connu une
explosion des dépenses d’investissement par apport aux dépenses de fonctionnement. Cependant,
ce plan à dirigé le Maroc vers une aggravation insoutenable des dépenses publiques, en
conséquence, un nouvel plan d’assainissement budgétaire connu sous le nom du plan
d’ajustement structurel (PAS) aboutissant à une réduction drastique des dépenses
d’investissement.

153
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P.80

Master : Banques et Marchés Financiers Page 107


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Concernant les recettes budgétaires, leurs évolution est compris entre l’augmentation et le
repli, en effet, durant le début de période, les recettes ont connu une croissance régulière grâce au
bon comportement des impôts directs et les droits de douanes, en deuxième lieu, et avec
l’explosion des dépenses publiques et le recours à l’emprunt extérieur, cette croissance a
poursuivi pour réaliser des chiffres exceptionnels avec le programme de privatisation adopté
dans les années 90.

Par ailleurs, quelque soit l’importance de l’évolution et de la composition des dépenses et


recettes, c’est par la variation des soldes budgétaires que nous pouvons témoigner de l’influence
de la politique budgétaire sur l’activité économique. Toutefois, l’étude des soldes budgétaires
s’avère primordiale pour cerner l’ampleur de la contribution de l’Etat au développement
économique, pour se faire, il été nécessaire d’adopter une étude périodique pour les quartes
principaux cycles budgétaire : débutant par un cycle budgétaire relativement maitrisé car, il
correspond à les années de l’indépendance où le besoin de relancer l’économie s’est trouvé en
premier rang. Puis un plan d’expansion caractérisé par une forte progression des recettes et
dépenses publiques due au triplement des prix des phosphates. En suite, le plan de stabilisation
marqué par la croissance exceptionnelle des déficits budgétaires provoqué par les coups des
différents chocs pétroliers de même que la baisse des prix des phosphates. Ainsi, un nouveau
plan d’assainissement des finances publiques sous le nom de (PAS), a vu le jour dans les années
80. Dès lors, le Maroc a essayé de combiner le cycle budgétaire avec la croissance économique
contrariée caractérisé par une maitrise de déficit budgétaire mais cette maitrise demeure fragile.

Par ailleurs, l’ampleur et le signe de l’impact de la politique budgétaire sur la croissance est
matérialisé, théoriquement, par leur l’évaluation temporelle. Concernant le Maroc, les
évaluations faites dans la cadre de ce travail montrent que la considération du solde structurel
comme règle budgétaire pousse à réfléchir sur la capacité de l’Etat à profiter de la phase de haute
du cycle pour réduire le déficit et, par conséquent, la datte. A cela s’ajoutent les limites relatées
ci-dessus qui caractérisent cette évaluation de la composante structurelle du solde budgétaire.

Nous venons de présenter dans ce qui précède, une rétrospective des politiques budgétaires
marocaines depuis cinquante années. Ce découpage historique sous forme de période nous a
permis d’observer les cycles conjoncturels de l’économie marocaine. Ces derniers sont
relativement significatifs dans la mesure où l’économie marocaine a évolué dans un contexte
conjoncturel guidé par des chocs internes et externes. Par suite nous analyserons au moyen d’un
modèle VAR, l’impact des chocs budgétaires de recettes et dépenses publiques sur l’activité et
sur les composantes de la demande globale. C’est effectivement l’objectif du troisième chapitre.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 108


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Chapitre III : l’impact de la politique budgétaire sur la


croissance économique au Maroc : vérification empirique

Introduction :
Le pédagogue, journaliste et écrivain français August Guyard avait affirmé « La théorie
quoi qu’on en dise, est le chemin le plus long pour arriver à un but, c’est une lumière allumée
dans le vide des faits. La pratique, au contraire, renferme toujours la théorie qui sort
naturellement de la pratique comme la flamme sort du feu »154, partant de cette assertion nous
nous proposons de combiner la théorie et la pratique dans notre travail.

A cet égard, dans le présent chapitre on va valoriser tous ce qui a été dit dans la partie
théorique. Précisément, on va analyser, de manière descriptive et économétrique, l’impact de la
politique budgétaire sur la croissance économique au Maroc.

En effet ce chapitre va nous permettre de tirer un ensemble d’enseignements statistiques sur


les spécificités de la relation existante entre la politique budgétaire et la croissance économique
au Maroc.

Dans ce cadre, notre vérification empirique va concerner des données annuelles sur la période
allant de 1970 à 2014, qui seront analysées via le Logiciel Eviews. Ainsi, la modélisation utilisée
dans la présente étude sera débutée par une représentation exhaustive des variables utilisées ainsi
que leurs spécificités en termes de stationnarité (section1), puis, une représentation de VAR155
(section 2), pour arriver en dernier lieu aux tests de stationnarité et de cointégration.

Section 1 : présentation des variables et étude de leur stationnarité

L’utilisation d’une modélisation VAR dans un travail exige et nécessite des séries
stationnaires. C’est pour cette raison qu’on va consacrer une partie importante de cette section à
l’étude de la stationnarité des séries utilisées (paragraphe 2) mais avant, il est nécessaire de
présenter et d’analyser l’évolution de ces variables (paragraphe1).

Paragraphe 1 : les variables utilisées : description et évolution

154
Www. Mon. Poeme. Fr/ citations-august guyard/
155
Vector AutoRegressive, généralisation des modèles autorégressifs (AR) au cas multivarié.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 109


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

A : Présentation des variables d’étude

Afin de mener la première partie de notre analyse (l’étude de l’impact de la politique


budgétaire sur la croissance économique au Maroc), nous avons jugé utile d’utiliser deux types
de variables :

Le premier est constitué de quatre variables principales permettant d’évaluer directement les
effets de la politique budgétaire sur l’activité économique ;

 CE : taux de croissance du PIB en volume


 DPU : dépenses publiques totales en % du PIB
 IP : investissement public en % du PIB
 RF : pression fiscale (Recettes fiscales, y compris TVA des CL, en % du PIB)

Quand au second groupe, il est constitué de deux variables de contrôle, a l’occurrence :

 XN : l’exportation nette en % du PIB


 Taux d’inflation.

Les séries utilisées dans ce travail sont annuelles (Cf. Annexe 1), pour la plupart en
pourcentage du PIB, afin de mieux mettre en évidence leurs variations et leurs corrélations, et
couvrent la période 1970-2014, quant à la croissance économique elle est mesurée par la
croissance du PIB exprimée en volume.

Les principales sources de nos données statistiques sont les suivantes :

- La base des données de la banque mondiale WDI ;


- Rapports annuels du BANK AL MAGHREB pour la période 2000-2015 ;
- Tableaux de bord des finances, DEPF, ministère de l’économie et des finances, février
2010 ;
- Tableau de bord des indicateurs macro-économiques, DEPF, ministère de l’économie et
des finances, mai 2015 ;
- Tableau de bord annuel de l’économie marocaine, ministère de l’économie et des
finances, Juillet 2002 ;

B : L’évolution des séries

Concernant l’évolution de ces variables, les graphiques ci-dessous nous permettent d’observer
le comportement des ces variables en niveau tout au long de la période d’étude pour le Maroc
(1970-2014).

Master : Banques et Marchés Financiers Page 110


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique n° 25 : Evolution des séries étudiées exprimées en niveau (1970-2014)

CE DPUB/PIB
15 40

10 36

5 32

0 28

-5 24

-10 20
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

IP/PIB PF
24 28

20 26

24
16
22
12
20
8
18

4 16

0 14
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

TINF XN/PIB
15.0 5

12.5 0

10.0 -5

7.5 -10

5.0 -15

2.5 -20

0.0 -25
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

Master : Banques et Marchés Financiers Page 111


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

A travers l’analyse visuelle des graphiques ci-dessus on peut avancer les conclusions suivantes :

- La croissance économique en volume évoluait entre -7% et 12% durant la période 1970-
2014. D’ailleurs, cette série brute n’a pas une tendance générale à la hausse ou à la baisse
comme les autres séries. De ce fait, il y a une grande probabilité d’être stationnaire en
tendance. Il convient de s’assurer de cette hypothèse à travers la mise en œuvre des
différents tests de racine unitaire ;

- Les dépenses publiques totales réalisaient leur grand niveau en 1977 (avec presque 40%
du PIB) et leur bas niveau en 17971 (22% du PIB). Ainsi, cette variable a connu une
augmentation importante sur la période allant de 1970 à 1983 pour tracer une tendance à
la baisse par la suite jusqu’à l’année 2008 où elle a recommencé d’augmenter à nouveau
jusqu’à la fin de l’échantillon ;

- L’investissement public a connu une augmentation forte durant la période allant de 1970
à 1982 pour retourner à la baisse par la suite jusqu’à l’année 2008 où elle a recommencé
d’augmenter à nouveau jusqu’à 2012 pour se stabiliser jusqu’à la fin de l’échantillon.

- La série de pression fiscale a une tendance générale à la hausse. En outre, on peut


dégager trois sous périodes de fluctuations dans lesquelles le rythme de l’évolution de la
pression fiscale est différent (la période 1970-1986, la période 1987-2004 et la période
2005-2014).A ce propos la série s’avère non stationnaire en tendance ;

- L’exportation nette a dégagé une tendance générale à la baisse expliquant une


dégradation de ce dernier. Dans ce cadre, à partir de 1988 le déficit de la balance
commerciale n’a cessé d’augmenter pour enregistrer son niveau le plus haut en 2012 avec
24,33% du PIB ;

- Le taux d’inflation a une tendance à la baisse à partir de 1985 marquant ainsi le


phénomène communément appelé de « désinflation ».

En bref et après cette première vue sur les séries brutes on peut dire que ces dernières ne sont
pas stationnaires en niveau (sauf pour le taux de croissance du PIB en volume où il existe un
risque de stationnarité en niveau). Il convient donc de s’assurer de cette hypothèse à travers la
mise en œuvre des différents tests de racine unitaire, mais avant tout il s’avère opportun de
mettre une analyse descriptive des séries à travers l’analyse de leurs statistiques descriptives.

C : analyse descriptive des séries

Les statistiques descriptives des données réunissent l’ensemble (moyenne, médiane, valeur
minimale, valeur maximale, écart-type) qui nous permet d’avoir une idée sur le niveau de risque

Master : Banques et Marchés Financiers Page 112


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

et l’évolution des données au fil du temps. Et pour les coefficients « Skewness », « Kurtosis » et
la statistique du test de « Jarque Bera » nous permet de tester la normalité des séries étudiées.

Cependant, le coefficient « Skewness » est un coefficient utilisé pour étudier l’asymétrie de la


distribution. Et il est interprété à travers 3 cas :

- Lorsqu’il est négatif, la distribution est asymétrique vers la gauche ;


- Lorsqu’il est positif, la distribution est asymétrique vers la droite ;
- Lorsqu’il est nul, cela signifie que la distribution est symétrique et suit une loi normale.

Concernant le coefficient de « Kurtosis », il est utilisé pour mesurer le degré d’aplatissement de


la distribution, il fait appel aussi à 3 situations :

- Lorsqu’il est égal à 3, la distribution suit donc la loi normale ;


- S’il est inférieur à 3, indique que la distribution est plus aplatie que la loi normale ;
- Lorsqu’il est supérieur à 3, indique que la distribution est pointue.

Aussi, le test de « Jarque Bera » est un test de normalité de la distribution, dont l’hypothèse
nulle est la normalité des données. Une valeur élevée de la statistique du test (valeur calculée
supérieure à la valeur tabulée de Khi- deux) permet de rejeter cette hypothèse.

Le tableau que nous exposons ci-dessous est une représentation des statistiques descriptives des
variables étudiées :

Master : Banques et Marchés Financiers Page 113


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau n° 12 : Statistiques descriptives :

Statistique descriptives

Séries Moyenne Ecart-type Skewness Kurtosis J.B

CE 4.194222 4.155719 -0.322029 3.142667 0.815934

DPU 28.34556 4.451515 1.107701 3.427822 9.545701

IP 7.180222 3.768449 2.183513 7.384681 71.80566

PF 20.71867 2.501953 0.514971 3.123671 2.017642

XN -12.03711 6.074875 -0.306891 2.918095 0.718946

TINF 4.780667 3.857331 0.895074 2.804547 6.080316

D’après le tableau ci-dessus, on constate que les variables étudiées présentent des fluctuations
parce que les variables possèdent un écart-type plus au moins important, mais l’exploration nette
possède le risque le plus élevée, ceci est logique puisque son évolution est tributaire à la situation
des partenaires demandant les produits marocains.

Le coefficient de « Skewness » qui est différent de zéro, indique la présence d’asymétrie vers
la droite pour trois séries (DPU, IP, PF, TINF) et vers la gauche pour les autres (CE, XN) ce qui
contredit le critère d’une distribution linéaire gausinne.

De plus, le coefficient d’aplatissement « Kurtosis » est supérieur à 3 pour 3 variables (CE,


DPU, IP, PF). Cela indique que ces distributions sont pointues. Mais pour les deux autres
variables (XN, TINF) il se trouve inférieur à 3, cela veut dire que ces distributions sont plus
aplaties que la loi normale.

Aussi, la statistique du test de « Jarque-Bera » présente une valeur élevée pour trois séries
(DPU, IP, TINF) donc on rejette l’hypothèse nulle ce qui confirme la non stationnarité des
données étudiées.

Paragraphe 2 : Etude de la stationnarité des variables utilisées

Généralement, Pour étudier la stationnarité des variables utilisées dans une étude
économétrique, on doit recourir à deux catégories des tests les plus utilisés, encore aujourd’hui,

Master : Banques et Marchés Financiers Page 114


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

dans les travaux économétriques à savoir les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de
Phillips Perron (pp) dont l’hypothèse nulle est la non stationnarité et le test de Kwiatkowski-
Phillips-Schmidt-Shin (KPSS) dont l’hypothèse nulle est contrairement aux deux premiers, la
stationnarité156 .

Dans ce travail, je vais se focaliser, principalement, sur le test de Dickey-Fuller Augmenté


(ADF) et de Phillips Perron (PP).

Mais avant de mettre en œuvre ce test sur les variables utilisées, il s’avère important de présenter
dans ce qui suit les règles de décision de ces tests.

A : La présentation de test de stationnarité

a) Le test ADF

Les tests de Dickey-Fuller (1981)157 permettent de mettre en évidence le caractère


stationnaire ou non d’une série par la détermination d’une tendance déterministe ou stochastique.

Au terme d’une procédure séquentielle, nous testons l’hypothèse nulle de racine unitaire (non
stationnarité) en comparant le t-statistique de ϕ aux valeurs tabulées par Dickey et Fuller. La
règle de décision est la suivante :

- Si le t-statistique est inférieur à la valeur critique, on rejette l’hypothèse nulle. La série est
donc stationnaire.
- Si le t-statistique est supérieur à la valeur critique, on accepte l’hypothèse nulle de
présence de racine unitaire. La série est donc non stationnaire.

b) Test PP

Le test de Phillips Perron (1988) étend la procédure de Dichey-Fuller en prenant en compte


la possibilité de rupture de tendance dans les séries. Ce test suit la même precèdure que celle de
test d’ADF. Les valeurs critiques sont les mêmes que celles tabulées par Dickey-Fuller. La règle
de décision est également identique :

- Si la valeur calculée de tᵨ est inférieure à la valeur critique, l’hypothèse nulle de présence


de racine unitaire est rejetée. La série est donc stationnaire.
- Si la valeur calculée de tᵨ est supérieure à la valeur critique, l’hypothèse nulle de présence
de racine unitaire est acceptée. La série est donc non stationnaire.

156
Ait.Oudra. M, la modélisation des séries non stationnaires, la théorie de la cointégration : application à la
demande de monnaie au Maroc, Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université sidi Mohamed ben abdellah,
FSJES-Fès, 2006, p. 92
157
Le test de Dickey- Fuller Augmenté a été proposé pour améliorer le test de Dickey-Fuller en prenant en compte
le fait que les erreurs ne soient pas des bruits blancs mais être corrélées.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 115


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

c) Test KPSS :

Le test KPSS (1992) apporte une spécificité par rapport aux précédents tests en
décomposant la série en une somme d’un trend déterministe, d’une marche aléatoire et d’un
terme d’erreur ᶓt stationnaire. A la différence également des autres tests, nous testons
l’hypothèse nulle d’absence de racine unitaire en comparant le t-statistique de Ƞ aux valeurs
tabulées par Kwiatowski et al. (1992). La règle de décision est la suivante :

- Si la valeur calculée de Ƞ est inférieure à la valeur critique correspondante, on


accepte l’hypothèse nulle de stationnarité.
- Si la valeur calculée de Ƞ est supérieure à la valeur critique correspondante, on rejette
l’hypothèse nulle de stationnarité.

B : Test d’une seule racine unitaire

Il s’agit ici de tester si les séries brutes, prises individuellement, présentent au moins une
racine unitaire. En d’autre terme, si elles ne sont pas stationnaires lorsqu’elles sont considérées
en niveau.

Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, nous allons utiliser le test de racine unitaire à
l’occurrence d’ADF et PP. toutefois, pour trancher avec les contradictions dans les résultats de
ces derniers, nous devons procéder aux tests de KPSS sur les variables concernées.

Le tableau ci-après résume les résultats de test ADF et PP appliqués sur les séries en niveau :

Avec :

- Modèle 1 : avec constante et tendance ;


- Modèle 2 : avec constante et sans tendance ;
- Modèle 3 : sans constante et sans tendance

Master : Banques et Marchés Financiers Page 116


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau n° 13 : Résultat de test ADF et PP sur les séries en niveau :

Variables Modèle ADF TS CV Observation PP TS CV conclusion

1 -10.56755 -3.515523 -10.14510 -3.515523

CE 2 -10.45398 -2.929734 I(1) -9.975468 -2.929734 I(0)


3 -1.165041 -1.948886 -5.552055 -1.948495

1 -2.649504 -3.515523 -2.649504 -3.515523

DP 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -

1 -2.563080 -3.526609 -2.707630 -3.515523

IP 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -

1 -3.696311 -3.515523 -3.722465 -3.515523

PF 2 -2.532809 -2.929734 I(1) -2.355290 -2.929734 I(1)


3 - - - -

1 -2.434656 -3.515523 -2.524613 -3.515523

XN 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -

1 -3.631223 -3.518090 -5.220352 -3.515523

TINF 2 -1.598694 -2.931404 I(1) -3.201105 -2.929734 I(1)


3 - - -1.492010 -1.948495

ADF TS: Augmented Dickey-Fuller Test Statistic.

CV: Critical Value au seuil de 5%

I(1) : série intégré d’ordre I

D’après le tableau ci-dessus, on peut dire que tous les résultats obtenus confirment les
conclusions déjà avancées, à ce propos, à partir de la visualisation des graphiques traçant
l’évolution des variables étudiées. A cet égard, les deux tests menés montrent que l’hypothèse
de non-stationnarité ne peut être rejetée au seuil de 5% pour les cinq séries suivantes : DP, IP,
PF, XN et TINF. Toutefois, il convient de signaler les résultats contradictoires obtenus à propos
de la série de taux de croissance du PIB en volume (CE). En effet, le test de Dickey-Fuller
Augmenté montre que celle-ci est non stationnaire, seulement pour le modèle sans constante et
sans tendance, tandis que le test de Phillips-Perron est en faveur de l’hypothèse de stationnarité.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 117


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Donc, pour trancher à propos de résultat du taux de croissance du PIB en volume, il s’avère
obliger de mettre en œuvre un troisième test dont l’hypothèse nulle, cette fois ci, est la
stationnarité. Il s’agit du test Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin (KPSS). Les résultats obtenus
sont reportés dans le tableau suivant :

Tableau n° 14: Résultat du test KPSS sur le série de CE :

Variables Modèle KPSS TS CV Conclusion


1 0.097445 0.146000
CE I(0)
2 0.199009 0.463000

KPSS TS : Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin Test Statistic

CV : critical value (valeur critique) au seuil de 5%

D’après le tableau, il apparait que la série de (CE) est stationnaire en niveau, donc intégrée d’ordre 0
(I(0)), confirmant l’hypothèse de l’analyse visuelle de la tendance de cette série.

C : Test de deux racines unitaires

Pour tester l’existence de deux racines unitaires dans les variables étudiées, les trois tests
seront appliqués sur celles-ci différenciées une seule fois158. Quant aux résultats obtenus, ils sont
reportés dans les tableaux suivants :

158
Pour une visualisation graphique des séries étudiées après leur première différentiation Cf. L’annexe

Master : Banques et Marchés Financiers Page 118


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau n° 15 : Résultat de test ADF sur les séries en différence première :

Variables Modèle ADF TS CV Observation PP TS CV conclusion

-7.162156 -3.518090
1 -3.808229 -3.523623
-7.200929 -2.931404
2 -7.199927 -2.931404 I(0) I(0)
DDP
-7.271182 -1.948686
3 -7.270391 -1.948686
-6.473700 -3.518090
1 -3.926084 -2.926084
-6.549795 -2.931404
2 -3.015447 -2.938987 I(0) I(0)
DIP
3 -3.045357 -1.949609 -6.640024 -1.948686
-15.01171 -3.518090
1 -7.820196 -3.518090
-12.74499 -2.931404
2 -7.907576 -2.931404 I(0) I(0)
DPF
-9.681124 -1.948686
3 -7.935448 -1.948686
-7.375623 -3.518090
1 -4.889254 -3.520787
-7.482833 -2.931404
2 -7.076299 -2.931404 I(0) I(0)
DXN
-7.288571 -1.948686
3 -7.055965 -1.948686
-11.66558 -3.518090
1 -11.66558 -3.518090
-12.22413 -2.931404
DTINF 2 -11.68910 -2.931404 I(0) I(0)
-12.36874 -1.948686
3 -11.82680 -1.948686

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Tableau n°16 : Résultat du test KPSS sur les séries en différence première :

Variables Modèle KPSS CV Conclusion

1 0.107577 0.463000
DDP I(0)
2 0.099110 0.146000

1 0.085315 0.463000
DIP I(0)
2 0.085242 0.146000

1 0.210747 0.463000
DPF I(0)
2 0.210092 0.146000

1 0.118705 0.463000
DXN I(0)
2 0.113635 0.146000

1 0.060533 0.463000
DTINF I(0)
2 0.067031 0.146000

Le résultat illustré dans les tableaux ci-dessus indique qu’on peut se prononcer en faveur de
l’absence d’une deuxième racine unitaire dans les six séries : CE, DP, IP, PF, XN et TINF. En
effet, le test de racine unitaire montre que ces variables sont stationnaires en première
différentiation et intégrées d’ordre 1 (I(1)). Toutefois, la variable de (CE) est stationnaire en
niveau donc intégré d’ordre 0 (I(0)).

En résume, on a enregistré que les variables utilisées dans ce travail ne sont pas intégrées de
même ordre, ce qui affirme une absence de relation de cointégration entre les variables159.
Pour cette raison et afin de mener notre analyse, on va utiliser un modèle VAR standard au lieu
d’un modèle vectoriel à correction d’erreur (VECM)160.

159
La cointégration décrit la véritable relation à long terme existante entre deux ou plusieurs variables.la
cointégration réside dans deux conditions : Tout d’abord l’intégrité des séries au meme ordre et la combinaison
linéaire des séries donne une série d’ordre d’intégrité inférieur ou égale à la différence en valeur absolue de l’ordre
d’intégrité des séries à étudier. Pour plus de detail Cf. AIT OUDRA M. (2006), la modélisation des séries non
stationnaires, la théorie de la cointégration : application à la demande de la monnaie au Maroc, Thèse de Doctorat,
sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès.
159
On peut utiliser l’abréviation anglo saxonne « Vector Error Correction Model ».

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Donc, après cette première étape de stationnarité des variables, qui est une condition
obligatoire pour l’estimation d’un modèle VAR, on passe maintenant à l’estimation, à la
validation et à l’interprétation du modèle VAR qui feront l’objet de la section suivante.

Section 2 : l’analyse de l’impact de la politique budgétaire sur la


croissance économique au Maroc par la méthodologie VAR.

Pour analyser la relation existante entre la politique budgétaire et la croissance «économique


au Maroc via la modélisation VAR, et comme toutes les séries de l’étude sont stationnaires, on
va estimer, valider et interpréter le modèle VAR161.

Donc pour l’obtention d’un modèle économétrique qui mérite une interprétation économique,
on va passer par deux étapes principales, tout d’abord, l’estimation du modèle et ensuite sa
validation à l’aide d’un ensemble des tests de diagnostic.

Paragraphe 1 : Estimation du modèle

En pratique, un modèle VAR peut être estimé par plusieurs méthodes selon les vas de figures
qui se présentent :

- Par la méthode des MCO : si les variables sont stationnaires, chacune des équations du
VAR peut être estimée indépendamment par la MCO.
- Par la méthode de maximum de vraisemblance si les résidus suivent une loi normale.
- Par la méthode de Yulle-Walker (méthode récursive) utilisant les autocovariances ;
- Par la méthode SUR : si les équations du VAR ne contiennent pas la même nombre de
variables explicatives ;

Pour la présente étude, les six variables sont stationnaires, nous procédons par une estimation
par la méthode des MCO.

Avant d’estimer un modèle VAR, il faut s’assurer tout d’abord qu’il y a une causalité entre
les variables étudiées.

A : Détermination du retard optimal du modèle VAR

Une étape importante dans la modélisation VAR consiste à étudier la causalité entre les
variables utilisées. Traditionnellement, l’indépendance entre les variables peut s’exprimer par

161
Pour plus de détails sur la modélisation VAR Cf.L’annexe 3.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 121


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

des coefficients de corrélation élevés entre celles-ci. La matrice de corrélation entre les variables
en niveau se présente comme suit :

Tableau n°17 : Matrice de corrélation entre les variables étudiées :

Source : Estimation de l’auteur

On constate, donc, qu’il y a une corrélation (positive/négative) plus ou moins forte entre la
majorité des variables. Ainsi, la variable dépendante CE, s’avère corrélée positivement avec les
dépenses publiques, l’investissement public et négativement avec la pression fiscale et les
exportations nettes. Ces résultats sont économiquement validés et logiques (principalement pour
la théorie économique keynésienne).

Toutefois, la vérification des relations par une simple analyse de corrélation ne peut en aucun
cas affirmer l’existence ou l’inexistence des relations causales, et moins encore leurs sens162.
Pour cette raison, on va procéder au test de causalité au sens de Granger. Mais avant cette phase,
on doit déterminer le nombre de retard optimal.

Concernant le choix de retard optimal, on a fait recours à quatre critères d’information à


savoir FPE (Final Prediction Error), AIC (Akaike Information Criterion), SC (Schwarz
Information Criterion) et HQ (Hannan-Quinn Information Criterion). Les résultats obtenus sont
reportés dans le tableau suivant :

162
El Hafidi. M, De la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble de variables de l’économie française, Thèse de troisième cycle, Sciences Economiques, Université d’AIX-
MARSEILLE II, Faculté des Sciences Economiques, 1982,P.140

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Encadré 1 : Détermination du retard optimal du modèle VAR

VAR Lag Order Selection Criteria


Endogenous variables: CE DDP DIP DPF DTINF DXN
Exogenous variables: C
Date: 08/15/16 Time: 12:49
Sample: 1970 2014
Included observations: 40

Lag LogL LR FPE AIC SC HQ

0 -540.3634 NA 29465.31 27.31817 27.57150* 27.40977*


1 -499.6026 67.25525* 23735.06* 27.08013 28.85345 27.72131
2 -468.9256 41.41404 35092.60 27.34628 30.63959 28.53704
3 -425.3099 45.79638 34075.20 26.96550* 31.77880 28.70584
4 -394.2442 23.29930 97048.94 27.21221 33.54551 29.50213

* indicates lag order selected by the criterion


LR: sequential modified LR test statistic (each test at 5% level)
FPE: Final prediction error
AIC: Akaike information criterion
SC: Schwarz information criterion
HQ: Hannan-Quinn information criterion

Source : Estimation de l’auteur

Il ressort de tableau ci-dessus, lorsqu’on se base sur le minimum des quatre critères cités en
haut, le SC et HQ jugent le retard 0 comme retard optimal (logiquement il est impossible de le
prendre), PPE choisis le retard 1 comme retard optimal du modèle VAR. tandis que AIC choisis
le retard 3 comme retard optimal. Donc on conserve le modèle VAR6(3) pour les tests de
validation du modèle. Mais avant cette étape il est opportun de procéder au test de causalité au
sens de Granger sur les variables de notre étude.

B : Test de causalité de Granger

La considération de l’activité économique comme un système où se manifestent des relations


d’interdépendance et d’interactions ne peut plus être remise en cause. On a ainsi la causalité
partout dans le système économique163.

À l’origine c’est « l’excès de confiance » en les théories économiques et le besoin


d’examiner ces hypothèses implicites et à priori qui a conduit au développement du concept de
causalité. L’idée remonte à très loin, mais en économétrie, elle a été formalisée pour la première
fois par Granger en 1969164 ; puis développée par la suite chez bon nombre d’auteurs (Sims
(1972), L. D. Haughet et D. A. Pierce (1976)…). Toutefois dans notre étude on s’intéresse
seulement à la causalité au sens de Granger.

163
Ait Oudra. M, les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables macroéconomiques marocaines,
238,f. dactyl. Mémoire de D.E.S, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès,
1997, p.25
164
El Hafidi. M, de la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble des variables de l’économie française, op, cit, p. 140.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 123


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

À ce niveau, la causalité au sens de Granger consiste à voir comment une variable courante
peut être expliquée à partir de ses valeurs passées et comment l’introduction des valeurs passées
d’une nouvelle variable aide à sa prédiction. En d’autres termes, on dira que X cause Y si la
prévision de Y fondée sur la connaissance des passées conjoints de X et de Y est meilleure que
la prévision fondée sur la seule connaissance du passé de Y165.

Les variables ayant un lien de causalité significatif. Les tests de causalité réalisés permettent
de mettre en évidence le sens de la relation causale entre des variables, deux à deux. Aux seuils
de significativité de 5% et de 10%, si la valeur théorique du test est inférieure à la valeur
empirique de la statistique, l’hypothèse de nullité est rejetée. Dans ce cas, il existe un lien de
causalité entre les deux variables testées.
Le tableau ci-dessous représente les liens de causalité entre les différentes variables du modèle :

165
Lardic. S et Mignon. V, économétrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, ECONOMICA,
Paris, 2002, p. 99-100.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 124


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Encadré 2 : Résultats du test de causalité au sens de Granger

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 08/15/16 Time: 12:56
Sample: 1970 2014
Lags: 3

Null Hypothesis: Obs F-Statistic Prob.

DDP does not Granger Cause CE 41 3.01980 0.0431


CE does not Granger Cause DDP 0.37868 0.7690

DIP does not Granger Cause CE 41 2.96987 0.0455


CE does not Granger Cause DIP 0.08060 0.9701

DPF does not Granger Cause CE 41 0.54546 0.6546


CE does not Granger Cause DPF 1.96875 0.1372

DTINF does not Granger Cause CE 41 1.32668 0.2818


CE does not Granger Cause DTINF 0.99033 0.4090

DXN does not Granger Cause CE 41 2.14239 0.1130


CE does not Granger Cause DXN 1.04620 0.3847

DIP does not Granger Cause DDP 41 0.51659 0.6737


DDP does not Granger Cause DIP 1.85249 0.1563

DPF does not Granger Cause DDP 41 0.38152 0.7669


DDP does not Granger Cause DPF 0.81181 0.4962

DTINF does not Granger Cause DDP 41 2.38687 0.0861


DDP does not Granger Cause DTINF 0.69282 0.5628

DXN does not Granger Cause DDP 41 4.17256 0.0128


DDP does not Granger Cause DXN 2.14664 0.1125

DPF does not Granger Cause DIP 41 1.39998 0.2596


DIP does not Granger Cause DPF 0.05095 0.9845

DTINF does not Granger Cause DIP 41 3.84287 0.0180


DIP does not Granger Cause DTINF 0.07752 0.9717

DXN does not Granger Cause DIP 41 0.95462 0.4253


DIP does not Granger Cause DXN 0.68016 0.5703

DTINF does not Granger Cause DPF 41 1.07965 0.3708


DPF does not Granger Cause DTINF 0.18593 0.9052

DXN does not Granger Cause DPF 41 0.01968 0.9962


DPF does not Granger Cause DXN 0.55454 0.6486

DXN does not Granger Cause DTINF 41 2.10130 0.1183


DTINF does not Granger Cause DXN 2.34957 0.0898

Source : Estimation de l’auteur.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 125


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

L’intéressant pour notre étude c’est d’étudier les variables de la politique budgétaire qui
causent la croissance économique du pays. Commençons par tester l’hypothèse nulle selon
laquelle les dépenses publiques (DDP) ne causent pas la croissance économique (CE).

La probabilité associée est de 0,043 inférieure au seuil statistique de 5% et de 10% ce qui


nous permet de rejeter l’hypothèse nulle pour les deux seuils. Cela veut dire que la dépense
publique (DDP) cause au sens de Granger la croissance économique, puisque cette relation est de
type direct, résultat conforme à la théorie macroéconomique keynésienne. La même chose pour
l’investissement public (DIP) qui cause directement la croissance économique (probabilité est de
0,045), puisqu’une augmentation d’investissement se répercute positivement et significativement
sur l’activité économique. Cependant, le résultat de l’analyse causale entre la pression fiscale
(DPF) et la croissance économique confirme l’hypothèse nulle de non causalité entre ces deux
variables. Ce résultat s’écarte quelque peu d’une réaction pleinement keynésienne de l’activité à
un choc de recettes à cause d’un multiplicateur souvent négatif. Cela peut être expliqué par les
anticipations des agents économiques d’une augmentation future des impôts ; les ménages
commenceraient à consommer une baisse d’impôt un peu avant qu’elle n’ait effectivement lieu.

Toutefois, pour que seul le multiplicateur des recettes soit concerné, il faudrait que ces
anticipations de la politique budgétaire se forment plus facilement côté recettes que côté
dépenses. Or, plusieurs arguments plaident en faveur d’une telle asymétrie. D’une part, les
annonces de mesures nouvelles touchant les prélèvements obligatoires sont en général plus
retentissantes que celles touchant les dépenses en biens et services des administrations : les
ménages anticiperaient plus facilement les premières que les secondes. D’autre part, les recettes
fiscales et sociales sont intégralement individualisables, contrairement aux dépenses publiques
dont une part est collective, comme les dépenses de sécurité, de justice ou militaires par exemple
(les ménages se préoccuperaient plus – et donc l’anticiperaient plus – d’une baisse des impôts
que du recrutement de nouveaux fonctionnaires).

Pour les exportations nettes (DXN), causent au sens de Granger la croissance économique.
Ce qui va dans le même sens avec la théorie économique et aux spécificités de l’économie
marocaine dont la majorité de ses importations sont des importations incompressibles liées à la
dynamique de l’activité économique. La même chose pour le taux d’inflation (TINF).

Ainsi, au seuil de 5% et 10%, il y a une relation causale entre les dépenses publiques et les
exportations nettes confirmant une autre faiblesse de l’économie marocaine qui correspond à une
des limites de la politique budgétaire marocaine à savoir : la contrainte extérieure qui est liée à
l’ouverture de notre économie aux échanges internationaux.

Donc, en augmentant les dépenses publiques et la demande, les importations s’augmentent (le
mécanisme du multiplicateur keynésien joue au profit des seuls agents économiques étrangers et
pénalise les agents domestiques). Pour le Maroc, le mécanisme de multiplicateur joue donc en
sens inverse.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 126


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Pour récapituler, on constate qu’il existe des liens de causalité au sens de Granger, entre des
couples de variables étudiées principalement entre les variables de type budgétaire et la
croissance économique.

Comme on a déjà déterminé, le modèle qu’on va estimer ici est un modèle VAR à six
variables et a 3 retard (VAR6(3)).

Les résultats de l’estimation du modèle qui sont résumés dans le tableau de l’annexe
indiquent les conclusions suivantes :

- En relation avec la variable dépendante, le taux de croissance de PIB en volume : CE,


nous constatons que les variables suivantes : le taux de croissance du PIB retardé d’une
période : CE(-1), la même variable retardée de trois périodes : CE(-3), les dépenses
publiques retardées de deux périodes : DDP(-2) et l’investissement public décalé d’une
périodes : DIP(-1), la même variable retardée de deux périodes : DIP (-2) les exportations
nettes retardés de trois périodes : DXN (-3) sont peu significatives de manière
individuelle. Leurs t-Student sont acceptables, dans la mesure où la valeur donnée par la
table de Student au seuil de 5% est proche de 2.

- Les variables (CE (-3), DDP (-2), DIP (-1), DXN (-3)) dépendent et expliquent
positivement la croissance économique. Donc, cette dernière peut être influencée
positivement par les valeurs retardées de ces variables. Par exemple, si la variable DDP (-
2) augmente d’un DH, alors que les autres variables sont fixées, la variable dépendante se
verra augmenter, en moyenne de 0,53 DH. Toutefois, la variable
DIP (-2) dépend négativement au taux de croissance de croissance de PIB, mais cette
même variable retardée d’une période DIP (-1) dépend positivement à la variable
dépendante.

- En relation avec la variable exportation nette : DXN, nous constatons que CE (-1), CE (-
3), DDP (-3), DPF (-2), DTINF (-1), DXN (-2) et DXN (-3) sont plus ou moins
significatives de manière individuelle. Dans la mesure où la valeur donnée par la table de
Student au seuil de 5% est proche de 2.

- La variable DDP (-3) dépend et explique négativement l’exportation nette (la même
chose pour DDP (-1) et DPP (-2)). Donc, ce dernier peut être influencé négativement par
les valeurs retardées de cette variable. A ce niveau, si la variable DDP (-3) augmente
d’un DH, alors que les autres variables restent fixées, la variable d’exportation nette se
verre diminuer, en moyenne de 0,41 DH.

- Dans l’équation de CE le coefficient de détermination simple R2 est grand (supérieur à


50%). La part expliquée par le modèle dans la variance de la variable dépendante est
importante : 61%. Donc, le pouvoir prédictif du modèle est bon.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 127


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Ces conclusions nous amène à dire que les résultats de l’estimation de ce modèle sont
cohérents avec la théorie économique correspondante à la situation des pays en voie de
développement dont le Maroc y fait partie. Dans la mesure où on trouve une relation positive
mais faible entre la croissance économique et les dépenses publiques et une relation inverse entre
ces dernières et l’exportation nette, affirmant une faiblesse de la compétitivité et du
multiplicateur budgétaire166 au Maroc. Néanmoins, on enregistre une relation douteuse reliant
l’investissement public et la croissance.

Paragraphe 2 : validation du modèle estimé

L’étape de validation du modèle consiste à tester si les résidus du modèle estimé sont des
bruits blancs.

On va maintenant vérifier si les résidus du modèle VAR6(3) sont vraiment des bruits blancs.
Pour valider ce modèle estimé nous faisons appel aux tests de diagnostic suivants : test de
stationnarité global du modèle, test bruit blanc des résidus, test d’absence d’autocorrélation des
erreurs, test d’hétéroscédasticité des erreurs et test de normalité des résidus.

A : Test de stationnarité global du modèle VAR6(3)

Un modèle VAR est dit globalement stationnaire lorsque toutes les valeurs de module sont
strictement inférieurs à un ou si leurs inverses sont toutes situés à l’intérieur du cercle unité.

Le test de stationnarité global ci-après donne la représentation graphique des inverses des
valeurs propres du modèle.

166
Les multiplicateurs budgétaires mesurent l’influence de la variation des dépenses sur le revenu national.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 128


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Graphique n°26 : résultat du test de stationnarité globale du modèle VAR6(3)

Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial


1.5

1.0

0.5

0.0

-0.5

-1.0

-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

Source : Estimation de l’auteur

La ci-dessus montre que tous les inverses des valeurs propres du modèle sont à l’intérieur du
cercle unité et toutes les valeurs sont inférieurs à un167. Donc, on peut confirmer que notre
modèle VAR6(3) est globalement stationnaire.

B : Test de bruit blanc des résidus

Le test de bruit blanc des résidus du modèle nous révèle que les résidus suivent bel et bien un
bruit blanc. On peut vérifier cette hypothèse à travers les corrélogrammes simples et partiels des
résidus et le test de Ljung-Box. Le tableau ci-dessous donne les résultats du test de bruit blanc
effectué sur les résidus du modèle estimé (on présente ci-après les résultats du test sur les résidus
relatifs à l’équation de la croissance économique en volume seulement, concernant les autres
résultats relatifs aux équations de : dépenses publiques, investissement public, pression fiscale,
taux d’inflation et exportation nette ; ils sont répertoriés dans
L’annexe n° 6.

167
Voir annexe n° 5

Master : Banques et Marchés Financiers Page 129


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Encadré 3 : résultat du test de bruit blanc des résidus du modèle VAR6(3)

Source : Estimation de l’auteur

Il ressort de ces corrélogrammes (et des corrélogrammes de l’annexe 6) que tous les résidus
sont des bruits blancs, parce que tous les termes des corrélogrammes sont dans l’intervalle de
confiance et leurs statistiques Q (Ljung-Box) ont des probabilités critiques supérieures à 5%.on
accepte donc l’hypothèse que les résidus du modèle estimé sont des bruits blancs jusqu’à l’ordre
20.

C : Test d’absence d’autocorrélation des erreurs : test du breush-Godfrey


Le test de Breush et Godfrey (1978) ou test du multiplicateur de Lagrange (LM) de
corrélation sérielle est un test de non autocorrélation au sens large car il prend en compte :

 Les valeurs retardées de la variable dépendante


 Des autocorrélations d’ordre supérieur à 1
 La possibilité que les résidus soient autocorrélés

Règle de décision

Si la p-value < 5% alors on rejette H0 au seuil de 5% et donc les résidus sont autocorrélés à
l’ordre p.

Les résultats de ce test sont arrangés dans le tableau ci-dessous.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 130


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Encadré 4 : Résultats du test d’absence d’autocorrélation des erreurs

Source : Estimation de l’auteur

D’après le tableau ci-dessus, on constate que toutes les probabilités (pour K=12) sont
largement supérieures à 0,05 (seul critique d’acceptation de l’hypothèse H0), donc il n’y pas
d’autocorrélation des résidus jusqu’à l’ordre 12.

D: Test d’hétéroscédasticité de White

Le test d’hétéroscédasticité de White(1980), permet de tester la variabilité des erreurs de


prévisions et de vérifier si les dits résidus respectent l’hypothèse de variance constante
(hypothèse d’homoscédasticité des erreurs).

La règle de décision est la suivante :

H0 : les erreurs sont homoscédastiques

H1 : les erreurs sont hétéroscédastiques

Les erreurs sont homoscédastiques, si la probabilité de la F-statistic est supérieure à 5% (seuil


critique) dans le cas contraire ils sont hétéroscédastiques.

La confirmation ou l’infirmation de ce test est reportée au tableau suivant :

Master : Banques et Marchés Financiers Page 131


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Encadré 5 : Résultat du test d’hétéroscédasticité

VAR Residual Heteroskedasticity Tests: No Cross Terms (only levels and squares)
Date: 09/05/16 Time: 17:39
Sample: 1970 2014
Included observations: 41

Joint test:

Chi-sq df Prob.

746.7218 756 0.5880

Individual components:

Dependent R-squared F(36,4) Prob. Chi-sq(36) Prob.

res1*res1 0.874988 0.777694 0.7063 35.87452 0.4745


res2*res2 0.905621 1.066181 0.5469 37.13048 0.4167
res3*res3 0.895219 0.949299 0.6064 36.70397 0.4361
res4*res4 0.979486 5.305179 0.0571 40.15892 0.2910
res5*res5 0.965778 3.135688 0.1366 39.59691 0.3126
res6*res6 0.969155 3.491177 0.1152 39.73537 0.3072
res2*res1 0.701707 0.261378 0.9892 28.76998 0.7987
res3*res1 0.916241 1.215443 0.4807 37.56587 0.3973
res3*res2 0.871801 0.755596 0.7201 35.74383 0.4807
res4*res1 0.811553 0.478503 0.8976 33.27367 0.5989
res4*res2 0.783481 0.402060 0.9394 32.12274 0.6536
res4*res3 0.767185 0.366140 0.9560 31.45459 0.6846
res5*res1 0.887519 0.876706 0.6469 36.38826 0.4506
res5*res2 0.943944 1.871048 0.2888 38.70172 0.3487
res5*res3 0.938468 1.694622 0.3281 38.47717 0.3580
res5*res4 0.945199 1.916414 0.2797 38.75314 0.3465
res6*res1 0.958291 2.552844 0.1868 39.28993 0.3247
res6*res2 0.808304 0.468511 0.9034 33.14048 0.6053
res6*res3 0.800855 0.446829 0.9158 32.83504 0.6199
res6*res4 0.966445 3.200226 0.1323 39.62425 0.3115
res6*res5 0.928286 1.438258 0.3998 38.05974 0.3758

Source : estimation de l’auteur

Il ressort du tableau ci-dessus que les résidus du modèle estimé sont homoscédastiques, car la
probabilité de la F-statistic, qui est égale à 0,5880 est supérieure à 5% (seuil critique). On peut
affirmer donc que les résidus de notre modèle sont à variance constante.

E : Test de normalité des résidus : test de Jarque-Bera

Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et aussi pour effectuer les tests de
Student sur les paramètres, il convient de vérifier la normalité des erreurs. Le test de « Jarque-

Master : Banques et Marchés Financiers Page 132


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Bera » (1984), fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de Kurtosis (aplatissement),


permet de vérifier la normalité d’une redistribution statistique168.

La statistique du test de « Jarque-Bera » (dont l’hypothèse nulle est la normalité des


données) nous permet de tester la normalité des résidus de notre modèle.

Ainsi, cette statistique suit asymptotiquement une loi du Khi-deux à 2 degrés de liberté.

Les résultats du test de normalité, au sens de « Jarque-Bera », sur les résidus du modèle sont
résumés dans le tableau suivant :

Encadré 6 : résultat du test de normalité des résidus

Source : estimation de l’auteur

L’application du test de Jarque-Bera sur les résidus de notre modèle VAR estimé a permis de
rejeter complètement l’hypothèse de normalité au seuil de 5 % : J-B=24,61716 >khi-deux0, 05
(2ddl) =5.991(la probabilité associée à ce test étant inférieure à 5%). Donc, les résidus du modèle
VAR6(3) sont des bruits blancs non gaussiens.

En somme, les résultats des différents tests de diagnostic convergent vers la validité de notre
modèle VAR6(3). La non significativité de quelques coefficients du modèle estimé ne remet pas
en cause la validité globale du modèle.

Maintenant, il nous paraît judicieux d’analyser les fonctions de réponses impulsionnelles et la


décomposition de la variance de l’erreur de prévision dans le but d’interpréter l’impact des chocs
sur la dynamique des variables étudiées.

Paragraphe 3 : Dynamique du modèle VAR

168
Bourbonnais. R, Économétrie : Manuel et exercices corrigés, 3ème Édition, DUNOD, Paris, 2000, p. 226.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 133


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Ce modèle VAR va nous permettre d’analyser les effets de la politique budgétaire sur la
croissance économique, c'est-à-dire les impacts des chocs budgétaires sur l’activité économique
au Maroc, cela au travers de simulations de chocs (impulsions) aléatoires et de la décomposition
de la variance de l’erreur. Ces deux méthodes viennent compléter l’analyse de la causalité et en
constituent une extension169. D’un point de vue économique, il s’agit de donner une estimation
de l’impact des chocs budgétaires sur la croissance économique et la balance commerciale
marocaines.

A: Analyse des chocs

Dans les applications empiriques, une des principales utilisations des processus VAR réside
dans l’analyse de réponse impulsionnelle170. La fonction de réponse impulsionnelle représente
l’effet d’un choc d’une innovation sur les valeurs courantes et futures des variables endogènes171.

Un choc sur l’ième variable peut affecter directement cette ième variable, mais il se transmet
également à l’ensemble des autres variables au travers de la structure dynamique du VAR.

Donc, l’analyse d’un choc consiste à mesurer l’impact de la variation d’une innovation sur les
variables172.

L’annexe 7 présente l’ensemble des résultats à un horizon de 10 ans obtenu pour simulation
de Monte Carlo avec 100 tirages. La figure pleine représente la moyenne à chaque date des
simulations, alors que les lignes en pointillés représentent l’intervalle de confiance 2+/- l’écart
type de l’erreur d’estimation.

D’une part et d’après les trois premiers figures de l’annexe 7, on peut constater que les
courbes relatives à la croissance économique partent de l’origine ce qu’indique d’un choc sur les
variables de la politique budgétaire, dans notre étude : dépenses publiques, investissement public
et pression fiscale, n’a pas de répercussion contemporaine sur la croissance économique , ce qui
est conforme à la théorie économique, dans la mesure où une politique budgétaire expansionniste
peut affecter directement les composants de la demande, toutefois, elle prend un espace de temps
avant d’impacter la dynamique de l’activité économique à travers la canal de la demande
globale.

Néanmoins, un choc de 1 DH sur les dépenses publiques fait augmenter la croissance


économique de 0,90 DH, 0,10 DH et 0,70 DH respectivement en 2ème , 3ème et 4ème années avant
de s’amortir à partir de la 5ème année.

169
Ait Oudra. M, Les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables macroéconomiques marocaines,
op, cit. p. 53.
170
Notons que la décomposition de la variance est également fréquemment utilisée.
171
Lardic.S et Mignon.V, économétrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, op, cit, p. 102-103.
172
Bourbonnais. R, économétrie : Manuel et exercices corrigés, op, cit, p.263.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 134


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Concernant l’investissement public, un choc de 1 DH fait progresser la croissance


économique de 1,3 DH en 2ème année et la baisser de 1,6 DH en 3ème année, avant de s’amortir à
partir de la 4ème année.

Ainsi, un choc de 1 DH sur la pression fiscale fait baisser la croissance économique de 0,12
DH en moyenne sur les cinq premières années. Donc, la réponse de l’activité économique à un
choc sur les pressions fiscales n’est que très peu significative et négative à moyen terme.

A court terme, ces résultats sont cohérents avec les idées de l’analyse keynésienne, dans la
mesure où une politique budgétaire expansionniste affecte positivement l’activité économique au
Maroc, toutefois, cet impact reste faible.

A moyen terme, les résultats concernant les dépenses publiques et la pression fiscale sont
conformes aux idées de l’approche keynésienne, alors que les résultats concernant
l’investissement public les infirment.

D’autre part, il est légitime de penser, en vertu à la fois des résultats d’estimation précédents(
estimation du modèle VAR6(3)) et de la théorie économique, qu’un choc sur les dépenses
publiques a un impact instantané sur la consommation des ménages et donc sur les exportations
nettes. Cette hypothèse est confirmée pour la cas marocain dans la mesure où la courbe relative à
la réponse des exportations nettes à un choc sur les dépenses publiques ne part pas de l’origine.

A ce niveau, le choc sur les dépenses publiques se répercute négativement sur les exportations
nettes ( ce résultat est lié au fait que l’accroissement des dépenses publiques provoque une
augmentation du pouvoir d’achat des ménages et un dynamique du marché intérieur qui demeure
demandeur en produits et services importés plutôt qu’en ceux fabriqués au niveau national).
L’impact du choc disparait au bout de six ans.

Le choc sur la pression fiscale a quant à lui un impact indirect sut les exportations nettes (car
un choc sur les recettes fiscales concerne tous les types de l’impôt y compris les droits de
douane, donc immédiatement il n y a pas une dégradation de la compétitivité prix des produits
domestiques). Néanmoins, à partir de la deuxième année ce choc se répercute négativement sur
ces dernières.

Ceci s’explique par les mesures prises par le Maroc en matière de déprotection douanière qui
ont réduit aussi bien les taux maximums que la moyenne des taux consolidés. Cette situation a
été amplifiée par la signature de plusieurs accords de libre-échange prévoyant un démantèlement
tarifaire sur les importations provenant de plusieurs marchés. Ce démantèlement tarifaire
provoque l’augmentation des importations plus rapidement que les exportations173.

173
Cf. les conclusions de l’étude du ministère du commerce Extérieur, « impact des accords de libre-échange
(modèle calculable d’équilibre général : IMPALE) », Février 2009.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 135


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Au contraire, les activités tournées vers le marché intérieur ne bénéficient que peu de
démantèlement. Même si elles profitent des réductions des prix des intrants, elles subissent la
concurrence des produits étrangers qui pénètrent le marché marocain à des prix compétitifs.
On remarque que les conséquences de ce choc disparaissent au bout de 6ème année.

Tous ces résultats et ces remarques nous séduisent à dire qu’à court et moyen termes les chocs
sur la politique budgétaire ont des effets peu significatifs sur la croissance économique et
significatifs sur les exportations nettes. Toutefois, ils influencent positivement la première
variable et négativement la seconde.

Une autre analyse qui complète l’étude des chocs est la décomposition de la variance.

B : Décomposition de la variance

L’étude précédemment effectuée basée sur la fonction de réponse impulsionnelle, peut être
complétée par une analyse de la décomposition de la variance de l’erreur de prévision.

Le principe de cette méthode est de partitionner la variance de l’erreur de prévision d’une


variable en déterminant la part de chacune des variables qui constituent le système VAR174.

Ainsi, la décomposition de la variance de l’erreur de prévision a pour objectif de calculer pour


chacune des innovations sa contribution à la variance de l’erreur175.

Les résultats relatifs à l’étude de la décomposition de la variance sont reportés à l’annexe 8.

D’une part, il apparaît que la variance de l’erreur de prévision de la croissance économique


est due pour 54 % à ses propres innovations, pour 14 % à celles de l’investissement , pour 4 % à
celles des dépenses publiques, pour 8 % à celles de la pression fiscale (totalisant 24 % liée aux
innovations des variables budgétaires) et pour 22 % aux innovations des autres variables non
budgétaires.

D’autre part, on peut dire que la variance de l’erreur de prévision des exportations nettes est
due pour 50 % à ses propres innovations, pour 17 % à celles des dépenses publiques, 7 % à
celles de la pression fiscale et 10% à celles des investissements publics (totalisant 34 % liée aux
innovations des variables budgétaires) et pour 16 % aux innovations des autres variables non
budgétaires.

On en déduit que l’impact d’un choc affectant la politique budgétaire sur les exportations
nettes est plus important que l’impact d’un choc affectant cette même politique sur la croissance
économique. Ce résultat est cohérent avec les conclusions précédentes (résultat de l’analyse des
chocs).

174
Ait Oudra. M, les modèles VAR intégrés : application à quelques variables marocaines, op, cit, p.56.
175
Bourbonnais. R, économétrie : Manuel et exercice corrigés, op, cit, p.266.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 136


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Conclusion de chapitre III :

Les principales conclusions dégagées de cette étude empirique sont :

- L’étude des propriétés stochastiques des différentes séries étudiées dans ce travail montre
que celles-ci sont intégrées d’ordre un (sauf le taux de croissance du PIB en volume qui
est stationnaire en niveau I(0)) au vu des trois tests mis en œuvre à savoir le test de
Dickey-Fuller Augmenté, le test de Phillips Perron et le test de Kwiatkowski-Phillips-
Schmidt-Shin. Il suffit donc de différencier ces séries intégrées d’ordre un une seule fois
pour avoir des variables stationnaires.

- À la lumière des résultats de notre étude empirique ( l’analyse de la relation entre la


politique budgétaire et la croissance économique au Maroc), on peut dégager les
conclusions suivantes : une absence de cointégration entre les variables utilisées (la
variable dépendante est stationnaire en niveau, donc les séries ne sont pas intégrées de
même ordre) ; la détermination du retard optimal du modèle VAR à l’aide des critères
d’information, a montré que le retard optimal est égal à 3, Indiquant une relation de court
terme voire de moyen terme reliant la politique budgétaire et la croissance économique
au Maroc ; une relation positive mais faible entre la politique budgétaire et la croissance
économique, et une relation inverse entre les dépenses publiques et les exportations
nettes, en raison de la détection des éléments suivants :

 Il existe des liens de causalité de type unidirectionnel, au sens de Granger, entre


les variables budgétaires et la croissance économique (les variables de la politique
budgétaire causent au sens de Granger la croissance économique) et entre les
dépenses publiques et les exportations nettes ;

 A court et à moyen termes les chocs sur la politique budgétaire ont des effets peu
significatifs sur la croissance économique et significatifs sur les exportations
nettes. Toutefois, ils influencent positivement la première et négativement la
deuxième ;

 Sans oublier que l’impact d’un choc affectant la politique budgétaire sur les
exportations nettes est plus important que l’impact d’un choc influençant cette
même politique sur la croissance économique.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 137


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

CONCLUSION GENERALE

Au terme de ce travail, nous pouvons affirmer que l’action de l’Etat par le biais de la politique
budgétaire afin de réaliser une croissance économique saine et durable n’a jamais cessé d’être le
lieu de controverses.

Notre objectif au cours de ce travail a été de vérifier, pour le Maroc, si la politique budgétaire
a provoqué une croissance économique forte, saine et durable pendant la période 1970-2014.
Cette vérification a, d’abord, été faite d’un point de vue théorique à la lumière de laquelle on a
mené une étude empirique analysant l’impact de la politique budgétaire sur la croissance
économique au Maroc et ce pour la période 1970-2014.

Dans le premier chapitre, on a commencé par la présentation théorique et exhaustive de la


politique budgétaire et ses instruments d’intervention, ensuite, les principaux approches
théoriques traitant la question de la légitimité de l’intervention de l’Etat dans le domaine
économique et l’efficacité de cette intervention via la politique budgétaire (controverses
théorique entre l’approche keynésienne et celle libérale au début, et entre l’école néo-
keynésienne et celle néolibéraux présentée par les monétaristes).

Pour le second chapitre, nous avons effectué une rétrospective des cinquante dernières
années de conduite budgétaire au Maroc. En effet, l’histoire économique contemporaine du
Maroc indépendant peut être subdivisée en deux grandes périodes : la première phase est celle
d’un « développement protégé » que les économistes auraient tendance à qualifier de modèle de
l’import-substitution et la seconde période est celle qui débute avec les années 80 marquée par
un revirement de sa politique macroéconomique en faveur d’une plus grande ouverture
économique. Durant cette longue période, les politiques budgétaires marocaines ont prouvé leur
capacité de gestion administrative et organisationnelle. Même si elles n’ont pas toujours été en
mesure de lisser la croissance économique et sociale, elles ont néanmoins le mérite d’avoir
permis un taux moyen de croissance économique acceptable.

Tenant compte du fait que, d’une part l’activité du secteur public sert mieux les objectifs de
croissance lorsqu’elle complète celle de secteur privé en stimulant sa demande et autre part que
la tendance est à la maitrise des dépenses publiques, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle
les chocs budgétaires stimulent l’activité économique.

Pour donner forme à une cette hypothèse, nous avons utilisé des méthodes descriptives et
économétriques (modélisation VAR) et nous les avons appliquées sur des séries allant de 1970 à
2014. Ces chroniques sont : les pressions fiscales, les dépenses publiques, le PIB en volume,
l’investissement public, le taux d’inflation et les exportations nettes.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 138


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Soumis à l’épreuve des faits, notre modélisation vectorielle autorégressive nous a permis
d’aboutir aux résultats suivants : une relation de court terme voire de moyen terme qui est
positive mais faible entre la politique budgétaire et la croissance économique (ces résultats sont
cohérents avec les idées de l’analyse keynésienne, dans la mesure où une politique budgétaire
expansionniste affecte positivement l’activité économique au Maroc, toutefois cet impact reste
faible), une relation négative entre les dépenses publiques et les exportations nettes (le
multiplicateur budgétaire, au lieu de se manifester à l’intérieur du pays, profite surtout aux
marchés extérieurs). Ainsi, les politiques budgétaires marocaines sont contra-cycliques : ce sont
des politiques de stabilisations entreprises par le gouvernement marocain, pour relancer la
croissance lorsque celle-ci est en deça de la croissance potentielle et pour stabiliser ses finances
publiques lorsque les conjonctures intérieures et extérieures sont meilleures.

Ces résultats appellent à un certain nombre de mesures de politiques économiques du point de


vue des dépenses publiques et de celui des recettes (fiscales et non fiscales).

Pour ce qui est des dépenses, nous recommandons vivement une augmentation des
investissements productifs rentables. De même, une rationalisation des dépenses publiques de
consommation et une réduction des dépenses superflues (complètement de personnel par
exemple). La démarche à adopter serait celle d’une optimisation et d’une déduction
politiquement faisable des composantes des dépenses publiques de même d’une rémédiation au
dilemme de la structure « incompressible » de certaines dépenses courantes.

En ce qui concerne les recettes, nous appelons à un élargissement de l’assiette fiscale, une
lutte contre la corruption et une régulation continue et progressive du secteur informel. De
même, il y a la nécessité d’une amélioration de l’administration de l’impôt, d’une réduction de la
fraude fiscale et d’une diminution voir une élimination de certaines subventions.

Ces réformes requièrent des sacrifices et efforts nécessaires à un impératif de développement


économique et social continue au Maroc. Nous pouvons donc affirmer que le budget n’est pas
neutre, dans la mesure où les dépenses publiques peuvent et doivent se mettre au service du
développement, et principalement au service du secteur privé qui, de nos jours, devrait être un
moteur de développement à encourager fortement. Il devrait y avoir une certaine
complémentarité entre secteur public et privé. Pour montrer la nécessité de cette
complémentarité, J.M.Keynes disait : « l’important, pour l’Etat, n’est pas de faire ce que les
individus font déjà et de le faire un peu mieux ou mal, mais de faire ce que personne d’autre fait
pour le moment ».

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXES

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 1 : Base de données de l’analyse économétrique

Années CE DPUB/PIB PF XN/PIB IP/PIB TAINF


1970 5,21 23,86 17,46 -5,15 6,75 1,28
1971 6,29 22,77 16,84 -4,7 6,05 4,22
1972 2,33 23,31 16,04 2,75 5,9 3,78
1973 4,17 23,48 17,57 -3,76 5,67 2,73
1974 6,13 33,33 18,23 -2,53 8,36 14,8
1975 9,02 33,01 19,67 -11,41 12,23 7,87
1976 12,68 39,58 16,72 -14,57 19,66 8,5
1977 6,14 39,81 19,74 -17,17 20,71 12,6
1978 2,23 32,12 19,33 -11,06 12,02 9,65
1979 5,02 35,49 19,77 -10,81 14,53 8,43
1980 3,78 33,92 18,74 -9,65 9,98 9,35
1981 -2,76 38,1 19,39 -13,23 12,7 12,58
1982 9,62 37,03 19,53 -14,6 11,96 10,56
1983 -0,56 31,41 19,26 -11 7,47 6,06
1984 4,34 28,07 18,85 -13,61 6,2 12,44
1985 6,33 29,14 18,53 -13,1 6,41 4,79
1986 8,3 28,34 17,99 -7,8 7,33 8,69
1987 -2,54 26,28 19,59 -7,58 6,17 2,75
1988 10,41 27,19 20,62 -4,7 6,41 2,28
1989 2,37 28,93 20,86 -8,7 7,39 3,15
1990 4,03 25,85 21,83 -9,6 5,59 6,69
1991 6,9 24,36 20,82 -8,51 4,53 5,85
1992 -4,03 26,57 23,86 -10,72 5,16 7,26
1993 -1,01 28,07 27,23 -9,95 6,1 5,15
1994 10,36 26,6 21,26 -9,01 5,19 5,13
1995 -6,58 27,43 21,61 -9,4 5,3 6,14
1996 12,22 24,8 21,18 -7,71 4,21 3
1997 -2,23 25,4 22,78 -7,43 4,67 1
1998 7,67 23,7 23,16 -8,78 4,71 2,8
1999 -0,08 24,4 23,38 -9,42 4,72 0,7
2000 0,96 25,3 20,5 -12,34 4,89 1,9
2001 6,3 26,1 19,8 -11,49 5,32 0,6
2002 3,19 24,5 19,7 -9,92 4,84 2,8
2003 5,24 24,1 19,1 -10,98 4,5 1,2
2004 4,29 24,3 19,3 -13,87 4,82 1,5

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

2005 3 27,2 20,9 -16,13 4,36 1


2006 7,8 25,1 21,7 -17,07 4,1 3,3
2007 2,7 25,8 24,4 -22,03 4,6 2,5
2008 5,6 27,8 27 -24,72 5,5 3,7
2009 4,8 27,1 22,9 -20,61 6,3 1
2010 3,8 27,3 22,7 -19,42 6,2 0,9
2011 5,2 30,3 23 -22,77 6,2 0,9
2012 3 31,2 23,3 -24,33 5,7 1,3
2013 4,7 28,6 22,9 -22,79 5,8 1,9
2014 2,4 28,5 23,3 -20,29 5,9 0,4

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 2 : les graphiques des séries étudiées après leur première différenciation (la
variable CE exprimée en niveau)

CE DDP
15 12

10 8

5 4

0 0

-5 -4

-10 -8
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

DIP DPF
8 4

2
4

0
0
-2
-4
-4

-8
-6

-12 -8
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

DTINF DXN
15 8

10 4

5 0

0 -4

-5 -8

-10 -12
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

Master : Banques et Marchés Financiers Page 143


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 3 : la modélisation VAR

La modélisation économétrique classique à plusieurs équations structurelles a connu


beaucoup de critiques (Granger 1969 et Sims 1980) et de défaillance face à un environnement
économique très perturbé. Les prévisions élaborées à l'aide de ces modèles le sont relevées très
médiocres. Les principales critiques formulées à l'encontre de ces modèles structurels concernent
la simultanéité des relations et la notion de variable exogène. La représentation VAR (Vector
AutoRegressive) généralisation des modèles autorégressifs (AR) au cas multivarié apporte une
réponse statistique à l'ensemble de ces critiques.

1. Représentation générale

2. Estimation des paramètres

Les paramètres du processus VAR ne peuvent être estimés que sur des séries chronologiques
stationnaires. Dans le cas du modèle VAR, chacune des équations peut être estimée par les MCO
indépendamment les unes des autres (par la méthode de vraisemblance,…).

3) conditions de stationnarité :

E (yt ) = μ t

Var (yt ) = < ∞

Cov (yt , yt-1) = E[(yt μ) ( yt+1 μ )] = ᴦk quelque soit t

Pour k=0, on a la matrice de variance-covariance de la série. Sur la diagonal de cette matrice,


se trouve la variance de chaque série, et sur les éléments hors diagonaux, les covariances entre

Master : Banques et Marchés Financiers Page 144


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

deux séries. Le processus VAR(p) est stationnaire si le polynome défini à partir du déterminant :
det (I - A1Z – A2Z2 - ………- Apzp) = 0 a ses racines à l’extérieur du cercle unité du plan
complexe c'est-à-dire que les valeurs propres de cette matrice sont toutes plus petites que 1 en
valeur absolue.

4. Interprétation du modèle VAR

On peut dire que l’intérêt du modèle VAR réside dans les différentes interprétations qu’on
leur assigne. Notamment leur utilisation comme outil de base dans l’étude des relations causales
entre les variables économiques.

Ainsi les modèles VAR permettent d'analyser les effets de la politique économique, cela à
travers de simulations de chocs aléatoires et de la décomposition de la variance de l'erreur de
prévision.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 145


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 4 : Estimation du modèle VAR6 (3)

Vector Autoregression Estimates


Date: 08/14/16 Time: 23:01
Sample (adjusted): 1974 2014
Included observations: 41 after adjustments
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

CE DDP DIP DPF DTINF DXN

CE(-1) -0.411653 0.013202 -0.047978 0.170396 0.187479 -0.194423


(0.20916) (0.14213) (0.12915) (0.10412) (0.16643) (0.16211)
[-1.96816] [ 0.09289] [-0.37149] [ 1.63658] [ 1.12648] [-1.19936]

CE(-2) 0.192128 0.079558 0.139736 0.225430 0.097037 -0.133192


(0.22442) (0.15250) (0.13857) (0.11171) (0.17857) (0.17393)
[ 0.85612] [ 0.52169] [ 1.00840] [ 2.01793] [ 0.54340] [-0.76577]

CE(-3) 0.278757 0.113289 0.017190 0.046010 -0.140476 0.185645


(0.20342) (0.13823) (0.12561) (0.10126) (0.16186) (0.15766)
[ 1.37037] [ 0.81956] [ 0.13686] [ 0.45437] [-0.86787] [ 1.17752]

DDP(-1) -0.100330 -0.040137 -0.141308 0.080047 0.562437 -0.157011


(0.48559) (0.32998) (0.29984) (0.24173) (0.38640) (0.37636)
[-0.20661] [-0.12163] [-0.47128] [ 0.33115] [ 1.45560] [-0.41718]

DDP(-2) 0.528021 -0.193766 0.107210 -0.202289 0.141910 -0.288678


(0.43080) (0.29275) (0.26601) (0.21445) (0.34280) (0.33389)
[ 1.22567] [-0.66189] [ 0.40303] [-0.94329] [ 0.41398] [-0.86459]

DDP(-3) 0.405700 -0.083157 0.008730 0.239078 0.243841 -0.413993


(0.42949) (0.29185) (0.26520) (0.21380) (0.34175) (0.33287)
[ 0.94461] [-0.28493] [ 0.03292] [ 1.11825] [ 0.71351] [-1.24370]

DIP(-1) 0.753112 -0.175607 0.112071 -0.206801 -0.997377 0.248729


(0.58955) (0.40062) (0.36403) (0.29348) (0.46912) (0.45693)
[ 1.27743] [-0.43833] [ 0.30786] [-0.70466] [-2.12606] [ 0.54434]

DIP(-2) -0.704651 0.446002 -0.019636 0.034932 0.005191 0.254075


(0.56877) (0.38650) (0.35120) (0.28313) (0.45258) (0.44082)
[-1.23891] [ 1.15395] [-0.05591] [ 0.12338] [ 0.01147] [ 0.57637]

DIP(-3) 0.154209 0.050279 -0.033482 -0.366980 -0.015874 0.058742


(0.54119) (0.36776) (0.33417) (0.26940) (0.43064) (0.41945)
[ 0.28494] [ 0.13672] [-0.10020] [-1.36220] [-0.03686] [ 0.14005]

DPF(-1) 0.225094 -0.344951 -0.262785 -0.179405 0.074111 -0.169974


(0.43542) (0.29588) (0.26886) (0.21675) (0.34647) (0.33747)
[ 0.51696] [-1.16584] [-0.97741] [-0.82771] [ 0.21390] [-0.50367]

DPF(-2) -0.219842 0.357662 0.374372 -0.118334 0.096616 -0.338235


(0.38522) (0.26177) (0.23787) (0.19176) (0.30653) (0.29857)
[-0.57069] [ 1.36630] [ 1.57388] [-0.61709] [ 0.31519] [-1.13287]

DPF(-3) 0.051436 0.057062 -0.089477 -0.278554 0.211066 0.025193


(0.41933) (0.28495) (0.25892) (0.20874) (0.33367) (0.32500)
[ 0.12266] [ 0.20025] [-0.34557] [-1.33446] [ 0.63256] [ 0.07752]

DTINF(-1) -0.248569 0.217422 0.194057 0.157156 -0.777005 -0.346186


(0.27927) (0.18977) (0.17244) (0.13902) (0.22222) (0.21644)
[-0.89008] [ 1.14570] [ 1.12536] [ 1.13048] [-3.49659] [-1.59942]

Master : Banques et Marchés Financiers Page 146


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

DTINF(-2) 0.134627 0.643882 0.552617 0.036166 -0.397627 -0.169261


(0.35074) (0.23834) (0.21657) (0.17460) (0.27909) (0.27184)
[ 0.38384] [ 2.70153] [ 2.55166] [ 0.20714] [-1.42473] [-0.62265]

DTINF(-3) -0.199538 0.620345 0.413808 0.059710 0.066200 -0.190219


(0.27608) (0.18761) (0.17047) (0.13743) (0.21968) (0.21398)
[-0.72275] [ 3.30662] [ 2.42742] [ 0.43447] [ 0.30135] [-0.88898]

DXN(-1) -0.043548 -0.183986 -0.018945 -0.039377 -0.501701 -0.073042


(0.28118) (0.19107) (0.17362) (0.13997) (0.22374) (0.21793)
[-0.15488] [-0.96292] [-0.10912] [-0.28132] [-2.24235] [-0.33517]

DXN(-2) -0.148173 0.713063 0.270726 0.101580 0.174949 -0.355201


(0.27898) (0.18958) (0.17226) (0.13888) (0.22199) (0.21622)
[-0.53112] [ 3.76131] [ 1.57158] [ 0.73144] [ 0.78809] [-1.64275]

DXN(-3) 0.483842 0.332646 0.388213 -0.058041 0.113681 -0.367013


(0.31373) (0.21319) (0.19372) (0.15618) (0.24964) (0.24316)
[ 1.54220] [ 1.56029] [ 2.00396] [-0.37164] [ 0.45537] [-1.50935]

C 3.854794 -0.255356 -0.116813 -1.622916 -1.096156 0.005864


(2.02597) (1.37672) (1.25098) (1.00852) (1.61210) (1.57022)
[ 1.90269] [-0.18548] [-0.09338] [-1.60921] [-0.67995] [ 0.00373]

R-squared 0.617754 0.626521 0.513194 0.456046 0.619615 0.476905


Adj. R-squared 0.305007 0.320947 0.114898 0.010992 0.308391 0.048918
Sum sq. resids 287.0453 132.5496 109.4428 71.12993 181.7481 172.4272
S.E. equation 3.612134 2.454584 2.230398 1.798104 2.874244 2.799572
F-statistic 1.975252 2.050308 1.288473 1.024698 1.990898 1.114297
Log likelihood -98.07087 -82.23087 -78.30400 -69.47067 -88.70200 -87.62274
Akaike AIC 5.710774 4.938091 4.746536 4.315643 5.253756 5.201109
Schwarz SC 6.504869 5.732185 5.540631 5.109737 6.047850 5.995204
Mean dependent 4.164390 0.122439 0.005610 0.139756 -0.056829 -0.403171
S.D. dependent 4.332850 2.978694 2.370749 1.808069 3.456156 2.870665

Determinant resid covariance (dof adj.) 9653.407


Determinant resid covariance 230.4165
Log likelihood -460.5766
Akaike information criterion 28.02813
Schwarz criterion 32.79269

Source : Estimation de l’auteur

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 5 : Résultat du test de stationnarité globale du VAR6(3)

Roots of Characteristic Polynomial


Endogenous variables: CE DDP DIP DPF DTINF DXN
Exogenous variables: C
Lag specification: 1 3
Date: 08/24/16 Time: 11:25

Root Modulus

-0.520103 + 0.644535i 0.828210


-0.520103 - 0.644535i 0.828210
0.463179 - 0.680670i 0.823314
0.463179 + 0.680670i 0.823314
-0.806715 + 0.152759i 0.821051
-0.806715 - 0.152759i 0.821051
-0.333374 - 0.692015i 0.768129
-0.333374 + 0.692015i 0.768129
0.179850 - 0.706275i 0.728814
0.179850 + 0.706275i 0.728814
-0.667737 + 0.284349i 0.725759
-0.667737 - 0.284349i 0.725759
0.705728 0.705728
0.327283 + 0.547225i 0.637628
0.327283 - 0.547225i 0.637628
0.092892 + 0.503907i 0.512398
0.092892 - 0.503907i 0.512398
0.454551 0.454551

No root lies outside the unit circle.


VAR satisfies the stability condition.

Source: Estimation de l’auteur

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 6: résultants du test de bruit blanc des résidus du modèle VAR6(3)

Correlogram DDP_residuals

Correlogram DIP- residuals

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Correlogram DPF- residuals

Correlogram DTINF- residuals

Correlogram of DXN_ RESIDUALS

Source : Estimation de l’auteur

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 7 : Résultats de l’analyse des chocs à un horizon de 10 ans obtenu par simulation
de Monte Carlo avec 100 tirages.

Response to Cholesky One S.D. Innovations ± 2 S.E.


Response of CE to DDP Response of CE to DIP
4 4

2 2

0 0

-2 -2

-4 -4
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of CE to DPF Response of DXN to DDP


4 3

2
2
1

0 0

-1
-2
-2

-4 -3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of DXN to DIP Response of DXN to DPF


3 3

2 2

1 1

0 0

-1 -1

-2 -2

-3 -3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Source : Estimation de l’auteur

Master : Banques et Marchés Financiers Page 151


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

ANNEXE 8 : Résultats relatifs à la décomposition de la variance de l’erreur de prévision.

Source : Estimation de l’auteur

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Liste des figures

Figure 1 : Compensation de trois fonctions hypothétiques de relation entre le solde budgétaire effectif et
le niveau du PIB…………………………………………………………………………………...………17

Figure 2 : Le schéma IS-LM………………………………………………………………..………...….25

Figure 3 : politique budgétaire avec une mobilité relativement forte des capitaux………………………29
Figure 4 : politique budgétaire avec une mobilité des capitaux relativement faible……………………..30
Figure 5: Les deux aspects de l'investissement………………………………………………...…………44
Figure 6 : Fonction de production aux rendements marginaux décroissants…………………….……….45
Figure 7: modèle de Solow……………………………………………………………………………….46

Master : Banques et Marchés Financiers Page 153


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Liste des graphiques

Graphique 1 : Évolution des dépenses de fonctionnement et ceux d’investissement entre 1970-1983.…61


Graphique 2 : Évolution des dépenses de fonctionnement et ceux d’investissement entre 1984-2003….63
Graphique 3 : Évolution des prévisions des dépenses de la dette publique…………………….………..64
Graphique 4 : Évolution des dépenses de la dette publique (intérêts seulement)………………….…….65
Graphique 5 : Evolution des dépenses globales du Trésor………………………………………………67
Graphique 6 : Evolution de la dette publique……………………………………………………………68
Graphique 7: Taux de croissance réel du PIB et taux d’inflation (en%)……………………...…………70
Graphique 8 : Évolution des prévisions des recettes budgétaires………………………………………..73
Graphique 9 : Évolution des prévisions de recettes d’emprunts…………………………………………74
Graphique 10 : Évolution des recettes non fiscales depuis 1993…………………………….…………..75
Graphique 11 : évolution des recettes ordinaires du trésor………………………………………………75
Graphique 12 : Évolution de la structure des plus importantes recettes fiscales………………………...78

Graphique 13 : Evolution des recettes fiscales…………………………………………….…………….79


Graphique 14: Encours de la dette extérieure……………………………………………….…………...83
Graphique 15 : Évolution du déficit budgétaire entre 1983 et 1992…………………………….……….84
Graphique 16 : Décomposition du solde budgétaire……………………………………………………..91

Graphique 17 : Décomposition du solde budgétaire……………………………….…………………….93

Graphique 18 : Evolution du solde structurel……………………………………………………………94

Graphique 19 : Décomposition du solde budgétaire hors éléments exceptionnels……………….……...95

Graphique 20 : Plus-value des recettes fiscales par rapport aux prévisions de loi Finances……….……98

Graphique 21 : Evolution du solde ordinaire…………………………………………………..……….100

Graphique 22 : Evolution de la charge de compensation totale…………………………………..…….102

Graphique 23 : Impulsion budgétaire en % du PIB potentiel……………………………………..……104

Graphique 24 : Solde structurel et solde structurel primaire………………………………...…………105

Graphique 25 : Evolution des séries étudiées exprimées en niveau (1970-2014)……………...………111

Graphique 26 : résultat du test de stationnarité globale du modèle VAR6(3)…………………..………129

Master : Banques et Marchés Financiers Page 154


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Liste des tableaux

Tableau n°1 : Comparaison internationales des taux de croissance réels…………………………...……72


Tableau n°2 : Évolution des recettes fiscales et non fiscales entre 1974 et 1982…………….…………..73
Tableau n°3 : Évolution des recettes fiscales et non fiscales durant la période 1983-1992……….……..74
Tableau n°4 : Évolution des principales recettes fiscales de l’État………………..……………………..77
Tableau n°5 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc (1960-1972)………………..………………81
Tableau n°6 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc (1973-1982)……………..………………....82
Tableau n°7 : Évolution des dépenses et des recettes ordinaires…………………………………………82
Tableau n°8 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc 1993-2003………………...………………..84
Tableau n°9 : Évolution des déficits budgétaires au Maroc 2004 – 2015…………..……………………85
Tableau n°10 : Décomposition de l’évolution du solde budgétaire……………………………………..103
Tableau n°11 : Décomposition de l’évolution des soldes budgétaire et primaire………………………105
Tableau n°12 : Statistiques descriptives………………………………………………………………...114
Tableau n° 13 : Résultat de test ADF et PP sur les séries en niveau……………………..…...……..…117

Tableau n°14: Résultat du test KPSS sur le série de CE………………………………………….…….118

Tableau n°15 : Résultat de test ADF sur les séries en différence première…………….……………….119

Tableau n°16 : Résultat du test KPSS sur les séries en différence première………………...………….120

Tableau n°17 : Matrice de corrélation entre les variables étudiées…………….……………………….122

Master : Banques et Marchés Financiers Page 155


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Liste des encadrés

Encadré 1 : Détermination du retard optimal du modèle VAR…………………………………………123

Encadré 2 : Résultats du test de causalité au sens de Granger………………………………………….125

Encadré 3 : résultat du test de bruit blanc des résidus du modèle VAR6(3)………….…………………130

Encadré 4 : Résultats du test d’absence d’autocorrélation des erreurs………………………………….131


Encadré 5 : Résultat du test d’hétéroscédasticité…………………………………………….…………132
Encadré 6 : résultat du test de normalité des résidus……………………………………………………133

Master : Banques et Marchés Financiers Page 156


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Bibliographie

Les ouvrages

 Berthier. J.F, comment l’Etat tient ses comptes, Dunod, Paris, 1999.

 Bords-Marcilloux. C, Macroéconomie, Dalloz, 1998.

 Bourbounnais, Regis, Econométrie, manuel et exercices corrigés, 7e édition, Dunod,


Paris, 2009.
 Daniel. Jean Marc, la politique économique, PUF, 2008.

 D’ARVISENET. Philippe, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris,


1999.
 De Boissieu. C principes de politique économique, Economica, 1980.

 EL MOKRI Karim, RAGBI Aziz et Tounsi Said, politique budgétaire et croissance


de l’activité au Maroc : une analyse quantitative, OCP, policy center, Rabat, mai
2015.
 Euzerby.A et M.L.Herschtel, Finances publiques, une approche économique,
Dunod, Paris, 1999.

 Généreux. Jacques, l’économie politique, Larousse Bordas, 1996.

 LARDIC. S et Mignon. V, Econométrie des séries temporelles macroéconomiques


et financières, Economica, 2002.

 Mankiw Gregory. N, Macroeconomics, traduction de 5e édition américaine par Jean


Houard, de Boeck Université s. a 2003.

 Saint Geours . J, la politique économique des principaux pays industriels de


l’occident, Ed Sirey, 2e édition, Paris, 1973.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 157


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Thèses et mémoires

 ABBES .Amina, efficacité et limites de la politique économique et conjoncturelle


dans un modèle de type « MUNDEL-FLEMING » étude économétrique sur
l’ALGERIE, Thèse de Doctorat en Finance, université Abou BEKR BENKAID/
Tlemcen, Faculté des sciences économiques et de gestion, 2014-2015.
 Achour Tami Yayma, l’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en
sciences économiques, université Abou BEKR Benkaid, 2013-2014.
 AIT OUDRA. Mohamed, la modélisation des séries non stationnaires, la théorie
de la cointégration, application à la demande de monnaie au Maroc, Thèse de
Doctorat, sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES,
Fès, 2006.
 AIT OUDRA. Mohamed, les modèles VAR cointégrés, application à quelques
variables macroéconomiques marocaines, mémoire de D.E.S, sciences
économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FJSES, Fès, 1997.
 AMIROU.RACHID, Politique budgétaire, dynamique de la croissance et
soutenabilité de la dette publique au Maroc, Mémoire du master en sciences
économiques, université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES, Fès, 2014.
 BEN MIM. Sami, l’efficacité de la politique économique, le rôle du marché du
travail et des marchés financiers, Thèse de Doctorat en sciences économiques,
Université Paris XII.val de MARNE, UFR de sciences économiques et de gestion,
2004.
 Boussetta.M, financement public et solde budgétaire, le cas du Maroc, Thèse de
l’Etat, Rabat, 1992.
 EL HAFIDI. M, de la spécification dans les modèles dynamiques à équations
simultanées : application à un ensemble de variables de l’économie française, Thèse
de troisième cycle, sciences économiques, Université d’AIX-Marseille II, faculté des
sciences économiques, 19982.
 EL HIRI .Abderazzak, politique monétaire ou politique budgétaire, étude de leur
efficacité relative au Maroc, Thèse de Doctorat, sciences économiques, Université
Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES, Fès, 2002.
 MRABET.N, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : analyse historique et
empirique, Thèse de Doctorat, sciences économiques, université Sidi Mohamed
Ben Abdellah, FSJES , Fès, 2007.
 Nouetoun WABO, Joséphine Sorele, politique budgétaire et dynamique de la
croissance au maroc, Mémoire du master, sciences économiques, université sidi
mohamed ben abdellah, FSJES, Fès, 2010.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 158


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Articles et revues

- Adedeji, O and O.H. William « fiscal reaction fonctions in the CFA zone:
Analytical perspective », IMF working papers 07/232, international monetary fund.
- Akitoby.B and al” the cyclical and long-term Behavior of government Expenditure
in developing countries”, IMF working papers 04/202, Washington, DC, United
States: international monetary fund.
- Berthomieu. Claude, dépenses publiques, croissance et soutenabilité des déficits et
de la dette extérieure, étude de cas pour six pays riverains de la Méditerranée :
Tunisie, Maroc, Turquie, Liban, Israël, Egypte, Rapport de synthèse, Université de
Nice, France, 2004.
- Bouzidi, M, monnaie et politique monétaire : analyse générale et application au
Maroc, 1996.
- Cotteret. J.M. et Eméri.C, le budget de l’Etat, op,cit
- David.P.A.B.H. and A.A.Toole “is public R and D a complement or substitute for
Private Rand D? A review of the Econometric Evidence”. NBER working papers,
n°7373.1999.
- De Bornier. Jean magnon, les modèles macroéconomiques, document de travail,
université paul Cézanne, AIX Marseille III, 2002.
- Haut Commissariat au Plan, croissance économique et développement humain :
Elément pour une planification stratégique 2007-2015, juin 2007.
- Haut Commissariat au Plan, les sources de la croissance économique au Maroc,
septembre 2005.
- MRABET. Najib, la marge de manœuvre budgétaire au Maroc, analyse en termes
de dépenses, université Mohamed Premier, Oujda.2009.
- Parinty.A, alternative économique, poche n°046, novembre 2010.
- Perspective économique de l’OCDE n° 52, décembre 1992.
- Ramsey. F “A mathematical theory of saving” Economic journal 38 (152), 543-559.
- Sagou, M, les politiques macroéconomiques, les politiques budgétaires et
monétaires du Maroc depuis cinquante ans et perspective pour les vingt prochaines
années, Casablanca, 2006.
- Sagou. M, et Mourj F, in politique économique pour la croissance dans les pays en
voie de développement, Wallade, Casablanca, 1989.
- Solow. R “a contribution to economic growth theory” quarterly journal of
Economics 70. 65-94.
- Steglitz. J et Weiss. A, credit rationing in markets with imperfect information,
American Economic review. Vol 71, juin 1981.
- Toronouy Razafindrabe, introduction au modèle ISLM, document de travail,
université Paris ouest Nanterre la Défense, 2011.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 159


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Sites web

- www. bkam.ma
- www. finances.gov.ma
- www.HCP.ma
- www.universalis.fr/encyclopedie/technique-moderne-de-la-politique-économique/
- www.malchior.fr/politique- budgétaire.3932.0.Html
- www. Laviedesidées.fr/réduire-la-dette-publique, une Html.
- www.OFCE,sciences-po-fr/pdf/Macroéconomie, croissance-économique/
- www.m pra.ub.un. muenchen. De/6716/
- Cours d’économique de M.EL HIRI, professeur à la FSJES, Fès, 2015-2016
- Jean Pierre Malrieu et Roxane Saur, cours de terminale, lycée Toulouse-Lautrec,
ESPE de Toulouse.

Master : Banques et Marchés Financiers Page 160


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Table des matières

Dédicace………………………………..………………………………………………………..…1

Remerciement………………………….………………………………………………....……....2

Table des abréviations……………………….…..……………………………………………..3

Sommaire……………………………………...…………………………………………………..4

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................…...5

CHAPITRE I : LA POLITIQUE BUDGETAIRE : SOUBASSEMENT THEORIQUE............8


INTRODUCTION………………………………………………………………………………………………………………...8

Section 1 : les instruments de la politique budgétaire……………….……………………………….9


Paragraphe 1 : politique budgétaire : les outils d’agir…………………………………………………….11

A : solde budgétaire effectif…………………..………………………………………………………………..…11

B : les soldes théoriques…………………..……………………………………………………………………....16

Paragraphe 2 : l’efficacité de la politique budgétaire : controverses théoriques……….......…..20


A : l’analyse keynésienne…………………………..…………………………………………………………...…20

B : multiplicateur keynésien en économie fermé……………………………………………………..…..22

C : le modèle IS-LM-BP du Mundell- Fleming……………………………………………………….……26

Paragraphe 3: la politique budgétaire et les critiques néoclassiques......................................31

A : l’effet d’éviction………………………………………………………………………………………………...…31

B : l’équivalence ricardienne et le revenu permanant du Milton Friedman………………….…..32

C : la nouvelle théorie anti-keynésienne des finances publiques……………………………..…….….33

Section 2 : l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique…….….34

Paragraphe1 : Mesure et Déterminants de la croissance économique……………..……………....34


A : Mesure de la croissance…………………………………………………………….…………………….….…34

B : les déterminants de la croissance…………………………………………….………………….……..……36

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Paragraphe 2 : les modèles théoriques de la croissance économique……………….…….……..…..41

A : l’approche néoclassique………………………………………..…..………………….……………………….42

B : les approches de la croissance endogène ……………………..….…….……………………………..…47

C : Rétrospective des effets de la politique budgétaire sur la croissance……………….….…...…...48

Paragraphe 3 : politique budgétaire et croissance : les justifications modernes………….…......…50

A : Dépenses publiques et marché des capitaux……………………………….…………………………...50

B : Dépenses publiques et stimulation de la productivité du secteur privé…………………….….52

C : politique budgétaire et croissance : quelques études empiriques……….………………..…..….53

CONCLUSION DE CHAPITRE I..................................................................................................57

CHAPITRE II : LES POLITIQUES BUDGETAIRES DU MAROC DEPUIS 1960………….…59

INTRODUCTION………………………………………………….…………………………………………….…………..…59

Section 1 : Evolution des grandes masses budgétaires au Maroc……………………..………60


Paragraphe 1 : la structure des dépenses budgétaires……………………..…………………….…………60

A: 1955-1977: Hausse des dépenses de fonctionnement et d’investissement………………..…..60

B : Baisse des dépenses d’investissement et hausse des celles de la dette…………………....…….62

C : 1992-2014 : Modération des dépenses globales…………..…..………………………….………...64

D : Evolution de croissance économique au Maroc.................................................................68

Paragraphe 2 : Evolution globale des recettes budgétaires………..…………………………….…72

A : 1955-1973 : Croissance régulière des recettes fiscales……………………….…….....……….…72

B : 1973-1982 : Explosion des dépenses; recours aux emprunts extérieurs………………..…...73

C : 1983-2003 : Accroissement progressif des recettes fiscales et non fiscales…………….…...73

Paragraphe 3 : Structure et évolution des recettes fiscales …………..………………...…………………...…76

A : Structure des recettes fiscales ……………………………..………..……...………………………………..……...76

B : 1973-1992 : croissance des impôts directs et indirects suite à la réforme


fiscale……………………….…………………………….…..………………………………………..….………..…..….77

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La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

C : 1993-2014 : Baisse des droits de douane et renforcement de la part des impôts directs
dans les recettes fiscales……………..……………………………....…………………………………………..…78

Paragraphe 4 : Les cycles budgétaires du Maroc depuis 1955……………….….………...…80

A: 1956-1982 : un cycle budgétaire d’expansion-récession après un cycle relativement


contrôlé……………………………………………….………..……………………………………..…………...81

B: 1983-1992 : Un nouveau cycle budgétaire sous contrôle; l’ajustement


structurel……………………………………………………..………………….……………………………………....83

C : 1993-2015 un paysage économique contrasté et sujet de la crise financière


internationale………………...……………………………………..…………….…………………………………...84

Section 2 : Evaluation des orientations de la politique budgétaire au Maroc…………86

Paragraphe 1 : Définition et calcul du solde structurel…………………………….………………….87

A : Définition du solde structurel…………………….………..………………………….………..…..…87

B : Calcul du solde structurel…………………………….………..………………………… ………….…88

C : Calcul du solde structurel pour le cas du Maroc……………….….…………………………….90

Paragraphe 2 : la décomposition du solde budgétaire : la Prise en compte des éléments


exceptionnels…………………………………………………………….………………………………………………....94

A:1980-1999 : ajustement budgétaire et consolidation……………………………………….….......95

B : Une phase de consolidation des recettes……………………………….………………………........97

C: phase de baisse des recettes fiscales accompagnée d’une hausse continue des
dépenses………………….……………………………………………..…………….………………………..…..…99

Paragraphe 3 : Prémices d’un redressement budgétaire……..……………..…………………..…...100


A : Impulsion budgétaire………………………………..…….………….………….……………………...…103

B : Solde structurel primaire................................................................................................104

C : Limites de la notation du solde structure…………………….………………………………..……..106

CONCLUSION DE CHAPITRE II...................................................................................107

CHAPITRE III : L’IMPACT DE LA POLITIQUE BUDGERAIE SUR LA CROISSANCE


ECONOMISUE AU MAROC : VERIFICATION EMPIRIQUE…………………………...109

INTRODUCTION........................................................................................................................109

Section 1 : présentation des variables et étude de leur stationnarité………..….…….109

Master : Banques et Marchés Financiers Page 163


La politique budgétaire et la croissance économique au Maroc

Paragraphe 1 : les variables utilisées : description et évolution…………….……………...109

Paragraphe 2 : Etude de la stationnarité des variables utilisées……………....……………..……..114

Section 2 :l’analyse de l’impact de la politique budgétaire sur la croissance


économique au Maroc par la méthodologie VAR…………………………..………………………..121

Paragraphe 1 : Estimation du modèle…………………...………………….…….……..121

Paragraphe 2 : validation du modèle estimé……………….……………………….…...128

Paragraphe 3 : Dynamique du modèle VAR…………………………………...……….133

CONCLUSION DE CHAPITRE III…………….……….…………………………….…....…137


CONCLUSION GENERALE……………….……………………………………………....…138
ANNEXES………………………………………….…….…………………………………...…140
LISTE DES FIGURES ……………...…………...…….….………………………………...….153
LISTES DES GRAPHIQUES.....................................................................................................154
LISTES DES TABLEAUX……………………….……………………………………..……..155
LISTE DES ENCADRES…………….………………………..……………………….........…156
REFERENCES BIBIOGRAPHIQUES…………………….……………………….…….…..157

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