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DEDICACE
REMERCIEMENT
Je remercie mes amis qui m’ont encouragé et aidé tout au long de ces années de cette
formation, en particulier M. BAKKALI HOSSNI. Aussi à toutes les personnes qui de
près ou de loin ont œuvré à la réalisation de ce travail de recherche, je leur dit
sincèrement merci.
pour le développement
DTFE : Direction du Trésor et des Finances extérieurs TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
FSC : Fonds des Stabilisations des Changes WDI : Word Developpement Indicators
Sommaire
INTRODUCTIONGENERALE....................................................................................................................5
ANNEXES……………………………………………...………………………………… …...……...…140
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………….…...….157
INTRODUCTION GENERALE
En effet, d’un point de vue purement théorique et bien qu’ayant figuré dans les analyses
historiques de la pensée économique, la macroéconomie est apparue comme terrain d’analyse
proprement dit avec les politiques keynésiennes. Partant des conséquences économiques et
sociales de la grande dépression de 1929 et de certaines insuffisances de la théorie dans
l’explication de cette crise, notamment quant à la recherche des équilibres des marchés, John
Maynard Keynes a préconisé l’intervention de l’Etat pour la recherche de ces équilibres.
Ainsi, dès les lendemains de la seconde Guerre mondiale et jusqu’aux années 1970, un quasi-
consensus existait pour reconnaitre le rôle, voir la responsabilité de l’Etat dans la gestion des
principaux problèmes macroéconomiques. Dès lors, les économistes ont le plus souvent vue la
politique économique comme un choix économique parmi d’autres : il s’agit d’atteindre au
mieux certains objectifs en gérant un certain nombre de contraintes et en utilisant de la façon la
plus efficace possible un certain nombre d’instruments (monnaie, taux d’intérêt, taux de change,
budget de l’Etat…). Du débat théorique sur la nécessité des interventions de l’Etat dans
l’économie nationale, il ressort habituellement quatre objectifs : le plein emploi, le soutien de
l’activité économique ou la croissance, l’équilibre extérieur et la stabilité des prix.
Toutefois, l’Etat constitue actuellement un élément essentiel dans la recherche des solutions à
tous les problèmes économiques. En effet, sortir des crises économiques, éviter les aléas des
mauvaises conjonctures nationales et internationales ou réaliser une croissance durable, sont des
objectifs qui n’échappent plus aux discours économiques des pouvoirs publics des pays
développés et moins développés1.
Si habituellement les objectifs sont unanimes, il n’en est pas de même pour les outils. En
effet, pour la réalisation des objectifs macroéconomiques, l’Etat dispose de deux principaux
instruments à savoir les politiques budgétaire et monétaire. Cependant, contrairement à
l’abondante littérature empirique sur les effets de la politique monétaire, la politique budgétaire
était jusque ces deux dernières décennies, l’objet de moins d’attention de la part des
économistes. Car, bien qu’il existe globalement un consensus sur les effets de la politique
monétaire sur la croissance, la thèse selon laquelle la politique budgétaire est un outil efficace de
la politique économique ne fait pas toujours l’unanimité au sein de la grande famille de la pensée
économique.
1
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.8
Ainsi, le rôle de l’Etat dans l’économie est passé par différentes étapes et a connu des
périodes plus intenses en interventions que d’autres2. Tantôt répondant à des contraintes
économiques tantôt à des aspirations idéologiques et parfois à des stipulations extérieures.
Cependant, il existe un dénominateur commun entre ces expériences, en effet, l’intervention
publique provoquait une multiplication des déficits budgétaires, le recours à l’emprunt extérieur
et intérieur et par conséquent un gonflement de la dette publique marocaine.
Pourtant, la problématique dont traite le présent travail a pour objet de vérifier, pour le Maroc,
si la politique budgétaire a provoqué une croissance économique forte et durable tout en
respectant la contrainte budgétaire inter-temporelle pendant la période1970-2014.
Précisément, nous nous proposons de mesurer l’impact des politiques budgétaires marocaines,
de la composition du budget et de son allocation sur l’activité et la demande globale. Cela nous
conduira à voir comment ces facteurs ainsi que d’autres ont influencé la durée des ajustements
budgétaires au Maroc. Par ailleurs, nous verrons dans quelle mesure les différents ajustements
opérés par le Maroc lui ont permis de neutraliser les effets de la crise financière de 2008 de
même que les différents chocs externes et internes auquel l’économie marocaine à dû faire face
depuis l’indépendance. Ceci nous amènera à déterminer la nature pro-cyclique ou contra-
cyclique de la politique budgétaire marocaine afin d’aider les autorités compétentes à la
formulation de politique budgétaire efficace et efficiente à même de stimuler la croissance
économique que sociale.
L’hypothèse principale, que je cherche à défendre dans ce travail, c’est que la politique
budgétaire, via ses instruments à l’occurrence les dépenses publiques et les recettes fiscales,
constitue pour le Maroc un outil efficace pour la stimulation et la dynamisation de l’activité
économique, particulièrement à court et moyen terme.
2
Mrabet. N, dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse historique et empirique, thèse de Doctorat,
sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès, 2007, P.6.
3
Bank AL-Maghreb, Rapport annuel, exercice 2012, p. 89. Cf. le site web de BAM : http://www.bkam.ma.
L’intérêt d’une telle étude est qu’elle va permettre d’explorer une partie importante des
finances publiques marocaines, qui reste souvent ignorée par la recherche dans le domaine de
l’économie financière et qui reste aussi le monopole des spécialistes et des universitaires qui s’y
intéressent. Or, le chercheur dans ce domaine se trouve face à l’indisponibilité de la
documentation de base, car, rares sont les travaux marocains qui traitent d’une manière directe et
ciblée les problèmes des finances publiques.
Pour mener à bien notre étude, nous la subdiviserons en trois chapitres : ainsi, le premier
chapitre sera consacré à une revue de littérature, non exhaustive, des principaux travaux
théoriques portant sur l’impact des dépenses publiques sur la croissance économique. Dans le
second chapitre, nous ferons une rétrospective historique et analytique des politiques budgétaires
marocaines depuis l’indépendance jusqu’au nos jours. Pour finir, le dernier chapitre sera
consacré à la vérification empirique, l’analyse et l’interprétation des estimations économétriques.
Introduction :
Avant d’entamer l’analyse des politiques macroéconomiques dans le domaine budgétaire,
présentant brièvement ce que l’on entend par politique économique.
Aux sources même de la définition de politique économique citons J.Tinbergen (prix Nobel
d’économie en 1969) : « la politique économique consiste dans la manipulation délibérée d’un
4
certain nombre de moyens pour atteindre certains fins » .Toutefois, Tinbergen, dans son livre
intitulé "A propos de la théorie en politique économique", propose une règle universellement
connue sou le nom de« principe de Tinbergen ». Ce principe postule en effet qu’en politique
économique, il faut disposer d’autant d’instruments que l’on a des problèmes et qu’il faut
affecter chaque instrument à la résolution de chacun de ces problèmes. Pour Tinbergen, la
politique budgétaire doit servir à réduire le chômage, la politique monétaire l’inflation et la
5
dévaluation de déficit extérieur .
Cette définition synthétique et opérationnelle pose la distinction entre objectifs et moyens mis
en œuvre autour de la problématique des politiques économiques.
Une autre approche des politiques économiques s’intéresse d’avantage à sa cohérence. Ainsi,
on opposera les politiques sectorielles aux politiques vue sous un angle d’ensemble. Les
politiques sectorielles mettent en œuvre l’intervention de l’Etat dans les divers secteurs de
l’activité économique avec une spécificité accordée à chaque secteur : elles seraient de nature
microéconomique ou macroéconomique. La politique économique d’ensemble pour sa part
s’intéresse aux relations existants entre les objectifs et les instruments et touche la globalité
d’une économie nationale : elle est de nature macroéconomique.
4
Le Gall. P « Techniques modernes de la politique économique, livre de Jan Tinbergen », Encyclopædia
Universalis [en ligne], consulté le 22 juillet 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/techniques-
modernes-de-la-politique-economique/
5
Daniel .J.M, la politique économique, novembre 2010, p. 25
Les définitions précédentes révèlent la complexité et l’étendu des politiques économiques tant
sur le plan analytique que sur celui opérationnel de leur mise en œuvre.
Ainsi, le présent chapitre sera organisé comme suit : Au premier temps, définir globalement la
notion de la politique budgétaire, ses objectifs, aussi que ses instruments d’intervention, leur
efficacité tant qu’en économie fermé qu’ouverte et les principaux critiques théoriques adressées à
l’intervention de l’Etat dans l’économie via la politique budgétaire. Je vais se pencher, par la
suite, à l’analyse rétrospective des soubassements théoriques et empiriques des impacts de la
politique budgétaire sur l’activité économique, après avoir préciser la notion de la croissance
6
économique ainsi que ses déterminants majeurs .
L’idée que l’Etat peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande, est ancienne.
Les politiques des grands travaux ont, par exemple, été très utilisées lors de la crise de 1929,
notamment aux Etats-Unis avec la Tennesse Valley Authority de Roosevelt. En effet, en
commandant des travaux à des entreprises désœuvrées, l’Etat injecte du pouvoir d’achat dans
l’économie et les entreprises sont amenées à recruter des salaries qui, à leur tour, dépenseront
plus.
Lorsque la demande semble insuffisante pour absorber la production que fourniraient les
entreprises si elles tournaient à plein régime, une telle intervention de l’Etat relève du simple
bons sens. Cependant, la politique budgétaire n’a acquis de fondement théorique solide qu’à
partir des travaux de John Maynard Keynes. Jusque-là, en effet, le credo des économistes était
que le marché devait pouvoir s’autoréguler, le mouvement des prix ramenant l’équilibre après un
choc l’ayant momentanément déstabilisée.
Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invoqué par les économistes
peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les prévisions pessimistes des
entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’Etat peut rompre cet équilibre de
sous emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée par des dépenses publiques
nouvelles ou par la diminution des impôts. Cette demande supplémentaire a un effet puissant sur
la production, grâce au mécanisme du multiplicateur. Les dépenses publiques engendrent des
revenus pour les entreprises ou les ménages. Ces dépenses entrainent une nouvelle production,
d’où une nouvelle distribution de revenus.
Inversement, une croissance trop rapide qui entraine des tensions inflationnistes peut être
freinée par la hausse des impôts ou par la diminution des dépenses publiques7.
6
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.10.
7
Parienty.A, Alternatives Economiques Poche n° 046 - novembre 2010.URL : http://www.alternatives-
economiques.fr/a-quoi-sert-la-politique-budgetaire_fr_art_964_51542.html
La politique budgétaire est, donc, une politique économique qui consiste à utiliser les
variations de l'équilibre budgétaire de l'Etat pour atteindre certains objectifs. Elle s’appuie
principalement sur une gamme des instruments à savoir, les dépenses publiques et les recettes
fiscales.
Pour atteindre cet objectif de justice sociale ; l’Etat dispose bien évidemment au premier chef
de la fiscalité. Mais il peut également améliorer la situation des catégories sociales jugées a
priori comme défavorisées en utilisant ses dépenses. Il peut enfin combiner les deux. Par
exemple, en France, la politique d’aide aux handicapés passe par de multiples canaux qui
mobilisent les dépenses au travers du versement de l’allocation aux adultes handicapés et la
fiscalité puisque les entreprises qui n’emploient pas un certain quota d’handicapés doivent verser
une somme compensatoire à l’Etat11.
8
[En ligne]. http://www.melchior.fr/Politique-budgetaire.3932.0.html
9
Nouetoun Wabo, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire de Master, sciences
économiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p.10.
10
Généreux. J, l’économie politique, Larousse Bordas, 1996.
11
Cours de la politique économique : enjeux, objectifs, instruments, professeur : M’HAMDI. M, 2011/2012, p.27
Dans cette optique, l’Etat doit assurer une croissance économique dans le respect des grands
équilibres (plein emploi, équilibre extérieur et stabilité des prix). Cela suppose la mise en place
de politiques conjoncturelles via la monnaie et le budget.
Le rôle de la politique budgétaire est d’exercer sur l’économie tantôt un effet stimulant tantôt
un effet restrictif en vue d’assurer une expansion sans inflation. Cette action peut être
appréhendée par le biais du solde budgétaire effectif et des soldes budgétaires théoriques13.
Les résultats fournis par la comptabilité publique peuvent être classés en distinguant les soldes
des lois de finance et le solde de gestion.
12
Généreux. J, L’économie politique, Larousse, 1996
13
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude de leur efficacité relative au Maroc, Thèse de
Doctorat, sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, P. 15
Dans le cadre de la loi de finances de l’année et des éventuelles lois de finances rectificatives,
le parlement autorise et approuve annuellement les recettes et les dépenses et par conséquent le
solde. Ce dernier, qui n’est qu’un solde prévu diffère généralement du solde d’exécution des
recettes et des dépenses prévues par le budget en question.
A coté de ces deux soldes, de nature globale, il existe une série de soldes budgétaires partiels
que l’on essaiera de relever.
D’après l’article 2 du dahir portant loi organique des finances, la loi de finances de l’année14
˝prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des charges de
l’Etat˝. A partir de cette loi de finances on détermine le solde budgétaire prévu correspondant à
la différence entre les ressources prévues et les dépenses prévues.
Dans la mesure où une différence peut exister entre le résultat de l’exécution des recettes et
des dépenses prévues et le solde budgétaire prévu, ce dernier ne peut constituer l’indicateur de
référence permettent d’apprécier les effets de l’action de l’Etat par les biais de la politique
budgétaire. D’où la nécessité de faire appel au solde budgétaire.
La loi de règlement, qui constate les résultats financiers de chaque année civile en approuvant
les différences entre les résultats et les prévisions de la loi de finances de l’année , complétée, le
cas échéant, par des lois de finances rectificatives , fait apparaitre le solde d’exécution
budgétaire.
La différence entre le solde d’exécution budgétaire et le solde prévu peut être due à plusieurs
facteurs dont notamment :
les lois de finances rectificatives qui donnent lieu à des aménagements des prévisions
initiales en vue de les adapter à des nouvelles orientations du gouvernement et à
l’évolution de la conjoncture15.
l’impossibilité de prévoir avec précision le montant des recettes fiscales et non fiscales
ainsi que leur date de réalisation.
14
Un budget comprend à la fois la loi de finances de l’année et les lois de finances rectificatives qui l’ont
éventuellement modifiée en cours d’année.
15
Euzérby. A et Herschtel. M.L, Finances publiques, une approche économique, Dunod, Paris, 1999,p. 176
Le solde de l’exécution budgétaire est qualifié de solde effectif dans la mesure où il est égale
à la différence entre le montant définitif de l’encaissement de recettes et celui des
ordonnancements de dépenses relatifs à une même année, sachant que :
Les recettes sont rattachés à l’année d’exécution de la de finances qui les a autorisées
quelle que soit la date de leur perception.
Les dépenses concernent l’année d’exécution de la loi de finances qui les a autorisées
quelle que soit la date de leur engagement16.
C’est pour cette raison que le solde d’exécution budgétaire est appelé aussi solde en exercice
car il concerne les opérations rattachées à l’année d’exécution de la loi de finances qui les a
autorisées quelle que soit la date de leur réalisation.
En France, le solde d’exécution budgétaire est publié dans l’une de ses versions particulières
à savoir :
Soulignant au départ que pour dégager ces soldes, on distingue entre les opérations à caractère
définitif et les opérations à caractère temporaire. Pour séparer entre ces deux types d’opérations,
on utilise le terme ligne .
16
Berthier. J. F, Comment l’Etat tient ses comptes, Dunod, Paris, 1999,p. 163
Le solde des opérations à caractère définitif, ajouté au solde des opérations à caractère
temporaire constitue le solde général de la loi de finances. Lorsque ce solde est négatif, on parle
"d’impasse budgétaire" dans la mesure où la mise en œuvre de son financement revenait à parier
sur la faculté du Trésor de ressembler les ressources nécessaires à l’aide de son propre circuit de
liquidités.
Provenant de la pratique budgétaire française, le terme "d’impasse budgétaire" sera remplacé par
celui de "découvert budgétaire", terme qualifié de noble selon J.M.Cotteret et C.Eméri17.
Hormis ces soldes budgétaires partiels, d’autres encore plus significatifs peuvent être relevés.
Or, l’analyse des effets des opérations budgétaires, et donc de leur solde, sur les grandeurs
macro-économiques (production, consommation, investissement…), doit se référer à la période
de réalisation effective de ces opérations. D’où la nécessité d’adopter le système de la gestion
selon lequel les opérations budgétaires (les recettes et les dépenses) sont rattachées à l’année
budgétaire au cours de laquelle elles ont été réalisées (perçues ou payés). Le solde budgétaire qui
en découle, appelé solde budgétaire de gestion, diffère du solde en exercice.
17
Cotteret. J. M, et Eméri. C, le budget de l’Etat, op, cit, p. 36
18
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p. 18
- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n-1" (période complémentaire) ;
- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n" (gestion courante)
- Du solde des opérations budgétaires réalisées l’année "n" en exécution du budget de l’année
"n+1" (opérations réalisées par anticipation).
Il apparait ainsi que l’optique de financement ne retient que les encaissements et les
décaissements ayant lieu au cours de l’année quel que soit l’exercice budgétaire qui les a
autorisés, et permet, par conséquent de rendre compte du solde à financer. Lorsqu’il est négatif,
ce dernier indique le déficit réel pour le financement duquel le Trésor dans la cadre de sa
stratégie monétaire et financière a effectivement réuni les moyens nécessaires19.
Le calcul et la définition d’un solde global consolidé des administrations publiques, sur la
base des concepts de la comptabilité nationale, présente au moins deux avantages :
- L’administration centrale
- Les administrations locales
- Les administrations de la sécurité sociale
Le solde consolidé des administrations publiques, qui est obtenu en ajoutant au solde
consolidé de l’Etat les soldes des autres administrations, s’exprime en terme de capacité ou de
besoin de financement des administrations publiques.
Ce solde est l’indicateur de la situation budgétaire d’un pays communément utilisé par le
Secrétariat de l’OCDE22. Car il s’applique à tous les niveaux d’administrations.
19
Aubry. A, Auzon. M, Coudrat. C, Michel. P et Renversez. F ‘’les soldes à financer’’, in P. Llau et F. Renversez,
stratégies de financement des soldes budgétaires. Une comparaison internationale, Economica, Paris, 1989, p.42
20
Boussetta. M, Financement public et soldes budgétaires : le cas du Maroc, Thèse d’Etat, Rabat, 1992, p.47
21
Voir à ce propos : S.Chbaatou, L.Hanane et R.Sbihi, ‘’comptabilité nationale, système marocain’’, cours
polycopié, 1982.
Les soldes budgétaires effectifs (tels qu’ils sont calculés selon les principes de comptabilité
publique ou selon les principes de la comptabilité nationale) sont utilisés comme indicateurs pour
analyser l’influence macro-économique de la politique budgétaire. Cependant, ils ne peuvent
servir d’indicateurs corrects de l’impact de la politique budgétaire et ce en raison de deux
facteurs essentiels :
- Ils accordent la même importance aux variations des dépenses publiques et aux variations
des recettes fiscales. Or, la valeur de multiplicateur simple est supérieure à celle du
multiplicateur fiscal.
- Ils contiennent aussi bien une part résultant des actions délibérées de l’Etat qu’une autre due
aux effets de la conjoncture.
Dés lors, le calcul des soldes théoriques consistant à partager le solde budgétaire en une
composante délibérée et une composante conjoncturelle s’avère utile pour l’analyse.
Il existe des relations complexes entre le budget et l’activité économique23, de ce fait, le solde
budgétaire effectif reflète à la fois l’influence de l’économie sur le budget par l’intermédiaire des
effets des stabilisations automatiques et les inflexions éventuelles dans la volonté consciente
d’action des pouvoirs publics24.
Donc, pour apprécier l’effet plus ou moins expansionniste d’une politique budgétaire active, il
faut distinguer, au sein du solde (déficit) budgétaire, entre la partie créée délibérément et la partie
résultant du jeu des stabilisateurs automatiques.
Pour ce faire, l’OCDE. A commencé à calculer depuis des années 80 des soldes théoriques
(structurels) qui ne sont que le prolongement du concept américain de solde de plein emploi.
22
Perspectives économiques de l’OCDE, n°52, décembre 1992.
23
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p.20
24
De Boissieu. C, principes de politique économique,, Economica, 1980, p. 383
25
A propos de ces deux concepts, voir en particulier :
-J.M.Weydert, ‘’les motivations conjoncturelles de la politique fiscale américaine’’, colloque Université-
Administration, statistiques et Etudes Financières, Avril 1968
-P.Pascallon, ‘’la nouvelle politique économique américaine’’, Revue de Science Financière, première partie
(janvier 1970) et deuxième partie (juillet-septembre1970).
Evaluer le PNB de plein emploi permettant de calculer les recettes budgétaires de plein
emploi ;
Connaitre les relations qui existent entre le budget et l’activité économique ;
Préciser la notion de plein emploi ; ce dernier peut être défini comme étant une situation
caractérisée par un certain taux d’utilisation de la capacité de production considéré
comme valeur-plafond.
Ceci étant, le solde budgétaire de plein emploi s’écrit alors : S.B.P.E = T (Y*) – G (Y*)
Avec :
Y* : le PNB de plein emploi ou PNB potentiel ;
T (Y*) : la fonction de taxation pour Y = Y* ;
G (Y*) : la fonction de dépenses publiques pour Y = Y*
Partant de fait que le niveau des dépenses publiques de plein emploi est à peu près le même
que celui de dépenses effectives, le solde budgétaire de plein emploi ne peut être que supérieur
ou égal au solde effectif, en raison de la croissance automatique des recettes de plein emploi due
à la croissance du PNB potentiel26.
Les relations existant entre le budget de la conjoncture, dont la connaissance est nécessaire
pour évaluer le solde budgétaire de plein emploi, ont été représentées graphiquement de la
manière suivante :
26
Heller. W. W, New dimension of political economy , Harvard University Press 1996,p.181
Les droits AA, BB et CC représentent des relations linéaires entre le solde budgétaire effectif
et le niveau du PNB, abstraction faite de l’inflation. La position et la pente de ces droites
dépendent de la variation automatique ou discrétionnaire des dépenses publiques et des recettes
fiscales.
En l’absence de mesures prises par les pouvoirs publics en matière budgétaire, le solde
budgétaire va évoluer tout au long de la droite AA en passant d’une situation de déficit à une
autre d’excédent budgétaire. Cette variation est, dans ce cas, due à l’effet de stabilisation
automatique. Ce dernier devient nul au niveau de plein emploi (Y*) qui est considéré comme
situation de référence.
Cependant, toute variation discrétionnaire des recettes fiscales et des dépenses publiques
entrainera un déplacement de cette droite. Si, par exemple, l’Etat décide de diminuer les
dépenses publiques et d’augmenter les impôts, on passera d’AA à BB. De même, si l’Etat opte
pour une structure fiscale plus progressive, on passera d’AA à CC. Les segments ab et ac
mesurent, au niveau hypothétique du PIB supposé correspondre au plein emploi (stabilisation
automatique nulle), l’impact sur le solde de la seule action budgétaire discrétionnaire (ici dans le
sens restrictif).
A tout autre niveau d’activité, la mesure des effets des changements intervenus contient des
éléments endogènes ou de stabilisation automatique27.
Le solde de plein emploi, dont la publication sera interrompue en 1981, fera l’objet d’un
prolongement dans les travaux de l’OCDE.
Optant pour une méthode proche de celle permettent de calculer le solde budgétaire de plein
emploi, l’OCDE a commencé, vers le début des années 80, à publier des soldes théoriques
appelés aussi soldes corrigés des influences conjoncturelles ou soldes structurels28.
Le solde( déficit) structurel est la part de solde( déficit) global résultant des actions délibérées
des pouvoirs publics, considérées comme structurelles, et non pas des variations de l’activité
économique, qualifiées de conjoncturelles. Autrement dit, il s’agit de la part du déficit total qui
n’est pas subie mais au contraire voulue et ne saurait donc disparaitre qu’à la suite d’une action
"délibérée" des secteurs publics.
Cependant, la détermination du solde structurel, qui n’est rien d’autre que la différence entre
le solde budgétaire effectif et le solde budgétaire conjoncturel, exige au préalable :
Par ailleurs, et dans le cadre du calcul des soldes structurels, l’OCDE estime aussi les
variations des soldes effectifs qu’elle partage en deux parties :
t(T0 / Y0) dY0 : l’élasticité des impôts par apport à la croissance tendancielle ;
g(G/Y) d Y : l’élasticité des dépenses par apport à la croissance tendancielle du PIB/PNB. (d)
ΔT et ΔG : les variations respectives du rendement des impôts et des dépenses dues aux
modifications délibérées de la politique budgétaire dans la période 1 ;
m(e- d) Y0 : le taux marginal des impôts et des cotisations sociales nettes des prestations
sociales(m) en fonction de la différence entre la croissance effective (e) et celle tendancielle (d)
de la production.
Le solde structurel, tel que calculé par l’OCDE, constitue ‘’ un indicateur de l’action
délibérée des pouvoirs publics, en ce sens qu’il considère les variations du déficit budgétaire
comme une cause et non comme un effet des fluctuations de l’activité économique. De ce fait, il
peut nous renseigner sur l’orientation restrictive ou expansionniste de la politique budgétaire. En
effet, un solde structurel est le signe d’une impulsion expansionniste sur la demande29.
Nous allons à présent nous intéresser à l’efficacité de la politique budgétaire. Plaçons nous
dans l’hypothèse que les pays sont dans la capacité d’obtenir des prêts, et posons-nous la
question suivante : la politique budgétaire est-elle généralement efficace, ou faut-il l’éviter parce
qu’elle augmente les pressions inflationnistes et provoque l’éviction des investisseurs privés?30
A : L’analyse keynésienne
L’un des grands principes macroéconomiques est que la politique budgétaire peut servir à
stimuler la demande globale et à relancer une économie stagnante. En effet, en augmentant les
dépenses publiques (ou les réductions d’impôts) cela va conduire à une augmentation de PIB, qui
représente un multiple31 des dépenses d’origine. La plupart des fonds payés par le Gouvernement
sont dépensés à nouveau, et plus les sommes rédépensés sont importantes, plus grand en est
l’effet multiplicateur. Si les taux de l’épargne sont faibles, comme ils le sont souvent dans les
pays très pauvres, la proportion des fonds affectés à la consommation sera considérable, l’effet
multiplicateur sera alors très élevé et les dépenses publiques particulièrement efficaces. Cette
conception keynésienne de l’activisme contra-cyclique est bien enseignée dans les ouvrages
d’initiation en économie. L’explication du rôle expansionniste de la politique budgétaire
s’appuie généralement sur modèle IS-LM qui ressort clairement l’effet multiplicateur suscité par
une augmentation des dépenses publiques ou une baisse des impôts. Sous ce schéma keynésien
s’opposent deux modes d’intervention de l’Etat pour réguler l’activité économique. Ceux-ci
passent par des mesures discrétionnaires ou par la mise sur pied de stabilisateurs automatiques32.
29
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p. 23
30
Spiegel. S, politique macro économique et politique de croissance, New York, 2007, p.
31
Dans le modèle macroéconomique le plus simple, où l'épargne est la seule « fuite » possible au niveau de la
demande globale (par ex., le revenu supplémentaire d’un individu ou d’un ménage qui n’est pas dépensé), l’effet
multiplicateur est de 1/s, où s est le taux d’épargne. Plus généralement, toutes les fuites doivent être incluses : non
seulement l'épargne privée mais également les impôts et les importations.
32
Diane. F et Fall. A, (Direction de la prévision et des études économiques, Quelle a été la contribution de la
politique budgétaire à la croissance économique Du Sénégal, novembre 2007, P. 9
Les recettes et les dépenses publiques exercent spontanément une action contra-cyclique sur
l’activité économique, c'est-à-dire d’atténuation des aléas de la conjoncture économique33.
En effet, si une grande partie des dépenses publiques sont indépendantes des variations à
courte terme de l’activité économique, certains d’entre elles sont, en revanche, mécaniquement
liées à la conjoncture. C’est notamment le cas des dépendes d’indemnisation du chômage ou des
prestations sociales versées sous condition des ressources, qui augmentent quand l’activité
économique se dégrade. On considère ainsi que l’élasticité des dépenses publiques à la
conjoncture est comprise entre 0,1 et 0,3, autrement dit, les dépenses publiques ont tendance à
augmenter spontanément de 0,1 à 0,3 point lorsque la croissance ralentit d’un point.
Lorsque l’activité économique ralentit, les dépenses publiques ont tendance à s’accélérer
tandis que les entrées en recettes ralentissent mécaniquement, ce qui provoque une détérioration
du solde budgétaire. La détérioration de l’activité économique engendre alors un transfert de
revenus des administrations publiques vers les ménages et les entreprises, ce qui atténue
mécaniquement l’effet de ralentissement économique sur les revenus de ces derniers.
Par conséquent, les recettes et les dépenses publiques fonctionnent comme des
« stabilisateurs automatiques » puisqu’elles amortissent les variations conjoncturelles de
l’activité économique. Cependant, ce mécanisme de stabilisation automatique ne fonctionne
pleinement que si les ménages et les entreprises ne modifient pas leur comportement de
consommation, et se les taux d’intérêt ne sont pas affectés par la croissance de la dépense
publique en période de récession.
En effet, une augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui
sont pour partie consommés, pour partie épargnés, et pour partie récupérés par les
administrations publiques sous la forme d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de ces
33
Cours de politique Economique de M. El Hiri, professeur à la FSJES-FES, Année universitaire 2015-2016
revenus supplémentaires qui est consommée vienne nourrir la demande intérieure adressée aux
entreprises.ces dernières peuvent dés lors augmenter leurs investissements, leurs emplois, et
distribuer des revenus supplémentaires. Le surcroit de dépenses publiques provoque par
conséquent un effet cumulatif (un effet multiplicateur) qui stimule d’autant plus l’activité
économique que les revenus sont peu épargnés, peu imposés, et que la demande de
consommation s’adresse principalement aux entreprises nationales34.
Les Gouvernements peuvent aussi soutenir l’activité économique en réduisant les charges
fiscales et donc en augmentant le revenu des personnes privées. Cette politique stimule l’activité
économique, mais dans une moindre proportion que la dépense publique, car une partie de ce
revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par les ménages et les entreprises.
C : la consommation privée
I : investissement privé
G : dépenses publiques de consommation (cout de fonctionnement des administrations et
services publiques) et d’investissement (équipement et travaux publics)
La consommation varie directement en fonction de PIB (qui est identique au niveau national en
économie fermé)35 :
C = c. PIB
PIB = c.PIB + I + G
Donc quand les dépenses publiques varient d’un montant quelconque ΔG, la variation du PIB est
égale à :
ΔPIB = 1/ (1- c). ΔG
34
Cours de politiques économiques, M.EL HIRI, professeur fsjes-Fès, année universitaire 2015-2016. P. 14
35
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.35
L’effet initial sur le PIB est égal à ΔG (montant de la production supplémentaire de services
publiques ou d’investissements publics). Mais l’effet total sur le PIB (ΔPIB) est égal à l’effet
initial multiplié par le coefficient (1/ (1 – c)) : ce coefficient est le multiplicateur keynésien.
Dans le cas d’une augmentation des dépenses publiques, l’effet initial sur le PIB est égal à la
valeur des dépenses publiques supplémentaires parce qu’elles constituent directement une
production supplémentaire (effet initial = ΔG). En revanche, si le gouvernement choisit de
relancer la demande par une hausse des transferts ou une baisse des impôts, l’effet initial est plus
faible parce que ces mesures n’ont pas d’effet direct sur le PIB : elles augmentent le revenu
disponible mais seule une fraction de ce revenu supplémentaire sera consommée et aura donc un
effet sur le PIB. L’effet initial égal à la variation des transferts ou des impôts multipliée par la
propension à consommer.
Les impôts comme les transferts modifient le revenu disponible. Le multiplicateur des impôts
a donc la même valeur absolue que celui des transferts mais un signe inverse : l’effet initial
d’une hausse des impôts est une baisse du PIB égale à : c.ΔT.
Proposé par John Hicks (1937) et Alvin Hansen (1938) d’où son autre nom de modèle Hicks-
Hansen36, le modèle IS-LM est avant tout une extension de la « théorie générale de l’emploi, de
la monnaie et de l’intérêt »37 publiée par Keynes en 1936 sous forme d’un modèle
macroéconomique qui raisonne en terme d’agrégats nationaux, comportant deux marchés:
l’équilibre du marché des biens et services exprimé par la courbe IS (investment-saving) et celui
de la monnaie par la courbe LM (liquidity-money)38.
36
D’Arvinenet. P, politique 2conomique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, P 36
37
Abbes. A, efficacité et limites de la politique économique et conjoncture dans un modèle de type « MUNDELL-
FLEMING » étude économétrique sur l’ALGERIE, Thèse de Doctorat en finance, Université ABOU BEKR
BEMKAID/TLEMCEN, faculté des sciences économiques et de gestion, 2014-2015, p. 58
38
De Bornier. J. M, Les modèles macroéconomiques, Document de travail, Université Paul Cézanne, AixMarseille
III, 2002, p 12.
les deux sphères tout en donnant une grande importance à l’interventionnisme de l’Etat dans la
régulation de l’économie par la mise en œuvre des politiques économiques.
En vertu de la loi psychologique de Keynes, les agents ne consomment pas la totalité de leurs
revenus disponibles. La propension marginale à consommer est donc strictement inférieure à 1.
La fonction de consommation contient également une composante autonome. Il s’agit d’un
niveau de consommation incompressible qui représente un minimum vital pour chaque agent.
L’équation suivante satisfait ses propriétés :
L’offre de monnaie, M, et les dépenses publiques, G, sont fixées d’une façon exogène
respectivement par les autorités monétaires et budgétaires40.
L’équilibre de marché des biens est réalisé sur la courbe IS définie comme le lieu des
combinaisons de revenu (Y) et de taux d’intérêt (i) assurant l’équilibre épargne et
investissement. Se pente est négative : une hausse du taux d’intérêt entraine une diminution de
39
Razafindrabe. T, Introduction au modèle IS-LM, Document de travail, Université paris ouest Nanterre La
Défense, 2011, p 08.
40
Ben Mim. S, l’efficacité de la politique économique : le rôle du marché du travail et des marchés financiers, Thèse
de Doctorat en sciences économiques, Université Paris XII VAL DE MARNE, UFR de sciences économiques et de
gestion, 2004, p.25
L’équilibre E est donné par le point d’intersection d’IS et LM. Il est à la fois l’équilibre du
marché des biens et celui du marché de la monnaie. Rien n’assure qu’il s’agisse d’un équilibre de
plein emploi. Dans une situation de sous-emploi, la politique macroéconomique doit être utilisée
pour stimuler la demande globale ou, au contraire, la freiner en cas de tensions inflationnistes.
Une stimulation budgétaire fait glisser IS vers la droite (d’IS0 à IS1), le supplément de revenu lié
au jeu du multiplicateur standard serait Y2 –Y0. Le retour monétaire limite l’expansion du
revenu à Y1- Y0. Le freinage monétaire peut être éliminé par une politique d’expansion
monétaire (glissement de LM0 à LM1).
Dans le cas où la politique budgétaire est expansive (IS0 IS1) avec une politique monétaire
restrictive (LM0 LM2), le taux d’intérêt augmente à la fois en raison de régulation monétaire
et de l’incidence de la politique budgétaire. Dans le cas contraire, où la politique budgétaire est
restrictive et la politique monétaire accommodante, les taux d’intérêt baissent.
41
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p 37
Dans ce cas comme dans l’autre, l’impact sur le revenu lié à des forces de sens contraire est
indéterminé42.
La présentation IS-LM standard retenue ici repose sur des hypothèses restrictives (stabilité des
niveaux général des prix, absence d’anticipations, de délai…). L’introduction d’éléments de
dynamique est de nature à rendre l’analyse nettement plus complexe. Pour ne prendre qu’un
exemple, une politique monétaire restrictive aura pour effet de faire « sauter » immédiatement le
niveau de taux d’intérêt d’i0 à i2. Ceux-ci baisseront ensuite le long de LM avec le ralentissement
consécutif de l’activité pour revenir en i1, l’équilibre se situera alors au point C.
On peut résumer ainsi l’enchainement des effets d’une politique budgétaire expansionniste, en
indiquant au dessous si l’effet doit être fort ou faible pour que la politique soit efficace43.
Effet
Politique multiplicateur Hausse de la demande(L1) Hausse de (i) Baisse de (I)
Sur Y
-------------- --------------- ------------ -------------
Fort Faible Faible Faible
Le modèle Mundell- Fleming (Robert Mundell, Marcus Fleming, début des années 1960) est
l’extension du modèle IS-LM en économie fermé44.
Il partage avec lui la fixité des prix (hypothèse qui en réalité correspond surtout à dire que
l’ajustement des prix des actifs financiers est plus rapide que celui des biens et services, qui
peuvent donc être considérés comme fixes à courte terme).
42
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 45
43
Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p.81
44
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 46
L’analyse des mouvements de la demande globale est modifiée quand on intègre les flux
d’échange avec l’étranger et la liaison entre taux d’intérêt domestique, taux d’intérêt étranger
(i*) et taux de change à l’incertain (e).
L’équilibre emplois-ressources s’écrit, compte tenu des importations (IM) et des exportations
(X) en volume : Y = C + I + G + X – IM
Les importations sont liées au revenu Y et à la compétitivité mesurée par le rapport des prix
domestiques (p) aux prix étrangers (p*) valorisés en monnaie commune par le taux de change.
La pente d’IS en économie ouverte est plus forte qu’en économie fermée en raison de la fuite due
à l’importation.
La courbe LM est affecté par la prise en compte des réserves de change (R). Celles-ci s’ajoutent
à l’offre de monnaie, et l’équilibre du marché de la monnaie s’écrit :
M0 + R = mY – l1 + L0
D’où pour LM:
Sa pente est la même qu’en économie fermée, sa position dépend de R. en régime de change
fixe, une entrée (sortie) de capitaux donne lieu à une hausse (baisse) des réserves puisque le taux
de change doit rester stable. Une hausse (baisse) de R se traduit par un glissement de LM vers la
droite (gauche). En régime de taux de change flottant, au contraire, LM est stable, les réserves
sont stables, n’étant pas affectés par les entrées ou les sorties de capitaux45.
45
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.46
La courbe BP est le lieu de points de coordonnés (Y, i) qui assure l’équilibre de la balance des
paiements (BP).
La balance de capitaux (simplifiée) dépend de l’écart entre, d’une part, le taux d’intérêt
domestique et, d’autre part, le taux d’intérêt étranger augmenté de l’évolution anticipée du taux
de change (ê).
A l’équilibre, on a : i = i* + ê
La pente de BP (im /f) est positive. Une hausse de Y doit s’accompagner d’une hausse des taux
d’intérêt pour que soit conservé l’équilibre de la balance des paiements.
La détérioration de BC liée à la hausse des revenus doit être compensée par une entrée nette
de capitaux. La pente de BP est d’autant plus faible que les mouvements de capitaux sont plus
sensibles au taux d’intérêt (f élevé), c'est-à-dire très mobiles. Avec l = ∞, BP est verticale46.
En dessous de BP, l’économie connait un déficit de la balance des paiements qui se traduit,
selon le régime de change en vigueur, par une baisse des réserves ou par une dépréciation
monétaire.
Les modifications des variables exogènes Y*, i* …, se traduisent par des déplacements de BP
(une baisse de Y*, une hausse de i* fond glisser BP vers la gauche, c'est-à-dire, resserrent la
contrainte extérieure.
En régime de taux de change fixe47, une stimulation budgétaire entraine un déficit de BTC en
stimulant la demande et donc les importations, mais amène en contrepartie un excédent de BK
parce qu’elle fait monter le taux d’intérêt, ce qui attire les capitaux étrangers. Si l’attrait exercé
sur les capitaux étrangers est massif, l’excédent de BK compensera le déficit de BTC et la
politique budgétaire provoquera un excédent de la balance globale. Inversement, si l’attrait
46
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p 47
47
Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105
exercé sur les capitaux étrangers est limité, la politique budgétaire induira un déficit extérieur.
Nous devons donc distinguer le cas où la mobilité des capitaux est relativement forte et celui où
elle est relativement faible.
Dans le cas où la mobilité des capitaux est forte, la pente de balance de paiement (BP) est
donc assez faible. Une augmentation des dépenses publiques déplace IS en IS1, et l’équilibre
général du point A au point B. au point B, situé à gauche de BP, la balance des paiements est
excédentaire. En effet, la politique expansionniste stimule les importations et dégrade BTC, mais
elle fait monter le taux d’intérêt et attire les capitaux étrangers.
Ces derniers étant très mobiles, ils affluent massivement pour tirer avantage de la hausse de i.
en conséquence, l’excédent de BK dépasse le déficit de BTC, et BP est en excédent. L’excédent
tend à apprécier le taux de change, la banque centrale intervient pour éviter l’appréciation est
transforme toutes les entrées de devises en monnaie nationale à un taux constant. L’offre réelle
de monnaie augmente, LM se déplace vers la droite jusqu’à ce que l’équilibre de la balance des
paiements soit rétabli. On atteint finalement le point C. L’effet initial de l’expansion budgétaire
est renforcé par la création monétaire provoquée par l’excédent extérieur.
Figure 3 : politique budgétaire avec une mobilité relativement forte des capitaux
Source : Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105
Dans le régime de change flexible ; une politique budgétaire expansionniste avec une mobilité
des capitaux relativement faible s’avère efficace. En effet, l’effet initial qui conduit au point B
s’accompagne à présent d’un déficit : B est à droite de BP. Toutefois, les capitaux étant peu
sensibles au taux d’intérêt, le déficit de BTC n’est plus compensé par des entrées de capitaux. La
tendance au déficit provoque une dépréciation du taux de change. La compétitivité des produits
nationaux s’en trouve améliorée, et BP comme IS se déplacent vers la droite. On atteint un
nouvel équilibre au point C. l’effet initial de la politique budgétaire est renforcé par la
dépréciation, qui stimule les exportations.
Figure 4 : politique budgétaire avec une mobilité des capitaux relativement faible
Source : Généreux. J, économie politique, 3éme édition, HACHETTE 1991 et 1992, 1995, 2000, p 105
En régime de taux de change fixe, les multiplicateurs obtenus ont pour expression :
Par apport à la situation d’économie fermée, les multiplicateurs sont réduits par la fuite due aux
importations (im).
Le multiplicateur budgétaire est d’autant plus élevé que la sensibilité des flux des capitaux au
taux d’intérêt (f) est plus forte : une hausse du revenu, par son impact sur les taux d’intérêt,
entraine des entrées de capitaux qui accroissent les réserves officielles. En l’absence de
stérilisation monétaire, cela revient à une augmentation de l’offre de monnaie qui réduit les taux
d’intérêt et, donc, renforce l’impact de soutien budgétaire. A la limite, si f = 0 (BP verticale), le
multiplicateur se rapproche de sa valeur en économie fermée (au terme (im) près). Si, au
contraire, f = ∞ (BP horizontale), les capitaux sont très mobiles, le multiplicateur prend une
valeur maximale, l’effet de retour monétaire est nul, le taux d’intérêt national s’aligne sur le taux
étranger (i = i*).
En régime de taux de change flexible, le solde de la balance des paiements est nul : BC = - fΔi
48
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p. 51
Le multiplicateur budgétaire est d’autant plus faible que les mouvements de capitaux sont
plus sensible au taux d’intérêt, auquel cas les entrées des capitaux entrainent une appréciation de
la monnaie qui abaissent la compétitivité-prix et freine l’activité. A la limite, le multiplicateur est
nul quand f = ∞, il est maximal quand les capitaux sont immobiles (f = 0). On retrouve alors le
multiplicateur en économie fermée.
En réaction aux idées keynésiennes, les néo-classiques ont articulé leurs critiques autour de
plusieurs axes à l’occurrence :
A : L’effet d’éviction
L’effet d’éviction est un mécanisme engendré par une hausse de la dépense publique qui
entraine une baisse ou une modération de la demande privée (investissement, consommation).
On distingue plusieurs types d’effets d’éviction : par les transactions, par les comportements de
portefeuille, par les anticipations des ménages, la portée de l’effet d’éviction est étroitement liée
à la situation conjoncturelle ; en particulier, cet effet est inexistant dans les phases de sous-
emploi des ressources.
Lorsque la demande globale augmente du fait d’une hausse des dépenses publiques (ou d’un
allégement des impôts), qui aboutit à creuser le déficit budgétaire, l’essor consécutif de l’activité
par l’effet de multiplicateur budgétaire entraine une hausse de la demande de monnaie de
transaction. Cette hausse, la masse monétaire étant donnée, provoque une hausse de taux
d’intérêt. Cette dernière est en effet nécessaire pour maintenir l’équilibre sur le marché de la
49
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod, Paris, 1999, p.52
L’effet d’éviction par les transactions est d’autant plus élevé que l’investissement est sensible
au taux d’intérêt (a élevé), que la demande de monnaie de transaction est sensible au revenu (m
élevé) et que le demande d’encaisses oisives (de spéculation au sens de Keynes) est peu sensible
au taux d’intérêt (i faible, cas classique où la demande de monnaie s’exprime comme une
relation stable en fonction de la richesse). Il en va naturellement à l’inverse si la demande de
monnaie est sensible au taux d’intérêt (cas keynésien).
Le mode de financement de la dépense publique (par emprunt ou par impôt) est indifférent:
une réduction d'impôt financée par un alourdissement de la dette publique, dans la mesure où elle
ne donnera pas aux agents privés le sentiment que leur richesse nette s'est accrue, ne stimulera
pas la demande globale et donc l'activité. En effet si l’Etat pour financer ses dépenses augmente
les impôts, il ponctionne de façon évidente les agents privés qui, ayant moins à leur disposition
dépenseront moins51.
Toutefois, les ménages augmentent leur taux d’épargne, car, vieillissant, ils souhaitent détenir
plus de dettes publiques. L’État augmente donc sa dette, mais, les ménages, anticipant une future
hausse des impôts, augmentent de nouveau leur épargne, ce qui oblige l’État à augmenter de
nouveau son déficit. Autre cas de figure, les ménages augmentent leur taux d’épargne, l’État
augmente son déficit pour stabiliser l’économie, mais les marchés financiers réclament une
prime de risque pour compenser la hausse de la dette. Là aussi, l’économie entre dans une spirale
infernale : la hausse des taux requis par les marchés oblige l’État à augmenter sa dette pour
50
D’Arvisenet. P, politique économique conjoncturelle, Dunod , Paris, 1999, p. 85
51
[En ligne] http://www.melchior.fr/Politique-budgetaire.3932.0.html
maintenir le plein emploi, ce qui inquiète les marchés et fait augmenter la dette. Dans les deux
cas, l’économie n’est pas stabilisable.52
Friedman avance, de leur coté, l’idée que les agents déterminent leur consommation en
fonction des revenus qu’ils pensent avoir tout au long de leur vie, et non seulement leur revenu
courant. Si la politique budgétaire accroit ponctuellement leur revenu, cela ne change guère leur
revenu ''permanant''. L’impact sur la consommation sera donc faible et difficile à prévoir,
rendant l’effet de multiplicateur de politique budgétaire faible et instable53.
Par ailleurs, cette efficacité avancée par l’école keynésienne doit être approuvée en termes
d’apport, qui peut apporter cette intervention via l’augmentation des dépenses publique ou la
diminution des recettes fiscales, à la croissance de l’activité économique. C’est exactement le
but de la deuxième section.
52
Sterdyniak. H, Réduire la dette publique, une priorité ?, La vie des idées, 5février 2013. ISSN : 2105-3030.URL :
http://www.laviedesidees.fr/Reduire-la-dette-publique, une. Html.
53
Bordes- Marcilloux, marco economie, 1998, p. 136
54
Bruno. J. C, Ducoudré, Mathieu. C et Sterdyniak. H, doit-on oublier la politique budgétaire ?
[En ligne] URL : https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/2-92.pdf
A : Mesure de la croissance
La croissance économique est un phénomène surveillé de près par les analystes économiques,
les responsables politiques, car elle est directement liée au niveau de l’emploi et parce qu'elle
55
Nouetoun Wabo J. S, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, Mémoire du master en finance
et économétrie, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p. 17
56
Hairault. J. O, « MACROÉCONOMIE - Croissance économique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté
le 11 juin 2016. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/macroeconomie croissance-economique/
peut assurer une croissance du pouvoir d’achat ou bien-être matériel de la population. On définit
généralement la croissance économique comme l’augmentation durable (sur quelques années
consécutives par exemple) de la production. Pour mesurer la production, on utilise le Produit
Intérieur Brut (PIB).
La croissance économique est alors mesurée par le taux de variation du PIB par les
comptabilités nationales. Celui-ci est défini comme la somme des valeurs ajoutées des
entreprises et administrations résidentes sur un territoire. C’est un indicateur fondé sur un critère
de territorialité et non de nationalité.
Une des difficultés dans la mesure de la production est celle soulevée par la variation des
prix. En cas d’inflation, par exemple, le PIB apparent peut augmenter alors que la production,
comptabilisée en nombre de biens et services, n’augmente pas. Pour résoudre ce problème on
peut «figer» les prix au niveau de ceux d’une année donnée. En pratique on déflate la série du
PIB en divisant le PIB nominal par le coefficient multiplicateur des prix. On obtient alors le PIB
«réel», ou «en volume».
Une seconde difficulté, lorsqu’on compare la production de différents pays en comparant leur
PIB ou PIB/h est que le niveau des prix dans ces pays n’est pas le même. Ainsi dans les pays en
développement, le niveau de vie réel est supérieur au niveau de vie apparent, parce que les prix y
sont plus bas que dans les pays développés. Pour tenir compte de ces différences de niveau de
prix, on utilise la méthode des Parités de Pouvoir d’Achat (PPA) ou standards de pouvoir
d’achat. Cela consiste à convertir les monnaies entre elle au moyen d’un taux de change fictif
(différent de celui du marché) qui assure que les différentes monnaies ont le même pouvoir
d’achat dans les différents pays.
Jusque dans les années 1980, l’indicateur principal permettant de mesurer le développement
était le PIB/habitant. En effet ce dernier donne des indications au sujet du bien être matériel de la
population57.
57
Malrieu. J. P et Saur. R, cours de terminale, Lycée Toulouse-Lautrec, ESPE de Toulouse, p. 3
Bien que fortement corrélé au PIB/habitant, l’IDH a révélé que des pays pouvaient avoir un
PIB/ habitant relativement élevé, mais un IDH plutôt faible. Il a donc permis de mettre en
évidence le phénomène du «mal développement». Il a aussi favorisé la prise de conscience qu’il
ne suffisait pas de faire croître le PIB/habitant pour assurer une meilleure qualité de vie.
Néanmoins. L’IDH n’est pas sans défauts. L’introduction de l’éducation dans l’indice ne le
rend ni très robuste ni très fiable. Des changements de pure forme dans la politique d’éducation
induisent des modifications substantielles des scores de l’IDH58.
Le troisième indicateur, est celui du PIB vert : intégré nouvellement dans la mesure de la
croissance, afin de compléter les lacunes étendant le PIB, en effet, Le PIB ne tient pas compte de
nombreux facteurs essentiels au « bien-être durable »59. Pour diverses raisons : il ne tient pas
compte des impacts écologiques négatifs de certaines activités, ni de contributions aussi
importantes que le travail domestique ou le bénévolat, ni de l’évolution de la santé sociale
(inégalités, pauvreté).
Les concepteurs du PIB vert et de ses variantes (souvent nommées « Indicateurs de Bien-être
Durable, IBED) ont voulu relever ce triple défi, afin de « corriger » et « d’enrichir » le PIB (ou la
consommation finale des ménages) en procédant à une série d’additions, de soustractions et
ajustements relatifs aux principaux facteurs oubliés. Il leur a fallu pour cela exprimer ces
variables constitutives du « bien-être durable » en unités monétaires. Néanmoins, en raison de
deux difficultés liées à savoir le recours à la valorisation monétaire qui n’introduit pas l’effet de
seuil et un repose implicitement sur une hypothèse de substituabilité du capital économique et
des ressources naturelles puisqu’il peut progresser soit parce que le niveau de vie économique
s’élève (sous l’effet du progrès technique pour l’essentiel) soit parce que l’environnement est
mieux préservé ; Cet indicateur se trouve encore moins déterminant60.
Evidemment, la croissance économique peut être affectée par les politiques économiques
mises en œuvre, par la qualité des institutions qui en ont et de suivi ainsi que par le niveau des
infrastructures disponibles et la qualité du capital humain dont dispose le pays 61.
Bien qu'il puisse y avoir un désaccord sur le choix des politiques les plus favorables à la
croissance ou sur la séquence dans laquelle les changements de politiques devraient être
entrepris, il ne fait aucun doute que les gouvernements peuvent influencer la croissance à long
terme en créant un climat propice à l’investissement, en renforçant le capital humain et en
adoptant des politiques incitatives qui favorisent l’allocation efficiente des ressources.
58
Malrieu. J. P et Saur. R, cours de terminale, Lycée Toulouse-Lautrec, ESPE de Toulouse, p. 5
59
Pour une critique vigoureuse et bien argumentée de cette notion, voir G. Everett et A. Wilks :
www.brettonwoodsprojects.org
60
Gadrey. J, professeur à l’université de Lille 1, auteur (avec F. Jany-Catrice) de Les nouveaux indicateurs de
Richesse (2005).
61
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p. 23
Conscient des effets négatifs du surendettement, le Maroc a mis en place une politique de
gestion active de la dette extérieure consistant en la conversion de dettes bilatérales en
investissements privés et au remboursement par anticipation des dettes les plus onéreuses.
L’enjeu consiste donc à porter les recettes fiscales à un niveau compatible avec les dépenses
nécessaires au développement tout en allégeant la pression fiscale63 et en remédiant aux
distorsions qui nuisent à l’allocation efficiente des ressources. Il consiste aussi à améliorer
l’efficience de la dépense publique à travers la réforme des mécanismes de planification, de
programmation, de contrôle budgétaire et de décentralisation. L’autre enjeu majeur est
l’établissement d’un système de retraite et d’autres prestations sociales viables.
D’un autre côté, la politique monétaire menée par les autorités marocaines a permis, à
l’instar des autres pays ayant connu des taux d’inflation élevés au cours des années 80 après le
62
Etude thématique Les finances publiques, HCP, 2005.
63
Etude d’impact d’une baisse du taux marginal de l’impôt sur les sociétés (IS), sur la base d’un modèle d'équilibre
général calculable. HCP 2006
choc pétrolier, de maîtriser la hausse des prix depuis la décennie 90. Cependant, cette politique
reste marquée par des distorsions qui ont limité ses effets sur les mécanismes de financement de
l’économie et partant, sur la croissance économique. La dynamique récente du système financier
et l’autonomisation de l’institut d’émission (Bank Al Maghreb) constituent une première phase
pour pallier aux contraintes dans ce domaine.
Le système financier marocain a fait l’objet d’une profonde réforme, depuis le début des
années 90, à travers le décloisonnement des marchés de capitaux, la réforme du cadre
réglementaire des banques et du marché monétaire et l’établissement d’un marché des
adjudications des valeurs du Trésor et d’un marché de change.
Ainsi une nouvelle loi bancaire a été établie en 1993 et s’est traduite par le désencadrement
du crédit, la suppression progressive des emplois obligatoires, la libéralisation des taux d’intérêts
débiteurs en 1996 et, la même année, le lancement d’un marché des changes interbancaire. Les
dispositions de la loi ont été confortées par l’adoption d’un nouveau plan comptable pour les
établissements de crédit à partir de 2000.
Puis la nouvelle loi bancaire de 14 février 2006 qui est venue se substituer à celle du 1993 et a
introduit quelques aménagements devant accompagner la modernisation du secteur bancaire et
garantir sa stabilité. Ces innovations concernent essentiellement la transparence et le
renforcement de la sécurité des déposants, le contrôle de la gestion des risques, le renforcement
du système de contrôle de BAM…
Cette libéralisation de l’activité bancaire s’est réalisée dans un cadre prudentiel renforcé
(notamment en matière de classification des créances douteuses à provisionner) que le système
bancaire a globalement su intégrer. Ainsi, le Maroc dispose à présent d’un système financier
relativement développé. Les crédits bancaires octroyés au secteur privé représentent plus de 60%
du PIB, niveau comparable à ceux des autres pays de la région. Cette situation est confortée par
une diminution des taux d’intérêt et une maîtrise de l’inflation.
Cependant une grande partie des petites et moyennes entreprises (PME) sont aujourd’hui
confrontées à un quasi-assèchement du crédit, ce qui constitue un obstacle majeur à leur
restructuration64. De même, les placements bancaires restent caractérisés davantage par des
échéances de court terme, alors que ceux de long terme concernent en grande partie les titres du
Trésor, ce qui ne contribue pas efficacement à la promotion de l’investissement privé. Par
ailleurs, le marché de capitaux n’a pas encore atteint les performances requises lui permettant de
constituer un financement alternatif à ces investissements.
64
Enquête sur le climat d’investissement. Ministère du commerce et de l’industrie 2000
Gouvernance : Au cours des dernières années, certaines approches économiques ont montré que
les différentiels des taux de croissance entre les pays s’expliquent par la qualité de
l’environnement économique dans lequel les agents opèrent. En effet, un environnement qui
fournit une protection adéquate pour les droits de propriété et incite les agents à produire, à
investir et à accumuler des compétences, est un environnement favorable à la croissance. L’étude
empirique consacrée aux sources de croissance de l’économie marocaine a montré que si le
niveau de gouvernance, mesuré par l’efficacité du gouvernement66 atteindrait celui des pays
émergents comme la Malaisie par exemple, l’économie marocaine gagnerait 1,5 point de
croissance.
Toutefois, les résultats obtenus montrent que les efforts déployés jusqu’à présent n’ont pas
encore permis de dynamiser fortement les investissements privés et l’entreprenariat et de les
porter au niveau potentiel de notre économie. Ainsi, il est nécessaire de poursuivre les efforts
dans les domaines qui affectent la bonne gouvernance, à savoir :
Le non effectivité des lois : les délais entre l’adoption des textes et leur mise en œuvre
sont parfois considérables.
La réglementation excessive : la persistance des politiques de réglementation
administrative (subventions, protections douanières, rigidité du marché de travail, etc.)
65
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p 30
66
Indice qui mesure les aspects liés à la qualité et la disponibilité du service public, la bureaucratie, la compétence
des fonctionnaires de l’Etat, l’indépendance de l’Administration publique de la pression politique ainsi que la
crédibilité du gouvernement dans ses engagements et ses politiques.
constitue un goulot d’étranglement qui handicape les efforts réalisés au niveau du climat
des affaires. Le processus des réformes perd de son efficacité s’il ne constitue pas un bloc
homogène instauré simultanément. A titre d’exemple, la vérité des prix et la concurrence
ne peuvent être opérées tout en maintenant le système de subventions et l’intervention de
l’Etat en faveur de quelques secteurs.
Capital humain : Le capital humain est un ingrédient important de la croissance à long terme, il
est un facteur essentiel de production, par l’emploi d’une main-d’œuvre bien formée et en bonne
santé. En effet, une population en bonne santé est une population qui peut déployer des efforts et
travailler pour le développement économique, et deuxièmement, l’amélioration des variables
liées à l’éducation et à la connaissance permet d’augmenter la capacité de création, d’absorption
des nouvelles technologies et leur utilisation. Ceci est synonyme d’une augmentation de la
productivité.
67
Rapport d’évaluation du plan 2000-2004, HCP 2005.
68
Critique économique n°8, été-automne 2002.
69
Haut Commissariat au Plan, les sources de la croissance économique au Maroc, septembre 2005, P 32
de sa dualité, moderne (Garderies) et traditionnelle (Kouttabs), est conditionné par les niveaux de
revenus différenciés des ménages, amplifiant les chances de réussite par la suite70.
Mais l’innovation crée également de nouveaux produits faisant partie du stock de capital
utilisé par les entreprises pour leur propre production économique. En outre, les dépenses de R-D
peuvent être considérées comme un investissement dans le savoir, qui peut se traduire par de
nouvelles technologies et par des modes plus efficients d’utilisation des ressources existantes. Si
ces résultats sont obtenus, on peut donc penser qu’une augmentation des dépenses de R-D se
traduira par une hausse des taux de croissance71.
Dans l’optique des politiques à mener, il est important de se demander s’il existe entre la R-D
publique et la R-D privée une relation de complémentarité ou une relation de substitution.
Autrement dit, les dépenses publiques de R-D s’ajoutent-elles à l’investissement total dans ce
secteur ou ne font-elles que remplacer des activités que le secteur privé aurait entreprises ? Les
études empiriques disponibles apportent des réponses contradictoires. Certaines confirment
l’hypothèse de la complémentarité, mais d’autres citent des exemples où la R-D à financement
public évince l’investissement privé72.
Face aux problèmes préoccupants que pose l’évolution des pays en voie de développement,
les économistes se sont penchés sur le phénomène de la croissance économique afin de mieux
comprendre les mécanismes par lequel elle s’opère, d’identifier ses principaux déterminants et de
dégager les facteurs qui favorisent la progression des revenus et de la production au sein des
économies nationales. Dans cette sous-section, nous présentons les deux approches qui forment
la base de la théorie économique de la croissance: les modèles néoclassiques et les théories de la
croissance endogène. Cet aperçu nous permettra d’isoler, en fonction des différents modèles, les
70
Haut Commissariat au plan, croissance économique et développement humain : Eléments pour une planification
stratégique 2007-2015, Juin 2007, p 35
71
OCDE, Tableau de bord de l’OCDE de la science, de la technologie et de l’industrie : vers une économie fondée
sur le savoir, 2001.
72
David, P.A., Hall. B. H et Toole. A. A, « Is Public R&D a Complement or Substitute for Private R&D? A Review
of the Econometric Evidence », NBER Working Papers, n°. 7373. 1999.
A : L’approche néoclassique
Aussi, ces modèles de la croissance économique se sont-ils basés sur certains concepts clés de
la théorie classique, en particulier l’analyse dynamique de l’équilibre économique et
l’accumulation des facteurs de production. Les auteurs Harrod, Domar et Solow ont apporté des
contributions majeures et leurs modèles constituent des références dans l’étude des perspectives
néoclassiques de la croissance économique.
I : Le modèle de Harrod-Domar
Selon le modèle économique élaboré par Roy Harrod et Evsey Domar dans les années 40, les
économies nationales atteignent un état d’équilibre macroéconomique où•le mouvement des
salaires, des dépenses de consommation, de l’épargne et de l’investissement fait en sorte que les
transferts de ressources entre les entreprises et les ménages sont toujours égaux. Selon cette
analyse classique de l’équilibre dynamique, le revenu des ménages retourne donc aux entreprises
sous la forme de dépenses de consommation et d’investissements générés par l’épargne 74. Alors
que les biens de consommation disparaissent dés qu’ils sont utilisés, l’épargne permet
d’accumuler du capital et favorise ainsi une hausse future des capacités de production des
entreprises. Par ailleurs, le capital est un bien périssable et se déprécie avec le temps à un taux δ.
Étant donné que θ = K(t)/Y(t), on remplace K(t) et K(t+1) dans l’équation (1) pour obtenir :
73
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p. 15.
74
Tiré de Ray, Debraj, Development Economics, Princeton University Press, Princeton (New Jersey), 1998. Pp. 51-
57.
Ces différentes spécifications permettent d’obtenir une équation qui définit le taux de
croissance d’une économie (g) en fonction des trois variables centrales que nous avons déjà
évoquées, soient le taux d’épargne (s), la productivité moyenne du capital (θ), et son taux de
dépréciation (δ). Ainsi, on obtient l’équation suivante :
Y(t+1) -Y(t)
= g = s / θ -δ (3)
Y(t)
Le modèle Harrod-Domar prédit donc que la production totale d’une économie augmentera,
premièrement, dans la mesure où le taux d’épargne est assez élevé pour compenser le taux de
dépréciation du capital et, deuxièmement, si ce dernier est dirigé vers les secteurs qui offrent des
rendements élevés sur les investissements initiaux en capital (θ faible). Dans ces conditions,
l’économie connait un horizon de croissance infini où le taux de croissance du revenu per capita
progresse à un rythme constant.
Pour ces deux keynésiens, la croissance économique est un phénomène extrêmement instable.
Le but n'est pas forcément la critique du système capitaliste mais plutôt la recherche de la
justification de l'intervention de l'Etat. La question qui se pose est bien sûr : que peut faire l'Etat
pour empêcher l'économie de rentrer dans la zone de chômage keynésien qui sera
déstabilisatrice? C’est la faiblesse de la demande qui est à l'origine de révisions à la baisse des
anticipations. Il suffit donc que l'Etat créé une demande pour arrêter cette baisse. La fonction de
demande va donc être augmentée des dépenses publiques faites par le gouvernement.
Cette intervention a pour effet de modifier la frontière entre chômage classique et chômage
keynésien. Ainsi l'économie qui se trouve en situation de chômage keynésien revient de façon
systématique dans une zone de chômage classique où les anticipations sont révisées à la hausse.
L'intervention de l'état dans la vie économique par le biais des dépenses publiques peut empêcher
une économie d'être vouée à la ruine.
Pour que la croissance soit équilibrée et stable, il faut que l'augmentation de la demande soit
égale à l'augmentation de l'offre, donc que : ΔYd = ΔYs. Pour maintenir cette égalité, il faut que
Cette dernière équation définit le taux de croissance annuel de l’investissement : s/v nécessaire
au maintien du plein emploi sans gaspillage de capacités de production. Or cette conditions est
extrêmement difficile à réaliser car le taux de croissance de la population, le taux d'épargne et le
coefficient de technologie sont donnés et exogène. Il suffirait de rendre endogène un de ces trois
paramètres pour retrouver une stabilité de la croissance économique75.
Source : Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques,
université ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 74.
II : Le modèle de Solow
Solow apporte une modification majeure au modèle de la croissance élaboré par Harrod et
Domar en spécifiant que la productivité du capital n’est pas toujours constante mais dépend de la
disponibilité relative de la main-d’œuvre sur le marché. En termes économiques, le capital (K)
est donc défini comme un facteur de production aux rendements marginaux décroissants. Ainsi,
l’augmentation du capital per capita entraine une diminution de la productivité moyenne de ce
capital en raison d’une pénurie croissante de la main-d’œuvre nécessaire pour utiliser et faire
fonctionner le capital disponible76. De plus, la croissance démographique est intégrée au modèle
de telle sorte que la population (P) croit annuellement à un rythme constant n.
75
Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques, université
ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 74
76
Idem. p. 64-71.
A partir de la loi de mouvement du capital spécifiée dans le modèle Harrod- Domar, l’évolution
du capital per capita est définie selon l’équation :
Tout comme les auteurs Harrod et Domar, Solow en arrive à la conclusion que la croissance
économique dépend du taux d’épargne et du taux de dépréciation du capital.
Toutefois, deux caractéristiques distinguent le modèle proposé par Solow de celui des deux
auteurs. D’abord, la croissance démographique exerce une poussée vers le bas du capital per
capita et limite de ce fait l’accumulation des facteurs de production. Ensuite, la croissance ne
peut être soutenue indéfiniment en raison des rendements décroissants du capital au sein de la
fonction de production. Comme le montre le graphique suivant, la productivité évolue donc selon
une courbe concave.
Source : Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, 2000, p 17.
Ainsi, à mesure que le capital per capita augmente, sa productivité moyenne diminue. A partir
de la loi de mouvement du capital spécifiée en (4), on peut donc représenter graphiquement
l’équilibre entre la croissance démographique, d’une part, et l’accumulation du capital, d’autre
part. Dans le graphique 2, la partie gauche de l’équation (4) est représentée par une ligne droite
alors que la partie droite est une courbe concave, qui ressemble de près à la fonction de
production elle-même.
A la gauche de k*, l’accumulation du capital est plus rapide que la croissance démographique
de telle sorte que la production per capita augmente. Toutefois, à mesure que le niveau de capital
per capita se rapproche de k*, la croissance démographique et les rendements décroissants
limitent la progression de la production per capita. Ainsi, L’équilibre est atteint à k*. Une fois cet
équilibre atteint, le taux de croissance du revenu per capita se maintient à zéro, toutes choses
étant égales par ailleurs.
Selon le modèle de Solow, l’accumulation de capital permet donc aux forces de production
d’évoluer de concert avec la croissance démographique. Ainsi, à long terme, le revenu per capita
demeure à un niveau d’équilibre optimal malgré l’augmentation constante de la population. Par
ailleurs, le modèle prédit également une convergence à long terme des niveaux de vie entre les
pays qui démontrent des taux d’épargne, de dépréciation et de croissance de la population
identiques. Cet effet de convergence implique que les pays pauvres connaitront une croissance
plus rapide que les pays riches, car plus le stock de capital initial d’une économie est éloigné de
son niveau optimal, k*, plus le revenu per capita croit rapidement pour rejoindre son état
d’équilibre. Ainsi, selon Solow, on devrait observer une corrélation négative entre le niveau
initial de revenu per capita au sein d’un pays et le taux de croissance subséquent de cette
variable77.
77
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p 17.
78
Solow. R. [1956] « A contribution to economic growth theory » Quaterly Journal of Economics 70, 65-94.
La théorie de la croissance optimale intervient sur la phase transitoire qui précède ce niveau
stationnaire, afin de lever l’hypothèse d’une propension à épargner fixe et exogène dans le
modèle. Elle tente d’apporter des fondements microéconomiques, décrits par Ramsey79 (1928),
qui portent sur la question du choix optimal du niveau de l’épargne dans une économie. Ce choix
résulterait d’un programme d’optimisation résolu du point de vu d’un planificateur social, et
consistant à maximiser la consommation des agents sous une contrainte statique de budget, et
sous une contrainte dynamique d’évolution du capital.
Le modèle de Ramsey (1928) constitue la seconde référence (avec le modèle de Solow) des
modèles de croissance, dans la mesure où il endogénéise le taux d’épargne. Ce taux devient
expliqué par les comportements d’optimisation des agents. Le problème de la croissance est un
problème de choix entre consommation présente et consommation future. Comprendre comment
ce fait ce choix est donc fondamental.
Franck Ramsey a étudié le problème de l’allocation optimale des ressources à travers les
décisions de consommation, d’épargne, d’investissement et d’accumulation du capital. Son
modèle décrit une économie concurrentielle sans incertitude et sans monnaie, dans laquelle les
agents sont homogènes et vivent une infinité de périodes. L’allocation des ressources obtenue du
fait d’un fonctionnement décentralisé de l’économie sera alors la même que celle choisie par un
planificateur qui maximise l’utilité d’un agent représentatif.
Le résultat du modèle de Ramsey est optimiste, puisqu'il signifie que les pays pauvres qui ont
une forte préférence pour le présent sont handicapés par un état de croissance régulier de faible
niveau, mais « privilégiés » par une convergence conditionnelle rapide.
Concrètement le message de politique économique est « qu'ils sont à l'optimum » et qu'il n'y a
pas de politique de développement à mener80.
79
Ramsey F. [1928], « A mathematical theory of savings », Economic Journal 38(152), 543-559
80
Tani Yamma. A, L’analyse de croissance en ALGERIE, Thèse de Doctorat en sciences économiques, université
ABOU BEKR BENKAID, 2013/2014, p. 107
Au cours des années 80, certains économistes, en particulier Romer (1986), Lucas (1988) et
Rebelo (1991), ont développé l’idée selon laquelle le capital productif disponible au sein d’une
économie se compose non seulement du capital physique mais également du capital humain.
Ainsi, selon cette approche, les agents économiques peuvent accroitre leurs possibilités futures
de production de plusieurs façons: en achetant des biens tangibles, de la machinerie par exemple,
en payant des taxes pour la provision d’infrastructures publiques, en investissant dans le domaine
de l’éducation ou en se spécialisant. Dans le cadre des théories de la croissance endogène,
l’accumulation quantitative de capital physique ne constitue donc pas la seule source de
croissance car l’augmentation de la qualité des facteurs de production joue également un rôle
déterminant dans ce processus. Malgré l’existence de rendements marginaux décroissants sur le
capital physique, l'inclusion d’un concept de capital plus large au sein du modèle permet
d’obtenir une fonction de production qui démontre des rendements marginaux constants sur la
combinaison des formes physique et humaine du capital81.
D’un autre coté, concernant le rôle de l’intervention de l’Etat dans l’économie, le modèle de
croissance endogène stipule que l’agent représentatif est supposé maximiser sur un horizon infini
l’utilité de sa consommation, sous la contrainte de son revenu y (Pib per capita) dont le taux de
croissance dépend linéairement de la productivité marginale du capital per capita k ; la fonction
de production retenue est du type Ak augmentée des dépenses publiques per capita p, de la
(1- α)
forme (y = Ak . pα). Une augmentation de la "taille de l’Etat" repérée par le paramètre (τ =
p/y) a deux effets sur le taux de croissance g de l’économie82 égale à :
Un effet négatif (via le facteur (1- τ) et un effet positif via le facteur ((τ) α/ (1- α)). Rechercher
la taille" de l’Etat qui maximise la croissance appréhendée "à la Barro" revient donc à déterminer
la valeur de τ qui annule la dérivée (dg/dτ); ce calcul donne pour τ la valeur τ*= α. Sous réserve
de la disponibilité des données relatives à y, k et p sur une période de temps suffisamment large,
l’estimation économétrique de la fonction de production de Barro doit permettre d’évaluer α.83
Les implications de la politique budgétaire via de les dépenses publiques sur la croissance de
la production globale ont constitué l’objet des plusieurs travaux. Ce point présente une revue de
81
Poirier. J, La croissance économique et le secteur du logement : étude statistique de la relation entre
l’investissement résidentiel et la productivité des travailleurs dans les pays industrialisés, Mémoire présent en vue de
l’obtention du grade de maitre ès sciences (M.Sc.), école des hautes études commerciale affilié à l’université de
Montréal, 2000, p 21
Et donc de la consommation, γ = (1 /σ) [(1- τ)(1- α)A1/(1- α) (τ)α/ (1- α) – ρ] , expression dans laquelle σ et ρ
82
représentent respectivement l’élasticité de substitution de la fonction de consommation de type C.E.S retenue par
l’Auteur et le taux de dépréciation du capital par rapport au temps supposé donné et constant.
83
BERTHOMIEU. C, Dépenses publiques, croissance et soutenabilité des déficits et de la dette extérieure Etude de
cas pour six pays riverains de la Méditerranée : Tunisie, Maroc, Turquie, Liban, Israël, Egypte, Rapport de synthèse,
Université de Nice, France, 2004, p. 7
La prise en compte des dépenses publiques dans les modèles récents de croissance montre
toute son importance bien que son efficacité ne fasse pas l'unanimité au sein des économistes
(Stiglitz J.E., [2007]) et a donc fait l’objet des plusieurs travaux.
Ce point présente une brève revue de la littérature sur l’impact des dépenses publiques sur la
croissance économique, en partant de l’approche Keynésienne (1936) jusqu’à la prise en compte
d’éventuels non linéarités et donc, de la possibilité d’existence d’effets de seuils des dépenses et
déficits publics, conditionnellement à un niveau d’endettement public (Bertola G. et Drazen A.,
[1993] ; Sutherland, [1997]).
La première orientation s’inspire des travaux d’Haavelmo8485. Cette orientation, bâtie sur la
loi de Wagner, confère un caractère endogène aux dépenses publiques, ces dernières sont
davantage considérées comme une conséquence plutôt qu'une cause du revenu national. Wagner
établit que le développement économique entraîne l'augmentation plus que proportionnelle des
dépenses publiques, l’augmentation du ratio des dépenses publiques par rapport au Produit
Intérieur Brut. Ainsi, plus un pays sera développé et plus sa part de dépenses publiques dans le
PIB sera importante. D’après cette analyse le sens de la causalité va de la croissance vers les
dépenses publiques.
La seconde orientation est une conception Keynésienne, pour Keynes, les gouvernements
doivent dans certains cas, stimuler l’économie par des augmentations des dépenses publiques ou
par des diminutions de taxes : les déficits sont donc une solution permettant d’accélérer la reprise
économique en cas de crise. Les analyses de Keynes reconnaissent le déficit budgétaire qui peut
être comblé soit par l’endettement, soit par la planche à billets, soit encore par les avances au
trésor, comme une des politiques que mène l’Etat en vue d’atteindre ses objectifs de politique
économique pendant une certaine période. C’est ce que Paul Samuelson qualifie de la « politique
budgétaire active»86.
Le déséquilibre économique financé par un endettement peut, dans ce sens, induire une
croissance équilibrée de plein-emploi plutôt qu’un accroissement de l’impôt, lequel a un effet
négatif sur le revenu national. L’équilibre peut s’obtenir avec un budget déséquilibré (recettes <
dépenses) pour lequel les dépenses sont plus en capital et non pas celles dites improductives.
84
Le théorème de Haavelmo : A partir d'un budget équilibré, une hausse égale des dépenses publiques et des recettes
budgétaires se traduisent par une hausse du même montant du revenu national. Donc l'équilibre budgétaire n'est pas
neutre : si le budget augmente, il a un effet expansionniste dont l'effet multiplicateur est égal à k (avec k=1/1-c).
Alors l’action publique agit sur la croissance économique [en économie fermée].
85
(Voir MANKIW.G.1997).
86
Nous l’entendons comme politique budgétaire expansionniste, un processus consistant à manipuler les impôts et
les dépenses publiques aux fins de doper la croissance à long terme par des interventions sporadiques et
conjoncturelles. En d’autres termes, favoriser le maintien d’une économie progressive, maintenir l’économie à son
niveau de plein-emploi, maitriser l’inflation et la déflation.
Pour Keynes, en jouant sur les dépenses publiques, les agents anticipant une forte demande
appuyée par des commandes publiques vont investir et relancer la machine économique.
Le raisonnement étant que l’investissement est une composante de la demande et c’est par ce
biais qu’il est facteur de croissance. Dès lors, une augmentation d’une unité des dépenses
publiques induit une variation plus que proportionnelle du revenu, et donc génère la croissance.
Pour cette raison, les dépenses publiques sont une cause plutôt qu'une conséquence du revenu
national.
Certains auteurs notamment Stieglitz et Weiss (1981) ont mis en lumière la place des
dépenses publiques dans la résolution des problèmes d’imperfection de l’information aussi bien
au niveau du marché des capitaux que du marché du travail. Selon ces auteurs, en raison d’un
manque d’information, une banque peut refuser de prêter à des clients pourtant solvables. Au
niveau du marché du travail également, les entreprises ne peuvent évaluer la productivité des
candidats aux emplois. Pour cela, elles ont tendance à relier la productivité au niveau de salaire
demandé. Ainsi, ils aboutissent aux résultats que la dépense publique peut dans ces cas de figures
constituer un instrument valable de rétablissement de l’équilibre entre la demande et l’offre87.
87
Gastonfils LONZO LUBU, les effets non linéaires des dépenses publiques sur la croissance économique en RD
CONGO, 2014, URL : https: //mpra.ub.uni-muenchen.de/60716/
88
Diamond. T,’’National Debt in a Neoclassical Growth Model’’, American Economic Review, 1965
augmentation du taux d’intérêt) sur la consommation varient en fonction de l’écart entre le taux
d’intérêt et le taux de croissance.
Dans une situation d’équilibre stationnaire où le taux d’intérêt est inférieur au taux de
croissance de l’économie et d’un trop faible préférence des consommateurs pour le présent,
l’émission de titres publics permet de résorber le capital suraccumulé : ‘’la consommation par
tête des générations suivantes augmente. Il existe donc un niveau d’endettement public optimal
non nul : c’est celui qui permet d’atteindre la règle d’or’’89 à savoir un taux d’intérêt inférieur au
taux de croissance de l’économie.
De ce fait, un accroissement des taux d’intérêt pousse les demandeurs de prêts à opter les
projets les plus entables et qui sont en même temps les plus risqués (processus d’aléa moral).
Cette modification du comportement des emprunteurs fait que le taux d’intérêt, bien que fixé de
manière concurrentielle, n’est pas un prix d’équilibre car des emprunteurs solvables seront
éliminés. Si la demande excède l’offre, la banque craignant de devoir financer des projets non
rentables ou très risqués, ne satisfera pas la demande excédentaire, même si les emprunteurs
potentiels sont prêts à payer des taux d’intérêt plus élevés.
Cette analyse qui montre que même si les prix sont le résultat d’un processus concurrentiel et
ne réalisent pas l’équilibre sur le marché, peut concerner d’autres types de marchés, et plus
particulièrement le marché du travail. En effet, n’étant pas capable d’apprécier avec exactitude la
productivité des candidats à l’embouche, les entreprises sont amenées à établir une liaison entre
le salaire demandé par les candidats et leur productivité anticipée : dans un tel contexte, une
baisse du salaire réel ne permet donc pas d’accroitre les embouches.
Dans cette optique, les dépenses publiques de formation peuvent permettre de restaurer
l’équilibre entre l’offre et la demande par le biais de l’accroissement du niveau de formation des
responsables au niveau des entreprises
89
Mills. P et Quinet. A, ‘’Dépenses publiques et croissance’’, Revue Française d’Economie, 1992.
90
Stiglitz. J. E et Weiss. A, Credit Rationing in Markets with imperfect information, American Economic
Review,vol 71, juin 1981, pp, 393-410.
Dans ce cadre, D.A.Aschauer91 a mené une étude aux Etats-Unis, étude qui a révélé qu’un
accroissement de 1% du stock des équipements publics est susceptible de générer une croissance
de la productivité privée, croissance comprise entre 0,38% et 0,56%. Cette étude a suscité une
importante controverse sur la nécessité d’opérer un tri au sein des dépenses, tri permettent de
discerner les dépenses publiques propices à la compétitivité et celles défavorables à la
productivité du secteur privé.
Des études empiriques ont conclu qu’il ya deux sortes de dépenses : les premières qualifiées
de consommation, ont un effet négatif sur la croissance (il s’agit des dépenses de
fonctionnement) ; les secondes, appelées "d’avenir " (telles que les dépenses d’éducation et de
recherche) dont la progression est susceptible d’engendrer celle de la croissance économique.
Par ailleurs, l’investissement public, tel que défini en comptabilité nationale, contient des
travaux qui ne visent pas à améliorer le potentiel d’offre de l’économie dans l’immédiat et d’une
91
Aschauer. D. A, ‘’In Public Expenditure productive?’’, journal of monetary Economics, op, cit.
92
Voir à ce sujet :
Romer. P, Growth Based on increasing Returns due to specialization’’, American Economic Review, Mai 1987.
X.Sala-I-Martin, ‘’five prototype Models of Endogenous Growth’’, NBER, Working paper, n° 3561, 1990.
Lucas. R. E, ‘’on the Mechanics of Economic Development’’, journal of Monetary Economic, n°22, 1988.
manière palpable ; il s’agit en particulier notamment de certains investissements d’Etat (tels que
les grands travaux à vocation culturelle) et de beaucoup d’investissement locaux (tels que
terrains de sports et les maisons de troisième âge) qui ne rentrent pas dans la fonction de
production privée. Il à même de favoriser l’accumulation du capital productif et conforme aux
choix de politique budgétaire.
Les effets macroéconomiques des dépenses d’avenir ont été, dans les travaux récents, sous-
estimés. Cette sous-estimation peut s’expliquer par deux facteurs essentiels : le premier est que,
en l’absence de mécanismes de marché, l’évaluation de la rentabilité des dépenses d’avenir se
heurte à un problème de mesure surtout que les motivations de l’investissement privé ne sont pas
aisément transposables à l’investissement public ; le second tient au fait que le calcul
économique, qui est circonscrit aux investissements matériels, n’appréhende que très
sommairement certains effets externes des investissements en particulier sur l’environnement et
l’aménagement du territoire.
Les nouveaux modèles de croissance qui intègrent la croissance de productivité des facteurs
en faisant appel à des externalités ou à des rendements d’échelle croissants au niveau national,
accordent aux dépenses publiques un rôle productif. C’est dans ce sens que R.J.Barro développe
le modèle standard de croissance endogène en tenant compte des dépenses publiques. Ces
dernières interviennent à coté des inputs privés dans la détermination de la production.
Ainsi, un nombre de plus en plus important d’économistes estiment que les théories de la
croissance endogène signifient "un regain en faveur de l’intervention publique". Autrement dit,
on soutient l’idée selon laquelle une augmentation des dépenses publiques peut produire un effet
durable sur la croissance "même si la solvabilité de l’Etat impose que les dépenses
supplémentaires soient compensées par des réactions ultérieurs de dépenses ou par des impôts".
Pour analyser l’effet de la politique budgétaire sur la croissance, les études empiriques se sont
orientées dans trois directions. La première à travers la détection de liens de causalité entre les
dépenses publiques et le revenu ; la seconde en menant une analyse en coupe transversale
mettant en liaison, pour un ensemble de pays, la part moyenne de dépenses dans la richesse
nationale au revenu pat tète ; la troisième par l’estimation sur séries chronologiques de fonctions
de production augmentées de dépenses publiques.
En effet, l’impact macroéconomique des dépenses publiques peut être mesuré en étudiant les
liens de causalité entre l’évolution de la part des dépenses publiques dans la richesse nationale et
celle de PNB par tête. Dans ce cadre, deux idées s’opposent : la première développée par
Wagner, suppose que les dépenses publiques sont une variable endogène ; c’est que, selon cet
auteur, le développement d’une société entraine à la fois une augmentation de la demande
services collectifs, dont certains tels l’enseignement et la santé, présentent la caractère de biens
supérieurs (élasticité-revenu supérieur à l’unité) et un accroissement des besoins de régulation (
aux fins de correction des externalités négatives notamment). Dans le prolongement de cette loi
de la croissance des dépenses publiques. W.J.Baumol93 avance l’hypothèse que les gains de
productivité du secteur public sont inférieurs à ceux de la sphère privée en raison d’une faible
intensité capitalistique. Puisque où les salaires publics tendent à égaliser les salaires privés, il en
résulte une augmentation de la part des dépenses publiques dans la richesse nationale. La
deuxième idée, qui est d’obédience keynésienne, suppose que les dépenses publiques
représentent une variable exogène de politique économique. En conséquence, la réalisation des
objectifs macroéconomiques requiert une action par le biais des dépenses publiques.
Pour la vérification empirique de ces deux hypothèses alternatives (dépense publique –bien
supérieur versus dépense publique – facteur de croissance), les analystes ont fait appel à la
méthode des tests de causalité dont le plus usuel est celui de W.J.Granger94. D’après cette
méthode, une variable X cause une variable Y si l’introduction des valeurs passées de X
améliore la qualité statistique de la régression de Y sur ses propres valeurs passées. Ces tests ont
débouché sur des résultats mitigés et dans certains cas sur des estimations non significatives,
résultats ne permettant pas de trancher le sens de causalité entre dépenses publiques et croissance
économique.
Dans les analyses en coupes transversales, les résultats sont aussi difficiles à interpréter car
elles amalgament des pays économiquement différents. Grace à l’apport des modèles de
croissance endogène et étant donné le relatif insuccès des tests de causalité, les analystes ont
récemment mené des recherches empiriques dont le fondement théorique est plus riche. Dans ces
modèles, les dépenses publiques sont prises comme facteur de croissance au même titre que le
capital Humain, le capital productif, la recherche-développement, la différenciation des produits,
etc. les plus récents analyses en coupes transversales sont celles de D.Landau95 , R.C.Kormendi
et P.G.Meguire96, R.J.Barro97 ainsi que celle de P.Artus98.
93
Baumol. W. J, Macroeconomics of unbalanced Growth, American Economic Review, Juin 1967, cite in. Mills et
A.Quinet, dépenses publiques et croissance, op, cit, p. 38, 1967
94
Granger. W. J, investigating causal Relations by Economic Models and Cross Spectral Methods, Econometrica,
mai 1964.
95
Landau. D, Gouvernment Expenditure and Economic Growth : a Cross Country Study, Southern Economic
Journal, janvier 1983
96
Kormendi. R. C et Meguire. P. G, Macroeconomic Determinant of Growth, Journal of Monetary Economic,
janvier 1985
Ainsi, travaillant sur 104 pays, D.Landau, a trouvé une corrélation négative entre le taux de
croissance du revenu par tête et la part de la consommation publique dans le PIB.
R.C.Kormendi et P.G.Meguire, ont travaillé sur 47 pays sur la période 1950-1987 et ont trouvé
un impact faiblement positif, mais non significatif, de l’accroissement des dépenses publiques
civiles sur la croissance.
De son coté, P.Artus a travaillé sur 21 pays de l’OCDE sur la période 1980- 1989 et n’a pas
trouvé un effet favorable des dépenses publiques totales sur la croissance. Par contre, les
dépenses publiques de recherche et développement ont un effet positif sur le taux de croissance
de PIB avec un coefficient de 0,0299.
Au total, il ressort de ces travaux économétriques en coupe transversales qu’il est préférable
de distinguer les dépenses publiques de consommation et celle d’investissement. En effet, si les
premières ont un impact négatif sur la croissance, un tel impact n’est pas détecté quand il s’agit
des secondes.
L’impact de dépenses publiques sur la croissance peut également être analysé non par le biais
des flux de ces dépenses mais par le stock de capital public. En effet, ce dernier peut soit
permettre, comme une variable d’environnement, l’amélioration de la productivité du travail et
du capital privés, soit rentré dans la fonction de la production des entreprises comme facteur non
rémunéré à coté des inputs privés100.
Mettant l’accent sur le premier aspect, l’analyse économique traditionnelle ne fait intervenir
le capital public qu’indirectement dans l’opération de production et contribue, parmi les
nombreux autres facteurs, à expliquer le ‘’résidu’’ de la fonction estimée. Se démarquent par
apport à cette analyse, D.Aschauer présente une fonction de production de type Cobb-Douglas
augmentée du stock de capital public non militaire. Exprimée en log, celle-ci s’écrit :
Yt = αt + αi + βgt (1)
Avec :
Y : la production
Α : une mesure du progrès technique non incorporée aux facteurs ;
i : une combinaison pondérée des facteurs de production privés ;
g : le stock de capital public.
97
Barro. G. R, Economic Growth in a Cross Section of Countries, the quarterley journal of Economics, mais 1991
98
Artus. P, Dépenses publiques et croissance, Documents de travail de la caisse de Dépôt et de Consignation,
novembre 1991.
99
El HIRI. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p 219,220
100
EL Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002, p 221, 222
En supposant que les rendements d’échelle du secteur privé sont constants (α= 1), la production
globale des facteurs privés (Pt = Yt – it) peut alors s’écrire simplement sous forme :
Pt = αt + βgt (2)
Par contre, si pour l’économie dans son ensemble, les rendements d’échelle sont constants (α + β
= 1), la productivité globale des facteurs privés s’écrit :
Pt = αt + β (gt – it ) (3)
Les résultats des tests de cette équation sur les Etats- Unis ont été une élasticité de la
productivité globale des facteurs au stock de capital productif de l’ordre de 0,4 sur la période
1949 -1985. Il en découle que la décélération du stock de capital public au cours des deux
dernières décennies (qui a été de l’ordre de 1,6% en moyenne annuelle sur la période 1971- 1985
contre 4,1% sur la période 1950 -1986) explique en grande partie la dégradation des gains de
productivité globaux (0,8 % en moyenne annuelle sur la période 1971- 1985 contre 2% sur la
période 1950-1986).
Par ailleurs, D.Aschouer établit un modèle d’obédience néoclassique, contenant une équation
d’investissement privé et une autre de rentabilité de capital privé. L’auteur analyse d’un coté
l’effet d’éviction éventuel de l’investissement public en introduisant celui-ci comme argument de
la fonction d’investissement privé, de l’autre, l’impact de capital public sur la rentabilité du
capital privé. Deux conclusions ressortent de l’estimation du modèle sur les Etats – Unis au
cours de la période 1953- 1986 : la première est qu’à court terme, l’investissement public évince
l’investissement privé (coefficient de -0,99) ; la seconde, par contre, est qu’à moyen terme, une
augmentation de 1% du stock de capital public améliore de 0,09 point la rentabilité du capital
privé, ce qui compense largement l’effet d’éviction initial et ce au bout de quatre ans.
Les résultats sur lesquels le modèle de D.Aschouer a débouché sont entérinés par d’autres
études notamment celles de R.Mundell101, J.Fernald102, L.Rubin103, ainsi que celle de R.Ford et
P.Poret. Cependant, ces études émettent un certains nombres de remarques : d’abord, les
équations ne prennent en compte aucune autre explication du ralentissement des gains de
productivité aux Etats – Unis ; ensuite, la productivité marginale des infrastructures calculée
dans ces estimations ‘’parait trop élevée’’ pour être plausible. En effet, étant donné la valeur de
101
Mundell. R, Why Has Productivity Growth Declined? Productivity an public investment, New England Economic
Review, janvier-février, 1990
102
Fernald. J, Is Public Expenditure reality productive? Some Observations, Harvard University, décembre 1990
103
Rubin. L, productivity and the public capital Stock : Another Look, FRB, Working Paper, n° 118, mai 1991
coefficient du capital public américain (capital public/ PIB), une élasticité de la productivité au
capital public comprise entre 0,3 et 0,4 signifie une rentabilité marginale du capital public allant
de 60% à 80% ; enfin l’élasticité est affectée d’un biais de simultanéité104.
En effet, l’investissement public peut être autant la cause que la conséquence de la croissance
économique105.
Conclusion de chapitre I :
Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invoqué par les économistes
classiques peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable, si les prévisions pessimistes des
entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’Etat peut rompre cet équilibre de
sous emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée par des dépenses publiques
nouvelles ou par la diminution des impôts.
Par ailleurs, pour une économie qui est ouverte sur les capitaux étrangers, l’efficacité de
multiplicateur reste tributaire à un autre facteur, celui de la propension marginale à importer qui
doit être à son minimum.
En outre, l’intervention de l’Etat, théoriquement, est toujours étendue par des critiques
sévères, en effet, ces critiques se conjuguent par plusieurs façons à l’occurrence de l’effet
d’éviction : si l’Etat finance le déficit provoqué par l’augmentation des dépenses publiques, par
l’emprunt auprès de secteur privé, cela engendrera une augmentation des d’intérêt
rémunérateurs, ce qui diminue l’envie d’investissement chez les entrepreneurs privés. En total,
l’investissement public encouragé par l’Etat évince l’investissement privé.
D’autre part, les ménages peuvent être Barro-Recardiens, dans ce cas, les ménages
augmentent leur taux d’épargne, car, vieillissant, ils souhaitent détenir plus de dettes publiques.
L’État augmente donc sa dette, mais, les ménages, anticipant une future hausse des impôts,
augmentent de nouveau leur épargne, ce qui oblige l’État à augmenter de nouveau son déficit.
Toutefois, la légitimité de la politique budgétaire avancée par l’école keynésienne, doit être
approuvée en évaluant ses apports à la croissance économiques.
104
Ibid.
105
El Hiri. A, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2002,p.23
Les études théoriques sur les dépenses publiques ont monté leurs effets positifs que ce soit
sur l’équilibre de marché des capitaux, sur la résolution des problèmes d’imperfection de
l’information ou sur la stimulation de la productivité du secteur privé.
Ainsi, de leurs coté, les travaux empiriques menés par des économistes comme
R.C.Kormendi et P.Artus ; sont arrivé à la conclusion selon laquelle qu’il préférable de
distinguer les dépenses publiques de consommation et celles d’investissement. Aussi, l’impact
des dépenses publiques sur la croissance peut également être analysé non par le biais des flux de
ces dépenses mais par le stock de capital public.
D’autre part, les différents résultats trouvés montrent que l’impact de la politique budgétaire
ne peut être le même partout. Il est fonction du niveau, de la nature et de la répartition des
dépenses et recettes publiques, des structures internes à chaque économie.
Par conséquent, la politique budgétaire doit être adaptée au contexte de chaque pays pour
stimuler la croissance. Pour cela, on doit se précise, en premier lieu, sur l’évolution des masses
budgétaires marocaines, ainsi que sur la conjoncture des politiques budgétaires au fil de temps, et
évaluer ces orientations en deuxième lieu. C’est effectivement l’objet du chapitre qui vient.
Introduction :
Les variations marginales de ces différentes composantes ont autant sinon plus de
signification économique, et sociale, que leurs masses respectives. Mais, il faut aussi noter
l’autre caractéristique budgétaire, à savoir sa relative « rigidité ». Une grande partie des dépenses
et des recettes de l’État est pour l’essentiel renouvelée, et c’est à la marge « quelque fois étroite »
que se situe le degré de manouvre de l’État.
Enfaite, depuis l’accession à l’indépendance, les finances publiques marocaines ont connu
une importante évolution et des mutations profondes et irréversibles. En effet, elles sont passées
par plusieurs phases qui ont forcement marqué la politique budgétaire marocaine et ont
relativement modifié les objectifs et priorité de la dite politique.
Notre analyse se propose dans les sections ci après, d’étudier l’évolution des différentes
masses budgétaires au Maroc depuis 50 ans d’une part et d’autre part, de faire une analyse
conjoncturelle des différentes politiques budgétaires qui ont été pratiquées pendant cette période,
et de se pencher vers une évaluation des orientations de cet instrument de la politique
économique durant la période étudiée.
Pour cela, je vais aborder, en premier lieu, le sujet d’évolution des grandes masses
budgétaires au Maroc depuis 1960 jusqu’au nous jours, et l’analyse conjoncturelle relative aux
politiques budgétaires menées par la Maroc, pour arrivé, en deuxième lieu, à l’évaluation des
orientations budgétaires pratiquées par l’Etat marocain sur cette période.
Depuis l’indépendance, les finances publiques marocaines ont connu une importante évolution
et des mutations profondes et irréversibles. Elles sont passées par plusieurs phases qui ont
fortement marquées la politique budgétaire de l’État et ont relativement modifié leurs objectifs et
leurs priorités106.
En effet, on peut distinguer quatre phases dans l’évolution des grandes masses budgétaires
marocaines : La période 1955-1973 qui peut être elle-même subdivisée en deux sous-périodes :
1955-1965 et 1966-1973, la période 1973-1982 qui comprend-elle aussi deux sous- périodes; une
période d’expansion budgétaire (1973-1977) et une période d’accumulation des déséquilibres
financiers (1978-1982), la période d’austérité budgétaire et d’ajustement structurel 1983-1992, et
enfin la période de l’après ajustement des équilibres budgétaires de 1993 jusqu’à nous jours.
Sur la base d’une analyse descriptive, on va voir ci-après l’évolution des dépenses et des
recettes publiques qui constituent les principaux instruments de la politique budgétaire.
Les dépenses budgétaires sont constituées principalement par trois sortes de dépenses : Les
dépenses de fonctionnement qui comprennent entre autres les dépenses du personnel et du
matériel ainsi que les subventions des prix, les dépenses d’investissement ou d’équipement et les
dépenses de la dette publique (y compris l’amortissement et les intérêts).
Jusqu’en 1973, ces trois dépenses évoluaient de manière régulière et lente avec un avantage
apparent aux dépenses de fonctionnement suivies des dépenses d’investissement et enfin celles
de la dette publique qui étaient très raisonnables.
On remarquera ainsi une certaine rigidité budgétaire, dès cette première période des cinquante
dernières années. Cette rigidité est d’une façon générale, spécifique aux budgets des États107. En
effet, nous verrons que d’une année à l’autre, la structure budgétaire de départ adoptée par les
gouvernements successifs évoluait lentement, au moins autant que la conjoncture le permet.
106
Sagou. M les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, P. 12
107
Geours. J. S, la politique économique des principaux pays industriels de l’occident, Ed. Sirey, 2e édition, Paris,
1973, p. 166.
Cette structure budgétaire est également bien significative d’un état et d’une structure
économique, sociale et politique du pays108.
Nous verrons ainsi que l’ordre de grandeur amorcé durant la période 1955-1973 et concernant
les différents postes de dépenses budgétaires, évoluait lentement, mais structurellement avec
cette tendance à une augmentation en premier lieu du budget de fonctionnement et de façon
alternative des dépenses d’investissement puis de la dette publique.
108
J. St Geours, p. 166, op. cit.
109
Sagou. M et Mourji. F, in politiques économiques pour la croissance dans les pays en voie de développement,
Ed. Wallada, Casablanca, 1989, p. 106.
À partir de 1977, on commence à prendre conscience des déséquilibres engendrés par les
dépenses publiques. Aussi, dès 1978, on entame une politique d’austérité et d’assainissement de
la situation financière de l’État. Cette politique a permis de baisser le montant des dépenses
d’investissement de 40 % en 78, mais celles-ci sont restées quand même à un niveau élevé à
cause notamment de la rigidité qui caractérise certains investissements. À cet égard, il faut
préciser que la rigidité budgétaire qui s’impose aux budgets d’équipement est extrêmement
lourde de conséquences110.
Mais, ce qui a marqué cette période, outre que les dépenses d’investissement ont dépassé les
dépenses de fonctionnement, c’est que ces dernières ont aussi continué leur ascension de manière
régulière et progressive.
Nous avons là, une double rigidité qui a marqué pour longtemps notre économie, et dont les
conséquences se font encore sentir aujourd’hui dans les déséquilibres fondamentaux qui
caractérisent les finances publiques marocaines. En fait, les dispositions prises et les
engagements visant à réduire les dépenses de fonctionnement se sont heurtées à un seuil planché.
Ainsi, les indispensables revalorisations des traitements de la fonction publique, les subventions
des prix à la consommation, les impératifs de développement de l’emploi et le souci d’équilibre
social exercent une pression en fil continu, et ceci témoigne des difficultés à comprimer les
dépenses publiques et permet d’observer combien la marge de manouvre du ministère des
finances est limitée surtout quand vient le problème de la gestion de la dette publique.
En effet, depuis 1976, les dépenses de la dette ont enregistré une remarquable ascension qui
est due essentiellement à la réalisation du plan ambitieux 73-77. Ce plan a nécessité la
mobilisation de ressources importantes dépassant largement les ressources ordinaires, ce qui a
logiquement débouché sur un endettement profond de notre économie. D’ailleurs la dette du
gouvernement central par rapport au PIB a plus que doublé entre 1974 et 1981en passant ainsi
de 22,4 % à 53,38 %.
110
J. St Geours, p. 166, op. cit. Outre cet aspect spécifique aux structures budgétaires, mais aussi aux
comportements des gouvernements en matière de politique budgétaire et de politique économique en général, cette
rigidité exprime aussi des situations acquises, et donc des reconductions automatiques des grandes masses
budgétaires. On a pu calculer durant les années 1960, près de 90 % du budget de dépense devrait être chaque année
reconduit.
111
Cf. supra.
Cette période fut caractérisée par une continuité dans la croissance des dépenses de
fonctionnement. Étant à 16,4 milliards de DH en 1983, elles se retrouvent à plus de 36 milliards
en 1992. En effet, des chapitres entiers de dépenses ont augmenté de manière accélérée comme
les dépenses de compensation et celles des appointements et salaires112.
L’État s’est retrouvé avec un personnel pléthorique. De 1988 à 1992, on prévoyait des
créations d’emplois autour de 15.000 par an contre 40.000 à 50.000 avant 1983.
Du côté de la dette publique, les résultats sont impressionnants; les montants versés au titre du
service de la dette (amortissements et intérêts) ont augmenté deux fois plus vite que les dépenses
de fonctionnement entre 1983 et 1992. Quant aux versements réalisés au bénéfice exclusif de
l’amortissement de la dette, ils ont connu une progression assez exponentielle durant la période
1983-1989 rattrapant ainsi rapidement la courbe tracée par les dépenses en intérêts de la dette.
De même, les dépenses d’investissement, après avoir enregistré une forte chute passant de
12,5 milliards de DH à 7,3 milliards entre 1982 et 1984 soit de 13,4 % par rapport au PIB à 6,5
%, ont connu une croissance plus ou moins régulière qui se situe autour de 7 et 6% du PIB.
112
Cf. Infra.
Par ailleurs, une analyse sectorielle montre que si la part de certaines dépenses est restée à
peu près stable, tel le cas de la défense nationale, celle du secteur économique (agriculture,
industrie, transports, commerce) a décru de plus de moitié, passant de 1983 à 1988 de 21,8 % à
13,7 % des dépenses totales. Autre fait marquant; la forte réduction des dépenses à caractère
social, relatives à la fonction (travail, urbanisme, habitat) qui ne représentent plus que 0,4 % du
budget de l’État en 1987 contre 2,2 % en 1983. En ce qui concerne la part relative des dépenses
de santé, elle atteint à peine 3 à 4 %, ce qui reste très faible étant donné les besoins croissant
d’une population à faible revenu.
Cette période est marquée par un accroissement important des dépenses de fonctionnement.
Cette croissance s’est faite au détriment des dépenses d’investissement qui ont été maintenue
autour de 20 milliards depuis 1993. Rapportées au PIB, les dépenses d’investissement sont
passées de 7,8 % en 1993 à 4,8 % en 2003 alors que les dépenses de fonctionnement qui étaient à
15,1 % en 1992 ont atteint 18,2 % en 2003. Une masse salariale excessive (43,6 % des dépenses
totales et 12 % du PIB durant la période 1996-2003) explique en grande partie cette structure des
dépenses. En fait, cette masse salariale, qui représente la moitié des dépenses ordinaires, a plus
que doublé entre 1990 et 2003. De plus, le système de subventions des prix au consommateur
(énergie et produits alimentaires de base) absorbe 6% des dépenses totales. En revanche, les
dépenses de la dette, après une croissance régulière, ont connu un léger recul depuis 2003 en
raison de la baisse des taux d’intérêts et de la conversion de la dette extérieure en financements.
Graphique 3 : Évolution des prévisions des dépenses de la dette publique (en MDH)
En effet, des efforts appréciables ont été accomplis en matière de réduction de l’endettement
public extérieur. Ramené au PIB, le service de la dette externe (intérêts seulement) est passé de
3,1 % en 1990 à 2,9 % en 1995 et à 0,7 % en 2003. Cette diminution est le résultat conjugué de
la baisse continue du stock de la dette et du taux d’intérêt sur le marché international, ainsi que
de la politique de gestion active de la dette. En revanche, le service de la dette publique
intérieure (intérêts seulement) par rapport au PIB a presque doublé entre les périodes 1980-1989
et 1996-2003, passant de 1,7 % à 3,2 %. Il a même dépassé celui de la dette extérieure à partir de
1995 en raison de la croissance soutenue du stock de la dette intérieure.
Graphique 4 : Évolution des dépenses de la dette publique (intérêts seulement) (en MDH)
Par ailleurs, afin d’accroitre la disponibilité des ressources publiques pour ces investissements
prioritaires, le Maroc a commencé dès 2004 à élaborer une stratégie de consolidation des
finances publiques comportant cinq éléments principaux : réforme de régime fiscal, réduction de
la masse salariale publique, réductions des subventions à la consommation d’énergie,
remplacement des subventions alimentaires par un soutien ciblé aux groupes vulnérables et
élaboration de budgets axés sur la performance. La pratique basée sur une imposition directe
excessive du régime fiscal marocain demeure une contrainte majeure pour la croissance et
l’amélioration de l’environnement des affaires. La Lourdeur de cette imposition directe a été
relativement atténuée à travers les dernières réductions des taux d’impositions frappant les
revenus des individus et des entreprises113.
113
Nouetoun Wabo. J. S, politique budgétaire et dynamique de la croissance au Maroc, mémoire du master en
finance et économétrie, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-FES, 2010, p. 30
En outre, pour l’année 2009, les dépenses ordinaires ont baissé de 7,7% en raison du net recul
des charges de compensations. Le solde ordinaire n’a baissé que de 2,3% s’établissant à 35,5
milliards. Cependant, en raison de l’expansion des dépenses d’investissement, le solde global
s’est contracté de 4,6 milliards pour revenir à 3,5 milliards.
Durant l’année 2011 et suite aux exigences sociales apparues dans les circonstances du
printemps arabe, combinées à une crise économique et financière d’ordre mondial, les autorités
marocaines ont augmenté les dépenses publiques relatives au soutien des couches sociales
défavorisées. L’objectif étant le maintien des prix de certaines denrées et du carburant à des
niveaux stables malgré la hausse de leurs cours mondiaux. Cela à entraîné une augmentation des
subventions des produits alimentaires et pétroliers pour atteindre environ 6 % du PIB en 2011,
soit « 4% du PIB » de plus que le niveau inscrit au budget 2011 (2,1 %).
L’effet sur le budget de cette augmentation des subventions a été amplifié par l’augmentation
généralisée des salaires dans le secteur public de l’ordre de 600 DH Conséquences directes,
creusement du déficit budgétaire, augmentation de la masse salariale et finalement
alourdissement du poids de la dette, tous les symptômes d’une crise budgétaire.
Compte tenu de ces faits, les objectifs de l’année budgétaire 2012 étaient déjà fixés. Arrêter la
dégradation des finances publiques passe impérativement par la réduction des dépenses. Les
autorités ont ainsi pris d’importantes mesures compensatoires afin de limiter le déficit budgétaire
à 3 % du PIB sur le moyen terme, ce qui ramènerait le total de la dette publique à environ 50 %
du PIB. Les mesures d’ajustement budgétaire de 2012 les plus importantes étaient
l’augmentation des prix des produits pétroliers dans l’attente d’une restructuration plus globale
de la caisse de compensation, le renforcement de la transparence budgétaire et l’exécution
rationnelle des dépenses publiques. Sans ces mesures il aurait été impossible de garder les
investissements publics dans leur niveau ordinaire qui, après examen de leur historique, étaient
les premiers à être sacrifiés durant les années de crise114.
Après une réduction de 3,1% en 2013, les dépenses globales ont augmenté de 1,8% en 2014 à
285,4 milliards de dirhams, reflétant une progression de 0,3% des charges ordinaires à 232,9
milliards et de 9% des investissements à 52,5 milliards.
114
Mrabet. N, La marge de manœuvre budgétaire au Maroc : analyse en termes de dépenses, [En ligne] URL :
www.academia.edu/8714692/La_marge_de_manoeuvre_budgétaire_au_Maroc_analyse_en_termes_de_dépenses
_par_Najib_MRABET_professeur_de_sciences_Economiques.
Au niveau des dépenses ordinaires, les charges de fonctionnement se sont alourdies de 5,1% à
153 milliards de dirhams. Ainsi, la masse salariale s’est accrue de 2,6% à 101,6 milliards,
conséquence en particulier d’une création nette de plus de 4.600 postes d’emplois et du
relèvement du salaire minimum de 2.800 à 3.000 dirhams par la suppression de l’échelle 5.
Concernant la charge de compensation, elle s’est allégée de 21,5% à 32,6 milliards ou 3,5%
du PIB, sous l’effet de la décompensation du fuel et du super sans plomb, de la réduction
progressive de la subvention unitaire du gasoil, ainsi que de la diminution des cours du pétrole.
Par produit, la compensation a baissé de 44,2% à 8,9 milliards pour le gasoil, de 60,7% à 1,8
milliard pour le fuel, alors qu’elle a légèrement augmenté de 0,6% à 13,2 milliards pour le gaz
butane115.
L’analyse de l’évolution de la dette publique directe en 2014 fait ressortir des contributions
de même niveau de ses deux composantes interne et externe. La dette intérieure du Trésor a
augmenté de 2,6% pour s’établir à 443,2 milliards, représentant ainsi 47,9% du PIB, soit le
115
Rapport annuel de DANK ALMAGHREB, Exercice 2014, p. de 57 à 61
même ratio qu'en 2013. Pour sa part, la dette extérieure du Trésor a enregistré un accroissement
de 8,6% de son encours à 141 milliards et de 0,8 point de pourcentage de son ratio au PIB à
15,7%. La structure de cette dernière par devise montre une prédominance de l’Euro, dont la part
s’est renforcée de 77,2% à 78,8%, tandis que la part du dollar US a augmenté de 0,3 point de
pourcentage à 13,6%.
Concernant la dette extérieure garantie, elle a connu une hausse de 30,3% à 136,7 milliards,
représentant 14,8% du PIB contre 11,6% en 2013. Au total, l’encours de la dette publique s’est
accru de 8,2% à 721 milliards1, représentant 78% du PIB au lieu de 74%.
La croissance économique au Maroc a connu trois phases distinctes. Dans un premier temps,
le Maroc a enregistré une accélération de son rythme de croissance au cours des deux décennies
qui suivirent l’indépendance pour atteindre 5,4% de croissance annuelle moyenne au cours des
années 1970. Cette période a été marquée par la mise en œuvre de plans de développement
économique et social visant à renforcer le tissu économique et à accompagner les
transformations sociales du pays. Les plans des années 1960 (1960-1964 ; 1965-1967)
projetaient notamment le développement de l’agriculture et la mise en place d’une industrie de
base, grâce à l’intervention de l’Etat en vue de consolider l’indépendance économique du pays et
de valoriser ses ressources nationales116.
Les années 1970 se caractérisèrent également par un fort interventionnisme de l’Etat visant
deux objectifs principaux, la mise en place d’une politique de substitution aux importations et la
promotion des exportations. Le premier axe d’intervention fut marqué par des investissements
publics conséquents associés à un système de protection de l’industrie marocaine naissante. Le
second axe d’intervention visait à promouvoir les exportations (plan quinquennal 1973-1977).
116
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 118
Dans cette optique, l’Etat a tenté de mobiliser l’initiative privée, à travers notamment la
promulgation de la loi sur la marocanisation (1973). Toutefois, l’objectif consistant à relancer la
croissance par une contribution plus importante de la demande extérieure n’a pas été atteint, la
part des exportations dans le PIB étant restée inchangée depuis les années 1960.
Suite à de nombreux chocs extérieurs (choc pétrolier, baisse des prix du phosphate,
augmentation des taux d’intérêt, sécheresse), la situation macroéconomique du Maroc s’est
nettement dégradée au début des années 1980. Pour faire face à cette situation, le gouvernement
a mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS). C’est ainsi que la politique
budgétaire ait fixé pour objectif le maintien du déficit budgétaire à un niveau inférieur au seuil
de 3% du PIB et par conséquent, la contraction budgétaire s’est érigée par les pouvoirs publics à
une condition nécessaire pour rétablir les perspectives de croissance.
Toutefois, dans sa première phase (1982-1987), la mise en œuvre du PAS a engendré une
contraction de la demande intérieure, un ralentissement de l’activité économique et une
aggravation du chômage. Au cours de la seconde phase du PAS (1988-1995), la situation des
finances publiques et des comptes externes s’est améliorée. Cette période a néanmoins été
marquée par une forte volatilité de la croissance économique comparativement à la période
antérieure, en raison des fréquentes sécheresses. En effet, le secteur agricole représente toujours
à cette période 17% du PIB global, emploie 40% de la population active et constitue 40% des
exportations. De ce fait, les fluctuations de l’activité agricole se répercutent sur l’ensemble de
l’économie nationale compte tenu de l’effet d’entraînement qu’il exerce sur l’ensemble de
l’activité économique par le biais des revenus. Le net ralentissement de la croissance tient
également au fléchissement de l’investissement public et à la baisse de la compétitivité relative
des exportations marocaines par rapport aux autres pays émergents.
Cependant, les mesures draconiennes préconisées par le PAS, n’ont pas endigué
l’augmentation des dépenses de fonctionnement qui vont ensuite s’approcher de la barre des 40
milliards de DH en 1992 contre 16 milliards en 1983. Les exigences de la gestion de la dette117
limitent, par ailleurs, la marge de manœuvre pour l’allocation des ressources entre les différentes
catégories de dépenses. L’effet de contraction budgétaire serait plutôt remarqué au niveau de
l’investissement public dont la part dans le total des dépenses publiques représentait 45% en
1982, a chuté à environ 26% en 1992. Pareille pour les dépenses de subventions et de
compensations qui ont été ramenées de 6,3% du total des dépenses publiques en 1980 à environ
2,44% en 1992.
117
Sa part dans les dépenses publiques totales a grimpé de 16% en 1983 à environ 24% en 1990
Si le plan d’ajustement structurel a permis relativement de rétablir les équilibres financiers, les
coûts sociaux ont été, par contre, trop lourds. L’accumulation du capital humain et physique est
fortement affectée. Ainsi, la contraction des dépenses sociales et d’investissement public a abouti
à un ralentissement de l’activité économique, à la hausse du chômage et la régression du niveau
de vie d’une large catégorie de citoyens. Certes, à partir de la fin de la période du PAS, les
pouvoirs publics ont commencé à bénéficier d’une certaine autonomie dans l’élaboration des
politiques budgétaires, mais leur marge de manœuvre n’a pas été totalement libérée à cause de
l’incompressibilité des dépenses de fonctionnement et des intérêts de la dette118. L’irrégularité
avait marqué la croissance de la part des dépenses publiques dans le PIB, enregistrant en effet,
tantôt des valeurs positives tantôt des valeurs négatives ; les tendances baissières sont surtout
enregistrées entre les années 2001- 2003 et 2005-2006 ou plus avant entre 1995-1996.
Enfin, sur la période récente, le Maroc est de nouveau entré dans un cycle de croissance
relativement soutenue. En effet, celle-ci s’est notablement renforcée et s’est stabilisée autour de
5% en moyenne au cours de la décennie 2000. La fin des années 1990 marque une rupture avec
la politique économique menée depuis l’indépendance se traduisant par un nouveau régime de
croissance, moins inflationniste que par le passé. Ce nouveau régime se caractérise par une
reprise des investissements public et privé, par la consolidation du PIB non agricole et par une
amélioration des équilibres extérieurs. Toutefois, le rythme de croissance de l’économie
marocaine est demeuré inférieur à la moyenne observée dans les pays émergents et en
développement.
118
Celles-ci ont atteint respectivement 97 milliards de DH et 19 milliards de DH en 2007
Les dépenses publiques ont fortement progressé depuis le début des années 2000 pour
atteindre 33,9 % du PIB en 2013 après avoir atteint le seuil de 36,1% en 2012. En effet, suite à
l’exigence de la politique de soutien aux facteurs internes de la demande, l’ensemble des postes
de dépense a crû au cours de la dernière décennie.
Mais si l’on se contente uniquement à une présentation de l’évolution des dépenses publiques
dans leur totalité, on risquerait d’occulter les variations susceptibles de se produire au niveau de
la composition budgétaire ainsi que dans les évolutions des parts relatives des dépenses
publiques allouées à chaque secteur notamment les dépenses visant à développer le capital
physique de l’Etat (investissement public), ou développant le capital humain (dépenses de santé
et d’éducation) ou celles agissant sur le capital infrastructurel (dépenses de transport et de
communication).
L’évolution des dépenses publiques en éducation, santé et infrastructure, montre que ces
différentes catégories de dépenses ont vu leurs parts dans le PIB croître de 1970 à 1977. Après
cette période, la tendance va se renverser et on assistera à une baisse graduelle des dépenses
d’infrastructure qui vont les premières entamer leur recule, passant de 4.1% du PIB en 1977 à
environ 1.5% en 1984. Tandis que les dépenses publiques d’éducation ne seront affectées par
cette tendance baissière qu’à partir de 1983 et ce n’est d’ailleurs pas un événement surprenant
car cette même année avait coïncidé avec le début de l’application du programme d’ajustement
structurelle.
Néanmoins, la part des dépenses d’éducation s’était stabilisée au tour de 5% du PIB durant
toute la décennie 1988-1998, après quoi, une reprise sera constatée dans les dépenses de ce
département à partir de 2001 affichant un taux de 7% du PIB en 2007. Les dépenses de santé
publique, quant à elles, sont marquées par leur faible part dans le PIB ainsi que par leurs faibles
variations. Une simple comparaison entre le Maroc et un échantillon de trois pays (Botswana,
Tunisie, Malaisie) qui avaient des niveaux de développement similaire au Maroc dans les années
60- montre que le Maroc maintenant consacre le taux de dépenses publiques par rapport au PIB
le plus inférieur parmi ces pays qui affichent maintenant des taux de croissance nettement
supérieurs.
Bien que l’analyse des dépenses publiques totales dans chaque secteur ait permis
d’appréhender les différences entre les secteurs en matière des ressources financières allouées,
elle ne permet cependant pas de déceler les efforts d’investissement et leur évolution dans le
temps, les dépenses totales contenant également celles dites de fonctionnement qui ne traduisent
pas un effort d’augmentation des capacités productive comme c’est le cas pour l’investissement.
En effet, les pouvoirs publics ont accordé une importance particulière au secteur d’infrastructure
de base dans la période antérieure à l’application du programme d’ajustement structurel par le
fait d’être disposé à consacrer à ce secteur une part non négligeable des dépenses
d’investissement. La part des dépenses publiques d’investissement en infrastructure a été
maintenue jusqu’au 1983 à un niveau supérieur à 2%. Cependant juste après, une baisse
Pour financer ses dépenses, l’État se base sur ses ressources qui sont de trois sortes : Les
recettes fiscales constituées des impôts directs et indirects, droits de douane et des droits
d’enregistrement et de timbre, les recettes non fiscales constituées essentiellement des recettes de
monopole et des domaines ainsi que des recettes de privatisation et enfin les recettes d’emprunts
(intérieurs et extérieurs).
Depuis l’indépendance, les recettes fiscales progressaient de manière régulière sauf en 72.
Alors que les recettes non fiscales et les recettes d’emprunts, qui étaient assez proches pendant
cette période, connaissaient une croissance plus ou moins régulière mais dont le montant reste en
dessous de celui des recettes fiscales.
119
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 121
Depuis 1973, les recettes fiscales et non fiscales progressaient de manière importante mais
cette augmentation restait insuffisante pour financer les dépenses colossales entamées cette
année là surtout après la baisse du cours des phosphates en 75. En conséquence, le Maroc a été
obligé d’emprunter lourdement à l’extérieur. Il s’agissait d’une période d’accès facile au
financement international notamment à partir du milieu des années 70 « période de l’argent
facile et des pétrodollars »120.
Tableau 2 : Évolution des recettes fiscales et non fiscales entre 1974 et 1982 (en MDH)
Pendant la période du PAS, les recettes d’emprunts ont continué leur augmentation grâce aux
emprunts contractuels accordés par le Fond monétaire international et la banque mondiale. De
même, les recettes non fiscales, qui étaient moins importantes que les recettes d’emprunts, ont
enregistré une progression régulière jusqu’en 1988. Mais après une légère baisse en 1989, elles
se sont stabilisées autour de 10 milliards de DH.
120
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 20
Tableau 3 : Évolution des recettes fiscales et des recettes non fiscales durant la période 1983-1992
(en MDH)
années 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992
Recettes
19097 21173 23379 27395 30700 37795 40903 48106 50200 57868
fiscales
Recettes
non 1997 2296 3367 5086 6453 10050 8512 10243 9893 10027
fiscales
Comme le montre le tableau 2, les recettes fiscales restent largement dominantes et continuent
toujours leur ascension de manière de plus en plus importante surtout depuis 1987. En fait, le
système fiscal a connu dès la moitié des années 80, une importante réforme dont les effets
commencent à se sentir à partir de 1987.
Les lois de finances depuis 1992, ont été caractérisées par une forte baisse des recettes
d’emprunts, à l’exception de la période entre 1994-1995 où ces recettes ont enregistré une légère
augmentation. Cependant à partir de 1998, les recettes d’emprunts ont commencé à s’accroître
fortement pour se stabiliser autour des 36 milliards de DH depuis 2001. Cette augmentation
provient surtout de la montée des emprunts intérieurs, puisque le Maroc procédait, à cette
période, à la reconversion de la dette extérieure en investissements.
Quant aux recettes non fiscales, elles variaient autour de 10 milliards de DH jusqu’en 1996,
exception faite de l’année 1995 où elles ont enregistré une forte baisse.
Mais depuis, elles connaissent une croissance en forme de dents de scie. Cette croissance est
due essentiellement aux recettes de privatisation. À titre d’exemple, les recettes non fiscales ont
connu, en 1999, avec un montant de plus de 19,1 milliards de DH un quasi-doublement grâce
Graphique 10 : Évolution des recettes non fiscales depuis 1993 (en MDH)
121
Rapport annuel de Bank Al-Maghreb, exercice 2000, p. 72.
milliards après une baisse de 1,9% en 2013. Sous l’effet de l’opération de cession de 53% du
capital de Maroc Telecom par son actionnaire principal, les recettes de l’IS se sont accrues de
2,1% à 41,3 milliards. Hormis cette opération, elles ressortent en baisse de 0,6%. Pour sa part, le
produit de l’IR a totalisé 34,3 milliards, en augmentation de 0,7%, recouvrant en particulier une
diminution de 7,4% des recettes au titre des profits immobiliers et un accroissement de 5,2% de
celles relatives aux salaires publics122.
S’agissant des taxes indirectes, leur produit a augmenté de 0,7% à 98,8 milliards de dirhams,
attribuable essentiellement à la progression des rentrées des TIC de 4,3% à 23,8 milliards, avec
des hausses de 4,5% pour les produits énergétiques et de 5,9% pour les tabacs manufacturés. En
revanche, les recettes de la TVA ont accusé une légère baisse de 0,4% à 75 milliards,
consécutivement au recul de 1,2% de celles de la TVA intérieure à 28,6 milliards. Cette
diminution s’explique en partie par la suppression de la règle de décalage d’un mois en matière
de déductions et l’accélération des remboursements de la TVA au titre des logements sociaux. A
l’inverse, les recettes de la TVA à l’importation se sont accrues de 0,2% à 46,4 milliards et les
droits de douane de 0,7% à 7,7 milliards.
Les rentrées des droits d’enregistrement et de timbre ont progressé de 16,3% à 15,8 milliards,
suite au recouvrement d’une recette de 1,4 milliard liée à la cession d’une partie du capital de
Maroc Telecom, ainsi qu’à l’accroissement du produit de la Taxe spéciale annuelle sur les
véhicules automobiles.
Après un accroissement de 52,4% en 2013, les recettes non fiscales ont progressé de 14,6% à
33,1 milliards de dirhams, soit un taux de réalisation de 135%. Cette amélioration s’explique
principalement par l’encaissement de dons du CCG pour un montant de 13,1 milliards après 5,2
milliards une année auparavant. Hors dons, ces recettes ont accusé une baisse de 15,7%,
recouvrant notamment un repli de 2 milliards des fonds de concours et de 3,6 milliards des
produits de monopoles et participations, ainsi qu’une augmentation de 1,2 milliard des « recettes
en atténuation des dépenses ». Les principaux contributeurs sont l’OCP avec un montant de 3
milliards contre 5 milliards en 2013 et l’Agence Nationale de la Conservation Foncière, du
Cadastre et de la Cartographie avec 2 milliards contre 2,7 milliards. En outre, Maroc Telecom a
versé 1,4 milliard, après 1,8 milliard, et Bank Al Maghreb 628 millions au lieu de 944 millions
un an auparavant.
Les recettes fiscales sont constituées par les impôts directs qui comprennent entre autres
l’IGR (impôt général sur le revenu) et l’IS (impôt sur les sociétés), les impôts indirects composés
essentiellement des taxes intérieures de consommation, les droits de douanes et enfin les droits
122
Données de la Direction des Dépenses de Personnel relevant de la Trésorerie Générale du Royaume. Celle-ci
centralise près de 89% de la masse salariale de l’administration centrale.
Toutefois, Au lendemain de l’indépendance, les impôts indirects et les droits de douanes ont
été les plus prédominants dans la composition des recettes fiscales au détriment des impôts
directs. Depuis, ces dernières ont fortement augmenté mais sont restées quand même en dessous
des impôts indirects. Ceci est dû essentiellement à la politique d’austérité financière poursuivie
par les autorités publiques suite à la crise budgétaire de 1964. Cette politique était accompagnée
par de nombreux relèvement des taux de quelques impôts directs et surtout des droits et taxes à la
consommation. Ainsi, les impôts directs ont été de 730 millions de DH en 1970 et 799 millions
de DH en 1972 alors que les impôts indirects se sont élevés à 1532 millions de DH en 1970 et
1628 millions de DH en 1972. En revanche, les droits de douanes ont eu une progression plus ou
moins régulière avec 513 millions de DH en 1969 et 599 millions de DH en 1970 et 562 millions
de DH en 1972.
123
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 23
124
Bouzidi. M, monnaie et politique monétaire : analyse générale et application au Maroc, 1996, p. 199.
Cette période est marquée par l’institution, à partir de 1986, d’une réforme du système
d’imposition qui s’est traduite par un élargissement de l’assiette fiscale. Cette réforme, amorcée
par la promulgation de la loi cadre en 1984 et concrétisée par l’entrée en vigueur de la TVA en
1986, l’impôt sur les sociétés (IS) en 1987 et l’impôt général sur le revenu (IGR) en 1988, a
affecté inégalement les différentes composantes des recettes fiscales dont la structure s’est
sensiblement modifiée.
Ainsi qu’on peut le remarquer sur le graphique 8 (ci-dessous), les impôts directs ont connu
une croissance importante depuis 1986, et leur part dans les recettes fiscales s’est relevée en
passant de 24,1 % en 1983 à 31,6 % en 1992.
Graphique 12 : Évolution de la structure des plus importantes recettes fiscales (en MDH)
Au contraire, les impôts indirects ont vu leur part se réduire dans l’ensemble des recettes
fiscales. Depuis 1985, le ralentissement est net; de 44,2 % à 40,6 % en 1992. En effet, malgré
l’augmentation des impôts indirects observée depuis la réforme, celle-ci reste en dessous de la
croissance enregistrée par les impôts directs. En ce qui concerne les droits de douane, leur
évolution a été assez irrégulière. Après une chute de 23,3 % des recettes fiscales en 1983 à 17,7
% en 1987, leur part va connaître une progression sensible une année plus tard. Cette progression
va continuer jusqu’en 1994.
125
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 25
L’écart qui commençait à se résorber entre les deux impôts directs et indirects, s’est accentué
entre 1993-1998 mais depuis il a commencé à se réduire lentement. En fait, après une forte
croissance en 1993, due essentiellement à un net accroissement des recettes de la TVA, les
impôts indirects connaissent une progression régulière.
À l’inverse, les impôts directs ont connu une véritable baisse en 1993 et 1994 provoquée
principalement par la baisse du taux d’imposition de l’IS. Mais depuis, elles augmentent plus ou
moins régulièrement. C’est ainsi que la part des impôts directs dans les recettes fiscales s’est
sensiblement élevée passant de 26,6% en 1993 à 36,5 % en 2003. Quant aux impôts indirects,
leur part qui était de 47,3 % en 1993 a baissé à 43,2 % en 1998 pour revenir à 46 % en 2003.
De son côté, la part des droits de douane dans les recettes fiscales a régressé de façon
continue, passant de 21,6 % en 1990 à 15,8 % en 1999/2000 et à 11,7 % en 2003. En effet, les
recettes douanières ont enregistré une baisse dès 1995, qui s’est amplifiée en 1998 en raison de la
mise en ouvre de l’accord d’association avec l’Union Européenne. Cet accord a eu pour
conséquence une baisse de la pression fiscale sur les importations, comme en témoigne la baisse
continue du taux apparent des droits de douanes (16 % en 1996, 12 % en 2001, 11 % en 2002 et
9% en 2003). La perte des recettes douanières est estimée à 0,5 % du PIB au titre de l’exercice
2003 contre 0,4 et 0,3 point respectivement pour les exercices 2002 et 2001.
Durant la période allant de 2001 jusqu’en 2008, l’évolution des finances publiques a été
caractérisé par une phase de consolidation des recettes fiscales atteignant un pic de 26% du PIB
en 2008. L’analyse du comportement des recettes fiscales sur cette période a permis de faire
ressortir une sensibilité plus importante à l’activité économique à partir de 2005. L’élasticité est
passée de 0,9 sur la période 2000-2004 à 2,3 durant la période 2005-2008. Cette évolution est
liée au changement de la structure du PIB marqué par l’émergence de secteurs dynamiques
(bâtiments et travaux publics, postes et télécommunications et activités financières et
assurances), ayant enregistré des hausses importantes des profits et par conséquent des recettes.
Toutefois, une certaine instabilité du rythme de progression des recettes fiscales a été
enregistrée entre 2009 et 2012, s’expliquant, principalement, par la conjonction de trois facteurs.
Le premier facteur a trait aux effets de la conjoncture économique sur les différents types
d’impôt126. L’élasticité des recettes fiscales par rapport au PIB est devenue négative en 2009 (-
2,2) après une sensibilité positive de 2,3 durant la période 2005-2008. Ceci est attribuable au
ralentissement de l’activité économique suite, notamment, à la forte récession qu’ont connue les
principaux partenaires économiques du Maroc au lendemain de la crise économique et financière
internationale, notamment la France et l’Espagne. Le deuxième facteur se rapporte à la réduction
des taux de l’Impôt sur les sociétés et de l’Impôt sur le Revenu.127
Le troisième facteur concerne la baisse des recettes douanières en liaison, notamment, avec la
poursuite du démantèlement tarifaire et le comportement baissier des importations taxables.
Ainsi, un fléchissement des taux de progression des droits de douane et de la TVA à
l’importation a été constaté depuis 2009, comparativement aux années antérieures.
Au cours des deux dernières années, et malgré l’effort d’ajustement opéré depuis 2013 par les
pouvoirs publics, les recettes fiscales ont affiché un comportement modéré.
Quelle que soit l’importance de l’évolution de la composition des dépenses et des recettes,
c’est par la variation des soldes budgétaires que la politique budgétaire peut influencer en
profondeur les éléments de l’équilibre général.
L’étude des déficits budgétaires qu’a connus l’économie marocaine depuis 1956, nous paraît
indispensable pour cerner l’ampleur de la contribution de l’État au développement économique
et social du pays. Pour cela, on peut distinguer, comme on l’a vu précédemment, quatre cycles
budgétaires : 1956-1973; 1973- 1982; 1983-1992; 1993-2003.
À cet effet, le concept de « cycle budgétaire » que nous utilisons ici, désigne une période plus
ou moins longue, de10 ans en moyenne, et durant laquelle l’État, au sens du gouvernement, ne
semble pas réagir à telle ou telle tendance forte et structurelle des finances publiques. Lorsque
par exemple, les déficits structurels continuent à marquer les budgets durant plusieurs années de
suite, il s’agira d’un cycle budgétaire. Le cycle se termine en général par une crise des finances
publiques et donc par une dépression. On peut alors assister à deux types de mesures anticrise :
Soit l’État subit le cycle budgétaire déficitaire, et prend des mesures à posteriori, et c’est ce qui
126
Projet de loi des finances pour l’année budgétaire 2016, rapport économique et financier, p. 110
127
En 2009, le taux de l’IS a été réduit de 39,6% à 37% pour les institutions financières et de 35% à 30% pour les
autres secteurs d’activité. Quant à l’IR, le taux marginal a été baissé de 42 à 40% pour s’établir à 38% en 2010. Le
seuil exonéré de l’IR a été relevé à 28.000 DH en 2009 puis à 30.000 DH en 2010 contre 24.000 DH en 2007 et
arrive en général dans les finances publiques marocaines. Soit l’État voit venir la crise de ses
finances, et anticipe la crise, auquel cas le cycle se termine plutôt128.
Années 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 1971 1972
Déficit/PIB
7,5 8,7 8,5 9,5 9 4,8 2,7 4,3 3 4,3 2,9 2,8 3,6
en %
La première phase a été caractérisée par une forte progression des recettes et des dépenses
publiques due, entre autres, au triplement des prix des phosphates. Ce qui a marqué une véritable
rupture de la tendance du passé en matière budgétaire. Ainsi, la prudence et l’orthodoxie
budgétaires ont cédé la place à l’activisme budgétaire, ce qui a conduit à des déficits importants.
128
18.000 DH en 1996. Le manque à gagner suite au réaménagement du barème de l’IR était de 0,6% du PIB en
2009 et 0,5% en 2010.
129
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p. 28
Années 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Déficit/PIB en % 1,9 3,8 8,7 16,1 14,6 9,9 9,2 10,1 14,0 12,0
En effet, au terme de cette sous-phase, les déficits budgétaires sont entrés dans un processus
cumulatif et d’auto entretien. Ils sont même devenus une donnée structurelle des finances
publiques marocaines. Ainsi, le déficit budgétaire qui ne représentait que 1,9 % en 1973
atteignait 14,6 % en 1977.
Malgré l’assainissement budgétaire prôné par le plan de stabilisation 78-80, les déficits
budgétaires persistaient durant la deuxième sous-période surtout en 1981 où il représentait 14 %
du PIB. En effet, la baisse des dépenses d’équipement et les divers aménagements fiscaux n’ont
pas permis d’améliorer la situation financière de l’ État. Celle-ci s’est même dégradée à partir de
1980 avec l’apparition des soldes budgétaires ordinaires négatifs.
Années 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982
Recettes
4142 7028 8470 8322 10784 11693 13802 15092 17787 20480
ordinaires
Dépenses
3797 6670 7567 8038 9400 11049 13000 16167 20063 21830
ordinaires
Solde
345 358 923 284 1384 644 802 1075 2276 1350
ordinaire
Pour financer ses dépenses et couvrir ses déficits, l’État a eu massivement recours à
l’endettement extérieur. Ainsi, l’encours de la dette extérieure qui n’était que de 12,9 % du PIB
en 1974 s’élevait à 43,8 % en 1982.
Cependant, compte tenu des chocs externes à la fin des années 70 (2e choc pétrolier, hausse
des taux d’intérêts), et vu l’ampleur des déficits jumeaux et la montée des revendications sociales
qui se sont matérialisées au début des années 80, cet endettement excessif et ces déficits sans
précédents ont débouché sur une situation de cessation de paiement. Ce qui a rendu le
rééchelonnement de la dette extérieure incontournable et l’ajustement indispensable.
Source : IFS.
La période 83-92 apparaît comme une période d’assainissement des finances publiques et du
retour aux déficits budgétaires soutenables. En effet, la part de ceux-ci dans le PIB va s’établir
en moyenne à 5,9 %.Cette période correspond au programme d’ajustement structurel mis en
place en juillet 83. Son but était, entre autres, de réduire le montant considérable du déficit à
travers le ralentissement de la progression des dépenses publiques et l’accroissement des recettes
par un aménagement et un renforcement de la fiscalité130.
La politique de redressement des finances publiques, poursuivie tout au long de cette période,
a eu des résultats financiers positifs indéniables. Ainsi, le déficit budgétaire qui représentait 9,2
% du PIB en 83 a baissé progressivement pour se retrouver à 2,2 % du PIB en 1992.
130
Sagou. M, les politiques macro-économiques : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante
ans et perspectives pour les vingt prochaines années, 2006, p 30
Source : Calcul basé sur les données publiées par Bank-Al-Maghreb et par la Direction de la Statistique.
Cependant malgré les efforts positifs accomplis, le redressement budgétaire demeure fragile et
les marges de manouvre se rétrécissent de plus en plus.
La période 1993-2004 apparaît comme une période de déficits relativement maîtrisés, mais
cette maîtrise reste fragile. En effet, privé des gains de rééchelonnement, l’État s’est basé depuis
1993 sur les recettes de privatisation pour ramener ses déficits budgétaires à des niveaux
soutenables. Ainsi, grâce à ces recettes exceptionnelles, le déficit budgétaire a reculé,
s’établissant à 3,1 % du PIB en moyenne sur la période 1996- 2003 contre 3,3 % entre 1990 et
1995.
À titre d’exemple, le déficit qui était de l’ordre de 8,4 % en 2001 s’est retrouvé, grâce aux
recettes de cession de 35 % du capital de Maroc Telecom à 2,6 %.
Années 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Déficit/PIB
2,3 3,3 5,2 3 1,4 3,8 0,9 5,8 2,6 4,3 3,7
en %
La pression continue de la masse salariale, qui dépasse déjà 12 % du PIB, et la mise en œuvre
éventuelle de la responsabilité financière de l’État au titre des passifs implicites logés dans les
comptes du système bancaire ou dans ceux des caisses de retraite du secteur public, auxquels il
faut désormais ajouter les dépenses de compensation sur les prix de l’énergie et les conséquences
budgétaires des accords sociaux relatifs aux revalorisations des salaires.
Dans ces conditions, les budgets des années 2003 et suivantes sont structurellement
déficitaires, mais conjoncturellement soutenus par les recettes de privatisation.
Après avoir progressé sur la période 2003-2008, les recettes fiscales rapportées au PIB
passant de 17,5% à 24,3%, se sont engagées sur une pente baissière pour ne représenter que
19,8% du PIB en 2013.131
Conséquence des évolutions divergentes des recettes et dépenses de l’Etat, les excédents
budgétaires de 2007 (0,7 % du PIB) et 2008 (0,4 % du PIB) ont laissé la place à des déficits qui
se sont creusés au cours de la période 2009-2012, passant de -2,2 % à -7,0 %.
Années
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Déficit/PIB
3 4 1,7 -0,7 -0,4 2,4 4,6 6,1 7,2 6 4,9 4,3
en %
En 2013, il a pu, pour la première en 5 ans, inverser la tendance haussière du déficit en faisant
baisser celui-ci de 21,43 % par rapport au niveau de 2012 pour le ramener à 5,5 % du PIB. Pour
cela, il a fallu procéder à des coupes sur le budget d’investissement (15 milliards de dirhams) et
enclencher la réforme de la compensation en procédant à l’indexation partielle des produits
pétroliers. Mieux, pour 2014, le Gouvernement s’est engagé à réduire ce déficit à hauteur de 4,9
% du PIB. Et sur ce point, ne souhaitant pas toucher au Budget des investissements, nécessaires
pour la relance de la croissance, l’Etat a préféré poursuivre la réforme de la Caisse de
compensation en procédant à la décompensation progressive de certains produits pétroliers avec
des résultats tangibles. Reste que même si le déficit budgétaire baisse, son financement demeure
encore problématique dans un environnement marqué par la stagnation des recettes ordinaires. A
titre d’illustration, à fin mai 2014, le déficit budgétaire s’est établi à 33 milliards de dirhams
malgré une baisse de la facture de la compensation de 33,4 % à 13,3 milliards de dirhams. Cette
situation s’expliquant par la contraction de 1 % des recettes ordinaires consécutive à un recul des
131
Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, Rapport économique et financier, p. 104
Il convient de distinguer dans l’évolution des finances publiques ce qui résulte des actions
délabrées des pouvoirs publics de ce qui résulte de conjoncture économique132.
Une composante conjoncturelle qui représente l’impact du cycle économique sur les
dépenses et les recettes publiques ;
Une composante structurelle correspondant à ce que serait le solde public si
l’économie se situait à son niveau potentiel.
La présente note se propose d’évaluer l’ensemble des indicateurs cités ci-dessus et d’en tirer
les enseignements pour la gestion des finances publiques au Maroc au cours de la période 1980-
2014.avant de commenter les résultats obtenus, il sera procédé à une définition de la notion du
solde structurel ainsi que une représentation de la démarche adoptée.
On utilise une approche agrégée pour mesurer le solde budgétaire corrigé des variations
conjoncturelles pour le Maroc et présente, également, un calcul désagrégé du solde structurel.
Selon l’approche ventilée, des élasticités spécifiques sont estimées séparément pour les trois
principaux impôts (impôts sur les sociétés, impôts sur le revenu et la taxe sur la valeur ajoutée)
132
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P 58
et les autres recettes fiscales sont ajustées par apports à l’écart de production avec une élasticité
de 0,53. De même, il a été procédé à l’évaluation du solde budgétaire structurel exception faite
d’un certain nombre d’éléments à caractère exceptionnel affectant le solde budgétaire.
Afin d’écarter l’effet du cycle agricole, le solde structurel a été évalué en procédant aux
calculs des élasticités par apports au PIB non agricole. En outre, les intérêts de la dette ont été
éliminés pour mesurer le solde primaire structurel.
Le solde structurel ou le solde ajusté du cycle se définit comme étant le solde qui serait
constaté si le niveau de production était égal à son niveau potantiel.il correspond au solde
budgétaire corrigé des effets de cycle économique, soit de la conjoncture, de même que des
mesures exceptionnelles et temporaires. L’utilité de la distinction entre la composante
structurelle et la composante conjoncturelle du solde budgétaire présente l’avantage que le solde
structurel, dans la mesure où il ne dépend pas des fluctuations économiques, est l’indicateur de
l’ajustement budgétaire réel opéré au niveau des finances publiques.
133
Le PIB potentiel désigne le niveau de production soutenable à long terme, eu regard aux facteurs de production
disponibles, sans entrainer une accélération de l’inflation, soit sans créer de tensions excessives sur les marchés des
bien et du travail.
134
Adedeji, O and, Williams. O. H, (2007). « Fiscal reaction functions in the CFA Zone: An Analytical
perspective», IMF Working papers 07/232, international monetary Fund.
Plus précisément, il est nécessaire d’identifier, dans un premier temps, les recettes et les
dépenses dont le niveau, toutes choses égales par ailleurs, est sensible à la conjoncture. Du coté
des recettes, on considère dans cette analyse que les recettes fiscales sont cycliques alors que les
recettes non fiscales ne le sont pas. Puisque les sensibilités des rentrées fiscales à la conjoncture
est différente d’un ‘impôts à un autre, les recettes structurelles sont obtenues en corrigeant les
recettes effectives des effets du cycle à partir des élasticités estimées des impôts et taxes à l’écart
de production en termes réels. Pour l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu, de décalage
d’un an entre la base taxable et la recette effective est pris en considération. Concernant la TVA
et les autres recettes fiscales, il est supposé qu’il n’y a pas de retard entre la recette effective et la
base taxable correspondante. Les élasticités sont obtenues à partir d’estimations économétriques
sur la période 1980-2014. S’agissant des dépenses, ils sont pour une grande partie peu sensible
aux fluctuations de la conjoncture vu qu’elles revêtent globalement un caractère
discrétionnaire135. Les recettes et les dépenses conjoncturelles sont définies comme la différence
entre recettes et dépenses effectives et recettes et dépenses conjoncturelles.
La réaction de ces recettes et de ces dépenses à la conjoncture est ensuite évaluée. Le calcul
de ces élasticités conditionne pour une grande part le résultat final. Une fois ces calculs
effectués, il est alors possible de déduire la proportion de recettes et de dépenses imputables à
l’évolution de la conjoncture. Ainsi, plus le PIB effectif s’écarte de son sentier potentiel, plus la
composante conjoncturelle sera importante. Les résultats obtenus seront donc plus sensibles à
l’hypothèse d’écart du PIB réalisé par apport au PIB potentiel.
Ayant mesuré la composante conjoncturelle des dépenses et des recettes, le solde structurel
s’obtient par différence par apport au solde observé.
Pour une présentation plus formelle du calcul du solde structurel, on note S le solde
budgétaire, R les recettes et D les dépenses. L’indice c revoie aux valeurs conjoncturelles et
l’indice s aux valeurs structurelles136. Y représente le PIB effectif, Y* le PIB potentiel et
Pour une recette fiscale donnée, réagissant sans retard à l’activité, son niveau structurel est
défini par :
135
Certaines études suggèrent que les dépenses de santé ou de retraites présentent un certain caractère cyclique.
Cependant, il n’existe pas de consensus sur les causes exactes d’un tel phénomène ou sur son ampleur.
136
DGTPE(2009), « le solde structurel des administrations de sécurité sociale , méthode et évaluation », document
de travail de la DGTPE, n°2009/12.
De façon similaire, pour une dépense réagissant aux variations cycliques de l’activité, notées
Dc, est définie par :
Les recettes conjoncturelles sont obtenues en corrigeant les recettes effectives à partir des
élasticités des principaux impôts à l’écart de production. L’élasticité d’une recette à l’écart de la
production mesure la sensibilité de cet impôt aux variations d’activité. L’élasticité n’est la même
pour toutes les recettes137.
Traditionnellement, deux approches sont mises en œuvre pour estimer le potentiel d’offre
d’une économie. Une approche économique qui résulte de l’évaluation d’une fonction de
production agrégée de l’économie. Dans ce cas, le PIB potentiel est défini comme le niveau de
PIB que connaitrait l’économie si les facteurs de production (travail et capital) étaient utilisés de
façon optimale sans faire apparaitre de tensions sur les prix. La croissance potentielle correspond
alors à la croissance de ce PIB potentiel et l’output gap à l’écart entre le PIB effectif et le PIB
potentiel.
137
AKitoby, B. and, al. (2004). «The cyclical and long –term Behavior of Government Expenditure in developing
Countries », IMF Working paper 04/202. Washington, DC, United States: International monetary Fund.
La seconde approche, dite statistique, vise à extraire la tendance (la composante structurelle)
de la série de PIB observée à l’aide des filtres statistiques (filtre de Hodrick-Prescott, méthodes
des tendances coudées…).
Pour le calcul du solde structurel au Maroc, il a été procédé à différents traitements pour
déterminer la composante structurelle des recettes fiscales, notamment, pour tenir compte de
l’effet décalage entre la recette effective pour certains impôts et la base taxable correspondante.
En outre, le solde budgétaire a été corrigé de quelques éléments exceptionnels relatifs aux
recettes et aux dépenses. L’évaluation du solde structurel est ensuite effectuée en éliminant
l’effet des intérêts de la dette (solde primaire structurel).
Dans la cadre de cette note, la croissance potentielle est approximée par la valeur tangentielle
du PIB. La méthode utilisée est la technique du filtre de Hodrick- Prescott138 qui consiste à
calculer des moyennes mobiles sur la série du PIB pour obtenir une tendance plus lissée. Il est à
noter que les calculs ci-après tiennent compte de la nouvelle base du PIB (2007).
La composante structurelle des recettes fiscales (RFs) s’écrit en fonction de l’élasticité (θ) des
recettes fiscales à l’écart de production comme suit :
Pour le cas du Maroc, les tests statistiques effectués pour estimer l’élasticité des recettes
fiscales prises globalement par apport à l’activité économique font ressortir une sensibilité de
0,51. Ainsi, les recettes structurelles sont calculées comme
Au niveau des dépenses. Les dépenses au titre des biens et services réagissent aux variations
cycliques de l’activité avec une élasticité de 0,31 à court terme et de 1,24 à long terme.s’agissant
de la charge de compensation et des dépenses d’investissemnt, l’analyse de leur comportement
cyclique fait ressortir que ces deux composantes sont plutôt à prédominance structurelle
138
Hodrick.R.J et Psecott.E.C(1997), « post war U.S. business cycls, an ampirical investigation», Journal of Money,
Credit and Banking n°29,pp. 1-16.
Sur la période 2001- 2006, le déficit structurel s’est situé en moyenne à près de 2,6% du PIB,
avec toutefois une tendance globalement baissière. Entre 2007 et 2008, le solde structurel est
devenu excédentaire, se situant en moyenne à 0,5% du PIB potentiel. A partir de 2009, une
dégradation de 5points du PIB en moyenne à été enregistrée, et le déficit structurel est devenu de
plus en plus important avant d’afficher une amélioration sensible en 2013 et 2014.
Les résultats sont fortement imprégnés par la volatilité de l’output gap observée jusqu’à la fin
des années 90 sous l’effet, notamment, de l’activité agricole et ce, malgré que ce secteur ait été
hors champ de la fiscalité. Il est à noter que l’incidence de la considération de la croissance non
agricole est assez faible sur le calcul du solde structurel139.
Le calcul du solde structurel devrait tenir compte de la réaction des différentes recettes fiscales à
l’écart de production et de l’effet du décalage entre la base taxable et la recette effective. Ainsi, pour
l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, un délai d’un an entre l’évolution de la base taxable et
l’impôt perçu est pris en compte.
Une élasticité de l’impôt sur les sociétés (IS) par apport au PIB retardé d’un an de 0,29 à court
terme et de 0,65 à long terme.
Une élasticité de l’impôt sur le revenu (IR) par apport au PIB de 0,92 à court terme et de 0,64 par
apport au PIB retardé d’un an.
Une élasticité de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) par apport au PIB de 0,59 ;
Une sensibilité des autres recettes fiscales par apport au PIB de 0,51
Dans ce cas, la composante structurelle de l’impôt sur les sociétés (IS) s’écrit :
139
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P 66
Où RARF représente les autres recettes fiscales et RANF les recettes non fiscales.
En représentant l’équation (a) pour la composante structurelle des dépenses, le solde structurel
Ss est calculé comme suit :
Des opérations de privatisation qui ont généré pour le budget général un montant de
69,6 milliards de dirhams depuis 1993 ;
Des charges dues à l’opération de départ volontaire à la retraite pour un montant de 18,9
milliards de dirhams (indemnités et manque à gagner suite à l’opération pour le CMR)
sur la période 2004-2008 ;
Des arriérés au titre des pensions militaires pour un montant de près de 3,1 milliards de
dirhams sur la période 2004- 2008
La décomposition du solde budgétaire hors ces éléments exceptionnels s’est traduite par une
dégradation du solde structurel sur la période 1993-2004 et une amélioration entre 2005 et 2008
vu l’exclusion des éléments qui ont caractérisé ces deux périodes (48,9 milliards de dirhams de
recette de privatisation et 21,4 milliards de dirhams au titre des charges exceptionnelles
précitées). La période 2011-2014 a enregistré, également, une dégradation du solde structurel
compte non tenu des recettes de privatisation (10,6 Milliards de dirhams) et des dons provenant
des pays du conseil de coopération du Golfe (CCG) de l’ordre de 18,3 milliards de dirhams.
140
Méthode 1 : considération des recettes fiscales totales, Méthode2 : prise en compte de l’effet de décalage entre la
recette effective et la base taxable.
Le solde budgétaire a été ramené d’un déficit de 12,5% du PIB en 1981 à un excédent de
0,7% du PIB en 1999, soit un ajustement budgétaire de 13,2% points du PIB. Cet assainissement
est imputable aussi bien, à la composante structurelle que celle conjoncturelle du solde
budgétaire141.
141
Rapport annuel de la BANK ALMAGHREB, exercice 2000, p. 105
Le graphique indique que au début des années 80, phase de ralentissement de l’activité
économique, le déficit structurel s’est situé à des niveaux moins importants (moyenne de -3,8
points du PIB potentiel) que le déficit conjoncturel (moyenne de -4,4 points du PIB potentiel).
Cette période a été, en effet, marquée par une détérioration prononcée des équilibres internes et
externes, trouvant sa justification non seulement dans les faiblesses structurelles de l’économie
marocaine, liées à la forte dépendance de la production vis-à-vis les aléas climatiques et à la
vulnérabilité des exportations à l’égard des cours internationaux particulièrement des phosphates,
mais également dans une conjoncture internationale défavorable cours élevé du pétrole ,flambé
du dollar ,hausse des taux d’intérêts…).
Pour faire face à cette crise aigue, un programme d’ajustement structurel a été adopté et
plusieurs réformes ont été engagées, ayant trait notamment aux finances publiques. Dans sa
première phase, la mise en œuvre du plan d’ajustement structurel (PAS) a engendré une
contraction de la demande intérieure et un ralentissement de l’activité économique. La croissance
économique réelle a affiché un taux de 5,2% en moyenne annuelle entre 1982 et 1987. Le déficit
conjoncturel est passé de 5% du PIB en 1982 à 1,2% en 1987 et le solde structurel a été ramené
de 4,6% du PIB à 3,2% respectivement.
La seconde phase du programme d’ajustement structurel (1988-1995) a été marquée par une
forte volatilité da la croissance économique comparativement à la période antérieure, en raison
des fréquences sécheresses, du ralentissement de l’investissement public et privé, de la
décélération de la demande étrangère adressée au Maroc, principalement européenne, et de la
baisse de compétitivité relative des exportations marocaines par apport aux pays émergents
performants. La détérioration de cette compétitivité relative est imputable à la hausse des couts
de production suite, notamment, à la revalorisation des salaires (SMIG), au renchérissement des
matières premières , en particulier du pétrole, et à l’appréciation du taux de change effectif réel.
Au niveau sectoriel, l’économie marocaine s’est diversifiée à partir du début de la décennie 90
grâce au développement de l’industrie touristique, du secteur textile et des services financiers.
L’effort de ralentissement des finances publiques s’est poursuivi ramenant le déficit structurel
à 2,8% du PIB en moyenne sur la période 1988-1995 (-2,2% du PIB potentiel en 1992 et 1993)
parallèlement à l’amélioration du solde conjoncturel (moyenne de -0,3% du PIB potentiel).pour
accroitre les ressources de l’Etat, une modernisation et une simplification du système fiscal ont
été entreprises, avec l’introduction de la TVA en 1986, de l’impôt sur les sociétés en 1988 et de
l’impôt général sur le revenu en 1990. Cette déforme a été accompagnée par une réduction
graduelle des taux particulièrement pour l’impôt sur les sociétés et pour les tranches supérieurs
de l’impôt général sur le revenu142.
142
Sagou. M et Mourji. F, in politiques économiques pour la croissance dans les pays en voie de développement,
Ed. Wallada, Casablanca, 1989
prédominance des impôts indirects, lesquels représentent toujours plus des deux tiers des recettes
fiscales.
Des économies ont été enregistrées, également, au niveau des dépenses de fonctionnement de
l’Etat, grâce à la réduction des subventions et transferts (3 à 1% du PIB entre 1982 et 1994) et à
la maitrise de la masse salariale (10,5% du PIB en 1994 contre 11,2% en 1982) suite au gel des
salaires et au plafonnement des recrutements au sein de la fonction publique, toutefois,
l’essentiel des économies à été réalisé par le biais de la compression du budget d’équipement ou
de l’allègement de la dette suite à son rééchelonnement.
Un nouveau régime de croissance, moins inflationniste que par le passé, a débuté en 1996 se
caractérisant par une reprise des investissements public et privé, par la consolidation du PIB non
agricole. La tendance ascendante du PIB hors agricole a permis d’amortir les fluctuations da la
production agricole et de réaliser sur la période 1996-1999 une croissance moyenne de 5%. Au cours de
cette période, le solde structurel s’est redressé pour se situer à -0,4% du PIB potentiel avant de devenir
excédentaire en 1999 (2,3 points du PIB potentiel) et ce, parallèlement à une amélioration du solde
conjoncturel (-1,5 % du PIB potentiel en moyenne).
Le profil des finances de l’Etat durant la période 2000-2014 s’explique par les évolutions
ayant marqué aussi bien les recettes que les dépenses suivant les phases suivantes :
A partir de 2001 et jusqu’en 2008, le solde structurel affiche globalement une amélioration et
enregistre un excédent en 2005 (1,9% du PIB potentiel) en même temps que l’économie s’inscrit
dans la phase ascendante du cycle. En moyenne, il se situe à l’équilibre. Lors de cette période, la
composante conjoncturelle explique en grande partie les déficits budgétaires enregistrés.
L’évolution des finances publiques à été, en effet, caractérisée par une phase de consolidation
des recettes fiscales atteignant un pic de 27% de PIB en 2008.
L’analyse du comportement de ces recettes sur cette période a permis de faire ressortir une
sensibilité plus importante à l’activité économique à partir de 2005. L’élasticité est passée de 0,8
sur la période 2000-2004 à 2,1 durant la période 2005 -2008. Cette évolution est liée au
changement de la structure de PIB marqué par l’émergence de secteurs dynamiques (bâtiments et
travaux publiques, postes et télécommunications et activités financières et assurances) 143, ayant
enregistré des hausses importantes des profits et par conséquent des recettes.
143
En moyenne sur la période 2005-2008, le secteur bâtiments et travaux publics, a représenté 6,5% du PIB, celui
des postes et télécommunications a représenté 3,5% du PIB et celui des activités financières et assurances a
représenté 6,1% du PIB.
Graphique 20 : Plus-value des recettes fiscales par rapport aux prévisions de la Loi de Finances
Le développement des recettes fiscales a été accompagné par des transformations profondes au
niveau de leur structure en faveur des impôts directs dont la structure a été marquée par une
mutation en faveur de l’IS. Plusieurs facteurs expliquent ce dynamisme dont, notamment, la
croissance économique, le dynamisme particulièrement marqué des bénéfices des grandes
sociétés ainsi que la croissance de nombre d’entreprises s’acquittant de leurs obligations
fiscales, fruits des efforts de modernisation de l’administration fiscale dans la collecte de impôt
et du renforcement du contrôle. Ainsi, les impôts directs ont représenté 11,9% du PIB en 2008
contre 6,8% du PIB en 2002, soit cinq points du PIB en plus en l’espace de 6ans. Cette mutation
de la fiscalité directe a été suffisante pour compenser largement le recul observé des recettes
douanières qui sont passées de 2,7% à 2% du PIB sur la même période.
Sur la période 2009-2012, bien que la croissance soit légèrement supérieure à son niveau
potentiel, une dégradation du solde structurel est enregistrée parallèlement à une amélioration du
solde conjoncturel. Il se situe en moyenne à -6,7 points du PIB potentiel après un équilibre
enregistré sur la période 2001-2008. Cette aggravation de la composante structurelle est
imputable aux différents facteurs ayant marqué le comportement des recettes et des dépenses au
cours de cette période
En ce qui concerne les recettes, une certains instabilité du rythme de progression des recettes
fiscales a été enregistrée en raison de la conjonction des trois facteurs suivants :
Le premier facteur a trait aux effets de la conjoncture économique sur les différents types
d’impôt. L’élasticité des recettes fiscales par apport au PIB est devenue négative en 2009 (-1,6)
après une sensibilité positive de 2,3 durant la période 2005-2008. Ceci est attribuable au
ralentissement de l’activité économique et la forte récession qu’ont connu les principaux
partenaires économiques du Maroc au lendemain de la crise économique et financière
internationale, notamment, la France et l’Espagne.
Le deuxième facteur se rapporte à la réduction des taux de l’impôt sur les sociétés et de
l’impôt sur le revenu144145.
L’évolution de l’IS, de l’IR et de la TVA a pâti de ces deux facteurs et ont en enregistré des
taux de progression inférieurs à ceux observés durant les années antérieures à 2009. En effet,
après avoir connu des taux d’augmentation continue à deux chiffres entre 2001 et 2008, les
recettes de l’IS et de L’IR ont enregistré des baisses ou des hausses très modérées entre 2009 et
2012. Les recettes générées par la TVA à l’intérieur ont baissé en 2009 et les taux de progression
entre 2010 et 2012 sont nettement inférieurs à ceux des années 2006 et 2008.
Le troisième facteur concerne la baisse des recettes douanières en liaison, notamment, avec la
poursuite du démantèlement tarifaire et le comportement baissier des importations taxables.
Ainsi, on constate un fléchissement des taux de progression des droits de douane et de la TVA à
l’imploration depuis 2009, comparativement aux années 2008 et antérieures.
Parallèlement à la baisse du rendement des recettes fiscales à partir de 2009, les dépenses de
l’Etat se sont inscrites dans un trend haussier. Les évolutions conjoncturelles caractérisant le
contexte national et international ont accentué les pressions exercées sur certain catégories des
144
En 2009, le taux de l’IS a été réduit de 39,6% à 37% pour les institutions financières et de 35% à 30% pour les
autres secteurs d’activité. Quant à l’IR, le taux marginal a été baissé de 42% à 40% pour s’établir à 38% en 2010. Le
seuil exonéré de l’IR a été relevé à 28000 DH en 2009 puis 30000 DH en 2010 contre 24000 DH en 2007 et 18000
DH en 1996.
145
Le manque à gagner en pourcentage du PIB généré par le réaménagement du barème de l’IR était de 0,6% en
2009 et 0,5% en 2010.
dépenses, notamment celles afférentes aux subventions des produits pétroliers et aux transferts
aux établissements et entreprises publiques. A ces dépenses, s’ajoute le poids des dépenses de
personnel qui a poursuivi son rythme de progression en lien, notamment, avec l’impact des
revalorisations salariales dans le cadre du dialogue social qui ont fait supporter le budget de
l’Etat un cout de 32,2 milliards de dirhams sur la période 2008-2011.
En conséquence, les dépenses de l’Etat ont affiché entre 2009 et 2012 une progression
annuelle moyenne de 10%. Pour le seul exercice 2012, ces dépenses ont enregistré une
aggravation de 24 milliards de dirhams comparativement aux prévisions de la loi de finances,
principalement imputable à l’augmentation de la charge de compensation (+22,3 milliards de
dirhams).
Cette situation s’est traduite par un solde ordinaire devenu négatif à partir de 2011, marquant
une rupture avec l’évolution longtemps positive observée depuis 1987, exception faite de
l’exercice 2005 suite à l’impact de l’opération de départ volontaire à la retraite.
La tendance baissière des recettes fiscales ainsi que les pressions exercées sur les dépenses,
particulièrement observées depuis 2011, ont entrainé un rétrécissement des marges budgétaires
de l’Etat. Face à cette situation, un ajustement budgétaire a été opéré à partir de 2013, déduisant
le déficit budgétaire (hors privatisation) de 2,1 et 0,2 points du PIB en 2013 et 2014
respectivement. En conséquence, le solde ordinaire est redevenu positif en 2014, marquant un
retournement de situation.
Cette ajustement budgétaire est imputable en premier lieu à l’amélioration du solde structurel
et, dans une moindre mesure, à l’effet positif de la conjoncture. L’atténuation du déficit
structurel s’est opérée grâce aux mesures prises aussi bien au niveau des dépenses que des
recettes. Des dons ont, également, été mobilisés auprès des pays du conseil de coopération du
Golfe pour une recette totale de 18,3 milliards de dirhams sur ces deux dernières années146.
S’agissant des recettes, des mesures fiscales ont été introduites et portent essentiellement sur
la création de nouveaux impôts et taxes ou sur l’augmentation des taux de ceux déjà existants.
Il s’agit, principalement, de l’institution d’une taxe spéciale sur le sable (50dhs / m3) pour le
sable des dunes, de dragage et des oueds, 20dhs/ m3 sur le sable de concassage), dans le but de
contribuer à l’alimentation du Fonds spécial routier et, l’institution d’une taxe sur le fer à béton
(0,10 DH / Kg) dont le produit est affecté au Fonds de solidarité habitat et intégration urbaine et
enfin l’institution d’une taxe écologique sur la plasturgie (1,5% sur la vente sortie usine et à
l’importation), applicables sur les matières plastiques et les ouvrages en ces matières. En en
remplacement de la TVA sur la livraison à soi-même de construction pour l’habitation
principale, il a été institué une contribution de 60 DH / m2 couvert au profit du Fonds d’Appui
à la cohésion sociale. Ce a bénéficié, en outre, d’une nouvelle recette au titre de la contribution
sociale de solidarité sur les bénéfices et revenus prélevée sur l’IS et l’IR.
Quant aux changements de taux opérés, il a été procédé en 2013 à l’augmentation du taux de
l’IS ou l’IR retenu à la source de 10% à 15% sur le montant des produits des actions, parts
sociales et revenus assimilés ainsi que le tarif sur la taxe spéciale annuelle sur les véhicules
automobiles pour les véhicules dont la puissance fiscale est supérieure ou égale à 11 CV . La
quotité de la taxe intérieure de consommation applicable aux vins a connu, de même, une
augmentation en 2014.147
Néanmoins, ces actions, notamment celles portant sur les recettes du budget général, ont eu
des effets limités puisqu’on constate que les recettes fiscales ont affiché un comportement
modéré au cours des deux dernières années.
146
Elmokri K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P. 75
147
De 500 DH à 700 DH / hectolitres
En ce qui concerne les dépenses, leur rythme de progression a été maitrisé dès 2013 grâce aux
décisions prises au niveau de la compensation et des transferts aux EEF. En effet, face à la
hausse conséquente de la charge de compensation et l’accumulation d’arriérés qui en découle, le
Gouvernement a mis en place, à partir de 16 octobre 2013, un système d’indexation partielle des
prix des produits pétroliers. Il ya lieu de rappeler qu’auparavant, en juin 2012, il a été procédé au
relèvement des prix à la pompe, en répercutent partiellement la hausse du prix de pétrole sur les
prix intérieurs de certains produits énergétiques (essence, Gasoil et Fuel). Et au début de l’année
2014148 il a été décidé de réduire progressivement la subvention du gasoil et de procéder à la
décompensation totale du super et du Fuel industriel.
Grace à ces mesures, la charge de compensation est passé de 56,6 milliards de dirhams en
2012 à 42,4 milliards de dirhams en 2013 puis à 32,7 milliards de dirhams en 2014. Comme il est
illustré ci-dessous.
A noter que la réforme du système de compensation des produits pétroliers a permis d’une
part, d’éviter le dépassement des plafonds arrêtés par les lois de finances, et d’autre part,
d’apurer les arriérés cumulés lors des années antérieures au titre de la compensation.149
Cet effort budgétaire de l’ordre de 1,9 et 1,2 points de PIB, respectivement en 2013 et 2014,
explique en grande partie la réduction de déficit budgétaire au cours de ces deux dernières
années.
Par ailleurs, le suivi de l’exécution de budget au cours de l’année 2013 a révélé, dès le premier
trimestre, une accélération au niveau de l’exécution des dépenses contre une diminution dans le
recouvrement des recettes, chose qui pouvait ramener, en cas de non prise de mesures
immédiates, au creusement de déficit budgétaire après le niveau de 7% du PIB enregistré en
2012. Pour pallier cette situation, il a été décidé en avril 2013 de donner la priorité dans
l’exécution des dépenses d’investissement, à l’assainissement des crédits reportés pesant
lourdement sur le budget de l’Etat, en procédant à la coupe de 15milliards de dirhams des crédits
148
Arrêté du chef de Gouvernement numéro 3.01.14 du 15 janvier 2014
149
Projet de loi de finances pour l’année budgétaire 2016, rapport sur la compensation, p. 16
ouverts au titre de la loi de finances 2013, tout en tenant compte de la capacité de gestion des
ordonnateurs et des priorités des projets en cours de réalisation.
Cette décision de gel d’une partie des crédits d’investissement a été accompagnée d’une autre
mesure prise en fin d’année fixant le délai d’acceptation des propositions d’engagement, au titre
des crédits d’investissement du budget général et des budgets des services de l’Etat gérés de
manière autonome et comptes spéciaux du trésor, à la date de 31 octobre 2013
Grace à ces mesures, les dépenses de l’Etat ont enregistré un repli de 3,4% en 2013 et une
progression modérée de 2% en 2014, traduisant un effort de maitrise comparativement à la
progression annuelle moyenne affichée sur la période 2009-2012 soit 10,3%.
A : Impulsion budgétaire
150
Projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2016, rapport économique et financier, P. 109
Au cours des années 80 et jusqu’au milieu des années 90, l’impulsion budgétaire affiche une
volatilité par apport à l’écart de production. Les actions de l’Etat, tant au niveau des recettes que
des dépenses, étaient régies lors de cette période par la nécessité de rétablir l’équilibre
budgétaire. Au cours des premières années de la décennie 2000 correspondant au début d’une
phase de ralentissement, le Maroc a mené une politique budgétaire restrictive. A partir de 2006 et
jusqu’en 2012, la politique budgétaire a été expansive bien que la croissance est en dessus de sa
tendance de long terme. Ceci s’explique par l’intensification de l’effort de l’investissement au
cours de cette période à laquelle s’ajoute le poids des subventions ayant pris un caractère
structurel.
En 2013 et 2014, la politique suivie était plutôt restrictive et vise à freiner la dégradation du
déficit budgétaire.
Le graphique suivant montre que l’évaluation du solde primaire structurel présente la même
tendance que la composante structurelle totale.
En outre, le non prise en compte des charges en intérêts de la dette ne change en rien la lecture
faite de l’orientation de la politique budgétaire pratiquement sur toute le période sous revue,
étant donné que la variation du solde structurel total et primaire, ont le même sens, positif ou
négatif151.
151
Le «Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’Union Economique et Monétaire», du 30
janvier 2012 a introduit une règle d’équilibre structurel des budgets des administrations publiques : le déficit
structurel, corrigé des variations de la conjoncture, ne devra pas excéder 0,5% du PIB sur le cycle économique
La mise en place d’une règle budgétaire sur la base d’un solde budgétaire ou primaire
structurel se heurte à plusieurs limites.
La notation de « solde structurel » telle qu’a été détaillé ci-dessus ne présente pas une mesure
pertinente de l’orientation de la politique budgétaire. En effet, la mesure du solde structure est
sujette à caution pour de nombreuses considérations. La première réside dans la sensibilité du
solde structurel à la mesure de la position de l’économie dans le cycle. Comme l’hypothèse
retenue en supposant que les recettes fiscales évoluent sensiblement à l’activité économique
n’est pas vérifiée à court terme, l’évaluation du solde structurel ne permet pas alors de retracer
parfaitement la part de l’évolution du solde budgétaire imputable aux décisions discrétionnaires
des pouvoirs publics. En effet, les hypothèses d’évaluation sous-jacentes consistent à répercuter
les fluctuations de court terme des élasticités des recettes fiscales entièrement en variations du
solde structurel alors que celles-ci ne relèvent pas d’une décision discrétionnaire, c'est-à-dire
elles ne sont pas contrôlées par les autorités budgétaires.
A cela s’ajoute un éventuel biais dans le calcul même de ces élasticités dans la mesure où les
recettes recouvrées pourraient intégrer des rentrées au titre des exercices antérieurs et donc non
rattachées au niveau de la base taxable de l’exercice en question.
Les évolutions tendancielles (hors mesures) des dépenses peuvent progresser sur des
tendances plus rapides que le potentiel d’offre de l’économie, ce qui participe mécaniquement à
la dégradation structurelle du solde. Par ailleurs, à court terme, les élasticités utilisées entre les
recettes et activité ne sont pas toujours vérifiées. Pour ces raisons, le solde structurel est une
mesure imparfaite de l’effort discrétionnaire lié aux décisions de la politique économique152.
Afin de mieux cerner l’impulsion discrétionnaire donnée aux finances publiques, il est
proposé de tenir compte des mesures nouvelles en recettes et en dépenses, ce qui permet
d’estimer l’effort de redressement dans la variation du solde structurel. Le résidu entre le solde
structurel et l’effort de redressement mesure dès lors les fluctuations du solde structurel qui
échappent, par nature, au contrôles des autorités budgétaires et ne relèvent donc pas d’une
décision discrétionnaire (effet d’élasticité, revalorisations…).
152
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P.79
La seconde limite de la notion du solde structurel est lée aux incertitudes qui entourent les
évaluations de croissance potentielle et de l’output gap pour le cas du Maroc. La détermination
de la composante tendancielle de la croissance de l’économie marocaine, selon l’approche
statistique, fait apparaitre les effets des grands chocs sur la croissance et souligne les différentes
modes de croissance durant la période étudiée. Cependant, l’opacité économique des méthodes
statistiques utilisées nécessite une approche économique da la croissance tendancielle. La
difficulté principale de l’approche « structurelle » qui repose sur une fonction de production
concerne le traitement des facteurs potentiels de production, travail et capital, et l’évaluation de
la tendance potentielle de la production globale des facteurs.
Pour résumer, la crise financière internationale et les répercutions qui en ont découlée,
notamment sur les finances publiques, ont amené les pouvoirs publics des différents pays à
repenser les règles budgétaires en vigueur, portant uniquement sur le solde budgétaire et la dette
publique généralement. Celles-ci ont, en effet, montré leurs limites quant au respect de la
discipline budgétaire qu’elles imposent aux états. En conséquence, certains pays ont adopté le
solde structurel comme règle d’équilibre budgétaire, en plus d’un seuil pour la dette publique, tel
est le cas pour les pays de l’Union Européenne153. Cette règle d’équilibre structurel impose un
équilibre sur l’ensemble du cycle économique, les excédents des années de forte croissance
compensant les déficits des années de faible croissance.
Concernant le Maroc, les évaluations faites dans la cadre de ce travail montrent que la
considération du solde structurel comme règle budgétaire pousse à réfléchir sur la capacité de
l’Etat à profiter de la phase de haute du cycle pour réduire le déficit et, par conséquent, la datte.
A cela s’ajoutent les limites relatées ci-dessus qui caractérisent cette évaluation de la composante
structurelle du solde budgétaire.
Conclusion de chapitre II :
Pour conclure, depuis ces cinquante dernières années, les grandes masses budgétaires que sont
les recettes et dépenses de l’Etat ont subi une évolution contrastée et périodique, imputable aux
différents plans de relance et d’austérité de même qu’à la conjoncture économique nationale et
internationale. En effet, ces évolutions ont débuté par une augmentation progressive des
dépenses avec une prédominance des dépenses de fonctionnement, en suite, et dans le but de
réaliser un décollage économique, le Maroc a adopté un plan quinquennal qui a connu une
explosion des dépenses d’investissement par apport aux dépenses de fonctionnement. Cependant,
ce plan à dirigé le Maroc vers une aggravation insoutenable des dépenses publiques, en
conséquence, un nouvel plan d’assainissement budgétaire connu sous le nom du plan
d’ajustement structurel (PAS) aboutissant à une réduction drastique des dépenses
d’investissement.
153
Elmokri. K, Ragbi. A et Tounsi. S, politique budgétaire et croissance de l’activité au Maroc : une analyse
quantitative, OCP Policy Center, Rabat, Mai 2015, P.80
Concernant les recettes budgétaires, leurs évolution est compris entre l’augmentation et le
repli, en effet, durant le début de période, les recettes ont connu une croissance régulière grâce au
bon comportement des impôts directs et les droits de douanes, en deuxième lieu, et avec
l’explosion des dépenses publiques et le recours à l’emprunt extérieur, cette croissance a
poursuivi pour réaliser des chiffres exceptionnels avec le programme de privatisation adopté
dans les années 90.
Par ailleurs, l’ampleur et le signe de l’impact de la politique budgétaire sur la croissance est
matérialisé, théoriquement, par leur l’évaluation temporelle. Concernant le Maroc, les
évaluations faites dans la cadre de ce travail montrent que la considération du solde structurel
comme règle budgétaire pousse à réfléchir sur la capacité de l’Etat à profiter de la phase de haute
du cycle pour réduire le déficit et, par conséquent, la datte. A cela s’ajoutent les limites relatées
ci-dessus qui caractérisent cette évaluation de la composante structurelle du solde budgétaire.
Nous venons de présenter dans ce qui précède, une rétrospective des politiques budgétaires
marocaines depuis cinquante années. Ce découpage historique sous forme de période nous a
permis d’observer les cycles conjoncturels de l’économie marocaine. Ces derniers sont
relativement significatifs dans la mesure où l’économie marocaine a évolué dans un contexte
conjoncturel guidé par des chocs internes et externes. Par suite nous analyserons au moyen d’un
modèle VAR, l’impact des chocs budgétaires de recettes et dépenses publiques sur l’activité et
sur les composantes de la demande globale. C’est effectivement l’objectif du troisième chapitre.
Introduction :
Le pédagogue, journaliste et écrivain français August Guyard avait affirmé « La théorie
quoi qu’on en dise, est le chemin le plus long pour arriver à un but, c’est une lumière allumée
dans le vide des faits. La pratique, au contraire, renferme toujours la théorie qui sort
naturellement de la pratique comme la flamme sort du feu »154, partant de cette assertion nous
nous proposons de combiner la théorie et la pratique dans notre travail.
A cet égard, dans le présent chapitre on va valoriser tous ce qui a été dit dans la partie
théorique. Précisément, on va analyser, de manière descriptive et économétrique, l’impact de la
politique budgétaire sur la croissance économique au Maroc.
Dans ce cadre, notre vérification empirique va concerner des données annuelles sur la période
allant de 1970 à 2014, qui seront analysées via le Logiciel Eviews. Ainsi, la modélisation utilisée
dans la présente étude sera débutée par une représentation exhaustive des variables utilisées ainsi
que leurs spécificités en termes de stationnarité (section1), puis, une représentation de VAR155
(section 2), pour arriver en dernier lieu aux tests de stationnarité et de cointégration.
L’utilisation d’une modélisation VAR dans un travail exige et nécessite des séries
stationnaires. C’est pour cette raison qu’on va consacrer une partie importante de cette section à
l’étude de la stationnarité des séries utilisées (paragraphe 2) mais avant, il est nécessaire de
présenter et d’analyser l’évolution de ces variables (paragraphe1).
154
Www. Mon. Poeme. Fr/ citations-august guyard/
155
Vector AutoRegressive, généralisation des modèles autorégressifs (AR) au cas multivarié.
Le premier est constitué de quatre variables principales permettant d’évaluer directement les
effets de la politique budgétaire sur l’activité économique ;
Les séries utilisées dans ce travail sont annuelles (Cf. Annexe 1), pour la plupart en
pourcentage du PIB, afin de mieux mettre en évidence leurs variations et leurs corrélations, et
couvrent la période 1970-2014, quant à la croissance économique elle est mesurée par la
croissance du PIB exprimée en volume.
Concernant l’évolution de ces variables, les graphiques ci-dessous nous permettent d’observer
le comportement des ces variables en niveau tout au long de la période d’étude pour le Maroc
(1970-2014).
CE DPUB/PIB
15 40
10 36
5 32
0 28
-5 24
-10 20
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
IP/PIB PF
24 28
20 26
24
16
22
12
20
8
18
4 16
0 14
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
TINF XN/PIB
15.0 5
12.5 0
10.0 -5
7.5 -10
5.0 -15
2.5 -20
0.0 -25
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
A travers l’analyse visuelle des graphiques ci-dessus on peut avancer les conclusions suivantes :
- La croissance économique en volume évoluait entre -7% et 12% durant la période 1970-
2014. D’ailleurs, cette série brute n’a pas une tendance générale à la hausse ou à la baisse
comme les autres séries. De ce fait, il y a une grande probabilité d’être stationnaire en
tendance. Il convient de s’assurer de cette hypothèse à travers la mise en œuvre des
différents tests de racine unitaire ;
- Les dépenses publiques totales réalisaient leur grand niveau en 1977 (avec presque 40%
du PIB) et leur bas niveau en 17971 (22% du PIB). Ainsi, cette variable a connu une
augmentation importante sur la période allant de 1970 à 1983 pour tracer une tendance à
la baisse par la suite jusqu’à l’année 2008 où elle a recommencé d’augmenter à nouveau
jusqu’à la fin de l’échantillon ;
- L’investissement public a connu une augmentation forte durant la période allant de 1970
à 1982 pour retourner à la baisse par la suite jusqu’à l’année 2008 où elle a recommencé
d’augmenter à nouveau jusqu’à 2012 pour se stabiliser jusqu’à la fin de l’échantillon.
En bref et après cette première vue sur les séries brutes on peut dire que ces dernières ne sont
pas stationnaires en niveau (sauf pour le taux de croissance du PIB en volume où il existe un
risque de stationnarité en niveau). Il convient donc de s’assurer de cette hypothèse à travers la
mise en œuvre des différents tests de racine unitaire, mais avant tout il s’avère opportun de
mettre une analyse descriptive des séries à travers l’analyse de leurs statistiques descriptives.
Les statistiques descriptives des données réunissent l’ensemble (moyenne, médiane, valeur
minimale, valeur maximale, écart-type) qui nous permet d’avoir une idée sur le niveau de risque
et l’évolution des données au fil du temps. Et pour les coefficients « Skewness », « Kurtosis » et
la statistique du test de « Jarque Bera » nous permet de tester la normalité des séries étudiées.
Aussi, le test de « Jarque Bera » est un test de normalité de la distribution, dont l’hypothèse
nulle est la normalité des données. Une valeur élevée de la statistique du test (valeur calculée
supérieure à la valeur tabulée de Khi- deux) permet de rejeter cette hypothèse.
Le tableau que nous exposons ci-dessous est une représentation des statistiques descriptives des
variables étudiées :
Statistique descriptives
D’après le tableau ci-dessus, on constate que les variables étudiées présentent des fluctuations
parce que les variables possèdent un écart-type plus au moins important, mais l’exploration nette
possède le risque le plus élevée, ceci est logique puisque son évolution est tributaire à la situation
des partenaires demandant les produits marocains.
Le coefficient de « Skewness » qui est différent de zéro, indique la présence d’asymétrie vers
la droite pour trois séries (DPU, IP, PF, TINF) et vers la gauche pour les autres (CE, XN) ce qui
contredit le critère d’une distribution linéaire gausinne.
Aussi, la statistique du test de « Jarque-Bera » présente une valeur élevée pour trois séries
(DPU, IP, TINF) donc on rejette l’hypothèse nulle ce qui confirme la non stationnarité des
données étudiées.
Généralement, Pour étudier la stationnarité des variables utilisées dans une étude
économétrique, on doit recourir à deux catégories des tests les plus utilisés, encore aujourd’hui,
dans les travaux économétriques à savoir les tests de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de
Phillips Perron (pp) dont l’hypothèse nulle est la non stationnarité et le test de Kwiatkowski-
Phillips-Schmidt-Shin (KPSS) dont l’hypothèse nulle est contrairement aux deux premiers, la
stationnarité156 .
Mais avant de mettre en œuvre ce test sur les variables utilisées, il s’avère important de présenter
dans ce qui suit les règles de décision de ces tests.
a) Le test ADF
Au terme d’une procédure séquentielle, nous testons l’hypothèse nulle de racine unitaire (non
stationnarité) en comparant le t-statistique de ϕ aux valeurs tabulées par Dickey et Fuller. La
règle de décision est la suivante :
- Si le t-statistique est inférieur à la valeur critique, on rejette l’hypothèse nulle. La série est
donc stationnaire.
- Si le t-statistique est supérieur à la valeur critique, on accepte l’hypothèse nulle de
présence de racine unitaire. La série est donc non stationnaire.
b) Test PP
156
Ait.Oudra. M, la modélisation des séries non stationnaires, la théorie de la cointégration : application à la
demande de monnaie au Maroc, Thèse de Doctorat, Sciences économiques, Université sidi Mohamed ben abdellah,
FSJES-Fès, 2006, p. 92
157
Le test de Dickey- Fuller Augmenté a été proposé pour améliorer le test de Dickey-Fuller en prenant en compte
le fait que les erreurs ne soient pas des bruits blancs mais être corrélées.
c) Test KPSS :
Le test KPSS (1992) apporte une spécificité par rapport aux précédents tests en
décomposant la série en une somme d’un trend déterministe, d’une marche aléatoire et d’un
terme d’erreur ᶓt stationnaire. A la différence également des autres tests, nous testons
l’hypothèse nulle d’absence de racine unitaire en comparant le t-statistique de Ƞ aux valeurs
tabulées par Kwiatowski et al. (1992). La règle de décision est la suivante :
Il s’agit ici de tester si les séries brutes, prises individuellement, présentent au moins une
racine unitaire. En d’autre terme, si elles ne sont pas stationnaires lorsqu’elles sont considérées
en niveau.
Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, nous allons utiliser le test de racine unitaire à
l’occurrence d’ADF et PP. toutefois, pour trancher avec les contradictions dans les résultats de
ces derniers, nous devons procéder aux tests de KPSS sur les variables concernées.
Le tableau ci-après résume les résultats de test ADF et PP appliqués sur les séries en niveau :
Avec :
DP 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -
IP 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -
XN 2 - - I(1) - - I(1)
3 - - - -
D’après le tableau ci-dessus, on peut dire que tous les résultats obtenus confirment les
conclusions déjà avancées, à ce propos, à partir de la visualisation des graphiques traçant
l’évolution des variables étudiées. A cet égard, les deux tests menés montrent que l’hypothèse
de non-stationnarité ne peut être rejetée au seuil de 5% pour les cinq séries suivantes : DP, IP,
PF, XN et TINF. Toutefois, il convient de signaler les résultats contradictoires obtenus à propos
de la série de taux de croissance du PIB en volume (CE). En effet, le test de Dickey-Fuller
Augmenté montre que celle-ci est non stationnaire, seulement pour le modèle sans constante et
sans tendance, tandis que le test de Phillips-Perron est en faveur de l’hypothèse de stationnarité.
Donc, pour trancher à propos de résultat du taux de croissance du PIB en volume, il s’avère
obliger de mettre en œuvre un troisième test dont l’hypothèse nulle, cette fois ci, est la
stationnarité. Il s’agit du test Kwiatkowski-Phillips-Schmidt-Shin (KPSS). Les résultats obtenus
sont reportés dans le tableau suivant :
D’après le tableau, il apparait que la série de (CE) est stationnaire en niveau, donc intégrée d’ordre 0
(I(0)), confirmant l’hypothèse de l’analyse visuelle de la tendance de cette série.
Pour tester l’existence de deux racines unitaires dans les variables étudiées, les trois tests
seront appliqués sur celles-ci différenciées une seule fois158. Quant aux résultats obtenus, ils sont
reportés dans les tableaux suivants :
158
Pour une visualisation graphique des séries étudiées après leur première différentiation Cf. L’annexe
-7.162156 -3.518090
1 -3.808229 -3.523623
-7.200929 -2.931404
2 -7.199927 -2.931404 I(0) I(0)
DDP
-7.271182 -1.948686
3 -7.270391 -1.948686
-6.473700 -3.518090
1 -3.926084 -2.926084
-6.549795 -2.931404
2 -3.015447 -2.938987 I(0) I(0)
DIP
3 -3.045357 -1.949609 -6.640024 -1.948686
-15.01171 -3.518090
1 -7.820196 -3.518090
-12.74499 -2.931404
2 -7.907576 -2.931404 I(0) I(0)
DPF
-9.681124 -1.948686
3 -7.935448 -1.948686
-7.375623 -3.518090
1 -4.889254 -3.520787
-7.482833 -2.931404
2 -7.076299 -2.931404 I(0) I(0)
DXN
-7.288571 -1.948686
3 -7.055965 -1.948686
-11.66558 -3.518090
1 -11.66558 -3.518090
-12.22413 -2.931404
DTINF 2 -11.68910 -2.931404 I(0) I(0)
-12.36874 -1.948686
3 -11.82680 -1.948686
Tableau n°16 : Résultat du test KPSS sur les séries en différence première :
1 0.107577 0.463000
DDP I(0)
2 0.099110 0.146000
1 0.085315 0.463000
DIP I(0)
2 0.085242 0.146000
1 0.210747 0.463000
DPF I(0)
2 0.210092 0.146000
1 0.118705 0.463000
DXN I(0)
2 0.113635 0.146000
1 0.060533 0.463000
DTINF I(0)
2 0.067031 0.146000
Le résultat illustré dans les tableaux ci-dessus indique qu’on peut se prononcer en faveur de
l’absence d’une deuxième racine unitaire dans les six séries : CE, DP, IP, PF, XN et TINF. En
effet, le test de racine unitaire montre que ces variables sont stationnaires en première
différentiation et intégrées d’ordre 1 (I(1)). Toutefois, la variable de (CE) est stationnaire en
niveau donc intégré d’ordre 0 (I(0)).
En résume, on a enregistré que les variables utilisées dans ce travail ne sont pas intégrées de
même ordre, ce qui affirme une absence de relation de cointégration entre les variables159.
Pour cette raison et afin de mener notre analyse, on va utiliser un modèle VAR standard au lieu
d’un modèle vectoriel à correction d’erreur (VECM)160.
159
La cointégration décrit la véritable relation à long terme existante entre deux ou plusieurs variables.la
cointégration réside dans deux conditions : Tout d’abord l’intégrité des séries au meme ordre et la combinaison
linéaire des séries donne une série d’ordre d’intégrité inférieur ou égale à la différence en valeur absolue de l’ordre
d’intégrité des séries à étudier. Pour plus de detail Cf. AIT OUDRA M. (2006), la modélisation des séries non
stationnaires, la théorie de la cointégration : application à la demande de la monnaie au Maroc, Thèse de Doctorat,
sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès.
159
On peut utiliser l’abréviation anglo saxonne « Vector Error Correction Model ».
Donc, après cette première étape de stationnarité des variables, qui est une condition
obligatoire pour l’estimation d’un modèle VAR, on passe maintenant à l’estimation, à la
validation et à l’interprétation du modèle VAR qui feront l’objet de la section suivante.
Donc pour l’obtention d’un modèle économétrique qui mérite une interprétation économique,
on va passer par deux étapes principales, tout d’abord, l’estimation du modèle et ensuite sa
validation à l’aide d’un ensemble des tests de diagnostic.
En pratique, un modèle VAR peut être estimé par plusieurs méthodes selon les vas de figures
qui se présentent :
- Par la méthode des MCO : si les variables sont stationnaires, chacune des équations du
VAR peut être estimée indépendamment par la MCO.
- Par la méthode de maximum de vraisemblance si les résidus suivent une loi normale.
- Par la méthode de Yulle-Walker (méthode récursive) utilisant les autocovariances ;
- Par la méthode SUR : si les équations du VAR ne contiennent pas la même nombre de
variables explicatives ;
Pour la présente étude, les six variables sont stationnaires, nous procédons par une estimation
par la méthode des MCO.
Avant d’estimer un modèle VAR, il faut s’assurer tout d’abord qu’il y a une causalité entre
les variables étudiées.
Une étape importante dans la modélisation VAR consiste à étudier la causalité entre les
variables utilisées. Traditionnellement, l’indépendance entre les variables peut s’exprimer par
161
Pour plus de détails sur la modélisation VAR Cf.L’annexe 3.
des coefficients de corrélation élevés entre celles-ci. La matrice de corrélation entre les variables
en niveau se présente comme suit :
On constate, donc, qu’il y a une corrélation (positive/négative) plus ou moins forte entre la
majorité des variables. Ainsi, la variable dépendante CE, s’avère corrélée positivement avec les
dépenses publiques, l’investissement public et négativement avec la pression fiscale et les
exportations nettes. Ces résultats sont économiquement validés et logiques (principalement pour
la théorie économique keynésienne).
Toutefois, la vérification des relations par une simple analyse de corrélation ne peut en aucun
cas affirmer l’existence ou l’inexistence des relations causales, et moins encore leurs sens162.
Pour cette raison, on va procéder au test de causalité au sens de Granger. Mais avant cette phase,
on doit déterminer le nombre de retard optimal.
162
El Hafidi. M, De la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble de variables de l’économie française, Thèse de troisième cycle, Sciences Economiques, Université d’AIX-
MARSEILLE II, Faculté des Sciences Economiques, 1982,P.140
Il ressort de tableau ci-dessus, lorsqu’on se base sur le minimum des quatre critères cités en
haut, le SC et HQ jugent le retard 0 comme retard optimal (logiquement il est impossible de le
prendre), PPE choisis le retard 1 comme retard optimal du modèle VAR. tandis que AIC choisis
le retard 3 comme retard optimal. Donc on conserve le modèle VAR6(3) pour les tests de
validation du modèle. Mais avant cette étape il est opportun de procéder au test de causalité au
sens de Granger sur les variables de notre étude.
163
Ait Oudra. M, les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables macroéconomiques marocaines,
238,f. dactyl. Mémoire de D.E.S, Sciences économiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès,
1997, p.25
164
El Hafidi. M, de la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble des variables de l’économie française, op, cit, p. 140.
À ce niveau, la causalité au sens de Granger consiste à voir comment une variable courante
peut être expliquée à partir de ses valeurs passées et comment l’introduction des valeurs passées
d’une nouvelle variable aide à sa prédiction. En d’autres termes, on dira que X cause Y si la
prévision de Y fondée sur la connaissance des passées conjoints de X et de Y est meilleure que
la prévision fondée sur la seule connaissance du passé de Y165.
Les variables ayant un lien de causalité significatif. Les tests de causalité réalisés permettent
de mettre en évidence le sens de la relation causale entre des variables, deux à deux. Aux seuils
de significativité de 5% et de 10%, si la valeur théorique du test est inférieure à la valeur
empirique de la statistique, l’hypothèse de nullité est rejetée. Dans ce cas, il existe un lien de
causalité entre les deux variables testées.
Le tableau ci-dessous représente les liens de causalité entre les différentes variables du modèle :
165
Lardic. S et Mignon. V, économétrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, ECONOMICA,
Paris, 2002, p. 99-100.
L’intéressant pour notre étude c’est d’étudier les variables de la politique budgétaire qui
causent la croissance économique du pays. Commençons par tester l’hypothèse nulle selon
laquelle les dépenses publiques (DDP) ne causent pas la croissance économique (CE).
Toutefois, pour que seul le multiplicateur des recettes soit concerné, il faudrait que ces
anticipations de la politique budgétaire se forment plus facilement côté recettes que côté
dépenses. Or, plusieurs arguments plaident en faveur d’une telle asymétrie. D’une part, les
annonces de mesures nouvelles touchant les prélèvements obligatoires sont en général plus
retentissantes que celles touchant les dépenses en biens et services des administrations : les
ménages anticiperaient plus facilement les premières que les secondes. D’autre part, les recettes
fiscales et sociales sont intégralement individualisables, contrairement aux dépenses publiques
dont une part est collective, comme les dépenses de sécurité, de justice ou militaires par exemple
(les ménages se préoccuperaient plus – et donc l’anticiperaient plus – d’une baisse des impôts
que du recrutement de nouveaux fonctionnaires).
Pour les exportations nettes (DXN), causent au sens de Granger la croissance économique.
Ce qui va dans le même sens avec la théorie économique et aux spécificités de l’économie
marocaine dont la majorité de ses importations sont des importations incompressibles liées à la
dynamique de l’activité économique. La même chose pour le taux d’inflation (TINF).
Ainsi, au seuil de 5% et 10%, il y a une relation causale entre les dépenses publiques et les
exportations nettes confirmant une autre faiblesse de l’économie marocaine qui correspond à une
des limites de la politique budgétaire marocaine à savoir : la contrainte extérieure qui est liée à
l’ouverture de notre économie aux échanges internationaux.
Donc, en augmentant les dépenses publiques et la demande, les importations s’augmentent (le
mécanisme du multiplicateur keynésien joue au profit des seuls agents économiques étrangers et
pénalise les agents domestiques). Pour le Maroc, le mécanisme de multiplicateur joue donc en
sens inverse.
Pour récapituler, on constate qu’il existe des liens de causalité au sens de Granger, entre des
couples de variables étudiées principalement entre les variables de type budgétaire et la
croissance économique.
Comme on a déjà déterminé, le modèle qu’on va estimer ici est un modèle VAR à six
variables et a 3 retard (VAR6(3)).
Les résultats de l’estimation du modèle qui sont résumés dans le tableau de l’annexe
indiquent les conclusions suivantes :
- Les variables (CE (-3), DDP (-2), DIP (-1), DXN (-3)) dépendent et expliquent
positivement la croissance économique. Donc, cette dernière peut être influencée
positivement par les valeurs retardées de ces variables. Par exemple, si la variable DDP (-
2) augmente d’un DH, alors que les autres variables sont fixées, la variable dépendante se
verra augmenter, en moyenne de 0,53 DH. Toutefois, la variable
DIP (-2) dépend négativement au taux de croissance de croissance de PIB, mais cette
même variable retardée d’une période DIP (-1) dépend positivement à la variable
dépendante.
- En relation avec la variable exportation nette : DXN, nous constatons que CE (-1), CE (-
3), DDP (-3), DPF (-2), DTINF (-1), DXN (-2) et DXN (-3) sont plus ou moins
significatives de manière individuelle. Dans la mesure où la valeur donnée par la table de
Student au seuil de 5% est proche de 2.
- La variable DDP (-3) dépend et explique négativement l’exportation nette (la même
chose pour DDP (-1) et DPP (-2)). Donc, ce dernier peut être influencé négativement par
les valeurs retardées de cette variable. A ce niveau, si la variable DDP (-3) augmente
d’un DH, alors que les autres variables restent fixées, la variable d’exportation nette se
verre diminuer, en moyenne de 0,41 DH.
Ces conclusions nous amène à dire que les résultats de l’estimation de ce modèle sont
cohérents avec la théorie économique correspondante à la situation des pays en voie de
développement dont le Maroc y fait partie. Dans la mesure où on trouve une relation positive
mais faible entre la croissance économique et les dépenses publiques et une relation inverse entre
ces dernières et l’exportation nette, affirmant une faiblesse de la compétitivité et du
multiplicateur budgétaire166 au Maroc. Néanmoins, on enregistre une relation douteuse reliant
l’investissement public et la croissance.
L’étape de validation du modèle consiste à tester si les résidus du modèle estimé sont des
bruits blancs.
On va maintenant vérifier si les résidus du modèle VAR6(3) sont vraiment des bruits blancs.
Pour valider ce modèle estimé nous faisons appel aux tests de diagnostic suivants : test de
stationnarité global du modèle, test bruit blanc des résidus, test d’absence d’autocorrélation des
erreurs, test d’hétéroscédasticité des erreurs et test de normalité des résidus.
Un modèle VAR est dit globalement stationnaire lorsque toutes les valeurs de module sont
strictement inférieurs à un ou si leurs inverses sont toutes situés à l’intérieur du cercle unité.
Le test de stationnarité global ci-après donne la représentation graphique des inverses des
valeurs propres du modèle.
166
Les multiplicateurs budgétaires mesurent l’influence de la variation des dépenses sur le revenu national.
1.0
0.5
0.0
-0.5
-1.0
-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
La ci-dessus montre que tous les inverses des valeurs propres du modèle sont à l’intérieur du
cercle unité et toutes les valeurs sont inférieurs à un167. Donc, on peut confirmer que notre
modèle VAR6(3) est globalement stationnaire.
Le test de bruit blanc des résidus du modèle nous révèle que les résidus suivent bel et bien un
bruit blanc. On peut vérifier cette hypothèse à travers les corrélogrammes simples et partiels des
résidus et le test de Ljung-Box. Le tableau ci-dessous donne les résultats du test de bruit blanc
effectué sur les résidus du modèle estimé (on présente ci-après les résultats du test sur les résidus
relatifs à l’équation de la croissance économique en volume seulement, concernant les autres
résultats relatifs aux équations de : dépenses publiques, investissement public, pression fiscale,
taux d’inflation et exportation nette ; ils sont répertoriés dans
L’annexe n° 6.
167
Voir annexe n° 5
Il ressort de ces corrélogrammes (et des corrélogrammes de l’annexe 6) que tous les résidus
sont des bruits blancs, parce que tous les termes des corrélogrammes sont dans l’intervalle de
confiance et leurs statistiques Q (Ljung-Box) ont des probabilités critiques supérieures à 5%.on
accepte donc l’hypothèse que les résidus du modèle estimé sont des bruits blancs jusqu’à l’ordre
20.
Règle de décision
Si la p-value < 5% alors on rejette H0 au seuil de 5% et donc les résidus sont autocorrélés à
l’ordre p.
D’après le tableau ci-dessus, on constate que toutes les probabilités (pour K=12) sont
largement supérieures à 0,05 (seul critique d’acceptation de l’hypothèse H0), donc il n’y pas
d’autocorrélation des résidus jusqu’à l’ordre 12.
VAR Residual Heteroskedasticity Tests: No Cross Terms (only levels and squares)
Date: 09/05/16 Time: 17:39
Sample: 1970 2014
Included observations: 41
Joint test:
Chi-sq df Prob.
Individual components:
Il ressort du tableau ci-dessus que les résidus du modèle estimé sont homoscédastiques, car la
probabilité de la F-statistic, qui est égale à 0,5880 est supérieure à 5% (seuil critique). On peut
affirmer donc que les résidus de notre modèle sont à variance constante.
Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et aussi pour effectuer les tests de
Student sur les paramètres, il convient de vérifier la normalité des erreurs. Le test de « Jarque-
Ainsi, cette statistique suit asymptotiquement une loi du Khi-deux à 2 degrés de liberté.
Les résultats du test de normalité, au sens de « Jarque-Bera », sur les résidus du modèle sont
résumés dans le tableau suivant :
L’application du test de Jarque-Bera sur les résidus de notre modèle VAR estimé a permis de
rejeter complètement l’hypothèse de normalité au seuil de 5 % : J-B=24,61716 >khi-deux0, 05
(2ddl) =5.991(la probabilité associée à ce test étant inférieure à 5%). Donc, les résidus du modèle
VAR6(3) sont des bruits blancs non gaussiens.
En somme, les résultats des différents tests de diagnostic convergent vers la validité de notre
modèle VAR6(3). La non significativité de quelques coefficients du modèle estimé ne remet pas
en cause la validité globale du modèle.
168
Bourbonnais. R, Économétrie : Manuel et exercices corrigés, 3ème Édition, DUNOD, Paris, 2000, p. 226.
Ce modèle VAR va nous permettre d’analyser les effets de la politique budgétaire sur la
croissance économique, c'est-à-dire les impacts des chocs budgétaires sur l’activité économique
au Maroc, cela au travers de simulations de chocs (impulsions) aléatoires et de la décomposition
de la variance de l’erreur. Ces deux méthodes viennent compléter l’analyse de la causalité et en
constituent une extension169. D’un point de vue économique, il s’agit de donner une estimation
de l’impact des chocs budgétaires sur la croissance économique et la balance commerciale
marocaines.
Dans les applications empiriques, une des principales utilisations des processus VAR réside
dans l’analyse de réponse impulsionnelle170. La fonction de réponse impulsionnelle représente
l’effet d’un choc d’une innovation sur les valeurs courantes et futures des variables endogènes171.
Un choc sur l’ième variable peut affecter directement cette ième variable, mais il se transmet
également à l’ensemble des autres variables au travers de la structure dynamique du VAR.
Donc, l’analyse d’un choc consiste à mesurer l’impact de la variation d’une innovation sur les
variables172.
L’annexe 7 présente l’ensemble des résultats à un horizon de 10 ans obtenu pour simulation
de Monte Carlo avec 100 tirages. La figure pleine représente la moyenne à chaque date des
simulations, alors que les lignes en pointillés représentent l’intervalle de confiance 2+/- l’écart
type de l’erreur d’estimation.
D’une part et d’après les trois premiers figures de l’annexe 7, on peut constater que les
courbes relatives à la croissance économique partent de l’origine ce qu’indique d’un choc sur les
variables de la politique budgétaire, dans notre étude : dépenses publiques, investissement public
et pression fiscale, n’a pas de répercussion contemporaine sur la croissance économique , ce qui
est conforme à la théorie économique, dans la mesure où une politique budgétaire expansionniste
peut affecter directement les composants de la demande, toutefois, elle prend un espace de temps
avant d’impacter la dynamique de l’activité économique à travers la canal de la demande
globale.
169
Ait Oudra. M, Les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables macroéconomiques marocaines,
op, cit. p. 53.
170
Notons que la décomposition de la variance est également fréquemment utilisée.
171
Lardic.S et Mignon.V, économétrie des séries temporelles macroéconomiques et financières, op, cit, p. 102-103.
172
Bourbonnais. R, économétrie : Manuel et exercices corrigés, op, cit, p.263.
Ainsi, un choc de 1 DH sur la pression fiscale fait baisser la croissance économique de 0,12
DH en moyenne sur les cinq premières années. Donc, la réponse de l’activité économique à un
choc sur les pressions fiscales n’est que très peu significative et négative à moyen terme.
A court terme, ces résultats sont cohérents avec les idées de l’analyse keynésienne, dans la
mesure où une politique budgétaire expansionniste affecte positivement l’activité économique au
Maroc, toutefois, cet impact reste faible.
A moyen terme, les résultats concernant les dépenses publiques et la pression fiscale sont
conformes aux idées de l’approche keynésienne, alors que les résultats concernant
l’investissement public les infirment.
D’autre part, il est légitime de penser, en vertu à la fois des résultats d’estimation précédents(
estimation du modèle VAR6(3)) et de la théorie économique, qu’un choc sur les dépenses
publiques a un impact instantané sur la consommation des ménages et donc sur les exportations
nettes. Cette hypothèse est confirmée pour la cas marocain dans la mesure où la courbe relative à
la réponse des exportations nettes à un choc sur les dépenses publiques ne part pas de l’origine.
A ce niveau, le choc sur les dépenses publiques se répercute négativement sur les exportations
nettes ( ce résultat est lié au fait que l’accroissement des dépenses publiques provoque une
augmentation du pouvoir d’achat des ménages et un dynamique du marché intérieur qui demeure
demandeur en produits et services importés plutôt qu’en ceux fabriqués au niveau national).
L’impact du choc disparait au bout de six ans.
Le choc sur la pression fiscale a quant à lui un impact indirect sut les exportations nettes (car
un choc sur les recettes fiscales concerne tous les types de l’impôt y compris les droits de
douane, donc immédiatement il n y a pas une dégradation de la compétitivité prix des produits
domestiques). Néanmoins, à partir de la deuxième année ce choc se répercute négativement sur
ces dernières.
Ceci s’explique par les mesures prises par le Maroc en matière de déprotection douanière qui
ont réduit aussi bien les taux maximums que la moyenne des taux consolidés. Cette situation a
été amplifiée par la signature de plusieurs accords de libre-échange prévoyant un démantèlement
tarifaire sur les importations provenant de plusieurs marchés. Ce démantèlement tarifaire
provoque l’augmentation des importations plus rapidement que les exportations173.
173
Cf. les conclusions de l’étude du ministère du commerce Extérieur, « impact des accords de libre-échange
(modèle calculable d’équilibre général : IMPALE) », Février 2009.
Au contraire, les activités tournées vers le marché intérieur ne bénéficient que peu de
démantèlement. Même si elles profitent des réductions des prix des intrants, elles subissent la
concurrence des produits étrangers qui pénètrent le marché marocain à des prix compétitifs.
On remarque que les conséquences de ce choc disparaissent au bout de 6ème année.
Tous ces résultats et ces remarques nous séduisent à dire qu’à court et moyen termes les chocs
sur la politique budgétaire ont des effets peu significatifs sur la croissance économique et
significatifs sur les exportations nettes. Toutefois, ils influencent positivement la première
variable et négativement la seconde.
Une autre analyse qui complète l’étude des chocs est la décomposition de la variance.
B : Décomposition de la variance
L’étude précédemment effectuée basée sur la fonction de réponse impulsionnelle, peut être
complétée par une analyse de la décomposition de la variance de l’erreur de prévision.
D’autre part, on peut dire que la variance de l’erreur de prévision des exportations nettes est
due pour 50 % à ses propres innovations, pour 17 % à celles des dépenses publiques, 7 % à
celles de la pression fiscale et 10% à celles des investissements publics (totalisant 34 % liée aux
innovations des variables budgétaires) et pour 16 % aux innovations des autres variables non
budgétaires.
On en déduit que l’impact d’un choc affectant la politique budgétaire sur les exportations
nettes est plus important que l’impact d’un choc affectant cette même politique sur la croissance
économique. Ce résultat est cohérent avec les conclusions précédentes (résultat de l’analyse des
chocs).
174
Ait Oudra. M, les modèles VAR intégrés : application à quelques variables marocaines, op, cit, p.56.
175
Bourbonnais. R, économétrie : Manuel et exercice corrigés, op, cit, p.266.
- L’étude des propriétés stochastiques des différentes séries étudiées dans ce travail montre
que celles-ci sont intégrées d’ordre un (sauf le taux de croissance du PIB en volume qui
est stationnaire en niveau I(0)) au vu des trois tests mis en œuvre à savoir le test de
Dickey-Fuller Augmenté, le test de Phillips Perron et le test de Kwiatkowski-Phillips-
Schmidt-Shin. Il suffit donc de différencier ces séries intégrées d’ordre un une seule fois
pour avoir des variables stationnaires.
A court et à moyen termes les chocs sur la politique budgétaire ont des effets peu
significatifs sur la croissance économique et significatifs sur les exportations
nettes. Toutefois, ils influencent positivement la première et négativement la
deuxième ;
Sans oublier que l’impact d’un choc affectant la politique budgétaire sur les
exportations nettes est plus important que l’impact d’un choc influençant cette
même politique sur la croissance économique.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce travail, nous pouvons affirmer que l’action de l’Etat par le biais de la politique
budgétaire afin de réaliser une croissance économique saine et durable n’a jamais cessé d’être le
lieu de controverses.
Notre objectif au cours de ce travail a été de vérifier, pour le Maroc, si la politique budgétaire
a provoqué une croissance économique forte, saine et durable pendant la période 1970-2014.
Cette vérification a, d’abord, été faite d’un point de vue théorique à la lumière de laquelle on a
mené une étude empirique analysant l’impact de la politique budgétaire sur la croissance
économique au Maroc et ce pour la période 1970-2014.
Pour le second chapitre, nous avons effectué une rétrospective des cinquante dernières
années de conduite budgétaire au Maroc. En effet, l’histoire économique contemporaine du
Maroc indépendant peut être subdivisée en deux grandes périodes : la première phase est celle
d’un « développement protégé » que les économistes auraient tendance à qualifier de modèle de
l’import-substitution et la seconde période est celle qui débute avec les années 80 marquée par
un revirement de sa politique macroéconomique en faveur d’une plus grande ouverture
économique. Durant cette longue période, les politiques budgétaires marocaines ont prouvé leur
capacité de gestion administrative et organisationnelle. Même si elles n’ont pas toujours été en
mesure de lisser la croissance économique et sociale, elles ont néanmoins le mérite d’avoir
permis un taux moyen de croissance économique acceptable.
Tenant compte du fait que, d’une part l’activité du secteur public sert mieux les objectifs de
croissance lorsqu’elle complète celle de secteur privé en stimulant sa demande et autre part que
la tendance est à la maitrise des dépenses publiques, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle
les chocs budgétaires stimulent l’activité économique.
Pour donner forme à une cette hypothèse, nous avons utilisé des méthodes descriptives et
économétriques (modélisation VAR) et nous les avons appliquées sur des séries allant de 1970 à
2014. Ces chroniques sont : les pressions fiscales, les dépenses publiques, le PIB en volume,
l’investissement public, le taux d’inflation et les exportations nettes.
Soumis à l’épreuve des faits, notre modélisation vectorielle autorégressive nous a permis
d’aboutir aux résultats suivants : une relation de court terme voire de moyen terme qui est
positive mais faible entre la politique budgétaire et la croissance économique (ces résultats sont
cohérents avec les idées de l’analyse keynésienne, dans la mesure où une politique budgétaire
expansionniste affecte positivement l’activité économique au Maroc, toutefois cet impact reste
faible), une relation négative entre les dépenses publiques et les exportations nettes (le
multiplicateur budgétaire, au lieu de se manifester à l’intérieur du pays, profite surtout aux
marchés extérieurs). Ainsi, les politiques budgétaires marocaines sont contra-cycliques : ce sont
des politiques de stabilisations entreprises par le gouvernement marocain, pour relancer la
croissance lorsque celle-ci est en deça de la croissance potentielle et pour stabiliser ses finances
publiques lorsque les conjonctures intérieures et extérieures sont meilleures.
Pour ce qui est des dépenses, nous recommandons vivement une augmentation des
investissements productifs rentables. De même, une rationalisation des dépenses publiques de
consommation et une réduction des dépenses superflues (complètement de personnel par
exemple). La démarche à adopter serait celle d’une optimisation et d’une déduction
politiquement faisable des composantes des dépenses publiques de même d’une rémédiation au
dilemme de la structure « incompressible » de certaines dépenses courantes.
En ce qui concerne les recettes, nous appelons à un élargissement de l’assiette fiscale, une
lutte contre la corruption et une régulation continue et progressive du secteur informel. De
même, il y a la nécessité d’une amélioration de l’administration de l’impôt, d’une réduction de la
fraude fiscale et d’une diminution voir une élimination de certaines subventions.
ANNEXES
ANNEXE 2 : les graphiques des séries étudiées après leur première différenciation (la
variable CE exprimée en niveau)
CE DDP
15 12
10 8
5 4
0 0
-5 -4
-10 -8
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
DIP DPF
8 4
2
4
0
0
-2
-4
-4
-8
-6
-12 -8
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
DTINF DXN
15 8
10 4
5 0
0 -4
-5 -8
-10 -12
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10
1. Représentation générale
Les paramètres du processus VAR ne peuvent être estimés que sur des séries chronologiques
stationnaires. Dans le cas du modèle VAR, chacune des équations peut être estimée par les MCO
indépendamment les unes des autres (par la méthode de vraisemblance,…).
3) conditions de stationnarité :
E (yt ) = μ t
deux séries. Le processus VAR(p) est stationnaire si le polynome défini à partir du déterminant :
det (I - A1Z – A2Z2 - ………- Apzp) = 0 a ses racines à l’extérieur du cercle unité du plan
complexe c'est-à-dire que les valeurs propres de cette matrice sont toutes plus petites que 1 en
valeur absolue.
On peut dire que l’intérêt du modèle VAR réside dans les différentes interprétations qu’on
leur assigne. Notamment leur utilisation comme outil de base dans l’étude des relations causales
entre les variables économiques.
Ainsi les modèles VAR permettent d'analyser les effets de la politique économique, cela à
travers de simulations de chocs aléatoires et de la décomposition de la variance de l'erreur de
prévision.
Root Modulus
Correlogram DDP_residuals
ANNEXE 7 : Résultats de l’analyse des chocs à un horizon de 10 ans obtenu par simulation
de Monte Carlo avec 100 tirages.
2 2
0 0
-2 -2
-4 -4
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
2
2
1
0 0
-1
-2
-2
-4 -3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
2 2
1 1
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Figure 1 : Compensation de trois fonctions hypothétiques de relation entre le solde budgétaire effectif et
le niveau du PIB…………………………………………………………………………………...………17
Figure 3 : politique budgétaire avec une mobilité relativement forte des capitaux………………………29
Figure 4 : politique budgétaire avec une mobilité des capitaux relativement faible……………………..30
Figure 5: Les deux aspects de l'investissement………………………………………………...…………44
Figure 6 : Fonction de production aux rendements marginaux décroissants…………………….……….45
Figure 7: modèle de Solow……………………………………………………………………………….46
Graphique 20 : Plus-value des recettes fiscales par rapport aux prévisions de loi Finances……….……98
Tableau n°15 : Résultat de test ADF sur les séries en différence première…………….……………….119
Tableau n°16 : Résultat du test KPSS sur les séries en différence première………………...………….120
Bibliographie
Les ouvrages
Berthier. J.F, comment l’Etat tient ses comptes, Dunod, Paris, 1999.
Thèses et mémoires
Articles et revues
- Adedeji, O and O.H. William « fiscal reaction fonctions in the CFA zone:
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Dédicace………………………………..………………………………………………………..…1
Remerciement………………………….………………………………………………....……....2
Sommaire……………………………………...…………………………………………………..4
INTRODUCTION GENERALE................................................................................................…...5
A : l’effet d’éviction………………………………………………………………………………………………...…31
A : l’approche néoclassique………………………………………..…..………………….……………………….42
INTRODUCTION………………………………………………….…………………………………………….…………..…59
C : 1993-2014 : Baisse des droits de douane et renforcement de la part des impôts directs
dans les recettes fiscales……………..……………………………....…………………………………………..…78
C: phase de baisse des recettes fiscales accompagnée d’une hausse continue des
dépenses………………….……………………………………………..…………….………………………..…..…99
INTRODUCTION........................................................................................................................109