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Koubaa Salah
University of Hassan II of Casablanca
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L'accompagnement face aux mutations de l'écosystème entrepreneurial Marocain : Quels défis à relever ? View project
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LA COOPÉRATION INTERORGANISATIONNELLE
ET L’INNOVATION EN PME : UNE ANALYSE PAR
LE CONCEPT DE LA CAPACITÉ D’ABSORPTION
DES CONNAISSANCES
Présentée et soutenue publiquement
par
Salah KOUBAA
Le candidat a bénéficié d’une bourse d’excellence du centre national de la recherche
scientifique et technique (CNRST)
JURY :
Directeur de thèse : M. Belkassem AMAMOU
Professeur de l’enseignement supérieur à la faculté des sciences
juridiques, économiques et sociales - Université Mohammed Premier-
Oujda
M. Houdaifa AMEZIANE
Professeur de l’enseignement supérieur à l’école nationale de commerce
et de gestion – Université Abdelmalek Essaadi- Tanger
M. Mostafa EL AIDOUNI
Professeur de l’enseignement supérieur à la faculté des sciences
juridiques, économiques et sociales - Université Mohammed Premier -
Oujda
M. Yahya YAHYAOUI
Professeur de l’enseignement supérieur à la faculté des sciences
juridiques, économiques et sociales - Université Mohammed Premier -
Oujda.
9 février 2008
1
Remerciements
Alors que je suis en train de mettre fin à quatre années de travail, le chemin parcouru me
revient en mémoire. S’il se présentait parfois large et dégagé, il était généralement sinueux
et je croyais souvent m’y embourber. Dans ce parcours, j’ai bénéficié de nombreux secours
et soutiens; certains ponctuels mais essentiels, d’autres étaient de tous les instants. Pour
m’avoir écouté, soutenu, encouragé, réorienté, consolé, merci à tous.
Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui, d’une façon ou d’une autre,
m’ont accompagné tout au long de cette thèse. Ce travail de recherche n’aurait pu arriver à
son terme sans le soutien, la confiance et la patience dont elles ont fait preuve à mon égard.
Il s’agit plus particulièrement de ma famille et de mes amis qui m’ont toujours soutenu et
encouragé dans cette entreprise
2
À la mémoire de mon grand père
À ma grand mère
À ma mère
À ma sœur
À mes oncles
À tous mes ami(e)s
3
Résumé
Dans un environnement dynamique et compétitif, les entreprises quelque soit leur taille, se
focalisent sur la recherche des stratégies visant à la fois la création et le maintien des
avantages compétitifs, le changement et la préservation, l’exploration et l’exploitation des
connaissances innovatives. La coopération interorganisationnelle constitue l’une des
stratégies dites relationnelles les plus utilisées par les entreprises, notamment les PME.
L’objectif de cette thèse s’inscrit dans le cadre des recherches qui appuient l’existence
d’une relation positive entre la coopération et l’innovation en mettant en exergue le rôle
des capacités organisationnelles de l’entreprise. De façon précise, nous cherchons à
défendre l’idée selon laquelle la coopération favorise l’innovation dans les entreprises
ayant une forte capacité d’absorption des connaissances. Cette dernière mesure l’aptitude à
reconnaître les connaissances externes, les assimiler et les exploiter à des fins innovatives.
Pour répondre à notre problématique et formuler nos hypothèses, nous sommes partis d’un
cadre théorique éclectique composé de trois théories de base. La théorie des coûts de
transaction comme cadre fondateur de la coopération et de la recherche de l’efficience par
les entreprises. La théorie des ressources et ses différentes composantes (théorie
évolutionniste, Resource Based View, Capacity Dynamic View) permettent de mettre en
valeur le rôle des ressources tangibles et intangibles dans le processus de l’innovation. La
théorie des réseaux sociaux, quant à elle, légitime l’importance des variables relationnelles
dans le partage des connaissances et la formation des communautés d’innovation
interorganisationnelles.
Les résultats empiriques, calculés sur la base d’un échantillon de 110 entreprises, montrent
l’existence d’une influence positive des variables de la coopération interorganisationnelle
(engagement, confiance, communautés de pratique, partage de connaissances, …) sur
l’innovation (produits et procédés). Cette influence est d’autant plus importante que
l’entreprise est dotée d’une forte capacité d’absorption des connaissances.
Mots clés :
Coopération interorganisationnelle - capacité d’absorption - variables relationnelles -
variables cognitives - innovation des procédés - innovation des produits - expérience
partenariale, communautés de pratique interorganisationnelle, théorie des coûts de
transaction - théorie des capacités dynamiques - théorie des réseaux sociaux.
4
Sommaire
Introduction générale……………………………………………………………………... 1
Partie I : Cadre général de référence……………………………………………………. 16
Chapitre 1 : Le Champ problématique : La coopération et les PME………………………… 17
Section 1. La coopération interorganisationnelle en management stratégique…………... 18
Section 2 : Les fondements théoriques de la coopération interorganisationnelle…………... 34
Section 3. La stratégie de coopération en PME et le rôle des actifs intangibles dans
l’innovation…………………………………………………………………………………. 49
Chapitre 2 : Champ théorique : La coopération interorganisationnelle et l’innovation…. 78
Section 1 : La coopération transactionnelle: un ancrage sur l’efficience…………………... 81
Section 2. La coopération à base de ressources: un ancrage sur l’efficacité………………. 91
Section 3 : La théorie des réseaux sociaux : un ancrage sur l’encastrement……………….. 121
Chapitre 3 : Champ conceptuel : coopération, innovation et capacité d’absorption des
connaissances …………………………………………………...…………………………………… 134
Section 1. Le concept de la coopération interorganisationnelle …………………………… 135
Section 2. Les caractéristiques de la coopération interorganisationnelle…………………... 143
Section 3. La capacité d’absorption et l’expérience coopérative de l’organisation………... 162
Section 4. Le concept de l’innovation……………………………………………………… 171
Partie II Cadre méthodologique et empirique…………………………………………... 187
Chapitre 4 : Modèle hypothétique et choix méthodologique…………………………………. 188
Section 1. Hypothèses et modèle de recherche ……………………………………………. 189
Section 2. Positionnement épistémologique et choix méthodologique…………………… . 208
Section 3. Dispositif d’accès au terrain…………………………………………………….. 217
Chapitre 5 : Développement et confirmation des échelles de mesure………………………… 236
Section 1 : Analyse exploratoire des échelles de mesure………………………………….. 237
Section 2 : Analyses préliminaires des données de l’échantillon final…………………….. 252
Section 3 : Analyse factorielle confirmatoire………………………………………………. 267
Chapitre 6 : Test d’hypothèses et validation du modèle théorique………………………… 292
Section 1 : Analyse de la régression et test des effets médiateurs et modérateurs ………… 293
Section 2 : Test du modèle ………………………………………………………………… 313
Section3 : Discussion : Elaboration théorique et implications managériales…………. 322
Conclusion générale……………………………………………………………………….. 331
5
L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans cette thèse ; ces opinions doivent être considérées
comme propres à l’auteur.
6
INTRODUCTION
Depuis quelques décennies, plusieurs éléments transforment l’environnement dans lequel
opèrent les entreprises. En effet, on assiste aujourd’hui à une intensification extrême de la
concurrence sous l’effet des grandes entreprises multinationales. La mondialisation
économique et la globalisation des chaînes de valeur constituent les aspects les plus
apparents de ce contexte. Si les grandes entreprises représentent des acteurs
incontournables de ce processus de globalisation, les Petites et les Moyennes Entreprises
(PME) sont amenées à relever plusieurs challenges mais aussi à saisir les opportunités qui
émanent de ce nouvel environnement1.
Pour examiner l’environnement actuel des entreprises, les chercheurs mettent en avant
deux caractéristiques essentielles : le dynamisme et la compétitivité. Le dynamisme
environnemental est mesuré par le taux de changement et le degré d’instabilité du contexte.
La rapidité du changement, le raccourcissement des cycles de vie des produits et le
processus de destruction créative sont les caractéristiques typiques de ce dynamisme. Ce
dernier entraîne l’obsolescence accélérée des produits existants et nécessite le
développement de nouvelles compétences. La compétitivité environnementale, quant à
elle, se réfère au degré de la rivalité entre les entreprises. Cette compétition est mesurée
par le nombre de concurrents et de domaines dans lesquels cette compétition s’exerce.
Face à ce contexte, les PME se focalisent sur la recherche des stratégies visant la création
et le maintien des avantages compétitifs, le changement et la préservation, l’exploration et
l’exploitation des connaissances innovatives2. C’est dans cette perspective qu’une
prolifération des recherches sur les stratégies coopératives a vu le jour mettant en avant
l’importance des relations de coopération interorganisationnelle dans le partage de
connaissances et l’innovation.
Pour introduire la présente recherche, nous nous focalisons d’abord sur un constat
empirique et théorique qui nous a permis de nous intéresser à la PME comme objet de
recherche. Ensuite, nous mettons en évidence l’importance stratégique des connaissances
1
OCDE (2007) “Enhancing the Role of SMEs in Global Value Chains” OCDE Global Conference, Tokyo,
31 May - 1 June, [en ligne] : www.oecd.org/dataoecd/44/31/38774814.pdf
2
Jansen.J-P, Van Den Bosch A-J. et Volberda W. (2005) “Exploratory innovation, exploitative innovation,
and ambidexterity: the impact of environmental and organizational antecedents” Schmalenbach Business
Review, Vol 57, pp.351-363.
7
dans les économies contemporaines et les défis managériaux qu’elles imposent aux
entreprises. Nous soulignons, dans ce cadre, la montée du rôle des coopérations entre les
organisations dans l’acquisition et la gestion des connaissances. L’objectif est de mettre en
évidence le défi de l’innovation dans la PME marocaine afin de pouvoir formuler notre
problématique de recherche et les questionnements qui en découlent. La pertinence de
cette recherche, aussi bien sur le plan théorique qu’empirique, sera examinée avant de
présenter la démarche méthodologique mise en oeuvre. Enfin, la structure de cette thèse
fera l’objet du dernier paragraphe de cette introduction.
En effet, les entreprises de petite et moyenne taille suscitent un intérêt croissant. Elles sont,
depuis plus de trois décennies, à peu près les seules à créer des emplois et se trouvent à la
base des nouvelles dynamiques des régions. Elles représentent le noyau dur de ce que l’on
appelle les districts industriels ou encore les systèmes productifs locaux (SPL) et le fer de
lance du développement des territoires4.
Au Maroc, les dernières statistiques sur les PME datent de l’année 2002. Elles constituent
la trame du tissu industriel national et participent positivement à la croissance économique,
3
Lors de la première conférence ministérielle de l’OCDE sur les PME à Bologne (Italie) en Juin 2000, les
ministres de près de 50 pays membres et non membres de l’organisation ont adopté la charte de Bologne sur
les politiques à l’égard des PME.
4
ONUDI (2002) : « Développement des systèmes productifs locaux et des réseaux de PME », Vienne,
disponible en ligne : www.unido.org/file-storage/download/?file_id=21358
8
à la création d’emplois et au développement régional. En 2002, elles représentaient 93%
du total des entreprises industrielles marocaines, 38% de la production industrielle, 30%
des exportations industrielles et 46% de l’emploi dans l’industrie5.
Par ailleurs, des actions spécifiques en faveur des PME doivent être menées dans une
économie mondialisée. Celle-ci offre aux PME plusieurs opportunités en mettant en valeur
leur flexibilité et réactivité organisationnelles. Elle leur permet de participer dans des
chaînes de valeur globales et d’accéder à des marchés internationaux à moindre coût. Les
PME se spécialisent et mettent en place des stratégies de niche en servant les autres acteurs
de la chaîne de valeur. La mise en place des relations de coopération tout au long de la
chaîne favorise des externalités substantielles en termes de partage de connaissances, de
transfert de technologies et d’apprentissages des opportunités entrepreneuriales6.
Dans ce cadre et pour saisir les opportunités et les challenges de l’économie mondialisée,
la conférence d’Istanbul recommande la mise en place de plusieurs outils favorisant
l’innovation. Ses recommandations portent essentiellement sur la nécessité des stratégies
de coopération et de mise en réseau des PME. « [Ces dernières] ont besoin d’accéder à
des sources externes d’information, de connaissance, de savoir-faire et de technologie
pour bâtir leur propre capacité d’innovation (…). Elles doivent s’intégrer à des réseaux
qui nourrissent les connaissances implicites et d’autres compétences ne pouvant faire
l’objet d’échanges, qui sont essentielles pour appliquer des stratégies concurrentielles à
base d’innovations ».
5
OCDE (2006) : « Perspectives économiques en Afrique : cas du Maroc » BAFD/OCDE, disponible en
ligne: http://www.oecd.org/dataoecd/27/42/36798160.pdf
6
OCDE(2007), op.cit.
9
(2) La PME comme objet de recherche spécifique en sciences de gestion
A l’instar des politiques économiques des nations, la communauté académique s’intéresse
de plus en plus à la recherche sur la PME. Des conférences annuelles, des associations de
recherche et des revues sont spécialement dédiées à la PME comme objet de recherche
spécifique. Nous citons à titre d’exemples la Conférence Internationale Francophone sur
les PME (CIFPME) de l’Association Internationale de Recherche sur l’Entrepreneuriat et
la PME (AIREPME), la Revue Internationale PME, Journal of Small Business and
Entrepreneurship, International Small Business Journal…. Cette spécificité constitue le
noyau dur du programme de recherche d’une communauté de chercheurs appelés PMistes
qui se sont intéressés à démontrer que la PME ne constitue pas une forme miniature de la
grande taille.
Les PME sont des organisations qui diffèrent des grandes entreprises selon plusieurs
critères. Pour de nombreux chercheurs dont Julien et Marchesnay (1988), les principales
caractéristiques des PME peuvent se résumer ainsi :
- La faible spécialisation des tâches. Le dirigeant assure dans la plupart des cas des tâches
commerciales et techniques.
-La forte proximité interne entre le dirigeant et ses collaborateurs favorise des
communications informelles et la mise en oeuvre des stratégies intuitives. Cette proximité
apparaît aussi au niveau des relations de l’entreprise avec son environnement. Elle se
concrétise par des contacts directs et fréquents avec les clients et les fournisseurs ou encore
les distributeurs et permet à la PME de s’approprier des informations riches par
l’intermédiaire des employés et des partenaires.
- En se basant sur l’approche des ressources (Resource Based View) qui constitue l’un des
attracteurs théoriques les plus importants dans cette thèse, il convient de noter que les PME
se caractérisent par un manque de ressources financières, humaines et technologiques. La
10
difficulté d’acquisition des ressources, notamment intangibles, étant un trait majeur de ces
entreprises.
En fait, les ressources tangibles comme les ressources financières et physiques qui ont
dominé la pensée des chercheurs en économie ne sont plus considérées aujourd’hui comme
les plus importantes. Les chercheurs en management stratégique sont désormais d’accord
sur le rôle des ressources intangibles dans la formation des avantages compétitifs des
entreprises8.
Dans cette perspective, l’approche RBV, esquissée par Penrose (1959) et amorcée par
Wernerfelt (1984), Barney (1991) et Grant (1991), s’est prolongée en une approche basée
sur les connaissances (Knowledge Based View). Plusieurs recherches relevant de cette
approche ont vu le jour. L’objectif de celles-ci consiste à montrer l’importance des
connaissances et de l’apprentissage comme source de l’avantage concurrentiel.
L’apprentissage organisationnel de l’entreprise dépend de sa capacité à absorber les
connaissances. Ce dernier concept développé par Cohen et Levinthal (1990) mesure
l’aptitude à acquérir, assimiler et transformer les connaissances en innovation.
7
Rapport de veille synthèse présenté à Développement Economique Canada dans le cadre du projet
“Globalisation, économie du savoir et compétitivité: une synthèse des tendances et enjeux stratégiques pour
la PME Québécoise (globalisation et PME innovantes)”, Institut de Recherche sur les PME de l’université de
Québec à Trois Rivières [2000].
8
« knowledge has become the key economic resource and the dominant and perhaps even, the only source of
comparative advantage », P.Druker (1993)
11
Dans ce même cadre d’idées, Teece, Pisano et Shuen (1997) développent leur théorie des
capacités dynamiques (dynamic capacity). Selon cette théorie, l’aptitude de l’entreprise à
apprendre, à s’adapter et à mettre à jour ses capacités continuellement est un facteur clé de
succès. D’autres ont prolongé la théorie de l’apprentissage de la perspective
organisationnelle à la perspective interorganisationnelle.
Dans ce sens, les entreprises ne peuvent pas créer, stocker et traiter toutes les
connaissances au sein de leur organisation interne d’autant plus que certaines
connaissances se situent à leur interface avec l’environnement. Face à cela, la coopération
interorganisationnelle est alors considérée comme une stratégie d’accès aux ressources,
particulièrement intangibles, non disponibles au sein des entreprises.
Ces théories sont mobilisées par les chercheurs pour tenter d’expliquer les raisons de la
formation des coopérations entre les organisations et dépasser l’explication basée sur la
théorie des coûts de transaction. Elles sont aujourd’hui utilisées pour former un cadre
théorique intégré en faisant appel à la théorie des ressources, la théorie des compétences, la
théorie des connaissances et la théorie des réseaux sociaux. Le recours à cette dernière
pour étudier les stratégies coopératives est récent. Initiée par Granovetter en 1973, cette
théorie s’attache à caractériser la manière dont les acteurs construisent des coopérations et
mobilisent leurs ressources et leurs connaissances à travers des réseaux de contacts.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ce regain d’intérêt des accords de
coopération :
- accéder aux ressources rares et non disponibles en interne ou sur le marché,
- apprendre de nouvelles capacités (Hamel 1991 ; Powell, Kogut et Smith-Doerr 1996,
Ahuja 2000),
- profiter des économies d’échelles et s’ouvrir rapidement à de nouvelles technologies et à
de nouveaux marchés (Powell 1987),
12
- gérer la dépendance des ressources vis-à-vis des autres organisations (Pfeffer et Salancik
1978, Assens 2003),
- réduire les coûts de transaction et atténuer les effets de comportements opportunistes
(Williamson 1991, 1999),
- permettre l’absorption des connaissances et le développement des technologies (Powell et
al 1996, Ahuja 2000).
La problématique de la recherche
Les stratégies de coopération peuvent être définies comme étant un arrangement volontaire
entre organisations indépendantes visant l’échange et le partage de connaissances pour le
développement des produits et des technologies. Elles sont omniprésentes dans les
stratégies des entreprises. Leur prolifération a permis l’apparition d’une communauté de
chercheurs examinant les causes et les conséquences de ces pratiques stratégiques9.
D’après notre revue de littérature, nous avons constaté que plusieurs chercheurs établissent
une relation directe de cause à effet entre la coopération et l’innovation en faisant
abstraction du processus et des conditions de réalisation de cette relation. De plus, la
dimension organisationnelle est négligée. En effet, La notion de capacité d’absorption a
fait couler beaucoup d’encre dans la communauté académique anglophone et peu de
recherches dans la communauté francophone. Dans ces recherches, c’est plutôt la
dimension externe des stratégies coopératives qui est prise en compte indépendamment de
la dimension organisationnelle.
Partant de là, notre recherche est guidée par la problématique principale suivante : Dans
quelle mesure la coopération interorganisationnelle contribue-t-elle à l’innovation ?
L’objectif est de montrer le processus de transformation des externalités de la coopération
en innovation en mettant en évidence le rôle des capacités organisationnelles internes. Pour
ce faire, nous posons une série de sous questions: Comment peut-on aboutir à l’innovation
dans le cadre de la coopération interorganisationnelle ? Et, sous quelles conditions ?
Existe-t-il une relation causale directe entre la coopération et l’innovation ? Est-il
nécessaire pour l’entreprise de se doter d’une capacité d’absorption de connaissances
externes ?
9
Gulati.R (1998) : « Alliances and network ». Strategic Management Journal, vol 19, pp.293-317.
13
La pertinence de la recherche
L’intérêt théorique de cette thèse réside dans le fait qu’elle cherche à analyser les attributs
relationnels de la coopération interorganisationnelle en mettant en évidence la dimension
cognitive et la perspective intra-organisationnelle. La théorie des ressources et la théorie
des réseaux sociaux sont au centre de ces analyses.
L’intérêt pratique réside dans le fait que cette recherche permet de recueillir des éléments
de réponse relatifs aux impératifs des entreprises en coopération avec les autres
organisations. Elle met en relation les variables relationnelles, cognitives et
organisationnelles pour des buts innovationnels.
Par conséquent, cette thèse a un caractère stratégique fortement prononcé parce qu’elle
voudrait apporter des éléments de réponses à la problématique de coopération des PME
cherchant à combler le manque de ressources internes pour pouvoir innover. La pertinence
de notre recherche peut être mise en exergue à travers une double réflexion.
L’approche relationnelle de la RBV est proposée par Dyer et Singh (1998)11. Ils
considèrent la coopération comme une source d’avantage concurrentiel
interorganisationnel. L’entreprise quelque soit sa taille ne peut pas détenir l’ensemble des
ressources. Certaines ressources dépassent les frontières organisationnelles et peuvent être
ancrées dans les relations entre les organisations.
10
Marchesnay.M (2002) : « Pour une approche entrepreneuriale de la dynamique ressources-compétences :
essai de praxéologie », Les Editions de l’ADREG.
11
Dyer.J-H et H.Singh (1998) : « The relational view : cooperative strategy and sources of
interorganizational competitive advantage », The Academy of Management Review, vol 23, N°4, pp.660-
679
14
Les auteurs mettent en avant la notion de rente relationnelle. Cela signifie « un profit supra
normal généré conjointement dans une relation d’échange, qui ne peut pas être développé
par une entreprise isolé, et peut seulement être crée par les contributions idiosyncrasiques
communes d’un partenariat spécifique » (Dyer et Singh 1998, traduit par Chauvet 2004).
Dans le cas des PME, le réseau social du dirigeant est souvent le reflet du réseau
d’entreprise12. Par ailleurs, l’existence de correspondances entre la RBV et la théorie des
réseaux sociaux et l’approche relationnelle de l’avantage compétitif qui en résulte a permis
un essor sans précédent des recherches sur les stratégies de coopération
interorganisationnelle.
(2) Une réflexion sur la coopération dans la PME marocaine et son impact sur
l’innovation
Conscients de l’enjeu stratégique de l’innovation dans la compétitivité de l’entreprise
marocaine et plus particulièrement la PME, les responsables d’entreprises et les
organismes publics de recherche et de développement ont lancé, il y a quelques années, des
12
Julien.P-A (1998): “Stratégie et contrôle de l’information dans les PME: pour un élargissement du
concept d’entreprise afin de mieux appréhender la stratégie des PME dynamiques”, Management
International, vol 2, N°2, pp.51-59
15
discussions et des rencontres pour la mise en place des actions incitatives à l’innovation.
Les actions d’appuis et de soutien déployées jusqu’alors portent essentiellement sur les
incitations financières et fiscales au développement des activités de R&D en interne. Des
structures d’accompagnement sont aussi mises en place dans ce cadre. L’objectif de ces
mesures préconisées consiste à favoriser le développement des composantes en amont et
en aval de la R&D.
Le recours des PME marocaines aux stratégies de coopération pour combler le manque de
ressources et leurs apports à l’innovation est l’un des points essentiels sur lesquels nous
nous sommes focalisé. La structure simple de la petite taille, la circulation facile des
connaissances au sein de l’organisation des PME ainsi que le rôle central du dirigeant dans
la gestion de ces entités sont autant de raisons qui nous ont conduit à mener une réflexion
sur la capacité d’absorption des PME marocaines en utilisant d’autres indicateurs que la
R&D la mesurant.
La démarche méthodologique
La démarche adoptée dans cette thèse est dictée essentiellement par l’objectif de notre
recherche. Ainsi, nous cherchons à expliquer le processus de contribution des stratégies de
coopération interorganisationnelles dans l’innovation par la mise en évidence du rôle de la
16
capacité interne d’absorption des connaissances. L’explication est souvent associée à la
démarche hypothético-déductive. Celle-ci consiste à partir des connaissances acquises,
théories et concepts à émettre des hypothèses qui seront ensuite testées à l’épreuve des
faits. Elle va du général au particulier selon une logique d’entonnoir.
Dans ce cadre, les méthodes d’équations structurelles permettent de tester les relations
hypothétiques fondées sur des bases théoriques entre les variables explicatives et les
variables expliquées. Ce sont des méthodes d’analyses multivariées de seconde génération
permettant une combinaison des construits théoriques aux données empiriques13.
13
Fornell.C (1985) : « A second generation of multivariate analysis : classification of methods and
implications for marketing research”, Working Paper N°414, Graduate School of Business Administration,
The University of Michigan, disponible en ligne:
http://deepblue.lib.umich.edu/bitstream/2027.42/35621/2/b1408124.0001.001.pdf
17
nous a conduit, après avoir entretenu avec certains dirigeants d’entreprises, à faire une
première formulation de notre problématique et à se positionner dans une approche
théorique14. Cette première étape est corroborée par la construction de notre modèle
d’analyse.
(d) l’interprétation des résultats et la validation des hypothèses de recherche passe par
l’évaluation de la qualité d’ajustement du modèle aux données qui permettra de juger de la
validité des résultats obtenus.
La structure de la thèse
Notre travail de recherche se structure en deux parties. Chacune des parties est divisée en
trois chapitres. La première partie porte sur le cadre général de référence dans lequel
s’inscrit la présente thèse. Son objectif est de retracer les contours des développements
théoriques et conceptuels. La deuxième partie est méthodologique et empirique. Elle
consiste à mettre en exergue la démarche méthodologique et les résultats obtenus. Notre
travail sera ainsi présenté :
14
Wacheux.F (1996) : « Méthodes qualitatives et recherche en gestion », Economica.
18
marocaines en particulier. Cette importance réside dans l’impact de la coopération sur
l’innovation.
15
Martinet.A-C (1997) : « Pensée stratégique et rationalités : un examen épistémologique », Management
International, vol 2, N°1, pp.67-75.
19
l’épuration des échelles de mesure en éliminant les indicateurs qui affectent la fiabilité et la
validité des échelles. Durant cette phase, nous avons utilisé le logiciel SPSS10.0. La
seconde phase est confirmatoire et porte sur un échantillon de 110 entreprises. Le but est
de valider les échelles précédemment explorées en utilisant cette fois-ci le logiciel
LISREL8.51. Deux types d’analyses sont faites à ce stade. D’abord une analyse descriptive
des données et ensuite une analyse confirmatoire proprement dite.
Le dernier chapitre porte sur le test des hypothèses et du modèle structurel. La non
normalité des données et la taille réduite de l’échantillon et les problèmes de convergence
du modèle nous ont conduit à privilégier le recours à la méthode des moindres carrées
partielles (Partial Least Square) en utilisant le logiciel SmartPLS. Dans ce chapitre, nous
analysons l’effet de variables médiatrices et modératrices de notre modèle avant de
procéder à la validation de notre modèle structurel global. Nous achevons ce chapitre par
la présentation des résultats et leurs implications managériales. Nous essayons de montrer
dans quelle mesure nous avons pu répondre à notre principal questionnement de recherche
sur l’impact de la coopération interorganisationnelle sur l’innovation.
20
Figure 1 : Structure générale de la thèse
Chapitre 3
Champ conceptuel :
Coopération, innovation et capacité d’absorption des
connaissances
Chapitre 4 Chapitre 5
Modèle hypothétique et choix Développement et confirmation des
méthodologique échelles de mesure
Chapitre 6
Test d’hypothèses et validation du modèle
théorique
Conclusion générale
21
Partie I
Cadre général de référence
L’objectif de cette première partie consiste à inscrire notre sujet de thèse dans son cadre
général de référence. Ainsi, nous traçons dans le premier chapitre les contours de notre
cadre thématique afin de pouvoir cerner notre problématique de recherche. Celle-ci
s’inscrit dans le cadre des recherches académiques sur le rôle des coopérations
interorganisationnelles dans l’innovation. Nous nous intéressons plus particulièrement aux
PME du fait de leur importance dans l’économie nationale. Les spécificités de ces
structures sont mises en évidence dans ce chapitre pour légitimer le recours aux stratégies
de coopération. Quant à l’innovation, elle se transforme d’un modèle linéaire de diffusion
à un modèle résiliaire mettant en relations plusieurs acteurs : clients, fournisseurs,
distributeurs, concurrents et organismes de recherche.
Le deuxième chapitre consiste à présenter un état de l’art des recherches portant sur les
coopérations interorganisationnelles en mobilisant trois théories autour desquelles notre
revue de littérature sera organisée : la théorie des coûts de transaction, la théorie des
ressources et ses différentes facettes et, la théorie des réseaux sociaux. Ces théories ne sont
pas indissociables mais complémentaire. En effet, la coopération ne peut être appréhender
en dehors de l’efficacité (en termes de création de valeur) et de l’efficience (en termes de
réduction des coûts).
Enfin, le troisième chapitre dévoile les définitions des différents concepts que nous
présentons dans notre modèle de recherche. L’ensemble des concepts utilisés s’enracine
dans l’une des théories citées précédemment. Ce chapitre est présenté selon la logique du
modèle théorique que nous présentons ultérieurement dans cette thèse. En effet, nous
défendons l’idée que la coopération interorganisationnelle génère des variables
relationnelles (confiance, engagement, communication) ; lesquelles influencent les
variables cognitives (partage de connaissances). Pour pouvoir innover, l’entreprise en
coopération doit être dotée d’une capacité d’acquisition, d’assimilation et de dissémination
des connaissances. Cette architecture conceptuelle établie une relation de causalité entre la
perspective interorganisationnelle, la perspective organisationnelle et l’innovation.
22
Chapitre 1
Champ problématique : La coopération et les PME
Depuis les premiers modèles de diagnostic stratégique et d’économie industrielle sur les
portefeuilles d’activités et les déterminants de l’intensité concurrentielle du secteur,
l’affrontement est toujours vu comme la seule logique qui guide les comportements
interactionnistes des organisations. La coopération interorganisationnelle a eu beaucoup du
mal à se développer et à s’imposer dans la littérature en management stratégique.
A partir de la deuxième moitié des années 80, notamment avec la publication de Thorelli et
de Miles et Snow16 sur les réseaux d’entreprises, la recherche sur les coopérations entre les
organisations a pris un nouvel élan. Dès lors, on assiste à un accroissement des recherches
qui se focalisent sur l’étude des facteurs de formation des coopérations, leur gouvernance,
leurs formes et leurs apports à l’innovation.
Les deux approches ne sont ni contradictoires, ni mutuellement exclusives, mais elles sont
plutôt complémentaires et indissociables dans la mesure où l’entreprise est un acteur
économique et social et l’appréhension de son action ne peut, en aucun cas, être rendue
possible et réelle indépendamment de son encastrement social17.
Cet encastrement est d’autant plus fort que la taille des organisations est petite. Cette
petitesse se traduit par un management de proximité et un capital relationnel favorisant la
16
Miles.R et Snow.C (1984) : « Fit, Failure and the hall of fame », California Management Review, vol
N°26, N°3, pp : 10-28.
Thorelli.H (1986): « Networks: between markets and hiérarchies », Strategic Management Journal, vol 7,
N°1, pp: 37-51
17
Granovetter.M (1985): “Economic action and social structure: the problem of embeddedness”, American
Journal of Sociology, vol 91, N°, 3, pp: 481-510.
23
coopération interorganisationnelle. La PME, doit faire de son réseau relationnel un moyen
d’accès aux ressources matérielles et immatérielles dont elle a besoin. Les tenants du
courant de l’encastrement social affirment que l’accès aux ressources valorisables dépend
du réseau social des entreprises18. Selon Van Laere et Heene19, le réseau social peut offrir
aux PME, compte tenu de leurs ressources limitées, de fortes opportunités pour combler ce
manque et se développer dans un environnement de plus en plus compétitif. Pour survivre,
elles ont besoin de coopérer avec les autres organisations.
Plusieurs facteurs sont avancés par les chercheurs pour expliquer la formation des
coopérations. En fait, ces facteurs sont aussi des objectifs que l’entreprise cherche à
atteindre. Dans ce cadre, les activités de R&D, le partage des connaissances, le transfert
des technologies et des compétences sont aujourd’hui les maîtres mots des dirigeants
d’entreprises pour justifier les accords de coopération avec les autres organisations. Bref,
les entreprises et notamment les PME coopèrent pour faire face au manque de ressources
qui favorisent l’innovation. Même les grandes entreprises deviennent petites en mettant en
œuvre des stratégies d’externalisation et de focalisation sur leur domaine de compétence.
L’objectif de ce chapitre consiste à cadrer notre problématique. Pour ce faire, nous nous
intéressons dans une première section à la coopération interorganisationnelle en
management stratégique. Nous cherchons dans cette section à prendre une position au sein
des disciplines des sciences de gestion. La deuxième section porte sur les approches
théoriques dans lesquelles s’inscrit notre problématique de recherche. Quant à la troisième
et dernière section, elle a pour but d’identifier notre objet de recherche à savoir la PME et
l’innovation et ses caractéristiques favorables à la coopération.
18
Granovetter (1985): op.cit
19
Van Leare.K et Heene.A (2003): “Social networks as a source of competitive advantage for the firm”,
Journal of Workplace learning, vol 15, N°6.
24
logique compétitive extrémiste. Les adversaires sont alors vus comme étant des partenaires
potentiels. La compétition cherche renfort dans la coopération.
Dès lors, plusieurs recherches en stratégie se sont penchées sur l’étude des facteurs
explicatifs de la formation des coopérations, des formes et des objectifs de ces nouvelles
configurations interorganisationnelles. Quoiqu’il en soit, les objectifs de la coopération
sont souvent considérés comme des facteurs explicatifs.
Ainsi, la présente section tente d’abord de définir ce que nous entendons par coopération
interorganisationnelle. Ensuite, ce sont les facteurs explicatifs souvent cités dans la
littérature qui seront présentés. Enfin, les formes génériques de la coopération feront
l’objet d’un dernier paragraphe de cette section.
La coopération émerge lorsque plusieurs acteurs qui s’engagent à réaliser une tâche sont
mutuellement dépendants dans leur travail et doivent se coordonner et rassembler leurs
25
productions individuelles pour être en mesure d’effectuer la tâche qui leur a été confiée
(Schmidt 1994).
Pour certains auteurs, la coopération est l’antidote de la concurrence qui donne une chance
à la paix et décourage l’agressivité de la compétition. Pour d’autres, il s’agit d’une
nouvelle forme organisationnelle alternative à la hiérarchie et au marché en réponse aux
changements de l’environnement et de la dynamique de la concurrence.
20
Martinet.A-C (1990) : « Epistémologie de la stratégie », In Epistémologies et sciences de gestion (Sous la
coord. A-C.Martinet, Economica, pp.211-236.
21
Sont généralement évoqués les concepts d’associations, cartels, coalitions, alliances, rapprochements,
concertations, consortiums, mariage, collaboration, ententes, joint-ventures, réseau, partenariat…
26
communauté académique sur la définition de la notion de coopération
interorganisationnelle.
La coopération est généralement définie comme une stratégie qui s’inscrit dans une
approche relationnelle à coté de l’affrontement et de l’évitement22. L’approche
relationnelle « …cherche à bâtir une théorie dans laquelle les politiques de coopérations
protectrices et les stratégies d’affrontement peuvent co-exister. En d’autres termes et
selon ce courant de pensée, deux types de comportements des entreprises, relationnel et
concurrentiel, peuvent être observés simultanément dans l’univers économique »23. La
coopération est dite alors une stratégie relationnelle « lorsqu’elle se fonde non pas sur la
loi de la concurrence, mais sur des relations privilégiées que l’entreprise établit avec
certains partenaires de son environnement. La notion de concurrence n’en est pas
totalement absente, mais elle est forcément secondaire par rapport à un accord scellé de
gré à gré et échappant aux règles normales du marché »24.
La stratégie des entreprises peut être appréhendée avant tout comme une affaire de
relations. L’évitement est un renoncement à l’affrontement concurrentiel direct, tandis que
la coopération renoncerait à toute forme de rivalité. « La coopération
interorganisationnelle est un accord formel ou informel, établi dans une perspective de
durée, impliquant une interaction entre deux ou plusieurs organisations indépendantes qui
combinent ou mettent en commun des actifs et des ressources dans un but d’efficience ou
d’efficacité »25.
La coopération peut être définie comme étant une option stratégique qui permet aux
entreprises, en situation de dépendance mutuelle (interdépendance) des ressources, de
profiter des complémentarités tout en gardant leur autonomie décisionnelle. La coopération
doit être distinguée de l’entente qui se réfère à la collaboration qui a pour but de bloquer
les mécanismes de la concurrence.
22
Koenig.G (1990): “Management stratégique: vison, manoeuvres et tactiques”, Nathan.
23
Garette.B et Dussauge.D (1995) : « Les stratégies d’alliances », Editions d’organisation, p.76.
24
Strategor (1997) : « Politique générale de l’entreprise », Dunod, p. 229. Strategor est l’équipe des
professeurs du département stratégie et politique d’entreprise du groupe HEC.
25
Barthélemy.J, Fulconis.F et Mothe.C (2001) : « Les coopérations interorganisationnelles : approches
théoriques et illustrations » In, Stratégies : actualités et futurs de la recherche (sous coord. A.C.Martinet et
R.A.Thiétart), Vuibert, pp. 289-302
27
1.2 La formation des relations de coopération
Plusieurs facteurs sont avancés par les chercheurs pour expliquer la formation des
coopérations entre les organisations. Les facteurs les récurrents se résument la réduction de
l’incertitude, l’économie des coûts de transaction et la recherche des compétences
complémentaires.
L’incertitude constitue une contrainte pour l’entreprise parce que l’information intervient
dans le processus de formulation de la stratégie et de sa mise en œuvre27. Aliouat distingue
trois types de complexités qui se conjuguent ensemble pour générer l’incertitude :
26
L’incertitude doit être distinguée du risque. Ce dernier relève du connaissable tandis que l’incertitude
relève du non connaissable. L’incertitude porte sur les faits que l’on considère ne pas connaître. Le risque est
une incertitude mesurable tandis que l’incertitude est reléguée au non mesurable (Aliouat 1996).
27
Aliouat.B (1996) : « Les stratégies de coopération technologiques », Economica.
28
systèmes d’information des entreprises se trouvent saturés et éprouvent de plus en plus de
difficultés pour absorber et traiter toutes les informations.
Finalement, il est important de souligner que l’incertitude est une perception de l’acteur.
Elle n’existe pas au dehors, mais dans l’esprit de l’individu. La coopération peut être
considérée comme une stratégie visant à réduire l’incertitude. En effet, les échanges entre
les acteurs génèrent des contraintes informationnelles qui peuvent être évitées par les
accords à long terme permettant la génération de la confiance et la réduction des effets de
l’opportunisme. Ce qui va faciliter la circulation de l’information et la construction des
représentations cognitives et des états d’esprits partagés et par conséquent, réduire les
contraintes computationnelles et dynamiques.
28
Gueguen.G (2001) : « Environnement et management stratégique des PME », Thèse de doctorat en
sciences de gestion, Université Montpellier 1, Ecole Doctorale d’Economie et de Gestion.
29
La fragilité de la petite taille face à l’incertitude environnementale laisse supposer
l’existence quant à la mise en œuvre des stratégies. Les erreurs dues à l’imprévisibilité
peuvent être lourdes de conséquences sur le fonctionnement des PME, dont le manque de
ressources notamment financières est leur principale caractéristique. La coopération est
alors davantage sollicitée par les entreprises de petite taille qui percevront un niveau élevée
d’incertitude et dont les conséquences peuvent être néfastes.
A l’origine, les coûts de transaction ont servi de base pour analyser le choix entre les
modes de gouvernance des activités économiques. Ainsi, lorsque les coûts de transaction
sont faibles, il est possible de procéder à l’allocation optimale des ressources sur le
marché. Ces coûts sont d’autant plus élevée que les transactions sont fréquentes, qu’elles
se déroulent dans des contextes incertains et qu’elles portent sur des actifs spécifiques.
Le niveau élevé des coûts de transaction sur le marché justifie le recours des décideurs à
l’intégration des activités au sein de l’organisation hiérarchique. Toutefois, cette
intégration comporte aussi des limites. Celles-ci sont dues essentiellement aux coûts du
fonctionnement bureaucratique, de coordination, de contrôle, de circulation de
l’information, des processus de prise de décision, de la planification, etc.. au sein de
l’organisation.
La coopération entre les organisations est conçue comme une forme intermédiaire entre le
marché et la firme. La recherche de l’efficience économique en termes de réduction des
30
coûts de transaction et de fonctionnement des bureaucraties est souvent avancée comme un
facteur principal de la formation des stratégies de coopération. On se retrouve au cœur de
la conception williamsonienne de la stratégie selon laquelle l’économie est la meilleure
stratégie29. Le recours à la coopération permet une réduction des coûts de transaction sans
générer des coûts de fonctionnement hiérarchique liés à la pleine intégration verticale.
Coopération
Marché Inter-organisationnelle Firme
Externalisation
29
Williamson.O (1991): « Comparative economic organization: the analysis of discrete structural
analysis », Administrative Science Quarterly, vol 36, N°2, pp.269-296.
31
La notion de compétence est définie comme étant le processus de déploiement des
ressources dans un objectif défini et dans des conditions spécifiques30. Les ressources sont
les actifs tangibles et intangibles de base. Les compétences sont les processus sous-jacents
qui permettent de combiner aptitudes, systèmes actifs et valeurs qui procurent un avantage
compétitif et fournissent de précieuses fonctionnalités pour la clientèle.
Toutefois, les entreprises et notamment celles de petite et moyenne taille ne peuvent pas
détenir toutes les compétences dont elles ont besoin au sein de leur organisation. Dans ce
cadre, elles disposent de trois solutions possibles. La première consiste à entrer en
coopération avec les organisations qui possèdent les compétences dont elles ont besoin. La
seconde s’inscrit dans une logique hiérarchique et porte sur le développement en interne
des compétences. La troisième, elle aussi est considérée comme hiérarchique, permet
d’acquérir les compétences auprès des autres organisations.
- Des facteurs relatifs au contexte historique : dans certains cas, la capacité de l’entreprise
à développer en interne ses compétences dépend de son existence « au bon endroit et au
bon moment ». Cette opportunité ne se reproduit pas dans l’avenir. Barney illustre ses
propos par l’exemple de Caterpillar qui a pu créer à un coût très bas un service et un réseau
de distribution au niveau mondial dans l’industrie des équipements de construction parce
qu’elle était le fournisseur dominant de ces équipements aux forces des alliés durant la
seconde guerre mondiale.
- Des facteurs relatifs aux trajectoires technologiques des entreprises : c’est la contrainte
de dépendance de sentier qui empêchent certaines entreprises à développer en interne
certaines compétences. Selon la notion de dépendance de sentier, qui s’inscrit d’ailleurs
30
Grant.R (1991): « The resource-based theory of competitive advantage: implications for strategy
formulation », California Management Review, vol 33, N°3, pp: 114-134
32
dans l’approche évolutionniste des organisations31, le développement des compétences
d’une entreprise suit une trajectoire dans laquelle les compétences présentes conditionnent
l’existence des compétences futures.
Dans ce même cadre d’idées, Hamel et Prahalad insistent sur le rôle de la capacité des
entreprises à construire et gérer des coopérations pour accéder aux compétences
complémentaires que possèdent d’autres entreprises32. La complémentarité des
compétences est une compétence en soi dans la mesure où elle génère une rente élevée qui
dépasse la somme des compétences prises individuellement33.
31
L’ouvrage de Nelson et Winter de 1982 constitue la principale référence du courant évolutionniste des
organisations.
32
Hamel.G et Prahalad. C-K (1995) : « La conquête du futur : stratégies audacieuses pour prendre en main
le devenir de votre secteur et créer les marchés de demain », InterEditions.
33
Dyer.J-H et Singh.H (1998) : « The relational view : cooperative strategy and sources of
interorganizational competitive advantage », The Academy of Management Review, vol 23, N°4, pp.660-
679.
33
Pour tenter de réduire ce flou conceptuel, nous présentons trois formes de coopération que
nous considérons comme étant des formes génériques suivant trois logiques essentielles :
la logique d’alliance, la logique de synergie et la logique de territoire.
Deux conceptions de l’alliance, l’une est étroite et l’autre est élargie, sont distinguées par
Jolly. La première se caractérise par une focalisation excessive car elle porte sur les filiales
communes et ignorent certaines pratiques coopératives qui ne font pas appel à l’existence
de structures communes.
La notion de filiale commune est définie comme étant une entité organisationnelle légale et
distincte créée et détenue par des entreprises indépendantes les unes des autres par transfert
d’une fraction de leurs ressources pour conduire une action conjointe de R&D,
d’approvisionnement, de fabrication, de commercialisation, etc…Le nombre de partenaires
ne dépasse pas généralement 4 ou 5 entreprises. Lorsque ce nombre est élevé, les
chercheurs parlent de consortium. Dans ce genre de structure coopérative le pouvoir est
dilué et le problème de prise de décision se pose avec acuité.
La deuxième conception est trop étendue car il permet de considérer toute transaction
marquée par une convergence d’intérêt comme une alliance. Contrairement à la première,
cette deuxième conception considère les relations de rapprochement non assorties de liens
capitalistiques. L’alliance ne se traduit pas toujours par la création d’une structure
organisationnelle mais elle peut se limiter à la mise en place d’accord de coopération
portant sur l’échange de technologies, sur la concession réciproque de licences de
production et/ou de licences commerciales, sur l’échange de services logistiques, etc..
34
L’absence de consensus sur la définition de l’alliance et le risque de flou conceptuel auquel
le chercheur, que nous sommes, est confronté nous amène à préciser ce que nous
entendons par ce concept dans la présente recherche.
Ainsi, Pour Wacheux, les alliances sont une forme particulière de relations
interorganisationnelles dans laquelle des concurrents concertent leurs actions sur tout ou
partie de leur activité pour accéder à certains marchés, obtenir des ressources qui font
défaut à la structure interne34.
Jolly définit l’alliance comme étant, «le lien tissé volontairement entre plusieurs firmes
souveraines. Elle se caractérise par la mise en commun par au moins deux entreprises,
d’une fraction de leurs ressources pour la poursuite d’objectifs conjoints dans un espace
donné et l’obtention d’avantages réciproques ; s’il en résulte une interdépendance sur un
champ d’action donné, les alliés restent autonomes en dehors de ce périmètre de
coopération »35. Quand à Gulati, l’alliance est définie comme un arrangement volontaire
entre entreprises indépendantes impliquant l’échange, le partage et le co-développement
des produits et des technologies36.
Au-delà de l’existence d’un consensus sur une définition unique de l’alliance en stratégie,
nous pourrions caractériser cette notion par les aspects suivants :
- L’alliance est alors conçue comme étant une stratégie volontariste visant la création d’un
environnement négocié pour réduire les effets de l’incertitude et de comportement
opportuniste. La stratégie d’alliance permet d’éliminer les autres formes de rapprochement
entre les organisations tels que les fusions et les rachats d’entreprises.
34
Wacheux.F (1996) : « Alliances : conséquences stratégiques et organisationnelles », Revue Française de
Gestion N°108, pp.12-24.
35
Jolly.D (2001) : « Alliances interentreprises : entre concurrence et coopération », Vuibert, p.17
36
Gulati.R (1998): “Alliances and networks”, Strategic Management Journal, vol 19, N°4, pp: 293-317.
35
- La mise en commun de ressources à travers l’échange et le partage des connaissances et
de technologies favorise la capitalisation et la création d’un répertoire commun d’actifs
intangibles. Le réseau d’alliance est considéré comme une configuration horizontale
mettant en relation les entreprises concurrentes afin de générer de nouvelles connaissances
créatrices de valeur.
Ainsi, dans un régime de production de masse, les entreprises ont le choix pour atteindre
les économies d’échelles et les effets d’expérience soit d’internaliser la relation client
fournisseur tout au long de la filière et on parle alors de l’intégration verticale ; soit
d’externaliser certaines activités aux fournisseurs.
La logique d’intégration verticale consiste à prendre en charge des tâches qui faisaient
jusqu’alors l’objet de transactions avec les tiers. Elle permet à l’entreprise de contrôler
toutes les étapes du processus de production et de réaliser des gains en termes de coûts de
transaction. Tandis que les risques très élevés de rigidité et de bureaucratisation de
l’organisation sont courus par l’entreprise.
37
Donada.C (1997) : « Fournisseurs : pour déjouer les pièges du partenariat », Revue Française de Gestion,
N°114, pp.94-105
38
La production au plus juste (lean production) est une méthode qui a pour but de réduire le coût par unité et
améliorer grandement la qualité, tout en fournissant en même temps une plus grande variété de produits et
un travail stimulant et satisfaisant. La production au plus juste met l’accent sur l’utilisation d’un minimum de
ressources, ce qui peut être réalisé à travers une élimination systématique des pertes par une remise en
question des processus. Ce concept popularisé par Womack au début des années 90.
36
Inversement, l’externalisation consiste en un transfert des tâches à des tiers jusqu’alors
assumées par l’entreprise39. Cette relation de subordination permet d’atteindre l’objectif
d’efficience. En effet, le preneur d’ordre (le fournisseur) exécute les spécifications
contenues dans le cahier des charges et n’apporte aucune amélioration au produit. La
communication et la coordination avec le donneur d’ordre (le client) se limite au prix.
Dans un régime de production au plus juste, la relation client-fournisseur est pilotée par
une philosophie coopérative dans le but de réduire les coûts de production et des délais de
livraison et d’améliorer la qualité et la variété des produits. Pour ce faire, les entreprises
mettent en place des stratégies de partenariat vertical en amont avec les fournisseurs et en
aval avec les clients.
Le concept de partenariat vertical est centré aujourd’hui sur la relation plutôt que sur la
structure. On parle de partenariat lorsque le client et le fournisseur acceptent de partager
les risques et les responsabilités de développement d’un produit ou d’un procédé. Dès
lors, le fournisseur n’est plus un preneur d’ordre qui exécute un cahier de charge mais un
véritable partenaire stratégique qui participe à la conception de produits. Le partenariat
client-fournisseur se traduit par une véritable coopération tout au long de la filière.
39
Koenig.G (1990): “Management stratégique: vison, manoeuvres et tactiques”, Nathan
37
aux exigences du premier. Dans la production au plus juste, il participe à la spécification
des caractéristiques des produits et aux différentes étapes de conception.
Les SPL, concept francophone par excellence, s’inscrit dans la filiation des recherches
amorcées par l’économiste anglais A.Marshall au début du 20ème siècle sur les districts
industriels. Selon Becattini, le district industriel est une entité socio-territoriale
caractérisée par la présence active d’une communauté de personnes et d’une population
d’entreprises dans un espace géographique et historique donné (…). Dans le district, il tend
à y avoir osmose parfaite entre communauté locale et entreprises40.
Dès lors, plusieurs recherches s’intéressant au développement local des régions se sont
intéressées au rôle de la coopération interorganisationnelle dans la stimulation de
l’innovation. De façon plus particulière, ces recherches s’intéresse à l’ancrage territorial de
la coopération entre entreprises de petite et moyenne taille. Le petit entrepreneur ancré
dans le territoire est différent de l’entrepreneur classique. Il recourt à son territoire de
proximité pour se doter des ressources nécessaires. La notion de territoire ne doit pas être
conçue comme synonyme de l’espace. Loin de là, le territoire traduit l’idée de relations,
d’échanges, de projets conçus par les acteurs qui y survivent.
Les actions des SPL sont très diversifiées allant de la mutualisation des moyens aux
accords de coopération en R&D. L’objectif est de favoriser la compétitivité et l’innovation
par les échanges et les rapprochements entre les entreprises d’un territoire donné. Trois
caractéristiques essentielles permettent de définir un SPL :
40
Becattini.G (1992): “Le district marshallien: une notion socio économique”, in Les régions qui gagnent
(sous la dir. De Benko et Lipietz), Presses Universitaires de France, 35-55.
38
- une spécialisation des entreprises et une concentration autour d’un même secteur ou d’un
même couple produit/marché ou encore d’une même technologie ;
- des relations inter-entreprises denses. La recherche des complémentarités et des effets de
synergies est le principal facteur explicatif de cette densité. Ces entreprises entretiennent
des relations avec le milieu environnant et les institutions qui servent d’appui au système
productif. Les relations peuvent être formelles ou informelles ;
- des structures d’animation et des acteurs qualifiés pour encourager les interactions entre
les firmes et les institutions locales.
Les SPL se caractérisent par la forte présence des petites entreprises travaillant dans un
même secteur et par conséquent une forte concurrence horizontale. Cette concurrence
n’exclut pas la mise en place de stratégies coopératives. L’enracinement territorial des
PME se nourrit des contacts étroits que le patron de PME noue avec ses pairs, le marché
local et les fournisseurs du voisinage41.
En guise de conclusion de cette première section, la coopération est considérée comme une
stratégie volontariste. C’est une stratégie relationnelle visant la recherche des
complémentarités, la réduction des coûts et des effets de l’incertitude. En stratégie, elle
prend plusieurs formes qui peuvent être regroupées dans trois logiques différentes : la
logique horizontale, la logique verticale et la logique territoriale.
Tableau 1 : Les logiques de la coopération horizontale
La logique d’alliance La logique de filière La logique de territoire
Co-entreprises Sous traitance Système productif localisé
Consortium Co-traitance District industriel
Groupement d’intérêt éco Client-fournisseur Pole de compétitivité
Accords de R&D Clusters
Ces logiques ne sont pas exclusives. Elles s’enchevêtrent et se conjuguent. Par exemple,
dans les SPL, on retrouve la logique de filière et donc de coopération entre les clients et les
fournisseurs et on retrouve aussi la coopération horizontale entre entreprises concurrentes.
Par conséquent notre recherche porte sur la PME qui tissent des relations avec ses
homologues travaillant ou non sur un même territoire mais aussi ses relations avec ses
fournisseurs, ses clients et d’autres organisations. Il ne s’agit en aucun cas d’analyser une
41
Torrès.O (1999): “Les PME”, Flammarion.
39
forme particulière de la coopération. L’objectif porte sur l’apport de ces relations de
coopération à l’innovation dans ces petites structures.
42
Ghoshal.S et Moran.P (1996) : « Bad for practice : A critique of transaction cost theory », Academy of
Management Review, vol 21, pp : 13-47.
43
Lazega.E (1998) : « Réseaux sociaux et structures relationnelles », Que sais-je ? Presses Universitaires de
France.
40
2.1.1 Le modèle hiérarchique : une réponse aux limites du modèle marchand
Depuis l’article fondateur de R.H.Coase en 1937, « The nature of the firm »44, et après un
long oubli par la théorie économique standard45, la firme est, désormais, un modèle de
référence par opposition au marché. L’émergence de celle -ci comme modèle alternatif
représente une rupture avec le courant économique néo-classique qui la considérait
pendant longtemps comme une boite noire et une firme automate qui fait partie de la
théorie générale des prix. Elle est conceptualisée par une fonction de production dans le
but de la recherche de l’équilibre général ou partiel 46.
Cependant, il faut attendre les travaux de Williamson des années 70 pour populariser et
développer les apports de Coase. A partir de là, la dichotomie entre la firme et le marché a
fait, selon Ring et Van De Ven47 l’objet de plusieurs recherches en économie
institutionnelle, en sociologie des organisations, en droit mais aussi en management
stratégique. L’émergence de la firme se présente comme une réponse aux défaillances du
modèle marchand.
En 1937, Coase s’interrogea sur la nature de la firme et sur les raisons de son existence.
Pour répondre à cette interrogation, il prit comme point de départ le constat de Robertson
selon lequel l’observation de la vie économique montre « des îlots de pouvoir conscient
dans un océan de coopération inconsciente48 ».
La réponse qu’il propose permet de présenter la firme comme un modèle de référence qui
supplante le modèle marchand. La firme se caractérise par une coordination administrative
basée sur l’autorité par opposition au marché dont le mécanisme de coordination est basé
sur le prix. Selon ce raisonnement, l’émergence de la firme s’explique par les défaillances
du modèle marchand. Ce dernier entraîne des coûts liés à l’information relative à la
découverte des prix adéquats à la négociation et à la conclusion des contrats pour chaque
transaction49.
44
Coase.R (1937) : « The nature of the firm », Economica, New Series, Vol4, Issue 16, pp.386-405.
45
Demsetz, (cité par Papillon 2001, p.76) considère Coase comme le père fondateur de la théorie de la
firme.
46
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : « Les nouvelles théories de l’entreprise », Librairie Générale Française.
47
Ring.P et Van De Ven.A (1992): « Structuring cooperative relationships between organizations »,
Strategic Management Journal, vol 13, N°7, p. 85.
48
Idem, p.46.
49
Idem, p.47.
41
Dans cette même logique, Desreumaux50 affirme que le modèle marchand favorise les
comportements opportunistes à court terme et un champ de vision étroit et laisse peu de
place à l’accumulation d’une information commune sur la technologie, le produit et les
ressources. La firme se substitue alors au marché lorsque la coordination hiérarchique par
l’autorité permet d’économiser les coûts engendrés par la coordination marchande par les
prix. Le niveau des coûts dépend largement de la spécificité des actifs51.
50
Desreumaux.A (1996) : « Nouvelles formes d’organisation et évolution de l’entreprise », Revue Française
de Gestion N°107, Jan-Fev, pp : 86-108.
51
La notion de spécificité des actifs sera présentée de façon plus détaillée dans le chapitre 2.
52
Coriat.B et Weinstein.O (1995). Op.cit.
42
2.1.2 Le modèle coopératif : une réponse aux limites du modèle hiérarchique
Si le modèle hiérarchique permet d’économiser les coûts de transaction engendrés par le
système du prix, l’augmentation de la taille de la firme entraîne des coûts de
fonctionnement et de coordination administratifs plus élevés.
Outre l’apport incontestable et précoce de la théorie des coûts de transaction, celle-ci est
loin d’être la seule théorie explicative de l’émergence de la firme. Barney insiste sur
l’importance des compétences stratégiques et par conséquent sur le rôle fondamental de la
théorie fondée sur les ressources dans l’explication et la délimitation des frontières
décisionnelles55.
En effet, la comparaison entre les coûts d’intégration d’une autre entreprise possédant les
ressources et les compétences dont l’entreprise a besoin, leurs coûts d’acquisition sur le
marché et les coûts de création et de développement permet à l’entreprise de choisir la
structure de gouvernance la plus efficiente (en termes de réduction des coûts) mais aussi la
plus efficace (en termes d’appropriation des compétences et des ressources créatrices de
valeur). Par conséquent, la recherche de l’efficience d’un mode organisationnel ne peut pas
se limiter uniquement à une logique de réduction des coûts, mais elle doit s’élargir à une
logique de création de valeur.
En définitive, nous pourrions dire que les défaillances du marché ont légitimé l’émergence
de la firme en tant que mode d’organisation qui mérite d’être étudiée et analysée en
profondeur. L’ouverture de la « boite noire » soulève le problème de l’existence de
53
Cité par Fulconis.F (2002) : « Les structures en réseau : Archétype de design organisationnel pour de
nouvelles formes de coordination interentreprises », Cahiers de Recherche, GREFIGE, p.4
54
Desreumaux.A (1996), op.cit.
55
Barney.J (1999): « How a firm’s capabilities affect boundary decisions », Sloan Managament Review, vol
40, N°3, pp: 137-145.
43
nombreuses limites explicatives inhérentes à la conception transactionnelle. Pour dépasser
ces limites, d’autres formes organisationnelles, situées entre le marché et la hiérarchie, ont
vu le jour.
Ainsi, les stratégies d’intégration verticale et de production de masse ont été remises en
cause par le changement du comportement et du goût des consommateurs en faveur de la
diversité. Selon Piore et Sabel (1984)56, la fin de la production de masse et de la
standardisation des produits a entraîné un déclin de la productivité et de la croissance. Ce
qui a permis l’émergence de formes organisationnelles hybrides. Ces nouvelles formes
organisationnelles, sont d’abord reconnues comme étant des formes hybrides entre le
marché et la hiérarchie57, transitoires (Porter 1993)58et instables qui évoluent vers le
marché ou vers la hiérarchie pour des raisons de recherche de l’efficience économique.
Bien que le concept de la forme hybride revient à Thorelli59, l’œuvre de Jarillo60 constitue
une première tentative de théorisation de la coopération en considérant le réseau comme
une forme organisationnelle autonome et stable. Selon l’auteur, le concept du «réseau
stratégique » résulte de la combinaison des apports de la chaîne de valeur et de la TCT de
Williamson. Ces deux développements théoriques constituent une cohérence admirable
dans la mesure où la chaîne de valeur permet de scinder l’entreprise en un ensemble
d’activités et la TCT considère la transaction entre ces différentes activités comme l’unité
de base de l’analyse. Au niveau interorganisationnel, la chaîne de valeur est constituée par
plusieurs firmes indépendantes et aucune d’entre elles ne peut posséder l’ensemble des
56
Powell.W (1987) : op.cit.p.78
57
Thorelli.H (1986): « Networks: between markets and hiérarchies », Strategic Management Journal, vol 7,
N°1, pp: 37-51
58
Cité par Fulconis.F, op.cit, p.4. Porter évoque, dans ce cas, l’exemple des alliances stratégiques.
59
Thorelli.H (1986) Op.cit.
60
Jarillo.C (1988) : « On strategic networks », Strategic Management Journal, vol 9, N°1, pp : 31-41
44
ressources et des compétences qui conditionnent sa réussite. La coopération
interorganisationnelle résulte alors de cette spécialisation et centralisation sur un maillon
de la chaîne.
La décision d’entrer en coopération avec les acteurs de l’environnement est prise sur la
base d’une comparaison entre les coûts d’externalisation et les coûts d’internalisation61. Ce
qui permet à l’entreprise de se spécialiser dans les activités de la chaîne de valeur dont elle
dispose d’un avantage comparatif en termes de coûts. Pour Thorelli, cette division du
travail a deux implications importantes : d’abord, les organisations s’engagent dans une
lutte continue pour l’acquisition des ressources nécessaires afin d’accomplir leur mission
et ensuite, la stabilité des relations nécessite un minimum de consensus entre les
participants, c'est-à-dire de confiance et d’engagement62.
Le niveau des coûts de transaction est fonction croissante du degré de la spécificité des
actifs. Plus les actifs échangés sont faiblement spécifiques plus ils génèrent des coûts de
transaction moins élevés (zone K1). Dans ce cas, l’organisation marchande est la forme de
gouvernance des activités la plus efficiente car elle présente le coût le moins élevé par
rapport à d’autres formes organisationnelles (Cm < Ch < Co). Inversement, si la
spécificité des actifs est forte leurs coûts de transaction sont plus élevés ce qui incite les
dirigeants à l’internalisation des activités au sen de l’organisation hiérarchique (Co < Ch <
Cm) (zone K6).
61
Jarillo.C (1988), op.cit
62
Thorelli.H (1986) Op.cit
63
Williamson.O (1991): « Comparative economic organization: the analysis of discrete structural
analysis », Administrative Science Quarterly, vol 36, N°2, pp.269-296
45
Figure 3 : Les modes d’organisation des activités économiques selon la conception transactionnelle
Cm Ch
Organisation hiérarchique
Organisation hybride
Coûts de transaction
Organisation marchande Co
K1 K2 K3 K4 K5 K6
Entre les deux formes hiérarchique et marchande s’enlise une diversité de formes
intermédiaires allant de la forme coopérative fortement décentralisée (zone K2) proche du
marché (tel que le réseau d’entreprises sans pivot) à la forme coopérative hiérarchique
proche de la hiérarchie bureaucratique (zone K5) (tel que les réseaux de sous traitance).
Ces formes rassemblent les avantages des deux formes hiérarchique et marchande (Cm >
Ch < Co).
En outre, les limites du modèle intégrateur ont permis aux tenants de l’approche
transactionnelle de s’interroger sur sa pertinence pour analyser les relations
interorganisationnelles. C’est la première approche qui a mis en place les premiers jalons
théoriques de la forme hybride et qui continuent d’attirer toujours l’attention des
chercheurs dans plusieurs disciplines en sciences de gestion.
46
Cependant, beaucoup de critiques et de reproches ont été adressées à l’approche
économique. La principale de celles-ci concerne la dé-contextualisation de la transaction
prise comme principale unité d’analyse de l’activité économique. La recherche d’une autre
approche qui, si elle ne supplante pas totalement l’approche transactionnelle, permet au
moins de lui apporter des compléments conceptuels et méthodologiques s’avère nécessaire.
2.2.1 Le réseau social comme programme de recherche sur les coopérations inter-
organisationnelles
La notion de programme de recherche est développée par Lakatos en 1978. Le programme
de recherche est constitué par un noyau dur entouré d’un glacis protecteur lequel est
constitué par un ensemble d’hypothèses auxiliaires réfutables64. Au niveau
interorganisationnel, la relation, entendue dans le sens d’une action économique encastrée
dans un réseau social65, est le noyau dur autour duquel, plusieurs chercheurs se sont
fédérés.
64
Tixier.J et Jeanjean.T (2000) : « La méthodologie des programmes de recherche : présentation, évaluation
et pertinence pour les sciences de gestion », Cahier de Recherche N° 65, CREPA, Paris dauphine.
65
La notion de réseau n’est pas un néologisme. Ses premières occurrences datent du 17ème siècle pour
désigner un tissu dont les chasseurs se servaient comme d’un piège (les rets) ou les dames comme d’une
coiffe (la résille) en partant par ses usages médicaux (le réseau sanguin, le réseau nerveux) à partir du 18ème
siècle jusqu’à son emploi en 19ème siècle en géographie pour désigner l’ensemble des chemins, des routes et
des voies ferrées qui parcourent une région ou un pays. Depuis quelques décennies, le terme est popularisé
par les développements des technologies d’information et de communication et notamment le « réseau des
réseaux » (Internet). Ces réseaux physiques constituent l’infrastructure de base qui permet aux membres de
se rencontrer et de communiquer (Mercklé 2004, op.cit)
47
déterminisme fort ou faible des structures, comme étant des contraintes absolues, sur
l’action individuelle66.
L’encastrement des actions économique dans un réseau de relations sociales est alors le
noyau dur d’un nouveau programme de recherche. Pour Lakatos, le changement d’un
programme de recherche implique la réfutabilité de son noyau dur. C’est à cette entreprise
que se livre Granovetter dans la dernière partie de son article en critiquant le programme
de recherche de Williamson. Cette critique se présente selon lui comme une application de
l’approche d’encastrement à la vie économique70.
66
Angot.J et Josserand.E (1999) : « Analyse des réseaux sociaux », in Méthodes de recherche en
management (R-A.Thiétart et coll.), Dunod, pp : 397-421.
67
Granovetter.M (1985): “Economic action and social structure: the problem of embeddedness”, American
Journal of Sociology, vol 91, N°, 3, pp: 481-510.
68
Granovetter.M (1985), op.cit, p.483.
69
Il precise dans ce cadre: « But despite the apparent contrast between under- and oversocialized views, we
should note an irony of great theoretical importance: both have in common a conception of action and
decision carried out by atomized actors. In the undersocilized account, atomization results from narrow
utilitarian pursuit of self-interest ; in the oversocialized one, from the fact that behavioural patterns have
been internalized and ongoing social relations thus have only peripheral effects on behaviour ».
Granovetter.M (1985), op.cit, p.485.
70
Granovetter.M (1985), op.cit, p.493
48
La dichotomie marché/hiérarchie qui caractérise le programme de recherche de
Williamson pose toujours le problème de conception sous-socialisée du marché et sur-
socialisée de la hiérarchie. Ainsi, selon la théorie économique classique, le marché est
composé d’un ensemble d’acteurs atomisés et anonymes. Le rôle des relations sociales
dans la vie économique est totalement ignoré car elles constituent un obstacle au
fonctionnement des mécanismes du marché.
Dans son œuvre de 197571, Williamson reconnaît que cette image du marché n’est pas
toujours appropriée pour souligner l’importance des mécanismes sociaux telles que la
confiance et les normes sociales qui s’établissent au fur et à mesure de la répétition des
contacts. « Norms of trustworthy behaviour sometimes extend to markets and are enforced,
in some degree, by group pressures….Repeated personal contacts across organizational
boundaries support some minimum level of courtesy and consideration between the
parties …»72.
Cette déclaration de Williamson a permis, selon Granovetter, d’ouvrir un fossé dans son
raisonnement et d’analyser l’influence des relations sociales sur le comportement du
marché même s’il considère ces exemples (confiance, contacts personnels répétés...)
comme étant des exceptions. Il refuse de reconnaître que les relations dyadiques qu’il
décrit sont elles mêmes encastrées dans de larges systèmes de relations sociales.
Ces reproches sont formulés par Granovetter de la façon suivante : «I argue that the
anonymous market of neoclassical models is virtually nonexistent in economic life and
that transactions of all kinds are rife with the social connections described. This is not
necessarily more the case in transactions between firms than within- it seems plausible, on
the contrary, that the network of social relations within the firm might be more dense and
long-lasting on the average than that existing between – but all I need show here is that
there is sufficient social overlay in economic transactions across firms (in the « market »
to use the term as in Williamson’s dichotomy) to render dubious the assertion that
complex market transactions approximate a Hobbesian state of nature that can only be
resolved by internalization within a hierarchical structure »73.
71
Williamson.O (1975) : « Markets and hierarchies », Free Press (référence non consultée).
72
Williamson 1975, p.106, cité par Granovetter 1985, p495
73
Granovetter.M (1985), op.cit, p.495.
49
Toute la différence réside alors dans l’importance de l’encastrement des activités
économiques dans les systèmes de relations sociales. En effet, pour inhiber l’opportunisme
et la malhonnêteté dans la vie économique et l’existence de la coopération et de l’ordre, il
faut, selon Williamson, subsumer les activités économiques complexes dans des firmes
hiérarchiquement intégrées.
74
Angot.J et Josserand.E (1999), op.cit.
50
Le réseau social est constitué d’un « ensemble d’unités sociales et des relations que ces
unités entretiennent les unes avec les autres, directement ou indirectement à travers des
chaînes de longueurs variables. Ces unités peuvent être des individus, des organisations
formelles ou informelles, des entreprises, voire des pays »75. L’analyse des réseaux sociaux
prend comme objet d’étude non pas les attributs des individus ou les catégories d’individus
qui composent le réseau mais leurs relations76.
Dans l’analyse des réseaux, une relation est dite multiplexe lorsqu’elle sert à plusieurs
sortes d’échanges en même temps. La multiplexité78 correspond à l’existence de liens de
natures différentes entre les individus. Angot et Josserand évoquent l’exemple des relations
existant au sein d’un groupe de dirigeants d’entreprises. Des relations d’amitié, de
confiance, d’affaires ou encore de contrôle peuvent exister entre eux. Plus la relation porte
sur des dimensions diverses, plus on dira qu’elle est multiplexe79.
Pour Lazéga (1998), l’analyse des données multi-relationnelles, dites multiplexes, permet
d’introduire d’avantage de réalisme et d’envergure dans l’analyse des échanges coopératifs
entre les acteurs. « L’analyse des relations multiplexes entre toutes les paires d’acteurs
procure une meilleure connaissance de la structure relationnelle »80.
75
Mercklé.P (2004) : « Sociologie des réseaux sociaux », éditions La Découverte.
76
Degenne.A et Forsé.F (1994) : « Les réseaux sociaux », éditions Armand Colin.
77
Degenne.A et Forsé.F (1994), op.cit.
78
Si on note n le nombre d’échanges enregistrés et p le nombre de partenaires cités pour un échange, on
mesure la multiplexité des relations par le rapport suivant : n/p.
79
Angot.J et E.Josserand (1999), op.cit.
80
Lazega.E (1998), op.cit.
51
compte car elle est dé-contextualisée de son réseau social. Ce qui la dissocie de son
contenu cognitif et informationnel.
81
Plociniczak.S (2002) : « Forme hybride et réseaux : une relecture structurale de la thèse williamsonienne
de la transaction fondamentale », Working paper CEPN N°2002-08, Centre d’Economie de l’Université
Paris Nord. Disponible sur Internet : www.univ-paris13.fr/cepn/sebploc.htm , p.10
82
La théorie des graphes est une branche des mathématiques et qui a été très tôt utilisée en sciences sociales
(Forsé et Degenne 1995).
52
Du point de vue méthodologique, l’apport de cette théorie est double. D’abord, elle donne
une représentation graphique pour faciliter la visualisation des réseaux. Ensuite, elle
développe un corpus extrêmement riche de concepts formels permettant de mesurer un
certain nombre de propriétés des relations entre les éléments.
Par contre, la prise en compte de l’analyse triadique permet une analyse de la méta-relation
c'est-à-dire la relation entre les relations. Les recherches qui s’inscrivent dans cette
83
Mercklé.P (2004), op.cit.
84
La majorité des chercheurs désigne par le terme alliances stratégiques le rapprochement entre deux
entreprises concurrentes.
85
Mercklé.P (2004), op.cit.
53
perspective combinatoire86 sont très rares malgré le recours, récemment, à la théorie des
réseaux sociaux par plusieurs auteurs pour repenser l’analyse stratégique des relations
interorganisationnelles87.
En guise de conclusion de cette deuxième section on peut dire qu’en dépit de son apport
précurseur à l’étude des relations interorganisationnelles, l’approche transactionnelle
présente cependant certaines lacunes qui sont dues essentiellement aux postulats théoriques
de la théorie des coûts de transaction88 et à son déterminisme fort dans le choix des
structures de gouvernance efficientes des activités économiques.
En plus, si la transaction constitue l’unité d’analyse de base, elle est cependant dé-
contextualisée et si l’économie des coûts de transaction représente le principal critère
d’arbitrage entre l’externalisation et l’internalisation, elle est loin d’être la seule raison
explicative du rapprochement entre les organisations89.
86
La logique d’exogamie selon Jolly.D (2001).
87
Frohelicher.T (1999) : « La dynamique de l’organisation relationnelle : conventions et réseaux sociaux au
regard de l’enchevêtrement des modes de coordination », GREFIGE – Université Nancy 2, Cahiers de
recherche N° 1999-07. http://www.univ-nancy2.fr/GREFIGE/colloques/cahier1999/FROEHLICHER%2099-
07.pdf
Lecocq.X (1999) : « Le pivot : figure emblématique des réseaux d’entreprises ; une approche par le réseau
social », les cahiers de la recherche CLAREE, Lille.
Chollet.B (2002) : « L’analyse des réseaux sociaux : quelles implications pour le champ de
l’entrepreneuriat », 6ème Congrès International Francophone sur la PME – Octobre 2002 – HEC - Montréal,
disponible en ligne : http://www.hec.ca/airepme/pdf/2002/147FA%20-%20Barth%E9lemy%20Chollet.pdf
88
Notamment celui de l’opportunisme. Ces postulats seront développés davantage dans le deuxième chapitre.
89
Barney.J (1999): « How a firm’s capabilities affect boundary decisions », Sloan Managament Review, vol
40, N°3, pp: 137-145
90
Gulati.R (1998): “Alliances and networks”, Strategic Management Journal, vol 19, N°4, pp: 293-317.
Gulati.R (1999): « Network location and learning: the influence of network resources and firm capabilities
on alliance formation », Strategic Management Journal, vol 20, N°5, pp : 397-420.
Gulati.R et Gargiulo.M (1999): “Where do interorganizational networks come from?”American Journal of
Sociology, vol 104, pp.1439-1493.
Uzzi.B (1997): “Social structure and competition in interfirm networks: the paradox of embeddedness”,
Administrative Science Quarterly, vol 42, N°1.
Chabaud.D et Ngijol.N (2005) : « La contribution de la théorie des réseaux sociaux à la reconnaissance des
opportunités de marché », Revue Internationale PME, vol 18, N°1, pp.29-46.
91
Granovetter.M (1985), op.cit.
54
transactionnelle en situant l’action économique de toute entreprise dans son contexte social
et en considérant les relations sociales comme des antécédents des relations d’affaires.
Dans cette dernière section, nous cherchons d’abord à délimiter les notions de PME et
d’innovation et examiner dans quelle mesure les caractéristiques de la PME peuvent être
considérées comme favorables à la mise en place des stratégies coopératives génératrices
de connaissances innovatrices.
55
réactivité et de convivialité, comme étant les unités les plus aptes à innover et à créer des
richesses.
Dans les pays développés
Pour définir l’objet de PME, les économistes et les organismes statistiques utilisent des
critères quantitatifs. Si la plupart des définitions se réfèrent aux mêmes critères tels que le
capital, le nombre d’employés, le chiffre d’affaires et le total du bilan, elles diffèrent
cependant d’un pays à un autre. Ainsi, par exemple la PME est définie au Japon et aux
Etats Unis comme étant l’entreprise qui emploie moins de 500 personnes. En Suisse, ce
sont celles qui emploient moins de 100 personnes qui sont considérées comme des
entreprises de petite et moyenne taille. En Turquie, les PME sont les entreprises qui
emploient moins de 150 personnes.
Tableau 2 : Classification des entreprises selon leur effectif dans quelques pays développées
Petites Moyennes Grandes
Pays
entreprises entreprises entreprises
Belgique 1 à 50 51 à 200 +201
Danemark 1 à 50 51 à 200 +201
Etats-Unis 1 à 250 251 à 500 +501
Finlande 1 à 50 51 à 200 +201
Gr.Bretagne 1 à 50 51 à 200 +201
Japon 1 à 49 50 à 500 +501
Suisse 1 à 20 21 à 100 +101
Source : OCDE 1994
La commission européenne qualifie de PME, toute entreprise qui emploie moins de 250
salariés sous réserve qu’elle soit financièrement indépendante. En France, l’effectif de
moins 250 personnes est retenu en plus d’un chiffre d’affaire annuel de 40 millions d’euros
et d’un total du bilan qui n’excède pas 27 millions d’euros.
92
Le nombre de PME au Maroc se situe entre 40 000 et 70 000 entreprises. Ce pourcentage et de 98% selon
la direction de la politique économique générale du ministère de l’économie et des finances « les PME au
Maroc : éclairages et propositions », document de travail N°50, Mars 2000.
56
statistiques de la fédération PME-PMI93 et de 21% selon celles du ministère de
l’économie et des finances.
Tableau 3 : Quelques chiffres concernant le poids des PME dans l’économie marocaine
La participation dans la
La population en %
valeur ajoutée en %
Secteurs d’activité PME GE PME GE
Agriculture, chasse et sylviculture 95 5 28 72
Pêche et aquaculture 91 9 28 72
Industries extractives 99,7 0,3 6 94
Industries manufacturières 94 6 20 80
Electricité, gaz et eau 50 50 0,2 99,80
BTP 99 1 57 43
Hôtels et restauration 99 1 58 42
Transports et communications 99 1 9 91
Activités financières 95 5 3 97
Immobilier, location et services 99,7 0,3 73 27
Autres services 99,98 0,02 92 8
Total 98 2 21 79
Source : Ministère de l’économie et des finances, direction de la politique économique générale : « Les PME
au Maroc : éclairage et propositions », document de travail N°50, mars 2000.
Malgré cette place occupée par les PME, il n’existait pas de définition officielle de la PME
jusqu’à juillet 2002. Les définitions qui prévalaient relèvent de deux approches. La
première considèrait comme PME toute entreprise dont le chiffre d’affaires est inférieur à
75 millions de DH. La seconde a été proposée par les analystes du projet « Maroc vision
2020 » selon laquelle, la PME est défini sur la base de trois critères essentiels : le nombre
d’employés doit être inférieur à 200 personnes, le chiffre d’affaires ne doit pas dépasser
50 millions de DH et le bilan doit afficher un total inférieur à 30 millions de DH.
93
Ambassade de France au Maroc (2004) : « Les PME-PMI marocaines face aux défis de la mise à niveau »,
fiche de synthèse des missions économiques, document en ligne :
Ces statistiques sont adoptées par la fédération des PME-PMI, affiliées à la CGEM. Rappelons que cette
fédération n’existe plus aujourd’hui.
94
La création de l’Agence Nationale pour la Promotion de la PME
57
Tableau 4 : classification de la taille des entreprises Marocaines95
Type d’entreprise Effectif permanent Chiffre d’affaires ou le total du bilan
Grande entreprise + de 250 salariés + de 75 millions DH + de 90 millions DH
PME - de 250 salariés - de 75 millions DH - de 90 millions DH
Micro-entreprise - de 10 salariés - de 10 millions DH - de 15 millions DH
La loi 53-00 formant la charte de la PME constitue un tournant considérable dans l’histoire
de la PME marocaine. L’article premier de cette loi définit la PME comme une entreprise
gérée et/ou administrée directement par les personnes qui en sont propriétaires, co-
propriétaires ou actionnaires et qui n’est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits
de vote par une entreprise ou conjointement par plusieurs entreprises96, ne correspondant
pas à la définition de la PME (…). Par ailleurs, les PME doivent répondre à deux
conditions suivantes :
- avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes ;
- avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d’affaires hors taxes
inférieur à 75 millions de DH, soit un total de bilan inférieur à 50 millions de DH.
58
d’internaliser la dynamique technologique et la réalisation des économies d’échelle
synonyme d’efficience économique.
La définition entrepreneuriale de la PME ne doit pas être reçue dans la logique uniquement
de création d’entreprises. L’entrepreneuriat est généralement ramené, selon Marchasnay,
aux problèmes, de création, de créateur, de démarrage, de profil d’entrepreneur,
d’innovation, de transfert de technologie, de types de TPE, de PME, du rapport au
territoire et du milieu innovateur, (…), de spécificités dans les pratiques de gestion, ainsi
que dans les stratégies (…)97. En revanche, la logique managériale de la PME privilégie le
processus de croissance comme gage de succès, le transforme en procédure, en routines, en
considérant que la grande entreprise est l’avenir de la PME. Une telle idée est dominante
en économie industrielle98.
Les insuffisances des définitions quantitatives de la PME ont conduit les chercheurs en
sciences de gestion et en entrepreneuriat de rompre avec cette tradition qui considère la
PME comme étant une grande entreprise miniature. Ils dénoncent dans leurs travaux le
découpage statistique et la rupture théorique entre la grande et la PME. Pour ces auteurs, si
la différence est de taille, elle est aussi et surtout de nature. Autrement dit, les entreprises
de petite dimension se caractérisent par des traits qui leur sont spécifiques. Ces
caractéristiques permettent de donner des fondements conceptuels à la PME et d’en faire
un objet d’analyse à part entière.
Dès lors, une communauté de chercheurs appelés « PMistes » s’est investie dans la
recherche des spécificités de la PME et l’élaboration des définitions managériales en
dehors des critères purement et exclusivement quantitatifs. Torrès parle du paradigme de
spécificité de la PME. On assiste, donc, à un foisonnement des recherches et des
conférences dédiées aux PME.
Plus encore, des ministères sont dédiés à ces entités pour la conception des politiques de
promotion qui leur sont propres, des revues spécialisées telles que la revue internationale
PME, Small Business Econmics, Journal of Small Business Management, etc, et des
97
Marchesnay.M (2001) : « Pour une approche entrepreneuriale de la dynamique ressources - compétences :
essai de praxéologie », Les Editions de l’ADREG.
98
Marchesnay.M (2001) : op.cit, p.110.
59
associations de chercheurs telle que l’Association Internationale de Recherche en
Entrepreneuriat et en PME (AIREPME).
Dans sa relation avec son environnement, la PME est pendant longtemps considérée
comme étant l’entreprise qui n’a pas de capacités pour agir sur l’environnement. Elle subit
ses effets et adoptent des stratégies réactives. Elle n’a de choix que de suivre les
changements de son contexte. Cette soumission relative traduit la vulnérabilité forte des
entreprises de petite taille. Marchesnay définit la vulnérabilité comme étant « la réduction
du degré de liberté stratégique liée à l’influence décisive des conditions propres à
l’environnement technico-économique ».
Malgré ces contraintes qualifiées par Gueguen de fatalisme environnemental, les PME
survivent dans des environnements hostiles. Ce constat s’explique notamment par la petite
taille qui favorise la centralisation de la gestion autour du dirigeant. Celui-ci peut
introduire des réponses rapides et adéquates aux changements et aux turbulences de
l’environnement. Selon Julien et Marchesnay, la petite taille dote l’entreprise de deux
bases essentielles de la compétitivité : la flexibilité et l’interactivité.
La population des PME est plus flexible par rapport à celle des grandes entreprises. La
notion de flexibilité s’apprécie au regard des choix disponibles du système de décision. La
flexibilité dans l’utilisation des ressources dont on dispose dans les fins que l’on se
propose signifie qu’on dispose de plusieurs solutions possibles.
99
Julien.P-A et Marchesnay.M (1988) : « La petite entreprise : principes d’économie et de gestion »,
Vuibert, p.33
60
a) La flexibilité opérationnelle concerne la diversité des agencements possibles des
moyens. Dans les PME, la flexibilité opérationnelle est élevée parce que les ressources et
les activités sont moins spécialisés, les employés et les dirigeants sont polyvalents, etc. la
spécialisation des tâches et des fonctions au sein de l’organisation réduit la flexibilité.
b) L’interactivité stratégique est définie par la densité et la permanence des liens tissés
avec les partenaires extérieurs de l’entreprise (clients, fournisseurs, etc..). Elle apparaît
comme une alternative à l’étroitesse de l’éventail des opportunités qui s’ouvrent à la petite
entreprise et à sa faible flexibilité stratégique100.
100
Julien.P-A et Marchesnay.M (1988) : Op.cit.
61
A l’heure actuelle, les caractéristiques de la PME font l’objet de plusieurs recherches au
sein de l’AIREPME. Un certain consensus sur les traits communs aux entreprises de petite
taille commence à se dégager. Ainsi, nous pouvons relever les idées récurrentes
suivantes :
En définitive, pour définir la PME comme étant un objet d’étude spécifique, les chercheurs
se focalisent sur les traits qui caractérisent cet objet par rapport à la grande entreprise.
C’est pour cette raison que Torrès parle d’une spécificité relative. Dans ce cadre, l’Institut
101
Mintzberg.H (1990) : « Le management : voyage au centre des organisations », Editions d’Organisation.
62
de Recherche sur les PME de l’université de Québec à Trois-Rivières regroupent les
spécificités des PME dans quatre principales catégories (tableau 5).
Tableau 5 : Les spécificités des PME
Spécificités - faible connaissance de leur environnement et des acteurs,
environnementales particulièrement de l’environnement technologique ;
- dépendance vis-à-vis des concurrents, clients et fournisseurs et
soumission à l’environnement
Spécificités - structure informelle et centralisée avec une faible spécialisation peu
organisationnelles différenciée ;
- pauvreté en ressources humaines et financières ;
- formation limitée
Spécificités - centralisation de la prise de décision, forte orientation à court terme et
décisionnelles comportement réactif ;
- la prise de décision est intuitive, on utilise peu les informations
acquises en externe.
Spécificités - Rôle central du dirigeant qui conduit à un faible partage d’informations
Psychologiques et à une faible délégation de la prise de décision
(dirigeant-propriètaire)
En dépit de ces caractéristiques communes, les PME constitue aussi un univers hétérogène.
Les structures de petite et moyenne dimension sont présentes dans tous les secteurs
d’activités industrielles, commerciales, de construction et de services. Elles regroupent les
toutes petites entreprises (TPE), les petites entreprises (PE) et les moyennes entreprises
(ME).
Selon Torrès, la diversité de la population des PME rend difficile toute tentative de
généralisation de la définition de la PME. Plus encore, l’auteur parle DES PME au lieu de
LA PME. Cette hétérogénéité empêche l’élaboration d’une définition qualitative ou
quantitative unanimement reconnue. La littérature académique, pour dépasser les limites
de la définition quantitative, fait apparaître certaines caractéristiques communes partagées
par ces unités102.
Partant de là, nous définissons la PME comme étant une entité productive de petite taille
qui se caractérise par la flexibilité, l’interactivité et la vulnérabilité. Le dirigeant est
souvent le propriétaire qui centralise la majorité des tâches de gestion. Sa structure est
simple dont l’ajustement mutuel est le mécanisme de coordination le plus dominant et
favorise l’échange d’information et de connaissances en interne. La ligne hiérarchique est
très courte. Le manque de ressources financières, humaines et technologiques s’avère
102
Torrès.O (1998) : « De nouvelles approches pour comprendre les PME », Economica
63
l’élément le frappant dans les PME. Dans notre étude empirique, nous considérons comme
PME, les entreprises qui emploient moins de 250 personnes et dont le chiffre d’affaires
hors taxes est inférieur à 75 millions de DH. Le total du bilan n’est retenu du fait des
difficultés d’accès à l’information.
Pour faire face à cet handicap les PME sont en quête permanente des ressources rares qui
ne sont pas disponibles en interne. La coopération avec les autres organisations est l’une
des stratégies adoptées pour combler les effets de taille.
Dans une relation de coopération, les partenaires combinent et partagent les ressources. La
notion de ressource doit être entendue au sens large du terme. Elle couvre les ressources
103
Wernerfelt.B (1984): « A resource-based view of the firm », Strategic Management Journal vol 5, pp. 171-
180, p. 172.
64
financières, les ressources humaines, les compétences technologiques, les capacités
industrielles, les savoir-faire organisationnels, les connaissances, etc.
La deuxième forme de pénurie est qualitative. Pour y faire face, les PME entretiennent des
relations de coopération avec des organisations qui appartiennent à des milieux différents.
L’objectif est exploratoire. Les entreprises cherchent à être dotée des ressources de nature
différente et qui font défaut à l’organisation interne. Ainsi, les coopérants regroupent les
ressources qui sont qualitativement différentes ou détenues de façon non symétrique. La
recherche et l’exploration des complémentarités qualitatives et symbiotique est à la base de
la formation de la coopération.
104
Torrès.O (1999) : « Les PME », Flammarion
65
Les spécialistes en PME défendent l’idée que l’analyse de cet objet revient à analyser les
buts et la vision du propriétaire-dirigeant. Ses objectifs se confondent avec ceux de son
entreprise105. C’est un personnage central à la recherche d’une cohérence dynamique
constituée de quatre pôles : ses propres buts, l’organisation de son entreprise, les activités
et l’environnement.
Par conséquent, la proximité de la PME peut être expliquée par les relations tissées entre le
dirigeant de celle-ci et de son environnement. Le dirigeant est un acteur clé à la charnière
de l’entreprise et de ses différents partenaires. Il symbolise l’entreprise auprès des autres
acteurs et entretient des contacts avec leurs homologues dans le cadre d’associations
professionnelles. Ce rôle central lui permet d’acquérir des connaissances riches sur son
environnement et de construire des réseaux relationnels denses.
Pour Chauvet, le réseau social du dirigeant se base sur des relations de proximité qui
peuvent être des amis, des anciens collègues ou encore des membres de la famille. Cette
situation permet aux entreprises de contrôler les informations environnementales. Pour
Julien, les grandes entreprises contrôlent facilement ces informations parce qu’elles sont
dotées d’énormes ressources, notamment des ressources humaines très spécialisées. Les
PME, compte tenu de leurs ressources très limitées, doivent entretenir des relations de
coopération avec les acteurs de l’environnement pour pouvoir combler ces insuffisances106.
105
Julien.P-A et Marchesnay.M (1988) : Op.cit.
106
Julien.P-A (1998): “Stratégie et contrôle de l’information dans les PME: pour un élargissement du
concept d’entreprise afin de mieux appréhender la stratégie des PME dynamiques”, Management
International, vol 2, N°2, pp.51-59
107
Julien.P-A (1998) ; op.cit
108
Baillette.P (2002) : « PME et réseaux sociaux : les résultats d’une enquête menée auprès du groupement
des chefs d’entreprises du Québec », Conférence Internationale de Management Stratégique,
http://www.strategie-aims.com/montreal/baillett.pdf
66
évolué de telle sorte qu’un entrepreneur a avantage à connaître assez de gens pour être
mis au courant des derniers événements »109 (Filion 1991, p.62).
Selon le rapport de l’OCDE, « les PME, plus que les grandes entreprises, ont besoin
d’accéder à des sources externes d’information, de connaissance, de savoir faire et de
technologie pour bâtir leur propre capacité d’innovation et toucher les marchés qu’elles
visent (…) elles doivent aussi s’intégrer à des réseaux notamment à ceux qui nourrissent
les connaissances implicites et d’autres compétences ne pouvant faire l’objet d’échanges,
qui sont essentielles pour appliquer des stratégies concurrentielles à base
d’innovations»110.
109
Cité par Baillette.P (2002), op.cit.
110
Rapport de l’OCDE, Istanbul 2004.
67
3.2.1 Le management de la connaissance
Pour pouvoir comprendre la notion de connaissance, il parait nécessaire de la définir et de
la mettre en relation avec les notions de donnée et d’information. En effet, la connaissance
est construite par l’information qui est transformée, enrichie par l’expérience personnelle,
les croyances et les valeurs et interprétée par l’être humain. Le passage de l’information à
la connaissance réfère à un processus de création de sens. La connaissance est alors
générée par l’individu qui l’interprète. L’information devient connaissance quand
l’individu réfléchi sur l’information et dégage les implications potentielles pour
l’amélioration de ses décisions et des ses actions.
111
Jacob.R et Turcot.S (2000) :« La PME «apprenante» : Information, connaissance, interaction,
intelligence » Institut de Recherche sur les PME, Université du Québec à Trois-Rivières, disponible en ligne:
www.uqtr.uquebec.ca/inrpme/
68
Figure 4 : Les dimensions tacites et explicites du management de la connaissance
Tacite Articulable
Inarticulé Articulé
Usage non
observable Usage observable
Complexe Simple
Un élément du
système Indépendant
Cette distinction sur le plan théorique n’exclut pas l’existence d’interactions entre les
connaissances tacites et les connaissances explicites. Ces interactions constituent un
puissant levier de l’innovation. Dans leur rapport de veille sur la PME apprenante au
Quebec, Jacob et Turcot constatent que les connaissances tacites et les connaissances
explicites interagissent à la suite du recours à des méthodes telles que les communautés
virtuelles ou réelles de pratique, l’organisation du travail en équipes autonomes, etc. Ces
interactions sont modélisées par Nonaka et Takeuchi (1998) sous quatre processus qui
servent aujourd’hui d’assises à de nombreuses organisations. Ce modèle est connu sous le
nom du modèle SECI de Nonaka et Takeuchi :
69
b) Extériorisation (tacite vers explicite) : l’extériorisation est un processus qui permet le
passage de connaissances tacites en connaissances explicites, sous la forme de concepts,
modèles ou hypothèses. Par exemple, lorsque l’on fait un « Kaisen », on permet aux
employés d’utiliser leurs savoirs tacites autour d’une problématique donnée. En exprimant
ce qu’ils pensent, les connaissances tacites deviennent des connaissances explicites.
De façon plus particulière, les chercheurs constatent que les connaissances tacites
représentent une grande richesse qui est sous exploitée. Pour certains, l’avoir intellectuel
servant à faire fonctionner efficacement une entreprise est composé de 70% de
connaissances tacites et de 30% de connaissances explicites.
Par ailleurs, ces chercheurs considèrent l’incapacité des organisations à mobiliser les
connaissances tacites de leurs collaborateurs constitue un important facteur explicatif de
l’échec des innovations. Le maillage entre connaissances tacites et explicites peut avoir des
conséquences positives sur les actions des individus, les décisions prises et le temps de
réponses et de réaction aux changements de l’environnement.
70
3.2.2 La coopération et le management de la connaissance
Si l’on considère que la connaissance est une ressource stratégique pour l’innovation, force
est de constater que sa gestion pose le problème de recherche de la cohérence entre
exploitation et exploration: c’est le dilemme de March (1991).
112
Mintzberg.H (1982) : « Dynamiques et structures des organisations », éditions d’organisation.
113
Cité par Barlatier.P-J (2002): “Exploration, exploitation et cohérence de la firme: les apports du réseau”,
11ème Conférence Internationale de Management Stratégique, Paris, 5,6 et 7 juin. http://www.strategie-
aims.com/actes02/Fichiers/Barlatier.pdf, p.10.
114
Kogut.B (2000) : « The network as knowledge : generative rules and the emergence of structure »,
Strategic Management Journal, vol 21, N°3, pp : 405-425.
115
« Maintaining an appropriate balance between exploration and exploitation is primary factor in system
survival and prosperity » (March 1991, p.71, Cité et traduit par Barlatier 2002, p.10
71
Dans le cadre de la présente recherche et à l’instar de plusieurs autres recherche116, nous
considérons que la coopération entre les organisations permet de créer un environnement
négocié qui stimule la création et la diffusion des connaissances ainsi que le partage des
savoirs via les routines inter-organisationnelles117.
Dans un article publié dans la Strategic Management Journal, Kogut considère le réseau
de coopération inter-organisationnelle comme une connaissance dans la mesure où il
représente une forme de coordination qui guide la persistance et la durabilité des principes
de l’organisation118. Il facilite la création des connaissances et présente un équilibre entre
l’exploration et l’exploitation ; la variété et la spécialisation.
116
Assens.C (2003) : « Le réseau d’entreprises : vers une synthèse des connaissances », Management
International, vol 7, N°4, pp.49-59.
Froehlicher.T, Kuhn.A et Schmidt.G (2001) : « Compétences relationnelles et métamorphoses des
organisations », éditions ESKA.
117
Dyer.J-H et Singh.H (1998) : « The relational view : cooperative strategy and sources of
interorganizational competitive advantage », The Academy of Management Review, vol 23, N°4, pp.660-
679
118
Selon Kogut (2000, p.407), « The network is itself knoqledge, not in the sens of providing access to
distributed information and capabilities but in representing a form of coordination guided by enduring
principales of organization ».
119
« Networks offer the benefit of bothspecialization and variety generation. The superior abilities of
markets to generate variety is a commonplace belief thet is, neverthless problematic. The converse of this
statement is that firms are superior vehicles for the accumulation of specialized learning. To understand
variety, we must also understand why specialization and variety are antithetical within the firm, but define
complements within a network » (Kogut 2000, p.407, traduit par Barlatier 2002, p. 15).
72
Figure 5 : Static costs of sourcing variety with organizational and institutional learning
Organisation
hiérarchique Organisation
divisionnelle
Réseau hiérarchique
Coût
Coopération inter-
organisationnelle
La notion de réseau, entendue dans le sens d’une forme organisationnelle à part entière qui
résulte de la coopération entre entreprises indépendantes, présente selon le schéma de
Kogut un avantage de coût par rapport à la hiérarchie. L’auteur distingue cependant deux
formes de réseaux : le réseau [hiérarchique] tels que les réseaux de sous-traitance et les
120
Coase.R (1937) : « The nature of the firm », Economica, New Series, Vol 4, Issue 16, Nov, pp.386-405.
121
Chandler.A 1989) : « Stratégies et structures de l’entreprise », les éditions d’organisation.
122
Kogut (2000), interprétation de Barlatier (2002), p.15
73
réseaux qui favorisent l’apprentissage tels que la co-traitance, les joint-ventures… Le
réseau avec apprentissage est la configuration organisationnelle la plus efficiente dans le
cas de la gestion des connaissances. Nous appelons cette dernière configuration réticulaire
la coopération inter-organisationnelle pour faire la différence avec la notion de réseau
hiérarchique.
On se retrouve alors devant une sorte de maillage et d’imbrication de deux notions qui
couronnent la recherche sur la coopération inter-organisationnelle et le management des
connaissances. Cette imbrication pourrait être conceptualisée par la notion du réseau de
connaissances.
123
Canzano.D et Grimaldi.M (2004): « Knowledge management and collaborations : knowledge strategy
and processes in the knowledge networks », Proceedings of 1-KNOW’04, Graz, Austria, disponible sur
Internet : http://www.i-know.at/previous/i-know04/papers/canzano.pdf. p.176.
74
connaissance et de l’innovation. Ils soulignent, néanmoins, que le modèle de diffusion
linéaire est loin d’être opérationnel dans une réalité complexe et turbulente. Il doit être
supplanté aujourd’hui par un autre modèle d’intéressement orienté vers l’implication de
plusieurs acteurs124.
Cependant, depuis le début des années 80 et face la montée des réseaux d’innovation
(notamment dans le domaine de l’aéronautique, la biotechnologie et l’informatique) qui se
traduisent par l’enchevêtrement des formes organisationnelles128 et l’imbrication des
activités des firmes concurrentes, des centres de recherches et des communautés
d’utilisateurs, la conception bipolaire est remise en cause pour céder la place à un modèle
réticulaire dont le succès de l’innovation dépend de l’art d’intéresser un nombre croissant
d’alliés qui rendent l’entreprise de plus en plus forte129.
124
Akrich.M, Callon.M et Latour.B (1988) : « A quoi tient le succès des innovations : l’art de
l’intéressement », Annales des mines, Juin, pp. 4-17
125
Bougrain.F (1999) : « Le processus d’innovation dans les PME », Revue Française de Gestion, pp.52-65.
126
Penan.H (1999) : « Réseau d’innovation », Encyclopédie de la Gestion et du Management (sous la
direction de R.Le Duff), éditions Dalloz, pp.1072-1075.
127
Bougrain.F (1999), op.cit.
128
Frohelicher.T (1999) : « La dynamique de l’organisation relationnelle : conventions et réseaux sociaux au
regard de l’enchevêtrement des modes de coordination », GREFIGE – Université Nancy 2, Cahiers de
recherche N° 1999-07. http://www.univ-nancy2.fr/GREFIGE/colloques/cahier1999/FROEHLICHER%2099-
07.pdf .
129
Akrich.M, Callon.M et Latour .B (1988) : op.cit.
75
On assiste alors à l’émergence d’un processus d’innovation peu uniforme, peu prévisible et
non linéaire qui met l’accent sur l’entreprise en tant que collectif d’apprentissage et sa
capacité d’intéresser les acteurs de son environnement130. Le modèle d’intéressement est
un modèle réticulaire qui se caractérise la coopération entre les entreprises et les
différentes parties prenantes. La chaîne de valeur de la fonction R&D se trouve alors
éclatée131. Ce constat puise son explication dans le fait que les ressources et les
compétences fondamentales à l’innovation sont distribuées de façon asymétrique,
modulaire et inégale.
Dans une recherche sur la gestion de l’innovation dans le secteur des logiciels libres133,
Loiller (2002) a montré que le caractère original de ce modèle est le désordre et l’absence
apparente d’une coordination hiérarchique entre les acteurs. Ce modèle est baptisé modèle
communautaire. Il est basé sur la théorie des transactions informelles dont la confiance et
l’engagement mutuel en sont les principales caractéristiques et les principaux mécanismes
de transfert de connaissances134.
130
Jacob.R et Turcot.S (2000) :« La PME «apprenante» : Information, connaissance, interaction,
intelligence » Institut de Recherche sur les PME, Université du Québec à Trois-Rivières,
www.uqtr.uquebec.ca/inrpme/.
131
Nous supposons que chacune des activités de la chaîne de valeur de l’entreprise (approvisionnement,
production, commercialisation, R&D…) constitue une sous chaîne de valeur. La chaîne de valeur de
l’entreprise est composée de l’ensemble des sous chaîne de valeur.
132
Akrich.M, Callon.M et Latour.B (1988) : op.cit, p.17.
133
Un logiciel libre est un logiciel dont le code source est ouvert (open source) c'est-à-dire accessible à tous
les utilisateurs potentiels. En d’autres termes, il n’existe pas de droit de propriété sur un logiciel libre.
Chaque acteur pouvant à loisir copier, puis modifier le logiciel qu’il a reçu.
134
Loilier.T (2002) : « Gestion de l’innovation : quels enseignements tirer du cas des logiciels libres ?»,
Finance Contrôle et Stratégie, vol 5, N°3, pp : 141-168.
76
Dans une étude sur le réseau social dans la sillicon valley, un réseau à forte intensité de
recherche, Castella et ses collègues (2000), montrent que le réseau social permet de
transmettre l’information et la connaissance entre les différents individus et entreprises135.
La livraison du ‘bon produit’ au ‘bon moment’ devient cruciale pour la survie et la
croissance des entreprises. Le réseau donne à l’entreprise la capacité de mobiliser son
capital relationnel pour trouver l’information pertinente et l’opportunité de nouveaux
débouchés. Pour les auteurs, « [the] innovation is so central to high-technology industry
that it is not an exaggeration to say that effective social networks determine a firm’s
chance for survival » (p.222).
Granovetter analyse le réseau social en termes de liens forts et de liens faibles. Pour lui, si
les liens forts sont expliqués par la proximité et cause la fermeture, la force des liens
faibles résident dans leurs capacités à explorer et exploiter de nouvelles relations, sources
de nouvelles opportunités136.
Le modèle réticulaire renvoie, alors, à un discours qui diffère de celui du premier modèle.
« A l’individualisme forcené, il oppose le maillage entre plusieurs acteurs ; au secret
industriel, les échanges d’information [et] à l’affrontement direct la coopération »137.
Ainsi, plusieurs acteurs peuvent faire partie de ce modèle réticulaire et contribuer au
succès des innovations.
135
Castilla.E, Hwang.H, Granovetter.E et Granovetter.M (2000) : « Social networks in silicon valley », Pp.
218-247 in Chong-Moon Lee, William F. Miller, Marguerite Gong Hancock, and Henry S. Rowen, editors,
The Silicon Valley Edge. Stanford: Stanford University Press, disponible en ligne:
www.stanford.edu/dept/soc/people/faculty/granovetter/granovet.html
136
Granovetter.M (1973): “The strength of weak ties” American Journal of Sociology, vol 78, N°6, pp:
1360-1380.
137
Penan.H (1999), op.cit, p. p.1072
138
Dyer.J-H et Noboeka.K (2000) : « Creating and managing a high performance knowledge-sharing
network: the toyota case », Strategic Management Journal, vol 21.
139
Von Hippel.E (1988): « Sources of innovation », Oxford University Press.
77
Partant des travaux antérieurs, Sobrero et Toulan (2000) regroupent les apports de ces
relations en deux catégories : premièrement, elles permettent une forte croissance de
l’efficience. Deuxièmement, elles favorisent l’appropriation des ressources et des
compétences non disponibles au sein du territoire hiérarchique de la firme.
Les auteurs affirment que le rôle des fournisseurs dans le processus de développement de
nouveaux produits est devenu une évidence car l’entreprise ne peut pas contrôler
l’ensemble des ressources de façon directe.140 Les auteurs montrent, dans une étude sur les
projets de développement des nouveaux produits du groupe Volvo, que les fournisseurs du
groupe apportent plus de 75% de l’expertise technologique nécessaire à la réalisation des
projets141.
Dans ce même ordre d’idées, Hamel illustre l’importance des relations fournisseurs dans
l’innovation du concept d’entreprise par le cas Cisco. Selon lui, ce qui fait de Cisco le
concurrent le plus agile142 du secteur de l’équipement télécoms, c’est en partie la façon
dont il traite ses fournisseurs extérieurs. « Aujourd’hui, témoigne Howard Charney, senior
vice président de l’entreprise, plus de 50% de nos produits ne sortent pas de nos usines. Ils
sont assemblés et expédiés comme par un coup de baguette magique, mais nos clients ne
se doutent pas que nous n’ayons jamais touché »143. Des entreprises comme Cisco et
Nokia s’adossent de plus en plus sur leurs réseaux de fournisseurs, ce qui leur permet de
diminuer considérablement leurs fonds de roulement et d’accroître leur flexibilité144.
Cependant, l’instauration de relations durables avec les fournisseurs ne doit pas être
synonyme de rigidité et de dépendance interorganisationnelles. Dans une recherche récente
140
Sobrero.M et Toulan.O (2000) : « Task partioning, communication activities, and the performance of
supplier relations in product development » (p 21) In, Birkinshaw.J et Hagstrom.P (2000) : « The flexible
firm : capability management in network organizations », Oxford University Press.
141
Idem, p.24.
142
Une entreprise agile, est « une entreprise qui est capable de changer rapidement son fusil d’épaule est
mieux placée pour répondre à l’évolution de la demande et peut ainsi lisser ses résultats » (Hamel 2000,
p.113).
143
Hamel.G (2000) : « La révolution en tête », Village Mondiale, p. 92.
144
« Une entreprise capable d’exploiter ses ressources et le talent de ses dirigeants sur un vaste champ
d’opportunités peut bénéficier d’un avantage d’efficacité sur des concurrents moins libres de leurs faits et
gestes. Les économies de flexibilité viennent de ce que l’on partage certaines choses entre les diverses
branches d’activités et d’un pays à l’autre : marque, installation, meilleure pratique, compétence rare,
système informatique… » (Hamel 2000, p.111)
78
sur l’impact du changement technologique sur les compétences des co-opétiteurs145,
Afuah souligne que les entreprises qui continuent à entretenir des relations privilégiées
avec les fournisseurs dont les capacités sont devenues obsolètes par le changement
technologique sont condamnées par un appauvrissement de leur performance. Pour y faire
face, elles doivent, en effet, tissées de nouvelles relations avec de nouveaux fournisseurs
afin de réinventer les sources d’innovations146.
L’auteur souligne qu’« On a longtemps supposé que les innovations produits étaient
typiquement développés par les fabricants parce que cette hypothèse est en relation avec
la question fondamentale de qui est l’innovateur, cela a eu inévitablement un impact
majeur sur la recherche sur l’innovation, sur le management de la R&D (….). Dans
certains domaines, les utilisateurs de l’innovation développent la plupart des
innovations »148.
145
Afuah (2000) : “How much do your co-opetitors’ capabilities matter in face technological change?”
Strategic Management Journal, vol 21, N°3. Pour l’auteur, le terme co-opétiteur est inventé par Ray Nadar
(in Electronic Business Buyer, Décembre 1993), PDG de Novell, et introduit pour la première fois dans la
recherche en stratégie par Brandenburger et Stuart (1996). Le terme de co-opétition émerge de la nécessité de
coopération avec des concurrents, mais aussi avec des clients ou encore des fournisseurs, pour générer une
rente plus importante (p.387).
146
Idem.
147
Von Hippel (1988) op.cit, p.13.
148
« It has long been assumed that product innovations are typically developped by product manufacturers.
Because this assumption deals with the basic matter of who the innovator is, it has inevitably had a major
impact on innovation related research (…). In some fields, innovation users develop most innovation », Von
Hippel 1988, p.03, traduit par Billé et Soparnot 2005, p.02).
149
Von Hippel.E (2003) : « Innovation : vos clients conçoivent-ils vos nouveaux produits ? », Perspectives
2003, pp : 21-25, téléchargeable : http://web.mit.edu/evhippel/www/index.html.
Von Hippel.E (2005): « Democratizing innovation », The MIT Press
79
départements de R&D des entreprises industrielles. On assiste alors à une nouvelle
pratique d’externalisation des activités de R&D.
Tableau 6 : Synthèse des études empiriques sur le rôle des utilisateurs dans l’innovation
Number Innovative
of new product developped
Studies Nature of innovations and sample selection criteria products by :
User Manufacturer
Adapté de Von Hippel (2002) : « Horizontal innovation networks by and for users », MIT Sloan School
of Management Working Paper N° 4366-02, p. 07, téléchargeable sur Internet :
www.web.mit.edu/evhippel/www/index.html
Les utilisateurs de pointe sont « des consommateurs ou des entreprises qui présentent
deux caractéristiques principales. Primo, ils sont nettement en avance sur le marché, c'est-
à-dire qu’ils éprouvent dès maintenant des besoins qui ne se généralisent que dans
quelques mois ou quelques années. Sucondo, ils cherchent eux-mêmes à répondre à ces
besoins vu les avantages de la mise en place d’une solution rapide, ils n’attendent pas
qu’un fournisseur le fasse à leur place »150. Ils diffèrent des acheteurs précoces qui
adoptent un nouveau produit dans la mesure où ils passent à l’action quand il n’y a rien à
adopter car l’un de leur besoin est mal comblé.
150
Von Hippel.E (2003), p. 21.
80
comme un co-développeur (Consumers as co-développers) et une source d’information et
de connaissance qui se situe au delà des frontières organisationnelles151.
Or, les chercheurs en management stratégique affirment que les ressources ne sont pas
distribuées de façon équitable. Il en résulte que les entreprises, même si elles sont
concurrentes, se trouvent devant l’obligation de conclure des accords de coopération. Cette
dernière ne doit pas être entendue uniquement comme un impératif qui s’impose mais
aussi comme un arsenal de stratégies volontaristes et intentionnelles.
151
Jeppesen.L-B et Molin.M-J (2005): « Consumers as co-developpers: learning and innovation outside the
firm », Working Papers, Copenhagen Business School, téléchargeable sur Internet
http://web.cbs.dk/departments/ivs/wp/wp03-01.pdf.
152
« L’existence des alliances entre firmes concurrentes est un paradoxe: des concurrents devraient
s’affronter et non pas s’allier » (Garette et Dussauge 1996, p.98)
153
D’Aveni.R (1994) : « Hypercompétition », Vuibert.
154
Wernerfelt.B (1995): « The resource-based view of the firm: ten years after », Strategic Management
Journal vol16, pp. 171-174.
155
Teece.D, Pisano.G et Shuen.A (1997) : « Dynamic capabilities and strategic management », Strategic
Management Journal, vol 18, N°7, pp.509-533.
156
Hamel.G (1991) : « Competition for competence and inter-partner learning within international strategic
alliances », Strategic Management Journal, vol 12, special issue, pp : 83-103.
81
La coopération est alors au service de la compétition et on peut désormais parler de
« l’avantage compétitif de la coopération » ou tout simplement de « l’avantage co-
opétitif » pour paraphraser l’idée de la co-opétition avancée par Ray Nadar (in Electronic
Business Buyer, Décembre 1993), PDG de Novell et introduite dans la littérature
stratégique par Brandenburger et Stuart (1996)157.
La coopération entre les organisations est conçue par plusieurs auteurs comme étant un
mode d’organisation intermédiaire entre le marché et la hiérarchie. Il regroupe les
avantages de l’organisation hiérarchique et ceux du modèle marchand. En management
stratégique, la coopération est considérée comme une stratégie relationnelle favorisant le
partage de connaissances, le transfert de technologie et d’expérience et par conséquent
l’innovation.
Pour les PME, nous considérons que le recours aux stratégies relationnelles, notamment la
coopération avec les autres organisations, comme une solution stratégique qui permet de
combler le manque de ressources internes. Ce manque est considéré par les spécialistes en
PME comme l’une de ses caractéristiques intrinsèques qui handicape la mise en œuvre de
structures internes de R&D et donc de stratégies innovatrices et créatrices de valeur.
Pour innover, les entreprises marocaines se trouvent confrontées à des choix risqués et
coûteux ne pouvant généralement pas être supportés par leurs propres moyens, et ce
d'autant plus que le tissu industriel marocain est composé dans sa quasi-Totalité, de petites
157
Afuah.A (2000): “How much do your co-opetitors’ capabilities matter in face technological change?”
Strategic Management Journal, vol 21, N°3, pp: 387-404.
158
Plusieurs exemples peuvent être cités dans ce cadre. Nous reprenons l’exemple avancé par Garrette et
Dussauge (1996, p.78) : l’alliance entre General Motors et Toyota au termes de laquelle les deux
constructeurs automobiles ont crées une filiale commune, NUMMI, pour fabriquer en Californie des modèles
d’origine japonaise. Cette alliance s’explique selon Garrette et Dussauge par la nécessité de reconstituer sur
place le système de fabrication de Toyota pour transférer à General Motors certaines compétences de
management à la japonaise.
82
et moyennes industries, soit plus de 90%159. La contribution des entreprises de petite
dimension dans la valeur ajoutée reste en deçà des aspirations ; elle ne dépasse pas 20%
selon certaines statistiques.
Par ailleurs, l’innovation se transforme d’un modèle linéaire conçu pour répondre aux
exigences de la « dictature de l’offre » à un modèle réticulaire qui suppose l’intéressement
des différents acteurs pour répondre aux attentes de la « démocratie de la demande ».
Ajoutons à cela, la montée du rôle de la connaissance dans les processus d’innovation et sa
distribution asymétrique entre les différents acteurs de l’environnement. Dans ce cadre, la
littérature managériale affirme que la coopération interorganisationnelle impacte
positivement l’innovation, notamment en PME, parce qu’elle favorise le partage de
connaissances.
159
Rapport sur l’innovation R&D Maroc 2006.
83
Chapitre 2
Champ théorique : La coopération interorganisationnelle et
l’innovation
En effet, depuis le début des années 80, la théorie des coûts de transaction est devenue une
référence bibliographique de premier ordre dans la plupart des travaux de recherche en
management stratégique. Elle s’est imposée, d’abord comme une théorie de référence pour
expliquer les stratégies d’intégration verticale avant d’être utilisée ensuite pour expliquer
les coopérations interorganisationnelles. Elle offre un cadre d’analyse propice des relations
de l’entreprise avec les différentes parties prenantes qu’elles soient fournisseurs,
distributeurs, clients ou encore concurrents.
Cependant, son apport indéniable ne la met pas à l’abri des critiques virulentes qui lui ont
été adressées160. Celles-ci ont permis l’émergence de nouvelles théories explicatives des
relations interentreprises.
C’est dans cette perspective que s’inscrit l’émergence de la théorie des ressources comme
étant l’une des assises théoriques récentes qui ont essayé d’appréhender les antécédents
des relations de coopération de l’entreprise avec ses partenaires. Au delà de la recherche de
la structure de gouvernance efficiente, la théorie des ressources met en exergue les
facteurs explicatifs de l’innovation et de la créativité dans un cadre partenarial.
160
Ghoshal.S et Moran.P (1996) : « Bad for practice : A critique of transaction cost theory », Academy of
Management Review, vol 21, pp : 13-47
84
donne plus d’importance à l’efficience des mécanismes de coordination des transactions
économiques, la théorie de ressources s’inscrit dans une perspective de compétences et de
capacités internes à l’entreprise (competence perspective)161. Son objectif est de creuser
dans l’organisation interne pour repérer les sources d’efficacité et de création de valeur.
Cette complémentarité théorique est porteuse d’opportunités et de pistes de recherches
prometteuses dans l’avenir.
Une troisième assise théorique a connu ces deux dernières années un regain d’intérêt dans
la recherche en sciences de gestion. Elle concerne l’apport de la théorie des réseaux
sociaux à l’étude de la coopération entre les organisations. En effet, les chercheurs en
sociologie et en sciences de gestion considèrent que les relations d’affaires, notamment
dans le cas des petites structures, sont encastrées (embedded) dans les relations sociales et
que celles-ci sont des sources potentielles de l’innovation.
161
Williamson.O (1999): “Strategy research: governance and competence perspective”, Strategic
Management Journal, vol 20, N°12, pp: 1087-1108
162
Dans une recherche sur les acteurs et débats structurant la recherche sur les stratégies de coopération,
Frohlicher note l’arrivée en tête de Williamson en termes de références citées. Frohelicher.T (1998) :
« Acteurs et débats structurants : en déambulant à travers les recherches sur les stratégies de
coopération… », GREFIGE – Université Nancy 2, Cahiers de recherche N° 1998-5. http://www.univ-
nancy2.fr/GREFIGE/colloques/cahier1998/N5.PDF
85
Fulconis et Mothe (2001) qui pensent que cette démarche se prête mieux à la
compréhension des relations de coopération163.
En conséquence, notre objectif ne consiste pas à choisir une théorie au détriment d’une
autre, mais à intégrer leurs apports, dans un cadre explicatif pluriel, pour modéliser les
nouvelles stratégies des entreprises164. Autrement dit, la prise en compte de la théorie des
ressources ne signifie pas pour autant que l’on exclut les apports de la théorie des coûts de
transaction.
Comme l’affirme Nelson et Winter (1982) à propos du pouvoir explicatif de la théorie des
coûts de transaction : « les entreprises ne tiennent debout que grâce au ciment peu épais
de la minimisation des coûts de transaction » 165. Le problème est que le ciment est trop
peu épais pour assurer à lui seul l’intégrité et la cohésion du phénomène et non qu’il
n’existe pas du tout. L’objectif n’est ni de montrer la fausseté d’une théorie, ni la
supériorité d’une autre. Il s’agit d’un essai de cadrage théorique pluriel qui rejoint les
tentatives récentes de formulation de cadres explicatifs pluriels ou encore de théories
hybrides166.
Finalement, nous nous inscrivons dans une approche plurielle pour élaborer notre modèle
de recherche. Celui-ci se présente comme le résultat d’une revue de littérature issue de
diverses théories. Notre travail de recherche combine alors les apports de trois théories
pour mettre en valeur l’importance des capacités intra-organisationnelles dans l’étude des
stratégies de coopération. En plus de leur apports et limites à notre sujet, nous allons les
utiliser comme étant des attracteurs théoriques, pour reprendre le terme de Martinet, autour
desquels nous allons organiser notre revue de littérature167.
163
Barthélemy.J, F.Fulconis et C.Mothe (2001) : « les coopérations interorganisationnelles : approche
théorique et illustrations », in, Martinet.A-C et R-A.Thiétart (2001) : « Stratégies : futurs et actualités de la
recherche », Vuibert, p.289.
164
Palpacuer.F (2001) : « Une approche pluridisciplinaire des stratégies organisationnelles : application au
cas de l’industrie new yorkaise de l’habillement », in La théorie des coûts de transaction : regard et analyse
du management stratégique, (dir. P.Joffre et coord. O.Germain).
165
Nelson et Winter (1982) : « An evolutionary theory of economic change », Belknap press, p 75, cité par
Hodgson.M (2001) : « Compétences et contrats dans la théorie de l’entreprise », in La théorie des coûts de
transaction : regard et analyse du management stratégique, (dir. P.Joffre et coord. O.Germain), p.92.
166
Hodgson.M (2001) : op.cit ; Palpacuer.F (2001) : op.cit ; Clarke-Hill.C, H.Li et B.Davies (2003) : « The
paradox of co-operation and competition in strategic alliances : towards a multiparadigm approach »,
Management Research News, vol 26, N°1, pp : 1-20 ;
167
Martinet.A-C (1997) : « Pensée stratégique et rationalités : un examen épistémologique », Management
International, vol 2, N°1, pp.67-75.
86
Dans le présent chapitre, nous allons exposer, sans prétendre à l’exhaustivité, les trois
théories que nous venons d’évoquer. Dans chaque théorie nous passons au crible les deux
notions qui constituent les piliers de notre recherche à savoir la coopération et l’innovation.
Le but est d’évaluer l’apport de chacune des théories à notre recherche.
Cependant, ce regain d’intérêt ne met pas la théorie transactionnelle à l’abri des attaques
parfois violentes. Les plus célèbres sont celles de Ghoshal et Moran (1996)169. Leurs
critiques se concentrent sur les hypothèses de la théorie et de façon particulière sur le
modèle williamsonien de l’opportunisme et le caractère statique du raisonnement
transactionnel.
Ainsi, cette première section à pour objectif une brève présentation de la théorie et ses
critiques avant qu’elle soit utilisée comme noyau dur d’un essai de synthèse des travaux
antérieurs.
168
Coase.R (1937) : « The nature of the firm », Economica, New Series, Vol 4, Issue 16, Nov, pp.386-405.
169
Ghoshal.S et Moran.P (1996) : op.cit.
170
Coeurderoy.R et Quélin.B (1998) : « La théorie des coûts de transaction : fondements théoriques et
implications managériales », in Repenser la stratégie (Sous la direction de H.Laroche et J-P.Nioche),
Vuibert, p.30
87
été utilisé pour la première fois par K.Arrow en 1969 pour désigner les coûts de
fonctionnement du système économique171.
Quant à Williamson, la richesse de sa théorie, qui s’inscrit d’abord dans une perspective
managériale, est due essentiellement à l’entrelacement d’influences venant d’horizons
divers172. Dans ce cadre, les principales sources intellectuelles et disciplinaires de la
version williamsonienne de la théorie transactionnelle se résument comme suit :
- Les travaux de Commons (1934) dont Williamson retient la proposition centrale selon
laquelle la transaction est l’unité fondamentale de l’analyse économique.
- Les travaux de Simon (1957) constituent la deuxième source intellectuelle de Williamson
notamment l’apport du concept de la rationalité limitée pour en faire une hypothèse de
base de la théorie et un pilier du concept d’opportunisme.
- L’ouvrage de Cyert et March (1963) est l’une des influences reconnues sur Williamson.
Cette référence représente une première tentative de liaison entre l’économie et la théorie
des organisations.
- Les travaux de Arrow (1969) dont il retient en particulier l’imperfection de
l’information dans l’économie.
- Les travaux de Chandler sur l’histoire des formes organisationnelles qui légitiment
l’importance des innovations organisationnelles dans l’évolution des industries.
171
Arrow (1969), p : 48, cité par Joffre. P (1999) : « L’économie des coûts de transaction ou le marché et
l’entreprise à la fin du 20ème siècle », p : 148, in Koenig.G (coordination) (1999) : « De nouvelles théories
pour gérer l’entreprise du 21ème siècle », Economica, pp.143-170.
172
Joffre. P (1999) : op.cit.
Coriat.B et Weinstein.B (1995) : op.cit.
173
Williamson (1975) : « Markets and Hierarchies : an analysis and antitrust implications », New York, The
Free Press.
174
Williamson (1985) : « The Economic Institutions of capitalism », New York, The Free Press. Cette
ouvrage est traduit en français en 1994 aux éditions InterEditions par R.Coeurderoy et E.Maincent.
88
Elle compare entre les coûts d’internalisation (CI) et les coûts d’externalisation (CE) dans
une perspective de statique comparative,
Les principaux facteurs explicatifs de l’existence des coûts de transaction sont les
suivants :
a) La spécificité des actifs : elle représente une dimension principale de l’analyse des
transactions économiques. Elle a été d’abord utilisée pour étudier l’intégration verticale.
Puis elle est devenue une pièce maîtresse de la TCT. « il y a spécificité des actifs quand un
investissement durable matériel ou immatériel doit être entrepris pour supporter une
transaction particulière et que cet investissement n’est pas redéployable sur une autre
transaction »175. Autrement dit, « un actif est spécifique lorsque sa valeur d’utilisation
dépend d’une transaction donnée »176. La redéployabilité d’un actif constitue le principal
critère de mesure de sa spécificité.
175
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : op.cit, p.57.
176
Coeurderoy.R et Quélin.B (1998) : op.cit, p.39
177
« Asset specificity takes a variety of forms : physical, human, site-specific, dedicated assets, brand name
capital, and temporal », 177 Williamson.O (1999): “Strategy research: governance and competence
perspective”, Strategic Management Journal, vol 20, N°12, p.1089.
89
Par conséquent, l’asymétrie informationnelle et l’incomplétude des contrats sont des
résultats évidents. Dans ce contexte, les comportements opportunistes occupent une place
centrale dans les transactions économiques. L’opportunisme est la recherche de l’intérêt
individuel au détriment de l’intérêt collectif en utilisant la « ruse ».
Pour servir de moteur de croissance, le réseau de relations, qui résulte des stratégies de
coopération, nécessite des plans stratégiques au niveau global (réseau) et local (la firme
membre du réseau). L’importance de cette forme sur le plan pratique et dans la recherche
en stratégie permet à l’auteur de parler d’un paradigme de réseau.
Certes, l’apport de Thorelli (1986) est remarquable, mais il reste, selon Jarillo (1988), au
stade de la description. Ce dernier introduit le concept de réseau stratégique comme étant
un moyen pour comprendre les relations de coopération et leur rôle dans la stratégie de la
firme. Le réseau est un mode d’organisation qui cumule les avantages du marché et ceux
178
Thorelli.H (1986): « Networks: between markets and hiérarchies », Strategic Management Journal, vol 7,
N°1, pp: 37-51.
90
de la hiérarchie dont l’efficience dépend de sa capacité à économiser les coûts de
transaction179.
Cependant, l’économie des coûts est loin d’être le seul objectif stratégique de la
coopération. En plus, Jarillo (1988) ne considère pas les différents problèmes associés au
concept de transaction notamment les difficultés de son application empirique et de sa
quantification180.
Si Thorelli (1986) et Jarillo (1988) s’inscrivent totalement dans le cadre des analyses
transactionnelles, Fréry (1998) reconnaît l’existence des approches théoriques multiples
même s’il considère la TCT comme une théorie de référence qui légitime selon lui
l’introduction de la notion de l’entreprise transactionnelle pour conceptualiser les
coopérations interorganisationnelles181.
Les travaux que nous venons de citer relèvent du management stratégique. Le paradigme
du réseau envahit, cependant, d’autres disciplines des sciences de gestion. Il s’agit
182
notamment du marketing . Dans ce cadre, Heide (1994) constate la montée en force des
relations de coopération interorganisationnelle dans la recherche en marketing. Il part des
théories contractuelles, notamment la TCT, pour établir une typologie de gouvernance
interorganisationnelle en trois formes : la gouvernance marchande, la gouvernance non
marchande hiérarchique appelée aussi unilatérale et la gouvernance non marchande
bilatérale. La dépendance symétrique promeut la gouvernance bilatérale. Par contre, la
dépendance unilatérale synonyme de gouvernance hiérarchique impacte négativement
l’efficience183.
179
Jarillo.C (1988) : « On strategic networks », Strategic Management Journal, vol 9, N°1, pp : 31-41.
180
Blois.K (1990): “Reaearch notes and communications: Transaction costs and networks”, Strategic
Management Journal, vol 11, N° 6, pp: 493-496.
181
Fréry.F (1998) : « Les réseaux d’entreprises : une approche transactionnelle », in Repenser la stratégie
(Sous la direction de H.Laroche et J-P.Nioche), Vuibert, pp : 61-84.
182
Achrol.R (1997): « Changes in the theory of interorganizational relations in marketing : toward a
network paradigm », Academy of Marketing Science Journal, vol 25, N°25, pp : 56-71
183
Heide.J (1994) : « Interorganizational governance in marketing channel », Journal of Marketing, vol 58,
N°1, pp.71-85.
91
Tableau 7 : Synthèse des travaux qui relèvent du courant transactionnel
Dans un travail bibliométrique sur les acteurs et les débats structurant la recherche sur les
stratégies coopératives, Frohelicher (1998) montre l’importance des travaux de
Williamson, chef de fils de la théorie transactionnelle, dans l’étude de la coopération entre
les organisations. L’analyse du nombre de citations reçues par chaque auteur atteste de la
représentativité de son œuvre dans ce thème de recherche186.
En ce qui concerne l’innovation, la théorie des coûts de transaction est mal armée pour
étudier et analyser ce phénomène. Il n’est pas alors étonnant de constater que plusieurs
chercheurs, appartenant à l’approche basée sur les ressources, accordent une place
184
Nous regroupons sous le vocable des théories contractuelles la théorie des contrats (Macneil 1980), la
théorie des droits de propriété (Alchian et Demsetz 1987), la théorie d’agence (Jensen et Meckling 1976) et
la théorie des coûts de transaction (Williamson 1975)
185
Les « idéals-types » sont des simplifications des phénomènes complexes (Heide 1994.
186
Il montre l’arrivée en tête de Williamson avec 105 citations reçues devant Porter avec uniquement 76
citations reçues. L’œuvre de Williamson de 1985, dans laquelle il reconnaît l’existence de forme hybride
comme forme générique de l’organisation de l’activité économique, arrive en tête de liste avec 40 citations
reçues. Frohelicher.T (1998) : « Acteurs et débats structurants : en déambulant à travers les recherches sur
les stratégies de coopération… », GREFIGE – Université Nancy 2, Cahiers de recherche N° 1998-5.
http://www.univ-nancy2.fr/GREFIGE/colloques/cahier1998/N5.PDF
92
privilégiée à l’innovation. Celle-ci dépend de la capacité des firmes à développer et à
proposer des produits et/ou des procédés nouveaux. Les adeptes de la RBV y voient une
justification de la firme et des formes coopératives qui diffère de celle développée par
l’approche transactionnelle.
Dans une synthèse des critiques de la théorie des coûts de transaction, Papillon (2001)
regroupe les différents reproches en dix thèmes. Parmi ceux-ci, nous citons la
problématique des frontières organisationnelles et la négligence de l’innovation ainsi que
l’approche statique comparative de l’efficience. Nous nous limitons à ces trois écueils car
nous pensons qu’ils sont en relation directe avec notre sujet. La première est le résultat de
la mise à l’épreuve de l’analyse transactionnelle dans l’étude de la coopération. Tandis que
les deux autres limites résultent de l’ignorance des activités d’innovation.
La théorie des coûts de transaction est un glorieux précurseur dans la recherche d’une
réponse à ces questions. Elle spécifie les conditions d’internalisation et d’externalisation
des activités. Elle se base, selon Barney (1999), sur l’analyse de trois déterminants
fondamentaux:
187
Barney.J (1999): « How a firm’s capabilities affect boundary decisions », Sloan Managament Review, vol
40, N°3, pp: 137-145
93
a) La gouvernance : c’est le mécanisme par lequel une entreprise gère ses échanges
économiques. Elle peut prendre trois formes : la gouvernance marchande dont le
mécanisme est le prix. La gouvernance hiérarchique dont le mécanisme est l’autorité.
Enfin, la gouvernance intermédiaire dont le mécanisme est la confiance. Le choix de l’un
de ces modes détermine le niveau d’interface de l’entreprise avec les autres. En effet, les
échanges qui passent par le marché sont alors en dehors des frontières organisationnelles.
Par contre, ceux qui se font dans l’entreprise sont, bien évidemment, sous contrôle
hiérarchique. Enfin certaines activités s’échangent entre l’entreprise et son environnement.
c) L’investissement dans les actifs spécifiques : les efforts investis dans les actifs
spécifiques influencent le comportement des acteurs. En effet, plus le niveau
d’investissement est élevé plus les acteurs tendent à être des opportunistes.
Dans la réalité, ces facteurs explicatifs des frontières organisationnelles et par conséquent
des relations de coopération sont loin d’être évoquées par les praticiens car il se peut que la
théorie est « mauvaise pour la pratique » ou parce qu’elle est inopérante et ne prend pas
en compte le rôle des capacités organisationnelles dans la détermination des frontières de
l’entreprise.
Dans ce cadre, Barney (1999) constate: « When I explain transactions cost economics to
practicing managers and help them implement it, they often ask : « what role do firm in
this approach to firm boundaries ? To their great surprise the answer to this question is :
« very little ». Transactions cost economics does not focus on the capabilities of a firm or
on the capabilities of its potential partners when deciding which economic exchanges to
include within a firm’s boundary and which to outsource »188. Il affirme ensuite : « I agree
with these managers, the capabilities possessed by a firm and by its potential partners
often should have a significant impact on boundary decisions »189.
188
Barney.J (1999): op. cit, p.138.
189
Idem.
94
L’auteur introduit alors un autre déterminant des frontières organisationnelles. Il s’agit des
capacités de la firme. Celles-ci déterminent de la même façon que les coûts de transaction
le triptyque : marché, coopération, hiérarchie. Les capacités sont souvent considérées
comme des connaissances tacites difficilement transférables via le marché. Leur
développement au sein de la hiérarchie est souvent coûteux. Par contre, dans le cas de la
coopération, dont la gouvernance est basée sur des mécanismes sociaux et informels, les
connaissances tacites peuvent être développées et transférées.
Or, les chercheurs, notamment les tenants de l’approche évolutionniste, considèrent cette
variable comme une composante essentielle de la stratégie dans la mesure où elle influence
sa définition et par voie de conséquence la performance de l’entreprise. La prise en compte
de la dynamique temporelle complique les apports de l’analyse transactionnelle : une
action efficace à un instant peut ne plus l’être à l’instant suivant192. Ces apports sont alors
inefficaces pour étudier les activités d’innovation qui sont, par définition, dynamiques.
En outre, l’efficience ne peut être appréhendée uniquement dans une perspective statique
car elle est aussi dynamique. Elle pourrait être modifiée par les actions stratégiques qui
développent l’ensemble des choix possibles. Dans ce cadre, Ghoshal et Moran (1996)
affirment : « …he [Williamson] did not recognize that efficiency has both static and
190
Williamson.O (1991) : op.cit
191
Dans ce cadre Hodgson souligne que tous les auteurs affirment le caractère statique de la théorie à
l’exception de Foss qui glisse une opinion opposée (Hodgson 2001). « Foss emploie les termes d’équilibre et
de déséquilibre, qui ne sont pas sans rapport avec notre sujet puisque la statique comparative, c’est la
comparaison de deux états d’équilibre d’un système distincts par la variation d’un paramètre. Or il défend
l’idée inverse de celle des auteurs cités plus haut. Pour lui, l’avantage de l’ECT résidait dans le fait qu’il ne
serait pas nécessaire de partir d’un état d’équilibre lorsqu’on examine les trois éléments essentiels de la
stratégie d’une entreprise : la création, l’appropriation et la protection valeur ! On comprend pourquoi Foss
commence son article en disant qu’il voudrait défendre l’économie des organisations, dont selon lui l’ECT
relève, d’une manière différente de celle dont Williamson l’a fait dépendre récemment » (Papillon 2001,
op.cit, P : 78).
192
Durand.R (1998) : « Théories évolutionnistes et management stratégique », in Repenser la stratégie (Sous
la direction de H.Laroche et Nioche.J-P), Vuibert, p. 135.
95
dynamic properties. What is efficient in the short term may not always coincide with what
is efficient in the long term (…). The efficiency of transaction is changed by actions that
expand the set of available options (Coleman 1993; Milgrom & Roberts 1992) »193.
En guise de conclusion de cette section, il est certain que la capacité d’économiser les
coûts occupe une place prépondérante dans la stratégie de l’entreprise, notamment chez les
tenants du courant de positionnement stratégique, mais elle est, cependant moins
importante que celle de l’innovation. Cette dernière constitue la source de l’avantage
compétitif et la garantie de pérennité des entreprises.
193
Ghoshal.S et Moran.P (1996) : op.cit.p. 34
194
« Because innovative activities often are characterized by missing prices (or even markets), by ‘strong’
uncertainty (Denzau et North 1994 ; Dosi 1988), and by high ambiguity, markets alone are relatively ill-
suited to transmit information and knowledge in sufficient quantity and quality to ensure exicution of the
most efficient transactions. Organizations enjoy a degree of advantage in exicuting these activities, at least
for certain kinds of innovation, because of the possibility of purposive and more flexibly coordinated
action », Ghoshal.S et P.Moran (1996) : op.cit. p.35, traduction de Loillier.T et A.Tellier (2001) :
« Configurations et modes de gouvernance des réseaux d’innovation », La théorie des coûts de transaction :
regard et analyse du management stratégique, (dir. P.Joffre et coord. O.Germain), p.185.
96
D’autres limites ont été développées par d’autres auteurs. Ces derniers se sont intéressés à
l’étude de l’impact des nouvelles technologies de l’information et de communication sur
les coûts de transaction. Dans ce cadre, la prolifération et la banalisation des technologies
de l’information et de communication entraînent, selon Malone, Yates et Benjamin
(1997)195, une baisse tendancielle des coûts de transaction. Les entreprises tendent alors
vers l’adoption de la coordination marchande et la hiérarchie n’aura alors aucune raison
d’existence si on se base sur le raisonnement williamsonien. Le marché est alors la forme
d’organisation la plus favorisée. Par conséquent, le pouvoir explicatif de la dichotomie
marché - hiérarchie peut être discuté.
Selon Heimeriks (2004), l’approche fondée sur les ressources offre une conception
renouvelée des coopérations interorganisationnelles en mettant l’accent sur l’expérience
195
Malone.T, Yate.J et Benjamin B (1997) : « Marchés électroniques et hiérarchies électroniques », Réseaux
N°84.
196
Wernerfelt.B (1984): « A resource-based view of the firm », Strategic Management Journal vol 5, pp. 171-
180.
197
Structures, Conduites, Performances
97
partenariale des acteurs en coopération198. Contrairement à la conception traditionnelle qui
s’intéresse essentiellement à la structure du réseau de coopération, au type de contrats et à
la cohérence partenariale, la nouvelle conception se focalise sur le rôle des facteurs intra-
organisationnels dans le succès des stratégies coopératives.
Deux principales raisons peuvent être retenues pour légitimer l’émergence de la théorie
évolutionniste. La première a pour vocation de remettre en cause la conception
néoclassique de l’entreprise comme une « boîte noire » visant la transformation des inputs
en outputs (fonction de production) et constituant un élément de formation du prix. Les
processus organisationnels sont exclus de ce raisonnement. La seconde est relative à la
conception transactionnelle selon laquelle la firme est considérée comme « un nœud de
contrats ». L’entreprise est le résultat des défaillances du marché et la transaction apparaît
alors comme le niveau d’analyse privilégié au détriment de l’organisation interne de
l’entreprise (fonction d’échange)199.
198
Heimeriks.K (2004) : « Developping alliance capabilities », Eindhoven University Press.
199
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : op.cit.
98
Partant de là et en se basant sur les apports des modèles d’évolution biologique et la
théorie schumpetérienne, l’objectif de la théorie évolutionniste consiste à fournir une
explication endogène et dynamique du changement technologique. De façon précise, les
évolutionnistes s’intéressent à l’innovation comme un phénomène continu et incrémental
impliquant plusieurs acteurs qui interagissent collectivement.
Néanmoins, les auteurs n’ont pas repris l’élément central dans l’analyse de l’auteur
autrichien, l’entrepreneur innovateur. Ils ont fait des ‘routines organisationnelles’, définies
comme étant l’expression comportementale des ressources idiosyncrasiques, le noyau dur
de leur modèle de la firme.
Soulignons de prime abord, avant d’exposer brièvement les réponses avancées par les
évolutionnistes, que « l’évolutionnisme n’implique pas une notion de nécessaire
gradualisme : l’évolutionnisme est aussi cohérent avec l’idée de changements abrupts,
d’instabilités, de révolutions… »200.
200
Dosi.G (1991) : « Perspectives on evolutionary theory », Sience and public policy, vol 18, pp.353-361.
Cité par Coriat et Weinstein (1995) : op.cit, p :113.
201
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : op.cit, p. 112.
99
organization, to an individual skill, or, as an adjective, to the smooth uneventful
effectiveness of such an organizational or individual performance ».
La notion de routines ne doit pas être confondue avec celle de « skills ». Dans ce cadre,
Dosi, Faillo et Marengo (2003) proposent de réserver le terme « skills » au niveau de
l’individu et le terme de « routines » au niveau de l’organisation202. Ainsi, la notion de
routines organisationnelles est définie comme un ensemble de modèles d’interactions qui
constituent des solutions efficaces (des réponses) à des problèmes particuliers qui résident
dans le comportement du groupe203.
Nelson et Winter (1982) ont introduit cette notion au sens strict du terme qui relève du
comportement de « satisfacing » mais ils ont toutefois souligné l’importance du
comportement de « search » qui, selon eux, est le fondement de base de l’évolution et du
changement et donc de l’innovation. Un peu plus tard (en 1990), les mêmes auteurs font,
en collaboration avec Dosi, une distinction entre les routines dynamiques et les routines
statiques. Les premières sont orientées vers de nouveaux apprentissages tandis que les
secondes sont plutôt orientées vers la répétition des pratiques antérieures204.
202
Dosi.G, Faillo.M et Marengo.L (2003): « Organizational capabilities, patterns of knowledge
accumulation and governance structures in business firms : an introduction » Laboratory of Economics and
Management (LEM), disponible en ligne : http://www.lem.sssup.it/WPLem/files/2003-11.pdf
203
« Routines are patterns of interactions which represent successful solutions to particular problems and
are resident in group behaviour », (Dosi et al 2002, cité par Le Bas 2003, p.4)
204
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : op.cit.
205
Idem, p.120.
206
Dosi.G, Faillo.M et Marengo.L (2003): op.cit, p. 12
100
prend de valeur que s’il est expérimenté, diffusé et partagé au sein de l’organisation. Enfin
l’apprentissage engendre la connaissance qui se matérialise et se concrétise dans les
routines organisationnelles207.
De façon générale, les routines et l’apprentissage portent une forte dose explicative de ce
qui différencie une firme d’une autre. Les routines sont au cœur des phénomènes
comportementaux et d’innovation des entreprises ainsi que de leurs évolutions. Il en
résulte que l’intelligibilité de ces comportements suppose l’existence d’une condition
préalable qui concerne la capacité d’apprentissage au cours de leurs interactions.
207
Coriat.B et Weinstein.O (1995) : op.cit, p.120.
208
Cité par Diani.M (2003) : « Économie évolutionniste et culture d’Entreprise », thèse de doctorat en
sciences économiques, l’Université Louis Pasteur – Strasbourg I
209
Sydow.J, Schreyogg.G et Koch.J (2005) : « Organizational path : path dependency and beyond », 21ème
EGOS colloque, Berlin, Allemagne, disponible en ligne:
http://www.wiwiss.fu-berlin.de/w3/w3schrey/pfadkolleg/download/OrganizationalPaths_EGOS_2005.pdf
101
L’évolution de l’entreprise suit un sentier déterminé par les compétences accumulées au
cours du temps. Par conséquent, le changement technologique suit des modes de
développement dépendant des possibilités techniques, des connaissances et des croyances
à un moment « t » et structurant une évolution dans le temps. La notion de path
dependence ne doit pas être limitée au principe ‘history matters’. En d’autres termes, le
path-dependence ne doit pas être expliqué par le past-dependence. Elle ne prend du sens et
de l’importance que si elle est associée à celle de rendements croissants d’adoption
(increasing returns) et du phénomène de lock-in210.
210
La notion de rendements croissants d’adoption (RCA) traduit le fait que l’utilité d’un produit acquis par n
consommateurs sera plus grande pour le nième utilisateur que pour le n-1 ième210. Par exemple, une
technologie devient plus attractive lorsqu’elle est appliquée et utilisée et par conséquent offerte. Ceci est
particulièrement vrai dans le cas des nouvelles technologies d’information et de communication210. Ces
exemples illustrent la notion d’externalités de réseau, appelée aussi retombées de réseau. La notion de lock-in
est illustrée par l’exemple de David (1985 repris dans la plupart des publications), devenu désormais célèbre,
du clavier QWERTY qui malgré son infériorité en termes d’efficacité technique, il s’est imposé du fait de
l’importance des anticipations des consommateurs et des effets de réputation en dépit de l’existence d’un
clavier plus performant. Les premiers utilisateurs déterminent l’accroissement des rendements associés à la
technologie choisie et impactent le choix des suiveurs. Les sources des RCA se trouvent dans les économies
d’échelle et de variété, l’apprentissage et les externalités directes et indirectes du réseau. Sydow.J,
G.Schreyogg et J.Koch (2005) : « Organizational path : path dependency and beyond », 21ème EGOS
colloque, Berlin, Allemagne.
211
Nelson.R (1991): “Why do firms differ, and how does it matter?”, Strategic Management Journal, vol 12,
pp: 61-74
212
Arrègle.J-L, Ambugey.T et Dacin.T (1998): “ Le rôle des capacités organisationnelles dans le
développement des réseaux d’entreprises : une application aux alliances », Finance, Contrôle, Stratégie, vol
1, N°1, p.10.
102
2.1.3 Les contributions de la théorie évolutionniste à la coopération et à l’innovation
Après avoir présenté les principes de la théorie évolutionniste de la firme, nous devons
nous interroger sur ses contributions à la recherche sur la coopération
interorganisationnelle et l’innovation. Pour ce faire, nous présentons d’abord le rôle des
routines interorganisationnelles, ensuite le transfert des connaissances entre les
organisations coopérantes et enfin, l’innovation selon la théorie évolutionniste.
Ainsi, Dyer et Singh (1998) proposent une vision relationnelle de l’avantage compétitif
des réseaux de coopération213. Le concept de routines de partage de connaissances
interentreprises en est l’un des déterminants de base. Ces auteurs reposent sur des travaux
récents qui montrent la place critique de l’apprentissage organisationnel dans l’avantage
compétitif des organisations et constatent que celles-ci apprennent souvent en coopérant
avec d’autres organisations.
La coopération peut être une importante source de nouvelles connaissances. Elles génèrent
aussi des routines de partage de connaissances entre les acteurs. Cette notion de routine est
définie dans une perspective interorganisationnelle comme étant un modèle d’interaction
inter-entreprise qui permet le transfert, la combinaison et la création de connaissances
spécifiques.
De leur part, Reuer et al (2002) examinent les alliances stratégiques dans l’industrie
biotechnologique et montrent que les trajectoires d’expérience dans les alliances
antérieures affectent les probabilités d’ajustement ex-post des partenariats214. Ces mêmes
213
Dyer.J-H et Singh.H (1998) :« The relational view :cooperative strategy and sources of
interorganizational competitive advantage », The Academy of Management Review, vol 23, N°4, pp.660-
679.
214
Reuer.J, Zollo.Z et Singh.H (2002): “Post-formation dynamics in strategic alliances”, Strategic
Management Journal, vol 23, N°2, pp: 135-151
103
auteurs analysent la performance des alliances stratégiques en développant des hypothèses
basées sur la théorie évolutionniste. Ils introduisent le concept des routines
interorganisationnelles et insistent sur leur rôle dans la réalisation des objectifs des
alliances stratégiques215.
Gulati et Gargiulo (1999) ne mettent pas l’accent uniquement sur les ressources
idiosyncrasiques mais aussi sur le caractère path-dependent des réseaux
interorganisationnels216. De même, Sydow et al (2005), après avoir analysé la dépendance
du sentier, poussent leur raisonnement plus loin et explorent les possibilités d’utilisation
de la théorie du path dependent, conçue à l’origine pour analyser les changements
technologiques, aux arrangements organisationnels et interorganisationnels217.
215
La notion de routines interorganisationnelles est définie de la façon suivante : « The concept of
interorganizational routines is defined as stable patterns of interaction among tow firms developed and
refined in the course of repeated collaborations and suggests the partner-specific, technology-specific, and
general experience accumulation at the partnering firm level infleunce the extent to which alliances result in
knowledge accumulation, create new growth opportunities, and enable partnering firm level to acheive
their strategic objectives ». Reuer.J, M.Zollo et H.Singh (2002): “Interorganizational routines and
performance in strategic alliances”, Organization Science, vol 13, N° 6, pp: 701-713, p.701.
216
Gulati.R et M.Gargiulo (1999): “Where do interorganizational networks come from?”American Journal
of Sociology, vol 104, pp.1439-1493.
Gulati.R, Nohria.N et Zaheer.A (2000): “Strategic networks”, Strategic Management Journal, vol 21, pp:
215.
217
Sydow.J, Schreyogg.G et Koch.J (2005): op.cit
104
Dans son analyse sur l’apprentissage interorganisationnel, Hamel (1991) s’intéresse à la
façon dont les coopérations amènent à un redécoupage des compétences entre les membres
du réseau. Il propose trois principaux déterminants de l’apprentissage. D’abord, l’intention
c'est-à-dire le désir de la firme à utiliser la coopération comme un moyen d’apprentissage
et d’internalisation. L’intention d’internalisation est d’autant plus forte que la compétitivité
de l’entreprise est conçue en termes de compétences plutôt qu’un ensemble de produits.
Ensuite, la transparence qui implique l’ouverture sur les alliés. Enfin, la réceptivité dépend
de la capacité d’absorption des connaissances externes218.
Selon Khanna, Gulati et Nohria (1998), Ces déterminants sont, sans aucun doute,
importants, mais ils ne contribuent pas à éclaircir la dynamique des alliances219. Cette
dernière notion signifie pour les auteurs les processus d’allocation de ressources et
d’apprentissage et les facteurs qui conditionnent ces choix. La dynamique des alliances
doit être distinguée de la décision de formation de celles-ci. Autrement dit, l’importance
doit être donnée à l’évolution des relations plutôt qu’à leur formation.
Dans l’explication proposée par Hamel (1991), les variables de la structure de gouvernance
du réseau et de son évolution ne sont pas prises en compte. Pour faire face à ces écueils,
Khanna et al proposent une théorie dynamique de l’apprentissage interorganisationnel. Ils
analysent l’impact de la tension entre coopération et compétition sur la dynamique
d’apprentissage en partant de deux concepts : revenus individuels ou privés (private
benefits) et revenus communs ou collectifs (commun benefits)220. Cette distinction est
essentielle car la motivation des entreprises à investir dans l’apprentissage dépend du type
de revenu qu’elles espèrent tirer de l’alliance.
Les revenus individuels sont des revenus tirés unilatéralement par l’apprentissage des
aptitudes et des compétences des autres partenaires et l’application de celles-ci au domaine
d’activité propre de l’entreprise. Les revenus communs sont des revenus collectifs qui
reviennent à chacun des partenaires. Dans le premier cas, les alliés pris individuellement
visent à accéder aux réseaux et apprendre les connaissances des autres en l’appliquant à
218
Hamel.G (1991), op.cit
219
Khanna.T, Gulati.R et Nohria.N (1998) : « The dynamics of learning alliances : competition, cooperation
and relative scope », Strategic Management Journal, vol 19, pp.193-210
220
idem.
105
des situations qui leur procurent des profits personnels. Dans le second cas, toutes les
entreprises finissent par apprendre. Personne n’est motivé à devancer les autres. Dans une
telle situation de pure coopération, la décision d’allocation des ressources est conjointe. Le
rapport entre les revenus individuels et les revenus communs ou collectifs est d’autant plus
élevé que l’entreprise est capable de mettre en application au sein de ses activités ce
qu’elle a appris. Ce rapport détermine l’étendue et la stabilité de l’alliance entre les
partenaires.
221
Inkpen.A (2000) : « A note on the dynamics of learning alliances : competition, cooperation and relative
scope », Strategic Management Journal, vol 21, N°7, (pp.775-779), p.775.
222
Inkpen (2000, p776) illustre cette confusion par l’expression suivante : « in all alliances, the partners
must learn to work together and work to learn together », Inkpen.A (2000) : « A note on the dynamics of
learning alliances : competition, cooperation and relative scope », Strategic Management Journal, vol 21,
N°7, p.776
106
réseau d’organisations comme le contexte de sa gestion. Les réseaux de connaissances sont
formés pour créer de nouvelles connaissances afin de renouveler les capacités
organisationnelles. Ce qui va permettre aux managers de passer d’une simple gestion de la
connaissance à un management stratégique de celle-ci (Strategic Knowledge
Management)223.
Cette assertion est étayée par plusieurs recherches qui ont été effectuées au cours de ces
deux dernières décennies. Nous citons, entre autres, celle de Von Hippel (1988) qui montre
que les fournisseurs et les clients sont les premières sources d’idées innovatrices pour
l’entreprise224.
Tableau 9 : Aspirations et risques des relations interorganisationnelles (RIO)
Aspirations Risques
Les RIO sont associées à :
- l’encouragement de la position compétitive - une fuite potentielle des informations
de l’entreprise ; volorisables ;
- l’augmentation des aptitudes ; - l’inaptitude
Le transfert effectif de la connaissance est associé à :
- l’interdépendance ; - la dépendance ;
- l’ouverture ; - transfert de connaissance indésirable ;
- la collaboration étroite ;
- la confiance ;
- la multiplicité des chaînes d’interaction.
Caractéristiques du partenariat fonctionnel :
- un niveau élevé de confiance, - un niveau élevé de prudence, de confiance et
d’engagement et de partage des d’engagement et de partage des
connaissances ; connaissances ;
- interdépendance symétrique élevée ; - interdépendance asymétrique ;
- relations interpersonnelles et collégiales - plus de distance dans les liens
étroites. interpersonnels.
Indicateurs de succès des partenaires :
- résolution harmonieuse et intégrative des - quelques contentieux ;
conflits ; - objectifs atteints ;
- longévité relationnelle. - fin des relations après l’apprentissage.
Adapté de Mohr.J et S.Sengupta (2002) : « Managin the paradox of inter-firm learning : the role of
governance mechanisms », The Journal of Business, vol 17, N°4, pp : 282-301.
223
Carlsson.S (2001) : « Knowledge management in network contexts », 9ème conférence européenne sur les
systèmes d’information, du 27 au 29 juin. http://is.lse.ac.uk/Support/ECIS2001/pdf/060_Carlson.pdf
224
Von Hippel.E (1988): « Sources of innovation », Oxford University Press.
107
inattendus de certaines connaissances et aptitudes. Ce qui provoque la dilution et la
fragilisation de la force compétitive de l’entreprise.
225
Diani.M (2003) : « Économie évolutionniste et culture d’Entreprise », thèse de doctorat en sciences
économiques, l’Université Louis Pasteur – Strasbourg I.
108
conjoint226. Les innovations sont par conséquent très imprégnées par les facteurs de
dépendance de sentier et d’encastrement dans des contextes historiques, culturels et
organisationnels spécifiques.
De même, Powell, Koput et Smith-Doerr (1996), dans une recherche sur la collaboration
interorganisationnelle et les réseaux d’apprentissage dans l’industrie de biotechnologie,
soulignent que l’innovation se localise au sein du réseau d’entreprises et non pas au niveau
de la firme individuelle229. Zollo, Reuer et Singh (2002) ont analysé l’impact des routines
interorganisationnelles sur la performance des alliances stratégiques dans le secteur des
biotechnologies. Ils affirment, en guise de conclusion, que le nombre d’alliances
antérieures de l’entreprise affecte positivement la performance de ses alliances actuelles230.
226
L’exemple de ATT qui s’est trouvée enserrée dans un écheveau de relations interentreprises en raison de
la convergence entre les télécommunications et les ordinateurs.
227
Rothaermel.F et Deeds.D (2004) : « Exploration and exploitation alliances in biotechnology : a system of
new product development », Strategic Management Journal, vol 25, pp.201-221
228
idem, p. 202.
229
Powell.W, Koput.W et Smith-Doerr.L (1996) : « Inter-organizational collaboration and locus of
innovation : networks of learning in biotechnology », Administrative Science Quarterly, vol 41, N°1, pp :
116-145.
230
Reuer.J, Zollo.M et Singh.H (2002b): “Interorganizational routines and performance in strategic
alliances”, Organization Science, vol 13, N° 6, pp: 701-713
109
2.2 La théorie des ressources
L’importance de la théorie des ressources s’est manifestée à travers sa diffusion rapide
dans la littérature en management stratégique. Selon Foss (2001), l’étude et l’analyse de la
soutenabilité231 de l’avantage compétitif a fait l’objet d’une large littérature théorique et
empirique dominée au cours des deux dernières décennies par le courant de la Resource
Based View (désormais RBV) initié au milieu des années 80 par Wernerfelt (1984), Rumelt
(1984) et Barney (1986).
Nous essayons alors de présenter dans un premier temps des éléments généraux sur la
théorie des ressources et puis dans un deuxième temps, nous l’inscrivons dans le cadre
interorganisationnel.
En effet, les ressources acquises sur le marché ne peuvent pas fournir les bases de
l’avantage durable car il serait possible pour tous les concurrents de les acquérir et d’être
dotés, en conséquence, des mêmes ingrédients de l’avantage compétitif. Seul le
portefeuille de ressources que dispose la firme au sein de ses frontières organisationnelles
pourrait créer un avantage compétitif.
L’importance de la notion de ressource a permis une forte prolifération de définitions
parfois divergentes. Dans ce sens, Arrègle et Quélin (2001) affirment qu’il existe une
pléthore de définitions qui ne sont pas toujours cohérentes entre elles232.
231
Traduction du terme anglais ‘sustainability’ utilisé par Arrègle et Quélin 2001, p.274.
232
Arrègle.J-L et Quélin.B (2001) : « L’approche fondée sur les ressources », in « Stratégies : actualités et
futurs de la recherche », sous la coord, A-C.Martinet et R-A.Thiétart, Vuibert, pp.273-288
110
Ainsi, partant de Penrose (1959) qui considère la firme comme une collection de
ressources physiques et humaines, Wernerfelt (1984) propose une définition plus large et
statique de la notion de ressources. C’est « tout ce qui peut être conçu comme une force ou
une faiblesse d’une firme donnée. Plus formellement, les ressources d’une firme à l’instant
« t » peuvent être définies par les actifs tangibles et intangibles associés de manière quasi
permanente à la firme »233.
De façon plus précise, les ressources désignent, au sens de Barney (1991, p.101), « tous les
actifs, les capacités, les processus organisationnels, les attributs de la firme, les
informations, les savoirs…contrôlés par une firme et qui lui permettent de concevoir et de
mettre en œuvre les stratégies susceptibles d’accroître son efficacité et son efficience »234.
Barney définit une ressource comme étant valorisable lorsqu’elle permet de saisir et
d’exploiter les opportunités qui proviennent de son environnement et de neutraliser ses
menaces (ou au moins protéger l’entreprise contre celles-ci). Quant à la rareté des
ressources, il semble qu’il lui attribue un sens purement comptable et quantitatif. Pour lui,
la rareté signifie tout simplement le nombre d’entreprises qui contrôle une ressource
identique.
Par conséquent, les entreprises qui contrôlent des ressources valorisables et rares possèdent
un avantage compétitif et seraient capables d’implémenter des stratégies supérieures par
rapport aux autres concurrents235.
Ces deux critères, malgré leur importance, ne sont pas suffisants pour garantir la durabilité
de l’avantage compétitif. L’adjonction de deux autres critères à savoir l’inimitabilité et la
non substituabilité devient alors cruciale. La première condition consiste à évaluer le
pouvoir et le coût d’imitation ou d’acquisition de ces ressources par les concurrents. La
deuxième examine leur capacité à supplanter la ressource en question par d’autres
233
Cité par Tywoniak.S (1998) : « Le modèle des ressources et des compétences : un nouveau paradigme
pour le management stratégique ? », in Repenser la stratégie (Sous la direction de H.Laroche et J-P.Nioche),
Vuibert, p.170.
234
Cité par Arrègle et Quélin (2001) : op.cit, p.276.
235
Foss.N et Knudsen.T (2000): « The resource-based tangle: towards a sustainable explanation of
competitive advantage », working paper 2000-1, Copenhagen Business School, University of Shouthern
Denmark. http://www.druid.dk/summer2000/Gallery/foss&tknudsen.pdf .
111
ressources. Ces deux dernières conditions orientent la réflexion du stratège vers la
problématique des frontières à l’imitation et à la substitution.
Pour analyser les caractéristiques stratégiques d’une ressource, nous nous référons à Foss
et Knudsen (2000) qui présentent une synthèse des travaux de Barney (1991) et de Peteraf
(1993)236 en les considérant comme des références de base dans la théorie des ressources.
b) Rareté : une ressource est rare lorsque le nombre d’entreprises qui la dispose est limité.
Pour Grant (1991) la rareté est renforcée lorsque la ressource n’est pas unique et sa
transférabilité est incertaine (marchés incomplets ou imparfaits)237.
Même si elles sont nécessaires, ces deux critères de rareté et de valeur ne sont pas
suffisants pour garantir un avantage concurrentiel durable. Les tenants de la théorie des
ressources développent une nouvelle conception des barrières stratégiques et adjoignent
d’autres critères à savoir l’inimitabilité et la non substituabilité :
c) Non imitation (ou encore coûteuse à imiter) : la non imitation fait référence à la
capacité des concurrents d’acquérir ou d’accumuler des ressources avec des attributs et des
niveaux d’attributs similaires aux ressources qui produisent l’avantage compétitif. La
ressource doit être difficilement imitable pour empêcher les concurrents de répliquer la
stratégie.
236
Il s’agit notamment de l’œuvre de Barney.J (1991) : « Firm resources and sustained competitive
advantage », Journal of Management, vol 17, pp.99-120 ; et de celui de Peteraf.M (1993) : « The
cornerstones of competitive advantage : a resource based view », Strategic Management Journal, vol 14,
pp.179-191.
237
Grant.R (1991): op.cit.
112
d) Non substitution (coûteuse à substituer) : la non substitution porte sur la capacité des
concurrent d’accéder aux ressources qui leur permettent d’implémenter les mêmes
stratégies. En d’autres termes, la ressource ne doit pas avoir des substituts aisément
accessibles.
En plus de ces quatre conditions que doit remplir une ressource pour qu’elle soit
stratégique, Peteraf avance deux autres conditions : l’hétérogénéité et la mobilité
imparfaite des ressources :
f) Mobilité imparfaite : elle signifie que la ressource est spécifique à l’entreprise et toute
mobilité d’une entreprise à une autre entraîne une perte de valeur de celle-ci.
Cette thèse est pléonastique car les ressources ne peuvent avoir de la valeur sauf si elles
sont rares et la rareté fait leur valeur. De sa part, Peteraf insiste sur le lien entre
l’hétérogénéité des ressources et celle des revenus. Or, ce qui importe est la distinction
entre homogénéité et hétérogénéité.
238
Williamson.O (1999): “Strategy research: governance and competence perspective”, Strategic
Management Journal, vol 20, N°12, pp: 1087-1108.
113
2.2.2 La coopération interorganisationnelle au regard de la théorie des ressources
Notre objectif ici est de mettre en exergue l’apport de la théorie des ressources à la
recherche sur la coopération. Pour ce faire, nous partons de l’idée selon laquelle les
ressources critiques de l’entreprise peuvent être ancrées en dehors des frontières
organisationnelles dans les relations et les routines interentreprises239.
Cet apport pourrait être évalué selon deux visions différentes mais complémentaires. La
première considère la recherche de ressources stratégiques comme étant un antécédent
explicatif de la formation des relations des coopérations. La deuxième insiste sur le rôle de
certaines ressources spécifiques qui conditionnent la réussite de ces relations.
L’accès aux ressources est un déterminant qui a été largement discuté dans la théorie de
dépendance des ressources et dans la RBV. Selon ces théories, l’incertitude et la difficulté
de générer toutes les ressources au sein de l’organisation sont les deux principaux
arguments qui expliquent l’entrée des entreprises dans des réseaux de coopération. L’accès
via les coopérations engendre des situations d’interdépendance entre les organisations.
Pour Keil (2000), les arguments avancés par la théorie de dépendance des ressources sont
réactifs. La théorie des ressources apporte des dimensions proactives. Les entreprises
coopèrent pour deux raisons essentielles : la première est relative à la position stratégique
239
Dyer.J-H et Singh.H (1998) : « The relational view : cooperative strategy and sources of
interorganizational competitive advantage », The Academy of Management Review, vol 23, N°4, pp.660-
679.
240
Keil.T (2000) : « Strategic alliances : a review of the state of the art », Helsinki University of Technology
Institute of Strategy and International Business, Working Paper Series 2000 -10, disponible en ligne :
241
Par incomplétude des ressources nous entendons les situations dans lesquelles les entreprises ne peuvent
pas maîtriser toutes les ressources fondamentales à la formation de l’avantage compétitif. Nous proposons
cette expression par analogie à celle d’ « incomplétude des contrats » développée par les théories
contractuelles.
114
vulnérable des entreprises et leur besoin en ressources. La seconde est la recherche de
synergies et de complémentarités qui génèrent la valeur. Cette dernière situation peut être
illustrée par les accords de coopération entre les PME qui disposent des avantages de
flexibilité et d’agilité dans les activités innovatrices et les grandes entreprises dont les
ressources sont en quantités abondantes. Ces accords de coopération permettent aux PME
d’accéder à certains actifs complémentaires et stratégiques car ils sont nécessaires pour la
commercialisation de leurs innovations.
Selon l’auteur, « A firm’s inducements to form linkages can be related to its need for
resources. Through interfirm linkages firms can obtain access to assets that create value,
are not available for purchase in factor markets, and require time to built up. By
collaborating with firms that have developped stocks of the relevant assets, and sharing
those existing assets, firms can resolve the problem of accumulation of assets across time
(…). Thus, if a firm lacks competitive resources, it can use interfirm linkages to overcome
this deficiency. The greater the firm’s competitive resource deficiency and need to obtain
the relevant resources, the greater its inducements to form linkages. A firm’s linkage-
formation opportunities are also likely to be related to its possession of resources. The
number of potential partners that are willing to link with a firm is a function of the firm’s
attractiveness to other firms. A firm’s attractiveness to potential partners in turn depends
on the value that it cana dd to them. Yhe most value that firm can provide to its partners
will occur when a firm can make available assets that are difficult for the partners to
create on their own or obtain profitability from factor markets, (…). The greater a firm’s
stock of resources, the greater the firm’s attractiveness to partners, the greater the firm’s
collaboration opportunities »242.
242
Ahuja.G (2000) : « The duality of collaboration : inducements and opportunities in the formation of
interfirm linkages », Strategic Management Journal, vol 21, N°3, p.319.
115
2.2.2.2 Le réseau de coopération comme une configuration de ressources
Selon la théorie des ressources, les sources potentielles de l’avantage des entreprises
résident dans leur structure interne. Les chercheurs accordent une attention particulière à la
rareté, la valeur, l’hétérogénéité et l’inimitabilité des ressources. Les processus de création
de valeur et de génération de celles-ci ont fait l’objet de peu de recherches243.
Selon Gulati, le réseau fournit les ressources tangibles et intangibles qui permettent d’agir
rapidement par rapport aux concurrents244. La nature spécifique et invisible des liens
renforce l’inimitabilité de la structure du réseau et facilite le transfert d’expérience et de
connaissances implicites.
Dans ce même ordre d’idée, Kogut (2000) considère le réseau comme une source de
connaissance245. C’est une structure de gouvernance qui permet de réconcilier entre la
spécialisation et la variété et assure par conséquent l’équilibre du dilemme de March entre
exploration et exploitation.
243
Gulati.R, Nohria.N et Zaheer.A (2000): “Strategic networks”, Strategic Management Journal, vol 21.
244
Gulati.R (1999): « Network location and learning: the influence of network resources and firm
capabilities on alliance formation », Strategic Management Journal, vol 20, N°5, pp : 397-420.
245
Kogut.B (2000) : « The network as knowledge : generative rules and the emergence of structure »,
Strategic Management Journal, vol 21, N°3, pp : 405-425
116
b) L’appartenance au réseau comme ressource : selon les auteurs, l’appartenance de
l’entreprise à son réseau est presque idiosyncrasique. Cet aspect est difficilement imitable
par d’autres entreprises. Pour celles qui ne participent pas au réseau, celui-ci ne fournit
pas d’information et de ressources. Il les laisse en dehors de sa configuration
idiosyncrasique et des nouvelles opportunités offertes.
L’exemple de Westney (1993), sur l’inefficacité des filiales R&D des entreprises
américaines qui regardaient leurs homologues japonaises, est repris par Gulati et al (2000).
La nature des relations de ces dernières avec les fournisseurs et les consommateurs laisse
les firmes américaines en dehors du réseau. La recommandation faite par Westney est de
chercher un accord de coopération avec une entreprise japonaise pour faire partie du
réseau.
c) La nature des relations comme ressource : la nature des relations dans lesquelles
l’entreprise est ancrée peut être coopérative ou opportuniste, simple ou multiplexe, faible
ou forte. Cette nature affecte son comportement stratégique et sa performance. Certaines
relations peuvent être faciles à observer mais difficiles à imiter du fait de l’histoire de la
firme, de son poids dans le réseau, de sa réputation et de la confiance qu’elle a cumulée.
Ceci est illustré par Dyer et Nobeoka (2000) dans le réseau de fournisseurs de Toyota. La
confiance et les incitations utilisées par Toyota sont les facteurs déterminants du partage de
connaissances et de la performance de l’entreprise et de ses fournisseurs246.
Finalement, les entreprises ne peuvent pas maîtriser toutes les ressources et disposer de
toutes les informations nécessaires pour la prise de décision stratégique. Elles développent
des relations de coopération avec les différents acteurs de l’environnement. Ces
coopérations génèrent des rentes relationnelles telles que le partage des routines, des
dotations complémentaires en ressources….
Après avoir présenté l’apport de la théorie des ressources aux réseaux de coopération, nous
nous interrogeons à présent sur la pertinence de cette théorie pour étudier l’innovation.
246
Dyer.J-H et Noboeka.K (2000): « Creating and managing a high performance knowledge-sharing
network: the toyota case », Strategic Management Journal, vol 21.
117
2.2.3 La théorie des ressources et l’innovation
Si la théorie des ressources est à l’origine une théorie endogène, quelle relation pourrait-
on établir avec l’innovation ? Pour Kostopoulos et al, l’une des questions de recherche les
plus importantes en stratégie est la relation entre l’innovation, les caractéristiques
structurelles de l’entreprise et son environnement industriel247.
Récemment, des recherches ont mis l’accent sur les ressources intangibles plutôt que sur
les ressources tangibles. Celles-ci sont importantes de point de vue stratégique car elles
sont rares, difficiles à imiter ou à substituer. Cette importance de plus en plus grandissante
a permis l’émergence des théories de la gestion des connaissances comme une extension
de la théorie des ressources. L’entreprise est alors considérée comme une base de
connaissances tacites ou explicites qui représente une source potentielle de l’avantage
stratégique.
De façon globale, la théorie des ressources offre une nouvelle perspective pour étudier
l’innovation. Kostopoulos et al (2002) résument la contribution de cette théorie à
l’innovation de la façon suivante :
247
Kostopoulos.K, Spanos.Y et Prastacos.G (2002) : « The resource based view of the firm and innovation”, en ligne:
http://www.sses.com/public/events/euram/complete_tracks/managing_innovation_opportunity/kostopoulos_spanos_prast
acos.pdf
118
c) L’hétérogénéité des ressources offre à l’entreprise l’opportunité de produire un nouveau
produit avec une forte valeur sur le marché. Ce qui constitue une motivation pour déployer
de nouveaux efforts d’innovation et contribue alors à un avantage durable par rapport aux
concurrents.
Au total, le recours à la coopération est dicté par les impératifs de l’innovation pour
pouvoir affronter le nouveau paysage hyper-compétitif. En effet, il se trouve que certaines
entreprises ne disposent pas de toutes les ressources nécessaires à l’innovation au sein de
leurs frontières organisationnelles. La formation des réseaux coopératifs est considérée
comme une solution stratégique à cette problématique. Cependant, l’entrée dans un réseau
n’implique pas forcément que l’entreprise est innovatrice. Pour pouvoir innover, elle doit
être dotée de capacités dynamiques organisationnelles et relationnelles.
Or, la plupart des recherches qui relèvent du paradigme des forces compétitives et des
stratégies conflictuelles s’efforcent d’analyser la hauteur des barrières à l’entrée pour
évaluer la capacité protectrice des avantages acquis.
La théorie des capacités dynamiques est une théorie endogène car elle considère, à l’instar
de la théorie des ressources, la structure interne comme étant une source de l’avantage
compétitif. Elle s’inscrit dans l’approche de l’innovation basée sur la compétition de
248
Teece.D, G.Pisano et Shuen.A (1997) : « Dynamic capabilities and strategic management », Strategic
Management Journal, vol 18, N°7, pp.509-533.
119
Schumpeter (1942) et celle des ressources de Penrose (1959). De ce fait, elle partage le
même arbre généalogique avec la théorie des ressources, la théorie évolutionniste et la
théorie des compétences distinctives249.
Nous essayons de présenter la théorie des capacités dynamiques par rapport aux autres
branches de l’approche fondée sur les ressources pour éviter les risques de tautologie.
L’apport de la théorie à notre sujet de recherche sera présenté ultérieurement.
La théorie des capacités dynamiques représente alors une sorte d’extension de la théorie
des ressources aux dynamiques du marché. L’entreprise la plus compétitive est alors celle
qui est capable de répondre rapidement et de façon personnalisée aux besoins d’un marché
de plus en plus global et évolutif.
249
Koenig.G (coordination) (1999) : « De nouvelles théories pour gérer l’entreprise du 21ème siècle »,
Economica, p.200.
250
Porter.M (1980) : « Choix stratégiques et concurrence : techniques d’analyse des secteurs et de la
concurrence dans l’industrie », Economica.
251
Selon Eisenhardt.K et Martin.J (2000), « RBV breaks down in high-velocity markets, where the strategic
challenge is maintaining competitive advantage when the duration of that advantage is inherently
unpredictable, where time is an essential aspect of strategy, and the dynamic capabilities that drive
competitive advantage are themselves unstable processes that are challenging to sustain », Eisenhardt.K et
Martin.J (2000) : « Dynamic capabilities : what they are ? », Strategic Management Journal, vol 21, N°
10/11, p.1106
120
L’organisation interne de l’entreprise et sa capacité de coordination et de redéploiement
des compétences et des ressources internes et externes en sont les principaux déterminants.
En d’autres termes, il ne suffit pas d’accumuler un stock de ressources humaines,
financières et technologiques pour pouvoir parler de l’avantage compétitif des entreprises.
Ces ressources n’ont aucun apport si l’organisation ne dispose pas de capacités de
coordination, d’intégration, de transformation et d’évolution selon une trajectoire bien
déterminée.
Cette habilité à réaliser de nouvelles formes d’avantage compétitif est conceptualisée par
Teece et al (1997) sous le vocable de « dynamic capabilities » que nous traduisons en
français par le concept de « capacités dynamiques ».
Le terme capacité met l’accent sur le rôle du management stratégique dans le processus
d’adaptation, d’intégration et de reconfiguration des compétences et des ressources
internes et externes pour faire face aux exigences des changements environnementaux.
Quand au terme dynamique, il se réfère aux aptitudes de renouvellement des compétences
congruentes avec ces changements252.
Selon ces auteurs, la notion de capacités dynamiques est tridimensionnelle. Elle est définie
par les processus managériaux et organisationnels, les positions de la firme et ses paths.
Les processus253 assurent trois rôles essentiels : l’intégration et la coordination,
l’apprentissage et la reconfiguration :
252
Teece.D, PisanoG. et Shuen.A (1997), op.cit, p. 515. Selon ces auteurs (p.519) « [We] define dynamic
capabilities as the firm’s ability to integrate, build, and reconfigure internal and external competences to
adress rapidly changing environnments. Dynamic capabilies thus reflect an organization’s ability to achieve
new and innovative forms of competitive advantage given path dependencies and market positions ».
253
Nous nous limitons aux processus organisationnels et managériaux car nous pensons que la position de la
firme relève d’une autre variable que nous intitulons capacité relationnelle dont les assises théoriques seront
discutées au niveau de la 3ème section de ce chapitre.
121
significatif sur les coûts et les délais de développement ainsi que sur la qualité des
produits développés. La coordination et l’intégration doivent être entendues ici dans le
sens de congruence et de complémentarités des processus.
Mais ils remettent en cause les postulats de base de la théorie des ressources selon lesquels
les capacités doivent être tacites et idiosyncrasiques. Selon Eisenhardt et Martin (2000), les
capacités de la firme peuvent être des processus spécifiques et identifiables. Ce qui
contredit l’hypothèse d’hétérogénéité des ressources des firmes.
254
Hamel.G (1991) : « Competition for competence and inter-partner learning within international strategic
alliances », Strategic Management Journal, vol 12, special issue, pp : 83-103.
Doz.Y (1996) : « The evolution of cooperation in strategic alliances : initial conditions or learning
processes », Strategic Management Journal, vol 17, pp.55-83.
255
Eisenhardt.K et Martin.J (2000), op.cit.
122
Les capacités dynamiques peuvent être définies par les stratégies et les processus
organisationnels de la firme - tels que les processus de développement des produits, les
processus de prise de décision, les stratégies d’alliances – qui contribuent au processus
global de création de valeur. Elles se caractérisent par un niveau élevé d’équifinalité,
d’homogénéité et de substituabilité par rapport à la théorie des ressources.
Les recherches empiriques sur l’innovation dans l’industrie japonaise montrent que les
équipes inter-fonctionnelles conditionnent la performance du développement de nouveaux
produits. C’est le cas aussi des processus de prise de décision qui combinent les
compétences fonctionnelles et personnelles pour faire des choix stratégiques. La deuxième
catégorie s’intéresse à la reconfiguration de la base des ressources de l’entreprise. Les
processus de transfert par les mécanismes de reproduction et de négociation sont utilisés
pour copier et recombiner les ressources. Enfin la troisième catégorie est relative à la
libération des ressources. Il s’agit notamment des stratégies de coopération qui apportent
des ressources externes.
a) La théorie des capacités dynamiques est une extension de la théorie des ressources.
Cette dernière reste implicite sur les mécanismes par lesquels les ressources sont
transformées et contribuent à la création et au renouvellement de l’avantage compétitif.
Les ressources forment la base de la création de la valeur et les capacités dynamiques
constituent les antécédents organisationnels par lesquels les managers changent, acquièrent
et détruisent, intègrent et recombinent ces ressources dans le but de générer la valeur.
123
b) Les principales capacités dynamiques sont celles de l’intégration et de la
reconfiguration. Ces deux capacités sont illustrées dans Eisenhardt et Martin (2000,
p.1107) par des exemples pratiques. Certaines capacités intègrent des ressources. C’est le
cas des routines de développement des produits qui sont des mécanismes par lesquels les
managers combinent les différentes aptitudes fonctionnelles pour produire de nouveaux
attributs de produits et de services.
c) Les capacités sont des processus et des routines incarnés dans l’organisation des
entreprises.
En effet, l’idée maîtresse de la théorie des capacités dynamiques réside dans l’importance
des processus d’intégration, de reconfiguration, de renouvellement et de transfert des
ressources de l’entreprise. La dimension réticulaire n’a pas pris sa place dans le
raisonnement des concepteurs de la théorie en dépit de certains renvois à l’exploitation des
ressources externes et à l’importance des alliances et l’acquisition des routines dans le
renouvellement de la base des ressources256.
Récemment, certains auteurs ont tenté d’établir des liens entre les notions de théorie du
réseau et celles de théorie des capacités dynamiques. L’objectif est d’identifier les
capacités de base dont le management des réseaux a besoin257. Moller et al (2004) partent
de ce qu’ils appellent le système de valeur - c'est-à-dire les relations de l’entreprise avec
ses fournisseurs et ses clients, les réseaux de distribution, les réseaux de R&D et les
coalitions avec les concurrents – pour comprendre les challenges managériaux du réseau.
256
« They [capabilities] also include alliance and acquisition routines that bring new resources into the firm
from external sources », Eisenhardt et Martin 2000, op.cit, p.1108
257
Moller.K, Svahn.S et Rajala.A (2004) : « Network management : a critical capability in dynamic
economy », working paper http://130.195.95.71:8081/www/MollerSvahnRajala.pdf
124
Tableau 10 : Essai de synthèse des travaux relevant de l’approche des ressources
125
Ce réseau se base sur l’idée selon laquelle la valeur d’un bien ou d’un service nécessite
l’intervention d’un certain nombre d’acteurs. La création de valeur embrasse, alors,
plusieurs entreprises et les mettent en capsule pour former un réseau de valeur. Pour
Moller et al (2004), le management du réseau doit se faire dans une perspective de
capacités dynamiques. Ils proposent, alors, d’étendre cette théorie au réseau
interorganisationnel pour introduire dans la littérature managériale la notion de capacités
du réseau.
Pour créer la valeur, notion que l’on assimile de façon claire à l’innovation, dans un
contexte caractérisé par la complexité et la forte vélocité des marchés, l’entreprise doit être
dotée d’un certain nombre de capacités, autres que celles traditionnelles de production, de
livraison et de perfectionnement. La diversité des capacités nécessaires pour la création de
la valeur dépend du niveau de complexité.
En conclusion de cette deuxième section, rappelons que notre objectif était de situer notre
sujet sur la coopération interorganisationnelle et leur apport à l’innovation dans le cadre de
l’approche fondée sur les ressources et ce, dans le but d’un essai de synthèse des différents
travaux qui relèvent de celle-ci.
Nous sommes parties de la présentation faite par Koenig (1999), reprise par Arrègle et
Quélin (2001), des courants qui composent l’approche des ressources pour pouvoir relever
les contributions de chacun de ceux-ci. En effet, contrairement à la perspective statique de
l’approche transactionnelle qui met de l’économie des coûts de transaction et de
production son objectif sacré, les théories qui relèvent de la RBV s’inscrivent dans une
perspective dynamique et évolutive de la création de valeur. Nous avons décidé de nous
intéresser à l’innovation du fait de l’importance de celle-ci comme levier de création de
valeur. Cette importance est d’autant plus élevée que la taille de l’entreprise est petite.
Cependant, le partage d’une même généalogie des différents courants théoriques implique
des difficultés de dissociation aussi bien sur le plan théorique que sur le plan des apports à
la recherche. Les auteurs mobilisent l’ensemble des courants de façon simultanée pour
étudier et analyser le phénomène de coopération.
126
Section 3 : La théorie des réseaux sociaux : un ancrage sur l’encastrement
Plusieurs recherches théoriques et empiriques récentes ont révélés l’importance des
structures sociales dans la génération des revenus économiques258. Ces recherches mettent
en valeur l’éclairage que permet la théorie des réseaux sociaux dans la compréhension des
stratégies de coopération. L’entreprise est considérée comme étant un acteur social dont
l’action économique est encastrée dans un réseau de relations sociales porteur de
ressources et d’opportunités.
Dans cette section, il convient de se livrer à une analyse précise dont l’objectif est de
montrer dans quelle mesure la théorie des réseaux sociaux contribue à l’étude de la
coopération interorganisationnelle et stimule le transfert des connaissances. Pour ce faire,
nous nous appuierons essentiellement sur les travaux fondateurs de Mark Granovetter
(1973, 1985)259 et de Ronald Burt (2000)260.
Depuis lors, ces apports sont restés lettre morte jusqu'à 1985 date de la publication par
Granovetter d’un article dans l’American Journal of Sociology sous le titre : « Economic
action and social structure : the problem of embeddedness ». Cet article ravive et prolonge
258
Granovetter.M (2005): “The impact of social structure on economic outcomes”, Journal of Economic
Perspectives, vol 19, N°1, pp: 33-50.
Chabaud.D et Ngijol.J (2005) : « La contribution de la théorie des réseaux sociaux à la reconnaissance des
opportunités de marché », Revue Internationale PME, vol 18, N°1, pp.29-46.
Burt.R (2003): “Structural holes and good ideas”, à paraître dans the American Journal of Sociology,
disponible en ligne: http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
259
Les travaux de recherche de Mark Granovetter sont téléchargeables du site web :
www.stanford.edu/dept/soc/people/faculty/granovetter/granovet.html
260
Les travaux de recherche de Ronald Burt sont téléchargeables du site web :
http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
261
Dans son ouvrage, The great transformation : the political and economic origins of our time ([1944]
1983) et dans ses articles The Economy as instituted process ([1957]1975) et Our obsolete mentality (1947)
(références citées par Plociniczak 2002, p.4)
127
la pensée de Polanyi dans la société moderne. Il constitue le pilier de la nouvelle sociologie
économique.
C’est dans ce cadre historique que s’inscrit la notion d’encastrement développée par
Granovetter. L’encastrement cherche à savoir comment les acteurs utilisent leurs relations
sociales pour mobiliser et créer les ressources. Il s’interroge aussi sur la façon dont les
mécanismes de la structure sociale influencent le processus d’acquisition et
d’appropriation des ressources. Il se présente alors comme une contextualisation sociale de
l’action économique dans la mesure où l’action des acteurs dépend de leurs réseaux de
relations sociales.
Les travaux de Granovetter, notamment ses œuvres de 1973 et 1985, constituent le point
de départ de nombreuses recherches qui traitent les réseaux de coopération. Celles-ci
distinguent généralement deux formes d’encastrement : relationnel et structural.
Ces deux formes sont définies par Gulati de la façon suivante : “The first emphasizes the
differential informational advantages bestowed by social networks, while the second
highlights the control benefits actors can generate by being advantageously positioned
262
A ce titre on peut citer les travaux de :
- Gulati.R et Gargiulo.M (1999): “Where do interorganizational networks come from?”American Journal
of Sociology, vol 104, pp.1439-1493.
- Uzzi.B et Lancaster.R (2003): “Relational embeddedness and learning: the case of bank loan managers
and their clients”, Management Science, vol49, N°4, pp.383-399.
- Borgatti.S et Cross.R (2003): “A relational view of information seeking and learning in social
networks”, Management Science, vol 49, N°4, pp: 432, 445
128
within a social network (…). Relational embeddedness or cohesion perspectives on
networks stress the role of direct cohesive ties as a mechanism for gaining-fine grained
information. Actors who share direct connections with each other are likely to possess
more common information and knowledge of each other. Structural embeddedness or
positional perspectives on networks go beyond the immediate ties of firms and emphasize
the informational value of the structural position these partners occupy in the network”.263
Bien que cette forme permette d’éliminer l’atomicité des acteurs, elle risque cependant
d’amener à une atomicité des relations prises au niveau dyadique. Par conséquent, elle ne
permet pas de porter un regard global sur la façon dont les relations sont encastrées au sein
des structures et des réseaux plus larges.
Ces deux approches sont, selon Gulati (1998), distinctes mais interdépendantes. En effet, si
les liens forts, considérés comme l’une des principales caractéristiques de l’encastrement
relationnel, sont associés à la confiance et à l’échange d’information au grain fin entre les
partenaires pour certains chercheurs264, les liens faibles, caractéristique de l’encastrement
263
Gulati.R (1998): “Alliances and networks”, Strategic Management Journal, vol 19, N°4, pp: 293-317,
p.296.
264
Uzzi.B (1997): “Social structure and competition in interfirm networks: the paradox of embeddedness”,
Administrative Science Quarterly, vol 42, N°1.
129
structural, génèrent des informations nouvelles pour d’autres265. Un débat similaire
pourrait être constaté entre Coleman et Burt266. Le premier insiste sur l’importance de la
densité du réseau dans la promotion de la confiance et de la coopération entre les
partenaires. Tandis que le second développe le concept de trou structural pour affirmer que
l’entreprise encastrée dans un réseau faiblement connecté profite de l’efficience et des
commissions de courtage et d’intermédiation. Ces bénéfices dépendent de sa capacité
d’arbitrage pour échanger les informations non redondantes.
Malgré ces divergences, des efforts de réconciliation des deux perspectives ont été
déployés. C’est dans ce cadre que s’inscrit la recherche de Rowley, Behrens et Krackhardt
(2000) sur l’analyse de l’encastrement relationnel et structurel. Les auteurs examinent
l’impact de l’interaction des facteurs structurels et relationnels sur la performance.
Sur un autre plan, Baum et Ingram (2000) utilisent le concept de l’encastrement pour
élaborer une théorie comportementale de l’interfirme (behavioral theory of the
interfirm)267. Le réseau interorganisationnel est un arrangement institutionnel, qui permet
de gérer les interdépendances entre les organisations et l’incertitude de l’environnement.
La première question soulevée par les auteurs porte sur les facteurs de formation des
réseaux ; d’où viennent-ils ?268
265
Granovetter.M (1973): “The strength of weak ties” American Journal of Sociology, vol 78, N°6, pp:
1360-1380; Granovetter.M (1985): “Economic action and social structure: the problem of embeddedness”,
American Journal of Sociology, vol 91, N°, 3, pp: 481-510; Granovetter.M (2005): “The impact of social
structure on economic outcomes”, Journal of Economic Perspectives, vol 19, N°1, pp: 33-50
266
Cité par Rowley.T, Behrens.D et Krackhardt.D (2000): “Redundant governance structures: an analysis of
structural and relational embeddedness in the steel and semiconductor industries”, Strategic Management
Journal, vol 21, N°3, pp: 369-386.
267
Baum.J et Ingram.P (2000) : « Interorganizational learning and network organization : toward a
behavioral theory of the interfirm », disponible en ligne : http://www.rotman.utoronto.ca/bicpapers.
268
Gulati.R et Gargiulo.M (1999): “Where do interorganizational networks come from?”American Journal
of Sociology, vol 104, pp.1439-1493.
130
Plusieurs mécanismes, tels que la confiance, l’échange d’information riche ou
précompétitive sont mis en place pour réduire les coûts de recherche d’information et les
risques d’opportunisme. Au niveau du réseau de coopération, la dynamique entre l’action
organisationnelle encastrée et la structure du réseau résulte du fait que l’action découle
d’une différentiation structurale progressive. Celle-ci se réfère à l’impact de la position
occupée par la firme dans la structure du réseau sur ses décisions de coopération et son
accès à l’information et aux ressources.
269
Granovetter.M (2005) : « The impact of social structure on economic outcomes », Journal of Economic
Perspectives, vol 19, N°1, pp : 33-50.
131
La performance économique (economic outcomes) se manifeste, selon Granovetter, à
travers quatre principales dimensions : le marché de l’emploi, la détermination des prix, la
productivité et l’innovation. C’est cette dernière dimension qui nous intéresse ici.
Pour analyser cet impact, Granovetter met en place quatre principes qui sont importants
mais non exhaustifs270. Nous présentons respectivement les normes et la densité du réseau,
la force des liens faibles, l’importance des trous structuraux et l’interpénétration de l’action
économique et non économique.
b) La mutualité : d’abord, les membres du réseau doivent agir dans l’intérêt du bien-être
mutuel. Ensuite, ils doivent partager équitablement les bénéfices et les charges ou les
risques. L’équité et l’efficience sont interdépendantes et constituent le noyau dur du
processus de développement des relations coopératives entre les organisations272. La
mutualité implique alors l’engagement des entreprises dans des relations partenariales en
vue de créer un surplus global partagé ensuite de façon équitable entre les membres du
réseau.
270
Granovetter.M (2005) : op.cit, p.34.
271
Achrol.R (1997): « Changes in the theory of interorganizational relations in marketing : toward a
network paradigm », Academy of Marketing Science Journal, vol 25, N°25, pp : 56-71, p.66
272
Ring.P et Van De Ven.A (1994): “Developmental processes of cooperative interorganizational
relationships”, The academy of Management Review, vol 19, N°1, pp: 90-118, p.97.
132
c) La flexibilité : pour faire face aux changements de l’environnement et à l’incomplétude
des contrats due essentiellement à la rationalité limitée, le réseau relationnel présuppose
certaines adaptations au fur et à mesure du déroulement de la transaction ou de l’exécution
du contrat. Ces adaptations portent sur les pratiques, les politiques, les rôles et les
fonctions des membres du réseau.
Selon Rowley et al (2000), l’examen de la littérature montre que les liens forts offrent deux
avantages essentiels aux organisations : le premier est relatif à l’échange d’information au
273
Mohr.J et Spekman.R (1994): “Characteristics of partnership success: partnership attributes,
communication behaviour, and conflict resolution techniques”, Strategic Management Journal, vol 15, N°2,
pp: 135-152
274
Granovetter.M (1973) : op.cit.
275
“The strenght of tie is a (probably linear) combination of the amount of time, the emotional intensity, the
intimacy (mutual confiding), and the reciprocal services which characterize the tie », Granovetter.M (1973) :
op.cit, p. 1361, traduit par, Chollet.B (2002) : « L’analyse des réseaux sociaux : quelles implications pour le
champ de l’entrepreneuriat », 6ème Congrès International Francophone sur la PME – Octobre 2002 – HEC -
Montréal, disponible en ligne : http://www.hec.ca/airepme/pdf/2002/147FA%20-
%20Barth%E9lemy%20Chollet.pdf, p.3.
133
grain fin et au transfert de connaissances tacites. Le second est relatif au fait que les liens
forts servent comme un des mécanismes de contrôle social qui gouvernent les réseaux
d’entreprises276.
Si les liens faibles sont souvent considérés comme des générateurs de l’éloignement, ils
sont cependant dans la conception de Granovetter indispensables pour accéder aux
informations nouvelles et détecter l’opportunité ainsi que l’intégration de l’acteur dans
la communauté. Les liens faibles permettent d’accéder et de transmettre les informations
nouvelles d’un réseau à un autre.
Les personnes qui évoluent dans une même communauté possèdent à peu près les mêmes
informations et suivent des trajectoires similaires. L’information qui circule entre
personnes proches reliées par des liens forts est redondante. La force du lien faible réside
dans sa capacité à construire des ‘bridges’ entre les différents réseaux pour pouvoir
accéder à des connaissances nouvelles et détecter l’opportunité d’entreprendre et
d’innovation277.
Cette notion de lien faible a été reformulée par Burt en introduisant le concept de trou
structurel (structural hole)278. Pour Burt, la nature forte ou faible des liens importe peu. Par
contre, c’est la façon dont le fossé entre les différents réseaux est comblé qui intéresse plus
le chercheur. Il met l’accent sur l’avantage stratégique en termes d’information et de
ressources nouvelles dont jouit l’acteur qui fait l’intermédiaire entre les différents réseaux
éloignés en construisant des ponts.
En se basant sur les travaux de Burt, Chabaud et Ngijol (2005) soulignent deux aspects
essentiels qui ressortent de la notion de trou structurel :
a) D’une part, « les individus qui vivent à une intersection de mondes sociaux ont plus de
chances d’avoir de bonnes idées » (Burt 2002, p.1). Dans la logique de Burt, en étant en
276
Rowley.T, D.Behrens et D.Krackhardt (2000) : op.cit.
277
Chabaud.D et Ngijol.J (2005) : « La contribution de la théorie des réseaux sociaux à la reconnaissance
des opportunités de marché », Revue Internationale PME, vol 18, N°1, pp.29-46.
278
Burt.R (2000) : « Structural holes versus network closure as social capital », disponible en ligne:
http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
Burt.R (2003): “Structural holes and good ideas”, à paraître dans the American Journal of Sociology,
disponible en ligne: http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
134
contact avec des réseaux distincts, l’individu est confronté à des façons de voir différentes,
il a connaissance des manques des différents réseaux, ce qui lui permet d’être en position
idéale pour innover.
b) D’autre part, cette innovation est valorisable car l’entrepreneur, par sa position, perçoit
avant les autres l’intérêt d’une intermédiation. Dans la vision de Burt, la position de « go-
between » permet à l’entrepreneur de retirer de la valeur de son rôle d’intermédiaire, qu’il
s’agisse de bénéfices informationnels (accès à une information non perçue par les
membres des réseaux, perception de sa valeur) et des bénéfices liés à un meilleur contrôle
de l’information.
Combinaison et Création de
Capital social échange du capital nouvelles
intellectuel connaissances
Selon les auteurs, le capital social se caractérise par trois dimensions essentielles :
structurelle, cognitive et relationnelle.
279
Arrègle.J-L, Durand.R et Very.P (2004) : « Origines du capital social et avantages concurrentiels des
firmes familiales », M@na@gement, vol 7, N°1, pp : 13-36, disponible sur Internet :
www.dmsp.dauphine.fr/Management/, p.17.
280
Nahapiet et Ghoshal 1998, p.251, cités par Paturel, Richomme-Huet et De Freyman 2005, p.07.
135
- La dimension structurelle fait référence à la position de l’acteur dans son réseau, à la
densité et à la connectivité entre les acteurs. Ceci donne à l’entreprise la possibilité d’accès
aux connaissances et aux compétences des autres membres afin de pouvoir combiner et
échanger les connaissances existantes.
La distinction de ces trois dimensions ne doit pas passer sous silence leur interdépendance
riche en enseignements et conclusions. En effet, la dimension structurelle du capital social
véhicule une autre dimension politique, à savoir le pouvoir et les rapports de force qui
peuvent être observés. Le pouvoir d’un membre du réseau dépend de sa position et du
caractère stratégique des connaissances qu’il détient. Le transfert de celles-ci d’un acteur à
un autre dépend du degré de confiance qui règne et gouverne les interactions inter-
entreprises. Cette dernière variable représente un véritable lubrifiant pour le transfert des
connaissances et plus particulièrement celles qui sont difficilement transmissibles (les
connaissances tacites).
Faire confiance ; c’est accepter d’être dans une situation de vulnérabilité dans des
conditions de risque et d’incertitude. La confiance n’est pas un comportement, comme
chez Williamson, mais un état psychologique causé par les relations entre les acteurs et
résultant de leurs interactions.
136
Tableau 11 : Essai de synthèse des travaux relevant de l’approche des réseaux sociaux
Validation
Auteurs Principales contributions
empirique
Rowley.T, Analyse Contrairement à la littérature qui traite l’encastrement relationnel (relations
D.Behrens documentaire des faibles ou relations fortes) et l’encastrement structural (structure
et rapports industriels relationnelle dense ou structure relationnelle légère) comme deux variables
D.Krackhar sur la période de indépendantes, les auteurs considèrent que l’interaction et la prise en
dt (2000) 1990-1994. compte simultanément de ces deux catégories de facteurs peuvent être
L’industrie considérées comme une importante exploration de l’impact du réseau social
sidérurgique et sur la performance de l’entreprise.
l’industrie des De façon précise, les analyses empiriques concluent que les liens forts dans
semi-conducteurs des industries fortement interconnectées impactent négativement la
performance de l’entreprise.
Gulati Absence de Il introduit la perspective du réseau social dans la recherche sur les
(1998) validation stratégies d’alliance pour pouvoir examiner les paramètres suivants: la
empirique formation des alliances, le choix de la structure de gouvernance, l’évolution
dynamique des alliances, la performance des alliances se ses conséquences
sur les entreprises qui entrent dans des alliances.
Le réseau social n’influence pas seulement la création de nouvelles
relations mais aussi leur design, leur évolution et succès.
Uzzi (1997) Etudes Cette recherche offre une explication à la relation entre la structure sociale,
ethnographiques le micro-comportement du processus de prise de décision et des
conduites dans 23 performances dans le contexte du réseau organisationnel.
PME L’encastrement est une logique d’échange qui promeut l’économie du
temps et les réseaux d’accords interentreprises. Il analyse les propriétés de
l’encastrement relationnel et montre comment elles contribuent à la
création des avantages compétitifs pour l’entreprise et le réseau
d’entreprises. La confiance joue un rôle de premier ordre dans la structure
de gouvernance. Le risque calculé et le système de contrôle viennent en
deuxième ordre.
BarNir et Echantillon de 149 Le réseau social des cadres supérieur d’une entreprise facilite
Smith petites entreprises l’établissement des alliances de celle-ci avec d’autres entreprises. Il
(2002) industrielles au compense le manque de ressources dont est caractérisée la PME car il
nord des Etats- constitue en lui-même une forme de ressource.
Unis. Le réseau social d’un individu dans une PME (cadre supérieur) explique
11%-12% de la variance dans la coopération interfirmes. Ces résultats
soutiennent l’idée de Granovetter (1985) sur l’importance de
l’encastrement social dans l’analyse de l’activité économique.
Carson Echantillon de 129 La capacité de possession de l’information est un facteur de contingence de
Madhok, entreprises l’impact de la gouvernance à base de confiance des relations
Varman et engagées dans des interentreprises sur la performance des activités de R&D. L’impact est
John projets de R&D largement positif lorsque le client est plus habile à comprendre les taches
(2003): sous traitées à portée de main.
Borgatti et Analyse L’apprentissage est un processus social d’accumulation et de partage des
Cross qualitative et connaissances. Le réseau social est considéré comme un support qui
(2003) quantitative. véhicule et assure le transfert de celles-ci. pour cela, l’apprentissage doit
Echantillon de 37 appréhender les caractéristiques relationnelles des interactions qui se
scientifiques rapportent au transfert des connaissances
d’information et
35 chercheurs
137
généralement pas d’avantage stratégique car la vulnérabilité et le risque d’opportunisme
qui en découle sont absents.
Lorsque les vulnérabilités existent et l’échange est protégé par les mécanismes de
gouvernance contractuelle, il peut y avoir un avantage à condition que les concurrents
possèdent des aptitudes de gouvernance différentes et que ces aptitudes soient coûteuses à
imiter. La confiance est forte lorsque le risque d’opportunisme qui pourrait menacer les
valeurs et les normes comportementales qui ont pu être internalisées est fort. Dans ce cas,
l’avantage provient des économies de coûts de gouvernance, des transferts de
connaissances et de compétences.
En conclusion de cette dernière section, rappelons que notre objectif consistait à analyser
la pertinence du concept d’encastrement et son apport au management des coopérations
interorganisationnelles. Nous avons souligné que les idées innovatrices ne peuvent être
appréhendées indépendamment de leur contexte social. Autrement dit, l’action
économique et l’action sociale sont interdépendantes. Le réseau social est porteur
d’opportunités innovatrices et favorise l’exploitation et l’exploration des connaissances.
Ce réseau est d’une importance cruciale dans les entreprises de petites tailles. Celles-ci se
caractérisent par une forte proximité sociale et un potentiel d’innovation non négligeable.
Elles peuvent exploiter les trous structuraux et valoriser les liens faibles pour mettre en
œuvre des stratégies de niche.
Le réseau social ouvre une nouvelle perspective de recherche qui prend de plus en plus
d’importance avec la prolifération des recherches qui font recours à la théorie des réseaux
sociaux comme cadre d’analyse des nouvelles formes organisationnelles. Dans ce sens,
nous tenons à souligner que le volume des publications en management stratégique sur
l’apport du réseau social aux réseaux de coopération a augmenté de façon exponentielle
durant les dernières années. Ce ‘boom’ fait partie d’une tendance générale qui privilégiait,
depuis la deuxième moitié du 20ème siècle, les explications relationnelles, contextuelles et
systémiques. Cette tendance constitue, en effet, une rupture avec les explications
138
individualistes et atomistiques qui ont longtemps dominées les recherches en sciences
économiques281.
281
Borgatti.S et C.Foster (2003): « The network paradigm in organizational research: a review and
typology », Journal of Management.
139
Chapitre 3
Champ conceptuel : coopération, innovation et capacité d’absorption des
connaissances
Après avoir établi la trame théorique de notre recherche constituée de trois approches
théoriques fondamentales à savoir l’approche transactionnelle, l’approche des ressources et
l’approche des réseaux sociaux, nous présentons dans le cadre de ce chapitre les concepts
de base de notre problématique.
a) L’importance s’explique par le fait que la définition d’un concept détermine à priori
une certaine correspondance282 avec les données empiriques.
b) La difficulté renvoie aux raisons de choix d’une définition au détriment d’une autre.
Ceci est d’autant plus vrai que certains concepts se caractérisent par une prolifération de
définitions.
En partant de la littérature existante en la matière, nous avons constaté que plusieurs écrits
s’intéressent à l’existence d’une relation directe entre les relations de coopération et
l’innovation et s’interrogent en même temps sur le pourcentage élevé de l’échec de ces
relations. Néanmoins, nous pensons que la dimension interne de l’entreprise en
coopération n’a pas été suffisamment analysée notamment dans les recherches
francophones. Notre travail consiste en un couplement de la coopération et l’innovation à
travers la notion de capacité d’absorption développée par Cohen et Levinthal (1990).
282
Cette relation de correspondance est appelée aussi relation épistémique. Il s’agit de la relation qui s’établi
entre le niveau non observable d’un phénomène (le concept) et son niveau observable (la mesure), Evrard et
al (2003), op.cit, p.290.
140
Le réseau de coopérations constitue un champ fertile pour l’innovation, et ce pour deux
raisons fondamentales :
Au cours de notre recherche, nous avons relevé un certain nombre de concepts théoriques
qui seront mis en relation plus tard dans le cadre d’un modèle théorique de recherche. Ces
concepts sont regroupés en trois pôles : les attributs de la coopération (perspective
interorganisationnelle), la capacité d’absorption (perspective organisationnelle) et
l’innovation (perspective stratégique en termes d’avantage concurrentiel).
141
éléments d’une organisation qu’elle soit sociale, linguistique, technologique ou
neurologique ».
Au 18ème siècle, le mot réseau s’introduit dans le contexte militaire. Le registre qui marque
l’extension des utilisations de la notion du réseau est celui de la médecine pour désigner
d’abord le réseau sanguin et puis le système nerveux. L’apport de cette extension est la
métaphore de la circulation dont le réseau est le support. Au 19ème siècle, le terme réseau
a été utilisé pour décrire les interférences des différentes infrastructures de routes, de
chemins de fer… qui parcourent la région ou le pays.
En définitive, nous retenons l’idée selon laquelle le réseau est un ensemble de points, ou
nœuds, ou sommets, communiquant par des liens, ou arcs. Si les nœuds sont toujours "
réels " (ville, pylône électrique, ordinateur, organisation ou personne), les arcs sont soit
concrets (synapses, réseau routier, ferroviaire, fluvial etc.) soit virtuels (couloirs aériens,
réseau hertzien, réseaux interpersonnels etc.). Le réseau peut déterminer, selon le cas, une
topologie (cartographie ou projection géographique, anatomie etc.) ou la mise en place
d’un système, d’une cohérence, d’une organisation entre différents éléments d’un
ensemble.
142
En revanche, tout réseau lié à l’idée de flux, de circulation, existe par, pour et à cause de ce
flux, de cette circulation. Un réseau n’a pas de valeur par soi même, ni en tant que somme
de ses éléments, mais du fait des interactions qui l’animent, qu’il permet et suscite. Il en
est ainsi des nouveaux réseaux d’information comme des autres. Les métaphores de
l’entrelacement, d’enchevêtrement, de maillage de relations vont permettre de capturer les
idées que nous allons développer ultérieurement pour conceptualiser les pratiques des
coopérations interorganisationnelles.
143
les coopérations entre entreprises similaires qui visent la combinaison de façon
commensalime
Selon Fréry (1998), ce foisonnement intellectuel a provoqué une véritable prolifération des
termes visant à conceptualiser les coopérations interorganisationnelles. Il énumère plus de
quarante dénominations et utilise le concept de structure transactionnelle plutôt que celui
de réseau largement répandu dans la littérature. Son choix conceptuel est justifié de façon
explicite par trois raisons essentielles283 :
a) D’abord, le terme réseau est entouré d’une grande confusion car il est utilisé dans des
domaines extrêmement variés. Son utilisation dans de nouveaux contextes le rendra
dépourvu de sens.
283
Fréry.F (1998) : « Les réseaux d’entreprises : une approche transactionnelle », in Repenser la stratégie
(Sous la direction de H.Laroche et J-P.Nioche), Vuibert, pp : 61-84.
144
Certes, le domaine d’application de la notion de structure transactionnelle est moins
étendu que la notion de réseau et se base sur un fondement théorique qui domine la
littérature stratégique, mais il présente l’inconvénient de se baser sur un concept qui a été
fortement critiqué : la transaction.
Jarillo 1988, C’est un mode d’organisation qui peut être - Une stratégie volontariste pour
p.32 utilisé par les managers et les entrepreneurs pour soutenir l’avantage concurrentiel et
positionner leurs entreprises dans une forte place faire face aux concurrents ;
compétitive. Le réseau stratégique est un - Les acteurs sont des entreprises
arrangement réfléchi à long terme entre autonomes.
organisations distinctes. Cet arrangement permet
à ces organisations d’atteindre ou de soutenir
leur avantage concurrentiel vis-à-vis de leurs
concurrents en dehors du réseau de coopérations.
Anderson and C’est un processus à travers lequel deux - L’aspect évolutionniste de la
Narus 1991, entreprises ou d’autres organisations forment des coopération ;
p.96 relations sociales, économiques, techniques ou - L’autonomie des acteurs
de services dans le temps avec l’intention de - La recherche de l’efficience
réduire le total des coûts et/ou d’accroître la (réduction des coûts) et l’efficacité
création de valeur. (création de valeur).
Mohr et La coopération est une stratégie relationnelle - L’autonomie des acteurs ;
Spekman 1994, calculée entre firmes indépendantes qui - L’interdépendance ;
p.135 partagent des objectifs compatibles, s’efforcent - La compatibilité des objectifs ;
pour des bénéfices mutuels et reconnaissent un - La supériorité des objectifs collectifs
niveau élevé d’interdépendance. Ces entreprises sur les objectifs individuels.
mettent en commun leurs efforts pour atteindre
des objectifs qu’aucune entreprise ne peut le
faire individuellement.
145
Powel, Koput Le réseau d’entreprises sert comme un lieu - Le réseau est un lieu d’innovation et
et Smith-Doerr d’innovation car il fournit l’accès opportun aux de partage de connaissances.
1996, p.116 connaissances et aux ressources indisponibles - L’aspect dynamique des relations
autrement (…). Selon les auteurs, deux interorganisationnelles.
observations clés dans cette définition : (1) les
coopérations interorganisationnelles ne
signifient pas simplement la compensation des
compétences internes (2) et ne doivent pas être
vues comme des transactions discrètes.
Rugman et La coopération est une structure de gouvernance - La notion « flagship firm » ;
D’Cruz 1996, pour l’organisation des échanges entre - La diversité des relations ;
p.15. entreprises et d’autres organisations. Cinq - Une structure de gouvernance ;
éléments constitutifs du réseau sont relevés : le
centre (flagship firm), les fournisseurs, les
clients, les concurrents et les autres
organisations (universités, associations….)
Gulati 1998, La coopération fait référence à l’alliance définie - Le réseau social comme cadre
p.293 dans une perspective de réseau social. Les d’analyse ;
alliances stratégiques sont définies comme des - L’aspect volontariste de la
arrangements volontaires entre firmes coopération;
impliquant l’échange, le partage ou le co- - L’éclatement des frontières
développement des produits, des technologies ou organisationnelles ;
des services. Elles résultent des motivations et - La variété des formes de coopération
des objectifs divers et prennent des formes - Les objectifs de la coopération ;
variées en franchissant les frontières
horizontales et verticales.
Kogut 2000 La coopération met en réseau un ensemble - La coopération interorganisationnelle
d’entreprises. Chacune, avec sa propre identité, représente un réseau de
soutient la spécialisation, l’exploration et connaissances ;
l’apprentissage. Contrairement à l’organisation - L’autonomie identitaire des acteurs ;
hiérarchique, la coopération ne consiste pas dans - L’absence de l’autorité ;
une relation d’autorité qui impose une structure - La spécialisation et la variété.
à ses membres.
Barlatier 2002, La coopération une forme hybride (située entre - Le partage des objectifs entre
p.14. le marché et l’organisation) qui comprend entreprises appartenant à une même
diverses entités se situant sur une même chaîne chaîne de valeur ;
de valeur ayant des intérêts communs et des - La chaîne de valeur est
modes d’interaction et de coordination interorganisationnelle.
privilégiés.
Sherer 2003, Le réseau implique une coopération organisée - L’interdépendance ;
p.326 avec un niveau significatif d’interdépendance et - L’intérêt partagé ;
d’intérêts partagés. Il implique des groupes - L’importance de la communauté pour
d’entreprises qui se mettent en coopération pour atteindre l’objectif ;
réaliser des objectifs difficilement atteints de
façon indépendante
Ritter, Le réseau est l’interface intra- et inter- - La combinaison de la perspective
Wilkinson et entreprises. Il est défini par ses composantes : inter-et intra-organisationnelle ;
Johnston 2004, les fournisseurs, les clients, les complémenteurs, - Les composantes du réseau ;
p.176 les concurrents et l’entreprise et ses interactions
internes entre les différentes fonctions.
Afin de pouvoir cerner ce concept, nous essayons de délimiter la notion de coopération par
deux dimensions essentielles que l’on retrouve de façon explicite ou implicite dans la
majorité des définitions : l’opposition interne/externe et l’opposition formelle/informelle :
146
a) L’opposition interne/externe : le développement de la notion de réseau d’entreprises est
issu des apports et des limites de l’approche des ressources. Selon la RBV, les entreprises
doivent puiser dans leurs ressources internes pour trouver les sources de leur avantage
concurrentiel.
Or, il est quasi impossible de détenir dans l’organisation hiérarchique toutes les ressources.
Il est alors nécessaire de se développer par delà les frontières légales, en cherchant
‘dehors’ les compétences et les savoir-faire que le ‘dedans’ n’est plus apte à fournir de
manière efficiente (Paché et Paraporanis 2006)284.
Dans cette perspective, l’approche que nous adoptons pour définir la coopération est
interactionniste avec les parties prenantes. Nous considérons pour cela, que les
connaissances externes sont stratégiques pour l’entreprise en coopération. Cette dernière
doit être capable de les acquérir, de les assimiler et de les transformer en innovations
radicales ou incrémentales. Ceci nécessite une organisation interne réticulaire dont les
acteurs sont les fonctions, les individus et les groupes. L’objectif est de faciliter la
diffusion et l’exploitation des connaissances acquises.
Au niveau interne, les relations formelles sont d’ordre hiérarchique entre les différents
niveaux et fonctions. Les relations informelles sont individuelles et volontaires et ne
suivent pas la structure hiérarchique.
284
Paché.G et Paraporanis.C (2006) : « L’entreprise en réseau : approches inter et intra-
organisationnelles », les éditions de l’ADREG, p.9.
147
En revanche, la dimension informelle fait allusion au réseau de relations sociales d’amitié,
de proximité…Cette dimension favorise le développement du capital social et une
meilleure connaissance des acteurs de l’environnement.
Par conséquent, il est nécessaire de noter que les deux dimensions s’imbriquent et se
complètent. Ainsi, nous ne pouvons pas parler d’une organisation interne purement
formelle sans prendre en compte les relations informelles entre ses différents membres. De
même, les relations formelles ne peuvent guère être les seuls mécanismes de gouvernance
des coopérations interorganisationnelles. La confiance, la réciprocité, les normes sociales
et l’engagement mutuel sont là pour faire face aux problèmes de l’incomplétude des
contrats et assurer un transfert effectif des connaissances et des technologies.
Enfin, une confusion entre les notions d’alliance et de réseau semble s’établir dans la
communauté des chercheurs. Nous pensons que le concept d’alliance désigne un accord de
coopération formel entre deux entreprises appartenant à un même domaine stratégique
visant le partage des coûts, des risques et des profits associés aux opportunités d’affaires.
L’entreprise commune (joint ventures) est une forme d’alliance par excellence. Le terme
réseau n’exclut pas les caractéristiques des alliances, mais il en ajoute d’autres plus
informelles et implique plus de deux entreprises généralement de petite et moyenne taille.
La figure suivante illustre notre définition du réseau d’entreprises et la différence que nous
établissons entre la notion de réseau et celle d’alliance.
Figure 6 : Les notions du réseau et d’alliances
148
Le tableau 12 permet alors d’avoir une vision globale et synthétique des différentes
définitions. L’analyse de ces définitions nous a permis d’identifier les principaux apports
conceptuels de la coopération. En effet, les définitions présentées ci-dessus sont quasi-
unanimes sur l’interdépendance des acteurs indépendants qui partagent des intérêts et des
objectifs stratégiques communs.
285
Dyer et Signh (1998), Gulati (1998 ; 1999), Lorenzoni et Lipparini (1999), Froehlicher, Kuhn et Schmidt
(2001), Uzzi et Gillespie (2002), Uzzi et Lancaster (2003), Persais (2004), Levin et Cross (2004) etc.
149
doter d’une remarquable réputation et d’occuper une position centrale dans son réseau
coopératif286.
Nous essayons de mettre en exergue les notions de la force des liens, de la confiance et de
l’engagement. Nous les considérons sur des bases théoriques comme étant les principales
capacités relationnelles de l’entreprise en coopération.
Le concept de l’intensité relationnelle a été développé dans la littérature sur les réseaux
sociaux. Il fait référence à la notion de liens forts et de liens faibles conceptualisée par
Granovetter à partir de 1973287 et largement utilisée par la suite par d’autres auteurs. Selon
l’auteur, « la force d’un lien est une combinaison (vraisemblablement non linéaire) du
temps accumulé, de l’intensité émotionnelle, de l’intimité (confidences de part et d’autre)
et des services réciproques qui caractérisent le lien288 ».
Les recherches sur les réseaux sociaux montrent que les deux types de liens sont
bénéfiques pour le transfert et le partage de connaissances. La force des liens sociaux est
largement associée aux relations de proximité, au développement de la confiance
interpersonnelles et au partage de connaissances289. La nature des liens modifie la nature
de la connaissance partagée et par conséquent les ressources auxquelles un acteur peut
avoir accès.
286
Lorenzoni.G et Lipparini.A (1999) : « The leveraging of interfirm relationships as a distinctive
organizational capability : a longitudinal study », Strategic Management Journal, vol 20, N°4, pp : 317-338.
287
Granovetter.M (1973): op.cit.
288
« The strenght of tie is a (probably linear) combination of the amount of time, the emotional intensity, the
intimacy (mutual confiding), and the reciprocal services which characterize the tie », Granovetter.M (1973) :
op.cit, p. 1361, traduit par, Chollet.B (2002) : « L’analyse des réseaux sociaux : quelles implications pour le
champ de l’entrepreneuriat », 6ème Congrès International Francophone sur la PME – Octobre 2002 – HEC -
Montréal, disponible en ligne :
http://www.hec.ca/airepme/pdf/2002/147FA%20-%20Barth%E9lemy%20Chollet.pdf, p.3.
289
Borgatti.S et Cross.R (2003): “A relational view of information seeking and learning in social networks”,
Management Science, vol 49, N°4, pp: 432, 445
150
La force des liens entre les acteurs se réfère à la nature et la fréquence de leurs contacts au
sein du réseau. La création d’un lien fort reflète l’intensité relationnelle et la réciprocité
émotionnelle.
Les liens forts et les liens faibles dans un réseau sont complémentaires. Les premiers
apportent une importante quantité d’informations et les seconds évitent la redondance de
celles-ci. Ils instaurent une connexion entre les acteurs et les ressources disponibles dans
leur environnement, facilitant ainsi l’acquisition de connaissances et l’exploitation
d’opportunités potentielles. Toutefois, la nature des liens peut modifier le type de
connaissances auquel l’acteur peut avoir accès.
Partant de cette hypothèse de base, Chauvet résume les caractéristiques, les apports et les
limites des liens forts/faibles dans le tableau suivant290 :
De leur part, BarNir et Smith (2002) montrent que la force des liens constitue une
importante dimension de l’intensité relationnelle au sein du réseau291. La proximité, que
ce soit au niveau intra ou interorganisationnelle, permet aux différents acteurs de se
connaître et de mettre en place des relations de partage et d’échange. Ces relations
290
V.Chauvet (2004) : op.cit, p.103.
291
BarNir.A et Smith.K (2002): “Interfirm alliances in the small business: the role of social networks”,
Journal of Small Business Management, vol 40, N°3, pp: 219-232
151
s’appuient sur une logique gagnant-gagnant car tout le monde tire quelque chose de la
relation.
Dans ce même cadre d’idées, Burt parle de la notion de trou structural. Cette notion
signifie que l’acteur est situé à l’intersection de trous structuraux, c'est-à-dire de réseaux
de contacts non redondants. Dans cette situation, l’acteur (entreprise ou individu) est
capable d’ajouter de la valeur en faisant l’intermédiaire entre les différents réseaux en
construisant des ponts entre les trous structuraux292.
Les liens faibles permettent d’accéder à des informations et des connaissances possédées
dans des réseaux connexes des réseaux habituels. Les personnes qui évoluent dans des
réseaux relationnels fractionnés, n’entretenant pas de liens faibles, mais uniquement
baignés dans des liens forts, ne parviendront que difficilement à accéder à de nouvelles
opportunités293.
Notre travail de recherche retient les définitions présentées par Chauvet dans le tableau 13
ci-dessus. Le lien fort se caractérise par la réciprocité, l’intensité, l’émotion et favorise le
partage et le transfert de connaissances tacites et valorisables. Parallèlement, un lien faible
se caractérise par la diversité, l’irrégularité et l’instantanéité des relations. Cette dernière
forme éprouve des difficultés de partage et de transfert de connaissances valorisables.
292
Chabaud.D et Ngijol.J (2005) : « La contribution de la théorie des réseaux sociaux à la reconnaissance
des opportunités de marché », Revue Internationale PME, vol 18, N°1, pp.29-46.
293
Idem.
152
2.1.2 La confiance interorganisationnelle
Les récents développements dans la théorie des organisations montrent le rôle primordial
de la confiance interpersonnelle dans l’efficacité organisationnelle. Les chercheurs sont
quasi-unanimes sur son importance, tout au long du processus de coopération, en tant que
mécanisme de coordination et de gouvernance.294.
L’idée selon laquelle la confiance est indispensable dans les affaires est très répandue dans
la littérature managériale. Sa définition est loin de faire l’unanimité des spécialistes. Les
différences résultent de la diversité des approches inter-disciplinaires (sociologie,
économie, gestion…) et intra-disciplinaire (marketing, stratégie, finance, gestion des
ressources humaines,…).
Ainsi, au niveau inter-disciplinaires, Mothe et Ingham (2000) notent que les économistes
considèrent la confiance comme une cause (une variable indépendante) pour mesurer la
performance économique, les sociologues la considèrent comme résultat (variable
dépendante) et les psychologues étudient les relations interpersonnelles dans les
organisations en utilisant la confiance comme une variable modératrice295.
Le niveau d’analyse pose lui aussi problème. Par exemple, l’une des questions qui
s’impose est de savoir si la confiance existe au niveau interorganisationnel ou uniquement
au niveau interindividuel. Ces problèmes empêchent l’élaboration d’une définition
consensuelle du concept de la confiance.
294
Ring.P et Van De Ven.A (1994): “Developmental processes of cooperative interorganizational
relationships”, The academy of Management Review, vol 19, N°1, pp: 90-118.
295
Mothe.C et Ingham.M (2000): “La confiance au sein de coopération interfirmes”, 9ème Conférence
Internationale de Management Stratégique, Montpellier, http://www.strategie-
aims.com/aims2k/AIMS/papiers/mothe.PDF
153
Dans la présente recherche, nous considérons la confiance comme un déterminant de la
capacité de l’entreprise d’interagir avec les acteurs de son environnement. Pour se faire,
nous nous basons sur un certain nombre de définitions sociologiques et managériales
utilisées pour analyser les coopérations interorganisationnelles. Notons de prime abord
que la prise en compte de l’approche sociologique est déjà présentée comme élément de
notre cadre théorique.
Pour définir le concept de confiance, nous sommes partis de la synthèse des travaux
effectuée par Mothe296. L’auteur distingue entre la perspective sociologique et managériale
avant de proposer une synthèse des deux. Notre approche s’inscrit dans la lignée de
Nootboom et Mothe & Ingham297 qui adoptent un cadre socio-managérial du concept de la
confiance.
Dans cette définition la confiance est définit de façon explicite par rapport à
l’opportunisme. En effet, l’acteur qui fait confiance a le choix de s’engager dans une
relation de coopération avec un autre acteur et donc à se mettre dans une situation de
vulnérabilité et de dépendance. Celui à qui on fait confiance, lui aussi, a le choix de
renoncer aux opportunités qui se présentent à lui pour ne pas abuser de cette dépendance.
296
Mothe.C (1999): “La confiance: une revue de littérature anglo-saxonne”, http://www.strategie-
aims.com/ecp99/aims/notices/papiers/mothe.pdf.
297
Nooteboom.B (1996) : « Trust, opportunism and governance : a process and control model »,
Organization Studies ; vol 17, N° 6, pp : 985-1010.
Mothe.C et Ingham.M (2000), op.cit
298
Selon Nooteboom (op.cit, p.986), « the ‘new-institutionalism of TCE maintains important parts of the
core of neo-classical economics, while ‘neo-institutionalist’ economics includes perspectives from
sociology ».
299
Nooteboom.B (1996) : op.cit, p.993.
154
Fukuyama300 définit la confiance comme l’attente qui naît, au sein d’une communauté,
d’un comportement régulier, honnête et coopératif, fondée sur des normes communément
partagées, de la part des autres membres de cette communauté.
Mayer, Davis et Schoorman (1995, p.712, cité par Geindre 2002, p.03) définissent la
confiance comme la volonté d’une partie de se rendre vulnérable aux actions d’une autre
partie. Faire confiance est alors un choix volontaire qui se base sur l’attente d’une action
importante et particulière de la part du trustee indépendamment de la capacité du trustor à
surveiller ou à contrôler cette action. Cela suppose que le trustee ait la capacité et le désir
d’agir pour le trustor et que ce dernier perçoive ces éléments.
Pour évaluer la relation de confiance, Geindre (2002) reprend les trois dimensions
proposées par Meyer, Davis et Schoorman à savoir la capacité, la bienveillance et
l’intégrité. La première dimension regroupe l’ensemble des aptitudes et des compétences
que le trustor (celui qui fait confiance) attribue au trustee (celui à qui on fait confiance).
Cet ensemble inclut les notions de compétence et d’expertise. La seconde fait allusion aux
dispositions positives que manifeste le trustee à l’égard du trustor en dehors de son propre
intérêt. La troisième dimension englobe les qualités de caractères que le trustor reconnaît
300
Cité par Geindre.S (1999) :« Confiance et pratique de réseau », Conférence Internationale de
Management Stratégique, http://www.strategie-aims.com/ecp99/aims/notices/papiers/geindre.pdf, p. 09
301
Geindre.S (2002) : « proposition d’un modèle d’évaluation des relations de confiance », 3ème colloque
Métamorphose des Organisations, Nancy-Vittel, 23-25 octobre
155
au trustee tels que l’honnêteté, la capacité à tenir ses promesses, la discrétion, l’ouverture
d’esprit, la fidélité…
Ring et Van De Ven (1992) mobilisent le concept de la confiance pour critiquer l’approche
transactionnelle des formes hybrides. Selon ces auteurs, le comportement des individus et
donc des entreprises tend vers la fidélité et la loyauté et non pas vers l’opportunisme. Les
entreprises qui instaurent des relations de confiance avec leurs partenaires dégagent des
bénéfices engendrés par l’utilisation à long terme des actifs relationnels302.
Tableau 14 : Synthèse de certaines définitions du concept de confiance organisationnelle
Auteurs Définitions
Zucker C’est un ensemble d’attentes sociales partagées par chaque personne impliquée
1986 dans un échange économique. Trois principaux mécanismes de création de la
confiance : la confiance est liée à l’expérience des échanges passés, aux similarités
entre individus et aux mécanismes formels (institutions) servant de garantie.
Hosmer 1995 C’est une attente optimiste que place une personne, un groupe ou une entreprise
dans le comportement d’une autre personne, un autre groupe ou une autre
entreprise lors d’une entreprise commune ou un échange économique, dans des
conditions de vulnérabilité et de dépendance de la part de celui qui accorde sa
confiance, dans le but de faciliter la coopération entre les deux parties. Ce qui
donnera naissance à un gain joint commun, compte tenu du manque d’outils
contractuels, hiérarchique, légal ou social destinés à conforter cette confiance. La
partie qui accorde sa confiance s’appuie sur une obligation volontairement
acceptée par l’autre. Cette dernière s’engage à protéger les droits et les intérêts de
ceux impliqués dans l’entreprise commune ou l’échange économique commun.
Zaheer, C’est une attente qu’on peut se fier à un acteur pour qu’il remplisse ses obligations,
McEvily et que l’acteur se comportera de manière prévisible et que l’acteur agira et négociera
Peronne de manière équitable en cas d’opportunisme.
1998
Après avoir présenté cet essai de synthèse des définitions utilisées par les chercheurs en
gestion, un certain nombre de commentaires s’imposent :
b) La confiance s’exprime comme une attente optimiste de la part d’un acteur quant aux
actions et aux comportements de ses partenaires. Les effets d’opportunisme sont alors
affaiblis.
302
Ring.P et Van De Ven.A (1992) : op.cit
156
c) La confiance est considérée comme un mécanisme de coordination des relations de
coopération entre les organisations. Elle permet de réduire l’incertitude et par conséquent
de minimiser les coûts de transaction, de surveillance et d’exécution des contrats.
303
Foucher.R, et al (2004) : « Mesurer l’engagement : l’intérêt de combiner les indices d’engagement affectif
et normatif », en ligne : www.agrh2004esg.uqam.ca/pdf/Tome2/Foucher_Morin_Bentein_Trottier.pdf
304
Nous citons par exemple l’article de Ring.P et A.Van De Ven (1994): “Developmental processes of
cooperative interorganizational relationships”, The academy of Management Review, vol 19, N°1, pp: 90-
118
305
Nous citons à ce titre Mohr et Spekman (1994), Achrol (1997), Walker (1997).
157
Dans ce cadre et selon Achrol, il existe deux composantes essentielles du construit
‘engagement’. La première est attitudinale, la seconde est instrumentale. Considéré comme
un construit attitudinal, l’engagement est défini comme un attachement affectif et
psychologique, d’identification et de valeur de congruence. La composante instrumentale
se traduit par le rôle de cet attachement dans la réalisation des objectifs collectifs306.
Dans ce sens, lorsque les entreprises en coopération partagent des valeurs et le sentiment
d’affectivité à l’égard de leur communauté d’appartenance, ils peuvent compter l’un sur
l’autre. Par conséquent, un sentiment d’entraide interorganisationnel fait son apparition.
Le sentiment d’appartenance à un réseau d’entreprises résulte des avantages en termes de
sécurité et de gain que ce réseau procure à ses membres.
Selon Mohr et Spekman (1994), l’engagement est la volonté des partenaires de déployer
des efforts pour le compte de la relation coopérative. L’engagement assure aux partenaires
une orientation future garantissant la durabilité de la coopération. Brulhart (2002) fait
référence au travaux de Mohr et Spekman (1994) pour définir l’engagement comme « la
volonté de voir la relation continuer à long terme, au désir de développer une relation
stable et de faire des sacrifices nécessaires pour y parvenir en investissant dans la
relation »307.
Ring et Van De Ven (1994) montrent que l’engagement est une variable déterminante du
processus de développement de la relation de coopération. Selon ces auteurs, l’engagement
se concrétise par « la rencontre des volontés des partenaires » lorsqu’ils concluent un
accord sur les obligations et les règles qui gouvernent les actions futures dans le cadre de la
relation de coopération. Dans leurs propos sur le développement des processus de
306
Ahrol.R (1997) : op.cit.
307
Brulhart.F (2002) : « Le rôle de la confiance dans le succès des partenariats verticaux logistiques : cas
des coopérations entre industriels agro-alimentaires et prestataires logistiques », 3ème colloque sur la
métamorphose des organisations, Nancy 23,24 et 25 octobre 2002.
158
coopération, ils ne négligent pas la dimension informelle et psychologique de
l’engagement308.
En se basant sur les définitions avancées plus haut et sur la nécessité de la combinaison de
la dimension formelle et informelle des coopérations interorganisationnelles, nous
définissons l’engagement par les dimensions suivantes :
Ces dimensions se conjuguent ensemble pour définir l’engagement comme une attitude
favorable des dirigeants envers la continuité d’une relation de coopération. Plus encore, il
peut être défini comme l’intention de maintenir la relation du fait des investissements
déployés en temps et en ressources.
L’organisation est conçue comme une réalité objective dans laquelle circule l’information
et les individus s’échangent des messages. Le sens de la notion de communication le plus
usuel et le plus courant en gestion est celui qui relève de la métaphore du canal.
308
Ring.P et Van De Ven.A (1994): “Developmental processes of cooperative interorganizational
relationships”, op.cit.
309
Giordano.Y (2001): “Les recherches en communication organisationnelle : du fonctionnalisme au
constructivisme », In Stratégies : actualité et futurs de la recherche (sous dir. A-C.Martinet et R-A.Thiétart)
Vuibert, pp. 159-174.
159
Communiquer, c’est transmettre, transporter de l’information à destination de récepteurs,
individus ou groupe d’individus. Par opposition, la métaphore du filtre s’inscrit dans le
cadre de la recherche d’informations stratégiques. Les organisations agissent comme des
filtres. Elles recueillent et interprètent les informations externes.
310
Mohr.J et Spekman.R (1994), op.cit.
311
Zeigler.K (2004): “Communication in interorganizational collaboration: a case study of a strategic
partnership”, Helsiniki University of Technology
160
En guise de conclusion sur les capacités relationnelles de l’entreprise, nous pouvons mettre
en valeur trois points essentiels :
312
Il faut souligner que nous n’avons pas pu consulter l’ouvrage de Wenger. Les propos que nous présentons
ici se basent essentiellement sur les travaux de Chanal, Josserand et Cappe.
161
l’auteur, la communauté de pratique est considérée comme une théorie sociale de
l’apprentissage organisationnel.
La pratique relève du « faire » dans ses dimensions historique et sociale et dans sa capacité
à donner un sens aux actions. Elle englobe le champ de l’explicite et du tacite. Ces deux
dimensions sont inséparables dans toutes les formes de connaissances313.
De façon simple, Chanal (2000) définit, la pratique comme « le lieu où se négocient les
significations liées à l’action. Pour que la pratique soit source d’apprentissage collectif et
de structure sociale, ce qui est un des arguments principaux de Wenger, il faut une
certaine continuité des significations, ce qui n’empêche pas leur évolution dans le
temps »314.
Pour Wenger (1998), la notion de communauté de pratique est définie par trois
dimensions316 :
313
Chanal.V (2000) : « Communautés de pratique et management par projet », M@na@gement, vol 3, N°1,
pp : 1-30.
314
Idem, p.6.
315
Traduction de E.Cappe (2005) : « Identification de graines de communauté de pratique », 14ème
Conférence Internationale de Management Stratégique, Pays de la Loire, Angers. Wenger (2000, p.4) définit
la notion de la façon suivante : « communities of practice are group of people who share a concern, a set of
problems, or passion about a topic, and who deepen their knowledge and expertise in this area by
interacting on an ongoing basis ».
316
Ces trois dimensions sont reprises de E.Cappe (2005), idem.
162
différentes connaissances et compétences. L’engagement mutuel a pour corollaire le réseau
de compétences317.
De façon générale, nous pensons que le concept de communauté de pratique apporte des
réponses intéressantes aux problématiques soulevées par l’apprentissage organisationnel et
l’organisation apprenante notamment en ce qui concerne le partage et le transfert de
connaissances tacites.
317
Paché.G (1991) : « L’impact des stratégies d’entreprises sur l’organisation industrielle : PME et réseaux
de compétences », Revue d’Economie Industrielle, N°56, 2ème trimestre, pp.58-70.
318
Gueye.C (2004) : « nouvelles forme organisationnelle et approche conventionnaliste du partage des
connaissances : le recours à la notion de communauté épistémique », 7ème Congrès International
Francophone en Entrepreneuriat et PME, 27-28 et 29 Octobre, Montpellier.
319
Idem.
163
Nous signalons aussi que la plupart des recherches portant sur ce concept s’inscrivent dans
la logique organisationnelle320. Ce qui nous amène à nous interroger sur les contraintes
liées à la hiérarchie et au phénomène de pouvoir qui peuvent empêcher la formation et le
fonctionnement des communautés de pratique.
D’après notre littérature sur la coopération et sa mise en relation avec la définition et les
dimensions de la communauté de pratique, nous pensons que les coopérations
interorganisationnelles constituent un ensemble de communautés interconnectées. Elles
forment, de ce fait, un réseau d’organisations. L’engagement, l’implication dans le réseau
et le partage d’expérience et de connaissances sont les principales caractéristiques de ces
communautés. L’introduction de cette notion dans le cadre des coopérations permet de
passer de l’apprentissage organisationnel à l’apprentissage interorganisationnel.
Dans ce cadre, nous rejoignons Teigland (2002) qui note que les communautés de pratique
peuvent s’étendre aux coopérations inter-entreprises. « …it’s also important to point out
here that communities do not exist only within the traditional boundaries of the firm.
Rather they extend beyond these boundaries to include members who may be working on
similar type of problem at an another firm »321.
320
Au sens de l’organisation interne.
321
Teigland.R (2002) : « Communities of practice in a high-technology based firme », in « The flexible
firm :capability management in network organizations » édité par Birkinshaw.J et P.Hagstrom, Osford
University Press, pp.126-145.
164
Notre choix se base sur les développements de Teigland (2002) pour qui les communautés
de pratique n’ont pas de frontières réelles et chacun de nous appartient au moins à une
communauté à la fois professionnelle et sociale.
Selon Leroy (2000), trois grandes configurations d’apprentissage pouvant être distinguées :
la capacité d’une entreprise à s’adapter aux changements de l’environnement et sa capacité
à corriger ses dysfonctionnements constituent deux formes d’apprentissage qui relèvent du
niveau organisationnel. Une troisième configuration qui porte sur le transfert et le partage
de connaissances relève du niveau interorganisationnel322.
322
Leroy.F (2000) : « Apprentissage organisationnel et stratégie », dans Management Stratégique des
Compétences, édité par Quélin et Arrègle, pp.233-274. Cité par Vézina.M et C.Messier (2005) : op.cit, p.4
165
représentations qui guide l’action économique des acteurs. Ces routines permettent le
partage et la création de nouvelles connaissances au niveau interorganisationnel323.
Pour pouvoir expliquer ce que nous entendons par partage de connaissances dans le cadre
des coopérations interorganisationnelles, il faut d’abord dévoiler le sens du terme
‘connaissance’ en soulignant la différence de celui-ci avec l’information et les données.
En effet, les données sont des faits objectifs qui relatent un événement alors que
l’information est une donnée (ou une série de données) qui a un sens. L’information ne
peut prendre du sens que si elle est partagée. La connaissance est une information qui a du
sens c'est-à-dire interprétée et enrichie par son utilisation. C’est une information
valorisable provenant de l’expérience personnelle. Autrement dit, la connaissance est une
information affectée de la subjectivité humaine.
La notion de partage est alors au centre des préoccupations de transfert des connaissances.
L’idée de partage trouve ses fondements dans la difficulté pour les entreprises, notamment
les PME, d’incuber en interne la totalité des ressources intangibles. Les relations de
coopération et le réseau qui en découle constituent une structuration du contexte favorable
à la création et la génération de connaissances. Ils joue le rôle de fournisseur et de
distributeur et favorise l’exploration et la découverte.
323
Dyer.J-H et Noboeka.K (2000) : « Creating and managing a high performance knowledge-sharing
network: the Toyota case », Strategic Management Journal, vol 21.p. 345-367
324
Hamel.G (1991) : « Competition for competence and inter-partner learning within international strategic
alliances », Strategic Management Journal, vol 12, special issue, pp : 83-103
166
De plus, il s’avère capital de souligner que les connaissances disponibles, même si elles
sont exclusives et difficiles à imiter ne constituent guère la garantie d’une compétition à
grande échelle. L’appropriation de cet actif spécifique intangible ne peut pas perdurer.
325
Canzano.D et Grimaldi.M (2004): « Knowledge management and collaborations : knowledge strategy
and processes in the knowledge networks », Proceedings of 1-KNOW’04, Graz, Austria, disponible sur
Internet : http://www.i-know.at/previous/i-know04/papers/canzano.pdf
326
Berthon.B (2003) : « Transférer la connaissance : de quoi parlons nous », Cahier N°311, Centre de
Recherche DMSP.
327
Argote et Ingram (2000) : op.cit
167
L’intégration de la dimension réticulaire dans le management des connaissances a permis
de passer du concept de management de connaissances (Knowledge Management) à celui
du système de management de connaissances (Knowledge Management System).
L’expérience partenariale de l’entreprise sera présentée dans cette section, car nous
pensons qu’elle joue un rôle déterminant dans la capitalisation des connaissances.
328
Williamson.O (1999) : op.cit
329
Ces auteurs sont cités par Warnier.V (2003) : « Trajectoires des compétences stratégiques et dynamiques
inter-firmes », Centre Lillois d’Analyse et de Recherche sur l’Evolution des Entreprises,
168
Pour Williamson, les concepts de l’approche des ressources330 se caractérisent par la
circularité de leurs définitions. Ainsi, les ressources sont définies comme les atouts de
l’entreprise et les atouts de l’entreprise comme des ressources stratégiques, les capacités
sont définies en termes de compétences et les compétences sont définies en termes de
capacités. Elles sont souvent définies dans des termes vagues tels que « des routines pour
apprendre des routines »331.
Dès lors, le problème se pose avec force lorsqu’on essaye de faire la distinction entre les
compétences et les capacités qualifiées respectivement de distinctives et de dynamiques.
La notion de ressources, quant à elle, est définie comme un portefeuille d’actifs tangibles
(ressources financières, ressources techniques, les ressources naturelles,…) et intangibles
(ressources informationnelles et cognitives…) qu’une organisation dispose332.
A travers notre analyse de la littérature, nous avons constaté que la notion de compétence
est dans la plupart des cas définie par rapport à la concurrence. Elle reflète pour plusieurs
auteurs « ce que l’organisation fait particulièrement bien par rapport à d’autres
organisations ». D’ailleurs, le qualificatif « distinctive » est utilisé pour introduire l’idée de
différenciation et de réputation.
Bien que Hamel et Prahalad (1995) utilisent le qualificatif « fondamental », mais ils
insistent sur le caractère distinctif de la compétence. Pour eux, « l’entreprise qui ne
parvient à se distinguer dans aucun domaine clé risque de se trouver exclue, non
seulement du marché qui l’intéresse en premier lieu, mais d’une foule de possibilités
nouvelles 333». Nous considérons alors que le concept de « compétences fondamentales »
et le concept de « compétences distinctives » sont identiques.
330
Rappelons que nous utilisons l’expression approche des ressources pour designer l’ensemble des théories
évoquées précédemment: la théorie des ressources, la théorie des capacités dynamiques, la théorie des
compétences et la théorie évolutionniste.
331
Williamson.O (1999) : op.cit, p1093.
332
Grant (1991, p.119) identifie six catégories de ressources : les ressources financières, les ressources
physiques, les ressources humaines, les ressources technologiques, les ressources réputationnelles et les
ressources organisationnelles.
333
Hamel.G et Prahalad.K (1995) : « La conquête du futur : stratégies audacieuses pour prendre en main le
devenir de votre secteur et créer les marchés de demain », InterEditions, p.211.
169
Ainsi, Hamel et Prahalad (1995) avancent trois critères essentiels pouvant asseoir leur
définition du concept de compétences fondamentales334 :
a) La valeur aux yeux du client : une compétence est dite fondamentale lorsqu’elle réunit
un ensemble de savoirs qui apporte une valeur considérable aux yeux du client.
b) La différenciation : pour être fondamentale, la compétence doit être sans équivalent sur
le marché. La compétence de l’entreprise doit se démarquer de celle que dispose les
concurrents. Toute compétence universelle ne mérite pas le qualificatif « fondamental ».
Partant de là et des différentes définitions présentées dans le tableau 15, nous pouvons
définir la compétence fondamentale, dite aussi distinctive, comme l’ensemble des savoirs
qui, incarnée dans un ou plusieurs produits ou services, permet à l’entreprise de produire
de la valeur aux clients particulièrement bien par rapport aux concurrents.
Grant (1991) donne l’exemple de Mc Donald qui possède des compétences fonctionnelles
remarquables en développement des produits, études de marché, gestion des ressources
humaines, finance et gestion des opérations. Mais la source fondamentale de son succès est
l’intégration de ces compétences fonctionnelles pour assurer une remarquable uniformité
de produits et services dans des milliers de restaurants sur une grande partie de la
planète335.
334
Idem, p.217-221
335
Grant.R (1991): « The resource-based theory of competitive advantage: implications for strategy
formulation », California Management Review, vol 33, N°3, p.121.
170
Tableau 15 : Les notions de compétence et de capacité
La notion de compétence La notion de capacité
Les choses qu’une organisation fait La capacité pour une équipe de ressources d’exécuter
particulièrement bien en comparaison de ses une tâche ou une activité. Elle implique des schémas
concurrents (Selznick 1957). complexes de coordination entre les individus et entre
les individus et les autres groupes (Grant 1991, p118-
Les choses qu’une organisation fait 122).
particulièrement bien (relativement à ses
concurrents) (Andrews 1971) La capacité est un ensemble de processus industriels
stratégiquement compris et organisés selon une boucle
L’agrégation d’un certain nombre d’activités rétroactive géante, devant être orientés vers la création
spécifiques que l’organisation tend à mieux de valeur pour le client (Stalk, Evans et Schulman 1992,
exécuter qu’une autre organisation dans un p. 62-63).
environnement similaire (Snow et Hrebiniak
1980, p317) Des paquets complexes d’aptitudes (skills) et
d’apprentissage collectif, exercés à travers des processus
L’apprentissage collectif d’une organisation organisationnels qui assurent une coordination
portant en particulier sur la coordination de supérieure des activités fonctionnelles. Les capacités
diverses aptitudes (skills) productives et sont profondément encastrées dans les routines
l’intégration de courants technologiques organisationnelles (Day 1994, p.38-39)
multiples afin de délivrer de la valeur (Prahalad
et Hamel 1990, P.82). Les capacités dynamiques sont des aptitudes d’une firme
à intégrer, construire et reconfigurer les compétences
La core competence est une fonction de la internes et externes pour répondre aux rapides
compréhension tacite, des aptitudes (skills) et des changements de l’environnement (Teece, Pisano et
ressources qu’une firme accumule dans le temps, Shuen 1997, p.516)
et qui doit être supérieure à celle d’un concurrent
dans le cadre de la satisfaction des besoins des Les capacités dynamiques sont des processus qui
clients (Mahoney 1995, p.92) utilisent les ressources, spécifiquement des processus
d’intégration, de reconfiguration, d’obtention et de
La core competence résulte de l’assemblage de libération des ressources….Les capacités dynamiques
groupes d’actifs spécifiques à la firme sont donc des routines organisationnelles et stratégiques
transversaux aux différentes lignes de produits par lesquelles l’entreprise parvient à atteindre de
(Teece, Pisano et Shuen 1997, p.516) nouvelles configurations de ressources…(Eisenhardt et
Martin 2000, p.1107)
Adapté de Warnier.V (2003) : « Trajectoires des compétences stratégiques et dynamiques inter-firmes »,
op.cit
Pour plusieurs auteurs, la notion de capacité dynamique est encastrée dans les routines
organisationnelles. Celles-ci occupent une place centrale dans la théorie évolutionniste de
la firme. Elles permettent à l’organisation de fonctionner de façon efficiente, mais elles
présentent aussi l’inconvénient de favoriser l’inertie. Elles incarnent les connaissances et
les savoir-faire et constituent aussi des contraintes d’apprentissages suivant des trajectoires
de développement.
171
Cependant, il faut souligner qu’il existe une nette distinction entre les capacités
dynamiques et les routines organisationnelles. Dans un contexte stable où les frontières
entre marché et hiérarchie sont claires, les entreprises se basent sur les connaissances
existantes pour analyser leur situation actuelle et prédire leur avenir. Dans ce cadre les
capacités sont définies comme des routines pour apprendre les routines (routines to learn
routines)336.
En revanche, dans le cas où l’environnement se caractérise par une forte vélocité337 et les
formes organisationnelles s’enchevêtrent, les entreprises s’intéressent davantage aux
nouvelles connaissances pour répondre aux situations spécifiques. Dans ce contexte, les
routines doivent être simples pour permettre une large latitude décisionnelle des
managers. Elles ne doivent pas être conçues comme des contraintes d’apprentissage et des
sources de rigidités.
Nous retenons cette dernière définition car nous pensons qu’elle est plus adaptée avec
notre sujet et qu’elle constitue un prolongement complémentaire de celle avancée par
Teece, Pisano et Shuen (1997)338.
336
Eisenhardt.K et Martin.J (2000) : « Dynamic capabilities : what they are ? », Strategic Management
Journal, vol 21, N° 10/11, pp.1111.
337
Selon Eisenhardt.K et Martin.J (2000, op.cit, p1111) : “high velocity markets are ones in which market
boundaries are blurred, successful business models are unclear, and market players (buyers, suppliers,
competitors, complémenteurs) are ambiguous and shifting”.
338
Teece.D, Pisano.G et Shuen.A (1997) : « Dynamic capabilities and strategic management », op.cit.
172
3.2 La capacité d’absorption
Depuis l’article fondateur de Cohen et Levinthal en 1990339, le concept de capacité
d’absorption n’a cessé de prendre de l’ampleur dans de nombreuses recherches qui portent
essentiellement sur les phénomènes organisationnels d’apprentissage et d’innovation.
Les tenants de ce concept le définissent sur la base des principes de l’approche fondée sur
les ressources et ses différents courants théoriques notamment la théorie des capacités
dynamiques. Selon cette approche, l’entreprise est définie comme un portefeuille de
ressources et de compétences dont le redéploiement est conditionné par la disponibilité de
capacités internes.
Cohen et Livinthal (1990) étaient les premiers auteurs qui ont pu conceptualiser la notion
de capacité d’absorption. Ils sont partis de l’observation de la littérature empirique sur
l’innovation dans plusieurs industries japonaises et américaines et constatent que les
sources d’informations externes jouent un rôle primordial dans le processus d’innovation.
Ce constat empirique est appuyé par l’apport théorique de plusieurs chercheurs, dont
March et Simon, selon lequel la plupart des innovations sont empruntées plutôt
qu’inventées.
Ce concept est défini par Cohen et Levinthal (1990) comme « la capacité à reconnaître la
valeur d’une nouvelle connaissance externe, à l’assimiler et à l’appliquer à des fins
commerciales »340.
339
Cohen.W et Levinthal.D (1990) : “Absorptive capacity : A new perspective on learning and
innovation », op.cit
340
« …ability to recognize the value of new information, assimilate it, and apply it to commercial ends »,
Cohen.W et Levinthal.D (1990), p.128.
173
Trois dimensions peuvent être retenues de cette définition :
a) La valorisation des connaissances externes ;
b) leur assimilation ;
c) et leur application dans des buts commerciaux.
En se basant sur l’œuvre de Cohen et Levinthal, nous identifions les principaux aspects de
la capacité d’absorption suivant trois aspects : informationnel et cognitif, réticulaire et,
enfin évolutif.
L’idée maîtresse de Cohen et Levinthal est que la capacité d’absorption dépend des
connaissances préalables. Ces dernières forment la dimension cognitive de la capacité
d’absorption. Elles en constituent, certes, une composante clé, mais il existe d’autres
composantes comme par exemple les sources externes et internes des connaissances
(clients, fournisseurs, concurrents, universités…).
Ces sources représentent la dimension réticulaire de cette notion. Les auteurs précisent
qu’il faut considérer les structures de communication entre l’entreprise et les acteurs de
son environnement (réseau interorganisationnel) d’une part et d’autre part, entre les
différentes sous unités organisationnelles (réseau intraorganisationnel). Ces réseaux
permettent aux membres de l’organisation de prendre conscience des connaissances
disponibles ailleurs et contribuent au renforcement de leurs capacités individuelles et
collectives.
341
Cohen.W et Levinthal.D (1990) : op.cit, p.131.
174
Dans ce sens, la simple acquisition de connaissances n’est pas suffisante, mais il faut les
transférer à l’intérieur de l’organisation entre les différentes unités. La capacité
d’absorption est donc un processus d’interaction, de partage et de transfert
interorganisationnel mais aussi intra-organisationnel. La diversité des expériences accroît
les possibilités d’association, de combinaison et de fertilisation croisée des connaissances
nouvellement acquises aux connaissances déjà existantes. Cette dimension évolutive
confère à cet actif intangible un caractère dynamique.
Nous constatons alors que les routines, à l’instar des capacités dynamiques, sont à la base
de la définition du concept de la capacité d’absorption. Il faut signaler que la
transformation, ou encore ce que nous appelons la combinaison des connaissances
nouvellement acquises avec celles déjà existantes, n’a pas été décrite de façon explicite par
Cohen et Levinthal.
175
d’absorption dans la mesure où elle permet de s’approprier d’une grande quantité de
connaissances.
Pour Gulati (1999), l’expérience [partenariale] peut se traduire par une compétence
spécifique de formation et de management des alliances343. Les apports de cette notion
dépassent les seules compétences internalisées antérieurement et les routines partagées et
dotent l’entreprise d’une forte réputation.
342
Reuer.J, Zollo.M et Singh.H (2002): “Post-formation dynamics in strategic alliances”, Strategic
Management Journal, vol 23, N°2, pp: 135-151
343
« One thing that also makes it easier for us to enter new alliances is our extensive experience with doing
alliances. Forming a new partnership is not a big deal any more - we have our own formula and we know it
works », Gulati 1999, p.403, d’après un manager.
« our vast experience with alliances has allowed us to build important skills for the creation and
management of the alliances », souligne un autre manager, idem.
344
Brulhart.F (2003) : « Expérience du partenariat, expérience du partenaire, connivence interpersonnelle :
quel impact sur la réussite du partenariat vertical ? », M@n@gement, vol 8, N°4, pp.167-191.
176
La notion d’expérience de la gestion des partenariats renvoie à l’existence de relations de
coopération simultanées ou passées auxquelles l’entreprise participe ou a pu participer. Le
fondement théorique de cette notion est à creuser dans la théorie évolutionniste. Ce qui
permet d’avancer l’idée que les relations de coopération s’accumulent au fil du temps et
tracent une trajectoire.
La majorité des recherches sur l’innovation adopte une logique dichotomique permettant
de distinguer l’innovation organisationnelle/technologique, l’innovation produits/procédés.
345
Reuer.J, M.Zollo et H.Singh (2002): op.cit
346
Chanal.V et C.Mothe (2005) : « Quel design organisationnel pour combiner innovation d’exploration et
innovation d’exploitation », http://www.facef.br/facefpesquisa/2005/nr1/7_CHANAL_MOTHE.pdf .
177
Toutefois, quelque soit, l’approche retenue, la définition de l’innovation pose un certain
nombre de problèmes d’ambiguïté et de polysémie du concept.
347
Akrich.M, Callon.M et Latour.B (1988) : « A quoi tient le succès des innovations : l’art de
l’intéressement », Annales des mines, Juin, p. 4.
178
L’innovation est un processus qui se déclenche par la découverte d’une idée et se termine
au stade de la commercialisation. Le rôle de l’entrepreneur est de mettre en relation ces
deux univers distincts qui ne peuvent survivre l’un sans l’autre : l’invention et
l’innovation.
Cette définition défend l’idée selon laquelle, l’innovation n’est pas un processus linéaire
mais un processus de couplage particulier. La particularité vient du fait que les deux
éléments mis en relation évoluent de façon particulière (l’invention qui se réfère à
l’évolution technologique et l’innovation à l’évolution du marché). L’entreprise
innovatrice est alors celle qui a le pouvoir de réagir aux perturbations environnementales et
de saisir les opportunités offertes par la même occasion.
D’un autre coté la créativité et l’invention sont prises de façon synonyme. Elles concernent
la découverte d’idées nouvelles et brillantes. L’innovation est définie par l’incarnation et la
concrétisation de ces idées. La créativité et l’innovation sont alors deux concepts distincts
mais complémentaires. Ce sont deux étapes d’un même processus qui commence par la
création et la découverte d’idées nouvelles et se termine par la mise en œuvre de celles-ci.
348
Akrich.M, Callon.M et Latour.B (1988) : op.cit, p.5
179
Dans l’entreprise, la créativité peut être définie comme la production par un individu ou un
groupe d’individus d’idées nouvelles et utiles relatives aux produits, processus,
procédures, etc. L’innovation concrétise ces idées au sein de l’organisation. Elle est
composée de deux dimensions essentielles : l’une est entrepreneuriale, l’autre est
stratégique.
De sa part, Rogers (1983) définit l’innovation comme « une idée, une pratique ou un objet
perçu comme nouveau par l’individu ou toute entité qui l’adopte. Sous un angle
comportementale, il importe peu que cette idée soit objectivement nouvelle, telle que
mesurée par la date de sa découverte ou de sa première utilisation. C’est la nouveauté
perçue par des individus qui détermine leur réaction à l’égard d’une nouvelle idée »350.
Finalement, l’innovation dépend donc de la nouveauté perçue par rapport à une situation
antérieure. Elle relève donc de la perception de la nouveauté par celui qui l’adopte. Elle
349
Verstraete.T (2002) : « Essai sur la singularité de l’entrepreneuriat comme domaine de recherche », Les
éditions de l’ADREG.
350
Rogers.E (1983) : « Diffusion of innovations », 3ed. Free Press, New York. Cite par Verstraete.T (2002),
p.6
180
est assimilée au changement perçu comme nouveau. Il s’agit de toute idée, pratique ou
produit implanté dans une organisation perçu comme nouveau par l’unité qui l’adopte.
Cette perception résulte de « la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un
procédé nouveau ou sensiblement amélioré d’une nouvelle méthode de commercialisation
ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques de l’entreprise,
l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures »351.
351
OCDE (2005) : « Manuel d’Oslo : principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur
l’innovation » Editions OCDE, 3ème édition.
352
Jansen.J, Van Den Bosch.F et Volberda.H (2005) : « Exploratory innovation, exploitative innovation, and
ambidexterity : the impact of environnemental and organizational antecedents », Schmalenbach Business
Review, vol 57, October, pp.351-363.
181
ressources existantes. Les capacités de l’entreprise deviennent donc obsolètes et ne
peuvent pas répondre aux nouveaux besoins dictés par le changement du marché353.
Certes, l’exploration crée plus de valeur mais de façon incertaine, distante et souvent
négative. Elle implique l’indisponibilité des ressources pour exploiter les connaissances et
les capacités existantes. La focalisation sur la stratégie d’exploration prive l’organisation
de ses revenus à court terme nécessaires à sa survie. Elle dévie l’orientation stratégique de
la firme354. D’autres auteurs se sont intéressés par la suite aux designs organisationnels
susceptibles de le manager.
Dans ce cadre, Kogut (2000) considère le réseau comme une structure organisationnelle
dans laquelle se localise la connaissance stratégique et qui permet la réalisation de
l’équilibre exploitation et exploration355. Chanal et Mothe (2005) concluent que la
structure hybride est le design organisationnel adapté aux impératifs de l’environnement
hypercompétitif car il permet l’exploitation des avantages concurrentiels et la création
d’autres nouveaux356.
353
Keil.T (2001) : « External corporate venturing : exploration and exploitation », Working Paper, Institute
of Strategy and International Business Series 2001/2.
354
Keil.T (2000) : op.cit.
355
Kogut.B (2000) : « The network as knowledge : generative rules and the emergence of structure »,
Strategic Management Journal, vol 21, N°3, pp : 405-425.
356
Chanal.V et Mothe.C (2005) : « Quel design organisationnel pour combiner innovation d’exploration et
innovation d’exploitation », http://www.facef.br/facefpesquisa/2005/nr1/7_CHANAL_MOTHE.pdf .
182
L’innovation d’exploration permet de se doter d’un avantage de variété pour affronter la
complexité de l’environnement. C’est une forme d’innovation qui s’éloigne de manière
significative des compétences centrales existantes aussi bien au niveau commercial qu’au
niveau technologique. Cette définition est très proche de celle utilisée déjà par Benner et
Tushman (2003) selon laquelle l’innovation d’exploration nécessitent des connaissances et
des compétences nouvelles sur les deux axes : clients et technologie357.
Dans le premier cas, l’effet est de taille, dans le second, la logique est
combinatoire/exploratoire. Les deux logiques sont complémentaires et forment un
continuum. L’exploration constitue la première étape du processus d’innovation. A ce
niveau, les relations d’interdépendance et de partage de connaissances en sont les
antécédents essentiels. Ils permettent l’intégration et l’incorporation de nouvelles
connaissances et compétences dans l’entreprise.
L’exploitation consiste, par contre à utiliser, les connaissances et les compétences internes
contrôlées par l’organisation. Elle utilise les connaissances et les compétences explorées
antérieurement. L’exploration génère la découverte de nouvelles idées, opportunités et
façons de faire. Elle peut porter aussi sur la découverte de nouveaux processus
organisationnels susceptibles d’entraîner une reconfiguration architecturale des ressources
et des compétences.
357
Benner.M-J et Tushman.M-L (2003) : « Exploitation, exploration and process management : the
productivity dilemma revisited » Academy of Management Review, vol 28, N°2, pp.238-256.
358
Rothaermel.F et Deeds.D (2004) : « Exploration and exploitation alliances in biotechnology : a system of
new product development », Strategic Management Journal, vol 25, pp.201-221.
183
Rothaermel et Deeds (2004) utilisent la notion de trajectoire (path) pour conceptualiser
cette relation temporelle entre l’exploitation et l’exploration. Ils distinguent entre
exploitation et exploration dans la mesure où ils analysent les antécédents de chacune des
stratégies. Le désire de la découverte stimule l’exploration. L’existence d’une base de
connaissances et de ressources contrôlée par l’entreprise l’incite à l’exploiter359.
Cette distinction entre exploration et exploitation ne doit pas être vue comme étant
semblable à celle déjà faite entre invention et innovation. Cette dernière relevait d’un
modèle d’innovation linéaire constitué d’un ensemble d’étapes ordonnées.
Dans la nouvelle économie, l’innovation est un processus interactionnel basé sur des
collectifs d’apprentissage360. Le modèle exploration/exploitation est réticulaire. Il met en
relation les différents acteurs de l’environnement et leur importance dans le processus de
création de valeur.
Il faut noter ici que certains auteurs assimilent l’innovation au changement radical. Les
améliorations continues et progressives ne sont pas prises en compte. L’innovation d’un
359
Rothaermel.F et Deeds.D (2004) :op.cit, p 203.
360
Jacob.R et Turcot.S (2000) :« La PME «apprenante» : Information, connaissance, interaction,
intelligence » Institut de Recherche sur les PME, Université du Québec à Trois-Rivières,
www.uqtr.uquebec.ca/inrpme/
184
produit ou d’un procédé apporte une nouveauté radicale c'est-à-dire qu’elle crée une
rupture avec le passé. D’auteurs plus ‘extrémistes’ évoque que l’ère du progrès est révolue
et parlent de révolution stratégique361. Cette révolution est due aux ruptures stratégiques et
aux turbulences environnementales brutales.
361
Hamel.G (2000) : « La révolution en tête », Village Mondiale
362
Porter.M (1996) : « What is strategy », Harvard Business Review, Novembre-Décembre, p.62.
363
Kim.C et R.Mauborgne (1997) : « Value innovation : the strategic logic of high growth », Harvard
Business Review, Janvier-Février, p.102, cité par Dahan.N (2005), op.cit.
185
habituelle pour les traiter. De plus, ces produits laissant presque toujours prévoir des
marges de profit très faibles par unité vendue et n’apparaissant pas attractifs pour les
meilleures clients de l’entreprise, ils ne sont pas en cohérence avec les valeurs
établies »364.
C’est une rupture sectorielle caractérisée par une nouvelle offre sur le marché qui est si
supérieur en temps de valeur perçue par le consommateur/client (…) qu’elle modifie les
règles du jeu concurrentiel366. Il s’agit d’une reconceptualisation fondamentale de ce qui
est l’activité qui amène ensuite à une manière spectaculairement différente de jouer le jeu
dans un secteur donné367.
Hamel (2000) parle de l’innovation en concept d’entreprise, pour répondre aux nouveaux
besoins de l’ère de la révolution. Selon l’auteur, « l’innovation en concept est l’aptitude à
en imaginer d’extraordinairement différents ou des façons radicalement nouvelles de
différencier les concepts existants. C’est donc la clé de la création de richesse. La
concurrence (…) n’oppose pas des produits ou des sociétés mais des modèles
d’entreprises différents »368.
364
Christensen.C-M et O.Michael (2003) : « Répondre au défi du changement radical », Harvard Business
Review, ed. d’Organisation, pp.140, 142.
365
Buden-Fuller.C (1995) : « Strategic innovation, corporate entrepneurship, and matching outside-in to
inside-out approches to strategy research », British Journal of Management, Vol 6, Numéro Spécial., cité par
Dahan.N (2005), op.cit, p.3
366
Sterbel.P (1995) : « Creating industry breakpoints : changing the rules of the game », Long Range
Planning, Vol 28, N°2, pp. 20-38, cité par Dahan.N (2005), op.cit, p.3
367
Markides.C (1998) : « Strategic innovation in established companies », Sloan Management Review, Vol
39, N°3, 31-42. Cité par Dahan.N (2005), op.cit, p.4
368
Hamel.G (2000) : « La révolution en tête », Village Mondiale, p.66.
186
car elle porte sur l’ensemble du concept d’entreprise et dépasse les améliorations
marginales concentrées uniquement sur les produits ou les technologies.
D’après ces définitions, nous relevons certaines dimensions qui caractérisent l’innovation
radicale. Son objectif consiste à mettre en place de nouvelles règles de jeu concurrentiel
en créant de nouveaux espaces de marchés. L’innovation radicale évite alors
l’affrontement avec les concurrents et l’intensité concurrentielle est de plus en plus réduit.
Nous pouvons l’assimiler à une déviation de la trajectoire habituelle de la firme. Les
produits de l’entreprise se différencient nettement des produits des concurrents.
369
OCDE (2005) : « Manuel d’Oslo : principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur
l’innovation » Editions OCDE, 3ème édition.
187
- Les innovations en matière de pratiques de l’entreprise consistent à mettre en œuvre les
routines et les processus de conduite des travaux. C’est le cas par exemple de la mise en
pratique des méthodes permettant le partage et la communication des connaissances
acquises, la création de base de données sur les best practices, des équipes de travail en
mode virtuel en introduisant l’idée de la chaîne de valeur avec des systèmes intégrés de
gestion de type « ERP ».
- Les innovations en matières des relations extérieures de la firme. Il s’agit notamment des
nouveaux accords de coopération et de leur diversité. Les stratégies d’externalisation,
d’internalisation ou de sous traitance des activités sont considérées comme des innovations
organisationnelles.
Partons de ces définitions, nous constatons qu’il est très difficile de comprendre
l’innovation technologique dans son sens purement littéraire. Il faut noter aussi que
l’abondance des travaux sur le sujet attribue à l’innovation technologique un aspect
d’utilisation courante et usuelle.
La définition de Préfontaine (1994), pour qui, l’innovation technologique se réfère à
l’adoption d’une nouvelle technologie par une entreprise s’inscrit dans ce cadre. Carrier et
188
Garand (1996) parlent plutôt d’adoption de nouveaux procédés ou de nouveaux outils.
Pour ces auteurs, l’innovation technologique désigne des changements techniques
profitables ou l’adoption de nouveaux procédés370
L’innovation de produit peut faire appel à des connaissances ou des technologies nouvelles
comme elle peut s’appuyer sur celles qui existent déjà en apportant des améliorations
370
Carrier.C et D.Garand (1996) : « Le concept d’innovation : débats et ambiguïtés », 5ème Conférence
Internationale de Management Stratégique, Lille, 13-14-15 Mai 1996.
371
Ayerbe.C (2006) : « Innovations technologique et organisationnelle au sein de PME innovantes :
complémentarité des processus, analyse comparative des mécanismes de diffusion », Revue Internationale
PME, Vol 19, N°1, pp.9-34.
372
OCDE (2005) : « Manuel d’Oslo : principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur
l’innovation », op.cit.
189
sensibles par rapport à une situation antérieure. Un produit est nouveau si ses
caractéristiques fonctionnelles sont nouvelles ou sensiblement améliorées. Les
améliorations sensibles de produits existants interviennent par le biais de changements de
matières, de composants et d’autres caractéristiques rendant ce produit plus performant et
créant plus de valeur aux yeux des clients.
L’innovation de produits dans les services peut inclure des améliorations sensibles de la
manière dont ces services sont fournis par l’entreprise en termes de rapidité, d’efficience et
de délai de livraison. Il s’agit aussi de l’ajout de nouvelles fonctions ou caractéristiques à
des services déjà existants ou la création de services nouveaux.
Dans ce cadre, et pour éviter les risques de confusion entre les deux types d’innovation, le
manuel d’Oslo parle d’innovation de procédés lorsque l’innovation implique l’utilisation
des méthodes, machines et/ou compétences nouvelles ou sensiblement améliorées pour
fournir le service.
190
d’innovation de produit et de procédé lorsque l’innovation implique l’amélioration
sensible à la fois des caractéristiques du service fourni et des méthodes, machines et/ou
compétences utilisées pour cette prestation373.
En guise de conclusion de cette section sur l’innovation, nous mettons en exergue dans
notre modèle de recherche l’innovation de produits et de procédés. Nous nous basons dans
ce choix sur le constat de Carrier et Garand (1996) selon lequel les chercheurs ont
tendance à se limiter à ces deux types bien particulier de l’innovation parce qu’ils
chevauchent les autres catégories. Rappelons que l’innovation est entendue dans le sens du
processus et du résultat. Les deux sens sont pris en compte dans cette recherche.
En conclusion de ce chapitre, rappelons que l’objectif qui lui a été assigné est de définir les
concepts de base de notre problématique. Ces concepts représentent la trame de ce
chapitre. Chaque concept principal a fait l’objet d’une section : la coopération
interorganisationnelle, la capacité d’absorption des connaissances et l’innovation de
produits et de procédés.
Figure 7 : Le cadre conceptuel
Caractéristiques Caractéristiques
relationnelles cognitives Capacité Innovation
d’absorption de produits
- force de liens - Communautés de et
des
- Confiance pratiques innovation
connaissances
- Engagement - Partage de
- Communication connaissances
de procédés
Les entreprises qui sont dotées de fortes capacités d’absorption en termes d’acquisition,
d’assimilation et de dissémination exploitent ces ressources en introduisant de nouveaux
373
OCDE (2005) : « Manuel d’Oslo : principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur
l’innovation », op.cit
191
produits sur le marché et en mettant au sein de l’organisation de nouveaux procédés de
production et de distribution.
192
Partie II
Cadre méthodologique et empirique
Dans cette deuxième partie, l’objectif consiste à mettre en œuvre notre recherche. Pour
cela, le quatrième chapitre de cette thèse essaye d’élaborer le modèle hypothétique. Celui-
ci met en relation causale les concepts que nous avons essayés de définir dans le chapitre
précédent tout en nous basant sur la littérature existante en la matière. Notre démarche,
comme nous l’avons déjà signalée en introduction générale, est hypothético déductive.
L’approche est alors confirmatoire. Pour valider les hypothèses du modèle nous utilisons
les équations structurelles pour l’analyse confirmatoire des variables latentes et le test
d’hypothèses et du modèle global.
Le second chapitre met en évidence les résultats de l’analyse exploratoire d’un échantillon
de 17 entreprises. L’objectif de cette analyse est la purification des échelles de mesure en
éliminant les indicateurs qui diminuent sensiblement leur fiabilité. Nous utilisons dans ce
cadre le logiciel SPSS. Ce chapitre s’intéresse aussi à l’analyse descriptive des données de
l’échantillon final et l’analyse confirmatoire. Dans l’analyse descriptive, nous analysons
les caractéristiques de tendance centrale, de dispersion et de distribution. Dans l’analyse
confirmatoire, nous nous intéressons à la fiabilité et la validité des échelles de mesure en
mobilisant de nouveaux indices fournis par les équations structurelles. Nous utilisons dans
ce cadre le logiciel Lisrel8.51.
193
Chapitre 4
Modèle hypothétique et choix méthodologique
Les postulats d’une recherche ne se limitent pas uniquement aux fondements théoriques et
à la spécification des construits, mais ils concernent aussi le cadre méthodologique et
épistémologique. En effet, les connaissances produites en sciences de gestion sont
largement tributaires des paradigmes dans lesquels s’inscrivent les chercheurs.
La première question qui nous vient à l’esprit interroge sur le comment de cette relation.
Les premiers éléments théoriques de réponse accordent une importance cruciale au partage
de connaissances entre les différents partenaires et à la capacité organisationnelle
d’absorption de celles-ci. Leur partage est une phase intermédiaire entre la coopération et
l’innovation. Car la coopération n’implique pas forcément et directement l’innovation,
mais il doit y avoir une volonté et un engagement des différents acteurs à diffuser et
partager les connaissances.
374
Igalens.J, Neveu.J-P et al (2005) : « Conclusion : ouvertures épistémologiques », in Roussel.P et
F.Wacheux (dir), « Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences humaines et
sociales », de boeck
194
et l’assimilation sont les trois dimensions que nous avons retenues dans la pressente
recherche pour concevoir cette variable organisationnelle.
Nous nous inscrivons dans ce cadre pour mettre en relation les concepts théoriques
précédemment définis et élaborer nos hypothèses. Cette élaboration explicite la logique
des relations qui unissent les concepts évoqués dans la problématique. L’hypothèse
représente une réponse théorique provisoire prête à la validation empirique.
Dans cette première section, nous présentons d’abord une série d’hypothèses qui relient les
caractéristiques relationnelles de la coopération au partage de connaissances. Ensuite,
nous nous intéressons à l’analyse de la relation entre le partage de connaissances et
l’innovation en mettant en exergue l’importance de la capacité d’absorption comme
375
Charreire.S et F.Durieux (2003) : « Explorer et tester », in Thiétart.R-A et al, « Méthodes de recherche en
management », Dunod, pp. 57-80
195
variable intermédiaire de cette relation. Enfin, nous présentons le schéma général de notre
modèle et nous faisons la récapitulation des différentes hypothèses. Cependant avant
d’entamer ces différents points, nous présenterons notre hypothèse universelle qui relie la
coopération interorganisationnelle à l’innovation.
376
Définition de Matlay et Mitra (2002), cité par Guihur, Julien et Trépanier (2000) : « Stimulation de
l’innovation par le réseautage d’entreprises », disponible en ligne : http://horus.univ-
nancy2.fr/COLLOQUES/METAMORPHOSE/communications/Guihur%20I-Julien%20PA-
Trepanier%20M.pdf
196
Par la coopération, les organisations créent de nouvelles plages de connaissances et
d’aptitudes appuyant leur apprentissage377. Les membres du réseau ont accès à un bassin
de connaissances et d’expériences qu’aucun d’entre eux n’aurait pu atteindre sans les
autres378.
L’innovation est un processus qui s’inscrit dans cette perspective. Elle met en relation
plusieurs acteurs indépendants visant la création des complémentarités des ressources et
des effets de synergie. Nous assistons alors, selon Teece (1989), au passage d’un modèle
d’innovation linéaire à un modèle en réseau379.
Pour Powell, Koput et Smith-Doerr (1996), les sources de l’innovation se localisent dans
des réseaux de coopération interorganisationnelle plutôt que dans des organisations prises
individuellement. Dans un régime de développement technologique rapide, les
connaissances sont largement distribuées de telle sorte qu’aucune entreprise ne peut
disposer en interne de toutes les ressources nécessaires pour son succès. La littérature
377
Ahuja.G (2000): « Collaboration network, structural holes, and innovation: a longitudinal study »,
Administrative Science Quarterly, vol 45, N°3, p.425-455.
378
Guihur.I, P-A.Julien et M.Trépanier (2000) : op.cit.
379
Teece.D (1989) : « Interorganizational requierements of the innovation process », Managerial and
Decision Economics, Special Issue, pp.35-42.
380
Robertson.M, Swan.J et Newell.S (1996) : « The role of networks in the diffusion of technological
innovation », Journal of management Studies, Vol 33, N°3, pp.333-359
381
Cité par idem.
197
stratégique défend l’idée que les coopérations entre les différentes organisations génèrent
des apprentissages interorganisationnels382.
En étudiant les PME de biotechnologie, Powell et ses collègues (1996) concluent que les
entreprises ayant formé plusieurs relations de coopération accélèrent leur taux de
croissance et confirment par ailleurs, l’existence de relations de détermination entre la
coopération interorganisationnelle et l’innovation. Ils mettent en place la notion de réseau
d’apprentissage. Celle-ci implique, selon eux, deux remarques essentielles :
- Les coopérations entre les organisations ne sont pas un simple moyen de compensation
du manque des ressources internes ;
- Les coopérations ne doivent pas être conçues comme une série de transactions discrètes.
Stuart (2000) montre qu’il existe une relation d’influence positive entre la coopération
interorganisationnelle et l’innovation. Les organisations qui disposent d’un portefeuille de
relations partenariales sont plus performantes que les autres. Le potentiel d’apprentissage
interorganisationnel est d’autant plus élevé que l’entreprise multiplie ses coopérations383.
Pour Hamel (1991), la coopération offre aux partenaires l’opportunité d’internaliser les
compétences des autres. Les entreprises les plus compétitives sont celles qui adoptent des
stratégies coopératives. La compétition ne porte plus sur les produits et sur les clients mais
plutôt sur les compétences qui conçoivent les produits384.
382
Powell.W, Koput.W et Smith-Doerr.L (1996) : op.cit.
383
Stuart.T (2000) : « Interorganizational alliances and the performance of firms : a study of growth and
innovation rates in high-technology industry », Strategic Management Journal, vol, 21, N°8, pp.791-811
384
Hamel.G (1991) : « Competition for competence and inter-partner learning within international strategic
alliances », Strategic Management Journal, vol 12, special issue, pp : 83-103.
198
partenaires est restrictif et les opportunités d’apprentissage seront limitées. Dans un réseau
interorganisationnel, la connaissance est partagée entre les différentes parties et disséminée
au sein de chaque organisation385. Les capacités internes d’apprentissage, d’assimilation et
de combinaison sont alors cruciales pour la création d’un avantage différentiel.
Par ailleurs et dans le même cadre d’idées, Kogut (2000) montre que la structure
relationnelle constitue un champ fertile de création et de partage de connaissances. Sur le
plan stratégique, cette structure favorise la résolution du dilemme exploitation vs
exploration de connaissances386. Le partage est l’une des raisons les plus avancées par les
chercheurs pour justifier l’importance qu’ils accordent aux stratégies coopératives.
Dans ce sens, les tenants de la théorie des réseau sociaux, dont Burt et Granovetter, mettent
en avant l’idée selon laquelle les relations sociales, notamment dans les petites et
moyennes structures, stimulent le partage de connaissances tacites. Plus encore, la théorie
des relations sociales permet de les filtrer d’éviter la redondance.
Dès lors, les stratégies de coopération entre les différentes organisations favorisent
l’émergence d’un climat de confiance mutuelle. Ce qui influence de façon positive la
volonté des acteurs à s’impliquer dans les différentes activités interdépendantes et partager
les ressources afin d’aider les autres partenaires. Des effets de synergies et de
complémentarités apparaissent et contribuent dans la formation de l’avantage compétitif.
385
Inkpen.A (1996) : « Creating Knowledge through collaboration », California Management Review, vol
39, N°1, pp : 123-140.
386
Kogut.B (2000) : op. cit
387
Chabaud.D et Ngijol.J (2005) : « La contribution de la théorie des réseaux sociaux à la reconnaissance
des opportunités de marché », Revue Internationale PME, vol 18, N°1, pp.29-46
199
directement de déterminants interorganisationnels à l’innovation sans mettre en valeur le
partage et la capacité d’absorption des connaissances externes.
Innovation de
Coopération Partage de Capacité
produits et de
interorganisationnelle connaissances d’absorption
procédés
388
Knudsen.M-P, Dalum.B et Villumsen.G (2001) : « Tow faces of absorptive capacity creation : acces and
utilisation of knowledge », The Nelson and Winter Conference, orgnized by DRUID in Aalborg, Denmark.
389
Nahapiet.J et Ghoshal.S (1998): « Social capital, intellectual capital and the organizational advantage »,
Academy of Management Review, vol 23, N°2, pp. 242-266.
200
organisationnelles390. D’autres s’intéressent à l’analyse des relations en distinguant entre
l’encastrement relationnel basé sur les caractéristiques des relations et l’encastrement
structurel qui se focalise sur la structure de celles-ci391.
Par exemple, certains auteurs défendent l’idée que les liens forts et les liens faibles
contribuent à la performance des entreprises. D’un côté, les liens forts sont associés à la
confiance et permettent l’accès à des connaissances fines et pertinentes. D’un autre côté,
les liens faibles permettent l’accès aux nouvelles connaissances selon Granovetter (1973).
De façon similaire, Burt montre l’intérêt des trous structuraux dans l’appropriation des
connaissances non redondantes. Quant à Coleman, son attention est portée sur les
variables structurelles. Il s’agit notamment de la fermeture (closure) des formes du capital
social. Les réseaux à forte densité relationnelle favorisent la confiance et la coopération
entre les parties. En revanche, les réseaux à faible densité offrent des opportunités
d’intermédiation et d’échange d’informations non redondantes393.
Cependant, Burt (2000) appelle à une réconciliation de ces différences en montrant que les
deux formes du capital social structurel et relationnel ne sont pas forcément contradictoires
mais complémentaires. Rowely et al (2000) partent de cette tentative de réconciliation pour
analyser les conditions sous lesquelles la densité et la force des liens contribuent à la
performance des entreprises.
390
Dyer et Singh.H (1998) : « The relational view : cooperative strategy and sources of interorganizational
competitive advantage »,op.cit
Borgatti et Cross (2003) : “A relational view of information seeking and learning in social networks”, op.cit
391
Gulati.R (1998) : “Alliances and networks”, op.cit
Gulati et Garguilo (1998) : “Where do interorganizational networks come from?”op.cit
392
Rowley.T, Behrens.R et Krackhardt.D (2000): “Redundant governance structures: an analysis of
structural and relational embeddedness in the steel and semiconductor industries”, Strategic Management
Journal, vol 21, N°3, pp: 369-386
393
Burt.R (2000) : « Structural holes versus network closure as social capital », disponible en ligne:
http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
Burt.R (2004): “The Social Capital of Structural Holes”, à paraître dans “Brokerage & closure: an
introduction of social capital”,(R.Burt, 2005), Oxford Press University, disponible en ligne:
http://gsbwww.uchicago.edu/fac/ronald.burt/research
201
Par ailleurs, ils constatent que l’encastrement relationnel et structurel ont été analysés dans
la littérature comme étant deux variables indépendantes. Leur interaction constitue selon
eux une importante variable explicative de cette réconciliation. Les stratégies de
coopération qu’elles soient à travers les liens faibles ou forts dépendent de la façon dont
l’entreprise est structurellement encastrée dans le réseau. Le capital social sert de
mécanisme de gouvernance de ces stratégies et de contrôle des comportements des
partenaires.
D’autres sources impersonnelles tels que Internet, archives, bases de données sont utilisées
dans une moindre mesure. Les relations sociales permettent la promotion du partage de
connaissances394. Le capital relationnel est considéré comme un facteur déterminant du
renouvellement du capital intellectuel et de l’augmentation du potentiel de l’innovation.
Cross et Borgatti (2003) affirment que les chercheurs sur l’apprentissage organisationnel
se sont intéressés à l’acquisition de la connaissance déclarative (know-what) et procédurale
(know-how). L’impact des caractéristiques relationnelles n’a pas été pris en considération
dans leurs travaux.
394
Cross.R, Parker.A, Prusak.L et Borgatti.S (2001): “Knowing what we know: supporting knowledge
creation and sharing in social networks”, Organizational Dynamics, vol 30, N°2, pp.100-120
395
Borgatti.S et R.Cross (2003): “A relational view of information seeking and learning in social networks”,
Management Science, vol 49, N°4, pp: 432, 445
202
relatif à la compétence professionnelle du partenaire, ses objectifs individuels et collectifs
et ses contacts personnels. Le niveau élevé de cette compétence incite à la coopération et la
réalisation des objectifs. Le deuxième point d’intersection se réfère à la solidarité et aux
responsabilités des membres du réseau. Ce point fait référence aussi aux relations sociales
formelles et informelles entre les employés des différentes organisations. Enfin, le
leadership est la capacité d’influence exercée par un membre sur les autres. Cette capacité
est le résultat d’un portefeuille de contacts personnels, de la confiance et de la création
d’une culture de groupe.
En se basant sur cette littérature, nous tentons de tester l’hypothèse selon laquelle le
partage de connaissances est d’autant plus important que le capital relationnel est
élevé.
Les individus attribuent un sens à leur action. Cette approche en termes de significations
puise ses racines dans la théorie interactionniste de Weick qui décrit les notions
d’enactement, de sensemaking et d’intelligence collective. La communication est
considérée comme le vecteur de l’organisation. Celle-ci est composée de plusieurs
comportements inter-reliés.
203
La plupart des recherches sur la communication considèrent l’organisation comme le
niveau d’analyse le plus pertinent. Ce choix découle de la difficile dissociation entre la
communication et l’organisation. Ces auteurs parlent de la communication
interorganisationnelle.
Nicolas (2007) propose une analyse communicationnelle des interrelations pour pouvoir
saisir l’impact de l’interaction langagière sur la création de l’intelligence collective. La
coopération avec les autres organisations permet de créer un espace d’interactions
interpersonnelles396.
396
Nicolas.A (2007) : « Proposition d’un cadre d’analyse de la coopération interorganisationnelle à travers
les notions de communication et de compétence collective », 16ème Conférence Internationale de Management
Stratégique, du 6 au 9 Juin Montréal.
397
Naphapiet.J et Ghoshal.S (1998) : « Social capital, intellectual capital, and organizational advantage »,
Academy Of Management Review, vol 23, N°2, pp : 242-266, cité par Paturel.R, K.Richomme-Huet et J.De
Freyman (2005) : op cit, p.07.
204
La confiance est un « lubrifiant » des connexions qui favorisent la circulation des
connaissances stratégiques et réduit le coût de partage de celles-ci. Elle est définie par une
volonté délibérée d’être vulnérable aux actions d’une autre partie et traduit la possibilité
d’anticiper de façon raisonnable le fait que le partenaire agira de manière honnête et qu’il
ne se comportera pas de façon opportuniste. Elle reflète la croyance en la volonté d’un
partenaire de ne pas agir en faveur de son propre intérêt au détriment des autres. Cette
croyance et cette vulnérabilité volontaire offrent un cadre favorable au partage de
connaissances créatrices d’avantages stratégiques.
Pour Mohr et Speakman (1994), la confiance est l’un des facteurs clés de succès des
coopérations. Son absence détériore le niveau de partage de connaissances et réduit les
possibilités de résolution de problème401.
398
Zaheer.A et Venkatraman.N (1995) : « Relational governance as an interorganizational strategy : an
empirical test of trust in economic change », Strategic Management Journal, vol 16, N°5, pp.373-392.
399
Uzzi .B(1997) : op.cit
400
Inkpen.A (1996) : « Creating Knowledge through collaboration », California Management Review, vol
39, N°1, pp : 123-140.
401
Mohr.J et Spekman.R (1994): “Characteristics of partnership success: partnership attributes,
communication behaviour, and conflict resolution techniques”, op.cit.
205
incomplets. L’existence d’un climat de confiance entre les partenaires influence
positivement la performance de l’externalisation de la R&D402.
Levin et Cross (2004) montrent que la confiance joue un rôle médiateur entre les liens forts
et l’absorption des connaissances utiles. Ils insistent sur le rôle important de la dimension
capacité (aptitudes, compétences et expertises qu’on attribue à celui à qui on fait
confiance) dans la formation des communautés de pratique et l’échange des connaissances
tacites403.
La relation de coopération ne peut, alors, être limitée au contrat formel. Elle inclut les
relations sociales entre dirigeants dans le cadre d’un « contrat relationnel ». Selon
Froehlicher (1998), le contrat ne résulte pas, dans la plupart des cas, d’une activité sociale
intense avant son établissement404. Ce qui explique parfois le désengagement des acteurs
signataires.
Nous pensons que l’engagement s’explique par la bonne volonté envers les partenaires et
l’obligation morale qui rendent possible la pérennité de la relation. Une telle volonté est
une condition essentielle de la réussite de la coopération.
Dans ce cadre, Inkpen (1996) analyse la coopération entre les entreprises américaines et
japonaises et montre que l’engagement des parties joue un rôle de facilitateur de partage de
connaissances. Il assure la stabilité des relations de coopération et développe chez le
partenaire le sentiment d’appartenance à une communauté d’acteurs.
402
Carson.S, Madhok.A, Varman.R et John.G (2003): “Information processing moderators of the
effectiveness of trust-based governance in interfirm R&D collaboration”, Organization Science, vol 14, N°1,
pp: 45-56.
403
Levin.D et Cross.R (2004): “The strength of weak ties you can trust: the mediating role of trust in
effective knowledge transfer”, Management Science, vol 50, N°11, pp.1477-1490.
404
Froehlicher.T (1998) : « Les liens sociaux entre dirigeants et le déclenchement de la coopération
interentreprises », Finance, Contrôle, Stratégie, Vol 1, N°1, pp.99-124.
206
L’engagement reflète le désir des membres de maintenir la relation pendant longtemps.
Ceci leur procure une certaine sécurité à l’égard des comportements opportunistes. C’est
dans ce sens que Hoffman (2000) considère l’engagement comme étant une source de la
durabilité de l’avantage concurrentiel405.
Pour Mohr et Spekman (1996), l’engagement offre aux partenaires un contexte favorable
pour atteindre leurs objectifs individuels et collectifs sans l’émergence du spectre des
comportements opportunistes. Ils considèrent la confiance et l’engagement comme des
variables clés de succès des relations partenariales.
Morgan et Hunt (1994) lient ces deux variables et les qualifient de variables clés dans la
coopération de l’entreprise avec les autres organisations. Ces deux variables permettent
aux dirigeants et gestionnaires d’investir davantage dans la relation406.
Ce point de vue est partagé par Monczka, Petersen et Handfield (1998) dans une recherche
sur les facteurs clés de succès des stratégies d’alliances avec les fournisseurs. Pour ces
auteurs, l’engagement est la volonté de fournir des efforts pour le compte de la relation. Il
se manifeste par l’investissement en ressources tangibles et intangibles notamment celles
qui ont une valeur stratégique407. Cet investissement en actifs spécifiques est un
déterminant de base de la structure de gouvernance des coopérations
interorganisationnelles408.
405
Hoffman.N(2000) : « An examination of the sustainable competitive advantage concept : past, present
and future », Academey of Science Review, vol 2000, N°4, pp.1-16.
406
Morgan.R.M et Hunt.S.D (1994) : « The commitment-trust theory of relationship marketing », vol 58,
N°3, pp.20-38.
407
Qui contribuent dans la formation de l’avantage compétitif des partenaires.
408
Monczka.R, Petersen.K et Handfield.R (1998): « Success factors in strategic supplier alliances: the
buying company perspective », Decision Sciences, vol 29, N°3, pp.553-577.
207
c) la difficile conceptualisation de la confiance qui repose sur des bases cognitives et
affectives.
De notre part, nous nous basons sur cette littérature, nous formulons l’hypothèse suivante:
Hypothèse 4 : L’engagement des partenaires est d’autant plus fort que la confiance
interorganisationnelle est élevée.
Hypothèse 5 : L’engagement des partenaires influence positivement les communautés de
pratique.
Hypothèse 6: La confiance interorganisationnelle influence positivement les
communautés de pratique.
Josserand et Dameron (2006) ont analysé les difficultés de construction d’une communauté
de pratique qui émerge d’un réseau de dentistes voulant partager leurs pratiques et
stimuler l’évolution de leurs professions. Selon les auteurs, ce réseau représente en quelque
sorte une forme pure de communauté de pratique409.
Teiglang (2000) étudie les communautés de pratiques au sein des entreprises de haute
technologie mais s’intéresse aussi aux liens externes des employés notamment via Internet
comme source de connaissances pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés
409
Josserand.E et Dameron.S (2006) : « Une communauté de pratique prise au piège identitaire », XVème
Conférence Internationale de Management Stratégique, Annecy / Genève 13-16 Juin.
208
dans leur travail410. L’auteur évoque les possibilités de partage de connaissances et
d’expertise dans des forums et souligne l’aspect volontaire des membres d’aider les autres.
Ce qui fait la richesse des connaissances partagées, c’est que les membres de la
communauté opèrent dans plusieurs entreprises et s’intéressent à un même problème. En
outre, le recours à Internet par les membres de la communauté permet de réduire le temps
d’accès à la connaissance. Il en résulte, selon Teigland (2000), une intensification de
l’équilibre discuté par March sur l’exploitation et l’exploration des connaissances.
Selon Chanal (2000), les communautés se basent sur la complémentarité des compétences
et la connexion des connaissances appartenant à plusieurs acteurs. Gueye (2004) inscrit
son travail dans une approche conventionnaliste et montre que le partage de connaissances
doit se faire de façon efficace dans des structures informelles telles que les communautés
épistémique. Cette forme de structure favorise un management informel des connaissances
et établit un maillage harmonieux entre les dimensions tacites et explicite de la
connaissance.
Pour Inkpen (1996), les interactions interorganisationnelles fournissent les bases des
communautés de pratique. Elle est définie comme un groupe d’individus qui
n’appartiennent pas nécessairement à une seule organisation et qui partagent les
connaissances. Pour lui, il ne suffit pas d’acquérir la connaissance explicite pour parler de
communauté. L’appartenance à une communauté permet de devenir un ‘insider’ et
d’acquérir les différentes interprétations subjectives des connaissances partagées.
De même Cappe (2005) souligne que les communautés de pratique se présentent comme
un lieu privilégié pour l’apprentissage, le partage et le développement de compétences et
de connaissances mises en œuvre dans la pratique411.
Par ailleurs, nous considérons que les techniques de résolution de problèmes jouent le rôle
de modérateur dans la relation entre les communautés de pratique et le partage de
410
« Several programmers even stated that they preffered to go first to their internet community or use
their private e-mail list for help instead of asking someone at their own company even if he or she was
sitting at the next desk », p.141
411
Cappe.E (2005) : « Identification des graines de communautés de pratique : mise en œuvre au sein d’une
entreprise microélectronique », 14ème Conférence Internationale de Management Stratégique, Pays de la
Loire.
209
connaissances. Le recours au pouvoir de l’entreprise et à l’arbitrage externe sont des
techniques de résolution agressives. Par contre, la négociation pour faire disparaître les
divergences et convaincre les partenaires est une technique de résolution conjointe.
412
Knowledge spillovers.
413
Cohen et Levinthal (1990): op.cit, p.141.
414
Vinding.A (2000) : « Absorptive capacity and innovative performance : a human capital aaproach »,
disponible en ligne: http://elsa.berkeley.edu/~bhhall/EINT/Vinding.pdf
210
Zahra et George (2002) distinguent de leur part entre la capacité d’absorption potentielle
(potential absorptive capacity) et la capacité d’absorption réalisée (realized absorptive
capacity). Alors que l’acquisition et l’assimilation déterminent la capacité potentielle
d’innovation, la transformation et l’exploitation représentent l’innovation effective.
L’un des aspects qui caractérisent la capacité d’absorption, souligné dès 1990 par Cohen et
Levinthal, est son caractère cumulatif. En effet, les auteurs soulignent que les
connaissances antérieures acquises dans le cadre des coopérations améliorent la capacité
d’absorption. Par conséquent, l’expérience coopérative influence la capacité
d’apprentissage. Cette approche cumulative et évolutive est paraphrasée par ‘apprendre à
apprendre’ (learning to learn).
415
Escribano.A, Fosfuri.A et Tribo.T (2005) : « Managing knowledge spillovers : the impact of absorptive
capacity on innovation performance », disponible en ligne: http://www.vcharite.univ-
mrs.fr/EC2/Papers/Josep-Tribo.pdf
416
Reuer.J, Zollo.M et Singh.H (2002): “Post-formation dynamics in strategic alliances”, op.cit
211
l’entreprise à entretenir de nouvelles relations et absorber davantage de connaissances
externes.
En guise de récapitulation, nous supposons, sur la base de la littérature présentée plus haut,
que la capacité d’absorption est une variable médiatrice dans la relation entre le partage de
connaissances et l’innovation. Cette capacité est influencée par l’expérience partenariale
de l’entreprise. Le modèle suivant schématise ces relations hypothétiques :
Figure 9 : La relation hypothétique entre partage de connaissances et innovation et le rôle médiateur
de la capacité d’absorption
Partage de connaissances
Expérience partenariale
L’architecture de notre modèle tente de traduire les différents éléments de réponse à notre
questionnement sur l’apport du réseau à l’innovation. En effet, Le rôle médiateur du
417
Charreire.S et Durieux.F (2003) : op.cit.
212
partage de connaissances nous répond sur le comment. Tandis que le rôle modérateur de la
capacité d’absorption sur la relation entre le partage et l’innovation nous indique les
conditions nécessaires à la réalisation de cette relation.
Notre modèle met alors en relation les différents concepts théoriques que nous avons
définis précédemment. Les flèches désignent l’ensemble des hypothèses appuyées par des
travaux antérieurs et qui seront testées ultérieurement.
Figure 10 : Modèle hypothétique
Confiance H1 Communication H2 Résolution de
interorganisatio interorganisatio problèmes
H4 H3
H6
Engagement Communautés Partage de
H5 H7 connaissance
pratiques
s
H8
Innovations
Expérience Capacité de produits
partenariale H9 d’absorption H10 et de
procédés
213
Section 2. Positionnement épistémologique et choix méthodologique
Le choix de la méthodologie de recherche dépend du positionnement épistémologique du
chercheur et de son objectif. Le débat entre la démarche inductive vs déductive et la
stratégie d’investigation qui en découle, approche qualitative vs quantitative est alimenté
par le débat épistémologique entre paradigme positiviste vs constructiviste. La taille de
l’échantillon est fonction de l’objectif de recherche. L’exploration et la génération
d’hypothèses nécessitent des échantillons restreints, tandis que l’explication de relations
causales et la confirmation des hypothèses se fait par le recours à des échantillons de taille
importante.
Notre ambition ici ne consiste pas à faire preuve d’une maîtrise des différents paradigmes
épistémologiques ni prétendre à une présentation exhaustive de l’épistémologie des
sciences de gestion. Loin de là, l’objectif est simple. Chercher dans les trois principaux
paradigmes les repères qui nous permettent de nous positionner dans l’un d’eux. Ce
positionnement n’est pas sans effet sur l’architecture de la recherche et sur la méthode
mise en œuvre.
Pour les positivistes, seule la méthode scientifique qui se base sur le test d’hypothèses à
partir de données quantitatives est capable de produire des connaissances scientifiques. La
connaissance est objective et le monde social existe de façon extérieure419. Elle existe
indépendamment de celui qui la cherche. La vison positiviste est explicative en cherchant
des réponses en termes de « pour quelles causes..». Il s’agit de trouver et de reconstituer la
chaîne de causes à effets. La démarche causale met en relation des effets ou des
418
Girod-Séville et Perret.V (2003) : « Fondements épistémologiques de la recherche », In Thiétart.R-A et
al, « Méthodes de recherche en management », Dunod, pp.13-33.
419
Usinier.J-C, Smith.M-E et Thorpe.E (1993) : « Introduction à la recherche en gestion », Economica.
214
phénomènes sociaux caractérisés par des concepts. Elle cherche à identifier des
explications causales et de dégager des lois fondamentales qui expliquent les régularités
dans le comportement de l’être humain. Le positionnement dans la communauté des
positivistes est largement guidé par le chemin de la réalité connaissable qui dispose un
sens en elle-même et que ce sens ne dépend par nécessairement des préférences
personnelles420.
La compréhension du sens donné par les acteurs à la réalité est le principal objectif de
l’interprétativisme. L’explication, chère aux positivistes, est supplantée par la
compréhension. Un débat apparaît alors sur la relation entre ‘comprendre’ et ‘expliquer’.
Tableau 17 : Positions épistémologiques des paradigmes positiviste, interprétativiste et constructiviste
Le positivisme L’interprétativisme Le constructivisme
Quel est le statut de la Hypothèse Hypothèse phénoménologique
connaissance ? ontologique. L’essence de l’objet ne peut être atteinte
Il existe une essence (constructivisme modéré ou interprétativisme)
propre à l’objet de ou n’existe pas (constructivisme radical)
connaissance
La nature de la Indépendance du sujet Dépendance du sujet et de l’objet
réalité ? et de l’objet. Hypothèse intentionnaliste
Hypothèse Le monde est fait de possibilités
déterministe. Le
monde est fait de
nécessités
Comment la La découverte L’interprétation La construction
connaissance est elle Recherche formulée Recherche formulée en Recherche formulée
engendrée ? en termes de « quelles termes de « pour en termes de « pour
causes… » quelles motivations quelles finalités… »
des acteurs… »
Ainsi, pour les positivistes, il n’y a pas d’opposition entre les deux. La compréhension est
incluse dans l’explication. Le chercheur ne peut pas expliquer la relation causale entre les
différents concepts sans comprendre leur sens. Pour les interprétativistes, le chercheur doit
comprendre le sens de la réalité et l’interpréter. Comprendre, c'est-à-dire donner des
420
Girod-Séville et Perret.V (2003) : « Fondements épistémologiques de la recherche »,op.cit
215
interprétations aux comportements, implique l’attribution par les acteurs des significations
locales dans l’espace et dans le temps.
En guise de conclusion, nous pouvons associer à chacun des trois paradigmes un objectif
de recherche. Ainsi, l’explication est associée au positivisme, la compréhension à
l’interprétativisme et la construction au constructivisme.
La démarche inductive consiste à partir des observations limitées pour inférer des
hypothèses et construire des théories. Elle constitue une base importante dans les nouveaux
216
domaines de recherche. C’est une étape importante de la phase exploratoire avant de passer
à la phase déductive. Son principal objectif est l’exploration et la compréhension.
L’approche qualitative se concentre sur des cas uniques ou de petits échantillons analysés
en profondeur. Elle s’intéresse à l’analyse des processus sociaux, à la découverte et la
construction du sens. Le résultat n’est jamais une proportion ou une quantité, c’est une
qualité ou une dimension de l’objet. La création de la connaissance n’est pas un but en
soi422. L’objectif est l’action pour créer un changement au niveau de l’organisation.
421
Usinier.J-C, Smith.M-E et Thorpe.R (1993) : « Introduction à la recherche en gestion », Economica.
422
Rispal.M (2002) : « La méthode des cas : application à la recherche en gestion », De Boeck Université.
217
Quant à l’approche quantitative, elle donne une expression chiffrée aux données et les
analyses à l’aide d’outils statistiques. Son objectif est de mesurer les phénomènes sociaux
afin de pouvoir tester les hypothèses et construire des modèles théoriques.
Cette distinction est à la fois équivoque et ambiguë. Elle est équivoque dans la mesure où
on trouve plusieurs dénominations voisines423. L’ambiguïté provient du fait qu’aucun des
critères ne permet une distinction absolue entre les deux approches424.
« La querelle des méthodes quali vs quanti est infondée. Elle ne correspond pas à la
réalité du travail scientifique et la fameuse séparation établie par Weber entre approches
compréhensives et approches explicatives ne correspond pas à la réalité historique »425.
De façon générale, les deux approches ne sont pas en conflit, mais elles se complètent
suivant deux perspectives : une perspective de processus séquentiel et une perspective
d’association et de triangulation.
Ainsi, notre perspective est de nature processus. En effet, nous avons utilisé l’approche
qualitative pour mener à bien notre exploration du terrain. Pour cela, nous avons utilisé un
guide d’entretien auprès de 5 entreprises. L’objectif assigné à cette étape exploratoire est
de savoir si les concepts utilisés sont assimilables par les responsables d’entreprises.
423
Données qualitatives et quantitatives, variables qualitatives et quantitatives, études qualitatives et
quantitatives, méthodes qualitatives et quantitatives….
424
Baumard.P et Ibert.J (2003) : « quelles approches avec quelles données ? », In Thiétart.R-A et al,
« Méthodes de recherche en management », Dunod, pp.81-103.
425
Igalens.J et al (2005) : « Conclusion : ouvertures épistémologiques », in Roussel.P et F.Wacheux (dir),
« Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences humaines et sociales », de
boeck, p.418
218
les méthodes Logit et Probit..), dites méthodes avancées426. Celles-ci se basent sur une
approche confirmatoire visant à valider un modèle de recherche issu de travaux théoriques
précédents ou à comparer des modèles pour retenir le modèle le plus pertinent427.
Avec les travaux de Baggozzi en marketing au début des années 80 et les différentes
publications des années 90 en management stratégique, en gestion des ressources
humaines, etc, les MES envahissent d’autres domaines des sciences sociales.
Ces méthodes répondent aux besoins des chercheurs en sciences de gestion qui
s’intéressent à l’analyse des relations linéaires de causalité entre les différents phénomènes
sociaux. Elles permettent de valider la structure de mesure des différents concepts et
constituent une méthodologie statistique qui utilise une approche confirmatoire pour
analyser une théorie structurelle qui repose sur certains événements.
Au regard des méthodes traditionnelles d’analyse des données, les MES traitent
simultanément plusieurs ensembles de variables observées explicatives et expliquées. Elles
426
A l’exception de l’analyse canonique qui étend la régression au cas où il y a plusieurs variables à
expliquer et peut être considérée comme la plus générale des méthodes fondées sur le modèle linéaire
(Evrard.Y,Pras.B et Roux.E (2003), p.541) .
427
Evrard.Y,Pras.B et Roux.E (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition.
428
Nous faisons références dans ce cadre notamment aux ouvrages :
- Roussel.P, Durieu.F, Campoy.E et El Akremi.A (2002) : « Méthodes d’équations structurelles :
recherches et applications en gestion », Economica
- Roussel.P et Wacheux.F (dir) (2005) : « Management des ressources humaines : méthodes de
recherche en sciences humaines et sociales », De boeck.
219
introduisent la notion de variable latente et de variable observable et tiennent compte des
erreurs de mesure.
De façon générale, les utilisations des MES en sciences de gestion permettent selon
Roussel et al:
a) d’analyser de façon simultanée les effets de variables explicatives sur les variables
expliquées. En plus, ces dernières peuvent être inter-reliées et produire des effets qui
peuvent interférer sur des liens entre les variables explicatives et expliquées en les
atténuant ou en les renforçant ;
b) d’envisager l’analyse des effets directs et indirects. Dans ce cadre, les variables
explicatives peuvent jouer le rôle de médiateurs entre déterminants et variables à
expliquer. Autrement dit, elles sont considérées dans un premier stade comme étant des
variables à expliquer. Dans un second, elles sont des variables explicatives ;
c) d’introduire les erreurs de mesure dans toutes les procédures d’estimation. Ce que les
autres techniques d’analyse multivariée ne proposent pas.
a) La description : elle consiste à proposer une mesure fiable d’une variable latente. Pour
ce faire, plusieurs méthodes doivent être utilisées. Les principales d’entre elles sont
l’analyse factorielle confirmatoire (AFC) qui, à l’instar de l’analyse factorielle exploratoire
(AFE), vise à résumer l’information commune et détecter les principaux facteurs d’un
concept. Lorsqu’un concept est composé de plusieurs dimensions théorique, les MES
utilisent l’AFC de second ordre. L’étude des validités interne, de trait ou encore de
construit et l’analyse de la fiabilité de cohérence interne des instruments de mesure sont un
autre aspect de la description.
220
b) L’explication : elle a pour objectif la réalisation des tests des relations causales
hypothétiques entre les variables latentes. Ces relations causales doivent être
théoriquement appuyées dans un modèle théorique de recherche. L’utilisation des MES qui
adoptent une approche confirmatoire permet la validation ou la falsification des
hypothèses. La méthode la plus utilisée en gestion est celle des analyses causales
transversales429.
En définitive, le choix de la MES est motivé par notre démarche de recherche. En effet, la
démarche hypothético-déductive, qui se veut une démarche confirmatoire, consiste à
générer des hypothèses en partant des travaux antérieurs. Ces hypothèses prennent la
forme de relations causales entre les différents concepts dans un modèle général de
recherche. Le test de celles-ci se fait par leur confrontation aux données empiriques.
Deux types d’AFE sont souvent utilisés dans la recherche en gestion. L’ACP tient compte
de l'ensemble de la variance des items. Elle extrait de la matrice de corrélation plusieurs
facteurs. Son but est d’expliquer le plus de variance possible dans une variable avec un
nombre de dimensions (et d’items) le plus restreint possible. L’analyse en axes principaux
dite « pure » fait la même chose que l'ACP mais tient compte uniquement de la variance
commune à l'ensemble des items (la covariance). Elle extrait des facteurs qui peuvent être
indépendants ou corrélés entre eux.
429
Il existe d’autres méthodes telles que les analyses causales longitudinales, les analyses multi groupes, les
analyses multi-niveaux, etc. pour plus de détail sur ces méthodes, voir Roussels et al (2002) : op.cit, p.18.
221
une série d’indicateurs, appelés variables manifestes. Comme son nom l’indique, l’AFC se
situe à une étape plus avancée dans la démarche de recherche que l’analyse exploratoire.
A la différence d’une AFE, comme une procédure qui sert à faire émerger une théorie sans
qu’il soit vraiment possible de la mettre à l’épreuve de façon convaincante et définit une
structure factorielle a posteriori, l’AFC définit une structure factorielle a priori que l’on
essaie de confirmer. L’AFE permet d’explorer le concept, de connaître ses caractéristiques
et les facteurs qui le constituent. L’AFC nous permet de détenir et de confirmer la
connaissance à partir des théories existantes et des travaux empiriques antérieurs.
Par conséquent, les deux types d’analyses, même si elles sont différentes, présentent une
forte complémentarité. En ce sens, l’AFE permet de découvrir la structure factorielle, mais
elle ne tient pas compte des erreurs de mesure comme le fait l’AFC. L’AFE cherche à
regrouper des variables observées sur un facteur et ne tient pas compte des corrélations
entre les facteurs. Nous nous inscrivons dans la perspective des travaux de Roussel et al
(2002, 2005) qui affirment que l’apport des MES après une AFE est double parce qu’elles
permettent:
- de tester la validité de contenu d’un questionnaire ;
- de déterminer la meilleure structure factorielle en termes d’ajustement aux données
empiriques
Dans la présente recherche, nous utilisons cette complémentarité des analyses factorielles
l’exploration des échelles de mesure dans un premier temps et la confirmation de celles-ci
dans un deuxième temps.
L’analyse exploratoire est effectuée en utilisant le logiciel SPSS10.0 pour épurer et évaluer
la fiabilité et la validité des échelles de mesure. Ensuite, nous utilisons le logiciel Lisrel8.5
pour l’analyse factorielle confirmatoire. Celle-ci est menée sur la base des données de
l’échantillon final. Les contraintes de la taille de l’échantillon, de la multicolinéarité et
l’estimation par le maximum de vraisemblance430 utilisée dans Lisrel nous ont permis le
recours au logiciel SmartPLS2.0 pour tester notre modèle de recherche.
430
Chin.W (2000) : “Partial Least Squares for researchers: an overview and presentation of recent
advances using the PLS approach”, papier disponible en ligne: http://disc-nt.cba.uh.edu/chin/indx.html
222
Notons dans ce cadre que les trois logiciels sont utilisés de façon complémentaire.
L’approche PLS se situe au milieu entre l’approche confirmatoire par le maximum de
vraisemblance et l’approche restrictive exploratoire. D’ailleurs, Wold (1980,1981) n’utilise
pas le terme « confirmatory » et préfère le terme « plausibility ». Westland (2007) parle de
la plausibilité confirmatoire431.
Dans ce cadre, nous adoptons la démarche préconisée par Evrard et al432 qui se décline en
quatre phases :
431
Westland.J (2007) : « Confirmatory analysis with Partial Least Squares”, papier disponible en ligne:
http://www.rhsmith.umd.edu/dit/events/pdf/Westlandfullpaper.pdf
432
Evrard.Y,Pras.B et Roux.E (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition.
223
b) Ensuite, la définition du format des questions : il s’agit ici d’une importante entreprise
car cette phase marque le passage des questions, « sujets de recherche », que nous avons
posées dans la partie théorique aux questions « instruments de mesure » que nous devons
utiliser pour collecter les données. Nous passons alors d’un monde théorique (les concepts)
à un autre monde empirique (les items).
Pour réussir ce passage, un choix devait être effectué entre questions ouvertes et questions
fermées. Les questions ouvertes nous semblent intéressantes dans notre phase exploratoire
de collecte par interview. Elles donnent aux personnes interrogées plus de liberté de
répondre et favorisent la spontanéité. Pour les questions fermées, elles donnent le choix
entre un nombre prédéterminé des modalités de réponses. Les questions fermées nous
facilitent la quantification et la transcription des donnés dans des fichiers informatiques.
Figure 11 : Etapes d’élaboration du questionnaire433
Identification du problème
Développement mesure
433
Evrard.Y, Pras.B et Roux.E (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition,
p.261.
224
En conséquence, nous avons utilisé davantage de questions ouvertes dans des guides
d’entretiens pour effectuer des interviews durant la phase d’exploration. La première
version et la version finale du questionnaire sont composées surtout de questions fermées.
En définitive, le nombre optimal d’items est décidé sur la base des résultats de l’analyse
des données collectées dans la phase exploratoire notamment par l’analyse de la fiabilité
de cohérence interne avec l’alpha de Cronbach et l’analyse factorielle. La stratégie
434
Roussel.P (2005) : « Méthodes de développement d’échelles pour questionnaires d’enquête », p249,
Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences humaines et sociales », (S.dir
Roussel P et Wacheux.F ) de boeck.
435
Idem.
225
consiste à retenir en phase d’exploration 6 à 8 items par échelle. Avec le test, il est
recommandé, empiriquement de retenir 4 à 5 échelles.
Trois grands thèmes sont abordés. Chaque thème est divisé en variables provenant de la
littérature. Le premier est relatif aux coopérations interorganisationnelles. Toutes les
questions posées à ce niveau traduisent les principales caractéristiques socio-cognitives des
stratégies de coopération. Les variables mesurées dans ce premier thème (confiance,
engagement, communautés de pratiques et partage de connaissances) sont considérées
comme des variables explicatives. Le partage de connaissances est considéré comme le
résultat (l’effet) des différentes dimensions formelles et informelles des stratégies de
coopération (la cause).
226
Celles-ci ne consistent pas à mesurer une variable donnée au sein du modèle de recherche,
mais à évaluer les obstacles et les motivations à l’innovation perçus par les dirigeants des
entreprises marocaines.
Quant aux informations sur les répondants, elles servent de base pour comprendre les
comportements et les opinions divergents. Nous avons décidé de placer ce genre de
questions pour qu’il n’ait pas d’incidence sur l’efficacité de notre questionnaire.
Toutes les variables de notre modèle sont des variables métriques436. Pour les mesurer,
nous utilisons dans notre questionnaire des échelles ordinales de Likert à 5 point. Nous
avons cherché à minimiser le nombre d’échelons pour éviter de nous rapprocher des
propriétés des échelles d’intervalles.
436
Roussels (2005) note en bas de la page 252 que les échelles de type Likert et supports sémantiques sont de
type ordinal. Elles mesurent par conséquent des variables non métriques. Néanmoins, il est accepté dans
l’analyse des données en sciences sociales de les traiter comme des échelles d’intervalle et des variables
métriques. Par ailleurs, les méthodes adaptées au traitement de données ordinales exigent de très grands
échantillons rarement réunis dans les recherches du domaine.
227
En effet, plus le nombre d’échelons augmente, plus la variance des réponses est importante
et par conséquent, l’échelle peut se rapprocher des échelles d’intervalles. Le choix de 5
points est motivé aussi par la recherche d’un équilibre entre le besoin en information
pertinente et approfondie et le risque de la lassitude du répondant.
La génération des items (indicateurs de mesure des concepts) est la deuxième étape du
paradigme de Churchill. Cette étape permet l’élaboration de l’échelle de mesure. Le
principe consiste à générer les différentes facettes du concept et les différents indicateurs
permettant sa mesure.
Selon Roussels (2005), il existe deux approches de génération d’items. La première se base
sur l’utilisation des items développés dans les travaux antérieurs. Elle se fonde sur une
revue de littérature exhaustive des échelles crées pour mesurer le concept étudié.
L’approche est alors déductive. Celle-ci est souhaitable lorsque les travaux théoriques et
empiriques sur le concept étudié sont assez développés.
La deuxième approche est inductive. Elle est utilisée lorsque l’état de l’art ne procure ni
une compréhension suffisante du phénomène, ni une signification précise des différentes
dimensions du concept437.
En ce qui nous concerne, nous adoptons la première approche car elle est en cohérence
avec notre démarche hypothético-déductive utilisant la méthode d’analyse confirmatoire.
Aussi, nous pensons que la littérature sur les coopérations interorganisationnelles est
suffisamment structurée pour permettre la génération d’items sur la base des écrits
précédents.
437
Roussel.P (2005) : op.cit.
228
Nous présentons respectivement les mesures utilisées dans la littérature selon la nature de
chaque variable dans notre modèle de recherche. Nous présentons la mesure des variables
explicatives, les variables intermédiaires et les variables expliquées.
Ainsi, Levin et Cross (2004) analyse le rôle de la confiance comme une variable
médiatrice du transfert de connaissances438. Pour mesurer cette variable, les auteurs sont
partis des dimensions de la confiance à savoir la capacité et la bienveillance439. Pour la
dimension ‘bienveillance’, ils ont adapté la mesure en trois items utilisés par Johnson et al
(1996). Cette mesure, notent Levin et Cross, est similaire à celle proposée par Meyer et
Davis (1999). Quant à la dimension capacité, les auteurs ont repris les items de McAllister
(1995) qui se réfèrent tous à la cognition. Carson et al (2003) proposent une mesure en 8
items (avec rhô=0,807440). La confiance est opérationnalisée comme l’accomplissement de
l’obligation, de la mutualité, de la flexibilité et de l’échange d’information441.
Zaheer et Venkatraman (1995) sont partis des travaux de Anderson et Narus (1991) et de
Heide (1994) pour opérationnaliser la confiance. Ils proposent une mesure en trois items
438
Levin.D et Cross.R (2004): “The strength of weak ties you can trust: the mediating role of trust in
effective knowledge transfer”, op.cit.
439
Ces dimensions ont été présentées dans le chapitre 3 de la première partie.
440
Rhô est le coefficient de fiabilité interne développé par Joreskog en 1971.
441
Carson.S, Madhok.A, Varman.R et John.G (2003): “Information processing moderators of the
effectiveness of trust-based governance in interfirm R&D collaboration”, Organization Science, vol 14, N°1,
pp: 45-56.
229
sur une échelle de Likert à 7points. Ces items permettent de capturer les dimensions de
mutualité, de comportement et de processus d’évolution de la confiance. Brulhart et
Favoreu (2003) opérationnalisent en 9 items le construit ‘confiance’ dans le cadre de
relations partenariales entre clients et fournisseurs (avec α=0,89)442. La mesure proposée à
l’instar de celles de Zaheer et Venkatraman (1995) et de Cross et Levin (2004), est fondée
sur les dimensions de mutualité, d’intégrité, de bienveillance et de compétence.
Neveu (2004) présente une synthèse des mesures de la confiance. Il distingue entre trois
niveau d’analyse : la confiance interpersonnelle, la confiance organisationnelle et la
confiance interorganisationnelle. Il note, par ailleurs, l’existence de fortes divergences sur
ses indicateurs de mesure. Certains auteurs l’appréhendent comme une variable
unidimensionnelle.
3.3.2 L’engagement
Mohr et Spekman (1994) considèrent l’engagement des partenaires comme un facteur clés
de succès des stratégies partenariales. Pour évaluer le niveau d’engagement du partenaire,
les auteurs proposent 3 items. Ces items s’intéressent à la volonté de l’entreprise à
continuer dans la relation et son degré d’attachement à son partenaire (α=0,81).
442
Brulhart.F et Favoreau.C (2003) : « Les modes de coordination et d’organisation des partenariats inter-
firmes : exploration du rôle et de l’impact respectifs du contrôle et de la confiance au travers du courant
intégratif », 12ème Conférence de l’Association Internationale de Management Stratégique, 3-4-5 et 6 Juin
2003
443
Neveu (2004) : “La confiance organisationnelle: définition et mesure” AGRH, disponible en ligne :
http://www.agrh2004-esg.uqam.ca/pdf/Tome2/Neveu.pdf
230
opérationnaliser l’engagement. L’un pour évaluer l’engagement du client et l’autre pour
évaluer l’engagement du fournisseur444.
La consistance interne de ces quatre dimensions est mesurée par le coefficient alpha de
Cronbach. Tous les coefficient dépassent 0,70 sauf la connivence interpersonnelle dont
α=0,67447. D’autres indicateurs de mesure ont été proposés notamment par Zollo et al
(2002)448. Cependant ces dernières utilisent d’autres indicateurs portant sur le nombre de
partenariats conclus durant les dernières années.
444
Blankenburg-Holm.D, Eriksson.K et Johanson.J (1999) : « Creating value through mutual commitment to
business network relationships », Strategic Management Journal, vol 20, N°5, pp.467-486.
445
Foucher.R, et al (2004) : « Mesurer l’engagement : l’intérêt de combiner les indices d’engagement affectif
et normatif », AGRH http://www.agrh2004esg.uqam.ca/pdf/Tome2/Foucher_Morin_Bentein_Trottier.pdf
446
Sherer.S (2003): “ Critical Success factors for manufacturing networks as perceived by network
coordinators”, Journal of Small Business Management, Vol 41, N°4, pp. 325-345.
447
Brulhart.F (2003) : « Expérience du partenariat, expérience du partenaire, connivence interpersonnelle :
quel impact sur la réussite du partenariat vertical ? », M@n@gement, vol 8, N°4, pp.167-191.
448
Reuer.J, Zollo.M et Singh.H (2002): “Interorganizational routines and performance in strategic
alliances”, Organization Science, vol 13, N° 6, pp: 701-713.
231
Tableau 18 : Synthèse des mesures utilisées dans la littérature
La fiabilité :(α de
Type d’échelle
Variables Auteurs Items Cronbach ou σ de
utilisée
Joreskog)
La confiance - Mohr et Spekman(1994) 3 Likert en 5point α=0,75
- Zaheer et Venkatarman (1995) 3 Likert en 7points -
- Zaheer, McEvily et Perrone (1998) 2 Likert en 7points α=0,766
- Carson et al(2003) 8 Likert en 7points σ=0,807
- Brulhart et Favoreu (2003) 9 Likert en 7points α=0,89
L’engagement - Mohr et Spekman (1994) 3 Likert en 5points α=0,81
- Blankenburg et al (1999) 2 Likert en 5points -
- Brulhart (2002) 6 Likert en 7points α=0,96
- Sherer (2003) 8 Likert en 7points -
- Foucher et al(2004) 6 Likert en 5points α=0,86 ; α=0,73449
Les interactions - Yli-Renko et al (2001) 2 - α=0,71
interpersonnelles
L’expérience -Brulhart (2005) 9 Likert en 7points α>0,70450
partenariale
Pour mesurer ce construit dans notre modèle de recherche, nous nous appuyons sur la
mesure proposée par Edmond-Ramangalahy (2001) en l’adaptant à notre sujet. Nous
mesurons l’expérience partenariale avec les clients et les fournisseurs selon un certain
nombre d’indicateurs : nombre d’années, la diversité des formes contractuelles, l’impact
sur les connaissances, etc. l’objectif est d’évaluer suivant des items si l’entreprise dispose
déjà d’une expérience ou non.
449
α=0,86 pour la dimension affective de l’engagement et α=0,73 pour sa dimension normative.
450
Pour les toutes les dimensions (expérience de la gestion des partenariats (α=0,886), ancienneté et
profondeur des relations avec le partenaire (α=0,752), expérience du travail en commun (α=0,736)) sauf pour
la connivence interpersonnelle (α=0,678).
232
Le partage de connaissances dans le cadre interorganisationnel a fait l’objet de plusieurs
analyses. Ainsi, pour mesurer ce construit, plusieurs indicateurs ont été proposés.
Certains auteurs, dont Cohen et Levinthal (1990), utilisent des indicateurs relatifs au R&D
pour évaluer la capacité d’absorption des entreprises. Ils soulignent, en outre, son caractère
cumulatif et processuel. Pour capturer ce caractère cumulatif, les auteurs insistent sur
l’existence d’un département R&D permanent.
233
D’autres (Escribano, Fosfuri et Tribo 2005) développent une approche de mesure en
termes de ressources humaines. Ils s’interrogent sur le nombre d’ingénieurs, de
techniciens, de docteurs et le montant des investissements dans le département de R&D451.
Nous pensons que ces indicateurs ne capturent pas toutes les dimensions de ce construit.
Les connaissances qui proviennent de l’extérieur peuvent être capturées par d’autres
dimensions relatives à la structure organisationnelle interne, au niveau de liberté donnée
aux employés et à leur formation. En plus, il existe des entreprises dont les capacités
d’absorption sont élevées sans qu’il y est un département structuré de R&D. C’est le cas
par exemple des petites et moyennes structures de haute technologie.
D’autres recherches se basent sur des instruments de perception. Ainsi, Zahra et George
(2002) évoquent l’existence de 4 dimensions qui se rapportent à l’acquisition,
l’assimilation, la transformation et l’exploitation. Ces dimensions ont été reprises par
Chauvet (2004) en retenant 26 items sur une échelle de 7 points. L’auteur note que
l’acquisition des connaissances est la dimension la plus complexe car elle englobe 4 sous
dimensions relatifs aux investissements antérieurs, aux connaissances antérieures, à la
volonté d’informer et de rassembler des connaissances et la direction de ce savoir.
L’assimilation porte sur la compréhension des connaissances acquises par les employés.
Plusieurs items ont été crées pour évaluer la compréhension des employés et leur
assimilation des connaissances lors de rencontres avec les partenaires. Les indicateurs de
mesure de l’assimilation ont été inspirés des recherches antérieures notamment celle de
Powell et al (1996)452.
451
Escribano.A, Fosfuri.A et Tribo.J (2005) : « Managing knowledge spillovers : the impact of absorptive
capacity on innovation performance », en ligne: http://www.vcharite.univ-mrs.fr/EC2/Papers/Josep-
Tribo.pdf
452
Powell.W, Koput.W et Smith-Doerr.L (1996) : op.cit
234
Enfin, l’exploitation est mesurée par le nombre de brevets, l’arrivée de nouveaux produits
ou de services. La mesure est rendue compte par des mots tels que partage, création,
transfert, curiosité collective et exploration.
D’autres items ont été retenus pour cette mesure. Ainsi, Mahnke et al (2003) retiennent
l’acquisition et l’assimilation sur une échelle en 7 points avec une bonne fiabilité du
construit (α=0,83)453. Welsch et al proposent deux dimensions de la capacité d’absorption.
La première avec 12 items capture l’acquisition de connaissances (α=0,77). La seconde
concerne la dissémination en utilisant 7items (α=0,77)454.
Tableau 20 : synthèse des mesures du construit ‘capacité d’absorption’
La fiabilité :(α de
Type d’échelle
Variables Auteurs Items Cronbach ou σ de
utilisée
Joreskog)
Acquisition - Zahra et George (2002) - - -
- Chauvet (2004) 8 Likert en 7points α=0,88
- Welsch et al (…..) 12 Likert en 5points α=0,77
- Yli-Renko et al(2001) 4 - α=0,85
Assimilation - Zahra et George (2002) - - -
- Chauvet (2004) 6 Likert en 7points α=0,85
Dissémination - Welsch et al (…..) 7 Likert en 5points α=0,70
Pour récapituler, nous pensons que la mesure utilisée par Chauvet (2004) est compliquée
et ambiguë. Elle est compliquée parce que le concept de capacité d’absorption est
composé de dimensions et de sous dimensions ainsi que de dizaine d’items. Ce qui rend le
questionnaire très long455 et lourd à administrer.
453
Mahnke.V, Pedersen.T et Verzin.M (2003) : « The impact of knowledge management on MNC subsidiary
performance: the role of absorptive capacity », CKG Working Paper No. 12/2003
454
Welsch.H, Liao.J, et Stoica.M (2003) : « Absorptive capacity and firm responsiveness: an empirical
investigation of growth oriented firms », in entrepreneurship: theory and practice. Disponble en ligne:
www.entreprneur.com/tradejournals/article/113054503_2html
455
A titre d’exemple, les 26 items retenus par Chauvet sur une échelle en 7 points offrent aux répondants 182
éventualités
235
Néanmoins, ces remarques nous ont poussé à amender cette mesure en apportant d’autres
propositions pour évaluer la capacité d’absorption. Ainsi, seules trois dimensions sont
retenues pour mesurer ce construit. Les deux premières ont été déjà utilisées par Zahra et
George (2002) et par Chauvet (2004). Nous intégrons une troisième relative à la
dissémination des connaissances. En effet, une fois les connaissances sont acquises, elles
doivent être disséminées et transférées aux autres parties de l’organisation. Sans cette
dissémination, les réponses aux changements dictés par l’environnement seront limitées et
la capacité de stockage de connaissances par la firme est restreinte.
Ces deux construits sont opérationnalisés en tant que résultats et non pas en tant que
processus. Pour les mesurer, nous sommes parti des travaux développés à l’AIREPME et
l’INRPME. Ainsi, nous retenons, après la phase exploratoire, 3 items pour l’innovation de
produits et 3 autres items pour l’innovation de procédés.
Dans la phase exploratoire, nous avons décidé de nous adresser à des entreprises de
différentes tailles appartenant à des secteurs d’activité différents et dispersés
456
Nous ne présentons pas toutes les méthodes de façon détaillée, nous nous limitons à celles que nous avons
utilisées pour tester notre questionnaire et valider nos échelles de mesure et celles que nous avons utilisées
durant la phase confirmatoire de la recherche.
236
géographiquement. L’objectif est de s’assurer que le modèle ne subit pas l’influence de
certaines variables omises dans la littérature.
Compte tenu de la dispersion géographique des entreprises, nous avons décidé
d’administrer le questionnaire par voie électronique (en pièces jointes). Les courriels ont
été extraits des annuaires en ligne de la fédération des PME-PMI, de technopark, de
l’AMITH457 et de l’annuaire professionnel Kompass édition 2006.
Ce constat nous a amené à procéder par enquête en face à face. Nous nous sommes alors
rendus sur place pour contacter directement les entreprises. Nous avons collecté 20
questionnaires dont 14 sont exploitables. Nos interlocuteurs dans la plupart des cas étaient
des dirigeants d’entreprises et parfois de sous directeurs.
Cette étape était pour nous d’une grande importance dans la mesure où elle nous a permis
d’épurer nos échelles de mesure et de calculer leurs coefficients de fiabilité. Elle nous a
permis aussi d’éliminer certaines variables telles que l’interdépendance des organisations
et la force des liens et d’intégrer d’autres telle que la communication
interorganisationnelle.
Toutefois, Roussel (Roussel 2005, p.255) constate que l’observation des recherches
empiriques montre l’existence d’un décalage entre les recommandations et la pratique. La
mise en œuvre de ces techniques d’échantillonnage (méthode des quotas, méthode
aléatoire, …) souvent rigoureuses est assez rare dans certains domaines.
457
Association Marocaine des Industries de Textile et d’Habillement
237
Les recherches s’appuient dans la plupart des cas sur ce que l’auteur appelle un échantillon
de convenance. Le chercheur entre en contact avec toutes les personnes qui lui sont
accessibles pour créer un échantillon au regard des critères pris en compte458.
En effet, nous sommes entré en contact avec les organismes travaillant directement avec
ces entités et qui peuvent nous aider, en l’occurrence, R&D Maroc. Cet organisme nous a
permis d’accéder à un fichier électronique de 650 entreprises sur la base desquels nous
avons pu constituer une liste cible de 370 entreprises de petite taille. Le critère pris en
compte est le nombre d’employés. Nous avons complété cette liste par 130 petites
entreprises (nombre d’employés inférieur à 50) de technologie de l’information et de
communication de Technopark de casablanca.
A partir des caractéristiques des PME et du rôle central des dirigeants, il s’est révélé que le
meilleur interlocuteur de notre enquête est le dirigeant ou toute autre personne concernée
par les stratégies de coopération et/ou d’innovation.
Au total, nous avons distribué environ 400 questionnaires et nous avons reçu 127 remplis,
soit un taux de réponse de 31,75%. Après vérification, nous avons retenu 110
questionnaires exploitables. D’après les questionnaires que nous avons exploité, il en
ressort que la majorité de nos interlocuteurs sont des dirigeants (73%), des responsables
marketing (20%) et autres (7%).
En ce qui concerne la répartition des entreprises enquêtées selon l’effectif, nous constatons
l’existence de deux groupes d’entreprises. Le premier groupe (61,82%) de l’échantillon est
constitué des entreprises qui emploient au plus 50 personnes. Le deuxième groupe
(38,18%) est constitué des entreprises qui emploient entre 50 et 250 entreprises.
458
Roussel.P (2005) : « Méthodes de développement d’échelles pour questionnaires d’enquête », In
Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences humaines et sociales (sous dir
P.Roussel et Wacheux.W), de boeck, pp.245-296.
238
Graphique 1 : Répartition des entreprises enquêtées selon l’effectif
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
(1-10) (11-50) (51-100) (101-250)
Nombre d'employés
D’après le graphique, les entreprises des TIC, communément appelées des start-up à fort
potentiel d’innovation, représentent 32% des entreprises enquêtées. Les entreprises de
conseil occupent la deuxième place avec 17%.
Autres
12%
Conseil TIC
17% 32%
Agroalim
11% Textile BTP
12% 16%
239
Graphique 3 : Répartition géographique des entreprises enquêtées
Autres
14% Casablanca
Agadir 37%
5%
Fès
10%
Nador
8%
Oujda
11% Rabat
15%
Par conséquent, nous avons opté pour l’étude quantitative par questionnaire. L’élaboration
de celui-ci a pris comme point de départ notre problématique cherchant à comprendre le
240
processus de contribution des coopérations interorganisationnelles dans l’innovation au
sein de l’entreprise.
Pour ce faire nous sommes partis des mesures déjà existantes et des entretiens que nous
avons menés auprès des dirigeants des entreprises pour élaborer une première version du
questionnaire (étude quantitative exploratoire). Cette version est testée auprès de 17
entreprises dont les résultats seront présentés dans le prochain chapitre. L’objectif
consistait à épurer les échelles de mesure pour pouvoir élaborer la version finale qui sera
administrée à notre échantillon final.
Le questionnaire final est distribué auprès de 400 entreprises. 110 ont été collectées et
utilisés pour l’étude statistique. Pour celle-ci, nous avons choisi d’utiliser les méthodes
d’équations structurelles et les logiciels Lisrel et PLS. Ces choix s’inscrivent dans le cadre
de l’approche confirmatoire de la démarche hypothético déductive.
241
Chapitre 5
Développement et confirmation des échelles de mesure
La construction des échelles de mesure représente l’une des étapes les plus critiques pour
le chercheur en sciences de gestion. Pour ce faire, nous utilisons la méthodologie
préconisée par le paradigme de Churchill en 1979. Cette démarche schématise la procédure
de construction des instruments de mesure de types questionnaires à échelles multiples et à
plusieurs items mesurant un seul attribut.
Les attitudes, opinons et perceptions, objets sur lesquels porte l’étude, sont difficilement
évaluées. La mesure ainsi obtenue peut être exposée à deux types d’erreurs. Le premier est
aléatoire car il est dû aux aléas tels que les circonstances, l’humeur des personnes
interrogées. Le deuxième est dû aux effets d’instrumentation460.
459
Thiétart.R-A et al (2003) : « Méthodes de recherche en management », Dunod
460
Cette démarche proposée par Churchill est illustrée dans le modèle de la vraie valeur : M = V + Es + Ea ,
Avec :
- M : la mesure obtenue ;
- V : la vraie valeur ; c’est la mesure qui correspondrait parfaitement au concept étudié ;
- Es : l’erreur systématique qui provient du fait que l’instrument de mesure peut avoir un écart
systématique avec le concept étudié ;
- Ea : l’erreur aléatoire due aux aléas tels que les circonstances, l’humeur des personnes interrogées
…
461
Selon Benavent, le concept s’inscrit dans un champ théorique, tandis que le construit s’inscrit dans un
champ méthodologique.
242
avons déjà utilisées au niveau de la première phase auxquelles nous ajoutons l’analyse
factorielle confirmatoire et le test de validité et de fiabilité développée dans le cadre des
modèles d’équations structurelles.
L’objectif ici est de mettre en œuvre notre recherche. Cela passe d’abord par l’exploration
du terrain en testant notre questionnaire auprès d’un petit échantillon. Le test consiste à
purifier l’instrument de mesure en éliminant les items qui ne contribuent pas de façon
significative dans la mesure des variables latentes. Nous passons ensuite, à la phase
confirmatoire des mesures en se basant sur de nouvelles données.
Nous procédons dans cette phase au test quantitatif des items composant les construits
théoriques que nous avions développés dans cette recherche. Le but de cette analyse est
d’améliorer les qualités globales du test afin de pouvoir sélectionner « les meilleurs »
items, substituer ceux qui donnent peu ou pas d’informations et réviser les autres qui
posent problème. Pour ce faire, nous adoptons la démarche méthodologique de Churchill
(1979), considérée comme étant la démarche la plus utilisée. Nous en faisons d’abord la
présentation avant d’analyser les résultats de cette phase exploratoire.
462
Evrard.Y,Pras.B et Roux.E (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition
243
Le principal objectif de l’épuration est la réduction de l’erreur aléatoire de la mesure des
concepts étudiés. La purification de l’échelle de mesure se fait par étapes :
La fiabilité d’un instrument de mesure est défini par Martinet et al (2003) de la façon
suivante : « pour être fiable, un instrument de mesure doit permettre à des observateurs
différents de faire des mesures concordantes d’un même sujet avec le même instrument, ou
de permettre à un observateur d’établir des mesures similaires d’un même sujet à des
moments différents, toujours avec le même instrument »463.
463
Thiétart.R-A et al (2003) : op.cit, p.266
464
On peut citer dans ce cadre :
- test-retest : corrélation entre la mesure prise à un temps 1 et la mesure prise à un temps 2. on parle
de fiabilité dans le temps ;
- split-half entre deux sous ensembles : jusqu’à quel point deux sous ensembles des items constituent
deux mesures fidèles du même concept.
465
Le coefficient alpha de Cronbach est exprimé par la formule suivante :
2
∑σ i
k i
α= ( )(1 − ) avec :
k −1 2
∑ σ i + 2 ∑ σ i, j
i i, j
- k : le nombre de questions ou items ;
- σ i2 : la variance de l’item i (erreur aléatoire) ;
- σ i, j : la covariance entre l’item i et l’item j.
244
D’après les spécialistes en méthodologie de recherche, lorsque α > 0,80 l’échelle de
mesure a une très bonne consistance interne. Cette consistance est acceptable lorsque
0,80 > α > 0,60. Elle est faible et donc inacceptable lorsque le coefficient α<0,60.
L’analyse factorielle est l’une des méthodes les plus anciennes de l’analyse des données.
Son origine remonte aux travaux de Spearman en 1901. Depuis, elle a fait l’objet de
plusieurs utilisations en sciences sociales. Elle permet la structuration des données et la
réduction d’un nombre important d’informations contenues dans une matrice de ‘n’
individus et ‘p’ variables à quelques grandes dimensions.
466
Evrard.Y,B.Pras et E.Roux (2003) : op.cit, p.398.
467
Evrard.Y,B.Pras et E.Roux (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition,
p.401.
245
Factorisation des données
Pour faire l’analyse factorielle à partir d’une matrice de données, deux approches sont
généralement connues :
- l’approche dite de type ‘R’ : celle-ci consiste à chercher les facteurs dans l’espace des
variables (items) comme des combinaisons linéaires des variables initiales.
- L’approche dite de type ‘Q’ : cette approche s’intéresse aux relations entre les individus.
Le but est de chercher les facteurs dans l’espace des individus.
Nous retenons cette deuxième approche car c’est la plus usuelle. Elle va nous permettre
d’analyser les items mesurant les variables de notre modèle de recherche.
Pour dire si les données d’une matrice sont « factorisables » ou non, nous procédons au
test MSA (Measure of Sampling Adequacy) communément appelé KMO (Kaiser-Meyer-
Olkin). C’est un indice d’adéquation de la solution factorielle. Il indique le degré de
cohérence de l’ensemble des items retenu et permet de constituer des mesures adéquates
du concept.
Lorsque le KMO est élevé (KMO>0,80), cela signifie une bonne factorabilité et que la
structure factorielle est intelligible et stable. La factorabilité est acceptable lorsque le KMO
est moyen (KMO est entre 0,60 et 0,80). La structure factorielle devient difficile à
interpréter et instable dans le cas d’une mauvaise factorabilité (KMO<0,60).
Choix de la méthode
Le terme générique d’analyse factorielle est utilisé pour désigner deux types d’analyses
appartenant à une même famille : l’analyse factorielle proprement dite et l’analyse en
composantes principales. Durand (2003) examine les différences entre les deux méthodes
en proposant les définitions suivantes468 :
- L’analyse factorielle cherche une solution à la covariance entre les variables mesurées.
Elle tente d’expliquer seulement la variance qui est commune à au moins deux variables et
468
Durand.C (2003) : « L’analyse factorielle et l’analyse de fidélité », université de Montréal, département
de sociologie (notes de cours), disponible en ligne :
http://www.mapageweb.umontreal.ca/durandc/Enseignement/MethodesQuantitatives/FACTEUR9.pdf
246
présume que chaque variable possède aussi une variance unique représentant son apport
propre.
- L’analyse en composantes principales cherche une solution à l’ensemble de la variance
des variables mesurées. De plus, elle cherche une solution ou les composantes sont
orthogonales (c'est-à-dire indépendantes entre elles). Quelque soit la matrice de
corrélations, il y a toujours une solution en ACP.
L’ACP maximise la variance expliquée. Elle est définie selon Lambin (1990) de la façon
suivante : « partant d’un tableau d’observations ou un certain nombre d’objets sont
évalués en fonction de divers attributs, on va tenter de résumer ces informations en un
ensemble plus réduit de combinaisons linéaires des attributs initiaux en veillant à
minimiser la perte d’informations du fait de cette réduction. En d’autres termes, on
cherche à dégager un petit nombre de facteurs indépendants entre eux (orthogonaux)
regroupant certains de ces attributs initiaux et contrastant au mieux les objets
étudiés »469.
Selon Evrard et al (2003), le choix de l’une des méthodes n’affecte pas les résultats. Ils
convergent dans la plupart des cas. Cette convergence a conduit à une large utilisation de
l’ACP du fait de la simplicité des calculs et de l’unicité de la solution.
Dans ce cadre, nous nous inscrivons dans cette lignée et nous choisissons l’ACP pour
mener notre AFE. Nous effectuons cette analyse sur la base de la matrice des variances-
covariances parce que toutes les échelles utilisées dans le questionnaire sont homogènes
(échelles de Likert à 5points).
469
Lambin.L-L (1990) : « La recherche en marketing : analyser, mesurer, prévoir », McGraw-Hill, Paris.
Cité par Chauvet.V (2004): « les déterminants de la performance des PME technologique: une analyse basée
sur l’apprentissage organisationnel et le réseau social du dirigeant », thèse de doctorat en sciences de
gestion, université d’Aix-Marseille III, p.229
247
1.2.1 La consistance interne des échelles de mesure
Dans le cadre de notre recherche, nous avons mené une étude exploratoire auprès de 17
entreprises. L’objectif consiste à tester les items de mesure des construits que nous avons
relevés de la littérature et ceux déduits des interviews avec les responsables d’entreprise.
Nous avons procédé à l’analyse de la consistance interne de différentes échelles de mesure
des variables de notre recherche. Les résultats obtenus s’avèrent à priori satisfaisants.
Ainsi, pour chaque variable, nous avons analysé l’échelle de mesure correspondant. En cas
d’une faible cohérence, nous avons procédé à des itérations pour éliminer les items
présentant une faible corrélation avec les autres. La décision d’élimination se base sur les
principales statistiques de l’échelle, la cohérence inter-items en termes de corrélations et
surtout sur l’alpha de Cronbach calculé sans l’item « i ». L’ensemble de ces résultats est
fourni par l’analyse de la fiabilité effectuée par SPSS (tableau 21).
Tableau 21 : Statistiques de l’échelle et coefficient alpha de Cronbach (N=17)
Nbre items Ecart Corrélation Type d’échelle KMO
Score
Echelles retenu type des moyenne Α
moyen
scores inter-items
Confiance
interorganisationnelle
4 15,08 2,98 0,41 0,71 Likert en 5pts 0,75
Engagement 3 12,60 2,33 0,54 0,75 Likert en 5pts 0,67
Communication
interorganisationnelle
5 20,38 3,23 0,38 0,73 Osgood en 5pts 0,65
Expérience
partenariale/fournisseurs
5 19,66 4,59 0,59 0,87 Likert en 5pts 0,69
Expérience
partenariale/clients
5 18,40 4,36 0,50 0,80 Likert en 5pts 0,76
Expérience
5 14,78 5,64 0,65 0,85 Likert en 5pts 0,73
partenariale/concurrents
Expérience
partenariale/laboratoires
5 10,80 5,78 0,71 0,91 Likert en 5pts 0,84
Communautés de pratique 5 19,67 4,15 0,47 0,78 Likert en 5pts 0,75
Partage de connaissances 5 10,53 2,92 0,65 0,75 Likert en 5pts 0,65
Acquisition de
connaissances
4 15,80 2,99 0.35 0,71 Likert en 5pts 0,63
Dissémination des
6 22,66 4,68 0,43 0,82 Likert en 5pts 0,53
connaissances
Assimilation de
connaissances
5 18,80 3,76 0,55 0,84 Likert en 5pts 0,67
Innovation de produits 3 11,73 2,65 0,54 0,74 Likert en 5pts 0,60
Innovation de procédés 4 15,66 2,84 0,41 0,72 Likert en 5pts 0,62
Selon Roussel (2003), certaines échelles peuvent présenter d’excellents indices alpha, mais
artificiellement gonflés par le nombre important d’énoncés et/ou la redondance sémantique
des items. Il est alors souhaitable d’analyser le niveau de la corrélation moyenne entre
items. Si le niveau de corrélations moyennes inter-items est médiocre (<0,30 ou 0,40) et le
coefficient alpha est satisfaisant, on peut s’interroger sur une éventuelle inflation
sémantique.
248
Les statistiques des échelles de mesure des différentes variables permettent de vérifier la
qualité des coefficients alpha de Cronbach. Pour toutes les échelles, la corrélation moyenne
inter-items dépasse 0,40 seuil minimal au-delà duquel le coefficient alpha doit être
approfondie.
La confiance interorganisationnelle est mesurée par 4 items470 avec une fiabilité interne de
0,71. Aucun item n’est retiré. La cohérence interne des 3 items mesurant le concept de
l’engagement des partenaires est de 0,75. Les caractéristiques statistiques de l’échelle sans
l’item i nous ont permis d’éliminer l’item 4471 et d’améliorer la fiabilité de l’échelle de
mesure.
L’expérience partenariale est conçue selon quatre facettes. Ainsi, nous avons distingué sur
la base des recherches antérieures la coopération avec les fournisseurs, les clients, les
concurrents et les laboratoires de recherche et universités. Cinq items ont été développés
pour mesurer chacune des facettes de l’expérience partenariale. Les échelles de mesure de
ces facettes présentent une très bonne cohérence interne avec α>0,80 pour les quatre
dimensions de ce construit.
En ce qui concerne le partage de connaissances, cette variable est mesurée par 6 items
présentant un coefficient de cohérence interne de l’ordre de 0,76. L’élimination de l’item
3472 améliore la fiabilité de l’instrument de mesure (avec α=0,84). Au regard de l’analyse
factorielle en ACP, l’item 3 correspond à une composante à part du partage des
470
L’item 7, « vos partenaires ne sont pas toujours fiables », est inversé sur l’échelle de mesure en 5points.
471
L’item 4 s’énonce comme suit : « Vous êtes prêts à mettre fin à la coopération avec votre partenaire en
cas de problème ».
472
L’item 3, « les relations de coopération vous permettent de partager uniquement les connaissances
spécifiées dans les accords de partenariats » est inversé dans l’échelle de mesure de l’engagement.
249
connaissances. Sa part de variance restituée par les axes retenus est de l’ordre de 0,942. A
l’issu de cette analyse les 5 items sont alors maintenus.
La capacité d’absorption des connaissances est mesurée par trois sous échelles :
l’acquisition de connaissances, leur dissémination et leur assimilation. La fiabilité des trois
sous échelles est acceptable. Ainsi, avec α=0,82, les 6 items mesurant la dissémination des
connaissances sont retenus. Il en est de même pour l’acquisition mesurée en 4 items avec
α=0,71. Par contre, pour l’assimilation, l’élimination de l’item 6 portant sur la découverte
de nouveaux produits et services améliore la fiabilité de l’échelle en allant de 0,81 à 0,84.
Ce qui permet de retenir 5 items pour l’assimilation des connaissances. Au total, 15 items
ont été retenus pour mesurer la capacité d’absorption des connaissances avec un alpha de
Cronbach globale qui dépasse 0,80.
Enfin, la variable innovation est scindée en deux facettes. La première est relative à
l’innovation de produits et mesurée par 4 items repris de la littérature existante. D’après
notre étude exploratoire, la cohérence interne de l’échelle mesurant cette facette est de 0,74
après élimination de l’item1. Il faut noter que l’élimination de l’item 3 permet d’améliorer
cette fiabilité de plus de 10 points (α=0,86). Toutefois, nous retenons les trois items avec
α=0,74 pour ne pas nous limiter à une échelle en 2 items. La seconde facette porte sur
l’innovation des procédés. Ce construit est évalué par 5 items qui présentent un coefficient
de cohérence interne de l’ordre de 0,65. L’élimination de l’item 4 portant sur ‘le risque de
développement de nouvelles technologies’ améliore la fiabilité de cette mesure avec
(α=0,72).
Au total, toutes les échelles de mesure proposées présentent des niveaux satisfaisants de
cohérence interne. Pour toutes les variables, le coefficient alpha de Cronbach est supérieur
250
à 0,70 avec des corrélations moyennes inter-items acceptables. Pour que ces échelles
fassent l’objet de validation sur un échantillon plus large, il est nécessaire de continuer
l’épuration en passant à la deuxième étape portant sur l’analyse factorielle exploratoire.
Les résultats ainsi obtenus montrent que toutes les variables sont d’une factorabilité
acceptable. De façon plus précise, nous distinguons trois catégories de variables. Une
première catégorie de bonne factorabilité. C’est le cas de la confiance
interorganisationnelle (0,75) et des quatre facettes de l’expérience partenariale
(KMO>0,70). La deuxième catégorie de factorabilité moyenne (0,70>KMO>0,60 qui
regroupe l’engagement, la communication, l’acquisition, l’assimilation, et l’innovation de
produits et de procédés. Enfin la dernière catégorie concerne la dissémination des
connaissances avec un indice KMO de 0,53
473
Des seuils empiriques sont fixés en deçà desquels des items sont considérés comme ayant une
représentation médiocre. Ils doivent être de préférence éliminés. Une variance des items expliquée par les
axes principaux supérieure à 0,80 indique que les énoncés sont très bien représentés. Ils le sont bien quand la
variance est comprise entre 0,65 et 0,80. Ils le sont moyennement quand elle est située entre 0,40 et 0,65.
Enfin, ils le médiocrement en deçà de 0,40 et devraient être éliminés. (Roussel 2005, op.cit, p.264)
251
à trouver la première composante qui porte la plus grande quantité d’information contenue
dans la matrice de données initiales. La deuxième résume l’information résiduelle.
Tableau 22 : Le tableau des communalités du construit « confiance »
Items du construit Initial Extraction
Les décisions de vos partenaires sont bénéfiques pour votre entreprise 1,000 0,798
Un niveau élevé de confiance mutuelle est partagé avec vos partenaires 1,000 0,881
L’honnêteté caractérise votre relation de coopération avec vos partenaires 1,000 0,937
Ils font toujours ce qui doit être fait 1,000 0,754
Pour procéder à l’interprétation des résultats fournis par la matrice des composantes, dont
le but est l’épuration du questionnaire, nous utilisons les deux critères de Roussel
(2005)474 :
- Critère n°1 : élimination des items ayant des contributions supérieures à 0,30 sur
plusieurs facteurs, ou aucune contribution au moins égale à 0,30 sur l’un des facteurs
retenus ;
- Critère n°2 : élimination des items n’ayant aucune contribution supérieure ou égale à
0,50 sur l’un des axes principaux identifiés.
D’après ces deux critères et les résultats fournis dans la matrice des composantes de cette
première itération, la représentation factorielle est satisfaisante dans la mesure où les deux
composantes extraites expliquent plus de 80% de la variance totale. En plus, la matrice des
composantes après rotation varimax montre que la contribution de chaque item sur les
deux axes factoriels est claire. La contribution factorielle des items 1 et 4 sur la première
composante est très forte. Cette composante fait référence sur le plan théorique à la
dimension de bienveillance. Quant aux items 2 et 3, ils sont fortement corrélés avec la
seconde composante qui mesure la dimension de l’intégrité. Cette structure factorielle
474
Roussel (2005) : op.cit, p.266.
252
suggère que la validité convergente du construit confiance interorganisationnelle est
satisfaisante. Les contributions factorielles des items sont très élevées sur les deux
composantes. Pour la validité discriminante, nous observons que le niveau de
chevauchements entre les deux facteurs est très faible.
Tableau 24 : Matrice des composantes après rotation
Composantes
N° Items du construit « confiance interorganisationnelle »
1 2
1 Les décisions de vos partenaires sont bénéfiques pour votre entreprise 0,910
2 Un niveau élevé de confiance mutuelle est partagé avec vos partenaires 0,830
3 L’honnêteté caractérise votre relation de coopération avec vos partenaires 0,926
4 Ils font toujours ce qui doit être fait 0,843
Tous les items sont alors retenus pour l’opérationnalisation de la confiance. Cette échelle
de mesure représente une structure factorielle claire et une cohérence interne satisfaisante.
1.2.2.2 L’engagement
Lors de l’analyse de la fiabilité interne de l’échelle de mesure de l’engagement, nous avons
procédé à l’élimination de l’item 4. Nous menons l’analyse factorielle en composantes
principales avec les 6 items retenus. L’analyse de la qualité de représentation des items
mesurant l’engagement montre que toutes les communalités sont satisfaisantes. L’analyse
factorielle des items de l’engagement permet d’extraire une seule composante qui restitue
plus de 70% du total de la variance expliquée. Les trois items sont fortement corrélés avec
cette composante. Toutes les corrélations sont supérieures à 0,80.
Tableau 25 : La variance totale expliquée du construit ‘engagement’
Valeurs propres initiales Sommes des carrés chargées
Composantes Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés
variance variance
1 2,130 71,004 71,004 2,130 71,004 71,004
2 ,530 17,660 88,664
3 ,340 11,336 100,000
253
1.2.2.3 L’expérience partenariale
L’échelle de mesure du construit ‘expérience partenariale’ est explorée en proposant aux
répondants quatre facettes. Chaque facette est mesurée par 5 items. Le coefficient de
Cronbach fait apparaître une forte cohérence interne des échelles de mesure des différentes
dimensions.
L’analyse de la matrice des corrélations montre que les items des différentes dimensions
de l’expérience partenariale ne sont pas indépendants. Ainsi, une analyse factorielle en
composantes principales s’avère nécessaire. La qualité de la représentation des items est
qualifiée de bonne. En effet, toutes les communalités sont supérieures à 0,70, sauf dans le
cas de l’item 4 de l’expérience partenariale/fournisseurs mesurant la diversité des formes
contractuelles des coopérations avec les fournisseurs qui représente une communalité de
0,61.
Tableau 27 : Matrice des composantes après rotation du construit « Expérience partenariale »
Facettes Item N° Composantes
Enoncés des items « Expérience partenariale »
1 2 3 4
1 Durée des expériences (nombre d’années) 0,895
Fournisseurs
254
Soulignons que la rotation Varimax a permis de redistribuer les variances expliquées par
les composantes et de visualiser les corrélations des items aux composantes sur la carte
factorielle fournie par les analyses statistiques sous SPSS.
Par conséquent, la structure factorielle simple nous permet de maintenir l’ensemble des
dimensions de l’expérience partenariale avec leurs indicateurs de mesure. Ces résultats
nous permettent de conclure que la validité convergente et la validité discriminante sont
satisfaisantes malgré certains chevauchements entre les dimensions, notamment entre
l’expérience partenariale/fournisseurs et l’expérience partenariale/clients. Ces
entrelacements peuvent être expliqués par l’utilisation des mêmes critères pour mesurer
l’ensemble des dimensions. Il faut noter aussi que les résultats de l’AFE ont permis de
valider la distinction des quatre facettes faites au niveau théorique de cette recherche.
L’analyse factorielle permet d’extraire une seule composante. Les items mesurant le
partage de connaissances sont moyennement corrélés à cette composante et se situent
entre 0,60 et 0,80. L’extraction d’une seule composante ne rend pas possible la rotation
varimax et la visualisation de la carte factorielle. Cependant, nous pourrions conclure que
la validité convergente est acceptable car chacun des items représente de fortes
contributions factorielles. L’analyse de la matrice de corrélation des items montre que la
corrélation des items est acceptable (0,70>r>0,30).
475
Voir le paragraphe portant sur la génération des items dans ce chapitre.
255
Tableau 29 : La variance totale expliquée du construit « partage de connaissances »
Valeurs propres initiales Sommes des carrés chargées
Composante Total % de la % cumulés Total % de la % cumulés
s variance variance
1 2,470 61,738 61,738 2,470 61,738 61,738
2 ,815 20,378 82,115
3 ,416 10,389 92,505
Au total 15 items ont été conçus pour mesurer l’ensemble des dimensions de ce construit.
L’AFE montre que la qualité de la représentation est acceptable. Toutes les extractions
sont supérieures à 0.50. La matrice des composantes fait apparaître l’extraction de trois
composantes. Chacune de celles-ci est relative à l’une des dimensions de la capacité
d’absorption.
Tableau 30 : Matrice de composantes du construit « capacités d’absorption »
Composantes
Items de mesure du construit « capacité d’absorption »
1 2 3
En fournissant vos produits/services, vous pourriez obtenir des
0,630
1 connaissances sur les besoins des utilisateurs de vos produits/services
En achetant auprès de vos fournisseurs, vous pourriez obtenir des
0,561
Acquisition
256
peuvent être acquises auprès des partenaires : fournisseurs, clients, concurrents et
laboratoires/universités. Il faut noter aussi que ces items sont moyennement corrélés avec
la troisième composante. Rappelons que la cohérence interne de ce sous construit est de
l’ordre de 0,70. Les contributions factorielles sont satisfaisantes. Ce qui permet de dire que
la validité convergente est acceptable.
Quant à la dissémination des connaissances, elle est mesurée par 6 items avec une bonne
cohérence interne mesurée par le coefficient alpha de Cronbach. Nous entendons par
dissémination la diffusion aux employés des connaissances et des informations portant sur
différents changements qui concernent les produits, les orientations stratégiques, le
personnel, la technologie, les partenaires, les clients et les fournisseurs.
257
Tableau 31 : La variance totale expliquée du construit « innovation de produits»
Valeurs propres initiales Sommes des carrés Somme des carrés pour la
Cpste chargées rotation
Total % de la % Total % de la % Total % de la %
variance cumulés variance cumulés variance cumulés
1 3,786 54,085 54,085 3,786 54,085 54,085 2,728 38,973 38,973
2 1,158 16,549 70,634 1,158 16,549 70,634 2,216 31,661 70,634
3 0,724 10,343 80,977
Pour mieux observer la structure factorielle de ce construit, nous avons effectué une
rotation de type varimax. Cette rotation permet de redistribuer les contributions
factorielles et les coordonnées de chaque item sur l’une des composantes. Cette rotation
rend plus claire la structure de la carte factorielle. Celle-ci montre que les items relatifs à
l’élargissement de la gamme des biens et services, de la part de marché et à l’amélioration
de la qualité constituent la première composante.
Cette composante est relative à l’innovation de produits. Les items permettant d’évaluer
l’impact de la coopération sur la flexibilité et la capacité de production et la réduction des
coûts salariaux et des matériaux constituent la seconde composante. Cette deuxième
composante est relative à l’innovation de procédés.
Tableau 32 : Matrice de composantes du construit innovation
Composantes
Items de mesure de l’innovation
1 2
1 Elargissement de la gamme des biens ou des services 0,874
Pdts
L’observation de la matrice des composantes montre que les items de l’innovation des
produits possèdent de fortes contributions factorielles sur la première composante. Ceux de
l’innovation des procédés sont attachés à la deuxième composante.
258
Pour nous assurer de l’exhaustivité et de la cohérence des réponses, nous avons contrôlé et
relu tous les questionnaires un par un. Ensuite, nous avons codifié tous les items du
questionnaire pour pouvoir les manipuler statistiquement et les insérer dans la matrice de
données.
Dans cette section, nous procédons à une analyse descriptive des données. Ensuite, nous
analysons les valeurs manquantes. Enfin, nous examinons la factorisation des données
collectées. Le logiciel SPSS fournit l’ensemble de ces analyses.
Ainsi, dans notre recherche, toutes les échelles sont d’intervalle: l’échelle d’attitude de
Likert et l’échelle à différentiel sémantique d’Osgood. Les analyses statistiques
descriptives applicables à ces échelles sont la moyenne pour la tendance centrale, l’écart-
type pour la dispersion et l’aplatissement (kurtosis) et la symétrie (skewness) pour la
distribution des données.
259
aberrante peut accroître l'écart-type et, par le fait même, déformer le portrait de la
dispersion. Il peut être donc un bon indicateur aussi de valeurs aberrantes.
Par conséquent, les répondants sont, en moyenne, plutôt d’accord sur les caractéristiques
d’opportunité, de précision, d’adéquation, de complétude et de crédibilité de leurs
communications avec leurs partenaires.
260
moyenne de 4. Il en est de même pour les autres items portant sur la précision,
l’adéquation, la complétude et la crédibilité de la communication. Les répondants sont
plutôt d’accord sur ces caractéristiques.
Tableau 33 : Statistiques descriptives des items de la communication interorganisationnelle
Moyenne Écart-type Symétrie Aplatissement
1 Opportune/inopportune 4,109 0,849 -1,03 1,30
2 Précise/imprécise 4,100 0,898 -0,74 0,11
3 Adéquate/inadéquate 3,963 0,947 -0,65 -0,43
4 Complète/incomplète 3,954 0,989 -0,66 -0,32
5 Crédible/non crédible 4,254 0,828 -0,90 0,12
Ce résultat apparaît clairement lorsque l’on analyse la distribution des réponses aux items.
En effet, le coefficient de symétrie des items affiche des valeurs négatives. Ce qui signifie
que la distribution est asymétrique à droite. Le coefficient d’aplatissement est tantôt positif
et tantôt négatif. Ainsi, pour l’item n°1, 2 et 4, la courbe est plus pointue et les
observations sont concentrées. La distribution se situe au dessus d’une loi normale.
Inversement, les items n°3 et 4 ont des coefficients d’aplatissement négatifs. Cela signifie
que les observations associées à ces deux items sont étalées. La courbe est plate et se situe
au dessous de celle de la loi normale.
COMMUNIC
30
20
10
Fréquence
Sigma = 3,24
Moyenne = 20,4
0 N = 110,00
COMMUNIC
261
de la somme des scores sur le nombre d’observation. Cette valeur est de 20,4. Elle est
associée à la modalité « plutôt d’accord » avec une dispersion qui s’écarte légèrement de la
moyenne. Elle est asymétrique à droite (Sy = -0,41) et se situe en dessous de celle de la loi
normale et les observations sont légèrement étalées (Ku= -0,45).
COMPRATI
40
30
20
10
Fréquence
Sigma = 4,15
Moyenne = 20,0
0 N = 110,00
5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0 22,5 25,0
COMPRATI
La dispersion des réponses aux questions sur les communautés de pratiques est
moyennement étroite. Les valeurs de l’écart-type varient autour de l’unité. Quant à la
262
distribution, elle est asymétrique à droite pour tous les items avec des valeurs différentes.
Cette asymétrie est plus au moins forte pour les items n°3 et 1 par rapport aux autres.
La dispersion autour de la moyenne est plus au moins large pour les items 1 et 4, tandis
que celle des items 2 et 3 est étroite. Pour ces deux derniers items, la dispersion est
inférieure à l’unité.
Il en est de même pour les indicateurs de l’engagement, des valeurs moyennes supérieures
à 4 avec une étroite dispersion. Les observations des trois items sont asymétrique à droite
(Sy<0) avec une forte concentration notamment pour l’item 1 (Ku>0). Celles-ci sont au
dessus de la distribution de la loi normale (tableau 35).
263
Tableau 35 : Statistiques descriptives des variables confiance interorganisationnelle et engagement
Moyenne Ecart- Symétrie Aplatisse
Items type
Les décisions de vos partenaires sont
3,354 1,154 -0,54 -0,22
1 bénéfiques pour votre entreprise
Confiance
D’après les statistiques descriptives de cette variable, la moyenne des observations est de
15, l’écart-type est de 2,9. Ce qui signifie une dispersion fortement étroite autour de la
valeur moyenne. La distribution des observations est asymétrique à droite (avec Sy=-0,95)
et la courbe est pointue et se situe au dessus de celle de la loi normale (Ku= 1,83). Les
observations des cette variable sont alors fortement concentrées.
Graphique 6 : Distribution des scores des observations de la variable confiance interorganisationnelle
CONFIANC
60
50
40
30
20
Fréquence
10 Sigma = 2,99
Moyenne = 15,1
0 N = 110,00
5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0
CONFIANC
264
situant au dessus de la courbe normale (Ku= 2,50). La dispersion des observations sont
plus au moins étroite autour de la moyenne.
ENGAGEME
40
30
20
10
Fréquence
Sigma = 2,33
Moyenne = 12,6
0 N = 110,00
4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0
ENGAGEME
Les réponses aux items sont plutôt d’accord sur le fait que la coopération avec les
fournisseurs, les clients, les concurrents et les laboratoires de recherches permet à
d’acquérir des connaissances commerciales et technologiques.
La dispersion des réponses autour de la moyenne est étroite pour le premier item et
relativement large pour les autres. Leurs distributions sont asymétriques à droite
notamment pour le premier item qui a une forte asymétrie (Sy= -1,78). La courbe est très
pointue pour le premier item avec une forte concentration des observations (Ku= 3,65). Les
courbes des autres indicateurs sont proches de la distribution normale.
Les items de la dimension assimilation des connaissances prennent des valeurs moyennes
qui varient entre 3,5 et 4,5 avec des distributions plus au moins étroite notamment pour le
premier et le quatrième item. Leurs distributions sont asymétriques à droite (Sy<0) avec
265
des observations concentrées pour les items 1,2 et 5 et des courbes qui se situent au dessus
de la distribution normale (Ku>0).
Pour les items de la dissémination des connaissances, leurs valeurs moyennes dépassent 4
sauf pour l’item 5 qui a une valeur de 3,6. La dispersion des observations est étroite pour
les items 1,2 et 4. Elle est faiblement étroite pour les autres. Quant à la distribution, elle
est asymétrique à droite pour l’ensemble des items et relativement concentrées pour l’item
2 et 6 (tableau 36).
Tableau 36 : Statistiques descriptives des dimensions de la capacité d’absorption
Items Moyen. E.type Symétrie Aplatisse.
En fournissant vos produits/services, vous pourriez
obtenir des connaissances sur les besoins des 4,390 0,899 -1,78 3,65
1
utilisateurs de vos produits/services
En achetant auprès de vos fournisseurs, vous
pourriez obtenir des connaissances technologiques et 4,000 1,031 -0,91 0,37
Acquisition
2
d’expertise
En créant des activités communes avec les autres
entreprises travaillant dans le même domaine que le
3,772 1,055 -0,67 -0,17
votre, vous pourriez obtenir des connaissances en
3
recherche&développement
En recourant aux laboratoires de recherches, vous
pourriez obtenir les résultats de la recherche 3,636 1,106 -0,39 -0,72
4
scientifique
Apprendre de nouvelles méthodes et procédés de
1 4,027 1,008 -1,20 1,56
gestion
Assimilation
Pour récapituler, nous avons procédé à l’analyse des scores de chacune des dimensions.
Ainsi, les scores de la variable acquisition affichent une moyenne de 15,8 avec une
dispersion relativement étroite. La distribution des scores est asymétrique à droite (Sy= -
0,75) dont la courbe est pointue se situant au dessus de la distribution normale avec une
forte concentration des observations (Ku= 1,11) (graphique 8).
266
Pour l’assimilation, la moyenne est relativement forte par rapport à celle de l’acquisition et
la distribution des observations est fortement asymétrique à droite (Sy= -1,27). La courbe
est très pointue en dépassant largement celle de la loi normale (Ku= 3,07) (graphique 9 ).
40 40
20
30 30
20 20
10
Fréquence
Fréquence
Fréquence
10 10
Sigma = 2,99
Sigma = 3,39 Sigma = 3,81
Moyenne = 15,8
Moyenne = 20,4 Moyenne = 24,7
0 N = 110,00
0 N = 110,00 0 N = 110,00
5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0
5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0 22,5 25,0 16,0 18,0 20,0 22,0 24,0 26,0 28,0 30,0
ACQUISIT
ASSIMILA DISSÉMIN
Graphique 9 : Distribution des scores des Graphique 10 : Distribution des acores des
Graphique 8 : Distribution des scores des observations de l’assimilation observations de la dissémination
observations de l’acquisition
267
Tableau 37 : Analyse descriptive des items mesurant l’expérience partenariale.
Durée des Nombre de Complexité des Diversité des formes Impact sur
expériences projets/acteurs problèmes contractuelles l’acquisition des
(nombre d’années) impliqués connaissances
75% des Environ 75% des Pour 36.4% des Pour 30% des pour 41,8% des
entreprises entreprises réponses, les entreprises, cette entreprises, l’impact
considèrent que la pensent que le problèmes sont diversité est est étendu et très
durée des nombre est plus moyennement modérée et pour étendu pour 25.5%. La
expériences est que modéré. La compliqués pour 28.2%, elle est valeur moyenne 3.8
plus que modérée moyenne est de 35.5%. La étendue La moyenne avec une dispersion
(75% des 3.21 avec une moyenne de cet est de 3.10 avec une étroite de 0,98. la
réponses). La dispersion égale item est de 3.41 dispersion distribution des
valeur moyenne de à l’unité. La avec une relativement large. observations relatives
cet indicateur est distribution est dispersion étroite Les observations à cet item est plus au
Les fournisseurs
268
La durée est limitée Le nombre est Les problèmes sont Pour 40% des 40% des entreprises
pour 29% des limité pour très compliqués entreprises, la déclarent que l’impact
entreprises et très environ 50% des pour 20%, diversité est plus au est relativement
limitée pour réponses. La compliqués pour moins limitée. La étendu. Pour 30%, cet
17.3%. La valeur moyenne 25% et moyenne est impact est modéré.
moyenne est de 2.8 est de 2.75 avec modérément inférieure à 3 et les Ces résultats
avec des des observations compliqués pour observations sont apparaissent
observations relativement 30%. La moyenne dispersées. La clairement à travers
Les concurrents
relativement dispersées est de 3.22 avec courbe est en deçà de la moyenne (3.20) et
dispersées (Sx=1,250). La des observations la courbe normale la dispersion
(Sx=1,278). La distribution est plutôt hétérogènes avec une forme plate relativement large des
distribution est asymétrique à (Sx= 1,309). Leur (Ku=-0,99). Elle est observations. Ainsi la
asymétrique à gauche (Sy= distribution est asymétrique à courbe de distribution
gauche (Sy= 0,26). 0,33) et la courbe asymétrique à gauche (Sy=0,25). est plate en deçà de la
La courbe est plate est plate en deçà droite (Sy=-0,31) et La diversité est courbe normale (Ku= -
en deçà de la loi de la courbe la courbe est plate relativement limitée. 0,97) avec une
normale (Ku=-0,97) normale (Ku= - et se situe au asymétrie à droite
et les observations 0,78). Le nombre dessous de la (Sy=-,16). L’impact
sont étalées. La de projets menés courbe normale sur l’acquisition de
durée est avec les (Ku=-0,90). La connaissances est
relativement concurrents est complexité des plutôt positif.
limitée. limité problèmes est alors
étendue.
48% pensent que Environ 50% des La complexité est La diversité limitée L’impact sur les
durée d’expérience entreprises limitée pour pour plus de 60% connaissances est
est très limitée. déclarent que ce environ 60% des des cas. La moyenne étendu ou très étendu
Pour 25%, elle est nombre est très entreprises. Ceci est de 2,2 et la uniquement pour 23%.
limitée et modérée limité. seules s’explique par le dispersion est Les autres n’attendent
Laboratoires de recherche/universités
pour 25%. La 12% des nombre limité relativement large. pas grand-chose de
moyenne de 2 et entreprises qui d’acteurs et de La distribution est leur coopération avec
les observations voient ce nombre projets en asymétrique à les laboratoires et les
sont dispersées. La étendu, voire très coopération. La gauche (Sy= 0,90). universités. Ainsi,
distribution est étendu. La moyenne est de 2,2 La courbe est plate pour 40% des
fortement valeur moyenne avec une large en deçà de la courbe entreprises, cet impact
asymétrique à de cet indicateur dispersion. La normale (Ku=-,16). est très limité. La
gauche (Sy=1,06). est de 2. Les distribution est moyenne est de 2,4 et
La courbe est au observations sont asymétrique à la dispersion est large.
dessus de la asymétriques à gauche (Sy= 0,73) La distribution est
normale avec des gauche (Sy= et la courbe est asymétrique à gauche
observations 0,81) avec une plate avec des (Sy= 0,61) et la courbe
concentrées faible observations est plate (Ku= -0,96).
(Ku=0,10). La concentration et faiblement
durée est en deçà une courbe plate concentrées (Ku= -
de la moyenne pour (Ku= -0,39). 0,61).
86% des
entreprises.
Les graphiques 11, 12, 13 et 14 montre la distribution globale de chacune des variables de
l’expérience partenariale. Ainsi le graphique 11 montre la distribution des scores de la
coopération avec les fournisseurs. Avec une valeur moyenne de 16,9 et une dispersion
étroite, cette distribution est faiblement asymétrique à droite (Sy= -,07) et sa courbe est
relativement pointue avec des observations concentrées (Ku= 0,19).
269
Par contre l’expérience partenariale avec les clients se caractérise par une distribution
asymétrique à droite (Sy= -0,94), mais une courbe plate et des observations fortement
étalées (Ku =1,35). La valeur moyenne des scores de cette variable est de 18,4 et la
dispersion est relativement large (graphique 12).
EXPFRS EXPCLTS
30 40
30
20
20
10
10
Fréquence
Fréquence
Sigma = 4,07 Sigma = 4,36
Moyenne = 16,9 Moyenne = 18,4
0 N = 110,00 0 N = 110,00
5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0 22,5 25,0 5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0 22,5 25,0
EXPFRS EXPCLTS
EXPCRRTS EXPLAB
20 50
40
30
10
20
Fréquence
Sigma = 5,65
Fréquence
10
Moyenne = 14,8 Sigma = 5,79
EXPCRRTS EXPLAB
Pour l’expérience partenariale avec les concurrents, le graphique 13 montre que les
observations sont relativement symétriques (Sy= -0,05) avec une moyenne des scores
inférieure à 15 et une dispersion relativement large. La courbe des observations de cette
variable est plate en deçà de la loi normale (Ku = -0,71).
270
0,68). La dispersion est loin d’être étroite et les observations sont relativement concentrées
au niveau de la première modalité (graphique 14).
Ces coopérations permettent aussi d’améliorer la qualité des biens et services offerts. La
dispersion des observations de tous les items est relativement étroite. L’écart –type est
proche de l’unité. La distribution est asymétrique à droite et les observations sont
faiblement concentrées pour les items 1 et 2 et fortement concentrées pour le dernier. La
courbe est très pointue pour ce dernier et proche de la loi normale pour les deux premiers
(tableau 38).
En ce qui concerne l’impact sur les procédés, les répondants pensent qu’il est moyen sauf
pour le quatrième item. Avec une dispersion des observations relativement étroite, la
distribution des items est asymétrique à droite pour les items 1,2 et 3 et symétrique pour
l’item 4. La courbe de distribution des items est très proche de la courbe normale.
Tableau 38 : Statistiques descriptives des items de l’innovation des produits et de l’innovation des
procédés.
Items moyenne Ecart-t Symétrie Aplati
1 Elargissement de la gamme des biens ou des services 3,818 0,959 -0,76 0,83
Produits
Pour réduire ces données, nous avons analysé les scores de l’innovation des produits et
ceux de l’innovation des procédés. Les scores de l’innovation des produits affichent une
valeur moyenne de 11,9 avec une dispersion relativement faible. La distribution des
observations relatives à l’innovation des produits est asymétrique à droite avec une forte
concentration et une courbe très pointue.
271
Par contre, la distribution de la variable innovation des procédés est faiblement
asymétrique à droite. Les observations sont relativement concentrées. La courbe est
relativement pointue et se situe au dessus de la distribution normale.
INOVPRDT INOVPRCD
40 50
40
30
30
20
20
10
Fréquence
Fréquence
10
Sigma = 2,51 Sigma = 3,36
Moyenne = 11,8 Moyenne = 13,3
0 N = 110,00 0 N = 110,00
4,0 6,0 8,0 10,0 12,0 14,0 16,0 5,0 7,5 10,0 12,5 15,0 17,5 20,0
INOVPRDT INOVPRCD
Le traitement des données manquantes constitue un problème complexe dans les MES.
Dans ce cadre, il n’existe pas un seuil empirique admis pour évaluer l’importance des
données manquantes. Une autre difficulté liée aux données manquantes s’explique par la
délicate distinction entre données manquantes aléatoires et données manquantes
systématiques.
Pour résoudre ce problème par la MES, trois solutions sont possibles476 : supprimer les
questionnaires présentant des valeurs manquantes (Listwise Deletion), supprimer les
répondants n’ayant pas répondu à des paires d’énoncés (Paiwise Deletion) ou encore
remplacer ces valeurs (Imputation).
a) Listwise Deletion : cette solution permet d’analyser des échantillons comportant des
données complètes. Cependant, elle présente des inconvénients comme la perte
476
Jöreskog.K (2005) : « Structural equation modeling with ordinal variables using LISREL », disponible en
ligne: www.ssicentral.com/lisrel/corner.htm
272
d’informations notamment lorsque la taille de l’échantillon est faible et le pourcentage des
données manquantes est élevé.
477
Cité par Roussel et al 2002, p. 92)
273
l’AFC. Chacune de ses relations a fait l’objet d’analyses théorique lors de l’élaboration des
échelles du questionnaire.
Le modèle factoriel général est formulé par l’équation matricielle suivante : X=Λxξ + δ,
avec :
- X est le vecteur des variables observés xi (items du questionnaire) ;
- ξ (Ksi) est le vecteur des variables latentes ;
- Λx (Lambda X) est la matrice des contributions factorielle des xi sur les variables
latentes ;
- δ est le vecteur des résidus ou termes d’erreurs des indicateurs xi ;
- Φ est la matrice des corrélations entre les variables latentes.
Figure 13 : Modèle factoriel général
δ1 X1
λ11
δ2 X2 λ21
ξ1
X3 λ31
δ3
Φ21
δ4 X4 λ42
λ52
ξ2
δ5 X5
λ62
δ6 X6
274
Ce choix est dicté par le fait que la structure factorielle des variables latentes n’est pas
encore stabilisée dans la mesure où l’AFC pourra conduire à l’épuration des échelles si
certains items ne sont pas liés de façon significative aux construits.
Précisons que l’analyse des données par les équations structurelles ne se base pas sur
l’exploitation de la matrice des données brutes, c'est-à-dire sur les réponses codées aux
items du questionnaire.
Pour Roussel et al (2002), il existe d’autres méthodes d’estimation alternatives, telles que
les moindres carrées généralisés, pour pouvoir surmonter l’hypothèse de multinormalité.
Celle-ci est généralement rarement vérifiée dans les données collectées en sciences de
gestion.
Cependant, ces méthodes nécessitent des échantillons de très grande taille et obtiennent
des résultats mitigés. Les auteurs soulignent que l’estimation par le maximum de
vraisemblance fournit de meilleurs résultats même si l’hypothèse de multinormalité est
violée478.
478
Roussel.P, Durrieu.F, Campoy.E et El Akremi.A (2005) : « Analyse des effets linéaires par modèles
d’équations structurelles », In Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences
humaines et sociales, de boeck, pp.297-324
275
3.1.3.1 La signification des contributions factorielles
Pour examiner le bon ajustement du modèle de mesure, il convient d’abord d’analyser les
contributions factorielles de chaque variable manifeste sur la variable latente. La
contribution factorielle de chaque énoncé doit être supérieure à 0,70 et significative selon
le test « t » de Student. Ce test doit être supérieure à 1,96 au niveau de signification de
5% pour chaque contribution factorielle.
L’évaluation de la fiabilité interne des construits peut se faire par le calcul du coefficient α
de Cronbach. Ce coefficient possède deux principales limites :
a) Plus il y a d’énoncés, plus l’échelle a tendance à être fidèle.
b) Plus le nombre de points est élevé, plus l’échelle a tendance à être fidèle.
Le coefficient rhô (ρ) de consistance interne développé par Jöreskog semble plus adapté au
MES puisqu’elle intègre de manière explicite les termes de l’erreur. Le rhô de Jöreskog se
calcul manuellement à l’aide de la formule suivante479 :
(Somme des contributions factorielles standardisées)2 + somme des erreurs de mesure des indicateurs
Le coefficient ρ est conçu pour compléter les AFC. Selon Roussel et al (2005), le choix du
coefficient de fiabilité est fonction de plusieurs critères tels que la taille de l’échantillon et
le nombre d’items dans le questionnaire.
479
Selon Raykov ( 2002) : « Scale reliability evaluation with Lisrel 8.50 » disponible en ligne :,
n 2
( ∑ λi )
i =1
La formulation mathématique de ce coefficient : ρ ( A) = n n Avec :
2
( ∑ λι ) + ∑ var(ε ι )
i =1 i =1
- A : construit à tester (variable latente)
- λi : coefficient standardisé de la mesure i (item) sur A (contribution factorielle)
- n : nombre de variables observées i pour le construit A (nombre d’items)
- εi : erreur de mesure de l’item i
- ρ(A) appelé aussi ρ(ζ) : coefficient de fiabilité de cohérence interne (rhô de A ou rhô de Ksi)
276
Le coefficient ρ Jöreskog est souvent le plus utilisé dans l’AFC et celui de α de Cronbach
est utilisé dans les études exploratoires. Les mêmes critères pour α de Cronbach sont
appliqués en considérant la fiabilité est bonne si la valeur du ρ de Jöreskog est supérieure
à 0,70 ou 0,80 selon les auteurs480.
La validité convergente est établie lorsque ρvc a une valeur égale ou supérieure à 0,5.
Lorsque cette valeur est inférieure à 0,5 la variance de l’erreur de mesure est plus grande
que la variance capturée par le facteur. La validité du choix des indicateurs pour mesurer
ce facteur est discutable.
En pratique, cela signifie que la différence de χ2 entre deux modèles doit être significative
au regard de la différence de degrés de liberté observée482.
480
Roussel.P et Wacheux.F (dir) (2005) : « Management des ressources humaines : méthodes de recherche
en sciences humaines et sociales », De boeck.
481
La formulation mathématique du ρ de validité convergente est suivante :
n 2
∑ ( λi )
i =1
ρ vc = n
( A) 2
∑ (λι ) + ∑ var(ε i )
i =1
482
Roussel.P et Wacheux.F (dir) (2005) :op.cit
277
3.1.4 Les indices d’ajustement
La modélisation par la méthode d’équations structurelles offre une panoplie d’indices
d’ajustement du modèle global. Les spécialistes distinguent trois familles d’indices : les
indices absolus, les indices incrémentaux et les indices de parcimonie.
Le χ2 est utilisé pour tester l’hypothèse nulle selon laquelle le modèle de structures
factorielles s’ajuste bien aux données empiriques. Selon la théorie des tests, le modèle sera
accepté si la valeur p est supérieur au niveau de risque d’erreur fixé à priori, généralement
de 5%.
Pour pallier aux lacunes de l’indice de Chi Deux, Jöreskog et Sörbom et d’autres auteurs
ont proposé d’autres indices d’ajustement absolu. Ce sont le GFI, l’AGFI, le RMR et le
RMSEA.
483
Roussel.P, F.Durrieu, E.Campoy et A.El Akremi (2002) : op.cit
484
Roussel.P, F.Durrieu, E.Campoy et A.El Akremi (2002) : op.cit, p. 63
278
Cependant, il faut souligner que le seuil à partir duquel le modèle peut être considéré
comme acceptable n’est pas précisé par les spécialistes des équations structurelles.
Certains considèrent le seuil de 0,70 comme étant le seuil d’acceptabilité, d’autres par
contre exigent 0,90 comme seuil minimal. Nous nous inscrivons dans la perspective de
Roussel et al (2002 et 2005) et nous considérons 0,70 comme étant le seuil d’acceptabilité
du modèle.
Le RMR (Root Mean Square Residual) représente l’appréciation moyenne des résidus. Son
interprétation n’est possible que si la matrice de données initiale est la matrice des
corrélations. Les valeurs du RMR varient entre 0 et 1. Plus l’indice est proche de 0, plus
l’ajustement du modèle est meilleur. En outre, pour refléter un bon ajustement du modèle,
le RMR doit prendre une valeur inférieure à 0,1. Lorsque nous utilisons la matrice des
corrélations, nous ne devons pas dépasser la valeur de 0,5.
La valeur du RMSEA doit être inférieure à 0,05. Ce qui indique une bonne adéquation du
modèle aux données empiriques. Browne et Cudeck (1993)486 indiquent qu’un modèle
ayant un RMSEA inférieur à 0,08 est un bon modèle, mais le modèle ayant le RMSEA
supérieur à 0,10 doit être respécifié.
Tableau 39 : Les indices d’ajustement absolus
Indices GFI AGFI RMR RMSEA
Seuil d’acceptabilité < à 0,70 < à 0,80 < à 0,5 < à 0,08
485
Roussel.P, Durrieu.F, Campoy.E et El Akremi.A (2002) : op.cit, p. 64
486
cité par Chauvet 2004, p.235
279
Le NFI (Normed Fit Index) est un indice incrémental basé sur les indices de non centralité
de la population. Il représente la proportion de la covariance totale entre les variables
expliquées par le modèle testé, lorsque le modèle nul est pris comme référence. Sa valeur
varie entre 0 et 1. Plus la valeur est proche de 1, plus le modèle est bon (> à 0,90). Cet
indice est trop sensible à la taille de l’échantillon. Il rejette le modèle si la taille de
l’échantillon est réduite.
Le CFI (Comparative Fit Index) est un indice de comparaison dérivé du premier. Il mesure
la diminution relative du manque d’ajustement. Sa valeur varie entre 0 et 1. Pour être
satisfaisant, la valeur de cet indice doit être supérieure à 0,90.
Le RFI (Relative Fit index), dérivé du NFI, doit être compris entre 0 et 1. Une valeur
supérieure à 0,90 permet de conclure que le modèle est acceptable.
Tableau 40 : Les indices incrémentaux
Indices NFI CFI RFI
Seuil d’acceptabilité 0,90 0,90 0,90
Le Chi Deux normé est un indice de parcimonie qui permet de déceler les modèles sur-
ajustés et sous-ajustés. Il peut être utilisé pour mesurer le degré de parcimonie absolu d’un
modèle. Il permet aussi de distinguer parmi plusieurs modèles alternatifs lequel est le plus
parcimonieux.
280
3.2 Les résultats de l’AFC
Les résultats de l’AFC permettent de valider ou non les échelles de mesure des différents
construits théoriques. Le modèle de mesure de chaque construit permet d’établir des
liaisons entre les variables latentes et les variables manifestes permettant de les mesurer.
En utilisant cinq variables observées sur une échelle d’Osgood en cinq points allant de -2 à
2, nous cherchons à mesurer le comportement communicationnel des partenaires et la
qualité des connaissances partagées. Les items de ce construit représente une bonne
consistance interne de l’échelle (alpha de Cronbach est de 0.76). Ainsi, le rhô de Joreskog
de fiabilité interne s’élève à 0.79.
Tableau 41 : Les résultats de l’AFC du construit « Communication interorganisationnelle »
Items Contributions Le t de Student Le R2
factorielles
Opportune/Inopportune 0.71 7.76 50%
Précise/Imprécise 0.64 6.82 41%
Adéquate/Inadéquate 0.65 6.96 42%
Complète/Incomplète 0.74 8.36 55%
Crédible/Non crédible 0.53 5.48 29%
Rhô de Joreskog 0.7907
Validité convergente du construit (rhô de Jorskog) 0.4334
487
Mohr.J et Spekman.R (1994): op.cit
281
L’AFC de communication interorganisationnelle représente de bons résultats. Ainsi les
contributions factorielles de l’ensemble des items sont acceptables. La contribution
factorielle la plus faible est celle du niveau de crédibilité de la communication.
La relation entre les variables observées et les variables latentes étant récursive et
linéaire488. Le montant de la variance de la communication interorganisationnelle
expliquée par chacun des indicateurs de mesure de cette variable représente un niveau
satisfaisant, sauf dans le cas du dernier item qui restitue environ 30% de la variance.
La validité interne des variables latentes est évaluée sur la base de deux critères essentiels :
la validité convergente et la validité discriminante. La première est calculée en utilisant le
coefficient du rhô de Jöreskog. Ce coefficient est de l’ordre de 0.4334 pour la
communication interorganisationnelle. Cette valeur est en deçà de celle communément
admise dans les ouvrages de méthodologie.
Cependant, les t de Student représentent des valeurs satisfaisantes. Ce qui nous permet de
considérer la validité convergente de la communication interorganisationnelle comme étant
acceptable. Cette validité convergente est aussi appuyée par la différence significative de
Chi-Deux au regard de la différence de degré liberté entre le modèle testé en laissant libre
les corrélations entre les différentes variables latentes et le modèle où l’on fixerait à 1 les
corrélations entre ces variables.
488
Jöreskog.K (2000) : « Interpretation of R2 revisited », disponible en ligne:
www.ssicentral.com/lisrel/corner.htm
282
opérationnalisation est, jusque là, limitée à des études qualitatives à base d’entretien.
Aucune mesure n’a pu être relevée de la littérature.
La lecture de la sortie Lisrel permet de confirmer les items déjà explorés. Ainsi, la
contribution factorielle de chacun des indicateurs est supérieure à 0.70. Ce qui représente
des scores satisfaisants. Avec une consistance interne forte (le rhô de Joreskog de 0.8498
calculé manuellement sur la base des contributions factorielles et des erreurs de mesure
offertes par Lisrel), la validité convergente du construit est acceptable même si elle est en
deçà de 0.50.
Les valeurs de t de Student sont supérieures à 1,96 au seuil de signification de 5%. Par
conséquent, nous pourrions conclure que la validité convergente de la mesure des
communautés de pratique est acceptable.
Pour opérationnaliser ce concept, nous nous sommes basés sur les indicateurs de mesure
proposés par d’autres auteurs dans des publications antérieures. Ainsi, cinq items reflétant
283
la bienveillance, l’intégrité et la capacité des acteurs, ont été proposés lors de la phase
exploratoire et nous avons retenu quatre.
Tableau 43 : Les résultats de l’AFC du construit « Confiance interorganisationnelle »
Items Contributions t de R2
factorielles Student
Les décisions de vos partenaires sont bénéfiques pour votre entreprise 0.73 7.46 24%
Un niveau élevé de confiance mutuelle est partagé avec vos 0.69 7.95 77%
partenaires
L’honnêteté caractérise votre relation avec vos partenaires 0.82 9.44 59%
Ils font toujours ce qui doit être fait 0.59 6.58 25%
Rhô de Joreskog 0.8025
Validité convergente du construit (rhô de Jorskog) 0.5074
Les résultats de l’AFC sous Lisrel montrent que les contributions factorielles des
indicateurs de mesure sont satisfaisantes. Elles sont toutes supérieures à 0.50. Le R2 pour
chaque variable observée est positif et représente une valeur élevée pour le deuxième
indicateur portant sur le partage d’une confiance mutuelle entre les coopérants. Pour les
autres items, le R2 est satisfaisant malgré ses valeurs relativement faibles pour le premier et
le dernier item.
La validité convergente du construit est vérifiée lorsque chaque variable observée partage
plus de variance avec son construit qu’avec son erreur de mesure. En revanche, certaines
contributions factorielles des items sont inférieures aux erreurs de mesure. Dans ce cas, la
validité convergente n’est pas complètement vérifiée. Il est alors souhaitable de poursuivre
le test en examinant le t de Student.
Le tableau des résultats de l’AFC montre que les valeurs prises par le t de Student sont
supérieures à 1.96 au seuil de signification de 5%. En outre le ρ de Jöreskog de validité
convergente est de l’ordre de 0,50. Ainsi, la validité convergente de l’échelle du construit
confiance interorganisationnelle est vérifiée.
Quant à la validité discriminante, son but est de vérifier que la mesure d’une variable
latente est bien spécifique à celle-ci. Les items doivent mesurer une seule variable latente.
284
Pour effectuer cette vérification, il convient de comparer les variances partagées entre les
items et leurs construits et les variances partagées entre les variables latentes.
3.2.1.4 L’engagement
Pour opérationnaliser l’engagement, nous nous sommes basé sur la définition que nous
avons avancée au niveau du cadre conceptuel de cette recherche. Il s’agit alors de la
volonté de voir la relation continuer à long terme, au désir de développer une relation
stable et de faire des sacrifices nécessaires pour y parvenir en investissant dans la relation.
Ainsi, les indicateurs de mesure retenus trouvent leur justification dans l’exploration de la
littérature et du terrain auprès des entreprises marocaines. L’objectif est de mesurer
l’attachement et l’implication de l’entreprise dans la relation de coopération
En effet, lors de l’étude exploratoire, nous avons retenu 4 items de mesure présentant un
niveau de fiabilité acceptable. Les résultats de l’AFC nous ont conduit à éliminer le
dernier item489 parce qu’il présente une faible contribution factorielle et détériore la
consistance interne de l’échelle de mesure.
Pour les autres items, les contributions factorielles de chacune des variables manifestes
sont supérieure ou égale à 0.70. Ce qui confirme l’attachement de ces indicateurs au
construit qu’ils mesurent. Ainsi, le pourcentage de la variance expliquée pour chaque item,
représentée par R2, est supérieur ou égale à 50%.
489
« Vous êtes prêts à mettre fin à la coopération avec votre partenaire en cas de problème », item inversé.
285
Tableau 44 : Les résultats de l’AFC du construit « Engagement mutuel »
Items Contributions Le t de Le R2
factorielles Student
Vous êtes très impliqués dans votre relation de coopération avec 0.70 7.94 50%
vos partenaires
Vous faites tout ce qui est possible pour maintenir votre 0.79 9.39 66%
coopération avec vos partenaires
La coopération avec les autres organisations est très importante 0.80 9.71 63%
pour votre entreprise
Rhô de Joreskog 0.8075
Validité convergente du construit (rhô de Jorskog) 0.5840
286
Tableau 45 : Les résultats de l’AFC du construit « Expérience partenariale »
Fournisseurs Clients Concurrents Laboratoires/universités
L’examen de la signification statistique des contributions factorielles des items indique que
le t de Student est supérieur à 1,96 pour l’ensemble des indicateurs avec un niveau de
signification qui varie entre 0 et 10%.
Dans la sortie du Lisrel, nous observons que le R2 qui mesure le pourcentage de la variance
expliquée pour chaque variable observée présente, généralement, des valeurs satisfaisantes
notamment pour l’expérience partenariale avec les concurrents et laboratoires/universités.
Le pourcentage de la variance expliquée est relativement faible pour le premier item des
construits expérience partenariale avec les fournisseurs (21%) et expérience partenariale
avec les clients (29%).
La matrice Phi490 comporte les corrélations entre les variables latentes. La lecture de cette
matrice permet de constater l’existence de fortes corrélations entre les variables latentes
permettant de rendre compte de l’expérience partenariale de l’entreprise. De 0.30 entre
490
Dans le logiciel Lisrel 8.5, la matrice Phi spécifie les corrélations ou les covariances entre les variables
latentes.
287
expérience/laboratoires et expérience/clients à 0.84 entre expérience/fournisseurs et
expérience/clients. La corrélation moyenne entre toutes les dimensions reste acceptable
(plus de 0.60). Ce qui soutient le recours à un facteur agrégé d’ordre supérieur.
Autrement dit, l’expérience de l’entreprise avec les fournisseurs, les clients, les
concurrents et les laboratoires de recherche/universités sont des variables latentes
explicatives d’un construit d’ordre supérieure : l’expérience partenariale. Les résultats de
l’AFC de second ordre reprennent les mêmes résultats de l’AFC de premier ordre. Les
relations entre les items et leur variable latente sont présentées sous forme d’équations
structurelles.
Les liens entre le facteur de second ordre de l’expérience partenariale et les différentes
dimensions de premier ordre composent le modèle structurel présenté dans le schéma
suivant :
Dans ces équations structurelles, chaque facteur de premier ordre (ExFrs, ExClts, ExCrts,
ExLab) peut être interprété comme une variable dépendante à expliquer par le facteur de
second ordre expérience partenariale (ExPart).
288
variance expliquée mesurée par R2 qui représente des valeurs acceptables notamment pour
la dimension ExFrs (93%), ExClts (46%) et ExCrts (44%).
Certes, le R2 de la dimension ExLab est relativement faible par rapport aux autres
dimensions, mais nous avons décidé de la conserver comme une variable du modèle de
second ordre de l’expérience partenariale (ExPart) du fait de son importance dans notre
sujet de recherche.
Les indices d’ajustement du modèle de second ordre aux données présentent des valeurs
qui ne sont pas loin des seuils retenus dans la littérature.
Tableau 46 : L’ajustement de l’AFC de second ordre sur l’expérience partenariale de l’entreprise
Indices χ2/ddl RMSEA GFI RMR CFI PNFI
Valeurs 620/183=4,05 0,091 0,850 0,061 0.87 0,70
Par conséquent, nous pouvons calculer le rhô de Jöreskog pour évaluer la fiabilité du
facteur de second ordre l’expérience partenariale qui représente une valeur acceptable (ρ =
0,76). La validité convergente du construit de second ordre évaluée par le rhô de Jöreskog
est (ρvc= 0,45) légèrement inférieure au seuil préconisé de 0,5. Ce résultat nous amène à
examiner les valeurs t de Student. Ces dernières sont significatives (supérieures à 1,96).
Ce construit est mesuré sur une échelle de Likert à 5 points. L’exploration théorique et
empirique de cette variable nous ont permis de relever 5 indicateurs de mesure qui portent
sur les connaissances technologiques, commerciales (produits/marché) et
entrepreneuriales.
Les résultats de l’AFC permettent de confirmer l’échelle ainsi explorée. En effet, les
contributions factorielles sont toutes supérieures à 0.50 avec des valeurs t de student qui
dépassent 1.96 au seuil de signification de 5%. Le pourcentage de la variance expliquée
289
par chaque indicateur est relativement moyen sauf pour le dernier item qui est de l’ordre de
29%.
Tableau 47 : Les résultats de l’AFC du construit «Partage de connaissances »
Items Contributions Le t de Le R2
factorielles Student
Etre informé des nouvelles connaissances technologiques 0.69 7.44 47%
Etre informé des nouveaux produits sur le marché 0.79 8.75 62%
Etre informé des nouvelles opportunités d’affaires 0.77 8.56 60%
Former une base de connaissances commune 0.58 6.05 34%
Partager des connaissances difficilement exprimables 0.54 5.49 29%
ρ de Jöreskog 0.8090
Validité convergente du construit (ρ de Jöreskog) 0.4687
En ce qui concerne, la fiabilité du construit, son niveau est relativement bon. Ainsi, les
deux coefficients α de Cronbach et ρ de Jöreskog sont relativement d’accord sur le niveau
de cette fiabilité.
La validité convergente est vérifiée par le rhô de Jöreskog qui prend en compte les erreurs
de mesure dans sa formule de calcul. Ce coefficient est de l’ordre de 0.46. Il est
relativement faible. Ce qui permet de conclure que la validité convergente n’est pas
complètement vérifié. Il est par conséquent souhaitable de continuer le test en recourant à
d’autres outils tel que le t de Student de chaque indicateur. En effet, les valeurs fournies
par le logiciel Lisrel nous ont permis de nous assurer de cette validité. Toutes les valeurs
sont supérieures à 1.96 au seuil de signification de 5%.
290
Dans notre cas, nous avons repris les trois dimensions de la capacité d’absorption relevées
de la littérature. Nous avons conçu, en nous basant sur la littérature existante et l’étude
exploratoire que nous avons menée, une échelle de mesure de ce construit en 15 items.
Pour valider cette échelle, nous avons mené une AFC de premier ordre. Les dimensions
d’acquisition, d’assimilation et de dissémination des connaissances, considérées
théoriquement comme étant des composantes de la capacité d’absorption sont regroupées
dans un même modèle de mesure.
Pour ce faire, nous avons utilisé l’indice de modification proposé par Lisrel qui facilite
l’identification des variables concernées par la respécification491. L’indice de modification
représente la réduction du χ2 qui se produirait si l’on estimait un ou plusieurs paramètres
supplémentaires (corrélation ou covariance). Ces indices sont calculés pour chaque couple
d’items d’un modèle dont le paramètre est fixé (non estimé) ou contraint (valeur
affectée)492.
Tableau 48 : L’ajustement de l’AFC de second ordre sur la capacité d’absorption des connaissances.
Indices χ2/ddl RMSEA GFI RMR CFI NFI
Valeurs 75,60/54 = 0,061 0.90 0.068 0,96 0.89
491
Il existe d’autres indicateurs proposés par Lisrel qui permettent de faciliter la respécification du modèle
théorique. Il s’agit notamment des Résidus Standardisés (RS) de la matrice des covariances ou des
corrélations et le changement attendu du paramètre (Expected Change Parameter – ECP) qui indique qu’elle
serait la valeur d’un paramètre fixé (non estimé dans le modèle initial) s’il était libre, c'est-à-dire estimé.
492
Roussel.P et al (2005) : op.cit, p.311
291
inférieures à 0.50493 et dont la suppression améliore l’ajustement du modèle. Notons que la
respécification du modèle à permis une redistribution de la variance expliquée par les
indicateurs de mesure.
Après avoir exploré cette variable, l’étude confirmatoire montre que chaque item dispose
d’une contribution factorielle relativement bonne par rapport au seuil admis dans les
méthodes de recherche en management stratégique. Le pourcentage de la variance restituée
493
Nous avons éliminé l’item 4 « Remettre en cause votre façon de travailler » pour l’assimilation et l’item
5 « Changements de personnel » pour la dissémination.
292
par chaque item atteste de l’attachement de celui-ci à son construit. Le R2 est élevé pour le
troisième (56%) et le deuxième item (71%). Il est moyen pour le premier (66%) et le
cinquième et relativement faible pour le quatrième (33%).
Les résultats de l’AFC sur cette dimension montrent un attachement fort des items à leur
construit. En effet, toutes les contributions factorielles dépassent la valeur communément
admise de 0.5. Il en est de même pour les valeurs t de Student et le R2 qui mesure le
pourcentage de la variance restituée par chaque item.
L’examen de la matrice Phi qui comporte les corrélations entre les différentes variables
latentes présente deux intérêts essentiels. Le premier consiste à détecter l’existence ou non
de colinéarité entre deux facteurs lorsque la corrélation entre ces deux facteurs est très
forte (de l’ordre de 0.90). Le second permet de décider sur la nécessité d’effectuer une
AFC de second ordre lorsque la matrice de corrélation entre les facteurs présente des
valeurs moyennes.
293
Tableau 49 : Les résultats de l’AFC du construit « Capacité d’absorption des connaissances » après
respécification du modèle.
Acquisition Assimilation Dissémination
ACQUISIT 1.00
ASSIMILA 0.65 1.00
DISSEMIN 0.59 0.46 1.00
Dans notre cas, nous constatons que la corrélation entre les facteurs est moyenne
(0.65>r>0.46). Ce qui nous permet de vérifier l’absence de colinéarité entre les facteurs et
de confirmer nos développement au niveau du cadre conceptuel sur l’existence d’un
construit agrégée d’ordre supérieur : la capacité d’absorption.
294
d’innovation. Les résultats de l’AFC de ce construit montre que les dimensions de premier
ordre ont de fortes contributions factorielles. Le pourcentage de la variance expliquée par
chaque dimension du premier ordre est acceptable. Ainsi, l’acquisition de connaissances
restitue 84% de la variance expliquée, l’assimilation 51% et 41% pour la dissémination.
Ces résultats sont renforcés par une bonne cohérence interne du facteur de second ordre (ρ
= 0.81) et une validité convergente qui dépasse le seuil retenu par les chercheurs (ρvc =
0,59). Les valeurs t sont aussi acceptables. Ce qui confirme la validité de ce construit. Par
conséquent, cette échelle obtient de bons résultats. Pratiquement tous les indices
d’ajustement, de fiabilité et de validité obtiennent des valeurs supérieures aux normes
établies.
Dans le cas de notre recherche, le modèle de mesure pour Y est composée de deux
variables latentes à expliquer : l’innovation des produits et l’innovation des procédés.
295
Chacune de ces variables est opérationnalisée par trois items générés d’une littérature
abondante sur l’innovation.
La cohérence interne de ce construit mesurée dans cette phase confirmatoire par le rhô de
Jöreskog est très bonne (ρ=0.85). Sa validité convergente est aussi bonne (ρvc =0.66). Ce
résultat est appuyé par les valeurs t de Student qui dépassent 1.96.
296
Les résultats de l’AFC montrent que ces items mesurent bien l’innovation de procédés. En
effet, les contributions factorielles représentent des niveaux relativement élevés. Celles-ci
sont associées à des pourcentages de variances, mesurés par le R2, acceptables.
Tableau 53 : Les résultats de l’AFC du construit « innovation de procédés »
Items Contributions Le t de Student Le R2
factorielles
Amélioration de la flexibilité de la production 0.72 8.24 52%
Augmentation de la capacité de production 0.90 11.05 81%
Réduction des coûts salariaux 0.64 7.02 41%
Fiabilité du construit σ de Cronbach
ρ de Joreskog : 0.8021
Validité convergente du construit (ρ de Jöreskog) 0.5797
L’échelle de mesure de l’innovation de procédés présente une forte cohérence interne avec
ρ de Joreskog de 0.80. La validité convergent présente elle aussi un niveau moyen. Ces
résultats nous permettent de confirmer les résultats de la phase exploratoire.
L’analyse confirmatoire est effectuée sur la base des données de l’échantillon final. Cette
analyse est précédée par l’analyse descriptive pour examiner les caractéristiques de la
tendance centrale, la dispersion et la distribution des données. Les résultats de l’analyse
confirmatoire ont validé dans une certaine mesure toutes la plupart des échelles de la phase
exploratoire.
297
Chapitre 6
Test d’hypothèses et validation du modèle théorique
Dans ce chapitre, nous cherchons à tester nos hypothèses de recherche ainsi que le modèle
de mesure et le modèle structurel. Le modèle de mesure, appelé aussi modèle externe,
évalue les relations entre les variables latentes et leurs items de mesure. Le modèle
structurel est un modèle interne qui permet d’estimer les relations causales entre les
différentes variables latentes.
Pour ce faire, nous utilisons l’approche PLS (Parial Least Square). C’est une méthode
d’analyse des données et de modélisation des relations structurelles entre variables
latentes, proposée par H. Wold en 1980 et qui permet d’étudier J blocs de variables
observées sur les mêmes individus.
Récemment, elle est devenue l’une des méthodes les plus utilisées notamment dans les
recherches en systèmes d’informations494. Conçu au début comme une méthode prédictive,
Westland.J (2007) : « Confirmatory analysis with Partial Least Squares”, papier disponible en ligne:
http://www.rhsmith.umd.edu/dit/events/pdf/Westlandfullpaper.pdf
298
elle est souvent utilisée aujourd’hui lorsque l’estimation des paramètres par le maximum
de vraisemblance devient difficile.
Dans cette recherche nous utilisons le logiciel SmartPLS2.0M 3 pour le test des hypothèses
et du modèle de recherche. Ce logiciel ne pose pas de contraintes d’échantillon ou encore
de normalité des données. De plus il est plus convivial dans l’analyse des effets
modérateurs et médiateurs.
Dans ce chapitre, nous testons chacune des hypothèses prises une par une en mettant en
évidence les effets médiateurs et les effets modérateurs. Nous présentons ensuite, notre
modèle de mesure pour évaluer la validité convergente et discriminante du modèle global.
Puis, les hypothèses testées seront regroupées dans le modèle structurel. Enfin, nous
terminons par l’interprétation et la discussion des différents résultats.
Avant de présenter la démarche utilisée et les résultats d’analyse, nous présentons une
brève définition de cette méthode explicative et de ses conditions d’application.
495
Evrard.Y,Pras.B et Roux.E (2003) : « Market : études et recherches en marketing », Dunod, 3ème édition,
p.478
299
La régression PLS fait partie des méthodes avancées d’analyse de données et de
modélisation des relations structurelles. Elle est spécifiquement construite pour dépasser
certaines contraintes d’utilisation de l’approche Lisrel496. L’approche PLS, principalement
développée par S.Wold au début des années 80, connaît un très grand succès dans le
domaine de la chimie et moins célèbre en sciences de gestion malgré les récentes
utilisations dans la recherche en marketing, management stratégique et systèmes
d’information et de décision.
L’algorithme NIPALS utilisé dans l’approche PLS permet d’estimer les variables latentes
et les équations structurelles. L’estimation des variables latentes se fait par itération entre
l’estimation externe et l’estimation interne.
Dans l’estimation externe, les variables latentes standardisées sont estimées comme une
combinaison linéaire de leurs variables manifestes centrées. Dans l’estimation interne, on
estime les variables latentes et leurs relations mutuelles. La valeur initiale des coefficients
de régression est égale à ±1, en fonction de la corrélation entre les variables latentes, ou de
celle entre les variables latentes et leurs manifestes associées497.
Alors que l’approche LISREL utilise plusieurs tests pour vérifier la qualité du modèle tels
que le Chi Deux ou le Chi deux standardisé et plusieurs autres indices d’ajustement,
l’approche PLS n’utilise aucun indice global permettant de juger la qualité du modèle dans
son ensemble car il n’existe pas de fonction à optimiser comme c’est le cas dans LISREL.
Pour le chercheur en sciences de gestion, le choix entre PLS et LISREL n’est ni arbitraire
ni franc. Les deux approches font partie de la famille de modélisation par équations
structurelles avec variables latentes et erreurs de mesure. Les différences résident dans les
structures et les objectifs de chacune des approches. LISREL tente de calculer les
496
Fornell.C et Bookstein.F (1981) : « A comparative analysis of two structural equation models : Lisrel
and PLS applied to market data », Working Paper N°276, Graduate School of Business Admnistration, The
University of Michigan, [en ligne] http://deepblue.lib.umich.edu
497
Stan.V et Saporta.G (2002) : « Une comparaison expérimental entre les approches PLS et LISREL », [en
ligne] www.cedric.cnam.fr/PUBLIS/RC1033.pdf
300
corrélations observées et le PLS cherche à expliquer les variances des variables manifestes
et leurs latentes498.
L’approche PLS présente une série d’avantages par rapport à l’approche Lisrel. Stan et
Saporta (2002) les récapitulent dans le tableau suivant :
Tableau 54 : Comparaison des approches PLS et LISREL
Critères Approche PLS Approche LISREL
Objectif Orientée vers la réalisation des Orientée vers l’estimation des
prévisions paramètres
Méthodologie Basée sur variance Basée sur covariance
Variables latentes Combinaison linéaire de ses VM Combinaison linéaire de toutes les
(VL) VM
Relations entre VL et Type réflectif ou formatif associées Type réflectif
VM
Optimalité Pour la précision des prévisions Pour la précision des paramètres
Qualité des sous Modèle externe meilleur car les VL Modèle interne meilleur car les VL
modèles sont contenues dans l’espace de leurs sont estimées dans un espace non
VM restreint
Hypothèses Unidimensionnalité (réflectif) Multinormalité des données +
unidimensionnalité
Complexité modèle Grande (ex: 100 VL, 1000 VM) Réduite ou modéré (<100 VM)
Taille min échantillon 30-100 cas 200-800 cas
Traitement données NIPALS Maximum de vraisemblance
manquantes
Identification Dans le cadre du modèle récursif, Dépend du modèle; idéal : 4 ou
toujours identifiée plusieurs VM pour une VL, 3 pour
être correctement identifiée
Source : Stan.V et G.Saporta (2002) : « Une comparaison expérimental entre les approches PLS et
LISREL », disponible en ligne : www.cedric.cnam.fr/PUBLIS/RC1033.pdf
Au total, le choix du PLS dans notre recherche ne signifie guère qu’il est avantageux à
LISREL. Nous pensons que sa pertinence réside dans sa cohérence avec les conditions
d’utilisation. Selon Chin (2000)499, le chercheur peut utiliser le PLS lorsque:
- la taille de l’échantillon est réduite ;
- le modèle théorique est formé de variables latentes mesurées par des variables
manifestes ;
- le problème de multicolinéarité et celui de non normalité des données handicapent les
analyses statistiques ;
- le modèle est formé de relations réflectives et formatives ;
- etc …
498
Fornell.C et F.Bookstein (1981) : « A comparative analysis of two structural equation models : Lisrel
and PLS applied to market data », op.cit.
499
Chin.W (2000): “Partial Least Squares For Researchers: An overview and presentation of recent
advances using the PLS approach”; C.T. Bauer College of Business, University of Houston, disponible en
ligne: http://disc-nt.cba.uh.edu/chin/indx.html
301
1.2 Procédure du Bootstrap
Le principe du Bootstrap est une technique d’inférence statistique par simulation destinée à
combler la faiblesse de l’échantillon. Le principe peut être énoncé de la façon suivante:
soit un échantillon X de N valeurs, et f(X) une statistique calculée sur ces valeurs. X
représente la variable à expliquer et les variables explicatives et f(X) les coefficients de
régression. On tire au hasard avec remise K échantillons de N valeurs de l’échantillon
initial. Chaque réplication ou « échantillon bootstrap » contient autant de valeurs que
l’échantillon de base, ces valeurs étant les mêmes, mais avec des fréquences
potentiellement différentes. On calcule ensuite la statistique fb(X) pour chaque réplication
b. A l’issue de ces deux étapes –génération des échantillons, calcul de la statistique fb(X) -
on dispose d’une distribution empirique dont on extrait une moyenne et un intervalle de
confiance bootstrap.
Cette procédure permet de créer des échantillons de même taille que l’échantillon original.
Le nombre d’échantillon crée doit être spécifié. Par défaut, le logiciel donne le nombre
100, mais un nombre plus élevé conduit à des estimations raisonnables des erreurs de
mesure. SmartPLS2.0 offre trois options différentes du bootstrapping :
- Option 2 : « Individual signe changes » : les signes dans chaque échantillon sont en
cohérence avec les signes dans l’échantillon initial sans en assurer une cohérence globale.
Cette option semble une procédure dans le cas où tous les signes dans un même bloc sont
égaux. Toutefois, il n’est pas recommandé du fait du manque de sa cohérence globale.
302
Les deux dernières options fournissent les mêmes résultats lorsque le changement de signe
dans le même bloc se fait pour tous les items500.
Variable
(a) Variable
(b) Variable
explicative médiatrice expliquée
X Z Y
(c’)
Pour analyser les effets médiateurs de notre modèle de recherche, nous appliquons la
démarche de Baron et Kenney. Cette démarche a l’avantage d’être simple, claire et
rigoureuse. Elle présente une série de quatre tests successifs et nécessaires pour tester
l’effet médiateur d’une variable Z dans le processus d’impact de la variable X sur Y :
500
Chatlin.Y, Vinzi.V et Tenenhaus.M (2002) : « State-of-art on PLS path modeling through the available
software », [en ligne] www.hec.fr/hec/fr/professeurs_recherche/upload/cahiers/CR764.pdf
303
- Montrer que X influence Z. A ce stade, l’analyse de régression considère Z comme
une variable à expliquer. Le coefficient de régression doit être significatif.
Variable Variable
explicative expliquée
X Y
Variable
modératrice
Z
501
Cité par Frazier.A, Barron.K et Tix.P (2004) : « Testing Moderator and Mediator Effects in Counseling
Psychology Research” , Journal of Counseling Psychology, Vol. 51, No. 1,p. 116
304
plus grande/faible que la somme de leur influence séparée. Il n’y a ni additivité, ni stabilité
des effets des variables en interaction502.
Le choix de la méthode dépend de la nature des mesures utilisées. Par exemple, l’analyse
de la variance est utilisée lorsque les variables indépendante et modératrice sont
dichotomiques avec deux modalités.
Malgré sa simplicité, elle ne permet de tester qu’un seul lien et ne tient pas compte des
erreurs de mesure. Elle n’est pas adaptée aux variables latentes ordinales et continues. Les
analyses multi-groupes sont adaptées aux variables nominales mesurées sans erreur.
Pour dépasser les limites des méthodes classiques des effets modérateurs, les tenants des
méthodes d’équations structurelles utilisent la démarche multiplicative de la régression
multiple modérée pour développer des procédures d’analyse des effets d’interaction.
Cette démarche consiste à créer une nouvelle variable latente en multipliant les indicateurs
des variables latentes indépendante et modératrice. Les procédures les plus connues sont
celles de Jöreskog (1996) et Yang et de Jaccrd et Wan (1995). La procédure la plus simple
est celle de Ping (1996) par rapport aux deux premières.
502
El Akremi.A (2005) : « Analyse des variables modératrices et médiatrices par les méthodes d’équations
struturelles », In « Management des ressources humaines : méthodes de recherche en sciences humaines et
sociales », (dir. P.Roussel et F.Wacheux), édition de boeck.
305
Figure 18 : Modèle de Ping pour l’analyse des effets modérateurs
X1
X2
X
Y1
X3 γ1
Y Y2
Y3
Z1
γ2
γ3
Z2 Z
Z3 X*Z
Source: Chin.W, Marcolin.B et P.Newsted (1996): “A partial least squares latent variable modelling
approach for measuring interaction effects”, [en ligne]: http://disc-nt.cba.uh.edu/chin/icis96.pdf
La démarche de Ping consiste dans une première étape en une analyse factorielle
confirmatoire pour s’assurer de la fiabilité et de la validité des variables. La seconde étape
a pour objectif de centrer les indicateurs des variables latentes pour réduire la
multicolinéarité entre, d’une part, la variable modératrice (Z) et la variable indépendante
(X) et d’autre part, la variable créée (X*Z). Cette procédure de centralisation/réduction des
indicateurs est recommandée notamment lorsque les variables sont mesurées sur des
échelles d’intervalle de type Likert503.
306
de notre modèle. Nous utilisons l’engagement des partenaires, la confiance et la
communication interorganisationnelles comme variables explicatives de l’innovation des
PME en coopération conformément à notre modèle de recherche.
Par ailleurs, nous allons introduire des variables médiatrices et modératrices dans notre
modèle. Il s’agit essentiellement des dimensions de la capacité d’absorption et de
l’expérience partenariale. Les hypothèses sont issues du modèle développé dans le cadre
théorique.
Cependant, les résultats montrent qu’il existe un effet positif de la confiance sur
l’innovation des produits et des procédés (respectivement γ=0,264 ; T=2,632 et γ=0,279 ;
T=2,374). L’effet de l’engagement est positif sur l’innovation de produits (γ=0,272 ;
T=2,592) et sur les procédés (γ=0,092, T=0,772). Ces relations sont significatives au seuil
de 5% à l’exception de l’effet directe de l’engagement sur l’innovation des procédés dont
le T-Student est inférieur à 1,96.
307
Les valeurs de R2 associées aux variables endogènes affichent des niveaux peu
satisfaisants notamment pour l’innovation des procédés. Les valeurs de l’AVE sont toutes
satisfaisantes (AVE>0,5) et celles de la fiabilité composite le sont aussi (Composite
Reliability >0,70).
Tableau 55 : Qualité du modèle sans variable médiatrice
AVE Composite Reliability R Square Cronbachs Alpha
Confiance 0,541012 0,778791 0,572792
Engagement 0,624262 0,832326 0,699088
Innovation de procédés 0,644025 0,843157 0,112530 0,721852
Innovation de produits 0,647020 0,845079 0,216064 0,722734
Cette notion, qui a fait l’objet de plusieurs études au niveau organisationnelle, est
expliquée théoriquement et empiriquement par la confiance et l’engagement. L’objectif
des communautés de pratique est la résolution de problèmes à des fins innovatrices.
308
engagement) et les facettes de l’innovation (produits et procédés). Cette amélioration
concerne essentiellement les cœfficients de régression gamma.
309
Figure 21 : Effets médiateurs des variables communautés de pratique et partage de connaissances
Les résultats de la régression PLS montrent l’existence d’une relation significative entre
l’engagement et les communautés de pratique (γ=0,307; T=2,758). La confiance
interorganisationnelle influence positivement les communautés de pratique (γ=0,419 ;
T=3,698).
Il faut noter que la relation directe entre la confiance et le partage de connaissances est
relativement faible (γ=0,170 et T= 0,206). L’introduction de la variable communautés de
pratique comme étant une variable intermédiaire permet alors d’améliorer les coefficients
de régression.
310
Tableau 57 : Qualité des indicateurs du modèle de mesure
AVE Composite R Square Cronbachs Alpha
Reliability
Partage de connaissances 0,524613 0,845748 0,418333 0,772882
Confiance 0,535222 0,774934 0,563225
Engagement 0,632334 0,837530 0,708987
Innovation de procédés 0,587923 0,807685 0,221877 0,644455
Innovation de produits 0,592491 0,806678 0,203709 0,659139
Communautés de pratique 0,514127 0,840607 0,403908 0,766176
Les indicateurs du modèle de mesure fournissent des résultats satisfaisants. Ainsi, les
valeurs de l’AVE, qui mesure le pourcentage de la variance extraite par la variable latente
sur ses variables manifestes sont toutes supérieures à 50%. Il en est de même pour les
coefficients de la fiabilité (Alpha de Cronbach) et de la fiabilité composite des construits à
l’exception de l’alpha de Cronbach de la confiance (0,56).
Sur le plan méthodologique, la capacité d’absorption est un construit de second ordre dont
les dimensions sont mesurées par des échelles de Likert.
Dans l’approche PLS, la modélisation de la relation entre les construits de premier ordre et
celui de second adopte une approche répétitive des échelles de mesure. Cette méthode est
disponible dans le logiciel SmartPLS2.0. Elle consiste à relier de façon réflective le
construit de second ordre avec les items des dimensions de premier ordre. Rappelons que
ce construit à déjà fait l’objet d’une analyse factorielle confirmatoire sous Lisrel8.51.
311
Figure 22 : Dimensions du premier ordre du construit Capacité d’absorption
Malgré l’inflation des valeurs due à l’approche répétitive de PLS, les résultats fournis sont
en cohérence avec ceux fournis précédemment par Lisrel. Les relations entre le construit
de second ordre et ceux de premier ordre sont réflectives formant ainsi un ensemble
d’équation structurelles. Les trois dimensions expliquent des variances très importantes.
Ces relations sont statistiquement significatives.
Tableau 58 : Le T de Student des contributions factorielles des dimensions de la capacité d’absorption
Original Standard
Sample Mean T Statistics*
Sample Deviation
Capacité d’absorption -> Acquisition 0,85 0,85 0,03 25,79
Capacité d’absorption -> Assimilation 0,84 0,84 0,03 21,75
Capacité d’absorption -> dissémination 0,88 0,89 0,02 32,54
*p<0,001
Dans l’étude de la relation entre la coopération interorganisationnelle et l’innovation, la
capacité d’absorption de l’organisation joue le rôle d’une variable médiatrice. Ainsi, pour
pouvoir innover, l’organisation doit être dotée d’une capacité d’acquisition, d’assimilation
et de transformation de connaissances partagées entre les entreprises en coopération. C’est
avec le partage de connaissances que la capacité d’absorption retrace la passerelle entre la
perspective interorganisationnelle et la perspective organisationnelle.
312
Le test de la relation directe entre le partage de connaissances et l’innovation montre que
cette relation est significative. Les coefficients de régression et le R2 représentent des
niveaux satisfaisants.
313
Figure 24 : Le rôle médiateur de la capacité d’absorption.
314
dans le fait que les techniques de résolution de problèmes peuvent être productives ou
constructives504.
504
Mohr.J et Spekman.R (1994): “Characteristics of partnership success: partnership attributes,
communication behaviour, and conflict resolution techniques”, Strategic Management Journal, vol 15, N°2,
pp: 135-152.
315
problèmes sur le partage de connaissance est de γ=-0,216 avec T=2,851. Cette relation est
statistiquement significative. T est supérieur à 1,96 avec α = 5%.
Autrement dit, plus l’entreprise utilise son pouvoir pour résoudre ses problèmes avec ses
partenaires, moins est le partage de connaissances interorganisationnelles. L’interaction de
cette manière de résolution de problème avec les communautés de pratique peut avoir aussi
un impact négatif sur le partage de connaissances.
316
L’interaction des communautés de pratique et des méthodes utilisées pour la résolution de
problèmes à un impact, certes, négatif mais statistiquement n’est pas significatif. L’effet
modérateur de la variable résolution de problèmes sur le partage de connaissances entre les
organisations est alors rejeté.
Nous supposons dans ce cadre que l’expérience partenariale de l’entreprise avec ses clients
et ses fournisseurs influence sa capacité d’absorption des connaissances. Une telle relation
est modérée par l’expérience de l’entreprise en coopération avec les organismes de
recherche. Notons, en outre, que la recherche&développement en interne ou en externe
constitue une dimension primordiale de la capacité d’absorption505.
Autrement dit, la coopération avec les clients et les fournisseurs est considérée comme une
coopération commerciale. Par contre, celle avec les organismes de recherche est une
505
Vinding.A (2000) : « Absorptive capacity and innovative performance : a human capital approach »,
http://elsa.berkeley.edu/~bhhall/EINT/Vinding.pdf
317
coopération technologique. Nous considérons que ces deux formes de coopération
interagissent et cette interaction influence la capacité d’absorption de l’entreprise.
Nous testons alors l’effet modérateur de l’expérience coopérative de l’entreprise avec les
organismes de recherche sur la relation entre l’expérience partenariale et la capacité
d’absorption. Les deux construits sont des construits de second ordre.
L’expérience partenariale est mesurée par deux dimensions de premier ordre et la capacité
d’absorption est mesurée par trois dimensions de premier ordre (figure 12). La régression
de la capacité d’absorption sur l’expérience partenariale est statistiquement significative
avec γ= 0,194 et T=1,960.
318
Figure 28 : Effet modérateur de l’expérience partenariale avec les organismes de recherche.
Les relations entre les variables latentes et les variables manifestes sont aussi prises en
compte (modèle de mesure). Nous présentons dans un premier temps le modèle de mesure
et dans un deuxième temps, nous présentons le modèle structurel qui fait la récapitulation
des différentes hypothèses de recherche.
319
variable latente est reliée par un lien qui indique la contribution factorielle estimée par
l’AFC. Ces indicateurs représentent les items du questionnaire qui ont fait l’objet de
développements théorique et empirique sur des échelles de mesure dans la phase
exploratoire.
Précisons que les liens entre les variables latentes et leurs manifestes peuvent être des liens
réflectifs ou formatifs. Une relation est réflective lorsque la variable latente ξj est
indirectement observée par un ensemble de variables manifestes xjh (la hème variable
manifeste est reliée à la jème variable latente). Chaque variable manifeste est reliée à sa
latente par une régression simple506. La relation est formative lorsque la variable latente
est générée par une série de variables manifestes. La première est une fonction linéaire de
ses manifestes507. Dans la présente recherche, toutes les relations entre les construits
théoriques et leurs items sont réflectifs.
Pour examiner le modèle de mesure, nous utilisons les tests de fiabilité et de validité. De
façon plus précise, trois critères sont à considérer dans l’évaluation de la qualité du modèle
de mesure : la fiabilité des échelles de mesure, la validité convergente et la validité
discriminante.
506
L’équation de la régression simple des variables manifestes sur leurs latentes s’écrit de la façon suivante :
xjh = πjh0 + πjhξj + εjh. Chaque variable manifeste reflète sa variable latente.
507
L’équation linéaire de la variable latente en fonction de ses manifestes s’écrit de la façon suivante :
ξj = ∑ω jh x jh +δ j
h
320
l’égalité de l’importance des items. Une autre procédure alternative est estimée par PLS.
Elle représente la variance de la mesure attribuable à la dimension sous jacente508.
La fiabilité des échelles de mesure est utilisée à côté de l’AVE (Average Variance
Extracted) pour évaluer la validité convergente des construits. L’AVE est la moyenne au
carrée des contributions factorielles d’un bloc d’indicateurs pris séparément. Il mesure le
montant de la variance capturée par le construit de ses indicateurs par rapport aux erreurs
de mesure509. Le seuil généralement admis est de 0,5.
L’AVE est aussi conçu pour être utilisé comme un outil d’évaluation de la validité
discriminante. La racine carrée de l’AVE doit être supérieur aux corrélations du construit
avec les autres. Cette situation indique que la variance partagée entre le construit et ses
indicateurs est supérieure à celle partagée avec les autres construits.
Le tableau des contributions factorielles des indicateurs de mesure montre des valeurs
satisfaisantes des loadings. En effet, nous distinguons trois catégories : les loadings qui
sont supérieurs à 0,70, les loadings qui se situent au dessus de 0,5 et d’autres qui sont
inférieurs à 0,5. Nous retenons dans notre modèle de mesure ceux qui sont supérieurs à
0,5. Les autres sont éliminés du modèle. Ainsi, nous maintenons un seul item pour le
construit résolution de problème510.
508 ρc =
( ∑λ ) i
2
var F
La fiabilité composite (composite reliability) est définie par la formule suivante : ( ∑ λι ) var F +
2
∑θ ιι
avec :λi est la contribution factorielle, varF est la variance du facteur et θ, la variance de l’erreur.
509
Fornell.C et Bookstein.F (1981) : « A comparative analysis of two structural equation models : Lisrel
and PLS applied to market data », op.cit
510
Pour résoudre ses problèmes de coopération, l’entreprise utilise souvent son pouvoir.
511
Les contacts de l’entreprise avec ses partenaires permettent de « partager des connaissances difficilement
exprimables ».
321
Dans le modèle de mesure, deux variables sont considérées de second ordre : la capacité
d’absorption (Cap.Ab) et l’expérience partenariale (Exp.P). La première est reliée aux
items d’acquisition, d’assimilation et de dissémination. La seconde est reliée aux items de
l’expérience de l’entreprise avec ses clients et ses fournisseurs. La validité convergente est
aussi satisfaisante pour ces deux construits.
Tableau 60 : Contributions factorielles (loading) du modèle de mesure (Outer Model)
(Contributions factorielles = coefficients de corrélation)
Cap.
Acq Ass Diss ExCl ExFr Exp.P Co.Int Con Eng Exlab Part R.Prb C.pra Iv.Pcd Iv.Prd
Ab
acq1 0,60 0,26 0,49 0,55 0,06 0,18 0,15 0,25 0,29 0,31 -0,27 0,240 -0,07 0,36 0,32 0,40
acq2 0,81 0,49 0,58 0,72 0,13 0,26 0,24 0,39 0,50 0,34 -0,13 0,33 0,10 0,37 0,39 0,50
acq3 0,78 0,52 0,47 0,65 0,01 0,06 0,04 0,44 0,32 0,13 0,05 0,294 -0,09 0,19 0,35 0,41
acq4 0,78 0,41 0,52 0,64 0,10 0,17 0,16 0,35 0,25 0,13 0,03 0,203 -0,16 0,15 0,35 0,44
ass1 0,46 0,82 0,43 0,67 0,01 0,10 0,07 0,32 0,36 0,37 -0,00 0,41 -0,05 0,40 0,40 0,43
ass2 0,42 0,82 0,46 0,65 0,01 0,13 0,09 0,28 0,36 0,37 -0,05 0,38 -0,04 0,40 0,37 0,40
ass3 0,51 0,81 0,57 0,73 0,15 0,27 0,24 0,24 0,42 0,44 -0,00 0,42 0,02 0,43 0,40 0,48
ass4 0,42 0,71 0,44 0,60 -0,00 0,01 0,00 0,32 0,21 0,08 0,00 0,29 0,04 0,18 0,33 0,40
ass5 0,42 0,74 0,31 0,53 -0,11 0,08 -0,00 0,09 0,20 0,16 0,05 0,23 -0,05 0,29 0,32 0,30
dis1 0,56 0,54 0,80 0,75 0,16 0,15 0,18 0,33 0,42 0,29 -0,17 0,40 -0,06 0,35 0,44 0,48
dis2 0,63 0,54 0,85 0,77 0,19 0,20 0,23 0,42 0,50 0,36 -0,17 0,38 -0,09 0,34 0,41 0,45
dis3 0,44 0,35 0,72 0,61 0,16 0,26 0,25 0,32 0,34 0,20 -0,19 0,25 -0,11 0,31 0,38 0,39
dis4 0,43 0,31 0,72 0,57 0,17 0,24 0,24 0,28 0,29 0,22 -0,24 0,27 -0,00 0,35 0,22 0,34
dis5 0,50 0,407 0,70 0,62 0,10 0,23 0,20 0,33 0,19 0,15 0,00 0,303 -0,07 0,22 0,37 0,38
clt1 0,08 -0,04 0,27 0,13 0,55 0,25 0,45 0,09 0,11 0,04 -0,08 0,09 -0,06 0,08 0,17 0,09
clt2 0,01 -0,10 0,04 0,00 0,75 0,29 0,57 -0,07 -0,02 0,04 0,07 -0,00 0,08 -0,12 0,13 0,14
clt3 -0,11 -0,02 0,01 -0,04 0,75 0,28 0,57 -0,03 0,02 0,19 0,16 -0,09 0,09 -0,04 -0,03 0,07
clt4 0,19 0,12 0,22 0,22 0,76 0,61 0,78 0,15 0,26 0,33 0,15 0,19 0,12 0,16 0,14 0,23
clt5 0,16 0,09 0,19 0,17 0,68 0,34 0,57 0,03 0,23 0,26 0,15 0,12 0,04 0,09 0,08 0,18
frs1 0,18 0,01 0,23 0,19 0,31 0,71 0,61 0,04 0,18 0,21 0,014 0,15 -0,14 0,19 0,142 0,171
frs2 0,26 0,12 0,27 0,2 0,43 0,80 0,73 0,03 0,17 0,11 0,05 0,20 -0,00 0,16 0,29 0,29
frs3 0,17 0,27 0,27 0,28 0,48 0,73 0,70 -0,03 0,15 0,35 0,18 0,22 0,05 0,26 0,20 0,30
frs4 0,16 0,12 0,14 0,17 0,29 0,73 0,60 -0,00 0,08 0,16 0,06 0,11 0,03 0,12 0,12 0,18
frs5 0,05 0,03 0,11 0,09 0,40 0,72 0,65 -0,19 0,22 0,23 0,16 0,01 0,04 0,19 0,15 0,13
cm1 0,42 0,26 0,41 0,43 0,06 -0,06 -0,00 0,81 0,29 0,15 -0,01 0,26 -0,15 0,15 0,18 0,12
cm2 0,31 0,01 0,16 0,18 -0,00 -0,02 -0,01 0,62 0,11 0,02 -0,01 0,14 -0,06 0,09 0,06 -0,00
cm3 0,24 0,26 0,18 0,26 -0,02 -0,06 -0,05 0,61 0,25 0,18 -0,02 0,20 -0,07 0,06 0,13 0,21
cm4 0,40 0,35 0,41 0,46 0,09 0,07 0,09 0,72 0,16 0,17 -0,09 0,28 -0,09 0,23 0,23 0,29
cm5 0,26 0,13 0,33 0,28 0,04 -0,05 -0,00 0,68 0,15 0,06 0,09 0,17 -0,16 0,08 0,13 0,07
con1 0,38 0,25 0,40 0,40 0,04 0,09 0,08 0,30 0,66 0,30 -0,14 0,35 -0,01 0,41 0,23 0,28
con2 0,27 0,27 0,26 0,31 0,19 0,22 0,24 0,10 0,73 0,42 -0,02 0,21 -0,03 0,46 0,21 0,28
322
con3 0,37 0,37 0,37 0,43 0,16 0,18 0,20 0,24 0,80 0,44 -0,06 0,37 -0,15 0,48 0,26 0,31
eng1 0,27 0,17 0,17 0,26 0,22 0,27 0,28 0,15 0,32 0,69 -0,01 0,29 -0,11 0,42 0,17 0,37
eng2 0,31 0,37 0,30 0,40 0,13 0,20 0,19 0,21 0,45 0,82 -0,07 0,30 -0,06 0,43 0,19 0,26
eng3 0,16 0,30 0,26 0,27 0,28 0,24 0,30 0,08 0,44 0,82 0,16 0,26 0,07 0,44 0,15 0,24
lab1 -0,03 -0,09 -0,23 -0,15 0,15 0,20 0,20 -0,04 -0,14 -0,01 0,89 -0,16 -0,00 -0,16 -0,09 -0,01
lab2 -0,06 0,00 -0,13 -0,08 0,14 0,16 0,17 0,04 -0,06 0,08 0,91 -0,10 -0,03 -0,08 -0,09 -0,03
lab3 -0,11 0,06 -0,13 -0,09 0,08 0,03 0,06 -0,01 -0,05 0,10 0,88 -0,08 0,09 -0,05 -0,06 -0,07
lab4 -0,07 0,03 -0,17 -0,10 0,17 0,15 0,18 0,04 -0,15 0,04 0,91 -0,08 0,03 -0,16 -0,06 -0,08
lab5 -0,15 0,02 -0,18 -0,14 0,09 0,04 0,08 -0,06 -0,04 0,03 0,89 -0,18 0,15 -0,12 -0,11 -0,07
par1 0,30 0,30 0,20 0,34 0,05 0,12 0,11 0,21 0,44 0,32 -0,07 0,72 -0,13 0,46 0,41 0,37
par2 0,31 0,35 0,28 0,37 0,10 0,21 0,18 0,19 0,23 0,19 -0,04 0,75 -0,11 0,44 0,43 0,37
par3 0,29 0,36 0,38 0,41 0,10 0,24 0,20 0,19 0,27 0,30 -0,18 0,81 -0,05 0,50 0,41 0,42
par4 0,19 0,32 0,33 0,34 0,00 0,02 0,02 0,31 0,35 0,28 -0,12 0,70 -0,19 0,53 0,23 0,17
pr6 -0,07 -0,02 -0,09 -0,07 0,09 -0,00 0,04 -0,16 -0,09 -0,01 0,06 -0,15 1,00 -0,03 -0,07 0,03
pra1 0,25 0,30 0,34 0,35 0,00 0,19 0,12 0,22 0,40 0,38 -0,05 0,32 -0,12 0,59 0,22 0,26
pra2 0,27 0,38 0,37 0,41 -0,03 0,09 0,04 0,26 0,31 0,31 -0,14 0,49 -0,17 0,65 0,30 0,38
pra3 0,29 0,31 0,28 0,36 0,11 0,24 0,21 0,03 0,55 0,49 -0,11 0,55 0,09 0,88 0,30 0,36
pra4 0,25 0,31 0,30 0,35 0,02 0,18 0,12 0,21 0,40 0,36 -0,11 0,43 -0,09 0,66 0,17 0,29
pra5 0,21 0,36 0,27 0,32 -0,14 0,05 -0,04 0,20 0,32 0,20 -0,03 0,41 -0,10 0,55 -0,00 0,21
vpc1 0,38 0,38 0,24 0,40 0,05 0,16 0,13 0,13 0,22 0,11 -0,06 0,21 0,03 0,24 0,65 0,41
vpc2 0,39 0,38 0,44 0,49 0,13 0,18 0,18 0,21 0,29 0,14 -0,14 0,49 -0,15 0,31 0,90 0,52
vpc3 0,38 0,38 0,44 0,46 0,11 0,26 0,22 0,18 0,26 0,27 -0,00 0,40 -0,01 0,23 0,81 0,47
vpr1 0,51 0,47 0,41 0,55 0,20 0,26 0,26 0,24 0,35 0,311 -0,01 0,40 0,03 0,37 0,52 0,85
vpr2 0,54 0,45 0,52 0,61 0,21 0,28 0,28 0,15 0,33 0,28 -0,10 0,40 0,02 0,38 0,55 0,93
vpr3 0,26 0,40 0,32 0,39 -0,05 0,12 0,04 0,18 0,26 0,30 0,09 0,18 0,07 0,42 0,21 0,51
Le deuxième critère de la validité convergente est l’AVE. Le seuil de 0,5 est satisfait par
l’ensemble des construits à l’exception de la communication interorganisationnelle
(AVE=0,48).
323
En ce qui concerne la validité discriminante, les valeurs de la racine carrée de l’AVE
représentées en diagonale du tableau 61 sont acceptables. La racine carrée de l’AVE de
chaque construit dépasse la corrélation de celui-ci avec les autres construits. Ce qui indique
que tous les construits partagent plus de variance avec leurs items que celle partagée avec
les items des autres construits.
Au total, les critères de validité convergente est discriminante pour évaluer la qualité du
modèle de mesure sont satisfaisants. Ainsi, les contributions factorielles des items sont
élevées et essentiellement sur le construit qu’ils mesurent. Quant à la validité
discriminante, le tableau précédent montre la capacité de chaque mesure à générer des
résultats différents des mesures d’autres construits.
324
test du modèle structurel examine les coefficients de régression en utilisant les T-Student
pour tester la signification des relations entre les variables latentes.
Figure 29 : Le modèle structurel
La figure du modèle structurel montre que 50,6% de la variance dans l’innovation des
produits est expliquée par le modèle. 37,4% de la variance dans l’innovation des procédés
est expliquée par le partage de connaissances entre les entreprises en coopération et la
325
capacité d’absorption de ces connaissances par l’organisation. De façon plus précise, nous
distinguons deux perspectives d’analyses dans notre modèle. La première est intra-
organisationnelle, la seconde est interorganisationnelle
Une autre dimension interne est prise en compte. Il s’agit de l’expérience partenariale de
l’entreprise avec ses fournisseurs et ses clients. A l’instar de la capacité d’absorption,
l’expérience partenariale est conçue comme une variable abstraite de second ordre. La
relation entre les variables de second ordre et celles de premier ordre est réflective.
Dans la seconde perspective, nous soutenons l’idée que la coopération entre les entreprises
favorise le partage de connaissances. En effet, 51,3% de la variance dans le construit de
partage de connaissances est expliquée par le construit de communautés de pratique et
celui de la communication interorganisationnelle. De sa part, la variable communautés de
pratique est expliquée par l’engagement des partenaires et la confiance qui caractérise les
relations de coopération. Elle capture 44,6% de la variance.
Précisons aussi qu’il existe à ce niveau une relation de cause-effet entre l’engagement et la
confiance. En fait, plus les partenaires sont engagés et impliqués dans la relation de
coopération plus la confiance est forte.. La confiance est aussi influencée par la
communication entre les organisations. Cela apparaît clairement dans notre modèle. Plus
de 30% de la variance dans la confiance interorganisationnelle est expliquée par
l’engagement et la communication interorganisationnelle.
326
Il faut noter qu’il existe une relation linéaire entre le partage de connaissances et la
capacité d’absorption des connaissances. 32,5% de la variance dans la capacité
d’absorption est expliquée par le partage de connaissances et l’expérience partenariale de
l’entreprise.
Tableau 62 : Récapitulations des résultats des relations entre construits
Original Sample T
Relations (STDEV)
Sample Mean Statistic
Communautés de pratique Partage de connaissances 0,495 0,542 0,084 6,636
Capacité d’absorption Innovation de procédés 0,429 0,464 0,108 3,981
Capacité d’absorption Innovation de produits 0,477 0,508 0,115 4,138
Communication interorganisationnelle Confiance 0,206 0,211 0,087 2,343
Communication interorganisationnelle Résolution de problèmes -0,265 -0,169 0,106 1,546
Communication interorganisationnelle Partage de connaissances 0,147 0,193 0,081 2,274
Confiance Communautés de pratique 0,444 0,438 0,115 3,867
Engagement Communautés de pratique 0,315 0,328 0,117 2,683
Confiance Engagement 0,494 0,515 0,077 6,400
Expérience partenariale Capacité d’absorption 0,196 0,198 0,089 2,206
Innovation des procédés Innovation des produits 0,323 0,308 0,109 2,962
Partage de connaissances Capacité d’absorption 0,425 0,433 0,092 4,575
Partage de connaissances Innovation de procédés 0,272 0,260 0,115 2,346
Les résultats montrent l’existence d’une certaine stabilité. Ainsi, les coefficients de
régression générés par le reéchantillonnage sont très proches dans la plupart des cas des
coefficients générés par l’échantillon d’origine. L’écart type affiche des valeurs faibles.
Cette stabilité est aussi observée à travers les valeurs T de student qui sont toutes
significatives à l’exception de la relation entre la communication interorganisationnelle et
la résolution de problèmes.
327
Section3 : Discussion : Elaboration théorique et implications managériales
La présente thèse est guidée par un questionnement principal sur le processus et les
conditions de contributions des coopérations interorganisationnelles à l’innovation en PME
en mettant en exergue le rôle de la capacité d’absorption des connaissances.
Les résultats de cette recherche nous ont conduit à élaborer un certain nombre
d’instruments théorique relatifs à la coopération et l’innovation en PME. Nous discutons
dans cette dernière section l’élaboration théorique de notre recherche sur la base des
résultats empiriques avant de présenter certaines implications managériales qui nous
paraissent primordiales.
3.1.1 L’innovation dans les PME : une analyse en termes de ressources relationnelles
Il est important de noter que les chercheurs et les praticiens sont quasi unanimes sur le fait
que l’innovation et le facteur déterminant, par excellence, de la compétitivité des
entreprises. Par conséquent, il s’avère intéressant dans cette élaboration théorique de
rappeler ce que nous entendons par innovation.
Dans ce cadre, nous suivons la lignée de la majorité des chercheurs en gestion qui
définissent l’innovation comme la mise en œuvre d’une méthode de production (procédé)
et/ou l’introduction sur le marché d’un nouveau bien ou service. La notion de nouveauté
est ici entendue au sens large. Elle peut correspondre à une invention originale ou encore à
une amélioration sensible perçue par l’utilisateur.
328
Toutefois, lorsque les connaissances deviennent de plus en plus compliquées et distribuées
entre plusieurs acteurs, il devient très difficile pour une organisation de créer et développer
toutes les connaissances en interne. Cette difficulté s’accentue davantage dans le cas des
PME.
L’innovation se trouve alors dans des réseaux d’entreprises et non pas dans des entreprises
individuelles (Smith-Doerr 1996 ; Kogut 2000). Elle suit un modèle d’intéressement
résiliaire au lieu d’un modèle de diffusion linaire (Akrich, Callon et Latour 1988).
Dans ce cadre, plusieurs analyses théoriques montrent l’existence d’une relation causale
entre la coopération et l’innovation (Cohen et Levinthal 1990 ; Powell, Koput et Smith-
Doerr 1996 ; Kogut 2000). Les PME suivent des stratégies de coopération permettant
d’accéder à des ressources.
Le modèle d’innovation que nous avons développé dans cette thèse soutient l’idée d’une
acquisition de connaissances en externe et leur dissémination en interne. Ce modèle permet
de dépasser les difficultés de mise en place d’une stratégie de création de connaissances au
sein de la PME. D’ailleurs, la plupart des études empiriques montrent que le département
R&D est quasi absent dans les structures de petite dimension.
Partant de là, les PME qui souffrent d’un manque de ressources internes se trouvent devant
l’obligation de mettre en œuvre des relations de coopération et mettre de celles-ci le fer de
lance de leurs stratégies.
Ainsi, le réseau relationnel du dirigeant peut être mobilisé pour constituer un réseau de
ressources stratégiques. Persais (2004) évoque la notion de compétence relationnelle des
acteurs de l’entreprise. Cette compétence permet de déceler les opportunités
entrepreneuriales et d’accéder aux connaissances favorisant leur exploitation. Pour ce faire,
329
l’entreprise doit être doté d’une capacité à changer, à s’adapter, à acquérir et à assimiler les
connaissances externes.
Il est également important de noter que l’innovation résulte de l’interaction de trois sortes
de variables : les variables relationnelles, les variables cognitives et les variables
organisationnelles.
Les résultats montrent que la coopération des PME avec les autres organisations permet de
combler le manque de ressources de ces structures et ce, par la création d’un réseau de
relations où la confiance et l’engagement en sont les principales caractéristiques
relationnelles. Celles-ci jouent le rôle de mécanismes de gouvernance et de pilotage de ces
structures favorisant le partage de connaissances nécessaires à l’innovation.
Le réseau relationnel a un impact direct sur l’entreprise. En ce sens, certaines relations des
dirigeants peuvent l’orienter vers d’autres entreprises, ce qui favorise l’accès à de
nouveaux marchés et/ou de nouvelles technologies et ressources. Par conséquent, le réseau
des coopérations de la PME s’étoffe continuellement, les opportunités et la variété des
ressources se multiplient.
330
Les PME cherchant à relever les défis de l’innovation ont intérêt à créer et participer dans
des communautés de pratiques regroupant des professionnels appartenants à des
organisations différentes et qui s’organisent pour :
- partager des connaissances et des expériences ;
- coopérer pour les problèmes auxquels ils sont confrontés dans leur vie pratique
- apprendre des uns des autres pour construire un répertoire de connaissances.
Ces communautés permettent aux participants de recueillir de la part des autres membres
les conseils et les manières de résoudre leurs problèmes. La démarche collective sur les
méthodes, les procédures et les solutions proposées, enrichit les savoirs des acteurs.
L’apport de ces communautés à l’innovation est largement validé par les recherches
portant sur des analyses intra-organisationnelles. Les résultats empiriques de cette
recherche montre que cet apport est confirmé même dans le cas de communautés
interorganisationnelles.
512
Argote.L et Ingram.P (2000) : « Knowledge transfer : a basis for competitive advantage in firms »,
Organizational Behavior and Human Decision Processes, Vol 82, N°1, pp :150-169.
331
d’autres organisations peuvent accéder facilement à la connaissance que les organisations
indépendantes.
De leur part, Powell et ses collègues (1996) montrent dans une étude sur le secteur des
biotechnologies qu’il existe des réseaux d’apprentissage notamment dans les secteurs
riches en connaissances. Ces réseaux permettent à leurs membres d’anticiper les
changements et les turbulences de l’environnement. Ils facilitent le transfert de
connaissance interorganisationnelle.
Selon ces auteurs, les entreprises doivent apprendre à transférer leurs connaissances dans
des accords de coopération pour rester au courant des développements scientifiques et
technologiques les plus prometteurs513. Les relations de coopération permettent ainsi aux
entreprises, notamment celles qui ont un manque naturel des ressources internes, d’accéder
à des connaissances riches et précompétitives (Juilien 1998)514.
Par conséquent, les organisations interconnectées, telles que les franchises, les chaînes de
distribution, les alliances, les consortiums, etc.., présentent plusieurs avantages parce
qu’elles peuvent transférer et partager la connaissances plus facilement à travers les
différentes unités (Argote et Ingram 2000).
Les résultats de notre recherche montrent l’existence d’une relation causale forte entre le
partage de connaissances interorganisationnel et l’innovation. Cette relation est médiatisée
par la capacité interne de l’organisation à acquérir et transformer ces connaissances en
innovation.
513
Powell.W, Koput.W et Smith-Doerr.L (1996): op.cit
514
Julien.P-A (1998): “Stratégie et contrôle de l’information dans les PME: pour un élargissement du
concept d’entreprise afin de mieux appréhender la stratégie des PME dynamiques”, Management
International, vol 2, N°2, pp.51-59
332
comme une mise en relation de l’organisation et de la stratégie et conformément à
l’architecture de notre modèle de recherche, nous classons ces implications en deux
catégories : les implications stratégiques et les implications managériales.
Les implications stratégiques tentent de montrer, en se basant sur les résultats de cette
recherche, l’importance pour les PME de développer des stratégies de coopération avec les
parties prenantes de leur environnement. Il s’agit notamment de la coopération avec les
clients, fournisseurs, distributeurs, sous traitants et d’autres organisations concurrentes
ainsi que les organismes de recherche et d’accompagnement à la recherche. Pour acquérir
un capital cognitif en mobilisant le capital relationnel, plusieurs actions nous paraissent
particulièrement importantes dans cette perspective.
La coopération est considérée comme une stratégie dans la mesure où elle met en relation
l’entreprise et les acteurs de son environnement. Elle constitue l’une des stratégies
relationnelles au sens de Koenig (1996). L’affrontement n’est plus la seule logique
d’interaction interorganisationnelle. La coopération peut être au service de la formation de
l’avantage compétitif. Elle permet selon plusieurs chercheurs de réduire l’incertitude
(Assens 2003).
Cette notion est différente du risque qui résulte d’une information probabilisable.
L’incertitude résulte de l’ignorance et du manque d’information, mais aussi des difficultés
de savoir et de deviner les actions et les réactions des individus.
333
L’incertitude peut aussi prendre la forme d’indétermination, c'est-à-dire l’imprévisibilité
des autres et l’incapacité de savoir ce que les autres vont faire. Dans ce cas de figure, les
effets de l’incertitude peuvent être réduits et la mise en commun des savoirs, la réunion des
esprits et le partage des schémas cognitifs deviennent possible dans le cas des coopérations
entre acteurs et organisations.
Par conséquent, elles doivent s’intégrer dans des réseaux de coopérations avec les grandes
entreprises. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles seront amenées à perdre leur
autonomie. Ces coopérations sont bénéfiques aussi bien pour les PME que pour les
grandes entreprises. Elles permettent à ces dernières de réorganiser leur processus de
production et d’améliorer leurs techniques de management. Cette intégration les oblige à
moderniser leurs pratiques de pilotage et de formaliser davantage leur structure
organisationnelle.
Ces structures de petite dimension jouent le rôle de fournisseurs des grandes entreprises.
Ces dernières bénéficient des coûts de production moins élevés leur permettant d’affronter
les concurrents. Le succès des relations de coopération se base sur les éléments suivants :
- Le fournisseur (PME) et le client (grande entreprise) doivent être conçus comme des
partenaires. Les logiques hiérarchiques de donneur et preneur d’ordre sont dépassées.
- La relation de coopération se base sur la logique du win-win. Toutes les parties en
tirent profit.
- La coopération entre les organisations porte sur la résolution de problèmes concernant
les processus de gestion et de production.
- L’implication dans la coopération trouve ses fondements dans l’excellence
communicationnelle et interactionnelle des différentes parties.
334
3.2.3 Diversifier les espaces relationnels et participer dans des groupements
d’entreprises
D’après les résultas de cette recherche, il est important de constater l’importance des
relations interorganisationnelles dans les stratégies des entreprises notamment les petites
organisations qui se caractérisent par un manque de ressources.
Le dirigeant de l’entreprise crée des espaces relationnels. Son entreprise s’engage dans des
structures régionales et locales et dans des associations professionnelles. Ces espaces
permettent de tisser des relations étroites avec d’autres individus appartenant à des
organisations différentes. Les entreprises ont alors accès à des ressources rares et
valorisables.
L’interaction de l’entreprise avec ses clients et ses fournisseurs ne doit pas être
appréhendée dans une perspective d’échange, mais au contraire dans une perspective
relationnelle. Le client n’est plus un simple utilisateur de biens ou de services mais plutôt
une source de la connaissance et un co-développeur des produits (Von Hippel 2002,
Jeppesen et Molin 2005).
515
Chauvet.V (2004) : « Déterminants de la performance des PME technologiques : une analyse basée sur
l’apprentissage organisationnel et le réseau social du dirigeant», op.cit
335
Il en est de même pour les fournisseurs. La notion de partenariat avec les fournisseurs
procure à l’entreprise une position favorable en termes d’acquisition d’actifs tangibles,
objet de la transaction, mais surtout en termes de transfert d’expertise, de connaissances ;
bref, d’actifs intangibles. L’espace de relations de l’entreprise peut être élargi aux
concurrents avec lesquels elle pourra créer des alliances stratégiques ou des filiales
communes. Les spécialistes parlent dans ce cadre d’une stratégie de co-pétition.
336
CONCLUSION GENERALE
En guise de conclusion de cette recherche, nous pouvons considérer les stratégies de
coopération entre les organisations, quelque soit leur taille comme, l’un des sujets qui
suscitent l’attention de plusieurs recherches en management stratégique. L’abondance des
écrits dans ce sens, notamment anglophones, atteste de l’engouement pour ce sujet.
Notre travail s’inscrit dans ce cadre dit de coopétition. Le schéma d’interactions entre les
entreprises est fait de relations compétitives et coopératives. C’est le cas des entreprises de
petite et moyenne taille qui font de leur réseau de relations un moyen d’accès aux
connaissances stratégiques.
De plus, l’innovation est considérée comme l’arme concurrentielle par laquelle les
entreprises relèvent les défis de l’environnement dynamique et compétitif. A cet égard, on
est passé d’une approche linéaire et processuelle de l’innovation à une approche réticulaire
faisant appel à plusieurs acteurs simultanément. L’innovation ne doit pas être considérée
comme l’affaire de l’entreprise prise individuellement, mais plutôt d’une constellation
d’entreprises.
Il est à noter que notre travail a fixé comme objectif l’explication de la relation entre la
coopération interorganisationnelle et l’innovation en mettant en exergue le rôle des
capacités internes des entreprises. De façon plus précise, nous nous sommes focalisés sur
les PME au Maroc pour analyser l’importance de leurs capacités d’absorption des
connaissances externes dans l’innovation. Les apports de cette recherche sont d’ordre
méthodologiques, théoriques et pratiques. Ceux-ci ne doivent pas passer sous silence
certaines limites qui peuvent être considérées comme des voies de recherches ultérieures.
337
Pour atteindre cet objectif, nous avons fait appel à deux approches théoriques essentielles :
l’approche fondée sur les ressources et l’approche des réseaux sociaux sans oublier le rôle
précurseur de la théorie des coûts de transaction. La combinaison de celles-ci permet
d’inscrire la théorie des ressources dans une perspective d’analyse relationnelle (Dyer et
Singh 1998) qui constitue l’un des principaux apports théoriques.
Dans ce cadre, nous nous inscrivons dans la lignée de Barthélemy, Fulconis et Mothe
(2001) qui pensent que l’approche du pluralisme théorique se prête mieux en management
stratégique à la compréhension des relations de coopération.
Trois niveaux sont souvent possibles : le premier concerne l’entreprise qui entretient des
relations de coopération avec les autres organisations. Le deuxième est relatif au réseau
d’organisations formé par la multiplicité et la diversité des coopérations. A cet égard, le
chercheur se trouve devant la problématique de délimitation des frontières du réseau.
Une deuxième interrogation est relative au choix des théories pouvant être utilisées pour
tracer les contours du cadre théorique. En effet, plusieurs théories peuvent être mobilisées
pour étudier la coopération interorganisationnelle. Il s’agit entre autres, de la théorie des
coûts de transaction, la théorie d’agence, la théorie des conventions, la théorie des contrats,
la théorie des jeux, la théorie des droits de propriété, la théorie des compétences, la théorie
des connaissances, la théorie des ressources, la théorie des capacité dynamiques, etc.
Le choix d’une théorie au détriment des autres doit être argumenté et pertinent. La
pertinence réside dans la concordance qui pourrait être établie par le chercheur : les
théories mobilisées et les construits théoriques formant son modèle de recherche d’une
part, et d’autre part, l’apport de ces théories et le sujet de recherche. C’est ce que nous
338
avons tenté de faire dans la conclusion du troisième chapitre de cette thèse en liant chacun
des construits à l’une des théories mobilisées.
La troisième interrogation est relative au terrain d’investigation et de collecte de données.
Le choix de la petite et moyenne entreprise n’est pas dû au hasard. En effet, le contexte des
PME facilite la légitimation de la mise en relation de la coopération et de l’innovation.
Ces structures de petite et moyenne taille reconnues par leur flexibilité, innovation et
structure organisationnelle simple, se caractérisent par le manque de ressources internes.
Elles éprouvent beaucoup plus de difficultés par rapport aux grandes structures pour
maîtriser les connaissances stratégiques. L’accès aux connaissances et la recherche de
ressources complémentaires sont les principaux facteurs explicatifs de la formation des
coopérations interorganisationnelles.
339
connaissances. Cette causalité traduit la relation entre les caractéristiques relationnelles des
coopérations et les caractéristiques cognitives. Elle est d’autant plus importante que l’on se
situe dans le contexte des PME.
Cette dimension relationnelle est considérée comme l’un des déterminants des
communautés de pratique et par là, de partage de connaissance. Elles constituent de ce fait
des ressources stratégiques parce qu’elles sont à l’origine de l’acquisition des autres
ressources tangibles et intangibles.
Sur le plan théorique, cela signifie que le partage de connaissances n’implique pas
forcément que l’entreprise est innovante si elle n’est pas dotée de capacité d’acquisition,
d’assimilation et d’exploitation de ces connaissances. La dimension organisationnelle joue
par conséquent un rôle d’ordre supérieur dans la contribution de la coopération dans
l’innovation.
340
L’expérience partenariale avec les autres organisations dote l’entreprise d’une forte
capacité d’absorption. Les résultats de notre recherche font apparaître l’existence de cette
relation causale positive entre l’expérience partenariale et la capacité d’absorption.
Dès lors, il existe une relation entre ces deux variables permettant ainsi d’associer les deux
perspectives d’analyses qui ont été dissociées pendant longtemps par les chercheurs.
3. Apports de la recherche
Les contributions scientifiques de cette recherche sont examinées au regard de trois
principales formes d’apports : théorique, méthodologique et empirique.
341
des réseaux sociaux. Le but consiste à inscrire les coopérations interorganisationnelles
dans un cadre relationnel.
En effet, l’un des apports réside dans l’intégration et la prise en compte de la notion de
communautés de pratique, limitée jusqu’ici à l’organisation interne, dans l’analyse
interorganisationnelle. La coopération entre les organisations met en place les graines de
communautés permettant de négocier le sens des pratiques et des expériences et de
partager les connaissances.
Les propriétés de rareté, non imitabilité, non substituabilité et non transférabilité des
ressources stratégiques sont délaissées en faveur de l’ambiguïté causale des
interconnexions interorganisationnelles des activités et de l’encastrement relationnel des
ressources.
Enfin, un autre apport théorique non négligeable a fait l’objet de cette recherche. En effet,
nous avons établi une certaine correspondance entre le modèle réticulaire de l’innovation
et la stratégie de l’entreprise qui consiste à entretenir des stratégies de coopération avec les
différentes sources de l’innovation. De plus, nous avons attribué à l’innovation en PME un
aspect sociologique qui indique que l’innovation ne peut être produite que par des
ensembles d’acteurs hétérogènes qui participent à son élaboration et à sa diffusion.
342
La prise en compte de la notion de capacité d’absorption dans le contexte des PME nous a
conduit à proposer une nouvelle échelle de mesure en s’inspirant de celle utilisée par
Chauvet (2004). En effet, les recherches antérieures se sont intéressées à l’élaboration de
mesures objectives tels que les investissements en R&D, le nombre de brevets, le temps de
développement en interne de nouveaux produits, etc. L’utilisation de ces indicateurs de
mesure ne peut convenir à notre contexte de PME. Dans ces organisations, les activités et
les investissements de R&D sont souvent absents.
Pour dépasser cette lacune, nous avons développé une échelle de mesure de la capacité
d’absorption en trois dimensions : acquisition, assimilation et dissémination. Les deux
premières ont été reprises de la littérature existante. Tandis que la troisième a été proposée
et confirmée empiriquement dans le cadre de cette thèse. Ces construits sont conçues
comme étant des dimensions de premier ordre de la capacité d’absorption.
Ces résultats indiquent que le manque de ressources qui pose souvent problème au niveau
des PME peut être combler par la mise en œuvre des stratégies de coopérations avec les
343
principales sources de l’innovation particulièrement les clients et les fournisseurs. Ils
indiquent aussi que la concurrence n’est plus la seule logique d’interaction entre les
entreprises. La logique de coopération pourrait être d’une grande utilité pour l’ensemble
des coopérants.
4. Limites de la recherche
Nous avons déjà souligné au niveau de la première partie de cette recherche que la force
des liens faible réside dans leur capacité à apporter des informations nouvelles non
redondantes et à accéder à des opportunités d’affaires non encore exploitées. Cependant, ce
construit n’a pas été pris en compte dans le modèle de recherche du fait des difficultés
d’adaptation des mesures de ce concept au contexte marocain.
Une autre limite est relative à la taille de l’échantillon. Nous considérons que le nombre
d’entreprises enquêtées est relativement faible par rapport à la population des PME au
Maroc. La taille réduite de l’échantillon est avancée comme un argument fort du recours
aux méthodes des moindres carrées partielles.
5. Voies de recherche
Plusieurs pistes peuvent être ressorties de la présente recherche. Ceci s’explique
notamment par le croisement de plusieurs concepts inter-reliés appartenant à des cadres
théoriques différents. Nous nous limitons ici aux pistes qui découlent directement de notre
sujet de recherche.
344
recherche s’est intéressée à l’entreprise en coopération et sa capacité d’absorption des
connaissances. Il est possible d’étendre cette dernière notion aux territoires.
A l’intérieur de SPL, plusieurs réseaux de PME peuvent se former. Les réseaux sont des
groupes d’entreprises qui coopèrent à un projet de développement commun en se
complétant et en se spécialisant afin de résoudre les problèmes qu’elles ont en commun,
d’avoir une action collective efficace et de pénétrer des marchés qu’elles ne pourraient pas
conquérir seules.
Cependant, les PME perçoivent plusieurs difficultés internes et externes pour accéder à
l’international. Elles considèrent que leurs capacités internes et leurs ressources sont
inadéquates avec les exigences d’internationalisation notamment en matière
d’identification et d’exploitation des opportunités517.
Dans ce contexte, la coopération avec les autres organisations sous forme d’alliances
stratégiques, de franchise, de sous-traitance, de co-développement, etc, peut constituer une
stratégie efficace pour accéder à de nouveaux marchés internationaux, lancer de nouveaux
produits ou encore proposer des services de niches dans des chaînes de valeur globalisées.
516
ONUDI (2002) : « Développement des systèmes productifs locaux et des réseaux de PME », Viennes,
disponible en ligne :
517
OCDE (2007): “ Enhancing the Role of SMEs in Global Value Chains”, OCDE Global Conference,
Tokyo, 31 May - 1 June 2007
345
(3) L’encastrement relationnel et la coopération entre les toutes petites entreprises (TPE).
En effet, dans certains secteurs de l’économie marocaine, les relations interpersonnelles
jouent un rôle primordial dans le partage des connaissances et la mobilisation des
ressources. C’est le cas par exemple des groupements d’artisans et de l’industrie de cuir
dans certaines villes marocaines.
La prise en compte de la notion d’encastrement relationnel dans le contexte de TPE
permettrait aux chercheurs qui s’y intéressent de mieux appréhender les phénomènes
d’innovation, de gouvernance, d’allocation de ressources, etc, au sein de ces structures.
Cette notion pourrait constituer la pierre angulaire de leur stratégie pour pouvoir survivre
dans le contexte de plus en plus globale et hyper-compétitif.
346
Bibliographie
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dauphine.
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application à la relation prestataires de services logistiques- clients » thèse de
doctorat es sciences de gestion, université paris dauphine.
367
Table des matières
INTRODUCTION……………………………………………………………………... 1
Partie I : Cadre général de référence………………………………………………... 16
Chapitre 1 : Champ problématique : la coopération et les PME……………………... 17
Section 1. La coopération interorganisationnelle en management stratégique……...... 18
1.1 La coopération en tant que stratégie………………………………………………... 19
1.2 La formation des relations de coopération………………………………………..... 22
1.2.1 Réduire l’incertitude…………………………………………………………… 22
1.2.2 Economiser les coûts de transaction…………………………………………… 24
1.2.3 Se doter des compétences complémentaires…………………………………… 25
1.3 Les formes de la coopération interorganisationnelle……………………………….. 27
1.3.1 La coopération horizontale : une logique d’alliance……………………………… 28
1.3.2 La coopération verticale : une logique de filière………………………………..... 30
1.3.3 La coopération localisée : une logique de territoire……………………………… 32
Section 2 : Les fondements théoriques de la coopération interorganisationnelle………. 34
2.1 Approche économique de la coopération ………………………………………….. 34
2.1.1 Le modèle hiérarchique : une réponse aux limites du modèle marchand………… 35
2.1.2 Le modèle coopératif : une réponse aux limites du modèle hiérarchique………... 37
2.2 La conception transactionnelle de la coopération………………………………… 38
2.3 Approche sociologique de la coopération………………………………………..... 41
2.3.1 Le réseau social comme programme de recherche sur les coopérations inter-
organisationnelles………………………………………………………………………. 41
2.3.2 Le réseau social comme méthode d’analyse et de représentation de la
coopération……………………………………………………………………………… 44
2.3.2.1 L’analyse des relations………………………………………………………..... 45
2.3.2.2 La représentation des relations………………………………………………..... 46
Section 3. La stratégie de coopération en PME et le rôle des actifs intangibles dans
l’innovation……………………………………………………………………………... 49
3.1 La PME : définitions et spécificités incitatives à la coopération…………………... 49
3.1.1 Définition économique de l’objet-PME ………………………………………… 49
3.1.2 Définition entrepreneuriale de l’objet-PME……………………………………. 52
3.1.3 Les spécificités de la PME et la coopération interorganisationnelle……………... 58
3.1.3.1 Le manque de ressources et la recherche des complémentarités……………… 58
3.1.3.2 Le management de proximité et la génération du capital relationnel…………. 59
3.2 Le rôle du management de la connaissance dans l’innovation en PME…………… 61
3.2.1 Le management de la connaissance……………………………………………… 62
3.2.2 La coopération et le management de la connaissance…………………………. 65
3.3 L’innovation dans la nouvelle économie…………………………………………… 68
3.3.1 De la diffusion de l’innovation à l’intéressement……………………………… 69
3.3.2 L’apport des fournisseurs………………………………………………………… 71
3.3.3 Le rôle des utilisateurs…………………………………………………………… 73
3.3.4 L’association des concurrents……………………………………………………. 75
Chapitre 2 : Champ théorique : La coopération interorganisationnelle et
l’innovation……………………………………………………………………….……. 78
Section 1 : La coopération transactionnelle: un ancrage sur l’efficience ……………… 81
1.1 Eléments de la théorie………………………………………………………………. 81
1.2 Apports de la TCT à la recherche sur la coopération et l’innovation……………… 84
1.2.1 Les apports de la TCT…………………………………………………………… 84
1.2.2 Les limites de la théorie………………………………………………………..... 87
1.2.2.1 L’étude de la coopération ……………………………………………………… 87
368
1.2.2.2 L’étude de l’innovation……………………………………………………….. 89
Section 2. La coopération à base de ressources: un ancrage sur l’efficacité…………… 91
2.1 La coopération et l’innovation selon théorie évolutionniste……………………….. 92
2.1.1 L’émergence de la théorie évolutionniste………………………………………… 92
2.1.2 Les principes de la théorie évolutionniste………………………………………... 93
2.1.2.1 Le rôle des routines organisationnelles………………………………………... 93
2.1.2.2 La trajectoire technologique et la dépendance du sentier………………………. 95
2.1.3 Les contributions de la théorie évolutionniste à la coopération et à
l’innovation…………………………………………………………………………….. 97
2.1.3.1 Les routines interorganisationnelles…………………………………………… 97
2.1.3.2 Le transfert de connaissances et l’apprentissage interorganisationnel………..... 98
2.1.3.3 Les contributions des évolutionnistes à l’innovation………………………….. 102
2.2 La théorie des ressources…………………………………………………………… 104
2.2.1 Eléments de la théorie…………………………………………………………….. 104
2.2.2 La coopération interorganisationnelle au regard de la théorie des ressources…… 108
2.2.2.1 Les ressources comme antécédents de la formation de la coopération………. 108
2.2.2.2 Le réseau de coopération comme une configuration de ressources…………… 110
2.2.3 La théorie des ressources et l’innovation………………………………………… 112
2.3 La théorie des capacités dynamiques………………………………………………. 113
2.3.1 Les capacités dynamiques : de quoi parlons nous ?................................................ 114
2.3.2 La coopération et l’innovation selon la théorie des capacités dynamiques………. 118
Section 3 : La théorie des réseaux sociaux : un ancrage sur l’encastrement…………… 121
3.1 L’encastrement et la coopération interorganisationnelle ………………………….. 121
3.2 L’encastrement et l’innovation…………………………………………………….. 125
3.2.1 Les normes du réseau…………………………………………………………. 126
3.2.2 La force des liens faibles ……………………………………………………….. 127
3.2.3 Le capital social et la création des connaissances…………………………….. 129
Chapitre 3 : Champ conceptuel : coopération, innovation et capacité d’absorption
des connaissances……………………………………………………………………... 134
Section 1. Le concept de la coopération interorganisationnelle……………………….. . 135
1.1 La notion de réseau…………………………………………………………………. 135
1.2 La coopérations interorganisationnelle : une configuration réticulaire…………….. 137
Section 2. Les caractéristiques de la coopération interorganisationnelle………………. 143
2.1 Les caractéristiques relationnelles ………………………………………………… 143
2.1.1 La force de liens ………………………………………………………………. 144
2.1.2 La confiance interorganisationnelle……………………………………………. 147
2.1.3 L’engagement mutuel ………………………………………………………… 151
2.1.4 La communication interorganisationnelle……………………………………… 153
2.2 Les caractéristiques cognitive……………………………………………………. 155
2.2.1 Les communautés de pratique…………………………………………………….. 155
2.2.2 L’apprentissage et le partage des connaissances…………………………………. 159
Section 3. La capacité d’absorption et l’expérience coopérative de l’organisation……. 162
3.1 Les ressources, les compétences et les capacités………………………………...... 162
3.2La capacité d’absorption……………………………………………………………. 167
3.3 L’expérience partenariale………………………………………………………….... 170
Section 4. Le concept de l’innovation………………………………………………….. 171
4.1 La polysémie et l’ambiguïté du concept d’innovation……………………………... 172
4.2 L’innovation et la connaissance……………………………………………………. 175
4.3 La caractérisation de l’innovation………………………………………………….. 178
4.3.1 L’innovation incrémentale/ radicale ……………………………………………... 178
369
4.3.1.1 L’innovation incrémentale……………………………………………………… 179
4.3.1.2 L’innovation radicale…………………………………………………………… 179
4.3.2 L’innovation organisationnelle/technologique………………………………… 181
4.3.2.1 L’innovation organisationnelle…………………………………………………. 181
4.3.2.2 L’innovation technologique…………………………………………………….. 182
4.3.3 L’innovation produits/procédés……………………………………………….. 183
4.3.3.1 L’innovation de produit………………………………………………………… 184
4.3.3.2 L’innovation de procédé……………………………………………………….. 184
Partie II Cadre méthodologique et empirique………………………………………. 187
Chapitre 4 : Modèle hypothétique et choix méthodologique…………………………. 188
Section 1. Hypothèses et modèle de recherche………………………………………... 189
1.1 Hypothèse universelle : la coopération interorganisationnelle et l’innovation ……. 190
1.2 L’influence des variables relationnelles sur le partage des connaissances………… 194
1.2.1 Le rôle de la communication interorganisationnelle……………………………... 197
1.2.2 La confiance et l’engagement……………………………………………………. 198
1.2.3 Les communautés de pratiques et le partage de connaissances…………………... 202
1.3 Le partage de connaissances et la capacité d’absorption de l’organisation………… 204
1.4 Synthèse : Le modèle hypothétique ……………………………………………….. 206
Section 2. Positionnement épistémologique et choix méthodologique ………………... 208
2.1 Positionnement épistémologique et objectif de la recherche……………………… 208
2.2 Choix méthodologique : démarche hypothético-déductive ……………………….. 210
2.3 Méthodes des équations structurelles ……………………………………………... 212
2.3.1 Aperçu général sur la MES……………………………………………………. 213
2.3.2 Complémentarité des analyses exploratoires et confirmatoire et choix du
logiciel…………………….…………………………………………………………….. 215
Section 3. Dispositif d’accès au terrain………………………………………………… 217
3.1 Élaboration du questionnaire………………………………………………………. 217
3.2 Contenu du questionnaire et mesure des construits……………………………….. 220
3.3 Mesure des construits………………………………………………………………. 223
3.3.1 La confiance interorganisationnelle………………………………………………. 223
3.3.2 L’engagement……………………………………………………………….......... 224
3.3.3 L’expérience partenariale ……………………………………………………....... 225
3.3.4 Le partage de connaissances……………………………………………………… 226
3.3.5 La capacité d’absorption des connaissances……………………………………… 227
3.3.6 L’innovation de produits et de procédés…………………………………………. 230
3.4 Administration du questionnaire et terrain d’investigation……………………….. 230
Chapitre 5 : Développement et confirmation des échelles de mesure………………… 236
Section 1 : Analyse exploratoire des échelles de mesure………………………………. 237
1.1 Présentation de la démarche de Churchill…………………………………………. 237
1.2 Les résultats de l’analyse exploratoire……………………………………………... 241
1.2.1 La consistance interne des échelles de mesure…………………………………… 242
1.2.2 Résultats de l’Analyse en Composantes Principales (ACP)……………………… 245
1.2.2.1 La confiance interorganisationnelle……………………………………………. 245
1.2.2.2 L’engagement…………………………………………………………………… 247
1.2.2.3 L’expérience partenariale………………………………………………………. 248
1.2.2.4 Le partage de connaissances………………………………………………….. 249
1.2.2.5 La capacité d’absorption………………………………………………………. 250
1.2.2.6 L’innovation de produits et de procédés………………………………………... 251
Section 2 : Analyses préliminaires des données de l’échantillon final………………… 252
2.1 Analyse descriptive des données…………………………………………………… 253
370
2.1.1 Paramètres statistiques utilisés………………………………………………… 253
2.1.2 Résultats des analyses descriptives…………………………………………...... 254
2.1.2.1 La communication interorganisationnelle……………………………………… 254
2.1.2.2 Les communautés de pratique…………………………………………………... 256
2.1.2.3 La confiance interorganisationnelle et l’engagement ……………………….. 257
2.1.2.4 Les dimensions de la capacité d’absorption……………………………………. 259
2.1.2.5 Les dimensions de l’expérience partenariale…………………………………… 261
2.1.2.6 L’innovation des produits et des procédés……………………………………… 265
2.2 Analyse des valeurs manquantes……………………………………………………. 266
Section 3 : Analyse factorielle confirmatoire…………………………………………... 267
3.1 Démarche de validation des échelles par AFC…………………………………….. 267
3.1.1 Construction d’un schéma de relations linéaires et formalisation avec Lisrel… 267
3.1.2 Choix de la matrice de données et de la méthode d’estimation………………… 268
3.1.3 Evaluation du bon ajustement…………………………………………………... 269
3.1.3.1 La signification des contributions factorielles………………………………… 270
3.1.3.2 La fiabilité des construits……………………………………………………… 270
3.1.3.3 La validité convergente……………………………………………………….. 271
3.1.3.4 La validité discriminante……………………………………………………… 271
3.1.4 Les indices d’ajustement………………………………………………………. 272
3.1.4.1 Les indices absolus……………………………………………………………. 272
3.1.4.2 Les indices incrémentaux……………………………………………………….. 273
3.1.4.3 Les indices de parcimonie………………………………………………………. 274
3.2 Les résultats de l’AFC…………………………………………………………........ 275
3.2.1 Analyse confirmatoire des attributs de la coopération interorganisationnelle……. 275
3.2.1.1 La communication interorganisationnelle………………………………………. 275
3.2.1.2 Les communautés de pratique interorganisationnelles…………………………. 276
3.2.1.3 La confiance interorganisationnelle……………………………………………. 277
3.2.1.4 L’engagement………………………………………………………………….. 279
3.2.2 Les dimensions de l’expérience partenariale de l’organisation………………….. 280
3.2.3 Le partage de connaissances……………………………………………………… 283
3.2.4 Les dimensions de la capacité d’absorption……………………………………… 284
3.2.4.1 L’acquisition de connaissances………………………………………………… 286
3.2.4.2 L’assimilation de connaissances………………………………………………... 286
3.2.4.3 La dissémination de connaissances……………………………………………... 287
3.2.5 Les dimensions de l’innovation ………………………………………………...... 289
Chapitre 6 : Test d’hypothèses et validation du modèle théorique………………….... 292
Section 1 : Analyse de la régression et test des effets médiateurs et modérateurs……... 293
1.1 Définition et conditions d’application de la régression PLS……………………….. 293
1.2 Procédure du Bootstrap…………………………………………………………….. 296
1.3 Démarche d’analyse des effets médiateurs et modérateurs………………………… 297
1.3.1 Les variables médiatrices…………………………………………………………. 297
1.3.2 Les variables modératrices……………………………………………………….. 298
1.4 Résultats des effets médiateurs et modérateurs…………………………………….. 300
1.4.1 Le rôle médiateur des variables communautés de pratique et partage de
connaissances…………………………………………………………………………… 301
1.4.2 Le rôle médiateur de la capacité d’absorption des connaissances………………... 305
1.4.3 Le rôle modérateur de la résolution de problèmes………………………………... 308
1.4.4 Le rôle modérateur de l’expérience coopérative de l’entreprise avec les
laboratoires de recherche………………………………………………………………. 311
Section 2 : Test du modèle ……………………………………………………………... 313
371
2.1 Le modèle de mesure ………………………………………………………………. 313
2.2 Le test du modèle structurel………………………………………………………… 318
Section3 : Discussion : Elaboration théorique et implications managériales………….. 322
3.1 Elaboration théorique……………………………………………………………….. 322
3.1.1 L’innovation dans les PME : une analyse en termes de ressources relationnelles 322
3.1.2 Les communautés de pratique : une reconceptualisation interorganisationnelle 324
3.1.3 La coopération et le partage de connaissances……………………….………… 325
3.2 Implications managériales …………………………………………………………. 326
3.2.1 Coopérer pour pouvoir réduire l’incertitude et contrôler l’environnement……. 327
3.2.2 S’intégrer dans des coopérations de type client-fournisseur…………………... 328
3.2.3 Diversifier les espaces relationnels et participer dans des groupements
d’entreprises…………………………………………………………………………….. 329
CONCLUSION ……………… ………………………………………………………. 331
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………. 341
372
Table des illustrations (tableaux)
Tableau1 : Les logiques de la coopération horizontale………………………………… 33
Tableau2 : Classification des entreprises selon leur effectif dans quelques pays
développées……………………………………………………………………………… 50
Tableau3 : Quelques chiffres concernant le poids des PME dans l’économie
marocaine…………………………………………………………………………………. 51
Tableau4 : classification de la taille des entreprises Marocaines……………………….. 52
Tableau5 : Les spécificités des PME……………………………………………………. 57
Tableau6 : Synthèse des études empiriques sur le rôle des utilisateurs dans l’innovation 74
Tableau7 : Essai de synthèse des travaux relevant du courant transactionnel………….. 86
Tableau8 : Les courants théoriques de l’approche fondée sur les ressources…………... 91
Tableau9 : Aspirations et risques des relations interorganisationnelles (RIO)…………. 101
Tableau10 : Essai de synthèse des travaux relevant de l’approche des ressources……..... 119
Tableau11: Essai de synthèse des travaux relevant de l’approche des réseaux sociaux…. 131
Tableau12: Définitions du concept de la coopération interorganisationnelle…………...... 139
Tableau13 : Caractéristiques, apports et limites des liens forts/faibles…………………... 145
Tableau14 : Synthèse de certaines définitions du concept de confiance
organisationnelle…………………………………………………………………………… 150
Tableau15 : Les notions de compétence et de capacité…………………………………… 165
Tableau 16 Les hypothèses de recherche…………………………………………………. 207
Tableau17 : Positions épistémologiques des paradigmes positiviste, interprétativiste et
constructiviste……………………………………………………………………………… 209
Tableau18 : Synthèse des mesures utilisées dans la littérature…………………………… 226
Tableau19. Synthèse des mesures du construit ‘partage de connaissances’……………… 227
Tableau20 : Synthèse des mesures du construit ‘capacité d’absorption’…………………... 229
Tableau21 : Statistiques de l’échelle et coefficient alpha de Cronbach (N=17)………...... 242
Tableau22 : Le tableau des communalités du construit « confiance » …………………… 246
Tableau23 : La variance expliquée totale du construit « confiance » ……………………. 246
Tableau24: Matrice des composantes après rotation…………………………………….. 247
Tableau25 : La variance totale expliquée du construit ‘engagement’…………………...... 247
Tableau26 : Matrice des composantes…………………………………………………...... 247
Tableau27 : Matrice des composantes après rotation du construit « Expérience
partenariale »………………………………………………………………………………. 248
Tableau28 : La qualité de représentation des items mesurant le construit « Partage de
connaissances »……………………………………………………………………………. 249
Tableau29 : La variance totale expliquée du construit « partage de connaissances »…...... 250
Tableau30 : Matrice de composantes du construit « capacités d’absorption »…………… 250
Tableau31 : La variance totale expliquée du construit « innovation de produits»………... 252
Tableau 32: Matrice de composantes du construit innovation……………………………. 252
Tableau33: Statistiques descriptives des items de la communication
interorganisationnelle……………………………………………………………………… 255
Tableau34 : Statistiques descriptives des items de la variable « communautés de
pratique »…………………………………………………………………………………… 256
Tableau35 : Statistiques descriptives des variables confiance interorganisationnelle et
engagement………………………………………………………………………………… 258
Tableau36 : Statistiques descriptives des dimensions de la capacité d’absorption……….. 260
Tableau37 : Analyse descriptive des items mesurant l’expérience partenariale…………... 262
Tableau38 : Statistiques descriptives des items de l’innovation des produits et de
l’innovation des procédés………………………………………………………………….. 265
Tableau39 : Les indices d’ajustement absolus………………………………………….... 273
373
Tableau40 : Les indices incrémentaux…………………………………………………... 274
Tableau41 : Les résultats de l’AFC du construit « Communication
interorganisationnelle »……………………………………………………………………. 275
Tableau42 : Les résultats de l’AFC du construit « Communautés de pratique »………… 277
Tableau 43 : Les résultats de l’AFC du construit « Confiance interorganisationnelle »….. 278
Tableau44 : Les résultats de l’AFC du construit « Engagement mutuel » ……………… 280
Tableau45 : Les résultats de l’AFC du construit « Expérience partenariale »…………… 281
Tableau46 : L’ajustement de l’AFC de second ordre sur l’expérience partenariale de
l’entreprise ………………………………………………………………………………... 283
Tableau47 : Les résultats de l’AFC du construit «Partage de connaissances »………… 284
Tableau48 : L’ajustement de l’AFC de second ordre sur la capacité d’absorption des
connaissances……………………………………………………………………………… 285
Tableau49: Les résultats de l’AFC du construit « Capacité d’absorption des
connaissances » après respécification du modèle…………………………………………. 288
Tableau50 : Matrice de corrélation des dimensions de la capacité d’absorption………… 288
Tableau51 : L’ajustement du modèle de mesure de l’innovation aux données………….. 290
Tableau52 : les résultats de l’AFC du construit « innovation de produits »……………... 290
Tableau53 : les résultats de l’AFC du construit « innovation de procédés »…………….. 291
Tableau54 : Comparaison des approches PLS et LISREL………………………………. 295
Tableau55 : Qualité du modèle sans variable médiatrice ……………………………….. 302
Tableau56 : Qualité du modèle avec communautés de pratique comme variable
médiatrice………………………………………………………………………………….. 303
Tableau57 : Qualité des indicateurs du modèle de mesure………………………………. 305
Tableau58 : Le T de Student des contributions factorielles des dimensions de la capacité
d’absorption……………………………………………………………………… 306
Tableau59 : Qualité des indicateurs de mesure…………………………………………... 311
Tableau60 : Contributions factorielles (loading) du modèle de mesure (Outer Model)…. 316
Tableau61 : Fiabilité, validité convergente et discriminante…………………………….. 318
Tableau62 : Récapitulations des résultats des relations entre construits………………… 321
374
Table des illustrations (figures)
Figure1 : Structure générale de la thèse………………………………………….. 15
Figure2 : la coopération interorganisationnelle…………………………………… 25
Figure3 : Les modes d’organisation des activités économiques selon la conception
transactionnelle…………………………………………………….….. 40
Figure4 : Les dimensions tacites et explicites du management de la connaissance 63
Figure5: Static costs of sourcing variety with organizational and institutional
learning……………………………………………………………………………... 67
Figure6 : Les notions du réseau et d’alliances…………………………………… 142
Figure7 : Le cadre conceptuel……………………………………………………. 185
Figure8: Architecture de l’hypothèse universelle………………………………... 194
Figure9 : La relation hypothétique entre partage de connaissances et innovation et
le rôle médiateur de la capacité d’absorption…………………………………… 206
Figure10 : Modèle hypothétique………………………………………………….. 207
Figure1130 : Etapes d’élaboration du 218
questionnaire…………………………………
Figure12 : Contenu du questionnaire……………………………………………… 221
Figure13 : Modèle factoriel général……………………………………………… 268
Figure14 : AFC second ordre de la variable ‘expérience partenariale’…………… 282
Figure15 : AFC second ordre de la variable ‘capacité d’absorption’…………….. 289
Figure16 : Modèle de l’effet médiateur…………………………………………… 297
Figure17 : Modèle de l’effet modérateur…………………………………………. 298
Figure18 : Modèle de Ping pour l’analyse des effets modérateurs……………….. 300
Figure19 : Relation entre Engagement , Confiance ET Innovation de produits,
Innovation de procédés sans variables intermédiaires…………………………….. 301
Figure20 : Effet médiateur de la variable communautés de pratique……………… 302
Figure21 : Effets médiateurs des variables communautés de pratique et partage de
connaissances………………………………………………………………..….. 304
Figure22 : Dimensions du premier ordre du construit Capacité d’absorption…….. 306
Figure23 : Régression de l’innovation de procédés et de produits sur le partage de
connaissances……………………………………………………………………… 307
Figure24 : Le rôle médiateur de la capacité d’absorption…………………………. 308
Figure25 : Effet modérateur de la variable résolution de problèmes……………… 309
Figure26 : régression du partage de connaissances sur la variable communautés de
pratique avant prise en compte de l’effet modérateur de résolution de
problèmes………………………………………………………………………….. 310
Figure27 : Régression de la capacité d’absorption de connaissances sur
l’expérience partenariale avant prise en compte de l’effet modérateur de
l’expérience avec les organismes de recherche……………………………………. 312
Figure28 : Effet modérateur de l’expérience partenariale avec les organismes de
recherche…………………………………………………………………………… 313
Figure29 : Le modèle structurel…………………………………………………… 319
375
Table des illustrations (graphiques)
Graphique1 : Répartition des entreprises enquêtées selon l’effectif…………………. 233
Graphique2 : Répartition sectorielle des entreprises enquêtées…………………….. 233
Graphique3 : Répartition géographique des entreprises enquêtées…………………. 234
Graphique4 : Distribution des scores des observations de la variable communication
interorganisationnelle…………………………………………………………………. 255
Graphique5 : Distribution des scores des observations de la variable communautés de
pratique…………………………………………………………………………….. 256
Graphique6 : Distribution des scores des observations de la variable confiance
interorganisationnelle…………………………………………………………………. 258
Graphique7 : Distribution des scores des observations de la variable engagement… 259
Graphique 8 : Distribution des scores des observations de l’acquisition……………... 261
Graphique 9 : Distribution des scores des observations de l’assimilation…………….. 261
Graphique10 : Distribution des acores des observations de la dissémination……… 261
Graphique11 : Distribution des scores de la variable expérience
partenariale/fournisseurs………………………………………………………………. 264
Graphique12 : Distribution des scores de la variable expérience partenariale/clients.. 264
Graphique13 : Distribution des scores de la variable expérience
partenariale/concurrents……………………………………………………………….. 264
Graphique14 : Distribution des scores de la variable expérience
partenariale/laboratoires……………………………………………………………….. 264
Graphique15: Distribution des scores de l’innovation des produits…………………... 266
Graphique16 : distribution des scores de l’innovation des procédés………………….. 266
376
377
Les notions utilisées dans la présente enquête sont définies dans la notice explicative
Cette enquête porte sur votre entreprise et non sur le groupe auquel elle appartient
I. CARACTERISTIQUES DE L’ENTREPRISE
1.1. Le rôle principal de votre entreprise consiste-t-il à fournir des biens et des services à votre
société mère, ou à une filiale ? Oui Non
1.3. Votre entreprise est-elle associée à une chaîne ou à une franchise? Oui Non
1.4. Votre entreprises fait-elle partie d’une coopérative ou d’un consortium? Oui Non
2.1 Depuis l’an 2000, votre entreprise a-t-elle passé des accords de coopération avec d’autres
organisations (fournisseurs, clients, concurrents, universités et laboratoires de recherche, cabinets
d’experts et de consulting) ? Oui Non
2.2 Si oui, avec une ou plusieurs organisations situées : (pour chaque accord vous pouvez cocher
plusieurs cases) :
Au Maroc En Europe Aux Etats-Unis Autres
Accords de licence
Accords de fabrication
Accords de recherche&développement
Accords de distribution et vente
Accords de services à la clientèle
Structure de la coopération
Très important
Peu important
Moyennement
2.3 Veuillez indiquer le degré d’importance que vous accordez
Important
important
important
Très peu
Objectifs de la coopération
Très important
Peu important
Moyennement
2.4 Quelles sont les principales raisons qui vous ont amené à
Important
important
important
Très peu
378
Fréquence des contacts
en contact
en contact
Jamais de
Toujours
Souvent
opinion
contact
Parfois
Sans
2.5 Quelle est la fréquence des contacts de votre entreprise avec
les sources d’information ci-dessous ? Cochez une case pour
chaque catégorie, à l’aide de l’échelle suivante
Intermédiaires de vente
Donneurs d’ordre
Sous traitants
Fournisseurs
Clients et usagers de biens et services
Association sectorielle
Banques de brevets
Chambres de commerce
Cabinets de consulting
Universités et les laboratoires de recherche
Banques de brevets
Partage de connaissances
Peu important
Très important
Moyennement
2.6 Selon vous, dans quelle mesure ces contacts sont-ils
Important
important
important
Très peu
importants pour ? (Veuillez cocher une case pour chaque
catégorie).
Plutôt d’accord
2.7 L’une des caractéristiques fondamentales d’une relation de
Moyennement
Pas du tout
d’accord
d’accord
coopération entre plusieurs organisations concerne la
réalisation d’un ensemble distribué d’activités. Dans quelle
mesure votre relation de coopération est en accord ou en
désaccord avec les situations suivantes ?
379
Résolution de problèmes entre partenaires
Très important
Peu important
Moyennement
2.8. Supposons qu’il existe certains problèmes avec vos
Important
important
important
Très peu
partenaires durant la période de coopération, vous utilisez des
méthodes pour les résoudre. Selon vous, lesquelles, parmi celles
proposées ci-dessous, sont importantes pour résoudre ces
problèmes ?
Faire disparaître les divergences
Essayer de convaincre l’un ou l’autre
Résoudre le problème conjointement
Utiliser un langage agressif
Recourir à un arbitrage extérieur
Utiliser le pouvoir de votre entreprise
Opportune +2 +1 0 -1 -2 Inopportune
Précise +2 +1 0 -1 -2 Imprécise
Adéquate +2 +1 0 -1 -2 Inadéquate
Complète +2 +1 0 -1 -2 Incomplète
Communauté de pratique
Plutôt d’accord
Moyennement
2.10 Dans quelle mesure les accords de coopération avec les
Pas du tout
Tout à fait
plutôt pas
d’accord
d’accord
d’accord
d’accord
autres organisations vous permettent de collaborer avec le
personnel de celles-ci pour :
Confiance inter-organisationnelle
Plutôt d’accord
Moyennement
Tout à fait
Plutôt pas
d’accord
d’accord
d’accord
d’accord
380
Engagement mutuel
Plutôt d’accord
2.12 La présente question interroge sur la bonne volonté des
Moyennement
Pas du tout
d’accord
d’accord
partenaires et les efforts investis dans la relation de coopération.
Pour cela, il vous est demandé d’exprimer votre degré d’accord
ou de désaccord avec les affirmations suivantes :
Acquisition de connaissances
Plutôt d’accord
3.1 Par la coopération avec les acteurs de son environnement,
Moyennement
Pas du tout
d’accord
d’accord
votre entreprise est supposée acquérir des connaissances
commerciales et technologiques. On vous demande d’indiquer
dans quelle mesure êtes-vous en accord ou en désaccord avec les
affirmations suivantes ?
Assimilation de connaissances
Plutôt d’accord
Moyennement
Pas du tout
d’accord
d’accord
d’accord
381
Dissémination de connaissances
Plutôt d’accord
Moyennement
Pas du tout
3.3. Pour que l’ensemble des acteurs internes de l’entreprise soit à
Tout à fait
Plutôt pas
d’accord
d’accord
d’accord
d’accord
jour et partager les connaissances acquises de l’extérieur, vous
informez vos collaborateurs internes des:
Peu important
Très important
Moyennement
que vous accordez aux activités suivantes :
Important
important
important
Très peu
Recherche et développement exécutés en interne
Recherche et développement externes
Formation du personnel liée à l’innovation
Marketing pour des produits nouveaux ou améliorés
Investissement lié directement aux nouveaux produits
Etendue
Limitée
étendue
limitée
Très
Très
fournisseurs d’équipements, de matériels ou de composants
Etendue
Limitée
étendue
limitée
Très
Très
clients/usagers
382
4.3 Les expériences en matières de coopération avec des
Etendue
Modérée
étendue
limitée
Limitée
Très
entreprises travaillant dans le même secteur et opérant sur un
Très
même marché.
Modéré
Etendue
Limitée
étendue
limitée
Très
Très
universités et les laboratoires de recherche :
5.2 Si oui, qui a développé ces produits? (Prière de cocher la réponse la plus pertinente) :
Principalement votre entreprise ou une entreprise de votre groupe
Principalement d'autres entreprises ou institutions
Votre entreprise en coopération avec d'autres entreprises ou institutions
5.3 Pour votre entreprise, l'un au moins de ces produits introduits était-il ?
Technologiquement nouveau
Une nette modification technologique d'un produit antérieur
(Ex. Intégration de composants technologiquement nouveaux)
Nouveau ou nettement modifié par des services associés
5.4 Pour votre entreprise, tous ces produits introduits étaient-ils uniquement ?
Des modifications de conditionnement ou d'esthétique (design)
Des variations de produits antérieurs, sans contenu technologique nouveau
Innovation de procédés
5.5 Votre entreprise a-t-elle adopté de nouveaux procédés en vue de fournir des produits
(biens et services)? Oui Non
5.6 Si oui, qui a développé ces procédés? (Prière de cocher la réponse la plus pertinente)
Principalement votre entreprise ou une entreprise de votre groupe
Principalement d'autres entreprises ou institutions
Votre entreprise en coopération avec d'autres entreprises ou institutions
383
Impact de la coopération sur l’innovation
Très fort
5.8 Pour les différentes alternatives, veuillez indiquer le degré
Moyen
Faible
Fort
Nul
d’impact des relations de coopération de votre entreprise avec les
autres organisations. Cochez une case pour chaque catégorie à
l’aide de l’échelle suivante :
Impact Elargissement de la gamme des biens ou des services
sur les Elargissement du marché ou accroissement de la part de
produits marché
Améliorer la qualité des biens ou des services
Impact Améliorer la flexibilité de la production
sur les Augmenter la capacité de production
procédés Réduire les coûts salariaux par unité produite
Réduire les matériaux et l'énergie par unité produite
Obstacles à l’innovation
Peu important
Très important
Moyennement
5.9 Au cas où votre entreprise aurait rencontré des obstacles à
Important
important
important
Très peu
l’innovation, veuillez indiquer l’importance de chacun des obstacles
cités ci-dessous (Cochez une case pour chaque énoncé)
Coopération inter-organisationnelle
La coopération inter-organisationnelle ne se limite pas uniquement aux accords contractuels, mais
elle dépasse le contrat pour mieux appréhender les événements sociaux et inclure les relations
informelles amicales, familiales et de proximité qui accompagnent le contrat avant, pendant et
après son exécution.
Partenaire
Les acteurs avec qui l’entreprise est en coopération. Il peut s’agir des fournisseurs, des clients, des
concurrents, des laboratoires de recherche, des organismes publics, etc..
Capacité d’absorption
C’est la capacité de l’entreprise à intégrer, assimiler et exploiter les connaissances externes afin de
les transformer en innovation.
Communauté de pratique
La communauté de pratique se caractérise par : (d’après Wenger 1998)
- des relations mutuelles soutenues ;
- des manières communes de s’engager à faire des choses ensemble ;
- savoir ce que les autres savent, ce qu’ils peuvent faire et comment ils peuvent contribuer à
l’action collective ;
- un jargon, des raccourcis dans la communication, des histoires partagées et des
plaisanteries internes au groupe ;
- un discours partagé qui reflète une certaine façon de voir le monde.
Innovation
Telle qu’on la définit pour cette enquête, une innovation est soit un produit (bien ou service)
nouveau ou modifié significativement introduit sur le marché, soit l’introduction dans votre
entreprise d’un procédé nouveau ou modifié significativement. L'innovation est fondée sur les
résultats de nouveaux développements technologiques, sur de nouvelles combinaisons de
technologies existantes ou sur l'utilisation d’autres connaissances acquises par votre entreprise.
Les entreprises élaborent souvent des projets en coopération avec d’autres firmes ou des
institutions publiques. Dans ce cas, nous faisons référence en particulier aux accords de
coopération dans lesquels les différentes organisations (fournisseurs, clients, concurrents,
établissement de recherche, etc. ) travaillent de concert à la mise en œuvre de nouveaux produits
et/ou procédés
Innovation de produits (biens et/ou services)
Une innovation de produit est un bien ou un service qui est nouveau ou modifié significativement
au regard de ses caractéristiques fondamentales, de ses spécifications techniques, des logiciels
incorporés ou de tout autre composant immatériel, de l'utilisation prévue ou de la facilité d'usage.
L'innovation doit être nouvelle pour votre entreprise, elle ne doit pas l'être nécessairement pour le
marché. Peu importe si l'innovation a été développée par votre entreprise ou par une autre
entreprise. Les changements de nature purement esthétique ou ceux concernant purement la vente
d’innovations entièrement produites et développées par d’autres entreprises ne doivent pas être
inclus.
Innovation de procédés de production
L’innovation d’un procédé de production comprend soit une technologie de production nouvelle ou
modifiée significativement, soit une méthode nouvelle ou modifiée significativement de fourniture
de services ou de livraison des produits. Le résultat doit être significatif en ce qui concerne le
niveau de production, la qualité des produits (biens ou services) ou les coûts de production et de
distribution. L'innovation doit être nouvelle pour votre entreprise; celle-ci ne doit pas
nécessairement être la première à introduire ce procédé. Peu importe si l'innovation a été
développée par votre entreprise ou par une autre entreprise. Sont exclus de cette partie, les
changements dictés par des objectifs purement organisationnels ou managériaux.
385