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EXTERNALISATION EN NEARSHORE
Quelle stratégie mettre en œuvre pour une
externalisation des TIC au Maroc
JURY :
: Abdelhadi LOTFI,
Directeur de développement
Casablanca – 2015
L’ISCAE n’entend donner ni approbation ni improbation aux
opinions émises dans le cadre de ce mémoire.
Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.
« Outsourcing is not a threat to this nation’s economy—it is an
opportunity to raise American paychecks, productivity, and prosperity.
It’s an opportunity we will squander if we let the alarmists stampede
us into boneheaded solutions.
—John Castellani, president of The Business
Roundtable to the Detroit Press Club, February 24, 2004»
ii
Résumé
Auteur: Aziz FADIL
Directeur de la thèse: M. Hassan CHAGAR
Titre: Externalisation en Nearshore – Quelle stratégie mettre en œuvre pour l’externalisation des TIC au Maroc,
Cas d’une entreprise française opérant dans les services.
- Quelles sont les bases de la décision d’externalisation les plus déterminantes pour le cas de
l’entreprise étudiée ?
- Quelles sont les options stratégiques et modèles d’externalisation les plus adaptées au cas
étudié?
- Quelles sont les caractéristiques du système de contrôle et de gouvernance pour mieux
conduire le changement et garder la maitrise des activités externalisées ?
But: Le but de ce travail est de donner aux managers et au lecteur intéressé une étude à la fois
théorique et pratique de l’externalisation des activités relatives au système d’information dans
l’objectif de mettre évidence des recommandations pratiques pour mettre en œuvre une bonne
stratégie d’externalisation.
Perspective: La première partie de la thèse traite de la théorie derrière l’externalisation ainsi que
des bonnes pratiques pour une bonne stratégie d’externalisation. La seconde partie est une étude
de cas d'une entreprise française visant à externaliser en Nearshore. Cette partie est donc
fortement liée aux particularités du cas étudié. Néanmoins les entreprises françaises qui sont dans
une démarche d’externalisation d’activités de TIC en Nearshore se retrouveront dans le cas étudié.
Méthodologie: La thèse a été menée avec une méthodologie qualitative exploratoire. Les
données primaires sont recueillies à partir d'entrevues avec le personnel et les données secondaires
sont recueillies auprès de la littérature et des bonnes pratiques du milieu professionnel.
Analyse et Conclusion: La thèse a été conduite dans la logique d’assister l’entreprise étudiée
dans son projet d’externalisation en essayant de donner des réponses aux questions clés : Le
Pourquoi ? Motivations, enjeux et objectif, le Quoi : Activités et périmètre à externaliser. Le
Comment : Modèles d’externalisation, outils de décision, recommandations sur la mise en œuvre.
La phase d’analyse a été détaillée pour donner suffisamment d’éléments d’analyse et de décision.
Les recommandations ont été regroupées pour couvrir ce qu’on appelle les 7Cs (Cœur métier,
Coût, Contrôle, Contrat, Crédibilité, Conflit et Continuité).
i
Abstract
Background: In the last decade the IT outsourcing industry has faced substantial changes due to
the digital revolution and the dramatic evolution in international telecommunications.
Outsourcing is no longer a trend but a well-established practice. This thesis was initiated to assist
the studied company in its outsourcing process by bringing to light some issues such as:
- What are the most crucial criteria for the company to make its outsourcing decision
- What are the strategic options and the most suitable outsourcing models for the company?
- What are the characteristics of the governance system to better manage change and
maintain control of outsourced activities?
Purpose: The purpose of this work is to give managers and interested readers a study of both
theory and practice for Nearshore outsourcing of IT work. The thesis aims to highlight practical
recommendations to implement a good outsourcing strategy.
Perspective: The first part of the thesis deals with the theory behind outsourcing as well as best
practices for a good outsourcing strategy. The second part is a case study of a French company
which is about to outsource some IT activities. This part is therefore strongly tied to the work-
processes of the specific case-company. However, companies in the same case can be inspired by
this work.
Method and Theory: The thesis is conducted with exploratory and qualitative approaches. The
primary data is collected from interviews with the personnel and the secondary data is gathered
from literature and professional journals
Analysis and Conclusion: The thesis had been carried out to assist the company in its
outsourcing project trying to give answers to key questions: Why: Motivations and challenges.
What: Activities and scope to outsource. How: outsourcing models, decision tools, and
recommendations on implementation. Analysis phase aims to provide enough elements to make
right decisions. The recommendations are grouped to cover the so-called « 7C » of outsourcing
(Core Competency, Cost, Control, Contract, Credibility, Conflict and Continuity).
ii
Remerciements
Je tiens à exprimer ma reconnaissance et mes remerciements aux personnes qui ont été impliquées
de près ou de loin dans l’achèvement de cette thèse. Tout d'abord, je tiens à remercier M. Hassan
Chagar, le directeur de la recherche, qui a été, de par ses critiques et ses remarques pertinentes,
d'une grande aide pendant tout le processus d’élaboration de cette thèse. Je souhaite ensuite
exprimer ma reconnaissance au corps professoral du cursus Executive MBA de l’ISCAE qui, par
leurs sérénités et leurs compétences, a œuvré à ma formation durant ce cursus.
Le processus d'élaboration de cette thèse a été un moment intéressant, difficile par fois, mais très
instructif. Cela m’a permis d’acquérir des connaissances nouvelles et une méthodologie de
recherche rigoureuse. Ce travail, ce veut, d’une part, un recueil de l’état de l’art de l’externalisation
sur le plan théorique et professionnel, et d’autre part, l’histoire d’une expérience sur un projet réel.
Le résultat, je l’espère, aidera l’entreprise étudiée dans ces projets d’externalisation et donnera à
tout autre lecteur un bon aperçu de la problématique d’externalisation en Nearshore en
l'encourageant à en savoir plus sur les domaines complexes relatifs à cette pratique managériale.
iii
Sommaire
RESUME .................................................................................................................................. I
ABSTRACT .............................................................................................................................. II
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. III
SOMMAIRE ...........................................................................................................................IV
LISTE DES TABLEAUX ..............................................................................................................VI
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................VII
GLOSSAIRE ............................................................................................................................. X
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................... 11
POSITIONNEMENT DE LA THESE ET PROBLEMATIQUE ...................................................................... 12
DEMARCHE ET PLAN DE LA THESE ....................................................................................................... 16
PARTIE I : ETAT DE L’ART DE L’EXTERNALISATION DES TIC....................................................... 21
CHAPITRE I : L’EXTERNALISATION DANS LA LITTERATURE MANAGERIALE ................................... 22
1.1. Définitions du concept et soubassement théorique de l’externalisation .......................... 23
1.2. Soubassement théorique de l’externalisation ........................................................................ 29
CHAPITRE II : PRATIQUES DE L’EXTERNALISATION DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ............... 44
2.1. Frameworks, modèles et outils de gestion des projets d’externalisation .......................... 45
2.2. Présentation du métier de gestion du système d’information et de l’entreprise étudiée 64
PARTIE II : L’EXTERNALISATION EN NEARSHORE, UN CHOIX STRATEGIQUE ............................. 76
CHAPITRE III : DIAGNOSTIC STRATEGIQUE DU MARCHE DE L’EXTERNALISATION ET DE
L’ENTREPRISE ETUDIEE .......................................................................................................................... 77
3.1. Vue globale du marché de l’externalisation des NTIC ........................................................ 78
3.2. L’externalisation d’activités IT chez l’entreprise étudiée .................................................. 109
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS ................................................................................................. 128
4.1. Modèle d’externalisation recommandé pour l’entreprise étudiée .................................... 129
4.2. Recommandations générales ................................................................................................. 139
CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................... 147
CONCLUSIONS ET SYNTHESES.............................................................................................................. 148
APPORT DE LA THESE ........................................................................................................................... 151
LIMITES DE LA THESE ........................................................................................................................... 151
PERSPECTIVES DE PROLONGEMENTS DE LA THESE ....................................................................... 152
iv
ANNEXES ............................................................................................................................ 153
Annexe A : 2014 A.T. Kearney Global Services Location IndexTM ........................................... 153
Annexe B : Pratiques, domaines et niveaux du Framework eSCM-CL ..................................... 154
Annexe C : Framework « 9 Building block » de cycle de vie de l’externalisation, Objectifs et
résultats clés........................................................................................................................................ 155
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................. 156
TABLE DE MATIERES ............................................................................................................ 160
v
Liste des tableaux
vi
Liste des figures
Figure 1: Pourcentage, par fonction, des entreprises qui font recours à l'externalisation ................ 13
Figure 2: Pourcentage, par secteur d'activité, des entreprises qui font recours à l’externalisation des
TIC en Europe ............................................................................................................................................ 14
Figure 5: Démarche suivie pour la thèse ................................................................................................. 16
Figure 6: Démarche suivie pour la recherche sur terrain ...................................................................... 18
Figure 7: Plan de la thèse ........................................................................................................................... 19
Figure 12: principaux objectifs de l'externalisation ................................................................................ 25
Figure 13: Les raisons d'externalisation des fonctions TIC .................................................................. 26
Figure 15: Typologie d'externalisation ..................................................................................................... 28
Figure 16: Évolution des problématiques liées à l'externalisation dans les travaux de recherche ... 31
Figure 17: Les indicateurs des transactions dans la théorie des coûts de transaction ....................... 36
Figure 18: La relation entre les différents coûts de transaction et le degré de spécificité des actifs38
Figure 19: Les conditions d’évaluation de la valeur stratégique des compétences selon la TR ....... 41
Figure 21: L’espace des stratégies d’externalisation et les neuf modèles d’approvisionnement ..... 47
Figure 22: Profils des coûts et niveau de contrôle pour les différents modèles d'externalisation ... 51
Figure 23: Vue combinée des modèles de cycle de vie des projets d’externalisation ........................ 53
Figure 24: Les différentes questions traitées lors du cycle de vie d'un projet d'externalisation ...... 55
Figure 25: Les 3 E d'une gouvernance effective de l'externalisation ................................................... 59
Figure 26: eSourcing Capability Model for Client Organizations (eSCM-CL) .................................. 61
Figure 23: Les six principaux composants d'un système d'information ............................................. 64
Figure 24: Les métiers du management des systèmes d'information .................................................. 67
Figure 25: L'histoire de l'évolution de l'externalisation des TIC .......................................................... 68
Figure 26: Adoption des services de Cloud Computing ....................................................................... 70
Figure 25: Domaines d'activités stratégiques de l'entreprise étudiée ................................................... 72
Figure 26: Organigramme de l'entreprise étudiée .................................................................................. 73
Figure 27: Localisation des ’activités externalisées par les entreprises françaises .............................. 81
Figure 28: Dynamique de l’externalisation en offshore des entreprises françaises au 1er semestre
2013 ............................................................................................................................................................... 82
Figure 29: Externalisation en offshore: État et perspectives des entreprises françaises .................. 82
Figure 30: L'implantation des centres informatique offshore en 2014 travaillant avec la France ... 83
Figure 31: Les types de prestations informatiques proposées par les centres offshores pour les
entreprises françaises .................................................................................................................................. 84
vii
Figure 32: Évaluation du stade du développement du Maroc .............................................................. 85
Figure 33: Classement des destinations offshore les plus couramment utilisées dans la zone
EMEA .......................................................................................................................................................... 87
Figure 34: Les services ITO et BPO externalisés au Maroc ................................................................. 88
Figure 35: Critères utilisés par Gartner pour analyser la pertinence d'une destination offshore .... 90
Figure 36 : Le Maroc, le plus grand réservoir de personnes maîtrisant le français professionnel
parmi les pays concurrents ........................................................................................................................ 92
Figure 37: Objectifs du Plan Maroc Numeric 2013 ............................................................................... 93
Figure 38: Structure par grands groupes d'âge de la population marocaine ...................................... 95
Figure 39: Emploi par branche d'activité de la population marocaine active ..................................... 96
Figure 40: Évolution du secteur de télécommunications au Maroc .................................................... 97
Figure 41: Câbles sous-marins reliant le Maroc et l’Europe ................................................................. 98
Figure 43: Évolution du taux net de scolarisation (en %) par cycle d'enseignement et par milieu de
résidence ..................................................................................................................................................... 101
Figure 44: Évolution du taux d'alphabétisation (en %) de la population âgée de 10 ans et plus par
milieu de résidence .................................................................................................................................... 102
Figure 45: Comparaison du taux global d’imposition (% du profit) ................................................. 103
Figure 46: Comparatif du Taux Journalier Moyen (TJM) pratiqué en prestations informatiques en
Europe, Nearshore et Offshore .............................................................................................................. 104
Figure 47: Positionnement du Maroc et France dans le modèle de types de culture de Richard D.
Lewis .......................................................................................................................................................... 106
Figure 48:Profil concurrentiel du Maroc par rapport aux pays concurrents .................................... 108
Figure 49: Cible du diagnostic dans l'entreprise étudiée ..................................................................... 109
Figure 50: Les 4 axes de l'étude sur le terrain ....................................................................................... 111
Figure 51: Objectifs attendus du projet d'externalisation ................................................................... 112
Figure 52: Estimation de la répartition des dépenses de la DSI par catégorie................................. 113
Figure 53: Taux de réduction des coûts espéré par type d'activité..................................................... 114
Figure 54 : Décomposition des coûts directs d'un service externalisé .............................................. 115
Figure 55 : Décomposition des coûts indirects d'un service externalisé .......................................... 115
Figure 56: Barrières et contraintes devant le projet d’externalisation ............................................... 117
Figure 58 : Analyse des activités potentielles selon les axes Importance stratégique et Niveau de
contribution à la performance................................................................................................................. 123
Figure 59: Analyse des activités potentielles selon les axes Complexité et Valeur de l'activité ...... 124
Figure 60: Analyse des activités potentielles selon les axes Niveau de contrôle exigé et la réduction
de coût espérée .......................................................................................................................................... 125
Figure 61: Modèles d'externalisation présentés par les personnes interviewées .............................. 126
viii
Figure 63 : Démarche globale recommandée pour externaliser ......................................................... 134
Figure 64: Chemin recommandé pour l'externalisation des activités identifiées ............................. 135
Figure 65 : Processus d'externalisation recommandé pour l'entreprise étudiée............................... 136
Figure 66 : Modèle recommandé de répartition du travail entre les ressources internes, externes
sur site et nearshore .................................................................................................................................. 137
Figure 67 : Répartition du travail par phase entre les ressources internes, externes sur site et
Nearshore ................................................................................................................................................... 138
Figure 68: Les "7C" de l'externalisation................................................................................................. 139
Figure 69 : Exemple de modèle de gouvernance recommandé à l'entreprise étudiée .................... 143
ix
Glossaire
IT - Information Technology
x
Introduction générale
11
Introduction générale
Une étude de Deloitte en 2012(1) révèle qu’au niveau mondial, l'externalisation est devenue une
réalité dans la vie des entreprises (a fact of life). 80% des répondants au sondage ont déclaré avoir
fait recours à l'externalisation. 60% sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle «l'externalisation
est maintenant une pratique normale d'exploitation de mon entreprise ». Les fonctions liées aux
technologies d’information et de télécommunication sont les plus externalisées. En effet, l’étude
démontre que 76% des entreprises au niveau mondial recourent à l’externalisation pour gérer les
services TIC et que ce taux passera à 81 en 2017.
1 (Deloitte, 2012)
12
Introduction générale
Au niveau de l’Europe, même si l’externalisation est largement répandue, les taux restent
inférieurs à ceux constatés au niveau mondial. Une enquête en 2013 d’Ernest & Young sur
l’outsourcing en Europe2 révèle que le pourcentage des entreprises qui pratiquent l’externalisation
des TIC ne dépasse pas encore les 42%, et qu’environ 75% des services informatiques sont traités
en interne, ce qui indique que même sur un marché mature comme l’ITO, il existe un grand
potentiel de croissance dans les années à venir.
2Ernest & Young (2012). Outsourcing in Europe: An in-depth review of drivers, risks and trends in the
European outsourcing market.
13
Introduction générale
Figure 2: Pourcentage, par secteur d'activité, des entreprises qui font recours à
l’externalisation des TIC en Europe
Dans ce contexte, l’externalisation des TIC constitue un enjeu économique décisif pour ces
entreprises, tant sur le plan économique qu’humain. Il est, donc, d'une grande importance pour
les professionnels et les universitaires de comprendre les facteurs qui influencent le taux de
réussite global d'un contrat d'externalisation et d'accroître la probabilité d'atteindre une meilleure
performance et une réelle valeur ajoutée pour l’entreprise.
C’est dans ce contexte que l’entreprise « Alpha »3, une société française qui opère dans le secteur
des services a initié une étude d’un projet d’externalisation d’activités relatives au système
d’information. En effet, le cœur métier de cette entreprise est de proposer à ses clients des
solutions innovantes pour optimiser ou externaliser leur processus métiers. Par nature, cette
activité impose à l’entreprise des contraintes très exigeantes en terme d’optimisation des coûts et
notamment les ressources dédiées à la partie système d’information. De ce fait, l’externalisation
demeure une option stratégique, pour maitriser la charge des TIC et pour permettre à l’entreprise
de se concentrer sur des activités à forte valeur ajoutée. Cette thèse a pour vocation de contribuer
à donner aux décideurs de l’entreprise étudiée un repérage théorique et d’apporter, à la lumière
d’un diagnostic sur le terrain, des réponses à un certain nombre de questions relatives aux
stratégies et modèles possibles pour réussir des projets d’externalisation.
3 Pour des raisons de confidentialité, nous utiliserons l’appellation « Alpha » pour désigner l’entreprise étudiée
14
Introduction générale
Le projet de cette thèse a été motivé, à la fois, par la richesse des concepts et pratiques qui
entourent la problématique d’externalisation ainsi que par les enjeux économiques pour la société
« Alpha ». En effet, les hypothèses suivantes ont été formulées au début du projet afin de
démontrer la pertinence de se lancer dans ce travail:
Le recentrage sur le cœur du métier est aujourd’hui, pour l’entreprise Alpha, une nécessité
pour stimuler l’innovation et contrer la concurrence en se focalisant sur les atouts de
l’entreprise et sur son savoir-faire. De ce fait, il constitue un déterminant pour la décision
de l’externalisation au sein de l’entreprise.
La recherche d’une meilleure qualité de service conduit l’entreprise Alpha à faire appel aux
prestataires externes pour la réalisation de certaines activités, cependant, ce souci de
qualité engendre des craintes de perte de contrôle et qualité sur les activités externalisées.
Durant cette thèse, nous allons aborder ce sujet à travers les trois questions suivantes :
1. Quelles sont les bases de la décision d’externalisation les plus déterminante pour
l’entreprise étudiée ?
2. Quelles sont les options stratégiques et modèles d’externalisation les plus adaptés
au cas de l’entreprise étudiée?
3. Quelles sont les caractéristiques du système de contrôle et de gouvernance pour
mieux conduire le changement et garder la maitrise des activités externalisées ?
15
Introduction générale
À travers ces questions nous allons apporter des réponses à une problématique plus générale qui
se résume dans l’énoncé suivant :
Recherche Documentaire
Diagnostic sur terrain
- Lecture d'ouvrage en Analyse et
relation avec la - Diganostic interne recommandation
thématique moyannat une revue de la
documentation et des - Compilation des
- Revus des études,
enquêtes et entretiens semi-directifs données et analyse
baromètres des grands - Diagnostic externe du - Reccommondations
cabinets spécialisés marché globale, local et
de la destination Maroc
Recherche documentaire
Cette phase a commencé par une revue de littérature managériale à travers la lecture de 3 ouvrages
qui traitent de la thématique d’externalisation. Il s’agit en l’occurrence des livres suivants :
16
Introduction générale
En parallèle de la lecture de ces ouvrages, nous avons consulté une riche documentation
composée de plusieurs publications sur les théories relatives à l’externalisation ainsi que divers
études, enquêtes et baromètres de grands cabinets tels qu’Ernest & Young, Deloitte, ou Gartner.
Diagnostic terrain
L’étude de la littérature et la revue documentaire ont fait ressortir des axes directeurs d’un projet
d’externalisation. Tout d’abord, les précisions sémantiques du concept de l’externalisation
(Quoi ?), ensuite les motivations et les enjeux qui poussent les entreprises à externaliser (Le
pourquoi ?) et ensuite la construction d’une démarche de mise en place d’un projet
d’externalisation (le Comment ?).
L’objectif de cette thèse est de proposer les grandes lignes d’un modèle de stratégie pour
accompagner l’entreprise Alpha à externaliser vers le Maroc certaines activités relatives au métier
des systèmes d’information. Pour ce faire, nous avons adopté une démarche en trois grandes
phases:
17
Introduction générale
Recherche à partir du
Etude approfondie à Analyse et
référentiel
travers des entretiens proposition des
documentaire de
avec les responsables recommandations
l'entreprise
Référentiel Documentaire
En se basant sur le référentiel documentaire de l’entreprise qui décrit entre autres les processus de
l’entreprise et les activités qui constituent la chaine la chaine de valeur. Une analyse des activités et
de l’organisation dernière a été effectuée afin de constituer une première base de réflexion qui sera
complétée et enrichit par les informations qui vont être recueillis dans la deuxième phase.
Entretiens semi-directifs
De par la nature de la problématique centrale et au questionnement lié, qui sont plutôt qualitative
et la nature de la cible, les entretiens semi-directifs se sont avérée la méthode la mieux appropriée.
En se basant sur les principes des méthodes qualitatives, ces entretiens avec des profils diversifiés
dans l’entreprise qui constituent un échantillon significatif, ont permet d’aller au-delà de la simple
description pour comprendre en profondeur un axe étudié. Les entretiens ont été conduits de telle
façon à recueillir des informations précises sur un thème défini en laissant la plus grande liberté
possible à l’interviewé.
Nous avons donc cherché à comprendre la perception de ce projet d’externalisation par plusieurs
acteurs de l’entreprise étudiée. Différentes interrogations entaient soulevées au départ : quelle est
la perception des différents managers par rapport à la pertinence, motivation et stratégie
d’externalisation? Quels sont les risques et les avantages? Quelles sont les activités et fonctions
18
Introduction générale
concernées ? Quelles sont les motivations, les porteurs projets et les éventuelles résistances? Au
fur et à mesure de l’avancement des travaux, on a pu dégager une démarche d’externalisation
adaptée au contexte de l’entreprise Alpha.
Analyse et recommandations
Dans cette phase, les informations ont été compilées et affinées pour aider à la prise de décision
quant aux modèles à recommander. Ensuite une analyse des scénarii et concertation avec les
différentes parties prenantes ont été effectuées pour sortir avec les recommandations finales
adaptées au contexte de l’entreprise.
Plan de la thèse
Le rapport de la thèse est composé, en plus d’une introduction générale, de deux grandes parties,
et une conclusion :
Introduction générale
Conclusion
19
Introduction générale
La deuxième partie est consacrée au diagnostic stratégique pour le traitement du cas d’étude. Elle
est composée également des deux chapitres III et IV. Le troisième chapitre présente le travail du
diagnostic externe en commençant par l’analyse du marché globale de l’externalisation, puis par
l’analyse du marché des entreprises françaises et finir par une analyse du Maroc comme
destination d’une externalisation des services IT à partir de la France. Le quatrième présente le
résultat de la compilation et analyse de différentes données et éléments de décision et se termine
par une liste de recommandations pour l’entreprise étudiée et les entreprises qui sont dans la
même situation.
20
Partie I : Etat de l’art de l’externalisation des
TIC
21
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Les vingt dernières années ont vu faire évoluer les pratiques d’externalisation jusqu’à devenir un
élément essentiel de la stratégie des entreprises, qui n’hésitent plus à fonder leurs stratégies sur ce
principe.
Dans les faits, l’externalisation présuppose une relation plus intense entre client et fournisseur, et
une participation stratégique de ce dernier au développement de l’entreprise. L’évolution de
l’externalisation comme instrument stratégique et non plus simplement tactique a été sans aucun
doute renforcée par l’évolution technologique.
Dans ce chapitre, nous allons tout d’abord définir les différents concepts de la thèse, avant de
donner un aperçu sur l’histoire de l’externalisation en général, et l’externalisation des TIC en
particulier. Nous allons ensuite présenter les soubassements théoriques de l’externalisation et
l’évolution des questions et problématiques traités par les travaux de recherche et se focaliser sur
la présentation des deux grandes théories en la matière, à savoir la théorie des coûts de transaction
(TCT) et la théorie des ressources (RBV).
22
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Externalisation
Le mot « Externalisation » s’apparente au mot anglais Outsourcing, qui est un terme
relativement nouveau. Ce mot est composé de deux mots - «out» et «Sourcing» qui
réfère à l'acte de transfert de travail, de responsabilités et droits de décision à quelqu'un d'autre. Le
mot “Out” (en dehors) fait référence à une tierce partie externe à l’organisation supposée réaliser
le travail.
La littérature spécialisée sur les stratégies d’externalisation est riche de plusieurs définitions :
« The Black book of Outsourcing » définit l’externalisation tout simplement comme étant le fait
d’obtenir les des services d’une source externe : « Outsourcing: The act of obtaining services from an
external source. »5
Pour Greaver5, l’externalisation est l'acte de transférer une partie des activités récurrentes internes
de l'organisation et les droits de décision y afférant à des prestataires extérieurs, dans le cadre d’un
contrat prédéfini: « Outsourcing is the act of transferring some of an organization’s recurring internal activities
and decision rights to outside providers, as set forth in a contract »6
Barthelemy définit l’externalisation comme étant « le fait de confier une activité et son management à un
fournisseur ou à un prestataire extérieur plutôt que de la réaliser en interne. Une opération d’externalisation peut
s’accompagner du transfert de personnel et d’équipements vers le fournisseur ou le prestataire »7
5 Brown, D., & Wilson, S. (2009). The Black Book Of Outsourcing. John Wiley & Sons.
6 Maurice F. Greaver (1999). Strategic Outsourcing: A Structured Approach to Outsourcing Decisions and Initiatives.
AMACOM
7 Jérôme Barthélemy(2006). Stratégies d'externalisation : Préparer, décider et mettre en œuvre l'externalisation
23
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Une définition plus complète de l’externalisation a été donnée par Espino Rodrîguiz et Padron-
Robaina :
« Outsourcing is a strategic decision that entails the external contracting of determined non-
strategic activities or business processes necessary for the manufacture of goods or the provision
of services by means of agreements or contracts with higher capability firms to undertake those
activities or business processes, with the aim of improving the competitive advantage »9
L’externalisation en Nearshore est la pratique d’externaliser une activité vers les pays voisins
plutôt que dans son propre pays. La proximité géographique fait que le déplacement vers le
fournisseur ainsi que les communications sont plus faciles et moins coûteux. En plus de cela, il y a
probablement au moins quelques points communs entre les cultures, et les gens sont plus
susceptibles de parler le même langage. Beaucoup d'entreprises aux États-Unis, par exemple,
externalisent vers le Canada et le Mexique. Les pays du Maghreb et de l’Europe de l’Est sont les
pays Nearshore les plus visés par les entreprises européennes.
Une étude du cabinet Deloitte en 2012 (10) a fait ressortir les grandes motivations derrière les
décisions d’externalisation d’une fonction ou d’un processus. Même si la réduction des coûts reste
le facteur le plus important, on constate néanmoins que les entreprises sont de plus en plus
9Tomás F. Espino-Rodrîguez, Víctor Padrón-Robaina 2006: A review of outsourcing from the resource-based view
of the firm
10 Outsourcing, today and tomorrow Insights from Deloitte’s 2012 global outsourcing and insourcing survey
24
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
motivées par d’autres objectifs tels que l’amélioration de la qualité du service au client, l’accès à
des avantages concurrentiels, fiscaux ou technologiques, l’accès à un modèle plus souples ou plus
performants de gestion des ressources humaines ou bien encore la consolidation des activités et la
concentration sur le cœur métier.
L’étude fait constater que les objectifs derrière l’externalisation sont de plus en plus de nature
stratégique, et ce, afin d’accompagner la stratégie de l’entreprise et non uniquement des objectifs
opérationnels.
25
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Typologies d’externalisation
Il y a une grande variété de modèles d’externalisation, chacun avec ses propres forces et faiblesses,
et ces préoccupations de gestion. Une première catégorisation peut être faite en fonction de la
sensibilité de l’activité externalisée et sa proximité du « cœur de métier » de l’entreprise. En effet,
26
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
on peut distinguer quatre types de formes d’externalisation qui résultent du croisement de deux
critères12 :
Forte
Externalisation Stratégique
Externalisation Stratégique
(Avec transfert des ressources)
Externalisation traditionnelle
Externalisation traditionnelle
(Avec transfert de ressources)
Faible
L’externalisation est dite stratégique lorsqu’on délègue une fonction ou une activité proche du
cœur de métier de l’entreprise. Cette externalisation s’accompagne du transfert de ressources
(équipements et personnel) selon que cette fonction était jusque-là réalisée en interne ou non.
(Exemple : les fonctions : achat, informatique, marketing, R&D…etc.).
Par opposition on parle d’externalisation traditionnelle lorsque l’activité confiée au prestataire était
loin du cœur de métier donc peu sensible. Elle s’accompagnera de transfert de ressources selon
que cette fonction était jusque-là réalisée en interne ou non. (Exemple : externalisation des
fonctions traditionnelles ou annexes : de gardiennage, jardinage, restauration, transport du
personnel…etc.).
12 (Barthélemy, 2006)
27
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
L’ouvrage « Outsourcing Handbook»13 présente les modèles les plus fréquents en fonction de la
localisation du fournisseur, de la profondeur et la nature du travail à externaliser :
Les projets d'externalisation peuvent être segmentés par zone géographique, c'est à dire où le
travail est effectué: sur site ou hors site. Travail sur place implique d'avoir des membres de l'équipe
du fournisseur qui conduisent des travaux dans les locaux de l'organisation cliente.
L’externalisation est dite hors site lorsque le fournisseur mène le travail sur son site.
Dans hors site (Off-Site), le travail peut être externalisé en onshore, Nearshore ou offshore pour
décrire le pays où un fournisseur effectue du travail.
Les projets d'externalisation peuvent également être segmentés par leur niveau de profondeur :
individuel, fonctionnel ou de compétence. Externalisation individuelle implique l'externalisation
de positions spécifiques de l’organisation. Les exemples incluent l'externalisation de fonctions
telles que l'analyste de la veille concurrentielle, web designer ou le personnel des relations
publiques. Il s'agit de la forme la plus simple d’externalisation. Les organisations s'engagent dans
l'externalisation individu quand ils ont besoin expertise dans un domaine de niche et pour une
période de temps spécifique.
28
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Les projets d'externalisation peuvent également être classés en examinant la nature du travail - si
elle est axée sur les processus ou sur les projets. Un travail axé sur les processus implique
généralement l'externalisation d'un processus bien structuré, standardisé et documenté (Business
Process Outsourcing) par exemple, l'externalisation d'une fonction de la masse salariale. Un travail
axé sur les projets, d'autre part, implique l'externalisation du travail unique et non routinier, non
structuré et non standardisé, par exemple le développement d'un logiciel. L’externalisation axée
sur les processus est plus facile à gérer, car elle implique un processus structuré et un que les
organisations comprennent assez bien, ce qui rend plus facile à gérer. Un travail axé sur les projets
est le plus souvent plus laborieux à gérer que les organisations ne comprends pas bien toutes les
subtilités de la mise en œuvre et les risque y afférent.
29
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
changements ne sont pas aléatoires, mais reflètent des changements dans la pratique de
l’externalisation.
En effet, l’analyse de la littérature managériale relève une quantité considérable de théories qui ont
traité de près ou de loin de l’externalisation, et ce à travers l’évolution dans le temps des
différentes problématiques liées à ce thème. Le tableau ci-dessous trace cette évolution et la
complexité qui y affère. En synthétisant les recherches sur l’externalisation en fonction des
questions traitées, nous tentons d'établir un lien essentiel entre la littérature et l'évolution de
l'externalisation informatique, comme l'illustre la figure suivante.
30
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
7- Partnership(Informal)
6- Contracts (formatl)
5- Insurance or outsource
4- Performance
3- Scope
Degré d'externalisation
Période d'externalisation
Nombre de fournisseurs
Types d'externalisation
2- Motivation
L'impact de l'externalisation
Bénéfices et risques
1- Make or Buy
Figure 10: Évolution des problématiques liées à l'externalisation dans les travaux de recherche15
Les premières recherches sur l’externalisation se sont concentrées sur la question d’acquisition de
biens ou services. Les organisations considèrent l’externalisation à travers la décision « Make or
Buy ». Cependant, en 1989 et avec la décision de Kodak d'externaliser la gestion de son système
31
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Avec la croissance de la popularité de l’externalisation, les débats sont passés de la question s’il
faut ou pas externaliser vers combien devrait-on externaliser et si l’externalisation devrait être
totale ou sélective, d’un service ou d’un actif, à long ou à court terme, et d'impliquer les
fournisseurs uniques ou multiples. Des mesures telles que l'efficacité, la satisfaction des
entreprises, la qualité du service, et la réduction des coûts ont été utilisées pour l'évaluation dans
de nombreuses études. Néanmoins, une comparaison de ces études a révélé des résultats multiples
et contradictoires. En outre, les mesures de rendement ne peuvent souvent pas être généralisées,
car ils dépendent de la nature spécifique des projets d'externalisation.
L’étape suivante dans l'évolution de l'externalisation concernait des questions de toutes sortes,
dont les débats sur les vertus de l'internalisation par rapport à l’externalisation18. Malgré de
nombreuses réussites de l’externalisation, un certain nombre d'études a indiqué qu’elle n'a pas
toujours donné les résultats escomptés, et, en outre, l'internalisation parfois a pu dégager plus de
bénéfices. Dans l'ensemble, il était difficile de privilégier, dans l’absolu, une option sur l'autre,
puisque les études et les cas concrets ont démontré que les décisions d'externalisation sont un
compromis entre de nombreux facteurs contingents.
En dépit de ses critiques, l’externalisation était empêtrée dans la plupart des plans stratégiques de
l'organisation. Le contrat, précisant la relation entre les fournisseurs leurs clients, apparus comme
un problème central. Les contrats d'externalisation sont souvent complexes, avec de multiples
clauses visant à réduire les dépenses imprévues, les augmentations de coûts possibles, et le
comportement des prestataires de service opportuniste. Mais il était impossible de préciser tous
les scénarios possibles dans un contrat, et les interactions client-fournisseur se rendaient souvent
au-delà des règles, des accords et des exceptions-ils également reposé sur la confiance,
l'engagement et l'intérêt mutuel.
Parce que ces éléments incorporels n'ont pas été facilement capturés dans le contrat, une relation
plus étroite entre les clients et leurs fournisseurs de services, a émergé, une sorte d’externalisation
32
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
partenariale19. De nombreuses organisations ont demandé ce type de partenariat souple avec leurs
prestataires de services après avoir identifié les limites des contrats légaux. Par conséquent, un
partenariat efficace est devenu connu comme un prédicateur clé de la réussite de l’externalisation.
Le tableau ci-dessous indique l'évolution des questions de l’externalisation avec les théories de la
littérature.
Problématique de
l’externalisation Théories Devise
De à
Make or buy Motivation Resource-based theory Les activités doivent être réalisées
Core competencies theory soit en interne ou par les
fournisseurs.
Motivation Scope Transaction cost theory Améliorer l'efficacité dépend de
& Resource dependency l'équilibre entre les risques et les
Options theory avantages.
Scope Performance Coordination theory Personne ne peut assurer une
& performance efficace, quelles que
Options soient les options choisies.
Performance Insourcing/ Economic efficiency Comment savoir si un fournisseur
Outsourcing theory Power-political extérieur est plus efficace que les
theory fonctions internes?
Insourcing/ Contract Agency-cost theory Social Nous ne produisons plus nous-
Outsourcing contract theory mêmes tout ce dont nous avons
besoin pour prospérer.
Contract Partnership Social exchange theory L'acquisition de services ou de
produits est assurée par des
interactions continues entre les
parties sur la base de l'avantage
mutuel.
Table 2: Évolution des théories relatives à l'externalisation20
Dans ce qui suit, nous allons présenter les théories les plus importantes de la littérature
managériale ainsi que leur lien avec l’externalisation. Et ce, en distinguant celles qui ont une vision
économique de celles qui ont une vision stratégique. En effet, deux approches théoriques en
sciences économiques sont fréquemment mobilisées pour expliquer la décision d’externalisation:
33
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
La théorie des coûts de transaction (TCT), qui centre l’étude sur l’arbitrage entre les
coûts de coordination attachés à la production interne (make) et les coûts de transaction 21
nés du recours au marché (buy)22.
La théorie de la ressource (TR) traite les facteurs qui sous-tendent l’avantage
concurrentiel des entreprises23
Pour chacune des approches théoriques, nous allons présenter succinctement quelques principes
et définitions théoriques pour aborder par la suite les implications de ces cadres conceptuels sur le
concept d’externalisation.
D’abord Ronald H. Coase24 qui écrit en 1937 l’article fondateur : La nature de la firme, apportant
une réponse à la question : «pourquoi émergent les firmes ?» :
« ...Une firme apparaît dans le cas où la passation d’un contrat à très court terme n’est pas
satisfaisante....Une entreprise tendra à s’agrandir jusqu’à ce que les coûts de réalisation de la
transaction44 supplémentaire en son sein deviennent égaux aux coûts de la réalisation de cette transaction
sur le marché ou dans une autre firme... ».
Ensuite c’est à Oliver Eaton Williamson25 qu’on doit le développement et la structuration de la TCT
sur la base des propositions de Coase. Il propose les différents facteurs qui vont déterminer le
choix entre le recours au marché́ ou l’entreprise pour la réalisation des transactions. Oliver. E.
Williamson considère que:
21
Une transaction comme unité d’analyse se définit comme: un échange d’informations ou de marchandise ayant une
valeur économique entre deux partenaires aux différentes étapes du cycle de production. La prise en charge de la
transaction se fait soit par l’entreprise elle-même ‘appelé hiérarchie », soit par l’externe appelé « marché » via le
système de prix
22 (Barthélemy, 2006)
23 (Poppo et Zenger, 1998 ; Barthélemy 2006)
24 (Coase, 1939) : Ronald Coase né en 1910, économiste anglais, prix Nobel d'économie en 1991, « The Nature of
34
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
La réduction des coûts a été la principale raison derrière l'externalisation27. La théorie des Coûts
de Transaction (TCT) fournit une base théorique pour aborder l'externalisation du point de vue
des coûts. Les transactions sont les échanges de biens ou de services entre entreprises. La TCT
soutient que la répartition de l'activité économique des entreprises dépend de l'équilibre des coûts
internes de chaque entreprise contre le coût des transactions de biens et services sur le marché. Il
s’agit de l’argument très courant de la décision « Make or Buy », qui stipule que les entreprises
achètent des services à d'autres entreprises (via «le marché») si cela est moins coûteux que de les
produire en interne (via «hiérarchie»). Inversement, lorsque le marché "échoue", alors les produits
et services doivent être produits en interne; et c’est là, la raison pour laquelle les entreprises
existent selon la théorie des coûts économiques.
Les coûts de transaction sont également impactés par la spécificité des actifs (Asset
Specificity), l'incertitude et la fréquence des transactions29 La spécificité des actifs dans le
cadre de l'externalisation des TIC par exemple se réfère à la mesure dans laquelle le matériel,
26 Le principe de « rationalité limitée » est issu des travaux de Herbert Alexander SIMON, Prix Nobel d’économie en
1978, Ses travaux sur la théorie de la décision. « Theories of decision-making in economics and behaviors science
» (1959)
27 (Lacity & Willcocks, 1995)
35
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Incertitude
Indicateurs des
transactions
Figure 11: Les indicateurs des transactions dans la théorie des coûts de transaction
Pour résumer, la théorie des coûts de transaction fournit une explication conceptuelle
économique du phénomène d'externalisation. Selon la TCT, les décisions d'externalisation sont
basées sur un compromis entre les coûts de production et de coordination (Cheon, et al. 1995). Le
but est de trouver une structure de gouvernance à plus faible coût de transaction. Ceci implique
de répondre à deux questions clés:
36
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
1. Est-ce que l'entreprise doit externaliser certaines fonctions ou les réaliser en interne?
2. Si la décision est d'externaliser, quel fournisseur et quel type d'arrangement contractuel
doivent être sélectionnés?
Le cadre d’analyse de la théorie des coûts de transaction est souvent sollicité pour cerner les
déterminants économiques de l’Outsourcing, répondant à la problématique du choix entre faire
(internalisation) ou faire faire (externalisation). En effet le croisement des attributs de la TCT avec
les différents types de contrats possibles fournit une grille d’analyse qui répond justement à la
question du choix d’externalisation.
Soit :
37
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Figure 12: La relation entre les différents coûts de transaction et le degré de spécificité des actifs30
Lorsque la spécificité des actifs est nulle (K=0), le marché génère des coûts moins enlevés que la
forme hybride ou la hiérarchie c'est-à-dire que CTm(0) < CTh(0) <CTi(0). Dans ce cas, les formes
hybrides ont un coût d’organisation plus élevé d’où le recours au marché est moins coûteux pour
l’entreprise.
Lorsque le degré de spécificité des actifs s’accroît, le nombre de partenaires diminue, le risque
associé aux comportements opportunistes augmente. Des coûts ex-antes apparaissent
(inefficience du marché, problèmes d’incitation à investir, ....) et des coûts ex-post sont associés à
l’adaptation de la relation au cours de la transaction. On obtient donc CTi(K) > CTh(K) >
CTm(K). D’où la gouvernance par le marché est la plus adaptée.
Lorsque K > K1, la hiérarchie minimise les coûts de transaction. Ceci traduit la réduction de
l’opportunisme et une harmonisation, au moins partielles des intérêts des parties en présence
grâce à l’organisation interne.
Lorsque K entre K0 et K1 la forme hybride est la plus efficace. En effet, face à un nombre limité
de partenaires et pour un degré intermédiaire de spécificité, la forme hybride réduit les
30 (Quelin, 2007)
38
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Toutefois la TCT suscité un certain nombre de critiques de nature empiriques et théoriques: sur le
plan statistique, on met en évidence la difficulté d’évaluer les coûts de transaction et sur le plan
théorique l’analyse de la coordination de l’activité est limitée à celle l’affectation des ressources.
Aussi, nombreuses sont les constatations et observations qui ont conduit à relativiser le facteur
coût dans les logiques d’externalisation au détriment d’autres facteurs inhérents à la stratégie des
entreprises.
Selon Barthélemy31 la TCT a montré ses limites dès lors que nous nous intéressons à l’analyse du
contenu de l’externalisation (facteurs déclencheurs de l’externalisation, l’élaboration du contrat, sa
mise en œuvre, la gestion des ressources, la relation). En effet le choix d’une stratégie peut
dépendre des objectifs et des ressources et compétences internes de l’organisation comme il peut
dépendre de l’intensité de la concurrence et du pouvoir de négociation des fournisseurs dans le
secteur, selon l’analyse structurelle de Porter.
D’où l’intérêt de s’intéresser à la théorie des ressources comme cadre d’analyse complémentaire de
la stratégie d’externalisation.
La théorie des ressources33 (TR), appelée aussi «Théorie basée sur les Ressources» (TBR), ou
(Resources Based View) fournit une base théorique pour aborder l'externalisation dans une
perspective de déficit de ressources. Elle considère l’entreprise comme une collection de
ressources productives34 dont l’avantage concurrentiel est basé essentiellement sur le faite de
31 (Barthélemy, 2006)
32 (Lacity & Willcocks, 1995)
33 Les ressources : sont des actifs tangibles et intangibles possèdes et contrôlés en permanence par l’entreprise en
39
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
procéder et de contrôler des ressources uniques, précieuses et difficiles à imiter35. En effet, plutôt
que d'une position spécifique produit/marché, la TR considère qu’un ensemble de ressources
pourrait être utilisée pour créer différents produits pour différents marchés. Ainsi l’avantage
concurrentiel d’une entreprise vient du fait qu’il soit la seule organisation avec les ressources
nécessaires pour créer et livrer ces produits. La durabilité de cet avantage dépend de l'immobilité
des ressources, c'est-à-dire, la difficulté pour les autres de copier, d’acquérir ou de développer ces
ressources36. Si les concurrents n'ont pas un désavantage significatif de coût ou un obstacle dans
le développement de ces ressources, alors dans ce cas, elles ne peuvent fournir qu'une capacité et
un avantage temporaire à l’entreprise jusqu'à ce qu'ils soient copiés par la concurrence.
De ce point de vue, l’enjeu de l'externalisation est l'acquisition de ressources sur le marché. Ces
ressources ne peuvent pas, par eux-mêmes, être stratégiques selon la théorie des ressources, car
elles ne sont pas uniques et peuvent être acquises par des entreprises concurrentes. Cependant, la
TR ne traite pas uniquement du déploiement des ressources existantes, mais aussi de leur
immobilisation37. Pour exploiter pleinement les ressources uniques existantes d'une entreprise,
l'acquisition externe des ressources complémentaires peut être nécessaire38. Ces ressources
seraient acquises à l'extérieur parce qu'il peut être plus coûteux pour l'entreprise de les créer en
interne (comme pour la TCT). Une entreprise peut également réaliser un avantage unique d'une
ressource achetée lorsque celle-ci est combinée à d’autres ressources propres qui elles sont
uniques, surtout si cette ressource acquise complète ses ressources existantes plus efficacement
qu'elle ne le fait pour les concurrents. Par exemple, tandis que deux entreprises concurrentes
peuvent utiliser le même fournisseur d'externalisation de fournir une gestion de relation client
« CRM », il se peut que l'une des entreprises ait une capacité unique telle qu’une production
efficace, une force de vente, un réseau de distribution, ou autre ressource qui fournit un avantage
global. Ainsi combler les lacunes des ressources grâce à une stratégie d’externalisation non
seulement maintient le stock en ressources de l’entreprise, mais peut aussi augmenter les
ressources et les capacités pour rester compétitif.
En résumé la TR traite la question de savoir sous quelles conditions ou quelles formes, les
ressources et compétences peuvent être la source d’avantage compétitif durable. Généralement
cinq conditions sont avancées:
35 (Barney, 1991)
36 (Rumelt, 1984)
37 (Grant, 1991)
38 (Grant, 1991)
40
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Figure 13: Les conditions d’évaluation de la valeur stratégique des compétences selon la TR
Cette approche part du postulat qu’une entreprise ne possède pas nécessairement toutes les
ressources et les compétences dont elle a besoin pour assurer son fonctionnement. Pour pallier ce
manque, trois possibilités s’offrent alors à elle :
41
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
42
Chapitre I : L’externalisation dans la littérature managériale
Sur le plan théorique, l’externalisation est intimement liée aux recherches et théories qui traitent
de la frontière des organisations et de l’optimisation des ressources. Les deux théories les plus
citées sont la théorie de coûts de transaction et la théorie de. L’analyse de l’apport de ces deux
théories sur la décision de l’externalisation nous permet de retirer les conclusions suivantes :
La théorie des coûts de transaction soutient que la forme organisationnelle retenue pour
organiser une transaction notamment l’externalisation doit permettre de minimiser la
somme des coûts de production et de transaction (coûts de planification, d’adaptation et
de pilotage des tâches, se répartissant entre les coûts ex-ante et les coûts ex-post, analysé
précédemment). La détermination de la forme d’organisation adéquate nécessite
l’articulation entre les attributs de transaction préconisée par Williamson.
La théorie des ressources est utile à différents niveaux pour éclairer le phénomène de
l’externalisation. Elle peut permettre de justifier l’externalisation au travers du transfert à
un prestataire de compétences jugées non stratégiques (n’ayant pas les qualités évoquées
précédemment) afin de recentrer l’utilisation de ses ressources sur les compétences jugées
stratégiques (cœur de métier). L’externalisation réside dans la comparaison de la qualité
des ressources et des compétences internes par rapport à celles des prestataires présents
sur le marché. L’externalisation est une décision stratégique qui peut être utilisée pour «
combler un vide » entre les compétences souhaitées et les compétences réelles.
43
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
L’externalisation est devenue, pour beaucoup d’organisations, une option fiable voir
incontournable pour améliorer la gestion et contribuer à la croissance. De ce fait, les
professionnels et les grands cabinets de conseil sont intéressés de près aux problématiques et aux
bonnes pratiques de gestion de projets d’externalisation pour offrir aux managers les meilleurs
outils pour bien choisir et implémenter leurs stratégies d’externalisation.
Nous allons donc commencer le chapitre par la présentation des différents modèles et stratégies
d’externalisation telle que vue par les professionnels. Ensuite nous allons introduire un certain
nombre d’outils d’aide à la prise de décision et de gestion du cycle de vie d’un projet
d’externalisation. La fin du chapitre est réservée à la présentation du Framework « eSourcing
Capability Model » qui donne un cadre exhaustif pour la mise en place d’une culture mature
d’externalisation dans une entreprise.
44
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
La Stratégie d’externalisation
L’évaluation et la sélection des fournisseurs
La négociation du contrat
Gestion de la relation
Bien que dans les 20 dernières années, les professionnels se sont focalisés principalement sur les
phases deux et trois (sélection et négociation), les organisations se concentrent
aujourd’hui principalement sur la première et la quatrième phase en essayant d’assurer
continuellement l'alignement et la gestion de l’externalisation par rapport à des besoins qui
changent constamment. Gartner définit une stratégie d'approvisionnement: L'ensemble des
scénarios, plans, directives et décisions qui définit dynamiquement et intègre les ressources et les
services internes et externes nécessaires à atteindre d’une manière continue les objectifs métiers
d'une entreprise. Une stratégie d’externalisation est construite en explorant cinq dimensions
principales:
45
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Objectifs stratégiques
Selon Gartner, l'espace des stratégies d’externalisation est un cadre d'approvisionnement très large
qui inclue les différents modèles de relation de l’organisation avec le marché et qui peut servir
comme base pour la représentation visuelle d'une stratégie d’externalisation.
Dans le passé, le concept de l'externalisation pour la plupart des organisations a été largement lié à
une l'externalisation complète. En réalité, le modèle que les entreprises adoptent le plus souvent
aujourd'hui pour services informatiques est l'externalisation sélective »41 (multi-sourcing
approach). D'autres modèles ont souvent été utilisés par les entreprises, en particulier en Europe,
en raison de la maturité relativement faible du marché de l’externalisation, et les limites imposées
par la réglementation du travail stricte et des syndicats puissants. Ces différents modèles sont en
train de devenir utiles pour élaborer des stratégies d’externalisation vers un marché en pleine
évolution souvent très mouvementée. Les modèles de relation et partenariat entre une
organisation cliente et un fournisseur de services sont utiles pour représenter les forces et les défis
d'une relation, presque indépendamment du contenu réel du service à fournir.
Les professionnels42 ont identifié les différents modèles de relations d’externalisation dans l'espace
des stratégies d'approvisionnement par rapport à deux caractéristiques organisationnelles
importantes :
46
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Axe « Build vs. Buy »: représente la volonté de l'entreprise à aller vers le marché « Buy»
ou non (build) pour les capacités qui ne sont pas strictement internes à l'organisation.
Axe au « niveau de la concurrence »: représente la volonté de l'entreprise de travailler
avec un seul fournisseur. Soit, en minimisant les frais de gestion, mais avec un risque de
devenir un marché captif, ou faire jouer à fond le levier de la concurrence dans la gestion
de différents fournisseurs et en acceptant les frais généraux et complexité d'un fournisseur
multiservices et de la situation de plusieurs contrats (Figure 21).
Figure 15: L’espace des stratégies d’externalisation et les neuf modèles d’approvisionnement43
Livraison Interne (Internal delivry): Il s’agit là du modèle classique de prestation que chaque
manager connait. L'organisation interne fournit des services à l'entreprise, et met en œuvre de
nouveaux services et architectures à travers des projets internes. Tout est géré par la relation
directe entre une les différentes unités de l’organisation. Il est le modèle le plus élastique, parce
que le directeur de l'unité peut changer les règles et les processus autant et aussi souvent que cela
est nécessaire. Néanmoins, il est aussi modèle le plus limité en ce qui concerne l'échelle et la
dimension des opérations et les connaissances (c'est à dire, l'expérience, l'innovation et les
ressources supplémentaires disponibles).
43 (Gartner I. , 2011)
47
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Shared Services « Centre Captifs » : est un modèle basé sur des centres de prestation de
services appartenant à l’organisation cliente et exploités par celle-ci, généralement dans un endroit
offshore et low-cost. Ces centres fournissent de services directement à leur organisation et leur
personnel est rattaché juridiquement à l’organisation.
Joint-Venture: Pour sortir des limitations du modèle de livraison en interne (les économies
d'échelle de la connaissance), l'entreprise s’associe avec un fournisseur du marché pour créer une
société de service distincte. Normalement, le fournisseur à la majorité des parts dans la société
crée (typiquement 50% à 80%) et c’est lui qui gère la gère sur le plan opérationnel. La Joint-
Venture résulte souvent d’une réflexion qui va au-delà de l’externalisation d’un service et s’inscrit
dans une stratégie à plus long terme. Il s’agit, en effet, d’un véritable partenariat stratégique entre
deux ou plusieurs entreprises portant sur une activité particulière.
Brand services company (BSCo): Ce modèle est utilisé par des grandes organisations ou un
groupe d’entreprise et consiste à la création d’une entreprise pour se faire fournir des services
dans un domaine bien particulier. Les services fournis sont soigneusement comparés au marché.
La société créer pour faire appel à des fournisseurs externes pour l'externalisation sélective d'une
48
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
partie des services, mais elle reste l’interlocuteur principal vis-à-vis de l’organisation cliente. La
société de services peut être autorisée ou même destinée à servir le marché externe.
Best-of-breed Consortiums: Ce modèle est apparu sur le marché comme une évolution du
modèle d'externalisation complète pour les très grandes transactions de grandes entreprises
multinationales ou d'administrations publiques. Il se produit quand les exigences du client
dépassent les capacités d'un seul grand fournisseur. Basé sur la demande d'un client, ou sur une
décision des fournisseurs, un consortium est construit, et l'un des fournisseurs prend le rôle de
contractant principal avec l’organisation cliente
49
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
La matrice ci-dessous44 propose un modèle de décision qui positionne les différents modèles et
stratégie d’externalisation selon les axes :
Elle permet aussi de situer le niveau d’effort exigé pour chaque modèle (ce qui correspond à la
surface de chaque cercle du schéma):
44 (Gartner, Da Rold, & Berg, Sourcing Strategies: Relationship Models and Case Studies, 2003)
50
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Figure 16: Profils des coûts et niveau de contrôle pour les différents modèles d'externalisation45
Les modèles « Captifs » assurent le niveau de contrôle le plus élevé à l’organisation, mais
demandent un effort de management très important et des coûts élevés.
L’externalisation totale permet, quant à elle, une réduction significative du coût de travail et un
effort de management minimal. Par contre l’organisation perd en quelque sort le contrôle sur les
activités externalisées.
Les modèles intermédiaires permettent de trouver un équilibre entre niveaux de contrôle, de coût
et d’effort de management.
45 (Gartner, Da Rold, & Berg, Sourcing Strategie (De Jong , 2009)s: Relationship Models and Case Studies, 2003)
51
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Le graphique suivant (Figure 17) regroupe les principales composantes du cycle de vie d’un projet
d'externalisation selon plusieurs modèles proposés par les chercheurs et professionnels du métier
de l’externalisation46. Il s’agit d’un schéma qui montre une image combinée de quatre points de
vue sur les différents cycles de la vie. Les phases similaires sont de la même couleur, ce qui a
abouti à une catégorisation comme décrite dans le cercle intérieur.
52
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Figure 17: Vue combinée des modèles de cycle de vie des projets d’externalisation47
Phase de préparation : Au cours de cette première phase (en vert dans le graphique), l'entreprise
étudie et prépare sa stratégie d’externalisation. Les principales questions de cette phase sont de
savoir si ou non il faut externaliser, ce qu’il faut externaliser. Au cours de cette phase, les objectifs
de l'externalisation devraient être bien identifiés et clarifiés.
53
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Phase de sélection des fournisseurs : La deuxième phase (en jaune) concerne la sélection des
fournisseurs les plus appropriés. Cela comprend par exemple la détermination des critères; l'envoi
de demandes de propositions, la négociation et la sélection finale.
Phase de transition : (en orange) il s’agit de la transition effective du travail de l’entité interne
vers le fournisseur externe. Cette phase peut contenir, par exemple, les pilotes pour déterminer la
meilleure façon de coopérer ensemble.
Phase de gestion de la relation : La quatrième phase (rouge) consiste à gérer la relation. C'est là
que le travail quotidien se passe et dure jusqu'à ce que le contrat arrive à son terme.
Phase de Reconsidération : La cinquième phase (en violet), quant à elle, constitue une étape
importante de la gouvernance du projet d’externalisation, car permet d'évaluer le projet, de
renouveler le contrat, de l’améliorer ou y mettre fin, et ce dans une approche d’amélioration
continue. Si le contrat est renouvelé, cela signifie que la deuxième phase (sélection des
fournisseurs) n'est pas nécessaire, mais il est toujours possible que le client recommence à la
première phase d'évaluation de ses besoins. Si les parties déterminent de mettre fin à la relation, le
client peut décider de recommencer à la première phase pour adapter sa stratégie et déterminer s’il
est sage d’externaliser à nouveau.
Il s’agit là d’un processus itératif qui permet à travers, le temps et la pratique de croitre la maturité
de l’organisation à gérer ces projets d’externalisation et à améliorer la performance et rendement
de ces projets48.
Chacune de ces phases permet de répondre à un certain nombre de questions qui peuvent être
synthétisées sur le schéma suivant:
54
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
et si?
Que faire
quoi?
maintenant?
Comment? où?
A qui? Quand?
SÉLECTION DES
FOURNISSEURS
Figure 18: Les différentes questions traitées lors du cycle de vie d'un projet d'externalisation
55
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Suivi et évaluation de la
56
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
performance
Application de mesures
d'incitation et des sanctions
Avant d'entamer chaque étape du cycle de vie de l’externalisation, certains points critiques doivent
être considérés. Tout d'abord, le processus d'externalisation est itératif et il est important de
donner suite à chaque étape de la manière prescrite. Ceci permet de réduire considérablement la
difficulté de la prise de décision en fur et à mesure que l’organisation avance dans le processus.
Lorsqu'une organisation considère tout d'abord recours à l'externalisation comme un outil
stratégique, il y a un nombre illimité de possibilités à analyser. En d'autres termes, trouver la
bonne solution qui fonctionne pour l'organisation est difficile, car l'espace de recherche de
solution est apparemment vaste et illimité. Cependant, après avoir procédé à une évaluation
stratégique approfondie de l'organisation et l'analyse des zones qui pourraient être candidats à
l’externalisation, l'espace des solutions peut être réduit radicalement. Chaque étape contribue à la
suivante ce qui garantit une synergie dans du processus.
57
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
La maitrise d’un projet d’externalisation est, à la fois, une science et un art. La part de la science
vient de principes et méthodologies bien définis qui doivent être suivis pour la réussite du projet.
Ceci implique de ne pas se précipiter à travers les étapes du processus, savoir où vous êtes avant
de vous engager dans la négociation, en accordant une attention à la communication et la
résolution de problèmes lors de la phase de lancement du projet, la gestion des connaissances
pour améliorer le processus. La gestion est souvent un art. Ce qui fonctionne dans une situation
peut ne pas fonctionner dans une autre. Le travail du gestionnaire est de visualiser et d'extrapoler
des modèles dans diverses situations, et de travailler sur la meilleure façon d'adapter les principes
existants pour répondre à ce nouveau contexte. Ainsi, comme tout art, seule la pratique fera d’un
projet d’externalisation une réalisation parfaite.
Les principaux retours d’expérience sur le sujet de la gouvernance des projets d’externalisation
peuvent être résumés en trois thèmes50 simples, mais riches en contenu :
L’Expérience
L’Essential
L’Empathie
58
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Experience
3Es
of outsourcing
gouvernance
Empathie Essentials
Les études ont démontré que les organisations qui ont pratiqué la définition et la gestion des
relations d’externalisation ont des modèles de gouvernance plus matures et plus efficaces que les
organisations qui se trouvaient dans la «première génération» de leurs relations d’externalisation.
Alors que la littérature académique et le savoir-faire des conseils sur des contrôles efficaces de
gouvernance de la sous-traitance se sont considérablement améliorés au cours de la dernière
décennie, ils ne sont pas un substitut pour l'expérience pratique dans la gestion d'un fournisseur
de services sur le plan opérationnel au jour le jour. Les professionnels suggèrent que les managers
qui se lancent dans une initiative majeure d’externalisation pour la première fois seraient bien
avisées de demander des conseils de leurs pairs expérimentés en interne de l’organisation, ou de
conseillers externes expérimentés.
59
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
ensemble complexe d’indicateurs et de SLA, par opposition à la navigation dans une collection
concise de métriques «essentielles» qui reflètent fidèlement les priorités de l'entreprise. Tandis que
ces métriques concises et orientées métiers devraient être établis à l'avance, la flexibilité dans le
contrat, quant à elle, est essentielle, car les métriques peuvent être réglées pour maintenir leur
pertinence tout au long de la vie du contrat de l’externalisation.
Le troisième et peut-être plus intéressant constat est l'importance de la compréhension entre les
acheteurs et les fournisseurs, dite empathie. De plus en plus, l'utilisateur mature de services
externalisés vient à la conclusion que le fait d’avoir un niveau plus élevé d'ouverture, de confiance
et de collaboration est essentiel à la réussite des relations d'externalisation. Alors que de
nombreuses organisations comptent beaucoup sur la notion traditionnelle de «seul compte le
résultat» et traitent les opérations des fournisseurs comme une «boîte noire», les organisations plus
matures ont commencé à apprécier la valeur d'une meilleure compréhension du fournisseur et
l’empathie pour son business model ainsi que les défis de son entreprise. Ceci, bien sûr, exige une
plus grande ouverture de la part du fournisseur aussi. «Empathie» n'implique pas forcement la
transparence bilatérale complète, mais un engagement proactif et une plus grande ouverture,
cohésion et collaboration entre les ressources de l’acheteur et le fournisseur. Ceci permet de
conduire à des niveaux plus élevés de confiance et par conséquent à plus de création de valeur
dans la relation d’externalisation.
3. Donner organisations clientes des conseils qui les aideront à améliorer leur capacité à travers
le cycle de vie de l’externalisation ;
4. Fournir aux organisations clientes avec un moyen objectif d'évaluer leur capacité
d’outsourcing et d’approvisionnement en matière de services informatiques.
Les modèles de capacité eSourcing ont été initialement développés à l'Université Carnegie Mellon
en 2003 et il est géré aujourd’hui par l’IT Services Qualification Center (ITsqc). Les activités de
collecte de données afin d’établir ce Framework ont inclus un examen approfondi de la littérature,
des entrevues avec les clients, les fournisseurs de services, et des conseillers, ainsi que plusieurs
ateliers avec la participation d’organisation au niveau mondial. Le modèle présente deux
60
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
référentiels, un pour les organisations clientes (eSCM-CL) et un pour les fournisseurs de services
(eSCM-SP)
L’eSCM est un véritable «guide quotidien» pour le développement et la maturation d'une relation
réussie avec son fournisseur de service. Il aborde tous les points relatifs au à la vie du couple
Client/Fournisseur, du début de la relation, à la gestion des conflits, ainsi que la séparation
juridique.
61
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Domaine d'aptitude
L’eSCM-CL contient 95 pratiques groupées en 17 domaines d'aptitude :
Permanentes :
- Gestion de la Stratégie de Sourcing
- Gestion de la Gouvernance
- Gestion des Relations
- Gestion de la Valeur
- Gestion du Changement Organisationnel
- Gestion des Collaborateurs
- Gestion des Connaissances
- Gestion des Technologies
- Gestion des Risques
Analyse
- Analyse des Opportunités de Sourcing
- Approche du Sourcing
Démarrage
- Plan de Sourcing
- Évaluation des Fournisseurs
- Contrats de Sourcing
- Transfert des services
Fourniture
- Gestion des Services externalisés
Résiliation
- Phase de Réversibilité
Niveau d'aptitude
L’eSCM-CL est organisé en cinq niveaux d'aptitude croissants :
62
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Effectuer le sourcing ;
Gérer le sourcing de façon cohérente ;
Gérer la performance de sourcing de l'organisation ;
Améliorer la valeur de façon proactive ;
Maintenir l'excellence.
63
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Hardware
Communication Software
Système
d'information
People Data
Procedures
1. Matériel (Hardware): Le matériel est la partie la plus évidente d'un système d'information.
Il se réfère aux ordinateurs eux-mêmes, ainsi que tous les périphériques, y compris les
serveurs, les routeurs, les moniteurs, les imprimantes et périphériques de stockage.
53 (Wikipedia.org, 2014)
54 (Stair & Reynolds, 2013)
64
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
2. Logiciel (Software) : Sans logiciel, le matériel ne serait pas très utile. Le logiciel détermine
les tâches qui peuvent être effectuées par la machine, ordonne son fonctionnement et lui
procure ainsi son utilité fonctionnelle. Un logiciel est un ensemble de séquences
d’instructions interprétables par une machine et d’un jeu de données nécessaire à ces
opérations.
3. Données (Data): Les données, ou informations sont le troisième élément d'un système
d’information. Tout comme le matériel ne peut pas fonctionner sans le logiciel, le logiciel ne
peut pas fonctionner sans données. Le système d'information soutient le processus de
collecte, manipulation, stockage, distribution et utilisation des ressources d'information d'une
organisation.
4. Procédures (conception, développement et documentation) : On dit communément que "les
procédures sont aux gens ce que le logiciel est au matériel." Les procédures sont les règles, les
descriptions et les instructions sur la façon dont les choses sont faites dans une organisation.
Dans le domaine des systèmes d'information, les procédures sont souvent décrites dans des
enregistrements informatiques tels que les manuels d'utilisation qui décrivent comment
utiliser le matériel, les logiciels et les données.
5. Personnes (People) individus, groupes ou organisations, les gens sont la partie la plus
souvent négligée et la plus importante d'un système d'information. Ce sont les gens qui
conçoivent et exploitent le logiciel, font entrer les données, construisent le matériel et le font
fonctionner, écrivent les procédures et c’est eux, en fin de compte, qui déterminent le succès
ou l'échec d'un système d’information.
6. Communication : La communication ou la connectivité est une nécessité pour tout système
informatique composé de plusieurs composants logiciels et matériels. La communication
entre les personnes et utilisateurs du système d’informations est également incluse dans cet
élément, il en constitue un élément important.
La grande majorité des systèmes d'information sont développés pour être utilisés par des
personnes dans des domaines fonctionnels (par exemple, la production, les ressources humaines,
de la comptabilité, de la finance et marketing). Pour développer des systèmes d'information qui
répondent aux besoins de l'organisation, les professionnels doivent posséder une solide
combinaison de connaissance sur la gestion fonctionnelle de l'entreprise en plus des
connaissances techniques. Ils doivent comprendre les structures organisationnelles, les objectifs,
les opérations (y compris les processus et les flux de données entre les processus) et les
conséquences financières liées à ces facteurs. Ce n'est que par la compréhension de ces facteurs un
professionnel du système d’information peut communiquer efficacement avec les utilisateurs, puis
de concevoir des systèmes qui prennent en charge leurs besoins.
65
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Le rôle essentiel de la direction des systèmes d’information (DSI) est de maintenir la cohérence de
l'infrastructure informatique avec les besoins de l'entreprise. Cette vaste tâche recouvre tout
autant les préoccupations de continuité de services que d'alignement des technologies de
l'information avec les objectifs stratégiques de l'entreprise.
L’ensemble des métiers du système d’information peut être organisé en sept familles55 :
Cette famille regroupe tous les métiers qui touchent de manière globale à la mise en cohérence
organisationnelle et fonctionnelle du système d'information. La plupart de ces métiers travaillent
avec le business dans le respect des orientations stratégiques et ambitions de l'entreprise.
2. Management de projet
Cette famille regroupe tous les métiers qui pilotent suivent et coordonnent les projets de
développement, déploiement, infrastructure ou méthode Informatique, risques, etc. Ces métiers
organisent les travaux, la gestion des ressources et la communication.
Cette famille regroupe les métiers liés à l'étude, la conception, le développement, l'intégration et
l'exploitation des infrastructures. Elle comprend aussi les métiers liés au support IT interne à la
DSI.
Cette famille regroupe les métiers tournés vers l'utilisateur ou usager du SI en termes d'assistance
et d'accompagnement.
Cette famille regroupe tous les métiers liés à la définition, la mise en place, le contrôle et suivi
(audit) des normes et référentiels qualité, méthode et sécurité, en phase avec la gouvernance de la
DSI.
55 (CIGREF, 2011)
66
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
7. Management opérationnel
Cette famille regroupe tous les métiers à responsabilité hiérarchique en termes de ressources
humaines, de budget, de décision ou de périmètre.
Le schéma suivant positionne chacun de ces métiers par rapport aux axes : stratégique,
opérationnel, développement et gestion de la production.
STRATÉGIQUE
Pilotage, Organisation et
gestion des évolutions du
Support, méthode,
système d’information
sécurité et qualité
Management de
projets
OPÉRATIONNEL
67
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
L'externalisation des TIC, qui comprend également aux services utilitaires (utility services), les
SaaS (software as a service) et les systèmes en Cloud, aide les entreprises à développer de
meilleures stratégies et de sélectionner les bons fournisseurs de services informatiques.
Au début des années 1970, la programmation des logiciels informatiques a d'abord été délocalisée
en offshore, car la production de logiciels était facilement déplaçable vu qu’elle n’est pas associée à
un capital matériel physique important. Cependant, l'externalisation offshore comme une
tendance n'a pas commencé jusqu'à relativement récemment. Depuis la décision initiale de Kodak
d'externaliser l'essentiel de leurs fonctions informatiques en octobre 1989. En effet, Kodak a
externalisé la majeure partie des opérations de son centre de données à IBM dans un contrat de
68
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
250 millions de dollars US dans accord qui a été initialement prévu pour une période de 10 ans58.
Des dizaines d'autres grandes entreprises ont suivi l'exemple du géant de film. Cette première
vague a préparé le terrain pour l'externalisation massive et a entraîné un changement fondamental
dans la manière avec laquelle les entreprises américaines considèrent le système d’information et
les fonctions de TIC. Soudain, les managers donnaient plus d'attention aux compétences de base,
à la réduction des coûts et aux partenariats stratégiques avec leurs fournisseurs informatiques. La
qualité du service a également été un facteur important. À la fin des années 1990 et au début des
années 2000, l'externalisation a maintenu un taux de 20 % de croissance par an. Cette forte
croissance de l'externalisation informatique peut être attribuée à la forte demande sur le marché
du travail causé par le boom d’internet le problème de l'an 2000.
À partir des années 2005, l’externalisation en offshore devient une tendance générale, et des pays
comme l’Inde et la Chine ont en fait un levier de croissance économique.
L’année 2014 témoignerait d’un certain nombre de tendances à l'externalisation entraînées par
l'alignement de la technologie, des opérations et des nouveaux modèles d'affaires, et ceci à la
recherche de l’amélioration de l’avantage concurrentiel. Il aurait de nouvelles façons d'externaliser,
de nouveaux modèles de tarification, de nouvelles façons de gérer les contrats, et une pléthore de
nouveaux services riches59.
Avec la maturité croissante des acheteurs et des vendeurs de services dans le marché de
l'externalisation, le secteur est en pleine mutation afin de refléter la dynamique changeante du
marché. Catalysé par des changements technologiques en évolution rapide, le marché de
l'externalisation est témoin de la mise en œuvre de stratégies innovantes, le développement de
services personnalisés et réponse aux nouveaux créneaux d'affaires. Les modèles traditionnels de
l’externalisation ont été reconçus pour faire place à de nouvelles et modèles commerciaux
innovants. Le climat économique incertain a aussi été un catalyseur dans la germination de
nouvelles idées dans le secteur. Les tendances générales sont motivées par des avancées
technologiques ou par des contraintes du contexte macro-économique. Nous allons présenter
dans ce qui suit quelques tendances majeures de l’industrie d’externalisation d’activités relatives au
système d’information.
69
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Les résultats d’une étude de Deloitte en 201261 suggèrent que le Cloud commence à remodeler
l'industrie de l’externalisation des TIC. 30% des entreprises qui ont participé à cette étude ont
déclaré qu’elle utilise les services de Cloud Computing.
Le Cloud aujourd’hui est beaucoup moins mature que l’externalisation traditionnelle, néanmoins
il est plus radical, car il implique l'automatisation et la standardisation d'un processus au lieu de
simplement déplacer le processus (souvent inchangé) vers un fournisseur externe.
Socio-sourcing
La notion de Socio-sourcing est apparue avec l’avènement de la crise économique mondiale en
2008. Sous l’influence d’un contexte socio-économique difficile et une augmentation des taux de
chômage, les gouvernements ont tendance à concéder certains avantages fiscaux ou économiques
aux entreprises pour qu’ils relocalisent des services externalisés en offshore vers des fournisseurs
Onshore ou Nearshore. Aussi, l’augmentation du chômage a eu comme conséquence une baisse
du niveau de salaire ce qui remet en cause, sur certains secteurs, l’argument d’externalisation pour
la réduction de coût. Ainsi certains fournisseurs Onshore commencent à adapter leurs offres pour
concurrencer les destinations Offshore. En effet, à cause de l'érosion continue des avantages
financiers du travail en Offshore, des sensibilités politiques et de la disponibilité d'un coût
relativement faible en "OnShore rural", une part considérable des transactions d’externalisation se
verrait soit relocalisée soit externalisée au niveau national62.
L’entreprise « Alpha » est une société de service qui fournit aux entreprises, à l'administration et
aux institutions financières, des solutions leur permettant de construire une relation client
fidèle et rentable, d’améliorer la gestion de leurs flux, de faciliter et sécuriser leurs échanges,
et d’optimiser leurs systèmes d’information. L’ensemble des activités de l’entreprise Alpha tourne
71
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
L’entreprise « Alpha » adopte une démarche qualité avec des certifications ISO 9001 et ISO 27001
et assure l’optimisation permanente de ses solutions par l’intégration des dernières technologies, le
respect des évolutions réglementaires et des normes en vigueur.
Banques : l’entreprise accompagne les banques depuis plus de 30 ans dans le traitement
de chèque, la gestion de l’épargne salariale, le traitement de documents entrants (courrier
clients, pièces de caisse), la souscription en ligne…
Transports : l’entreprise opère le back-office de l’abonnement avec renouvellement et
résiliation, la relation avec l’abonné, la gestion financière (prélèvement, relances,
recouvrement), la fabrication des titres de transport, la souscription numérique…
Énergies : l’entreprise optimise la gestion de la relation client multicanal par
l’optimisation de votre service courrier et/ou par un traitement sur nos centres industriels
mutualisés.
72
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Nous listerons ci-dessous quelques chiffres pour donner une idée sur la taille de l’entreprise
étudiée :
3 300 collaborateurs sur 25 centres de production sécurisés et sur plus de 450 sites clients.
Plus de 1 500 clients y compris les PME, les grandes entreprises et administrations
publiques
Plus de 800 serveurs hébergés sur deux datacenter
Organigramme
Ci-dessous une vue générale de l’organigramme de l’entreprise « Alpha » :
Direction
Générale
Direction des
Direction du système
ressources Production
d’information
partagées (DRP)
73
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
Dans un contexte marqué par une conjoncture économique difficile et une pression de plus en
plus croissante du marché et de la concurrence, cette réflexion sur le projet d’externalisation a été
motivée tout d’abord par une recherche de réduction des coûts. Mais aussi par une tendance à
s’interroger sur le cœur de compétence de l’entreprise.
La présente thèse a été initiée avec les dirigeants de l’entreprise afin de produire un travail de
repérage global du sujet d’externalisation et mettre à disposition des recommandations et
d’éléments de décision afin d’aider l’entreprise à mieux cadrer et réussir son projet.
74
Chapitre II : Pratiques de l’externalisation dans le monde professionnel
En guise de conclusion de ce deuxième chapitre, et comme présenté dans les différentes sections,
les professionnels se sont intéressés à différentes problématiques relatives à la pratique de
l’externalisation. Nous avons essayé de présenter les modèles importants utilisés dans le monde
professionnel, qui peuvent structurer le processus de la conception et mise en œuvre d’une
stratégie d’externalisation.
Nous avons donc commencé par la présentation de l’espace des stratégies de l’externalisation et
les cinq dimensions d’une externalisation stratégique. À savoir : les objectifs stratégiques de
l’organisation, la capacité interne de l’organisation, la capacité du marché externe, les modèles
d’externalisation et la gouvernance de l’externalisation. Nous avons ensuite décrit les neuf
modèles possibles pour l’externalisation qui ont été regroupés en quatre catégories : 1-
l’externalisation captive (Captive) ou l’organisation met en place sa propre filiale ou centre de
service externe et la propriété de tous les biens et le personnel est conservée. 2- Les tiers
fournisseurs (Third Party Service Provider) où un processus ou un service entier est déplacé de
son organisation vers un fournisseur externe. 3- Le BOT (Build, Operate, Transfer) où un
fournisseur externe aide le client à mettre en place et à diriger le centre avant de transférer la
direction au client. 4- L’externalisation Captive Virtuelle où une entité est formée avec une
répartition en investissement, recettes et contrôle entre le client et le fournisseur.
Enfin, et pour ne pas réinventer la roue, Le monde professionnel regorge d’outils et de bonnes
pratiques pour bien appréhender toutes les dimensions de l’externalisation ou pour analyser une
problématique bien particulière. Les matrices de décisions (Valeur Vs complexité, coûts Vs
contrôle…) sont de bons outils d’aide à la prise de décision. Des Frameworks comme l’eSCM
permettent d’appréhender la plupart des problématiques d’externalisation et
d’approvisionnement. Tous ces outils constituent un bon départ pour l’organisation afin
d’acquérir une maturité dans la mise en place et gestion des stratégies d’externalisation.
75
Partie II : L’externalisation en Nearshore, un
choix stratégique
76
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La mise en place d’une bonne stratégie d’externalisation repose, d’une part, sur une bonne
appréciation de la capacité du marché en termes d’offre et de maturité pour recevoir les activités
externalisées, et d’autre part, sur la capacité interne de l’organisation en termes de vision et de
maturité de gestion de ces processus.
Afin d’assister l’entreprise étudiée dans son projet d’externalisation, nous allons donc
appréhender, dans ce chapitre, ces deux éléments en essayant de faire ressortir les éléments de
base pour une bonne prise de décision et pour faire les bonnes recommandations.
Dans la deuxième section de ce chapitre, nous allons, tout d’abord, décrire le processus et les
résultats du diagnostic de l’entreprise étudiée afin de mettre en évidence, les objectifs et
motivations derrière le projet d’externalisation, ainsi que les barrières et contraintes qui risqueront
d’entraver la bonne conduite du projet. Ensuite, nous allons présenter le résultat de l’analyse des
activités potentielles à externaliser ainsi que les modèles pressentis pour chaque typologie
d’activité.
77
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Aujourd'hui, le nombre d’emplacements appropriés pour la délocalisation des services est plus
grand que jamais. Ceci constitue une aubaine pour les entreprises, mais la disponibilité de choix
augmente également la complexité de la conception d’une configuration optimale. Pour les pays,
cela signifie une concurrence féroce sur les emplois et les coûts.
Nous allons, en ce qui suit, et en se basant sur les études et sondages de grands cabinets
spécialisés, présenter une vue globale du marché de l’externalisation et de la délocalisation ainsi
que les pays qui constituent aujourd’hui les acteurs majeurs du secteur et les grandes destinations
principales.
L’indice 2014 d’A.T. Kearney sur la localisation des services externalisés64 jette la lumière sur cet
ensemble d’acteurs complexes et changeants en classant plus de 50 destinations possibles (voir la
figure 28). La classification est faite en utilisant un certain nombre de métriques regroupées dans
trois principales catégories :
L’attractivité financière
La compétence et disponibilité des ressources
Le climat des affaires
63 (Arie, 2012)
64 (A.T. Kearney, 2014) voir annexe 1
78
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Selon cet indice, l’Asie continue à dominer, avec six entrées parmi le top 10. Amérique latine, en
tant que région, fait aussi bien, car il offre la deuxième capacité la plus profonde de main-d'œuvre
qualifiée après l'Asie. L’Europe centrale propose une industrie mature et des joueurs hautement
qualifiés. Le Moyen-Orient et Afrique du Nord tirent leur avantage de la proximité avec l'Europe
ainsi que d’un grand réservoir de talent. Enfin, l’Amérique du Nord continue d'offrir des
opportunités intéressantes en dehors des régions métropolitaines les plus développées.
Asie-Pacifique
L’Inde, la Chine, la Malaisie sont en tête du classement, conservant ainsi leur position dominante
comme à chaque édition unique précédente. Indonésie, la Thaïlande et les Philippines suivent de
près sur leurs talons. Et Bangladesh est un nouveau venu à l'indice cette année. La région offre
une diversité significative: l'Inde continue de fournir tout autour de points forts à travers le
spectre de la délocalisation. En Chine, malgré la hausse des salaires, le secteur de l'informatique
montre promesse, non seulement pour la croissance du marché domestique, mais aussi pour
d'autres pays d'Asie qui cherchent des options littorales. Asie du Sud comprend les deux joueurs
établis tels que la Malaisie et les Philippines et nouveaux venus tels que l'Indonésie et la Thaïlande,
les deux qui présentent de bons fondamentaux accompagnés par encore l'amélioration des
compétences en langue anglaise.
L’Amérique latine
Avec son grand réservoir de main-d'œuvre qualifiée, l'Amérique latine offre des options de plus en
plus attractives par rapport à l’offre mondiale. Les deux acteurs majeurs, le Mexique (4eme) et le
Brésil (8eme) continuent à mener, suivi par le Chili et le Costa Rica La Colombie apparaît, comme
nouveau venu dans l'indice pour la première fois en 2014.
Le Mexique continue à renforcer les progrès qu’il déploie dans l'industrie et le succès dont elle
jouit comme une option Nearshore pour les entreprises américaines. Guadalajara en particulier,
offre de faibles coûts salariaux et un pool très important de talents, capables de supporter de
grands centres externalisés pour des multinationales comme Dell, IBM et Oracle.
Le Brésil, appelé aussi « The Software powerhouse », continue à fournir le marché américain et
international de logiciels et de services d’intégration de système informatique.
L’Europe
Europe offre un panorama composé de deux grands types d’acteurs, d’une part, des acteurs
établis avec des milieux d'affaires matures et un niveau élevé de capital humain, et d’autres parts
des emplacements émergents où les coûts sont plus bas et dont l'industrie et du paysage
réglementaire sont encore en développement.
79
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
L’Europe centrale propose une industrie mature et des acteurs hautement qualifiés. Bien que
relativement cher par rapport à des sites Offshore dans d'autres régions, il y a encore un potentiel
important à exploiter. La Pologne, le plus grand pays d'Europe centrale et orientale, bénéficie
d'une main-d'œuvre abondante et d’une multitude de grandes villes offrant des profils
raisonnables de coûts qui, tout en convergeant lentement vers l'Europe occidentale, restent encore
inférieures de plusieurs ordres de grandeur.
L’Europe du Sud présente des opportunités plus profondes, bien que son industrie et son cadre
réglementaire soient moins développés. La Bulgarie est à la destination privilège des centres
informatiques avancés servant à la fois des multinationales et les entreprises locales, axées
principalement sur le développement de logiciels traditionnels.
Un autre membre récent de l'UE, la Roumanie offre un solide portefeuille de talent de son réseau
d'universités. Les entreprises allemandes, francophones et italiennes sont des clients cibles
potentiels grâce à l’affinité linguistique et culturelle de la Roumanie avec les pays latins. Le
gouvernement roumain encourage activement le secteur, en proposant des incitations fiscales aux
entreprises qui opèrent dans le secteur de l'informatique.
L’Espagne, disposant d’un réservoir important de main-d’œuvre qualifiée à des prix post-
récession, gagne dans le classement mondial, grâce à ses liens culturels et linguistiques avec
l'Amérique latine qui sont utiles pour les multinationales qui font des affaires dans la région.
La Tunisie et le Maroc sont les principales sources de talents en langue française dans le secteur,
rejoint par Les Iles Maurice. Les îles Maurice sont un exemple de la façon dont même les très
petits pays peuvent attirer des investissements dans la délocalisation en menant des efforts ciblés
et en créant un environnement propice aux affaires.
Amérique du Nord
En Amérique du Nord, les Etats-Unis gagnent des points, en particulier pour les villes du Sud, qui
sont de plus en plus considérées comme une option Onshore très sérieuse pour les opérations à
forte valeur ajoutée. En effet des villes comme Pittsburgh et Raleigh qui disposent de grandes
réserves de talents ainsi que d'excellentes universités, sont de plus en plus, des destinations
80
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
potentielles de certaines entreprises américaines dans leurs projets de rééquilibrage des services
externalisés en Offshore et Onshore.
Figure 27: Localisation des ’activités externalisées par les entreprises françaises
Selon une enquête de Syntec Numérique / IDC en septembre - octobre 201366, la part des
services offshores dans l'ensemble des services IT en France avoisinerait 6,3% à fin 2013.
L’offshore pèse 1,9 milliard d’euros dans les services informatiques. Selon cette enquête, le
recours à l’externalisation en offshore a progressé au 1er semestre 2013 pour 80% des entreprises
interrogées :
65 (Cegos, 2011)
66 (Syntec Numérique / IDC, 2013 )
81
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 28: Dynamique de l’externalisation en offshore des entreprises françaises au 1er semestre
2013
Selon une étude d’Accenture, une part plus importante de DSI dans l’Industrie et service
considère l’externalisation en offshore comme une alternative de réduction des coûts dans leur
domaine d’activité aujourd’hui et à horizon de trois ans :
67 (Accenture, 2012)
82
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 30: L'implantation des centres informatique offshore en 2014 travaillant avec la France
Cette étude, ainsi que des sondages de grands cabinets spécialisés montrent que les pays du
Maghreb sont devenus des pôles d’attraction stratégiques pour les sociétés françaises. En effet, en
raison de leur forte affinité culturelle avec la France, et de l’abondance de main d’œuvre de haut
niveau qu’ils procurent, les pays du Maghreb (Maroc, Tunisie, et Algérie) sont devenus des pôles
d’attraction stratégiques pour les donneurs d’ordres français en matière d’externalisation de
services.
La compétitivité des coûts de main-d’œuvre et la forte capacité des prestataires à traiter des
demandes complexes dans des domaines très diversifiés : télémarketing, gestion de système
d’informations, webmarketing, tierce maintenance applicative, développement d’applications et
logiciels, traitement de données, création et développement de sites internet, etc., ont suscité
l’intérêt de nombreux grands comptes pour y réaliser leurs projets d’externalisation offshore.
68 (offshore-developpement, 2014)
83
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Selon l’étude citée ci-dessus, et en termes de typologie de prestations proposées par les différents
fournisseurs participants dans l’étude, on trouve les activités suivantes :
Tierce maintenance
Développement applicative
Test Helpdesk/support
Figure 31: Les types de prestations informatiques proposées par les centres offshores pour les
entreprises françaises
84
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
85
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Le secteur de l'Offshoring est parmi les secteurs les plus avancés en termes d'implémentation des
stratégies de mise à niveau du pays. Le plan d'action défini par le gouvernement en 2006 a été en
grande partie mis en place. La stratégie adoptée par le Maroc portait essentiellement sur les
infrastructures, la formation et certains avantages comme ceux du MedZ Sourcing destiné à
soutenir le marché local de l’offshoring. Aujourd’hui, les zones dédiées à l’offshore, les incitations
sectorielles ainsi que le plan de formation, malgré les retards de lancement initiaux, sont
aujourd'hui opérationnels.
Les efforts consentis dans l'impulsion du secteur commencent, en effet, à donner leurs fruits. Le
Maroc est aujourd'hui entré dans le club fermé des destinations Offshoring reconnues dans le
monde, en particulier dans le monde francophone. En 10 ans, le pays a créé une plate-forme
mondiale de premier plan dans les services ITP et BPO en Nearshore :
71 (Gartner, 2012)
86
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 33: Classement des destinations offshore les plus couramment utilisées dans la zone
EMEA72
Le Maroc dispose d’une offre diversifiée et complète sur le marché de l’externalisation des
services informatiques (ITO) et des processus métier (BPO) :
72 (Gartner, 2012)
87
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Plusieurs acteurs majeurs sont actuellement installés au Maroc sous forme de centres captifs ou
centre de services offrant des services d’externalisation d’activité ITO ou BPO :
88
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Après avoir réussi à séduire un nombre considérable de clients, le Maroc s’attèle désormais à la
mise en place d’une offre portant sur des services à plus forte valeur ajoutée, et ce pour asseoir sa
position et pouvoir se démarquer par rapport à une concurrence se fait de plus en plus rude.
Nous allons dans ce qui suit, présenter le résultat de l’analyse et diagnostic du Maroc comme
destination des services externalisés en Nearshore. Pour cela, nous allons adopter la méthode
d’analyse proposée par le cabinet Gartner qui consiste à évaluer le pays par rapport à dix critères
dans l’objectif d’avoir le profil du pays et pertinence de la destination Maroc pour l'externalisation
offshore. Les axes d’analyse recommandés par Gartner sont:
• La langue
• Le soutien du gouvernement
• La main-d'œuvre
• L’infrastructure,
• Le système d'éducation
• Le coût
• La compatibilité culturelle
89
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La langue
La sécurité et
confidentialité
Le soutient du
des données et
gouvernement
de la propriété
intellectuelle
La maturité
La main-
globale et
d'œuvre
juridique,
Profil du
pays
La
L'infrastructu
compatibilité
re
culturelle
L'environne
ment Le système
politique et d'éducation
économique
Le coût
Figure 35: Critères utilisés par Gartner pour analyser la pertinence d'une destination offshore75
En 2008, Gartner Research76 a publié un rapport sur l'analyse du Maroc en tant que destination
Offshore. Ce rapport, qui utilise les critères ci-dessus, permet d’avoir une évaluation du pays selon
le point de vue des spécialistes Gartner. Les résultats sont présentés dans le tableau ci-dessous :
Critère Évaluation
La langue Bon
Le soutien du gouvernement Bon
La main-d'œuvre Juste
L’infrastructure Juste
Le système d'éducation Faible
Le coût Bon
L'environnement politique et économique Juste
90
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Le rapport souligne que le Maroc est une alternative attrayante 'Nearshore' pour l'Europe, et que
plusieurs entreprises ont déjà établi des centres Nearshore au Maroc. Il a également noté que le
Maroc doit encore fournir un environnement propre et démocratique, même s’il fait des progrès
dans ce domaine.
La langue
L'arabe est la langue officielle du Maroc, mais le français est largement enseigné et sert de la
langue principale du commerce et du gouvernement. Selon « l’Organisation Internationale de la
Francophonie », le Maroc compte environ 10 millions de personnes qui parlent français78.
L’Espagnol est également largement parlé dans la partie nord du pays par environ 3.5 millions de
personnes79.
Parmi les pays concurrents de la région, le Maroc est le pays qui dispose du plus grand nombre de
personnes qui maitrisent le français professionnel en écrit et en oral80.
91
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Analyse : À l'heure actuelle, la plupart des organisations se pencheront sur le Maroc pour servir
une clientèle essentiellement francophone située en France. En outre, des pays de langue arabe au
Moyen-Orient, comme les Émirats arabes unis ou le Qatar, seront à la recherche au Maroc pour
les compétences de langue arabe.
Le soutien du gouvernement
Le gouvernement poursuit une série de réformes structurelles engagées ces dernières années. Les
réformes les plus prometteuses ont été sur le marché du travail, le secteur financier ainsi que
l’ouverture sur le marché mondiale à travers la signature de plusieurs accords bilatéraux de libre-
échange.
Le Maroc s’est inscrit, dans la restructuration du domaine des technologies de l’information par
l’adoption de la loi n°24-96 qui a permis de lancer une première étape de libéralisation du secteur
des télécommunications. Dans ce cadre, le Maroc a adopté de multiples stratégies numériques: le
plan quinquennal 1999-2003, e-Maroc 2010 couvrant la période 2005-2010 et la stratégie Maroc
Numéric 2013 (MN2013) qui s’est étalées sur la période 2009- 2013 et dont les ressources
financières allouées sont de l'ordre de 5,19 milliards de DH82.
92
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Les principales actions mises en œuvre dans le cadre de l’axe 4 sont: le Centre Marocain de
l'Innovation, Maroc Numeric Fund, Technopark Casa et Cluster TI.
Le Maroc a élaboré une stratégie baptisée «l'offre marocaine", qui vise à aiguiser son avantage
concurrentiel en fournissant des infrastructures de classe mondiale et de la formation, tout en
offrant un ensemble d'incitations uniques.
93
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Pour atteindre ces objectifs, les Parties s'accordent à mettre en place un plan d'action volontariste
de développement du secteur de l'Offshoring reposant sur les 4 initiatives suivantes :
Néanmoins, qu’en terme d’exécution, on constate des retards sur la mise en place effective des
beaucoup de projets83.
94
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La main-d'œuvre
La population active du Maroc a atteint 11,54 millions en 2012, sur une population totale de 33,8
millions de personnes. De la population, 26.2% est inférieur à l'âge de 15 ans et seulement 9.3%
est de plus de 60 ans84.
Femmes Hommes
Environ 18 millions
marocains ont moins
de 30 ans
Figure
38:
En 2013, l'industrie des services employait environ 40% de la population active du Maroc contre
40% pour l’agriculture, forêt et pêche et 20% pour l’industrie et le bâtiment.
95
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Management ~1.000
Ingénieurs ~3.000
Techniciens ~10.500
Administratifs I ~23.500
Administratifs II ~32.000
Total ~70.000
Table 6: Objectifs du plan de formation du Pacte National pour l'Emergence Industrielle pour le
secteur de l’Offshoring87
Analyse : Bien que le Maroc ait une assez grande force de travail, seuls ceux qui peuvent parler le
français, l'espagnol ou l'anglais peuvent être utilisés dans l'industrie de l'externalisation
informatique. La migration croissante de la population vers les zones urbaines devrait augmenter
le pool total du travail dans le domaine des TIC au fil du temps.
96
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
L'infrastructure
Le secteur des télécommunications au Maroc a connu une grande évolution ces dernières années,
et ce, grâce à une concurrence acharnée entre les trois opérateurs Maroc Télécom, Méditel et
Inwi. Les Connexions mobiles se développent rapidement; ils sont passés de 7.365.300 en 2003 à
19.996.000 en 2007.
Avec un parc avoisinant les 5,8 millions d’abonnés à fin 2013, le marché de l’Internet poursuit sa
tendance haussière en réalisant un taux de croissance annuelle de 45,97%. Le taux de pénétration
de l’Internet au sein de la population a atteint 17,58% à fin 2013.
Le taux de pénétration des abonnés au téléphone fixe reste faible à seulement 8,9% en 2013
(2925.767 abonnés).
La bande passante Internet internationale a connu une forte croissance annuelle de 54,89% en
passant de 266 000 Mbps à fin 2012 à 412 000 Mbps à fin 2013. Le Maroc dispose d’une forte
connectivité avec l’Europe grâce à un réseau de câbles sous-marins :
88 (ANRT, 2014)
97
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Depuis plus d'une décennie, le Maroc a lancé des projets de grande envergure visant à élever ses
infrastructures aux standards internationaux:
89 (manypossibilities.net, 2014)
98
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Grâce à une politique d’Open Sky, les 15 aéroports internationaux du Maroc (première
plateforme aéroportuaire de la région) sont desservis par une multitude de compagnies
internationales et sont reliés aux principales capitales économiques et plateformes
d’affaires mondiales.
Un vaste réseau national de Zones d'Activités Economiques (Plateformes Industrielles
Intégrées, zones franches, agropoles, clusters...)
Rabat Technopolis
Superficie: 205 000 m2
Espace occupé: 50 000 m2
Nombre de sociétés: 23
Cible : ITO, BPO & R&D
Casanearshore
Superficie: 270 000 m2
Espace occupé: 140 000 m2
Nombre de sociétés: 70
Cible : ITO & BPO
Fès Shore
Superficie: 130 000 m2
Cible : Centres d’appels
Oujda Shore
Superficie: 20 000 m2
Cible : ITO & Centre d’appels
Tétouan Shore
Superficie: 100 000 m2
Cible : ITO & Centres d’appels
99
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Analyse: Le Maroc investit massivement dans les infrastructures, en particulier son réseau routier,
ces plateformes industrielles, et ses centres dédiés aux services NTIC et à l’Offshore. Le pays est
situé très près de l'Espagne et de la France et aussi le Moyen-Orient avec très peu de différence
dans des fuseaux horaires, ce qui lui procure un avantage concurrentiel sur le plan de la logistique
et des déplacements des biens et des personnes.
On constate néanmoins, des difficultés à mener efficacement plusieurs chantiers, compte tenu des
ressources limitées, d’une bureaucratie inefficace, du népotisme et de la corruption. Le Maroc a
encore du chemin à faire pour combler les lacunes de l'infrastructure du pays. Cela dit, il reste
parmi les pays les plus avancés en termes d’infrastructure sur le continent africain.
Le système d'éducation
Le Maroc compte 16 Universités et environ 170 établissements d'enseignement supérieur privé,
avec 370 000 étudiants dans l'enseignement supérieur public-privé et 40 000 lauréats par an issus
de l'enseignement supérieur, dont 10 000 ingénieurs90.
L'éducation au Maroc est gratuite et obligatoire jusqu'à l'âge de 15 ans. Au cours des 30 dernières
années, le taux net de scolarisation primaire est passé de 47% à 98,4%. Cette tendance positive de
l’augmentation du taux d’alphabétisation cache néanmoins de grandes disparités selon le genre et
le milieu de résidence, avec un taux qui demeure bien plus fort en milieu urbain par rapport au
milieu rural. À titre d’exemple, le taux net de scolarisation dans le cycle secondaire est de 30,6%
dans milieu rural.
100
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 43: Évolution du taux net de scolarisation (en %) par cycle d'enseignement et par milieu
de résidence91
Le taux d'alphabétisation du pays révèle les lacunes pointues de l'éducation, à la fois en termes de
genre et d’emplacement. Selon les chiffres du Haut-commissariat au plan, le taux d'alphabétisation
à l'échelle nationale est estimé à 63,55% avec 52,4% chez les femmes et 74.52% chez les hommes,
mais le taux d'alphabétisation des femmes dans les zones rurales ne dépasse pas 35,3%92.
101
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 44: Évolution du taux d'alphabétisation (en %) de la population âgée de 10 ans et plus par
milieu de résidence93
Le Maroc bénéficie également du retour des diplômés de grandes écoles d'ingénieurs françaises,
américaines et canadiennes. Environ 650 Marocains sont diplômés chaque année et 2/3 expriment
leur désir d'établir une carrière professionnelle au Maroc95.
Analyse: Le Maroc, qui mène une politique dynamique pour mettre à niveau son système éducatif
et résoudre les problématiques d’alphabétisation et de formation continue depuis quelques
années. En effet, le pays était très en retard il y a encore quelques dizaines d’années. Le fort taux
d’analphabétisme a longtemps été un frein au développement durable du pays, car il est très
fortement lié à de nombreuses autres problématiques et peut entraîner de graves conséquences
pour l’harmonie de la société. Un faible taux d’alphabétisation entraîne des répercussions à la fois
sur le développement économique et social. Il est difficile pour le pays d’être compétitif
102
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
économiquement, d’assurer l’emploi et d’intégrer les individus dans la société sans un taux
maximum d’alphabétisation.
Le coût
Le coût global des affaires au Maroc reste encore faible par rapport aux pays occidentaux.
Selon le classement Doing Business 2015, le Maroc dispose d’un taux global d’imposition qui se
positionne parmi les taux les plus compétitifs de la région. En effet, le total des taxes payées par
les entreprises représente 49.3% de leurs profits.
103
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 46: Comparatif du Taux Journalier Moyen (TJM) pratiqué en prestations informatiques en
Europe, Nearshore et Offshore97
En termes d'installations et d’espace de bureau, le Maroc dispose également d’une offre à des prix
très compétitifs grâce au développement des zones et centres d’activités dédiées à l’offshore.
Les coûts à l’export sont également compétitifs à environ 595$/conteneur selon les données de la
Banque Mondiale, soit le 12ème taux le plus compétitif de par le monde98.
Analyse: Le coût relativement faible des affaires au Maroc devrait constituer un avantage
concurrentiel pour le pays et renforcer sa position comme emplacement attractif en Nearshore
pour les entreprises francophones et hispanophones et leurs clients.
104
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La compatibilité culturelle
Le Maroc dispose d’atouts et avantages naturels en matière de proximité géographique, culturelle
et linguistique avec l'Europe. La culture marocaine est ouverte sur l’Europe avec une variance
linguistique (Arabe, Français, Espagnol, Anglais). Le Maroc partage, en effet, beaucoup de traits
culturels avec les pays européens surtout ceux appartenant au bassin méditerranéen. Les
Marocains, même s’ils sont remarquablement différents dans leurs convictions idéologiques et
théologiques, sont en mesure de bénéficier de leur nature multi-active similaire à celle des peuples
des pays méditerranéens pour communiquer d'une manière très personnelle et souvent avec
compassion :
105
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Figure 47: Positionnement du Maroc et France dans le modèle de types de culture de Richard D.
Lewis 101
Analyse : De par sa position géographique, son histoire et sa politique ouverte sur les pays de la
région, le Maroc a développé une culture de tolérance et d’ouverture vers les différentes cultures.
Le développement du tourisme comme l’un des piliers de l’économie a permis aux Marocains de
s’ouvrir sur les autres et de pratiquer différentes langues.
Le Maroc est membre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis 1995. Il est,
également, membre de divers accords commerciaux régionaux telle la Zone de libre-échange arabe
de (GAFTA), et l’Accord Arabe de libre-échange méditerranéen connu comme l'Accord d'Agadir.
106
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Le Royaume a signé des accords bilatéraux de libre-échange avec les groupements régionaux tels
que l'Association européenne de libre-échange (AELE), la Communauté européenne (CE) et les
États-Unis. Des discussions sont en cours avec d'autres pays, dont le Canada.
Analyse: Le Maroc s’ouvre aux investissements étrangers et a pris de nombreuses mesures pour
créer un climat d'affaires favorable aux investisseurs, tel que la création de zones de libre-échange.
Bureaucratie et la corruption peuvent entraver nouvelle entreprise, mais le gouvernement prend
plusieurs initiatives pour enrayer ces problèmes.
Analyse: Le Maroc dispose d'une protection assez complète des droits de propriété intellectuelle.
Néanmoins, il subsiste encore plusieurs problèmes d’application des lois pour se hisser au niveau
des pays occidentaux.
Le schéma suivant résume l’analyse ci-dessus, et décrit le profil du Maroc par rapport aux pays
concurrents :
107
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
108
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Au fur et à mesure, nous avons complété cette étude documentaire par des entretiens semi-
directifs avec un certain nombre de collaborateurs ayant des profils et des rôles différents.
L’objectif était d’avoir la vision de chacun d’eux sur les différents enjeux du projet.
Direction
Générale
Direction des Direction
Direction juridique commerciale et Innovation et
Ressources
humaines marketing développement
Direction des
Direction du système
ressources Production
d’information
partagées (DRP)
109
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
L’enquête a ciblé les personnes clés qui ont à la fois une vision stratégique et tactique à travers les
différentes entités de la direction du système d’information comme présenté dans le tableau ci-
dessous :
Afin de cerner les différents aspects du futur projet d’externalisation, nous avons procédé à une
analyse qui se porte sur 4 axes principaux, à savoir, les motivations et objectifs de l’externalisation,
les activités candidates à l’externalisation, les risques, et les modèles pressentis :
110
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Externalisation
111
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Objectifs
Stratégiques Opérationnels
Concentration
Réduction des
sur son coeur
côuts
de métier
La réduction de coûts
Comme il est coutume dans la plupart des projets d’externalisation, la réduction du coût est
souvent l’une des motivations clés. L’entreprise étudiée n’échappe pas à cette tendance. En effet,
la plupart des interlocuteurs ont cité la réduction de coût comme principale motivation à travers
les objectifs suivants :
Afin d’aider l’entreprise étudiée à mieux cerner ces coûts et à évaluer la pertinence de cet objectif
ainsi que la vraie opportunité dernière, nous avons tout d’abord étudié la répartition des coûts par
catégorie d’activité, et ce dans l’objectif de cerner la part des activités concernées par le projet
d’externalisation dans le budget global de la direction du système d’information.
112
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Cette répartition permet d’identifier les centres de coût et déterminer là où il serait important et
pertinent de mener une analyse sur une future externalisation.
Le graphe suivant présente l’évaluation des économies de coût espérées par le projet
d’externalisation telle qu’exprimée par les responsables de l’entreprise.
113
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
30% 30%
20%
Figure 53: Taux de réduction des coûts espéré par type d'activité
Néanmoins, la réduction des coûts espérée dans chaque projet d’externalisation n’est souvent pas
à la hauteur des espérances au début du projet, particulièrement avec les projets de technologie de
l'information, qui peuvent être beaucoup plus compliqués à évaluer que certaines opérations de
fabrication traditionnelle. Quand il s’agit de chiffres sur l'investissement dans l’externalisation,
certaines statistiques vont jusqu’à donner le chiffre de 65%102 de plus par rapport à l’estimation
initiale du budget d’externalisation. Ceci est généralement dû à la non mise en évidence des coûts
cachés de l’externalisation.
Nous allons, dans ce qui suit, explorer le coût total de l’externalisation en essayant de mettre en
évidence les coûts cachés qui peuvent alourdir la facture du projet d’externalisation. Le tableau ci-
dessous présente la décomposition des coûts d’un service externalisé103 :
114
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Le tableau ci-dessous présente la décomposition des coûts indirects ou coût caché d’un service
externalisé104 :
% dans le coût
Poste de coût
global
Le coût de la sélection d'un fournisseur 1-10%
Le coût de la transition 2-3%
Le coût des licenciements 3-5%
L'estimation des coûts est une étape cruciale pour décider si, comment et quoi externaliser. Il
faudrait prendre en considération tous les aspects qui pourraient augmenter la facture du projet
d’externalisation. La prise en considération des coûts cachés de l’externalisation est un élément
clé pour permettre à l’entreprise de prendre des décisions stratégiques fondées sur des
rendements à long terme qui profitent à l'entreprise dans son ensemble plutôt que de simplement
économiser sur les coûts à court terme.
115
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Pour l’entreprise étudiée, le cœur métier est l’optimisation des processus métiers de ces clients à
travers :
Les activités relatives au système d’information sont des activités de support qui visent à mettre en
place les meilleures solutions informatiques pour la réalisation des prestations fournies par
l’entreprise Alpha.
116
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Organisationelles
Temporelles Socio-culturelles
Barrières &
Géographiques Fonctionnelles
contraintes
Barrières géographiques
Il s’agit des barrières liées à la distance géographique qui sont souvent considérées comme un
obstacle majeur, en particulier dans le contexte du développement de l'application informatique
en utilisant des méthodologies agiles ce qui le cas de l’entreprise Alpha. Les méthodes agiles de
développement d’application informatique reposent sur une interaction très avancée entre les
membres de l’équipe et les autres parties prenantes. Or, les distances géographiques augmentent
les chances de l'incompréhension ainsi que le temps et l’effort inter organisationnels pour
communiquer. La distance géographique a été considérée comme un problème surtout par les
répondants qui ont travaillé, dans d’autres contextes, avec des équipes on Offshore. Plusieurs
interviewés ont exprimé leurs besoins de mettre en place des réunions de travail en « face-à-face ».
La majorité des personnes interviewées ont été d’accord que la destination « Maroc » dispose d’un
avantage notable vu la situation géographique proche de l’Europe et de la France. Néanmoins, il a
été aussi question de tenir compte des coûts cachés directs et indirects dus la distance
géographique telle que les coûts de transport de personnes, ou les coûts des communications.
117
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Barrières temporelles
Elles se produisent lorsque les équipes sont séparées par des différences de temps et de zone. La
plupart des interviewés ont fait savoir que les problèmes pratiques liés à des différences de
fuseaux horaires, en particulier lors de la conception et de la mise en œuvre phase d'un projet, ne
doivent pas être négligés. Comme le besoin de communication et de prise de décisions collectives
augmente, les limites temporelles obligent les équipes dans un lieu de suivre l'horaire de travail
d'une autre équipe, même s’elles sont situées sur l'autre côté du globe. Naturellement, ceci peut
conduire à une réduction de chances d'atteindre de bons résultats par rapport à une équipe co-
localisée.
Là encore, la majorité des personnes interviewées ont été d’accord que la destination « Maroc »
dispose d’un avantage notable vu que le décalage horaire entre le Maroc et la France ne dépasse
pas une heure. Néanmoins, sur certains types d’activités critiques, tel que le support en temps réel
à la production, ce décalage peut constituer une contrainte importante à prendre en charge et à
traiter au cours du projet.
Barrières organisationnelles
Les limites organisationnelles en raison des différences dans l’organisation. Il n’est pas rare que
des collaborateurs de différents milieux organisationnels soient mis ensemble dans la même
équipe. Or les différences entre les cultures et les pratiques organisationnelles peuvent inhiber la
capacité de l'équipe à s’identifier comme un groupe. Ce point a été relevé par la majorité des
personnes interviewées, qui ont mis l’accent sur la maturité de l’organisation fournisseur et sa
compatibilité avec les bonnes pratiques organisationnelles de l’entreprise étudiée.
À la suite de l'information obtenue à travers les interviews, l'une des craintes qui méritent une
attention particulière lors de la mise en place du projet d’externalisation concernait l’efficacité de
la communication et la collaboration entre les équipes de l’entreprise et ceux sur le site offshore.
En effet, la plupart des interviewés ont exprimé des doutes quant à l’efficacité de travailler avec
une équipe externe en ce qui concerne le partage d'informations entre les équipes en soulevant un
certain nombre de points de vigilance à prendre en considération :
118
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Un autre point évoqué par les personnes interviewées concerne la résistance au changement lié à
la réorganisation engendrée par l’externalisation.
Barrières Socio-culturelles
Il s’agit des limites dues à la différence de culture. Étant donné que le contexte culturel des
membres d'une équipe devient plus diversifié avec l’externalisation, différents problèmes peuvent
jaillir de points de vue de la différence d’appréhension de la culture de travail et des règles
générales de comportement envers les collègues. Autres limites socio-culturelles pourraient
comprendre des différences dans la relation au pouvoir, au leadership, aux délais, ou à l'éthique.
Il va aussi sans dire de ne pas négliger la barrière de la langue qui existe lorsque différentes
équipes ou membres d'une équipe communiquent dans leur langue non maternelle. Des facteurs
tels que les accents et la maîtrise peuvent provoquer des malentendus et des irritations ainsi que la
différence dans l'utilisation de la communication directe ou indirecte.
Les projets externalisés en offshore faisant intervenir une équipe multiculturelle peuvent causer
des problèmes en raison de différences culturelles et ainsi générer souvent des dilemmes de
gestion frustrante. La majorité des intervenants ont fait valoir que les différences culturelles
peuvent créer des obstacles importants à un travail d'équipe efficace, et qu’elles peuvent être
subtiles et difficiles à reconnaître et donc pourraient ne pas être découverts. Il s’agit donc d’un
point important à inclure lors de l’analyse du projet afin d’être en mesure de les amener à la
surface et de les traiter.
Barrières fonctionnelles
Il s’agit là, d’un ensemble de contraintes relatives à la nature de l’activité de l’entreprise Alpha et
au poids des fonctions du système d’information dans la chaine de valeur de l’entreprise. Les
points suivants ont, en effet, été soulevés lors de l’analyse sur terrain :
119
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
décider de la pertinence d’une éventuelle externalisation pour sortir avec des propositions et
recommandations relatives à la nature des activités ciblées.
Alpha est certifiée ISO 9001, l’ensemble de ces activités de conception, développement et la
réalisation de prestations et solutions de Business Process Outsourcing (gestion déléguée de
processus de la relation clients, des moyens de paiement...), qui contribuent aux services et
prestations font l’objet d’une démarche qualité.
Ces activités sont représentées par la cartographie des processus de l’entreprise comme décrits par
le schéma suivant :
PILOTAGE
PREPARATION
REALISATION
VENTE
SUPPORT
120
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
121
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La première analyse effectuée avait comme objectif de classifier les domaines d’activités par
rapport à leur importance stratégique et leur niveau de contribution à la performance
opérationnelle de l’entreprise Alpha. Le schéma suivant présente cette classification :
122
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Développement
des applications
Maintenance
des applications
À éliminer À externaliser
Gestion de
l’infrastructure
Figure 58 : Analyse des activités potentielles selon les axes Importance stratégique et Niveau de
contribution à la performance
123
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
La deuxième analyse effectuée était par rapport aux axes « complexité de l’activité » et « valeur
de l’activité » dans la chaine de valeur globale de l’entreprise. Le schéma ci-dessous présente la
position de chaque type d’activité par rapport à ces deux axes:
Architecture
Valeur de l’activité
Développement
Maintenance des
des applications
applications
Infrastructure
Management
Complexité de l’activité
Figure 59: Analyse des activités potentielles selon les axes Complexité et Valeur de l'activité
La troisième analyse des activités avait pour objectif de les classifier par le coût de l’activité et le
niveau de contrôle exigé par l’entreprise étudiée :
124
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Architecture Développement
des applications
Maintenance des
applications
Contrôle
Infrastructure
Management
Coût
Figure 60: Analyse des activités potentielles selon les axes Niveau de contrôle exigé et la réduction
de coût espérée
Les deux modèles proposés par les intervenants à l’étude sont l’externalisation par filialisation ou
l’externalisation par la création d’une joint-venture :
125
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Externalisation
captive
Filiale Joint-venture
Externalisation à une filiale : l’entreprise Alpha a déjà acquis et filialisé une société
marocaine d’édition de logiciels. Cette filiale s’occupe exclusivement de l’édition d’un
logiciel propriétaire utilisé principalement par la société mère Alpha. La filiale n’intervient
pas sur aucune autre activité chez l’entreprise. L’idée des responsables est de faire évoluer
cette filiale afin de pouvoir gérer en Nearshore les activités à externaliser.
L’avantage principal de ce modèle est que sa mise en œuvre opérationnelle peut être
réalisée rapidement vu que la filiale existe déjà et que les procédures d’organisation, de
communication et des conventions de services sont, en partie déjà élaborée. Ce modèle
garantira également à l’entreprise Alpha un contrôle sur les activités externalisées.
126
Chapitre III : Diagnostic stratégique du marché de l’externalisation et de l’entreprise étudiée
Pour conclure ce chapitre, nous avons procédé à la description des enjeux majeurs du projet
d’externalisation chez l’entreprise étudiée. Le long de ce travail de diagnostic, nous nous sommes
mis comme objectifs de recueillir le maximum d’informations relatives au projet, et ce à travers la
documentation ou les différents entretiens avec les responsables de l’entreprise.
Les motivations principales derrière ce projet d’externalisation sont tout d’abord, de nature
opérationnelle à travers la réduction des coûts espérée par l’externalisation. Et ensuite, de nature
stratégique à travers la concentration sur son cœur de métier pour innover plus et améliorer son
avantage concurrentiel.
L’entreprise étudiée est très sensible par rapport à la maitrise et contrôle de ses activités. De ce fait
les modèles d’externalisation pressentis sont de nature captive à travers la création de centre ou
filiale en Nearshore ou la création d’une joint-venture avec un acteur Nearshore reconnu dans le
métier de l’ITO.
127
Chapitre IV : Recommandations
Chapitre IV : Recommandations
A la lumière de l’état de l’art de l’externalisation et des bonnes pratiques étudiées dans la première
partie, et en exploitant les résultats du diagnostic externe et interne, nous allons présenter dans ce
dernier chapitre un certain nombre de recommandations pour l’entreprise étudiée en particulier et
pour toute entreprise qui s’identifie à ce cas en général.
Nous allons donc commencer dans la première section de ce chapitre de donner les éléments clés
du modèle et stratégie générale recommandées pour accompagner l’entreprise étudiée dans son
projet d’externalisation, et ce à travers trois points essentiels : 1- La stratégie d’externalisation que
nous recommandons par typologie d’activité. 2- La séquence et processus d’externalisation des
activités. 3- Un modèle de distribution de l’activité pour tenir compte des contraintes de contrôle,
gouvernance et continuité.
Dans la deuxième section de ce chapitre, nous allons présenter des recommandations générales
structurées sur 7 axes appelés les 7C de l’externalisation, à savoir : Cœur métier, Coût, Contrôle,
Contrat, Crédibilité, Conflit et Continuité. L’objectif de ces recommandations générales est
d’attirer l’attention sur un certain nombre de points importants dans la conduite du projet
d’externalisation et la gestion des activités externalisées.
128
Chapitre IV : Recommandations
Infrastructure
management
Tierce
Maintenance des partie
applications
Virtuel
Contrô le
BOT
Développement Captif
des applications
Coû t
Figure 62: Positionnement des activités à externaliser par rapport à l'espace des
stratégies d’externalisation
129
Chapitre IV : Recommandations
Ainsi, nous présentons dans le tableau ci-dessous la stratégie et modèle qui seraient les plus
adaptés à chaque domaine d’activités :
En plus, la mise en place d’une architecture informatique nécessite une connaissance approfondie
des systèmes existants, des acteurs et des différents flux de données. Ceci permet à l’entreprise de
procéder à la mutualisation des systèmes et des plateformes et d’avoir un système d’information
global qui permet d’accompagner sa stratégie voir d’amorcer certains virages stratégiques.
Ainsi et pour toutes ces raisons, nous recommandons à l’entreprise de ne pas externaliser
les activités qui relèvent du domaine de l’architecture des applications et systèmes
d’information.
130
Chapitre IV : Recommandations
D’autre part, un bon système d’information permet à l’entreprise de bien concevoir et proposer
des services de Business Process Outsourcing à ces clients. Le développement de ces systèmes
d’information reste un élément clés qui peut contribuer à la mise en place de la stratégie de
l’entreprise ou d’aider à initier d’autres options stratégiques (Strategy Enabler). Par conséquent, le
contrôle de cette activité est important pour garantir une « Indépendance stratégique ».
131
Chapitre IV : Recommandations
132
Chapitre IV : Recommandations
Ce type d’activité n’a pas une importance stratégique au sein de l’entreprise étudiée, il
plutôt nécessaire à la gestion opérationnelle pour fournir une prestation conforme aux
exigences des clients de l’entreprise. D’autre part, ces activités constituent un centre de
coût non négligeable.
Vu que ces activités ne procurent pas à l’entreprise un avantage concurrentiel notable par
rapport aux entreprises concurrentes, le niveau de contrôle exigé dans ce cas n’est pas très
important.
Il existe sur le marché offshore au Maroc, des fournisseurs de services bien établis, qui
grâce à leur expérience mature et grâce à l’économie d’échelle, peuvent assurer ces types
d’activités avec le niveau de qualité exigé et des coûts très compétitifs.
Chez l’entreprise étudiée, ce type d’activités est bien encadré et structuré par des
procédures décrivant les tâches, les acteurs, les déclencheurs ainsi que les indicateurs de
pilotage. Ceci permettrait rapidement de définir le contrat avec le fournisseur et de gérer la
transition.
133
Chapitre IV : Recommandations
Externaliser
Adapter Apprendre
Ainsi, au lieu de tout externaliser d’un seul coup. L’entreprise devrait commencer progressivement
en partant des activités à faible valeur ajoutée et à complexité réduite. Ceci permettra à l’entreprise
de :
Par rapport aux différents types d’activités, nous recommandons le chemin suivant :
134
Chapitre IV : Recommandations
Maintenance Développement
corrective d’application
Valeur de l’activité
Gestion de Maintenance
l’infrastructure évolutive
Complexité de l’activité
Après l’externalisation des activités de maintenance corrective et une fois la transition est faite, les
procédures sont rodées et l’équipe maitrise les applications, l’entreprise pourrait alors externaliser
vers la même équipe la maintenance évolutive.
135
Chapitre IV : Recommandations
Invistigation
Adaptation Ciblage
Gestion Strategie
Transition Conception
Selection
Négociation
fournisseur
L’entreprise devrait accorder à chacune des phases de ce processus, le temps et les ressources
nécessaires pour tenir compte des différents éléments de décision et de gestion dans le cycle de
vie du projet d’externalisation.
- Réaliser en interne
- Externaliser mais en ayant les ressources sur le site de l’entreprise (On site)
- Externaliser en Nearshore (OffSite)
A travers cette répartition du travail, le modèle a pour objectif d’assurer à l’entreprise un équilibre
entre les avantages attendues de l’externalisation totale (réduction de coût et concentration sur son
136
Chapitre IV : Recommandations
cœur métier) d’une part, et d’autre part les contraintes de garder le contrôle sur les activités et de
pouvoir assurer la continuité en service minimal en cas de défaillance du fournisseur.
Figure 66 : Modèle recommandé de répartition du travail entre les ressources internes, externes
sur site et nearshore
137
Chapitre IV : Recommandations
Figure 67 : Répartition du travail par phase entre les ressources internes, externes sur site et
Nearshore
Cette répartition a été élaborée en compilation un certain nombre d’éléments tel que:
138
Chapitre IV : Recommandations
Coeur métier
(Core
Competency)
Continuité
Coût (Cost)
(Continuity)
7C
Conflit Contrôle
(Conflict) (Control)
Crédibilité Contrat
(Credibility) (Contract)
139
Chapitre IV : Recommandations
Cœur de compétence
Préciser les besoins et le périmètre par soi-même. Ne pas faire faire par une tierce partie
La première question fondamentale à résoudre dans ce projet d’externalisation est de bien
identifier le cœur de compétence de l’entreprise étudiée afin d’identifier les activités que
l'entreprise ne peut se permettre d'externaliser pour des raisons stratégiques de celles qu’elle peut
externaliser. Selon les professionnels du métier de l’externalisation, il est important à ce que
l’entreprise qui externalise doit prendre en charge elle-même la définition des besoins, des
objectifs et du périmètre du projet d’externalisation. Trop souvent, les entreprises ne parviennent
pas à réaliser l'importance de prendre les premières mesures et de mettre en place les ressources
nécessaires pour préciser clairement le périmètre des activités à externaliser sans impacter le cœur
du métier. Le défaut de préciser proprement les besoins de l’organisation conduit souvent à des
sessions de négociation incomplètes et pauvres avec le fournisseur. C'est là que le fournisseur a un
plus grand potentiel à exploiter sa propre position, en étant «utile» et en précisant les besoins pour
son client. Les chances sont élevées que les fournisseurs aillent préciser les choses qu'ils peuvent
bien faire, et aillent éviter de prêter attention aux zones où ils manquent de compétences,
conduisant ainsi l’entreprise cliente à accepter un service incomplet ou pas nécessaire. Il est, donc,
crucial, pour l’entreprise étudiée, de procéder elle-même à une analyse approfondie de ces besoins
indépendamment du fournisseur pour obtenir un vrai sens des propres besoins de l’organisation.
Externaliser pour améliorer la valeur ajoutée de l'entreprise et pour acquérir des avantages
stratégiques
Tout d'abord, il faut être clair sur les raisons de l’externalisation. Ne pas externaliser pour de
simples questions opérationnelles ou pour de maigres avantages à court terme tels que la
réduction immédiate de coûts. Il faut, en effet, faire preuve de diligence dans la conduite de
l’évaluation stratégique du projet. Nous recommandons à l’entreprise de s'assurer que le projet
d'externalisation est en accord avec sa stratégique actuelle et ses orientations futures. Il est
également important de veiller à ce que, le projet d’externalisation contribue à la valeur ajoutée de
l’entreprise et lui acquière un avantage concurrentiel. Nous recommandons également aux
responsables du projet d’externalisation d'obtenir le support et le parrainage du top management.
Les responsables de la DSI chez l’entreprise Alpha doivent bien présenter les enjeux stratégiques
du projet aux dirigeants de l’entreprise, car si les dirigeants de l’organisation ne sont pas
convaincus de la valeur du projet, ou s'ils pensent qu’il n'est pas assez important pour eux de
s'impliquer, alors dans ce cas, ils n’y prendront pas une part active donnant ainsi un signal négatif
qui condamnera le projet dès le début.
140
Chapitre IV : Recommandations
Coût
Bien connaître les coûts actuels et faire attention aux coûts cachés de l’externalisation
Le coût de l'externalisation des activités NTIC est une question importante pour l’entreprise
étudiée. Il est, en effet, le facteur le plus important dans cette décision d'externalisation.
L’entreprise devrait certainement comparer le coût de l'externalisation des activités au coût de
réalisation en interne. Cette comparaison n’est possible que si l’entreprise procède:
D’une manière générale, l'attente en termes de réduction des coûts à la suite de l'externalisation
devrait être raisonnable et nuancée par les coûts cachés qui seront engendrés par l’externalisation.
Certaines questions comme la résistance au changement, la perte de productivité ou l’inefficacité
de certains peuvent rogner les économies potentielles.
Contrat
141
Chapitre IV : Recommandations
Contrôle
Nous recommandons à l’entreprise étudiée d’adopter un modèle de gouvernance qui repose sur
trois objectifs principaux:
Tactique: Il s’agit de revues périodiques qui mettent l'accent sur l'examen global des plans
et des projets externalisés et qui visent à s’assurer que les priorités sont bien identifiées et
que les ressources sont bien mises en place. Ces revues devraient se baser sur des
indicateurs et des mesures pertinents qui peuvent donner une image réelle de l’avancement
des plans établis. Ces comités tactiques pourraient avoir une fréquence mensuelle.
142
Chapitre IV : Recommandations
exécutés comme prévu et que toute demande de changement soit prise en charge. Les
niveaux de service sont en général un sujet clé de discussion à ce niveau.
Stratégique • Trimestriel
•Discuter et d'examiner les orientations et
Comité de les priorités stratégiques de l'entreprise
•Faire le lien entre le business et le
pilotage changement du système d'information
exécutif •Assurer une surveillance financière
• Mensuel
Tactique
• Examiner l'ensemble des plans
Comité de • Allouer les ressources
direction • Revoir les priorités informatiques
• Hebdomadaire
Opérationnel
• Suivre l'exécuttion des plans
Revue • Assurer que les priorités sont
opérationnelle respectées
• Gérer et maitriser le changement
Crédibilité
143
Chapitre IV : Recommandations
des fournisseurs et valider leur capacité à bien honorer les engagements pris en termes de qualité
de service. Ainsi pour les deux types de fournisseurs identifiés et recommandés :
- Fournisseur ITO externe : Au-delà des critères sur le coût, le processus de sélection du
fournisseur devrait appliquer une méthodologie rigoureuse et certaines diligences afin de
s’assurer de sa crédibilité.
Conflits
- La rédaction de conventions de service claires contenant les SLA appropriées les SLA
pour assurer un service régulier conforme aux exigences,
- adopter une posture de partenariat à long terme au lieu d’une vision client/fournisseur
classique.
144
Chapitre IV : Recommandations
Continuité
145
Chapitre IV : Recommandations
Les recommandations que nous avons proposées concernaient tout d’abord la stratégie
d’externalisation à adopter pour chaque typologie d’activité. Nous avons donc recommandé à
l’entreprise que garder en interne la réalisation des activités qui ont plus de valeur stratégique telle
que la conception et définition de l’architecture du système d’information et son évolution.
Ensuite, et pour les activités à externaliser avec un niveau de contrôle accru, nous avons
recommandé un modèle d’externalisation captive vers un centre Nearshore appartenant en
majorité à l’entreprise (Filiale marocaine). Et enfin et pour les activités d’exploitation des
plateformes matérielles et logicielles, nous avons recommandé une externalisation totale vers un
fournisseur bien établit qui une expertise dans ce domaine et qui bénéficie des économies
d’échelle pour offrir un meilleur rapport qualité/prix.
Enfin, nous avons cité un certain nombre de recommandations générales par rapport aux sept
axes clés de l’externalisation à savoir, le cœur métier, le coût, le contrôle, le contrat, la crédibilité, le
conflit et la continuité. L’objectif étant tout d’abord d’attirer l’attention de l’entreprise sur la
nécessité d’analyser le projet d’externalisation suivant ces 7 axes.
146
Conclusion générale
Conclusion générale
Conclusion et synthèse
Apport de la thèse
Limites de la thèse
Perspectives de prolongement de la thèse
147
Conclusion générale
Conclusions et synthèses
L'externalisation est une décision stratégique qui implique de contracter en externe, par le biais
d'accords ou de contrats avec des entreprises compétentes, la gestion d’activités ou de processus
métiers non stratégiques, nécessaires à la fabrication de biens ou à la prestation de services, et ce
dans l’objectif d’améliorer l’avantage concurrentiel de l’entreprise. L’externalisation est plus
souvent associée aux dimensions d’efficacité et de performance opérationnelles qu’au
développement stratégique de l’entreprise. L’association classique de l’externalisation avec la
réduction des coûts est ainsi illustrative d’une préoccupation de court terme. Pour être réellement
stratégique, l’externalisation suppose avoir un bilan préalable des axes de développement et des
compétences futures de l’entreprise. Aussi, Elle requiert la sélection d’un partenaire privilégié
capable d’en faire un réel vecteur de la stratégie de l’entreprise cliente. Enfin, elle exige des
dispositifs contractuels flexibles susceptibles d’accompagner les évolutions de la relation client-
fournisseur. L’externalisation a connaît un essor sur les dernières décennies vue l’importance de
son impact sur la compétitivité des acteurs sous la pression de la concurrence et les exigences
accrues des consommateurs.
Les concepts liés à l’externalisation présentent une complexité théorique et pratique qu’explique
en partie, la richesse de la littérature adjacente, la diversité des démarches que les entreprises
déploient et l’étendue de l’espace des stratégies possibles. Le caractère multidimensionnel et global
d’externalisation laisse aux entreprises le choix d’opérer suivant leurs capacités stratégiques,
organisationnelles ainsi que les caractéristiques de leur environnement.
Pa ailleurs, les fonctions relatives à la gestion du système d’information ont été, et ce depuis leur
apparition, des candidates de premier ordre à l’externalisation. L’histoire des activités NTIC est
intimement liée à l’histoire de l’externalisation. De par la nature complexe de ces fonctions et
surtout de l’évolution rapide des technologie et leur cycle d’obsolescence, une entreprise qui n’est
pas spécialisé dans l’IT se retrouve rapidement devant l’obligation de choisir entre investir
massivement dans le système d’information pour le faire évoluer en fonction de la stratégie et des
tendances technologique, ou de vivre avec un système non aligné avec les orientations et
contraintes technologique et qui devient rapidement un centre de coût au lieu d’être un catalyseur
pour la stratégie de l’entreprise. De ce fait, l’externalisation offre une alternative sérieuse aux
entreprises pour faire appel à des fournisseurs spécialisés afin de réduire les coûts du système
d’information et d’accéder à des technologies de pointes tout en restant concentré sur son cœur
de métier.
La prise de décision d’externaliser une étape importante qui repose sur la compréhension
profonde des objectifs, des risques et des différentes options possible. La clé d'une décision
réussie d’externalisation repose d’abord sur l'analyse Coût-Bénéfice, une combinaison des coûts
directs (Dollar cost) et des coûts indirects moins tangibles (Soft Cost), mais aussi sur des mesures
148
Conclusion générale
qualitatives des besoins, des risques, et des bénéfices. La décision de quand, comment et quoi
externaliser est également une partie essentielle de l'équation. Les entreprises qui évaluent leurs
options d’externalisation de tout ou d’une partie de leur système d’information devraient étudier
l’impact de chaque option sur les objectifs stratégiques de l'entreprise
L’entreprise étudiée est une entreprise française opérant dans le secteur des services. Dans le
cadre de l’amélioration continue de ces processus, l’entreprise entame une réflexion sur la
réorganisation des différentes activités relatives au système d’information. Elle souhaite étudier
l’utilisation du levier de l’externalisation pour atteindre des objectifs relatifs à l’optimisation des
coûts et à la re-centration sur son cœur de métier sans pour autant perdre le contrôle sur les
activités externalisées.
L’objectif de cette thèse était d’accompagner l’entreprise étudiée dans son projet d’étude sur
l’externalisation des activités de système d’information. Notre apport est tout d’abord, de
proposer un éclairage théorique et professionnel sur l’état de l’art de l’externalisation. Ensuite, et à
partir du diagnostic du cas étudié et de son environnement, proposer à l’entreprise un certain
nombre de recommandations sur les stratégies à adopter, sur le processus à suivre, et en générale
sur les différents axes critiques relatifs à ce projet d’externalisation.
Ainsi, Nous avons essayé, tout d’abord de mette en évidence les objectifs attendus de ce projet
d’externalisation qui était la réduction des coûts de développement et d’exploitation du système
d’information et la réorganisation des ressources pour se concentrer sur le développement du
cœur métier de l’entreprise. La réduction de coût ne peut pas être estimée sans une décomposition
fine des coûts actuels et futurs en tenant compte des coûts cachés qui sont souvent sous-estimés.
Une appréciation sans cette étude entraine souvent une désillusion sur les bénéfices une fois le
projet mis en place et la réalité des choses mise en évidence. La concentration sur le cœur de
métier nécessite l’identification des compétences clés de l’entreprise à partir desquelles il tire ses
avantages concurrentiels. Contrairement à ce qu’on peut croire, la frontière entre le cœur métier
les activités de support n’est pas toujours si claire et la distinction n’est pas binaire. En effet,
certaines activités peuvent contribuer énormément à l’avantage concurrentiel de l’entreprise et
peuvent se hisser pour occuper une place stratégique dans l’ensemble des activités de l’entreprise.
Il va de même pour les activités relatives au système d’information qui peuvent aller jusqu’à
suggérer des virages stratégiques dans la vie d’une entreprise. Nous avons recommandé donc à
l’entreprise de ne pas traiter toutes les activités IT de la même façon mais d’étudiée et d’évaluer
l’importance stratégique de chaque typologie d’activité pour définir une stratégie adaptée.
149
Conclusion générale
L’étude des risque et contraintes dans un projet d’externalisation est une phase déterminante dans
la prise de décision, Ainsi, nous avons mis en évidence un certain nombre de contrainte de nature
géographique, temporelles, organisationnelles, socio-culturelles et fonctionnelles en invitant
l’entreprise à procéder à une évaluation de leur impact sur le projet d’externalisation.
La mise en évidence des activités qui peuvent être externalisés est une étape importante dans le
cycle de vie du projet d’externalisation. Pour le cas de l’entreprise étudiée, l’analyse du référentiel
documentaire du processus et les entretiens avec les différents responsables on permet de définir
ces activités. Quatre groupe ou domaine d’activité en été établis, architecture du système
d'information, développement des applications informatiques, maintenance des applications
informatiques et gestion de l’infrastructure matérielle et logicielles. Chacun de ces groupes
possède des caractéristiques particulières en matière de complexité de valeur pour l’entreprise de
niveau de coût actuel et du niveau de contrôle exigé. En fonction d’une analyse sur ces différents
axes, nous avons recommandé une stratégie par typologie d’activité comme suit :
150
Conclusion générale
L’adoption d’un processus rigoureux dans la conduite du projet d’externalisation est un élément
clé de réussite. Ainsi, nous avons recommandé à l’entreprise de partir d’un processus itératif en
neuf phases qui sont l’investigation, le ciblage, le choix d’une stratégie, la conception, la sélection
du fournisseur, la négociation, la gestion de la transition, la gestion opérationnelle et en fin
l’adaptation de la stratégie des processus ou des contrats.
Enfin, Nous avons souhaité attirer l’attention de l’entreprise sur la nécessité d’effectuer une
analyse des sept axes critiques de l’externalisation, à savoir, le cœur métier, le coût, le contrôle, le
contrat, la crédibilité, le conflit et la continuité du service. Nous avons met la lumière sur les
éléments clé à surveiller par rapport à chacun de ces axes.
Apport de la thèse
Nous estimons que cette thèse permet de donner à l’entreprise étudiée, aux entreprises similaires
et au lecteur intéressé un repérage à la fois théorique et pratique sur l’externalisation en générale
et sur l’externalisation des activités du système d’information en Nearshore en particulier. En
effet, nous avons essayé de présenter à travers cette thèse un modèle qui parte de l’état de l’art
dans les deux monde académique et professionnel, qui confronte cela à la réalité du marché et de
l’entreprise étudiée pour présenter un modèle de processus de décision, de stratégie, et de
processus de réalisation qui s’entend constituer un cadre de base pour ceux qui ont la
responsabilité de définir une démarche d’externalisation pour leur entreprise.
Limites de la thèse
Cette étude n’en est pas moins porteuse de certaines limites. Nous en avons identifié
certaines dans la recherche sur terrain, tout d’abord dans l’utilisation d’une approche qualitative
avec un échantillon qui ne représente pas tous les groupes pertinents. En effet, nous n’avons pas
pu prendre le point de vue des hauts responsables au niveau de la direction générale du groupe ce
qui aurait pu donner plus d’éléments de décision relatifs aux orientations stratégiques à long terme
de l’entreprise et leur impact sur les choix de stratégies d’externalisation et leur pertinence.
L’absence d’un benchmark avec un autre cas similaire aurait également pu apporter plus
d’éléments de décision relatifs à la pratique sur terrain et aux retours d’expérience. Ainsi nous
admettons que les résultats et les recommandations de cette thèse restent tributaires du contexte
du cas et des éléments de base utilisés dans la décision. Ils ne peuvent pas être généralisés à toutes
les entreprises
151
Conclusion générale
L’externalisation comme stratégie vers une entreprise Lean : Il s’agit d’une étude sur
le rôle de l’externalisation comme outil de transformation de l’entreprise vers une
entreprise Lean et agile.
152
Annexes
Annexes
Annexe A : 2014 A.T. Kearney Global Services Location IndexTM
153
Annexes
Annexe B : Pratiques, domaines et niveaux du Framework eSCM-CL
154
Annexes
Annexe C : Framework « 9 Building block » de cycle de vie de
l’externalisation, Objectifs et résultats clés105
155
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159
Table de matières
RESUME .................................................................................................................................. I
ABSTRACT .............................................................................................................................. II
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. III
SOMMAIRE ...........................................................................................................................IV
LISTE DES TABLEAUX ..............................................................................................................VI
LISTE DES FIGURES ................................................................................................................VII
GLOSSAIRE ............................................................................................................................. X
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................... 11
POSITIONNEMENT DE LA THESE ET PROBLEMATIQUE ...................................................................... 12
Contexte général de la thèse ................................................................................................................................................................. 12
Pertinence et importance du sujet de la thèse .................................................................................................................................. 15
DEMARCHE ET PLAN DE LA THESE ....................................................................................................... 16
Démarche poursuivie ............................................................................................................................................................................ 16
Recherche documentaire ...................................................................................................................................................................... 16
Diagnostic terrain ................................................................................................................................................................................... 17
Référentiel Documentaire ............................................................................................................................................................... 18
Entretiens semi-directifs .................................................................................................................................................................. 18
Analyse et recommandations ............................................................................................................................................................... 19
Plan de la thèse ............................................................................................................................................................................................ 19
160
Bonnes pratiques de la gouvernance des projets d’externalisation .............................................................................................. 58
eSourcing Capability Model ................................................................................................................................................................ 60
Étapes du cycle de vie ...................................................................................................................................................................... 61
Domaine d'aptitude .......................................................................................................................................................................... 62
Niveau d'aptitude .............................................................................................................................................................................. 62
2.2. Présentation du métier de gestion du système d’information et de l’entreprise étudiée 64
2.2.1. Métier de gestion des systèmes d’information ....................................................................................................................... 64
Externalisation et systèmes d’information : Un mariage de raison .............................................................................................. 67
Histoire de l’externalisation des métiers des systèmes d’informations ........................................................................................ 68
Tendances de l’externalisation des métiers du système d’information ........................................................................................ 69
ITO vers le cloud .............................................................................................................................................................................. 70
Business process as a service .......................................................................................................................................................... 71
Socio-sourcing ................................................................................................................................................................................... 71
2.2.2. Présentation générale de l’entreprise étudiée ......................................................................................................................... 71
Organigramme ........................................................................................................................................................................................ 73
Contexte du projet d’externalisation chez l’entreprise Alpha........................................................................................................ 74
161
Barrières fonctionnelles ......................................................................................................................................................................119
3.2.3. Activités candidates à l’externalisation ..................................................................................................................................119
3.2.4. Modèles pressentis pour l’externalisation .............................................................................................................................125
CHAPITRE IV : RECOMMANDATIONS ................................................................................................. 128
4.1. Modèle d’externalisation recommandé pour l’entreprise étudiée .................................... 129
4.1.1. Stratégie d'externalisation recommandée par typologie d'activités ..................................................................................129
Architecture : Ne pas externaliser .....................................................................................................................................................130
Développement des applications et logiciels informatiques : Externaliser vers la filiale marocaine ...................................131
Maintenance des applications et logiciels informatiques : Externaliser vers la filiale marocaine .........................................132
Gestion et exploitation de l’infrastructure : Externalisation totale vers un fournisseur externe ..........................................132
4.1.2. Séquence recommandée pour l’externalisation des activités.............................................................................................133
4.1.3. Modèle de distribution et répartition du travail entre l’entreprise et son fournisseur .................................................136
4.2. Recommandations générales ................................................................................................. 139
Cœur de compétence ...........................................................................................................................................................................140
Préciser les besoins et le périmètre par soi-même. Ne pas faire faire par une tierce partie ..............................140
Externaliser pour améliorer la valeur ajoutée de l'entreprise et pour acquérir des avantages stratégiques 140
Coût ........................................................................................................................................................................................................141
Bien connaître les coûts actuels et faire attention aux coûts cachés de l’externalisation ..................................141
Contrat ...................................................................................................................................................................................................141
Sélectionner les fournisseurs en se basant sur de multiples critères bien définis .................................................141
Assurer la négociation et la passation de marchés pour une situation gagnant-gagnant ..................................141
Contrôle .................................................................................................................................................................................................142
Avoir des indicateurs bien définis ..........................................................................................................................................142
Bien définir sa stratégie de gouvernance .............................................................................................................................142
Crédibilité...............................................................................................................................................................................................143
Mettre son fournisseur à un examen rigoureux ................................................................................................................143
Conflits ...................................................................................................................................................................................................144
Bien anticiper les conflits dans sa relation avec le fournisseur ....................................................................................144
Ne pas être rigide lors de l'initiation du projet et lors de la transition .....................................................................144
Continuité ..............................................................................................................................................................................................145
Toujours avoir une stratégie de sortie viable .....................................................................................................................145
Ne pas se contenter d’un processus, améliorer en permanence .................................................................................145
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