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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude

Empirique

Dédicace

A mes très chers parents Fatiha et Mohamed

A ma très chère sœur Khadija

A mon très cher frère Othman

A mon très cher grand père Mohamed

A ma très chère grande mère Fatma

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Empirique

Remerciements

J’adresse en premier lieu ma reconnaissance à notre DIEU tout


puissant, de m’avoir permis d’en arriver là, car sans lui rien n’est
possible

Je tiens à remercier vivement et à exprimer ma gratitude à


Monsieur Ben ELHAJ FOUAD pour son encadrement, ses conseils
prodigués, son soutien, ses compétences, ses qualités humaines et sa
disponibilité tout au long de la réalisation de ce travail. Qu’il trouve
ici le témoignage de mon admiration la plus profonde et de mon estime
le plus grande.

Les connaissances et le savoir-faire qu’il m’a apportés sont et


resteront précieux pour moi. C’est un homme d’une richesse
exceptionnelle, d’une grande simplicité et d’un regard toujours
consultatif. Je souhaiterais remercier très chaleureusement Monsieur
BENBOUBKER MOUNIR pour son soutien et ses conseils tout au long
de la réalisation de ce travail.

Je remercier le responsable du master Banque et Marchés


Financiers Monsieur MOHAMED AIT OUDRA.

Je ne saurai terminer sans remercier tous le corps professionnel de


la Filière Banque et Marchés Financiers et tous les membres du jury

En fin je remercie chaleureusement tous mes ami(e)s pour leurs


soutiens indéfectibles et toutes les personnes qui, de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de ce modeste travail et plus généralement à
ma formation.

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Empirique

SOMMAIRE

Introduction générale ........................................................................................ 6


Chapitre I : Cadre théorique du déficit budgétaire ........................................... 11
Section1 : Déficit budgétaire, Définition, types et déterminants ................... 12
Section 2 : les différents modes de financement du déficit budgétaire en
théorie économique ...................................................................................... 20
Section 3 : la politique budgétaire doctrinale entre libéralisme et
interventionnisme ......................................................................................... 24
Chapitre II : Les liens théoriques entre le déficit budgétaire et la croissance
économique ..................................................................................................... 56
Section1 : croissance économique définitions, sources, déterminants et
mesure .......................................................................................................... 59
Section2 : Les théories de la croissance exogène .......................................... 72
Section 3 : les théories de la croissance endogène ........................................ 83
Chapitre III : l’impact du déficit budgétaire sur la croissance économique au
Maroc : étude empirique ............................................................................... 107
Section 1 : Évolution générale des finances publiques au Maroc ................ 108
Section 2 : La modélisation VAR .................................................................. 128
Section 3 : L’évaluation empirique de l’impact du déficit budgétaire sur la
croissance économique au Maroc .............................................................. 133
Conclusion générale ....................................................................................... 165

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Liste des abréviations et des sigles

ADF : Dickey-Fuller Augmenté

APD : Aide publique au Développement

BAD : Banque Africaine de Développement

BAM : Bank Al-Maghrib

BC : Banque Centrale

BDT : Bons de Trésor

BEI : Banque Européenne d’investissement

BIRD : Banque internationale pour la reconstruction et le développement

CL : Collectivités Locales

CT : Court terme

DEPF : Direction des Etudes et des prévisions financières

DH : Dirham

FEMISE : Forum Euro-méditerranéen des Instituts de Sciences Economique

FMI : Fonds Monétaire International

HSP : Haut-Commissariat au Plan

IFI : Institutions Financières Internationales

IR : Impôt sur le revenu

IS : Impôt sur les Sociétés

KPSS : Kwiatkowski-Philips-Schmidt-Shin

MCO : Moindres Carrées Ordinaires

MENA : Middle East and North Africa (Moyen Orient et Afrique du Nord)
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MFI : Marché Financier International

Mrds : Milliards

MT : Moyen terme

OCDE : Organisation De Coopération et de développement Economique

PAS : Programme d’ajustement structurel

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PP : Philips Perron

PVD : Pays en Voie de Développement

SEGMA : Services de L’Etat Géré d’une Manière Autonome

TIC : Taxe Intérieure de Consommation

TVA : Taxe sur la Valeur ajoutée

UE : Union Européenne

VAR : Vecteur AutoRegressive

VECM : Vector Error Correction Model

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Introduction générale

L’amélioration du niveau de vie de la population et la garantie du bien-être social


sont des objectifs ultimes des pouvoirs publics. Quelles que soient les politiques suivies,
ces objectifs ne peuvent être atteints sans une croissance économique soutenue et
durable. La croissance économique est synonyme de production de biens et services, de
créations d’emplois et de richesses.
Pour toutes ces raisons, la compréhension de la croissance, de ses mécanismes, de
ses déterminants et de ses sources a toujours été un souci majeur des décideurs et des
concepteurs des politiques économiques. Il est clair que la croissance économique n’est
pas une panacée pour les problèmes du pays, mais elle facilite l’implémentation des
politiques publiques qui complètent les insuffisances de la croissance.
Au Maroc, à l’instar des pays en voie de développement, la nécessité d’assurer une
croissance économique forte et durable s’impose comme une solution pour plusieurs
problèmes sociaux qui hypothèquent l’avenir du pays.
Avec l’accumulation des problèmes économiques et des déficits sociaux (chômage,
pauvreté, perte du pouvoir d’achat, etc.) les solutions conjoncturelles ou partielles ne
peuvent plus servir de remèdes efficaces. Les problèmes doivent être traités à la source
qui les génère, et cette dernière n’est autre que la faible croissance économique et la
sous-utilisation des potentialités du pays. Il est donc impératif de se mettre sur un
sentier de croissance forte et soutenue pour sortir le pays d’un cercle vicieux de sous-
utilisation des potentialités et de faible croissance1.
Dans le dictionnaire de l’économie et sciences sociales, la croissance économique est
définit comme « l’augmentation soutenue pendant une longue période, de la production
d’un pays, selon François Perroux, la croissance est l’accroissement d’une unité
économique (simple ou complexe) réalisé dans les changements de structure et
éventuellement de systèmes, accompagnés de progrès économiques variables. C’est un
concept quantitatif unidimensionnel. Elle dépend à la fois de l’augmentation des

1
Haut-Commissariat au Plan « Les sources de la croissance économique au Maroc » Rapport, septembre 2005,
P : 5.
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quantités de facteur de production utilisés dans le processus productif mais aussi de


l’amélioration de techniques permettant de produire plus de biens et de services avec
les mêmes quantités de facteurs de production2.
Par ailleurs, au Maroc, le budget constitue l’instrument de politique économique par
excellence. Depuis la mise en œuvre du programme d’ajustement structurel en 1983 et
les choix de politique économique qui en ont découlé, le budget est devenu la pièce
maîtrise de l’intervention de l’Etat dans l’économie.
Ainsi, le rôle de l’Etat dans l’économie est passé par différentes étapes et a connu des
périodes plus intenses en intervention que d’autres3. Tantôt répondant à des contraintes
économiques tantôt à des aspirations idéologiques et parfois à des stipulations
extérieurs. Cependant un dénominateur commun entre ces expériences, en effet
l’intervention publique provoquait une multiplication des déficits budgétaires, le
recours à l’emprunt extérieur et intérieur et par conséquent un gonflement de la dette
publique marocaine.
Cependant, si dans les pays développés les déficits permettant de lisser les
fluctuations cycliques de la demande et d’atténuer l’ampleur des cycles conjoncturels.
Cela n’est que relativement vrai pour les pays en voie de développement où le déficit
budgétaire et l’endettement ont été d’abord le résultat d’une volonté de soutenir le
développement économique et combler l’inexistence et les faiblesses du secteur privé.
En plus de l’obligation de jouer le rôle d’initiateur du processus de développement, l’Etat
s’est retrouvé face à de nombreuses contraintes et à de multiples problèmes rendant son
efficacité douteuse et ses efforts non récompensés tels l’explosion démographique, le
manque de ressources humaines qualifiées, le manque de ressources énergétiques et
l’urbanisation non maîtrisée en plus les problèmes de pollution et de mauvaise
gouvernance. Tous ces éléments ont pesés lourdement sur les finances publiques des
pays en développement pour provoquer des crises d’endettement généralisées4.

2
Oualalou (F), « Stratégies et axes de la réforme budgétaire au Maroc » in Revue marocaine d’audit et
développement (REMA), série : réforme budgétaire et gouvernance financière au Maghreb, n° 25, édition
BOUREGREG, 2008, P : 18.
3
N. MRABEt, « Dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse Historique et empirique », Thèse
de Doctorat, Science Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès, 2007, P : 6.
4
Ibid, p : 8.
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Le Maroc est un pays en voie de développement dont les structures économiques,


politiques et sociales ne permettent pas de satisfaire les besoins fondamentaux des
populations. Ainsi ce pays se caractérise par une pauvreté massive aussi qu’une faible
insertion dans l’économie mondiale. L’investissement et l’épargne y sont toujours
insuffisants pour susciter une croissance endogène durable et l’aide internationale ne
suffit pas à pallier ces carences. De plus l’examen détaillé des derniers budgets de l’Etat
montre des soldes déficitaires persistants5. Les recettes fiscales sont effet limitées et
insuffisantes par rapport aux dépenses budgétaires qui croissent d’année en année. Ces
ressources budgétaires déficientes sont à l’origine des dysfonctionnements de certains
services publics, des restrictions de possibilités financières de l’Etat, du non-respect de
ses engagements. Elles freinent la lutte pour l’éradication de la pauvreté. Augmente le
degré subordination envers les bailleurs de fonds tels que le Club de Paris, la Banque
Mondiale et le Fond Monétaire international. En outre, l’insuffisance des recettes
contraint souvent l’Etat à recevoir sur le marché de capitaux des prêts à court et long
terme. Ces emprunts sur le marché financier se traduisent par une diminution
substantielle de l’épargne disponible pour les autres agents par conséquent, une hausse
des d’intérêt avec toutes les répercussions économiques et financières d’une telle
évolution.
C’est pour tout cela que le Maroc s’est inscrit dans un processus de modernisation de
l’administration publique qui joue le principal rôle dans l’élaboration des politiques
publiques en vue d’une gestion efficace des finances publiques. La nouvelles loi
organique relative aux lois de finances et le nouveau décret des marchés publics misent
en vigueur en 2014 demeurent les principales réformes qui permettent une bonne
gestion de la chose publique.
Par rapport à toutes ces considérations, il s’avère indispensable de souligner que
l’intérêt de notre sujet réside dans le fait qu’il permet de mettre en exergue l’impact du
déficit budgétaire sur la croissance économique au Maroc. Aussi, la problématique de
notre étude parait, de toute évidence, soutenue par la question suivante : dans quelle
mesure le déficit budgétaire influence la croissance économique au Maroc ?

5
EL MAATAOUI (B), « La bonne gouvernance est-elle un facteur de développement économique ? », In Revue
marocaine d’audit et de développement, dossier : Gouvernance économique et régionale, N°31-32, 2011.
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Pour répondre à cette problématique nous envisageons de suivre la même démarche


scientifique utilisée dans les travaux de recherche, les plus récents, dans le domaine des
finances publiques. Il s’agit de présenter les développements théoriques relatifs aux
déficits budgétaires et la croissance économique ainsi que les liens entre ces deux
grandeurs macroéconomique, de plus concernant le lien entre le déficit budgétaire et la
croissance économique au Maroc, il sera évalué à l’aide d’une analyse économétrique
(nous utilisons comme outils économétriques la modélisation VAR) pour vérifier
l’existence et le sens de cette causalité.

I. Hypothèse du travail

L’hypothèse centrale de notre travail est de vérifier que la réalisation d’une


croissance autoentretenue ne peut être recherche que dans la réduction du déficit
budgétaire.
Sous-hypothèse 1 : Le déficit budgétaire au Maroc est causé principalement par des
dépenses non productives (les charges d’intérêts et les dépenses de fonctionnement) ;
Sous-hypothèse 2 : La réalisation d’une croissance durable ne peut être réalisée
que par l’augmentation des dépenses destinées aux investissements productives.

II. Intérêt du travail

Le choix de ce thème a pour objectif, d’instaurer le débat sur la croissance


économique au Maroc, ce travail s’inscrit également dans une perspective de tentative
de réponse à l’importance de l’impact du déficit budgétaire sur la croissance
économique de notre pays, il s’agit de ce fait de :

 Etudier et justifier l’impact du déficit budgétaire sur le niveau de la croissance


économique ;
 Décrire et analyser l’évolution des finances publiques au Maroc entre 1970 et
2014 ;

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 Etablir un état de lieu de la relation de causalité entre le déficit budgétaire et la


croissance économique au Maroc ;
 De tirer des conclusions de la relation entre la croissance économique et les
dépenses publiques totales, la pression fiscale et le solde commercial.

III. Méthodologie de recherche

Dans une première phase et afin de répondre aux questions d’ordre théorique, notre
méthode sera analytique à travers l’analyse des différents courants scientifique ayant
traité le déficit budgétaire et la croissance économique, et donc, on va se baser sur une
étude bibliographique matérialisée par la consultation des ouvrages et des travaux
relatifs à la problématique et les concepts clés du thème. Dans une seconde phase nous
avons vu utile de faire une analyse de l’état du déficit budgétaire et de vérifier la relation
de causalité entre le déficit budgétaire et la croissance économique au Maroc par la
méthode de modélisation VAR.

IV. La structure du travail

Pour répondre aux questions de recherche et atteindre les objectifs assignés, ce travail
s’organise en trois chapitres :

Chapitre I : Cadre théorique du déficit budgétaire ;

Chapitre II : Les liens théoriques entre le déficit budgétaire et la croissance


économique ;

Chapitre III : l’impact du déficit budgétaire sur la croissance économique au Maroc :


étude empirique.

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Chapitre I : Cadre théorique du déficit budgétaire

Introduction

La notion de l’Etat et la nature de son intervention dans l’économie est un des


principaux sujets qui divisent les courants économiques actuels depuis l’avènement de
l’économie politique. Entre les libéraux niant toute fonction économique de l’Etat et les
marxistes luttant pour un Etat au service des classes ouvrières, entre ces deux
extrémistes opposées on trouve les keynésiens optant pour une intervention régulatrice
de l’Etat dans l’économie6. Mais concernant le cadre théorique de l’intervention de l’Etat
dans l’économie on va se limiter seulement aux théories classiques et néoclassiques
ainsi que les théories keynésiennes.

En outre jusqu’au 19ème, la théorie de l’individualisme économique instaurée par


Adam Smith limite le rôle de l’Etat dans l’économie nationale à trois fonctions liées à ses
attributions régaliennes : une fonction de régulation des grandes fonctions marchandes,
la production des biens collectifs et le maintien de l’équilibre budgétaire par le système
fiscal. L’apparition de la crise des années 30 aux Etats-Unis marque la fin de ce « laisser
faire » de l’économie, et les travaux de Keynes ouvrent le champ aux théories de
l’intervention publique. Cette intervention sera jugée indispensable jusqu’aux années 70.

Les apports Keynésiens de l’Etat providence ont été remise en cause par la crise des
deux chocs pétroliers qui ont permet à une résurgence libérale, avec les thèses de M.
Friedman. À partir de cette époque, s’affrontent en permanence sur la scène économique
les « néo-keynésiennes et les « néolibéralismes ».

6
Najib Mrabet, « Dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse Historique et Empirique ».
P :230. THESE pour l’obtention de Doctorat au FSJES Fès en 2007.

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Section1 : Déficit budgétaire, Définition, types et


déterminants

Le budget constitue l’instrument principal qui permet à l’Etat d’intervenir dans


l’économie pour stimuler ou freiner l’activité économique selon la conjoncture, un
budget déficitaire a pour objectif de hisser l’économie.

Paragraphe I : Définition du déficit budgétaire

Le sens du mot « budget » est attesté en Angleterre au XVIII ème siècle et


antérieurement en France avec le mot « bougette » (voir aussi le latin bulga, sac en cuir,
et l’anglais bag). Il signifie « sac de trésorier », sous-entendu « bourse » du trésorier
public (voir Maurice Baslé 2012). Le budget qui recense les recettes et les dépenses de
l’Etat est un document politique, juridique et financier7 (Mohamed Harakat 2013).

Le déficit budgétaire est la situation dans laquelle les recettes de l’État (hors
remboursement d’emprunt) sont inférieures à ses dépenses (hors emprunt) au cours
d’une année. C’est donc un solde négatif. Il se différencie du déficit public, car il
n’englobe pas le solde des recettes et des dépenses des autres administrations publiques
(collectivités territoriales et organismes de Sécurité sociale notamment).

Le budget, au sens strict, désigne l’ensemble des ressources et des dépenses de l’Etat
pour une année civile. Les ressources sont essentiellement constituées des recettes
fiscales et dans une moindre mesure des dons. Elles permettent de financer les dépenses
et de rendre donc effectives les grandes orientations de la politique économique. Le
déficit budgétaire résulte donc de l’insuffisance de l’ensemble des ressources pour
couvrir les dépenses publiques immédiates. Son existence se traduit par un besoin de
financement ou besoin de trésorerie.

7
Raymond. Muzellec « Finances publiques », Dalloz, 2002, P : 9.
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Du point de vue comptable, le solde budgétaire peut porter un signe négatif ou


positif ; d’une manière générale, le déficit ou surplus budgétaire traduit, sur une période
donnée, la différence entre les dépenses totales et les recettes ordinaires.

Selon Tanzi et Blejer, le solde budgétaire est caractérisé par trois facteurs essentiels :

 Le niveau à long terme ou tendanciel des impôts et des dépenses.

 La phase du cycle économique ou du cycle des produits

 Les politiques (temporaires) qui peuvent dévier à court terme, les


niveaux des dépenses et /ou des recettes par rapport à leur tendance.

Par ailleurs le déficit budgétaire se traduit par des emprunts nouveaux que l’État
doit contracter au cours de l’année. Si l’État doit emprunter pour se procurer des
liquidités nécessaires pour couvrir les emprunts antérieurs arrivés à échéance, on parle
alors d’effet « boule de neige ».

Paragraphe II- les différentes types du déficit budgétaire

Les méthodes d’évaluation de l’orientation de la politique budgétaire ont fait l’objet


d’une abondante littérature. Les organismes internationaux (FMI et OCDE) ont
développé plusieurs instruments, notamment, des approches basées sur le concept du
solde budgétaire structurel. L’idée fondamentale part du fait que les variations du solde
dues aux fluctuations conjoncturelles sont considérées comme auto correctrices dans la
mesure où elles sont appelées à disparaître à long terme avec le retour de l’activité à son
niveau potentiel. En revanche, le solde structurel constitue une mesure pertinente de
l’orientation de la politique budgétaire et permet en plus d’apprécier la soutenabilité à
long terme des finances publiques.
Le solde budgétaire est, ainsi, ventilé en deux composantes :
• une composante conjoncturelle qui représente l’impact du cycle économique sur
les dépenses et les recettes publiques ;
• une composante structurelle correspondant à ce que serait le solde public si
l’économie se situait à son niveau potentiel.

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A- Solde budgétaire conjoncturel

Les déficits budgétaires tendent à augmenter automatiquement lorsque la demande


émanant du secteur privé fléchit, parce que les rentrées fiscales diminuent et que les
dépenses liées au chômage s'accroissent; ces stabilisateurs automatiques peuvent
cependant masquer des interventions délibérées des pouvoirs publics (modification des
programmes de dépenses ou révision des taux d'imposition) qui peuvent elles-mêmes
être à l'origine d'une perturbation de la demande.

B- Le déficit budgétaire structurel

Le solde structurel ou le solde ajusté du cycle se définit comme étant le solde qui
serait constaté si le niveau de production était égal à son niveau potentiel. Il correspond
au solde budgétaire corrigé des effets du cycle économique, soit de la conjoncture, de
même que des mesures exceptionnelles et temporaires. L’utilité de la distinction entre la
composante structurelle et la composante conjoncturelle du solde budgétaire présente
l’avantage que le solde structurel, dans la mesure où il ne dépend pas des fluctuations
économiques, est l’indicateur de l’ajustement budgétaire réel opéré au niveau des
finances publiques.
La composante cyclique du solde budgétaire varie avec la position conjoncturelle de
l’économie dans le cycle économique. En effet, les recettes fiscales suivent le mouvement
du cycle de l’activité économique. Ce cycle est défini comme la différence entre le PIB
effectif et le PIB potentiel8, exprimée en points de pourcentage de ce dernier, ce qu’on
appelle communément écart de production ou output gap. Il apparaît que la notion de
solde structurel est fortement dépendante de celle de PIB potentiel ; ce dernier est
évalué selon des méthodes en partie conventionnelles.

8Le PIB potentiel désigne le niveau de production soutenable à long terme, eu égard aux facteurs de production
disponibles, sans entraîner une accélération de l’inflation, soit sans créer de tensions excessives sur les marchés des
biens et du travail.

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Pour une présentation plus formelle du calcul du solde structurel, on note S le solde
budgétaire, R les recettes et D les dépenses. L’indice c renvoie aux valeurs
conjoncturelles et l’indice s aux valeurs structurelles. Y représente le PIB effectif, Y* le
PIB potentiel et (Y −Y*) / Y* = OG (l’output gap) ou l’écart de production.
Pour une recette fiscale donnée, réagissant sans retard à l’activité, son niveau
structurel est défini par :

Avec θ l’élasticité de cette recette à l’écart de production. On en déduit le niveau


conjoncturel de la recette, Rc :

De façon similaire, pour une dépense réagissant aux variations cycliques de


l’activité, notées Dc , est définie par :

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Les recettes conjoncturelles sont obtenues en corrigeant les recettes effectives à


partir des élasticités des principaux impôts à l’écart de production. L’élasticité d’une
recette à l’écart de production mesure la sensibilité de cet impôt aux variations
d’activité. A priori, l’élasticité n’est pas la même pour toutes les recettes.
Traditionnellement, deux approches sont mises en œuvre pour estimer le potentiel
d’offre d’une économie : une approche économique qui résultent de l’évaluation d’une
fonction de production agrégée de l’économie. Dans ce cas, le PIB potentiel est défini
comme le niveau de PIB que connaîtrait l’économie si les facteurs de production (travail
et capital) étaient utilisés de façon optimale sans faire apparaître de tensions sur les
prix. La croissance potentielle correspond alors à la croissance de ce PIB potentiel et
l’output gap à l’écart entre le PIB effectif et le PIB potentiel.
La seconde approche, dite statistique, vise à extraire la tendance (la composante
structurelle) de la série de PIB observée à l’aide de filtres statistiques (filtre de Hodrick
Prescott, méthode des tendances coudées…)9.

Paragraphe III : les déterminants du déficit budgétaire

Si le débat relatif aux règles de politique macroéconomique privilégié la politique


monétaire, il n’en néglige pas pour autant la politique budgétaire. En ce domaine, la règle
la plus discutée est celle du budget équilibré. Comme son nom l’indique, elle voudrait

9
Robert w.r. Price et Patrice Muller, « indicateurs budgétaires structurels de la politique budgétaire des
pays de l'OCDE et interprétation de l'orientation » p.60-63.
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interdire aux gouvernements de dépenser plus qu’ils ne gagnent. Aux États-Unis, cette
règle a été adoptée par de nombreux Etats.10 La plupart des économistes ne pensent à la
règle de l’équilibre budgétaire est cela pour trois raisons :

A- Stabilisation

Tout d’abord, un déficit ou un excédent budgétaire peut contribuer à stabiliser


l’économie. Fondamentalement, la règle du budget équilibré inhibe l’effet des
stabilisateurs automatiques du système fiscal et des transferts : tout ralentissement de
l’activité pèse négativement sur les prélèvements fiscaux et positivement sur les
transferts. Ces réactions automatiques contribuent, certes, à stabiliser l’économie, mais
aussi à accroitre le déficit public. Le respect strict d’une règle de budget équilibrer
exigerait du gouvernement qu’il augmente les impôts ou qu’il réduise ses dépenses en
période de récession, ce qui aggravait la dépression de la demande agrégée. Une
politique budgétaire discrétionnaire est plus susceptible de contrer les fluctuations
économiques.

B- le lissage fiscal

Deuxièmement, il est possible d’utiliser un déficit ou un excédent budgétaire pour


atténuer les biais introduits par le système fiscal. Les impôts élevés constituent un coût
pour la société, dans la mesure où ils découragent l’activité économique. Plus les impôts
sont élevés, plus l’est également le coût social du prélèvement fiscal. Il est possible de
minimiser le coût social total des impôts en maintenant relativement constant les taux
de prélèvement plutôt qu’en leur permettant de fluctuer au grès de l’activité
économique. Les économistes appellent lissage fiscal une telle politique. Pour lisser les
taux de prélèvement, il faut accepter un déficit lorsque les revenus sont
exceptionnellement faibles (récessions) et lorsque les dépenses sont
exceptionnellement élevée (guerre).

10
Gregory N. Mankiw, « Macroéconomie », Paris, Septembre, 2010, P : 604
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C- Redistribution intergénérationnelle

Troisièmement, on peut utiliser le déficit budgétaire pour transférer la charge fiscale


des générations actuelles vers les générations futures. Ceci amène certains économistes
à défendre la thèse selon laquelle, si les générations actuelles mènent une guerre au non
de liberté, les générations futures bénéficient également et doivent, pour cette raison,
partager la charge budgétaire de cette guerre. Ce transfert intergénérationnel peut se
réaliser en finançant la guerre par le déficit budgétaire : l’Etat résorbera ultérieurement
cette dette en prélevant des impôts sur les générations futures.
Pour toutes ces raisons, la plupart des économistes rejettent la règle stricte de
l’équilibre budgétaire. Pour le moins, toute règle de politique budgétaire doit tenir
compte des épisodes récurrents de récessions et de guerre, pendant lesquels le déficit
budgétaire se justifie11.
Par ailleurs, en dehors de la théorie du lissage fiscal les explications des déficits
budgétaire persistants. Les arguments sur ce point sont nombreux, Alesina et Tabillini
ont mis en exergue quelques élément qui expliquent la persistance des déficits
budgétaire à travers leur article intitulé « the political Economie Review » ( n° 08, p :
351-371, 1994), d’après leur analyste, les déterminants des déficits budgétaires dans les
différents pays de L’OCDE, peuvent être regroupés en six catégories :
 La théorie de l’illusion fiscale qui se base sur les notions d’illusion
budgétaire de la politique de stabilisation asymétrique pour montrer que
les hommes politiques profitent de la naïveté des agents pour accroître les
dépenses publiques en temps de récession et « oublient » de les réduire
lorsque la récession est déterminée.
 Le rôle stratégique de l’endettement qui résulte de la volonté d’un
gouvernement de lier les mains à son successeur qui a des préférences
différentes sur la nature des dépenses publiques ( Alestinat et Tabellini
1990) ou sur le montant ( Persson et Svensson 1989).

11
Gregory N. Mankiw, « Macroéconomie », Paris, Septembre, 2010, op, cit. P : 605
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 En liaison avec le développement durable, les déficits budgétaires peuvent


être expliqués par la théorie de la redistribution intergénérationnelle
selon laquelle la dette publique permet de répartir le poids des impôts
entre plusieurs générations et peut être utilisée par la génération
présente pour laisser un héritage négatif aux générations futures. Puisque
les citoyens de la génération future ne peuvent voter et donc choisir leur
politique, il aura tendance naturelle à l’endettement.
 Les modèles de conflits de génération et de guerre d’usure selon lesquels
les déficits budgétaires sont le résultat de conflits stratégiques entre les
parties politiques et les groupes sociaux qui ont sur les décisions du
gouvernement une certaine influence au même moment.
 Les modèles de distribution géographique des intérêts électoraux selon
lesquels la base géographique des membres du parlement entraîne des
dépenses publiques excessives. En effet, les représentants dont la base
électorale et territoriale surestiment les avantages pour leur
circonscription des projets publics par rapport à leur coût de financement
supportés par la nation toute entière. L’effet agrégé de ces décisions serait
une surabondance de projets publics ayant une base géographique
déterminée.
 Le dernier groupe de modèle met l’accent sur le rôle des institutions
budgétaires définies comme l’ensemble des lois et règlement qui régissent
l’établissement, l’approbation et la mise en place des budgets publics12.

12
MINT MOUHAMOUDOU. FATIMA tou, « analyse économique de la relation du déficit budgétaire et la
croissance économique : cas Mauritanie » 2014, p : 11 (mémoire de master) .
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Section 2 : les différents modes de financement du déficit


budgétaire en théorie économique

Pour financer le déficit budgétaire, les pouvoirs publics disposent de trois moyens
de financement : L’impôt, l’emprunt et la création monétaire. Chaque modalité de
financement présente des limites. Ainsi selon les monétaristes le financement monétaire
est inflationniste et le financement par emprunt entraîne une hausse des taux d’intérêt
sur les marchés des capitaux. De plus les économistes de l’offre contestent le
financement par impôt car les taux élevés du prélèvement fiscal pénalisent le travail
productif et l’investissement.
L’apparition d’un déficit budgétaire, à partir du premier choc pétrolier a coïncidé
avec les changements dans la politique économique, qui a pour objectif de réduire les
tensions inflationnistes.
Actuellement il y a un débat qui concerne les problèmes posés par le financement
des déficits pour les politiques monétaire axées sur le contrôle des agrégats monétaires.
Ce débat est comme suit : à supposer que les banques centrales soient en mesure de
contenir les pressions à la hausse des taux d’intérêt, nées de la combinaison des objectifs
monétaires restrictifs et de budget expansionnistes, les politiques monétaires et
budgétaires peuvent, à priori viser respectivement à lutter contre l’inflation et soutenir
l’emploi. Cependant un déséquilibre persistant dans l’utilisation des deux instruments
peut avoir pour conséquence de réduire l’efficacité de financement du déficit.
En effet, les gains en termes de production et d’emploi résultant de la politique
budgétaire expansionniste peuvent se trouver annulés par la suite de la pression à la
hausse sur les taux d’intérêt. Et par conséquent l’orientation de la politique budgétaire
ne peut être durablement très différente de celle de la politique monétaire13.

13
Jean- Claude CHOURAQUI « déficit budgétaire croissance monétaire et éviction financières », in problèmes
économique N° 1903 du 19-12-1984 p : 3
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Paragraphe I- Le financement du déficit budgétaire par les avances de la


banque centrale

Le financement monétaire peut se faire soit par la banque centrale soit par les
banques commerciales.
Le trésor public peut se procurer des ressources en recourant aux avances de la
banque centrale c’est-à- dire à l’institut d’émission qui émet des billets de banque et les
remet au trésor moyennant une reconnaissance de la dette. Ce qui tend à augmenter la
masse monétaire et la base monétaire d’une manière simultanée.
Les théoriciens classiques jugeaient le recours à la planche à billet comme étant
dangereux car la hausse de la masse monétaire peut provoquer des tensions
inflationnistes.
Pour les théoriciens classiques modernes, les manipulations monétaires ne doivent
pas être considérées comme un moyen pour l’Etat de procurer des ressources, mais
plutôt un instrument d’intervention dans la vie économique.

Paragraphe II- Le financement par les banques de dépôt

Dans le cas d’un financement par les banques commerciales, les titres de la dette
publique vient augmenter le portefeuille des banques ou se substitue d’autres actifs.
Les banques et les intermédiaires financiers peuvent également souscrire des bons
de trésor. Mais il n y a pas de transmission des bons, il y a simplement inscription
comptable de l’opération dans un compte d’actif de la banque puisqu’il s’agit d’un prêt.
Les bons inscrits s’appellent ‘’ les bons en compte courant’’.
La planche d’effets publics, constitue une garantie de souscription pour le trésor :
une partie de l’accroissement des encours bancaire était automatiquement consacrée à
la souscription des bons.
Si les avoirs des banques autres que les titres publics demeurent inchangés, il y a
augmentation globale de leur bilan, ce qui veut dire que la masse monétaire s’accroît du

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 21


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

montant équivalent des titres publics, mais il n y a pas d’accroissement de la base


monétaire14 .
En conclusion dans chacune des méthodes de financement monétaire, il apparait que
l’incidence du déficit sur la base monétaire dépend en définitive de l’attitude des
autorités monétaires qui tiennent compte de l’évolution prévue du déficit budgétaire
avant de mettre en œuvre leur politique.

Paragraphe III- Le financement non monétaire du déficit budgétaire

Le second moyen auquel le trésor public fait recourt pour financer le déficit, c’est
l’emprunt ou l’appel à l’épargne privée, soit sous forme de ventes des titres publics
(obligations), ou soit par la vente des bons sur le marché monétaire.

A- L’intervention du trésor sur le marché financier

Dans les théories contemporaines de l’endettement, les obligations apparaissent à la


catégorie des actifs ou des passifs financiers, selon qu’on se place des points de vue
porteurs ou émetteurs.
Pour Gurley et Shaw, les unités déficitaires15 font appel aux moyens de financement
des unités excédentaires, en utilisant des titres de la dette.
En effet, le trésor peut procéder à l’émission des bons et obligations négociables sur
le marché financier. Les transactions sur les titres de la dette publique s’effectuent soit
au comptant soit à terme sur le marché boursier.
Si on exclut, le taux d’intérêt, la fiscalité et les coûts de gestion, l’opération de prêt-
endettement présente la propriété fondamentale de ne pas modifier la valeur du
patrimoine financier et les agents prêteurs ou emprunteurs. D’où la propriété de
l’opération à l’égard du patrimoine des agents. Cette propriété justifier une bonne

14
- Jean- Claude CHOURAQUI « déficit budgétaire croissance monétaire et éviction financières », in problèmes
économique N° 1903 du 19-12-1984 op, cit, P : 5.
15
- ici le trésor figure parmi ces unités en déficit.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

gestion de la dette publique flottante et consolidée pour les obligations, car il faut
introduire le taux d’intérêt supporté par les agents, et les charges de la gestion de la
dette dont l’amortissement peut être effectué sur le marché boursier par achat des
titres.

B- L’intervention du trésor sur le marché monétaire

Les équilibres budgétaire et notamment les soldes du budget agissant sur les
équilibres du trésor, mais également mettent en cause la situation de la liquidité de
l’économie.
Pour assurer le financement du déficit budgétaire et des déséquilibres entre les
recettes et les dépenses publiques, le trésor émet des bons pour canaliser à son profit
une partie de l’épargne.
Au cours des années de déficit, l’Etat doit consentir provisoirement des hausses des
taux d’intérêt et à augmenter les conditions de liquidité des bons, de façon à les rendre
plus attractifs.
Les bons souscrit directement par les particuliers et par les entreprises sont appelés
‘’bons de trésor sur formule’’, parce que lors de la souscription, une formule imprimée
est remise au souscripteur. Ces bons sont constitués par des coupures dont le montant
varie selon les émissions.
Les bons à échéance fixe, ont une durée de 1 à 5 ans, où le souscripteur ne peut
retirer ses fonds jusqu’à la date d’échéance ; sauf à les faire escompter auprès de la
banque centrale pendant 3mois qui précédent l’échéance, quand ils sont souscrits par
des banques, ou intermédiaires financiers, les taux d’intérêt augmentent au fur et à
mesure que la date d’échéance s’éloigne.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 23


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section 3 : la politique budgétaire doctrinale entre


libéralisme et interventionnisme

La politique budgétaire nécessite une intervention de l’Etat dans le circuit


économique par son budget a été controversée par les classiques et les keynésiens, les
premières défendent la non intervention de l’état dans l’économie et donc l’équilibre de
son budget, cependant, les deuxièmes plaident pour l’intervention de l’Etat par un
budget déficitaire.

Paragraphe I- La théorie classique et le respect de la règle de


l’équilibre budgétaire16

Pour les classiques, l’Etat ne doit pas intervenir directement dans l’économie, mais
doit seulement veiller au fonctionnement concurrentiel des marchés.
La règle de l’équilibre entre les recettes et les dépenses s’inscrit dans la conception
classique du rôle de l’Etat. En effet, la foi dans les mécanismes du marché a amené la
théorie classique libérale à condamner toute immixtion de l’Etat dans l’activité
économique et à délimiter les fonctions qu’il doit remplir.
Au niveau des finances publiques, la conséquence directe de cette conception du rôle
de l’Etat est la nécessité d’avoir un budget à la fois neutre et équilibré.

A- Le budget neutre et la notion de l’Etat gendarme

Les conceptions classiques font de l’équilibre budgétaire une règle de la gestion


financière publique. L’Etat-gendarme, simple gardien de l’ordre économique et social
libéral, doit se concentrer de trouver les ressources nécessaires au financement de ses
services publics régaliens : il y a des dépenses, il faut les couvrir. Mais cette dépense doit
rester neutre.

16
Abdrrazak El HIRI , « Financement du déficit budgétaire : Eviction financière du Maroc » Mémoire D.E.S ,
Sciences Economiques, Université Sidi Mohamed Ben Abdelah, FSJES- Fès, P :10
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Un budget neutre résulte du principe d’abstention qui s’impose à l’Etat, L’approche


classique considérait que l’intervention de l’Etat dans l’économie constituait une entrave
aux activités économiques des individus et à leur liberté de commerce et d’industrie.
L’Etat doit être économiquement neutre et son budget ne doit pas perturber les
mécanismes du marché. Mais cette neutralité ne signifie pas passivité car il y a des
domaines où l’Etat doit nécessairement intervenir.
En effet, tout en développant la doctrine de ‘’ l’Etat-Gendarme’’, A. Smith a précisé
les devoirs que l’Etat doit assumer : le premier devoir de l’Etat est celui de la défense
nationale, qui peut se réaliser au seul moyen d’une force militaire ; le second devoir est
celui d’assurer la justice et de protéger chaque membre de la société contre l’oppression
et l’injustice ; le troisième et le dernier devoir est celui de développer les biens publics,
qui sont d’une nature telle que le profit ne peut jamais couvrir la dépense d’un individu
ou d’un groupe d’individus17.

B- Réduction des dépenses publiques

Considérer comme un mal nécessaire, les dépenses publiques doivent être adaptées
aux besoins des missions de l’Etat étant donné ‘’ le meilleur des plans financiers était de
dépenser le moins possible.18
Pour les classiques, l’Etat est considéré comme agent qui vit aux dépenses de
l’économie : il est plutôt consommateur que producteur de richesse. Ainsi, la part des
dépenses publiques dans le revenu national doit être raisonnable.
De ce fait, tout excès de dépenses était vu comme un gaspillage, et tout gaspillage de
l’Etat en matière de dépenses était refusé car, l’Etat est un ‘’mauvais chef de famille,
mauvais industriel, agriculteur et commerçant19. L’Etat devait dépenser le moins
possible sans autant oublier que l’impôt (principale source de financement des dépenses
publiques) doit être à la fois léger et neutre.

17
A.Smith, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », Flammarion, 1989.
18
J.B.Say, cité par L. Weber in Analyse économique des dépenses publiques, P.U.F., Paris, 1978, P : 31.
19
H. Traine cité par A. Euzéby et M.L. Heschtel in « finances publiques, une approche économique » Dunod.
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C- Alléger les impôts

Si l’impôt permet de financer, il doit être, selon les classiques, le plus léger possible
pour ne pas perturber les mécanismes du marché car ‘’ le meilleur de tout impôt est le
dernier en importance20. Recommander par Un impôt léger, c’est ne pas sollicité ses
sacrifices des citoyens qui peuvent entraîner un détournement de fonds des utilisations
productives. Puisque l’Etat est considéré comme un pur consommateur, son budget doit
être alimenté avec prudence et sagesse. D’où la nécessité de son équilibre.

Paragraphe II-un budget équilibré

Dans les finances classiques, l’équilibre du budget de l’Etat est un principe qu’il faut
nécessairement respecter. Il découle directement de la nécessité de réduire les
dépenses et d’adapter les impôts à ces dernières.
En effet, dans la conception classique des finances publiques, si l’Etat doit effectuer
certaines dépenses dans le cadre des fonctions qui lui sont reconnues, il doit en
contrepartie trouver les moyens de les couvrir : les ressources financières du budget
doivent obligatoirement être égales à ses dépenses.
Si les économistes classiques ont posé comme règle la nécessité de réaliser
l’équilibre budgétaire, c’est parce que ce dernier est accepté par tous, signifie une
politique saine et garantit une neutralité vis-à-vis de l’activité économique.

A- Le rejet du déficit budgétaire

Le rejet de l’équilibre budgétaire, qui est l’hypothèse la plus fréquente, repose sur un
certain nombre d’élément jugés nuisibles quant aux différentes modalités de son
financement :
 Si le déficit budgétaire est financé par la création monétaire il peut
engendrer l’inflation car il y a accroissement des moyens de paiement sans qu’il

20 20
H. Traine cité par A. Euzéby et M.L. Heschtel in finances publiques, une approche économique, Dunod.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

ait augmentation des biens consommables. L’inflation, qui réduit le pouvoir


d’achat de la monnaie, est un impôt ‘’aveugle‘’ car il ne prend pas en
considération la capacité des particuliers qui le supportent. Cet ‘’impôt’’ est
dangereux sur le plan économique car il affecte la compétitivité des exportations
et réduit le volume des devises.
 L’emprunt, comme source de financement du déficit budgétaire, est
aussi condamné car ‘’toute espèce d’emprunt public a l’inconvénient de retirer
des usages productifs des capitaux ou des portions de capitaux pour les dévouer
à la consommation’’21. L’emprunt profite aux générations actuelles aux dépenses
des générations futures qui seront amenées à supporter des charges financières
auxquelles elles n’avaient pas donné leur consentement puisque, pour D. Ricardo
l’emprunt n’est qu’un impôt différé dans le temps22.
De plus, l’emprunt public comporte des risques tant au niveau de l’Etat lui-même qui
peut, éventuellement, avoir des difficultés de remboursements qu’au niveau de la
confiance continue des agents que suscitent les souscripteurs aux divers emprunts de
l’Etat. Il en ressort que ce moyen de financement est un procédé risqué en cas de perte
de confiance de la part des citoyens. Pour Waline et Lafferrière, couvrir le déficit budget
par l’emprunt revient à ‘’Pratiquer la politique qui mène les fils de la famille prodigues à
la ruine par le recours aux usuriers’’23.
Par ailleurs, les emprunts publics peuvent entraîner l’augmentation des taux
d’intérêt car ‘’quand ils ont lieu dans un pays dont le gouvernement inspire peu de
confiance, ils ont l’inconvénient de faire monter l’intérêt des capitaux’’24.
Ainsi, en rejetant le déficit budgétaire, la théorie classique condamne aussi bien
l’impôt déguisé (la création monétaire) que l’impôt différé (l’emprunt).
Mais le respect de la règle de l’équilibre budgétaire implique aussi le rejet de
l’excédent budgétaire.

21
J.B. SAY cité par D. Ricardo in « principe de l’économie politique et de l’impôt », Flammarion, 1997, p :263
22
La thèse d’équivalence entre impôt et emprunt, de D. Ricardo sera reprise par les économistes
contemporains en particulier par R.J.Barro.
23
Waline, et Laferrière « Science et législation financière », L.G.D.J., 1952, p :35
24
J.B.SAY, cité par D. Ricardo in « Principes de l’économie politique et de l’impôt », P : 263.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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B- Le rejet de l’excédent budgétaire

Dans les finances publiques classiques, l’excédent budgétaire est aussi réprouvé car
il peut servir à couvrir certaines dépenses qui dépassent les domaines tracés à
l’intervention de l’Etat.
Le rejet de l’excédent budgétaire est justifié par le fait qu’il y a des prélèvements
obligatoires excessifs qui gênent les agents privés et entraînent la conservation (ou
thésaurisation) de fonds qui auraient mieux être utilisés par ces agents, autrement dit,
en réalisant un excédent budgétaire, l’Etat ne fait que dévier des fonds vers des
utilisations improductives et solliciter, des citoyens, un sacrifice non fondé.
Il résulte de ces développements que les économistes classiques étaient confiants
dans l’équilibre budgétaire. Selon eux ce dernier est justifier par le fait que :
 L’activité de l’Etat est improductive ; seule est productive l’activité du secteur
privé. ainsi, en cas de déficit, l’Etat doit emprunter, ce qui représente un
empiétement sur l’activité économique.
 L’Etat n’a pas intervenir pour réaliser l’équilibre économique. Ce dernier est
assuré par les mécanismes naturels du marché.
 L’intérêt général est la somme des intérêts individuels. L’Etat n’a pas s’efforcé
pour réaliser l’intérêt collectif.
 Le budget de l’Etat doit donc, suivre la conjoncture économique sans chercher à
l’influencer. Un bon budget, pour les classiques ‘’ celui qui frôle déficit en
dégageant un déficit symbolique’’25 .
L’exposé du principe de l’équilibre budgétaire, dans la théorie classique des
finances publiques, nous révèle qu’il y a aucune analyse économique des dépenses
publiques. Il s’agit de simple recommandation visant à tracer un cadre dans lequel
l’Etat doit accomplir ses fonctions.
Cependant la conception classique des finances publiques et notamment le
postulat de ‘’l’Etat Gendarme’’ et l’équilibre budgétaire a été remise en cause par la
crise de 1929, de plus le postulat d’autorégulation du marché n’est pas justifié dans

25
R. Muzellec « Notions essentielles de finances publiques » Paris, 1979, P : 1979
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cette crise ce qui a donné l’occasion au courant keynésiens d’apparaître, ce dernier a


contrarié les postulats classiques des finances publiques.

Paragraphe III- La théorie keynésienne et la nécessité de la régulation


par le déficit budgétaire

Les pouvoirs publics peuvent, selon des modalités particulières, prendre en charge
certains travaux et établissement destinés à faciliter le commerce en général, ou
certaines de ses branches.
Les infrastructures routières, les ponts, les canaux, les ports, la fabrication de la
monnaie, la poste…., exigent des dépenses d’autant plus grandes que le développent
économique est avancé.
Les droits d’usage des équipements collectifs ne doivent pas être prélevés par des
particuliers, en effet, minimiser leurs efforts d’entretien tout en percevant les droits. De
même, l’Etat ne doit pas y voir une possibilité d’accroitre ses revenus car il chercherait à
augmenter les droits. Il convient donc que la gestion des équipements collectifs soit
décentralisée et assurée par une administration locale ou provinciale. Dans ce cas, on
peut envisager le paiement d’une taxe locale finançant les équipements collectifs (par
exemple l’éclairage public communal)26.

A- Le rôle de l’Etat dans l’analyse keynésienne

Keynes considérait l’Etat comme un agent économique qui peut jouer un rôle capital
pour atteindre le plein emploi tout en utilisant son budget.
‘’Nous tenons à faire ressortir l’opposition de nature existant entre nos argument et
conclusions et ceux de la théorie classique’’, c’est avec cette phase que J.M. Keynes a
introduit son ouvrage’’ Théorie Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de la monnaie’’ 27 .
Dans cette théorie Keynes rejette le postulat classique d’une économie conçue comme

26
Lebergue.D, Jungensen Ph, « Le trésor et la politique financière », Montchétien, Pari, 1998.
27
J.M.Keynes « La Théorie Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de la Monnaie » 1936 traduction de J. de
Largentaye
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système autorégulé par les ajustements des prix. Ainsi Keynes remplace l’économie de
l’offre par l’économie de la demande en introduisant la notion de la demande effective,
qui a substitué la loi de débouchée de Say pour qui l’offre crée sa propre demande.
Cette conception de ‘’l’Etat Gendarme’’ implique que le budget idéal est celui qui est
adapté aux fonctions que l’Etat doit nécessairement remplir, c’est celui qui doit se plier à
la conjoncture est suivre son évolution sans chercher à influencer, il s’ensuit que l’Etat
doit limiter au maximum ses dépenses et alléger le plus possible les impôts pour ne pas
perturber les mécanismes du marché.

B- Principe de la demande effectif et l’équilibre de sous-emploi

La demande effective avancée par Keynes propose que dans une économie
monétaire de production, le marché ne s’autorégule pas. Ce sont les entrepreneurs qui
doivent anticiper le niveau de la demande et fixe un volume de production
correspondant à ce dernier en maximisant leur profit. C’est donc l’anticipation de la
demande par les entrepreneurs qui est déterminante dans le processus dynamique de
l’économie. De cela, Keynes tire deux remarques : d’une part, on ne peut a priori prédire
que l’économie sera en situation d’équilibre. Il en résulte que l’économie connaît le plus
souvent un déséquilibre ex ante. D’autres part, même si cet équilibre est atteint ex-post,
il n’est pas obligatoirement un équilibre de plein emploi.
Pour lui donc, une insuffisance de la demande effective débouchera sur une offre
insuffisante, ce qui implique des niveaux d’emploi et de revenu trop faibles.
L’insuffisance des dépenses réelles engendrera pour la période suivante, une
révision à la baisse des anticipations des entrepreneurs et ainsi de suite. Ce qui implique,
de façon automatique selon Keynes, un équilibre de sous-emploi, d’autant plus que les
anticipations en question, toujours selon Keynes28, n’était pas obligatoirement
rationnels. Une affirmation qui l’opposait à ces prédécesseurs néoclassique dans cette
environnement incertain, le calcule est réalisé mais sans avoir de fortes chances de

28
Keynes analysait différemment les anticipations à long terme et celles concernant le court terme : pour lui,
sur une longue période les anticipations demeurent à peu près stables, alors que les anticipations de courte
période pouvaient connaître des variations.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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couvrir les anticipations des autres agents. Par contre l’Etat chez Keynes est un agent
capable d’anticipation et dispose d’une vision économique à long terme. Grâce à cette
capacité il peut contribuer efficacement au retour à long terme. Grâce à cette capacité il
peut contribuer efficacement au retour du plein emploi et cela grâce à une multitude de
moyens et de mesure dont il dispose.

Afin d’expliquer la nature d’intervention de l’Etat que Keynes plaide, ce dernier écrit
« Ce n’est pas la propriété des moyens de production dont il importe que l’Etat se
charge. S’il est en mesure de déterminer le volume global des ressources consacrées à
l’augmentation de ces moyens et le taux de base de rémunération alloués à leurs
possesseurs, il aura accompli tout le nécessite »29 .
Les moyens d’intervention de l’Etat chez Keynes sont donc suivants :
- L’Etat étant en mesure de calculer l’efficacité marginale des capitaux avec des
vues plus lointaines et sur la base des intérêts sociaux de la communauté, il doit
prendre une responsabilité directe dans l’investissement ’’ L’Etat sera conduit à
exercer sur elle une influence directe par sa politique fiscale, par la détermination
du taux de l’intérêt, et peut être aussi par d’autres moyens ’’ 30 . Keynes préconise
donc une large socialisation de l’investissement et indirectement, par sa
politique des taux d’intérêt, l’Etat keynésiens peut également favoriser
l’émergence d’anticipation positive chez les entrepreneurs.
- Lorsque la baisse du taux d’intérêt ne parvient pas à modifier suffisamment les
anticipations des entrepreneurs il devient nécessaire pour l’Etat d’intervenir
directement par des dépenses nouvelles, en particulier sous forme
d’investissement, ce qui ramènerait l’équilibre à un niveau plus élevé de
demande et de production garantissant le plein emploi.

29
J.M Keynes « La Théorie Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de la Monnaie » op. cit.p : 371
30
J.M Keynes « La Théorie Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de la Monnaie » op. cit . p : 371

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La théorie générale a fourni une justification à l’intervention Etatique dans


l’économie partout dans le monde, surtout lorsqu’elle a coïncidé avec la reconstruction
de l’économie mondiale épuisée par la deuxième guerre mondiale.

C- Approche keynésienne du déficit budgétaire


Le keynésianisme est une école de pensée économique fondée par l’économiste
britannique John Maynard Keynes. Pour les keynésiens, le laisser-faire ne conduit pas
forcement à l’optimum économique. En outre, l’Etat a un rôle à jouer dans le domaine
économique notamment dans le cadre de la politique de relance. Toutefois, l’importance
de ce rôle varie selon avec les courants keynésiens et avec les traditions étatiques des
différents pays31.

Nombreux sont les économistes qui défend l’intervention de l’Etat par un budget
déficitaire, afin de stimuler l’activité économique, Keynes est considéré comme le
fondateur d’une politique discrétionnaire où l’intervention de l’Etat par un budget
déficitaire peut jouer différents rôle. Pour Keynes, il peut stimuler la croissance et
l’emploi dans une économie en récession. Cette approche considère que la politique lie à
l’endettement publique à une influence importante sur l’économie dans une optique de
court terme ( Mankiw, 2003) .

Le budget public devient, pour l’économie nationale, un stabilisateur qui permet


d’intervenir sur la demande effective. Si cette dernière est insuffisante pour assurer le
plein emploi et que l’on se trouve en récession, l’Etat devra la relever en augmentant ses
dépenses et/ou en prélevant moins d’impôt. Le déficit qui en résulte pourra être financé
par le recours à l’emprunt qui devient alors un moyen qui mène à l’équilibre
macroéconomique (Semodo, 2002).

Généralement, la logique keynésienne de la dette publique est basée sur l’hypothèse


selon laquelle, lorsque l’Etat réduit les impôts et encourt un déficit budgétaire, les
consommateurs réagissent à l’augmentation de leurs revenus en dépensant davantage.

31
J.M. keynes, « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie », Chicoutimi, Québec, 1936.
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Dans cette approche les ménages n’envisagent pas forcément d’épargner. Cette
logique qui fonde l’analyse de la politique budgétaire sur des phénomènes de courte
période se base sur les points essentiels suivants :

 Les keynésiens considère le budget de l’Etat comme variable de commande dans le


cadre de la politique budgétaire. De ce fait, le budget de l’Etat est selon eux, le levier
principal et le plus efficace de la politique économique. Dans ce cadre, le déficit
budgétaire est utilisé à des fins de relance et de régulation des activités économiques
grâce au multiplicateur keynésien.
 En effet, dans une perspective keynésienne (rôle du multiplicateur) un déficit
budgétaire peut permettre de relancer l’activité économique grâce au supplément
de revenu distribué aux agents économiques. La croissance des revenus qui résulte,
va permettre en retour d’augmenter les recettes et de diminuer le déficit budgétaire.
Un budget en déficit est ainsi une politique volontariste de relance économique et
non pas la conséquence d’une récession. Dans ce cas, on parle de « déficit voulu ».
cependant une crise économique peut contraindre l’Etat à consentir d’énorme fonds
publics pour la résorber, ce qui provoque un déficit budgétaire qui n’est pas voulu
mais subit car ne résultant pas de la volonté de l’Etat pour stimuler l’activité
économique.

Pour Keynes l’intervention de l’Etat est donc une nécessité pour réguler l’activité
économique. Sa politique doit s’appuyer sur la politique budgétaire et la politique des
revenus. Il faut, selon lui, que les revenus augmentent pour stimuler la consommation et
rendre leur optimisme aux entrepreneurs qui anticipent, pour les pousser à investir et à
embaucher. L’Etat peut aussi donner l’exemple en investissant dans les infrastructures,
une politique de grands travaux crée ainsi des emplois, ce qui augmente le niveau de la
consommation. Pour Keynes une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt a peu
de chances d’aboutir, si elle se traduit par une augmentation de la préférence pour la
liquidité, si la rentabilité des investissements diminue plus que les taux d’intérêt ou
encore si la propension à consommer diminue elle aussi. Pour lui, l’efficacité de la
politique monétaire est douteuse, c’est pourquoi elle est secondaire et ne doit pas être
privilégiée.

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Empirique

Enfin, selon Keynes l’intervention de l’Etat est indispensable en cas de crise car c’est
à l’Etat de redonner confiance aux agents économiques en montrant l’exemple. Il doit
ainsi investir, même si ses ressources sont insuffisantes, en recourant au déficit public,
car l’investissement a un effet multiplicateur sur les revenus, ce qui lui permet, ex-post,
de résorber son déficit. De plus le soutien de la consommation permet de limiter les
effets de la crise en sapant la spirale à la baisse qui s’enclenche forcement. En cas de
crise il faut donc, selon Keynes augmenter la propension à consommer : ‘’ est bon
citoyen celui qui consomme’’.

Paragraphe IV- Les multiplicateurs budgétaires

Au centre de l’utilisation du budget de l’Etat comme moyen de relancer (ou de


freinage) de l’activité économique, on trouve les multiplicateurs budgétaires ces
derniers jouent non seulement un rôle en cas de l’augmentation du déséquilibre
budgétaire (déficit), mais aussi dans le cas où l’Etat accroît simultanément et d’une
même montant les dépenses et les recettes. Dans ce cas, on parle de ‘’multiplicateur du
budget équilibré.’’32

La transposition des propositions keynésiens à l’étude des finances publiques


montre que les variations des dépenses publiques ne sont pas neutres à l’égard de la
fixation du revenu national d’équilibre ni du revenu de l’emploi.

Les post-keynésiens ont été amenés à privilégier l’action des soldes budgétaires
dans l’étude des processus de dépenses publiques. L’action de ces soldes sur les
variations du revenu d’équilibre et comptable à celle d’un investissement privé
additionnel, en sorte que le multiplicateur de dépense d’un type privilégié, du point de
vue des politiques financières de compensation des déséquilibres33.

Keynes a utilisé la notion de multiplicateur pour justifier les effets positifs d’une
politique de travaux publics sur le revenu et l’emploi. Mais avant de décrire le

32
A. EuZéby et M.L. Herschtel in « Finances publiques, une approche économique », P : 144.
33 ème
H. Sempé « budget et trésor » Ed Cujas 2 édition 1989.P : 210
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Empirique

mécanisme du multiplicateur, il serait préférable de retracer les hypothèses sur lesquels


repose son principe.

A- Hypothèses du multiplicateur

Le raisonnement en termes de multiplicateur se base sur les hypothèses


suivantes :

 L’analyse se fait à court terme et décrit les variations du revenu national


(nominale et non réel) à capacité de production constante ;
 Le multiplicateur décrit les effets d’une variation autonome de la dépense globale
quelle que soit son origine : augmentation des dépenses publiques (déficit
budgétaire), augmentation des dépenses publiques exogène de l’investissement
ou de consommation privé ;
 Le processus de multiplicateur peut s’accomplir pleinement sans engendrer une
inflation (des salaires et des prix) si la capacité de production existante est en
mesure de faire face aux augmentations de la consommation ; autrement dit, il
faut qu’il ait une sous-utilisation des hommes et des machines ; pour le
multiplicateur budgétaire, il s’agit de décrire l’effet du déficit budgétaire (qui est
le cas le plus fréquent) sur le revenu national.34

B- Mécanisme du multiplicateur

L’utilisation de la politique budgétaire pour relancer l’activité économique (en


période de dépression) se base sur le jeu des multiplicateurs budgétaire. Ces dernies
jouent non seulement dans le cas de l’apparition ou de l’accroissement du déficit
budgétaire (qui est le cas le plus fréquent) mais aussi dans le cas d’une augmentation
simultanée et du même montant des dépenses et des recettes publiques. Ainsi le
multiplicateur keynésien simplifié va connaître des extensions.

34
«Abderrazak EL HIRI, « Financement du déficit budgétaire, éviction financière au maroc ». 1999, P :21.
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a- Le modèle du multiplicateur en économie fermée :

En économie fermée, la demande global (ou demande agrégée) dans l’économie est
la somme des dépenses de consommation privée, l’investissement et des dépenses
publiques35 :

La demande agrégée dans une économie fermée s’écrit comme suite : DA = C + I + G

Le raisonnement se fait dans une économie fermée composée de trois groupes


d’agents économiques : les ménages, les entreprises et l’Etat36.

Dans le circuit économique :

-les ménages interviennent par la consommation (C) et l’épargne (S).

-les entreprises interviennent par l’investissement (I).

-L’Etat perçoit des impôts (T) et effectue des dépenses en biens et services (G) ; T et
G sont considérés comme exogènes car ils ne sont pas affectés par les variations du
revenu.

Lorsque G > T, la différence est financée par le recours à l’emprunt auprès du public
(Bons du Trésor, titres diverses) ou des banques et/ ou le recours à la création
monétaire.

Les équations du modèle sont les suivantes

Y =C+I
I = S
Y=C+S

Où Y est le produit ou le revenu national.

35
P. Abécassis et autres « le rôle de l’Etat dans la vie économique et sociale »Ed Ellipses Marketing 1997 P : 14.
36
Pour une présentation sur l’intégration de l’Etat dans le modèle simplifier, voir en particulier.
-E. Alphandéry, cour d’analyse macro-économie, Economica, 1976.
-P.A. Muet, « Théories et modèles de la macro-économie », Economica, 1984.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

En prend en considération les dépenses publiques (G) et les impôts (T), on aura :

Y =C+I +G
I+G= S+T
Y=C+S +T

Il apparait que les dépenses publiques constituent une injection dans le circuit
économique (à côté des dépenses de consommations et d’investissements, tandis que les
impôts représentent une fuite à côté de l’épargne.

De ce fait, dans une phase de dépression ( où I + G < S + T ) L’Etat doit, pour


réguler la conjoncture, augmenter les dépenses publiques (augmentation des injections)
et / ou diminuer les impôts ( réduction des fuites ) en vue d’encourager la dépense
privée.

Ainsi, la régulation de la conjoncture passe par la réalisation d’un déficit budgétaire.


Ce dernier peut avoir pour origine soit une augmentation des dépenses publiques non
accompagnée d’un accroissement des impôts sans qu’il ait compression des dépenses
publiques.

Voyons, maintenant, l’effet expansionniste du déficit budgétaire sur le revenu


national selon son origine.

- L’augmentation des dépenses non accompagnés d’un accroissement des


impôts

Les dépenses publiques exercent le même effet multiplicateur que l’investissement


autonome.

Supposons que la valeur de la propension à consommer des ménages dépend non


seulement du revenu distribué ( Y) mais du revenu ( Yd ) c’est-à-dire du revenu après
impôt.

On a donc

Yd = Y – T

La consommation des ménages est :

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Y = C0 + C Yd où C0 est la consommation incompressible.

Y = C0 + (Y-T) + I + G C, est la propension à consommer, 0<c<1

Le revenu d’équilibre est déterminé par :

Y=C+I+G

Y = C0 + (Y-T) + I + G

Y = 1/1- c (C0 – cT + I + G) (1)

Une augmentation des dépenses publiques (∆G) nous donne :

Y + ∆Y = 1/ 1-c (C0 + CT + G + ∆G) (2)

(2) – (1) nous donne :

∆Y = 1/ 1-c ∆G

1/1-c > 1 ∆Y > ∆G

1/ 1-c, est le multiplicateur budgétaire. Il exprime l’augmentation du revenu


national (∆ Y) résultant d’un accroissement des dépenses publiques (∆G) sans qu’il y ait
modification du volume des impôts. Ce multiplicateurs est d’autant plus élevé que la
propension à consommer (c) est élevée (ou que la propension à épargner (s) est faible).

Ainsi, une augmentation des dépenses publiques (∆G) ‘’ financées par l’emprunt, la
création de la monnaie ou simultanément par les deux procédés’’37 entraîne une
augmentation plus que proportionnelle du revenu national. Cette augmentation dépend
de la valeur du multiplicateur. Mais, pour avoir un tel résultat, il est nécessaire que les
impôts n’augmentent pas, car ils affectent le revenu disponible des agents privés.

Il en ressort que, lorsqu’elles sont causées par un déficit budgétaire, les dépenses
publiques exercent un effet multiplicateur important.

37
H . Sempé, « budget et trésor,Economie et politiquefinancière », op.,p : 359.
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- La détermination des impôts non suivie d’une compression des dépenses


publiques

La réduction des impôts exerce un effet expansionniste sur le revenu national. Elle
permet de stabiliser la conjoncture déflationniste car elle entraîne un supplément de
revenu.

Une diminution des impôts (∆T) nous donne :

Y + ∆Y = 1/1-c (c0-c(T+∆T) + G (3)

Y+∆Y = 1/1-c (c0 + I + G) + 1/1-c (-c(T + ∆T)) (4)

(4) – (3) nous donne :

∆Y = -c/1-c∆T est le multiplicateur fiscal.

Le multiplicateur fiscal exprime l’augmentation du revenu national résultant d’une


diminution des impôts sans qu’il y ait modification du volume des dépenses publiques.

Là aussi, il y a création ou augmentation du déficit budgétaire qui sera financé par le


recours à l’emprunt et/ou à la création monétaire.

Mais, ‘’ l’effet d’expansion obtenu et inférieur à celui provoqué par un déficit


spending’’38.

On peut conclure que la politique de diminution des impôts (sans réduction des
dépenses publiques) et la politique d’augmentation des dépenses publiques (sans
accroissement des impôts) débouchent sur un déficit budgétaire qui exerce un effet de
multiplication (expansion) sur le revenu national. Mais, l’effet du multiplicateur
(accroissement du revenu national) est plus grand lorsque le déficit budgétaire résulte
d’une augmentation des dépenses publiques plutôt que d’une réduction des impôts,
puisque la valeur du multiplicateur simple (1/1-c) est supérieure à celle du
multiplicateur fiscal (-c/1-c).

38
Ibid.,P.365.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Il s’ensuit que les dépenses publiques ont un effet direct sur le revenu national alors
que la diminution des impôts ne fait qu’augmenter le revenu disponible.

En effet, l’augmentation des achats publics (dépenses publiques) se traduit par une
augmentation des commandes aux entreprisses ; d’où, l’augmentation de la production
et des revenus alors que la diminution des impôts ne provoque qu’une augmentation du
revenu disponible dont une partie est épargnée.

Mais il reste que la lutte contre la dépression passe par la réalisation d’un déficit
budgétaire (augmentation des dépenses publiques et /ou réduction des impôts)
susceptible de provoquer un effet de multiplication sur le revenu national.

Faisons remarquer, enfin, que dans les économies modernes ouvertes sur
l’extérieur :

- Les importations constituent des fuites de l’épargne et des prélèvements opérés


par l’Etat ;
- Les exportations constituent des injections à côté de la consommation, des
investissements et des dépenses publiques.

b- Le théorème de Haavelmo et l’extension du modèle keynésien

L’économiste norvégien Haavelmo a formulé un théorème selon lequel


l’accroissement du budget équilibré entraîne une augmentation du revenu national d’un
montant égal à l’accroissement du budget. Autrement dit, si on accroit simultanément et
du même montant les dépenses publiques et les impôts (pour maintenir l’équilibre du
budget), il y a un accroissement du revenu, national égal au montant de l’augmentation
des dépenses publiques, et des impôts.

Soit :

∆Y =1/1-c ∆G, l’augmentation du revenu suite à un accroissement des dépenses


publiques ;

∆Y =-c/1-c ∆T, la diminution des revenus suite à l’augmentation des impôts.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Sachant qu’il a une progression identique des dépenses publiques et des impôts

(∆G = ∆T), l’effet global sur le revenu de l’augmentation des dépenses publiques et
des impôts est le suivant :

∆Y = ((1/1-c) ∆G) – ((-c/1-c) ∆T

∆Y = ((1/1-c) ∆G) – ((-c/1-c) ∆G puisque ∆G = ∆T

∆Y = ∆G (1-c/1-c) = ∆G

Donc ∆Y = ∆G

Ainsi,‘’une conjoncture de sous-utilisation des capacités de production, un


accroissement des dépenses publiques financé par un impôt proportionnel sur le
revenu, provoque un effet de revenu positif égal au montant des dépenses publiques.39
Le multiplicateur est égale 1 car l’accroissement du revenu national ne dépend
aucunement de la propension à consommer.

Cette conclusion est importante dans la mesure où elle remet en cause la conception
des adeptes de l’orthodoxie budgétaire selon laquelle un budget équilibré est
nécessairement neutre vis-à-vis de l’activité économique.

Un accroissement du budget, tout en conservant son équilibre, entraîne un effet de


multiplicateur du revenu national (égal 1) du montant de l’accroissement. Il est donc
apparu que l’équilibre financier ne signifie pas neutralité économique.

Par le moyen du budget, l’Etat peut agir sur l’activité économique. Et c’est grâce à
son budget que l’Etat va voir ses fonctions s’élargir.

39
H. Sempé, « Budget et trésor, économie et politique financière », op . cit.,P :377 .
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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c- le perfectionnement des multiplicateurs budgétaire et fiscaux

L’influence de la politique budgétaire et fiscale sur la détermination et la


stabilisation du revenu est mesurée par les multiplicateurs déterminés à partir du
modèle suivant :

Y=C+I+G c’est l’identité entre l’offre globale ( Y) et la demande finale ( C, I et G)

C = c0 + cYd 0<c<1 la fonction de consommation où intervient la consommation


incompressible (c0) et le revenu disponible (Yd)

Yd = Y- T le revenu disponible

T = T0 + tY , t est entre 0 est 1, c’est la sensibilité du système fiscal : les impôts directs
évoluent en fonction de l’assiette Y et de la propension marginale à taxer le revenu

I =I0

G = G0 l’investissement et les dépenses publiques sont exogènes

Le revenu d’équilibre est déterminé par :

1
𝑌= [ 𝑐0 − 𝑐𝑇 + 𝐺0]
1−𝑐(1−𝑡)

Le multiplicateur de dépenses budgétaire est :

∆Y 1
=
∆G 1−c(1−t)

Le multiplicateur fiscal est donnée par :

∆Y −c
=
∆T 1−c(1−t)

C- Le multiplicateur subit quelques modifications en économie ouverte

Dans une économie ouverte le multiplicateur va introduit les effets des exportations
(X) et des importations (M) en effet :

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Y = C +I + G + X – M

M = M0 + mY

Le multiplicateur de dépenses budgétaires est :

∆Y 1
=
∆𝐺 1−c(1−t)+m

Le multiplicateur des recettes fiscales est donné par :

∆Y −𝑐
=
∆𝑇 1−𝑐(1−𝑡)+𝑚

Donc, en économie ouverte, la multiplication est abaissée en raison de la fuite


représentée par les importations.

Les conditions qui rendent les multiplicateurs efficaces varient de l’économie fermée
à l’économie ouverte, ces conditions seront l’objet de la section suivante.

Paragraphe V- l’efficacité relative de la politique budgétaire

Dans sa ‘’théorie Générale’’40, Keynes souligne qu’une économie peut bien se trouver
dans une situation d’équilibre de sous-emploi. Pour y remédier, il propose d’agir sur les
éléments de la demande effective (la consommation des ménages et l’investissement
des entreprises).

Mais, tout en montrant qu’il est difficile d’influencer la consommation des ménages
(qui est relativement stable), et l’investissement des entreprises (qui dépend de deux
facteurs qui sont l’efficacité marginale du capital et le taux d’intérêt), Keynes précise que
le seul moyen d’augmenter la demande effective est d’agir par le biais de la politique en
augmentant les dépenses publiques (c’est-à-dire la demande de l’Etat).

Les dépenses publiques peuvent prendre la forme d’investissement réalisés par


l’Etat, d’encouragement à l’initiative privée ou de redistributions de revenus ; l’objectif

40
O. J. Blanchard « Current and Anticipated Deficit, Interst Rates and Economic Activity » European Economic
Review, juin pp. 7-27.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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visé, à travers l’accroissement des dépenses publiques, est de réaliser une croissance
économique la plus équilibrée possible avec les moins de chômage, d’inflation et de
déficit extérieur.

L’accroissement des dépenses publiques provoque un déficit susceptible de tendre


vers le niveau de plein emploi : l’augmentation des dépenses publiques se traduit par
une augmentation plus que proportionnelle du revenu des ménages (par le jeu du
multiplicateur) ; ces élèveront leur consommation ce qui stimule l’activité économique
et redonner confiance aux entrepreneurs qui investiront plus et qui créeront des
emplois supplémentaires41.

Par ailleurs durant les dernières décennies, le degré d’ouverture des économies n’a
cessé d’augmenter aussi bien concernant les transactions courantes (échanges des biens
et services) que pour les transactions financières.

Cette ouverture a des effets apparents sur la conduite de la politique économique en


général et sur celle des politiques monétaire et budgétaire en particulier.

L’extension du modèle IS-LM à une économie ouverte sur l’extérieure est rattachée
aux deux économistes Mundell et Flemming. Ils ont un modèle macroéconomique simple
qui tient compte de l’extérieur en supposant que les prix sont fixes. L’atout majeur de ce
modèle est qu’il permet de mettre en exergue l’incidence de l’extérieur sur une
économie nationale et les principaux instruments de la politique économique42.

Dans ce paragraphe on va expliquer l’efficacité de la politique budgétaire dans une


économie fermée et ouverte ainsi que les limites de cette efficacité.

41
Abderrazak EL HIRI, « Politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité
relative au Maroc ». p : 88.
42
Abderrazak EL HIRI, « Politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité
relative au Maroc ».p :140
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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A- L’efficacité relative de la politique budgétaire en économie


fermée

Dans une économie fermée l’efficacité de la politique budgétaire est à plusieurs


conditions. De plus la politique budgétaire est plus efficace lorsqu’elle permet
d’augmenter le revenu tout en maintenant stables ou en réduisant les autres grandeurs
macroéconomique comme (le taux d’intérêt et l’inflation). On peut résumer ainsi
l’enchaînement des effets d’une politique budgétaire expansionniste, en indiquant en
dessous si l’effet doit être fort ou faible.

Pour que la politique soit efficace :

Effet
multiplicateur sur Hausse Hausse Baisse
Politique Y de L1 de i de I

Fort Faible Faible Faible

La logique de cette enchaînement est simple : il s’agit d’obtenir l’effet stimulant


maximum sur Y en limitant au maximum la hausse du taux d’intérêt et son effet négatif
sur l’investissement. L’enchaînement des effets est le même dans le cas d’une politique
restrictive ; il suffit d’inverser les sens de variations des différentes variables.

Les conditions d’efficacité de la politique budgétaire sont donc les suivantes :

-un multiplicateur élevé (et donc une forte propension à consommer et une faible
propension à importer) ;

-une demande de monnaie peu élastique au revenu (pour que l’élévation de Y


n’entraîne pas une forte augmentation de la demande de monnaie) ;

-une demande de monnaie fortement élastique au taux d’intérêt (dans ce cas en


effet, une faible hausse de i suffit à réduire les encaisses spéculatives pour satisfaire la
demande supplémentaire de monnaie de transaction) ;

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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-une faible élasticité de l’investissement au taux d’intérêt (pour que I soit peut
déprimer par l’élévation du taux d’intérêt) ;

-des capacités de production inutilisées et une offre de biens et services élastique à


court terme (sinon, l’effet multiplicateur s’exerce sur les prix et non sur la production) ;

Les conditions d’efficacité sont les mêmes, que la politique soit expansionniste ou
restrictive43.

B- L’efficacité relative de la politique budgétaire en économie


ouverte (modèle de Mundell-Flemming)

Durant les dernières décennies, le degré d’ouverture des économies n’a cessé
d’augmenter, aussi bien concernant les échanges commerciaux que les mouvements des
capitaux. Cette ouverture a des effets visibles sur la conduite de la politique économique
en général et sur celle de la politique budgétaire en particulier.

L’élargissement du modèle IS-LM à une économie ouverte sur l’extérieur est liée aux
deux économistes Mundell et Flemming. Il s’agit d’un modèle qui décrit le cas d’une
économie ouverte à un seul bien, avec des prix et des salaires qui restent rigides à court
terme ; quant aux mouvements des capitaux entre pays, ils répondent aux écarts de taux
d’intérêts.

Dans ce modèle, la représentation IS-LM va différer selon les spécificités des


systèmes des changes fixes ou flexibles.

Nous allons revenir dans le détail sur les enseignements du célèbre modèle de
Mundell-Flemming concernant l’efficacité de la politique budgétaire, selon le régime de
change et selon le degré de mobilité des capitaux et tous cela dans le cas d’une économie
ouverte44.

43 ème
Jacques Généreux, « Economie politique 3. Macroéconomie » 3 édition, p :80-81
44
AMIROU Rachid, « Politique budgétaire, dynamique de la croissance économique et soutenabilité de la dette
publique au Maroc », P : 48-49. Mémoire de master, 2014.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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a- L’efficacité de la politique budgétaire en régime des changes fixes

Les échanges fixes est un système de change dans lequel les pays qui ont passé un
accord pour maintenir des parités stables entre leurs monnaies ont l’obligation
d’intervenir sur le marché des changes pour défendre la parité de leur monnaie45.

Maintenant, nous allons analyser l’efficacité d’une politique budgétaire


expansionniste (implique un budget déficitaire) dans ce régime des changes et dans
trois cas de mobilité des capitaux.

- Pour le cas d’une mobilité des capitaux quasi-nulle

On constate que le stimulant budgétaire provoque un accroissement de la demande


globale par l’effet multiplicateur qui se propagera entre une demande intérieure et
extérieure.

Il y a d’un côté, augmentation du taux d’intérêt et donc une dose d’éviction, de l’autre
l’accroissement des importations, soit un déficit commercial et corrélativement, une
faible hausse du revenu national. Le déficit commercial a pour conséquence une
diminution des réserves de changes c’est-à-dire un rétrécissement de l’offre de monnaie
une hausse du taux d’intérêt et un nouvel effet d’éviction dû à l’extérieur. Finalement, le
multiplicateur des dépenses publiques sera assez faible en raison de l’absence de
mobilité des capitaux46.

- Dans le cas d’une forte mobilité des capitaux

A cet égard, l’augmentation des dépenses publiques fait augmenter le niveau du


revenu ainsi que le taux d’intérêt. En effet, elle provoque une hausse des importations
comme dans le cas précédent, mais également une entrée des capitaux (à cause de
l’augmentation du taux d’intérêt). Donc cette entrée des capitaux contrebalanceront
l’effet négatif du déficit commercial sur le revenu, ce qui empêche une nouvelle hausse

45
J-Y. Capul et O. Garnier, « Dictionnaire d’économie et de sciences sociales ». P : 39.
46
A. EL HIRI, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
op ,cit, P :151.
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des taux d’intérêt et un nouvel effet d’éviction dû à l’extérieur. Par conséquent, l’effet
multiplicateur des dépenses publiques est amélioré par rapport au premier cas.

- Pour le cas d’une parfaite mobilité des capitaux

Dans ce cas, l’effet multiplicateur joue pleinement. L’expansion budgétaire conduit à


une pression à la hausse sur les taux d’intérêt du pays concerné ; il en suit de fortes
entrées de capitaux47, qui conduisent à l’amélioration de la balance des paiements, un
gonflement des réserves officielles de change ( la stabilité de la parité est assurée par les
interventions des autorités) et une création monétaire permettant de répondre aux
besoins d’encaisses supplémentaires induite par la hausse du revenu, ce qui élimine
l’effet d’éviction lié à la hausse du taux d’intérêt, effet d’éviction qui en principe réduit
l’efficacité de la politique budgétaire.

Pour conclure ce point, on peut dire qu’en régime des changes fixes la politique
budgétaire expansionniste est d’autant plus efficace que la mobilité des capitaux est
grande.

b- L’efficacité de la politique budgétaire en régime des changes flexibles

Les changes flexibles ou flottants est un système de change dans lequel le taux de
change d’une monnaie varie librement sur le marché des changes au gré des offres et des
demandes pour cette monnaie. La banque centrale n’est donc pas obligée d’intervenir
pour vendre ou pour acheter sa propre monnaie ou des devises. Plus une devise est
demandée plus son taux de change par rapport aux autres augmentes48.

Comme le cas précédent nous allons analyser l’efficacité d’une politique budgétaire
expansionniste dans les trois cas de mobilité des capitaux. Mais cette fois en régime des
changes flottants.

- Dans le cas d’une mobilité des capitaux quasi-nulle

47
P. ARTUS , « Déficits Publics-Théorie et pratiques », P :35
48
J-Y . Capul et O . Garnier, « Dictionnaire d’économie et de sciences sociales », OP. cit. P : 40.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Lorsqu’il y a quasi-nullité de mobilité internationale des capitaux et une forte


sensibilité du solde commercial au niveau de l’activité économique, la politique de
relance par l’augmentation des dépenses entraîne un déficit commercial. ce dernier
provoque une dépréciation du taux de change, ce qui stimule la situation du commerce
extérieur en volume et s’ajoute à l’effet d’entraînement initial induit par la politique de
relance budgétaire.

- Dans le cas d’une forte mobilité des capitaux

Dans ce cas, la relance par les dépenses publiques induit une hausse du taux
d’intérêt au–delà du taux étranger, ce qui implique une forte entrée des capitaux et donc
une appréciation du taux de change. Il en découle que la compétitivité du pays
domestique est affecté par le même effet multiplicateur. Finalement l’effet
expansionniste est plus faible49.

- Dans le cas d’une mobilité parfaite des capitaux

Dans ce cadre, l’augmentation des dépenses publiques conduit à une pression à la


hausse des taux d’intérêt du pays concerné ; ce qui engendre des fortes entrées des
capitaux, qui conduisent à une appréciation du taux de change du pays (puisqu’il n y a
pas une intervention de la banque centrale). Ceci est défavorable puisque la
compétitivité de l’économie nationale se dégrade, ce qui provoque une détérioration de
la balance commerciale et produit un effet dépressif sur le revenu. En définitive,
l’augmentation des dépenses publiques produisent l’éviction des exportations et la
substitution de la production nationale par les importations. Donc avec parfaite mobilité
des capitaux, la politique budgétaire est inefficace en changes flexibles.

Pour résumer ce point on peut dire qu’en régime de change flexible, la politique
budgétaire est d’autant moins efficace que la mobilité des capitaux est importante.

49
A. EL HIRI, politique monétaire ou politique budgétaire : étude empirique de leur efficacité relative au Maroc,
op ,cit, P :157.

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En bref, dans le modèle de Mundell-Flemming ; la relance par le budget produit un


effet d’entraînement plutôt qu’un effet d’éviction lorsqu’il y a forte ou parfaite mobilité
internationale des capitaux en régime de change fixes, ou une faible ou quasi-nullité en
régime des changes flottants50.

C- les limites de la politique budgétaire

Comme toute politique, la politique budgétaire a aussi ses propres limites qui
diminuent leur efficacité.

a- Contrainte budgétaire de l’Etat

Lorsque l’endettement public atteint une proportion importante du PIB, la marge de


manoeouvre budgétaire dont dispose les pouvoirs publics devient très étroite sinon
nulle. Par ailleurs un déficit prolongé et conjugué à une hausse des taux d’intérêt rend la
situation de plus en plus difficilement maîtrisable, l’endettement ayant alors tendance à
s’inscrire dans une dynamique explosive (effet boule de neige).

Le solde de l’Etat peut être décomposé en un solde primaire noté G-T, calculé hors
charges d’intérêt sur la dette D, et des charges d’intérêt iD :

D(t) – D(t-1) = iD(t-1) + G(t) – T(t)

Supposons qu’au début de la période courante (t = 0), le budget soit équilibré mais
qu’un déficit se creuse en cours d’année. Pour la période t = 1 on aura alors :

D(1) = D(0) (1 + i) + G(1) – T(1)

Si l’on veut alors rembourser la dette (D(1) = 0), on devra dégager un excédent
primaire d’un montant :

T(1) – G(1) = D(0) (1+ i)

50
AMIROU Rachid, « Politique budgétaire, dynamique de la croissance économique et soutenabilité de la dette
publique au Maroc », op.cit. P : 48-49. Mémoire de master, 2014.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 50


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Si l’on veut alors rembourser la dette D(1) = 0), on devra dégager un excédent
primaire d’un montant :

T(1) – G(1) = D(0) (1+ i)

Si l’en veut rembourser au bout de N années, le montant à dégager est de :

T(N) – G(N) = D(0) (1 + i)

La raison est simple : même en l’absence de volontaire, la dette augmente


progressivement avec les intérêts. Lorsqu’on hérite d’un endettement passé, la
stabilisation de la dette suppose que l’on dégage un excédent primaire égal au paiement
des intérêts sur la dette existante.

b- Evolution du ratio de la dette (D /Y) et effet boule de neige

La contrainte budgétaire de l’Etat peut s’écrire en divisant par Y(t) :

D(t) D(t − 1) Y(t − 1) G(t) − T (t)


= (1 + r) x +
𝑌(𝑡) Y(t − 1) Yt Y(t)

Où r est le taux d’intérêt réel.

En désignant par g le taux de croissance, on a Y(t – 1)/Y(t) =1/ (1 + g).

en posant D/Y = b et (G – T)/Y=d, d’où l’on tire,

1+r
b(t) = (1+g) 𝑏(t − 1) + d(t)

D’où l’on tire, par approximation :

b(t) – b(t -1) = (r – g) b(t – 1) + d(t)

L’évolution du ratio d’endettement dépend du niveau de départ de la dette (b(t – 1)),


de l’écart entre taux d’intérêt réel et taux de croissance de l’économie (r – g) et le solde
primaire. La stabilisation du ratio de la dette suppose la réalisation d’un excédent
primaire. Si le solde budgétaire est inférieur et a fortiori s’il est négatif, la dynamique de
la dette devient explosive avec un solde primaire nul, on dit alors que l’on est en

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

présence d’un effet de boule de neige, avec une croissance autoentretenue du poids de la
dette publique par rapport au PIB.

c- Effet d’éviction

L’effet d’éviction est un mécanisme engendré par une hausse de la dépense publique
qui entraîne une baisse ou une modération de la demande privée (investissement,
consommation)51.

Par ailleurs, on appelle effet d’éviction la diminution de la demande privée qui est
entraînée par la hausse de la demande publique ou des déficits publics. Cette éviction
peut être vue comme résultant de la hausse du taux d’intérêt d’équilibre, liée à la hausse
des déficits, qui freine la consommation et l’investissement privée, ou plus directement
comme un effet de ce que les besoins de financement publics accaparent l’épargne
privée au détriment des besoins de financement privés( du capital productive par
exemple).52

Si l’Etat finance ses dépenses supplémentaires par des impôts supplémentaires, cela
a pour effet de réduire le revenu disponible du secteur privé et par conséquent la
dépense privée. Si, en revanche, l’Etat finance ses dépenses supplémentaires par des
emprunts effectués auprès du secteur privé, ces emprunts supplémentaires provoquent,
pour un offre de fonds prêtables inchangé, une hausse de taux d’intérêt. Les taux
d’intérêt augmentent car la demande de capitaux s’accroît, les pouvoirs publics devant
aussi proposer une meilleure rémunération pour attirer de nouveaux épargnants, la
conséquence de ce phénomène est que les dépenses des agents économiques sensibles
aux taux d’intérêt (investissement) sont freinées, ce qui provoque un ralentissement de
l’activité économique. Dans les deux cas, la dépense publique évince la dépense privée et
la demande globale n’augmente pas53.

51
Michel .Pébereau, « La politique économique conjoncturelle »Dunod, Paris 1999, P : 83-85
52
P.ARTUS, « Déficits publics-théorie et pratique », ECONOMICA, Paris, P.24.
53
AMIROU Rachid, « Politique budgétaire, dynamique de la croissance économique et soutenabilité de la dette
publique au Maroc ». op. cit. P : 47. Mémoire de master. 2014.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

d- L’équivalence ricardienne ou effet Barro-Ricardo

Pour financer ses dépenses (déficits) l’Etat augmente les impôts, il ponctionne de
façon évidente les agents privés qui ayant moins à leur disposition dépenseront moins.
Si l’Etat se met en déficit et emprunte, les agents privés vont acheter ces emprunts, ce
qui diminuera là encore leurs dépenses, (Ricardo est le premier à proposer l’idée selon
laquelle l’agent privé apporte des moyens à l’Etat par l’impôt ou par l’emprunt, ce qu’il
fournit à l’Etat ne sera pas dépensé par lui. D’où le nom d’équivalence ricardienne). Ce
principe d’équivalence ricardienne a été repris par Lucas en 1974 par R. Barro et
complété par l’hypothèse d’un comportement rationnel des agents économiques. En
effet, les agents économiques ne déterminent pas leur niveau de dépense en fonction de
leur revenu courant mais de leur revenu permanent, qui est le revenu anticipé de longue
période. A ce propos, si l’Etat augmente son déficit, les agents économiques anticipant
une hausse future des impôts qui se produira nécessairement pour rembourser la dette
publique. Par conséquent, ils restreignent leurs dépenses et augmentent leur taux
d’épargne pour faire face à cette hausse future des impôts. Selon ce principe
d’équivalence, il n y a pas de différence entre le recours à l’emprunt et le recours à
l’impôt, puisque les dettes d’aujourd’hui annoncent les impôts de demain.

Pour terminer cette objection, on peut dire que l’argument de l’équivalence Barro-
Ricardo permet de rejeter l’hypothèse de l’efficacité d’une politique expansionniste en
considérant que les agents du secteur privé fondent leur comportement de dépense sur
les calculs inter temporels. Toutefois, la plupart des tests empiriques qui ont été
effectués dans différents pays conduisent à rejeter l’hypothèse d’équivalence
ricardienne complète54.

e- La rigidité de l’offre

L’objection basée sur la rigidité de l’offre signifie qu’un déficit public permet certes
une augmentation de la demande globale mais que cette augmentation de la demande
globale ne se traduit ni par une augmentation de la production ni par la hausse de

54 ème
Cf. sur ce point : A. Bénassy Quéré et al. « Politique économique » de Boek, 2 édition, 2009.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

l’emploi. La raison à cela résiderait dans l’incapacité de l’appareil productif à répondre à


une augmentation de la demande globale. Et dans ce cas, la hausse de la demande
globale provoque non pas une hausse de la production mais de l’inflation.55 En effet,
l’État, augmente la demande, il espère que les entreprises vont augmenter leurs
effectifs, puisque la logique Keynésienne affirme que les prix sont rigides. Mais, en
pratique, bien souvent, les entreprises préfèrent augmenter leurs prix (font provoquer
l’inflation) plutôt que de procéder à des embauches.

f- La contrainte extérieure

Cette limite de la politique budgétaire est liée à l’ouverture des économies aux
échanges internationaux. Une politique de relance économique fondée sur un déficit
budgétaire risque de favoriser les entreprises étrangères, les nouveaux revenus
distribués enclenchant le mécanisme du multiplicateur au profit aux seuls agents
économiques étrangers, ainsi compte tenu de l’ouverture croissante des économies,
l’effet multiplicateur Keynésien s’est réduit au cours des derniers décennies et profite
désormais davantage aux producteurs étrangers. Donc, en augmentant le déficit
budgétaire et la demande, on augmente les importations. Le pays doit réduire assez vite
les dépenses publiques pour revenir à l’équilibre commercial. Le multiplicateur joue
donc en sens inverse et après la relance, vient la contraction de la production et donc la
récession.

55
B .SCHWENGLER « Déficits publics »,op.cit.,p.49.
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 54
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Conclusion

L’intervention de l’Etat dans l’économie reste jusqu'au maintenant une question


controversée par les différents courants. En effet, pour les classiques ou les
néoclassiques l’intervention de l’Etat peut provoquer des effets néfastes sur l’économie,
c’est le marché qui régularise le déséquilibre, on parle de l’Etat gendarme où le budget
doit être toujours équilibré. Cependant pour Keynes et ses adeptes, le marché ne peut
pas toujours s’autoréguler, l’Etat doit intervenir afin d’instaurer l’équilibre et de
stimuler l’économie par une politique budgétaire expansionniste jouant sur
l’augmentation des dépenses publiques et donc avec un budget déficitaire.

Par ailleurs, l’efficacité de la politique budgétaire varie d’une économie fermée à une
économie ouverte, en effet, dans l’économie fermée la politique budgétaire de relance ne
peut être efficace que lorsqu’elle est accompagnée d’une politique monétaire
expansionniste ou accommodante pour éviter l’effet d’éviction du secteur privé par le
secteur public ; quant à l’économie ouverte l’efficacité de la politique budgétaire devient
tributaire du type du régime de change et du degré de mobilité des capitaux autrement
dit la politique budgétaire est efficace dans un régime de change fixe avec une mobilité
parfaite des capitaux, à contrario dans un régime de change flexible avec une mobilité
parfaite des capitaux la politique budgétaire perde son efficacité, en outre la politique
budgétaire est relativement efficace dans un régime de change flexible avec une mobilité
des capitaux relativement faible.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Chapitre II : Les liens théoriques entre le déficit


budgétaire et la croissance économique

Introduction

La croissance économique est l’un des phénomènes les plus passionnants de la


science économique, car elle permet d’expliquer non seulement le processus
d’enrichissement des nations mais aussi d’expliquer les disparités de niveau de vie
entre pays riches et pauvres. Etant donné que tous les hommes aspirent au mieux-
être et que les performances économiques débouchent sur des revenus accrus et des
plus grandes possibilités de consommation, la réalisation de la croissance
économique constitue un objectif majeur de la politique économique et des
politiques de développement des pays.

Il convient d’ores et déjà de noter que les théories de la croissance ont connu trois
grandes phases de développement. Les postkeynésiens Harrod et Domar sont les
fondateurs de la macro dynamique en ce qu’ils sont les premiers à avoir proposé un
modèle qui cherche les possibilités d'une croissance équilibrée. Leurs travaux ont
consisté à un prolongement – dans le long terme – de l'analyse de Keynes sur l'instabilité
des économies de marché.

Domar a montré que l'investissement était nécessaire pour qu’une économie croisse
et qu’il exerçait une double influence sur l'économie. Par son aspect demande ou par le
mécanisme du multiplicateur, il modifie le revenu national et la demande globale. Au
même moment, il accroît par son aspect offre la capacité de production de l’économie.
Dans ces conditions, la croissance sera qualifiée d’équilibrée, lorsque la croissance de
l'offre est égale à la croissance de la demande. En introduisant les anticipations dans la
détermination de l'investissement, il est arrivé à la conclusion que la relation
déterminant le taux de croissance est instable.

Harrod a montré que la croissance économique de plein-emploi est par nature


instable, c’est-à-dire qu'elle ne peut être que le fruit du hasard ou d'interventions

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 56


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

stabilisatrices de l’Etat grâce aux instruments monétaires et budgétaires. Ceci parce que
l'égalité nécessaire entre le taux de croissance effectif g, le taux de croissance garanti gw
(nécessaire pour que l'égalité entre l'épargne et l'investissent soit vérifiée) et le taux
naturel ne peut se faire que sur le fil du rasoir.

Les analystes, particulièrement Solow et Swan ont remis en cause le principe de


l’instabilité de la croissance de plein-emploi de Roy Forbes Harrod et se sont proposés
de mettre en évidence les déterminants de la croissance et de caractériser son
comportement dans le temps. Ils ont montré que dans le long terme, seul le progrès
technique est le seul déterminant de la croissance des revenus individuels.

De tous les modèles suggérés dans les années 1950-1960 pour rendre compte du
processus de croissance, c’est celui de Solow [1956] qui a reçu les plus grandes lettres
de noblesse. Il constitue le point de départ de presque toutes les analyses car la plupart
des modèles se comprennent bien par lui, même ceux qui semblent s’en écarter
considérablement.

Le principal reproche adressé au modèle de Solow est celui de traiter le progrès


technique comme une grandeur exogène. C’est ainsi que les nouvelles théories de la
croissance qui se proposent de remettre en cause l'idée d'un progrès technique exogène
ont vu le jour dans les années 1980. A dire le vrai, les tentatives d’endogéneisation du
progrès technique ne remontent pas aux années 1980, car Kaldor [1957] et Arrow
[1962] s'étaient déjà intéressés à cette avancée théorique.

Un des aspects essentiels des théories de la croissance endogène est l'hypothèse de


rendement constant du capital. La première démarche théorique fut d'abandonner
définitivement l'hypothèse des rendements décroissants du capital retenue par Solow.
Le capital est alors perçu comme "l'ensemble exhaustif des facteurs de production
susceptibles d'être accumulés", aussi bien le capital humain que le stock de
connaissances. De plus, le renouveau des théories de la croissance repose sur une
nouvelle façon de considérer l'origine et le rôle du progrès technique, qui n'est plus
exogène, mais bien au contraire une variable qui renvoie à des comportements et des
grandeurs macroéconomiques.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Les premiers travaux sur la croissance endogène sont ceux de Paul Romer et de
Robert Lucas. L'ambition de leurs recherches était de rendre compte du caractère auto-
entretenu de la croissance et du progrès technologique qui, dans les théories
traditionnelles, était considéré comme une grandeur exogène ou une manne qui tombait
du ciel.

A la suite de Romer [1986], certains analystes ont cherché le moteur de la croissance


dans le phénomène d'apprentissage par la pratique (learning by doing). Une deuxième
voie de recherche a été ouverte par Lucas [1988], et a privilégié le processus
d'accumulation de capital humain au sein du système éducatif des pays. Romer [1990] et
Aghion-Howitt [1992] ont – par la suite – fait du progrès technique un stock
d'innovations, produit d'une activité volontaire de recherche et développement (R&D).
Barro [1990] a ouvert la voie à une autre piste de recherche : il a fait des dépenses
publiques un déterminant de la productivité de l’économie.

La question des facteurs explicatifs de la croissance économique a toujours occupé


une place centrale dans le débat. Les modèles de croissance endogène ont assez
largement contribué à impulser le phénomène. Les travaux, tant théoriques
qu'empiriques, se sont ainsi multipliés, occasionnant dans le même temps, une
expansion sans précédent des variables mises en relation avec le taux de croissance de
long terme. Capital humain, dépenses publiques, et R&D comptent parmi les explications
les plus fréquemment rencontrées56.

56
Alexandre NSHUE Mbo Mokime « Théories de la croissance et des fluctuations économiques » Revue,
Université Protestante au Congo, 2011.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section1 : croissance économique définitions, sources,


déterminants et mesure

La croissance est l’objectif final de toutes les économies, quelque que soit leur
nature. La priorité donnée à cet objectif répond au double souci de faire face à la monté
des besoins individuels et collectifs (élévation du niveau de vie) et d’affronter dans les
meilleurs conditions possible la concurrence internationale. La croissance ne peut
s’analyser qu’en longue période. C’est le mouvement profond d’une économie toutes
entière après l’élimination des mouvements saisonniers ou cycliques.

L’indicateur le plus couramment utilisé pour mesurer la croissance et le « produit


intérieur brut » ou « le produit national brut ». en vue d’éliminer l’effet des variations de
prix, ce produit est exprimé en terme réels, c’est-à-dire en prix constants. Le choix du
taux de croissance est une des options de toute planification. C’est par cette option, et
par les conséquences qu’elle a sur les grands équilibres économiques budgétaires et
monétaires, que s’expriment les choix politiques essentiels qui sont à la base de toute
planification57.

Paragraphe I- Définitions de la croissance économique

La croissance économique est l’accroissement de la production durable de la


production globale d’une économie, c’est donc un phénomène quantitative que l’on peut
mesurer, c’est un phénomène de long période, en effet une augmentation brutale et sans
lendemain de la production nationale ne correspond pas à la croissance économique58.

Par ailleurs Les économistes utilisent le terme de croissance conventionnellement


pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de
François Perroux, la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue
pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une

57
Yves Bernard et Jean-Claude Colli, « Vocabulaire économique et financier ». France, troisième édition,
p :140-141.
58
Jean-Yves Cpul. Olivier Ganier, « Dictionnaire d’économie et de sciences sociales ». HATIER, Paris,2013. Op.
cit. P :126.
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 59
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

nation, le produit global net en termes réels. ». La définition de Simon Kuznets va au-delà
et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du PIB est supérieure à la croissance
de la population.

Ceci revient à dire que la croissance économique n’est pas un fait du hasard mais
plutôt une œuvre soutenue et qu’elle se traduit par un accroissement continu du produit
réel de toute l’économie. Il importe de noter que si d’une année à une autre, le produit de
l’économie s’accroît à un taux inférieur à l’accroissement de la population, la croissance
ainsi réalisée n’entraînera pas un accroissement du revenu par tête d’habitant. Il serait
donc préférable de la définir comme un processus d’élévation continu et soutenu du PIB
par habitant du pays.

Paragraphe II- Les sources de la croissance économique

Par sources de croissance économique, il faut entendre tous les facteurs qui
contribuent à l’accroissement de la production de l’économie dans le temps.
L’importance de ces facteurs diffère en fonction de leurs effets sur la production,
lesquels effets peuvent être des effets de court terme et des effets de long terme.

Plusieurs facteurs sont traditionnellement invoqués pour expliquer le processus de


croissance économique. Leur recours et la justification liée à leur utilisation ont suivi le
développement de la pensée économique. Les premiers économistes s'intéressaient
principalement à l'accumulation de capital physique pour expliquer les variations de
production. Ainsi, l’investissement est considéré comme la première source de la
croissance. Il entraîne un déplacement vers l’extérieur de la frontière des possibilités de
production de l’économie en ce qu’il accroît la capacité productive du pays. Il convient
de noter que l’accumulation du capital doit se faire à un rythme supérieur au taux de
croissance de la population pour que l’intensité capitalistique croisse et que le produit
par tête augmente.

Généralement les sources de la croissance économique sont :

 Une augmentation de la production par travailleur peut venir d’une


augmentation du capital par travailleur.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 60


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

 La croissance peut aussi venir d’une amélioration de la technologie de


production.
 Ainsi on peut considérer que la croissance résultant de l’accumulation
du capital, l’accumulation du capital en elle-même ne peut pas permettre une
croissance durable. En raison des rendements décroissants du capital, pour
obtenir une croissance soutenue, il faudra de plus en plus de capital par
travailleur. Il arrivera un moment où la société ne voudra plus investir
suffisamment pour accroître son niveau de capital. A ce moment, la production
par travailleur va cesser d’augmenter.
 Une croissance durable nécessite du progrès technique. Dans la mesure
où les seuls facteurs qui peuvent augmenter la production par travailleur sont
l’accumulation du capital et les progrès technique, et puisque l’accumulation du
capital ne peut pas permettre d’augmenter durablement la production, c’est le
progrès technique qui est l’élément clé d’une croissance durable. Cette
proposition à une conséquence importante : dans le long terme, une économie
qui a un taux de croissance du progrès technique plus élevé pourra dépasser
toutes les autres économies59.

Paragraphe III- Les déterminants de la croissance60

Les déterminants de la croissance exposés ci-dessous, constituent une synthèse des


analyses et des recherches empiriques des déterminants de la croissance économique
qui ont été mis en exergue.

A- Capital physique

L’investissement ou l’accumulation du capital physique est l’un des principaux


facteurs déterminants le niveau de production réel par habitant.
L’investissement privé par une firme bénéficie aux autres firmes par effet d’imitation
et d’apprentissage (effet d’externalités). Ainsi, l’effet de l’investissement est double sur

59
Olivier. Blanchard, Daniel Cohen. « Macroéconomie »Paris, 2001. P : 50-51
60
Haut-Commissariat au Plan, « Les sources de la croissance économique au Maroc ». Septembre 2005

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

l’économie : accroît directement la productivité de la firme et indirectement celle de


toutes les autres firmes. De son côté, l’investissement public constitué par l’ensemble
des infrastructures publiques (transports, télécommunication, éducation, sécurité, etc.)
engendre aussi des externalités sur le développement du secteur privé.
Les différences notables qui existent entre le taux d’investissement dans différents
pays et au fil du temps en font l’une des sources possibles des écarts de croissance
économique.

B- Le capital Humain

Le capital humain est un ingrédient important de la croissance à long terme, il est un


facteur essentiel de production, par l’emploi d’une main-d’œuvre bien formée et en
bonne santé. En effet, une population en bonne santé est une population qui peut
déployer des efforts et travailler pour le développement économique, et deuxièmement,
l’amélioration des variables liées à l’éducation et à la connaissance permet d’augmenter
la capacité de création, d’absorption des nouvelles technologies et leur utilisation. Ceci
est synonyme d’une augmentation de la productivité.
L'éducation et la formation du capital humain en général peut contrecarrer les
rendements d’échelle décroissants des autres facteurs accumulables de production - tel
que le capital physique – et pérenniser la croissance à long terme. En dehors de son rôle
direct comme un facteur de production, le capital humain peut servir d'un complément
aux autres facteurs et ressources tels que le capital physique et les ressources naturelles.

C- Politiques de stabilisation

Les politiques de stabilisation constituent un déterminant de la croissance


économique parce qu’elles n’affectent pas seulement les variations cycliques, mais
également la croissance économique à long terme. En effet, l’action sur les variables liées
à la stabilisation et aux crises économiques a un impact sur la performance économique
à la fois à court et à long terme. Les politiques budgétaires, monétaire et financière qui

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

contribuent à un environnement macroéconomique stable et réduisent l’incertitude sont


ainsi importantes pour la croissance de long terme, en encourageant l'investissement.
Une forte inflation, des déficits budgétaires importants, une surévaluation du taux de
change réel et un taux d’endettement excessif sont souvent considérés comme des
symptômes clefs de l’instabilité macroéconomique.
Cette instabilité reflète, souvent des faiblesses dans la gestion macroéconomique. En
augmentant l’incertitude générale et en déformant l’information sur les fondamentaux
économiques sous-jacents, l’instabilité macroéconomique affecte les décisions
d’investissement et d’épargne, conduisant ainsi à une allocation inefficiente des
ressources. L’instabilité macroéconomique a aussi un effet adverse sur la confiance, qui
peut décourager l’investissement intérieur et conduire à une fuite des capitaux, aux
effets potentiellement adverses sur la croissance à long terme.

D- Inflation

Parmi les arguments habituels en faveur d’une modération et d’une stabilité des
prix, on retiendra la moindre incertitude au sein de l’économie et l’amélioration de
l’efficience du mécanisme des prix. En effet, la stabilité des prix préserve, voire renforce,
le pouvoir d’achat des citoyens. La stabilité des prix est en outre, un facteur déterminant
de la compétitivité des entreprises et un élément nécessaire pour inspirer confiance aux
opérateurs économiques, qu’ils soient épargnants ou investisseurs, nationaux ou
étrangers. Tels sont les fondements qui font de la maîtrise de l’inflation l’objectif
fondamental de toute politique monétaire ou la condition nécessaire pour stimuler
l’investissement.
Les études empiriques indiquent invariablement que l’inflation a une corrélation
négative avec la croissance économique, et que le coût de l’inflation en croissance
perdue est significatif. Un certain nombre d’estimations indiquent une réduction de la

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 63


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

croissance économique allant de 0,02 à 0,08 point de pourcentage pour une


augmentation de 1 point de pourcentage de l’inflation61.

E- La politique budgétaire

La politique budgétaire affecte la production et la croissance à moyen terme.


Plus précisément, une réduction des emprunts publics servant à financer les
dépenses par un déficit systématique pousse généralement les taux d’intérêt à la baisse,
ce qui encourage l’investissement. Une baisse des taux d’intérêt accroît aussi la valeur
des actifs, et cet effet de patrimoine encourage la consommation et l’investissement
privés. Par ailleurs, une baisse des déficits pousse le secteur privé à réduire les
estimations de ses obligations fiscales actuelles et futures, ce qui stimule encore
l’investissement et la consommation.

a- Taux de change

Le taux de change est un déterminant important de l’allocation des ressources entre


les secteurs d’exportation et les secteurs domestiques. Une mauvaise allocation mène à
de grands déséquilibres externes, dont la correction est fréquemment accompagnée par
des crises de paiements et suivi par des récessions aiguës. Il est généralement admis
qu'un taux maintenu au mauvais niveau entraîne d'importants coûts en matière de bien-
être. Il donne des fausses indications aux agents économiques et accentue l'instabilité
économique.
La sous-évaluation ou la surévaluation de la monnaie d’un pays, peut dynamiser ou
endommager la position de concurrence internationale de l’économie. Quand une
monnaie est sous-évaluée, la demande d’augmentation des exportations, et la
substitution par des importations est encouragée, stimulant la croissance économique et
le surplus de la balance commerciale mais créant des pressions inflationnistes. Une
monnaie surévaluée entraîne une baisse du coût des importations mais rend les

61
FMI « Perspectives de l’économie mondiale » octobre 1996.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

exportations plus difficiles, réduisant l’inflation mais provoquant un éventuel déficit de


la balance commerciale et une chute du taux de croissance économique.

b- La dette extérieure

La théorie économique suggère que l’emprunt, contenu dans des limites


raisonnables, peut aider les pays en développement à affermir leur croissance. Pour les
économies qui utilisent les capitaux empruntés pour financer des investissements
productifs, leur croissance devrait s’accélérer et leur permettre de rembourser à
l’échéance les dettes contractées. Au contraire si la dette future dépasse les capacités de
remboursement des pays débiteurs, le coût de son service découragera les
investissements intérieurs et extérieurs, pénalisant ainsi la croissance.
Une étude empirique a été réalisée par le FMI62 pour explorer les liens entre dette et
croissance. Les principales conclusions que l’on peut tirer de cette étude sont :
- L’endettement semble avoir un impact global négatif sur la croissance lorsque la
dette représente de 160 à 170 % des exportations, et de 35 à 40 % du PIB (en valeur
actuelle nette) ;
- Il apparaît aussi que l’écart de croissance entre les pays peu endettés (moins de
100 % des exportations ou de 25 % du PIB) et les pays très endettés (plus de 367 % des
exportations ou de 95 % du PIB) est, en moyenne, supérieur à 2 % par an ;
- La diminution de la dette de moitié (de 200% à 100% des exportations)
permettrait d’enregistrer un gain de croissance par habitant de l’ordre de ½ à 1point.

c- Politiques structurelles et institutionnelles

L’une des conséquences de la théorie de croissance endogène est que le taux de


croissance économique peut être affecté par les politiques structurelles et la qualité des
institutions. Bien qu'il puisse y avoir un désaccord sur le choix des politiques les plus
favorables à la croissance ou sur la séquence dans laquelle les changements de

62
FMI « finances et développement » juin 2002.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

politiques devraient être entreprises, il ne fait aucun doute que les gouvernements
peuvent influencer la croissance à long terme dans leurs pays en créant un climat
propice pour l’investissement et en adoptant des politiques incitatives qui favorisent
l’allocation des ressources.

d- L’Approfondissement financier

Des systèmes financiers qui fonctionnent bien contribuent à promouvoir la


croissance à long terme. Ils influencent l'efficacité et la croissance économique à travers
des canaux différents. Les marchés financiers facilitent la minimisation du risque en
diversifiant et en échangeant les instruments financiers. Ils peuvent aider à identifier les
projets d'investissements profitables et à mobiliser l’épargne nécessaire. De plus, les
systèmes financiers peuvent aider à contrôler les entreprises, réduisant de cette façon
les problèmes de distorsion qui mènent à l'investissement inefficace. En général, Il existe
au moins trois moyens par lesquels le secteur financier contribue à la croissance :
- Il améliore la sélection des demandeurs de fonds et la surveillance des
destinataires des fonds, conduisant ainsi à une meilleure allocation de ressources ;
- L'industrie financière encourage la mobilisation des épargnes par une offre
attractive d’instruments et d’outils de placement ; cela entraîne une hausse du taux
d'épargne ;
- Les intermédiaires financiers offrent des opportunités pour la gestion du risque et
de la liquidité. Ils favorisent le développement des marchés et des instruments attractifs
qui permettent le partage du risque.
Le rôle des variables financières dans la croissance, a été mis en évidence par King et
Levine (1993). Dans une étude détaillée, ces auteurs ont trouvé une corrélation positive
robuste entre le degré de développement financier et la croissance, l’investissement et
l’efficacité du capital. Les indicateurs financiers qu’ils ont utilisés incluaient la taille du
secteur financier formel (mesurée par les engagements liquides du système financier)
par rapport à la production, le ratio du crédit alloué au secteur privé par rapport à la
production.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 66


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

e- L’ouverture commerciale

Les études empiriques indiquent que la relation entre la croissance économique et


l’ouverture commerciale est positive, elle reflète un cycle vertueux par lequel une plus
forte ouverture mène à l'amélioration de la croissance, qui, en retour, produit plus de
commerce.
Les canaux par lesquels l’ouverture affecte la croissance économique sont au
nombre de cinq. Tout d’abord, le commerce mène à une plus forte spécialisation et, ainsi
aux gains dans la productivité globale des facteurs (PGF), en permettant aux pays
d’exploiter leurs champs d'avantages comparatifs. Deuxièmement, l’ouverture élargie les
marchés potentiels, ce qui permet aux entreprises domestiques de profiter des
économies d'échelle.
Troisièmement, le commerce diffuse à la fois les innovations technologiques et les
bonnes pratiques de management à travers les fortes interactions avec les entreprises et
les marchés étrangers. Quatrièmement, le commerce libre a tendance à diminuer les
pratiques anti-concurrentielles des entreprises domestiques. Finalement, la
libéralisation du commerce réduit les incitations des entreprises à chercher des activités
de rente peu productive en général.

f- Qualité des Institutions

Différents économistes ont affirmé au cours des dernières années qu’une des raisons
principales pour laquelle les taux de croissance sont différents entre les pays est que la
qualité de l’environnement économique dans lequel les agents opèrent est différente.
Cet environnement comprend les lois, les institutions, les règles, les politiques et
régulations gouvernementales du pays.
De bonnes institutions sont donc des structures et des lois incitatives qui réduisent
l'incertitude et promeuvent l'efficacité et donc contribuent à une plus forte performance
économique. En effet, un environnement qui fournit une protection adéquate pour les
droits de propriété et donne aux agents l’incitation à produire, à investir et à accumuler
des compétences est un environnement favorable à la croissance.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 67


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Parmi les études empiriques consacrées à la relation institutions/croissance, celle de


la Banque Mondiale63 relative aux pays MENA. L’étude a montré que depuis les années
80, la moyenne annuelle de la croissance économique par habitant dans la région MENA
a été de 0,9%, un niveau inférieur à celui de l'Afrique Subsaharienne. L'origine de ce
retard dans la croissance dans la région MENA est le fossé en matière de gouvernance.
En effet, les simulations montrent que si MENA avait pu atteindre une qualité moyenne
d’administration du secteur public comparable à celle d'un groupe de pays performants
de l’Asie du Sud-Est, ses taux de croissance auraient été plus élevés, de près d’un point
de pourcentage par an.
Conscient de l’importance de la bonne gouvernance dans l’amélioration de
l’environnement des affaires, de la compétitivité et de l’attractivité du pays, ainsi que de
la gestion efficiente du capital humain, les pouvoirs publics au
Maroc ont inscrit, un ensemble de réformes visant à imprimer un nouvel élan au
développement du pays, à ouvrir des perspectives à l’implication des différents
partenaires et composantes de la société et à jeter ainsi les bases d’un nouveau mode de
gestion du développement.
La mesure de la qualité de la gouvernance est une tâche ardue. La Banque
Mondiale a élaboré un ensemble d’indicateurs permettant de juger de la qualité de
plusieurs aspects de la gouvernance. Ces indicateurs sont :
- Être à l'écoute et rendre compte (Voice and Accountability) : Mesure la possibilité
des citoyens d’un pays à participer et à choisir le gouvernement. Il est basé sur un
certain nombre d’indicateurs mesurant différents aspects du processus politique, des
libertés civiles et des droits humains et politiques ;
- Instabilité politique et violence (Political Stability) : Mesure la vraisemblance que
le gouvernement en place soit déstabilisé ou renversé par des moyens
anticonstitutionnel et/ou violents ;
- Efficacité des pouvoirs publics (Government Effectiveness) : mesure les aspects liés
à la qualité et la disponibilité du service publique, la bureaucratie, la compétence des

63
Banque mondiale « Vers une meilleure gouvernance au Moyen-orient et en Afrique du Nord »2003.
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 68
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

fonctionnaires de l’Etat, l’indépendance de l’administration de la pression politique ainsi


que la crédibilité du gouvernement dans ses engagements et ses politiques ;
- Fardeau réglementaire (Regulatory Quality) : Focalise sur les politiques elles-
mêmes incluant des mesures de l’incidence des politiques anti marché comme le
contrôle des prix ou une supervision bancaire inadéquate ainsi que la perception du
blocage imposé par une régulation excessive dans des domaines tels que le commerce
extérieur et le monde des affaires ;
- État de droit (Rule of Law) : Inclut plusieurs indicateurs qui mesurent la confiance
dans le respect des lois et des règles de la société. Ceci inclut les perceptions de
l’incidence des crimes, l'efficacité et la prévisibilité du système judiciaire, et
l'applicabilité des contrats ;
- Maîtrise de la corruption : Mesure l’étendu de la corruption, définie comme usage
de pouvoir public pour des gains privés. Il est basé sur des données provenant
d’enquêtes d’opinion et d’avis d’experts.

F- Structure de la production

L’accumulation de facteurs de production ne peut pas à elle seule entraîner une


croissance durable, les rendements de l’investissement comme de l’éducation finiraient
par diminuer si la structure de production de l’économie reste inchangée. Ces
changements structurels se réalisent de manière naturelle, en conséquence de
l’accumulation des facteurs, mais pas de manière mécanique : le cadre institutionnel et
la structure des incitations jouent également un rôle important.

G- Innovations et nouvelles technologies de l’information

L’évolution technologique et l’innovation sont devenues des déterminants


importants de la performance économique. Certaines des caractéristiques récentes de
cette transformation sont l’impact croissant des technologies de l’information et de la
communication sur l’économie et la société, les interactions de plus en plus nombreuses
entre la science et l’industrie qui entraînent le développement plus rapide de nouveaux
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 69
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

produits et méthodes et la réorientation vers des secteurs et des services à forte


intensité de savoir, une diffusion plus rapide de la technologie et, enfin, les besoins
croissants en compétences. La capacité d’exploitation des potentiels des nouveaux
savoirs scientifiques et techniques et de leurs larges diffusions est devenue une source
primordiale d’avantages compétitifs, de création de richesses et d’amélioration de la
qualité de vie. Pour tirer profit des avantages induits par ces évolutions, les pouvoirs
publics devront mettre en place des politiques appropriées64.

Paragraphe IV- la mesure de la croissance économique

La croissance qui est mesurée par le taux d’augmentation du PIB, constitue


aujourd’hui l’instrument de référence principal pour la gestion à court terme et long
terme de l’ensemble des économies de la planète, de même que pour la politique de
développement et de progrès des sociétés humaines. Sur le plan économique, le taux de
croissance offre une mesure synthétique du degré de réalisation de la plupart des
objectifs de la politique économique : augmentation des revenus du travail et du capital
et accroissement de la richesse matérielle et du bien-être de la population ;
augmentation de la capacité de créer des emplois rémunérateurs pour tous ;
élargissement de l’assiette fiscale pour la mobilisation des moyens nécessaires au
développement des services publics ; affirmation de la puissance économique des pays
vis-à-vis du reste du monde ; et accumulation de richesses et de pouvoir assurant la
sécurité de la collectivité pour l’avenir à long terme.

Les économistes font appel à de nombreuses méthodes pour mesurer le rythme auquel
croît l'économie. La plus courante repose sur le calcul du produit intérieur brut réel ou PIB
réel. Le PIB est la valeur totale des biens et des services produits par notre économie. Le
terme « réel » signifie que ce total est corrigé de l'incidence de l'inflation.

Il est défini par la formule suivante qui relie les produits intérieurs bruts (PIB) de
l'année N et de l'année N-1 :

64
OCDE : « Perspectives de la science de la technologie et de l’industrie ».2001.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

PIB année N−PIB année N−1


Taux de croissance = x 100
PIB année N−1

Où les PIB sont mesurés en volume (pour éviter de considérer l'inflation des prix
comme de la croissance économique).
Par ailleurs, la croissance économique peut se comprendre comme une
augmentation soutenue, pendant une période prolongée de la quantité des biens et des
services que produit une économie. Cette définition met en relief le caractère quantitatif
de la croissance et omet son incidence sur le bien-être de la population.
Pour prendre en compte cet aspect, Kuznets propose une définition selon laquelle, la
croissance reflète une capacité permanente d’offrir à une population en augmentation
une quantité accrue de biens et service par habitant ; Or, cette capacité à produire
soulève le problème des préalable et les mesures d’accompagnement de la croissance,
ou selon Abramovitz (1986) le problème de social capability cette culpabilité est liée à la
qualité des institutions politiques, financières, industriels, commerciales, et la
disponibilité des mains d’œuvre qualifiées.
Si l’on désigne par S0 la valeur de l’année de base, et par S1 la valeur de l’année 1,
par txvol le taux de croissance en volume et txp le taux de croissance des prix, on peut
écrire la relation suivante :
S1= S0 (1+txvol) (1+txp)
L’expression « à prix constants » est une mesure de la croissance en terme réels.
Pour mesurer cette croissance on utilise la formule suivante 65:
X1-X0
g=
X0

x1= x0 + gx0=x0(1+ g)

A la période 2, on a
x2=x1(1+g)=x0(1+g) 2

65
MINT MOUHAMEDOU FATIME TOU, « Analyse économétrique de la relation du déficit budgétaire et de la
croissance économique : Cas de la Mauritanie » op.cit. p : 24. Mémoire du master en 2014.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

A la période t, on obtient
xt=x0(1+g) t
logxt = logx0+ tlog(1+g)

Le taux de croissance annuel moyen :


𝑡 𝑥𝑡
Xt=x0(1+g) t g=√ –1
𝑥0

Section2 : Les théories de la croissance exogène

Les représentations théoriques de la croissance, apparues dans les années cinquante


et développées dans les années soixante, considèrent que le taux de croissance à long
terme correspond à l'accroissement démographique majoré de l'augmentation
tendancielle de la productivité du travail induite par un progrès technique exogène. Il y a
apparemment là un paradoxe : le taux d'investissement, c'est-à-dire l'effort réalisé par
une société, n'apparaît pas parmi les facteurs qui ont de l'influence sur le rythme de
croissance de long terme. L'explication en est simple : les modèles « à la Solow »
considèrent que le facteur de production accumulable (le capital physique) a des
rendements marginaux décroissants. Dès lors, la rentabilité de l'investissement
physique décroît avec le stock de capital, dont l'accumulation ne peut durablement
excéder le rythme, exogène, d'expansion de la main-d’œuvre mesurée en termes
d'efficience.
La plupart des manuels de théorie économique, d’histoire de la pensée économique
et d’histoire des faits économiques, font remonter les origines de la croissance à la
première révolution industrielle. Initié en 1776 par la vision optimiste d’Adam Smith
(vertus de la division du travail), le thème de la croissance réapparaîtra au XIXe siècle
dans les travaux de Malthus, Ricardo et Marx. Il faudra cependant attendre le XXe siècle
et les années 50 pour que les modèles théoriques de la croissance connaissent un
véritable succès. Les modèles post-keynésiens (Harrod-Domar) et néoclassiques (Solow)
ont introduit un véritable débat sur la question de la croissance équilibrée.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 72


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Paragraphe I : La croissance économique selon les économistes


classiques

Fondateur de l’économie politique moderne, les auteurs classiques anglais ont aussi
posé les premiers jalons d’une théorie de la croissance. Adam Smith (1976) et David
Ricardo (1819) présentent tous deux la croissance économique comme résultant de
l’accumulation du capital, c’est-à-dire de la quantité des instruments (« moyens de
production produits », selon Smith) à la disposition des travailleurs. L’augmentation de
la richesse par tête provient de celle du capital par tête. Cependant, les classiques
partagent une vision plutôt pessimiste du long terme : la croissance est destinée à
disparaître progressivement, à s’annuler dans un « état stationnaire ». La raison à cela
réside dans l’évolution de la répartition du revenu national induite par l’accumulation
des facteurs.
Les facteurs sont au nombre de trois : Le travail, le capital et la terre. Le travail est
rémunéré par le salaire, qui ne peut être inférieur au niveau de subsistance et qui,
lorsqu’il est supérieur, entraîne une expansion démographique. Celle-ci à son tours
détend la situation sur la marché du travail, rarement le salaire à son niveau de
subsistance : ce mécanisme de régulation par la démographie, qui est au centre de la
théorie de Malthus, est aussi présent chez les autres classiques.
La terre est un facteur fixe (non sujet à accumulation) contrairement au deux autres.
Elle est donc source d’une rente pour ses propriétaires. Plus précisément, Ricardo
reprend la théorie de la rente différentielle développée par Malthus : le prix des grains
est égal au coût de production sur les terres « marginales », les moins productives. En
effet, s’il lui supérieur il est alors rentable de mettre en culture d’autres terres, moins
productives encore, et s’il lui est inférieur, ces terres sont cultivées à pertes et seront
donc promptement abandonnées. La rente issue d’une terre est égale à la différence
entre le coût de la production sur cette terre et le prix du marché, c’est-à-dire le coût de
production sur la moins productive.
Le capital est rémunéré par le profit, lequel apparaît comme un revenu résiduel :
c’est la part du revenu national qui n’est pas capté par les travailleurs ni les
propriétaires fonciers. Le profit constitue le motif de l’accumulation du capital : il doit
dépasser un certain niveau (strictement positif) pour que les capitalistes décident

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 73


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

d’investir. Le profit est aussi la source de l’investissement. L’épargne, qui finance, est
essentiellement le fait des capitalistes, tandis que les salariés (astreints le minimum
vital) consomment tout leur revenu. L’accumulation du capital est ainsi représentée par
les classiques comme résultant de l’investissement du surplus, de la fraction non
consommée du produit.
La dynamique du système peut alors être résumée de la façon suivante.
L’accumulation du capital entraîne une augmentation de la demande de main d’œuvre.
Transitoirement les salaires sont plus élevés, jusqu’à ce que l’ajustement s’opère par la
démographie. Une quantité plus grande de travailleurs induit une demande plus grande
de grains, qui justifie la mise en culture de nouvelle terres, moins productives que les
anciennes : d’où une augmentation du prix des grains, donc de la rente foncière, et aussi
du salaire nominal correspondant au minimum vital. Salaires et rentes s’accroissent
alors, au détriment du profit qui diminue jusqu’à atteindre le niveau auquel cesse
l’investissement. L’arrêt de l’accumulation du capital signe celui de la croissance
démographique, et donc la stabilisation de l’ensemble du système économique : c’est
l’état stationnaire.
C’est le schéma d’ensemble tel qu’il transparaît dans la Richesse des nations aussi
que dans la traite de l’économie politique et de l’impôt : un épuisement de la croissance
économique dû au décroissement des rendements marginaux dans l’agriculture.
Cependant, au-delà de ce modèle bouclé, un certain nombre de remarques et d’intuitions
des auteurs classiques permettent d’anticiper un dépassement de la fatalité de l’état
stationnaire.
Le premier de ces éléments est le chapitre bien connu qui ouvre la richesse des
nations, sur le thème de la division du travail. Smith, partant de l’exemple de la
manufacture d’épingles, avance l’idée que la division est une source de gains de
productivité : par l’économie faite sur les temps de changement d’opération par un
même individu, et surtout par l’augmentation de l’expertise qui naît de la spécialisation.
Il s’agit non seulement de l’habilité à mener une opération donnée, mais aussi de la
capacité à inventer des techniques et des outils plus spécialisés et donc plus efficients.
Ce n’est pas la seule division du travail au sein de l’entreprise qui est invoquée, mais
aussi la division du travail entre firmes, liées par le marché, et qui a des conséquences
similaires. La division du travail verticale est également soulignée : des « philosophes »
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 74
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

peuvent consacrer leurs efforts à améliorer les techniques de l’industrie. De plus,


l’intensité de la division du travail est déterminée par l’étendue du marché : une activité
peut être d’autant plus divisée lorsqu’elle emploi une quantité importante de main-
d’œuvre, et celle-ci est déterminée par le volume de la production. On peut alors boucler
ce schéma : la productivité dépend de l’échelle de l’activité, qui elle-même dépend de la
productivité (par le niveau du revenu qui ont issu). On a aussi un cercle vertueux de
croissance, qui annonce certains modèles plus récents de croissance. Au passage, Smith
intègre dans le stock de capital, aux côtés des équipements, les « habitudes acquises et
utiles de tous les membres de la société », annonçant la notion moderne de capital
humain.
Le progrès technique est donc présent dans la pensée des classiques, mais il reste
cantonner dans une position périphérique. Il n’est pas intégré à l’analyse globale de la
croissance et n’est pas invoqué pour éloigner la perspective de l’état stationnaire. Ainsi
Ricardo, dans le chapitre (tardivement ajouté au traité) qu’il consacre au machinisme, ne
s’intéresse qu’aux effets de celui-ci sur l’emploi, la machine est vue comme un
destructrice d’emploi, substituant le capital au travail, et non comme source de gains de
productivité, ce sont donc les effets de court terme du progrès technique qui sont
examinés et non les effets de long terme. Cela peut se comprendre par l’objectif que
Ricardo donnait à ses réflexions théoriques : comprendre les conséquences des lois sur
le blé, qui en restreignant les importations en Angleterre tendaient à augmenter la rente,
donc à réduire le profit. Ce désintérêt relatif pour le long terme est présent dans
l’ensemble de la démarche des classiques : le fait que Smith n’est pas intégré son analyse
de la division du travail à son schéma de croissance renvoie à ce même phénomène.66

66
Dominique Guellec et Pierre Ralle « Les nouvelles théories de la croissance » Paris : la Découverte, 2001. P :
25-28.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Paragraphe II- Les modèles de croissance post-keynésiens

A la suite de la crise de 1929, de nombreux économistes inspirés par les travaux de


J.M Keynes vont s’interroger sur les possibilités d’une croissance équilibrée. Les modèles
de Domar et Harrod vont chercher à rendre compte des conditions et caractéristiques
essentielles de l’équilibre d’une économie capitaliste en croissance.
Le point de départ de Domar (1946) est de considérer que l’investissement exerce
une double influence sur l’économie. Du côté de la demande (et à court terme), la
variation de l’investissement détermine via le principe du multiplicateur keynésien
( ∆I Y R C et S), le niveau de revenu et de la demande globale. L’effet
revenu associé à une augmentation de l’investissement ∆I, est égal à ∆I [1/(1-c)] c’est-à-
dire ∆I[1/s] où s=(1-c) sachant que c et s représentent respectivement les propensions
marginales à consommer et à épargner. Du côté de l’offre (et à long terme),
l’investissement accroît la capacité de production. L’effet capacité stipule que
l’investissement doit engendrer une stimulation de la capacité de production, via le
mécanisme de l’accélérateur. L’investissement accroît les capacités de production dans
une proportion égale à 1/v où v est le coefficient de capital et correspond à l’inverse de
la productivité moyenne du capital soit v = K/Y (où K est le stock de capital et Y la
production). L’effet de capacité est donc égal I (1/v).
Alors que Domar met en évidence la nécessité pour le capital et la production de
croître à un taux constant, Harrod va montrer que la croissance est par nature instable.
Selon Pierre Alain Muet (1993), Harrod aurait été conduit à poser deux problèmes «
dont l’un est la stabilité de la croissance, l’autre est la possibilité de maintenir le plein
emploi ».
En introduisant les anticipations de croissance dans la détermination de
l’investissement, Domar arrive à la conclusion que la relation déterminant le taux de
croissance par le rapport du taux d’épargne au coefficient de capital (taux de croissance
garanti) est fondamentalement instable. La raison de cette instabilité sera que l’effet
multiplicateur serait sans commune avec l’effet accélérateur, sauf pour une valeur bien
particulière correspondant au régime de croissance équilibrée.
En confrontant le taux de croissance garanti, gw (qui équilibre l’offre et la demande
sur le marché des biens) et le taux de croissance naturel, gn (qui équilibre l’offre et la
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

demande sur le marché du travail), Harrod met en évidence un paradoxe de la théorie


keynésienne. Si gw est supérieur à gn, le rythme élevé de croissance pourra permettre
de réduire le chômage.
Mais lorsque l’économie tend vers le plein emploi, le taux de croissance effectif g sera
limité par le taux naturel. La croissance réelle devient inférieure au taux garanti. Harrod
en conclut que l’économie tendra progressivement vers la dépression du fait de
l’insuffisance de la demande. Ainsi, un taux d’épargne élevé (ou insuffisant) serait
néfaste au plein emploi. L’épargne est une vertu si gw est inférieur à gn.

Par ailleurs Domar er Harrod sont très pessimistes quant à la possibilité d’une
croissance durable et assurant le plein emploi. Cependant, ils n’attribuent pas cela à des
facteurs techniques (rendement d’échelle décroissants), mais aux problèmes de rigidité
et de coordination identifiés par Keynes. En particulier, il n’existe pas de lieu où les
agents puissent se communiquer leurs projets d’investissement et coordonner leurs
anticipations de demande. Ils sont donc éloignés des nouvelles théories qui se
concentrent sur la technologie67.

Paragraphe III- La nouvelle théorie anti keynésienne des finances


publiques (NAK)

Cette nouvelle théorie est le prolongement de la vision classique qui, au-delà de


l’inefficacité de la politique budgétaire, se prononce sur son caractère récessif. Selon
Ertz (2001) l’interprétation extrême de la théorie repose sur l’idée que les mesures
mises en œuvre pour atténuer la sévérité sont susceptibles de s’avérer plus couteuses
que bénéfiques.
Les arguments se fondent essentiellement sur les expériences contractionnistes
conduites, dans les années quatre-vingt, par les pays de l’Europe du Nord qui ont réussi
à relancer l’activité économique en réduisant les dépenses publiques de manière forte,

67
Dominique, Guellec et Pierre Ralle, « Les nouvelles théories de la croissance » Paris : la Découverte, 2001.
P :29
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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rapide et durable (Llau, 1999). Comme le font remarquer Giudice et al. (2003) cités dans
Creel et al. (2005), cette théorie est largement rependue dans les milieux européens tant
communautaires qu’universitaires. De plus, les programmes d’ajustement et de
rééquilibrage budgétaire proposés par le FMI s’inspirent essentiellement de cette
nouvelle vision anti keynésienne (Baldacci et al. 2003). En fait, plusieurs études
montrent qu’une réduction du déficit budgétaire peut accélérer la croissance en
particulier lorsque l’endettement public est élevé et insoutenable (voir Perotti, 1998)68.
Une réduction des emprunts publics servant à financer les dépenses par un déficit
systématique pousse généralement les taux d’intérêt à la baisse, ce qui encourage
l’investissement. Une baisse des taux d’intérêt accroît aussi la valeur des actifs, et cet
effet de patrimoine encourage la consommation et l’investissement privés. Par ailleurs,
une baisse des déficits pousse le secteur privé à réduire les estimations de ses
obligations fiscales actuelles et futures, ce qui stimule encore l’investissement et la
consommation. Enfin, la réduction de l’emploi public et la baisse anticipée de la taxation du
travail entraînent une baisse des salaires, donc une hausse des profits des entreprises, ce qui
favorise l’investissement (Alestina et al. 2002).
Cependant, l’argumentation repose sur plusieurs postulats discutables. En effet, les
détracteurs de la Théorie NAK pensent que, à priori, les effets NAK ne peuvent jouer
qu’en situation classique où la production est contrainte par l’offre ou lorsque cette
situation sera atteinte dans un avenir proche. En outre, les agents anticipent la
production future selon un schéma néoclassique (et non selon un schéma keynésien) : la
production dépend négativement des impôts par effet d’offre et non positivement des
dépenses publiques. Ceci pose problème, en particulier lorsqu’il s’agit d’investissements
en infrastructures, de dépenses de recherche (qui peuvent permettre d’augmenter la
productivité de l’économie) ou de certaines dépenses utiles aux ménages (santé,
éducation, retraite). Enfin, la théorie NAK implique que les effets d’anticipation sont plus
importants que les effets de liquidité. Par exemple, une baisse des impôts actuels, à
dépenses publiques inchangées, induit une hausse de la consommation des ménages

68
Une autre explication du caractère expansif de la contraction budgétaire est développée par Alesina et Perotti
(1995) et Alesina et Ardagna (1998) qui ont mis l’accent sur les effets de composition de l’ajustement et sur la
situation initial des finances publiques.
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contraints financièrement et une baisse de celle des ménages non contraints (puisqu’ils
anticipent une hausse future des impôts et qu’ils savent que celle-ci induira une baisse
de la production), le deuxième effet l’emportant sur le premier.

Paragraphe IV-Le modèle néoclassique : l’approche de Solow

Le modèle néoclassique attribue l’origine de la croissance par tête au montant de


capital technique investi (machines, équipements, logiciels, infrastructures…). Lorsque
l’investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du capital par tête
existant, chaque travailleur dispose d’un équipement plus performant et peut produire
davantage. Toutefois, lorsqu’on augmente le capital par tête, la production augmente,
mais pas de façon proportionnelle (c’est le principe des rendements décroissants). Ainsi
à force d’augmenter le capital par tête, va venir un moment où la production par tête
augmentera moins vite que cela ne coûte. La croissance par tête va cesser, c’est que
Solow appelle l’état régulier. L’état régulier dépend du coût relatif du capital. Si ce
dernier diminue (un renchérissement du coût du travail incitera les entreprises à
substituer du capital au travail), alors l’investissement par tête va augmenter de
nouveau jusqu’à ce qu’un nouvel état régulier soit atteint. Le modèle de Solow repose
sur des hypothèses de type néoclassique : toute l’épargne est investie, les rendements
sont décroissants, la substitution du capital au travail (selon les coûts relatifs de l’un à
l’autre), la concurrence empêche l’existence de rentes de monopole et de
comportements price-maker. Il rend également compte de plusieurs faits importants :
 Le niveau de production d’un pays est déterminé par l’investissement
par tête qui y est effectué. Tant que le niveau d’état régulier n’est pas atteint, un
investissement supplémentaire est toujours générateur de croissance
économique. Entre deux pays, celui qui investit moins, a une croissance moindre.
 Il explique les phénomènes de rattrapage des pays qui ont commencé
leur croissance économique plus tardivement. L’hypothèse retenue par ce
modèle, c’est la propriété de convergence (plus le niveau de départ du PIB/hab
est faible, plus le taux de croissance attendu est élevé).C’est le cas de la France vis
à vis des Etats Unis entre 1950 et 1970, du Japon entre 1960 et 1980. Le modèle

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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de Solow délivre un message optimiste : tous les pays qui font un effort
d’investissement, sont susceptibles de connaître une croissance économique. A
terme, on se dirige vers une convergence, puisque tous les pays proches de leur
état régulier connaissent, pour un taux d’investissement donné, une croissance
plus faible que celles des pays qui en sont moins proches. Si tous les pays étaient
identiques (à l’exception de leur intensité de départ en capital) : la croissance des
pays les plus pauvres serait plus rapide que celle des pays les plus riches. Si tous
les pays sont hétérogènes (propension à épargner, accès à la technologie, taux de
fécondité…), la convergence ne se réalisera qu’à certaines conditions : le taux de
croissance est d’autant plus élevé que le PIB de départ par habitant est faible par
rapport à sa situation d’équilibre de long terme. La propriété de convergence
tient à l’existence de rendements du capital décroissants. Les économies qui ont
un niveau de capital/travailleur faible (par rapport à son niveau de long terme),
tendent à avoir des niveaux d’équilibre et de croissance plus élevés. Il s’agit d’une
convergence conditionnée car les niveaux d’équilibre du capital et de la
production/travailleur dépendent de la propension à épargner, du taux de
croissance démographique…
 Le modèle de Solow met en lumière ce que l’on a coutume d’appeler la
règle d'or. Cette dernière consiste à déterminer le taux d'épargne s associé au
capital par tête k qui permet la plus grande consommation par tête à chaque
instant. Ce taux d'épargne est tel qu'il conduit à une formation de capital dont la
productivité marginale est égale au taux de croissance de l'économie. La règle
d'or s'écrit alors : Productivité marginale du capital = Taux de croissance de
l'économie. Si on suppose que le taux d'intérêt réel est donné par la productivité
marginale du capital, la règle d'or devient : Taux d'intérêt réel = Taux de
croissance de l'économie. Dans le modèle de Solow, la règle d'or s'énonce comme
suit : "La consommation par tête en régime semi-stationnaire est maximale lorsque
le capital par tête est tel que la productivité marginale du capital est égale au taux
de croissance de l'économie".
 Enfin, le modèle néoclassique dépasse le simple cadre des biens
physiques pour inclure le capital humain sous toutes ses formes : niveau
d’éducation, d’expérience, santé (Lucas, 1988). Si l’économie tend vers un ratio
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 80
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

d’équilibre stable entre capital humain et capital physique, ce ratio peut au


départ s’écarter de sa valeur de long terme. L’ampleur de cet écart affectera la
vitesse à laquelle le produit/habitant se rapproche de son niveau d’équilibre.
Ainsi le taux de croissance d’une économie sera d’autant plus sensible à son
niveau de départ de production/habitant que son stock de capital humain le sera.
Dès lors, le modèle de Solow qui ajoute un investissement en capital humain à
l’investissement en capital technique, permet à la fois d’expliquer la convergence
de certains pays et l’accentuation des inégalités mondiales entre pays pauvres et
pays riches. La convergence provient des efforts d’investissement en capital
humain et en capital technique de pays qui comblent ainsi leur retard (ils
peuvent transférer chez eux les techniques de production des pays les plus en
avance, grâce à une main d’œuvre mieux formée.)

 Le modèle de Solow s’est cependant écarté de la réalité en considérant


que la croissance économique par tête devait peu à peu diminuer et finir par
cesser de progresser : ainsi en l’absence d’innovations technologiques continues,
la croissance du produit/hab. cesse (application de l’hypothèse des rendements
décroissants et d’une croissance limitée : Ricardo et Malthus). Les observations
ont montré que la croissance économique progressait même à un rythme ralenti
et demeurait un fait majeur de toutes les économies développées.

Par ailleurs le modèle néoclassique développé par Solow Swan (1956) qui utilise
des rendements marginaux décroissants du capital, était le paradigme dominant en
matière de croissance économique. L’hypothèse de rendements décroissants signifie
qu’un facteur au moins limite la fonction de production, ne peut être accumulé, mais est
essentiel pour la production. Cela suppose que l’accumulation de capital jusqu’à un
plafond déterminé conduit graduellement les rendements des biens d’équipements
supplémentaires à tendre vers zéro. Une fonction de production néoclassique type à la
forme suivante :
Y = A kb La (1)
La fonction de production néoclassique possède un second facteur de production L
qui peut être appelé le travail. Le travail n’est pas une variable pouvant être accumulée,
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Empirique

mais croît à un taux exogène ou, disons pour simplifier ne croît pas du tout. Faire des
rendements des hypothèses des rendements décroissants signifie que les paramètres b
et a sont tous deux inférieurs à 1. Le taux de croissance de capital dans le modèle
néoclassique, en prenant pour hypothèse le cas simplifier du taux d’épargne constant,
est en conséquence donné par :
dK = sAKbL - pK (2)
Exprimé par habitant (avec k/L = k), le taux de croissance économique est donné
par :
g = dk/k =sAkb-1 – p (3)
Comme b < 1 (rendement marginaux décroissants), le capital est élevé à une
puissance négative, ce qui signifie que sAkb-1 est une fonction décroissante de k. Le taux
d’amortissement p est constant par rapport à k de sorte qu’avec une accumulation
progressive de capital, le taux de croissance est finalement ramené à zéro. A long terme,
l’économie converge vers un équilibre stable caractérisé par une croissance nulle. Dans
le modèle néoclassique, la croissance de long terme est expliquée en faisant l’hypothèse
que A est une fonction positive du temps, ce qu’il signifie qu’elle croît de façon exogène
(d’où l’expression « croissance exogène »). Cette hypothèse rend possible le maintien
de la croissance à long terme si le taux de croissance de A compense la baisse des
rendements.
Par opposition aux modèles de croissance endogène, la dynamique qui implique
l’équation (3) indique que des modifications du taux d’épargne, et donc du taux
d’investissement, n’affecte pas la croissance économique de long terme. Une
modification de l’épargne déplace seulement la fonction sAkb-1 mais en définitive la
diminution du rendement du capital ramène peu à peu le taux de croissance vers zéro ou
vers le taux de croissance exogène donné par A69.
Durant les années 50-60, les théoriciens ont reconnu cette limite et cherché à
surmonter cette difficulté en intégrant à côté du travail et du capital, un troisième
facteur pour expliquer la croissance à long terme : le progrès technique. Ce facteur est
un peu particulier car il accroît l’efficacité productive des deux autres. Certains diront

69
Aymo, BRUNETTI. « Politique et Croissance Economique Comparaison de données internationales » centre de
développement de OCDE : 1997
Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 82
Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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que c’est un facteur « qui tombe du ciel », on sait en effet d’où viennent le travail et le
capital (apporteurs de travail et de capital), ce qui est beaucoup moins vrai pour le
progrès technique (il n’appartient à personne, pas besoin de le rémunérer…). D’où le
nom donné de progrès technique exogène. Dès lors, le taux de croissance/hab de long
terme devenait entièrement déterminé par une variable exogène : le taux de progrès
technique. Et comme le taux de croissance à long terme dépend aussi d’une donnée
exogène : le taux de croissance démographique, on se retrouve avec un modèle qui
n’explique pas la croissance à long terme, mais simplement le fait que la tendance à la
stagnation du produit par tête pouvait être évitée suite à un progrès technique
miraculeux (engendrant des effets externes positifs). Les travaux des années suivantes
se sont efforcés d’apporter une solution à la croissance de long terme, en proposant une
théorie du progrès technique. Les hypothèses de la concurrence doivent alors subir
quelques modifications : dose minimale de non-rivalité (caractéristique des biens
publics), existence d’hypothèses de rendements constants des facteurs de production
(travail non qualifié, capital, terre) voire possibilité de rendements croissants (ce qui va
à l’encontre de la concurrence parfaite)….

Section 3 : les théories de la croissance endogène

Les déséquilibres engendrés par les chocs pétroliers vont conduire à une disparition
quasi complète des théories de la croissance, du moins dans les préoccupations des
théoriciens. La seule innovation importante des années soixante-dix et quatre-vingt est
l'intégration explicite des déséquilibres dans les modèles de croissance antérieurs. La fin
des années quatre-vingt marque au contraire la renaissance de ces théories avec les
théories de la croissance endogène.
En fait, la théorie économique n'a jamais fourni d'explication satisfaisante de la
croissance. Le modèle néoclassique et ses prolongements ultérieurs décrivaient bien le
rôle de l'accumulation du capital dans le rythme de croissance à moyen terme des
économies, mais en raison des rendements décroissants du capital, la croissance ne se
maintenait à long terme que par la présence de facteurs exogènes tels que
l'augmentation de la population et le progrès technique. Le terme progrès technique par

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 83


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Empirique

lequel les théories traditionnelles de la croissance décrivaient l'augmentation


tendancielle de l'efficacité des facteurs de production n'était guère que la mesure
quantitative des limites de la théorie à rendre compte du processus de croissance.
Mais le modèle avait une vertu ; en respectant la décroissance des rendements
marginaux, il était compatible avec la concurrence parfaite et l'optimum des individus
coïncidait avec l'optimum collectif.
Pour engendrer une croissance entretenue, il fallait abandonner l'hypothèse de
rendements décroissants des facteurs de productions accumulables (capital physique ou
capital humain). Mais alors se posait le problème des rendements croissants de
l'ensemble des facteurs de production et sa compatibilité avec la stabilité de l'équilibre
concurrentiel. On sait depuis Marshall que lorsque les rendements croissants sont
externes à la firme, l'équilibre concurrentiel est possible mais n'est pas optimal.
Appliquée aux théories de la croissance, cette redécouverte de l'économie publique a
profondément modifié la vision du rôle de l'État dans la croissance économique.
La Théorie traditionnelle n'avait guère retenu que l'effet d'éviction sur l'épargne et
l'accumulation du capital privé. A contrario, dans les théories de la croissance endogène,
la présence d'externalités a pour conséquence que le rythme de croissance est plus élevé
lorsqu'il résulte d'une planification centralisée des ressources plutôt que de l'optimum
des agents individuels.
Aujourd'hui la croissance endogène conduit à une nouvelle lecture des théories
antérieures Sans doute celle-ci est-elle tout aussi excessive. Le caractère endogène de la
croissance était déjà explicite dans les travaux que Von-Neumann développa à la fin des
années trente, dans les réflexions d'Harrod et Domar ou dans les modèles de
reproduction du capital inspirés de la littérature marxiste. La théorie actuelle est le fruit
d'une accumulation progressive et patiente de faits et d'explications théoriques dont
chacune laisse des traces dans les synthèses ultérieures.

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Empirique

Paragraphe I- les Limites des théories traditionnelles de la croissance


économique et l’apparition des théories de la croissance endogène

Après une longue période d'assoupissement, les théories de la croissance ont connu,
à la fin des années quatre-vingt, un profond renouvellement avec l'apparition des
théories de la « croissance endogène ». Ce renouvellement eut les mêmes origines et les
mêmes effets que celui qui affecta, à la fin des années soixante-dix, la théorie du
commerce international : l'application des hypothèses de rendements croissants et de
concurrence imparfaite issues de la recherche en économie industrielle à une branche
de la théorie macroéconomique. Pour tirer pleinement parti des modèles de croissance
endogène, il faut prendre en compte le comportement du consommateur sous une forme
moins fruste que l'hypothèse d'un taux d'épargne constant, ce que nous ferons dans la
dernière partie de cette section. Toutefois, en partant du modèle de Solow et en étudiant
les raisons qui conduisent à l'impossibilité d'une croissance auto-entretenue du produit
par tête, on peut mettre en évidence très simplement à quelle condition l'accumulation
du capital peut engendrer une croissance endogène.
Par ailleurs les modèles traditionnels de la croissance présentent plusieurs limites
qui s’articulent autour des points suivants :
-Fondamentalement, c'est l'hypothèse de décroissance des rendements du capital
accumulé qui inhibe le processus de croissance dans le modèle de Solow ;
-le caractère transitoire de la croissance en l'absence de progrès technique ;
-l'accélération transitoire de la croissance résultant d'une hausse du taux d'épargne.
Ces deux propriétés en impliquent deux autres :
-la convergence des économies,
-le caractère exogène de la croissance.
-L'effet d'éviction des dépenses publiques
Dans sa version la plus élémentaire, le modèle néoclassique de croissance n'intègre
pas la présence de biens publics. De ce fait, la dépense publique n'a qu'un effet d'éviction
de l'épargne privée. Un taux de prélèvement obligatoire réduit le taux d'épargne de
l'économie et conduit à un sentier moins capitalistique. Le prélèvement public n'est
justifié que si l'économie a un taux d'épargne plus élevé que le taux d'épargne de la règle

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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d'or. Dans ce cas, le prélèvement public permet de remédier à une accumulation


excessive et inefficace du capital privé.
Toutes ces limites vont donner l’occasion à l’émergence des nouvelles théories de
croissance économique, ces dernières dites théories de croissance endogène.

Paragraphe II- Les facteurs de la croissance endogène

Les principaux facteurs de la croissance endogène, générateurs ou non d'externalités


sont :
 l'accumulation des connaissances (Romer),
 les infrastructures publiques (Barro),
 le capital humain (Lucas),
 les dépenses de recherche.
Nous avons présenté un modèle de croissance endogène (Romer) dans lequel le
stock de connaissances, assimilé au stock de capital, constitue le moteur de la croissance
« endogène ». Romer retient d'ailleurs non le capital par tête mais le stock de capital
total, ce qui a pour effet d'engendrer un effet taille qui n'est guère réaliste. Un modèle du
même type est obtenu par Barro en supposant que les dépenses d'infrastructures
augmentent la productivité du capital privé et constituent donc un facteur de production
« externe » à la firme. Les dépenses sont financées par l'impôt de sorte que chaque fois
que la firme augmente son capital, elle accroît la production et augmente donc les
dépenses d'infrastructures. Comme précédemment l'externalité, c'est-à dire le fait que la
firme ne prend pas en compte dans son optimisation l'accumulation de capital public
qu'elle engendre, entraîne une croissance trop faible de l'équilibre concurrentiel
décentralisé.
Le problème est que si l'on retient une fonction Cobb-Douglas avec une élasticité de
la production au capital privé égale à la valeur usuelle (0,3), l'externalité est beaucoup
trop forte dans ces deux modèles et la croissance correspondant à l'optimum social est
irréaliste si le modèle est calibré de telle sorte que la croissance de l'équilibre
concurrentiel soit proche des valeurs observées. Pour que les rendements des facteurs
accumulables soient unitaires, l'élasticité de la production au facteur générateur

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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d'externalité est en effet nécessairement égale au complément de l'élasticité de la


production au capital privé.
Le modèle de Lucas, plus proche du modèle de croissance néoclassique, ne nécessite
pas en revanche d'externalité pour engendrer une croissance endogène. Celle-ci résulte
en effet de l'accumulation du capital humain, supposée proportionnelle à la durée de
formation et au stock de capital humain. A durée de formation donnée, l'accumulation
du capital humain se réduit à une croissance exponentielle (exogène) et le modèle ne
diffère pas du modèle néoclassique. De ce fait, Lucas aboutit à des valeurs numériques
plausibles. Lucas introduit cependant une faible externalité pour prendre en compte le
fait qu'un système productif est plus efficace lorsqu'il se développe dans un
environnement riche en capital humain.
Le modèle de Lucas fournit en outre une interprétation du maintien des disparités
de développement entre pays. La productivité marginale du capital augmente avec le
ratio du capital humain au capital physique et, en présence d'externalité, elle augmente
également avec le niveau du capital humain.
Cette différence de productivité marginale du capital aura deux conséquence: d'une
part la croissance sera plus forte dans les pays riches que dans les pays pauvres ; d'autre
part, s'il n'y a pas d'obstacles à la mobilité du capital physique, le capital physique aura
tendance à se déplacer des pays pauvres vers les pays riches. Ainsi, loin d'égaliser les
niveaux de capital par tête, la mobilité du capital accroîtra les disparités. Ce modèle rend
compte du fait que la croissance et l'accumulation du capital physique sont plus fortes
dans les pays industrialisés que dans les PVD, contrairement au modèle néoclassique qui
prédit la convergence des économies.
Recherche-développement et différenciation des connaissances Un dernier type de
modèle met l'accent sur la différenciation des connaissances ou des produits dans la
croissance économique. Ces modèles ont pour caractéristique de traiter l'innovation et
la R&D comme une activité spécifique dont le résultat est une augmentation de la variété
de biens de consommation (Helpmann et Crossman [1 991]), ou de la variété de biens de
capital (Romer [1 990], Barro et Sala-i-Martin [1 990], Helpman et Grossman [1990]) ou
encore de la qualité des nouveaux inputs qui se substituent aux anciens (Aghion et
Howitt [1992]).

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Dans le modèle de Romer, les connaissances ont en partie le caractère d'un bien
public, mais les firmes doivent payer pour acquérir le droit de produire les biens
nouvellement découverts (brevets). La production de connaissances a un rendement
social qui est supérieur à son rendement privé (brevet), car la production de
connaissances nouvelles améliore l'efficacité de la recherche. De ce fait, les subventions
à la recherche permettent d'accélérer la croissance économique. Dans le modèle
d'inspiration schumpétérienne d'Aghion et Howitt, l'innovation remet en cause la rente
de monopole du producteur des biens intermédiaires plus anciens tout en augmentant la
productivité de l'ensemble de l'économie. L'externalité technologique est donc
essentiellement intertemporelle. En outre il existe aussi une externalité négative de
l'innovation du fait de la disparition des biens obsolètes qu'entraîne une nouvelle
innovation. De ce fait, l'équilibre concurrentiel peut engendrer une croissance trop forte,
comme une croissance insuffisante. Enfin, l'économie peut connaître une évolution
cyclique qui s'apparente aux modèles de cycle réels.
Le renouveau des théories de la croissance avait été précédé au début des années
quatre-vingt par une révolution comparable dans le domaine de l'économie
internationale (voir Krugman [1990]). L'une et l'autre ont consisté à retenir, comme
hypothèse centrale de la nouvelle théorie, l'hypothèse de rendements croissants et son
corollaire, la concurrence imparfaite. En mettant l'accent sur les économies d'échelle et
la différenciation des produits, la nouvelle théorie du commerce international
permettait d'expliquer, d'une part, la tendance du commerce international à se
développer principalement entre pays ayant un niveau d'industrialisation élevé, d'autre
part, la non convergence entre les économies industrialisées et les PVD. L'une des
conclusions des modèles de croissance endogène est que l'histoire compte, notamment à
travers le capital humain. La prise en compte de l'échange international dans les
théories de la croissance endogène peut apparaître ainsi à la fois comme le
prolongement naturel de la nouvelle théorie de l'échange international et des nouvelles
théories de la croissance.
La redécouverte des théories de la croissance dans la seconde moitié des années
quatre-vingt a fortement stimulé la recherche sur les sources et les facteurs de la
croissance économique. Il reste cependant un long chemin à parcourir pour confirmer
ou infirmer les conclusions les plus controversées auxquelles ont conduit ces nouvelles
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

théories. La politique économique modifie-t-elle seulement transitoirement le rythme de


croissance, comme le suppose la théorie traditionnelle ou durablement comme le
suggèrent les théories de la croissance endogène70.

Paragraphe III- Capital public et croissance de long terme

L’analyse des liens entre la croissance et le capital public a connu un vif regain
d'intérêt notamment avec les travaux théoriques de (Barro, 1990) qui montrent que les
dépenses publiques productives assimilées au capital public d'infrastructure peuvent
jouer un rôle moteur dans un processus de croissance auto-entretenue.
L’article de (Barro, 1990) a ouvert la voie à une série de contributions théoriques
visant à établir l’effet des infrastructures publiques sur la productivité et la croissance
de long terme dans une perspective de croissance endogène. Mais s’il existe aujourd’hui
un relatif consensus parmi les économistes quant à la pertinence de l’introduction du
stock de capital public dans le processus de production, il n’en va pas de même quant à
la validation empirique de ces effets.
Concernant l’analyse théorique des liens entre capital public et croissance, le modèle
de (Barro, 1990) constitue aujourd’hui un cadre de référence. La spécificité de ce modèle
consiste à faire apparaître les dépenses publiques d’investissement dans le processus de
production, et par conséquent à mettre en évidence un lien explicite entre la politique
gouvernementale et la croissance économique de long terme dans un cadre de
croissance endogène. L’auteur considère une économie fermée composée d’agents à
durée de vie infinie, dont les préférences inter temporelles sont représentées par la
fonction U définie par


𝑈 = ∫ 𝑢(𝑐𝑡) 𝑒 −𝜌𝑡 𝑑𝑡
𝑡=0

Où ρt désigne un facteur d'escompte psychologique et où l’utilité instantanée, notée

70Pierre-Alain Muet, « Les théories contemporaines de la croissance ». Revue, Observations et diagnostics


économiques n° 45 (numéro spécial) /juin 1993.
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u(ct), est de la forme C.R.R.A (Constant Relative Risk Aversion).

𝑐𝑡1−𝜎 − 1
𝑢(𝑐𝑡) =
1−σ

On suppose que la population active est constante. La production de la firme i est


représentée par une fonction de type Cobb Douglas définie par :

Yi = 𝐴𝐿1−𝑒𝑘
𝑖 𝐾𝑖𝑒𝑘 𝐺 𝑒𝑔

Les termes Li et Ki désignent respectivement le niveau de l’emploi et le stock de


capital privé de la firme i à la date t. Les paramètres ek et eg correspondent
respectivement aux élasticités de la production par rapport au stock de capital privé et
aux investissements publics. On suppose ici que les dépenses gouvernementales
agrégées, notée G, correspondent à la définition de (Samuelson, 1954) et satisfont les
hypothèses de non rivalité et de non exclusion. Lorsque l'on suppose que les rendements
sont constants par rapport aux facteurs K et G (eg=1-ek), on aboutit à une situation de
croissance endogène. Soit Y la production de la firme représentative. Les dépenses
publiques sont financées par un impôt proportionnel sur la production à taux constant :
G= Y
Si l’on note  le taux de dépréciation du capital privé et L la population active totale,
le taux de croissance équilibrée de l’économie, noté Y, est défini par :

1 𝐺𝑡
𝑌 = [𝐴(1 − 𝜏)𝑒𝑘 − 𝛿 − 𝜌]
g 𝐾𝑡

En utilisant la contrainte budgétaire du gouvernement, ce taux de croissance peut se


réécrire sous la forme :

1 1−𝑒𝑘 1−𝑒𝑘
1
𝑌 = [𝐴 𝑒𝑘 (1 − 𝜏)𝜏
𝑒𝑘 𝑒𝑘𝐿 𝑒𝑘 − 𝛿 − 𝜌]
σ
Cette relation nous permet d’observer les deux effets opposés du taux d’imposition
sur le taux de croissance de long terme. L’augmentation des dépenses publiques conduit
d’une part à une augmentation de la productivité des facteurs et favorise ainsi

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

l’accumulation du capital privé, mais d’autre part elle induit une hausse des ponctions
sur les ressources des agents et donc une éviction des investissements privés. La
croissance de long terme sera ainsi le résultat de l’interaction de ces deux forces
opposées.
En particulier, pour un niveau sous optimal de dépense publique, on peut montrer
que toute dépense additionnelle engendre une amélioration de la croissance de long
terme, en effet :

δY 1 1 1−𝑒𝑘 (1 − 𝑒 ) − 
𝑘
= 𝑒𝑘 𝐴𝑒 𝑘 𝜏 𝑒𝑘 [ ] > 0 𝑠𝑖  < 1 − 𝑒𝑘
δτ 𝜎 𝑒𝑘 

L’effet net de l’intervention publique dépend de la différence entre le taux marginal


de prélèvement public  et l’élasticité du produit par rapport aux dépenses publiques
1- 𝑒𝑘 Dès lors si le gouvernement adopte la maximisation de la croissance pour objectif
de sa politique fiscale, il choisira un taux d’imposition égal à l’élasticité des dépenses
publiques, ou au taux d'investissement public.

𝑔∗
 = 1−= ∗

𝑦
L'hypothèse d'une influence des dépenses publiques d'infrastructure sur le taux de
croissance du sentier stationnaire de l'économie, peut paraître extrêmement fragile
dans la mesure où elle requiert une configuration très particulière des paramètres et
notamment des rendements d'échelle par rapport aux stocks de capital privé et public.

Cependant, (Hénin et Hurlin, 1997) montrent que la règle d'investissement décrite


par l'équation précédente demeure valable dans une configuration de croissance
exogène lorsque l'on substitue un critère normatif au critère de maximisation de la
croissance. En effet, dans une perspective similaire à la règle d'or, le taux d'imposition
qui maximise la consommation par tête en régime permanent doit dans ce cas être égal à
l'élasticité de la production par rapport aux dépenses publiques et au taux
d'investissement public.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Ainsi suivant l'origine de la croissance, la maximisation du facteur de croissance de


long terme ou du niveau de la consommation par tête en régime permanent, conduit
dans ces modèles à l'égalisation du taux d'investissement public et de l'élasticité de la
production par rapport à ces dépenses.

Mais une des principales limites du modèle de (Barro, 1990) réside dans le fait qu'il
n'intègre pas de dimension de stock de capital public. Or, il est raisonnable de penser
que les effets productifs des infrastructures publiques sont sans doute plus liés à
l'ensemble des équipements mis en place qu'au seul flux contemporain de dépenses
d'investissements71.

Paragraphe IV- Croissance et politique économique72

Les nouvelles théories de la croissance sont souvent présentées comme revalorisant


l’influence des dépenses publiques et plus généralement comme réhabilitant le rôle
économique de l’Etat. Il y a là un basculement important par rapport aux années
soixante-dix et quatre-vingt-dix où les théories économiques ultralibérale ont inspiré les
politiques économiques. Au cours des années quatre-vingt, l’analyse dominante a été
que la crise était due à une manque de flexibilité. On s’attendait à ce que l’ajustement
structurel réalisé à travers un libéralisme des marchés permette une libéralisation de
l’offre suffisante pour réduire en Europe, le chômage et accroître aux États-Unis, la
productivité, le discours économique allait dans le sens du « moins d’Etat ». Au début
des années quatre-vingt-dix, ce discours s’est pour le moins infléchi. D’une part, une
crise conjoncturelle a sévi en Europe et, avec elle, s’est sentir la nécessité d’une
intervention publique (au niveau européen et national). Ainsi la régulation
conjoncturelle traditionnelle (politique budgétaire et monétaire) a été réhabilitée.
D’autre part, la faiblesse criante des infrastructures publiques aux Etats-Unis a montré
que les dépenses publiques sont un facteur d’offre trop négligé.

71 Christophe . Hurlin, « La Contribution du Capital Public à la Productivité des Facteurs Privés : une
Estimation sur Panel Sectoriel pour Dix Pays de l’OCDE ». Revue, Economie et prévision, n°137. 1999.
72
Dominique, Guellec et Pierre Ralle « Les nouvelles théories de la croissance » Paris : la Découverte, 2001.
Op.cit. P : 90.
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Empirique

Ce second point est justement un des messages important des nouvelles théories de
la croissance. Il faut cependant se garder de tout machiavélisme ou de toute naïveté. Ce
ne sont pas les nouvelles qui ont conduit à une modification des discours et( parfois des
pratiques) de politique économique. Mais, inversement, les modèles ne sont pas venus
après que pour justifier des préoccupations politiques (la thèse de Romer sur le sujet de
la date de 1983). En fait, il y a eu juxtaposition des deux problèmes (théoriques et
politiques).
Cependant, les nouvelles théories de la croissance ne seront sans doute pas aux
politiques économique de la fin du siècle ce que la théorie keynésienne a été à celle des
années cinquante et soixante. En effet l’hétérogénéité des modèles de la croissance
endogène conduit à des conclusions contrastées quant au rôle économique de l’Etat.
Schématiquement, deux niveaux de l’intervention publique peuvent être décrits : l’Etat
gérant des externalités et l’Etat fournisseur de bien publics.

A- L’Etat, gérant des externalités

On a vu que la croissance économique provenait schématiquement de


l’accumulation de trois facteurs : capital physique, capital technologique, capital humain.
Or, ces derniers facteurs ont une caractéristique commune. Ils engendrent des
externalités. Dès lors, le libre jeu des marchés ne garantit pas l’obtention d’un optimum
social. Des sources sont mal utilisées car les agents privés ne prennent pas en compte les
effets induits par leurs comportements sur leur environnement. Le rendement privé de
l’accumulation est inférieur à son rendement social et il y a en théorie place pour une
intervention publique qui améliorait le bien-être.
Dans les modèles où la croissance est liée à l’accumulation du capital humain
(Lucas, 1988) ou à celle du capital technologique (Romer, 1990) l’existence
d’externalité est justifiée par la prise en compte des mécanismes de diffusion du savoir.
Lucas considère ainsi que, dans l’activité de production, le savoir à des effets
externes : toutes choses égales par ailleurs, plus le niveau moyen de connaissance d’une
économie est plus élevé, plus la productivité de chaque entreprise est forte. Selon
Romer, la technologie est un bien non rival, c’est-à-dire que son utilisation par une
entreprise n’exclut pas son utilisation par une autre entreprise (une fois un logiciel mis
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Empirique

au point, il peut être dupliqué et utilisé par plusieurs personnes). De ce fait, l’activité de
recherche a des rendements croissants importants (la mise au point d’un logiciel coûte
autant, qu’il soit vendu en exemplaire ou en mille).

Dans le modèle de Romer (1986) consacré au capital privé, l’existence d’externalité


est une condition nécessaire à l’obtention d’une croissance auto-entretenue. Pour que la
croissance puisse être auto-entretenue, il faut que le rendement marginal du facteur de
production accumulable dans sa propre production soit constant. Dans ce modèle
comme, dans la théorie traditionnelle, le capital physique est homogène au bien. Une
condition nécessaire à l’existence d’une croissance auto-entretenue est donc que
l’élasticité de la production au capital physique soit égale à l’unité. Si le capital était le
seul facteur de production, les rendements seraient donc constants. Mais il existe
d’autres facteurs de production. Aussi, les rendements de l’ensemble des facteurs sont
croissants. Cependant, si une entreprise à une a des rendements croissants, aucun
équilibre de concurrence parfaite n’est possible.

Il y a donc une contraction. Au niveau macroéconomie, dès lors qu’il existe des
facteurs de production non accumulables, il faut, pour que la croissance soit auto-
entretenue, que les rendements soient croissants. Au niveau microéconomique, pour
que l’équilibre existe, il faut que les rendements ne soient pas constants. Pour résoudre
cette contradiction tout en concevant la conclusion que la croissance est auto-
entretenue (ou au moins que son caractère auto-entretenu provient du capital
physique) et en restant dans un équilibre de concurrence parfaite, Romer fait appel à
des effets externes.

Son modèle est cependant fragile car le caractère auto-entretenu de la croissance


provient d’une hypothèse très particulière quant à la valeur des paramètres. Il faut que
les rendements soient globalement constants c'est-à-dire que l’élasticité de la
production au capital soit unitaire au niveau macroéconomique. Il faut donc que la
somme de l’élasticité microéconomique et des effets externes soit exactement égale à 1.
Le modèle de Romer est donc peu robuste. Par ailleurs, les valeurs des paramètres que
l’on pourrait plausiblement retenir conduisent à un écart entre l’équilibre concurrentiel
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

(ou les entreprises ne prennent pas en compte l’externalité) et l’optimum social (ou
l’externalité est prise en compte) très élevé (Hénin et Ralle, 1994). On peut en effet
calculer quelles valeurs doivent avoir les paramètres du modèle pour qu’à l’équilibre les
taux de croissance, d’intérêt et d’épargne prennent des valeurs plausibles. Une fois ces
paramètres « calibrés », on peut calculer les valeurs que prendraient les taux de
croissance, d’intérêt et d’épargne à l’optimum social.

Plus généralement les conseils de politique économique que l’on peut tirer des
nouvelles théories de la croissance doivent être interprétés prudemment. On peut
cependant esquisser quelques règles qui fond dépendre l’intervention publique du type
d’externalité et du type d’information dont dispose l’Etat.

Il est ainsi légitime que la recherche fondamentale soit financée par des fonds
publics. Ce type de recherche est en effet d’une rentabilité économique incertaine et
lointaine. D’une part, l’appréciation des résultats n’est pas immédiate ; d’autre part,
l’appréciation des gains économique est difficile (Arrow, 1962). Prenons l’exemple
extrême d’une formule mathématique : d’une part, elle ne pourra servir à des
réalisations pratiques que de façon très indirecte et, au bout du compte, à peine
détectable ; d’autre part, elle est utilisable à un coût marginal nul et souvent aussi de
façon peu détectable. De plus, la recherche fondamentale s’apparente parfois à une
loterie fortement risquée, ce qui peut dissuader les agents privés (qui ont de l’aversion
pour le risque) de s’y engager. Enfin, une part importante de la recherche fondamentale
n’a pas de finalité économique directe : les objectifs peuvent concerner la défense, le
prestige ou l’ « honneur de l’esprit humain ».

En ce qui concerne la recherche appliquée, le rôle de la puissance publique est plutôt


de créer les conditions d’une reconnaissance des droits de la propriété intellectuelle.
Ainsi « la fabrication » d’externalités serait en partie (au moins) rémunérée et leur
« utilisation » en partie couteuse. En pratique, la distinction entre la recherche
fondamentale et recherche appliquée n’est pas toujours établie clairement. Une part de
la recherche fondamentale est parfois directement applicable, notamment dans les
secteurs de haute technologie. A l’inverse, la recherche appliquée engendre des savoirs
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Empirique

qui peuvent être assez aisément reproductibles car très codifiés. Cela explique la
multiplication des procès dans le domaine de la micro-informatique pour violation de la
propriété intellectuelle aux-Etats.
En ce qui concerne l’éducation, l’existence d’externalités ne peut justifier à elle seule
un financement entièrement public : une part des gains de la formation est réalisée par
les agents qui se forment. Mais par ailleurs, même en l’absence d’externalité, une
intervention publique se justifierait. Ainsi l’accès des plus pauvres aux marchés
financiers (afin de trouver le financement d’une formation) n’est sans doute pas ce qu’il
serait dans un marché parfait ! Et cette imperfection légitime l’intervention publique.
Sur le plan de la politique économique, les nouvelles théories se situent entre le
modèle de Harrod-Domar suppose qu’il y a mauvaise coordination des agents
économiques (et donc que la croissance régulière est généralement hors d’atteinte). Le
modèle de Solow postule d’emblée une parfaite coordination des agents (et donc une
croissance régulière et optimale). Les nouvelles théories ont une position intermédiaire :
il y a une croissance régulière d’équilibre, mais celle-ci n’est pas optimale du fait du
manque de coordination des agents privés.

Ces défauts sont dus à une croissance imparfaite. Dans ce cas, les prix ne portent pas
toute l’information nécessaire à une prise de décision par les agents privés qui soit
optimale pour la société. Il fait aussi que des informations sur les quantités et sur les
anticipations qui ne sont pas résumées dans les prix (Cooper et John, 1988). Prenons
l’exemple des deux entreprises exerçant des activités complémentaires. La rentabilité de
chacune dépend des actions de l’autre. Or les action de demain se décident aujourd’hui
(investissement) : Chacune doit donc prendre ses décisions en fonction des anticipations
qu’elle a des actions de l’autre. Plusieurs solutions permettent de coordonner ces
entreprises : fusionner, mais la bureaucratie a des coûts ; signer des contrats privés,
mais ils peuvent être coûteux à établir et à faire respecter ; faire intervenir une
contrainte publique (règlements, contrats), mais il peut y avoir des effets désincitatifs.
L’efficience de ces formules dépend du type d’activité concerné, du nombre des agents
impliqués, etc. La « formule japonaise », symbolisée par MITI et dont s’inspire quelque
peu l’Union européenne, est constituée d’un mélange entre contrats privés et
intervention publique, l’agence gouvernementale constituant l’initiateur et le garant des
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

accords privés. S’il y a place pour la politique économique, les modalités de


l’intervention publique peuvent être assez diverses. On est bien au-delà de
l’appropriation publique (qui est une forme extrême puisque la notion de rendement
privé est alors supprimée) ou le couple taxation-subvention (qui vise à égaliser
rendement privé et rendement social).L’intervention publique peut viser à modifier
l’environnement institutionnel dans lequel évoluent les agents privés. Elle peut ainsi
consister à créer des marchés inexistants, ou d’autre institutions permettant aux agents
privés de coordonner leurs décisions.

Si les nouvelles théories réhabilitent le rôle de la politique économique, qui devrait


permettre de mieux coordonner les décisions des agents privés, elles ne préjugent pas
de la forme de cette intervention. Cette absence de « message clair » pourrait sembler
une faiblesse des nouvelles théories. C’est en fait le prix à payer pour se rapprocher
du « monde réel », dans lequel les externalités sont bien concrètes : l’intervention
publique est justifiée par le fait qu’il existe une externalité ; mais la forme de
l’intervention publique dépend de l’externalité précise qui est en cause.

B- L’Etat, fournisseur de biens publics

Outre la prise en compte des effets externes, l’Etat a évidemment une influence
directe sur l’efficacité du secteur privé : les investissements publics concourent
intuitivement à la productivité privé. Ainsi, sans route, quelle serait la productivité d’une
entreprise de transport, c’est dans cette optique que Barro (1990) présente un modèle
de croissance endogène où les dépenses publiques jouent un rôle moteur.

La production se fait suivant une technique à rendements constants utilisant deux


facteurs : le capital privé et le capital public. Trois résultats sont obtenus de ce modèle.
Tout d’abord puisque les rendements sont constants et les deux facteurs de production
accumulables, le modèle engendre une croissance auto-entretenue. Ensuite, le taux
d’imposition joue un rôle positif sur la croissance. En effet, quand le taux d’imposition
croît, le niveau de capital public augmente et donc l’efficacité du capital privé. Cela
accroît la rentabilité privée, donc le taux de croissance. Cependant, le taux d’imposition a
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

aussi un autre effet tout à fait traditionnel : il décourage l’activité privée, donc influence
négativement le taux de croissance. On obtient aussi le troisième résultat du modèle : il
existe un niveau optimal du taux d’imposition. Autrement dit, il existe une taille optimale
de l’Etat qui maximise la croissance de l’économie.
Le modèle de Barro a le mérite d’insister sur les relations qui existent entre niveau
des prélèvements et croissance économique. Deux critiques principales peuvent lui être
adressées, l’un d’ordre externe, l’autre d’ordre interne. La première est que Barro
s’interroge peu sur ce qui fait le caractère public de la dépense. Ainsi les services rendus
par les dépenses publiques ne pourraient-ils pas être fournis par les entreprises
privées ? Après tout, certaines infrastructures sont fournies ou financées par le secteur
privé (autoroutes, etc.). Plutôt que d’entrer ce débat, Barro pose d’emblée qu’il existe
une partie du capital total qui doit être publique.
La seconde critique, d’ordre interne, est que le caractère auto-entretenu de la
croissance ne s’observe que pour des valeurs très particulières des paramètres : le
rendement du capital total (privé et public) doit être unitaire. Cette hypothèse est sans
doute trop forte ; cependant, même si elle n’est pas vérifiée, le capital public influence la
productivité privée.

Paragraphe V- synthèse des travaux empiriques

Du point de vue empirique, plusieurs contributions récentes, parmi lesquelles


Perotti [1999] et Givazzi et al. [2000], traitent des effets non linéaires des déficits
budgétaires. En particulier, Perotti [1999] évoque l’existence d’un effet non linéaire du
déficit sur la croissance économique en fonction du ratio de dette publique. Dans un
même registre, nous proposons une estimation d’effets de seuils en panel à l’aide de la
nouvelle technique pstr permettant d’étudier des transitions lisses entre régimes. Nos
résultats empiriques montrent que le signe de la relation entre déficit budgétaire et
croissance est conditionné par le ratio de dette publique : pour un ratio de dette
publique faible, la relation est positive, alors qu’elle devient négative lorsque le ratio de
dette publique est élevé. La valeur du seuil de dette publique se situe autour de 90 % du
pib. De surcroît, les estimations font apparaître un deuxième type de non-linéarité,

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

concernant la magnitude de l’effet du déficit sur la croissance économique. En accord


avec les travaux de Blanchard [1990], Giavazzi et Pagano [1990] ou Perotti [1999], nous
identifions d’importants effets « anti-keynésiens », notamment pour des pays très
endettés.

A- Un réexamen de la relation non linéaire entre déficits


budgétaires et croissance économique73

L’analyse empirique proposée ici permet d’éclaircir plusieurs points soulevés par les
travaux précédents. Par exemple, giavazzi et al. [2000] supposent a priori que les seuils
de dette publique sont exogènes, et concluent à l’absence d’un quelconque effet non
linéaire. Perotti [1999] identifie des effets de seuil dans le ratio de dette publique, mais
la transition entre les deux régimes (à gauche et à droite du seuil) est brutale, alors que
notre modèle théorique suggère que l’effet d’éviction par la charge de la dette est
progressif (lisse). Pour traiter cette question, nous proposons l’estimation d’effets de
seuils sur des données de panel et avec transition lisse. Cette méthode, qui porte le nom
de pstr (Panel Smooth Threshold Regression) a été proposée par gonzalez et al. [2005] et
colletaz et hurlin [2006]. Elle consiste à développer la méthode PTR de hansen [1999]
aux transitions lisses entre deux régimes extrêmes situés à gauche et à droite d’un seuil
déterminé de manière endogène. Pour estimer l’effet non linéaire du ratio de déficit d
sur la croissance e économique c en fonction du ratio de dette publique b, nous estimons
le modèle PSTR suivant :

L’estimation d’un modèle PSTR met en évidence de manière robuste un seuil exercé
par la dette publique, aux alentours d’un ratio de dette sur PIB avoisinant 90 %, qui

73
Alexandru Minea, Patrick Villieu,’’ UN RÉEXAMEN DE LA RELATION NON LINÉAIRE ENTRE DÉFICITS
BUDGÉTAIRES ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE’’http://www.cairn.info/revue-economique-2008-3-page-561.htm.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

entraînerait un changement de signe dans la relation entre déficit et croissance


économique.
D’après notre modèle théorique, cette non-linéarité pourrait traduire une certaine
résistance à la baisse des dépenses publiques de consommation : à partir d’un certain
montant de dette publique (situé entre 40 et 60 % du PIB selon les pays), la charge de la
dette tend à réduire l’impact positif du déficit sur la croissance économique, cet impact
devenant négatif pour des niveaux très élevés de dette publique. Nous ajoutons à cet
effet une deuxième forme de non-linéarité concernant la magnitude de l’effet du déficit,
puisque l’influence positive est moins importante que le fort effet négatif associé à des
niveaux d’endettement élevés.
Cette approche permet ainsi d’illustrer d’éventuels effets anti-keynésiens de la
politique budgétaire, lorsque la dette publique est très élevée, dans l’esprit de Perotti
[1999]. De surcroît, elle conduit à s’interroger sur la pertinence, dans un contexte de
dette publique élevée, des propositions budgétaires visant à permettre le financement
par déficit des dépenses publiques d’investissement, dans l’objectif d’améliorer le
sentier de croissance potentielle.

B- La politique budgétaire et ses effets de seuil sur l’activité en


Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)74

L’objectif de cet article est d’évaluer l’impact de la politique budgétaire sur l’activité
appréciée par l’output gap, c’est-à-dire l’écart entre le produit intérieur “effectif” et le
produit ;“potentiel” que l’on mesure ici par utilisation d’une procédure de lissage à la
Hodrick-Prescott (HP).

La modélisation suivant la méthode de Hansen, Il s’agit d’une méthode de balayage


suivant laquelle une équation de référence est estimée pour différentes valeurs de la
variable de seuil. En l’occurrence, on modélise l’impact de la politique budgétaire, que

74
Nasser Ary Tanimoune et al « la politique budgétaire et ses effets de seuil sur l'activité en union
economique et monétaire ouest africaine (UEMOA) » Article n° 52008. http://www.cairn.info/revue-
economie-et-prevision-2008-5-page-145.htm
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

l’on considère comme conditionnel au niveau d’endettement, à partir de la relation entre


un solde budgétaire primaire structurel de base (SBS) et l’output gap (GAP)(4) du pays i
à l’instant t (équation) :

- et  sont les effets marginaux qui peuvent être différents suivant le régime de la
politique budgétaire.
-SBS représente le solde budgétaire structurel
-DPE représente la dette publique extérieure
-Le vecteur X permet de contrôler pour l’action des variables d’environnement et de
politique économique autres que le solde budgétaire.
La méthode de détermination des seuils endogènes de Hansen a révélé qu’en
présence d’un taux d’endettement inférieur à 83 % du PIB, la relation entre l’effort
budgétaire et la conjoncture a été de nature keynésienne. Cet effet de seuil est
notamment accepté à 90%de confiance pour un filtre HP de 400 qui correspond à la
valeur de paramètre la plus couramment utilisée pour des données annuelles.
Pour un endettement supérieur, la relation, plus incertaine, semble ainsi de nature
anti-keynésienne ou non keynésienne. Autrement dit, une contraction budgétaire est
favorable ou neutre sur l’écart de produit. Ce résultat s’est avéré robuste aux différentes
décompositions cycle-tendance obtenues par le filtre de Hodrick-Prescott.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

C- quelle a été la contribution de la politique budgétaire à la


croissance économique du Sénégal75

L’analyse économétrique, basée sur un traitement rigoureux de la contrainte budgétaire de


l’Etat, confirme l’existence de cet effet non linéaire et identifie de manière robuste un seuil du
déficit à partir duquel la croissance réagit différemment à la politique budgétaire. Ce
seuil du déficit est évalué à 1 % du PIB. S’il apparait que, en deçà de cette valeur seuil,
toute augmentation du déficit occasionne des gains de croissance du PIB, cet effet est
inversé lorsque le déficit est plus grand que cette valeur seuil. Toutefois, les pertes de
croissance au-delà du niveau seuil dépendent de la nature des dépenses ou des recettes
que le déficit cherche à financer. Elles sont plus importantes lorsque le déficit budgétaire
est utilisé pour financer un surcroît de dépenses courantes ou baisse des recettes
budgétaires que quand il est utilisé pour financer un surplus de dépenses en capital.

Ces pertes dépendent également de la composition du déficit en termes de


financement intérieur et extérieur. L’idéal serait que le seuil optimal du déficit soit
décomposé en un seuil de financement extérieur de 2,5 % du PIB et de financement
intérieur de -1,5 % du PIB. Ainsi, il ne suffit pas d’observer le niveau du déficit pour
savoir s’il faut l’augmenter ou le diminuer pour accélérer la croissance, c’est plutôt les
niveaux de ses financements qui doivent être sujets à un contrôle minutieux.

L’étude révèle également qu’en présence d’un taux d’endettement extérieur


inférieur à 69 % du PIB, la relation entre la politique budgétaire et la croissance
économique est de nature keynésienne. Pour un endettement supérieur à ce seuil la
relation est plutôt anti keynésienne. Actuellement, le niveau de la dette extérieure
publique du Sénégal qui est de l’ordre de 18 % 28% du PIB est donc favorable à la mise
en œuvre d’une politique budgétaire expansionniste. Pourtant, ce serait une erreur
d’aboutir à hâtivement à une telle conclusion en raison du fait que les contraintes qui

75
Fatou DIANE, Alsim FALL,’’ quelle a été la contribution de la politique budgétaire a la croissance
économique du Sénégal’’, Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE), Document d’Etude
N°05.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

pèsent sur le déficit budgétaire ou de ses financements sont plus serrées que celle
agissant sur le taux d’endettement extérieur.

D- Les travaux empiriques de la relation entre le déficit budgétaire


et la croissance économique pour le cas du Maroc

En reprenant le cas du Maroc l’examen de l’évolution du multiplicateur budgétaire


montre que les périodes de déficit budgétaire important ont correspondu à des
multiplicateurs faibles (durant le plan 1974-1977 notamment) ou inversement les
périodes de déficit maîtrisé coïncident à des multiplicateurs importants (débuts des
années 80).

Tableau n° 1 : multiplicateur budgétaire au Maroc (1974-1994)

Année Multiplicateur
1974 0,98
1975 0,64
1976 1,56
1977 0,95
1978 3,8
1979 1,25
1980 1,74
1981 0,89
1982 1,3
1983 2,3
1984 1,02
1985 1,12
1986 2,4
1987 1,9
1988 1,1
1989 0,1
1990 1,4
1991 0,97
1992 1,27
1993 1,12
1994 1,21
Source76 : rapport de Bank al Maghrib

76
: Tiré de :M. Bousseta « Déficit budgétaire et son impact sur l’économie marocaine », Revue AEM 1996 P :116
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Beaucoup d’autres études ont classé le Maroc parmi les pays à faible activisme
budgétaire. Ainsi selon les résultats des mesures d’activisme77, fait par la direction de la
politique économique générale liée au ministre des finances78, calculées sur la période
1980-2005, le Maroc peut être classé dans la catégorie des pays qui ont un faible
activisme budgétaire. Cette situation, équivalente à la faiblesse de la composante
conjoncturelle du déficit budgétaire, trouve son origine dans l’importance des
exonérations, le poids relativement élevé du secteur informel dans le PIB, ainsi que la
faiblesse des marges de manœuvre en matière de réduction des dépenses. En effet, une
évaluation directe des effets des variations de l’activité économique a permis de montrer
que la sensibilité du solde budgétaire à la conjoncture économique a été de l’ordre de 0,2
au cœurs de la sous période 1990-2003 contre 0,1 entre 1980 et 1990. Elle s’est même
située à 0,4 sur la période récente 1996-2003. Il en résulte qu’une hausse de la
croissance de 1% se traduit par une amélioration du solde budgétaire de 0,4 du PIB.
Quand le secteur agricole n’est pas prise en considération dans les calculs, cette
sensibilité est traduite de moitié en raison de l’élimination des fluctuations
conjoncturelles résultant des aléas climatiques.

Cette étude montre donc que la réduction du déficit budgétaire va de paire avec la
croissance économique, et non l’inverse et que si on ne peut prouver l’influence positive
du déficit budgétaire sur la croissance économique personne ne peut nier que la
croissance économique favorise la réduction du déficit.

77
L’activisme budgétaire exprime dans quelle mesure l’Etat laisse jouer les stabilisateurs automatiques qui
conduisent à un creusement du déficit en période de récession et à son amélioration en période d’expansion.
78
S. Samari, « l’activisme budgétaire » document de travail N° 103 direction de la politique économique
générale, ministre des finances Août 2004 Rabat.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Conclusion

La question de la croissance économique a pris une place importante dans les


théories économiques dont lesquelles on distingue les théories traditionnelles et les
nouvelles théories de la croissance économique en effet les théories traditionnelles de la
croissance se basent sur l’accumulation du capital mais à cause de la productivité
marginale décroissante des facteurs de production, la croissance économique s’avère
limitée dans le longue terme ce qui vas donner l’occasion à l’émergence de nouvelles
théories de la croissance économique qui peuvent être réparties en deux approche
possible : une première fondée sur les mécanismes, une seconde sur les facteurs. La
première approche insiste sur le lien entre le caractère auto-entretenu de la croissance
et la constance du rendement marginal des facteurs accumulables dans la production de
facteurs accumulables. C’est parce que la rentabilité marginale du capital décroît avec le
stock de capital que, dans le modèle de Solow, la croissance doit s’épuiser, du moins en
l’absence d’un progrès technique exogène. Cependant, dans le modèle « AK », la
rentabilité marginale du capital ne dépend pas du stock de capital. La croissance auto-
entretenu est possible et elle dépend de la quantité de ressources allouées à
l’accumulation, autrement dit, le taux dit le taux d’épargne. Ainsi est un comportement
économique qui détermine le taux de croissance. D’où le nom selon lequel ont été
popularisées les nouvelles théories : théorie de la croissance endogène.

La seconde approche des nouvelles théories repose sur les facteurs de la croissance.
Ceux-ci ne sont pas nouveaux. On sait de long date que la croissance, ce n’est pas
seulement l’accumulation du capital matériel privé, mais aussi du capital immatériel,
humain et technologique.

On peut cependant tirer quelques conclusions robustes. La principale de ces


conclusions est qu’alors même que les nouvelles théories donnent un poids important
aux mécanismes de marchés, elles en indiquent nettement les limites. Ainsi il y a souvent
nécessité de créer des arrangements en dehors du marché concurrentiel, ce qui peut
impliquer une intervention active de l’Etat dans la sphère économique. Les nouveaux

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

modèles sont plus sensibles aux « effets d’offre » que le modèle de Solow. En effet, la
croissance dépend des comportements d’épargne au sens large, lesquels réagissent aux
incitations des marchés. Ainsi une fiscalité trop forte peut décourager l’épargne et donc
la croissance. Paradoxalement, dans les représentations traditionnelles, une fiscalité
trop importante sur l’épargne n’a pas d’influence négative sur la croissance de long
terme car celle-ci ne dépend pas du taux d’épargne. Sensible aux effets d’offre, les
nouveaux modèles insistent cependant sur le rôle de l’intervention publique, sous des
formes variées. Les raisons peuvent en être l’existence d’externalités et d’effets de taille,
ou bien que le fait de la concurrence est imparfaite. En présence de tels phénomènes, le
fonctionnement du marché conduit à des déséquilibres qui sont différents de l’optimum
social.
Une deuxième conclusion forte des nouveaux modèles est que le capital public est un
des facteurs de la croissance. Cette redécouverte montre l’ampleur de recul de la pensée
des économistes à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt.
Barro (1994) avait popularisé l’idée que l’accroissement des déficits publics engendrait
une hausse équivalente de l’épargne (et donc un effet nul sur la demande globale), les
agents privés, rationnels et informés, attendant une hausse future des prélèvements,
nécessaire à financer le déficit. Cette critique libérale des politiques de relance
d’inspiration Keynésienne a eu un écho certain. Dans les années quatre-vingt, le même
Barro(1990) construit un modèle fondé sur l’idée que les dépenses publiques
d’investissement ont un impact positif sur la croissance économique.
En ce qui concerne la technologie, les nouvelles théories insistent sur le fait que c’est
un bien partiellement public, non gratuit et facteur de croissance. Là encore, on savait
avant Romer, beaucoup des choses. Que la technologie soit facteur de croissance était
déjà présent chez Solow, même si le progrès technique était exogène. Que la technologie
soit un bien partiellement public et non gratuit était bien connu des spécialistes du
domaine.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Chapitre III : l’impact du déficit budgétaire sur la


croissance économique au Maroc : étude
empirique

Introduction

Il est évident que l’outil de base d’intervention économique de l’Etat que constitue le
budget exerce une influence sur les divers variables macroéconomique à travers les
effets de la redistribution. Cependant, le déficit budgétaire est la partie qui suscite le plus
de débat et de controverses. Plusieurs théories avancent que le déficit budgétaire exerce
un effet dépressif sur l’investissement privé tout en attisant les tensions inflationnistes,
en exerçant des pressions sur les taux d’intérêt réels, en creusant le déficit de la balance
des paiements courants et en appréciant le taux de change réel. Il en résulte globalement
un effet négatif sur la croissance économique et peut rendre la dette publique
insoutenable.79 Pour vérifier la véracité de ces effets négatifs et notamment sur la
croissance économique, Le présent chapitre va permettre d’évaluer empiriquement la
relation entre le déficit budgétaire et la croissance économique en volume, pour cette
raison on va consacrer : la première section à l’évolution générale des finances
publiques au Maroc, la deuxième section à l’explication de la modélisation VAR et la
troisième section à l’évaluation empirique de l’impact du déficit budgétaire sur la
croissance économique réelle par le modèle VAR simple.

79
Najib Mrabet, « Dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse Historique et Empirique ». op,
cit. P : 229. THESE pour l’obtention de Doctorat au FSJES Fès en 2007.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section 1 : Évolution générale des finances publiques au


Maroc

Le Maroc offre l’image d’un vaste chantier de réformes entraînant des mutations
structurelles et un dynamisme remarquable de l’activité économique du pays qui n’a
cessé de se consolider depuis la fin des années 90. La poursuite de ces réformes a permis
à l’économie nationale, en dépit de l’évolution erratique de l’environnement
international et des conditions climatiques, de consolider les acquis, même si certaines
faiblesses sont apparues ses dernières années, notamment, celles liées aux équilibres
budgétaire et extérieur ainsi qu’au financement de l’économie nationale.

En effet, le Maroc a réussi à incorporer les fruits des réformes et les acquis du passé
récent à son modèle de développement économique. Ce modèle a été fondé sur la
consolidation de la croissance endogène par le renforcement de l’investissement public,
l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens et par la poursuite du processus de
diversification et d’amélioration de la compétitivité du tissu productif. Cet appui aux
fondamentaux de la croissance a été couplé à des efforts visant l’amélioration du profil
des finances publiques et l’accompagnement des stratégies sectorielles pour une
meilleure implication du monde de l’entreprise.

Néanmoins, la dernière crise économique et financière mondiale a mis en exergue


les fragilités structurelles de notre économie qui risquent de constituer une entrave à
l’avènement d’une croissance pérenne et inclusive à moyen et long termes. Ces fragilités
concernent, notamment, la contribution négative du commerce extérieur à la croissance
économique, en raison des limites et de la lenteur du processus de diversification de
l’offre exportable conjuguée au poids important des importations, à la forte dépendance
énergétique, à la faiblesse du rendement du système éducatif national, à la faible
adéquation entre la formation et l’emploi et au manque de coordination, de convergence
et d'intégration des stratégies sectorielles qui limite leur efficacité et leur impact effectif

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 108


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Empirique

sur le citoyen. Conscient de l’importance de ces défis, les pouvoirs publics se sont attelés
à concevoir et opérationnaliser de nouvelles mesures pour faire face à cette situation80.
Par ailleurs parmi les politiques macro-économiques à la disposition de l’Etat pour
conduire et orienter sa politique économique, la politique budgétaire est
incontestablement la plus importante. Cette politique est menée au moyen du budget de
l’Etat central. Le budget à un rôle essentiel dans la politique macroéconomique tant par
sa masse que (en % du PIB), que par sa structure (structure des dépenses et des
recettes), et enfin, par son solde qui est résorbé, en cas de déficit, par le recours à la
dette publique (intérieure et extérieure). Les variations marginales de ces différentes
composantes ont autant sinon plus de signification économique, et sociale, que leurs
masses respectives.
Concernant le cas de notre pays, on constate que depuis les années 70, la politique
budgétaire dans son ensemble a connu une importante évolution et des mutations
profondes. Elle est passée par plusieurs cycles qui ont fortement marquées les finances
publiques de l’Etat81. Afin d’éclaircir l’évolution des différentes composantes de la
politique budgétaire, On va se baser sur une analyse descriptive des grandeurs
macroéconomique marocain, tout en partageant notre analyse selon les cycles
budgétaire.

Paragraphe I- Les cycles budgétaires de 1973-2014

L’analyse des indicateurs macroéconomique et notamment le déficit budgétaire


depuis 1973 s’avère indispensable pour pouvoir appréhender la contribution de l’Etat
dans le développement économique du pays.
Pour cela on va scinder la période allant de 1973 à 2014 en trois cycle budgétaires :
de 1973-1982, de 1983-1992 et de 1993à 2014.

80
Directions des études et des prévisions financières « Tableau de bord des indicateurs macro-économiques »
mai 2015.
81
Amirou Rachid « Politique budgétaire, dynamique de la croissance économique et soutenabilité de la dette
publique au Maroc » op. cit . P : 101. Mémoire de master.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

A cet effet, le concept de « cycle budgétaire » que nous utilisant ici, désigne une
période plus ou moins longue, et durant laquelle l’Etat, au sens du gouvernement, ne
semble pas réagir à telle ou telle tendance forte et structurelle des finances publiques82.
Le cycle budgétaire se termine en général par une crise des finances publiques et donc
une récession.

A- 1973-1982 : un cycle budgétaire d’expansion-récession, début de la crise


des finances publiques Marocaines

Dans cette période on distingue deux phases, la première de 1973-1977 et la


deuxième de 1978-1982.

a- 1973-1977 : Le cycle budgétaire d’expansion

La première phase a été caractérisée par une forte progression des recettes et des
dépenses due, principalement, au triplement des prix des phosphates grâce à
l’augmentation de la demande mondiale sur cette matière. Ce qui a marqué une véritable
rupture de la tendance du passé en matière budgétaire. Ainsi, la prudence et
l’orthodoxie budgétaires ont cédé la place à l’activisme budgétaire, ce qui a conduit à des
déficits importants.

Tableau n°2 : Evolution des déficits budgétaire au Maroc (1973-1982)

Année 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982

Déficit/PIB
1,9 3,8 8,7 16,4 14,6 9,9 9,2 10,1 14,0 12,0
(en %)

Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

82
M. SAGOU « les politiques macro-économique : Les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années »Janvier 2006, P : 40.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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En effet, au terme de cette phase, les déficits budgétaires sont entrés dans un
processus cumulatif et d’auto entretien. Ils sont même devenus une donnée structurelle
des finances publiques. Ainsi, le déficit budgétaire qui ne représentait que 1,9% en 1973
atteint 14,6% en 197783.

Tableau n° 3 : Evolution des dépenses et des recettes ordinaires (1973-1982)

1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981


Recettes
4142 7028 8490 8322 10784 11693 13802 15092 17787
ordinaires
Dépenses
3797 6670 7567 8038 9400 11049 13000 16167 20063
ordinaires
Solde
345 358 923 284 1384 644 802 -1075 -2276
ordinaire

Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

b- 1978-1980 le plan de stabilisation

En dépit de l’assainissement budgétaire prôné par le Plan de stabilisation 1978-


1980, le déficit budgétaire persiste au cours de la seconde période, notamment en 1981
où il représente 14% du PIB. En effet, la baisse des dépenses d’équipement et les divers
aménagements fiscaux n’ont pas permis d’améliorer la situation financière de l’Etat.
Celle-ci s’est même dégradée à partir de 1980 avec l’apparition des soldes budgétaires
ordinaires négatifs.

Cependant la période de 1981 à 1982 est caractérisée par une quasi-cession de


paiement du pays. Pour financer les dépenses et couvrir les déficits, l’Etat a eu

83
Ibid, P : 41.
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massivement recours à l’endettement extérieur. Ainsi, de 12,9% du PIB en 1974


l’encours de la dette extérieure passe à 43,8% en 1982.

Cependant, compte tenu des chocs externes intervenus à la fin des années 1970 ( 2ème
choc pétrolier, hausse des taux d’intérêts) et vu l’ampleur des déficits jumeaux et la
montée des revendications sociales au début des années 1980, le volume de
l’endettement extérieur et des déficits ne va pas manquer de déboucher sur une
situation de quasi-cessation de paiement rendant inévitable le rééchelonnement de la
dette et l’ajustement structurel.

Graphique n°1 : Encours de la dette extérieure en % du PIB (1962-2001)

Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

B- 1983-1992 : programme d’ajustement structurel : priorité aux équilibres


des finances publiques.

La trajectoire 1983-1992 est structurée, on l’a déjà souligné, par l’objectif


d’assainissement des finances publiques et de retour à un niveau soutenable du déficit
budgétaire. La politique de redressement des finances publiques poursuivie tout au long
de cette période a eu des résultats financiers indéniables : représentant 9,2% du PIB en

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Empirique

1983, le déficit budgétaire va baisser progressivement pour s’établir à 2,2% du PIB en


1992.
La structure du financement des déficits budgétaires a aussi été profondément
modifiée. Au lieu des emprunts étrangers, ce sont les sources de financement internes
qui sont prédominants, depuis la mise en application du PAS, contribuant en moyenne à
la couverture de 45,5% des déficits budgétaires entre 1983 et 1992.

Graphique n°2 : Evolution du déficit budgétaire (en % du PIB) entre 1983 et 1992

Source : Ministère des Finances et de la Privatisation

Cependant malgré les efforts accomplis, le redressement budgétaire demeure fragile


et les marges de manœuvre se rétrécissent de plus en plus84. Il convient de signaler que
le déficit budgétaire est sous-estimé: n’incluant pas les gains dus au rééchelonnement de
la dette extérieure, il ne tient pas compte du fait qu’il s’agit de dépenses payées et non
pas de dépenses engagées. Mesuré en termes de dépenses engagées, le déficit n’a pas

84
M. SAGOU « Les politiques macro-économique : les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis
cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années » op.cit. p.43.
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baissé, ce qui signifie que l’Etat a dû accumuler les arriérés pour financer une partie de
ses dépenses, reportant ainsi sur les générations futures le poids et le coût de telles
mesures.

C- 1993-2009 : phase de cycle budgétaire et de croissance économique


contrariée

La période 1993- 2009 apparait comme une période de déficits relativement


maîtrisés, mais cette maîtrise reste fragile. En effet, prévus des gains de
rééchelonnement, l’Etat s’est basé depuis 1993 sur les recettes de privatisation pour
ramener ses déficits budgétaires à des niveaux soutenable. Ainsi, grâce à ces recettes
exceptionnelles, le déficit budgétaire a reculé s’établissant à 3,1% du PIB en moyenne
sur la période 1999-2003 contre 3,3% entre 1990 et 1995.
A ce niveau les recettes non fiscales hors privatisation ont perdu 0,2 point du PIB
entre les deux périodes 1998-2002 (2,5% du PIB) et 2003-2008 (2,3% du PIB). Cette
tendance s’explique en partie par la stratégie des engagements de l’Etat des activités à
caractère industriel et commercial.
Cependant, les recettes de privatisation, ont généré au budget de l’Etat 48,6 milliards
de DH entre 1998 et 2008 contribuant ainsi chaque année en moyenne pour près de 1%
du PIB à la réduction du déficit budgétaire. Ces recettes exceptionnelles, qui ont atteint
leur niveau record de 23,4 milliards de DH soit 5,5% du PIB en 2001, ont néanmoins un
caractère structurant puisqu’une partie des recettes de privatisation est destinée à
alimenter et à pérenniser le Fond de Hassan II pour le Développement Economique et
Social qui a tendance à exercer un effet de levier sur investissement privé.
A titre d’exemple, le déficit qui était de l’ordre de 8,4% en 2001 s’est retrouvé, grâce
aux recettes de cession de 35% du capital du Maroc Télécom à 2,6%.
En outre, au-delà du caractère en partie conjoncturel du déficit, il y a d’autres
facteurs de tension budgétaire, parmi lesquels la perspective d’une diminution de
recettes de l’ordre de 2% du PIB à moyen terme, du fait de la mise en œuvre de l’accord
d’assainissement avec l’UE. La pression continue de la masse salariale, qui dépasse déjà
12% du PIB, et la mise en œuvre éventuelle de la responsabilité financière de l’Etat au

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Empirique

titre des passifs implicites logés dans les comptes du système bancaire ou dans ceux des
caisses de retraite du secteur public, auxquels il faut désormais ajouter les dépenses de
compensation sur les prix de l’énergie et les conséquences budgétaires des accords
sociaux relatifs aux revalorisations des salaires.
Donc on peut dire que depuis 1993 et jusqu’en 2009, le Maroc a pu confiner son
déficit entre 2 et 4% du PIB, à l’exception de l’année 1995 où il a enregistré un déficit de
5,5%.
Il apparait ainsi que les finances publiques au Maroc ont dégagé de manière
structurelle des déficits budgétaires, atténués ou exacerbés par des facteurs
conjoncturels, tels la sécheresse, les recettes de privatisations, l’opération de départ
volontaire à la retraite, la crise financière internationale, le renchérissement des prix des
matières premières, etc.85

De plus la période allant de 2005 à 2009 est caractérisée par :


- Un creusement du déficit qui atteint 4% du PIB en 2005, sous l’effet notamment
de l’impact financier de l’opération « départ volontaire à la retraite » d’un
montant de 11MMDH ;
- Deux légers excédents enregistrés en 2007 et en 2008, comme indiqué au début,
qui s’expliquent en grand partie par la performance des recettes fiscales ;
- Et un déficit maîtrisé de 2,2% en 2009, malgré la crise financière internationale.

85
N. BENSOUDA, « Soutenabilité des finances publiques : Quelles stratégie ? », intervention au colloque
international sur les Finances Publiques sous le thème : « La nouvelle gouvernance des finances publiques au
Maroc et en France : quelles perspectives ? » Rabat, les 18 et 19 septembre 2010, P :10.e
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
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Graphique n°3 : Evolution du déficit budgétaire entre 2001 et 2011

Source : Ministère de l’économie et des finances

En somme et dans ces conditions, les budgets de la période 1993-2009 sont


structurellement déficitaires, mais conjoncturellement soutenus par les recettes de
privatisation.

D- 2010-2014 : Dégradation du déficit budgétaire et difficile consolidation des


finances publiques

Les finances publiques marocaines étaient relativement saines avant la crise


mondiale de 2008, mais avec la propagation et la transmission de la crise vers des pays
de la zone euro la situation des finances publiques s’est de nouveaux dégradée,
accentuant la tendance observée depuis 2009. C’est ainsi qu’après s’être établi à 4,5% et
6,9% du PIB respectivement en 2010 et 2011, le déficit budgétaire, hors recettes de
privatisation, s’est creusé à 7,6%, niveau largement au-dessus de l’objectif de 5,4%
prévus par la loi de finance et de la cible de 6,1 retenue parmi les engagements pris par
le Maroc dans le cadre de sa souscription à la ligne de précaution et de liquidité du FMI

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en août 201286. Ce dérapage budgétaire intervient dans un contexte marqué par la


persistance à des niveaux élevé des cours mondiaux des produits énergétiques et de
base et par une conjoncture économique nationale difficile. Il reflète un rythme de
progression des dépenses ordinaire deux fois plus rapide que celui des recettes et ce, en
dépit de l’adoption tardive de la loi de finances.

Graphique n°4 : Evolution des recettes de l’IS et de l’IR

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

86
La ligne de précaution et de liquidité (LPL) est un instrument de financement du FMI. Elle est conçue
pour répondre aux besoins réels ou potentiels de balance des paiements des pays membres qui mènent de
bonnes politiques économiques mais demeurant exposés à certains facteurs de vulnérabilité.

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Empirique

Graphique n° 5 : Evolution des recettes de monopoles et participations

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE)

Graphique n° 6 : Evolution des recettes ordinaires du Trésor

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

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A cet égard, après une expansion des recettes fiscales jusqu’en 2008, ces dernières
ont subi l’effet, d’une part, de la conjoncture économique défavorable au niveau national
et international et, d’autres parts, les différentes mesures fiscales introduites dans les
dernières lois de finances auxquelles s’ajoutent les effets du démantèlement tarifaire des
différents accords de libre-échange.
D’un autre côté, les dépenses ont subi des pressions structurelles et conjoncturelles
se traduisant par un alourdissement de la charge de la compensation, en effet, Dans un
contexte international marqué par la forte volatilité et le renchérissement des cours des
matières premières notamment ceux des produits pétroliers, le système de
compensation a permis de prémunir les populations et le tissu productif national des
mouvements erratiques des cours sur le marché international. Toutefois, cette mesure
qui s’est traduite par l’envolée de la charge de compensation dépassant les 55 milliards
de dirhams en 2012 n’a pas manqué de se répercuter négativement sur l’équilibre des
finances publiques se traduisant par un creusement du déficit budgétaire par rapport au
PIB passant de 2,2% en 2009 à 7,3% en 2012 mais après la réforme de la caisse de
compensation, on constate que les charges de compensation ont été baissées ( comme il
démontre( le graphique n°7), elle s’est allégée de 21,5% à 32,6 milliards ou 3,5% du PIB,
sous l’effet de la décompensation du fuel et du super sans plomb, de la réduction
progressive de la subvention unitaire du gasoil, ainsi que de la diminution des cours du
pétrole. Par produit, la compensation a baissé de 44,2% à 8,9 milliards pour le gasoil, de
60,7% à 1,8 milliard pour le fuel, alors qu’elle a légèrement augmenté de 0,6% à 13,2
milliards pour le gaz butane.

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Graphique n° 7 : Evolution des dépenses de compensation

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

De même pour les dépenses de fonctionnement comme il explique (le graphique


n°8). En effet, Au niveau des dépenses ordinaires, les charges de fonctionnement se sont
alourdies de 5,1% à 153 milliards de dirhams. Ainsi, la masse salariale s’est accrue de
2,6% à 101,6 milliards, conséquence en particulier d’une création nette de plus de 4.600
postes d’emplois et du relèvement du salaire minimum de 2.800 à 3.000 dirhams par la
suppression de l’échelle 5.

Entre 2006 et 2014, période postérieure à l’opération de départ volontaire à la


retraite, la masse salariale a augmenté de 61%, résultat de la progression de 9,7% de
l’effectif des fonctionnaires et de l’appréciation de 43,7% du salaire moyen net, soit une
hausse de 4,7% annuellement à prix courants et de 3% en termes réels. En pourcentage
du PIB, la masse salariale a évolué au cours de cette période de 10,9% en 2006 à 11,4%
en 2012, niveau proche de celui de 2005, avant de se stabiliser à 11% en 2013 et 2014.

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Graphique n° 8 : Evolution de la masse salariale

Source : Ministère de l’Economie et des Finances (DTFE).

Donc on peut dire que l’économie marocaine a été marquée ces dernières années par
une politique budgétaire expansionniste, avec notamment une hausse de considérable
des dépenses de compensation (liée au renchérissement des matières premières au
niveau international) et de la masse salariale. Cette politique accompagnée d’une
décélération de la croissance a contribué au creusement du déficit budgétaire, en effet, à
ce niveau, Après une réduction sensible en 2013, le déficit budgétaire a poursuivi son
redressement, enregistrant une légère atténuation en 2014. Il est revenu à 4,9% du PIB
après 5,1% en 2013 et 7,2% en 2012, en ligne avec la programmation de la loi de
finances 2014 et les engagements pris par le Maroc dans le cadre de la deuxième ligne
de précaution et de liquidité du FMI87. En conséquence le ratio de la dette du trésor est
passé de 47,1% du PIB en 2009 et à 59,6% en 2012 avant de passer à 63,4% du PIB en
2014, ce qui augmente le ratio de la dette du trésor à 0,9 point.
L’évolution des finances publiques et du déficit budgétaire cache toutefois
d’importants risques de rupture. Les deux sont en relation avec la fin du processus de
réforme des fondamentaux de l’économie et de l’accompagnement des réformes de la

87
Le FMI approuve le 22 juin 2016 une nouvelle ligne de précaution et de liquidité de 3,47 milliards de dollars
au profit du Maroc.
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part des institutions financières internationales et des principaux partenaires


économiques du Maroc, notamment la France. Les secondes concernent là aussi la fin
d’un cycle des privatisations. Désormais et à l’exception de quelques opérations de
privatisation des perspectives de rentrée futures de recettes de privatisation
apparaissent limitées. Conjuguées à la faible progression du rendement de l’impôt et des
dérapages enregistrés récemment dans l’évolution de la charge de la caisse de de
compensation et dans le poids de la masse salariale de l’Etat, la concrétisation de ces
risques, en l’absence de profondes réformes structurelles, pourrait devenir la
préoccupation centrale des décideurs politiques dans les toutes prochaines années. En
partant de cette situation, la maîtrise du déficit budgétaire dans les prochaines années
risque de devenir problématique.

En effet, la politique budgétaire menée arrive à un moment où elle interpelle des


ajustements et des réformes qui permettent de restituer les marges budgétaires
nécessaires au financement du développement dans un environnement
macroéconomique sain et soutenable. Ces marges devraient être recherchées à travers,
notamment, l’élargissement de la base imposable, la maîtrise de certains dépenses, dont
la charge de compensation et la masse salariale, l’amélioration de l’efficience de
l’investissement public, la réforme des régimes de retraite et la maîtrise de la dette du
trésor.
Dans l’objectif de préserver les progrès considérables accomplis au cours de ces
dernières années et de maîtriser l’évolution de la dette publique, l’accélération des
réformes structurelles s’impose aujourd’hui comme une priorité. Ces réformes devraient
permettre de mobiliser des recettes additionnelles de rationaliser les dépenses
publiques et d’améliorer l’efficience des investissements publics. Il s’agit notamment des
principales actions visant la réforme fiscale par la mise en œuvre de la réforme de la Loi
Organique relative à la Loi de Finances (2 juin 2015) ; la réforme du système de
compensation depuis septembre 2013, la réforme du système de compensation est
effective, mises en place de manière progressive, les différentes mesures entreprises
dans ce sens ont commencé à montrer leurs effets sur les finances publiques, Ainsi,
l’adoption du système d’indexation partielle des prix des produits pétroliers liquides a
permis de maîtriser les niveaux des subventions qui ont enregistré un repli et donné lieu
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à une économie de l’ordre de 1 MMDH pour l’exercice 2013. Pour l’année 2014, la
décompensation totale de l’essence et du fuel N2, en plus du démantèlement progressif
de la subvention allouée au gasoil ont permis de limiter la charge de la compensation
aux crédits ouverts au titre de la Loi de Finances. La projection sur 2015 et 2016
permettrait ainsi, dans les mêmes conditions, de stabiliser la charge de la compensation
des produits pétroliers autour de 2,2% du PIB88 ; l’assainissement du passif latent de
l’Etat, l’amélioration de la gouvernance des établissements et entreprises publics et la
concrétisation du projet de régionalisation avancée et la réforme des régimes de
retraite.

Un plan de rééquilibrage des finances publiques s’impose donc à court et moyen


termes pour assurer la soutenabilité budgétaire et répondre aux exigences de soutien à
la croissance économique et au développement économique du pays.

Le déficit budgétaire nécessite un financement qui se manifeste sous forme des


dettes publique, après avoir analysé l’évolution du déficit budgétaire, il s’avère
important d’analyser aussi l’évolution de la dette publique marocaine.

Paragraphe II- Evolution de la dette publique marocaine

Le problème de l’endettement est devenu, à partir du début des années 1980, la


préoccupation majeure des pouvoirs publics. L’origine de ce processus remonte au
milieu des années 1970, période caractérisée par une politique budgétaire fortement
expansionniste et une stratégie d’investissement public intensive consécutive au « boom
phosphatier ». La couverture des déficits budgétaires consécutifs a été assurée
principalement par recours à l’emprunt. Suite à l’ampleur prise, durant les années 80 du
siècle précèdent, par les problèmes des paiements extérieurs, le comportement du
Trésor marocain a radicalement changé en matière d’endettement89.

88
Ministre de l’Economie et des finances « Compensation : La réforme engagée » AL MALYA N° 57 Mai 2015,
www.finances.gov.ma
89
S. EL ABOUDI, « Soutenabilité de la dette publique au Maroc » Mémoire du Master, Sciences Economiques et
Gestion, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès, 2012, p : 34
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On va analyser l’évolution de l’encours la dette public, de la dette intérieure et


extérieure du Trésor à partir de 2000 jusqu’au 2014.

En effet, concernant la dette publique globale90, elle a connu une tendance baissière
à partir de 2000 jusqu’au 2009, elle atteint son niveau minimum en 2008 avec une
valeur de 56,8% du PIB. Cependant elle a changé la tendance à partir de 2010 et atteint
son niveau maximum en 2014 avec une valeur de 80,1% du PIB en 2014.

Graphique n°9 : Dette publique (en % du PIB)

90,00%

80,00%

70,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

10,00%

0,00%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

dette publique (en % du PIB)

Source : calcul de l’auteur et données et Donnée du ministre de l’économie et des finances

Alors quant à l’encours de la dette extérieure publique on constate d’après le


graphique ci-dessous que l’encours de la dette extérieure publique en % du PIB est
passé de 43,4% en 2000, puis elle diminuait graduellement jusqu’au 19,4% du PIB, mais
la situation est renversée à partir de 2011 où elle augmentait continuellement jusqu’au
30,1% du PIB en 2014.

90
La dette publique globale rassemble la dette du trésor plus les dettes des entités publiques garanties par
l’Etat.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Graphique n° 10: Encours de la dette extérieure publique (en % du PIB)

50,0%
45,0%
40,0%
35,0%
30,0%
25,0%
20,0%
15,0%
10,0%
5,0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Encour de dette extérieure publique en % du PIB

Source : calcul de l’auteur et données de Direction du Trésor et des Finances Extérieure

L’encours de la dette intérieure du Trésor (en % du PIB) a connu une progression


important il est arrivé en 2009 à une valeur minimum de 36,2% du PIB et à une valeur
maximum de 49,0% en 2005.

Graphique n°11 : Encours de la dette intérieure du Trésor (en % du PIB)

60,0%

50,0%

40,0%

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Encours de la dette intérieure du Trésor (en% du PIB)


Source : calcul de l’auteur et données de Direction du Trésor et des Finances Extérieure

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 125


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Contrairement à l’encours de la dette extérieure du trésor (en % du PIB), l’encours


de la dette extérieure a connu une diminution remarquable, il atteint un niveau
maximum de 30,2% du PIB en 2000, et son niveau minimum de 9,9% du PIB en 2008.

Graphique n°12 : Encours de la dette extérieure du Trésor (en % du PIB)

35,0%

30,0%

25,0%

20,0%

15,0%

10,0%

5,0%

0,0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Encours de la dette extérieure du Trésor (En % PIB)

Source : calcul de l’auteur et données Source de Direction du Trésor et des Finances Extérieure

Généralement l’encours total de la dette du Trésor a connu une tendance baissière


jusqu’au 2010, il atteint son niveau minimum en 2009 qui représente 46,9% du PIB, et
une valeur maximale de 68,1% du PIB en 2000, cependant l’encours total de la dette du
Trésor a connu une tendance haussière et atteint 63,4% du PIB en 2014.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 126


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Graphique n°13 : Encours total de la dette du Trésor (en % du PIB)

80,0%

70,0%

60,0%

50,0%

40,0%

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Encours de la dette du Trésor (En % du PIB)

Source : calcul de l’auteur et données Source de Direction du Trésor et des Finances Extérieure

D’après les graphes ci-dessus on peut conclure que l’orientation de la politique


d’endettement au cours de la dernière décennie et la moitié de cette décennie dénote
une volonté de développer le recours au financement intérieur et de limiter les
pressions du budget sur les finances externes.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 127


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section 2 : La modélisation VAR

La modélisation économique classique à plusieurs équations structurelles a connu


beaucoup de critiques (Granger (1969) et Sims (1980) et de défaillances face à un
environnement économique très perturbé. Les prévisions élaborées à l’aide de ces
modèles se sont révélées très médiocres. Les critiques principales formulées à l’encontre
des modèles structurels concernent la simultanéité des relations et la notion de variable
exogène. La représentation91 VAR (vector autoRegressive)- généralisation des modèles
autorégressifs au cas multivarié apporte une réponse statistique à l’ensemble de ces
critiques. Dans cette représentation, les variables sélectionnée92 en fonction du
problème étudié ont toutes, a priori, le même statut et on s’intéresse alors à des
relations purement statistiques93.

Paragraphe I- Présentation du modèle VAR

La généralisation du modèle VAR à K variable et P retard noté VARK(P) s’écrit :

Yt = A1 Yt-1 + A2 Yt-2 + A3 Yt-3 + ………………….+AP Yt-p + Vt

; ; ; Vt=

Avec

Ce système initial dit structurel peut s’écrire sous forme matricielle par :

BYt = 0 +∑𝑝1 Ai Yt − 1 + Vt

Cette représentation peut s’écrire à l’aide de l’opérateur retard:

91
Le terme représentation convient mieux que le terme de modélisation car l’économiste ne spécifie pas des
relations économiques en tant que telles.
92
En général celles d’un modèle théorique.
93
Régis Bourbonnais, « Econométrie » DUNOD, 7ème édition, p :257
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

(I-A1L1-A2L2- ……….-ApLp)Yt=A0+Vt

Encore A(D) Yt=A0+Vt

Paragraphe II- Les tests de stationnarité

A- Test ADF

Les tests de Dickey-Fuller (1981) permettent de mettre en évidence le caractère


stationnaire ou non d’une série par la détermination d’une tendance déterministe ou
stochastique. Au terme d’une procédure séquentielle, nous testons l’hypothèse nulle de
racine unitaire (non stationnarité) en comparant le t-statistique de  aux valeurs
tabulées par Dickey et Fuller. La règle de décision est la suivante :

-Si le t-statistique est inférieur à la valeur critique, on rejette l’hypothèse nulle. La


série est donc stationnaire.

-Si le t-statistique est supérieur à la valeur critique, on accepte l’hypothèse nulle de


présence de racine unitaire. La série est donc non stationnaire.

B- Test PP

Le test de Phillips-Perron (1988) étend la procédure de Dickey-Fuller en prenant en


compte la possibilité de rupture de tendance dans les séries. Ce test suit la même
procédure que celle du test ADF. La règle de décision est également identique :

-Si la valeur calculée de tρ est supérieure à la valeur critique, l’hypothèse nulle de


présence de racine unitaire est rejetée. La série est donc non stationnaire.

-Si la valeur calculée de tρ est inférieure à la valeur critique, l’hypothèse nulle (=1)
de présence de racine unitaire est acceptée. La série est donc stationnaire.

C- Test KPSS

Le Test KPSS (1992) apporte une spécificité par rapport aux précédents tests en
décomposant la série en une somme d’un trend déterministe, de marche aléatoire et
d’un terme d’erreur t stationnaire. A la différence des autres tests, nous testons

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 129


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

l’hypothèse nulle d’absence de racine unitaire (stationnarité) en comparant le t-


statistique de  aux valeurs tabulées par K wiatowski et all .1992 La règle de décision
est la suivante :

-Si la valeur calculée de  est inférieure à la valeur critique correspondante, on


rejette l’hypothèse nulle de stationnarité.

D- Conditions de stationnarité

E(Yt)= 

Var(Yt)=<∞

COV (Yt,Yt-1)= E[(Yt-)(Yt+k-]=k Vt

Pour k=0, on a la matrice de la variance-covariance de la série. Sur le diagonale de


cette matrice, se trouve la variance de chaque série et sur les éléments hors diagonaux,
les covariances entre deux séries. Le processus VARp est stationnaire si le polynôme
définit à partir du déterminant : det (I-A1z-A2z-………………….-Apzp)=0 a ses racines à
l’extérieur du cercle unité du plan complexe c’est-à- dire que les valeurs propres de cette
matrice sont toute plus petites que 1 en valeur absolue.

Paragraphe III- Test de causalité au sens de Granger

La considération de l’activité économique comme un système où se manifestent des


relations d’interdépendance et d’interaction ne peut plus être remise en cause. On a
ainsi la causalité partout dans le système économique.

A l’origine c’est « l’excès de confiance » en les théories économiques et le besoin


d’examiner ces hypothèses implicites et à priori qui a conduit au développement du
concept de causalité. L’idée remonte à très loin, mais en économétrie, elle a été

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

formalisée pour la première fois par Granger en 196994 ; puis développée par la suite
chez bon nombre d’auteurs (Sims (1972), L.D. Haughet et D.A. Pierce (1976)…).

La causalité au sens de Granger consiste à voir comment une variable courante peut
être expliquée à partir de ses valeurs passées et comment l’introduction des valeurs
passées d’une nouvelle variable aide à sa prédiction. En d’autre termes, on dira que X
cause Y si la prévision de Y fondée sur la connaissance des passées conjoint de X et de Y
est meilleure que la prévision fondée sur la seule connaissance du passé de Y95.

Ainsi, la causalité au sens de Granger, est un mode de sélection possible qui permet
de retenir les variables ayant un lien de causalité significatif. Les tests de causalité
réalisés permettent de mettre en évidence les sens de la relation causale entre des
variables, deux à deux. Aux seuils de significativité de 5% et de 10%, si la valeur
théorique du test est inférieure à la valeur empirique de la statistique, l’hypothèse de
nullité est rejetée. Dans ce cas, il existe un lien de causalité entre les deux variables
testées.

Paragraphe IV- Les autres tests

A- Tests d’absence d’autocorrélation des erreurs : test de Breush-Godfrey

Le test de Breush et Godfrey (1978) ou test du multiplicateur de Lagrange (LM) de


corrélation sérielle est un test de non autocorrélation au sens large car il prend en
compte :

 Les valeurs retardées de la variable dépendante


 Des autocorrélations d’ordre supérieur à 1
 La possibilité que les résidus soient autocorrélés

Règle de décision

94
M. AIT OUDRA, « Les modèles VAR cointégrés : application à queleques variables macroéconomiques
marocaines ». Mémoire de D.E.S, Science Economique, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès,1997,
P :25.
95
M.EL HAFIDI, « De la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble de variables de l’économie française ».P :140.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Si la p-value < 5% alors on rejette H0 au seuil de 5% et donc les résidus sont


autocorrélés à l’ordre p.

B- Test d’hétéroscédasticité de White

Le test d’hétéroscédasticité de White (1980), permet de tester la variabilité


des erreurs de prévisions et de vérifier si les dits résidus respectent l’hypothèse
de variance constante (hypothèse d’homoscédasticité des erreurs).
La règle de décision

H0 : les erreurs sont homoscédastiques


H1 : les erreurs sont hétéroscédastiques

Les erreurs sont homoscédastiques, si la probabilité de F-statistique est supérieure à 5%


(seuil critique) dans le cas contraire ils sont hétéroscédastiques.

C- test de normalité des résidus : test de Jarque-Bera

Pour calculer des intervalles de confiance prévisionnels et aussi pour effectuer les
tests de Student sur les paramètres, il convient de vérifier la normalité des erreurs. Le
test de « Jaque-Bera » (1984), fondé sur la notion de Skewness (asymétrie) et de
Kurtosis (aplatissement), permet de vérifier la normalité d’une redistribution
statistique96.

La statistique du test de « Jarque-Bera » (dont l’hypothèse nulle est la normalité des


données) nous permet de tester la normalité des résidus. Ainsi, cette statistique suit
asymptotiquement une loi de khi-deux à 2 degrés de liberté.

96
R. BOURBOUNNAIS, « Econométrie : Manuel et exercices corrigés », 3ème Edition, DUNOD,
Paris,2000,p :226
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section 3 : L’évaluation empirique de l’impact du déficit


budgétaire sur la croissance économique au Maroc

Dans cette section on va tenter de vérifier empiriquement l’existence ou l’absence


d’impact entre le déficit budgétaire et la croissance économique au Maroc, pour cela il
nous apparait judicieux d’utiliser le modèle VAR sur 45 observations de quelques
indicateurs macroéconomique marocain, le choix de la modélisation VAR peut être
justifié par trois avantages :

 En premier lieu il Permet d’expliquer une variable par rapport à ses


retards et en fonction de l’information contenue dans d’autres variables
pertinentes ce qui soulève des problèmes de cointégration ;
 En second lieu on dispose d’un espace d’information très large ;
 Et enfin, cette méthode est assez simple à mettre en œuvre et comprend
des procédures d’estimation et des tests.

Paragraphe I- Présentation, analyse et évolution des variables

Pour utiliser le modèle VAR dans un travail exige et nécessite des séries
stationnaires, pour cela on va consacrer ce paragraphe à présenter, analyser l’évolution
des variables du modèle et le deuxième paragraphe à l’étude de leur stationnarité.

A- Présentation des données

Les variables utilisées pour jauger l’impact du déficit budgétaire sur la croissance
économique au Maroc, sont divisées en deux types de variables :

Les quatre variables principales permettent d’évaluer directement les effets du


déficit budgétaire sur la croissance économique :

 CE : taux de croissance économique du PIB en volume ;


 DB : le déficit budgétaire en % du PIB ;
 DPUB : Dépenses publiques totales en % du PIB ;

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 133


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

 PF : pression fiscale (Recettes fiscales, y compris TVA des collectivités


locales, en % du PIB).

Alors quant aux deux autres variables de contrôle, à savoir :

 TINF : taux d’inflation.


 SC: solde commercial en % du PIB

Les séries utilisées dans cette étude sont annuelles (annexe 1), la plupart de ces
séries sont en % du PIB, afin de mieux mettre en évidence leurs variation et leur
corrélations, et couvre la période 1970-2014 (45 observations), quant à la croissance
il est mesuré par la croissance du PIB exprimé en volume (à prix constant).

Les principales sources de nos données statistiques sont les suivantes :

-rapport annuels de la banque centrale du Maroc, Bank Al-Maghrib pour la période


2OOO-2014 ;

-Tableau de bord des finances publiques, DEPF, ministre de l’Economie et des


finances, février 2010 ;

- Tableau de bord des finances publiques, DEPF, ministre de l’Economie et des


finances, Avril 2013 ;

- Tableau de bord des finances publiques, DEPF, ministre de l’Economie et des


finances, Mai 2015 ;

-Thèses de doctorat M. A. EL HIRI, M. N. MRABET ;

- la base des données de la banque mondiale WDI (CD-2002).

B- Evolution des séries

Les graphiques ci-dessous permettent d’observer le comportement des séries brutes


du Maroc durant la période d’étude (1970-2014).

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 134


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Graphique n°14 : Evolution des séries étudiées exprimées en niveau (1970-


2014)

CE PF/PIB
15 28

26
10
24
5 22

0 20

18
-5
16

-10 14
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

SB/PIB SC/PIB
5 5

0
0

-5
-5
-10
-10
-15

-15
-20

-20 -25
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

TAINF DPUB/PIB
15.0 40

12.5
36

10.0
32
7.5
28
5.0

24
2.5

0.0 20
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

Source : Estimation de l’auteur

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

A partir de l’analyse visuelle des graphiques ci-dessus on peut avancer les


conclusions suivantes :

- la croissance économique en volume évoluait entre -7% et 12% durant la période


1970-2014. De plus la série de la croissance économique n’a pas une tendance
générale à la hausse ou à la baisse comme les autres séries. De ce fait il y a une
grande probabilité d’être stationnaire en niveau. Cette hypothèse sera vérifiée ou
annulée à travers la mise en œuvre des différents tests de racine unitaire ;
- le déficit budgétaire a dégagé son haut niveau en 1976 avec une valeur qui
représente 17,91% du PIB durant la période d’étude. Cependant le solde
budgétaire a enregistré une tendance générale à la hausse, pour réaliser des
excédents budgétaires en 1999,2007 et 2008 avant de se dégrader de nouveau
durant les 5 dernières années de l’échantillon.
- Les dépenses publiques totales n’ont pas une tendance générale durant notre
période d’étude en effet, cette variable a connu une augmentation importante sur
la période de 1970 à 1983 pour tracer une tendance à la baisse par la suite
jusqu'à l’année 2008 où elle recommencer d’augmenter de nouveau jusqu’ au la
fin de l’échantillon, de plus les dépenses publiques totales réalisaient leur grand
niveau en 1977 avec une valeur de 39,91% du PIB et leur bas niveau en 1971
avec une valeur de 22,77% du PIB ;
- La pression fiscale a une tendance générale à la hausse, elle atteint son niveau
maximum en 1993 avec une valeur qui représente 27,23% du PIB et son niveau
minimum en 1972 avec une valeur de 16,04% du PIB, elle apparait à partir du
graphique que cette série n’est pas stationnaire en niveau ;
- Le solde de la balance commerciale a une tendance générale baissière, la chose
qui explique leur dégradation, il atteint son niveau le plus élevé durant la période
de notre étude en 2008 avec une valeur de 24,72 du PIB ;
- Le taux d’inflation à une tendance générale à la hausse durant les premières
années des années soixante-dix mais à partir de la moitié des années quatre-vingt
il a renversé la tendance et il a pris une tendance à la baisse jusqu’au la dernière
année de notre échantillon.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 136


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

En bref et après cette première vue on ne peut pas confirmer la stationnarité ou


l’absence de stationnarité des séries, d’où il convient nécessaire de s’assurer de cette
hypothèse à travers la mise en œuvre des différents tests de racine unitaire, mais avant
de tout il s’avère nécessaire de mettre une analyse descriptive des séries à travers
l’analyse de leurs statistiques descriptives.

C- Analyse descriptive des séries

Les statistiques descriptives des données réunissent l’ensemble (moyenne, Médiane,


valeur minimale, valeur maximale, écart type) qui nous permet d’avoir une idée sur le
niveau du risque et l’évolution des données au fils du temps. Et pour les coefficients
« Skewness », « Kurtosis » et la statistique du test de « Jarque-Bera » nous permet de
tester la normalité des séries étudiées.

Cependant, le coefficient « Skewness » est un coefficient utilisé pour étudier


l’asymétrie de la distribution. Et il est interprété à travers 3 cas :

- Lorsqu’il est négatif, la distribution est asymétrique vers la gauche ;


- Lorsqu’il est positif, la distribution est asymétrique vers la droite
- Lorsqu’il est nul, cela signifie que la distribution est asymétrique est
suit une loi normal.

Concernant le coefficient de « Kurtosis », il est utilisé pour mesurer le degré


d’aplatissement de la distribution, il fait appel aussi à 3 situations :

- Lorsqu’il est égale à 3, la distribution suit donc une loi normale ;


- S’il est inférieur à 3, indique que la distribution est plus aplatie que la
loi normale ;
- Lorsqu’il est supérieur à 3 indique que la distribution est pointue.

Aussi que le test de « Jarque-Bera » est un test de normalité de la distribution, dont


l’hypothèse nulle est la normalité des données. Une valeur élevée de la statistique du test
(valeur calculée supérieure à la valeur tabulée de khi-deux) permet de rejeter cette
hypothèse.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Le tableau ci-dessous est une représentation des statistiques descriptives des


variables étudiées :

Tableau n°4 : Statistiques descriptives

Statistique
descriptive
Moyenne Ecart-type Skewness Kurtosis J.B
Séries

CE 4.194222 4.155719 -0.322029 3.142667 0.815934

SB -5.534000 4.015347 -1.107560 4.100162 11.46959

DPUB 28.34556 4.451515 1.107701 3.427822 9.545701

PF 20.71867 2.501953 0.514971 3.123671 2.017642

SC -12.03711 6.074875 -0.306891 2.91805 0.718946

TAINF 4.780667 3.857331 0.895074 2.804547 6.080316

Source : Estimation de l’auteur

D’après le tableau ci-dessus, on constate que les variables étudiées présentent des
fluctuations parce que les variables possèdent des écart-types plus au moins importants,
mais le solde de la balance commerciale possède le risque le plus élevé, ceci peut être
expliqué par les importations des produits énergétique qui jouent un rôle déterminant
dans la détermination du solde de la balance commerciale marocaine, les prix de ces
produits sont très volatiles ce qui augmentent leurs risque. De même la croissance
économique présente aussi un risque qui peut s’expliquer par la dépendance du taux de
croissance du Maroc à des aléas climatiques.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 138


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Le coefficient de « Skewness » qui est différent de zéro, indique la présence


d’asymétrie vers la gauche pour trois séries (CE, SB et SC) et vers la droite pour trois
autres séries (DPUB, PF et TAINF).

De plus le coefficient d’aplatissement « Kurtosis » est supérieur à trois pour quatre


variables (CE, DPUB, SB, PF), cela indique que ces distributions sont pointues. Mais pour
les 2 autres variables (SC et TAINF) sont inférieures à 3, ce qui veut dire que ces
distributions sont aplaties que la loi normale.

Aussi la statistique du test de « Jarque-Bera » présente une valeur élevée pour 3


séries (SB, DPUB et TAINF), donc on rejette l’hypothèse nulle ce qui confirme la non
normalité des données étudiées.

Paragraphe II- Etude de la stationnarité des variables utilisées

Pour étudier la stationnarité des variables notre étude on peut recourir aux trois
tests principaux, les plus utilisées aujourd’hui dans les travaux économétriques à savoir
les tests de Dicky-Fuller Augmenté (noté : ADF) et de Phillips Perron (1988) (noté : PP)
dont l’hypothèse nulle est la non stationnarité et le test de Kwiatkowski-Phillips-Shin
(noté KPSS) dont l’hypothèse nulle est contrairement aux deux premiers, la
stationnarité97.

A- Test d’une seule racine unitaire

Il s’agit ici de tester les séries brutes, prises individuellement. Pour confirmer ou
infirmer l’hypothèse de stationnarité des séries étudiées on va utiliser trois tests ADF,
PP et KPSS98. Le tableau ci-après résume les résultats du test ADF et PP appliqué sur les
séries en niveau :

97
M. AIT OUDRA. « La modélisation des séries non stationnaires, la théorie de la cointégaration : application à
la demande de monnaie au Maroc » Thèse Doctorat, Sciences Economique, Université Sidi Mohamed Ben
Abdellah, FSJES-Fès, P : 92.
98
Le test est effectué au seuil de 5%.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Avec :

- Modèle 1 : avec constante et tendance ;


- Modèle 2 : avec constante et sans tendance ;
- Modèle 3 : sans constante et sans tendance.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 140


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Tableau n° 5 : Résultats des tests ADF et PP sur les séries en niveau

variable Modèle ADF TS CV conclusion PPTS CV Conclusion

1 -10.56755 -3.515523 -10.14510 -3.515523

CE 2 -10.45398 -2.929734 I(1) -9.975468 -2.929734 I(0)

3 -1.165041 -1.948886 -5.552055 -1.948495

1 -2.782237 -3.518090 -2.715060 -3.515523

2 -2.093071 -2.931404 I(1) -2.260457 -2.929734 I(1)


SB
3 -1.053146 -1.948686 -1.093541 -1.948495

1 -2.649504 -3.515523 -2.649504 -3.515523

DPUB 2 -2.328796 -2.929734 I(1) -2.313671 -2.929734 I(1)

3 -0.104030 -1.948495 -0.056655 -1.948495


1 -3.696311 -3.515523 -3.722465 -3.515523
PF 2 -2.532809 -2.929734 I(1) -2.355290 -2.929734 I(1)
3 0.210972 -1.948495 1.246503 -1.948495
1 -2.563080 -3.526609 -2.707630 -3.515523

INVPU 2 -1.826933 -2.938987 I(1) -2.088766 -2.929734 I(1)

3 -0.909649 -1.948686 -0.890856 -1.948495

1 -2.107294 -3.515523 -1.904402 -3.515523

CM 2 -2.498952 -2.929734 I(1) -2.793174 -2.929734 I(1)

3 -1.364088 -1.948495 -1.559662 -1.948495


1 -2.434656 -3.515523 -2.524613 -3.515523

SC 2 -1.671906 -2.929734 I(1) -1.501135 -2.929734 I(1)

3 -0.088058 -1.948495 0.253554 -1.948495

1 -3.631223 -3.518090 -5.220352 -3.515523

TAINF 2 -1.598694 -2.931404 I(1) -3.201105 -2.929734 I(1)

3 -1.056299 -1.948686 -1.492010 -1.948495

Source : Estimation de l’auteur

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 141


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

ADF : augmented Dickey-Fuller Test Statistic

PP TS : Philips-Perron Test statistic

CV : Critical Value (Valeur critique) au seuil de 5%.

I(1) : séries intégrées d’ordre 1.

I(0) : séries intégrées d’ordre 0.

D’après le tableau ci-dessus, on peut dire que les résultats obtenus confirment les
conclusions déjà avancées, à ce propos, à partir de la visualisation des graphiques trçant
l’évolution des variables étudiées. A cet égard les deux tests menés montrent que
l’hypothèse de non stationnarité ne peut être rejetée au seuil de 5% pour cinq séries
suivantes : SB, DPUB, PF, SC et le taux d’inflation. Or, il convient de signaler les résultats
contradictoires obtenus à propos de la série de taux de croissance du PIB en volume
(CE). En effet, le test de Dickey- Fuller Augmenté (ADF) montre que celle-ci est non
stationnaire, seulement pour le modèle sans constance et sans tendance, a contrario le
test de Philips-Perron (FP) est en faveur de l’hypothèse de stationnarité.

Pour confirmer la stationnarité ou la non stationnarité de la croissance économique


il s’avère judicieux d’ajouter un troisième test, il s’agit du test Kwiatkowmski-Phillips-
Sshmidt-Perron (KPSS) dont l’hypothèse nulle, cette fois est la stationnarité. Les
résultats obtenus sont représentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n° 6 : Résultats du test KPSS sur les séries : CE, SB, DPUB, PF, SC et
TAINF en niveau

variable Modèle KPSS TS CV CONCLUSION

1 0.093650 0.146000
CE I(0)
2 0.188047 0.463000

1 0.106280 0.146000
SB I(1)
2 0.485857 0.463000

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 142


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

1 0.114203 0.146000
DPUB I(0)
2 0.321076 0.463000

1 0.079565 0.146000
PF I(1)
2 0.826542 0.463000

1 0.166282 0.146000
SC I(1)
2 0.686699 0.463000

1 0.102906 0.146000
TAINF I(1)
2 0.786021 0.463000

Source : Estimation de l’auteur

KPSS TS : Kwiatkomski-Phillips-Schmidt-Shin Test Statistic.

CV : Critical Value (Valeur critique) au seuil de 5%.

I(1) : séries intégrées d’ordre 1.

I(0) : séries intégrées d’ordre 0.

A partir du tableau ci-dessus, il apparait que la série du taux de croissance


économique en volume (CE) est stationnaire en niveau, donc intégrée d’ordre 0 (I(0)),
confirmant l’hypothèse de l’analyse visuelle de la tendance de cette série. Cependant
même si les résultats de ce test montrent la stationnarité de la série des dépenses
publiques (DPUB), cette variable n’est pas stationnaire en niveau car les deux autres
tests (ADF) et (pp) confirment le contraire.

Alors, pour les autres variables, elles ne sont pas stationnaires en niveau. Donc on va
continuer l’analyse de leur stationnarité et tester l’existence de deux racines unitaires
dans ses séries. A cet égard, les trois tests (ADF, pp, KPSS) seront mis en œuvre dans le
point qui suit.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 143


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

B- Test de deux racines unitaires99

Afin de tester l’existence de deux racines unitaires dans les variables étudiées (sauf
dans la variable CE), les trois tests seront appliqués sur celle-ci différenciées une seule
fois. Quant aux résultats obtenus, ils sont reportés dans les deux tableaux suivants :
Tableau n° 7 : Résultats des tests ADF et PP sur les séries en différence première

Variable Modèle ADF TS CV Conclusion PPTS CV Conclusion

1 -4.107905 -3.526609 -7.731206 -3.518090

DSB 2 -7.327057 -2.931404 I(0) -7.788731 -2.931404 I(0)

3 -7.413654 -1.948686 -7.925513 -1.948686

1 -3.808229 -3.523623 -7.162156 -3.518090

DDPUB 2 -7.199927 -2.931404 I(0) -7.200929 -2.931404 I(0)

3 -7.270391 -1.948686 -7.271182 -1.948686

1 -7.820196 -3.518090 -15.01171 -3.518090

DPF 2 -7.907576 -2.931404 I(0) -12.74499 -2.931404 I(0)

3 -7.935448 -1.948686 -9.681124 -1.948686

1 -4.889254 -3.520787 -7.375623 -3.518090

DSC 2 -7.076299 -2.931404 I(0) -7.482833 -2.931404 I(0)

3 -7.055965 -1.948686 -7.288571 -1.948686

1 -11.66558 -3.518090 -11.66558 -3.518090

DTAINF 2 -11.68910 -2.931404 I(0) -12.22413 -2.931404 I(0)

3 -11.82680 -1.948686 -12.36874 -1.948686


Source : Estimation de l’auteur

99
Les graphiques seront exposés dans l’annexe.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Tableau n° 8 : Résultats du test KPSS sur les séries en différence première

Variable Modèle KPSS TS CV CONCLUSION

1 0.182062 0.146000
DSB I(0)
2 0.199810 0.463000

1 0.099110 0.146000
DPUB I(0)
2 0.107577 0.463000

1 0.210092 0.146000
DPF I(0)
2 0.210747 0.463000

1 0.113635 0.146000
DSC I(0)
2 0.118705 0.463000

1 0.067031 0.146000
DTAINF I(0)
2 0.060533 0.463000

Source : Estimation de l’auteur

Les deux tableaux ci-dessus montre que les variables de notre étude son
stationnaires en première différenciation et intégré d’ordre 1 (I(1)), sauf la croissance
économique CE, elle est stationnaire en niveau donc intégrée d’ordre 0 (I(0)).

Par ailleurs, on a enregistré que les variables (CE, SB, DPUB, PF, SC et TAINF) ne sont
pas intégrées de même ordre, ce qui affirme une absence de relation de cointégration

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 145


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

entre ces variables100. Pour cette raison on va utiliser un modèle VAR standard au lieu
d’un modèle vectoriel à correction d’erreur (VECM)101.

Après l’étude de stationnarité des séries de notre étude, qui est une condition
obligatoire pour l’estimation d’un modèle de VAR , on va passer maintenant à
l’estimation, à la validation et à l’interprétation du modèle VAR.

Paragraphe III- Estimation, validation et interprétation du modèle

Dans ce paragraphe on va estimer, valider et interpréter le modèle VAR par


l’utilisation des tests adéquats selon chaque étape (estimation, validation et
interprétation).

A- Estimation du modèle

En pratique un modèle VAR peut être estimé par plusieurs méthodes selon les cas de
figures qui présentent :

- Par la méthode des MCO : si les variables sont stationnaires, chacune des
équations du VAR peut être estimée indépendamment par MCO ;
- Par la méthode de maximum de vraisemblance si les résidus suivent une loi
normale ;
- Par la méthode de Yulle-Walker (méthode récursive) utilisant les
autocovariances ;
- Par la méthode SUR : si les équations du VAR ne contiennent le même nombre de
variables explicatives.

100
La cointégration décrit véritable relation à long terme existante entre deux ou plusieurs variables. La
cointégration sur deux conditions. Tout d’abord l’intégrité des séries au même ordre et la combinaison linéaire
des séries donne une séries d’ordre d’intégré inférieur ou égale à la différence en valeur absolue de l’ordre
d’intégrité des séries à étudier. Pour plus de détails Cf. AIT OUDRA M. (2006), La modélisation des séries non
stationnaires, la théorie de la cointégration : application à la demande de monnaie au Maroc, Thèse de
Doctorat, Sciences Economiques, Université sidi Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès.
101
On peut utiliser l’abréviation anglo saxonne « Vector Error Correction Model ».
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Les six variables sont stationnaires, on va procéder par une estimation par la
méthode des MCO. Mais avant d’estimer le modèle VAR, il faut s’assurer tout d’abord
qu’il y a une causalité entre les variables étudiées.

L’interdépendance entre les variables peut s’exprimer par des coefficients de


corrélation élevés entre celles-ci la matrice de corrélation entre les variables en niveau
se présente dans comme suit :

Tableau n° 9 : Matrice de corrélation entre les variables étudiées

Source : Estimation de l’auteur

D’après la matrice ci-dessus on constate qu’il y a une corrélation (positive et


négative entre les variables) plus au moins fortes entre la majorité des variables. Ainsi
quant à la variable endogène (CE) qui représente le taux de croissance économique en
volume, il se trouve corrélé négativement avec la pression fiscale, le solde budgétaire et
le solde commercial, toutefois il est corrélé positivement avec les dépenses publiques
totales et le taux d’inflation.

Cependant, la vérification des relations par une simple analyse de corrélation ne


peut en aucun cas affirmer l’existence ou l’inexistence des relations causales, et au moins
leurs sens102. Pour cette raison, on va procéder au test de causalité au sens de Granger.
Mais avant cette phase on doit déterminer le nombre de retard optimal.

102
M.EL HAFIDI, « De la spécification dans les modèles dynamiques à équations simultanées : application à un
ensemble de variables de l’économie française ».P :140.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

a- Détermination du retard optimal du modèle VAR

Pour déterminer le retard optimal, on fait recours à quatre critères d’information à


savoir FPE (Final Prediction Error), AIC (Akaike Information Criterion), SC (Schwarz
Information Criterion) et HQ (Hannan-Quinn Information Criterion). Les résultats
obtenus sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau n°10 : Détermination du retard optimal du modèle VAR

VAR Lag Order Selection Criteria


Endogenous variables: CE DDPUB DPF DSB DSC DTAINF
Exogenous variables: C
Date: 09/01/16 Time: 20:58
Sample: 1970 2014
Included observations: 42

Lag LogL LR FPE AIC SC HQ

0 -601.2421 NA 145667.8 28.91629 29.16453* 29.00728*


1 -557.2610 73.30185 101499.6* 28.53624 30.27391 29.17316
2 -519.5481 52.07970* 104125.2 28.45467* 31.68177 29.63753

* indicates lag order selected by the criterion


LR: sequential modified LR test statistic (each test at 5% level)
FPE: Final prediction error
AIC: Akaike information criterion
SC: Schwarz information criterion
HQ: Hannan-Quinn information criterion

Source : Estimation de l’auteur

A partir du tableau ci-dessus on constate que les deux critères (LR et AIC)
confirment le choix du retard 2 comme retard optimal, tandis que, les critères (SC et HQ)
ont choisi le retard 0 (toutefois il est impossible de le prendre) comme retard optimal.
D’où on va choisir pour notre étude le retard 2 comme retard optimal, alors le modèle
VAR de notre travail s’écrit comme suit : VAR6(2).

Donc on conserve le modèle VAR6(2) pour les tests de validation du modèle. Mais
avant cette phase il est opportun de procéder au test de causalité au sens de Granger sur
les variables de notre étude.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

b- Test de causalité au sens de Granger

Comme on a déjà mentionné dans la section précédente que la règle de décision de


ce test est la suivante : Au seuil de significativité de 5% et de10% si la valeur théorique
du test est inférieure à la valeur empirique de la statistique, l’hypothèse de nullité est
rejetée. Dans ce cas il existe un lien de causalité entre les deux variables testées. Les
résultats du test de Granger sont représentés dans le tableau suivant :

Tableau n°11 : Résultats du test de causalité au sens de Granger

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 09/01/16 Time: 21:14
Sample: 1970 2014
Lags: 2

F-
Null Hypothesis: Obs Statistic Prob.

DDPUB does not Granger Cause CE 42 2.53417 0.0930


CE does not Granger Cause DDPUB 0.48574 0.6191

DPF does not Granger Cause CE 42 1.47930 0.2410


CE does not Granger Cause DPF 2.35627 0.1088

DSB does not Granger Cause CE 42 4.13103 0.0240


CE does not Granger Cause DSB 0.22081 0.8029

DSC does not Granger Cause CE 42 3.11292 0.0563


CE does not Granger Cause DSC 0.42609 0.6562

DTAINF does not Granger Cause CE 42 1.73550 0.1904


CE does not Granger Cause DTAINF 0.96518 0.3903

DPF does not Granger Cause DDPUB 42 0.50460 0.6078


DDPUB does not Granger Cause DPF 0.75683 0.4763

DSB does not Granger Cause DDPUB 42 1.28122 0.2897


DDPUB does not Granger Cause DSB 4.79497 0.0141

DSC does not Granger Cause DDPUB 42 3.93246 0.0283


DDPUB does not Granger Cause DSC 2.10791 0.1358

DTAINF does not Granger Cause DDPUB 42 0.67317 0.5162


DDPUB does not Granger Cause DTAINF 1.03002 0.3670

DSB does not Granger Cause DPF 42 0.17399 0.8410


DPF does not Granger Cause DSB 0.68207 0.5118

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

DSC does not Granger Cause DPF 42 0.02934 0.9711


DPF does not Granger Cause DSC 0.54947 0.5819

DTAINF does not Granger Cause DPF 42 1.11402 0.3390


DPF does not Granger Cause DTAINF 0.01162 0.9884

DSC does not Granger Cause DSB 42 0.88211 0.4224


DSB does not Granger Cause DSC 1.75576 0.1869

DTAINF does not Granger Cause DSB 42 1.80036 0.1794


DSB does not Granger Cause DTAINF 0.39995 0.6732

DTAINF does not Granger Cause DSC 42 1.58826 0.2179


DSC does not Granger Cause DTAINF 2.46085 0.0992

Source : Estimation de l’auteur

D’après les résultats du tableau ci-dessus on peut tirer les conclusions suivantes :

- Commençant par tester l’hypothèse nulle selon laquelle les dépenses publiques
totales (DPUB) ne causent pas la croissance économique (CE). La probabilité
associée est de 0.0930 inférieure au seuil de 10%, ce qui rejette l’hypothèse nulle
à ce seuil et donc les dépenses publiques totales causent la croissance
économique réelle. En effet ce résultat confirme le modèle keynésien qui consiste
à stimuler l’activité économique à travers la demande puisque les dépenses
publiques constituent une composante importante de la demande.
- De même le solde budgétaire cause la croissance économique réelle. en effet, la
probabilité associée est de 0.0240 inférieure au seuil de 5%, ce qui rejette
l’hypothèse nulle selon laquelle le solde budgétaire ne cause pas la croissance
économique en volume.
- Ainsi le solde commercial (DSC) cause au sens de Granger la croissance
économique. Ce qui va de soi avec la théorie économique et aux spécificités de
l’économie marocaine dont la majorité de ses importations sont des importations
incompressibles liées à la dynamique de l’activité économique.
- Cependant la pression fiscale (DPF) ne cause pas la croissance économique au
sens de Granger.

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 150


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

- Le solde commercial cause les dépenses publiques totales, puisque on peut


rejeter l’hypothèse nulle selon laquelle le solde commercial ne cause pas les
dépenses publiques totales au seuil de 5%. Le sens de cette causalité peut
s’expliquer par l’importance des importations et notamment les produits
énergétiques, en effet, l’augmentation des prix des produits énergétiques oblige
le gouvernement d’augmenter ses dépenses pour acquérir ces produits.
- De plus les dépenses publiques totales (DDPUB) causent le solde budgétaire
(DSB) au sens du test de Granger, cette causalité est logique car le solde
budgétaire n’est que la différence entre les recettes fiscales et les dépenses
publiques.
- Au seuil de 10% le solde commercial (DSC) cause le taux d’inflation (DTAINF) au
sens du test de Gr anger, cette causalité peut s’expliquer par l’importation des
produits à des prix élevé surtout des produits hydrocarbures, ce qui provoque ce
qu’on appelle l’inflation importée103.

On ce que concerne notre étude, on conclut qu’il existe un lien de causalité, au


sens de Granger, entre le déficit budgétaire et la croissance économique réelle.

Par ailleurs, les résultats de l’estimation de notre modèle VAR6(2), qui sont
résumés dans le tableau de l’annexe (3)104 indiquent les conclusions suivantes :

- Nous constatons que seul le solde budgétaire (DSB) et la pression fiscale (DPF)
instaurent une significativité individuelle avec la variable endogène (CE). Leur t
de student sont largement acceptables, dans la mesure où la valeur donnée par la
table de student au seuil de 5% est 2 ; et les « t-statistic » liés aux variables
suivantes DSB (-1) et DPF (-1) lui sont largement supérieurs en valeur absolue.
Donc, le solde budgétaire peut influencer négativement la croissance
économique en volume. par exemple, si la variable DSB (-1) augmente d’un DH,

103
Généralement, il y a trois types d’inflation : l’inflation par les coûts, l’inflation par la demande et l’inflation
importée.
104
Les chiffres entre parenthèses désignent les écarts types et entre les crochets désignent les t de student des
coefficients estimés. Si ces derniers sont supérieurs à 2 (en valeur absolue), ils sont désignés comme
significatifs.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

alors que les autres variables sont fixes, la variable dépendante (CE) se verra
diminuer de 0,90 DH. De plus, La variable DPF (-1) dépend et explique
positivement la variable endogène (CE). Cependant cette même variable DPF (-2)
est liée négativement avec la variable dépendante.
- Ainsi que les variables DDPUB (-1) et DDPUB (-2) dépendent et expliquent
négativement le solde budgétaire, donc ce dernier peut être influencé
négativement par les valeurs retardées de cette variable (DDPUB). A ce niveau, si
les variables DDPUB (-1) et DDPUB (-2) augmentent d’un DH, alors que les autres
variables sont fixes, la variable du solde budgétaire (DSB) se verra diminués
respectivement en moyenne de -0,52 DH et de -0,50 DH.
- La variable DSB (-2) dépend et explique positivement les dépenses publiques
totales (DDPUB). Ainsi, si la variable DSB (-2) augmente d’un DH, alors les
dépenses publiques totales se verront augmenter, en moyenne de 0,45 DH.
- Le coefficient de la détermination R2 dans l’équation de CE, est grand (supérieur à
50%). La part expliquée par le modèle dans la variance de la variable endogène
est importante : 58%, donc la pouvoir prédictif du modèle est bon.

Ces résultats nous a permis de conclure que à l’instar des autres pays sous-
développés, le déficit budgétaire au Maroc impacte négativement la croissance
économique réelle.

B- La validation du modèle estimé

L’étape de validation du modèle consiste à tester si les résidus du modèle estimé


sont des bruits blancs.

Maintenant, on va vérifier que les résidus du modèle VAR6(2) sont des bruits blancs.
Pour valider ce modèle estimé nous faisons appel aux tests de diagnostic suivants : test
de stationnarité global du modèle, test de bruit blanc des résidus, test d’absence
d’autocorrélation des erreurs, test hétéroscédasticité des erreurs et test de normalité
des résidus.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

a- Test de stationnarité global du modèle

Un modèle VAR est dit globalement stationnaire lorsque toutes les valeurs de
modèles sont strictement inférieure à 1 ou si leurs inverses sont toutes situés à
l’intérieure du cercle unité. Le test de stationnarité global ci-après donne la
représentation graphique des inverses des valeurs propres du modèle.

Graphique n°15 : Résultats du test de stationnarité globale du VAR6(2)

Inverse Roots of AR Characteristic Polynomial


1.5

1.0

0.5

0.0

-0.5

-1.0

-1.5
-1.5 -1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0 1.5
Source : Estimation de l’auteur

La figure ci-dessus montre que tous les inverses des valeurs propres du modèle sont
à l’intérieur du cercle unité et toutes les valeurs sont inférieurs à un105. En effet, notre
modèle VAR6(2) et globalement stationnaire.

b- Test de bruit blanc des résidus

Le test de bruit blanc des résidus du modèle nous révèle que les résidus suivent bel
et bien un bruit blanc. On peut vérifier cette hypothèse à travers les corrélogrammes

105
Voir annexe n°4
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

simples et partiels des résidus et le test de Ljung-Box. Le tableau ci-dessous donne les
résultats du test de bruit blanc effectué sur les résidus du modèle estimé, on va
présenter les résultats relatifs à l’équation de la croissance économique en volume
seulement, (concernant les autres résultats relatifs aux équations de : Les dépenses
publiques totales, la pression fiscale, le solde budgétaire, le solde commerciale et le taux
d’inflation), ils seront représentés sur (l’annexe n° 5).

Tableau 12 : Résultats du test de bruit blanc des résidus du modèle VAR6(2)

Correlogram of DCE_RESIDUALS

Source : Estimation de l’auteur

A partir du corrélogramme ci-dessus et à l’annexe on trouve que tous les résidus


sont des bruits blancs, parce que tous les termes des corrélogrammes sont dans
l’intervalle de confiance et leurs statistiques Q (Ljung-Box) ont des probabilités critiques
supérieures à 5% sauf pour quelques variables, mais il n’a pas une influence sur le
modèle, donc on accepte l’hypothèse que les résidus du modèle estimés sont des bruits
blancs jusqu'à l’ordre 16.

c- Test d’absence d’autocorrélation des erreurs : test de Breush-Godfre

Ce test se base sur la règle de décision qu’on a déjà expliquée précédemment :

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 154


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Si le p-value <5% alors on rejette H0 au seuil de 5% et donc les résidus sont


autocorrélés à l’ordre p.

Les résultats de ce test sont récapitulés dans le tableau ci-après :

Tableau 13 : Résultats du test d’absence d’autocorrélation des erreurs

VAR Residual Serial Correlation LM Tests


Null Hypothesis: no serial correlation at lag order h
Date: 09/01/16 Time: 21:48
Sample: 1970 2014
Included observations: 42

Lags LM-Stat Prob

1 40.26348 0.2871
2 39.14188 0.3306
3 31.83571 0.6670
4 31.62850 0.6766
5 34.02090 0.5630
6 20.97860 0.9783
7 27.19932 0.8545
8 39.77796 0.3055
9 41.02720 0.2596
10 31.15922 0.6980
11 20.76838 0.9801
12 39.79999 0.3047
13 21.15143 0.9768
14 24.92451 0.9176
15 35.93957 0.4715
16 31.49245 0.6828

Probs from chi-square with 36 df.

Source : Estimation de l’auteur

A partir du tableau ci-dessus, on constate que toutes les probabilités (pour K=16
retards) sont largement supérieures à 0,05 (seuil critique d’acceptation de l’hypothèse
h0), donc il n y a pas d’autocorrélation des résidus jusqu’à l’ordre 16.

d- Test d’hétéroscédasticité de White

Comme nous savons les erreurs sont homoscédastiques, si la probabilité de F-


statistic est supérieur à 5% (seuil critique) dans le cas contraire sont
hétéroscédastiques. Les résultats de ce test sont arrangés dans le tableau ci-dessous :

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Tableau 14 : Résultat du test d’hétéroscédasticité de White

VAR Residual Heteroskedasticity Tests: No Cross Terms (only levels and squares)
Date: 09/01/16 Time: 21:50
Sample: 1970 2014
Included observations: 42

Joint test:

Chi-sq df Prob.

549.0655 504 0.0807

Individual components:

Dependent R-squared F(24,17) Prob. Chi-sq(24) Prob.

res1*res1 0.395197 0.462846 0.9590 16.59825 0.8653


res2*res2 0.648078 1.304423 0.2896 27.21928 0.2943
res3*res3 0.779954 2.510687 0.0274 32.75806 0.1093
res4*res4 0.649135 1.310484 0.2861 27.26365 0.2923
res5*res5 0.805409 2.931776 0.0129 33.82717 0.0878
res6*res6 0.841541 3.761795 0.0034 35.34471 0.0635
res2*res1 0.776873 2.466248 0.0297 32.62869 0.1122
res3*res1 0.611751 1.116099 0.4147 25.69355 0.3689
res3*res2 0.600767 1.065904 0.4544 25.23223 0.3932
res4*res1 0.491907 0.685767 0.8060 20.66008 0.6587
res4*res2 0.541235 0.835668 0.6638 22.73189 0.5357
res4*res3 0.666809 1.417574 0.2315 28.00597 0.2598
res5*res1 0.639467 1.256352 0.3180 26.85762 0.3111
res5*res2 0.645678 1.290787 0.2974 27.11846 0.2990
res5*res3 0.721154 1.831896 0.1009 30.28846 0.1754
res5*res4 0.742994 2.047761 0.0658 31.20574 0.1479
res6*res1 0.697407 1.632541 0.1504 29.29108 0.2094
res6*res2 0.767164 2.333868 0.0380 32.22090 0.1216
res6*res3 0.778656 2.491813 0.0283 32.70355 0.1105
res6*res4 0.683518 1.529812 0.1849 28.70775 0.2313
res6*res5 0.587372 1.008305 0.5030 24.66962 0.4239

Source : Estimation de l’auteur

Il ressort du tableau ci-dessus que les résidus du modèle estimé sont


homoscédastiques, parce que la probabilité de F-statistic, qui est égale à 0.0807 est
supérieure à 5% (seuil critique). Donc on peut affirmer que les résidus de notre modèle
sont à variance constante.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

e- Test de normalité des résidus : test de Jarque-Bera

Les résultats de ce test sont présentés dans le tableau ci-dessous :

Tableau 15 : Résultats du test de normalité des résidus

Source : Estimation de l’auteur

L’application du test de Jarque-Bera sur les résidus de notre VAR estimé a permis de
rejeter complétement l’hypothèse de normalité au seuil de 5% : J-B= 10,18927>Khi-
deux0, 05 (2ddl)=5,991 (la probabilité associée à ce test étant supérieure à 5%). Donc, les
résidus du modèle sont des bruits blancs non gaussiens.

Généralement, les résultats des différents tests de diagnostic convergent vers la


validité de notre modèle VAR6(2). La non significativité de quelques coefficients du
modèle estimé ne remet pas en cause la validité globale du modèle.

Maintenant, nous avons arrivé à une étape où il apparait nécessaire d’analyser les
fonctions de réponses impulsionnelles et la décomposition de la variance de l’erreur de
prévision dans le but d’interpréter l’impact des chocs sur la dynamique des variables
étudiées.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

C- Dynamique du modèle VAR

Ce modèle VAR va nous permettre d’analyser les effets du déficit budgétaire sur la
croissance économique, c’est-à-dire l’impact du déficit budgétaire sur l’activité
économique au Maroc, cela au travers de simulations de chocs (impulsion) aléatoire et la
décomposition de la variance de l’erreur. Ces deux méthodes viennent compléter
l’analyse de la causalité et en constituent une extension106.

a- Analyse des chocs

Dans les applications empiriques, une des principales utilisations des processus VAR
réside dans l’analyse de réponse impulsionnelle. La fonction de réponse impulsionnelle
représente l’effet d’un choc d’une innovation sur les valeurs courantes et futures des
variables endogènes. Un choc sur ième variable peut affecter directement cette ième
variable, mais il se transmet également à l’ensemble des autres variables au travers de la
structure dynamique du VAR. Donc, l’analyse d’un choc consiste à mesurer l’impact de la
variation d’une innovation sur les variables.

L’annexe (6) présente l’ensemble des résultats à un horizon de 10 ans obtenu par la
simulation de Monte Carlo avec 100 tirages. La figure plein représente la moyenne à
chaque date des simulations, alors que les lignes en pointillés représente l’intervalle de
confiance 2+/-1 l’écart type de l’erreur d’estimation. Maintenant on va passer à l’analyse
des réponses de chaque variable impulsée individuellement par un autre variable :

Mais avant tous on peut constater que les courbes relatives à la croissance
économique en volume partent de l’origine ce qui indique qu’un choc sur le solde
budgétaire, les dépenses publiques totales, la pression fiscale et le solde commerciale
n’ont pas de répercussion contemporaine sur la croissance économique, cela peut être
expliqué par l’influence indirecte de ces variables sur la croissance économique réelle,
la chose qui nécessite des délais afin que les chocs exercés sur l’un de ces variables peut
avoir des répercussions positives ou négatives sur la croissance économique.

106
M. AIT OUDRA, « Les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables macroéconomiques
marocaines »,op, cit, p :53.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

On va commencer par l’analyse de la réponse de la croissance économique à


l’impulsion du solde budgétaire, on constate d’après le graphique, qu’un choc de 1 DH
sur le solde budgétaire fait baisser la croissance économique de 1,7 DH et 0,7 DH en 2ème
et 4ème années cependant il fait augmenter ce dernier en 3ème et 5ème années
respectivement de 0,9 DH et 0,4 DH, avant de s’amortir graduellement dans les
prochaines années. Alors généralement un choc de 1 DH sur déficit budgétaire fait
baisser la croissance économique réelle de 0,2 DH en moyenne sur les 4 premières
années (de la première année à la cinquième année), donc la réponse de la croissance
économique en volume à un choc sur le solde budgétaire n’est que très peu significative
et négative à moyen terme.

De plus un choc de 1 DH sur les dépenses publiques totales fait hisser la croissance
économique de 0,28 DH en moyenne sur les 5 premières années (de la première année à
la sixième année), donc la réponse de la croissance économique en volume à un choc sur
les dépenses publiques totales a une significativité très faibles mais positive sur le
moyen terme.

De même, un choc de 1 DH sur la pression fiscale fait stimuler la croissance


économique de 0,1 DH en moyenne sur les 5 premières années (de la première année à
la cinquième année), donc la réponse de la croissance économique en volume à un choc
sur la pression fiscale a aussi une significativité très modeste mais positive sur le moyen
terme.

Cependant, un choc de 1 DH sur le solde commercial107 fait diminuer la croissance


économique réelle de 0,06 DH en moyenne sur les 5 premières années (de la première
année à la cinquième année), donc la réponse de la croissance économique en volume à
un choc sur le solde commercial presque nulle mais négative sur le moyen terme.

Par ailleurs, un choc de 1 DH sur les dépenses publiques totales provoque un déficit
budgétaire de 0,19 DH en moyenne sur les 5 premières années (de la première année à
la cinquième année). Toutefois, un choc de 1 DH sur la pression fiscale génère un

107
On peut dire déficit commerciale puisque pour notre étude (1970-2014) le solde commercial est toujours
déficitaire sauf en 1972 où ce dernier a réalisé un excédent commercial de 2,75% du PIB.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

excédent budgétaire de 0,024 DH en moyenne sur les 5 premières années (de la


première à la cinquième année), on constate que les dépenses publiques totales ont une
influence plus importante que la pression fiscale sur le solde budgétaire.

Un choc sur les dépenses publiques totales à une réponse immédiate de la part du
solde commercial (car la courbe relatif à cette relation ne part pas de l’origine), ainsi un
choc de 1 DH sur les dépenses publiques fait accroitre le déficit commercial de 0,32 DH
en moyenne sur les 5 premières années, cette relation négative peut s’expliquer comme
suit : l’augmentation des dépenses publiques fait augmenter le pouvoir d’achat au sein
de l’économie, la chose qui provoque l’augmentation de la demande des produits et
services importés et donc la dégradation du solde commercial, cet impact disparait au
bout de 6 ans.

De même un choc sur le solde commercial à une réponse immédiate de la part de


taux d’inflation (car la courbe relatif à cette relation ne part pas de l’origine), de plus un
choc de 1 DH sur le déficit commercial fait diminuer le taux d’inflation de 0,12 en
moyenne sur les 5 premières années.

On constate que le déficit budgétaire et le déficit commercial influencent


négativement la croissance économique réelle en moyen terme, par contre les dépenses
publiques totales et la pression fiscale impactent positivement la croissance économique
en volume sur le moyen terme. Mais cet impact est relativement faible pour les deux cas.
Ainsi que les dépenses publiques totales provoquent une dégradation du solde
commercial par l’augmentation des importations.

On remarque que les conséquences de ce choc disparaissent au bout de 6 ans. Tous


ces résultats et ces remarques nous poussent à dire qu’à court et moyen termes les
chocs sur la politique budgétaire notamment le solde budgétaire a des effets négatifs et
peu significatifs sur la croissance économique.

Une autre analyse qui complète l’étude des chocs est la décomposition de la
variance.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

b- Décomposition de la variance

L’étude précédemment effectuée basée sur la fonction de réponse impulsionnelle,


peut être complétée par une analyse de la décomposition de la variance de l’erreur de
prévision. Le principe de cette méthode est de partitionner la variance de l’erreur de
prévision d’une variable en déterminant la part de chacune des innovations sa
contribution à la variance de l’erreur108.

De plus, la décomposition de la variance de l’erreur de prévision a pour objectif de


calculer pour chacune des innovations sa contribution à la variance de l’erreur109.

Les résultats relatifs à l’étude de la décomposition de la variance sont reportés à


l’annexe n° (7).

Par ailleurs, concernant la variance de l’erreur de prévision de la croissance


économique réelle est due pour 52% à ses propres innovations, pour 17% à celles déficit
budgétaire, pour 4% à celles des dépenses publiques totales, pour 18% à celles de la
pression fiscale, 6% pour le taux d’inflation et pour 3% à celle du solde commercial.

Alors, quant à la variance de l’erreur de prévision du solde budgétaire est due pour
68% à ses propres innovations, pour 2% à celles de la croissance économique réelle,
pour 18% à celle des dépenses publiques totales et pour 4% à celles de la pression
fiscale, du taux d’inflation et le solde commercial.

108
M. AIT OUDRA, « Les modèles VAR cointégrés : application à quelques variables
macroéconomiques marocaines », Mémoire de D. E. C, Sciences Economiques, Université Sidi
Mohamed Ben Abdellah, FSJES-Fès, 1997. op,cit.,P : 56.
109
R. BOURBOUNNAIS « Econométrie : Manuel et exercice corrigés », op, cit., P :266.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Conclusion

Au cours de ce chapitre, on a essayé d’avoir une vision sur la situation de la finance


publique marocaine à partir de 1970 jusqu’au 2014 et on a tiré les conclusions
suivantes :

 A l’instar des pays en développement les instances internationales la


Banque Mondiale et le Fond Monétaire international ont appliqué à partir de
1983 le programme d’ajustement structurel sur Maroc dans l’objectif d’assainir
ses finances publiques en vus de réaliser des déficits budgétaires soutenables.
Mais cette situation reste fragile dans la mesure où l’Etat s’est basé depuis 1993
sur les recettes de privatisation pour ramener ses déficits budgétaires à des
niveaux maîtrisés, ainsi que la crise de Subprimes a démontré la fragilité et la
vulnérabilité de la situation budgétaire de notre pays ;
 L’exécution des dépenses et des recettes publiques montre une
augmentation galopante des charges de fonctionnement (masse salariale
s’accapare actuellement 50% des dépenses ordinaires de l’Etat ce qui renforce le
pouvoir d’achat des ménages), de plus la masse salariale est passée de 10,9% en
2006 à 11,4% en 2012 avant de se stabiliser à 11% en 2014 ;
 Un déséquilibre structurel entre recettes et dépenses du budget de
l’Etat, qui participe au creusement du déficit budgétaire et à l’alourdissement de
l’endettement du trésor la chose qui diminue la marge de manœuvre de l’Etat en
matière de finances publiques et exerce un effet d’éviction sur les crédits à
l’économie ;
 Le financement des besoins de l’Etat est orienté vers l’endettement
intérieur depuis 1990, ce qui permet de limiter les pressions du budget sur les
finances externes et fait baisser la dette extérieure de l’Etat.
 La situation de la dette publique et du trésor n’ont pas cessé de se
dégrader dans ces dernières années, quant à la première elle est passé de 78,2%
du PIB en 2014 à 79,6% du PIB en 2015, alors concernant la deuxième elle est
passée de 63,4% en 2014 à 63,8% en 2015.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Par ailleurs, concernant l’étude empirique de l’impact du déficit budgétaire (solde


budgétaire) sur la croissance économique on a arrivé à conclure que : le déficit
budgétaire cause la croissance économique réelle au sens de Granger, mais après
l’analyse de réponse impulsionnelle on a trouvé que le sens de cette causalité est négatif
et faible, le déficit budgétaire provoque une diminution de la croissance économique en
volume, en effet, un choc de 1 DH sur le déficit budgétaire fait baisser la croissance
économique de 0,2 DH dans le court et moyen termes.

Nos résultats sont confirmés par d’autres études font auparavant notamment par
Najib Mrabet110 où il montre que le déficit budgétaire instaure de nombreuses
corrélation avec les autres variables de la politique budgétaire à l’exception du ratio de
la croissance économique. Cette faiblesse permet de remettre en cause les théories
keynésiennes de relance économique par le déficit budgétaire, au moins pour un pays en
voie de développement comme le Maroc dont l’économie est dépendante des facteurs
climatiques et des prix des produits énergétiques et alimentaires de base. Cette même
conclusion a été le résultat de plusieurs études empiriques et économétriques qui ont
toutes constaté une dichotomie entre les performances budgétaires et l’économie
réelle111. Dans ce sens une étude économétrique menée par le FMI112 concernant la
relation déficit et croissance faite sur 39 pays à faible revenu ayant appliqué un
programme d’ajustement appuyé par le FMI pendant les années 90, parmi les résultats
obtenus, l’étude a permis de montrer qu’une amélioration du solde budgétaire a un effet
positif significatif sur la croissance économique. Ainsi, une augmentation 1% du solde
budgétaire par rapport au PIB induit une augmentation d’un quart de point, au moins,
sur le taux de croissance du PIB. D’un autre côté, une hausse des dépenses consacrées
aux traitements et salaires dans le secteur public exerce un effet négatif sur la

110
Najib Mrabet, « Dette, déficit budgétaire et rôle de l’Etat au Maroc : Analyse Historique et Empirique ». op,
cit. P : 230. THESE pour l’obtention de Doctorat au FSJES Fès en 2007.
111
B. Mansouri, « Soutenabilité, déterminants et implications macroéconomiques des déficits publiques dans
les PVD : en cas du Maroc » Doctorat d’Etat univesité Hassan II Aîn Chok, Casablanca 2002.
112
E. Baldacci, B. Clements et S. Gupta : « Utiliser la politique budgétaire pour stimuler la croissance » in
finances et développement Décembre 2003, P : 31.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

croissance, alors que, en général, les dépenses consacrées aux autres biens et services et
aux projets d’équipement relèvent notablement le taux de croissance. Un ajustement
budgétaire de qualité, fondé sur la réaffectation des dépenses à des usages plus
productifs et la réduction du déficit budgétaire, est donc propice à une accélération de la
croissance dans les pays où la situation macroéconomique est défavorable.

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Conclusion générale

Ce travail de recherche consistait à analyser la relation qui existe entre le déficit


budgétaire et la croissance économique réelle. Cela dans l'espoir d'apporter une
contribution à la théorie dans ce domaine.

Concernant les controverses théoriques entre les différents courants qui analysent
la relation entre le déficit budgétaire et la croissance économique en volume, en a arrivé
à conclure que les théories classiques de la croissance défendaient l’équilibre
budgétaire à contrario, les keynésiens plaidaient pour une politique budgétaire
expansionniste tout en utilisant un budget déficitaire pour réaliser une croissance
durable, ainsi que les théories de la croissance endogène défendent l’intervention de
l’Etat dans l’économie tout en investissant dans les infrastructures, l’éducation (capital
humain) et la technologie, ces investissements ont des effets d’entraînement sur le
secteur privé par les externalités qui peuvent être générées de ces investissements.

À mesure que l’assainissement budgétaire progressera, les recettes et les dépenses


devront être réorientées de manière à mieux soutenir la croissance et l’inclusion. Il est
certes nécessaire de poursuivre cet assainissement, mais cette réduction du déficit
budgétaire doit laisser une marge de manœuvre pour les investissements dans
l’infrastructure et le capital humain, ainsi que pour une protection sociale bien ciblée de
façon à soutenir au mieux les perspectives de croissance à moyen terme ainsi que les
efforts de réduction de la pauvreté déployés par les autorités. À cet égard, les réformes
de la fiscalité, du système des subventions et du régime de retraite revêtent de
l’importance, de même que la réduction progressive de la masse salariale publique113.
Par ailleurs concernant l’étude empirique, on a présenté premièrement d’une
manière descriptive, l’évolution des finances publiques marocaine durant les quarante
dernières années. Où on a analysé l’évolution du déficit budgétaire, de leurs

113
FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL, « Rapport consultations de 2013 au titre de l’article IV »N° 14/65,
mars 2014, P : 16.
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

composantes (recettes et dépenses) et de la dette publique externes et internes. A partir


de cette analyse on conclue que la finance publique a connu une dégradation après la
crise financière de 2007/2008, La solution passe certainement par des réformes
structurelles équitables et efficaces que l’actuelle équipe au pouvoir s’est montrée
incapable d’engager à ce jour (réforme de l’administration, réforme de la Caisse
marocaine de retraite à commencer par le régime des pensions militaires,
rationalisation des dépenses publiques, des opérations d’appui budgétaire et de
financement multilatéral, amélioration de l’équité du système fiscal et du recouvrement
des impôts, etc.). Elle passe aussi sans doute par la renégociation, sur une base
« gagnant-gagnant », de l’accord de libre-échange Maroc-Union Européenne.

Quant à l’analyse économétrique, qui a été faite à travers l’application de la


modélisation VAR sur les variables budgétaires au Maroc et notamment sur le déficit
budgétaire et la croissance économique réelle durant la période 1970-2014 : elle a
permis de ressortir les conclusions suivantes : l’existence d’une relation faible et
négative entre le déficit budgétaire et la croissance économique en volume sur le moyen
terme, de même la relation entre le déficit commercial et la croissance économique se
trouve négative et très faible, ainsi une relation positive et peu élevé entre les dépenses
publiques totales et le déficit commercial ( le multiplicateur budgétaire, au lieu de se
manifester à l’intérieur du pays, profite surtout aux marchés extérieurs).

Les conclusions tirées de cette étude s’avèrent crédible dans la mesure où elles
confirment les résultats d’une étude menée par ( Najib Mrabet) et une autre étude fait
par le fonds monétaire international (FMI) sur 39 pays en voie de développement. Sans
oublier que les résultats ci-dessus sont cohérents avec les spécificités actuelles de
l’économie marocaine qui connait une dégradation des finances publiques marocaines
après la crise de 2007/2008 notamment, l’accroissement du déficit budgétaire qui
atteint un niveau inquiétant de 7, 1% du PIB en 2012, une croissance économique faible
et volatile, une évolution erratique de l’endettement public et la dégradation de la
balance commercial (son déficit commercial devient structurel).

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Cependant, Les résultats de notre étude restent incomplets vu que les données
utilisées sont annuelles et concernent la période 1970-2014, c’est-à-dire sur 45
observations, ainsi que l’étude a été faite sur toute la période et n’a pas étudié la relation
entre le déficit budgétaire et la croissance économique réelle sur des sous périodes, la
chose qui constitue une limite de ce travail.

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ANNEXES

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Empirique

Annexe 1 : Base de données de l’analyse économétrique

Années CE DPUB/PIB PF/PIB SC/PIB TAINF SB/PIB


1970 5,21 23,86 17,46 -5,15 1,28 -3,18
1971 6,29 22,77 16,84 -4,7 4,22 -3,08
1972 2,33 23,31 16,04 2,75 3,78 -4,12
1973 4,17 23,48 17,57 -3,76 2,73 -2,08
1974 6,13 33,33 18,23 -2,53 14,8 -4,04
1975 9,02 33,01 19,67 -11,41 7,87 -8,45
1976 12,68 39,58 16,72 -14,57 8,5 -17,91
1977 6,14 39,81 19,74 -17,17 12,6 -14,73
1978 2,23 32,12 19,33 -11,06 9,65 -11,23
1979 5,02 35,49 19,77 -10,81 8,43 -10,14
1980 3,78 33,92 18,74 -9,65 9,35 -9,95
1981 -2,76 38,1 19,39 -13,23 12,58 -14,39
1982 9,62 37,03 19,53 -14,6 10,56 -9,96
1983 -0,56 31,41 19,26 -11 6,06 -11,7
1984 4,34 28,07 18,85 -13,61 12,44 -8,33
1985 6,33 29,14 18,53 -13,1 4,79 -8,57
1986 8,3 28,34 17,99 -7,8 8,69 -5,67
1987 -2,54 26,28 19,59 -7,58 2,75 -6,34
1988 10,41 27,19 20,62 -4,7 2,28 -5,65
1989 2,37 28,93 20,86 -8,7 3,15 -4,95
1990 4,03 25,85 21,83 -9,6 6,69 -3,5
1991 6,9 24,36 20,82 -8,51 5,85 -3,2
1992 -4,03 26,57 23,86 -10,72 7,26 -2,13
1993 -1,01 28,07 27,23 -9,95 5,15 -3,3
1994 10,36 26,6 21,26 -9,01 5,13 -4
1995 -6,58 27,43 21,61 -9,4 6,14 -5,6
1996 12,22 24,8 21,18 -7,71 3 -3,8
1997 -2,23 25,4 22,78 -7,43 1 -3,03
1998 7,67 23,7 23,16 -8,78 2,8 -3,5
1999 -0,08 24,4 23,38 -9,42 0,7 0,7
2000 0,96 25,3 20,5 -12,34 1,9 -5,2
2001 6,3 26,1 19,8 -11,49 0,6 -2,6
2002 3,19 24,5 19,7 -9,92 2,8 -4,1
2003 5,24 24,1 19,1 -10,98 1,2 -3,1
2004 4,29 24,3 19,3 -13,87 1,5 -3,1
2005 3 27,2 20,9 -16,13 1 -4
2006 7,8 25,1 21,7 -17,07 3,3 -1,7

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 169


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

2007 2,7 25,8 24,4 -22,03 2,5 0,6


2008 5,6 27,8 27 -24,72 3,7 0,4
2009 4,8 27,1 22,9 -20,61 1 -2,2
2010 3,8 27,3 22,7 -19,42 0,9 -4,7
2011 5,2 30,3 23 -22,77 0,9 -6
2012 3 31,2 23,3 -24,33 1,3 -7,1
2013 4,7 28,6 22,9 -22,79 1,9 -5,5
2014 2,4 28,5 23,3 -20,29 0,4 -4,9

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 170


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Annexe 2 : les graphiques des séries étudiées après leur première différenciation (la
variable CE exprimée en niveau)

CE DDPUB
15 12

10 8

5 4

0 0

-5 -4

-10 -8
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

DPF DSB
4 5.0

2 2.5

0 0.0

-2 -2.5

-4 -5.0

-6 -7.5

-8 -10.0
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

DSC DTAINF
8 15

4 10

0 5

-4 0

-8 -5

-12 -10
70 75 80 85 90 95 00 05 10 70 75 80 85 90 95 00 05 10

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 171


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Annexe 3 : Estimation du modèle VAR6(2)

Vector Autoregression Estimates


Date: 09/07/16 Time: 19:10
Sample (adjusted): 1973 2014
Included observations: 42 after adjustments
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

CE DSB DDPUB DPF DSC DTAINF

CE(-1) -0.181982 -0.009576 0.187838 0.193639 -0.200224 0.023612


(0.18429) (0.14535) (0.15410) (0.09909) (0.16491) (0.16546)
[-0.98747] [-0.06588] [ 1.21890] [ 1.95413] [-1.21415] [ 0.14271]

CE(-2) 0.005528 -0.017438 -0.011430 0.176473 -0.150037 0.166205


(0.14428) (0.11380) (0.12065) (0.07758) (0.12911) (0.12954)
[ 0.03832] [-0.15324] [-0.09474] [ 2.27475] [-1.16212] [ 1.28308]

DSB(-1) -0.900635 -0.508382 -0.257433 -0.006439 0.359509 0.104900


(0.29634) (0.23373) (0.24780) (0.15934) (0.26517) (0.26605)
[-3.03921] [-2.17509] [-1.03888] [-0.04041] [ 1.35576] [ 0.39428]

DSB(-2) 0.006302 -0.220704 0.185507 0.009603 -0.080120 0.124772


(0.31836) (0.25110) (0.26622) (0.17118) (0.28488) (0.28583)
[ 0.01979] [-0.87894] [ 0.69683] [ 0.05610] [-0.28124] [ 0.43653]

DDPUB(-1) -0.101676 -0.523210 -0.140063 -0.064973 -0.134658 0.186801


(0.26730) (0.21083) (0.22352) (0.14373) (0.23919) (0.23999)
[-0.38037] [-2.48168] [-0.62662] [-0.45206] [-0.56297] [ 0.77838]

DDPUB(-2) -0.256416 -0.500864 -0.035520 -0.194911 0.079447 0.088084


(0.27405) (0.21615) (0.22916) (0.14736) (0.24523) (0.24605)
[-0.93564] [-2.31718] [-0.15500] [-1.32271] [ 0.32397] [ 0.35800]

DPF(-1) 0.987908 0.427063 -0.016861 -0.129148 -0.149279 -0.243255


(0.40364) (0.31836) (0.33753) (0.21704) (0.36119) (0.36239)
[ 2.44750] [ 1.34145] [-0.04995] [-0.59505] [-0.41330] [-0.67125]

DPF(-2) -0.243460 -0.164321 0.264417 -0.107840 -0.379886 0.129887


(0.43259) (0.34119) (0.36173) (0.23260) (0.38709) (0.38838)
[-0.56280] [-0.48161] [ 0.73098] [-0.46363] [-0.98139] [ 0.33443]

DSC(-1) -0.073790 0.055062 -0.164638 0.005993 -0.296526 -0.300645


(0.20872) (0.16463) (0.17454) (0.11223) (0.18677) (0.18739)
[-0.35353] [ 0.33447] [-0.94329] [ 0.05340] [-1.58764] [-1.60436]

DSC(-2) -0.080074 -0.238979 0.457627 0.045270 -0.299468 0.091427


(0.21246) (0.16757) (0.17766) (0.11424) (0.19012) (0.19075)
[-0.37689] [-1.42611] [ 2.57583] [ 0.39627] [-1.57518] [ 0.47931]

DTAINF(-1) 0.111199 0.074489 0.087370 0.144868 -0.382562 -0.739549


(0.21318) (0.16814) (0.17826) (0.11463) (0.19076) (0.19139)
[ 0.52162] [ 0.44302] [ 0.49012] [ 1.26383] [-2.00546] [-3.86400]

DTAINF(-2) 0.406608 -0.123740 0.183771 0.029578 -0.210019 -0.335662


(0.21538) (0.16988) (0.18010) (0.11581) (0.19273) (0.19337)
[ 1.88784] [-0.72841] [ 1.02036] [ 0.25540] [-1.08971] [-1.73584]

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 172


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

C 4.735398 0.084795 -0.473750 -1.266070 0.722091 -1.011976


(1.21690) (0.95979) (1.01757) (0.65432) (1.08891) (1.09253)
[ 3.89137] [ 0.08835] [-0.46557] [-1.93494] [ 0.66313] [-0.92627]

R-squared 0.583023 0.368896 0.383079 0.317534 0.315023 0.472818


Adj. R-squared 0.410481 0.107750 0.127802 0.035135 0.031584 0.254674
Sum sq. resids 313.1264 194.7906 218.9495 90.52994 250.7250 252.3956
S.E. equation 3.285949 2.591702 2.747723 1.766840 2.940355 2.950135
F-statistic 3.379014 1.412604 1.500638 1.124415 1.111432 2.167455
Log likelihood -101.7831 -91.81479 -94.27002 -75.72365 -97.11585 -97.25531
Akaike AIC 5.465862 4.991180 5.108096 4.224936 5.243612 5.250253
Schwarz SC 6.003712 5.529030 5.645946 4.762786 5.781462 5.788103
Mean dependent 4.164524 -0.018571 0.123571 0.172857 -0.548571 -0.080476
S.D. dependent 4.279684 2.743732 2.942154 1.798721 2.987919 3.417186

Determinant resid covariance (dof adj.) 20647.88


Determinant resid covariance 2237.524
Log likelihood -519.5481
Akaike information criterion 28.45467
Schwarz criterion 31.68177

Source : Estimation de l’auteur

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 173


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Annexe 4 : Résultat du test de stationnarité globale du VAR6(2)

Roots of Characteristic Polynomial


Endogenous variables: CE DSB DDPUB DPF DSC
DTAINF
Exogenous variables: C
Lag specification: 1 2
Date: 09/07/16 Time: 19:17

Modu
Root lus

-0.420323 - 0.597775i 0.730757


-0.420323 + 0.597775i 0.730757
-0.599539 - 0.272449i 0.658540
-0.599539 + 0.272449i 0.658540
0.308770 - 0.579756i 0.656853
0.308770 + 0.579756i 0.656853
-0.356742 - 0.548441i 0.654257
-0.356742 + 0.548441i 0.654257
-0.622516 0.622516
0.456370 0.456370
0.153082 - 0.218283i 0.266611
0.153082 + 0.218283i 0.266611

No root lies outside the unit circle.


VAR satisfies the stability condition.

Source : Estimation de l’auteur

Annexe 5 : Résultats du test de bruit blanc des résidus du modèle VAR6(2)

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 174


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Correlogram of DSB_RESIDUALS

Correlogram of DDPUB_RESIDUALS

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 175


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Correlogram of DPF_RESIDUALS

Correlogram of DSC_RESIDUALS

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 176


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Correlogram of DTAINF_RESIDUALS

Source : Estimation de l’auteur

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 177


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Annexe 6 : Résultats de l’analyse des chocs à un horizon de 10 ans obtenu par


simulation de Monté Carlo avec 100 tirages.

Response to Cholesky One S.D. Innovations ± 2 S.E.

Response of CE to DSB Response of CE to DDPUB


3 3

2
2
1

1
0

-1
0

-2
-1
-3

-4 -2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of CE to DPF Response of CE to DSC


3 3

2 2

1 1

0 0

-1 -1

-2 -2

-3 -3
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Response of DSB to DPF Response of DSB to DDPUB


1.5 2.0

1.5
1.0
1.0

0.5 0.5

0.0
0.0
-0.5

-0.5 -1.0

-1.5
-1.0
-2.0

-1.5 -2.5
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 178


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Response of DSC to DDPUB Response of DTAINF to DSC


6 2.5

2.0
4
1.5

2 1.0

0.5
0
0.0

-2 -0.5

-1.0
-4
-1.5

-6 -2.0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Source : Estimation de l’auteur

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 179


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Annexe 7 : Résultats relatifs à la décomposition de la variance de l’erreur de


prévision

Variance decomposition of CE

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 180


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Variance decomposition of DSB

Source : Estimation de l’auteur

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 181


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

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- FEMISE. (2014) « Dépenses publiques, croissance et soutenabilité des déficits et de la
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Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 185


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

-Robert w. r. Price et Patrice Muller, « indicateurs budgétaires structurels de la politique


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https://www.oecd.org/fr/eco/perspectives/22718325.pdf (Page consultée le 20 Juin
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- SAGOU. M « les politiques macro-économique : Les politiques budgétaires et
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années »Janvier 2006.

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août 2016).

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 186


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Liste des tableaux

- Tableau n° 1 : multiplicateur budgétaire au Maroc (1974-1994)…………….103

- Tableau n°2 : Evolution des déficits budgétaire au Maroc (1973-1982)…..110

- Tableau n° 3 : Evolution des dépenses et des recettes ordinaires (1973-

1982)……………………………………………………………………………………………………….111

- Tableau n°4 : Statistiques descriptives………………………………………………..….138

- Tableau n° 5 : Résultats des tests ADF et PP sur les séries en niveau……….141

- Tableau n° 6 : Résultats du test KPSS sur les séries : CE, SB, DPUB, PF, SC et

TAINF en niveau………………………………………………………………………………………..142

- Tableau n°7 : Résultats des tests ADF et PP sur les séries en différence

première…………………………………………………………………………………………………..144

- Tableau n° 8 : Résultats du test KPSS sur les séries en différence première…145

- Tableau n° 9 : Matrice de corrélation entre les variables étudiées…………….147

- Tableau n°10 : Détermination du retard optimal du modèle VAR…………….148

- Tableau n°11 : Résultats du test de causalité au sens de Granger…………….149

- Tableau 12 : Résultats du test de bruit blanc des résidus du modèle

VAR6(2)…………………………………………………………………………………………..……..154

- Tableau 13 : Résultats du test d’absence d’autocorrélation des erreurs……155

- Tableau 14 : Résultat du test d’hétéroscédasticité de White……………………156

- Tableau 15 : Résultats du test de normalité des résidus…………………………157

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Liste des graphiques

- Graphique n°1 : Encours de la dette extérieure en % du PIB (1962-

2001)…………………………………………………………………………………………………..….112

- Graphique n°2 : Evolution du déficit budgétaire (en % du PIB) entre 1983 et

1992……………………………………………………………………………………………………....113

- Graphique n°3 : Evolution du déficit budgétaire entre 2001 et 2011………..116

- Graphique n° : 4 Evolution des recettes de l’IS et de l’IR………………………….117

- Graphique n° 5 : Evolution des recettes de monopoles et participations….118

- Graphique n° 6 : Evolution des recettes ordinaires du Trésor…………………118

- Graphique n° 7 : Evolution des dépenses de compensation…………………….120

- Graphique n° 8 : Evolution de la masse salariale……………………………………..…121

- Graphique n°9 : Dette publique (en % du PIB)……………………………………….124

- Graphique n° 10: Encours de la dette extérieure publique (en % du PIB)…..125

- Graphique n°11 : Encours de la dette intérieure du Trésor (en % du PIB)….125

- Graphique n°12 : Encours de la dette extérieure du Trésor (en % du PIB)….126

- Graphique n°13 : Encours total de la dette extérieure du Trésor (en % du

PIB)…………………………………………………………………………………………………….…127

- Graphique n°14 : Evolution des séries étudiées exprimées en niveau (1970-

2014)…………………………………………………………………………………………………….135

- Graphique n°15 : Résultats du test de stationnarité globale du VAR6(2)…153

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Table des matières

Dédicace ..................................................................................................................................... 1
Remerciements .......................................................................................................................... 2
Liste des abréviations et des sigles ............................................................................................ 4
Introduction générale................................................................................................................. 6
Chapitre I : Cadre théorique du déficit budgétaire .................................................................. 11
Introduction .......................................................................................................................... 11
Section1 : Déficit budgétaire, Définition, types et déterminants ........................................ 12
Paragraphe I : Définition du déficit budgétaire ................................................................... 12
Paragraphe II- les différentes types du déficit budgétaire .................................................. 13
A- Solde budgétaire conjoncturel ................................................................................ 14
B- Le déficit budgétaire structurel .............................................................................. 14
Paragraphe III : les déterminants du déficit budgétaire ................................................. 16
A- Stabilisation .............................................................................................................. 17
B- le lissage fiscal .......................................................................................................... 17
C- Redistribution intergénérationnelle ...................................................................... 18
Section 2 : les différents modes de financement du déficit budgétaire en théorie
économique .......................................................................................................................... 20
Paragraphe I- Le financement du déficit budgétaire par les avances de la banque
centrale ............................................................................................................................... 21
Paragraphe II- Le financement par les banques de dépôt .............................................. 21
Paragraphe III- Le financement non monétaire du déficit budgétaire .......................... 22
A- L’intervention du trésor sur le marché financier .................................................. 22
B- L’intervention du trésor sur le marché monétaire................................................ 23
Section 3 : la politique budgétaire doctrinale entre libéralisme et interventionnisme ...... 24
Paragraphe I- La théorie classique et le respect de la règle de l’équilibre budgétaire ....... 24
A- Le budget neutre et la notion de l’Etat gendarme ................................................. 24
B- Réduction des dépenses publiques ........................................................................ 25
C- Alléger les impôts ..................................................................................................... 26
Paragraphe II-un budget équilibré ...................................................................................... 26
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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

A- Le rejet du déficit budgétaire .................................................................................. 26


B- Le rejet de l’excédent budgétaire ............................................................................ 28
Paragraphe III- La théorie keynésienne et la nécessité de la régulation par le déficit
budgétaire ........................................................................................................................... 29
A- Le rôle de l’Etat dans l’analyse keynésienne ......................................................... 29
B- Principe de la demande effectif et l’équilibre de sous-emploi ............................. 30
C- Approche keynésienne du déficit budgétaire ........................................................ 32
Paragraphe IV- Les multiplicateurs budgétaires................................................................. 34
A- Hypothèses du multiplicateur ................................................................................. 35
B- Mécanisme du multiplicateur ................................................................................. 35
C- Le multiplicateur subit quelques modifications en économie ouverte ............... 42
Paragraphe V- l’efficacité relative de la politique budgétaire ............................................ 43
A- L’efficacité relative de la politique budgétaire en économie fermée ................... 45
B- L’efficacité relative de la politique budgétaire en économie ouverte (modèle de
Mundell-Flemming) ........................................................................................................... 46
C- les limites de la politique budgétaire ..................................................................... 50
Conclusion ............................................................................................................................ 55
Chapitre II : Les liens théoriques entre le déficit budgétaire et la croissance économique .... 56
Introduction .......................................................................................................................... 56
Section1 : croissance économique définitions, sources, déterminants et mesure ............. 59
Paragraphe I- Définitions de la croissance économique .................................................... 59
Paragraphe II- Les sources de la croissance économique .................................................. 60
Paragraphe III- Les déterminants de la croissance ............................................................ 61
A- Capital physique ....................................................................................................... 61
B- Le capital Humain .................................................................................................... 62
C- Politiques de stabilisation ....................................................................................... 62
D- Inflation ..................................................................................................................... 63
E- La politique budgétaire ........................................................................................... 64
F- Structure de la production ...................................................................................... 69
G- Innovations et nouvelles technologies de l’information....................................... 69
Paragraphe IV- la mesure de la croissance économique .................................................... 70

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Section2 : Les théories de la croissance exogène................................................................. 72


Paragraphe I : La croissance économique selon les économistes classiques ..................... 73
Paragraphe II- Les modèles de croissance post-keynésiens................................................ 76
Paragraphe III- La nouvelle théorie anti keynésienne des finances publiques (NAK) ......... 77
Paragraphe IV-Le modèle néoclassique : l’approche de Solow .......................................... 79
Section 3 : les théories de la croissance endogène .............................................................. 83
Paragraphe I- les Limites des théories traditionnelles de la croissance économique et
l’apparition des théories de la croissance endogène .......................................................... 85
Paragraphe II- Les facteurs de la croissance endogène ...................................................... 86
Paragraphe III- Capital public et croissance de long terme ................................................. 89
Paragraphe IV- Croissance et politique économique .......................................................... 92
A- L’Etat, gérant des externalités................................................................................. 93
B- L’Etat, fournisseur de biens publics ....................................................................... 97
Paragraphe V- synthèse des travaux empiriques ................................................................ 98
A- Un réexamen de la relation non linéaire entre déficits budgétaires et croissance
économique ........................................................................................................................ 99
B- La politique budgétaire et ses effets de seuil sur l’activité en Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ......................................................................... 100
C- quelle a été la contribution de la politique budgétaire à la croissance
économique du Sénégal ................................................................................................... 102
D- Les travaux empiriques de la relation entre le déficit budgétaire et la croissance
économique pour le cas du Maroc .................................................................................. 103
Conclusion .......................................................................................................................... 105
Chapitre III : l’impact du déficit budgétaire sur la croissance économique au Maroc : étude
empirique ............................................................................................................................... 107
Introduction ........................................................................................................................ 107
Section 1 : Évolution générale des finances publiques au Maroc ...................................... 108
Paragraphe I- Les cycles budgétaires de 1973-2014 ......................................................... 109
A- 1973-1982 : un cycle budgétaire d’expansion-récession, début de la crise des
finances publiques Marocaines ....................................................................................... 110
B- 1983-1992 : programme d’ajustement structurel : priorité aux équilibres des
finances publiques. .......................................................................................................... 112

Master Spécialisé : Banque et Marchés Financiers Page 191


Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

C- 1993-2009 : phase de cycle budgétaire et de croissance économique contrariée


114
D- 2010-2014 : Dégradation du déficit budgétaire et difficile consolidation des
finances publiques ........................................................................................................... 116
Paragraphe II- Evolution de la dette publique marocaine ................................................ 123
Section 2 : La modélisation VAR ......................................................................................... 128
Paragraphe I- Présentation du modèle VAR ...................................................................... 128
Paragraphe II- Les tests de stationnarité ........................................................................... 129
A- Test ADF .................................................................................................................. 129
B- Test PP .................................................................................................................... 129
C- Test KPSS ................................................................................................................ 129
D- Conditions de stationnarité ................................................................................... 130
Paragraphe III- Test de causalité au sens de Granger ....................................................... 130
Paragraphe IV- Les autres tests ......................................................................................... 131
A- Tests d’absence d’autocorrélation des erreurs : test de Breush-Godfrey ......... 131
B- Test d’hétéroscédasticité de White...................................................................... 132
C- test de normalité des résidus : test de Jarque-Bera ............................................ 132
Section 3 : L’évaluation empirique de l’impact du déficit budgétaire sur la croissance
économique au Maroc....................................................................................................... 133
Paragraphe I- Présentation, analyse et évolution des variables ...................................... 133
A- Présentation des données ..................................................................................... 133
B- Evolution des séries ............................................................................................... 134
C- Analyse descriptive des séries .............................................................................. 137
Paragraphe II- Etude de la stationnarité des variables utilisées ....................................... 139
A- Test d’une seule racine unitaire ............................................................................ 139
B- Test de deux racines unitaires .............................................................................. 144
Paragraphe III- Estimation, validation et interprétation du modèle ................................. 146
A- Estimation du modèle ............................................................................................ 146
B- La validation du modèle estimé ............................................................................ 152
C- Dynamique du modèle VAR .................................................................................. 158
Conclusion ......................................................................................................................... 162

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Déficit Budgétaire et Croissance Economique au Maroc : Fondements Théoriques et Etude
Empirique

Conclusion générale ............................................................................................................... 165


ANNEXES................................................................................................................................. 168
Références bibliographiques .................................................................................................. 182
Liste des tableaux ................................................................................................................... 187
Liste des graphiques ............................................................................................................... 188

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